R E V U E - Forgotten Books

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Transcript of R E V U E - Forgotten Books

REV U E

d e

P H O QN É T I U EÏ

PU BLIÉE PAR

l’

Abbé ROUSSELOT et Huber t PERNOT

T O M E DEU X I È ME

PAR I S

2 3 , RUE DES FOSSÉS—SA INT-jACQ UES , 2 3

Kouriles du sud et l’

extrémité

méridionale de Sakhal in (fig .

Ils font l’

ob jet de grandes

discussions parmi les ethnolo

gistes2

.

Le premier , La Pérouse a

recuei l l i quelques mo ts de leu r

langue, Voyages de La Pérouse

autour du monde, Paris , 1 797

Vocabu laire des hab itans

dans son Dictionnaire amo— russe

(Kazan,1 87 5 ) tou s les g los

saires particu l iers qu i ava ien t

été faits avant lu i . Le fasÂ

cicule des Mémo ires de l’

UniFIG . 1 . Kane/catoka (A) .

versrte de Tok io est un i que

1 . Élisée Rec lus , Géog r . , VI , p . 844 , 86 3-864 ; VII , 749

7 5 7 . Revue de

Géog r . ,t .XXV ( 1889 , ju i l p . 22-24 , 9 5

96 .

2 . Revue d’

Etlmog raphie, VI I (sept—od . p . 449—4 5 4 . Revue d

Anthro

polog ie, XVI I , p . S I - 89 ; XVI I I , 1 29— 14 1 .

Me'

m . du Cong r . int. des Or ient.

(Paris, p . 19 5 et suiv .

6 L’

ABBÉ ROU SSELOT

ment consacré à la langue, à la grammai re et à la bib l iograph ie

des Aïnos

Le Rev . john Batchelo r, après un sé jou r pro longé chez les

Amos, a publ ié dans les Transac tions of Asia tic Society of ]apan

(t . V,an . au Ainu Vocabulary , pu i s dans le même recuei l

FIG . 2 .

N upetkano (D) , Anretuku (C) , S i rambeno (B) , (E) .

(t . XIV, an . an a inu eng lish—japanese Dictionary, dont i l a

donné une 2° édition à part (Tok io ,

Enfin, unPo lonai s , M . Pi l sudsk i , qu i a passé d ix-hu i t ans2

1 887

1 90 5 ) dans les î les Sakha l in et de Yeso et s ’est famil iarisé avec les

langues des G i l iaks,des O roks, ces proches paren ts des Aïnos, et

cel le des Aïnos eux—mêmes , a rassemblé de nombreux documentssur les mœu rs , la l i t tératu re o ra lede cepeup lemy stérieux . I l a déj à

1 . Memoi r s of the li terature College, Im per ia l U n ivers ity of Japan I (Tôkyô ,

2 . Sur ces 1 8 années M. Pi lsudsk i en a passé 1 5 en ex i l . 11 n’

est restéque 3 m o is à Yéso .

PHONÉT IQUE DES AÏN OS 7

publ ié quelques art ic les de s tatis tique,de géograph ie et d

ethno

logie Mais , avant de l ivrer ses textes , i l a vou lu s’

entendre

avec m o i pou r l ’établ issemen t d’

un a lphabet phonétique.

PIG .

Territo ire des Aïnos .

I l comprend les par ties om brées de la carte.

1 . La stat ist ique des Aïnos de S aghalin et leur s i tuation économ ique (Bull .de la Soc . de Ge

'

og r . de Vlad ivostok,

le Sham anism e chez les Aïnos (Globus

, les aborigènes de l’ î le de Saghalin 1909 ) la fête de l’Ours

chez les Aïnos de Saghalin la grossesse et l ’accouchement chez lesG i l iaks et les Aïnos (Anthropos, les s ignes de propriété chez les Aïnos

8 L’

ABBÉ ’

ROU SSELOT

Q uand i l v int m e vo i r,51 la rentrée de 1 909 , i l m

apporta ,

avec les textes recuei l l is et no tés par lu i , des cy l indres de phono

graphe qu ’ i l avai t fai t graver par les indigènes de Sakhal in .

J ’

avoue que je n’

en pus r ien ti rer et que j’

en fus rédu i t àtranscri re la prononciat ion même de M . Pi lsudsk i . Natu rel lement , el le ne m

inspira it que peu de confiance et je ne d issimu lai

po in t le regret de n ’

avo i r pas sou s la main quelque Ain0, que je

pusse écou ter et au beso in soumet tre à mes expériences . Cette

bonne fortune, sur laquel le je ne compta is guère,deva i t se pré

senter .

On o rganisai t a lo rs à Londres une expos i t ion anglo- japonai se,et un vi llage d’

Aïnos figurai t au programme. I l fut convenu que

nous irions à Londres .

M . Pi l sudsk i s’

y rendi t dès l’

ouvertu re de l’

exposi t ion et y

resta jusqu ’à la fin . I l y trouva d ix Aïnos qu i vivaient dans le

cadre art ific iel,ma is auss i fidèle que poss ible, de leu rs propres

vi l lages,occupés à leu rs petits travaux habituels . I l fu t bien vite

leur am i assidu et i l pu t compléter ou revo i r les 300 textes dont

i l dispose et son d ict ionna i re riche de mo ts , don t plu s de

n’

avaient pas enco re été recuei l l i s .

Pou r m o i, je dus attendre jusqu ’à la deux1em e qu inzai ne

d ’

aoû t . ]’

eus l ’avantage de n’être pas seu l . M . Chlum sky vou lu t

b ien m’

accompagner , ce qu i doubla la réco l te, car je pus m e

décharger su r lu i du so in des apparei ls . En ou tre je trouvai

en lu i un contrô le de m on o rei l le pou r les cas d iffici les .

j’

avais fait transformer m on enregist reu r à resso rt en vue de

le rendre plu s portat if. Pou r cela,j ’avais supprimé tou t bâti en

fonte,et ent ièremen t modifié le chario t à l ’ im itation de celu i du

Laborato i re. L’

apparei l , d ivisé en deux , é ta i t d’

un transport et

d’

un man iement très faci les (fig . ]’

y ava is a jou té un phono

(Rw . d’

Etlm . etde Soc .

,M. Pi l sudsk i est en train d

’ imprim er son tra

va i l sur le fo lk lore des Aïnos avec textes et rem arques , qu i sera publié dansl ’année par l

Académ ie des Sc iences de Cracovie.

PHONÉTIQUE DES AIN OS9

graphe Ed i son,nouveau modè le. Quan t aux accesso i res , vern is,

god i va, etc .,nous comptions les trouver sans peine à Londres .

F IG . 4 .

Apparei l enreg istreur .

Le cyl indre et le char io t , porteu r des tam bou rs , sont ac tionnés par le m ême m ouvement d

hor loger ie . U ne pou l ie à plus ieu rs gorges règ le les déplacem ents du chariot . Le

cyl indre,recouvert d ’

un pap ier noirc i à la fum ée d ’

un rat-de—cave, reç o i t la trace de

leviers qu i rep rodu isent les m ouvem ents transm is aux tam bou rs par les apparei ls récepteu rs . C ’

est à savo ir,dans l ’expér ience figu rée, une em bouchu re pou r recuei l l i r le

souffle avec les vibrations , une o l ive qu i prend l ’a i r dans une nar ine,

et u ne capsu lequ i va chercher su r le thy roïde les vibrations du larynx .

Nou s les avons trouvés en effet , mais mo ins faci lement que

nous ne pens ions .

Grâce à une. let tre de recommandat ion deno tre chargé d’

af

fai res,en l ’absen ce de l

ambassadeu r de France, tou tes faci l i tés

1 o L’

ABBÉ ROU SSELOT

nous fu rent acco rdées pour notre travai l . M . H ideatsu Yosh ida,

propriétai re de l’

Ainu H ome,nous amenai t lu i—même les Aïnos

à no t re hôtel , que nou s avions cho is i dans le vo is inage. La m ai

tresse d ’

hôtel ne se mont ra pas mo ins complaisante el le mit à

no tre d ispos i tion la grande sal le de son établ issemen t et nous

avions a ins i un splend ide labo rato i re.

Tou s les momen ts l ibres des Aïnos nous é taien t consacrés .

Pendant les séances qu i é ta ient dues au publ i c de l’

Expos ition ,

nous nou s rend ions au vi l lage ; et là , so i t en c i rcu lant,so i t

debou t à la po rte des cases , so i t à l’ intérieu r assis sur un bi l lo t

de bo i s, je recuei l la is les noms des ob jets famil iers aux Aïnos

,

que j’

avais sous les yeux . M . Pi l sudsk i é tai t le plu s souven t pré

sent, mais pas tou jou rs , pou r me serv i r d ’

interpréte . I l en est

résu l té qne j’

ai recuei l l i un certa in nombre de mo ts qu ’ i l nereconnaî t pas , et que j

a i eu d ’

abord l ’ in ten t ion de supprimer . A

la réflexion, je les conserve ; mais comme i ls m e sont suspects

so i t dans leur form e,so i t dans leu r traduction, je les marque d

un

astéri sque. En plus des mots iso lés , j’

ai recuei l l i quelques phrases

et des textes su iv is qu i m’

étaient réci tés lentement . C ’

est ainsi

q ue je m e renda is compte des expériences à fai re.

J’

ai t rouvé auprès des Aimos l’

accuei l le plus sympath ique. I ls

sont doux , confiants, empressés à fai re pla is i r . Une seu le fo is ,

j’

ai rencontré de la résistance. M . Pi lsudsk i demandai t à une

jeune fi l le son chant d ’

amou r (toute jeune Ai no compose el le

même son chant d ’

amou r pou r son fiancé) . A nos ins istances

el le opposa d ’

abo rd des larmes ; pu is el le fin i t par déclarer

qu ’

el le ne pouva i t pas le chanter devant des hommes de son

pay s . Ceux-ci so rt i rent,et el le s

exécuta avec la mei l leu re grâ ce.

J ’

aurais pu profi ter de neuf su jets . En réa l ité , je n’

en ai u t i l isé

que sept,

une femme étan t malade,

et un des hommes,

jaloux des préférences de M . P i l sudsk i pou r les au tres,ayant été

presq ue la issé de côté a ins i qu ’

un enfant . I ls sont tous de l ’ i le de

Yéso

PH ON ÊTIQ UE DES A 1NOS

A. Un homme de 6 5 ans , bel le barbe blanche (fig . 1) S i ramoura (en j apona is) , K aneka z

oku (dans sa langue) , né à Piratorou ,

sur la riv i ère Sarou (c’

es t le vi l lage le p lus connu) .

B . 46 ans,c ’étai t le chef Ka iÊaoa (nom japonais) , S irambeno

(dans sa langue), né à N iptani su r la même rivière (fig .

C . 4 3 ans , la femme du chef,Anretuku , du même vi l lage que

son mari (fig .

D . S ie'

(nom N upetkano, jeune fi l le,n ièce de la femme

du chef, leu r fi l le adoptive,de 1 8 à 20 ans (fig .

E. 10 ans,neveu de la femme du chef et leu r fils adoptif

,

Ka iÊaua (nom Êe'

nski (nom chrét ien) ; i l est pet it—fils d’

un

japonais (fig .

F . 26 ans,bel le barbe no i re

,cou sin du chef et du m ême vi l

lage K ênj i (nom Motasnu (dans sa langue) .

G . Un au tre homme.

H . Une femme, 5 3 ans

, N uka teki,du vi l lage de Mom bet sur

la rivière du mêm e nom .

Ils par lent tou s le même dialecte .

Les Aïnos son t très b ien de leu r personne : on les prendra i t

pou r des pay sans ru sses . Ils sont tous dotés de bel les barbes ,objets de la ra i l lerie des Jaunes et de l ’envie des femmes , qu i se

donnent,au moyen d

un tatouage bleu ,l ’ i l lu s ion de bel les

pai res de moustaches .

Je n’

a i fai t de pa lai s artifi ciels que pou r A,B,D

, qu i s’

en son t

bien vi te servis avec une grande habi leté .

Les inscriptions à l ’enregistreu r ne comportaient que deux tambours (fig . l

un pou r la bou che, l’

au tre pou r le nez . Je faisais

1 . J’

ai souvent ind iqué la m aniere de fa ire so i -m êm e ces petits apparei lsprise de l ’em preinte du pa la is avec le god iva (substance emp loyée par les dent istes) , appl ication su r le m ou le d ’

une feu i l le de pap ier fi ltre m ou i l lée, d ’

une

couche de seccotine et d ’

une seconde feui l le de papier fi ltre, que l’

on estam pe

bien avec les do igts . Ma is, je do is a jouter un perfect ionnement que je ne cro is

pas avo ir encore ind iqué quand le pala is est sec , quand les part ies inut i les ontété supprim ées , on étend dessus , avant de le vern ir, une so lution de caoutchouc .

1 2 L’

ABBÉ ROU SSELOT

répéter le même m ot ou la même phrase un grand nombre de

fo is à chaque su jet,ce qu i m e procu rai t des variantes intéres

santes et m e servai t pou r le contrô le.

Quand l’

eXpérience ne rou lai t que su r quelques mo ts, je

n’

avais au cune d ifficu l té à les fai re d ire co rrectement . Mais,quand

i l s ’

est ag i de textes su iv is , même des chant s q u i sont répétés de

mémo i re, je ne pouvais obten i r deux fo is de su i te la même

F IG . 5 .

Tam bour 1nsc ripæur .

Je donne i c i pour la prem i ere fo is u n c roq u is des pet i ts tam bou rs que em ploie d ’

o r

d inai re, m a is non tou jou rs , au jou rd ’

hu i pou r l 'enreg i strem ent des vibrations de la vo ixet du larynx . D imens ions de la cuvette A : 1 5 mm . de d iamètre,

1 mm . de p rofondeur .

Caou tchouc non tendu , de'

mm . d’

épa isseu r . Pet i t support en la iton D . Levierfo rm é d ’

une seu lepa i l le E ; g rand bras 1 2 3 mm . peti t b ras U ne seule v i s C perm et d

approcher ou d’

m c liner à vo lonté la cuvette. L ’

a i r est por té au centre de la m em

brane par un tube servant de t ige B . Le levier es t fixé à u n suppo rt F q u i entre en frottem ent du r dans un b loc mob i le su r la tige où i l est m aintenu par u ne v is G . \

’ i ro leavec sa v is H .

chose. La lectu re des tracés devena i t a lo rs fo rt d iffici le, s inon

dans beau coup de cas impossib le. Alors j ’eus recou rs à la doubleo o 0 r

1nsc r1pt10n avec l enregœtreur qu i fou rn i t les élements de l ana

lyse et le phonographe qu i m e donna i t le son .

Je ne pu is pas m e fiatter,dans les hu i t jou rs que nou s avons

passés auprès des Aïnos , d’

avo i r,malgré un t ravai l sans rel âche

épu isé la matière mais je cro is que no us avons recuei l l i le prin

c ipal .

PH ONÉT IQUE DES AÏN O S 1 3

VOYELLES

Les voyel les son t a,e,i,o,u .

J’

ai no té enco re accidentel lement u et ce.

L’

u est une variante de i dans suk (F) œ i l pour sik . J’

ai

entendu suk et sik d ’

une même bou che (D) .

Cette voyel le que j’

ai d ’

abo rd prise pou r un u,n

en est pas un ,

car je n’

ai pas vu les l èvres se fermer el le se rapproche durusse. C ’

est la langue qu i do i t se porter en arrière et a l térer le

son sans que le su jet parlan t , qu i veu t prononcer un i,en ait

conscience. Ces réflexions n’

on t été fai tes qu’

à m on retou r .

M . Pi lsudsk i , consu l té sur ce su jet,m e répondi t de Londres

l’

i est t rès souvent du r et se rapproche du Dans si/e,m o i

j ’en tends i

L’

æ se présen te dans nocepôro (F) fron t comme une a l téra

tion de ’

é noyejbo'

rô (G) .

L’

o et l’

a,dans les fina les atones, ne sont pas tou jou rs b ien dis

t incts et s’échangen t en t re eux. Le nom d’

Aïno par exemple, que

nous écrivons ai nsi, est a inu (a inu) pou r Bat chelor et d

au t res .

Mo i—même à quelques secondes de d istance j’

ai transcri t a ino et

a inu (B), nànofu et nano/‘

à (D) laver le visage inaoet inau

(B) , inao (B) baguet tede sacrifice Batchelo r écri t inao, M . Pi l

sudsk i inau . J’

ai c ru entendre d ’

abo rd makir i notako (F) lame de

cou teau pu i s j’

ai effacé l’o final pour mett re et . J’

ai écri t de

même sineotoj>to un cheveu et sinere‘

ktu po i l de barbe à

côté l’un de l ’au tre (F) . M . Pi lsudsk i,consu l té à cet égard m e

répond que les Aïnos réclament sineotoptu et m e d it que’

étymo

logie leu r donne ra ison . Mais j’

ai observé que les 0 de M . Pi l

sudski sont trop aigus . Et je cro i s p lu tôt à un et a igu très vo isin

de’

à grave. La l imite qu i sépare les deux est faci le à franchi rdans la prononciat ion et

,d ’

au tre part, l’

auditeu r , qu i ne possède

pas cette nuance, est porté natu rel lement à classer c et a tantôtparmi les 0 tantôt parmi les u .

14 L’

ABBÉ ROU SSELOT

L’

i de la d iphtongue a i se rapproche de même des e. Peu t -êtresera i t— i l un i grave. Tou jou rs est— i l que j

ai no té à deux jou rs ded istance a ijup et ae

,c“

up (A) roseau Batchelo r écri t a isbup. I l

do i t no ter de même, je pense, ce que j

ai écri t ae’kênsi (A) rai

nu re Cette t ransfo rmat ion de la d iphtongue a i est normaleel le s

est produ i te, par exemple, en latin et en frança is .

En dehors de ces quelques cas,les voyel les ai

nos restent

stables dans leu rs famil les respectives , mais avec des nuances

t rès variées . El les possèden t des t imbres analogues à ceux des

voyel les françaises t ro is po ur a e 0,deux pou r i u . J

ai

donc no té à grave (fr . pa r) , a moyen (pa tte) , a a igu (paris ien

pa r t) ; é grave, 1: moyen,aigu ; o a igu (fr . bord) , 0 moyen

(botte) , grave (beau) ; i moyen . i aigu ; et moyen (boutei lle),ri grave (boue) .

Dans certains 111015 le t imbre de la voyel le parait fixe. Ains i lem or âep po isson que j

a i rencontré une d iza ine de fo i s,iso l é

et dans les textes,a constamment son e moyen fos j ambière

a de même conservé tou jours son a moyen pour tous les su jets .

Parm i les différences de t imbre relevées , quelques-unes seraien t

peu t— être d ialectales, je veux d ire propres à certaines fami l les ou

à certains i nd iv idus, par exemple klé barbe (F) et tlëk (D) ,

inuyè tatouage (F) et inuye (C ,D) ; ipe

‘ manger (A) et ibe

ou ipe(B ,F) ka rapto sakhaline (A) et ka râpto(F) ; makta (A)

et niakra (F) . Ma is la p lupart para issent l iées à la vi tesse de laprononciat ion,

à l ’accent du m ot ou de la phrase. El les se pré

sen tent dans la même bou che comme simples varian tes kémàsapet bémâ sak (F) chevron ipe

et ipe manger (A) ; ota'

pi

cheveux et otopibi (G) , o'

topibi (D) kaka corde de l ’arc et

kuosoro bas de l ’arc (A) ; tcîma co l l ier et keine tama col

l ier de fer (D) , etc .

Je n’

ai pas rencon tré de d ist inct ions de t imbre l i ées à des diffé

rences de sens , comme dans le français pâ te et pa tte.

Vo ic i des exemples des d ifférents t imbres que j’

ai notés

PHONÉT IQUE DES AÏN O S 1 5

a . k usapaa tête de l ’arc (A), kam i le D ieu

(A,B) ; pi raleka sanda le am ongle (C) parate

ke

main (D) ; fu la odeu r (E) ; sabina t raverses (F) ,

parateke main (F) ; sikkubobo paupière (G) ; pendrameîpoi trine (H) . C ’

est le t imbre o rd inai re de l’a

a. s’

âniku a rc e'

inusa pm â partie descendante de lacourro ie de l

arc laeirbsayçî part ie du manche du cou teau deMasse pa ta d

un co in à l ’au tre (A) ; burcî odeu r (B) ;

pâ rdtêk dos de la mai n *se

ur isdpa cou ku sapâba m a

tête sdPamuye‘

co iffu re si to—opera spatu le tara ban

deau pour porter sur la tê te ydra bassin en écorce i tatc'

zni

hacho i r (C) ; tdrna co l l ier cim ip robe am iptusa

manche kisâ ra o rei l le notaka rni joues (D) ; sapatète kuâ bâton tr ikânz mon tant d ’

une charpente »,

*kitayomoni faite (F) ; fura odeu r (H) .

pone rnakani bo is de la flèche (A) ; a ioinc‘

z kàmuy

(B) ;*1nakonaamunirn bras sackoÇ jamb1eres d

’ été sikara

karabê j ambières fa i tes par m o i (C) ; êàpàmuye bandeau

nànofu laver le v isage (D) ; as ê tre debou t »,kukonnispa

mon maî tre na t te sikràbobo ci ls

retàrasiknumibi b lanc de l ’œ i l ràrôbo sourci l (G) .

e. pet r iv ière tambe celu i— c i ke et nep ki r ien

faire (A) ; endramû po i tr ine ane ine étai t et renueva

les tro is êep po isson (B) ; askepet do igt paæyebe

lèvre notkevebe mâcho i re (C) ; sine tâma co l l ier de

perles *opususke lobes de l ’ orei l le (D) ; penlarnubu po i

trine (E), parateke ma in askebet do igt tek bras

tekukoti po ignet tekurägane bracelet sineotopto un che

veu pendam po i t rine urebe pied urePet do igt de

pied (F) ; e'

renni rat (H) , elù nez (P)e‘

. kieër iotop p ipe curé rouge e‘

rernü rat (A) ;ibe

‘ manger (B) ; rèkibi b arbe te‘

kukol po ignet sêu r i

sapa cou êtupu ike narine sinuye‘ tatouage pe

ra un

1 6 L’

ABBÉ ROU SSÉLOT

plat (C) ; ke‘

et tékuñkane bracelet para télæ ma in

tlék barbe êbi ta tou t furè rouge (D) ; bu rê rouge

(E) ; ipë manger nipèsa ratika corde de t i l leu l inaye

o rnements (F) ; rêki ln’

barbe kzmnësiknum ibi pupi l le

de l ’œ i l (G), ce‘

ppa garde (H) .

e'

. tu étaye' viser

,ti rer e

'

mucni bo i s du manche to ne'

kane'

sorte d’

anneau Çe'

pa garde oyuspe‘

ouverture

leieér i pipe umpe' baleine ipe

' manger 6bm beré

courber irécpa ine m’

élevaient et -ké et (à côté de-be) , nuy_

é dessina i t (A) ; ven. mauvais koeramc‘unin

méchan ts iere'

ka m e nou rrissai t (B) ; okkéve nuque

(C) ; tre'

k barbe yoéraégere merc i e'

tu po inte anéÂane

fi l de fer (F) re’

tàrasiknumibi blanc de l ’œ i l éteibu nez

(G) .

i . ka r imba l ien en écorce de prunier silc œ i l

sir ika fourreau ukoraî i le même etc . (A) ; nupur i m on

tagne f a l/z i tuer etc . (B) ; sittok coude notkir i m en

ton etc . (C) ; niñ/za ri boucles d ’

o reil les kisâ ra o rei l le

amip robe etc . (D) ; fumi bru i t (E) ; s°

içî œ i l

cubki pai l le silei bambou c i laki coude patôi

l èvres nimak den t etc . (F) ; o'

tôpibi cheveux (G) .

Tous : a udi feu (pou r l’

i final) , ananike vivai t et

excepté A,

‘osibz

'

au retou r (le 1er i) pir ika bien

,bon

(m ot prononcé bien souven t et par tous les su jets) .

z .

‘osibi , yapi frère aîné yoyleir i arranger lei fai

sai t (A) ; koerorneunin méchants koyki battre (B) ;leisaraba o rei l le e

tupu ike nar ine am ip robe (C) ;oto

'

bi cheveux (F) . Tous,sauf D et E

,Eosibi au retou r

furni bru i t (ne cons idé rer que l’

i final)0. osoro le bas ikayop carquo is prækaoni at taches

du carquo is puetotta boî te pou r les al lumettes tâmbako

tabac akoro m a etc . (A) ; koro ayant kotan la

terre parauna beaucoup etc . (B) ; pokna patoye l èvre infé

PHONÉT IQUE DES A1NOS 17

rieure etc . (C) ; poiêeppa médai l lon port é au cou sorno

non etc . (D) ; kitâyornoni fai re kokkasap genou

nouakt lame etc . (F), otopibi cheveux (G) .

Tous -pou r l’o cosibz

'

,

Cos jam b1ere

l

o. tasirô cou teau de chasse kâ ntb ciel sa]>ô sœu r

aînée (A) ; oyamÔkte admirer oto'p cheveux noæbôro

front pa to'

i l èvres (F) ; o'

to'

pi cheveux noyépo'

front (G)o. ikayopnzom le couverc le tac irbni manche du cou

teau (A) ; aukô l’

un con tre l ’au tre (B) , bm j ambe,cu i sse

(F) ; abékôkor ip co iffu re rà rôbo paupière (G) .

u . kunum cou rbu re de l ’arc curulru po ison paku i

baguet te pou r les l ibat ions tug inum bol pou r les l iba

tions puni donnai t,etc . (A) ; nka ras

i de la même façon

umbe baleine lausu pou r etc . (B) ; mourn chemise tu

sikibi les deux yeux etc . (C) ; kisa rap uy t rou fai t au lobe de

l ’orei l le etc . (D) ; tueasbebet pou ce tekurigane bracelet

sinere‘

l tu po i l de barbe taruvu sou rci l . tupkeæ ven tre

parambe langue etc . (F) ; kunnésikuumibi pupi l le de l ’œ i l

no i r (G) .

Tous pour l’u fure‘ rouge fi tm i bru i t jura odeu r

unâi feu

a. kei lea corde de l ’arc —atuturu le mil ieu de la

sangle tumbu peti te chambre ayoreê2‘

c ils m’

élevaient

(A) ; etu nez eritei rasip hu tte (F) e'

tùbu nez (G) .

La mesu re des mots inscr i ts su r le tambou r, en même temps

qu’

i l s éta ien t no tés d ’

après l ’orei l le,mon tre b ien la dépendance

du t imbre et de la quant i té . En vo i c i quelques exemples où la

du rée des voyel les est m arqu ée en cen tièmes de seconde.

te ku 7301 po ignetA 8 1 6

B 3-1 3

C t 5 10 1 8

Revue dephonétique.

1 8 L’

ABBÈ ROU SSELOT

Pou r A et B ,l’

e est moyen ; pou r C , i l est grave.

ye r éka

A 1 5

Le second e ( 1 5 c . de sec .) est aigu à côté du premier ( 3)

qu i est moyen .

ko ta n kb ro ka m uy la terre ayant Dieu c ’est-à

B 4 9 6 1 9 d i re D ieu ayant la terre

Le premier 0 de bbro est grave et long par rappo rt au second

q u i est moyen et bref.

J’

a i noté comme moyens les tro i s et de u turu fron tière

mais la différence, s i grande, de quan t i té qu i existe ent re le second u

et les deux au tres m e fai t cro i re que le plus long a été aussi

le plus grave.

u t u r u

8 3 4 4

8 2 5 6

7 20 8

Tou te voyel le en contact avec une consonne nasale est plus

ou mo ins nasal isée,a lo rs même que l

orei l le ne le remarque

pas . C’

est un fai t de phonétique généra leLa nasa l i té cro î t progress ivemen t jusqu a la consonne nasale

ou décro î t de même à part i r de cel le—ci .

I l se peu t que la s imp le qua l i té de fina le suffise pour amener

de la nasal i té,même une consonne nasale. Dans ce cas

,la

bou che se ferme avant que la langue ne cesse de vibrer,la vo ie

nasale servant seu le au passage de l ’ai r . Ai ns i e‘remu rat a été

entendu e'

remû et e‘

remur‘

i (B) .

Exemples de nasa l i té (fig . 6 et 7)

p a n g e répugnance e n d r a m po i trineN N N

a a 6 a a

5 2 5 6 27 14 1 6 8

20 L’

ABBÉ ROU SSELOT

Dans les diphtongues, les voyel les gardent d’

ordinai re leur

t imbre respecti f aa,ao

,au

,a i

,ae

,ea

,eo, eu, io, no, 00, 0e, oi , etc .

Le changement de i en y et de u en‘

LU ne s’ impose pas .

Le y al terne avec i et ce avec et . Le ce est rare le y , assez fré

quent .

J’

ai c ru entendre une fo is iklæuebe et ik/zrebe nœud de do igt

(F) . M . Pi l sudsk i , à qu i j’

ai exposé m on dou te,m

éc rit que

iklewebe est une fau te au d ire des Aïnos . F . ne reconnai t donc

pas cette forme, qu i do i t être ray ée du langage vou lu . Mai s el le

peu t b ien fai re part ie du langage inconscien t , pré lude d’

une evo

lution nouvel le.

I l résu l te de tou t ceci que je ne pou rrais admettre les équ iva

lences anglaises données par Batchelo r pou r les voyel les ai‘

nos

fa ther o m ate

benefi t u (u) ru lerav ine

n i pou r les diphtongues

a i,a is le, i ce ; ey , they

tandis qu ’ i l reconnai t avec ra ison que chaque voyelle reste distinc tedans ao

,au (au) , eo, eu (eu) , ou (ou) .

Mais, j

ai été frappé , comme lu i,de la fai b lesse et de la dou

ceur de l’

accent . I l n ’

y a de grands écarts ni pou r la hauteu r n i

pour l ’ intens ité . En vo ici des exemples pris dans les mots iso lés .

Les vibrations son t comptées en vibrat ions doubles°

pou r un cen

tièm e de seconde, que j

adopte pou r un i té du temps même pou rla hau teu rmus ica le. La durée est notée entre parenthèse et les

ch iffres successifs indiquent la hau teu r moyenne pou r destranches de 5 cent1emes de seconde.

pâ nge(B) a — n —

g (6)22 .

osipi (B) o s i ( 1 9)i 2 .

PHONÉT IQUE DES AÏN OS 2 1

Dans la gamme norma le ( la ; 870 v . m i 2 co rrespond à

1 , 63 ; ja z , à sol ., à la à la 2 ,à a t, a

C ’

est ent re ces no tes qu’

a évo lué la vo ix,tout en se tenant

à peu près dans d’ in terva l le d ’

une quarte.

Quant à l’ intensi té , la s imple vue des t racés suffi t à montrer

que les var iat ions de force ne sont pas plus impo rtantes . Je cho i

sis comme exemple u tu ru (fig . 9 et L’égal ité de voyel le danschaque syl labe é l im ine les d ifféren ces qu i proviennent du t imbre.

Et,de p lu s

,le t racé

,pris avec un tambou r é last ique

,nous donne

vra isemblablement la somme des ampl itudes pou r chaque vibra

tion ; eu tou t cas, la mesu re en est p lu s aisée. Je prends la longueu r

et l ’ampl i tude (double) de 4 vibrat ions du 1eret du 2

eu,et de 3

du et j ’obtiens en cent ièmes de mil l imètre pou r la longueu r

1 ) 1 1 6 . 100 ; 2) 84 . 88 . 84 . 88 ; 3 ) 1 20 . 1 3 6 . 1 72 ;

pou r l ’ampli tude 1 ) 3 6 . 44 . 48 ; 2) 24 .

3 ) 40 . 3 6 . En divisan t l ’ampl itude par la longueu r, nou s

él iminons , en partie du mo ins,l ’ influence de la hau teu r mus i

cale et nous obtenons

1) 2)

3 ) so i t une moyenne de 1) 2)

3 ) Et,en tenant compte des durées 1 ) 2)

3 ) on vo i t que'

la ton iquegarde bien son rang,mais ne pré

sente pour l ’ intens i té rien d ’

excessif.

D ’

une enquête au ss i restreinte que cel le don t je d ispose et

d’

un caractère au ss i spécia l,pu isqu ’

el le éta i t fai te un iquement en

vue de l ’al phabet , i l est poss ib le pourtant de tirer quelques indi

cat ions sur la v ie des voyel les . Vo ic i les varian tes qu’ i l m

a paru

u t i le de relever à cet égard

A eur/eu et Ç‘

uruku po i sson leusapaa tête de l’

arc

(cf. sapa tête F) émuÇipe'

be'

,leiee

r iotop, kiee’

r iolopu et kee‘

r iotop

pipe sapo'

et saboko sœu r aînée

C . re‘

kibi barbe pendra zn et pendra ruu po i trine

(c f. E) .

C . re‘

kibi, pdrdtek dos de la ma in (cf. paratëke, D) ;

22 L’

ABBÈ ROU SSELOT

pa toyebe l èvre et pokna pa toye lèvre inférieu re kanna pa toye

l èvre supérieu re (c f. patoi , F) ; piraka ap ou piraka a t et

piraka a tuku cou rro ie de la sandale am ip et amibibi robe

ôtopibi cheveux (cf . o'

tôpi , et oto'

p G) ; s ikibi et sik l ’œ i l

ku sapdba m a tête ktsa raba orei l le

D . nitibi

E. furnibi bru i t (les au tres — i) ; penlamubu po i trine

(les au t res —eî,

- ‘

tl,

—u) et penda rn (P) .

F .

— sapâ et sapaba tète sukr rap c i ls (c f. s ikkdbobo

(G) ; sukkap u paupière (c f. sikkababo G) ; makir i c'

tu et

—e'

tubu po intedu cou teau nipibi manche urche pied

et urepet do igt de pied

G . ôtôpi et otopibi cheveux uoye[>ôrô et noyépôrobo

front e'

telka nez (c f. etri P) ; rà rbbo sourc i l

I l résu l te de là

10 Q ue des voyel les peuvent d isparaî tre so i t à l ’ intérieu r des

mo ts (eu rku), so i t à la finale pendrarn, piraka at,

Que la voyel le finale peu t être redoublée avec intercalat ion

d’

un 17 .

Cette dern i è re constatat ion a été faire par Batchelor qu i établ itla règle su ivante : Quand on dési re donner une clarté spéc iale

à la prononciat ion d ’

un nom ou d’

un ad jectif fin issan t par une

voyel le,cette voyel le finale peu t ê tre redoublée

,précédée de la

consonne b .

Dans le vocabula ire des habitans de l i te c oka recuei l l i par La

Pérouse,on trou ve les deux fo rmes Coubou arc (je n

ai

no té que kei A) , étou nez tsoubou so lei l I l est intéressant

de rapprocher tébe' la barbe de trek (P), rekibi (C,G) et trêkibi

(C) , chy œ i l de sik et sikibi .

La voyel le redou blée est le plus souvent moyenne. Ma is i l y a

des except ions (érnuêipébé (A) , rdrbbo (G), él î lk‘tt (F) .

U ne fo is je n’

ai pas entendu le b (kusapaa A) .

La voyel le s imple paraî t longue et d’

un au tre timbre que lavoyel le redoublée saj>d et sapaka (P) sapo

'

et sapobo (A,etc

PHONÉT IQUE 0133 AÏN OS 2 3

Le rad ical au ss i est al longé et les voyel les ont u ne au t renuance, quand la finale est p lus légère ou supprimée a

'

topi et

otopibi (G) , amip et am ipibi (C) .

La voyel le su scept ib le de redou blemen t peu t tomber comme

une voyel le s imple pa toi (F) , patoye et pa toyebe (C) , etc .

Seu l , l’

enfan t a employ é les fo rmes penlarärubu et fu rnihe

dans l ’enqu ête co l lective que j’

ai fai te.

Le vieux à la barbe blanche n’

a prononcé qu ’

une fo is sapobo

devant mo i . J’

ai i ns isté su r ce m ot et cherché à ramener la forme

double. A tou tes nos quest ions ins id ieu ses , sapô seu l se présentai t .J ’

aimera is b ien à savo i r ce qu i au juste amène la forme redon

blée,s’ i l n ’

y a pas une tendance à l’abandonner chez les vieux,à

la reprendre chez les jeunes , si l’

usage est général,s

’étendant à tousles mots

,ou restrein t à quelques—uns , s

i l n’

y a pas à cet égard desvariantes locales . Batchelo r nou s avert i t en effet q ue, ma lgré l ’un i

form ité de langage,p lus ieu rs mo ts se prononcent différemment

dans d ifféren ts vi l lages ou d istricts ; et i l c i te des variantes de erum

(je garde son o rthographe, u u) rat erernû (Sam ) , e‘

rum

(Porpet—Ko tan), e“

rern (Ishkari) , irurn (Shirav i) , eruru (U su) .

U ne enquête sur place ne sera i t p robab lement pas bien d iffici le

et pou rrai t être bien fru ctueu se.

CONSONNES

Le sy stème consonnantique des Amos est s imp le et var i e en

même temps,à peu près comme celu i de leurs voyel les . O n peu t

d ire qu ’ i ls n ’

on t qu ’

une sp iran te,une fricat ive labiale, une s ifilante,

une semi-occ lus ive sifflante, une vibrante,une semi—occlusive

vibrante,t ro is occlus ives et deux nasales . Mais des var ié tés assez

cons idérables se produ isen t de su jet à su jet sans qu’ i ls paraissents

en dou ter , sans que la sign ification en so i t mod ifiée et même

dans le même su jet sans que celu i— c i en ait conscience.

Spi rante Cette consonne évo lue entreun ê faible(cb

24 L’

ABBÉ ROU SSELOT

un b saintongeais), sonore du jusqu a la s imple aspirat ion

et va même jusqu ’à disparai tre entièremen t . Le rapprochemen t

des lèvres peu t la transfo rmer en

A l ’ in i t iale, je l

ai étudiée spécia lemen t avec tous les su jetsréun is au tou r de m o i dans êosibi au retour 505 j ambièreêure

‘ rouge êurni bru i t’

ura odeu r

J ’

avais noté précédemmen t c“

osibi,

os, fa re,

cam i , et ura

,

abo la mère’

urnpé (A) , b—umbe (B) baleine

PIG . 8 .

Spira’

nte.

fdp0 com paré à apa ,

(Tam bou r m oyen

Pou r êosibi , j’

ai tou jours sen ti le c dur et sourd,p lus tort seu

lement chez A ; de même pou r 505 , mais plus fort chez C D E(la femme du chef et ses enfan ts) . êurâ (A) est devenu

u rê

(C , H) , fure‘

(B et D) ,’

urè et fu lê (E) . êumi (C) furni (A,

B , D , E), umi (H) .

urc‘

1 (A,B , H) fura et fu la (D) , fu la

(E) , urà (B et C) .

Nous avons don c ic i les stades bien marqués c chu te ou

transformation en f .

L’

i nscription avec un peti t tambou r ne donne pas un résul tat

PHONÉT IQUE DES AÏN OS 2 5

assez net . J’

ai dû recouri r à un tambou r moyen,p lus élasti que,

et j’

ai comparé'

apoet apa porte’

umi et u turu (B) . La pré

sence de l’

aspiration n’

est pas dou teuse et se reconnaî t au bru sque

jet de souffle qu i précède la voyel le dans’

apô,’

urni et qu i manque

dans apa et uturu . Dans l ’expérience,B a bien prononcé l’asp irée

et non l’

f , qu i do i t représenter pou r lu i une art icu lation négl igée.

PIG , 9 .

Spirante.

êumi,com paré à u tur iu

Mais l ’ élément fricatif qu i renferme la consonne c n’

apparai t

pas dans le t racé . Je conclus à une aspi re'

e sourde, de fo rce

variable (fig . 8 et

Entre voyel les,la spirante paraî t à l

o rei l le tantôt sono re, tan

tôt sou rde, dans la même bouche el le peu t enfin s’

efiacer com

plètement ou°

se changer en f.

Ou tre les exemples déj à donnés, je ci tera i encore

km apaa (A) pou r kusapaba ; e'te2bu nez éteiôu ,

éteifu (H),ôtopibi cheveux (C) et dans le même momen t btopiôi (D) .

Les expériences ont po rté su r les mots'

rêkibi , et akup (A et

26 L’

ABBÉ ROU SSELOT

B) entrez Les résu l tats sont les su ivan ts la spi rante est tou

jours sonore pou r A ; 1 7 fo is con tre 8 , où el le est sourde,sur

2 5 expériences pou r B ; 1 fo is contre 5 sur 6 expériences pour C .

Chez les enfants,el le a tou jou rs été sourde. Malheureusement

je n’

ai fai t que 3 expériences pour D et 2 pou r E. C ’

est le mot if

qu i m’

empêche de rectifier m a graph ie l à où je n’

avais pou r gu ide

PIG . 1 0 .

Spirante.

Com paraison de la sonore et de la sou rde b ou 5 dans rékihi (B) ou rêkiêz (C , D ,

Nasa l isat ion de la sp i rante (B .

que l’

o rei l le. Je do is avouer , du reste, que je n’

ai j amais sen t i un5 dans la prononciat ion de C ni de E. Je ne l

ai no té qu ’

une fo ispou r D . Mes graph ies sont—el les j ustes sont— el les fausses Je ne

pu is le d i re. Dans l ’expérience, quand el le n ’

est pas souven t

répétéef on a plu tôt la prononciat ion so ignée. C ’

est peu t—être lecas ic i . Mais nous le verrons

,la tendance a l’assourdissem ent de

la consonne chez les jeunes est un fai t qu i n’

est pas douteux

Chez B,le b présen te cette particu lari té dans ak up que le cou

28 L’

ABBÉ ROU SSELOT

Batchelo r a tou jou rs représenté la sp iran te par la(cel lede bouse) ,ou f devan t et .

Un m ot dans lequel j’

ai c ru entendre une très l égère aspirat ion

et que j’

ai écri t ta’

dube cel le— l à (A B) par oppos it ion à tâ …be

cel le—c i n’

offre que la success ion de deux t imbres d ifférents

très sens i bles su r le t racé (fig . 1 2) fou rn i par A et B .

F r icative labia le. La fricat ive labiale est le U ne seu le fo is

j’

ai c ru en tendre un au dans un même m o t di t deux fo is de su ite

okkéwe et okkéve nuque (C) L’

f est un c inconsciemment

labial isé . Aux exemples déj à c 1tes , a jouter ndnofu laver le

visage (D) .

Pour l ’orei l le, le am o sonne comme le 11 frança is . Cependant

i l en diffère par une mo indre émission de sou ffl e,car dans les

t racés de ve'

n mauvais (B), par exemple,et ceux de renneva

les tro is (B) , orooa après a inom iva fa i re lesacrifice (B),la l igne de la bouche n

es t pas déviée, comme en frança is,et la

consonne ne se d istingue de la voyel le que par la fo rme des

vibrat ions .

A l ’ in i t iale,les vibrations du débu t son t très fa ib les

,et gran

d issent peu à peu jusqu’

au vo is inage de la voyel le. A la médiale,

el le est ent ièrement et fo rtement sonore.

Batchelor ignore le o . I l ne connai t que le tu, semblab le au au

anglais .

S ifilante La siffl ante est normalement s ; mais el le se teint

de nuances s i d istinctes qu ’ i l ne leu r manque pou r fo rmer des

espèces à part,comme dans les au tres langues , que la fix ité et

une valeu r séman t ique part i cu l ière. On peu t en tendre,sans que

le su jet ait l ’ai r de s’

en dou ter s pu re, g mou i l lée avec un l éger

recu l de la po inte de la langue, (un cb doux a l lemand) avec une

détente de l ’organe, un e pur et un 5 mou i l lé . Les l èvres ne

sont pou r rien dans ces nuances d ifférentes la langue seu le en

est la cause .

La sifflante est tou jours sou rde à l ’ i n it iale et presque tou jou rs

PH ON ÊTIQUE DES AÏN OS 29

à la médiale. Quand el le est sono re,el le est entendue comme

i .M. Batchelor ne note que deux var iétés s et sb qu ’ i l ass igne

ind ifféremment aux mêmes mo ts, reconnaissan t que dans bien

des cas i l est d iffi ci le de savo i r si les Aïnos d i sent s ou sb

M . Pi l sudsk i m ’

éc r it qu ’

i l y a quelques mots dans lesquels le

son est p lus d ist inct parce que le l éger changement de pronon

c iation entraîne un changement de sens ; et i l m e c i te comme

exemple so la dette et s'o réc if T ou tefo i s i l m e fai t

remarquer que Batchelor donne à chacu n de ces mots la même

PIG . 1 3 .

S iffl ante.

1 . seppa (B ) . 2 .1. asarna , ois i ; 2 . sapa (D) 3 S€PPa ; 2 ’ ”P”

(D) . 4 1 , aÇip ; 2 , 5 27€ (D) .

transcription sa et sbo. Quan t à lui,i l no te s

' s i la voyel le précédente est mou i l lée sam mai s i—s '

am . Ce qu i ne l ’empêche

pas cependant d’

en tendre s'urruku ou su ruku l à ouB atchelor écri tseu lement surugu .

Le palai s art ificiel donne dans ce cas de t rès u t i les renseigne

ments . J’

ai expér imen té en même temps que j’

a i écou té les pri nc ipales variantes s i n it ial et médial

,seppa (B et D) , sapa la

tète sik ou suk,asanta le fonds oisi robu ste êeppa

la garde du sabre ac ip fleu ri r (D) .

N ou s avons d ’

abo rd le t racé norma l de l’

s (fig . 1 3 , n° SI et

pu is la palatal isat ion acum inale à d ifférents degrés d ’

abord faib le

ensu i te p lus prononcée A nous en ten i r aux seu les

impress ions de l ’orei l le et aux local isat ion s quenous pouvons fa ire

3 0 L’

ABBÉ ROU SSELOT

sur nous-mêmes,nou s aurions jugé au t rement . Nou s au rions c ru

à un recu l success if du dos de la langue, depu is 5 ju squ’à g , et à

PIG . 14 .

S ifli ante sourde.

OS

PIG Jy H 5S iffl ante sonore.

[akor] o s a b [a].

PI G . I 6 .

S iffl ante m i — sonore[ayor] esu .

une détente pou r le c”

. Et c’

est dans la d irection des dents que lemouvement s ’

accom pli t .

La siffl ante intervoca l ique; enregistrée dans C

osipi par tous lessu jets, a été constamment sou rde (fig . Seu le, l

s de akorosapb (A) dans les t racés d

un réci t a été sono re,à la fin du m or

PHONÉT IQUE DES AÏN OS 3 1

cean et non au débu t (fig . 1 5 ) de A,et à demi sonore dans

ayoresu i ls m’

élevaient

Vo i ci les varian tes que j’

ai recuei l l ies

A. K u osoro et j c i—dessou s ; P c urku et Ç‘

uruku (s .

Batchelo r) ; a ijup et aeÇup (ai -shap , Batchelo r) ; sik bou c le

e'

mueni bo is du manche du sabre émue étaye' t i rer le

sabre lame du sabre e'

muz at (s, 5) courro iee'

rnusa p usdet°

emuzatpusçî part ie qu i descend sir ika fou r

reau pus le corps du cou verc le puekaoni attacher’

des

courro ies puetota bo î te pou r les a l lumettes tasirô cou teau

de chasse taeirôni manche taka iäara sou coupe

kice‘r i ojora as (â) 505 (e) j ambière Ç’e'

pa garde du sabre

ire‘epa (5 ) m’

élevaient upsororoke(â) dans l ’ intérieu r de la

maison ayoresu(Ç) i ls m’

élevaient

B . taka isara ; c”

og ;

C . sinuye‘ tatouage sik ; sdpamuye

‘ co iffure sàk°oê

jam b1eres d’é té êôg(s) seppa

D . sik ; poiÇeppa medai l lon ÇàPàmuye bandeau co'

_s ;

€ePPü (S) 5

F . eitoki(s) coude suk(e) ; osoro ; siki bambou etc .

G . sikrdbobo ci ls keinne'

siknumibi pupi l lede l’œ i l

H . êoÇ‘

, (5 , g) Çeppa(s) .

Tou s les su jets nou s fou rnissent d es exemples de l ’a l té rat ion

de l’

s ; mais nu l au t re en au ss i grand nombre que A. C’

est à Aet à P seu l s qu

appar tiennent les formes sono res .

L’

s exis te comme réduct ion de lasemi-occlu sive sifflante.

Semi —occlusive sifllante. L’

articu lation de la sifflante peu t être

précédée d’

un pet i t con tact de la langue su r le palais . De là naî tla semi—o cclus ive siffl ante

, qu i natu rel lement se montre avec les

nuances que nou s venons d ’

observer s’

, 5 , É“

. Mai s,de plu s, la

semi—occlus ive peu t perdreso i t son é lémen t o cclu sif et se rédu i re

à 5 , so i t son é lémen t fricat if et se restreind re à un (mou i l l é) et

même à un t (dur) .

L’

ABBÉ ROU SSELOT

Les différences possib les dans le degré de palatal i sat ion se

montrent b ien sur le palais artificiel (fig . 1 7) où nous pouvons en

reconnaî tre t ro is, deux extrêmes dans le tracé de Êep po isson

PIG . 1 7

Sem i— occ lus i ve s ifflante.

1 ,1,z et 3 Var iantes de âep 2 . à a .

Flo . 18 .

Sem i-occ lusive siffl ante.

êoêa .

B . I . Sem i—occ lus ive in itiale i inplos ion tenue B; explos ionY.

_

B . 2 . Exp losionde la consonne in it iale et tou te la consonne m éd iale. A . Le m ot ent ier à partir del ’explosion de l ’ in itiale .

PHONÉTIQU E DES Aixos 3 3

et un au tre in terméd iai re dans celu i de,ÊoÊa atteindre avec une

flèche (D) .

On t ét é enregistrés ÊoÊa par A et B,et un

_âi le feu par A,

B,C

,D

,E,G .

La l igne du sou ffle bu ccal (fig . 1 8) nou s permet de mesu rer latension et la tenue

, qu i est l’

occ lus ion de la consonne,quo ique

ces actes se so ient accompl is en si lence. La tension (A) a du ré

3 cent ièmes de seconde ; la tenue Pu is commence la part ie

sifflante qu i a é té sou rde et sono re Dans le secondexemple (B), nous avons pou r cet te dern ière part ie et

pu is viennen t pOur le c’

média l su ivant imp los ion sonore,1 ;

occlus ion don t sonores,

sou rds explosion,ou par

tie siffl ante 4 , dont sourds et sono re.

Le tracé de A nous donne pour la consonne i n i t ia le part ie

sifflante dont son t sou rds et sono re ; pour la con

sonne médiale implosion sonore o cclusion don t

sono re, . 9 sourds ; partie siffl ante 3 , dont 2 sou rds et 1

sono re.

Dans cette consonne,la part ie occlus ive est de beau coup la

plus grande. Et,quand el le est placée en tre vo yel les , tou t en

restan t sourde pou r l ’orei l le,el le est au début un peu de temps

sonore.

Les deux que nous venons d’ étudier

,d iffèrent en core par l

in

tensité d ’

aprè s l ’ampli tude du tracé le 1era 3

mm 8,le 2

°

mai s j’

en ai mesu ré d ’

au tres où la d ifférence est bien plu s sen

s ible et (B) ; 1 ,6'

et (A) .Après une consonne nasale (unâi) , l

occ lusion et l ’explosion

tou t ent ières peuven t êt re sonores . El les l ’ont été (fig . 1 9) 1 fo is

sur 3 (A) et 2 fo i s su r 3 (B) dans une expérience (fig . Pou r

tous les au t res su jets,el les sont sou rdes

,avec une portion sonore

plus ou mo ins grande(fig . Mais ce qu i parait i c i d’

une grande

importance,c ’es t la d iminu t ion de la tenue et l ’al longemen t de

la part ie sifflante,en sorte que l

on peut prévo i r la d ispar i tionRevue de phonétique.

PHONÉT IQUE DES A1NOS 3 7

Tous ont di t rèkibi , qu i a été l’

objet d ’

une expérience à laquel le,

seu l,P n

a pas pris part .Chez tou s aussi , l

’ é lément occ lu s if manque pou r e'

remu rat

(êlemu ,E) , dont Batchelor c ite une forme d ialectale endrum .

C ’

est sur cette espèce d ’

r que s’

es t po rtée tou te m on attention .

J’

ai d ’

abord recou ru au palais art ificiel ; et j’

ai cho is i pou r les expé

riences le m ot rap, qu i ne demandai t de contact avec le pa lais

que pou r l’

r . B donne la fo rme d ’

une denta le, contou rnant les

a lvéo les,avec un élargissement sensible derrière les dents de

PIG . 22 .

Sem i—oc c lus ive vi brante.

i ap .

2 . A . 3 . D . Deux var iantes . 4 . A . Deux v ariantes de la consonne non

devant , s igned’

unmouvement v ibrato i re (fig . 2 2 ,I )A et C font en

plus pressent ir l ’appu i de la langue dans la part ie postérieu re de

la bouche (fig . 2 2 ,2, Enfin Am ’

a fourni par deux fo is la trace

d ’

une r normale sans add ition d’

un élément occlusif so i t denta l so i t

gu ttura l (fig . 22 ,Les variantes tr et kr s

expl iquent donc très

bien . La perte de l ’é lément occ lus if avec rédu ction à r,et même

de l ’ élément v ibrant avec rédu ct ion à d offrent enco re mo ins de

difficu l té . La t ransformation de cette r en l qu ’

el le so it seu le

ou précédée de t, k montre la tendance de la langue à s ’appuyer

sur sa po inte et à la isser fiéchir les bo rds . Rare chez P,el le est

fréquente chez D , constante chez E,inconnue des au tres su jets .

Pour l ’ étude du cou rant d ’

a i r, j

ai enregis tré le même m ot rap

(fig . 2 3 ) et de plus re‘

kibi (fig . 24) et pendrain (fig .

On y vo i t c lai remen t que l’élément occlusifet vibrato i re, assez

L’

ABBÉ ROU SSELOT

Bat chelor écri t uncbi ou un; z . Un agronome russe, m’

a d it

M . Pi l sudsk i , entenda i t tisye la maison pou r s’

isye, et tef po is

son pou r iep. J’

ai en tendu de même deux fo is t pou r s‘ (A B) .Vibrante. La v ibrante ne m

a pas paru d ifférer d ’

une r du

bou t de la langue faib le’

et dou ce. A l ’o rei l le, je n’

ai sent i rien de

part icu l ier et le t racé de cette consonne en tre voyel les est tou t à

fait no rmal (fig .

Comme variante certaine, je n’

ai rencontré qu’

un d taeiro et

taeido cou teau de chasse (A) , et une seu le fo is . Ce peu t ê tre

une erreu r . Dans fura odeu r l’

r al terne avec 1 chez D et la

PIG . 2 1

Vibrante.

[u tu]ru .

Emprunté au m ême tracé que la figure 9 . F in de Pau et la dern i ere syllabe .

remplace’

chez E. Mai s i l faudrai t savo i r s i cet te r ne provien t pas

de la semi—occlu sive, ce que j’ igno re.

Vibrante semi—occlusive. Vo ic i les variantes que j’

ai notées

A. rurn et trum po inte de flèche trap et krapp lume

B . pendramû po i trine

C . rékibi et tr_

èkibi barbe pendrame‘

î .

D . tle‘k et lèk barbe pendlamù et pendramei .

E. peniamubn .

P. tre'k et kle'k ; sukkrap ci l pendam po i t rine rêkihi

Sikï üb0h0 ci ls

G . pendramû .

PH 0NÉTIQUE nes A1NOS 3 5

de la part ie occlus ive. Ains i,en face des mesu res précédentes ,

nous avons entre la fin de la nasa le et la sortie de l ’ai r A 3c s 6

,

D 9 , E et pou r la part ie s iffl ante A DE 10

, 5 .

Des arti cu lations instables,comme cel les des semi—occ lusives

,

demandent à être étudiées dans le discou rs su iv i,le mot iso lé ne

l ivrant que la forme consciente quand i l n’

est pas su ffi samment

répété . J’

ai s’

ep après une n dans un réc i t (B) le s’

a perdu son

occlusion dans cel le de la nasale et s ’

est confondu avec cel le—ci .

PIG .,

20 .

Sem i - oc c lus ive sifflante.

unâi et unsi .

1 . Sourde. 2 . Sonore (fa ib lem ent) .

Vo ic i les variantes que m on o rei l le m’

a indiquées

.ÿinki fat igué $dniku (i t) arc ukora i i le

même s’is le plein ,

pleu rer s’

os’

a (ë) simoîa (c’

)chanson unsz .

B . nka ras”

i ; fop (s, t , unyz (z) .

C. i ikàrakarog j ambières fai tes par m o i untz i (ou dz

E. nutzt .

F . u i ika rn j ambe

G . nutzt .

J’

ai rappel é fidè lement les variantes graph iques

que, d’

après m es expériences, t; so i t no to i rement

entendre un avec un s très faib le.

PHONÉT IQUE DES AÏN O S 3 9

C ’

est sur la l igne du nez que se l isent les variations dependram .

La consonne est tou jours entièrement sonore et l’

occ lus ion n’

estcomplète nu l le part .

Cette consonne est représentée d iversemen t par les au teurs .

Dobm tvorsky en distingue t ro is variétés tr , Tr , tR d’

après l’élément qu i a la prédominance ; i l a aussi reconnu le d . Batchelorécri t rap . La Pérouse avai t no té te'be' la barbe

J’

ai déj à adopté pou r un son analogue r, qu i convient très bien

pou r dr . Mais i l manque une sou rde pou r tr à plus forte ra isonpour kr ; et pu is i l faudrai t sans dou te un au tre caractère pou r l’rcorrespondante

PIG . 2 5 .

Sem i-occ lusi ve vibrante.

Occlusives . Batchelor admet les paires d ’

art icu lat ion b d t,

g k, qu’ i l ne dist ingue pas des occlusives anglai ses . J

ai cru les

mêmes art icu lat ions conformes au type françai s ; mais je fus bien

vite détrompé . Je demanda is au chef (B) de m e_

répéter le mot

qu i s ign ifie mère et je disais habô à la française. I l ne m e

comprenai t pas . Pu is,après un momen t de réflexion, i l m e pro

posa bapo'

? Ou i . Mon b bien sono re l ’ava i t dérou té . De son

côté,M . Pi l sudsk i entendai t les occlus ives mou i l l ées dans les

cas où el les le sont en russe.

Avant de relever les expériences , je cro is u t i le de recuei l l i r les

variantes que j’

ai notées d’

après m on orei l le.

A l ’ in i t iale,i l n’

y a pas de dou te la sou rde est constante ; et

40 L’

ABBÉ ROU SSELOT

je n’

ai à s ignaler comme cas particu l iers qu ’

une aphérèse, endrarmî

et pendramu po i trine (B) , la mou i l lu re d’

un t , tupkese et

ventre (P) , et l’

asp irée k’

,kcarze tama co l l ier de fer (D),

k ’

ar imba et kar imba l ien d’

écorce de prun ier

Entre voyel les, ou après une nasale et devan t une voyel le.

A. rnakani (g) bo is de la flèche emuÇ ipäbe'

(b) lame

du sabre si r ikakdbe (p) o rnements du fou rneau ipe'

(b)manger (La Pérou se ajbe

'

)’

umpe' baleine (b,

B ibe'

; pdnge et pari ke;’

umbe (A p) .

PIG . 26 .

O cc lus ive gutturale1 . B . anenike . 2 . D . Iek .

D . èbitta p) tou t

P . ipe‘

,tekukoti et tegukoti art i cu lation du po ignet ukua

gane, tegurtgane et tekurtkane bracelet noæbôro p) front

inaye (d) mou lu res nipibi (b) mancheG . nikdbuntarahä et -

pç' natte

Les su jets réun is , j’

ai obtenu pou r êosibi b (A, B, E), b et p(D) , (C,

H) ; kdnti rame (B, D) , t (C ,E,G) .

Je rencontre un au tre t dans mes notes nitibi spatu le

(D) .

A la finale ke'

mdsap et -ak (P) chevron de la hu tte » , nimaket nimak dents piraka ap cou rro ie de la sandale et —at

(C) , tou jours t (D), et pi raka a ta lru (C) . Les occ lus ives fina les

sont souvent très faib les et d iffi ci les à reconnaî tre. L’

agronome

russe a entendup commef (ref po isson DemêmeM . Pi l sudsk isukup sukuf jeune

PHONÉT IQUE DES AÏN O S 4 1

Les expériences appo rtent les précisions que la s imp le aud it ion

ne peu t donner, en même temps qu’

el les expl iquent les erreu rs .

Le pala is art ificiel témo igne que le k ne se mou i l le n i devant e

PIG . 27 .

O cc lus ive denta le initiale .

O c c lusive guttura le m éd iale.

tekukot.

PIG . 28 .

O cc lus ive dentale initia le.

ta [ambeJ.

(anenike B ,fig . 2 6

,n i après e (lek D , fig . 26 n i même

après i (sikD, fig . 2 6,

Uneo rei l le slave sent donc comme mou i l

lure ce qu i n’

est vraisemblablement que mo l lesse d’

arti cu lat ion .

Mais la mou i l lure peut être admise comme exception .

Dans les mo ts i so l és ou commençant un membre de ph raseaprès un repos

,l’

occ lusion est tou jou rs sourde. Dans certains

42 L’

ABBÉ‘

ROU SSELOT

tracés (fig . 27 , el le est t rès b ien marquée des le débu t sur

la l igne du souffle. Et la constatat ion est tou jou rs faci le à fai re.

L’

explos ion peu t être assez forte (fig . d ’

o rd inai re el le est

modérée, ce qu i se reconnaî t à la fo rme arrond ie du t racé par

oppos i t ion au ressau t brusque caracté rist ique des explosions

fo rtes . Même,D et E ont produ i t

,avant l

explos ion propre, un

PIG . 29 .

O c c lus ive labiale m éd iale.

[‘osJipi

B sonore. C sourde .

B continue la figu re . C continue,m o ins 1 5 v rb la fig 1 4 .

souffle qu i a du ré ICS

. 8 (D), (E) . La part ie sou rde de l’explo

sion est d ’

une durée variable. El le a été de 1 centième de seconde

dans tekukot (fig . de et mêmede 3 pou r ta âmbe (fig .

C ’

est là un fa i t rare qu i ne s’

est produ i t que deux fo is pour t ,une pou r k, et qu i au torise ma graph ie k ’

à ti tre exceptionnel .

Mai s on ne sau rai t admet tre l ’équ ivalence des occlusives ainos

avec cel les de l ’anglais . Cela est dit pou r A B . De même, D a des

exp losions sou rdes de 1c s

et C I, 5 et su r 3 exemples

de tekukot,el le a eu 2 explos ions sonores . E a donné 4 fo i s de

su i te une explos ion sonore au t de tekukot. C’

est à peu près l’état

des sou rdes françai ses .

Entre voyel les , les occlus ives sont dans m es tracés,tou jou rs

sono res pou r A et le plus souvent pou r B . Au con tra ire,pou r

C D E,el les sont d ’

o rd inaire sou rdes . Entrons en quelques

détai ls . Les ch iffres entre paren thèses qu i accompagnent ceux des

44L

ABBÉ ROUSSELOT

Pou r tous , l’

exp los ion est sonore et extrêmement douce.

L’ émission d ’

ai r est si faib le que la l igne n’

est pas déviée

même pou r les hommes (fig . J’

ai cité le seu l exemple (C)

qu i fai t exception (fig . E est al l é encore plus lo in , l’

occlusive

PIG . 3 1 .

O cc lus ive labiale finale.

lt ]üPlm plos ion et débu t de la tenue du p .

PIG . 3 2 .

O cc lusi ve denta le finale.

[tekuk]ot .

lm plos ion et débu t de la tenue du t .

parai t être devenue chez lu i une vraie spirante sonore (2 fois) .

rèkibi . B . S ix sonores et deux sou rdes (3 , explos ion

forte), (explos ion forte) . C . U ne sonore et deux sou rdes

D . Tro is sou rdes 9 1 2

E. Deux sou rdes (souffle sans explosion

(souffle plus fort

PHONÉT IQUE —: s AÏN OS 4 5

En résumé A sonores B sono res 1 8,sou rdes 7 . C

sono res 2 ,sonores après occlu s ion sou rde 4 , sourdes 6 . D

sou rdes 1 3 . E sonores 3 , sonores avec occlu sion sourde 9 ,

sou rdes 2 .

Après une nasale (tàâmbe, pâ ñge) le b a tou jou rs été sonore

(A,B) , le g a été sonore 1 5 fo i s et sou rd 5 fo i s (B) .

A la finale, l’

occlus ive ne possède que l’

im plos ion et l’

occlusion .

PIG . 3 3b

'

final devenu spirant .

[f lût

L’

explosion manque. Au cun tracé de A, B ,C , E,

n’

en porte le

mo indre vestige. U ne expérience de A (akup) , fa i te avec un tam

bou r élast ique, est t rès expl ic ite à cet égard . Les mo i ndres varia

t ions de la co lonne d ’

a i r son t en registrées . O r depu is l’ implosionjusqu ’ à la reprise .du souffle, marqu ée par un abai ssemen t de la

l igne (fig . 3 0 a) , i l n’

y a pas la mo indre expu ls ion d ’

a i r . Seu l s

les tracés de D pourraien t fai re cro i re à une explosion la l igne

se rel ève en effet après chaque m ot enregistré . Mais cette

i n terpré tation est imposs ible car l’

occ lusion au rai t a lors

de 3 1 à 3 6 cent ièmes de seconde (ce qu i est beaucoup trop) ,et de plus

,comme nou s a l lons vo i r

,le p est devenu sp i

ran t .

L’

implosion est sonore,ains i que le débu t de l

occlusion . Le

fai t est faci le à reconnaî tre, car la l igne du nez se couvre de

vibrations plus amples , qui son t dues à la fermeture de la v o ie

buccale(rap B fig . 3 1 , tékukot B fig . Tracés analogues de A

46 L’

ABBÉ ROU SSELOT

et de E,avec cette différence que la sono ri té est bien mo indre

pou r ces deux dern iers su jets (te‘

kuktot C E, fig .

Le de rap (C et D) donne un trace (fig . 3 3 ) qu i prend lesa l lures d ’

une spirante sourde terminée par 5 ou 6 vibrat ions , restes

de la sonore (C), ou ent ièrement sonore et parfai tement dist inctede la voyel le précédente (D) . Quant au t de têkukot

,i l conserve

bien le signe de l’

im plosive chez C (fig . 3 2) mais i l pré

sente chez D l ’ image d ’

une spirante a peu près‘

sourde

(fig 3 4)Pour achever de mettre en rel ief la d ifférence qu i existe entre

l ’ impression audi t ive et la réal i té inscrite dans les tracés,j ’a jou te

PIG . 34 .

t fina l devenu sp irant .[tekuk]ot

quelques l ignes de deux récits su ivis, qui ont été enregistrés dan s

le même ins tan t au phonographe et avec les tambours et tran

scri ts phonét iquement , quand j’

avais enco re l ’o rei l le pleine des sons

que je venais d’écou ter . Les consonnes écri tes dans le texte son t

cel les que j’

ai c ru entendre ; cel les qu i son t imprimées au—dessou s

son t des symbo les de consonnes réel les divisées en 3 part ies

implos ion,o cclu sion,

explos ion . La qual it é sono re ou sourde

de chaque tranche est indiquée par une sonore ou une sourde ;l ’ importance relative de cet te qua l i té est marquée

,su ivant une

progression descendante, par un caractère romain

,i tal ique.

L’

absence de cet te no tat ion prouve qu ’ i l y a acco rd entre l ’o rei l le

et le tracé . Enfin,quand le caractère dominant est net temen t

sonore ou sou rd , une seu le lettre en avert i t . Les virgu les séparent

des coupes réel les .

PHONÉT IQUE DES A‘

1‘

N 0 5 47

sœ ur aînéesa p o

bpb ien

ramma —kam,

8

tous les vases b ien arrangés d’

un co in à l ’autre blanc arbre

yoy k i r i pa ta , r eta nn i

g b d (1

petite cham bretum bu ,

d

i ls m é leva ientay or eêu ,

h

dess ina it le petit sabrenuy é, tôm i ka

gfa ire cec i faisa1t

ki nea ki …

8

L’

un contre l ’autre m échants D ieu étanta u kô k oeranænnin, kamuy anoine

g g

viva it et m ontagne ayant D ieu (nom de héros)anani k e, nupu r i k oro kam uy a i oi nd

gge b a“e g

D ieu la terre ay ant D ieu les tro isle amuy ,

ko ta n k ôr o kam a y ,r enueva ,

gke ddd g e

A. Ma sœ ur a înée, m on frère aîné et m elevaient b ien,et viva ient . Tous

les vases bien arrangés d’

un co in à l ’autre dans la pet ite ch am bre de bo is blancà l ’ intérieur de la m a ison

,ils m

éleva ient . Le petit sabre dessina it, la terre dess inait . I l faisa it seu lem ent cec i . R ien de plus . I l fa isa it cec i .B . L

un contre l ’autre m échants,D ieux viva ient D ieu de la m ontagne,

le D ieu Aiona,le Dieu de la terre

,tous

frère a iné

WP’ »

bv iva ient et

0 k a a n i ke‘

gk g

à l ’ intérieur de la m a isonupsororoke,

bp

et la terreananike

,s i r i ka

8 8

cec i seu lementtâ m be pa te k ,

b (1 g“

48 L’

ABBÉ ROU SSELOT

Que conclu re de tou t cela ? Q ue,sous ces formes var i é es , i l

n’

y a que t ro is occlus ives une labia le,une denta le,

une gut tu

ra le. Chacune n’

a qu ’

une qual i té essent iel le. S i , avec cela ,la

même occlus ive est explosive ou simplement implosive, forte ou

douce, sou rde ou sonore du re ou mou i l lée, instan tanée ou

spiran te, peu importe c est affai re de posi tion ou de force.

Personne ne s’

en i nqu i ète et personne ne le rem arque.

° Mais

PIG . 3 6 .

N asale guttura le com parée à la dentale.

I . pd rtge et 2 . kâ nti .

tou tes ces nuances n’

ont rien de t ranché et de parfai tement d is

t inct . L ’

ar ticu larion est faib le ; les vibrat ions du larynx souven tà peine esqu issées . Et i l est lo isi b le à l ’o rei l le d ’

entendre commesou rdes des sonores que le larynx enve10ppe inu ti lement de ces

sonori tés trop éteintes .

N asa le_s . Sauf à la finale, el les reprodu i sent le type français

et ne s’

en distinguent ni à l ’o rei l le,n i sur les tracés . A la finale

,

el les sont pu rement implosives, mais avec une longue occ lus ion

PHON ÈTIQUE 013 5 AiN 0 $ 49

sonore (fig . A l ’ in i t iale, j’

ai mesuré avant l ’explosion 7

(A) et 3 (B) cent ièmes de secondé.

Comme partou t,a i n s i qu ’

on peu t le constater par les figu resprécéden tes , el les influen t su r le t imbre des voyel les et mêmeagissen t su r les consonnes .

Les Aïnos possèden t t ro i s consonnes nasales la labiale,m ; la

dentale,n et la gu ttu ra le rt. Mai s je cro is qu

’ i ls n ’

ont. conscience

que de deux rn et n . Le n, b ien qu’ i l so i t certai n , bä nkeou

pâ r'

zge B (fig . 3 6, do i t ê t re une variété gu ttu rale,don t la

forme dentale nou s est donnée par kä nti (fig . 3 6, de l’

n,la

seu le qu i s’

emplo ie à l’ i n i tia le ou à la finale.

L’

n mou i l lée est inconnue.

En somme,la phonét ique des Amos, très pauvre en é léments

significat ifs, est d’

une rare richesse comme moyen d’

harmon ie et

d ’

expression .

L’

Abbé ROU SSELOT .

Revue de phonétique.

ETUDES DEPRONONCIATIONS CATALANES

A L ’

AIDE DU PALAIS ARTIFICIEL

1 . Lo rsque je publ iai m on premier essai sur les voyel les

du ca talan ? en prenan t pour base m a propre prononciat ion ,

j ’étais lo in d’

apercevo ir auss i nettement qu ’

au j ou rd ’

hu i le rôle

décisif q ue joue la Phonétique expérimentale dans l’

analy se des

phonèmes . La deuxième part ie de m on travai l devai t porter sur

les consonnes catalanes . Mais entretem ps une heureuse décis ion

de la section phi lo logique de l’

Insti tut d’

Estudis Ca ta lans de Barcelone

,d irigée par l

’ i l lustre propagateu r des études ph i lo logiques

catalanes, M . le Dr Anton i Ma Al cover, m e désigna pour ven ir

à Paris afin d’

y étudier les procédés expérimentaux de la Phoné

t ique. Je renonçai don c à publ ier les no tes que j’

ava i s préparées,

dans l’espo i r de fai re mieux . Les lecteu rs du Balleti voudront

b ien ne pas m’

en ten i r rigueu r .

Qu’ i l m e so i t permis de remercier ic i M . l ’abbé Rousselo t

,

directeu r du Labo rato i re de Phonét ique expérimenta le du Col

lège de France,a ins i que M . le professeu r J . Chlum skÿ pour

leu r amabi l i té envers m o i et l ’orientat ion qu ’ i ls m ’

on t donn éeau cou rs de ce trava i l .

2 . Comme l ’ indique le t i t re même de cet art ic le,celu i-ci

n’

aura d ’

au tre base d’

eXpérim entation que le palais art ificiel . Laméthode en quest ion a été s i souven t décri te qu ’ i l semble inu

t i le d ’y reveni r et qu ’ i l suffira de renvoyer par exemple à l’

art ic lede M . Rou sselot Les a r ticu la tions à l ’a idedu pa la is ar t ificiel paru

1 . U ne analy se des sons du catalan d’

après le systèm e analphabétique de

O . Jespersen faite en comm un avec m es am is A . Griera et M . de Montoliu a

paru sous le seu l nom de B . Schä del dans le Bulletin de D z‘

a lectolog ie Romane,t . I I

,1 9 10 , p . 1 sqq . Com p . Bolleti del D z

cc z‘

onar i de la Lleng ua Cata lana ,t . IV.

I 909 . 1) . 398 sqq2 . Balleti del D iccionar i de la L lengua Catalana , t . VI

, 9 10- 19 1 1 , p . 26 1 sqq .

ÉTUDES DE PRONONC IAT IONS CATALANES 5 3

5 4 P . BARN ILS

I . VOYELLES

A. VOYELLES TON IQUES

a . La voyel le i .

S 5 . Considérons d ’

abord la voyelle i prononcée isolement

comme longue (fig . 1 et comme brève (fig . 1 L’

i s’

articu le

b ien plus en avan t que i et s’ étend en outre davan tage su r le fond

du palais . N ous n’

essaierons pas de rechercher ic i commen t se

répart issen t en cata lan les voyel les longues et brèves . Nous constatons s implement la différence d ’

art icu lat ion qu i accompagne la

du rée. Peu t-être s’

eXplique—t-el le ains i : pou r la voyel le brève, la

langue n’

a pas le temps de se déployer,pui sque el le do i t prendre

et qu i tter au plus vite sa place ; i l en va tou t au tremen t

dans l’

émiss ion d ’

une voyel le longue . C ’

est ce dern ier cas

que nou s avons cho i s i pou r tou tes les figu res qu i renfermen t

des tracés de i tonique ou atone ; la différence est ains i plus

visible.

6 . Vo i ci la l iste de nos exemples avec i ton ique. Les caractères entre parenthèse indiquen t l

or thographe courante en catalan

Fig . 2 i (i) . pi , bi , m i , fi (pi , vi , mi , fi) .

pif (pim , pif

Fig . 3 i (i) . fit (fi l) . file (fila) .

Fig . 4 t (i) . biba, pipa, mima, piga, fig .? (v iva , pipa,mima

,piga

,figa) . fikä , pik9 , mika (fica, p ica, mica) .

7 . On vo i t que dans le cho ix des exemples nou s avons évi té

la combinai son de la voyel le avec des consonnes qui auraien t pudétru i re la pu reté des tracés . Nous n’

avons pris i que dans le voi

1 . La voyel le que nous notons a correspond à Pa: franç a is sans arrond issement des l èvres . Bien qu

el le ait d iverses nuances dans le m ot,nous ne la ren

dons pour l’ instant que par un signe unique.

ETUDES DE PRONONC IAT IONS CATA LANES 5 5

s inage de f, p, b, m ,1,k, g ,

et seu lem en t après k et g parce que,si ces consonnes précéden t i , el les se palatalisent assez faci lement

(v . S 40) et la voyel le est ainsi al térée.

Les t racés ne mont rent pas une infl uence très frappante desconsonnes su r la voyel le, sauf une l égère exception que nous

signalerons tou t à l ’heu re. En revan che la qual i té de la voyel ledépend de sa posi tion dans le m ot . Comp . 2 et 3 à 3 et 2

La divergence entre i iso l é et i précédé d ’

une consonne y apparaî t

cons idérab le, et ceci provient , à m on avis,de ce que dans 2 et

3 la voyel le, placéeen sy l labe fermée, est pour ains i d ire étou ffée

par les deux consonnes qu i empêchen t son dép lo iement . Maisdès qu ’

el le est débarrassée de la fermetu re, el le se rapproche du

tracé de 1“ type. Comp . les aut res l ignes des figu res 2 et 3 . On

peu t en rapprocher au ss i 4 où la voyel le se trouve propremen t

en sy l labe l i bre sans ê tre finale.

Onnotera également la faib le ampleu r de 4 L’

i dans ce cas

n’

es t po in t comparable à celu i d ’

une sy l labe fermée ni à celu id ’

une sy l labe l ibre, bien que cette sy l labe so i t en effet tel le. Cec i

tien t sans dou te à l’ influence de la gu ttu ra le su ivante : im pu is

sante à su ivre l’

i vers le palai s,comme dans les cas où la gut

turale précède, el le atti re cette voyel le en arrière et en diminue

la zone art icu lato i re. La seu le i nfl uence sens i b le, ou tre cel le-l‘

a,

est cel le de 1 (fig . 3 qu i ré tréci t un peu la voyel le. Ce fai t

s ’expl ique probablement par le carac tère latéra l deno tre con

sonne.

G et B n ’

accusent ic i aucune d ivergence no tab le. Nou s verronsbientô t qu ’ i l n’

en est pas tou jou rs a ins i .

b . La voyel le e'

.

8 . Exemples Fig . 5 ê (e) . fe’

(fer) .

Fig 6 ê (e) mêb9, pére (meva, Pere) .

(fem) .

5 6 P . BARN ILS

Comme pou r la voyel le i nou s répétons i ci la l igne de e(v .

fig . 1 sur les deux figures .

S 9 . O n aperço i t de su i te quel legrande d ifférence sépare e'

de

i,au ss i b ien chez G que chez B (fig . 1 et 1 respec tivemen t) .

Le l ieu d’

articu lation de la langue se rédu i t considérab lement

pou r edans tous les sens . Pou r ce qui concerne ê, vo i r S 5 .

Examinons maintenant les tracés propres a é.

U ne anomal ie se présente,don t je ne sau ra is trouver une

expl icat ion satifaisante. L’

e'

,cont rai rement à ce qu ’

on attendrai t,

est plus fort aprèsf qu’

après b (fig . 5 et 5 respec t . ) cette dif

férence est

sens ible même sans palai s art ificiel ; nous avons le

sent iment que l’

é de fé se prononce plu s en avant dans la bouche

que celu i de be'

. Le rapprochement des mâcho i res exigé par b et

par f paraî t i c i être en cause et exige un au tre mode d’

expéri

mentation .

Pou r le reste,confirme ce qu i a été d i t de i , c

est—à—di re que

la surface art icu l ée de e'

est mo indre en sy l labe fermée qu’

en

sy l labe ouver te. On peu t comparer ent re eux les tracés et des

fig . 6 . En échange la voyel le l ib re fina le (fig . 5 est identiqueaux voyel les l ibres non finales .

S 10 . L’

ê ouvert de même que a et tou te la série postérieure,ne laissant au cune trace sur le palais

,se trouven t en dehors de

cet art ic le et devron t être étudiés par d’

au tres moyens d’

expéri

mentat ion . Q u’

on compare cependant pou r u le S 20 .

B . VOYELLES A'

I‘

ON ES .

a . La voyel le i .

S 1 1 . Exemples Fig . 7 i (i) . fumi (fumi) . mima,

bibb (mimar , vibo) . pugi (pugu i) .

Fig . 8‘

t ( i) 9 iabak9 îra (ah i r ho va acabar) . empê

biba (En Pep hi va) . pikaba (picava) .

ÉTUDES DE PRONONC IAT IONS CATALANES

Fig . 9 i (i) . az , mai (ay ,m ay) . ya (ya) .

aya (ah ja l) .

Fig . 10 i ( i) . bo_z (Boy) . bog, bu i (Boy ,

vull) .

Fig . 1 1 i (i) . . . be'

i (bey) . , be'

i (vel l) .

Fig . 1 2 i ( i) . . aiga (aygua) . ai ôa(t) (ayguat) .

Nous séparerons l’i atome des figu res 7 et 8 de ceux des au t res

figu res qu i nous fou rn issen t des cas tou t spéciaux

S 1 2 . L’

i atome à la fina le,sauf quand i l est précédé de la fri

cat ive gu t tu rale, nou s donne à peu prè s la même l igne que l’

i

ton ique (fig . 7 7 mais la différence entre la ton ique et

l ’atoue est plu s visi b le quand cel le—ci se trouve dans la sy l labe

précédan t l ’accent (fig . 7 Cet te d ifférence entre les deux

voyel les semble plus marquée enco re pou r G que pou r B . Noustrouvons auss i chez G un recu l considérable de la voyel le atone

,

tant à la finale que dans le mot,quand cet te voyel le est ac

'

com

pagnée d’

une consonne vélai re (fig . 7

Nous avons d ’

au tres tracés de i part icu l iè remen t atone dans le

cou rs d ’

une petite phrase (8 8 Ic i G et B s’

0pposent l’

un a

l ’au t re. Ainsi , l’

i de G dans la phrase abir bo va acabar,offre une

part ie ombrée plus grande que dans En Pep bi va . Chez B el le est

au cont rai re plus petite et ceci s ’

expl ique par une d ifférence de

force articu lato i re co rrespondan t à une nuance de sens .

8 1 3 . Examinons main tenant la natu re des semi— voyel les .

Leu r caractère apparai t net tement dans les d iphtongues décro is

santes . L ’

accen t reposant sur la première des deux voyel les affai

bl it cons idérablement l ’1 . La fig . 9 . permet de com parer a i et i .

Et encore ic i a l ’avan tage de se t rouver à la fin du m ot et par

conséquen t de pourvo i r s’étendre en l iberté . Mais prenons le m ot

a_iÿ 9 (fig . 1 2 i l nous donnera un i dont l ’arti cu lation est rédu i te

au min imum . Débarrassons la d iph tongue de la force de l’

a ccen t

(fig . 1 2 l ’articu lat ion de l’i progressera ,ma i s n ’

arrivera pas

même à la mo it ié du développement s igna l é fig . 1 2 La voyel le

en d iph tongue est l iée au sort de sa vo is ine. Quand l’i est pré

5 8 P . BARN I L S

cédé non'

pas de d mais dee(fig . 1 1 i l s ’

a l longe en avan t et

cet a l longement augmente s i,au l ieu de e

,nou s avons un e

(fig . 1 1 En ce qu i concerne les voyel les postérieu res , les fai ts

sont plus complexes . Pou r i précédé de à, G s’

oppo se de nouveau

à B (fig . 10 Quand i est précédé de o, G et B son t d’

accord

(fig . De plus , chez eux le tracé de_o'

+ i est iden tique àcelu i de u —J— i Les voyel les o et et ne la issen t d ’

o rd inai re aucune

trace au pala is art ificiel , m a i s l ’ identi té i ci observée peu t être con

s idérée comme une preuve ind i recte de leu r grande proximité

articu lato i re chez les deux su jets .

14 . Nous jo indrons le y aux voyel les (fig . 9 9 car on

en pourra mieux apprécier ic i l ’art icu lat ion . Son articu lat ion plu s

forte à l ’ ini t iale (9 qu ’

entre voyel les (9 4) n’

a rien de surpre

nant ; nous retrouverons des exemples du même phénomène. Ce

qu ’ i l fau t reten ir pour y c’

est que cette articula t ion est repo rtée

en arriè re et que le faible rétréc issement du couran t d’

ai r n ’

est

q u’

apparent . Le palais ne nou s d it pas tou t . A en j uger par nos

tracés on q ualifierait ley de voyel le, ma is l’ impression acoust ique

fa i t supposer que le passage de l’

ai r est plus rét réc i que pou r une

voyel le. Sous la voûte palat ine l ’organe contrac té peu t t rès bienfortemen t gêner la sort ie

,sans pou rtan t nous fourn i r un palato

gramme tou t à fai t no i r .

b . La voyel le e'

.

S 1 5 . Pu isque en catalan les voyel les a , e en passan t de laton ique à l ’atoue

,sauf les cas de composi tion ou d

étymolog ie

popu lai re, perdent leu r qual i té et viennen t s’

obscurc ir en 9,nous

n’

au rons que peu de chose à dire sur l’

e'

en syl labe atone. Ic iencore nous étud ierons cette voyel le dans la phrase.

Pig . 1 3 e(e) . btufa, ufabe'

o‘

kç‘

e (be ho fa l, ho fa be 0

queP) . bafefo

k (va fer foch) .

S 1 6 . N os t racés nous mon tren t a quel po int l ’orei l le peu t

60 P . BARN ILS

Fig . 1 5 abb9, palme, (s)aiba (alba , palma, salvar) .

2 . butge, (r)9mu lku, j aiko'

(vu lga , remo lcar , fal co) . faike,

(d)ètrnz (falca, delme) .

Fig . 1 6 palpabe, bolba (pal pava , bo lva) . blabæ blé

(b lava ,ble) . blal

u,blé

, plaka, klaù (blava, ble, placa , clau) .

F ig . 17 plôu (plou) . atÿ 9 , klau (a lga, clan) .

(s)èuba, aube (seuva, auba) .

1 9 . La plupart des t racés,aussi b ien chez G que chez B ,

dél imiten t la zone art icu lato i re de no tre consonne par une l igneextrême imaginai re t racée ho rizontalemen t de l’échanc rure postérieure d ’

une can ine à l ’au tre. Nou s constatons dans cet espace

tou tes sortes d’

articu lations,tantôt excess ivement avancées

,tan

tôt étrangemen t dess inées en arrière,au po int de dépasser même

no tre l igne. Observons d ’

un peu plus près cette pitto resquemul t ip l ici té .

Le déplacement en arn ere que nous venons d ’ ind iquer appa

rai t seu lement dans des cas où l est précédée ou su iv ie d ’

une

au tre consonne,

sans que ce so it une cond it ion nécessai re,pu isque nous voyons dans les mêmes circonstances des tracésno rmaux ; cf. B . fig . 1 5 avec deux var iantes pou r les mêmes

exemples ; on peu t comparer aussi entre eux G et B (fig . 1 6

avec des résu l tats 0pposés . Mais,l

a où 1 n’

est pas accompagnée

de consonne, le phénomène ne se produ i t pas . Nous n’

en don

nons que quelques exemples,bien que, comme partou t ai l leu rs ,

nous ayons mu l t ipl ié les expériences .

En ou tre,l s

’étend parfo is en arrière, davantage et plus cons

tamment pour G que pou r B . Il n’

y a pas l ieu de s’

en étonner,si l

on considère que no tre 1 a un caractère essentiel lement

vé lai re,su rtou t devant consonne ( 14 1 5 Une con

séquence de cette vélar isation est l ’absence d ’

un t racé préc is su r

le pa lais B (fig . 1 5 1 6 et le s imple effl eu rem ent de la voûte

pa latine.

20 . Dans un certain nombre de m o ts, surtou t devant

ÉTUDES DE PRONON C IAT IONS CATALAN ES 6 1

labia le, a lba,ta lp, delme, etc .

, nous prononçons ind ifféremmen t

l ou i i,tandis qu ’

en généra l 1 reste vélai re devant consonne.

Vou lan t explo rer cette évo lu t ion , b ien connue par ai l leu rs, j

ai

étudié les mo ts en quest ion sous leu r double forme. L’

n laissa i t

des t races p lus . constantes chez G que chez B . Les l ignes des

figures 1 7 nous font vo i r la part ie tou chée accidentel lemen t parla langue au cou rs de ces tentat ives . En généra l nous pouvons

d ire qu ’

en parei l cas le pa lais n ’

est pas at teint par l’

o rgane, pas

plus que pou r et s imp le. Que dédu i re de ces tracés acc identels ?Il est fo rt poss ib le que nou s ay ons eu le sen t imen t qu ’ i l s ’

ag is

sai t de prononcer un u équ iva lent de l consonne et que ceci

ait influencé à no tre in su le mouvement de la lang ue.

En somme,l’

im préc ision articu lato i re de 1 mont re que nous

avons affai re à un phonème mobi le,pou van t évo luer dans des

directions d iverses ; la langue indécise cherche i c i une stabi l i té

qu ’

el le a perdue,nous ne savons pas à quel le époque.

2 . La consonne r .

2 1 . Exemples Fig . 1 8 pèra, ara, mar (pera, ara,m ar) .

Fig . 1 9 . forum (farùm ) . pork, arp9 (po rch ,arpa) .

Fig . 20 g rap9 , ang r9pa (grapa, engrapar) . krak (crach

Fig . 2 1 braÿ 9 (b raga) . pre‘

u (pren) .

Fig . 22 ram (ram ) . fouke (ronca) .

Fig . 2 3 paruke, arenkaba (perruca, arrancava) . kom rdnk9

(com ronca

Nous a l lons cons idérer séparémen t les deux so rtes de r qu i

figu rent dans la l i ste.

22 . L’

r que nou s appelons s imp le, par 0pposition à l

f rou l ée,est produ i te par des vibrations de la po inte de la langue, mo ins

considérables pou r r que pou r r . G (fig . 1 8) nous fou rn i t un

tracé assez d ifférent de B qu i d’

ai l leu rs offre deux variantes pou rles mêmes exemples . On pou rra i t en di re au tan t pour les fig . 1 9 .

6 2 P . BARN ILS

Cependant dans cel les-ci nou s retrouvons plus d ’

accord pou r lesexemples où l

r est su ivie d ’

une au tre consonne. Dans ce cas

l’

r est p lus forte que quand el le se t rouve entre voyel les ou à lafina le. La variante la plu s grande de B (fig . 1 8) ne do i t pas nous

égarer . I l faut se rappeler que la plu s l égère vibrat ion de la languepeu t enlever une part ie considérable du tal c du palais et nou s

offri r un dess in étrange ; c’

est dans ce sens que nous dev ons

interpréter no tre var iante et ne pas lu i attribuer plus de vibra

tions qu’

el le n’

en a en réal i té . Une influence in dubi table exercée

sur r par les gu ttu ra les nous est attestée fig . 20 B arrive

même à ne donner au cun signe de v ibration pou r l ’exemple et

un signe seu lement très fa i b le pou r G offre une d ivergence

et semble ne pas vélariser s i faci lemen t l’ i' précédée de gu t turale.

Lorsque c ’est une au tre consonne qui pré cède r (fig . nous

avons des l ignes d ifférentes pou r les deux su jets,mais en tou t

cas des l ignes très rédu i tes q u i nous montren t la fa ib lesse de la

vibrante.

2 3 . L’

? rou lée malgré son énergie vibrato i re ne no i rc i t pas

beaucoup le palai s de G . I l n’

en est pas de même pou r B

(fig . 22 D ’

après les t racés, G do i t éprouver de la peine à

vaincre l ’état de repos de l ’organe et le secouer vivemen t tou t

d’

un coup . Mai s quand i l s ’

agi t de r entre voyel les , la langue se

trouvant secondée par l’

action des au t res sons,touche le palais G

d ’

une façon net te quo ique faib le. Cette faib lesse resso r t mieux

pou r B,car chez lu i nou s avons un terme de comparai son avec

l’

r init iale (fig . 2 3 L’

r rou l ée devient p lu s forte,quand el le

es t précédée d ’

une consonne et tel est également le cas chez G

(fig 2 3 2)

b . NASALES

La consonne n .

24 . Exemples Fig . 24 . . j an (fan) . nap (nap) .

Fig . 2 5 . bbn?, bônbmâ (bona, bon home) .

ÉTUDES DE PRONONCI ATI ON S CATALANES 63

2 5 . La seu le remarque à fai re au su jet de n est sa posi tion à

l ’ in itiale pou r B (fig . 24 el le s ’avance tou t dro i t jusqu’

aux

dents . Ho rs ceci , G au ss i b ien que B nou s offrent des tracés régul iers qu i chez G apparai ssen t plus fa i b les par compara ison avec lafigure 2 5 . Nou s avons constaté, et nous constaterons encore

,

l’

affaiblissem ent des consonnes en tre voyel les , mais i c i c’

est lecontra i re qu i se produ i t . Le carac tère de n n

’étan t pas tou t à fai tcomme celu i des au t res consonnes ne sau rai t non plus servi r de

base fixe.

C . S IFFLANTES

Les consonnes s et

26 . Exemples Fig . 26 se‘

k (sech) . pes (pes) .

Fig . 27 paskw» (pasqüa) . paska (pescar) .

Fig . 28 masa (massa) . kaz 9 (casa) .Fig . 29 (es)bätp , (esbotz a, setze) .

27 . L’

s placée à l ’ in i t ia le ou à la fin du m ot est assez uni

forme,bien qu ’ i l semble que dans la première posi t ion la langue

touche plus le pa lai s en arri ère que dan s la seconde au contra i re

en avant vers le pa la is c’est à la finale que la partie ombrée est la

plus grande (fig : 26 En tou t cas no tre consonne est relative

ment recu lée su r le palai s,ce qu i expl ique son caractère acous

t ique grasseyé . Q uant à s su iv ie de consonne (fig . nous

n’

avons pas de tracés exacts pou r les deux exemples on pou r

rai t cro ire à une influence de l ’accent qu i , se portant sur la

tonique (27 et l’

allongeant par conséquent , a l longe au ss i la

tenue de s ; au contrai re quand 5 est en sy l labe atone (27 le

tracé est plus rédu i t . Au su jet de s ent re voyel les (fig . 28 on

observera seu lemen t que cet te consonne est p lus forte que sa

correspondante sonore (28 L’

affaiblissem ent de ent re

voyel les est bien plus vis ib le chez G que chez B .

64. P . BARN ILS

28 . A se rattachent dans une certainemesu res les figu res 29 .

I l s ’

agi t ic i non pas d’

un double ma is d ’

une consonne mi

occlu sive que pou r le moment nous transcrivons par la.

G montre une fermeture du couran t phonateur un peu plus

avancée vers les dents que B et son t racé est d ’

a i l leurs auss i

plu s grand , ce qu i le rapproche assez des tracés des dentales .

Malgré tou t je ne m e décide pas à donner à nos consonnes un

qua l ificat if déterminé pou r leur l ieu d’

art iculat ion

d . DENTALES

Les consonnes t et d .

29 . Exemples Fig . 3 0 tape, tbke ( tapa , toc a) got,

f e

'

t (gar, fet) . dau , dé (dau ,do) .

Fig . 3 1 beta, bata (beta, bata) . muda, (s)egodo(muda ,

segado r) .

Les seu les den tales que nous ayons son t t et d,cette dern ière

sous forme d’

explosive et de fricat ive. La fricat ive n’

existe

qu ’

entre voyel les, comme le montrent nos exemples .

3 0 . Le 1 prend différents aspects su ivan t sa pos i t ion dans lem ot : excessivement fort à la fina le (fig . 30 un peu plu s affaibl i à l ’ in i t iale ( 3 0 i l est assez rédu i t

,surtou t pou r B

,en tre

voyel les (fig . 3 1 Nou s en constatons donc tro is variantes b iendessinées . S i nous comparons la correspondante sono re

,et c ’es t

seu lement à l ’ in it iale que nous le pouvons fai re, nou s retrou

vons la même distinc tion que pou r et s l ’art icu lat ion de dno i rci t une partie moindre du pala is que cel le de t (fig . 3 0

et Pou r le d intervocal ique, i l ne peu t , pu i squ’ i l n ’

est plus

occ lu sif, donner l ieu à aucune comparai son ; cependant la pet i te

section du palais touchée par la langue (fig . 3 1 nous ren

seigne un peu su r son caractère de dentale faib le et rédu i te.

ETUDES DE PRONON CIAT IONS CATALANES 6 5

PALATALES

1 . Les consonnes e et j

3 1 . Exemples Fig . 3 2 eap9 , ebp9 (xapa, xopa) .

fée (encaix ,feix) . kaea, mêe9 (caixa , m eixa) .

Fig . 3 3 gap», eo'

p9 (xapa, xopa) . jak9 , jobe ( j aca , jove) .brija (pu ja, bo ja) .

3 2 . Les figu res 3 2 nou s donnen t le c prononcé à l ’ in i t ialeà la finale et entre voyel les U ne art icu lat ion un

peu plus étendue pou r e i n i t ia l que pou r e finale est communeà B et à G ; la d ifférence est encore p lus vi sible chez le dern ier

des deux su jets . Entre voyel les nou s ne sau rions établ i r une

zone spéciale in termédia i re entre les deux précédentes,car les

l ignes ici avancen t et là recu len t ; néanmo i ns cette zone est plus

rétréc ie que cel le du c i n i t ia l , et cela suffi t .

3 3 . La sonore j (fig . 3 3 nou s donne une mei l leure

orientat ion . Pou r en faci l i ter la comparaison nou s avons repro

du i t la l igne de e à l ’ in i t iale (3 3 Quo ique habi tuel lementnous ne prononcions pas tou t a fai t au commencement du m ot ,

G et B s’

y sont efforcés à d iverses reprises ( 3 3 Ce j est mo ins

fortement art icul é que le c correspondant et , ce q ui est ici l’ im

portant,la région palat ine touchée est plus étendue que pou r le

intervocal ique ( 3 3

2 . Les consonnances et

3 4 . Exemples Fig . 3 4 faêa, ko'

ê3 (fatxa, corxe) .

maê,bbê (m aig , bo ig) .

Fig . 3 5 fake, ( jaca , jove) . méj 9 fç'

j 9 (metge,ferge) .

3 5 . Nous rencontrons ensu i te les mi—occ lus ives c , La pre

m i ere ne se présente qu ’

entre voyel les et à la finale (fig . 3 4

et la seconde à l ’ in i t iale et entre voyel les (fig . 3 5 et U n

Revue de pbonétique. 3

66 P . BARN ILS

coup d’œ i l su r nos figu res nous mon tre une grande d ivers i té de

tracés et auss i d’

oppos i t ion entre eux . Pour ê la région d ’

arti cu

lat ion varie chez G et B i l en est de même pou r sauf l ’exemple

de B) .

La fermeture de la cavi té buccale se fait en général chez Bd ’

une façon très restreinte au contra i re G m et plus d’ i n tens i té et

a l longe la zone ju squ’à la région dentai re. Les deux tracés de

(fig . 3 4) ent re voyel les et à la finale n’

indiquent aucune

d ifférence d ’

articu lat ion . O n serai t tenté de cro i re qu ’ i l n’

en est

pas de même pou r j‘

,mais bien que le t racé de à l ’ in i t iale

(fig . 3 5 so i t plus étendu,sur tout chez B

, que celu i dej inter

voca l i que ( 3 5 une réserve s’ impose peu t- êt re. Le tracé de B

peu t fo rt b ien être dû au sou l èvement de l ’o rgane pendant {sa

tension,p lus grande l ’ in i t ia le qu

à la su i te d’

un au tre phonème.

f. MOU I LLÉES

Les consonnes l et

3 6 . Exemples : Fig . 3 6 Jam , lép (llam p, 1lop) . bal,mo

l (bal l , mo l l) .

Fig . 3 7 bab,mol? (bal la , mo l la) . bal—la, ammel-la

(bat l le, ammetlla) .

Fig . 3 8 bôrt, 9mpèn (bony , empeny ) . kuya, pena (cunya,penya) .

3 7 . La consonne (fig . 3 6 et 3 7) permet de constater une

fo is de p lu s des var iations de zone articu lato ire su ivant la placeoccupée par la consonne dans le mot . Ces d ifférences son t para llèles pou r G et pou r B . La zone va en décro i ssant de l ’ i n i t ia le

(3 6 à la fina le (3 6 et à l’ intervocalique (3 7 L’

exemple

de la figu re 3 7 offre un caractère spécia l ; i l s’

agi t en effet d ’

unepro longée ou doub le, en ce sens que l

art icu lat ion étreignantle passage de l

a i r, la tenue de la consonne a plus de du rée, ce

qu i donne l’ impression d ’

une t + _l .

Pou rtant les tracés sont

68 P . BARN IL S

$ 4 1 . La figu re 3 9 po rte le t racé de bènk je vends

et de benpa je vends du pain Ces deux exemples donnent

un t racé un ique,preuve que le n garde intacte son articu lat ion ,

malgré la d ispari t ion du k . De même tink je possède et

tin sabates je possède des sou l iers blank blanc et bla ir

nèÿ ra blanc-no i r et ainsi dans tous les cas où le d isparaî t en

syntaxe dans les groupes de t ro is consonnes .

N ou s espérons pouvo i r b ientôt compléter cet te étude des sons

du catalan avec d’

au tres moyens d ’

expérimentat ion et abo rder

ainsi de plus près quelques-uns des intéressants problèmes que

soul ève la phonétique de cette langue.

P. BARN ILS .

LA MESURE DES DURÉES RYTHMIQUESDANS LES VERS

Il n ’

est pas beso in de se demander commen t se mesu rent enmusique les durées ry thmiques . No tre no tat ion l ’ indique depu islongtemps pou r les mesu res , par les barres ; pou r les sons , par

la va leu r des no tes ; pour les temps , par la répart i t ion des sons

dans des fract ions égales de .la mesu re. Tou t le monde le sai t .Mais quel est le principe de cette no tat ion

, qu i est devenue hab i

tuelle et presque insti nctive, on ne s’

en rend pas tou jou rs compte.

Qu ’

es t— ce que la mesu re, par exemple ? El le ne co rrespond que

de temps à autre,et par hasard, au grou pemen t des notes

,son s

d’

un instrumen t ou sy l labes d’

une langue les notes fo rment

entre el les des grou pes rythmiques , que coupe souvent en deux

tronçons la barre de la mesure. Ces groupes ry thmiques , don t la

compos i tion varie san s cesse par le nombre et l ’o rdre des (no tes)fortes et des (no tes) faib les , ne sau ra ien t const i tuer l

un i té du

ry thme. Cette un ité,c’es t la mesure, dont le commencement et

la fin sont s igna l és par le temps marqu é,ou i ctus , c

est-à- dire

par cet endro i t de la phrase mu s i cale où l'

on bat la mesu re et

qu ’

on met en rel ief par un accro issement d ’ intensi té . Si la

mesu re ne com c ide pas fo rcément , ni même d’

o rd ina i re, avec le

groupemen t des no tes,c ’est qu ’

el le n’

es t autre chose, tou t comme

les au tres du rées rythmiques,qu ’

une s imple d ivis ion du temps

signalée par un phénomène sono re, le temps marqu é . Le temps

marqué ne const i tue pas p lu s une so lu t ion de cont inu i té dansla phrase mus ica le, par exemple

, que la crête d’

une vague ne

détermine une so lu t ion de continu i té dans la m er et dans le

mouvement de l ’eau.

Vo i là pou r la musique. Là,s i l

on ne se rend pas tou jours

70 PAUL VERR IER

compte du principe su ivi , tou t le monde est au mo ins d ’

acco rd ,

en théorie et en prat ique, su r la no tat ion des du rées ryth

m iques . I l n ’

en es t po in t de même en poés ie. Ic i,comme en

témo ignent les scans ions d iverses et même opposées des m étri

c iens,c ’est encore le chaos . Pou r y mettre ordre et clarté , i l fau t

chercher à établ i r un principe.

L’

o rei lle, ou plu tôt le sens du ry thme, ne peut .év idemment

mesurer les du rées qu’

à l ’aide d’

un po int de repère constant .

Nous en avons un , net et préc is , dans le temps marqué

Le so lei l le revêt d ’

éc latantes cou leurs .

LECONTE DE L I SLE .

The way was long, the wind was cold .

W. SCOTT .

L’

un i té du ry thme ne peu t donc être que l’ interval le compris

entre deux temps marqués success ifs . Q u’

on l ’appel le mesu re ou

pied,i l ne s

agit pas là d’

une d ivis ion phonét ique ou logiquede la matière l ingu ist ique en groupes indépendants

,ma is d ’

une

s imple d ivision du temps, qu i est s igna lée par un phénomène

sono re,un accro issement d ’ in tens i té . Pas plus q u

en mus ique,

i l n ’

y a de co ïncidence fo rcée avec les g roupes rythmiques,dont

la fo rme varie, d’

a i l leu rs , t rop souvent,

m êm e en fran ç ais,pou r

qu ’ i ls pu issent serv i r d ’

un i té au rythme. Pas p lus qu’

en mus ique,

le temps marqué ne const i tue une so lu t ion de continu i té dansla su i te des sons

,c’est-à —d ire

,ici dans la paro le.

Où i l tombe,ce temps marque, c ’est—à—di re quel les sont les

(syl labes) fortes , vo i là qu i s’

entend du premier coup . Ma is aquel endro i t de la sy l labe ? I l suffit , semble— t—i l

,

’écou ter avecun peu d

at ten tion pou r s ’

apercevo i r qu ’ i l co ïncide avec le com

m encem ent de la (voyel le ou consonne) sy llabante

A lance that sp l inter’

d l ike an icicleTENNYSON .

DU REES RYTHM IQUES DANS LES VERS 7 1

Auss i le fai t a- t— i l été reconnu,à la s imple audit ion

, par les

métri ciens q u i se sont occupés de cette quest ion , en tre au t res

par MM . Havet et M inor . I l est faci le à vérifier . Q uand on bat la

mesure en frappan t du do igt sur une table,le coup coïncide avec

la voyel le ( l’

observat ion , je cro is , est de M . Landry) . En ou t re,

les consonnes in i t iales de la fo rte ne part ic ipent pas , en anglai s

du mo i ns , à l’

abrègem ent qu ’

el le sub i t quand le nombre desfaibles augmente D ’

yon like .

the sance ? H e’

s a sancy

fel low H e sau ci ly cal led m e‘

foo l ’ (v . Verrier,

Métrique ang la ise, III , 87 e, 90 , 9 3 , 2e

, 9 6 b) . Ces consonnes

n’

appartiennen t donc pas au même interva l le ry thmique que lereste de la forte, mais au précédent . Enfin

,la tendance à l ’ iso

chronism e apparaî t p lus nettement quand on fai t commencer les

interval les,mesu res ou pieds

,avec la sy llabante des fortes

ce ne peu t être là un s imple hasard ,le ca lcu l des probabi l i tés

s’

y oppose,

ma is le résu l tat d’

un cho ix subconscient de cet

endro i t comme temps marqué . J’

onbliais une au tre preuve dans

tou tes les versifications,i l fau t et i l suffi t que la rime finale com

mence avec la sy llabante de la dern i è re forte. Si la ressem

blance des consonnes ou semi— voyel les précédentes est recherchée

en français,el le n

y est n i obl igato i re ni même hab i tuel le,excepté

chez certai ns poètes,et on l ’ évite so igneu sem ent dans les langues

german iques,où ces phonèmes ini t iaux sont pou rtan t b ien plus

intenses et bien plus longs . I l s n ’

appart iennent donc nu l le part

au dern ier pied (s imple ou composé), q ue do i t embrasser la

rime ; i l s précèden t le dern ier temps marqué , que la rime a

surtou t pou r ob jet de s ignaler . Mai s l’allitération Nous y viendrons tou t de su i te. D ’

ai l leu rs,si le temps marq ué tombai t su r

les consonnes in i t ia les , i l ne tomberai t souvent sur rien d’

au tre

qu ’

une occlu sive glo ttale à peine aud ib le (Eine) , ou même sur

rien du tou t (a ll , a i r )

Die K leine, d ie Peine, die Reine, die Eine

Der Eine spra ch Wieweh wird m i r !H enri H EIN E.

72 PAUL VERR IER

Am idst the all—surround ing a i r .

All we hope and all we love.

S H ELLEY .

Pu isque les consonnes in it ia les de la fo rte en sont séparées

par le temps marqué et se rattachen t ain s i à la faib le précédente,i l en décou le nécessai remen t que les syllabes

,fa i b les comme

fo rtes , se mesu ren t de sy llabante à sy llabante. Vo i là, en effet,et c’est là une preuve i rréfu table de ce qu i précède, vo i là

comment on procède dans les vers ifications où l’

on mesu re c on

sciemment les sy l labes en tenan t exactement compte de la quan

tité . Remarquons bien qu ’ i l ne s’

agi t pas d’

une théorie de m étr i

c iens,qu ’

on pou rrai t ten i r pou r su jette à cau t ion,mai s d ’

une

prat ique antér ieure aux métriciens et c ommune à des peup les

aussi é lo ignés dans l’

espace et dans le temps que d ifférents de

langue et de civ i l isation Grecs du temps d’

H om ère et de Péri

clés,avec leu r accentuat ion mélod ique et leu r versificat ion pure

ment quant itat ive ; Germains du Ives iècle au x1n

°

(Is lande) ,avec leu r accentuat ion dynamique et leu r vers ification essent iel le

ment accentuel le. Dans ces deux membres anapestiqnes

o< A7t'

o

r s cp i / t r s po v 52X7. 0

ox o'

r o ç a nn i o y_ o> v x pür: r s r v eus /a u .

EUR IP IDE, H ippol . 1 9 1-2 .

ce n’

est pas la syl labe in it ia le du second membre qu i est al lon

gée par les consonnes c v. m ais . la fina le du premier . Dans ces

deux pet i ts vers ou hémist iches de l’Edda,

stjornor ne visso x

hvar stu,pe ot to . x

Volospÿ , 5 11 . 5 .

1 . Je représente le tem ps m arqué par un po int, le tem ps m arqué princ ipaldes d ipod ies par deux po ints .

DURÉES RYTHM IQUES DANS LES VERS 7 3

la deux 1eme sy l labe du second est t ra i tée connu e brève,malgré

la fo rce et la longueu r du groupe allitérant st Les consonnes

allitérantes appartiennent par conséquen t à la fa ib le précédente,dont la quant i té est ind ifférente (x) comme cel le de tou tes les

faib les de la poés ie german ique ancienne, et non à la forte su i

vante,dont la quan t ité es t soumise à des règles str ictes . El les

ne contiennent pas le temps marqué,d ’

au tant qu ’

el les peuvent

être absentes

Orm a r unner, en are

VQlos]>o st r . 5 0 .

El les serven t même bien mo ins à l’annoncer qu ’

el les ne sont

renforcées et mises en rel ief par son vo is inage.

Les du rées ry thmiques se mesu rent donc,qu ’ i l s

agisse de

pieds ou de sy l labes , de sy llabante a sy llabante. Comm e la syl la

bante est d ’

ord inai re une voyel le, tou j ours en français, M . Lan

dry a proposé pou r cette éva luation des durées le nom de scan

sion prévocalique. M ieux vaudra i t l ’appeler scansion présy lla

bante. Enco re ne sera i t-ce pas abso lument exact la du rée com

mence avec la sy llabante, non avant. Pas plus que pou r le piedon la mesu re, i l ne s

agi t ic i d ’

une d ivis ion l ingu ist ique, ma is

bien d ’

une s imple d iv is ion du temps , d’

une du rée rythmique,

dont le commencemen t et la fin sont indiqu és par l’

arrivée d ’

une

sy llabante. Comme ces du rées reposent su r un phénomène sy l

labique et qu ’

el les co rresponden t par leu r nombre au nombre

des sy l labes, on peu t les appeler syllabes ry thm iques , par opposi

t ion aux sy l labes l ingu ist iques, aux syllabes vulga ires .

Où fau t—il chercher l ’expl ication de cette mesure des du rées ,qu i s

es t imposée d ’

el le-même à tou tes les versifications Ce n’

est

pas dans la d ifficu l té de d istinguer les sy l labes au sens ord inai re

du mot, les sy l labes vu lgai res . Cet te difficu l té existe. El le ne se

présente pas sous la même fo rme dans tou tes les langues . On le

vo i t à la mani ère don t se coupen t les mo ts à la fin des l ignes

74 PAUL VERR IER

En français , quand i l n’

y a qu ’

une seu le consonne entre deux

voyel les , nous la rattachons à la su ivante ; quand i l y en a plusd ’

une,à mo ins que la seconde ne so i t 1 ou r

,nous les répart is

sons entre les deux syl labes , en rat tachant la première a la voyel leprécédente et le res te a la su ivante. En is landais , les consonnes qu isu ivent une voyel le s

y rattachent tou tes (excepté quand la dern ière est v ou r) ask—a

,sett-u , bôfd— in—u

, ma rg- ir

,best—a r (legg

jam ,bag

-w,ved— r it) . Q u

y a—t- i i de vraiment phonét ique dansces d iverses o rthographes O n ne l

a pas enco re bien étud ié et on

ne l’

établira pas sans peine. En angla is,la question est assez com

pliquée. Q uand une consonne se t rouve placée entre deux

voyel les , el le se rattache à la première par l’

attaque (l’

im plosion

dans les occ lusives) et à la seconde par la détentes i bien qu ’

el le se partage en réal i té entre deux sy l labes rat— ta i l,

meta l,metre

,a t a ll times, a ta l! man . On ne s

en aperço i t,i l est

vra i,sau f dans le premier exemple

, que par un effo rt d ’

at tent ion .

Pou r no tre o rei l le,la consonne intermédiai re se rat tache à la sy l

labe précédente ou à la su ivante,selon que l

accent en fai t ressor

t i r avec p lus ou mo ins de fo rce,so i t l ’attaque, so it la détente

met-a l, rue—tre ; a ta l! man,a t a ll times

,ra t ta i l (où la fo rce de

l ’attaque et de la détente donne l ’ impress ion d ’

une consonne

double) . Pou rrions-nons mesu rer les du rées ry thmiques d’

après

cette sy l labat ion N on seulement el le n’

a pas de po int de repère

constant,ma is el le nous laissera dans l ’embarras pou r tou te con

sonne comprise entre deux voyel les inaccentu ées , comme l’

ss de

necessa ry dans une prononciation rapide,i l est impossi ble à

l ’o rei l le de l’attribner à la syl labe précéden te plu tôt qu’

à la su i

vante,ou inversement . B ien plus , quand i l s

agira de mesu rer les

du rées sur nos tracés nous serons obl igés dans les cas ind i

qués plu s hau t, et dans tous les semblables, de couper les sy l

labes ent re l’

attaque et la détente de la consonne intermédiai re

la transcription met-a l,rue— tre

,a t a ll

,a ta ll

,etc .

,ne sera donc en

réal i té qu ’

un t rompe— l’

œ il . Que ferons—nous, enfin,quand i l y

OBSERVATIONSSUR LES INSERTIONS DE CONSONNES

EN SUÉDOIS MODERNE

J’

ai lu avec intérêt l ’art icle de M . Millardet,paru dans la

Revue de Phonétique, I ( pp . 3 09-

446 . I l confi rme l’obser

vat ion audi t ive et la complète. J’

y a i cependant relevé quelques

omiss ions ou erreu rs . Comme i l sera i t t rop long d’

entrer dans

le détai l, je m e bornerai à des considérat ions générales

Les insert ions de consonnes don t i l s’

agi t con s isten t dans le

renforcemen t et la fixat ion au mo ins part iel le d’

un son t rans i

to i re régul ier ou i rrégu l ier, je veux d i re inévitable ou occasion

nel .

Dans la l iste des phénomènes s imi lai res (p . i l y ava i t

l ieu de ci ter les fractu res du vieux no rro is et du viei l anglais .

En vieux no rro is,avantDne consonne influencée par un u [u ,

u] ou un a su ivants,i l se développe après e un [i l] ou un [a] ;

pu is *

[eu eo eo] > .ia jo > jo,*

[eu ça] ia ja

par exemple,v ieil islandais nom . mje hydromel ”

medaR ,

gén . mjadar*medaR ,

au prés de dat . m idi*med iu . En viei l

angla is,avant une b avant une 1 ou une r su ivies d ’

une con

sonne et avant une consonne influencée par un u [i t] on un a

[ri] su ivants , i l se développe un [u] ou un [h] après a , eet i , pu is*

[au,ago] ea bref [eu] de la même mani ère et sans

dou te à peu près en même temps que*au germanique devien t e”a

[eu] : par exemple, ea rm bras go tique arms et viei l islan

1 . Je m ets entre crochets la transcription phonét ique, qu i est cel le de

M. Rousselot, excepté [<p] constri ct ive bi labiale invoisée,et pour ind iquer

le dévo isem ent . Pour le vocabulaire je renvo ie à m a Me'

tr ique ang la ise, Paris ,1909

— 10 (MA) . t 1. 2 1-3 0 .

CONSONNES EN SUÉDOI S MODERNE 77

dais armr , meada hydromel medu (conservé en saxon occ idental) , siolufr argen t go t ique si lubr . Mais passons .

M . Mi llardet se demande s i les épenthèses qu ’ i l étud ie en sué

do is ont déj à été remarquées (p .

I l y a une v ingtaine d’

années , M . O tto Jespersen s ignalai t

l ’ émission d’

ba leine (v . MA,t . I

,24 ; Rem . par laquel le se

term inent les vo vel les vraimen t finales dans les langues scand i

naves , particu lièrem ent è n dano is (V . Dahlernp og Jespersen ,Kortfattet danskLydlære, Copenhague,

1 889 , 20 ; cf. Jespersen ,

Tbc Articula tion of Speech Sounds , Marbu rg,1 889 , 1 10

,p .

'

70 ;

Dania , I , Copenhague, 6 1,p . 5 6 et Fonetik

,Copen

hagne, 1 897— 1 899 , 2 5 8 , p . 3 2 5 ; i l m e semble que M . Sweet

en avai t dé j à parl é dans son art ic le On Danish Pronuncia tion,

Londres , 1 87 3 - 1 874 , et dans son H andbook of Phonetics, Oxfo rd ,

1877 , comme i l l’

a fai t p lu s tard dans son Pr imer of Phonetics,Oxford

,1 890, 122 , p . C ’

est un [b] instable. c’

est— â— di re

s 1)—2 on 5 1 )- 3 , qu i conserve le t imbre de la voyel le. Après une

voyel le fermée [i , u , u , y], i l est assez fort , su rtou t peu t—ê tre en

dano is,pour frapper immédiatement l ’orei l le de l ’observateu r le

plu s superficiel dano i s vi nous [v iibr] et un maintenant

[nuue ressem blent à [vif, uw], sans pou rtan t leu r êt re identiques .

I l y a une trenta ine d ’

années,M . Sweet no tai t dans son H and

book of Phonetics (p . 147) la bi-aspi rat ion des occlus ives invo i

sées doubles en is landai s moderne. M . S torm le rappel le dansson Eng lische Philolog ie (deuxième éd it ion ,

t . I,Leipzig , 1 892 ,

p . et M . Jespersen ment ionne le fai t dans sa Fonetik

(p . I l y a en part i cu l ier avan t la consonne géminée une

assez forte émiss ion d ’

ba leine et même de sou ffle, c’

est —à—d ire 5 1)3 , qu i empiète su r l

occlusive,et comme la bou che n ’

abandonne

que peu à peu l’

art icu lat ion de la voyel le précédente, on entendaprès [u], par exemple, un [h] net tement labial isé et quel que peu

vélaire dôttir fi l le et dtta hu i t peuvent se transcri re

ou [doub aub souvent même

78 PAUL VERR IER

I l en est à peu près de même dans les Féroé

(S to rm ,e.

,p . 240) et dans certa ins d ia lectes norvégiens

, par

exemple dans leno rd du Gndbrandsdal où je l’

ai remarqué tou t

récemment . J’

ai s ignal é le phénomè ne,pou r l’islaùdais

,et

j’

en ai donné une brève expl ication,dans MA (1 . III . p . 206

ZO7 . S 3 0 5 .Comm eles occ lus ives invo isées vra iment finales sont aussi assez

fortes en scandinave (j’

appl ique fo rte à l ’expirat ion), a ins i qu’

en

témo igne leu r aspi rat ion ,très sensib le en dano is

,le son t rans i

to i re qu i les précède se termine également par une l égère émis

s ion d’

ba leine. O n a a in s i un [b] qu i conserve le timbre de la

voyel le précédente et antic i pe en même temps sur l ’art i cu lat ionde la consonne su ivan te ent re i et p, comme dans suédo i s

klipp coupe ! ce [b], q u i part icipe de [i] et de [p], ressemble

à un [c] l égèrement arrond i , lab ial isé ; le m ot peu t se t ranscri re

Ce [b] a ins i mod ifié par la consonne su ivante, permet

de d istinguer ent re les tro i s mots suédo is lâpp lèvre lâ tt

léger et lâ ck qu i fai t eau même quand les explos ives

proprement d i tes s’

am uïssent (v . No reen,Vdr t sprdk, I , Lund ,

1 9 1 5 , p . 400

Dès 1878 , M . Lundell s ignala it ce [b], sous le nom de voyel le

dévo isée,dans les mo ts tel s que gott bon loppe puce

bri ck ru isseau (Det svenska landsmdlsa lfabeæt, S tockho lm ,

p .

Fau t- i l y vo i r le commencement d ’

une nouvel le fractu re

El le ne ressemblera i t guère aux anciennes,pu isque la seconde

parti e de la voyel le dissociée parai t tendre à se t ransfo rmer'

en

cons trict ive, généra lemen t invo isée, cette consthctwe qu’

a c ru

entendre M . Millardet et qu’ i l a cru l i re su r ses t racés . Mais

nous ne sau rions préjuger l ’aven i r . Revenons aux phénomènesactuels .

Pendant son sej ou r à Greifswa ld , en 1 892 , M . Rousselo t aobservé ce renforcem ent du son transi to i re dans la prononciation

CONSONNES EN SUÉDO IS MODERNE 79

d’

un Suédo is . I l a pub l ie un de ses t racés,avec de brèves expli

cat ions , dans son Précis de prononciation frança ise (Par is ,

P 77

Les fa i ts qu’

expose M . Mi llardet étaien t donc connu s , analysés même, au po in t de v ueaud it if et art icu lato i re

,avec une exac

ti tude qu’ i l n ’

a tteint pas tou jou rs malgré l’

a ide de la phonét ique

expérimentale. Son mérite n’

en reste pas mo ins t rès grand i l

ne les a pas seu lemen t redécouverts de lu i—même,i l en donne

dans de nombreux t racés une preuve vis i ble, i l en montre l’ im

po rtance par des mesu res précises . Son étudeminu t ieuse,en con

firm ant et en complétan t la’

s imple observation,rendra service à

la phonétique suédo i se.

Pau l VERR IER,

Charg é de cour s d la Sorbonne.

LA QUESTION DU PASSAGE DES SONS

En parcou ran t les t ravaux de phoné tique expérimentale,on

cons tate qu ’ i l n’

y a pas d’

uni té dans la façon de dél imiter et de

mesu rer les sons . On est d ’

acco rd sur les sons eux—mêmes, onl ’est mo ins quand i l s ’

agi t du passage de deux sons vo isins (gl ide) .

Si nous prenons par exemple le m o t papa (fig . n ous y t rou

vons deux sortes de ces sons interméd iai res : I° l

un,de la con

sonnep :‘

t la voyel le a°

2° l ’autre

,de la voyel le a à la consonne p.

Or,les uns disen t qu I l fau t attri buer les deux passages à leu rs

voyelles ; d’

au tres at tribuen t les deux ou bien l’un d ’

eux au mo ins

à la consonne vo is ine ; d’

autres enfin fon t une so rtede compro

m is en coupant le passage en deux et en le distribuant entre la

voyel le et la consonne. Ce désacco rd est un peu troublant,et peu t

jeter des dou tes sur la va leu r des mesu res a ins i étab lies . I l peu t

donc ê tre u t i le d ’

examiner la quest ion .

Prenons d ’

abord le premier passage ment ionné,celu i de

consonne à voyel le (fig . I l est assez nettement marqué par

l ’élévat ion du 3° tracé et par la forme des vibra t ions du tand is

que le co rps de la voyel le,ind iqué par la 2

°et 3

° perpend icu lai re,a des vibrat ions relat ivement grandes et assez semblab les les unes

aux au tres,cel les q u i co rrespondent à l ’é lévat ion sont pet i tes

et d’

un au tre aspect que le reste.

Ce q ui se v_oi t aussi du premier coup su r la figu re,c’est q ue

le commencemen t de l’eXplosion coïncide avec le commencement

des vibrat ions laryngiennes i l suffi t de comparer les tracés

bucca l et nasa l . Donc le brui t consonant ique et le son vocal ique

se produ isent s imu l tanément le passage est a lo rs const itué par

une po rt ion commune à la consonne et à la voyel le, et rigou

reusement parlant, on devrai t le compter deux fo i s pou r la

82 J . CELUMSR Ÿ

consonne et pou r la voyel le,ce qu i en effet peu t se fa i re

,quand

i l s ’

agit de donner la durée entière de chaque son séparémen t .

Mais cec i est peu prat ique pou r la mesu re des syl labes parexemple.

I l fau t donc se déc ider et j ust ifier sa décis ion . M . Rondet cro i t

que, seu le,la du rée des voyel les fa i t une impress ion nette sur

notre sens audi t i f ; i l a jou te alo rs le passage a la voyel le (Pr incipes

de phonétique généra le, p . C ’

est auss i de cette façon que

m esu rentMM . Co l inet (De qua ntiteit der vocaa l a) et Bogoroditz k i

(Prononc ia tion com . russe, p . M . Meyer adopte auss i le

même principe. I l d it expressémen t (Eng lische Lautdauer , p . 8)

q ue, dans ses mesu res de la du réedes consonnes , cel le des passages

n’

es t pas comprise. Et a la page 3 1 du même trava i l i l p récise

encore La du rée des voyel les a é té cal cu l ée depu is la fin de

l’

oc c lu sion on de la constriction jusqu ’

au parfa i t accompl issement

de l’

occ lns ion on de la constriction de la consonne su ivan te.

Cet te dél imitat ion,d i t— il

,est d ’

acco rd avec le pro cédé pra t iqu é

par M . Rousse10 t et ses élèves et en part ie auss i avec celu i de

MM . Wagner etViè to r . S i nous laissons decôté la dern ièreasser

t ion,

on verra plus lo in cequ ’ i l en fau t penser l ’examen des

tracés no us montre q ueM . Meyer est tou t de même un peu trop

l ibéra l pou r les voyel les en y faisant ent rer tou t ce qu i su i t l’

ou

verture des o rganes : l ’explos ion tou t ent ière et m êm el’

asp iration

qu i la dépasse. Cela pourra i t se sou ten i r pou r un p frança is

ou s lave,dans lesquels le son voca l ique s

annonce avec l’explo

s ion ; et enco re,cela ne serai t pas tou jou rs poss ib le dans u ne

prononciat ion p lus fo rte une part ie de l ’explos ion du dev ien t

sou rde et possède des vibrations pu remen t consonant iques vo i r

Rou sselo t,Pr incipes , p . 4 5 4 , et Chlum skjr , Essa i de mesure des

sons et syllabes tchèques dans le discours suivi , fig . 8 . C ’

est mo ins

poss ib le encore pou r t et k où le commencemen t de l ’explosionest d ’

ord ina i re pu remen t consonantique,et i l y a imposs i b i l i té

abso lue pour l ’anglais et l ’a l lemand non seu lement les o cclu

84 CH LUMSK Ÿ

reusement ce gl i ssement est trop nettement entendu,su rtou t

quand les Anglais ou les Al lemands ont à prononcer des mo ts

frança is tel s q ue père,qua i etc . Donc l ’effet acou st ique de l’as

pirat ion et sa durée montrent que M . Meyer au ra i t m ieux fa i t degarder la dél imitat ion par laquel le i l ava i t commencé dans leMaî trephonétique, 1 90 1 , p . 60 (vo i r sa remarque

,p . 3 5 6, Zu r

vocaldauer) . A cette époque i l ava i t cal cu l é la du rée des voyel les

sans cette aspi rat ion . M . Rondet, i l est vra i , ne va pas si lo i n queM . Meyer ; cependant la ju st ifica t ion qu

’ i l donne de son procédéne me parait pas sat isfaisan te. S

’ i l n ’

y a que la durée des

PIG . 3 .

uPOlfl ]

prononcé par un Am érica in .

En haut,nez au m i l ieu , bouche en bas , d iapason (200 v .

voyel les qui fasse l’ impress ion nette sur no tre sens auditif ce

n’

es t sûrement pas cel le du passage qu i peu t cont ri buer a cet tenetteté , é tant donné la fo rme des vibrations de l ’ élément

vocal ique et leurs pet i tes ampl i tudes . Le son vocal ique do i t y

être fai b le par rappo rt à la force de l’

exp los ion consonant ique,c’est donc cette dern ière qu i a le plus de chance de prévalo i r

pou r ce moment— là . Vo i là pou rquo i i l vau t mieux a t tri buer cette

port ion à la consonne. C ’

est le procédé de MM. Rosapelly

(M . S . L .,X , p . Rou sselo t et de la plupart de ses él èves .

Quan t à M . Scriptu re,i l parai t hés i ter pou r les deux passages,

ce qu i s’

expl i que principa lemen t par le fai t qu’ i l n ’

a qu ’

un seu l

tracé ; auss i t rouverai t- il plus commode de compter les passages

séparément .

LA QUEST I ON DU PASSAGE DES SONS 85

Ce qu i a été d i t pour les occlusives sou rdes, se rencontre dans

les sonores avec les d ifférences amenées, bien entendu , par la sonorité l’explosion y est au ss i mo ins fo rte et le passage peu t— êtreplus court . I l est encore p lus cou rt pou r les constrictives sourdes

(quelquefo i s une seu le vibration) , tandis qu’ i l s’al longe un peu

pou r les constrictives sono res .

En somme, ce premier passage parai t offri r mo ins de difficultés que le second , celu i de voyel le à consonne. Ce dern ier

s ’annonce sur le tracé par une l égère descen te pou r les occlus ives ,

par une peti temontée pour les constric tives . En même temps les

ampl itudes , grandes au commencemen t, décro i ssent vers la fin et

s’

altèrent . C ’

est précisémen t le mouvemen t o rgan ique exprimé

sur le tracé qu i a décidé M . Rosapelly à attri buer auss i le second

passage à la consonne. De même,en dehors des sy l labes ry th

m iques don t nous n’

avons pas à nou s occuper,c’est le pro

cédé de M . Verrier (Métrique ang laise, III, Au con trai re,

su ivan t le principe c i té p lu s hau t,M . Rondet attribue au ss i le

second passage à la voyel le. De même M . Josselyn (Phonétiqueita lienne

,La Parole

,1 90 1 , non pas cependant sans une

certaine hésitat ion qu i se man ifeste quand i l s’

agi t de la d ivis ion

des sons sur les t racés (vo i r au ss i Phon . espagnole) . M . Grégo i rea deux principes bien d ifféren ts selon qu ’ i l se propose de d iv i

ser un mo t en sons ou bien en sy l labes . Vo ic i comment i l déli

mitela voyel le dans le m ot tra i tèrent (Syllabefrança ise, La Pa role,1899 , Le commencement de l’oc clusion du second tmarque la fin de la voyel le les co rdes vocales s

imm obi lisent .

C’

est donc la fin des v ibrat ions de son tracé qu i lu i i nd ique

la fin de la voyel le, et_ ainsi le passage ent ier appartiendrai t à la

voyel le comme chez M . Rondet . Le t racé de M . Grégo i re est

s implemen t celu i de la bouche, et comme le montre la figure

de la p . 1 67 de son art i c le,la plume dont i l s

est servi n’

étai t

pas assez sens i b le pou r rendre tou tes les vibrat ions du cou rant

d’

ai r,surtout cel les qu i sont p lu s fa ib les vers la fin du passage.

86 CH LUMSK Ÿ

N ’

ayant qu’

un seu l t racé , insuffisant pour le renseigner su r le

momen t exact où les vibrat ions du larynx cessent , M . Grégo i rea été tout natu rel lemen t amené à placer le tra i t , s éparan t lavoyel le de la consonne, non pas à la fin réel le des vibrat ions bu cca les

,mais un peu avan t

,de sor te que con t ra i rement à sa pensée,

par sui te de l’ insuffisance du tracé un ique, i l coupe le passage en

PIG . 4 .

Calque des tracés deM. Meyer .ddkt

d .

En hau t , cou rbe du courant d’

a ir bucca l ; en bas , tracé des cordes {voca les Les

po int i l lés perpend icu la i res ont été tracés ensu ite et i ls indiquen t les l im i tes de chaque

son . En a,fin de l

o cc lu s ion du d de dd . a - b du rée de la voyel le à . En b,l

occlu sion

du k est accom pl ie. Dans la pa rt ie ini tiale de l ’occ lu s ion ,on vo it encore les vibrations

des cordes voc ales . En c,fin de l

oc clus ion du k . En d, l

oc clus ion du d de kid est

ac compl ie.

da“

süs .

En hau t, cou rbe du cou rant phonateur bu c ca l au m i l ieu ,tracé du larynx

,en bas ,

cou rbe du tem ps [suppr im ée i c i]. Les courbes comm encent aprè s le prem ier t iers de âet sont coupées à peu près au m i l ieu du second s . La c onstr ict ion de l ’s in i tia le est

accom p l ie au m om ent m arqué par le po int i l lé m ené en a et du re ju squî

au po int i llém ené en b . Entre b et c on rem arque le souffle sourd (st imm loser Abhauch) du passagede i

s à La constr ic t ion de l’

s finale est accom pl ie en d .

LA QUEST ION DU PASSAGE DES SONS 87

deux en attr ibuant une po rt ion à la voyel leet l’

aut reala consonne.

—'

Si dans lesmesu res des sons simples la voyel lea été un peu écour

tée,el le est considérablemen t al longée quand i l s

agit de la syl labat ion . Car les sy l labes examinées par M . Grégo i re comprennen t nonseu lemen t la voyel le et son passage, mai s encore l’occ lus ion entière

de la consonne su ivante. M . Grégo i re cherche à ju st ifier son pro

cédé,p . 269 Phonétiquement (M. Grégo i re veu t d i re probab le

men t phy s io logiquement) , i l va sans d i re que l’

occ lus ion se rat

tache à la consonne c’es t l ’ i n terva l le pendant lequel les o rganesla pos ition Ma is

,a jou te- t- i i

,en parlan t des

mo ts commençan t par une o cc lu s ive sou rde comme tra i tèrent,

nous . sentons que, pou r l’

o rei l le, le m o t ne débu te véri tablemen t

qu ’

avec l ’explos ion . I l do i t en être de même pou r la seconde

sy l labe pou r l ’o rei l le têrent ne commence qu ’

avec l ’exp losion .

Force nou s est donc de j o indre le s i lence interméd iai re à la

part ie anté rieure tou j ou rs au po i n t de vue de l ’ impression pro

du i te. D ’

après no tre t héo rie, pâ teux ,

tra itèrent,se composera ien t

de deux parties auxquel les on peu t donner le nom de sy l labes

(acoustiques) ; la première i ra i t de l’

explos ion du p ou cel le du t

à l ’explosion du second t exclu sivemen t . M . Grégo i reappl ique le même principe aux mo ts dont les syllabes com

m encent par une occlus ive sono re . La sono ri t é de la dern iè rene

l’

inquiète pas car pou r les occlus ives ini t ia les, à l ’aud i t ion , à

mo ins de s ’ être exercé,on d ist ingue à peine l’antériorité des

vibration s su r l ’exp los ion . l ’o rei l le fai t abstract ion de l’occ lu

sion préparato i re à la consonne Q uant aux o cclus ives intervo

caliques l ’o rei l le,croyons-nous , assnm le a la voyel le précé

dente les v ibrat ion s lary ngiennes accompagnant l’

o cc lusion

Il est dommage que les apparei ls deM . Grégo i re ne lu i a ien t

pas permis d’

examiner aussi les mo ts dont les sy l labes com

mencent par des constr ic tives , tels que val lée,oser, savo i r . Là ,

i l au rai t d iffici lement pu sou ten i r que l’

o rei l le fai t abstraction de

la constrict ion de la consonne et i l au rai t p robab lement h ési té

88 CH LUMSKY

o 0 0 o

a appl i quer son prm c 1pe aussi r igou reusemen t qu i l l ava1t fai t

(cf. M . Rousselo t , Pr inc ipes 9 92-

3 et 1000 En théo

rie,M . Meyer procède comme M . Rondet mai s, dans sa pra

t ique, on trouve des exemples qu i sont en faveu r des deux

procédés je le conclus d’

après les figu res de son trava i l Zur

Phonü ik der ungar ischen Sprache publ ié en co l laborat ion avec

M . Gomboc z dans Le Or ienta l, 1 907— 1 908 . Là

,le passage

m mPIG . 5 .

Spéc imen des tracés de M. Wagner (reproduct ion photograph ique) .

de la voyel le à l’

occlusive est att ribué tou t ent ier à la con sonne etimmédiatemen t après

,le même passage de la voyel le à

'

la con

sonne s est a jou t é à la voyel le, contrai remen t donc au principe

précéden t . Les figu res a jou tées par lu i et q ue nou s reprodu i sons

ici fig . 4) ne laissent au cun dou te à ce su jet . On pou rrai t peu t

être vo i r au ss i une certa ine inconséquence chez M . Gauthiot dans

son arti cle Du tra itementphonétique du ni mquiescent en persan (LaParole, 1 900, p . 440) et chez M . Millardet dans son Peti t AtlasL inguistique, 1 910, où la séparat ion n

a pas été faite de la même

LA QUESTION DU PASSAGE DES SONS 89

façon partou t . M . Rousselo t , dans sa thèse Les modifica tionsdu langage, fai t en trer le passage ent ier dans la voyel le ; plu s

tard des tracés enregis trés avec des apparei l s perfectionnés

évei l lent ses dou tes a lo rs i l modifie un peu son procédé tou t enconservant le prin cipe et coupe le passage en deux en mettan t

la grande po rt ion à la voyel le, la pet i te à la consonne. Enfin i l

faut que je fasse auss i m a confess ion . Dans m on Essa i demesure,

en 1 9 1 1 , j’

attribue à la voyel le le passage entier , en y a jou tan t

une pet i te po rt ion sono re comportan t de 1 à 3 vibra t ions . Ces

vibrat ions apparaissent quelquefo i s après le passage mais non

pas tou jou rs su r le tracé nasal devan t les con sonnes sou rdes .

Dans l’Analyse du courant d ’

a ir phona teur en tchèque (La Parole,1 902 ,

p . 1 3 9) je ne t iens pas compte de ces quelques vibrat ions

et je ne fa is en trer dans la voyel le que le passage tout seu l . Jesu is revenu à ce dern ier po i n t de vue

1 . Pour être complet jem ent ionne encore un procédé d’

un intérêt p lutôt h istor ique c

est celu i dont s ’

est serv i (M. Ph . Wagner dans son trava i l sur led ialecte de Reutl ingen (Der gegenwä rtigeLautbestand des S chwabischen in derMundart von Reutl ingen) paru dans le Programm e de l

’Ecole réa le de Reutl ingen, 1889 (16 partie) et 189 1 (116 partie) . M. Wagner exprime la durée desvoy el les placées entre deux occ lusi ves non nasales par la d istance d ’

une expios ion à l ’autre

,donc i l comprend dans la voyel le non seu lement les deux pas

sages, m a is auss i la durée de la seconde o cc lusion consonnatique. Vo ic i textuellem ent cequ

’ i l dit, p . 19 : S i l

on mesure sur les six prem ières courbes (surla tab le deM.Wagner i l s

ag i t des m ots b ib; beb, kab , kob , knb , bob) la distance des branches m ontantes des sons exp los i fs , entre lesquel les se trouventles voyel les pures , on trouve presquepartout 1 2 mm . pour les voyel les longues ,8 pour les brèves . En effet les ch iffres correspondent à cette d istance, m aisjamai s à la durée des voyel les , et encore m o ins a cel le des voyel les pures,comme le ditM.Wagner . Pour que nos lecteurs pu issent se fa ire une idée dela faç on de m esurer de M . Wagner, je donne ic i quelques m ots enreg istréspar lu i (fig . En com parant ces courbes avec les tracés que l

on obtientaujourd ’hu i

,on pourra fac i lem ent se rendre com pte com bien son procédé est

rud imenta ire,com b ien sont justifiés les doutes qu i ont été ém is à propos de

ses m esures . I l est vra i qu’ i l sera it injuste de juger avec sévérité des travaux

de début,b ien qu

’ i l so ient venus douze ans aprés ceux de R osapelly , toutefo ispuisqu

on a souvent parlé des résu ltats de M. Wagner et que l’

on a parfo isvanté l ’exac t itude de ses mesures , i l y a lien de d ire la vérité Les ch iffres sontlo in d ’être exacts et ne pouva ient pas l

’être car un tracé unique, dépourvu

90 j . CH LUMSK Ÿ

Q uel le est la décis ion qu’

i l fau t prendre

Pou r cela ,i l es t de nouveau u t i le de consu l ter les deux choses

les tracés et l ’o rei l le . Comme tracé , je reprodu is (fig . 6) celu i

qu i a é té imprimé dans La Pa role, 1 902 , p . 1 3 9 , fig . 10,où la

même quest ion a été touchée par m o i . La figu re représen te le

m ot apa . S imu l tanément avec la vo ix,a été pris le mouvemen t

des lèvres , pou r a ider a i nterpréter ce q u i se passe pendant le

passage de la voyel le la consonne. Or,le tracé labial nou s di t

que I° pour le moment en ques tion les l èvres s

achem inent vers

l’

occlusion vo i r la montée de ce t racé qu i se produ i t sim u lta

ném ent avec la descente du t racé bucca l marquant le passage ;2° l

occ lus ion n’

est accomplie qu ’

avec la fin de la descen te du

t racé buccal la preuve en est l’

acco rd complet du sommet de la

cou rbe labia le avec le commencement de la part ie basse de la

l igne bucca le. C ’

es t donc à ce moment— là que se termine le pas

par—dessus le m arché de toute vibration de la vo ix , ne peut pas fourn ir une

grande préc ision ,

S i les voyel les placées entre deux occ lus ives ont été m al m esurées,la

chose devient plus grave encore’

quand les consonnes encadrant la voyel le sont

des nasa les . Je n’

en veux comme preuve que le tracé du m ot mon reproduitp lus haut . I l est dû cette fo is à l ’ inscript ion un ique du souffl e nasa l et non

plus bucca l inscript ion obtenue par l’ introduct ion d ’

un tuyau de caoutchoucdans l ’une des deux mar ines , tand i s que l

autre éta it bouchéepar l’expérimenta

teur . La d istance,d it M. Wagner, du plus haut po int de la courbe de la con

sonne in itiale jusqu’

à la branchem ontante de la consonne finale atteint pourles voyel les nasales longues 9 a 10

, pour les brèves seu lem ent 5 mm . Le

tracé reprodu it m ontre bien ce qu’ i l y a d

arbitraire dans cette faç on de m esu

rer . Mém e s i l’

on pardonne à M. Wagner ce fa it qu’ i l bouchait une narine et

changeait a ins i les cond it ions de la prononc iat ion norm ale sans avo ir aucunm oyen de contrôle

,i l ne reste pas m o ins que les po ints ind iqués comm e l im ites

sont lo in d ’être sûrs , non seu lem ent à cause de la grande élastic ité de la m em

brane qu i fa isa i t sauter la plum e et cachai t a ins i la form e réel le du courant,m a is surtout parce que le courant nasa l est lem o ins apte à nous renseigner surla durée de la voyel le encadrée entre deux nasa les i l em pi ète ord ina irem entsur le commencem ent et la fin de la voyel le, par conséquent les ch iffres uni

quem ent basés sur la form e du cou rant nasa l tendraient à fa ire cro ire que lesvoyel les placées dans la pos i t ion qu

on vient de défin ir ont une durée m o indreque dans la réal ité . C ’

est ce qu i estarrivé justem ent à M . Wagner . Les m esuresdes constrictives n

offrent pas plus de préc ision .

U n procédé analogue para ît avo ir été em ploy é par M. Viétor (Elemente dePhonetik

, 5 e éd it . , p . 277

9 2 CH LUMSK Ÿ

seconde pou r avo i r l ’ impress ion de la durée d’

un son . Ain si

l ’expl icat ion de M . Rou sselo t m e semble,

el le au ss i,être en

faveu r du procédé qu i att r ibue le passage entier à la voyel le.

Q uan t au son consonantique, je ne l’

entends pas vers la fin dupassage, mai s immédiatement après . O n peu t fac i lemen t se rendrecompte de ce son

, s i l’

on prononce le m ot hop de sorte que le pn

ai t pas d’

explos ion et so i t donc,comme on dit

,pu rement

implos if c ’es t la prononciat ion couran te de ce mot dans m a

lang ue et el le est auss i poss ib le en français . Le m ot a le mêmesens dans les deux langues . En le chucho tant ains i

,on entend

un bru i t parti cu l ier , produ i t par le c laquemen t des l èvres l’

une

contre l ’au t re. Et pu isque,d ’

après le tracé,les lèvres n ’

arriven t

à se toucher qu ’

après le passage, le bru i t produ i t par leur claque

ment la vraie implosion serai t donc à placer après la fin du

passage. J’

y vo is un nouvel argumen t en faveur du procédé quiattribue le passage en t ier à la voyel le.

L’

examen des passages terminé,i l reste encore un po in t à

éclai rc i r . Su r le tracé nasal , comm e il a été di t plus hau t,les vibra

t ions ne s’

arrêtent pas tou jou rs avec la fin du passage,mais el les

la dépassen t quelquefo is d’

envi ron un ou deux centièmes de

seconde. La première question qu i se pose, est de savo i r s i ces

vibration s représentent réel lement un son,ou b ien si ce n

est pastou t s imp lement l ’ inert ie de la membrane qu i pro longe la durée

du mouvemen t reçu . La dern i ère hypo thèse parai t probable ;tou tefo is i l est assez d iffic i le d

admett re que la membrane travai l leà vide pou r la port ion en t ière

,étan t donné la faib lesse de la

résonance nasale qu i peu t d iffic i lemen t mainten i r la membranedans le mouvement , après la fin de l

’ impuls ion réel le. M . Ronsselot es t auss i porté à cro i re à la réal i té de ces vibrat ions dépas

sant le passage.

Ce fai t une fo is é tab l i , une au tre quest ion se pose Est— ce à la

voyel le ou à la consonne qu ’ i l fau t attr iber cette port ion sono re

C ’

est à la consonne, je pense, pu isque cette part ie correspond au

LA QUESTION DU PASSAGE DES SONS 9 3

momen t où se produ i t ou peu t se produ i re le bru i t consonant ique dû à l’accom plissem ent de l

occlusion bu ccale .

Pou r con clu re cette analy se, je m e résume a ins i °

1° Le passage de la consonne à la voyel le do i t ê tre at tribu é a

la consonne

2° Celu i de la voyel le à la consonne do i t êt re attribué à la

voyefle ;

3° La pet i te po rt ion sonore dépassant parfo i s le passage de la

voyel le à la consonne sou rde et vis ib le sur le tracé nasal ou su r

celu i du larynx do i t ê tre rat tachée à la consonne su ivante.

N . B . Cet art ic le est le résumé et en part ie auss i ledéve10ppement d’

un chapi tre de m on t rava i l sur la Mesure des sons et des

sy llabes tchèques dans le discours suivi , publ ié en vo lume aux fra i s

de l’

Académ ie tchèque de Prague en 19 1 1 . Les tracés soumis à

l’analy se ont été enregistrés au moyen des peti ts tambou rs et de

l ’orei l le inscriptrice de M . Rou sselo t et comparés ensu ite aux

tracés du phonographe t ranscri ts avec l ’apparei l Lioret .

Jos . CH LUMSKŸ .

L’

APPAREIL DE M . GARTENPOUR L

ENREGISTREMENT PHOTOGRAPH IQUEDE LA PAROLE

D ’

après la description qu ’

en donneM . Garten dans la RevueZeitschr iftfür Biolog ie, 1 9 1 1 , tome 5 6 , p . 4 1 et su iv .

,son apparei l

PIG . 1

Coupe du corps de l’

apparei l .R . Bo i te tr iangu la i re. L . O uvertu re c i rcula i re couverte

e m em brane de savon l iq u ide. M . Elec tro - a im ant gouver

la pet ite pouss ière de fer qu i se trouve au m i l ieu de la m em

e. R . Vis qu i rég le'

l’

élec tro-a im ant . OP . M ic roscopeontal . QV. Condensateur de lum iè re.

est une autre torme du phonoscope de M . Weisz,ment ionné par

la Revue de Phonétique, 1 9 1 1 , p . 3 82 . C’

es t de nouveau un co rpsde microscope placé horizon talement , et un condensateu r delumière et entre les deux une bo i te a membrane de savonl iqu ide. Ce qu i le dist ingue du phonoscope, c

est que le levier de

PIG . 2

Mem braneet élec tro—a im ant vu s

d’

en hau t . Au -dessou s Elec troa im an t M v u de face. H 1 H 2 .

Extrém ités de l ’élec tro-a im ant .

P. Pet i te pouss ière de fer . T4T2 . Vi s de rég lage de l ’élec troa im ant .

L’

APPAREIL DE M . GARTEN 9 5

M . Weisz est supprimé et remplacé ingén ieu sement par une

pet ite poussière de fer qu i est maintenue au mi l ieu de la m em

brane par un électro—aimant (fig . 1 et La pet i te pou ssière su i t

PIG . 3

3 Var iations du tracé su ivant que la m em brane est plus ou m o ins assourd ie.

tou t natu rel lemen t les vibrat ions commun iquées par la vo ix à la

membrane, le condensateu r éclai re les mouvements de la pou s

sière,le microscope les agrandit et les pro jette su r une bande de

papier sensi b le où el les sont fixées phonog raphiquement .

PIG . 4

I‘ chanté Son fondam ental 286 vib rat ions .

Se rendant b ien comptedes difficu l tés qu’

offrent les membranes

flexibles à l ’enregistremen t de la paro le (fig . M . Garten a cher

ché à y parer en rédu isant les dimens ions de la membraneet en lu i

donnant l’assou rdissem ent approprié,en vue d ’

obten i r une bonne

reproduct ion des vibrat ions sonores . I l cro i t arriver à ce résu l tat

1 . M . Garten nous écr it qu’

actuellem ent i l emp lo ie des m em branes beaucoupplus pet ites , jusqu

’à mm .

9 6 CH LUMSKŸ

en remplissant d ’

onate la bo î te triangu lai re à membrane de savon

et ne laissant l ibre qu ’

une tou te pet i te cavi té comparable dans sa

forme i rrégu l ière à la cavité du tympan . Les paro is extérieu res,

el les auss i , sauf cel le q u i est mun ie de membrane, sont couvertes

PIG . 5 .

S ch.

Ag rand i 1 , 6 fo is . D ’

après le cal c u l , on pou rra it admettre envi ron 3 200 vib rationspar seconde. I l y a suc cess ion i rrég ul ière des vibrat ions plus lentes et p lus rapides .

de feu tre. Par su ite de cet assou rd issement,son apparei l est mo ins

sens i ble que le phonoscope, M . Garten l ’avoue lu i-même, mais i l

le juge suffisant pou r la reproduct ion de la paro le. I l a enregistré

ains i les voyel les chantées et chuchotées auss i b ien que les con

sonnes s et sch don t nous donnons la reproduction (fig . 4 et

Les cl ichés nous ont été obl igeamment prêtés par la direction

de la Biolog ica .

CH LUMSK Ÿ .

CH RON IQUE

NOU VELLES

Enseignement de la Phonétique et de la Linguistique en Autr iche.

D’

après une ordonnance du Min istère de l’ Instru c tion publique d’

Au

triche,datée du 1 5 j u in 1 9 1 1 (Bulletin m in . 1 9 1 1 , n° 2 1

, p . 1 74 et

et concernant la Bohêm e,la Moravie, la S i lésie, la Po logne

autrich ienne, la Bukov ine, la Basse Autriche, la H au te Au triche,

le Tiro l et le Vorarlberg,le S a lzbourg ,

la S tyr ie, la Car inthie, la

Carn io le,le L ittora l et la Dalm atie

,le cours de Phonétique ou les

exercices de ce genre a ins i qu’

un cours d’ introdu ction à l ’étude dela L ingu istique sont v ivem ent recommandés à tous les étudiants detoutes les branches de la ph i lo logie. U ne connaissance sûre

,théorique

et pratique des é lém ents de la phonétique et une bonne prononc ia

tion sont ob l igato ires pour tou s ceux qu i aspirent à l’

enseignementd

une langue vivanteM. Verrier est nomm é secréta ire des Arch ives de la Parole à la

Sorbonne .

L’

un des d irecteurs de la Revue,M. Pernot, va faire au Congrès

des O rienta l istes, qu i se tient à Athènes , deux commun ications dont

l ’une a pour su jet les app l ications de la Phonétique expérimenta le àl ’étude des langues vivantes .

N ous pouvons s igna ler comm e bons les enregistrements su ivantsfaits par la Société Ed ison (phonographe) , laMor t del’H iver d ’

Edmond

Rostand (M. Le Marchand) , m orceau dé jà ancien,Phèdre de Racine

(MU‘° Sarah Bernhardt) , nouveau d iaph ragme de 4 m inutes ; par laSociété du Gram ophone, les nouveaux m orceaux de M.. Brémond ;

par la m a ison Pathé , le Corbeau —

et le Renard du Pathég raphe.

D’

après le Bulletin de l’

Alliance frança ise, les U n iversités deGrenoble

,L i l le

,Montpel l ier, N ancy et les cours de vacances de

Di jon ,H onfleu r

,L is ieux , Paris , Rouen ,

Tours , V i l lerville-sur-Mer,

annoncent des cours de phonétique à l’

u sage des étrangers .

On sait que la Facu l té des Lettres de l’

Institu t catho l ique de Parisoffre aux étud iants deux cou rs de phonétique expérimenta le, p arsem aine l

un théorique, d’

un caractère général , et l’

autre pratiqueetappliqué spécia lement à la prononciation franç aise.

CHRON IQUE

LABO RATO IRES

H ambourg . Le labo rato ire, créé en 1 9 1 0 par la vi l le de H ambourg , a été confié à la d irection de M . Panconcel l i—Calz ia

,docteur

de l’

Univers ité de Paris , ancien é lève du Co l lège de France. Il est

rattaché au Sém inaire des langues co lonia les et proviso irement i l a étélogé dans le bâtiment réservé à la physique. I l faut fé l iciter le gouvernement de H ambou rg du l ibéra l ism e dont i l a fa it preuve en favorisant une science nouvel le. Après une longue v is ite

,le Ministre de

l ’ instru ction pub l ique s’

est déc laré satisfa it de ce qu ’ i l ava it vu et a pro

m is que les fonds nécessaires ne feraient pas défaut .L ’ insta l lation présente ne comprend encore que deu x p ièces , p lu s

une sa l le de cours commune à d ’

autres enseignements . Tous les

apparei ls d’

acoustiqne sont a la d i spo s ition de la phonétique. Dans le

m ême Institu t se trouve une riche bib l iothèque de phys ique ; quantaux ouvrages purement l ingu istiques , i l est lo isible de les emprunterau Sém inaire des langues africaines . U ne imprimerie o fficiel le et des

atel iers de rel iure travai l lent gratuitement pour toutes les fondat ionsscientifiques de l

état de H ambou rg .

M. Panconcel l i—Calz ia a sous la m a in l ’eau,le gaz , l

’é lectric ité et

l ’air comprim é . Son laborato ire, qu i n’

a pas encore deux annéesd

ex istence, possède les apparei l s su ivants u n cyl indre enregistreur

de Zimmerm ann avec tou s les tam bours nécessaires,un ch ronomètre

,

les laryngoscopes de F latau et de Mayer Brünn ing s , le phonau to laryngo scope de Calz ia , le labiog raphe de Mayer

,l ’apparei l de Mayer

qu i perm et de m esu rer les hauteurs mu sic ales'

et d’

obteni r en m êmetemps la c ourbe m é lod ique décrite par la vo ix ; l

apparei l de Leppinet Masche pour la pro jection et la pho tograph ie de la paro le ; l

appa

rei l de Boéke pou r l’

exam en m icro scop ique des cy l indres du phonographe ; l

apparei l de Marbe (Ru ssfl amm en) , des gram ophones et des

p honog raphes , sans com pter tous les m enus ac cesso ires dont on a

beso in pour les enquêtes scientifiques . Cette org anisation dé j a trèsriche recevra tous les com plém ents nécessa ires grâ ce aux créditsannuel s dont nou s par lons p lus lo in .

Pou r un avenir très prochain des plans très amp les ont été approu

vê s . La phonétique i ra s’

étab l ir dans une vi l la vo is ine qu i sert actuellement de logement au d irecteur de l’ Institut de physique ; cette vi l lasera entièrement transform ée. Les pro jets prévo ient dans le sous-sol ,

100 CHRON IQUE

férences de M . Panconcel l i-Calz ia étaient des pro fesseurs de chant etde langue,

des chanteurs,des 1n 15 5 10nna1res , des

—ni édeCins, des é tu

diants en l ingu istique. Dès la prem ière année un‘

certa in nombre detravau x ont été pub l iés , dont cinq par M . Panconcel l i-Calz ia (Mediri

nisch-Pädagog ische Monatschr ifl für die gesumm te Spracbbeilkùnde,novem breKAZAN Université. Le directeur du laborato ire, M. Bogoroditz k i ,

nous a envoyé une étude su r les intonations lettes qu i sera publ iéedans le prochain numéro . C

est auss i su r la m ême m atière q ue tra

va i l le chez lui un étud iant lette, M. Plak is . M. Bogorod itz k i prépareun travai l sur les voyel les russes atones .

PAR I S Collège de F rance. Chaque sem aine, M. Loth, professeur

de langues et l ittératures celtiques , consacre une séance à l ’étudedela prononciation ga l lo ise de M. Watcyn ,

de Glain o’

rgan et de

M“° Gwlady s Will iam s,de L lanrwst (N o rd du Pays de Ga l les) .

M. l ’abbé Rousselot poursuit des études su r l ’ass im i lation et le

rythm e dans les d ivers sy stèmes de versification .

M. le Dr Thoo r is continue ses recherches su r le timbre des voyel les :M. Chlum sk5

*

,en même temps qu

’ i l se l ivre à ses études p ersonnel les sur le tchèque et la com para ison des d ivers apparei l s, prêtégénéreusem ent son c oncours aux nouveau x venus et aux passants etles fait profiter de son expérience.

M . Ivcov itch , é lève deM. Belitch de l’

U n ivers ité de Belgrade, étud ieles intonations serbes .

M . Barni ls,de Barcelone

,s

occupe actuel lem ent du rythm e du

cata lan .

M . H entrich, professeu r au lycée de G ladbach près Dusseldorf, a

passé quelque temps au Laborato ire afin de contrô ler ses matériaux

pour son Wô rterbu ch der N o f dwestthür ing i schén Mundart paruces jours-ci . Les expériences nécessa ires et la lecture des tracés ont étéfaites par M. Chum skyU n étudiant m alais

,M. Zapata L i l lo , professeur à Santiago (Ch i l i) ,

et M . Mladedenov,docent de l ’U n iVers ité de Sofia, ont profité du

peu

de temps dont ils d isposaient pour des recherches l im itées su r leurslangues respectives .

L’

e‘

Gérant J .

ROU SSELOT .

MACO N ; PR0TAT« -P i_

tER—ES,I IMPR IMEU RS .

NOTES DE PHONÉTIQUE H ISTORIQUE

INDO -EUROPÉEN ET SÉM ITIQUE

Les vues de M . Hermann Mo l ler paraissen t avo i r récemmen t

reçu en Al lemagne un accuei l beaucou p plu s favo rable qu ’ i l ya t rente et quelques années ( 1 879 I l n ’

est peu t— être donc

pas inopportun de reprendre plus en déta i l qu ’

on ne l ’avai t fai t

pour ses précédentes pu bl ications la quest ion qu ’ i l a le premier

posée d ’

une façon vra iment scientifique (v . Rev . Et. Anc .

p . 27 5 su iv .,et p . 90 ,

cf. au ss i Bu lletin de la Société de

L inguistique de Par is pp . CCCXC I I et su ivan tes) . D ’

une

part , en effet,M . Mo l ler v ient d ’

exposer à nouveau les résu l tatsde ses recherches sous la forme d

un Verg leicbendes indogermanischsemi tisches Wôrterbuch paru en 1 9 1 1 , et d

autre part , M . G . M i llardet a tout récemment ( 1 9 1 2) publ i é dans la Revue Phonétique

un substan tiel art icle su r les Inser tions de consonnes en suédois

moderne don t certaines conclus ions qu i ont tra i t à la phonétiquegénéra le

,ont paru de première importance pou r la question sou

levée par M . Mül ler . O n a pensé pouvo i r avec ce secou rs fai re

plus et mieux qu ’

un s imple compte rendu du Wo”

rterbuch.

CONSONNES—VOYELLES ET VOYELLES— CONSONNES

1 . Dans le premier des comptes rendus rappel és plus hau t

(Rev . Et. Anc .,1 909 , p . 278 , n . on avai t brièvemen t indiqué

qu ’

un des fai ts que l’

on peu t invoquer en faveu r du système de

M . Mol ler est le tra itement constan t en indo—européen du groupe

sonante - j— 9 devan t consonne. M . F . de Sau ssure a prouvé dansRevue de phonétique. 7

102 A . CUNY

leMémoiresur lesystèmepr imitif des voyelles inde—européennes 1 878)

que ces groupes : y+ 9,au a

,l+ a

, r+ 9,m a

,n abou

t issa ient (dans cette pos it ion) , non pas à*

yÿ ,*wa, c

est-ù— d ire*

yâ ,*wâ on

*wi , mais bien à i,a, l, m, n, qu

en un m o t

c ’éta i t le premier é lément et non le second qu i se vocal isai t . So i t

l ’exemple cho is i (loc . ci t . ) racine dissy l labique stere étendreà terre degré zéro stra devant consonne, p . ex . dans l ’ad jectif

verbal fo rmé au moyen du mo rphème -to ou de son équ iva

lent - no indo-européen *stp

-tôs ou*strä

-nôs abou tissant dès

l ’époque indo —européenne à *stÏ tôs ou

*st?nôs (lat . strâ tus

skr . sti r 1_zâ b et non pas

*stre

-to'

s ou*stre

-no'

s (lat .

*strà tus

skr .

*str indb

,Cec i montre de tou te évidence que le

*a étai t à l ’o rigine un phonème mo ins fac i lement vocalisable queles sonantes proprement d ites y ,

w, r , l , m , n . Pou rtant (M . F .

de Saussu re l ’ava i t dé j à écri t dans le Mémoi re) , quelque étrange

que para isse la chose, le phonème*9 est d ’

une natu re analogue £1

cel le des sonantes . Comme ces dern ières en effet,i l peu t au ss i

fai re partie des élémen ts rad icaux à ti tre de coqficient, p . ex . dans

une rac ine *sag ( lat . sag

—ïre, got . sôkjan etc . c ’est—à-d ire *

se?g

degré zéro sag (lat . sag-â x c ’est-à-di re *

sgg tout comme r ,

par exemple dans une rac ine *bherdh (gr . a épôo ), degré zéro

*bhrdb (gr . : paô

—stv) , ou y dans une racine

*bbeydb (gr . 7 : ei00 ,

lat . fido) , degré zéro*bhidb (gr . 7'CLO- ‘Ît t

,lat . j id

-ès) . O r, quel leidée faut- i l se fai re de l ’antiqu i té respective des fonctions vocaliqnes i , u

, r , l, net des fonct ions consonan tiques y, eu, r , 1,l i t

,n Tou t le monde

,depu is la publ icat ion du Mémoi re, admet

comme certain que la fonction voca l ique dans les sonan tes est

relat ivement récente et qu ’

el le résu l te de la chu te de la voyel le

(e: o) . La fonct ion consonantique est incon testab lemen t la plusancienne. S

i l en est a ins i,à p lus forte raison faudra-t-i i admettre

pou r a indo-eu ropéen une fonction consonantique plus ancienne

i r r

I . Grec dor . aysoua 1, att . nysona 1.

104 A. C ‘

UNY

le sai t depu is la publ icat ion du Me'

moi re,d etre iso l é dans la

morpho logie indo -européenne i l y en a beaucoup d ’

au tres où

tou t ne s’

expl ique au fond que dans l’

hy po thèse d’

une ancienneconsonne A .

On n’

a peut- être pas à ce po int de vue fa i t assez ressort i r depu is

leMémoire, que dans la fo rmat ion des présents athémat iques avec

syl labe d’

infixation —nè (ty pe skr . yu-nd—j -rni) , quand cette for

mation s’

appl ique à une des racines d i tes dissy l labiques (*

pela

rempl i r p . tou t se passe comme s i a étai t,au mo ins à

l ’o rigine,une consonne. En effet *yu—né -g .

-mi et*

pi—nè— e-m i (skr .

yundj rni et skr . parudrni) son t fo rmés exactement de la même

façon . O r g . est la consonne finale de la rac ine yeng . , degré zéro

yug . . I l s ’

en su i t évidemment que l’

on est en dro i t de d ire que

(= A) est la consonne finale de la racine *

pele C ’

est ce que laissai t entendre du resteM . P de Saussu re quand i l écriva i t (Mémoi re,p . 24 1) l

i‘

de grbh—

u— ï—ntds a un rappo rt tou t auss i intime

avec 17 de g rdbh— i — ta r que le i de pim-s

'

—rnas avec le i de pei tar .

3 . L’

au teu r du Mémoire ava i t lu i—même fai t remarquer auss i

(p . 242) que le rô le du phonèmeA dans pa r i (c’

est—à -direpela

en transcription est abso lument paral l è le à celu i querempl issent d on s

” dans bhe-d,bhi— nd —d pe

-i, pi

-na — i O n peu t

a jou ter que, dans un grand nombre d ’

au tres racines à élargissement man ifeste, le sert à cet te fin auss i bien qu ’

une consonne

quel conque. La racine me? p . ex . mesu rer contracté en me“

skr . nui lat . me“

est const itu ée d ’

une façon tou t à fai tanalogue à med (même sens got . m itan I l en résu l te que

deva it êt re éga lement une consonne, au mo ins à l ’o rigine. C ’

est

a ins i qu ’

on pourra i t interpréter ce qu’

écr ivait M . F . de Sau ssu re

à la page 260 du Mémoire le 9 de la racine d issy l lab ique peu t

n’ êt re qu ’

un élargissemen t entre beau coup d’

au tres de la racine

monosyl lab ique I l en c itai t des exemples intéressants , a ins i

racine primit ive eco t isser degré p lein skr . o'

tam,degré

1 .Au po int de vue de M. H . Mo l ler

,cette rac ine commune à l ’ indo—euro

IND0— EUROPÉEN ET SÉM IT IQUE 10 5

z éro ( gv= u) sk . u-ma élargissement par -eA (l’élémen t *

ew

passe alo rs au degré zéro)—weA *wâ skr . vdtum etc

de même,é largissemen t par —ey

*w—ey (skr . vdy—a ti) . Mais là

,

non plus qu ’

ai l leu rs , M . F . de Saussu re n’

insistai t pas part i

cnlièrement su r la nature consonant ique de A,chose s i palpable

dans le cas de meA med mesu rer et dans celu i de la racine

s ign ifiant t isser si l’

on y a jou te p . ex .

’élargissement *webb

(v . n . veja ,vha . wé

ban,skr . (Wua— )vä bbi gr . i

'

>s—vj, zend ub

dac‘

na etc .

4 . C ’

est pourtan t encore M . F . de Sau ssu re qu i (p . 244 du

Mémoire) a mont ré q u’

à côté des racines dissy l labiques terminées

par a, i l y a des racines de même catégo rie terminées par i t . I l est

vrai q ue ce sur quo i i l entenda i t uniquement i nsi ster , c’étai t le

paral l é l isme exact de format ions tel les que vruôm i et p(rr

_1ârni , la

première étan t indo-européen *wl—né—z v—m i et la seconde, indo

européen *

pi—ne-9 —nu . Mais,ce qu i a son in térê t par ai l leurs , c

es t

que dans ces deux cas— types,i l s ’

agi t d ’

une racine term inée par

un phonème qu i pouva i t à l’

or igine fonct ionner ind ifféremment

comme voyel le ou comme consonne *wel—w et*

pel-e (a côté

desquels on pou rrai t très b ien avo i r *wl-cu 1 et*

pl-e9 tou tes ces

fo rmes résu l tant d’

élarg issements différents,ma is s t ri ctement

paral lè les de racines monosy l lab iques pel rempl i r et wel

couvri r

5 . Ceci condu i t a faite une réflexion qu i es t tou t à fai t dans

l ’esprit du Mémoi re b ien qu ’

el le n’

y so i t exprimée formel lemen tnu l le part . Le t rava i l d ’ élargissement des racines s

est fai t,non

par s imple add it ion d ’

une consonne,mais par adjonct ion d ’

unesyllabe composée de la voyel le su iv ie d ’

une consonne. En un

m ot l ’ élargissement étai t à l ’o rigine un vra i morphème,bien

péen et au sém it ique devra i t être notée H ew (premd0eur .

aw m a is la chosen

a pas d’ importance ic i où l’on ne t ient com pted

abord que de l’ indo-européen .

I . Grec .

é)tur pov skr vdr utra rn de indo -européen*wélu- trorn . Cf . lat . uoluo

Les bases de M. H ist sera ient respect ivem ent ic i**

pel—eA et

*“wel—ew.

106 A . CUNY

que, :i l epoqueque nou s atteignons par la comparaison , i l ne forme

plus qu ’

une cel lu le morpho logique avec la racine m onosy lla

bique primit ive, d’

où i l su i t nécessa i remen t qu ’ i l ne subs iste

plus qu ’

un des deux e. So i t p . ex . la racine monosyl labique *

g . hen

verser (en particu l ier des l ibat ions) skr . ho'

—tu1n,gr . y_sü- p. z ,

degré zéro hutdh, gr . 7_ur éç La racine *

g . head*

g . boud du germ .

go t . g z’

utan, etc . et du lat . füdï do i t se comprendre

comme étant issue d’

une base **

g . hero—ab . Par chu te du second

e, on a en g .head g . bond O n eût pu tou t auss i b ien avo i r*

g . hwed par chu te du premier, et , comme*

g . bud est le degré

zéro commun à *

g , h—wed et à *

gheud i l est possib le que le lat in

fund— ant c’

est— ‘

a—dire *

g . bund-onti t ransformé de *

g . hand-enti

comme souti (sunt) de*senti (osque set, got . sind), repose sur

le degré zéro de *

g . heu—ed Or,s i dans ce cas et les cas semblab les

l’

on ne peu t parler sérieu sement qued’

un élargissement -cd

dans le cas des racines d issy l lab iques , on ne peu t égalemen t par

ler que d’

un élargissement -eA c ’est—à-d ire e su iv i d ’

une con

sonne.

6 . U ne règle bien connue de la morpho logie i ndo—enm péenne

exige que les thèmes— racines employ és comme mo ts indépen

dan ts ou comme seconds élémen ts dans les composés adjoignent

un — t à la racine lo rsque la consonne finale de cel le—ci est

s implemen t une des sonantes y ,eu

,l , m ,

n , r,type skr . vieva

i i-t qu i vainc tou t de la racine vajra —bhor-t qu i por te

le foudre de la racinebher zend â —bä rä -t celu i qu i apporte

de la même racine,sk . deva — stz i -t q u i loue les d ieux de la

racine *stew zend â hum—stu— t die Wel t preisend de la

m ême racine, cf. le m ot indépendan t z d . stzt—t louange O n

pou rrai t ci ter de t rès nombreux au t res exemples indo - i ran iens

1 Étant donné queM. H Mo l ler considère l’ethém atique comme appartenantà la rac ineprim i t i vep . ex . g 1 herve et non

*

g ,heu i l est d ’

avis que l’

élarg issement

a été -de etc . et non -cd etc . Cette vue semb le d iffic i lement conc i l iableavec la doctrine deM. F . de Saussure.

1 08 A . CUNY

schéma bh—f— (t) (de racinebher —v— i — (t) (de racinewel

mais gâ‘

— j —a sk . g ir mais p— l— 9 sk . pzÎr . )

Donc a éta i t à l ’or igine d ’

une natu re analogue en une certainemesure à cel le des occ lu s ives . Il est vrai que pou r se rendre nette

ment compte de sa natu re consonant ique i l fau t rétabl ir les deux ede la base don t l’un es t régul ièrement expu lsé en vertu de la lo i

de M . F . de Saussu re ; mais alo rs le paral l é l isme est éclatant

schéma

L’

addi tion de -t don t i l a été parlé n’

a laissé q ue des traces

dans les langues d ’

Enr0pe dans les cas de racines terminées par

une sonan te : lat . (corn)— ï— t nom . cornes compagnonra

c . ey a l ler (in)— î— t— (iurn) commencement de la même

racine ; cf. sk .

— z— t dans les composés,

Dans le cas où,à la d ifférence des précédentes , la racine éta i t

term inée non pas par une sonan te seu le ou par une sonante su i

v ie de a,mais par 9 seu l (ce qu i apparaît c lai rement au degré

zéro sk . bi tdh gr . ôsr êç , i .—e.

*dhÿ — tô—s, le sanskr it a aban

donné la fo rmat ion par — 1 que l’

on at tend,pou r la remplacer par

la format ion thématique (add it ion de la voyel le e o) , que pra

t ique au con t ra i re le grec dans le cas précéden t,

ex . 3 i— 9p-0

—ç

char à deux places de la racine bher porter C ’

est a ins iqu ’ i l fo rme —d—a qu i donne et qu ’ i l possède — sth-a dans go

stbd ag re—

sth— d au l ieu de — di— t*st(b)i— t qu i sera ient les

abou t issants de i . — e.

*de— t

*stg

— t Tou tefo is ces formes ont

existé ains i que le prouvent les au tres langues dont une des plus

proches parentes du sanskri t,le zend . Malheureusement ces

langues ont presque partou t propagé le degré plein de la racine,

ce qu i est un contresens au po int de vue primitif, étan t donné

qu’

à ce degré le a éta it non pas voyel le, mais consonne et qu’

ains i

l ’addi t ion de — t devenai t inu t i le pou r l imi ter la racine. C’

est

INDO— EUROPÉEN ET SÉM IT IQUE 109

ains i que le zend a fratæna —da— r p lacé le premier,prince

0raotô—sM— t qu i se t rouve dans les fleuves le grec 0r,1 5 ;

(sans dou te primit if et régu l ier de*dhe— l—ô— s) , le latin sacer

dos (sacerd â— t de rac ine do plu tôt que de racine dhe Pou r

tan t les langues i tal i ques et le lat in en part icu l ier ont conservé

pour la rac ine sta un nombre impo rtant d ’

exemples présentan t

la régu lari té ancienne. On peu t c i ter antistes, (anti—)sti t(- is), Inp

piter (prae—stes) , Lares (prae-sti tes) , l

ad jectif super -stes, -sti t- is et

même *

(inter)—stes , —stit- is conservé dans inter —sti’

tium,so i t un

thème—racine indo— eu ropéen "‘

stg- t De même spà tium est dér ivé

d’

un thème- rac ine *spe

- t— tou t à fa i t comparable à skr . bkr— t lat .

(in—)it etc

Mais l ’o rgan isme de ces fo rmat ions étai t sans dou te t rop del i

cat , eu ce sens que l’

add it ion de - t ne se produ isa i t que lorsque

la dés inence commençai t par une voyel le, so i t un jeu tel que

nom .

*

d -s,géni t if "

dhg—t-o'

s,ce qu i fai t qu

el les ont été partou t

transfo rmées de l’une ou de l ’au tre des deux man iè res indiquées

plus hau t .

7 . C’

est encore la natu re consonant ique de A qu i écla i re la

const i tu tion de racines (monosy l labiques en apparence) tel les que*dhe p lacer

,fai re do donner sthâ se ten i r debou t

Au fond i l ne s’

agit pas d’

autre chose q ue de racines d issyl labiques

dont la fo rme monosy l lab ique n’

est attestée par aucune des

langues fimo —européennes quel que ancienne q ue so i t la date où

nous la connaissons et qu i ne présentepas non plus de formea l ter

mante d ifféran t (par la place de l’

e on de l’

o) de la forme que nous

po ssédons . Autrement d i t,

*sthâ par exemple (c

es t-à—di re *stbeA

pou rrai t être accompagné d’

une fo rme al ternante *set(h)A(c

est—à

d ire set(h)e l ’une et l ’au tre s’

exPliqnant immédiatement par

une base :—eA so i t par une racine monosy l labique

*set(h)

1 . Cette analyse a été éga lem ent fa ite par M. H . Mo l ler en vue d’

une com

para ison avec des m ots sém it iques , m ais ici on se tient au po int de vue uni

quement indo-européen .

1 10 A . CUNY

augmentée d ’

un déterminat i f —eA. De même *dbe sort i ra d ’

une

base **Aedh-eA et dod ’

une base **Aed -eA avec chu te du premier

c ce qu i amenai t cel le de l’

A in i t ial qu i gardai t i c i sa fo rme con

sonantique devant consonne. (Cf. plus bas les rac ines* ’

cs* ’

ey

c ’est—à—d ire *Aes

*Aey

8 . U ne remarque de M . A. Mei l let (Introduc tion ‘

,p . 1 3 8)

t rouve son expl icat ion dans la natu re consonant ique o riginai re

dea. La vo i c i les racines d issyl lab iques se terminent par leur

voyel le longue : i l y a des racines du type *

peto*

pld i l n ’y en a

pas2 du ty pe

*

pet3k— z

*

ptà k ou*

petas*

ptà s Les exemples qu ’

on

pou rra i t al léguer cont re ce principe sont en généra l l imités àune seu le langue et t rè .° pen clai rs pour la Une rac inetel le que

*

pmk en effet , ne pou rra it s ign ifier au po int de vue de

l ’ indo-européen ancien au tre chose que**

pet eA — J- ek ce qu i

es t i rrégu l ier,non parce qu ’ i l y au rai t ains i cumu l de deux

élargissements (le skr . ubhnâ‘

ti i l t isse en comprend bien deux

lu i auss i -ebb et —eA plus un infixe rac ine primit ive cro

premier élargissement —w-ebb deuxième élargissement *ubh-eA

avec infixe *abb—neA c’est-à-d ire ubhnâ

mais bien par la place

de l ’élargissement , ce qu i t ien t sans dou te au dés ir d’évi ter une

séquence de phonèmes tel le que —9k là où a étai t consonne dans*

pteAk par exemple.

9 . Un phonème très impo rtant de l ’ ini t iale des mors indoeu ropéens serait expl iqué par la même hypothèse A consonne

d iversemen t vocalisable le cas échéant . M . F . de Sau ssure a lu i

même exposé et étudié ce phénomène dans les pages 276—28 3 de

son Mémoire. Vo ic i comment i l le fo rmu lai t Dans une série

de cas où el les se t rouvent placées au commencement des mots,on observe que les sonantes ariennes i . u

, r , n, m sont rendues

dans l’européen d’

une man ière particu l iè re et inattendue une

1 . En un m ot dhê dheA est à *Aedh dô d—eA est à *Aed

ce qu’

effectivem ent yä y—eA est à Acy (gr . si —p 1, sk . e

m i , etc .)2 . Entendez è en règ le générale.

I 1 2 A . CUNY

Quan t aux exemples tels que gr . Foi s : u (c f. $<F sa dans o’

<âov.ovr o

et got . wahsja qu i ava ient arrê té M . de Saussu re,ils ne font plus

d iffi cu l té ma intenant q ue l’

on admet (v . Mei l let,lnt

roduction °

,

p . 73 ) qu’

au degré zéro,certains groupes de consonnes difli c i les

à articu ler pouvaien t ê t re a l légés par l’ insert ion d ’

une voyel lemin imale que l

on no te 0 et qu ’ i l fau t segarder de confond re avec

le g indo-européen . C ’

est le c as par exemple pou r le lat in quà ttuor ,c i . s l . comm .

*c’

i tyr tchèque c' tyri . De la so rte, F 5101 0 est simple

ment *w°stu (*Aw°stu avec A consonne) , tand is que éFéo(c)xcvr c

est la fo rme forte co rrespondante *

A-wes (avec A vocal isé) . I l est

bien vra i que l’

on admet auss i que ce 0 est rendu par u en ger

m anism e : p . ex .

*

d°k. (s i . comm .

*d isel germ . comm .

*lux

*tug vba . (moein) -

z i rg ,ma is on est en dro it pou rtant d ’

expli

quer par 0 l’

a de wahs; a à cause de l ’ influence dissim ilatrice du

eu, tou t comme on expl ique en indo- i ranien la voyel le à provenantde au contact de y précédent ou su ivan t sk r . optatif moyen

bodheya contre aoriste moyen akr‘

1r i tous deux avec la désinenceseconda i re de première personne a, so i t —

y.? abou t issant à -

ya ;

de même *

gy abou ti t à *ay , p . ex . skr . dhdy

-a l i , V . s l . dojo, got .

daddjan, i . —e.

*dhey% Du res te wabsja peu t s

expl iquer aussi par*u roks car M . Mei l let a mon tré que l

on con state quelquefo i s le

degré 0 dans des présen ts qu i pou rtant appart iennent à des racines

en e(type nzolo, go t . ma lan) . M . F . de Saussu re (p . 29 3 ) avai t év i

dem m ent raison de soupçonner que le parfa i t go t . wobs est secon

clai re. I l t ient à ce que le présent ava i t une voyel le a sans qu’

à,l ’ori

gine le verbe ait réel lement appartenu au type des présents aor istes

tels que scàbo, got . skaba,gr . p. :iy ouarr etc … . C

est un s imp le cas

d’

ablautsentg leisung . I l n ’ y a donc pas lieu d’

hés iter à reconnaî tre

dans ces cas et les cas analogues la présence du phonèmeA (rédu i t

A c ’est—à-dire vo ca l isé) . Ici encore l ’hypo thèse d’

un A consonne

est ce qui l ève tou tes les d i ffi cu l tés

Mei l let a bien dém ontré l ’ex istence en indo—européen (v . D ialectes indo—euro

peens) .

. Dans lecas dewasbja comme celui de umbi,le germ an ique est d

accord

INDO-EUROPÉEN ET SÉM IT IQUE 1 1 3

L’

expl icat ion proposée de A in i t ia l a l ternant avec aéro es t au

reste confirmée par le dialecte A du tokharien . O n sai t en effet

q ue dans ce dia lecte lo in de d isparaî tre,est représenté par a

(mêmeen seconde sy l labe intérieure) , exemple tokharien dial . A

paca r skr . pitdr lat . pé ter , gr . a ut ép so i t indo -eu ro

péen*

pgtér et de même tokharien A ckâ ca r skr . dubitdr gr

.

0U °

{ i t sp so i t indo-eu ropéen *dhug(h)gter ( le d ialecte B dutokharien su i t la même lo i et présen te éga lement O r

,le

même dialecte tokharien A a ampi , ampes ign ifiant les deux

(v . A. Mei l let,Les noms de nombre en tokhar ien B Mémoires de

la Soc iété de L inguistiquedePar is , t . XVII , fasc . 5 , p . 286 [ 1 9 1 2J) .

M . Mei l let a jou te de lu i —même : on y reconnai t immédiatement g r . lat . ambô (en effet bb est rendu par p comme le

mont repraca r skr . bbrà ta r lat . frater , gst . bropa r I ci

encore î ne peu t représenter que a, car l ’hypothèse d’

un à indo

eu ropéen est tou t à fai t imposs ib le, tou tes les au tres langues ne

présentan t que*

mbb ou*â —mbh La réa l i té de l ’hypothèse

*

Anzbh est par là d irectement é tabl ie. Q uan t au rapport évident

des mo ts o

ip.ç o ambô d ’

une part et o

< p.ç i des deux côtés

amb(i) de l’

autre,vo i r par exemple Walde Lot. etyrn . War terb 2

.

S . v . ambo.

S i l’

on admet que le phonèmeA est con sonant ique à l ’o ri

avec l mdo- iran ien i l n ’

a pas voca l isé leA et procède de *Aw°ks (ou

*Awoks)

et de*Arp bhi avec A consonne et par conséquent rzz voyel le De m êm e

dans le nom de l’

argent, le zend araza tu indo- iran ien '

Orânta représente

une forme indo-européenne avec A consonne et voyel le, so it *Agfg ,tand is

que le lat . argentum , ganl . a rg anto procèdent de *

Arg avec A voca l isé et r

second élément de d iphtongue. Le g rec ä pyu (dans ä _oyu-pog et éipvu-cpo ç ) et

l’

arm én ien ar c a th admettent l ’une et l ’autre expl icat ion :*

Arg , et*AJ

'

g

Quant au skr . raja tdm i l ne devient c la ir que s i l’

on adm et que sa prem ièresy l labe, à la d ifférence des autres langues , est au degré e

,so it indo-européen

ntônz avec A consonne. Le t ra i tem ent est conform e à celu i devi de uk; de vaks

1 . Quelques-unes des idées qu i su i vent ava ient déj à été b ri è vem ent ind iquées par M. Mô ller en 1 879

— 1880 ,m a is personne n

ava it vou lu s’

y arrêter .

1 14 A . CUNY

gine,toutes les racines indo—eu ropéennes (et auss i les mo rphèmes

et les dés inences) rent ren t dans une seu le série vo cal ique (1?on e“

0 o u 0 zéro) ; tou tes les racines en ou tre seront constituées de lamême façon au po int de v ue consonant ique. Dé j à la presqueto tal i té des racines indo—eu ropéennes (qu

el les cont iennent ou

non un coefficient sonantique) , sont reconnues comme l imitées

par deux consonnes (une de ces deux consonnes ou tou tes deux

pouvan t au reste être des sonantes) . O n a par exemple, pet

bherdb bheidh bheudh tuer a res mais quelques racinestrès usi tées semblent n et re l imi tées qu

à la finale par une con

sonne z ey al ler ès être od sent i r ak. ê tre aigu,

po intu ( l’ inverse ne se rencont re j ama is M . F . de Sans

sure l’a déj à expressément remarqué à propo s de skr . tistba ti , lat .

sistit (qu’ i l fau t entendre comme étant *

sl i —st(9)—eti) une racine

tel le que se terminant par la voyelle pu re et s imple es t

quelque chose d ’

inex istant en indo—européen) . Or,les racines

tel les que ès ey od rent rent dans le plan généra l de lalangue et sont également l im itées par deux consonnes , s i l

on

admet à l ’o rigine que l’ in i t iale en éta i t l’A consonne dont i l a

été ques tion précédemment . Ce phonème est du reste encore

so igneusemen t noté en grec au moyen de l’

esprit doux ’

s’

er r,

s im , ëôo>Bz , De la sorte (et , pou r la dern ière rai son,la chose

ne relève même pas d’

une hypo thèse), les racines Aes"

Acy

sont de tou t po int comparables à des racines tel les querâc ler dépéri r sed être ass is (cette dernière

contient en ou tre un coef’

cient, car el le vau t *se9d (la racine ed

manger comportai t à la fo i s un A consonne en qual i té d ’ ini

t ia le et en qual i té de coefficient et vaut théoriquement *AcAd) .

Dans tou tes les langues au tres que le grec , ou bien la fai b le art i

cu lat ion consonan t ique A est tombée dès avan t le débu t de

la t radition (c’

est,on le sa i t

,le so rt o rd ina ire des in i t iaux et

antévo caliques dans la plupart des langues) , ou bien el le a été

négl igée dans la graphie à cause de sa faiblesse même. Ic i encore,

1 1 6 A . CUNY

*

Ay— énti eût abou t i si ot et se fût ains i confondue avec la

3° personne du s ingu l ier.

1 1 . Après avo i r prouvé la nécess i té d ’

admettre pou r l ’ indoeu ropéen un n et un m voyel les longs (Mémoi re, p .

so i t net’

tZ

l,M . F . de Sau ssu re montrai t pou rtant quelque scru

pu le à le fa i re et a jou tai t La no tat ion de en n n’

estpeu t- être pas sans o ffri r quelque d ifficu l té . Je comprends cel lede r at en c ’est à l’o r ig ine

'

nne pro longat ion de l’r du rant l ’em i s

s ion du A . Parei l phénomène semble imposs ible quand c’

est unenasale qu i précède A,

l’

occ lus ion de la cavi té bu ccale,et par con

sequent la nasale cessan t nécessa i rement au moment où le A

commence. Malgré cela,le u et le m ont été adoptés par la très

grande m ajo ri té des l ingu istes indo-eum péan isants, en particu

l ier par M .M .

-Brugm ann,H i rt et Mei l let .

I l ne subs iste du reste au cune d ifficu l té s i l’on admet que le iiest une pro longa tion den pendant la durée d

un A purement con

sonantique. I l est bien vrai qu’

un A,so rte d’

h fa i ble,lo in d ’

ex i

ger nne o cc lus ion bucca le,est fo rmé par un s imple rétré

c issem en t,lequel est même beaucoup mo ins considérable que

cel le d ’

une spi rante quel conque (Millardet) , et qu’

avec un tel b,

l’

o cc lns ion buccale de n ou de r n cessera i t nécessa iremen t aumoment où i l commence. Ma is i l su ffi t d ’

admettre qu ’ i l s ’

agit

d’

un h (A) pu remen t la rynga l tels que sont par exemple certa ins

phonèmes des langues sémitiques . Dans ce cas l’

h (A) se fo rme

u n iquement par rétrécissement de la glo tte et ceci n’

em pêchenu l lement que par la su i te le courant d

a i r so i t émis par le nez

pendant tou te la du rée de m on de 11. C’

est donc en défin i t ive

avec raison qu ’

on a admis les phonèmes n et tu,mais par l à le

phonème A est caractérisé comme étant vra iment larynga l°

.

1 . C ’

est—à — d ire 101 A .

2 . Cec i n ’

est naturel lem ent pas un obstac le pour que, dans les cond it ionsord inaires , entre deux consonnes par exem ple, 4 (ou bien A à l ’ in itiale devantvoyel le) a it eu une ar ticu lat ion buccale b ien déterm inée. Ma is dans le cas d

oc

c lusion com pl ète et pro longée, cette articu lation se perda i t nécessairem ent .

INDO—EU ROPEEN’

ET SÉM IT IQUE I 17

1 2 . En seconde sy l labe non finale de m ot ,*9 tombe en ira

nien,s lave

,bal t ique

,arm én ien et german i que ; a ins i

,à sk r .

dubitd fi l le gâ th . dugadd (d issy l labe) ,

persan dux t, v . sl . dri tti , l i t . dukté, arm . dustr, got . dadbtar

(Mei l let,Introduction“

, p . Ceci enco re se comprend très faci

lement si l’on admet à l ’o rigine la natu re consonantique de a (A) .

I l n ’

au ra été vocal isedans cette posit ion qu ’

en sanskri t,en grec

et en i tal ique (skr . jdni -tum , o sq . Genetai . lat . genetr ix , genitor) .

La dispari tion de cette so rte d’

h a amené,on le sai t

,la metato

nie de la première syl labe (Brugm ann,Abrégé de gramma ire

comparée, p . 86 note) . C’

est a ins i q ue l’

on a l i tuan ien

béräas, sl . comm .

*bérra

*bréra (ru sse berèga) à côté de skr .

bbûrjah qu i est indo—eu ropéen *bh

g .o c’es t-à- d i re *bbp g .o En

somme, pou r ce qu i est de I’

intonation de l i t . bérä et de sl .*bérz

tou t se passe comme s i la voyel le de la sy l labe éta i t longue

d ’

origine el le a l’

intonation rude. C ’

est d ire qu ’

el le a subi un

al longemen t par su i te de la chu te du phonème 9,so i t d ia lecte

indo- européen préslave et prébalt iqne*bhérg . de *

bher9g . mai s

i l n ’

est nu l lement nécessai re que ce phonème ait pris ici la forme

voca l ique. L’

allongem en t de e et la d ispari t ion de a se com

prennen t en effet p lus faci lemen t encore si ce dernier éta i t dialec

talem ent res té consonne C’

est donc exactemen t le même phéno

mène que celu i qu i a é té rappel é plus haut *strAto

'

s +*stî tÔ s,

*bhçoato

'

s*bbutôs

,etc . et que celu i qu i s

est produ i t dans la plu

par t des parlers arabes modernes où voyelle est devenu s imple

voyelle longue, so i t le type ar . c lass . ra’

s tête vu lg . rds etc .

1 2 . Tou t s ’

exp l ique donc mieux dans l ’hy po th èse d’

un A con

sonne. Ma is ce qu i vient a jou ter à ces vues théoriques (qu i ressorten t pou r la p lupart immédiatement du Mémoire de M . F . de

1 . So it do nc quelque chose connu e*bberhg ,o Le cas du type <po

pnoç , o ppo

sez 9 a péTpa , péper pov, skr . bhar i est peut-êtreencore le m êm e

,so it *

bhorh—nzos

(après 0 rad ical on ne trouve pas en grec trace du Ma i s à vra i d ire, on

ne s’

expl ique pas ic i l’

interdépendance des fa its .

Revue de phonétique.

1 18 A . CUNY

Saussu re) l’

au tori té dont jou i ssent à juste t itre les recherches dephonétique expérimentale

,c ’es t le t rava i l de M . G . Mi llardet

auquel on a fa i t a l lus ion au débu t de cet art ic le. L’

au teu r y a

mon tré,comment

,dans certaines conditions

,une voyel le quel

conque tend en suédo i s à se consonant ifier dans sa part ie fina le

et i l en a lu i—même conclu (no te 2,p . 3 6 du t irage

a part) quenon seu lement les voyel les extrêmes i

,u,etc .

,mais encore les

voyel les qu i ne son t pas aux extrémités de ’échel le voca l ique,

tel les que a,

sont suscept ib les de produ i re directement des

consonnes épenthét iques sans passer pa r les deg rés de fermeture

ex trême i,u,

C ’

est d i re clai rement que tou te voyel le peu t

revêti r un aspect consonantique,peut se consonantifier en part ie

(et par conséquent en tou t) et qu’

inversement,dans des cond i

t ions favo rables,ces consonnes co rrespondant à a

,peuven t

directement se vocal iser . Il n ’

y a donc plu s aucune d ifficu l té au

po in t de vue de la phonétique phy s io logique, à adm ettre,comme

le proposai t déj à M . H . Mô ller en 1 879 (Eng lische S tudien,III

,

p . 1 5 1 en no te) que la voyel le indo—eu ropéenne 9 n’

es t que la

fo rme vocal ique prise par un A consonne‘

. C’

est le paral lé l isme

des fonct ions de cet A et de cel les des sonantes qu i prouve

seu l , mais qu i suffi t à prouver que la fonction consonantique en

indo— eu ropéen est plu s ancienne que la fonct ion voca l ique.

1 3 . Du reste,s i l

on en jugepar une commun icat ion fa ite à la

Soc iété de Lingu is t ique le 6 j u in 189 1 (V . Bulletin Soc . Ling ,

3 4 p . CXVI IJ) , mais qu i , malheu reusemen t , n’

a pas, àno tre connaissance, été pub l iée, M . F . de Saussu re lu i-même

étai t arrivé pou r indo—eu ropéen à une conception sens iblemen tanalogue à cel le qu i vien t d

’être proposée à savo i r qu ’ i l avai t à

l’

origine une valeu r consonant ique éga le a cel le d ’

une sorte d’

b.

Ceci resso rt en effet clai rement des deux exemples ci tés qu i

1 . M. H . Mo l ler excepte encore au jourd ’

hu i les cas tels que *

As degré zérode Aes ê tre I l a sans doute tort , car alors le paral lel ism e n

est plusparfait entre les d ifférents tra item ents deA.

120“

A. CUNY

*eg .e

-%m . d’

où présanskrit*ajbam ,

sk . ahdm . I l en est de mêmedemabdnt grand en face de -

ç , so i t i . —e.

*meg 9 I l vaut *meg .a

°

/ont présk .

*majhdnt d

où la fo rme attestée. O n pou rra i t encoreexp l iquer de même le b de duhi tdr en face du grec I lfaudra i t admett re que

*dhug91er avec 9 consonne et

*dhugeter avec9 voyel le ont vécu côte à côte un certai n temps . Le résu l tat deleur contaminat ion au ra i t é té dhug 9gter (so i t dbaghÿ ter avec9 consonne et voyel le tou t à la fo i s . I l ne res te plus a lors quel’

exemple de bdnu m âcho i re en face du lat . genu(ini) (dentes) ,gr . —

(âvoç , go t . kinnas so i t i ndo-européen *

génu—s . I l

ne peu t s’

expl iquer de la même façon ,ma is i l y a longtemps

déj à que M . Mei l let y a reconnu l ’effet d ’

une é tymo logie populai re qu i a rapproché

*

janu de *jhan frapper,tuer et l

a

a i n si transfo rmé en*

jhdnu d’

où le hdnu védique (v . Mei l letMSL

,t . VIII [ 1 89 3 J p .

II . LES TRO IS INDO—EUROPÉENS .

Pou r p lus de s impl ici té on a jusqu ’ i c i ra isonné sur a indo

eu ropéen comme s’

i l étai t abso lument un,ce que paraissent

admet tre sans réserve MM . Brugm ann et Mei l let . Mais en réal i té,

i l do i t ê tre considéré comme recouvrant tro i s phonèmes d ist incts ,dont M . F . de Saussu re ava i t lu i—même d ist ingué deux qu ’ i l

dés ignai t par A et 9 (Mémoire) et qu’ i l ava i t nettemen t qual ifiés

I l est étonnant qu ’ i l n ’

ai t pas lu i—même reconnu le tro is ième,

car i l écrivai t encore (Mémoire, p . 14 1 ) une combinaison

a .a . (no tat ion actuel le ee) para l l è le aux combina isons d .A,

a .i , a .u (notation actuel le : e9,ei

,eu), fa i t l

effet d’

un contresens .

S’

il y a des raisons d’

admettre q ue a . (c’

est— à-d i re e) , avec son

substitu t a. (c’

est-à—di ré o) , possède des att ribu t ions qu ’

au cune

au tre sonante ne possède, pou r que tou tes n’

apparaissen t que

tokharien makàh . V . A. Mei l let, j ournalAsiatique (janvier-février 19 1 2,

INDO— EUROPÉEN ET SÉM IT IQUE 1 2 1

comme les satel l i tes de ce phonème, commen t admettre que ce

même a . (e) pu isse à son tou r se transformer en coefficien t ?C ’éta i t imposs ib le en effet , mais on n

’ étai t pas pou r cela néces

sairement accu l é à la suppos i t ion formu lée p . 144 du Mémoi re

Les éléments de l’

é sera ien t les mêmes que ceux de l’

a,leu r

formu le commune étant a . A (notat ion actuel le e

En effet , la ra ison invoqu ée en no te de la même page 144 et

t i rée de la pronon ciat ion des d iphtongues l i tuan iennes n’étai t

pas va lable, pu i sque M . F . de Saussu re a prouvé lu i—même p lu s

tard (MSL . t . VIII , p . 42 5 su iv . que di , du ne sont

pas , comme i l l’

écr ivait en 1878 , ident iques par l’ étymo logie

à a i , au (même oppos i t ion que béräas et va?nas , que 1 . berè‘

za

et r . vôron) .

D ’

au tre part,s i l’on n

admet pas pou r l’ indo—eu ropéen tro i s

d istincts,i l fau t

,dans les cas tel s que gr . 05 1 5 ç , ëor ôç , c r a r ôç ;

yevé—rnp , hp.5

—oa 1 (iipo—

1 pov) , a er oi-vvopa ,supposer que le

grec a donné à l’

un ique voyel le eu ropéenne *d (issue de l

un ique*

e) un t imbre chaque fo i s d ifféren t en vertu de l’

analog ie de la

fo rme fo rte des rac ines Orj c r oi Cette ana logie du

reste éta i t imposs ib le dans b ien des cas où la forme forte n ’

est

pas attestée en grec,dans celu i de ép.. et de o

<po par exemple

(àp.d>pom do i t évidemmen t ê tre coupé ôp. —xa et non au tre

ment) . De plus c’est admet tre un scindement et M . P. de Saussure

a d i t lu i—même que l’

hypothèse d’

un sc indem ent est tou jou rs

entou rée de grosses d ifficu l tés I l est fâcheux qu ’ i l en ai t admis

un ici , car,depu i s

,malgré l ’art ic le de M . H . Mül ler qu i , en

1 879 , reconna issai t t ro i s espèces dea(cedern ier renonçai t m omen

taném ent à g en 1 880 (P . u . Br . Bei trä ge, p . 49 3 , note) , et m al

gré l’Ablaut de M . H i rt (paru en on con t inue à enseigner

1 Surtout étantdonné que le sc indem ent supposé sera it ana log ique, c’

est—à-d ired

or ig ine psy cholog ique. I l y a des sc indem ents reconnus par tout le m onde,

m ais ceux— là sont d’

orig ine purement phonét ique, p . ex . celu i de le en k et ien indo- iran ien et en slave su ivant que le t im bre de la voyel le su ivante éta itvélaire ou palatal (koh : ca i .-e.

*k2w—os

*k2we ; pekç peéetù i .

-e. pekw-o

*

pek%-e

1 22 A . CUN Y

qu a l epoqne indo -européenne i l n ’

y avai t qu ’

une espèce d ’

a et

que c’

est le grec qu i a créé ains i la d is tinction 0 a , innovat ionpou r l ’expl icat ion de laquel le on n

a t rouvé rien d ’

au t re que ce

q u i avai t déj à été supposé dans le Mémoire. Sans dou te c’est parun excès de scrupu le scient ifique et parce que le grec est seu l à

d ist inguer par le t imbre vocal ique les degrés zéro des racines*dhe

,

*do et

*stbâ (par exemple), que M . F . de Saussu re n

ava i t

reconnu que les deux phonèmes A et g et n’

avai t pas vou lu y a jouter un E ou (coeffi cien t ou iso l é su ivan t le degré de la racine) ,ma is i l fau t b ien reconnaî tre que cette hés i tat ion obscu rc i t

cette part ie de son génia l ouvrage. I l semble pourtan t qu ’

on

pu isse l’adm ettre en tou te conscience, car le grec n’

est pas abso lument seu l à attester l

é de Osr éç , âr éç , 7 3 vérnp , En effet ,l ’osque ignore les effets de l

’ intens i té ini tia le qu i a rédu i t tou tes

les brèves atones du lat in à d’

indifférents i(e) , n(o) . S i donc i l

parai t certai n que l’

i de genitor ou l’

é de genétr ix représente un

plus ancien,étant donné celu i de sri -tus

,de fâ - c— tus

,

on n’

a abso lument aucun dro i t de vo i r un affaib l issement de

même nature, par exemple dans le second e de l ’osque Genetai .

Cet e qu i correspond au second e de —{avé

— : rjp, à i du skr . jdni

tur n, ne peu t ê tre qu’

un é ancien et at teste qu ’ i l s’

agit d ’

une

voyel le indo-eu ropéenne d ’

une natu re spéciale i l est vra i , devenuepartou t a i l leurs (et même en osque dans le cas d ’

une sy l labe

rad icale un ique : fac t-nd) à indo— i ran ien I l n’

y a pas au

reste à s’

en étonner . M . Mei l let,dans ses Innovations déc l . la t .

a justemen t i ns isté sur l’

archai‘

sm e du vocal isme osque qu i , avec

le vocal isme grec , est le mieux conservé et le plus l impide sur

le domaine indo—eum péen . C ’

est a ins i que, s’

au torisant de la

désinence — ei de l ’osque pater—ci , M . Mei l let en a t iré la

1 . U n exem p le analogue est fourn i dans les m êmes cond itions, par l

om

brien i te-k (en face de latin i ta sk . i ti , i . e .

*i lg. I l est tout auss i naturel de

couper comm e on le fa it ic i , avec le m êm e suffixe —k que dans lat . s ic,hic

,

que de couper i t—eh. Cette faç on de couper est au reste c el le de M. Bréal , v .

Tables Eug ubines, p . 306 .

1 24 A . CUNY

vélai re I l ne s’

exprim ait pas de cette façon ,mai s ce n ’

est sans

dou tepas t rah i r sa pensée quede la tradu ire a ins i . I l a depu is abandonné cette fo rme d ’

expression qu i étai t certainement la p luss imple et la plus c lai re et i l vo i t main tenant

Wôrterbuch,dans E une forte non emphat ique

,dans A une

forte emphat ique et dans O une spi rante emphat ique dou ce.

O n comprenai t très bien au contrai re dans la première expressionde son système que, s i E avai t une art icu lation prépalatale, son

rés idu vocal ique fût également de t imbre palata l (osque ê , gr . et) ,qu ’

au contact du même E con sonne, la voyel le e mai n tînt sontimbre (indo— européen) intact :

*dheE *

dhê . Dem ême,s i la con

sonne A avai t la même art icu lation qu ’

un a pur, ne t i rant n i

su r e ni su r 0,on comprendrai t que son résidu vocal ique fût

un à dès l ’origine et que e indo—européen,lequel étai t encore

très ouvert,s

ouvrît à son contact et donnâ t comme résu l tat a,

so i t le processus eA nA à (à mo ins qu’

on n’

adm ît que

le t imbre anc ien de e lu i—même fût également a,ce qu i faci l i te

rai t encore l ’ intel l igence des fai ts) . Enfin,s i le phonèmeO avai t

,

ou tre son art icu lat ion laryngienne, une art i cu lation buccale lab io

véla i re,son résidu voca l ique étai t tou t naturel lemen t 6 (gr . 0)

et , au contac t de cet 0 ,la voyel le e se labial isa i t en 0 ouvert ,

so i t le p rocessu s 60 00 ô (plus fac i le à concevo i r enco resi le t imbre de e é tai t primitivemen t a) .

Ceci n ’

empêcherait nu l lemen t, on l’

a v u,les t ro is phonèmes E

,

A,O d ’être

,comme le d i t M . Mô ller

,des laryngales dans le

genre de cel les que possède le sémit ique. Un phonème peu t êtreen effet laryngal et bu ccal : c’est le cas des consonnes em pha _

t iques de l ’arabe,c ’est même celu i de tou tes nos sonores et de

tou tes nos voyel les (sauf le cas exceptionnel de voyel les sou rdes) .

1 . La nore de la page 1 9 du t irage a par t de l’

art ic le c i té de M. G . Millardet

(Inser tions de consonnes en suédois moder ne) a égalem ent i c i une grande im portance : 11y a des b lary ng iennes ou bronch iales , des h véla ires , des h pa latales , prépalatales ou a lvéola ires ou m êm e I l peut y avo ir pour cha

cune de ces la une var iété sonore à côté de la var iété sourde généralem ent plusrépandue. L

expér inæntation le montre. C ’

est la doc trine deM. M. Grammont .

IND0-EUROPÉEN ET SÉM IT IQUE 1 2 5

La natu re de A,E

, O, ne changeai t évidemmen t pas du fai t

qu ’ i l s étaien t amenés à fonctionner comme voyel les ; seu lement dans ce cas l ’articu lat ion palatale

,m oyenne ou vélai re

,

tendai t à se perdre dès l’

i ndo -eu ropéen comme el le s ’est en effet

perdue dès avant la séparation des d ialectes dans les combinaiE E E E E

>1< >1<sons yâ , 103 , rg, lg, ng, mg qu i son t devenues m d1ffe

remment*i , a, n, m, et ceci nécessai remen t , on l

a vu,pu isque

dans les deux dernières,tou te ouvertu re bucca le étan t su pprimée

,

i l ne resta i t qu ’

une sorte d’

b laryngienne dont la du réevenai t s ’a jou ter à cel le de la sonan te précédente.

Tou t ce qu i précède peu t parfai temen t être admis pour l’ indo

eu ropéen sans que l’

on so i t entraîné pou r cela à admet tre du

même coup l’ hy po thèse de la parenté du groupe indo-eu ropéen

avec le groupe sémit ique. C’

est en effet un s imp le coro l lai re

t i ré du l ivre de M . F . de Saussu re. Au res te,M . H i r t a lu i

même dédu i t quelques-unes de ces dern ières conséquences, saur

cel les de la conception consonan t ique de A, E , O . Mais s i l’on

va jusque- là,l ’hy po thèse à laquel le faisai t al lus ion Wil

manns en 1 897 (Deutsche Gramm . I Abthei lung , [2° éd i t ion],

pp . 2 1 8—2 1 9) est partout vérifiée,si bien , que a l’origine, le

sens des mots n’é ta i t su pporté que par les consonores . N on

pas que les mots fussen t un iquemen t , a j ou ta i t l ’au teur , compo

sés de consonnes cec i sera i t i n imaginable mai s en ce sens

que le sou ffle sonore que l’

on pouvai t percevo i r dans l’ interval le

des consonnes,étai t enco re à cette époque amo rphe et non

sign ificat if ; ce ne sera i t q u’

insensiblem ent que de cette voyel le

première indéterminée seraien t sort ies par évo lut ion quelques

voyel les caractéristiques et s ignificat ives au même t i tre que les

consonnes On ne sau rai t m ieux résumer les avantages de l’

hy

1 26 A . CUNY

pothèse de A,E

, O consonnes . Pour reprendre une expression

de M . L . Havet , l ’élégance mathémat ique et la s impl ic i té de

la théo r ie parlent hau temen t en sa faveu r . On a vu d ’

au tre part

que, pou r arr iver à ce résu l tat, i l n’

es t nu l lement n écessai re de

fai re vio lence à la phonét ique so i t h isto rique so i t expérimentale.

Mais i l fau t bien avouer auss i que si l’

on admet que l’ indo

européen ancien posséda i t a insi t ro is articu lat ions laryngales , i l ylà un fa i t que M . H . Mol ler peu t lég it imemen t invoquer à l ’appu ide sa thèse

Certains trai ts du consonant isme i ndo—eu ropéen concernant

le mode d’

articu lat ion des occ lus ives , pou rraient éga lement être

rappelés dans le même but et c’est ce qu i a été fai t dans lecompte rendu c i té plus hau t (Bullel in Soc . Ling ,

3 8 , pp . cccxciv

et cccxcv) pour le phénomène appel é lo i de Bartholomae

Un concou rs d ’

occ lus ives , l’

une sono re aspi rée,l ’au tre sourde

forte -bb t par exemple,devenant par assimi lat ion progrè s

s ive —bb dh d’

où —bdh a ins i indo— i ran ien ubdhd z d .

ubda rac ine u rebh t i sser sk . 1î r rza -vabbi so i t

indo -eu ropéen *ubh to

' peu t ê tre conçu comme ayan t sub i

l ’assim i lat ion progress ive de sourde for te (ou sourde douce) à

sonore forte, so i t dans la graph ie de M . Mül ler : —P t ou

-P d -P T (c’

est— à— di re —bh dh Dans le premierc as

,i l y a pro longat ion des vibrat ions glo tta les pendan t la du rée

de la sourde fo rte, cel le-c i ressemblan t à la première par tou tesles au tres qual i tés (sauf natu rel lemen t le po int d ’

art icu lation) .

Si au con trai re i l s ’

agi t (en préindo-eu ropéen) de sonorefor te

1 . Aux yeux de M. H . Mol ler ce n ’

est qu’

une des m o indres ra isons de lalég it im ité de son hypoth èse. Ma is ic i encore on a vou lu s

en ten ir à un po intde vue plus bas, heureux si l

on est su iv i jusque— là,ce qui serait dé j à pour lui

un sérieux avantage.

2 . Dans le déri vé ubdaêna fait d ’

étoffe t issée

128 A . CUNY

impossi b le s i l’

on t ien t compte de c as tels que arabe Eabak— a,

so i t sémit ique commun*DaH ak hébreu ,sâ haq dans lesquels la

sou rde fo rte à été transfo rmée en emphat ique sou s l ’ influence dela consonne ini t iale de la première svllabe. Ic i en effet les deux

consonnes impl iquées dans le processus d ’

ass imi lat ion ne pou

va ient veni r en contac t dans au cune fo rmeCe phénomène qu i s

est réal isé non dan s le sémit ique com

m un, ma is dans l ’évo lu t ion parti cu l iè re de certaines langues

du groupe, parai t au contrai re avo i r é té la règle en indoeu ropéen . O n connai t en effet la lo i reconnuepour les rac ines indoeuropéennes par M . F . de Saussu re et enseignée par M . Mei l let

(Introduction p . quand une rac ine commence on fin i t

par une aspirée sonore, el le ne peu t fin i r ou commencer que

par une au tre aspi rée sono re. Ainsi , on peu t avo i r une racine

ghebh ou une rac ine bheudh mai s on ne peu t avo i r n i *kebb n i

*

ghep n i*

peudb ni*bhent Evidemmen t , cette lo i , bien q ue

régissan t l ’ indo-eu ropéen commun,ne do i t pas ê tre primit ive,

car r ien,so i t en phonét ique géné rale

,so i t en phonétique expé

r imentale,

ne démont re l ’ impossib i l i té phys io logique des

séquences interd i tes d’

occ lusives . Tou t ce qu ’

on peu t d ire,c ’

est qu’

à cette époque le sen t iment phonétique de la langue yrépugnai t . L’état indo- eu ropéen que nous atteignons par la c o i n

paraison do i t donc reposer sur l ’assimilat ion constante de l’oc

c lusive sou rde à l’occ lu sive sonore aspi rée,

et,s i l’on tient

compte de la d irection de l ’assimilat ion dans la lo i dite de Bar

tholam ae (cel le— c i est progress ive’

et présente évidemment un

phénomène t rès ana logue) , on sera porté à cro i re qu ’ ic i encore

l ’assimi lat ion s’

est opérée dans le même sens , en un m o t que

l’

on do i t dans chaque cas parti r de formes tel les que**

ghep ou

“bheut 3

. Transcr ites dans le sy stème de M . Mül ler où p, t, k

1 . M. H . Mô ller n’

admet du reste pas ces expl ications .

2 . Comm e ayant précédé*

ghebh

3 . Comme ayant précédé*bheudh Le double astérisque ind ique qu

’ i l s’

ag itde formes préindoeuropéennes .

INDO—EUROPÉEN ET SÉM IT IQUE 1 29

dés ignent des sou rdes fortes , ces formes seront *K ep

*

Peuet

so i t une séquence sonore for te voyel le seu le ou accompagnée

de coefficient sonantique) sourde for te. I l y au rai t donc en

propagat ion à distance des vibrations glo tta les jusque pendant ladu rée de la seconde occlus ive, la voyel le (éven tuel lemen t lesvoyel les et la sonantey , eu, etc . ) const i tuant le champ naturel decette propagat ion ,

pu i sque les unes et les au tres étaien t essentiel

lement sonores

Depu i s les t ravaux de M . Grammon t sur la dissimilat ion ,

l ’ass im i lat ion et la m étathèse, on do i t admett re que ces phenomènes

,dans unemêm e langue (à une même époque et en deho rs

de circonstances part icu l i ères) , ne peuvent se produ i re que dans

le même sens . O r la sou rde forte peu t occuper par rappor t à lasonore forte une autre pos i tion

,el le peu t ê tre la première ; en un

m ot,pu isque l ’on

a fai t la su ppos i t ion **

ghep pou r*

ghebb on a

le dro i t et le devo i r de fai re la suppos i t ion inverse,c

es t—à— d ired ’

admet tre des racines q ui , primi t ivemen t , débu ta ient par une

sou rde forte pou r fin i r sur une sonore forte (sonore asp irée) .

Que se passai t-i l dans ce cas ? La di rection de l’

ass imi lat ion

nou s est donnée par la catégo rie précédente el le do i t ê tre pro

gressive et el le l ’es t en effet . U ne rac ine tel le que*

pegh n’

existe

pas en princ ipe en indo—eu ropéen,on n

a norma lement que

pck Comme dans le cas précédent, la seconde occlus ive a pris

le mode d ’

art icu lation de la première : el le est devenue sou rde.

On vo i t donc c lai remen t ce qu i s’

est passé le préindo—eu ropéen

conna issa i t auss i b ien des séquences de sourde sonore aspirée

que des séquences de sonore aspi rée sourde. L’ i ndo-européen

I . A cette époque les rac ines à coeffic ient sonantique comporta ient sansdoute encore deux voyelles (so it deux e) .

2 . En d’

autres termes, pour réa l iser la séquence prim itive **

g hep bhent

(“R ep i l fal la it suspendre les vibrat ions g lotta les dès le début du p et

du t aprés les avo ir pro longées jusque— là . I l éta i t plus fac i le de continuer à lefa ire

,et ce qu i y déterm ina it , c

est le fa it que la seconde consonne ne d ifiérait

de la prem i ère que par un léger détai l .

1 3 0 A . CUNY

proprement d i t n’

en possède plus par assimi lation les prem i eressont rentrées dans le ty pe

*bbendh. les secondes dans le type

Enfin , grâce à certa ines remarques particuheres de M . Grammont à p 10pos de la m étathèse

,i lest faci le de comprendre pou rquo i

les racines tel les que*steigh skâbb

*sperdh on speig .b échappent

à l ’ interd iction expl iquée plus hau t c ’est que st, sk, sp com

po rtent un souffle auss i bien que db, gb, bb ; la d ifférence, c’

es t

que dans st, sk, sp le souffle est sou rd et qu ’ i l précède l’occ lusive.

Au po in t de vue de la const i tu t ion des racines indo—eu ro

péennes, st, sk, sp ini tiaux équ iva lent complètement à des occlus ives s imples (remarque fai te par M . H . Mül ler entre au tres P .

11 . Br . Beiträge, III , p . 492 ,n . La preuve qu ’ i l s compo r

ra ient un souffle du fa i t de la sifflante, c’

est qu ’

en pâl i les groupessan skri ts st

,sk

,sp ont about i à (t)th, (b)bb, (p)ph, v . M . Gram

mon t La Métatèse en pâ li (Mélanges S . Lév i , p . 6 5 En une

certaine mesure donc st,sp, sk son t de simples équ iva lents dedb,

bb,dh et par conséquen t

*steigh est auss i l égi t ime que

*dheigh

Les tro i s interd ictions relat ives aux occlus ives en indo— eu ro

peen peuvent donc se résumer en une seu le formu le dans lecas

de deux occ lus ives l im itant le même é lémen t morpho logique et ne

différant que par le point d’

art icu lation,l ’ indo -eu ropéen n

adm et

ta i t (pou r les sono res s imples v . la no te 1) que deux sourdes ou

deux sonores aspirées,c ’est— à— d i re qu’ i l n ’

admettai t que des fortes,lesquel les deva ien t en ou tre ê t re identiques l ’une à l ’au t re par lemode d ’

art icu lat ion , tou tes deux sourdes ou tou tes deux sono res

C ’

es t là un état relat ivemen t récen t et i l reste des traces del etat ancien deig . par exemple dans le lat in dig — i tas , got . ta ik

s i7. lat . dic(37

us,etc .

,à côté du régu l ier deik. (skr . dec gr .

(ère) etc .,ou dans v . sl . pariti fai re at tent ion à côté

de*

pek*spek r . d ia l . pasa ti (au sens depro

uidê re), skr . pdçyati ,

lat . specia, etc . (V . Wa lde, La t. etym . Wôr terb. pp . 7 29

1 . Des neuf possi b i l ités abso lues de séquences d’

occlusives dans les rac ines

1 3 2 A . CUNY

to ta le ou partiel le des sy stèmes morpho logiques . Mais l’élar

g issem ent des racines q u i a en l ieu aussi bien en sémitiquequ ’

en indo— eu ropéen n’

a- t- i l pas en précisément dans la période

présém it ique et dans la période pré indo —européenne une valeur

morpho logique définie et ces é largissements ne sont-i ls même

pas quel quefo is identiques dans les deux groupes de langues

(V . Wôrterbuch,pp . XX I I -XXX I I I) ? Et ceci ne viendra i t— il pas

co rrobo rer,en faveu r de M . H . Mül ler

,le témo ignage du parfa i t

indo-européen que l’

au teu r ident ifie,peu t— être avec raison

,a

la part ie radicale de l’ im parfait sémitique Ma is ce sont l à desquest ions de morpho logie qu ’

on ne saurai t qu’

indiquer dans

une revue spécialement consacrée à la phonét ique ‘.

A. CUNY .

1 . Com parez par ex . le parfait indo—européen (“de-)droma , g r . 8é— ôpo;1— a

avec l ’ im parfa it arabe (y a)-dr um-u (m ême sens) . La seu le d ifférence ic i estqu

à sém it ique d correspondra it indo—européen t. En un mot,i l s ’

ag it desdeux côtés d ’

une rac ine’ à é larg issement -m qu i se présentait avec l’

alternanceprim iti ve D : d ( indo—européen d t) , c

est-à — d ire sonore douce a lternant avecsourde dance. Pour la va leur prim it i ve de ce qu

on appel le l’

im parfai t en sém i

m itique, v . le récent trava i l de M. H . Bauer, D ie Tempora in Sem i tischen (Beitr äg e z ur Assy r iolog ie und sem isticben Spraclnvissenschaft, VI I I , I [ 19 10] et lecom pte rendu qu

en a fa it M. M. Cohen dans le Bulletin de la Soc iété de L ing uisti que, n

°3 9 [ 19 1 1 ] pp . cxxxvj et su ivantes .

2 . C ’

est ce qu i a été esqu issé par M . H . Pedersen dans un artic le de laK ubn

s Zei tschr ift, t . XL , pp . 1 5 5- 1 5 6 (avant la publ ication du prem ier l ivre de

M. H . Mô ller [Sem i tisch und Indogermanz‘

sch] qu i est de Quelquesunes des idées développées p lus haut ont été expr im ées par M . H . Pedersendans un artic le dé jà c i té (IP,

1 . XX I I [ 1 907-1908J, p . 347 On a c i tél’

I ntroductio nde M. Mei l let d ’

après la seconde éd ition ,non d

après la tro isièm e qu i vient de paraitre. Sur aucun des po ints en question la doctrine deM. Mei l let n’

a varié .

UNE VARIATION MÉTRIQUË

INVERS ION DE L’

ACCEN T

Dans les so i-disan t vers iambiques des langues germaniques,

les sy l labes pa i res son t for tes, les sy l labes impai res sont fa ibles

1 . Th is pretty , puny ,weakly , l i ttle one.

TEN N YSON,Enocb Arden

I l arrive quelquefo is, su rtou t au commencemen t du vers, que

Cet o rdre est renversé

2 . Merri l y rang the bel ls and they werewed .

I b.

Au l ieu de la deuxœme sy l labe, c’

es t la’

prem i ere qu i reço i tl ’accent . Cette invers ion de l ’accent comme on l ’appel le

,

M . O tto Jespersen a cherché à l ’expl iquer, par des considérat ions

très ingén ieuses , mai s , à m on sens du mo ins, peu probantes (v .

Comptes rendus de la Société danoise des S ciences . 1 900 , pp . 487

A m es yeux , comme je scande tou s les vers en pieds comm en

çant par la fo rte. c’

est là une var ia tion combinée: le poète sup

prime une fa ib le,

la fai b le ini t iale ou anacruse, et en ajoute

une au premier p ied , afin de conserver le nombre de sy l labesrequ is par le mèt re. Comparez les vers su ivants :

(absen ce d’

anacruse)

Worse and worse shewi l l not com e ! O

S KAKESPEAR Ê,Tam . of theShrew,

1 3 (premier p ied tr issy llabique)

4 . The suni and ra inv seasons came and went .

Enoch Arden .

Revue dephonétique

1 34 PAUL VERR IER

1 3

Suddenly flash’

d on her a wi ld des ire.

TEN NYSON,Lancelot and Ela ine.

6 . Innocent lam bs ! they thought not any i ll,

SH ELLEY , The Cenci ,

La variat ion combinée des deux derniers vers ne détru i t pas

l’

isosy llabie, mai s el le n’

en varie pas mo i ns le mètre, et par un

effet t rès sensib le, qu i a souven t une évidente valeu r express ive.

M . Jespersen tend,au contra i re, à l

effacer , ou tou t au mo insà la d iminuer , afin de ramener le vers au schéma du mètre.

Tand i s que dans ce schéma,si nous représen tons les fo rtes par

a et les fa i b les par a , l’ in tens i t é cro î t et décro î t al ternativement

en sui vant la d irection ind iquée par les soufflets

a< o (a),

nous aurions tou t simplemen t dans les deux dern iers vers, et dans

les semblables,

(a)

su r d ix accro issements ou décro i ssemen ts,i l y en aurai t un de

renversé,le premier

,vo i là tou t .

D’

abo rd,M . Jespersen oub l ie deux choses .

I l raisonné comme s’

il y avai t tou jou rs a l ternance d ’

une forteavec une faib le dans les vers avec ou sans invers ion d’

accent

Ce n’

es t pas exact . Il peu t y avo i r partou t deux fai bles entre deuxfortes comme dans le vers 4 et dans celu i- ci (3

7 . So these were wed and merri ly rang the bel ls .

Enoch Arden .

M . Jespersen considère chaque vers à part . I l cache ains i une

part ie de l’ i rrégu larité . D’

un vers à l ’au t re, le phénomène est lemême qu

à l ’ in térieur d’

un vers,du su ivan t, par exemple

13 6 PAUL VERR IER

c ’

est la règle dans les pieds trissy llabiques o rd ina i res , la secondefai b le l ’empo rte un peu en intens i té sur la première. Nous en

trouvons la preuve, et M . Jespersen la connai t m ieux que personne, dan s les nombreuses syncopes de la prononciationfamil ière ou même sou tenue history bistr 1], every Caven

dish ["kænds , ha lfpenny difierent etc . On n

a

donc pas mais bien plu tôt qu i

tou tefo is , à cause de l’

imperceptibi lité de l’

avant— dern ier

donne l ’ impression de

L’

erreu r deM. Jespersen vient de ce qu ’ i l a pris pou r po in t dedépar t le cas exceptionnel

,except ionnel au mo ins en anglais

(v . Jespersen,l . e.

,p . 5 0 3 , no te) , où le vers comm ence par

une accentuation de la forme 4 3 I , 4 2 1 ou 3 2 1

I I . All-seeing heaven,what a world is th is ?

SH AK ESPEARE, R icb., 3 , I I , I , 82 .

1 2 . Grim —visagedwar hath smoothed h is wrink led face.

I b.,I,I, 9 .

Fau t-i l compter a ll— seeing ou g r im-visaged pou r un pied , ou pour

un p ied précédé d ’

une anacruse,ou pou r deux pieds ? Cela dépend

surtou t dela du rée des sy l labes , de la première en parti cu l ier (v .

m a Métr ique ang la ise, I , 3 3 4 S i l’

on a un pied précédé

d ’

uneanacruse,et d ’

uneanacrusep lu s i n tense que la fo rtesu ivante,l ’analy se de M . Jespersen est exacte

,mais seu lement dans ce cas

,

qu i reste en général assez dou teux (V . Partou t a i l leurs,

c ’est— à-d ire presque partou t , el le est inexacte.

Revenons à la variation combinée a° 1 3,etc . O n remarquera

que par la suppression d ’

une fai b le entre deux fo rtes,i l y a un

pied monosyllabique dans le corps du vers da rk ou à la findu précédent caves

o r where the secret caves,

Rugged and dark , wind ing among the Spring s

SH ELLEY , Alastor.

U N E VAR I AT ION MÉTR IQUE 1 37

Vo i là pou rquo i l’

i nvers ion de l ’accen t ne se rencontreguère qu

au commencement d ’

une section ry thmique, vers ou

hémist iche : la pau se fina le permet de p ro longer sans peine lafo rte précédente, de man ière à rempl ir , avec ou sans s i lence

,la

durée no rmale du pied le heur t des deux accents est au ssi

mo ins sens ible en ou tre, le premier p ied de la sect ion ry thmique,surtou t du vers, est en généra l un peu p lus long q ue les au t res ,et i l admet par su i te p lu s faci lement l ’addit ion d ’

une faib le v .

m a Métr ique ang la ise 1, 3 1 5 , 3 1 6, 2°et 3 20 Rem .

, 3 22 , 3 2 3 ,

et 3 z 4 ; Il , pp . 1 3 8 , no te 6 , et 1 3 9 , no te 1 III , 146 ,

186,

1 9 2 , 1 98 ,

Vo i là pou rquo i , en ou tre, l ’ i nvers ion de l ’accent ne se

produ i t presque j amais dans les vers trocha1ques c’

es t qu ’

en

parei l cas,dan s le p ied monosy l labique, dans celu i du vers su i

vant, par exemple pa le

14 . The pa le purpleSH ELLEY

,TO a Sky lark,

i l n ’

y a n i s i lence n i pau se d ’

aucune sorte i l est plu s d iffi ci le de

pro longer la sy l labe un ique de man ière à rempl i r un pied , sur

tou t le premier ; il y a rencon tre immédiate de deux accentu ées;le prem ier p i ed , q u i tend à être le plu s long , a une sy l labe de

mo ins que les au tres . Dans ce cas, t rès rare, nou s avons pourtan tune variat ion comb inée de même espèce que la précéden te, ma is

renversée add it ion d ’

uneanac ruses imple(a‘

) et suppression d’

une

faible au pied su ivan t L’

expl i cat ion de M . Jespersen devrai t

donc s’y appl iquer auss i . C’

es t imposs ib le. Nouvel lepreuve qu’

el le

est i nexacte.

Résumons . El le ne peu t s ’appl iquer aux i nversions d’

accent

du vers trochaïque n i même à cel les des vers iambiques

où la seconde forte n ’

est précédée que de deux sy l labes (9 et

El le dé tru i t l’ isochronism e, comme je l’

ai démontré (v . m a Mé

trique ang laise, III , $ 3 et comme on s’

en rendra compte en

1 3 8 PAUL VERR IER

comparan t entre eux les pieds que M . Jespersen attr ibueaux vers 2 , 6 et 8 , par exemple -ocent soul et fli t ted Enfin

,

et c ’est là un vice abso lument rédh i b ito i re, el le repose sur une

d ist inct ion erronée entre deux fai b les—au po in t de vue de l ’ in ten

s ité .

Pau l VERR IERChargé de cours à la Sorbonne.

140 H . PERN OT

t oa >rr rj7«z = rcavv1 7c ouve t’

o t upi l i nge dans lequel on cai l lele fromage -9 kandila .

t oa p: üy_1a tsarouks , sou l iers à la pou laine ka ruça .

t eam —Jp: (lat . secur is) hache kekurt os

'

7m poche kep .

.oiwa gou rde -9 kika .

Ces fo rmes,don t la plupart sont relat ivement récentes en grec

,

ind iquen t que le phénomène ne remonte pas à une date b ien

ancienne.

L’évo lu tion en est faci le à déterminer dans ses grandes l ignes,

si l’

on t ient compte de ce que, à l’

heu re actuel le encore,on

observe à Del phes des s qu i deviennent e,auss i b ien devant

voyel le postérieu re que devan t voyel le antérieure sa ea ,

so eo,su e u

,se ce

,si ei . Ce e se prononce t rès en avan t

dans la bouche. I l est dès lors probable que l’évo lu t ion a été

ts te tç le. Ce le lu i-même,tel qu ’

on m e l’

a émis,étai t

un lemou i l lé t rès avancé .

Hubert PERN 0T .

APPAREIL DU Dr STRUYCKENPO UR LA PH OTOGRAPH IE DES VIBRATION S SON ORES

Ce qu i fai t le caractè re propre de cet apparei l,c’est l ’emplo i

de deux membranes pour act ionner lemiro i r , qu i transmet leurs

osci l lat ions au rayon lumineux afi n de les agrandir et de les

photograph ier . Ce procédé n ’

est po i n t un caprice de constructeu r,

c ’est le résu l tat de longues recherches et de sérieu ses réflexions .

Si l’

on n’

a qu ’

une seu le membrane, le miro i r a beau ê tre trèspetit et très léger

,i l n ’

arr ive pas , pour les vi brat ions d’

une

ampl i tude p lu s pet i te que u, a tou rner au tou r de son axe,

mai s i l est pou ssé en avant et en arrière dans son pivo t qu i fo r

cément do i t donner un peu de jeu . Les deux membranes sup

priment cet i n convén ient , en forçant le miro i r à exécu ter son

mouvemen t au tou r de son axe. On pou rra s’

en rendre compted ’

après les fig . 1 et 2 .

La figu re 3 représente deux coupes du même apparei l .

A. Coupe hor izontale. Les v ib rat ions sonores son t recuei l l ies

par l’

entonno ir A (long . 10— 1 5 centim . larg . 4-

9 Les

deux membranes q et q’sont paral l èles et tendues d

une man ière

appropriée, au moyen de la vis 1) (coupe vert icale Deuxpeti tes t iges von t de cel les—ci à deux leviers du peti t m iroi r 0.

Celu i-ci reço i t le fa isceau lumineux fourn i par la lent i l le r et le

renvo ie presque dans la même d irection . Les vib rat ions des

membranes q 9’ cm . ) font osci l ler le pet i t miro i r 0

mm . ) et le rayon lumineux su i t cet te o sci l lat ion avec une

ampl itude agrandie 5 00 fo is s’

observe faci lemen t) . Ce

rayon tombe sur leprisme (fig . 2) et est pro jeté sur la bandede

papier sens ible 17 qu i est mise au po in t à l’

aide de la rouew. Sur la

coupe vert icale A'

, on peu t vo i r les extrémités du levier du

142 D' STRUYCKEN

peti t miro i r 0 où son t fixées à l’

a ide d’

un peu de so lu t ion de

caou tchou c les tiges r igides , qu i viennen t des membranes . La len

t i l le z D . ) pro jet te l’ image du po i n t lumineux L (pet i te

ouverture dans un d iaphragme écla i ré à l ’a ide d’

un hé l iostat)juste sur la bande sens ib leen réfractant deux fo i s les rayons lumi

neux . La roue W cont ient la bande sens ib le de 30 a 100 m . ;

Fig . ]

Fig . 1 . U ne seu le m em brane.

Déplacement du m i ro i r dans le p ivo t .

S i l ’am pl i tude A B devient de plus en plus peti te elle arr ivera à égaler ce déplacement

et le m i ro ir ne tournera plus .

F ig . 2 . M'

, M'

. Deux mem b ranes fa isant des excursions synch roniques , m a is con

tra i res .

A '

. M i ro i r tou rnant sur l ’axe v irtuel o'

Dans l ’apparei l , lem iro i r est fi xé à un pet it levier su ivant un ang le de afin qu i lpu isse refléter plus fac i lement le rayon lum ineux .

cel le- c i est enroulée sur la roueW et la pet i te rouew’entretient

par sa frict ion la tension nécessai re. Les roues ont le d iamètre de

3 3 cm . en so rte que chaque tou r fa i t un mètre de bande.

Pou r l ’enregist remen t du temps,on se sert du diapason d , de

1 000 v . d ., qu i est frappé légèrement par un peti t marteau ,

chaquetro is ième tour de roue. Les vibrat ions de ce d iapason sont réflé

ch ies avec un agrand issemen t de 3 00 fo is, à l’

a ide du pet i t m i ro i r

m’ maintenu à une des tiges du d iapason (avec du caou tchouc)tand is qu ’ i l reç o it l’ im pu ls ion de l

au tre t ige par un pet i t fi l d’

acier .

Le fai sceau lumineux venant du même po in t L ,est dévié par le

prismePde quelques cen timètres à côté et l’ imageest formée par la

144 D’STRU YCK BN

len ti l le (d’

une réfract ion p lus forte que e) à côté de la premièreimage sur la bande b.

De cetteman i è re on obt ien t sur une même bande les vibrations sono res d ’

une sou rce vou lueet , indépendante de cel les— ci,la

0,000 I :s.

0,000 I

1000

g g'

g2

g'

g'

v . d . 96 192 3 84 768 1 5 36 3072 6 144

FIG . 4 .

Abaque logarithm ique de correc tion1 ) pou r l’ intens i té physique .

2 ) pou r l ’ intens ité physiolog ique.

3) logar i thm ique des m inima perceptibles .

La l igne (1 ) donne les am p l itudes en m icr a d ’

une m em b rane dans le c as où les d iapasons g , g

l, etc .

, ont l ’am pl i tude de 1 00 }1 Cette l igne do it être constru ite pou r chaqueapparei l et pour une tens ion donnée. Ce n

est qu’

après la correct ion des valeurs desordonnées d

une courbe à l ’a ide de l ’abaque qu ’

on peu t arr iver à une com para ison avecl ’ana lyse fai te à l ’a ide de d iapasons ou de résonnateur s .

La l igne (2) m arque l ’am pl itudedes sons de d iapasons donnant l ’ impress ion de forteà notre orei l le.

marque du temps,de so rte que l

on n’

a pas a s’

inqu1eter des

variat ions de vi tesse de rotation .

Avant de pouvo i r u ti l iser les cou rbes ob tenues , on do it fa ire le

contrô le de l’apparei l . En variant la tension on peu t fai re appa

rai tre plu s ou mo in s les cou rbes de sons p lus ou mo in s é levés .

APPARE I L DU ' D ’ STRUYCKEN 14 5

On fai t la recherche d’

après la méthodesu ivan te

L’

entonno i r A est enlevé et remplacé par une p laque avec uneouvertu re de 1 cm2

. Devan t cet te ouvertu re on fa i t v ibrer des dia

pasons de hau teu rs diverses et l’

on marque l ’ampli tude du rayonlumineux au momen t où les diapasons ont une ampli tude ind i

quée (d isons de 1 0 La membrane peut a lors réagi r avec desampl i tudes d iverses par exemple pou r G (sol,) avec o mm . 1

,

pou r g 0 . 3 , pou r g 2 g 3 etc . On se fai t un abaquelogari thmique et à l ’aide de celu i- ci on peu t fai re la co rrec

t ion des résu l tats de l ’analy se mathémat ique et t rouver les

ampli tudes co rrespondan t aux vibrat ions de l ’ai r .

Avec les méthodes qu’

on a su ivies ju squ ’ i ci on n’

obt ient que

les ampl i tudes de la membrane, par exemple du phonographe, et

celu i—ci ayant un paraléllisme tant so i t peu physio logique et .non

phy s ique, ou do i t être très pruden t pou r en t i rer des conclus ions .

Les ampli tudes qu’

on trouve ne corresponden t que très peu aux

ampl i tudes des cou rbes aériennes .

Prenons , par exemple, un d iapason donnant comme son fon

dam ental G et comme harm on ique g, .

A l ’extrém ité de la branche nou s pouvons mesu rer l’

ampli

tude ; et nous t rouvon s pou r G 2 mm . ; pou r g 3 seu lemen t

0 mm . 020 . Cependan t le son g , est pou r no tre ouïe perçu

beaucoup plus for t que le sonfondamenta l . Faisons inscri re ce son

par le phonographe, nous au rons une cou rbe, qu i présenterapour

G une ampl i tude de 4pt et presque la m ême ampl itude pou r g 3 .

Alors on t i re la conclus ion que l’ in tensi té des deux sons a é té

la même et r ien n’

est plus f aux que cela .

Un son G,avec la même ampl itude que g,, est un pian issimo

des plus faib les, tandis que le son g , est un for l issimo. Si nous

faisons la correct ion avec notre abaque,nous pouvons retrouver

l ’ampl itude aérienne réel le et nous pouvons vo i r à l ’aide del’

abaque pour l’ intens i té phys io logique que, bien que l

ampl itude

de g, so i t de cent fo is plus pet i te que cel le de G, g 3 dominera

cependant sur not re ou ïe.

146 D' STRUYCKEN

Généralement on peu t d i re que, même après co rrect ion pou r

l ’ampl i tude aérienne réel le, les sons plus bas do ivent avo i r

une amplitude de 10 n/N p lus grande pour arr iver à la mêmein tens i té phys io logique (n et N étant le nombre des v ibrat ions) .

Au -dessus de c+cependan t la d ifférence est déj à mo ins considé

rable de sorte qu ’

on do i t fai re la correction à l ’a ide d ’

une l ignecourbe et qu ’ i l est à préférer de s ’

en ten i r à l ’ampl itude aérienne

( l’ intens i té physique) et d

être t rès pruden t quan t à la conc lus ion,

qu ’

un tel son est le fo rmant d ’

une voyel le, parce qu’

on

trouve dans l ’analyse d’

une cou rbe quelconque son ampli tude

préva lant su r les autres .

148 CH LUMSKŸ

A l ’a idedeces deux perfectionnemen ts, on peut tou jours donnerau saphi r la pos i t ion vou lue. I l va de so i que l

’ insta l lation do i t

se fa i re sur un s i l lon dro i t , sans vibrat ions .

Vue en dessou s . Vue en dessus .

F IG . 1 .

Enreg istreur phonograph ique, sy stèm e L ioret .

A . Saph i r t ranchant fixé sur la p laque v ib rante D . B . Saph i r mousse. fi xé sur

un ressort R .— K Bou ton à v is m ic rom étr ique (vue en dessous) , en comm un ication

avec le resso rt R , perm ettant de relever ou d’

aba isser le saph i r m ou sse et de rég lerains i la profondeur du s i l lon c reusé par le saph i r tranchant et enfin , d

em pêcher les tré

p i dat ions q u i se p rodu isent pour l ’enreg istreu r phonog raph ique ord ina i re. C . Cadran0 . Ouverturedu condu it en comm un icat ion avec la plaque v ibrante. L . Pièce servant

à sou lever la art ie antér ieu re qu i porte la plaque vibrante.— VV

'

éc rous de serrage.

T. Tenon e fixage.

REMARQUES SU R L’

APPAREIL LIORET 149

3° U n parleur a été i nstal l é su r une t ige placée à côté du cyl indre

pour fac i l i ter le cont rô le de l’

enregistrement . Comme on sa i t,

l ’apparei l Lioret cons t i tue en réal i té deux mach ines : un pho

nog raphe, système Lioret , avec un enregistreu r spécial fixe,dont

nous donnons i c i la figu re (PIG . 1 ) et un apparei l t ranscri pteu r .Cette méthode permet donc d

éco u ter ce que l’

on a enregistré .

On le fa isai t primit ivemen t en tenant à la main le reproducteu r

phonograph ique ou bien l’ on étai t obl igé d ’

at tendre que la t ranscr iption fût terminée et d ’

examiner après . Avec le nouveau par

leur on peu t immédiatemen t se rendre compte de la qua l i té de l’enreg istrem ent .

4° Les deux pou l ies qu i porten t la bande de papier no i rc i

étaient originai remen t en bo is et par cela exposées à l ’ influencede l ’humidité . S i cet te act ion su r la pou l ie é lo ignée du levier

peu t être indifféren te,el le ne l ’est pas pou r cel le qu i se trouve

le plus proche de la p lume. Le mo indre changement produ i t par

l ’humidité su r la su rface de la pou l iemodifie les degrés de contact

de la p lume et du papier no i rci, augmente la fri ction de la

po inte et peu t a l térer a i ns i la fidél i té de la transcript ion de la

cou rbe phonograph ique. Pou r ces ra isons‘

la pou l ie en question

a été remplacée par un cy lindre b ien ca l ibré , en a lumin ium . Le

con tact est dès lors plus faci le à régler , on peu t le rendre t rès

léger et donner au tracé la finesse nécéssaire.

Un au t re réglage, non mo ins impo rtant que celu i de la plume,est celu i de la bande de papier

,portée su r deux pou l ies . Il ne

fau t pas la isser le papier toucher à l’

un des bo rds du cy l indre, car

i l se p rodu i rai t un l éger fro t tement qu i rendra i t i rrégu l iè re la

marche du papier et nu i ra i t à la précis ion dans les mesu res delongueu r et de hau teu r mus ica le.

La bonne posi t ion,au mil ieu du cy l i ndre métal l ique, s

obt ient

par une tro is ième pou l ie, p lacée à la base du bât i et reposant su rla part ie inférieu re de la bande de papier : el le donne a cette

dernière une tension un iforme et lamaintient comme i l convientRevue dephonétique.

10

Vue de côté . Vue de face.

F lo . 2 .

Levier double de l ’apparei l L io ret .

VX . Vi s à pointes perm ettant d’

inc l iner le g rand b ras du second levier s im plecette art icu lation n

ex i ste pas su r le m odéle‘

exam iné .

1 5 2 CH LUMSKŸ

à ret rouver le fond du s i l lon . Po ur arriver au même résu l ta t,à

l ’action du po id s est subs tituée cel le d’

u n ressort fixé par derri ère

su r la p lat ine. Ce ressort, vis ib le auss i su r la figu re, exerce u ne

press ion su r le pet i t bras et ma intient a ins i le saph i r en contact avecle fond du s i l lon .

Plus s imple est le grand bras L du même levier . I l es t fo rmé

d ’

une tige dro ite terminée par une fou rcheG,dans laquel le entre

commodémen t la po inte O du pet it bras du second levier s impleOBL’

. Pou r rédu i re le fro ttemen t au minim um,M . Lio ret fa i t

agir seu lement un côté de la fou rche, le côté dro i t , et assu re le

contac t cont inu de ce côté avec le peti t b ras par un spira l S,

attaché sur l’

axe B du po int d’

appu i du second levier .

Ce dernier est une s imple tige t rès l égère, en méta l- l i ege,

commedu reste le levier tou t ent ier el le se term ineen une po inte

tou rnée vers le papier no i rc i afin d ’y transcri re les cou rbes pho

nographiques . Su r la fig ure, ce lev ier est plus compl iqué ; i l cons

titue un nouveau modèle que le constructeu r trouve mei l leu r ;ce modè le a également é té acqu is p ar le Labo rato i re du Co l lège

de France,mais le temps m ’

a manqué pour l’exam iner . Pou r

donner la plus grande sens ib i l ité au second levier,son po int

d ’

appu i a un axe empierré à pivots t rès fins,osci l lant dans des

t rous de rub is .

Vo i c i maintenant comment fonct ionne cet apparei l . Suppo sons

que pendan t la marche du cy l indre un rel ief, c’

est— à -d ire un po int

supérieu r du s i l lon , passe sous le saph i r . Alo rs,ce rel ief

,grâce à

son épaisseu r pousse en arrière le saph i r et par l à au ss i le pet i t

b ras du premier levier et avance le grand . Ce dern ier, par le côté

dro i t de la fou rche, exerceune press ion su r le pet i t bras du second

levier et lu i commun ique son mouvement . Par contre,s i le

mouvement est inverse, correspondant à l’

arrivée,non pas d

un

rel ief,mais d’

un creux et à la pénétration du saph i r dans un

po in t plus profond du s i l lon,la fou rche va en arrière

,cesse

d ’

exercer sa press ion ,et el le abandonnera i t le pet i t bras du second

REMARQUES SU R L’

APPAREIL L IORET 1 5 3

levier , s i le sp i ral nevenai t en a ide en poussant vers le côté dro i t

de la fou rche et en fo rçant a ins i le second levier à reprodu i re auss i

la seconde part ie du mouvemen t du saph i r et à donner par con

sequen t la cou rbe complète. C’

est donc une idée ingén ieuse

que cel le d’

employer un spira l pou r assu rer le fonct ionnement

du levier et pour d im inuer u n frot tement perni c ieux à certainsdéta i ls dél icats de la cou rbe. Tou tefo i s une ob jection est possi b le.

Le spiral agissant dans un seu l sens do i t opposer une rés i stance

au mouvemen t inverse qu i co rrespond à la marche en arrière

du saph i r , cau sée par une é lévat ion du s i l lon . je ne vo is à celaau cun danger . La résistance est min im e eu égard à la force exer

cée su r le saph i r par chaque rel ief de la courbe, force qu i do i t

faci lement contrebalancer et la résistance du spira l et cel le dupo ids du second levier . Du res te on peu t en j uger au ss i un peu

d ’

après les détai ls du t racé . Malgré le pet i t agrandissement du levier

examiné,on obt ient des vibrations des consonnes p

,t , k , et S

qu i pou rraient d iffi ci lemen t se reprodu i re,s i la rés istance du

spira l se fa isa i t sent i r . Ces vibrat ions, b ien entendu,sont l is ib les

à la lou pe. Pou r les rendre plu s d istinctes,i l fau t recou rir à un

agrandissement p lu s cons idérable, comme celu i dont se sert M .

Bogoroditz k i de l’

Univers ité de Kazan son levier agrandi t 3 00

fo is .

Sur les apparei ls de MM . Hermann et Scripture,le saph i r

retrouve le fond du si l lon par son propre po ids . Pou r l ’apparei l

Lio ret,c ’est la pression exercée par le resso rt et mai ntenue par la

v is du support q u i condu i t à ce résu l tat . I l fau t seu lement recher

cher quel le press ion convient le mieux,ou en d ’

au tres termes ,quel le est la mei l leu re posi tion du levier et de la plume. M . L io

ret di t que c’

est la pos i t ion vert icale. Pou r contrôler ces ind ica

t ions . j’

a i enregistré unephrase avec son enregistreu r spécia l (fig . 1 )après avo i r natu rel lement rabo t é le cy l indre de cire afin de le

rendre parfai tement rond et d ’

obten i r,comme transcription

,un

tracé le plu s dro i t poss ib le. J’

ai ensu i te transcri t 1 9 fo is un m ot

1 5 4 CH LUMSK Ÿ

(nain) de la phrase enregistrée, en augmentant sy stématiquemen t

la press ion au moyen de la v is et en donnant a ins i su ccessivemen t

au levier d ifférentes pos it ions,depu is la plus incl inée

,exprimée

par 1 8 mm . de la réglette,jusqu ’à la dro i te vert i cale qu i est à 7

mm . Pu is j’

ai dépassé la verti cale et j’

ai examiné les au tres pos i

t ions,en donnant à la p lume une l égère incl inat ion dans le sens

opposé . O n au ra une idée de la du rée du travai l,s i j ’a j ou te que

chaque transcript ion de ce même m ot a exigé en moyenne une

heu re,non compris le réglage de l ’apparei l et les au tres travaux

nécessai res .

La transcription terminée, j

ai cho is i t ro is vibrat ions correspon

dantes su r chaque t racé,deux pet ites

,pou r savo i r comment la

plume rendai t les vibrations min imes, et une grande,pou r

savo i r ce qu i se passa i t dans les mouvements plus cons idérables .

Enfin j’

ai m esuré le chemin parcou ru par la plume,en prenant

,

pou r chaque dent etc .) de la vibrat ion composée,deux

o rdonnées qu i donnent la hau teu r de la den t , l’

une par rappor t à

son commencement,l ’au tre par rappo rt à sa fin (v . la fig . des

Pr incipes , p . et j’

ai obtenu les chiffres réunis (page

qu i représentent des d ixièmes de mm .,les fract ions indiquant un

nombre mo ins précis .

Ces chiffres permet tent les conclus ions su ivantes

1° Pou r les tracés pris entre 18 et 10 mm .

,les o rdonnées sont

les plus petites, pu isque la press ion a été au ss i la plus pet ite : le

saphi r ne tou chai t pas suffi sament le fond du si l lon . L’

insuffisance

de la press ion se vo i t du reste à la forme des tracés qu i sontt remblés

,su rtou t les premiers, preuve que le saphi r ava i t trop de

jeu . Ce tremblement d iminue à mesu reque la pression augmente.

2° Pour les pos it ions entre 9 et 4 , les ordonnées atteignent

leu r maximum et , ce qu i est non mo ins importan t , el les gardent la

même grandeu r ; pou r les pet ites vibrat ions l’

accord va plus lo in

encore, ju squ’à zéro . Les quelques d ifférences qu ’

on y rencontre

sont min imes el les ne dépassent pas un demi—dix ième de mm .

1 5 6 CH LUMSK Ÿ

et s ’expl iquen t par la résistance de l a fumée. Dans tous ces cas,

l e dessin est net,sans aucun tremblement, l e saph i r s

appliquait

bien à la base du si l lon .

3° Pour les posi t ions su ivan tes , après quatre pour les grandes ,

aprés zéro pour les peti tes , l es ordonnées d iminuen t . Mais cen ’est qu ’après le zéro que la courbe s ’

altère.

Donc la mei l leure pos ition du levier est aux environs de laverticale , entre 9 et 4 mm .

,espace largement suffi sant pour le j eu

du levier .

Ces ch iffres montrent en même temps que la marche len te du

cyl indre n’

abîme pas le s i l lon,fa i t don t j ’ai pu me rendre compte

en faisan t u l térieurement une nouvel le transcription,l a et en

obtenan t la même forme du tracé e t les mêmes quanti tés pour lesordonnées .

A côté des expériences,où j ’a i v ari é la position du saph ir et

du levier et où j ’a i mesuré seulement quelques vibrations corres

pondantes , d’autres ont été fa i tes où la bonne posi tion a été con

servée pour deux transcriptions successives du même mot e t oùtoutes les vibration s ont été mesurées . Les ch iffres montren t que

l ’accord est parfai t,s i l ’on a pris so in d’

enfumer régul ièremen t l e

pap ier et de fa i re appuyer la plume d ’une façon égale,chose

faci le avec un cyl indre métal l ique b i en cal i bré,et s i de plus le

pap ie r lu i-même est b ien g lacé .

Cette dern ière comparaison parle donc auss i en faveur de l ’apparei l

,aussi b ien que la finesse des tracés et la richesse des détai ls

attribuable,à mon avis

,au con tact du saph i r e t du fond du si l lon

,

touj ours assuré par la pression qu i remplace fort avantageusemen t

le poids et , en second l ieu , grâceà ce fa it que l’on n ’a pas besoin

de touc her au cyl indre phonograph ique depuis le commencemen t

de l ’enregistrement j usqu ’à l a fin de la transcri ption et que l’on

ne déforme n i le cyli ndre n i le tracé ; voir l a Revue, tome I , p . 68 .

La press ion offre encore une autre ut i l i té la marche du lev1er

est moins sens ib le au bruit de la rue que par exemple pour l ’appa

REMARQUES SU R L’

APPARE1L L IORET 1 5 7

rei l de M . Scripture employé au Laboratoire . En outre , avec unman iemen t faci le , onfa i t des expériences peu coûteuses e t par

lantes aux yeux . Ce son t là ce rtes des avantages qu i ne son t

pas à méprise r .

Toutefois,s i la tran scription dans le no i r de fumée a ses beaux

côtés,el le a auss i ses i n convén ien ts : l a rés istance de la fumée

,

qui doi t occasionn er une certa in e perte, du reste inévitabl e pou rtous l es appare i ls s imi la i res . Pou r évi ter cette perte i l faut recouri r à l a photograph ie . Des expérien ces de ce gen re

,avec l e

même appare i l L ioret,on t é té commencées au Laborato ire du

Col lège de France . E l l es permettron t de j uger de la perte en question et de compléte r l e con trôle . On pourra pousser plus lo in e tcomparer l es résu l tats avec les mesu res d i rectes qu ’on ob tien t avec

l ’apparei l Boeke. Cependan t, même san s la photograph ie, te lquel

,l ’apparei l L io ret es t un bon out i l d e plus pour l

’ étude de

la durée,de l a h auteu r musica le , pour la compara ison en gros

des in ten s i tés e t des t imbres . Un exempl e de l a faç on don t i lpeu t êt re u t i l isé sera donné dans le prochain fascicu le de la Revue

de phonétique.

N . B . M . Lioret se propose de constru ire un lev ier renversé,pour d iminuer l ’ac tion du poids du levier e t pour en augmente r

la sen sib i l i té,en outre d ’a j outer au centre de rotation B’ un

peti t cadran faci l itan t l ’examen de l ’ in cl inaison du saph i r par

rapport au si l lon .

CH LUMSK Ÿ .

Téléphoneécr ivant.

Sur les ind icat ion s de M . Rousse lot , M . Lioret a construi t un

téléphone écrivan t . La Revue en donnera l a description quand

les expériences qu i se poursu ivent avec cet appare i l dans l e labo

rato ire de Phonét ique du Col lège de France seron t term inées .

1 5 8 CH LUMSK Ÿ

Apparei l deM . Li]chit< .

Nous signa lons simp lemen t l’art ic le publ i e su r cet appare i l

dans le j ourna l dePhysique, I 9 I I , qu i com p lè te l es ind icat ionsdonnées dans le premier fascicul e de la Revue de Phonétique,

r9 r r , p . 77 .

Le recue i l de M . Tigerstedt, H andbuch der physiolog ischenMethodik , où a paru la Phonétique de M . Poirot

,a publ ié auss i

un trava i l i n téressan t de M . O . Frank Kymog raphien, Sehrez‘

bhe

bel, Reg istr ierspiegel , Pr inz ip ien der Reg istr ierung ,

travai l qu i m ériterait un art ic le spéc ia l .

Jos . CH LUMSKŸ .

1 60 L ’ABB I—î ROU SSELOT

Nature l lement le s Fran ç ais on t conservé dans les mots em pruntés l ’orthographe latine

,et se son t app l iqués à y conformer leur

prononc iation . I ls n ’on t pas tou j ours réu ss i,so i t qu ’une sonore

lat ine a it été sentie comme une sourde,ou inversement une

sourde comme une sonore . Nous rencontrons,en effet

,dans les

documents d ’arch ives qu i échappen t l e p lus à la tradi t ion

orthograph ique des mots comme ceux—c i

obtenir ( 128 3 , Dép . de l’Aube) , apsance ( 1 3 08 , Loiret) , dans

Godefroy . Au XVIe s iècle

,Baïf écri t opw

roant ; Be lon souber‘on

names ; Le Pless is : soubçonner (God ) ; Rob . Est ienne soubson

(Thuro t) . Au XVI Ic s ièc le

,R ichelet mentionne so ubçon ,

et le con

damne .

Le premier qu i a i t formulé une 0pin ion générale sur la prononc iation de ces groupes est Frem ond d

Ablancou rt

Comparan t d ’un côté subti l,

observer,et de l

’autre soupçon,

capr ioler , i l d it qu’ on p rononce presque les uns comme s’ i l y

avait un p,et les autres connu e l e b (Thuro t, II , p .

L ’abbé de Dangeau ( 1 694) étab l i t l a rég le Q uand on aura ,d it— i l

,à prononcer deus de ces confor mes (b p, 7) f, d t, g h, s

,

i eh) l’

une auprès de l’au tre, fans diftance, qu ’ i l y en aura une

foib le l ’autre forte,cèl e qu i fera la dern ière anportera l a pré

miere . Et i l donne comme exemple scr ibo, Puis i l

a j oute Un G qu i devien t K,un B qu i devien t P

,ne change

poin t de nature,i l a l a prononc iac ion qu

’ i l do i t avoi r,

qu ’ i l

n e peut pas s ’

anpécher d’avoir quand i l eft devan t une letre forte

come le T On a beau y (dans observare, obtenir) écrire un Bdevan t l’S devan t le T

,l a bouche ne fauro it l es p ronon cer,

on l i ra tou j ours optenir , opserva re avec un P (2° disc . qu i tra ite

des cons . , p . 1 2,1 3 , H ardu in ( 17 5 7) et Bou lliette ( 1 760)

reprodu isen t la règle de Dangeau et Cherrier ( 1760) fait remar

quer que p lusieurs fon t prononcer apstra it, optenir , cab verd

(Thurot , II ,Pour Boulliette

,i l n ’

y a pas non plus de mi l ieu en tre l a douce

LA PRONONC IAT ION FRANÇA ISE 1 6 1

et la forte fi des deux Syl labes de ce mot,cheva l

,j e n ’ en

veux fa i re qu’

une,

que j e veu i l le p rononcer la Conform e fortech

,i l faudra néceffai rem ent que j e change l e v qu i fu ir, en f, qu i

eft l a conform e forte qu i répond au v , que j e prononce ch'fa l .S i au contra ire c

eft la Confo rm e foibl e v que j e veux faireen tendre , i l faudra a lors que j e change l e ch qu i précède, en qu i

eft l a Confor me foib le qu i lu i répond ; que j e prononce i’

va l .

La raifon de ce changemen t eft fenfible. Pu isque de deux Sy ll abes on n ’ en fai t qu ’une i l n ’y a p lus qu ’une feule im pu lfron ou

ém iffi on de voix . Or i l eft im poffible de pouffer la voix fortement et fo iblem ent dans l e même inftant (Sons de la LangF r .

,p .

Avan t Li ttré,l es auteurs de d ict ionna ires se son t désintéressés

de la question Féraud, Roland , Napoléon Landais font pronou

cer ab- ce‘. Littré ne se sépare pas de ses devancie rs pour ab—së,

ab-si -s’

(abc isse) . Ma is quand i l rencon tre abscisse,i l se ravi se e t

songe à la prononciation rée l l e Ce mot est figuré par a— bsi

s’

, ou su ivan t la prononciat ion réel le a -

psi-s

’ de même pourabsent

,abside, absinthe. Avec le temps

,cet te coupe de syl labes a

fi n i sans doute par le choquer e t à bon droit alors i l représen te

absolu par ab-so- lu,ou

,su ivan t la prononcia ti on rée l le

, ap—so

lu I l marque sa préférence pour l a prononciation réel le à

propos d’

absolutisme a -bsa-lu- ti —sme,ou p lutôt ap-

so—1u-ti—sm’

et i l cont inue ainsi,mais non sans quelques d istraction s . I l con serve

le b devan t deux ou trois consonnes (ab—stê—m’

,ab-ste—nir

,ab

stm —hsian,

arrivé à obscène, i l reprend la forme t rad it ionnel l equ ’ i l conserve jusqu ’à l a fin ob-sê—n

,ob- skur

, ob- se

'—de

'

,ob- te-nir ,

sub-sé—kan,sub-ti l

,etc .

Le Dictionna ire Généra l a trouvé sa règle en cours de route .

Après avoir donné la pronon ciat ion ab’—sé (abcès), i l éc ri t rŸp

’— si

( yon (abcis ion) , puis [’

ib’-ste

nz’ Désormais pour lu i , l a

loi est ains i fixée b sourde p, b s sourde b.

M . Passy (D ict. pbon . de la 1. fr .) ne connaî t pas cette

1 62 L ’ABBE ROU SSELOT

d ist inction : sa règ le est b ien sim p l e b sourde se prononce

touj ours p .

M. Koschvvitz dans ses Pa r lers Pa r isiens entend de même

touj ours une sourde dans les mots où le contact des consonnes

est ancien,et figure avec des p l a prononciat ion de absolument

,

ab.ridia l, abside, absinthe, abstra ction ,observa teur , obstiné , obtint

,

subti l,obscur . Aucun de ses lecteu rs n

’ a impressionné au trement

son orei l le .Mais dans les groupes e t les mots où les consonnes sontmises en contact par simp le rapp rochement ou par l a chute d ’

un

emuet , i l hés i te j e t rouve tsu et dsu (dessous) , dpz‘

bi,dtpiùi , tpi ùi

(depu is), t soet dso(de son) , dt sa (de sa) , dunee t tkote'

(decôté) ,mais

le p lus souven t t,rôrvô (Roncevaux) , omnibur da (omn ibus de) ,

afar de(en face des) , tels mare e t tùsr ma re (tous marchen t) , etc .

Plus ieurs des notations mul t iples dt, 5 { se rapporten t à unelecture que j ’ai fa ite à loisi r pendan t l es vacances à Greifswa ld .

M . Gaston Paris , de son côté , avai t lu devan t M . Koschwi tz

un morceau de ses Par lers de France La transcr i pt i on qui

fut faite de certa in s g roupes lu i dép lu t . I l p rotesta con tre les graph ies du par le t par i du parle r de Pa ri s lepar le t s

aha”

a l e

parler de chacun â faç en face des national ités Ma i sM . Koschwi tz l es main t in t dans sa première édit ion p . 43 , l .

2 1 ; p . 47 , l . 1 2 ; p . 4 1 l . 3 . I l n e voyait dans ce désaccord

e ntre le sen timent du su j e t observé e t l ’ impression audi t ive del ’observateur qu ’un de ces cas d ’ assimi lat ion s inconscien tes

qu i se fon t fréquemmen t dans la bouche de chaque lecteur sans

qu ’ i l s’

en aperç oive, mais qui d isparaissen t, dès qu’ i l y fai t atten

tion , dès que d’

inconsc ien t i l devien t consc ient Et i l a j outait

pour sa j usti fi cation j’aura is péché con tre mes principes de

t ran scrip t ion si j ’avais noté autre chose que ce que j’

entendais etM . G . Paris aura it tort de n e pas protester contre une notat ionqu i n e s

accorde pas avec ce qu ’ i l sai t p rop re à lu i (p .

Néanmoins dans sa seconde édit ion,M . Koschwi tz corr igeafas, d

hote e t dueeahaê par déférence pour M . G . Paris,mais

,me di t—i l

,

san s ê tre convaincu e t i l supprima sa note .

L ’ABBE ROU SSELOT

-1 Z

PIG . 1 6 .

Consonne entre deux voyelles

(exp los ive)N ez . B . Bouche (peti ts tam bou rs) .

— L . Lèv res (tambour de de d iam ètre) .

Les l ignes po in ti l lées v ert ica les étab l i ssent le synch ron ism e les hor izon ta les , l’am p l itude du m ouvem ent ar t icu lato i re. tem ps de l ’ im plos ion e tem ps de l ’exp lo s ion .

LA PRONON CIAT ION FRAN Ç AISE 1 65

de la consonne, mars auss i des voyelles cont iguë s ou d’autres

causes, sans que l’

orei l l e en so i t sensiblement affectée .Cette

remarque étai t nécessa ire pour nous épargner plus tard des erreursd ’ interprétat ion

En y regardan t de près , on voit que la montée de la courbe

Ag rt

Pro . 1 7 .

Consonne entre deux voyelles(exp losive)

1 . aba . 2 . apn.

Même d isposition que fi g . 1 6 ._

Pour le tambou r de 2 5 de d iamètre, l 'arc et m arque lad irection que prend le dép lacement du lev ier : on en aurait beso in pour étab l ir le syn

ch ronisme exact entre les l ignes N , B et L .

1 . Toutes les mesures sont prises sur les tracés or ig inaux . Les figures sont

agrandies suivant la propo rtion sauf ind ication contraire.

Revue dephonétique.

166 L’

ABBÊ'

ROU SSELO‘

I‘

PIG . 18 .

Consonne im plosive

(entre voyel les)ab o[w]

N ez . B . Bouche. L . Langue (m êmes tam bou rs que fi g .

Le comm encement de la I"

voyel le et la fin de la seconde ont été retranchés . I l enest de m ême dans la p lupart des figures q u i su ivent .

Ag r‘

PIG . 19 .

Consonne im plosiv‘

e

(entre voyel les)ah o[vo] deux foi s, à Beau[veau]

Tracé du souffle (N ) nasa l , (B) bucca l . A cette v i tesse, les v ibrat ions nasa les ne sontpas tou jou rs sens ib les .

1 68 L ABBÉ ROU SSELOT

I l est un au tre caractère , d’une portée généra l e aussi , qu i dis

t ingue les implosives des explosives c ’est la force d ’art iculation.

Toute implosive est faibl e par rapport à l’explosive. Ainsi

PIG . 2 1 .

Consonne im plosive(devant une consonne)I o absa . 2 0 ap5 a .

Mêm es tam bours que fig. 1 7 .

(fig . 1 7 et 2 1 ) les tracés de aba,apa comparés a ceux de

absa , apsa , pris à la su ite les uns des autres et avec le même disposi tif, montrent bien l

affaiblissement articu latoi re des deux der

n iers . On fera une constatation identique en rapprochant ab ovo

(fig . abdornen (fig . ablégat ( l i re ah—leÇç a t) de ablette

(fig . abr i (fig .

LA PRONONC IAT ION FRANÇAISE 1 69

Cet affa ibl issement de l’

effort art icu latoi re,comme on l ’a vu

par la compara ison de apa et de apsa , rapproche la forte implo

P10 . 22 .

Consonne implosive ( 1) et explosive (2)(devant une consonne)

a bleÏg a able[tle]Même d ispos ition que fi g . 1 6 .

Ic i able'

g at a m êm e été p rononcé à m on insu avec un b sp i rant : faib le rapprochem ent

des lèv res et sortie de l ’a ir par la bouche.

PIG . 2 3 .

Consonne explosive

(devant une consonne)abr i .

Même d ispos i tion que fi g . 1 6 .

sive de la douce explosive.Ai ns i s’ expl ique que des fortes pu issent

paraî tre douces à l ’ore i l le,et soupçon sonner comme soubçon.

L’

intercalation d ’une tro is ième consonne dans le groupe ne

peut qu’

affaiblir encore l’articu lat ion de l a première, ains i que

nous le verrons plus loin . D ’autre part,le caractère de l a douce

1 70 L’ABBE ROU SSELOT

ne peut qu ’en être renforcé ; et l’on comprend que le b se fasse

mieux senti r dans abstm ir que dans abcès .

Dans une prononciat ion so ignée , l a douce et la forte resten t oupeuven t tou j ours rester d ist inctes . C ’est ainsi que dans ma pronou

FIG . 24 .

Douce et forte devant une forte.

1 . abcès. 2 apcès.

Même d ispos ition q ue fi g . 1 6 . Remarquer l ’exp los ion du p et l’

s dans apcès p lusv i sib les que dans abcès .

c iation abcès et *apcês son t touj ours reconnaissables (fig .

Mais, comme un mot artifi cie l n e permet peut-être pas de mesurer assez b ien l’effort , j

’a i chois i des composés qui ont un sens

pour moi et qu i présen tent l ’al ternance de la douce et de la forte .

J ’ai donc enregistré : (fig . 2 5 ) abdä (Abdon , nom propre) et ap -dô

(happe donc) (fig . abs_

é (abcès) et apce'

(happe et (fig .

absta apstâ (happe ce taon), obskuet opsku (hop ! ce Or toutes les fois

,la forte s’est effec

tivement trouvée due à une pression articu latoire plus grande .

1 72 L’

ABBÉ ROU SSELOT

entre 20 et 2 3 , moyenne 22 . E l le peut descendre pour b à

pour p à et monter pour b à 18 , pour p a J ’ai

une' confirmation de ce p artage dan s une première expérience où

la p lume,bien réglée pour un b de pression moyenne , qui tta it

l e cyl indre pour une pression plus grande aucun p n ’a fourn i

une courbe semblable à cel le du b l e plus énergique. I l est à remar

FIG . 26

Douce et forte devant une forte.

I .

quer que la fréquence de la répéti t ion accroissai t l’effort , car les

ch iffres les plus é levés ,se? trouvent en fin de série . Les expériences

avec le palai s art ificiel sont concordantes .

Nous sommes donc en droi t de conclure que la douce vou luene se confond pas avec la forte voulue et que , dans l

arti

culat ion,e l le se distingue tou j ours de cel le- ci par une pression

organique moins grande . Quan t à la forte s uivie d’une au tre

LA PRONONCIAT ION FRAN ÇA ISE I 7S

1 74 L’

ABBÈ ROU SSELOT

consonne,les figures 1 7 et 2 1 nous ont dé j à permis de d ire qu

’e l le

égale la douce devan t voyel le . La courbe de apsa a,en effet, exac

temen t la même ampl i tude que cel le de aba . De son côté,l a douce

dans la même posi t ion tend vers la spi ran te .

Voyons maintenant ce qu i se passe du côté du la rynx . Nousavons pour nous ren seigner l e t racé du larynx lu i-même ou ,ce qu i revien t au même

,ce lu i du nez ; ce lu i de l a bouche , qui

nous indique le momen t préc is de l’occ lus ion complète ; enfin

ce lu i du mouvement a rt icu lato i re .

1

PIG . 28 .

Arti culat ion du t et du d .

1 . jœ t pa r t (je te pa r ie) . 2 . jæ d pa r i (jeu de Pari s) .

Revenons à l a figure 1 6 . Les deux tracés apa e t opo nous per

mettent de suivre in stan t par instan t,vibration par vibration

,l e

passage de l a voyel le (a ou a) à l a consonne Considérons

les voyel les au moment où el les doiven t être le plus parfa i tes,au

mi l ieu de la tenue (en) , avan t que les lèvres aien t commencé leu r

mouvement de fermeture pour le p . L’accord des trois l ignes

(nez , bouche et l èvres) est complet . Nous n’ avons en N et en L

qu ’une période qui parai t simple ; mais B i nd ique la complex itédes harmon iques . Toutefois

,le point de p lus grande ampli tude

est l e même . Nous pouvons su ivre période par période j usqu’en

sans que notre œ il, armé d’une forte loupe , saisisse de diffé

rence appréciab le sur la l igne B, qu i est ce l le de la voix . E t cepen

dant eu (3) les lèvres — se sont ; rapprochées d’

une quantité qu i

1 76 L’

ABBÉ ROU SSELOT

exemples, nous avons ain si 3 vib ration s, ou plutô t, s i nous y j o ignons ce l les de l a consonne transitoire , ce qu i est légi t ime dans

notre syl labat ion,6 vibrations pour le p de apa et 4 pour

celu i de apa : ce qu i donne , après l e 11 b i lab ia l transi toire,en

réal ité un implosif avec une occlus ion assourd ie . On voi t parlà que la sourde in tervoca l ique a des tendances à deven ir sonore .

Remarquons encore que les vibrat ion s nasales deviennen t p lus

amples à mesu re que les vibrat ion s buccales d iminuen t , que

même les vi brations qui corresponden t à l a consonne sont d ’une

grande ampl i tude . On pourrai t cro ire que l ’augmentation de lapression de l ’ a i r par su ite de la fermeture de la bouche est ic ip lus en cause que le larynx lu i-m ême mais la l igne laryngienne

(par exemp l e fig . montre bien qu ’ i l en est autremen t et

qu ’une augmentation de l ’activi té glottale se produ it pendant l a

ten sion de la consonne,qu i est en même temps la détente de la

voyeHe.

Q uel le mod ification apporte à cet état de choses l’add it ion d ’une

seconde consonne C ’est ce qu ’ i l nous reste à voi r pour déterm i

ne r le degré d ’assimi lation . Envisageons les cas principaux .

Deux sonores contiguë s resten t en généra l sonores . Cependan t

nous sommes averti s par la phonétique h istorique qu ’ i l y a des

cas d’

assou rdissement ( n, jn, par exemple , on t pu deven i r sn,en (Pr inc . deph. exp.

,p . 964 dy , dz , dj , dans certa i nes

régions du M id i,se sont changés en ts, te ou 3 , ê ; à Paris même ,

un mot étranger (Pygma lion) présente dan s sa forme po pu la i re

(pikmâyô) un le pour un g à côté d’une m (fig . M . Laclotte

m ’a signalé atmettront qu ’ i l a en tendu de la bouche d ’un Bre ton .

Ce phénomène que j ’ ai expl iqué par l a nature spéciale des consonnesgroupées

,pourrait avoi r une cause plus générale et dépendre du

1 . La preuve que ce n’

est pas là une erreur acc identelle, c’

est la lectu reprak:matik

,staknasyô (pragm atique

,stagnation) chez ceux qu i obéissent à leur sy stème

vocal plus qu’

à la lettre.

LA PRONONCIAT ION FRANÇAI SE 177

Agrt 2 . 4

PIG . 29 .

Sonore devenue sourde devant m .

pik mà[yô lPygm a l ion

B.Bouche. La . Larynx .

Agrt

Pro . 30 .

Sourde suiv ie d’

une autre sourde.

jœ i par i je te parieMême d i sposi t ion que fig. 29 .

Com parer les deux l ignes (La) aux po ints m arqués par

1 78 L’

ABBÉ Roussm.or

besoin d ’une act ivi té glottale p lus grande pendant l’ implosion

l e supplémen t de trava i l n écessaire se ra i t économisé et remplacé

par un effort plus grand de la l angue ou des lèvres .

Quand le groupe est composé de deux sourdes, l e lary nx se

comporte dans la prononciation moll e ou lente comme s’ i l n ’y

avai t qu ’une seu le consonne (fig . 24 ,Mais dans une pro

nonc iation énergique ou rapide , i l peut perdre quelques vibrat ions .

La phrasejæ t par i ( j e te parie) répétée plusieurs fois présenteu n t qui réal ise ces deux types (fig . Les deux tracés ont été

d i sposés de man ière à fai re concorder l es deux occ lusions . O r onvoi t que le premie r exemple reprodu i t l e type de apa (fig . 1 7) et

de après (fig . tand is que le second nom présen te un t assourdi

avan t la complète fermeture du tube vocal . La forme de la

détente de la voyel le p lus brusque dans l e second cas que dans lepremier annonce une consonne plus forte avec un moindre travai l

laryngien (La) .

Dans les groupes formés de sourdes et de sonores ou desonores et de sourdes

,l a tendance à l ’as simi lation l aryngienne varie

suivan t la nature des consonnes . Faib l e avec les l iquides,el le est

puissan te avec les occ lus ives et les constric tives correspondan tes .

Des expériences systématiques fa ites avec les petites ph rases jæt li t) ( j e te lève) , jæ t ros ( j e te rosse), jæ t mani ( j e te man ie) ,

iæ t nwa ( j e te no ie) , montren t que le t n’ est pas modifi é i l n ’ a

reçu quelques v ibrat ions de plus que 3 fois devan t m ,à la fin d ’une

série . L’

r s’est assourd ie plusieurs fois . Un fai t p lus intéressantest ce lu i—ci dans ce membre de phrase di t par un e Parisienne ,daz un mas lèg

—zÙi5 tik (dans une masse l inguist ique) , l

: est deve

nue en partie sonore . Ma is nous a l lons y reven ir bientôt .Une sourde su ivie d ’une sonore non- l iqu ide a bien des chances

Le passage de la sonore à la sourde a été observé par M. Loth dans les

finales qu i ont perdu l’

accent tonique (Rema rques et addi tions à l’

introduction to

ear ly welsb de S trachan, p, Ce fa it se rapporte de m êm e à une dim inution

de l’

activ ité la y ng i‘

enne,conséquence du recul de l

accent .

r80 L’

ABBÉ ROU SSELOT

phonéticien s figurent un commencement d ’assimi lation,leur

graph ie fait supposer que la part ie assimi lée est con tiguë à la corisonne assimilan te . Je l is dans lesPar lers par isiens de M . Koschvv

itzÎ

masa lêg iùistik (masse l ingu ist ique) , sarkaszm (sarcasme) , servirada: la véri té

, modt te‘

t (maux de tête) , etc . Quand on n’ a que les

Ag r‘2 . 4

Pro . 3 2 .

Sonor isat ion prog ressive d’

une

mas lêgB . Bouche. La . Larynx .

i nd ication s de l ’orei l l e pour se ren seigner , on peut cro ire qu’ i l

en est a insi . L ’

assim i lation nasale, si fréquente dans les tracés ,semble même parle r en ce sens . Ma is en est—il bien ains i ? Lesvarian tes de l a figure 3 1 , qui posent le prob lème , permetten t dele résoudre . L

ass im i lation peut être complète pour le k san s que

celu i—ci soit en contact avec le d (nous avons g , un ,silence, (1,

n ° 1 ) l e k sonore (g) peut être contigu au d ,mais s ’ en d istinguer

LA PRONONC IAT ION FRANÇAI SE 1 8 1

par l ’ampl i tude plus grande des v ibrat ion s du larynx (n ° l ed peut s ’

assourdir (n°

3 ) e t même deven i r ent iè remen t sourd aum oment de l

explosion (n° Ce n ’est donc pas par l e con tact

que la sonore agi t sur la sourde précédente,c ’ est par une

influence qu i s’

exerce sur le larynx au moment de l’ implosion decel l e—c i (et, nous savons dé j à (fig . 1 7) qu

’ el l e est sonore) . Cetteaction à d istance n ’

a rien de surprenant . En effet,étan t donné

l’espri t de prévoyance qu i se montre dans tous nos actes physiologiques,on conçoi t que la

'

glotte,alors qu ’e l le est encore ouverte

,

doive être p lutôt so l l i c i tée a garder‘

sa posi tion . qu’

à la quit ter

pour l a reprendre en su ite . Le ra isonnemen t tout seu l pouvai t

Pro . 3 3 .

Assourd issem ent d’

une consonne qu i a sonor isé une sourde .

f] as dé.

B . Bouc he. La . Larynx

donc conduire à cette conclusion . Mais j e crois bien qu ’en fai t

c’

est une conquête de l’expérim entation . Pourtant,j e . ne serais

pas surpris qu ’e l le lu i fût contestée . Cela est arrivé à d’autres qu i

s ’ imposent avec une éviden ce te l l e que le l inguiste,à leu r seu l

énoncé , est exposé à s’ imagin er de bonne fo i l es retrouver dans

son arsen al et n e rien devoir à l a phonét ique expérimen ta le .

Voici une confi rmation qu i a bien son p rix , car e l l e est éc latan te . Dans le groupe un mas lêg i£ti5 1ik (une masse l ingu istique)répété p lus ieurs fois par une Parisienn e

,l ’ : de mas (fig . 3 2) tend

à deven ir sonore . C ’ es t le bon moment pour observ er le phéno

mène . O r,il est cl ai r que ce n

est pas 5 { qu’ i l fau t écri re , mais

( 5 ; car la sonori té s’étend à part i r de l’ im plos ion ,

c’

est—à-d ire deRevue de phonétique. 1 2

1 82 L ’A BRÉ ROU SSELOT

la part ie voisine de l’a . Comparez au n ° 1 qui présen te une

no rmale les n° 5

2 e t 3 où l a prem ière part ie de l’

: est devenue

sonore .

Mais n ’oubl ion s pas l a poss ibi l i té d ’

un échange,en quelque

sorte,de sonorité . Nous en avon s un nouvelexeinple dans fi fa :

de‘

(en face des . où l ’ : est en ti èrement sonore et le d en pa rti esourd (fig .

Nous al lons en rencontrer encore d ’autres .

Pour me faire une idée sommaire de la puissance assimi latrice

des sonores su r une sourde précédente,j ’ a i in sc ri t un ce rtain

FIG . 34 .

Assourd issement d ’

une sono re.

a bcès .

N . N ez . B . Bou che. l . . Lèv res .

nombre de foi s les petites ph rases jæ t ba lâ 5 ( j e te balance) , jæ

t don ( j e te donne) , jæ t gardæ (j e te garde) , jœ t vwa ( j e te vois),

jœ t z èbræ ( j e t e zèbre) , jœ t jui ( j e te j uge) . O r l e t est devenusonore devant e t o 1 3 fo is sur 14 , devan t d et j 5 fois sur 7 ,devant 6 fois sur 9 , devant g 4 fois sur 7 . Cet ordre n ’est sans

doute pas abso lu mais i l y a quelque chose de sédu isan t

lab ia les,den ta les

,guttu rales . Attendons d ’au tres expériences .

Les exemp l es précédents nous présenten t l’assourdissem ent

du b une fois, du v et du j deux fois à des degrés d ifférents .

Une sonore suivie d ’une sourde peut conserver sa sonorité

184 L ’ABB I‘3 ROU SSELOT

plosion . Comparez (fig . 3 5 ) jæ d par i (j eu de Paris) et fa: t par i( j e te parie) dits par une Pari sienne d et t resten t parfai tementd istin cts su r la l igne du larynx (La) .

Ag r‘2 4 .

Fra . 36 .

Mêm e sujetdu pa r lé de pa[ r i ].

Com parez u+p et d+p. Dans le second cas la sono ri té est p lus grande el le est due

au (1.

Pro . 37 .

Sonore suiv ie de deux sourdes .

absteni r .

N . N ez . L . Lèv res .

Comme pour le groupe t+ sonore,j ’ai enregistré p lusieurs fois

de suite de peti tes ph rases contenant d+- sawdo jæ d par i ( j eu

LA PRONONCI AT ION FRANÇA I SE I 8 5

de Paris), jæ d tenis ( j eu de tenn is) , joed kartæ ( j eu de carteS) ,iæ d [ 22 ( j eu de fous) , jæ d sei ( j eu de sous) , joe d eyê ( j eu de

ch iens) . Del’

ensemble des constatations , 11resu l te que, dans la prononc iation rapide, l a sonore peu t arriver à se confondre avec lasou rde à début sonore . Mais i l n e faut pas oubl ier que cel le-cidans la même position serait plus sourde encore . Comparez du pet e+ d p (fig . dans le 2 ° cas , les vibra tion s du larynxson t plus amples et p lus n ombreuses .

PIG . 3 8 .

Force du souffle.

Dans les groupes sonore sourde et sourde sourde.

I absolumcî . 2 apsolumd .

Quand la sonore est su ivi e de deux sourdes , par exemple , ost,osk (abstenir , fig . 3 7 ubsid abs ten [t ion] ohslz u obscu[r]fig . l e larynx est encore moins gêné dans son travai l : i l profi tede la déten te art icu lato ire amenée par l’s . Comparez avec ap s tâ

(happe ce taon) e t op 5 ku (hop i ce cu[rieux] Même ubstâ l aissesoupç onner un sp i rant,

‘ car la l ign e du souffl e bucca l montre

clai remen t un écoulement de l ’a ir après la voyel le . I l n ’est donc

pas étonnan t que certaines ore i l les d ist inguen t,par exemple , un

dans abstenir et sen ten t un p dans abcès .

Enfin,on pourra i t ten i r compte auss i de l a forme du couran t

d’

air tel le qu ’e l le est i nd iquée par un tambour é last ique . Je

I 86 L’

ABBÉ ROU SSELOT

n’

insisterai pas sur ce point ; mais j e ne pu is me dispenser de

reproduire,en terminan t

,l es tracés de absolument prononcé par

une Parisienne : une première fois à l’

ord ina ire (fig . 3 8 , n°

une deuxième fois avec un p (n ° La volonté expresse de

reproduire la pronon ciat ion figurée apsolumâ en traî nerai t donc

a un effort expi ratoi re excessif, ce lu i—là même qui se tradu it

chez les Etrangers trop doc i les par tr0p de dureté .

Après avo ir étud ié le son dans les v ibrationsde l’a i r e t l es m on

vem ents des organes qu i les produisen t , i l nous reste à l e cons idérer dans l ’organe récepteur , l

’ore i l l e .

je me suis dé jà occupé de l’ass imi lat ion des consonnes pour

l ’ore i l le dans mes Modifications phm e‘

tiques du langage. J ’ avais ,dan s ce but , chois i comme matières

’ épreuves des composés

artificiel s,qu i on t l ’avantage d ’échapper aux influences psy cholo

g iques . Or,étan t données un e voix et une ore i l le te l les que tous

l es groupes de consonnes étaien t sûrement décomposab les de 10

à 1 5 cm .,j ’a i constaté que l ’ass imilation se faisai t pour j et

pour tou tes les autres sonores devant les sou rdes du même organe

à 1 mètre ; pour p b et t b d ( à 2 mètres ; pour 17 1) devan t

une sourde quelconque à 6 mètres ; et que les l iqu ides l m n r

é taien t tou j ours en tendues correctement (p . 3 9

Depu is,j ’a i recherché la d istance d ’

audibili té des consonnes

pour mon chap i t re su r l ’intensité (Pr inc . de Pbon . Exp) ,auque l

i l sera bon de se référer . Br j e su is revenu sur l a question des grou

pem ents pou r mon Cours de 1909- 1 9 10 . Dans ces études nou

ve l les,j e me su is l im ité à un seu l cas : l a rencontre de t d avec

une autre consonne . M ais,au l ieu de prendre

,comme précédem

ment,des composés art i fi ciel s

,don t la prononc iat ion est moins

assurée , j’a i eu recours à des combinaisons formant un sens et,

l e t imbre des voye l les au besoin égal isé , ne d ifféran t entre e l les

que par la consonne,obj et de nos recherches

,par exemple : ]æ t

pa r i ( j e te parie) , e t jee d pa r i ( j eu de Paris) , jæ t balâ s ( j e .te

I 88 L ’ABBE ROU SSELOT

Ces tab leaux suggèrent les réflexions su ivantes

1° Les j ugements portés su r les données de l ’orei l l e dans une

prononciation ordi nai re (I et III) ne son t pas sûrs ; et dans unconfl i t en tre ce lui qu i parle e t ceux qui écouten t

,nul n ’est fondé

à mainten i r son poin t de vue : l ’erreur est trop fréquen te .

Les chances d ’ erreur dim inuen t beaucoup,sans d isparaî tre

entièremen t,s i la prononciat ion est len te (II) ; el les augmen ten t

dans une notable proportion , s i e l le est rapide (IV) .

2° Les varian tes aud i tives se rangent sous trois chefs

,su iv an t

la composi t ion des groupes . Nous avons : I°sonore sourde

(d p,I e t II

,2) ou sourde sonore(t 19

,III e t IV,

deux sourdes (t p,I e t II

,1 ) 3

° deux sonores (d 17,III et

_

IV,

Nous ne rencon treron s poin t les déformat ions variées dont j ’ai

LA PRONONC IAT ION FRAN ÇAISE 1 89

donné des exemples dans mes Pr inc . dePbon. Exp., puisque l

au

diteur ne s’attend qu

à deux al ternatives t ou d .

Les deux premiers cas ne présen ten t r ien que de très naturel .

Ag r‘r . ;

PIG . 39 0

Var iantes laryngiennes de deux sonores consécut ives et d’

une sourde devenue sonore.

B. ,

Bouche. L . Larynx .I . dœ. 2-5 bd . tb.

I 90 L ’ABBE ROU SSELOT

L’

assim ilation est un p hénomène banal ; et l’

affaiblissement d ’une

forte la rapproche de la douce , qu i se confond avec une sonore .

La dissim i lation , qu i se produ it à l’ore i l l e dan s le troisième

cas,n

étonne que par sa fréquence : nous re levons th 9 fois (III) et2 1 fois (IV) . Sans doute

,nous nous attendons à un affaibl isse

ment des vibrations du la rynx . Mais comment at tribuer à unphénomène si peu importan t et qu i a eu des effets s i rares enphonétique h istorique

,une te l le influence sur l ’orei l le ? Dans

l’

espoi r d ’obten i r quelque lumière nouvel le,j ’ai refait

,en prenant

les vibrations du larynx et la voix,les t racés de d i n i tial , d b

et t b,dans dee

, jæ d ba lâ s et jæ t ba là s que j e prévoyais

devoir donner un d pour un t . Cet espoi r n ’a pas été déçu . Uns implecoup d ’

œ i l sur la figure 3 9 , su ffit pour mon trer que le d

possède des vibrat i ons la ryngiennes plus amples à son explosion

(dæ,I ) qu

’à son implosion (db, 2- 5 ) e t pendan t sa tenue ; deplus qu ’ i l se d ifférencie net temen t par l ’ ampl i tude des mêmes

vibrat ions du t devenu sonore dans tb (6 e t Que s i l’on veut

des ch iffres , j’ai compté à l a loupe 4 d ix ièmes de mil l imètre

( I ) , 3 (s) , 2 (7) La diffé

rence de longueur des vibrat ions ( 1 7 pou r 1 et 1 3 pour les autres)ne détrui t pas les proport ions . L

oreille se t rouve donc en pré

sence d ’un son in stab le (d) et voisin d’un autre son (t devenu

sonore) . Quoi d’é tonnan t qu ’e l l e se broui l le e t

,à moins d ’une

grande acu ité un ie à une grande atten t ion,qu ’el l e se t rompe

J ’ai voulu,de plus , me rendre compte de l

’ importance de l ’attention . Dans une épreuve

,j ’a i un iquement prononcé jæ d balâ s,

et mes auditeurs s ’

attendaient auss i b ien à joe t ba lâ s . Eh b ien les

erreurs,qui é ta ien t au nombre de 7 l a prem iè re fois son t tombées

success ivement à 6, 4 , 2 , 3 , 3 . Comme el l es se sont parta

gées entre lec 1 3 auditeurs d’une man ière i rrégu l ière (F 2

, I 1 ,An 2

,A 0

,A ’

I,A°

4 , A“'

3 , A°"

2,B 3 , Z 3 , S 4, L N

el les ind iquen t aussi l a pa rt qui revien t à la qual ité de l ’organe ou

à ses hab i tudes .

COURS

DE GRAMOPH ON IE

LES AN IMAUX MALADES DE LA PESTE

Un mal qui répand la te rreur,

Ma l que le c ie l en sa fureurInven ta pour punir les crimes de l a terre ,La peste (puisqu

’ i l faut l ’appe ler par son nom),Capable d ’en rich i r en un j ou r l’Achéron ,

Fa isa i t aux an imaux la guerre .

I l s ne mouraien t pas tous , mais tous étaien t frappésOn n ’en voyai t poin t d ’

occupés

A chercher le soutien d ’une mouran te vie ;Nul mets n ’

exc itait l eur envie

N i loups n i renards n’

épiaient

La douce et l’innocente p roieLes tourte re l l es se fuyaien t ;Plus d ’amour , partan t plus de j oie .

Le l ion t i n t consei l et d i t Mes chers amis,

Je crois que le cie l a permis

Pour nos péchés cette i n fortune .

TRANSCRIPTION PHONÉTIQUE

Lé( animé, ma ladæ, dæ

a? ma l,ki re

'

pä la térrâz r

ma l ; kæ lœ syél à sa furder

êvdta , pai r puni r lé kr imœ dæ la térœ .

la pèstæ ; piÙisk i l fo'

l apælé pàr sô nô

kapalflæ d â r iei r [in a? fair l aeerô ;fœze

t ô( animé la gèr .

i l n[â] muré pd tels mé tus eté frapé.

ô n d uwayè pwê d okupe'

z

a eereé le sutyê d unæ murâ tæ m'

yæ .

nul mé n eksite‘

la‘

er â viyœ,

ni lu ni rænà r , n épyè

la dus e l inosdt prwd .

plu d amdr , partâ plu dæ jwd .

læ lio, tê'

kô”

séyœ e di . mé eérz ami .

jæ krwa lue læ syèlæ,a pérmi

pair no'

peeé set êfortun .

1 94 MARGUER ITE DE SA INT-GEN ÈS

Q ue l e plus coupable de nous

Se sacrifie aux t raits du céleste courm ux ;

Peut—être i l obt iendra l a guérison commune .

L ’ h istoire nous apprend qu ’en de te ls acc iden ts

On fa i t de pare i ls dévouements .

Ne nous flat tons donc poin t ; voyons sans i ndulgenceL’éta t de notre conscience .

Pou r moi , sat isfa isan t mes appéti ts gloutons ,J ’a i dévoré force moutons .

Que m’

avaient- i l s fai t ? nu l le offense

Même i l m ’est arrivé quelquefois de manger

Le berger .

Je me dévouera i donc , s’ i l l e fau t mai s j e pense

Q u’ i l est bon que chacun s

accuse a insi que moi ;Car on doit souh aite r

,selon toute j ust i ce

,

Q ue l e p lus coupab le périsse .

S i re,d it l e renard

,vous êtes trop bon roi

Vos scrupules font voir t rop de dél icatesse .

Eh bien ! manger moutons,ca nai l le

,sotte espèce

,

Est-ce un péché ? Non , non . Vous leur fi tes , seigneur,En les croquan t

,beaucoup d ’honneur

Et,quan t au berger

,l ’on peut d i re

Q u’ i l éta i t d igne de tous maux

,

Étant de ces gens- là qu i sur les an imauxSe fon t un ch imérique empire .

Ainsi d i t le renard ; e t flatteurs d’

applaudir .

On n ’osa trop approfondirDu tigre

,n i de l ’ours , n i des au tres pu issances,

Les moins pardonnables offenses

Tous les gens querel l eurs , j usqu’ aux s imples matins ,

Au dire de chacun , étaien t de pet i ts sain ts .

L’

âne vin t à son tour, et d it J ’ ai souvenance

Qu’ en un pré de moines passan t

,

1 9 6 MARGUER ITE DE SAINT—GENES

La faim ,l ’occas ion , l

’herbe tendre, et, j e pense,

Q uelque -d iab le auss i me poussan t,

Je tond is de ce pré l a largeu r de ma langue ;

Je n’en avais nul d roi t

,puisqu ’ i l faut parle r net .

5 3 A ces mots,on cria haro sur le baudet .

Un loup,quelque peu cle rc, prouva par sa harangue

Q u’ i l fall ai t dévouer ce maudi t an imal ,

Ce pe lé,ce galeux

,d ’où vena i t tout leu r mal .

Sa peccad il le fut j ugée un cas pendable,60 Manger l ’herbe d ’autru i ! quel crime abominable !

R i en que la mort n ’était capable

D’

expier son forfa i t . On le lu i fi t b ien voir .

Selon que vous se rez pu issan t ou misérable ,Les j ugements de cour vous rendront blanc ou noir .

(Di t pa r M . Delaunay, de la Comédie-França ise, d

aprés un disquede la Compagniedu Gramophone. )

DICTION

Quatre personnages : l e fabul iste , l e l ion , l e renard et l ane .

Pour b ien les marquer , l e lecteur choisi ra dans sa voix quatre

regist res d ifférents .

I l prendra son registre ord inaire pour l e fabu l iste, dont i l fai t

n aturel lemen t l e personnage . Cette voix est du reste l a plus

nuancée,e t le l ecteur aura besoin de toutes ses ressources

,car

i l devra produ ire des effets très variés .

Après un début solenn e l et sombre,i l an nonce très simple

men t l’assemblée, met en scène l e l ion et l e renard, soul igne i ro

niquement l ’ accue i l fait à l a confession des grands,in troduit

l’ âne ; puis , pren an t sur lu i de t raduire les sen t iments de tous,

COURS DE GRAMOPH ON IE 19 7

la fè ;_

l okdsyô ; l erbæ tâdræ ê jæ pâ sæ,

kelkæ dya'

bl o'

si maeprisé,

jæ todi dæ sæ pré la larjâ9r dæ ma ldg ;

jæ n du avé nul drwa piùisk i l fô pa r lé nét.a sè mô

,ô kr ia dro sur læ bôdè.

de lu,kelkæ pœ kiér . pruva par sa arâg ,

k i l ja lé déb i té sæ mo'

dit anima l,

sæ pælé, sæ ga iné du væné tu lder ma l ;

sa pekadiy fu jugea? lui pddablæ,

mâjé l erbæ d ôtr i bi kel kr im abominaMæ .

ryekm la môr n ete‘

kapablæ

d ekspié sô forfè. ô læ li i/ i fi byê vwizr

sæ/ô’

kæ o u særé pr‘

ùisâ u m izerablæ,

lé jujmâ dæ leur ou râ drô’

bld,u nwiz r

i l c rie le baro de la foule,résume la pla idoi rie du loup et tradu it

l ’ horreur qu ’ e l l e i n sp i re pour l e crime du baudet ; i l s’

attendrit

enfin sur l e sort du malheureux animal et conclut par un trai t

de sat i re .

La voix du l ion,personnage grave par son métier et par les

circonstances,sera prise dans les notes basses . Un seul senti

men t l ’an ime,t rouver un e vict ime exp iato i re autre que lu i . Sa

confession étalée avec une certain e audace n ’est pas sans réti

cence ; et l a rapid ité de sa conclusion dévo i le suffisamment ses

secrètes préoccupat ion s .I l ne reste p lus pour les deux autres personnages que les

registres supérieurs . Une vo ix a igue convien t bien au renard

court isan,habitué aux flatteries qui se d iss imulen t , aux accusa

t ions qu i prennent des a irs hypocrites .

I 98 MARGUER ITE DE SA INT-GENES

Enfin on réserve ra à l ane , na1f et scrupuleux,l a voix Butée

qu i,produite par un e tension excess ive des cordes voca les , est

émise nature l lemen t dans l a contra inte et la peur .M . Delaunay a su , avec un grand art , produire toutes ces voix

d ifféren tes et leur a donné les nuances don t e l les son t suscep

tibles .

COMMENTAIRE PHONÉTIQUE

Nous connaissons déj à par plusieurs analyses les tra its sa i l lan tsde la prononciat ion de M . Delaunay ; i l n e reste donc à re leverque quelques faits nouveaux .

Dans le déb i t l en t et solennel du début , les e moyens son t

devenus ouverts sve‘l pe‘st

Non seulement des ce muets se son t conservés,mais i l y en a

eu d’

introdu its qu i n ’ex i sten t pas ko‘

seyœ ( I 5 ) , syélæ

L’accent d ’un m or a été porté de l ’avant—dern ière sy l labe sur lapremière l’istwà rœA remarque r les nombreux ce qui se trouven t à la fin des vers

pour des mots où i l s auraient dû tomber tèm ( 3 ) , kmnunæ

êduljä sæ (2 afi n : (27) .justisæ délika tesæ (3 espesa (3piùisâ sæ (4 suoænâ sæ

Deux mots on t reç u une p rononciation tout à fait a rchaïquem

'

yæ doiya‘

L’

l,qu i est tombée dans la prononciat ion vu lgaire

,est so igneu

s ement conservée

i l fd (4) , kæ m aue‘

l i l fè kelkæfwa kelkædyâbl

kel/zoe pœ

L’

œ de pæti que beaucoup d’auteurs retranchen t tou jours est

très fortement marqué

V. 5 . Achi ron présente un intérêt par t icu l ier . Avant la

Renaissance,le ch grec , su iv i de e i , se pronon ç a it ch en franç ai s .

CH RON IQUE

PAR IS . Laboratoi re de Phonétique expér imenta le. M. de H oyos ,professeur de phys io log ie et sous-directeur de l ’Ecole norma le sa pér ieure de Madr id , étud ie la p rononciation casti l lane et les m éthodesen u sage dans la phonétique expér imenta le, en vue d

’ instal ler un

labo rato ire dans son pays .

En outre,ont p ris part aux travaux du Laborato ire, MM. Mayo , de

Londres,et M. Michal , étudiant de l

U nivers ité a l lem ande de PragueSA INT-PETERSBO U RG . Cabinet de phonétique expér imentale de l’ Univer

sité . M . S’

cerba , d irecteur , enr ich it son Laborato ire des apparei lsles p lus récents et les m ieux cho is is .

SAN FRANC ISCO . Museum d’

Anthropolog ie. Ce laborato ire, spéc ialement fondé pour l

’étude des langues indigènes de la Ca l ifo rn ie, ad é jà produit p lusieu rs travaux . N ous venons de recevo i r Phonetics

of theMicronesian language of the Ma rsha ll islands . Phonetics constituents

of the native languages of California , Phonetics elements of the Mohave

l anguage, par M . A.—L . K roeber (U n ivers ity o f Ca l iforn ia pub l icat ion ,

MADR ID . La ] unta de ampliacion de estudios e investigaciones c ientifl cas a

_

accordé une'

bourse pou r l ’étude de la phonétique expé rimen

ta le au Co l lègede France à M. Tom as N avarro .

U n I nstitut dephi lolog ierouma inea été fondée auprès de la Facu ltéd es Lettres de l’U nivers ité de Pari s sous les ausp ices du gouvernem entroum ain . La d1rec t10n en a été confiée à M. MAR IO ROQ U ES , professeurde langue roum aine l

Ec ole des Langues o r ienta les .

Vo ic i la l iste des quelques comm un icat ions de phonétique faitesà la XVI° sess ion du Cong rès internationa l des Or ienta listes tenue à Athènesdu 7 au 14 avr i l dern ier : H U BERT PERN OT , L a prononciation athénienne

moderne, avec pro jections . M . DI H IGO,H istoire de la phonétique du

langage populaire à Cuba . N . DECAVALLA, L

a llongement consonantique

(redoublementdes consonnes) eng recmoderne. ATH BOUTO U RAS , Letsitacisme

(pa lata lisation) dans la langueg recque. U n com pte rendu déta i l lé de ces

commun ications paraîtra dans les Actes du Cong rè s dont la publ ication est procha ine .

Le Gérant J . ROU SSELOT .

MACON,F R OTAT F RERES

, IMPR IMEU R S .

CONTRIBUTION A L’

ETUDE

DES INTONATIONS SERBES

Les i ntonations serbes ont susci té depu is longtemps un grand

intérêt chez les l ingu i stes qu i s ’occupen t de l ’h istoire des l anguesslaves ; mais c

’est M . Gauthiot l e premier qu i a tenté d ’ en don

ner une défin i tion p lus exacte et plus p récise au moyen desméthodes fourn ies par l a phonétique expérimen tale . Dans sasavan te Étude sur les intona tions serbes (Mémoi res de la Soc iété de

L ing uistiqzæ,XI

,p . 3 3 6

-

3 5 i l a exposé les résu l tat s de ses

recherches sur plusieurs mots serbes en montran t par des sché

mas les variat ion s de l a hauteur musica le et de l ’ in tensi té des

syl labes accen tuées (p . 3 3 7 Ces recherches,d ’une pré

c ision j usqu ’ i c i inusi tée dans l a ph i lologie slave , ont s ervi debase à M . Gau th iot et à M . Me i l le t

,dans l a secondepartie de

l’

art icl e ci té,pour des conclusions importan tes sur l ’ évolution

h istorique de l ’accen t i ndo—européen et slave .

Cependan t,l a défin ition des i n tonations serbes due à M . Gau

th iot , quoique se fondan t su r les recherches les p lus parfaites qu iaien t é té faites j usqu ’ alors

,fu t bientdt

'

l’

objet de d iverses crit iques .

M . Popovici,alors

,renouvela les recherches expérimenta les au

Laboratoire du Col lège de Fran ce avec les mêmes apparei l s don ts’éta i t se rvi M . Gauthiot , et fut condu it à une conclusion tou t

autre v . La Parole,I 902 : Sur l

accent en serbo—croate, p . 29 9

I l faut aj oute r que les rech erches de M . Popovici ne porraien t que sur l a hauteur de l ’accen t désign é par

Les doutes une fois confi rmés par ces recherches nouvel les , ou

t rouva dans l a su ite une constante réserve à l’ égard du trava i l de

M . Gauthio t auprès des ph i lo logues et phonéticiens slaves bien

que chacun ne fi t qu’

accepter une O p in ion insuffisamment demonRevue dephonétique.

202 M . IVCOVITCH

trée. Au l ieu de renouve ler les expéri ences pour arriver à des

conclusions sûres e t préc ises,on continua à se con tenter d ’

obser

vations vagues et général es,résu ltats de l a simp l e aud it ion

,en

dédaignan t la phonétique expérimentale. C ’est ce que montre

très bien l’

ouvrage de M . O . Broc h sur l a phonétique slave,

pa ru en russe par les soins de l’Académ ie impérial e (Olcherk physiolog iy i slavyanskoy ryétchi , S

‘—Péters bourg , 1 9 10) et t radui t ensu ite

en al lemand (S lavischePhonetilc, H e ide lberg, 1 9 1 l ivre accuei l l i

avec faveur dans l e monde des l ingu istes .

Frappé par l e trava i l de M . Gau thiot et guidé auss i par les

recherc hes dialec to log iques que j’a i entrep rises , j

’a i cru que la

quest ion n ’étai t pas c lose,e t me su is rendu en France pour l’étu

d ier expérimen ta lemen t . Ap rès avo i r passé deux mois à G renoble

,j e su is venu à Paris au Laborato i re de Phoné t ique du Col

l ège de France,Où j ’ a i pu enfin réa l iser mon dési r .

Avan t d ’exposer ce que j ’a i fa it à ce su j et,i l conviend ra it de

di re quelques mots du trava i l de M . Gau thio t en général .

Les procédés-employés par lu i son t te ls qu ’ i l s ont pu avec rai

ou soulever des doutes , et qu’ i l s appel len t quelques remarques .

M . Gauthio t nous d i t , par exemp le , qu’ i l a analysé le serbe

te l que le parlen t les gens instrui ts à Belgrade sur la pronon

c iation d ’un Serbe né à Be lg rade , qui a fai t toutes ses études

dans sa vi l le na ta le Une quest ion se pose immédiatementpeut—on d ’ap rès la prononciat ion d ’un seul Belg rad ien instrui t

général iser pour toute la cl asse des gens instru i ts de Belgrade Cettevi l l e étan t récente

,colon isée de toutes les régions serbes au cours

de ces dern iers ci nquante ans,présente une populat ion mix te au

poin t de vue l ingu ist ique,une véri tab le biga rrure d ia lecta le

,

surtou t à l ’ égard des in tonat ions . Les gens instru i ts de Belgrade ,i ssus tout récemment du peuple e t forman t un e c lasse sans tra

d irions l inguist iques part icu l ières , possèden t une prononci at ionqu i

,par su ite

,ne peut encore être et n ’est en véri té qu ’à peu

près un ifiée,quand e l le n ’est pas t rès variée . I l est don c fort dan

204 M. IVCOVITCH

cette aire l inguist ique ce qu i ne m ’ a pas été d iffici le à Paris où

se rencon trent tou j ours un g rand nombre de mes compatriotes,de passage ou autremen t . A la véri té

,mes su j ets ont été auss i des

gens instru its qu i on t passé par les écoles e t don t le l angage,

par su i te,a forcémen t sub i que lques influen ces ; mais , malgré

cet te réserve , i l n e faut pas oubl ier que le cadre de la langue

l i ttéraire serbo—croate es t assez large,car e l l e comprend tous

les parlers chtokav iens,et qu ’ el le est plu tôt caractéri sée par sa

morphologie et sa syn taxe que par sa phonét ique . Pou r ce l le-ci

les nuances régionales n e sont pas in te rd i tes, de sorte que les

Serbes et Croates i nstru its conserven t dans la p lupart des cas

l a prononciat ion de leur rég i on natal e . C’est à cause de ce la que

mes matériaux présen ten t auss i,p lus ou moins , les i n tonations

des d ifféren ts parlers chtokav iens . I ls pourron t pa r suite,en rai

son de leur nombre,servi r ’a défin i r de la faç on la plus vrai

semblable les i n tonat ions serbo—croates te l les qu ’el les se présenten t dans la bouche des gen s instru i ts et

,dan s une certa ine

mesure , nous rense igner aussi sur les d ivergences d ia lecta les . Onpourra

,enfin

,j e l ’ espère

,en t ire r que lques con clusions h istoriques .

Par contre,c ’est l e choix des 111015 frappés de la même in to

nat ion qu i a é té restrei n t dans mes recherches . Je n’a i étudié

que quelques mots,iso lés ou en d iscours su ivi

,pou r chaque pro

nonc iation . Ce sont les mêmes qu i on t été en registrés plusieurs

fois,dans l ’ in ten tion d ’ établ i r les d ifférences en tre les prononc ia

1 . Des renseignem ents plus étendu s sur la langue serbo- c roate et sur ses

dialec tes se trouvent dans les art ic les et ouv rages su ivants P . BOYER,La

lang ueet la l i ttéra ture en Rasnic-H er zegov ine (avec une carte représentant l

ex

tension géograph ique de la langue serbo-croate) . Revue g énérale des Sciences,

1900 , p . 3 3 5—

34 3 .A . BÉL ITCH , Ca r te d ialectolog ique de la lang ue serbe (avec

explications lingu istiques et h isto riques) , en russe,édit ion de l

Académ ie im pe

r iale de Sa int—Pétersbourg , 1 90 3 . A . BÉL ITCH,Les d ia lectes serbes ou croates

,

dans le Glas LXXVI I I de l’

Académ ie royale de Serbie,1908 , p . 60— 164 .

M. RECH ETAR,Le dialecte chtokav iw,

en a llem and,éd ité par l

Académ ie de

V ienne,1907 ,

A . BÉL ITCH ,Les nouvelles recher ches sur les d ialectes serbo-croates

(avec une carte et plusieurs schém as) , Revue slav istz‘

que, C racovie, 19 10 , I II ,p . 82- 10 3 .

LES IN TON AT IONS SERBES 20 5

t ions de mes d ivers su j ets . De p lus,pou r évi ter tout embarras

qu i pourra it proven i r du t imbre des voye lles accen tuées, jé me

suis borné a étud ie r un e seu le voye l le portan t l’accen t,l a voye l l e

a . De cette man ière , l es e rreu rs son t réduites au min imum .

Les tracés ont été analysés au microscope,période par période .

Pour obten ir une plus grande cert itude dans l es ch iffres , j e les

a i contrôlés à plusieurs reprises , e t j e ne citerai ici que ceux qu ise son t t rouvés confi rmés dan s chaque mesure nouve l le .

Les expériences et l es analyses des tracés on t été fa i tes au

Laborato i re du Col lège de France,grâ ce à l’am abi lité de M . l ’abbé

Rousse lot,qui non seulement a mis à ma disposit ion tous les

appare i ls nécessa i res , m a is , encore , a b ien voulu con sacrer à m’ ai

der um temps précieux . Les en regist rements son t dus à M . Chlum

sk'

y . Je profi te de cette occasion pour les remercier l ’un et

l ’autre de leur appu i et de leurs consei ls,don t j e me suis serv i

l argemen t .

L’

ACCENT

Dan s son exposé M . Gauth io t nous commun ique les résu l tats

su ivan ts de ses recherches su r ce t accen t

Les syl labes frappées de l’ intonat ion sont en fa i t ce l les

qui ne son t pas intonées , mais s imp l ement frappées‘

a l a fois de

l’

ic tus e t du En serbe l a tranche marquée d ’un ne

montre j amais au cune varia t ion in tér ieure so it d’ i ntensité, soi t

de hauteur,qu ’ el l e soi t d ’a i l leurs con tenue dans un polysy l labe ,

dans un disy llabe ou dans un La seu l e carac té

r istique des syl labes de ce genre est d’ être nettemen t coupées

des syl l abes su ivan tes par leur in tens ité e t leur hau teu r propres . .

Le schéma de la sy l labe in i t i ale du mot èt0 , donné comme

exemple typique parmi beaucoup d ’ au tres semblables pré

sen te deux l ignes paral lè les,l ’une désignan t la hauteur et l

autre

l ’ in ten sit é .

M . Popovici,dans sa no te

,a trouvé que la hauteur descend

206 M . IVCOVITCH

dans les mots uho et ôko , mais qu’el l e mon te d ’un ton dans

brä c'

a,d ’une t ie rce dans ë to

,et d ’une quarte dans z

'

aba M . Po

povici n e nous di t rien de l ’ in tensité des sy l labes étud iées .

Quan t à moi , j’ a i chois i pou r l ’é tude de l ’accen t l es mots

àd (la nausée) e t gä dan (dégoûtan t) , pour lesque ls j e possèdeplusieurs expériences .

Les voici analysées .

SUJET A .

Ivcov itch,professeu r

,domici l i é à Belgrade

,originai re d’

O S

syék en Croat ie ; ses paren ts son t de G l in a en Croat ie . Les en re

gistrements de sa prononciat ion on t é té fai t s au grand enregis

t reu r du Laborato i re,avec la plaque de mica . J e donnerai i c i

t rois exemples pour lemot gad ain s i que pour g adan . Les ch iffres

rep résen tan t l a h auteur musicale d ’une période son t su iv i s

des ch iffres i nd iquan t l ’ i nten sité (a : l) de cette même périodeen tre paren thèses .

Premier exemple : 140 140 142 148

1 5 0 1 5 3 1 5 3 15 5 15 5

15 5 15 5 15 5 15 5 1 5 3 1 5 0

148 14 3 1 3 8 ( 5 3 )Deuxième exemple : 1 2 5 1 26 1 28 1 3 5

140 1 42

148 148 1 46 1 46

1 43 142 1 3 3 (64)Troisième exemple : 1 1 7 1 17 1 29 1 3 0

1 3 6 1 43

15 0 15 2 15 2

15 2 15 0 15 0 147 14 3 1 3 5

1 1 7 1 2 1

1 . Pour les notes correspondantes, voir Rousselot , Pr incipes, I , p . 12 .

208 M . IVCOVITCH

g ad

Premier exemple : 127 1 3 7 148

1 66 1 77 1 77 1 8 3 186 186

186 186 186 186 186

18 3 1 8 3 1 8 3 ( 3 00) 1 83 1 77 1 7 1

1 66 1 60

Deuxième exemple 1 26 1 29 1 3 2 1 3 5

1 5 1

15 5 15 5 15 5 15 5 15 5 15 5

(205 ) 1 5 1 143

1 3 2

41 9 1 1 5 1 1 5 3 1 5 5

1 5 8 1 60 1 6 3 165 165 165

165 165 16 5 1 60 1 5 0

( 1 20)dan : 1 26 1 20 1 1 2

108 108 108 108 106 106

( 5 1)

SUJET C .

M i lan Popovitch,offi cier de l ’armée serbe

,né et él evé ‘a

Belgrade ‘. D ia l ecte ékav ien . Plaque de mica .

gad

Premier exemp l e : 1 3 4 1 3 4 13 5 13 5

13 5 13 5 13 5 1 3 2 1 3 0 1 26

(7 1 )Deux1eme exemp l e : 1 5 7 1 5 7 1 5 9 161

1 . Les j ou rnaux annoncent que M . M i lan Popov i tch v ient d ’ être tué à l ’ennem i , dansl’

un des prem iers engagem ents de la guerre contre les Turcs . (N . de la R .)

LES INTONAT IONS SERBES 209

161

161 1 5 9 1 5 7 1 5 7 ( 1 14)

ga : 1 27 1 26 1 2 3 1 24 13 2

13 2 13 2 13 2 13 2 13 2 1 29

1 1 9’

1 1 6

dan : 104 102 100 98 9 3 89

87 ( 3 1 )

SU )ET D .

Miodrague Vassi tch, c ommerç an t de Valvévo en Serb ie . D ialecte ékav ien Membrane de caoutchouc .

gad

1 5 7 1 5 7 1 5 7 1 5 7 1 5 7

1 5 7 1 5 7 1 5 7 1 60

1 60 1 60 1 60 166

166 166 166 166 166

166 1 64

1 5 7 1 5 7 1 3 7 ( 1 5 0)

gadan .

ga : 1 1 7 1 60 1 66 1 66 1 66

1 66 1 66 1 66 1 66 171 171

171 171 171

171 171 1 70 1 6 5 1 5 9 1 5 5

( 187)dan : 148 148 144

144 144 1 4 1 1 4 1 14 1 1 3 4

1 34 1 3 0 1 27

2 10 M . IVCOVITCH

SUJET E .

N inho Péri tch, docteur en droi t à Belgrade , né à Boy i tchi enSerb ie, aux envi rons de Chabatse, é levé à Chabatse et à Belgrade

.

D ia lecte ékavien . Pl aque de mica .

F IG . 2 .

G raph iq ue représentant la hau teu r m us ica le et I ntens i té de la voyel le a du m ot g ad

(dans la prononc iation du su jet A,p rem ier exem p le

,le m ême q ue fig . La l igne

su pér ieure représente la h au teu r m us ica le a gauche,à côté du graph ique, sont i nd iquées

les notes parcourues .— La l igne inférieure rep résente l ’ évo lution de l ’ intens i té . Chaque

carré et ch aque po int ou astér ique correspond à u ne période dont l ’o rd re est m arqué en

bas .

gadan

ga : 1 24 1 24 1 2 5 1 26 1 29

1 3 1 1 3 1 1 3 1 13 3

13 3 13 3 13 3 13 3 1 3 2

1 28 1 22 1 1 8

dan : 100 100 99 92 90 8986 8 3 001 8 1 (3 2)

2 I 2 M . IVCOVITCH

t h iot,s

i l n ’a tenu compte que du cen tre de la voye l l e,a insi que

nous le supposons . Nous n’

avons pas trouvé,comme M . P0po

vici,d ’ exem p l e offran t l ’abai ssement de la hauteur musicale pour

la tenue . N ous ne vou lons pas con teste r l a j ustesse de ses mesures,

mais son su j et a dû avoi r une prononciat ion tout à fai t particulière

,que nous n ’avons pu constater n i dan s nos expériences n i

par notre ore i l l e .

Il . L ’ in ten si t é , pour la maj ori té des cas ( 1 1 sur su it la

h auteur musical e,c

est —di re qu ’ e l le augmente au commence

ment,se m ain t ien t au cen tre et devien t de plus en plus faib le

vers la fin . La minori té des cas présen te une augmentat ion de

force aussi pou r le cen tre . M . Gau thiot n ’ava it donc pas tout àfai t ra ison de d i re que l ’ i n tens ité reste i nvariable pour le noyaude la voyel le ; comparer la prononciat ion du su j et C .

III . Dans l es d isy1abes l a syl labe i naccen tuée est p lus graveet plus fa ible que la précédente , ce qu i concorde ent ièremen t avecles observations de M . Gau th iot .

MILOCH E Ivc ovrrcn .

COMPARAISON DES TRACES

DU PH ONOGRAPH E ET DU PETIT TAMBOUR

Les avan tages du phonographe son t connus l ’ en registremen tfaci le dans l a ci re et la reproduction possib le de ce qui a été en re

gistré , fa i t qui permet d’avoi r un certa i n con trôle de la qual i té

de l ’ enreg ist remen t et de cho isi r ce lu i qu i convien t l e mieux .

Toutefois i l n ’es t pas san s inconvén ien ts . Son tracé n ’est pasvis ib le à l’oei l nu . Pour être uti l isab le

,i l doi t ê t re transcri t

,trava i l

qu i demande l ’emploi d ’un appare i l spécia l,beaucoup de précau

t ion s et beaucoup de temps (voi r le 2° fascicu le de l a Revue p . 147

et Même transcrit , l e tracé phonograph ique laisse beaucoupà dési re r . Comme tout t racé un ique

,i l ne nous fixe pas su r l es

l imites des sons,su r la durée exacte des explosions

,sur l a part

exacte que prend la cavi t é nasale dans l a production des sons .

La forme des v ibrat ion s,i l es t vra i

,nous renseigne p lus ou moins

bien sur le côté physique des sons,m a is la même forme vibra

to i re ne nous d i t ri en sur l e côté physiologique toutefois s i

importan t à connaî tre .

Pour nous rense igner sur l a qual ité des sons à ce double poin t

de vue,l ’emp lo i de l ’appare i l en registreur avec ses d i fféren ts tam

bours est ind ispensab le . Ainsi,s i on lu i demande des ren seigne

ments su r le côté physiqu e,c ’est le tambour mun i d

une mem

brane rigide qu i peu t donner l a réponse en dessinant un tracésemblab le à ce lu i qu ’on ob tien t lorsqu ’on transcri t un si l lon phonographique ou g ram ophonique, pui sque ce tambour peut réaliser l es mêmes condi t ions que le recorder du phonographe oudu gramophone . Ma is, tand is qu

’avec ces dern iers i l faut , non

pas des heu res,mais des j ou rs pour avoi r une transcrip t ion

l is ibl e d ’un morceau suivi,sur l ’apparei l en registreur quelques

2 14 CH LUMSKY

minutes suffisen t pour arriver au même but,avan tage qu i n ’est

sû remen t pas négl igeable . En second l ieu , on n’est pas forcé

,

comme au phonog raphe , de se con ten te r d’un tracé un ique

,

ce lu i de la vo ix . On peut avoi r l ’enregis trement s imu ltané dut ravai l de plusi eu rs organes phonateurs et a in s i tous les témoins

don t on a besoin pour se rend re compte du côté physiologiquedu langage . Dans ce dern ie r but

,ce son t des tambours à mem

bran e de caoutchou c qui renden t se rvice .

La seule chose qu i manque aux t racés de l ’appare i l enreg is

treur, c’est la faci l i té de la rep roduct ion sonore . El l e n ’est pas

impossible,comme le prouve la si rène a ondes de Kônig qu i a

été employée dans ce but (Pr inc ipes , t . II,p . 1 On pourrai t

app l iquer aussi le procédé de M . Lifchi tz , analogue au précéden t

(Revue de phonétique, t . I , p . ou bien recouri r à l’appareil

reproducteu r de M. Sc ripture (Resea rches in Phonetics , 1 906 , p . 5 3 et

Seulement cette reproduct ion ne peut pas sefa ire imm édiatemen t

,puis e l le demande du temps e t de l ’argen t .

H eureusement pour nous,cette reproduction sonore est rare

ment ind ispensable,surtout s ’ i l s ’ag i t de l

’étude des mouvements

organ iques pendan t la p roduct ion de la parole . En i nt rodu isan t

une ampoule en tre l es lèvres ou p lus loin,entre la langue e t le

pa la is,nous savons

,sans avoi r même recours à la reproduction

sonore,que nous m odifions p lu s ou moin s l a prononciat ion ,

mais ce qui nous importe,ce n ’est pas l a perfect ion du m ouve

m ent vibrato ire,mais la faç on don t se comporten t les l èvres ou la

langue pendan t l ’émission des sons . Là où l ’on sen t le besoin dese rendre comp t e de la qual ité de l ’en regi stremen t

,on a un moyen

commode pour tourner l a d ifficu l té en mettan t à p rofi t l e phonog raphe,

suivant le p rocédé indiqué dan s les Pr incipes,t . I ,

p . 1 1 5 On réun i t les deux appare i l s au moyen de deux tuy auxde caoutchouc

,mis en commun icat ion avec u n apparei l récepteur

de la parole (embouchure ou enton noir) . Ains i on obtien t deuxtracés s imu ltanés e t comparables des mêm es sons l ’un que l ’on

21 6 CHLUMSK Ÿ

in suffisance à cet égard a été re levée une fois de p l us dans la Revuede Phonétique, t . II , p . 80 et su iv . La figure 1 de l ’arti c le en question (p . 8 1 ) permet de comparer le trava i l de ces tambours avec

ce lu i d es pe t its et montre bien en quoi,pour l ’enregistremen t

de l a voix,les pet i ts sont’ préférables on y voit qu ’ i l s n ’

altèrent

n i n’

effacen t les vibra tions,qu ’ i l s donnen t les harm on iques

,en

out re qu ’ i l s esqu issen t auss i un peu les explosions . Pour les avan

tages et la const ruction des pet i ts tambours,voir Pr incipes, t . II ,

p . 1 1 62 et 1 1 6 3 e t la Revue de Phonétique, t . I , p . 3 8 1 et t . II ,p . 1 2 . I l est cla i r que ce qui rend le s pet i ts tambou rs p lu s aptes

à l’enreg istrem eu t de la voix , ce son t su rtou t les faibles dimen

sions de la cuve tte qu i rédu isen t l ’ é lastic i té e t d im inuen t l e m on

vement propre de la membran e . Mai s l e caoutchouc,étan t tou

j ours su j e t à caution,un con trô le de l a fidél i té de l ’en reg istremen t

s’ impose .

Ayan t eu pendan t plus d ’une année à ma disposi t ion l ’appa

rei l Lioret construi t pour l e l aborato i re du Col lège de France et

m’

étant rendu comp te qu ’ i l con st i tue un bon in strumen t pourla transcript ion des tracés du phonographe

,j ’en ai profi té pour

comparer ceux-ci avec les t racés des peti ts tambours dans l ’espoi rde j uger la valeur rée l l e des un s pa r les autres . Dans ce bu t, j

’a i

fai t deu x expériences,su ivan t le procédé des Pr incipes décri t plus

haut,l ’une pour la prononcia tion normale

,l ’autre pour la pro

nonc iation forte . Afin de compléter les renseignements dé j ài ndiqués

,j ’ aj ou te que la d istance de l ’apparei l récepteur de la

parole par rapport aux deux appare i l s écrivants n ’é tai t pas éga lele condu it aérien commun iquan t avec l e peti t tam bour étai t re lat ivem ent court ( 3 0 ce lu i qu i a l l a i t au recorder du phonographe étai t de beaucoup p lus long ( 1 5 0 d isposi tion d ictéepa r la p lace fixe des deux moteurs du laboratoi re . Les mots sou

mis à l ’ana lyse dans les deux cas on t été les m êmes , c’est— ‘

a-d ire

s’

ufr'i r‘ = cafâ i , contremaître attaché à l a d irection d’un domaine)

p ronon cé deux fois , Vas’

a ta voeu/a,nom propre) , puis une

PHONOGRAPH E ET PET IT TAMBOUR 217

phrase Rada Vas’

a ta chvâ tâ (c”

vdtci) ga leci za t voborsleo Le con

sei l ler VaSata s’

empresse d’

i n terd ire l ’en trée du bois) . Onremarque que

,sauf l e dern ie r mot

,voborsko

,ce sont partout les

voyel les a et d qu i formen t le noyau des sy l labes . L’

uti li té de ce

choix se ra expl iquée p lus loin . L’ en registremen t fin i, j

ai procédé

à la t ranscription du tracé phonograph ique avec l es précautions

requi ses , i nd iquées dans l es Rema rques sur l’

apparei l Lioret (Revue,t . II , p . 147 et J ’ a j oute seulement que

,en moyenne

,chaque

syl labe brève a demandé une demi -heure,chaque syl labe longue

F IG . 1 .

i a du m ot i afa i* .

Prononc iat ion à vo i x m oyenne. Enregi stré au phonographe,transc r i t au m oyen de

l ’apparei l L ioret et reprodu i t sans au cun agrand issem en t . Ap rés la 2 1°v i brat ion on

vo i t enco re un léger m ouvem ent correspondant à une v ib ration . I l en est de m êm e

fi g . 2 .

tro is quarts d ’heure,non compris l e travai l de réglage et les

autres t ravaux ind ispensab les . Pour le réglage , i l faut d ire que

c’ est une opérat ion dél icate,qu i

,su ivan t les c i rconstances , peut

se fai re rap idemen t, ou quelquefois prendre plusieurs heures .

Après avo ir rendu a ins i le tracé phonograph ique l i s ib le lu i auss ià l ’œ i l nu

,j ’ a i pu aborder l es mesures . Pour l e tracé du phono

graphe j e me su is servi d ’un décimètre micrométrique donnan t

des d ixièmes de mi l l imètre et d ’une grosse loupe qu i permettai t

de dist inguer nettemen t des demi—d ix ièmes de mi l l imètre ; pourcelu i du peti t t ambour i l m ’a fal lu recourir au microscope don t

le micromètre donnai t 5 d ivi s ions pour 2 dixièmes de mil l i

mè tre .

Revue de phonétique.

2 1 8 CH LUMSK Ÿ

Procédons main tenan t à l ’examen de la prenuere expérience .

Pour que l ’on puisse se rendre compte de la qua l i té de l’enregist remeur

,j e donne ic i deux rep roduct ions de la p remière syllabe

du mot Ëafâ r‘

,l ’une (fig . 1 ) représen tant le tracé phonograph ique

agrand i 1 5 0 fois en hauteu r au moyen du transcripteur L iOret,l ’autre (fig . 2) offran t le tracé du pet i t tambour avec des vibrat ions agrand ies seulement 28 fois en hauteur

,c ’est—à— d ire 7 fois

par l e levie r du tambou r et 4 fois par la photog raph ie . En comparan t les vibrations des deux tracés

,on y constatera une certa ine

ressemblance on voi t,dans les deux cas

,au commencemen t du

tracé d ’abord une vibrat ion i ndécise (non marquée) , l a suivan te

F IG . 2 .

Mêm e sy llabe quefig . 1 .

Enreg istrem ent s im u l tané à celu i de la fi g . 1,avec le pet it tam bour Rousselot . Agrand i

4 fo is par la photograph ie et rep rodu i t sa ns auc une retou che .

(numéro 1) un peu p lus clai re , ensu ite une autre (2 ) déj à tout àfai t nette , carac tér1see par une grande dent et deux petites , formequ i se conse rve pour le corps de la voyel l e en reg istrée par le peti ttambour

,m a is qu i se modifie un peu sur le tracé du phonographe

en ce sens que les deux petites dents y sont dédoublées e t se présen ten t comme deux groupes pour garder a in s i l ’aspect correspondan t a ce lui des vibra t ion s du peti t tambour . La correspon

dance me pouvai t n ature l lement êt re p lus comp l è te , vu la d ifférence de vi tesse des deux apparei l s

,aussi b i en que la d ifférence

d ’agrand issement . Dans ces condi t ions,i l fau t reconnaître qu ’e l l e

220 CH LUMSKŸ

c ’est— à—d ire au bord supérieur , de sorte que chaque amp l i tudedouble se trouve ainsi augmentée de l ’ épaisseu r du tracé

savo i r de 4 ou 5 cent ièmes de mi l l imètre . En trava i l lan t a in sineuf heures par j our

,l orsque j e fus bien habi tué , j e fa isa i s ord i

nairement deux sy l labes . Enfin i l est u t i le de di re que pourl ’ enregi stremen t l

embouchure se trouva i t légèrement appl iquéecontre les lèvres

,par conséquen t ne gêna i t pas du tou t la pro

nonc iation . La mei l leu re preuve de l ’absence de tou te gêne , m’

e

ta i t auss i fourn ie par ce fai t que le reproducteu r phonograph ique

répétai t mes paroles à mon en tière sat isfact ion .

Après ces expl i cat ion s pré l im inaires,voic i les ch iffres donnan t

la l ongueur (L) , l’ampl itude double (A) des vibrat ion s , ce tte

dern ière deux fois d ’abord dans son agrandissement respectif,ensu ite san s cet agrand issement pour faci l i ter a ins i l a comparai sondes ampl i tudes rée l les des mem branes des deux appare i ls .

MOTS ISOLÉS

s‘

a du 1er i afdr‘

PETIT TAMBO U RA d

Vibrat ion AL A

IV

1 5 0 7

en div isions du en d ixièmes

en d ix1em e5 de m i llim ètrem 1c rom etre de mm .

PHONOGRAPHE ET PET IT TAMBOUR

PHONOGRAPHE PET IT

du 1er

TAMBOU R

AA — I /2

7

4

4

3 0214

2

1

222 CH LUMSK Ÿ

PHONOGRAPHE PET IT TAMBOURA I /2 d1v

la du 2°

Passage s”-a

1

Vo velle a

1 . Vo irfig . I et IJ

PHONOGRAPHE

CH LUMSK Ÿ

va de Vasa ra

PET IT TAMBO U RA d iv ,

7

Vibration

Passage s‘

-a

PHONOGRAPH E ET PET IT TAMBOUR

PHONOGRAPH E PET IT

— sa de Va i ata

-ta de Vai a ta

22 5

2 26 CH LUMSR Ÿ

PHONOGRAPHE PET IT

D ISCOU RS SU IV I

40 4

4 1 4

40 4

40 5

228

PHONOG RAPHE

Ç H LUMSR Ÿ

PET IT TAMBOURA 1 2 d iv .

A 7

2

2

2

2 I /2

PHONOGRAPHE ET PET IT TAMBOUR

PHONOGRAPHE PET IT

CH LUMSK Ÿtou.

»

0

PH O N O G I\APH E PET IT TAMBOU RA d iv .

VIbf 8 I IO I] L 7

232

PHONOGRAPHE

j . CHLUMSKŸ

PET IT TAM BOU RA d iv .

7

PHONOGRAPH E ET PET IT TAMBOUR 2 3 3

PHONOGRAPH E PET IT TAMBOURA d iv .

V ibration L7

1 211

1 3€

234 CHLUMSR Ÿ

PHONOGRAPHE PET IT TAM BOURA div .

V i bration L 7

2

2 3 6 CH LUMSK Ÿ

PHONOGRAPHE PET IT TAM BOU RA d iv .

A 7

3

3 I /2 0317

3 0314

2

2

2

2

2

2

2

1

1

Ces ch iff res apporten t les renseignements su ivants

1° Le nombre de vibrat ions en regi strées par les deux appa

re i l s est éga l pour les sons correspondants,par conséquen t

,l e

peti t tambour est aussi fidèle que l e phonograph e,n

ajoutant pasdavantage que l ’autre .

PHONOGRAPHE ET PET IT TAMBOUR 2 3 7

2° La longueur des vib rat ions , et par suite la hauteur musi

cale , est dans les deux cas , dans u n rapport constan t . S i l’on

trouve parfois des écarts , c’ es t qu ’ i l s son t inévitab les . I ls sont dus

d ’abord à ce fai t que les deux appare i l s n ’ é taien t pas mns par unseu l moteu r ; du mom ent que l

’on en a deux d i fférents (dans

nos expér iences c’

é ta i t u ne turb ine pour l ’appare i l en regis treur,

un moteu r à po ids pour le phonographe) , l a marche n’est j amais

tout a fai t pare i l le . L ’au tre cause de ces écar ts est l a d ifférence

de l ’agrand issement . Ce’

dern ie r,étan t de 1 5 0 fois pour l e pho

nog raphe, donnai t d es angl es plu s a igus et faisa it a insi mieux

ressort i r les l im ites des v ibrat ions que ne le permettai t le pet i tagrand issemen t du peti t tambour . Par conséquent l es mesures

,

surtou t celles des vibra t ions t rop pet i tes,deva ien t forcément êt re

moins préc ises pour ce dern ie r . Toutefois,même là Où un cer

tai n désaccord ex i ste en tre les deux sortes de tracés,i l est

minime et par la nég l igeable . Les ch iffres parlent donc en faveur

du fa i t généralemen t admis que non seulement le phonographe ,mais aussi l e pet i t tambour peut servi r pour l

étude de la durée

e t de l a hauteu r musica l e des sons .

3° Les ampl itudes don nées par l e peti t tambour son t p lus

fortes que cel les du phonographe . On l e voi t b ien sur les tablesde réduction qu i représen ten t les ampl i tudes rée l les des deuxappare i l s . Le fa i t n ’ a rien d ’étonnant

,puisque le t ambour se

trouvait p lus près de la sou rce sonore l e caoutch ouc pouvai tpar conséquen t céder plus faci l emen t aux impuls ions du mouve

men t v ibrato ire que la p laque en verre . Ce qui est p lus intéressant c ’est qu’ i l y a un para l l é l i sme constan t en tre les ampl itudes

des deux sortes de tracés : s i l a force augmente pour le phono

graph e,une augmentation analogue s ’annonce ordinai remen t

aussi sur l e t racé du petit tambour e t in versement . I l s’

ensu i t

qu ’ i l y a un rapport constan t en tre les ampl i tudes correspon

dantes : ce l les du corps des voye l les son t d ’ord inaire de 2 à 4 fois

p lus grandes pour l e peti t tambour que pour l e phonographe , l es

3 8 CH LUMSR'

Y

vibrations voca l iques l es p lus fortes le sont seu lement 2 51 3 fois ;ce l les des passages , de 4 à 7 fois .Toutefois i l y a des endroi ts où le paral lé l i sme ment ionné

paraî t être t roublé ; voi r par exemp l e les 1 0° e t 1 1 ° vib rat ion s de

la syl labe ta du Ier i a dr . ou bien les 1 3

° e t 1 7° de la

même syl labe du 2° i afâ i . etc . Mais ce trouble n ’ est q u

apparent .

A ces endro i ts,i l y a ord ina iremen t un peti t changement de

l ’ épaisseu r du tracé ou bien une érafiure sur le bord,à peine

vi si ble sous l a l oupe,ma15 appréciab le au microscope . Une pet i te

inégal i té de l a couche du noir de fumée peu t faci l ement amenerce résu l tat . H eureusement les erreurs possibles n e dépassen t pas

d ’ordina ire d ivis ion du micromètre et ne peuven t sérieuse

ment troub ler le rapport des deux sortes d’

am plitudes . Le seu l

cas qu i pu isse paraî tre p lu s embarrassan t,est celu i de la sy l labe

lui du mot ra lrdçaL Là l es ampl i tudes augmen ten t presque j usqu ’ à l a fin de la voyel le (c

’ est -d ire j usqu ’à l a 2 3° vibrat ion)

pour le phonographe . tand is que pour l e peti t tambour ce tteaugmen tation ne va pas s i lo in el le dépasse à peine l e premiert iers (l es p remières 7 v i brations) . Ensui te la force ba isse un peu

pour se mainten i r s ta t ionnai re j usqu ’ à l a 23° vibration

,et ce

n ’ est qu ’ap rès,à parti r de la 24

° vibra t ion,que les deux appa

rei ls tomben t de nouveau d ’accord,en montran t s imultanément

la d im inut ion de la force v ibrato ire . La différence est donc dans

le corps de la voye l le e t,en un m or. e l l e consiste en ce que le

peti t tambour i nd ique le main tien de l a force après l’accro issement in itia l

,le phonographe une légère augmentat ion qu i se

poursu it pendan t le même temps . Ce cas excep tionnel méri te’ être examiné sur d ’autres exemp les et j e me propose d ’y reve

n i r dans un art ic le prochain . Au reste , l e désaccord est loin d’ être

grave,pu isqu ’ i l ne détru i t pas l e rapport constaté pour les ampl i

tudes de tou tes les autres voye l les examinées : l es ampl i tudes

du peti t tambour son t ici de 2 à 3 fois plus grandes que pour lephonograph e .

240 CH LUMSK Ÿ

1a t

vo

-bor

sleo

Sauf pour le mot zahdza t, d iscuté plus haut , on vo it que les

deux apparei l s son t complètemen t d ’accord ; i l s d istri buent la

force de la m ême façon et re lèvent ord inairemen t l a premièresy l labe du mot

,ce qu i correspond à l ’ i n tens i té te l l e qu ’on l ’en

tend réel lemen t en tchèque . C ’est donc une nouve l l e confi rmation de la fidél ité des deux appare il s au po in t de vue de l ’ eu re

g istrement de l ’ in tensité . Q uan t au mot él im iné , s i l’on examine

l es ch iffres donnés plus haut,on con state un fai t su rprenan t à

p remière vue,à savoi r que le tracé du pet it tambour se rapp roche

l e p l us —de la réa l i té : tand i s qu ’au phonographe,l ’ i n ten sité te l le

que j e l a sens dans l e mot mhdza t, est renversée , et se transporte

de la prem ière syl labe sur l a deux1em e,l e pet i t tambour au con

trai re donne une pu issance égale aux deux prem ières,ce qu i cor

respond mieux à l ’ imp ress ion audit ive . Pour ce tte question i l

n ’est pas sans in térêt de relever la faç on don t se son t comportésles deux apparei l s par rapport aux mots du même type que

; a/râ zat, qu i sont l es deux njar. Dans ces deux mots,nous avon s

,

comme pour {ahd( at, d’abord une sy l labe brève accen tuée

,

ensuite une longue non accen tuée . Or,pour ces deux m ors

,l e

peti t tambour comme le phonographe,sa isissan t b ie n l ’ i ntensité

en tendue,renforcen t l a première sy l labe . Comme le peti t tam

bour agit auss i de la même faç on dan s un tro isième cas analogueà savoi r dans {aleaza t, i l est permis de supposer que son traceest j uste et que le désaccord avec le phonographe n ’est dû qu ’àun acciden t . J ’aurai du reste b ien tôt l ’occas ion d ’

y reven ir .

Après l ’examen des voyel les,i l y aura it un mot à d ire des

PHONOGRAPH E ET PET IT TAMBOU R 24 1

consonnes . Mais l e nom bre d ’exemples examinés é tan t restre in te t le paral lé l i sme b ien vis ibl e , correspondan t aux nuanc es consonantiques mentionnées p l us haut

,j e ne m ’y a rrê te pas .

La comparaison serai t i ncomplète sans l etude des tracés de la

prononcia tionforte. L ’ expérience nécessaire a été faire de la mêmefaç on que la précédente , avec la d ifférence , b ien en tendu , de

l ’ in tensité . J’

insiste i c i su r l e fai t que,pour cette expérience

,l a

prononciat ion a été très forte : j ’ai pour ain s i d ire crié dans l ’embouchure

,qu i

,tout en étan t légèrement appl iquée aux lèvres

,

n ’ é ta it percée d ’aucun t rou pour ne pas affaib l i r l ’ in tensité du

F IG . 3 .

Sa du mot Ï afâ ixP rononc iat ion forte. En reg i stré au phonographe, transc r it au m oyen de l ’apparei l L ioret

et rep rodu i t sans agrand i ssem ent n i retouche .

son . L ’ effet de la force emp l oyée se man i feste sur le phonogaphed

une faç on particul ière les sy l l abes les p lus in tenses on t souven t plusieurs vi brations t ronquées

,donc d iminuées dans leur

amp l i tude,moins par la rés istance de la ci re que par le réglage

de la pro fondeur du si l lon,qu i

,suffisan t pou r la prononcia tion

normale,ne l ’ éta i t pas partou t pou r la forte , surtout là où la

force de la vo ix e t par conséquent auss i les écarts de la p l aquev ibrante devenaien t excessifs . A ces endroits , l e saph i r quitta it la

ci re pour une portion,min ime i l est v rai

,de son mouvemen t

négatif,m a is assez g rande cependan t pour que les vibrations

242 GB LUMSR Ÿ

en registrées perd issent leur forme symétrique,en offran t un

côté pointu,e t l ’ autre Côté , l e côté opposé, avec des poin tes

coupées . On peut juger de la pe rte subie d ’après la torme des

vibrations . Là où la poin te n ’ est qu’un peu émoussée,l a perte est

très peti te . Si au contra1re , l a poin te est comme coupée , la perte

est considérab le,de so rte que même les vibrations incomplètes

donnent des i nd icat ion s n écessai res sur le rapport des ampl i tudes

et peuven t être uti l isées . Toutefois pour les mots iso lés,j ’a i pré

féré ne me servi r que d ’exemples ayan t partout des vibration s

complètes (voir fig . Pour la ph rase j e n ’ai pas eu cette poss ibilité de choix . Dans ce dern ie r cas

, j’

indique l es syl l abes où

F IG . 4 .

Mêm e sy llabe que fig . 3 .

Enregi strem ent s im u ltané à celu i de la fi g . 3 , avec le pet it tam bour Rousselot . Agrand i4 fo is par la photograph ie et rep rodu it sans au c une retou ch e .

les v ibrat ions son t tronquées auss i b ien que le deg ré de la perte .

Su r l e tracé du peti t tambour (fig . même pour la pronou

c iation excessivement forte , une in spect ion sommaire ne révèler ien d’

anorm al,sauf l a forme des v ibrat ion s qu i ressemblen t

moins à cel les du phonographe . Cette d ifféren ce se trah it aussi

dans les mesures qui su iven t .

Va de Va5a ta

PHONOGRAPH E PET IT TAMBOU RA I /2 d iv .

PHONOGRAPHE

CH LUMSR Ÿ

PET IT TAM BOURA d iv

,

7

a…

0 3 6

0n6

PHONOGRAPHE ET PET IT TAMBOUR

PHONOGRAPHE PET IT TAMBOURA

vo de voborslro.

24 5

246

PHONOGRAPH E

Consonne b (explosion)1 re

2€ 8 5

Voyelle 0

1 1e 87

2e 86

3e 86

4e 8 5

se 8 5

6e 8 5

7e 86

8C 86

9e 87

10€ 88

1 1e 88

1 2 6 89

1 3 3 90

14e

92

1 5e

9 3

N .

-B . Les v ibrations

phonographe.

CH LUMSK Y

PET IT TAMBOURA

27 9

26 1 1

2 5 1 3

2 5 16

2 5 1 8

26 1 8

2 5 1 8

2 5 18

26 18

26 18

26 1 8

27 1 7

27 16

27 1 5

27 14

sont légèrem ent ém oussées

248 CH LUMSK Ÿ

Comme on peut l e voir,j e me su is1 d ispensé de donner tous

les ch iffres , non seu lemen t par économie de p lace , mais aussi

pu isque ce n ’ est plus n écessaire . I l m ’a paru suffisan t de repré

senter les deux types de mots que l ’on t rouve en comparan t lest racés l ’un de ces types correspond à un excès de force (exemplevoborsko) , l

’autre à une prononciation moins exagérée , se rappro

chan t de l a prononciation normale (exemple Va i a ta , emprun té

comme le p remier au d iscours sui vi) .

Or , on trouve de nouveau , comme pour l’expérience précé

den te,que

1° Les deux apparei ls sont d ’accord quant au nombre de vibra

t ion s des sons correspondants .

2° La longueur des vibration s

,et par suite la hauteur musi

cale,est dan s l es deux cas dans —

um rapport constan t , abstractionfaite des pet i ts écarts ment ionnés 1 p ropos de la première expé

r ience. Donc , la prononciat ion forte ne détru i t pas non plusl ’accord des deux appare i l s pour ’étude de la duréeet de l a hau

teur musica le des sons .

3° Les ampl itudes offren t un para l l él isme moins complet que

celles de la prononciat ion normale . Les exemples choisi s l e

montren t suffi samment . Toutefois on le voi t assez b ien conservépour les consonnes

,et pui s pour la p lupart des voyel les ( 10 sur

1 7 mesurées) . Pour ces dern ières,le s excursion s de l a plaqu e pho

nog raphique arr ivaien t à égaler cel les du peti t tambour, leu r rap

port étan t exprimé app rox imativement par 1 1 . Voir les ch iffres

pour Va 5ata . C ’ est j ustemen t le cas où la prononciation n ’ étai t

pas encore excessive,comme j ’a i pu m ’en convaincre en faisan t

parler l ’enregistrement phonograph ique . On ne rencont re des

écarts avec l e rapport i ndiq’

ué que pour les passages . Le com

m encem ent des implosions,par exemp l e

,p résen te un accroisse

men t d’

am plitudes qu i ne se produ it pas pour le phonographe .

On voi t b ien ce pet i t désaccord à l ’oei l nu,en comparan t à ce

poin t de vue les figu res 3 et 4 . Mais ce désaccord ne touche que

PRON OGRAPIIE ET PETIT TAMBOUR 249

2 ou 3 vib rat ions du commencement de l’

implosion à la fin lesdeux tracés son t d

acco rd . On remarque auss i un pe t it écart pourles explosions . Ces d ifférences , on le devine bien ,

do iv en t êt reattribuées à l a poussée d ’air qu i se produ it pou r ces sortes de

passages et qui est n atu re l l emen t plus sensib le avec le tambour,

en raison de son é last i ci té e t de son moindre éloign ement de la

source sonore . L’ i nfluen ce de la poussée d ’ai r sur le caoutchouc

a été bien rem arquée par M . Rousse lot e t men tionnée dans les

Pr incipes, p . 106 1 . Toutefois ces d ifférences sont ordinairementpeu considérabl es et surtout e l les ne touchent pas l e corps desvoye l les

,Où l e rapport fixe se main t ien t . Par con tre . les voyel les

où la force atteignai t son maximum,s

écartent de ce paral lél isme

aussi pour le corps voca l ique : voi r l ’exemp l e voborsko, où pour lapremière voyel le , l es ampl itudes du tambour son t de a

fois plus grandes que ce l l es du phonographe pour la seconde

el les le son t de 4 à pour la dern ière de 5 à 3 fois . On estavert i

,du reste

,de ce changemen t par la forme des v ibrat ions

qu i dans l es cas ana logues , perdent l eur aspect habitue l pour nep lus ressembler à ce l les du phonog raphe. Lequel des deux appa

rei l s a raison ? J’

inc line pour le phonographe , parce que le rapport des in tensités senties par mo i se trouve détru i t sur le tracédu pet i t tambour . Mais ce poin t demandera i t auss i de nouve llesexpériences et avec d ’ autres apparei l s . En attendan t , j e crois quela force exagérée

du son et d u courant d ’a ir,dépassant la capa

cité du peti t tambou r a rendu cette expérience inuti l isable Le

phonographe a été moins imp ressionné dans ces condit ions désavàntageuses pour le peti t tambour , j ustement par son grand élo i

gnem ent de la source sonore . Mais s i l ’on fai t des expériences àl a m ême distance on constate aussi que la p laque du phonographeou du gramophone s

affo le comme le p rouve , par exemp le,pour le gramophone p lusieurs tracés de M . Scripture donnés

dans ses Éléments .

Comme conclusion,nous pouvon s dire que

,même pour la pro

Revue de phonétique.1 6

2 5 0 CH LUMSK Ÿ

nonc iation forte on peut s’en rapporter

,quoique avec

d iscrét ion aux tracés des deux appare i l s,tant que la forme

vibrations n ’est pas détru i te .

Jos . CH LUMSK Ÿ .

2 5 2 j . GH LUMSR Ÿ

pos i t ion,les brèves e l les-mêmes se rapprochen t souven t des

longues,ce qu i s’expl ique aisémen t par le passage len t au repos

des organes phonateurs . Cette restric tion fai te , on a comparé l e

reste d ’abord les syl labes vo is ines brèves ouve rtes , don t la pre

mière porte l ’accen t et don t l a seconde est atone . Pour ce l les- ci

on serai t ten té , à l’ore i l le

,de leur attribue r l a même durée

,

cependan t les ch iffres mon tren t qu ’ i l y a une d ifférence l es

ton iques sont tou jours plus longues , parfo is deux fois autan t queles atones . C ’es t surtout l ’ exemple : na m lhavém , sur (l

’ horizon)nuageux qui est très i nstructif. Pour ce dern ie r par hasard , l a

prononci at ion a été d i fféren te . J ’a i accen tué la p réposi t ion na,

c’

est-à-d i re la première syl labe du groupe,comme on le fai t géné

ralement en tchèque ; mon compatriote a obéi à l a prononc ia

t ion d ia lecta le e t a mis en re l ief non pas la préposi tion na, mais

la sy l labe suiv ante,e t les mesures ont donné ceci en cent ièmes de

seconde

n passage de n vers a a m pass . de rn vers l l avec son pass . vers

C : 20 1 2 7S 5 6 9 14

Soit comme durée des syl labes

C : un 3 3 m l 1 7 5 na 1 3 , ml 24

Ainsi qu ’on peut le voi r , la préposit ion accen tuée par moi estdeux fois p lus longue que la sy l labe atone . Chez mon compa

trio te le rapport es t in tervert i c ’ est la préposit ion qu i est de

moi tié p lus courte que l a syl labe su ivan te,devenue ton ique .

Non moins intéressante est la comparaison d ’une autre série

de syl labes voisines dont la première est accen tuée , mais brève àl ’orei l le

,l a seconde longue , mais atone . Le rapport de cette sorte

de syl labes a int rigué assez souven t les savants à cause du fai t

que la longueu r de la seconde atone représen te la trace de l ’ accen t

prim itif,l’

accentuation sur la p remière sy l labe,générale aujour

MESURES DES SONS ET SYLLABES TCBEQUES 2 5 3

d’

hu i , étan t rel at ivement récen te . Ains i l e mot Par i s qui sign ifie

Pari s ava it auparavan t l’

accen t d ’ in tensité sur la seconde

comme son origin al français . Auj ourd ’ hu i l ’ in tensité se t rouve

déplacée su r la première . O r, s i l’on mesure l a sy l labe ent ière

en tenan t compte de la voyel le et de la consonne,on con state

que l ’accent d ’ in ten si té tend,ou bien à égal iser les durées , de

sorte que l a brève ne d iffère pas beaucoup de sa longue , ou b ien

qu ’ i l va encore plus lo in et qu ’ i l i n tervert i t l e rapport la préten

due brève ton ique dure parfois p lus longtemps que sa prétendue

longue non accentuée .

Conclusion La comparaison des exemples montre que la

durée en tchèque n ’ a pas une val eur indépendan te , mais qu’

e l l e

F IG . 1 .

papa .

En h au t , nez en ba s , bou che.

est en général dominée par l’accent d ’ i n ten si té , ce qu i est un e

nouvel le confirmation des résu lta ts auxque l s son t arrivés , par uneautre voie

,deux expér imen tateurs tchèques

,MM . Kr:i l et Mares

(cf. Rousselot , Pr incipes , p . 109 , et Scr ipture , Éléments , p .

Le travai l en question renferme de p l u s1° La revi sion du mode de dél im ite r les sons, question qu i a

été t ra itée à part dan s l e fascicul e précédent de la Revue, p . 80

et su iv .

2° Une ind ication sur la façon don t les sourdes in i tia les peuven t

être mesurées d ’après la forme du courant phonateur . On voi tpar exempl e que pour le p i n i t ia l (fig . 1 ) l

occ lus ion nasa le n’

est

accompl ie qu ’après l’occ lusion bucca le . Donc , tout ce qui précède n ’est qu’une préparat ion . C ’est seu l ement avec l a ferme ture

2 5 4 CH LUMSR’

Y

du nez que les organes on t pris l a posi tion pour l a consonne

c’

est a lors a parti r de ce moment- l ‘a qu ’ i l fau t mesure r sa durée .

La j ustesse de cet te mesure ressort aussi de la comparaison avecl es sonores (fig .

3° La revision de mon é tude in ti tu lée : Ana lyse du courant

d’

a i r phona teur en tchèque, publ iée dan s l a Parole, 1 902 . Cette

étude est sort ie des expérien ces fai tes su r des sy l l abes e t des motsi so l és L ’analyse des voye l les y repose surtou t su r la forme dan slaquel le e l les se p résen ten t à la finale

,où tout nature l lemen t l a

tendance des organes resp i ra toi res à reprendre leur fonc tionnemen t régul ie r, en tr

’ouvre prématurémen t la cavi té n asal e e td ivise ain si l e cou ran t sonore en d eux . C ’ est ce qui m ’ a amené :

I

F IG . 2.

baba .

En hau t , nez ; en bas , bou che.

supposer que,pour chaque voyel le

,i l y aura it un doubl e couran t

,

l’

un buccal,l ’autre nasal . Les expériences posté rieures sur le d is

cours su iv i restre ignen t la conclusion énoncée auparavan t,en

mon tran t que ce doubl e couran t ex i ste seul emen t pour les

voyel les fi nales avant une pose ; à l’ in térieur du mot i l n e se

produ i t que sous l ’ influence d ’une nasale vo isin e , non ai l leurs .

Les toutes peti tes v ibration s qu i accompagnen t chaque voye l l esur l e tracé du nez

,n

expr im ent que la résonnance commun iquée

à la cavi té nasale .

Q uan t aux con sonnes , l a révision mon tre que la conclusionpubl iée en 1 902 est val ab le , el le aussi , seu lemen t dans les l imites

des expériences qu i on t servi à l’établir . Toutefois , m ême dansl e discours su ivi en tchèque

,ce doub le couran t est possib le . Ma is

dans ce cas-là ce double couran t n’ est qu’une parti culari té de la

prononciat ion individue l l e .

Ç B LUMSRŸ

FIG . 4 .

v zennors dans le m ot nof .

lin haut , nez en bas , bouche.

F IG . 5 .

thur ing ien dans le m o t loc”

.

lin h au t , nez ; en bas , bo uche.

F IG . 6 .

su issedans le 1110 1 [ op] .

En h au t , nez ; en bas , bouche .

F IG . 7 .

5 espagnol dans le m o t €uan .

En haut,nez en bas , bou che.

F ig . 4 , 5 , 6 , 7 reprodu i tes sans aucun agrand issement et sans aucune retou che.

MESURES DES SONS ET SYLLABES TCH EQ UES 2 5 7

aussi de su ivre l’

i nfluen ce des consonnes nasales,

an térieures et

postérieures , pures et moui l lées, sur les voyel les e t les consonnesvoisines .

L’art icle sur l e r tchèque paru dan s la Revue 1 9 1 1 y trouveaussi son complément .

5° Le résu l tat des expéri ences sur etchèque (écr i t ch) . Dans l a

figure 3 on voi t de pet ites vi brat ions con sonan tiques , mais sans

les ondu lations qu i caractér isen t ord inai rement l e t‘ al lemand

(fig . 4 , 5 , 6) ou la jota espagnol e (fig . La comparaison deces figures permet de devin er que le frottemen t pour l e 5 tchèquedoi t être moins fort e t l e son moins dur que celu i du 5 al lemand

ou espagnol . Les expériences expl iquen t a insi la d ifférence de

l’

imp ression acoust ique donnée par les son s comparés .

6° La constatation d ’un h e t d ’un y accidentel lement assourd is,aussi bien que d ’ autres assourdi ssements mo ins notables de con

sonnes dans les sy l labes p lus fortemen t accen tuées ou bien quel

quefo is après un e sourde .

7° La mise au poin t d ’une remarque de M . Meyer sur le b

tch èque pub l iée dans son art i cl e S timmhaftes h (DieN eueren Sprathen Où i l parl e d’un h t ch èque sonore aussi à l a finale .

O r , l’orei l le et les expériences démontren t qu ’ i l n ’y a pas de ‘

h

sonore à la fina le en tchèque,chaque h final s’y assourdissan t e t

devenan t ô. L’

o rthographe tchèque dans ce cas- là , comme dansbeaucoup d ’aut res

,n ’ est pas phonétique et conserve l e signe

t rompeur de h à l a finale .

8 ° La constatat ion expérimentale de l ’existence des occlusives

la ry ng iennes en tchèque . Le coup de glotte est b ien rendu dans

la figure 8 qu i représen te deux mots commen ç ant par une

voyel le a nni (a et, uni même pas) . Pour avoir des ind i

cat ions plus com p lè tes,j ’ a i employé t ro i s p lumes dont l ’une

en regi stra i t l e courant d ’ai r nasa l (tracé inférieur) , les deuxautres l e couran t d ’ air buccal d iv isé en deux pour avoir unel igne presque droite avec des vibrat ion s vocal iques e t une courbe ,

2 5 8 CH LUMSR Ÿ

marquan t l es poussées d ’ai r des exp l o si on s . Les part ies presquehorizon ta les de ce tte courbe

,l imi tées par la et la pui s pa r

l a 3°et l a 4° perpend icu la i res représen ten t les deux occlusions

successives de la g l otte se produisan t a van t la voye l le . La mon

tée brusque de l a cou rbe exp rime l ’ exp losi on et le commencement de la voyel le . Très in st ructive ic i es t l a comp araison de g]avec les deux art icu lat ion s la ryngiennes l a fermeture de y a lamême forme que les deux occlusives l aryngiennes .

F IG . 8 .

a ag i .

Rep rodu it sans aucune reto uche .

1 et 2 , un doub le tra cé du co urant bu cca l 1 . donné par le grand tam bou r 2, pa r le

peti t tambour ; 3 , nez ; 4 , d iapason (200 v . Entre la I”et la 2

°et entre la 3

°et la

4° perpend ic u la i re, occ lu s ive laryngienne.

1 0° La constatat ion des voyellesb réves sombres que l

on n ecri t pasen tchèque et qu i n ’ en ex i sten t pas moins . Ces voyel les se ren

con tren t : a) au commencemen t de quelques consonnes in i tiales,te l les que r et i ; b) dans quelques groupes de consonnes : ain si ,si l ’on enregistre par exemple le mot tma ténèbres

,obscu ri té

on trouve en tre t et m une voye l l e brève que l ’on en tend aussià l ’orei l le et que j e serais ten té de comparer au '

6 du vieux slave .

I l en est de même entre d et b,en tre 43 et d , etc . Le groupe le

plu s importan t est celu i qu i es t formé par une consonne r .

La durée de ces voyel les brèves sombres varie et avec e l le auss i

la netteté de l ’ impression audit ive .

D ICTIONNAIRE

DE LA PRONONCIATION FRANÇ AISE

(S ui te. )

(Groupe bd ; a de —a tion ; i de -a tion sy , l moui llée, y , en généra l

consonnes lingua les, g roupes avec v et consonnes mou i llées ; finales-en,

ge et—e.)

ABD ICAT ION a b a'10 . i le à

s y a

et h d i le e'

cl 6 . h d 0 171 10 . e

n

ABDOM INAL a b 6 . d 9 0 m

72 et

ABI) U CTEU R a h d u 5 .

( i’7'

ABDUCT ION a h a’

u 5 . s

y 5 1 4 .

—ahe,e‘

ib san s excepti on (Lanoue , 1 69 6 ,Littré

,Diet .

excepté astrolâ he (Dem andre,1 769 , Napoléon Landais , Gram .

1 843 , mais non Diet. D’

O livet a j oute crabe, que j e ne

ret rouve avec un et g rave, que dan s P. Passy (Diet . ph.) à côté de

l’

a aigu long ou moyen .

ABÊCÉDAIRE a h e 5 e d

ër 3 3 3 7

a 9 . b 9 . e ajet h ey

et h 1 0 . e y é

LA PRONONC IATION FRANÇAISE 26 1

1° Groupe bd . Sur certa in s tracés du souffle buccal

,la d is

tinction de b et de ci se fai t sans peine . Même,dans des condit ions

favorables, par exemple (fi c . l es d ifférences d’

in tensi té e t

Ag r°

F IG . 40 .

G roupe bd

Les dermeres v ibrations de l’

a ini tia l ont é té conservées .

Les v ibrations nasa les peuvent ten ir l ieu de c el les du la rynx .

3 . abdomen a été prononcé avec un a: final .

de sonori té se montren t très bien n ° 1,

p lus grande in tensitéappart ien t au b n

° 52, 3 et 4, au il ; n ° 3 , une peti te explosion

étouffée apparaî t,reconnaissab le à l ’accroissemen t d ’ampl i tude

des vibrat ion s . Chose in téressan te,nous avons (fig . 4 1) une

sorte de d sp irant s inon au poin t de vue acoustique du moins

2 62 L ’ABBE ROU SSELOT

au poin t de vue articu latoire car l em ission de l’air

,pendan t ce

qui devra i t être l’occ lusion,est t rès n otabl e .

Les mesures re l evées c i— dessus n ’ on t pas été prises sur les tracés

reproduits . La figure 40 nous donne un centième de seconde

pour b et d n ° 1 . 7 e t 8 , 5 n ° 2 . et n° 3

3—

5 .

(avec l’exp los ion et 6 ; fig . 4 1 .

9 et

A ne considérer que la l igne de la bouche,on pourrai t être

ten té de cro i re que les sonores e t d s’

assourdissent par leur rap

prochement . Ce sera it une e rreur ; car la l igne du nez , l‘a où el l e

est t rès n ette 1, 3 , montre très b ien que dans ces

exemples l ’act ivi té laryngienne n ’est en rien d iminuée . L’

affa i

blissement des vibration s bucca les t ien t à des degrés différents de

l’

occ lus ion .

2° L

a de -a tion . Cette fi nale est empruntée du latin ; et ,tand is que la forme fran ç a ise -a ison (raison) est si douce à nos

o re i l les, elle a conservé pour nous quelque chose d

étranger , je

d ira is presque de barbare . Aussi la prononciat ion n ’en est pas

encore b ien fixée . Les uns fon t l’a graveet l ong (à), l es autres

moyen et bref (à) . Ce sont les extrêmes le premier semblel ou rd , l e second trop pointu . La bonne prononciat ion parisienn eest un à bref ou de durée moyenne .

Au XVI° s iècle

,l e Lyonnais Maigret ( 1 5 5 0) ch icane Pel letier

du Man s à propos de na tion . Le mot éta i t dé j à ancien dan s l alangue i l ava i t é té i n trodui t au x 11

° sièc le par le traducteur du

Psaut ier d ’

O xford . Mais à L iyo”

,comme on disai t san s doute

a lors et comme l ’ on di t au j ourd ’hui on ne pouva i t croi re que

la p remière voyel le de ce mot nacion fût plus longe que sa

penult ime et l ’on trouvai t cet a court en regard de nritzj (Th .

II,p . Pour le Poitevin Le Gaygnard l

a est long ,c ’est— à—d ire grave .

1 . J’

ai noté la fo rm e l iyô à Lyon m êm e,et je trouve dans le D iet . des R inu s

de L . Cayotte ( 1906) la transc r iption L i ion (p . XV I I), q ui est no rmale pour

l’

auteur .

264 L’ABBE ROU SSELOT

évei l lée . D ’après lu i (Pa r lers Par isiens) , M . Loy son hési ta i t en tre

à (pâ te) et à (patte) ; de même , Pau l Des j a rd in s l isai t modula t ionavec à e t conversa t ion avec à ; Zola prononça i t soi t avec un a

mi-fermé (généra t ion) soi t avec un a ouvert celu i de a cte

(sensa tion) l’

a de acte n ’est pou r moi qu ’un a moyen bref

Ren an avai t un a ouvert, Mgr d’

H u lst un a moyen de timbre e t

de quan t i té . J ’a i noté l a même qual i té de l’a dans une leçonde l ’ abbé de B rogl i e Gas ton Pari s un a ferm é moyen

Rod ne prolongeait pas trop l’a , un a plus ou moin s fermé

R i tter employa i t l ’à ; enfin moi -même , j e me sera is se rv i d’un (1

ouvert moyen (a cte) dan s généra t ion,sensa t ion , d

un et

fermé moyen (pas) dans conversa tion , d’un à fermé long

(pâ te) dan s propaga t ion,assimi la t ion .

J ’avoue que , pour ce qu i me con cerne , les notation s de

M . Koschwi tz m ’

é tonnent . Nature l lemen t,j e ne puis parler

que

de ma prononciat ion voulue, et non de m aç prononc iat ion réelle

,

ce l le qu’

écou tait M . Koschwi tz . O r , dans les m ots en a tion ou

assion, j’a i tou j ours l ’ i n tent ion de donner un a g rave, celu i de

pas ou de pa sse. J ’ avoue que la d ifférence de quan t i té en tre ces

deux mots et passion est pou r moi peu sensibl e tou t en étan tnotable d ’ après les ch iffres su ivants

,qu i exprimen t les du rées nor

males en cen t ièmes de seconde,pou r 5 tracés

Pas 3 7 3 7

Pas r = 40 3 4 4 1 3 6

pa ssion 1 7 1 7 1 6

Mon a de passion , que j e veux faire grave , est don c bref, en dehors

des cas où i l recevra it l ’accent orato ire . Et c’est ce qu ’ i l importe

de noter dans un d ict ionnai re . Dans abdica tion (mot assez long) ,mon a a été encore plus court ( 1 Pour ce qu i est du timbre

réel , l a question est moins a isée . Je ne m’y arrêtera i pas ici , car

j e n e puis l a séparer d ’une étude généra le . Mais, comme une

modifi cation dans la quant i té peti t. très b ien en traîner une légère

LA PRONONCIATION FRANÇA I SE 26 5

at ion de t imbre, i l ne m’en coûte pas de penser que les

us notées par M . Koschwi t z n ’aien t que lque réal i t é,tout

en étan t,à ce que j e cro is , fort exagérées .

3° L

i de -a tion. Nous avons déj à vu,qu ’ i l éta i t l ong pou r

Meig ret . En général , - ion et ions son t d issy l l abes, excepté auxim parf. , condit . et sub j . des v erbes (Lanoue , Dé j à

,Du

Val admet la d iph tongue dan s l es noms pion- nier,cham—pion (Th .

I,

Mais Chifii et ( 1 5 6 9) maint ien t la règle io,

'

dit- il,efi

d iph tongue aux Verbes Ai l leurs i l ne l ’eft pas comme,

lion,les paflions , 81e. (Ed . de 1 69 1 , p . De l a Touche

( 1 5 9 6) aj oute cette restrict ion en profe on prononce tou j ours

comme fi ce n’

étai t qu ’ une fy labe (p . Billecoq ( 1 7 1 1)précise on ne fa it pas trop fonner l ’ i dans la converfationmais en lifant des vers

,l ’ i l ’ o fe prononcen t diftinc tement

(p . Restaur est encore plu s expl ici te ion ne fai t qu ’une

syl labe dans le d iscours fam i l ier,mais i l doi t néœ ffairement

en former deux dans la poéfie dans le difcours fontenu ( 17 3 2 ,p . De Wai l ly n

oppose p lus que les vers e t la prose ( 1 76 5 ,p . Et dans ce cas

,Féraud remarque que ti est extrême

ment bref (Tom . II , aver tis . ) Même en p rose,Domergue

(an V) figure dans ses tran script ion s phonét iques - ion par unevoyel le (p . 3 5 6) et reprodu i t la règl e de Chifflet (p .

Les t ra i tés de versification e t les dic t10nnarres conti nuen t à fai reion de deux sy l l abes . Pau l Passy écri t tou j ours avec un 3 1 . Les

lecteurs de M . Koschv v it z on t fa it l a même réduction dans la

prose,y compris Got . Mai s ce dern ier aura it réci té yô (inven

t ion) et iô (vision , action) dans les vers . Parmi les poètes , Born ie r e t Su l ly Prudhomme on t lu

,l ’un si lâ sioé. l

au tre répudiyé :

pour eux,l a conservat ion de la voyel l e ( io) dans la lecture poétique

n ’est donc pas douteuse . Actuel lemen t un auteu r de la Comédie

F rança ise apporte un soin marqué à prononcer l’

i au l i eu de y .

Quoi qu’ i l en so i t

,iô

n ’est plus à Par is qu ’un archmsm e de lettré ,qu i nous coûte un cer ta i n effort

,quand i l n ’est pas un prov i n

Revue de phonétique.

I 7

2 66 L ’ABBE ROU SSELOT

c ialism e. A cet égard , j e pu is signaler un viei l a rch i tecte , né àS t rasbourg , élevé à Nan cy et établ i à Paris depuis p lus de quaran teans : i l a effacé tous les tra i ts d ia l ectaux de son frança is

,sau f celu i

ci,

— ci -si— ô.

I l y aura it donc i n térêt à feui l lete r l’Atlas ling . de la F rance.

L’

enquête d i recte manque ; m a is on peu t juger par analogie . L’

i

est conservé dans quelques l ocal i tés du Nord Belgique (viandemend ian t) , Ardennes , Meuse (mend ian t) ; dans la région lyonnaise

,Jura

, Suisse , Rhône , Isère , D rôme , Ardèch e et plus auSud (mend ian t) , Rhône , Loi re , Saône-et-Loi re

,Ain

, Suisse

(scieu r de long) ; dans le Sud-Est (scorpion) . Cet i est noté

moyen bref ou l ong,ou b ien fermé long dans le Nord (mend iant) ;

fermé bref, tan tôt atone , tan tôt ton ique , ou su iv i d’un y dans l a

région lyonna ise et le Sud (mend iant , sc ieu r, scorpion) .

4°sy , y , en généra l les consonnes lingua les , les g roupes avec y ,

et les consonnes moui llées . J’

a i pour étudier ces d iverses articulat ions

,des faci l i tés que sans doute on ne m ’

env iera pas , mais

dont j e profi te avec pla is ir . G râce à deux pet i tes fenê t res quej ’ouvre à volonté

,j e voi s très b ien les mouvements de l a langue

qu i,à l ’état normal

,son t cachés en haut et en bas par la barrière

des den ts . Comme d ’o rdinai re ces fen êtres son t fe rmées , j e n’

a i

pas à craindre qu ’el l es a ien t mod ifié les arti cul ation s,et j e pu is

m’

observer en toute sécuri té . Puisque l ’occasion s ’en présente , j e

vais étud ie r tous les cas pour lesquels j e puis trouver en moimême une solu t ion le 3

1

,les consonnes dures , c , j , 5

,t, d ,

u,leu r combinaison avec 3 1 et les mou i l lées y , l es seules que j e

possède . Aux i nd icat ion s su r les mouvements d e la langue j’

ajou

tera i quelques précisions concernan t I° l

écar tem ent des

m âchoi res considéré au n iveau des den ts de devan t, qu i à l

’état

de repos s ’

ajustent à peu près ; 2° l a l im ite

,en avant

,du poin t

d ’articu lat ion déterm iné,d ’après le t ranchan t de la den t du

mil ieu,au moyen de bandes de papie r bleu de tournesol 3

° enfin

l ’ouverture des lèvres,et , quand i l y a l ieu , l eur proj ect ion en

2 68 L ’ABBE ROUSSELOT

r de la pointe de la langue. Poin t d’

articulat ion , Les

bords de la langue s ’ appu ien t de chaque côté le l ong des dentssupérieures ; et l a poin te red ressée reste l ibre . Ouverture deslèvres

, 5 3mm sur

l . Poin t d ’articulation,8mm des den ts . La poin te de la

langue s ’appuie con tre le palai s ; et l es côtés , se relâchant , netouchen t pas l e palais au n iveau des grosses molaires . Ouverturedes lèvres

, 5 3"‘m sur 10 .

t,d et n. Le poin t d ’articulation atte in t les den ts . A ma

g rande surprise ,j e m ’aperçois que j e porte la po in te de ma

langue en bas pou r le t, en hau t pour d et n . I l m ’ arrive aussi

d’

art icu ler le t derriè re les dents supérieures . La langu e dans l es

deux cas,app l ique l a face supérieure de sa poin te con tre l e pal a is .

Ouverture des lèvres , su r 10 .

k, g . Poin t d ’art iculation, 4 pour le lc

, 40 pour le g .

Pendan t q ue la racin e S’

é ève l a pointe se rou le en bas e t s ’appl iqueplus ou moins fortement su r le p l an ch er de la bouche à 10mm pourle,à 8 pour g ,

de l a face i n terne des dents .

D ’une façon générale , l’ art iculat i on s

affa iblit de l a forte à l a

douce .

Consonne y . Q uand on passe lentement d’une consonne à un

y , les deux articu lations son t tou j ours reconnaissables mais j am aisle y n

’est l e mêmequ ’à l ’état isolé . Le mouvement parai t constamment affaib l i du côté de la pointe de la langue . Sauf ap rès t

,on la

voi t s ’

avancer vers les den ts,mais d ’un mouvement modéré : pour

ey , par exem p le, el le s ’arrête à 2 mm . el le touche légèremen t

pour les aut res g roupes . La partie dorsa le s ’élève d ’une fa ç on

variée,p lus dans ey que dans sy et dans celu i— c i p lus que dans les

autres groupes (ty , dy , ny , ly , ry) , le bord de la poin te ne depassan t pas pour ces dern iers le tranchan t des den ts

,bien loin d ’at

te indre le p lancher de l a bouche .

J ’ai étudié spécialement sy que j’ai com paré à si

,en même temp s

que j e comparais y et j , y et moui llée. Je me suis servi a cet

LA PRONONC IAT ION FRANÇA ISE 269

effet de mes pe t i tes ampoules et j ’a i exp loré le bord antérieur etle mi l ieu du palais . Les mots qu i ont été in scri ts sont pà sô

passon s (fig . 42 et 43 , 1 ) , pàriô (fig . et pâ syä passions

(fig . 42 et 43 , abelaj e t aheyaj abei llage (fig . 4 5 etLe rapprochement des tracés permet p l usieurs constatations

An I, | 7

F IG . 42 .

Com para ison de s et sy .

M o uvem ents de la l angue (L) derr ière les dents .

in téressan tes 1° En avan t (fig . en arr1ere (fig . la

langue se soulève pour le y au -dessus de la position de l’

s, ce

qu ’e l le ne fa it pas pour l’i dans pàsiô (fig . 44) cel ui—c i demande

une élévation de la poin te derr ière les dents ( 1 ) tandis que le doss ’aba isse sous le mil i eu du pa lai s 2

° Mesurés de l’ im plos ion à l ’exp los ion

,l es deux m ouvemen ts du g roupe sy n

ex igent

pas p lus de temps que ce lui de l’s i so lée (fig . 42 et 3° Le

y est très court dans sy depuis l ’ apparition des vibration s jusqu’

àla posit ion de 5

,i l n ’a guère duré que 6 centièmes de seconde, la

270 L ’ABB '

E ROU SSELOT

moine du son transi to i re de s a 5 dans pà sô ; l a voyel le , au contra ire

,est très longue

,1 6 ou 1 7 cs . (fig . cec i ‘ exp l ique trè s

b ien comment l’ i de a tion étai t long au moment de l ’emp runt,

et comment en s’

abrégeant i l est passé à )1 . 4° Sous le mil ieu

du pa la is , l a l angue s ’élève p lus pour sy que pour le s imp l e

Ag rt

FIG . 4 3 .

Com paraison de s et sy .

Mouvem ents de la l angue (L) sous le m i l ieu du pal a is .

comparez (fig . 43 et 4 5 , abeyaj) ; et , de fai t , l e 41 ne com

mence pas au poin t culminant de l ’articu lation mais après uncomm encement de détente (fig . 42 et 43 ) comp . avec le passage

de s à i (fig . 44, 5° Nous avons donc ap rès l’s , qui est ré

du ite à l a seu le tension,et à une faibl e tenue

,l a tension d ’un

autre son qui est produ it dans un canal p lus étroit e t qu i se continue j usqu’au y . 6° Ce son de passage

,qu i t ien t d ’un côté à

l’

s,de l ’autre au y ,

se confond dan s notre appréc iat ion avec s

to L ’ABBE ROU SSELOT

FIG . 4 5 .

F IG, 46 .

Com paraison de y et j final

1, (ah]elaj . 2Î[abJeyaj .

Mouvem ents de la l angue (L) p r i s so us le m i l ieu du pa l a i s .

Ag r‘

LA PRONONC IAT ION FRANÇA I SE 27 3

Ma is l e y est- i l dans l a réa l i té en partie sourd ? Les tracésseul s peuven t nous renseigner . Considérons d ’abord le groupesi (fig . En avan t ( 1) , l a l angue cont inue pour l

i son mouve

men t ascensionnel sans qu’

i l y ai t d ’arrêt sensible entre le maximum de tension de l a consonne e t le c ommencemen t de la

voyel le . En arriè re la langue a besoin de s’

abaisser pour l’i,

et i l y a une dé ten te sen si bl e . Ce— temps,on n ’en peut douter

,

appart ien t à l’s . JeraiS011nerais de même pour pàsô, tracé pris enarrière (fig . 4 3 ) et en avan t (fig . 42) l e s ifflement sourd se continue depu is l e maximum de tension j usqu ’à l ’appari t ion desvibrati ons du la rynx . Q ue se passe- t- i l dan s pàsyô ? Le temps

écou lé entre l e maximum de tension de l’s e t les prem ieres v ibra

t ions laryngiennes est aux deux n iveaux environ moitié p luscourt pour sy que pour s : 1 cs , 7 5 con tre (fig .

con tre 7 (fig . La v oyel le ô,exigean t l e recu l de la langue

,

est p lus lo in de l a posit ion de l’s que ne son t i et y . Entre lesdeux durées de sy ( I , 7 5 et 3 , l e tracé de si nous permet de

choisi r cel l e qu i répond à la force acrive qu i a produ it le sonc ’est l a première . O r ce cen tième trois quarts de seconde ne peutê tre attri bué qu ’au bruit consonnantique p réparé . par l a tension

précédente , c’est-à-d i re auy , qu i , privé des vibration s laryng iennes ,

ne se t rouve ê tre qu ’un 5 . Mais est—ce tout Ce rf n’

aurait- il pascommen cé p lus tôt ? J e

_

l e crois . La langue,préparant sa déten te ,

a dépassé le point de tension . Le vra i début m e paraî t situé enavan t sur l e tracé en un poin t correspondant à l ’exp losion , soi t a1 cs . 5 ; ce qu i porte la part ie sourde du y à 3 , 2 . C ’ est fort

peu . Et pra tiquemen t,i l faùt considérer le y comme entièrement

sonore,s i l ’on veut év i ter la p rononciat ion dure des gens du N ord .

Je rem ets à une occasion plus favorable la délim itat ion‘

r igou

reuse du y du côté de la voyel l e .

Lomsonnes mou i llées nl .A la différence de ny ly , qui exigen t

deux mouvements art icu latoi res successifs,la pointe de la langue

se portan t d ’abord en haut,puis en bas, y n

en demandent

274 L ’ABBE ROU SSELOT

qu ’un,l a pointe de la langue se p laç an t dès le début en bas . O n

peut souten i r l a consonne mouil l ée ; on ne peut pas souten ir legroupe .

n. Po in t d ’articulat ion de 4 a 8 m n Les bords de lalangue s ’app l iquent tout autour des arcades dentaires . Ouve rturedes lèvres

, 5 3 mm . sur 1 0 .

— Point d ’art iculat ion de 6 à 1 1 mm . La poin te de la langue

est fixée . Les bords sont l ibres de chaque côté . On les voi t t remblotte r pendant l ’art i culation soutenue . Ouverture des lèvresmm . sur 10 .

F IG . 47 .

L,moui llée : I

,angoum o isine. 2

,espagno le. basque.

N°2 . Com parez l ’l m o u i l lée cata lane

,p . 66 .

N °

3 l m ou i l lée dans ivili ( I ) . La var iante (2) a p rodu i t à l ‘orei l le l ’effet deCom pa rez H . PERN OT , l nétiq . des par lers de Chin, p . 3 36

3 3 8 .

I l ne suffi t pas, pour l

l, de dél imite r l a région d’

ar ticu lat ion en

avant . C ’est en arrière que se remarquen t les p lus grandes d ifférenees . Q uelques— unes ont été pub l iées dans les Pr incipes (p . 6 1

Je pourra is en a j outer d’ au tres . Q u

’ i l me suffise de rep rodu i re,

avec l e tracé de mon pala i s,deux exemples nouveaux l ’un de

M . de H oyos né à Rainosa (Vi ei l le Cast i l le), et l’autre de M . l ’abbé

de Vi vié , basque , né à Sain t-Pala is (Basses—Py rénées) , (fig .

parce que j e viens de comparer atten t ivement l ’arti culat ionavec l ’ effet acoust ique. Pour moi

,tou t l e cen tre du palais

est touché par le dos de la l angu e ; pour les deux autres , la par

276 L ’ABBE ROU SSELOT

par un son l iqu ide que nos ancestres appelo ient mignard

(Maupas, chez Th . II , p . ou par un fou gras,que d ’autres

appel len t l iqu ide ; d’autres m oüillé (Chifflet, 1 6 5 9 , p . 2 66) .

L ’abbé de Dangeau fixa le nom et proposa,comme signe

,l es

deux Il (seeond disc .

,p . S i l ’on avait su iv i son consei l

,des

erreurs de lecture aura ient été évi tées . Ain si , parexemple , S ully ,

qu i ava i t nue l moui l lée , n’ est p lus compris par Lemare ( 1 8 1 9 )

contre toutes les analogies,d i t— i l , ll est moui l l ée dans Sutly

Et dans le G i raud—Duvivier de 1 848 , une note averti t que Su llyne doit pas prendre l e son mou i l l é , malgré l

’opin ion con trai re

de quelques grammairien s

I l semblera it,d ’après l es descri ptions sommai res des g ramm ai

rien s,que l’ l moui l lée se présen tai t sous deux formes ou à deux

étapes d ifférentes .

Les plus an cien s témoignages fon t cro i re qu ’on y sentai t de

l’

i (Palsgrave 1 5 30 , Bovel les 1 5 3 5 , H . Esti en ne 1 5 82 ,de Beze

1 5 84 ,Garn ier 1 607 ; i l faut fa i re un peu fentir l ’ i d i t Billecoq ,

un siècle p lus tard (Rég les de la pron . 17 1 1 , p . Cette pro

nonc iation,condamnée parWa i lly (mélienr , ta lieur) dans sa gram

maire (1769 , p . 404) est fortement appuyée par Beauzee ( 17 67)Dans l es m o tsfeui llago, Ceux qui parlen t l e m ieux

ne font en tendre :‘

t mon orei l le que l ’ art iculat ion ord inai re l,

fu iv ie des d iph tongues iage, Dans les mots pa i lle,

on y en ten d aifém ent un e d iphtongue pronon cée pa lieu,

(Gramm ,gén .

,p . 8 5 Peut— être de la Touche avai t

i l en vue le même son quand i l d isa i t ( 1 69 6) que l’

l moui l lée se

forme en approchan t l a langue des dents (L’

Ar t debien par ler,

P 1 7)L

l moui l lée , tel le que j e l’

art icu le,a été décri te par Sa in t—Liens,

dès 1 5 80 : el l e n e se p rononce pas,dit— i l

,par le bou t de la

langue,mais en touchant l e pa l ais vers l e m i l i eu de la langue .

Maupas ( 1 62 5 ) reprodu i t la même descrip tion . H indret ( 1 687)aj ou te un t rait importan t au l ieu de se redresser par le bout

LA PRONONCIAT ION FRANÇA ISE 277

vers le pala is , el le (la langue) se recourbe vers les den ts d’en bas

et s’

élargit par le bout e t vers le m il ieu Et Roche ( 1777) com

plète la défin it ion en disan t que l ’ ne forme qu ’une

seule art i culation » , tandis que dans li on fai t en tend re d ist in ctement l’ l et l’ i (Thurot , I I, 29 3 Domergue est du même

sentimen t : l es son s mouil l és,di t— il

,se prononcen t sans i

(P 442)Mais l’ l moui l lée n ’

exi sta i t dé j à plus dans la pet ite bourgeois iede Paris où , su ivan t H indret on trouve beaucoup de

en . qui . . d isen t ba tavon, postiyon , bouta iye, bouyou (Th . II,

29 8) Le ch angemen t de l’l moui l lée en y était donc dé j à ancien .

U

D

A quel le époque pourrait— i l remonter I l est d iffi ci le de le d ire .

Deux mots cités par Thu ro t, g raye (I , 3 29) et tava iole (I , 3 4)

nous reporteraien t le premie1 a 1 5 72 , l e second‘a 1 6 3 3 . Ma i s que

prouven t— i l s ? L ’un est d ialecta l l ’autre i ta l ien . Et l ’on ignore

quel le prononciat ion i l s représen tent . Les Mazarinades sont desdocuments p lus sûrs . Sans doute

,el les attendent pour être m ises

en valeur une étude sérieuse des parlers de la ban l ieue parisienne ;mais e l les suffi sen t pour nous apprendre que l ’] moui l lée éta itremplacée par y au moin s dan s certains mots et par certa inespersonnes à Sain t-Ouen et à Montmorency

,tandis qu ’el le serai t

conservée à Pant in et à Sain t—Germain . Sans accorder un e

orthographe évidemment fan taisiste une rigueur qu ’el le n’

a pas ,i l me paraît bon de noter : que

,sauf erreur, nous comptons 3

mots avec y contre 5 9 avec l moui l lée ; que taye, tayon,layer ,

ba taye, voyant son t constamment écrits avec y ; que baye, buyer

figuren t 1 0 fois sur 14 que,dans une expression trivia le , nous

l isons paye et payard que,a côté de voulaye, aye, trava ie, crayon,

bouion,deponie, Argenteuye, veuye (vei l le) , g r iade, habiyé, nous

avons mura i lle, a i lle, pia illa it, pa troui llan, gasoui lle, Arg enteui l,ou; ei lle ou orei lle (toutes les fois) r évei llera is etc

'. Je ne voudrais

Je c ite d’

aprés l’

éd it ion desD ix conférences enpatois , donnée par M. Rosset ,

5 80 L’

ABBÊ ROÜ'

SSÊLÔ T

pas ins ister su r ces rapp rochements q u i pourra ien t ê tre fortu i ts ,mais je su is tenté , je l

avoue, d’

y vo i r les ind ices du débu t d’

une

évo lu t ion phonétique, caractérisé par ce fai t que le son ancienn

est pas enco re devenu i mprononçable et que le nouveau n’

es t

pas exclus if, le premier appartenan t à la pleine conscience et

servant ponr un parler énergique, le second plus i nst incti f réservéau langage famil ier qu i s

abandonne. je ne serai s pas étonné non

plus que l’évo lu tion fut part ie de la Cité pou r se propager p lus

d u mo ins rapidemen t dans toutes les di rections que, dans Paris

même, el le eût en des fo yers d

’élection , sais issant les famil les

les plus anciennes , avan t de gagner les nouveaux venus . C ’

estce que j

a i observé pour l ’évo lu t ion de l ’! mou i l lée vers y dan s la

val l ée du Son et a i l leurs .

Aprés H indret, Le Paris ien Bo ind in ( 1 709) signale, sans le

blâmer , le reproche qu’

on fai t au peuple de Paris de subst i tuermal à propos le y aux deux ll mou i l l ées , en prononçan t non

chalamant Versa yes, de la Pou r De Longue ( 1 7 2 3 ) cette

dialecte decouvre, dans les compagnies , la basse bourgeo is ie et

les personnes sans éducation Restant de Beauvais , s’ i nd igne

Rien n’

eft p lus défag réable que cette prononciat ion

i l paroît pas que l’

on ait beaucoup d’

attent ion à rom

pre de bonne heu re dans les enfants,une hab i tude dont i ls ont

honte, quand ils en trent dans le monde, dont i l eft rare qu’ i ls

le défaffent aifém ent (2° éd .

,p . Au con tra i re, Bou liette

( 1 760) trouve le y beaucoup plu s doux (Sons du F r .

, p .

60) et attribue cette prononciat ion su rtou t aux femmes mo l les

et dél icates (Th .

,II

,I l est aifé d ’

obferver,d it Duc los , que

les enfans cens don t la prononciat ion eft fo i b le l âche,difent

pa ie (Gram . gén .,1 768 , p . De Vai l ly condamne les deux

prononciat ions par y et par ly : c’

eft m al prononcer, dit — i l, l’

l

mou i l lée quede prononcer mei lleur , ta i lleur , Ver/ a i lles,feui llet , (Tccomme s

’ i l y ava i t méli eur,la lieur

,Verfare, feuïet ; ou comme

s’

i l y avai t méyeur , taïeur , feuïet (Pr inc . gén . et partie. de la

Lang . Fr . , 3° éd .

,1766 , p .

LA PRONONCIAT ION FRANÇA ISE 28 1

Féraud , lui auss i , dénonce la prononciat ion avec y comme trèsvicieuse et renvo ieau g li i tal ien ( 176 1 et 1787 L) . Son compatrioteDomergue conserve aussi

'

l’

l mou i l lée. Roland ( 1 8 1 2) répèteà chaque arti c le mou i l lez les Il G i raud—Duvivier ( 1827) condamne ly et y . Enfin Littré , pou r clore la série, d i t A Paris

,

on prononce souvent comme un y : bou- te—

ye, a-

yeur ; partou t jepréviens con t re cette prononciation vicieuse (p . mx) . Mais, ou

sa recommandat ion a été va ine, ou el le a fa i t adopter par deslecteu rs t rop doci les un ly . N u l ne peu t , sans l ’entendre

,s ’ ima

giner le vra i son de l’ l mou i l lée.

Le premier au teu r de dict ionnai re qu i accepte franchement le

y, c’

est,am a connai ssance

,Napo l éon Landais

On a imerai t à connaitre ce q ui reste encore du domaine deWmou i l lée ; et natu rel lement on se tou rne du côté de l’Atlas lin

guistique. C ’

es t ce que j’

a i fa i t . J’

ai cho is i 26 mots suscept ibles

de con ten ir une l moui llée sans ê tre exposés à des i nfluences analogiques, et je les ai réun is sur une seu le carte (fig . Des

signes spéc iaux ind iqnent le nombre des mo ts recuei l l is avec une

et des ch iffres,le nom des loca l ités et les mo ts . Sans dou te,

plus ieu rs de ces mo ts manquen t dans certaines régions, et i l ne

suffi rai t pas de compter ceux qu i se rencont rent en un l ieu pou r

juger de la vi tal i té de l’ l mou i l l ée. Mai s dans l’

ensemble la carte

donne une imageassez exactedu phénomène. L’

l mou i l lée paraî t

encore so l i de dans une po rt ion de la Meuse, dans le Nord , princ ipalement dans le Pas—de—Calais et la Somme

, dans le Co tentin ,

en Vendée,sur le versant nord du Plateau Central , au nord de la

Lo i re, du Rhône, aux environs de Mâcon,

au sud du Jura et en

Su isse. Ma i s la rareté des exemples recuei l l is dans la plus grande

part ie de la Meuse, en Belgique, en Normand ie, en Bretagne, dansla Vienne, la Charen te—Inférieu re, prouvé que dans ces pays

l ’évo lu t ion est dé j à à un degré avancé . C’

est tou t ce que l’

on peu tdemander d ’

une enquête fo rcémen t sommai re ; et i l y a l ieu de

savo i r gré aux va i l lants au teu rs de l’

Atlas et à leu r cou rageuxRevue de phonétique.

1 8

2 82 L’

ABBÈ ROU SSELOT

éditeu r de cet te vue générale qu i complète si heu reusement nosenqu êtes particu l ières . Pou r montrer comment s

accom plit le

passage de l’

l mou i llée à y , je pou rrais résumer l ’étude publ iéedans m es Modif . ph. du lang . (p . 200 et mais j ’a ime

mieux recouri r à une explorat ion plu s récente qu i confi rme la

première. Dans les Côtes-du -No rd,les choses se sont passées

comme dans la Charente . L’

l mou i l l ée est en train de d isparaî tre à

Pord ic . Vo i ci dans quel les cond i t ions j’

ai pu étud ier le fai t . Je

passai en 189 5 une so i rée dans la famil le d’

un de m es amis

M . l ’abbé Al lain . I l y avai t là la grand ’mere,le fi l s aîné Fran

co is (46 ans) et sa femme,la fi l le Franço ise (4 1 ans), le

jeune fi l s,mon am i (environ 3 5 ans) , les pet its—enfants ( 1 8 . 1 6

et 1 3 ans) . L’

lmoui llée n’

existe plus pou r les jeunes (t)e viei l le »,

veyes viei l lesse trâoàyô travai l lons el le est vivante encore

chez la g rand’

m ère, le fi ls et la bru (vel, oder , lrâoàjô) ; dans la

langue cou rante, el le est atteinte pour la fi l le et n’

ex iste plus pou rle jeune fi l s , b ien qu

’ i ls so ient capables de la prononcer (lrâoàlâ)Mais tous

, y com pris la g rand’

rnère d isent Irâvàye trava i l lez » .

J’

a i observé plu s a ttent ivemen t Franço is,sa sœu r et son frère.

J’

a i su rpris Franço is auss i d isan t trâvàya‘

z—r à côté de !râvàla

er et

trâoàl«z i , mais i l a d it cons tamment orel o rei l le Son frère, lu i ,

d isai t orey . Quant à sa soeu r,su r cinq fo is qu ’

el le a prononcé le

m o t,el le a d i t orel t ro is fo is et orey deux fo is . C

est donc el le qu i

date le triomphe de ’ évo lu t ion,et la fixe à l ’année 18 5 4 pour la

famil le. Po rd i c ne figu re pas su r la cartedeM . G illiéron ; la loca

l i té la plu s vo is ine est Plouvara où l’ l mou i l l ée n ’

a été en tendue

que dans boutei lle ; c’

est à peu près la même date et la même

é tape que pou r M . l ’abbé Al lain .

J ’

au rais enco re à ment ionner quelques local i tés qu i nese trou

vent pas dans l’

Atlas et qu i sont intéressantes par leur pos i t ion

au nord de la Vienne, au sud de l’

Indre-et— Lo i re et dans l’

Indre.

Je les marque d’

une“

cro ix su r m a carte.

U n po int importan t et pou r lequel je su is en désacco rd avec

284 L’

ABBÉ ROUSSELOT

n,n°

7) nous avert it q ue l’

n se détache de l’

e qu i précède et

qu’

ou prononce comme s’

i l y avai t à la fin un e

ame—ne qu ’ i l fau t prononcer fort vi te (Diet . g ramm .,

L’

e

muet sent i par Ferand , je l’

ai art icu l é à m on insu (fig . I l semblerait donc q u

à la fo rme amä n,antérieu re au xv 1° srecle

,ait suc

cédé amên q ui aurai t about i à amê par chu te de la nasa le (fo rme

rejetée) et à amen par réact ion savante, forme au jou rd ’ hu i courante. O n comprendrai t de la so rte les hés itations de l

u sage

(Th . II, 47 3 et passim ,

l iv . VI) .

Des mots de cette série,un est devenu tou t a fai t français , exa

men, que des étrangers seu ls prononcent encore exame

n ; un au t re

l ’est devenu à mo i t ié,hymen, qu i reço i t les deux prononciat ions

i—mén’

; selon qqns , i—min (Diet . Jesu i s parmi les quelques

uns,a i n s i que les poètes .

4° F ina les —

geet-e. La sy l labe -

gefi na le d’

un m ot (abeillage) perd

o rd ina i rement son c muet , et le 7°

devient en part ie sou rd (fig .

Mais cela ne l ’empêche pas de paraî tre en tièrement -sono re à l’

o

rei lle. On ne l ’en tend sou rd que dans la bouche des Français du

Nord , des Belges et de certains étrangers qu i redou ten t de fai re

en tendre un ce final . Le mei l leu r moyen de se co rriger est juste

men t pour eux de res t ituer cet ce, qu i d isparaî tra de lui-même

dans une prononciat ion rapideet qu i , du reste, nous déplaî t mo ins

qu ’

un e . La sonori té du j final est variab le, mo indre dans le

premier exemple que dans le second el le ne dépasse pas le po in tcu lminant de la pression o rgan ique. La seconde part ie de l ’ar

t icu lation est sou rde,mais douce ; ce qu i l

empêche de donner

l ’ impression du

Dans une prononc iat ion énergique ou dans un d iscours des

t ineà un grand aud i to i re, on entend souvent quelque chose comme

un .e dans les mo ts terminés par une consonne su ivie de la voyel le

muette ou même sans cet te voyel le. Jusqu ’ i c i i l m ’

a été diffi c i le

en dehors des procédés graphiques de d ist inguer l ’explosion fo rte

de la consonne et d’

un ce final : l ’o rei l le’

s’

y trompe. Les obser

LA PRONONC IAT ION FRANÇA ISE 28 5

vations q ue j’

ai fai tes plus haut (n°

3 ) m’

ont permis de levercette difli culté . L

æ fi na l correspond à la posi t ion de repos queprend la langue après l ’explos ion . Aussi la d ifférence

,de ce côté

est—el le peu sensible. I l y en a unecependan t la langue se remise

(que l’

on m e passe cet te expression) mo l lemen t après l’

explosion,

tand is qu’

el le se ma in t ien t ferme pou r l ’émiss ion de l’æ . Mais les

lèvres donnent des i nd icat ions précises et faci les à observer el les

garden t pou r l’

explos ion la pos i t ion normale de la consonne,et

prennent pou r l’

æ cel le qu i convient à cette voyel le et qu i est

t rès caractérist ique. On peu t donc faci lement d istinguer, par

exemple, as on at, avec une explosion forte, de nsw,a tæ .

L’

abbé ROU SSELOT .

(à suivre)

TABLEAU SOMMAIRE DES SON S FRAN ÇAIS

VOYELLES

Les voyel les sont pa rcs ou nasa les . Les voyel les pures sont

prod u i tes par un cou rant d’

a i r passan t par la bouche seu lement ;les voyel les nasa les, par un cou ran t d ’

a i r passant a,la fo is par la

bouche et par le nez .

Exemples a,o (pu res) ; an,

on (nasales) .

O n peu t juger de la d ifférence en recevant l ’a i r sur un miro i r .Les voyel les sont toniques ou a tones .

La voyel le ton ique d’

un m ot est cel le qu i reço i t l’

effort de lavo ix . C ’

est la dern ière voyel le sans compter l’

e muet fi nal .

Exemple véri table,véritablement (à ) .

Les voyel les qu i ne sont pas toniques sont atones .

Exemple dans vér itable,les atones son t e i e et dans

fol lement,ce son t e

'

,i, a ,

e.

VOYELLE a TON IQUE

a MOYEN

La langue est étendue su r le plancher de la bouche et touche

les dents . Les l èvres son t ouvertes san s effort .

1°a su iv i de deux ou seu lement d ’

une consonne finale pro

noncée. (L’

e muet ne compte pas)tact

,acte

,axe

,rapt

,apte

,asthme

,casque, calme, calque, valse,

hal te,barbe

,arc

,farce

,marche, charge, épargne, arme

, lucarne,carpe

,carte.

lac , sac,chaque

,cénac le

,… orac le

,obstacle

,spectacle, fiacre,

chatte,cravate, nappe, i l frappe.

carafe,agrafe, face, audace

,glace

,vivace

,embrasse, chasse,

crasse,qu ’ i l fasse, pai l lasse, cu i rasse, hache, tache, i l crache.

288 MARGUER ITE DE SA INT-GEN È S

âge, Havre, cadavre, i l navre.

bâ t,appât

,dégât

,mât .

chocolat (mot t i ré de l ’espagno l), fa, la (no tes de mus ique) ,bêta .

2°a s prononcée, a se ou {e hélas base

,i l embrase

,case

,

n jase,i l écrase

,rase

,envase

,la vase

,phrase

, gaz , la gaze.

3°a s muet te (c

es t la règle généra le) bas,cas

,fracas , glas,

verg las, las, coutelas, l i las , amas , Damas , ananas , cadenas , cabas ,

pas , appas , compas, repas, haras, t répas , ras,tas

,fatras , plâtras,

canevas .

4°a + i lle (c

es t la règle générale) i l bai l le,i l bâi l le

,i l brai l le

i l se débra i l le, qu inca i lle, racai l le, rocai l le,fiançai l les

,accordai l les ,

mangea i l le, i l c riai l le, i l p iai l le, vo lai l le. mai l le,i l chamai l le

,

l ima i l le,marm a i l le

,mai l le

,i l rima i l le

,pai l le

,ouaille

,i l m i l le

,

broussai l les,cisai l les

,tai l le

,batai l le

,ent rai l les

,victua i l les .

à CHANTANT

Langue l égèrement po rtée en avant . Co ins des lèvres reti rés en

arrière.

1°a r car

,char , par , brancar(d) , je par(s) , ar(t), i l par(t) ,

qua r(t) , barbare, déclare, fanfare.

2°a + v

, g ,peu t avo i r ce t imbre cave

,cage.

D iphtongue oz .

1°avec a moyen (wa) quo ique, i l bo i te dro i te, bo î te, clo î tre,

accro î tre.

so if,co iffe

,i l d éco iffe

,ango isse

,paro i sse

,i l fro isse

,qu ’ i l

cro isse.

po i l,vo i le, to i le, moel le, poêle, fro ide, qu

’ i l jo igne, élo igne,témo igne, avo ine, mo ine, chano ine.

qu ’ i l bo ive, do ive, reço ive, po ivre.

tu vo is , tu bo is,aux abo i s, j

aperço is, je cro i s, tu do i s , fo is ,

sou s FRANÇA IS 289

parfo is , albigeo i s , bourgeo is, vi l lageo i s, Gau lo is , Champeno is ,Bavaro is, Arto is , Louvo i s, carquo is, vo ix , cro ix, cho ix , les détro i ts,do igts

,endro i ts, to i ts , explo i ts .

. coi , fo i , do i(gt), lo i , tou rno i , emplo i, abo i

, effro i,beffro i ,

émo i , ro i, désarro i , paro i , octro i

,convo i

,fro i(d) , i l do i(t), i l

bo i(t) , i l cro î(t) , i l décro î(t ), i l vo i(t) , adro i(t) , to i(t), to i,

m o i .

2°avec a appuy é (roti) bo is

,mo is

,po ids , po is et empo i s

,

tro i s,no ix

,po ix .

3°avec à chan tan t (wa) cho i r

,cou lo i r

,no i r , so i r , bo i re

po i re,cro i re

,mâcho i re.

i l cro ise, no ise, to ise, vil lageo ise, bou rgeo ise, Pon to i se, tur

quo ise, Ambo ise.

ATONE

Compara ison des toniques et des atones

tây (i l tai l le) , tayä blæ (ta i l lable) ; buti ly (batai l le) , batàyô (batai llon) .

pwàvm (po ivre) , piuä vr iye‘

r (po iv rrere) ; bzoazæ (i l bo ise) , bwä z r i

(bo iser ie) ; mwà læ (moel le) , mwä laêzmâ (nroelleusem ent) .

1°a moyen chari té

,chapitre, papier, cha rpie, a rt i l leur, mar

mite,a rtichaud, prudemment (prudamâ ) , so lennel (rolanel) ,

benni r (unir) , nenn i (nani) .

(u a) oi seau ,poisson , poison ,

toison , entrecrois(e)ment , tour

noi(e)m ent , no toi r(e)men t , oratoir(e)m ent,déploi(e)ment .

' 2° a appuyé châ teau

,bâ ton,

pâ ti r,ba ron,

ba ronne,ba ronn ie

,

maçon ,co l ima çon

,maçonner, bazar, ca rrosse, ca ro tte, cassero le,

bra s ier,na t ion

,exp lorat ion, cons idéra t ion ,

obst ina t ion .

acca bler,cadenasser , ta i l leu r , flaner, la cer, lacet, en lacer, enla

cemen t , lassi tude, matelasser , pa i l ler, pa i l lasse, pa i l lasson , ca s

sette,espacer

,fâ cher

,fâ cherie

,fo lâ trer

,pâmo ison , opiniâ tre

ment .

2 90 MARGUER ITE DE SA INT-GEN ÈS

VOYELLE e TON IQUE

MOYEN

La langue s’ é lève en avant et les co ins des l èvres s é cartent

1°e, e, a i , ei+ 2 ou 1 consonnes infect

,insecte

,s i lex

,biceps

,

modeste, leste, quel que, terres tre, ferme, caverne, serpe, verte,tertre

,i l conserve.

bec,sec

,secrète

,planète

,trompette

,i l achète

,tab lette

,dette,

défa i te, i l souhai te, tra ite, pièt re, mètre, met t re,l èpre.

Joseph , chef, bref, trèfle, faiblesse, sagesse,adresse

,messe

,i l

cesse, princesse, comtesse, duchesse, dées s e, con fesse, cesse, flèche.

bel,réel , ciel , appel , tel, bel le,

tel le,el le, a i le, bègue, espiègle,

aigle,seigle

,a igre

,i l cède

,t iède, remède, cèdre, laide, raide,

fa i b le,célèbre

,i l daigne

,i l baigne

,qu ’ i l c raigne

,règne

,saigne,

chienne,Rennes

,i l mène

,balei ne

,peine

,veine

,saine

,i l sème

,

i l aime.

fève, i l achève, i l crève, en lève, chèvre, l i evre, o rfèvre, so lfège,piège

,co l l ège

,neige

,beige

,pèse

,t reize.

2°e+ i l parei l

,so lei l

,o rtei l

,sommei l

,consei l

,parei l le, i l

consei l le,i l sommei l le.

3° Les personnes des fu turs aura i

,chaulera i

,etc .

é APPUYÉ

La langue s’élèveencore et les l èvres s é carten t p lus que pou r e.

1° Les e des fi na les -és,

-e( , et de quelques finales —a is 1° chan

tés,bontés

,vérités

,blés

,vous chantez

,vou s chanteriez , nez

,

je sa i s tu sais,des gea is , gai s .

2°efinal on er a imé

,chanté

,bouché , pressé, aime(r), chan

te(r) , bouche(r) , presse(r), épicie(r) , ho rloge(r) , pommie(r) ,ceris ie(r), etc .

3° ée a imée

,chantée

,bouchée

,assemblée

,tablée, pincée,

n ichée,fumée.

292 MARGUER ITE DE SA INT-GENES

ATONE

Comparaison des atones et des toniqueskét (i l quête) , kËté (quêter) , ke

tâer (quêteu r) .

g rêf ( i l greffe) , g rife (greffer), g réfwz‘

z r (greffo i r) .

grÈl ( i l grêle) , g rËlé (grêler) , g rêlô (grêlon) .

pÈe ( i l pêche) , péeé (pêcher) , pêer i (pêcherie) .

e moyen : espérer,flétrir , gélat ine, péri l , a igu i l le

,a imable

,

ba igno i re, avén(e)ment , béga i(e)ment (bég émà ), nous mettons .

é appuy é têtu (têtu) , pêcheu r m es,tes

,ses

,les

,ces

dans la langue commune.

é chantan t fa îtage, fra is ier , fra îcheur , enterrer , en terrement ,erreu r

,err(e)ments , verr(e)rie, mes , tes , ses , les , ces dans la d i ction .

e on é. éta ler,étrennes

,étréc ir (Êtrésir) , érein ter , déjeuner

débander,déco l l(e) ter , défense, déda igneu sement (dédé

no'

egmä ) , œcuménique,œdème

,œsophage.

VOYELLE o TON IQUE

0 M O Y E N

Langue en arr i ere, co ins des l èvres avancés

1°0 2 ou 1 con sonne docte, dogme, adopte, k iosque,

po ste,so lde

,go lfe

,réco l te. po rc , fo rce, ento rse, i l éco rche, co rde,

borgne,corne, po rte

bloc,coq ,

choc , roc , coque, médiocre, dot, i l dote, houe,co tte

,no t re, votre, myope, propre.

étoffe, girofle, coffre, négoce, féroce, roche.

col, bol, mol,obo le

,éco le

,drogue, mode, robe, noble, besogne,

madone,Baby lone, bonne, au to(m)ne, homme, pomme, R ome

,

somme,économe.

i l i nnove,éloge

,horloge, déloge.

2°au dans Pau l

,ho locau ste.

3°um ame : album ,

Opi um,rhum

,pensum .

sous FRAN ÇA IS 29 3

Ô APPUYÉ

Langue p lus en arr iere que pour 0 ; lèvres plus rapprochées et

avancées .

1° 6, au : hôte, cô te, i l ôte, le nôtre

,rauque

,hau te, i l sau te.

drô le, geôle, pô le, tô le, i l rode, dôme, Vendôme, diplôme,

fantôme, Gau le, sau le, i l m iau le, fraude, émeraude, Claude, i l

échaude, anne, baume, chauve, fauve, mauve, i l sauve, pauvregau che, ébauche, i l chevauche, Beauce, sauce, i l exauce, i l

cause,clause, pause.

2°os consonne Cosne

,Vosges .

3°os final

,ose

,osse Lesbos

,close

,chose

,dose. prose, rose, i l

ose, i l pose, fosse, grosse, i l endosse.

4° Les fina les p luriel les -aus

,

—aux,

—eaux ,—ots

étaus, aux , chevaux , signaux , anneaux , fléaux , chevaux , agneaux ,peaux , po ts , gigo ts, gou lo ts , chario ts , id io ts , dévo ts .

5°ot final pot, gigo t , gou lo t , chariot, id iot , dévot .

6° one et onze dans des mo ts empruntés amazone, zone, id iome,hippodrome, axiome, b inome, arome, atome.

ô CHANTANT

Pos i t ion de la langue et des l èvres entre a et 0°

o+ r : or,déco r

,tréso r , i l dore, dép lore, o r(s) , a lor(s)

déco r(s), fo r(t) , mor(t) , por(t) , i l mor(d), fo r(ts), mor(ts) .

Pour plusieu rs, o ve, ge innove, horloge.

ATONE

Compara ison des ton iques et des atones

dbr (i l dore) , doré (dorer) .

o'

mônæ (aumône) , o'

monri (aumônerie) .

kot (côte) , kôtô (co teau) , kétle‘

t (cô telet te) .

2 94 MARGUER ITE DE SA INT-GEN ÈS

o : obéi r , occuper , offri r,oracle, orei l le

,ord inai re

, ortei l,ort ie,

hôpi tal , aurore, auspice, laurier“

,austère

,austra l

,j ’aurai , augm en

tat ion,authentique.

.5 : hôtel,Hôtel-D ieu ,

hôtesse,

odieux, odeu r , ter

m inaison en —otion (émotion , not ion , potion , dévot ion) , ossements ,osei l le

,caut ion , auss i , autan t

,auteur, autographe

, autocrate,hauteu r

,Autriche

,autruche

, je saurai,pauvremen t .

VOYELLE œ TON IQUE

ce M O Y E N

Langue dans la pos i tion de é lèvres dans cel le de l’o

eu,œu 2 ou 1 con sonne i l heurte, meu rtre, peuple, neuf,

veu f, œ uf,boeuf

,aveugle

,fleuve

,neuve, épreu ve, veuve, œuvre,

cou leuvre.

eu,a: (i l, i lle) deu i l , œ i l

,qu ’ i l veu i l le

,feu i l le.

a APPUYÉ

Langue dans la pos i t ion de é ; lèvres dans cel le de o'

1° Les finales pluriel les -eus

,-eux

,—æu(d)s b leus , tu

veux , heureux , affreux , yeux , deux , creux , ceux , œufs,bœ ufs

,

nœuds,feux

,D ieux .

2° case creu se,précieu se, berceuse, brodeuse.

3°eue bleue

,l ieue

,queue.

4°eu

,æu final vœ u ,

nœ u(d) , bleu ,feu

,mil ieu

,pien, jeu ,

D ieu , aveu , cheveu , neveu ,i l p leu(t) , l ieu .

5° meu te

,feu t re

,neu tre.

de CHANTAN T

Langue dans la pos i tion dea ou é ; l èvres dans cel le de à .

eu r : peu r, fleu r , pécheu r, ardeu r, i l p leu re, beurre, fleur(s) ,pécheu r(s) , plus ieu r(s) , ai l leu r(s) heur(t), i l meu r(t) .

Plu sieurs disent de même eu v fleuve, neuve, etc .

29 6 MARGUERITE DE SA INT-GENES

1° i 2 ou 1 consonne i l d icte, Fél ix , énigme

,écl ipse

,

crypte, isthme,l iste, bistre, fi l tre

,i l affirme

,c irque

,my rte.

publ ic , Frédéric, publ ique, art icle,hu i t , d icte, i l habite, i l

réc i te, l itre, épît re, pupitre, hu î tre, pipe, partic ipe, i l ant icipe, i l

d issipe, trip le.

nat if,captif

,narf, vis , écrevisse, sui sse, qu

’ i l v iei l l isse, jus

tice,vice

,service, riche .

i l , fi l,hab i le

,doci le, mil le, vaci l le, t ranqu i l le, d igne, figue,

tigre.

gencive, arch ives, grive, i l en jol ive,

ivre,givre

,l ivre

,su ivre

,

cu ivre,vivre

,t ige

,vertige

,i l co rrige, i l obl ige.

2° i lle: fi l le

,bi l le

,coqu i l le

,scinti l le.

i APPUYÉ

Langue auss i é levée que possib le par la po i n te co ins des

l èvres très écartés .

1° i + r : haïr, subi r

,accouri r

,durci r , é l ixi r, ire

,cire

,i l

déchi re,décrire

,d ire, z éphire, navi re.

2° i 5

,se lis

,j ad is

,m ai s

,gratis

,grise

,mise

,cerise,

sott ise, i l vise, i l improvise.

3° i + s du plur iel : des cris, soucis , sou rci l s , écr its, fru i ts ,

fleu ris,prix , crucifix , riz , bu i s .

4° i + e : fin ie, fleu rie, bouffie, engou rdie

,amie

,l ie, m ie,

man ie,bou langerie

,hor logerie

,épicer ie.

O n donne encore un i mais bref on un i m oyen à :1° i I consonne sono re : acide, perfide, vide, bride, mo rbide.

bribe,scribe

,cible

,él igib le

,fibre

,l ibre

,i l v ibre

,digne, signe,

l igne, vigne, i l assigne, cabine, racine, i l devine, i l dîne, cime,subl ime

,infime

,l ime

,dîme, abîme.

2° i fina l fin i

,fleu ri

,bouffi

,engou rd i , am i .

sous FRANÇA IS 297

ATONE

Compara ison des ton iques et des atones

gr i (gris) , g r iz ciy (grisai l les) .

mænwz'

z ( i l menu ise), mâ nroïz r i (menu iserie) .

i m id i,m i— part ie, d i ligence, d iscrét ion ,

d ivin .

VOYELLE TON IQUE

i l MOYEN

Langue au fond de la bouche lèvres a l longées et rapprochées

1°ou 2 ou I consonne langouste

,sou rce, bourse, fou rche,

lou rde,cou rte.

bou c, i l b route, i l écou te, i l dou te, croûte, voûte, i l goûte,lou tre

,pou tre

,ou tre, soupe, t roupe, coup le.

touffe,i l soufii e

,gouffre, mousse, rousse, i l tousse, douce,

pouce, bou che, souche.

bou le,pou le

,i l cou le

,i l crou le, fougue, coude, coudre,

foudre,poudre

,absoudre, double, c lown,

groom .

louve, i l couve, prouve, t rouve, couvre, gouge, rouge, i l

bouge.

2°ou i l, i lle : fenou i l , hou i l le, il fou i l le.

3°ou fina l cou ,

chou ,c lou ,

écrou,fou , flou , grigou , g lou

g lou ,bi jou ,

fi lon,cai l lou

,chou

,genou ,

hibou, pou , loup—garou ,

son,matou

,t rou

a APPUYÉ

Langue auss i en arr i ere et l èvres au ssi a l longées que pos

s ib le

I°ou+ r : amou r

,labou r

,tambou r, four , tou r, je labou re,

que j’

accoure, je savou re,

bour(g) , cou r(s), alentou r(s),cour(t) , lou r(d), sou r(ds) , cou r(t)s , lou r(d)s .

Revue de phonétique.

298 MARGUER ITE DE SA INT-GENES

2°ou se: blouse, épouse, ventouse, douze.

3°ou s, x : cons , clou s , sous, verrous, genoux , choux ,

doux , j aloux , époux , roux , toux , houx .

4°ou+ e: boue, joue, houe, i l secoue, i l échoue, c lone,

i l

loue.

ATONE

Comparaison des ton iques et des atones

miy (rou i l le) , rüya'

e (rou illeux) .

âgei (i l s’

engoue) , agume‘

i (engouement) .

âmi (i l s’

enroue) , am‘

ima (enrouement) .

riewi (i l dévoue) , dém‘

irrzâ (dévouement) .

u oubl i, ouragan,

ourler , out i l , ouvrier .

et ou a brou i l lard,broui l lon .

VOYELLE Il TON IQUE

I l MOYEN

Langue dans la pos i t ion de é ou i ; l èvres dans cel le de u

u 2 ou 1 consonne : luxe,musc le, buste, juste, sépu l cre

,i l

d ivu lgue, cu lte, i l insu l te, turc , absu rde, i l purge, noctu rne.

duc,su c , caduque, perruque, sucre

,hu tte

,chu te, flû te,

fi l

affû te,huppe

,jupe

,dupe,

truffe, m ufle, Pru sse, russe,i l su ce

,puce, hu che, ruche, bûche,

embû che.

nu l,consu l , mu le

,tu l le, i l brûle, i l conjugu e, rude, prude,

apti tude, étude, so l itude, cube, i l répugne, une, lune, brume,

i l fum e.

cuve,étuve

,Vésuve, refuge, déluge, juge.

a APPUYÉ

Langue dans la pos i t ion de i l èvres dans cel le dea.

I°u r : dur , sûr, mû r , pur, m ur, azu r, du re, sûre, mû re,

MARGUER ITE DE SAINT-GENES

2°ein serein .

3°en : dans des mots du midi ou du nord ou empruntés récem

ment Agen,Penthièvre, ben jo in .

4° in : vin , enfin ,

chemin .

VOYELLE 0

Langue dans la pos i t ion de l’

a . Vo ie nasa le l i bre.

ou,am : bon , bombe, prompt .

um lumbago , Humbert .

VOYELLE

Langue dans la pos i t ion de de. Vo ie nasale l ibre.

I ° eun,eum : jeun .

2°un

,un: un

, parfum .

Dans certains mo ts l iés entre eux,la voyel le peu t

nasal ité .

Mon am i mon am i ou mo nann .

un am i : a?n am i ou œn ann .

D IPHTONGUES NASALES

yâ (Christian,

yé (chrétien, bien , etc .

u rê (moins, point , poing,

Sa int-Ouen (sêt—wê) .

MOD IF ICATION DU TIMBRE

SOUS L ’

IN ELUENCE DE L’

AÇ Ç ENT

1° En devenant atones

,les voyel les chantantes ou appuyées

sau f“

à et a’

: s’

affaiblissent en moyennes

sous FRANÇA I S 30 1

é en e (la bâ té la bonté ma is la hâte d ka‘

er la bonté decœ ur

b et o en a : (leo‘

r corps korsé corset kôt côtek5 tlétæ côtelette

de et a en ae(peer peur pæraî peu reux le foê feu et

un fæ d iwa feu de jo ie

i en i (m idi mid i et m idi soné midi sonnai t

a en n (bu boue bua'

e boueux

i l en u (i l a pu i l a pu et i l a pu ou ir i l a pu veni r

Ma i s È sechange en é (tu’

et tête tetu tê tu me‘ ma is et mé

wi mai s ou i fe lé fais—les i l foléfer i l fau t les fai reEt de en de (plein p leu r et pleine pleu rer

L’

analogie et l ’édu cat ion amènent un certain nombre d’

excep

t i0ns par exemple me‘

,te

, sé, lè, etc . m es,tes

,ses

,les

2° En recevan t l ’accent et en se pro longean t , les voyel les

moyennes deviennen t chan tan tes , à l’

exception de i,u,u, qu i

deviennen t appuy ées

a (iran cave o la be‘

l kâv oh la bel le cave ! s é

admirâblæ c’est admirablee(la: solêy é bô le so lei l est beau ok i l e bô, lœ sol

èy 0h '

qu ’ i l est beau le so lei lo (el é bon el le est bonne et avec emphase : el é bônan’

œ (i ce vyëdre je viendra i et en insis tant : roi [à vyêdre ou i !

je viendrai

i (i l a moviemm I l a mauvaise mine et lentement kel

minœ ! quel le mine

CON SONN ES

Deux classes les constr ictives, si le cou ran t d’

ai r est seu le

men t resserre' dans la bouche en un po in t part icu l ier pour chaque

espèce, 1, f, 5, j , etc . ; les occlusives , s i le couran t d

ai r est

3 02 MARGUER ITE DE SA INT- GENES

interrompu par la fermeture de la bouche et l ibéré brusquemen t,

p, t,_

k,etc . O n appel le enco re les premières continues parce

qu ’

el les peuvent être cont inuées i ndéfin iment , fr icati—ves, parce

qu ’

el les sont des bru i ts de fric t ion les secondes muettes,parce

qu ’

on ne d istingue pas leur son , iso l é d ’

une voyel le quel

conque, explosives, parce qu’

el les font explos ion .

ne se prononce jamai s ho rs de la déclamat ion et d’

un

effo rt vou l u . aspirée empêche seu lemen t la l iaison .

CON STRICTIVES

SEM I-VOYELLES

Les semi—vovel les son t des voyel les consonnifiées ; el les diffèrent des voyel les, en ce qu ’

el les ne font pas sy l labe. Comparez

la joie ( jura) en une sy l labe avec joua (jua) en deux sy l labes .

y

Le son y (yo t) est représen té par i , z, y , et par tou tes les

façons d ’écri re l’ l moui l l ée (i ll, ll, i l , ih, g li) d iamant,en t ier ,

fa-i‘

ence,a—i

eul,ba— ionnette, bata—i ll-ou

,m ou-i ll—er

,rou — i ll—e

,

bi-ll—ard , fi-ll—e, deu-i l , so le- i l , M i—lb-au , de Bro-

gli—e .

U ne mauva i se lecture nous fai t d i re Castigl ione.

Le ro s ecri t ou , 0, u,ro et wh : oui

,jouer , moi

,poing

,etc . ;

l ingual,équateu r

,quadragésimal

,Guadelou pe

,alguazi l

,guano

,

tramway , whist , wal lon,Waterloo , etc .

Le i i) est écri t par u pu is,hu i le, ju i n , consangu in i té , inextin

guible, équid is tant, questure; équ i tation, Guet , de Vogué , de

Gu ise.

3 04 MARGUER ITE DE SA INT—GENES

La consonne s est représentée par 5 , ss,c, c, se, t, et x : si

,

scander, espérer,tens ion

,considérer, vra isemblable, tourneso l ,

an t isoc ia l ; assez , roussi r, cep , c i re, cy près , force, acc i dent , acces

so ire ; façade, leçon ,reçu ; sc ience, sceptique ; nup tial , minu t ie,

confiden tiel,prétentieux

,égy ptien ,

action,dévotion

,patien t

,

sat iété,etc . ,

bal bu tier,initier ; so ixante, Auxerre, Bruxel les .

Même posi t ion que pour s ; mo ins de force,et

,en plus

,vibra

tions du lary nx .

Le son est figu ré par s,x : zèle

,zéro

,d izaine

,horizon

,

Balç ac ; gag ; rose, heu reuse, désagréable (des anges , venez avec

nous,

Alsace,Arsace, balsamine, balsamique et les composés de la

part icu le trans voyelle t ransact ion, t ransiger deux ième,s ix i ème

,d ix ième ; heu reux enfant , doux am i

,etc . (dans les l ia i

sons) .

CH U INTANTES

Langue dans une posit ion vo is ine de cel le de s,mais la

relevée,le contact des bo rds avec le pala i s se fai san t en

et sur une su rface plus étendue, l èvres pro jetées en avan t

serrées aux co ins sur les mâcho i res .

Le 5 est écri t par ch. sh, sch

chapeau ,chercher

,chimère, archiduc , archi tecte, chérif.

shér iff shako .

schlague, schéma, schisme,schis te.

Même posi t ion que pour e, avec mo ins de press ion , et , en

plus , avec des vibrations du larynx .

sous FRANÇA IS 3 0 5

Le son f est figuré par g (devan t e, i) , ge

jour, jeune ;

gendre, g éan t , g ib ier ;

geôle, geôl ier , mangeons , gageu re

OCCLUS IVES

Labia les .

P

Lèvres pressées l ’une con tre l ’au tre ; el les se séparent b ru squement

papa,pape

,pipe, pampre, peupl ier , exemption,

septuagénai re,co rruption

cap, croup , Gap .

Même posi t ion que pou r p, avec une press ion mo indre,et

,

en plus,avec des v ibrat ion s du larynx pendan t l

occ lusion (fer

m eture de la bou che) et au moment de l ’explos ion

barbe,bai l

,bibelo t

,bras

,branche

,blanc

,table

,sable,

sabre,

cab,club .

Denta les .

La pointe de la langue est appuy ée sur le palai s derr iere les

dents,el le s

en détache brusquement .

Le t s’écri t auss i th, d

tête,têtu ,

tan te, tranche, tra i te,tr i cher

,trou , t roubler , t rou

ver

ques tion,combust ion

,châtier

,mo i t i e

,bonnetier, chrétien .

théo logie,Théophi le ;

3 06 MARGUER ITE DE SA INT—GENES

sept,hu i t

,acon i t

,bru t , compact, contact , intact , correc t ,

infect,strict

,Chri st

,Ouest .

grand homme, etc . (dans les l ia isons) .

(1

Même posi tion que pour t, avec mo ins de press ion ,et

,en

avec des vibrations du lary nx comme pou r le b

dada,dedans

,démodé, d inde, do rmir, dragée, dresser ,

ner,dro i t

,drôle

,dru ide .

Sud,Alfred , Dav id .

Guttura les .

le

Le dos de la langue est appuyé cont re le pala is en arriè re,

dans le vo is inage du gos ier ; i l s’

en séparé avec fo rce.

Le le s’écrit c

, qu , le, ch, ich, q , g : câble, canti que, cou , coude,

craindre,c ru

,c loche

,cl imat

, qu i , quatre,qua l ité

,équ i l ibre.

kép i , k i logramme, k i rsch ,K léber

,Christ

,chaos

,archiépisco

pal, Zacharie, khan ,khéd ive ;

sac,sec

,bec , choc , Cognac , Munich

,Roch

,cinq , coq, Bou rg ,

sous le joug , le sang humain,etc . (dans les l iai sons) .

Même pos it ion que pou r le, mo ins de press ion,et vibration du .

larynx en plus, comme pou r le b.

Le g s’ écri t g , gu , ghi , gh, c

ga le, gorge, gou lu ,ingurgrter , g lace, suggest ion ,

augmenter,stag nant , g râce, g racieux .

guerre, g uet , guéri te, morgue, guide, guimauve,sangu in,

Guy

Engh ien (âgé) ghetto ;second ,

seconder, etc .

3 08 MA RGUER ITE DE SA INT-GEN ÈS

SUPPLEMENT

POUR LES EXERCICES SUR LES CONSONNES

y . d iadème,action

,pied ,

mien,t ien

,sien

,l ien , paren ,

Sou i l ler, rou i l l é , aigu i l le,angu i l le, o rtei l , parei l , consei l , som

mei l .

Évi ter le y dans o sci l ler,osci l lat ion

,vaci l ler , Napo léon ,

Odéon (q ue des étrangers prononcentw. douane

,gouai l ler, louage, louange, joai l l ier , moel le,

moel leux,poêle

,poêlon

,fouet .

ZÏt . écuel le,suai re

,annuai re

,bu is

,bu i sson ,

bu issonn ière,

cu i r,cu i re

,cu isson

,fu i r

,hu is

,hu iss ier

,lu i , lu i re, nu i re, ru is

seau , su ie,su ivre, sui te, tu i le, Tu i leries, t ru i te.

r arrière, barbare, Bernard , b rancard , brocard , Ferrare,grognard

,margrave, proverbe, raid i r , ra jeun i r , raga i l lard i r, rap

porteu r , rarement , raréfier , rareté , rarissime, rasséréner, réap

par ition,réarmer

,rébarbatif

,réforme

,réfracta i re

,regard , regar

der, rempart, remarque,renard , retard , réverbère, richard , ri re,

ronron,rura l , sou ri re, etc . Qu i terre a, guerre a . Sa

croupe se recou rbe en pl is to rtueux . (RACINE )

U n doci le ru i sseau qu i sur un l i t p ierreux

Tombe,écume

,et rou lant avec un doux mu rmu re,

Des champs désa l térés ranime la verdu re.

(DEL I LLE .)

l . Al lelu ia , an ima l cu le,cel lu le

,clavicu le, cl ientèle, co l la

téral, co l légiale, co lonel , cel lu la i re, é lectoral, él igib le, falbala,filial

,fi loselle

,Boréal , fo l l icu le, globu le, latéra l , latéralement ,

l égal,l éga lemen t

,l égis lateu r

,l ibel le

,l ibéra l , l ibéra lement , l i las,

l i l iacée,Lil le

,l i l l i pu tien

,l i ttéral

,l i ttora l , local , logeable, longi

tudinal,loyal , loya lement , mo lécu le, para l lè le, pel l i cu le, pi lu le,

pu l lu le,po l ich inel le, vio loncel le, vo lat i le, etc .

SONS FRANÇ A IS 309

Angèle,Marcel le, chancel le, pel le, tel le,

modèle, chapel le,harcel le, morcel le, n ivel le

,cruel le

,fidèle

,écuel le, prunel le, éter

nel le,jumel le, révè le.

falsifier,fanfare

,fanfaron

,fanfaronade, fanfrel uche,

fieffé,fifre

,s ifflet

,soufflet , souffl e, soufre, gouffre, frou frou ,

fra is

fran c , faux , fée, foi , faim , affo ler , affl iger, fifi,du fin fond nefle.

trèfle,confl i t, etc . Un fra is parfum sorta i t des touffes d aspbo

dèles . (V. HUGO . )v raviver , va lve, vavasseu r, verve, verveine, veuve, v ivace,

vivac i té,v ivandrere

,v ivan t

,vivat

,vive

,v i vement

,vivier

,v ivo

ter,v ivre, etc .

5 . assassinat,assomption

,cassat ion , cess ion,

cécité,chas

seresse, concess ion , cen t sou s , dispenser , d ispers ion ,d isposer

,

disso lu t ion,dis tancer

,facét ie, i ns truction , laisser-passer, posses

sent,princesse, rassas ier, sacerdo ce, salsifis

,Samson

,saucisson ,

science, sc ission , seneçon,sens dessus dessou s

,soumission

,sus

cite,superst i t ieux , suspicion . Pour qu i son t ces serpents

qu i s ifflen t sur nos tê tes ? (RACINE ) Ciel ! si cec i se sai t,

ses so ins sont san s succès . I l faisai t sonner sa sonnette.

(LA FONTAINE .) Po l issez— le san s cesse et le repo l i ssez .

(BO ILEAU .) Tu veux serv i r,vas , sers , et m e la isse en repos .

(RACINE ) Le sort,d i t— ou ,

l’

a mise en ses sévères main s .

(RACINE )

et m es peines

Ont pour but son p lai s ir ain s i que son beso in

(LA F . x,

ch. chasse—mouches,chercher

,chevaucher

,chevau chée

,

ch inch i l la,chucho tement , chu choter , chucho terie, revêche,

rêche,

chou,ch ien , ch i che, juch é , chat , chapeau ,

châ teau ,chai r

,chéri r .

j . adjuger,jaser , jon chée, Georgette, jou j ou ,

j uge, juge

ment , j u jube, gymnast ique, ju rer , Geo rges , agio tage, Ju les, Judas ,Jérusalem , j ambon , jo l i , An jou ,

jouer,j our, j oue, loge, logis ,

3 10 MARGUER ITE DE SA INT-GENES

plonge,rouge,

ronge,S Iege, hege, genoux , jou te, agi ter

,large

,

plage,rage.

p . apoplexie,hippopo tame

,pal per

,papa

,pape, pampre,

pal p i tant , parapet , paraplu ie, pap i l lon,papeterie

,papier

,pépin

,

péripé tie,peuple

,peupl ier , pioupiou ,

pomper,pipe

,p iperie

, pou

pée, pou rpo int , prin cipe, propice, propos , propre, soupape.

Pet i te pomme d ’

api,quand te dépet ite

— pomme-d’

apieras-tu ?

Je me dépetite—pomme—d

apierai quand je pourrai .

b. baba,babil

,babi l ler

,bal bu tier

,bambin

,bambou

,bar

bare,barbarie

,barbe

,barbiche, barbier

,barb i l lon

,barbo ter

,

barbu,bébé

,bâche

,bibelo t

,bibl io thèque

,bi l boquet

,bim belote

r ie,bobo ,

bombarder,bombe

,bonbonne, Bou rboule, breb is ,

bouche,bou i l lon

,bain

,bon

,bas

,arabe

,sy l labe, soc iable, aimab le,

sable,sabre

,Bretagne

,table

,blason ,

biberon .

t. act iv i té,aristocrat ie

,attentat

,attrister

,cantatrice

,catas

tr0phe, con tenter , contracter, entê té , é t iquet te, lat i tude, mu l t i

plica teur, Tartarin de Ta rascon ,tâ ter , tact ique, taffetas , tante,

tâ tonner,tes tament

,tenter

,testateur

,tête

,t éter , tê tu ,

tim id i té,

t i tuber,ti tu lai re

,t in ter

,to i ture

,total

,tou te

,tou tou

,traducteu r,

travai l , tremble, t rou ble, t ruel le, t riple, trinquer, t rêve, traire,trèfle

,t ra i ter, tréteau ,

t ripo ter , tr iste,t ro tter

,tu teur , tu trice, tu te

lai re. Le ri z tâ té tenta le rat,le rat tenté tâ ta le r iz .

Q u’

attend— on donc tant ? Que ne la tend -on donc tô t (la

chaine) ?

d . dada,dédaigner

,dédain

,déda le

,dedans

,dédier , déd i t,

dédommager,déduct ion

,démodé

,des iderata

,dél i re

,descendant,

diadème,D idon

,d indon , dissuader , dodel iner ,

‘ dodu,bidon

,

baudet, Daudet D idero t,dés i rer

,dinde

,craindre

,pla indre

,

feindre, rôder , dem ontrer,discu ter

,rude

,prude

,dru ide, peindre,

plaider , pendre, rendre, etc . B idon dîna,d it- ou ,d u dos d

un

dodu dindon . Q u i dort d îne.

le. acoustique, cacao , cal ca i re, ca lquer , cant ique, ca raco le,Carcassonne, carcasse, caricatu re, Caucase, caust ique, coca , cocon,

concou rs , cosmétique, cou cou .

CHRONIQUE

Pa r is . La troisiemeréunion dephonétiquea eu l ieu le 9 ju i l let dernierau Co l lège de France. Le Laborato ire ne pouvant conten ir les nom

breux pro fesseu rs , pou r la p lupart étrangers , qu i avaient répondu àl ’appel des organisateurs , force a été de se transporter dans une sa l lep lus spacieuse. L ’

ordre du jo ur portait la transcription phonétique.

M . l’

abbé Rousselot a passé en revue les d ifférents systèmes em p loyés ,en part iculier celu i du Ma ître phonétique et celui de la Revue des

patois gallo-romans i l en a ind iqué les inconvénients en ins istant su rc e fait qu ’ i l ne s

agit pas dedonner la préférence exc lus ive à tel ou tel

système, m ais uniquem ent de rechercher par un cho ix jud icieux lesam é l iorations dés irab les . Les deux réun ions de l ’année précédenteconsacrées aux voyel les ayant donné des résu l tats satisfai sants , i l restedans cel le-ci à s ’

occuper des consonnes .

Pour aborder le prob lème,M . l ’abbé Rousselot propo se de pareou

rir les principaux groupes de sons et de rechercher quel s signes conv iendraient le m ieu x , sans entrer dans le déta i l des nuances que peuventprendre ces sons .

Sem i-ooyd les ce (t o i) , tu (u li) , y (ta i l le) . M . Rou sselot trouve lesdeu x po ints sur le tu étrangers au système o rd inairement em p loyédans la Revue et voudrait rem p lacer ce s igne par un cv de forme spé

c iale. M. Perno t préférerait garder la notation tit , qui lu i sem ble assezexpress ive.

Occ lusives . Les s ignes h, p, d , Ô ,

k restent intacts .

Il en est de m ême de r et de l,de m et de n . Pou r l’n guttural

M. Rou sselot propose q .

Constr ictives . Les s ignes f et v , s et restent intacts . Pou r c et j ,M . l ’abbé Rou sselot ne s ’

oppo serait pas à un changem ent , par exem p leà la p lace de 6 . M. Pernot et Mm e de S a int-Genè s garderaient p lus

v o lontiers les graph ies et En ce qu i concerne ê et É, M Rousselotpropo se x et x ,

M . Pernor s ’

aoppose l ’em p lo i du y_ gg rec et recom

m ande c et c , aquo i un professeur a l lem and oppose la p

b

o ss ibi lité d’

une

c onfus ion avec l ’emp lo i c ourant de ces deu x s ignes . Resterait :‘I trouver une sonore convenab le. M . Cabaton consei l le de conserver ce q uel’

on a dé j à.

La suite de la discuss ion est rem ise à la réunion su ivante

LeGérant J . RO U S SELOT .

MACO N , FROTAT FRERES,IMPR IMEU RS .

LA DÉCLAMATION DU VERS FRAN ÇAIS A LA FIN

DU XVIIe SIECLE.

Dans la seconde mo ine du xv11°srec le

,les principes Su r lesquels

se base l ’esthé t ique class ique ont sub i des atteintes assez graves .

L’

art, d’

une façon généra le,évo lue vers des fo rmes mo in s gu in

dées et mo ins ra ides . Des man ifestat ions d iverses, que tou t le

monde a présentes à la mémo i re,prouven t que l

espri t d’

abstrac

tion et l’

intellec tualité pu rene règnen t p lus avec la même souve

ra ineté , mais qu’

au con trai re des beso ins de sens i b i l i té apparaissent . La société françai se, sans tou tefo is répudier complète

men t son idéa l de ra ison,prend par degrés le goû t du pla is i r

émot if et se déshabi tue peu à peu de la somptuosi té et du

faste.

I l va de so i qu ’ i l ne s ’agit encore que de faib les ind ices . Cepen

dan t le vers françai s sub it les conséquences de ce mouvement

que je s igna le. Jusqu ’

en 1 660 on m e fera créd it de cette

démonstration que jemeproposed ’

appo rter un j ou r la déclama

t ion n’

a accordé à l’

alexandrin que deux temps fo rts, à la s ixièmesy l labe et a la douzième

,sans accents i n tér ieurs , le premier

hémistiche formant mu s ica lement une phrase ascendante, le

second une ph rase descendan te tou t au p lus est- i l permis à lavo ix d ’ insister su r les exclamat ions du texte, à cond i t ion qu

el les

ne so ien t po int prodiguées , et cela cons t i tue la seu le exception

admise par les cri t iques .

I l fau t cependan t vo i r dans certa ines pages de Le Labou reu r le

signe ou plu tô t le dés i r d’

une transfo rmat ion procha ine. Déj àen 1 640 La Mesnardière, d

un c lass i cisme pou rtant s i net , incl ine

à une déclamat ion vivan te qu i n’

est pas cel le de son temps ,

et i l évoque,comme on peut s

y attendre, l’

au tor i té desRevue de phonétique.

3 14 GE0RGES LOTE

Anciens . I l loue chez les Grecs leu rs exclamat ions fréquentes ,leurs changements de mesure, leu rs termes s i path ét iques

,

et leurs d iscours interrompus par les soupirs redoubl és

et i l ajou te Mais je ne sç ai s i les o rei l les de nos juges del i

cats 2

pourro ient sou ffri r sur la scène c inq ou six exclamat ions

poussées dans un seu l vers ; s i les cri s , les gémissements, lessanglots ne sero ien t po int désagréables au jugement de ces

mess ieu rs

Tel les sont les cond it ions générales selon lesquel les s’

es t

accompl ie la réforme. I l y en a d’

autres plus part icu l ières . Pou r

b ien saisi r ce qu i va su ivre, i l fau t en effet ne pas o ubl ier q ue

les vers au début du XV I I" s i ècle,présenten t dé j à en fa it

quelques brisu res à d ’

au tres places qu’

à l’

hém istiche. El les sont

sans dou te t rès rares,mais el les son t suffisamment at testées

pou r qu’ i l n’

y ait aucun dou te à c et égard . Les changements d’

in

terlocuteurs,lorsqu ’ i ls se produ isent dans la t ragéd ie en un au tre

l ieu qu’

à la césure,produ isent le même résu l tat q ue les exclama

t ions . De tels exemples son t peu fréquents , ma is on en rencont re

cependan t chez Co rnei l le

NER INEV0tre pays vous ha it, votre époux est sans fo i

Dans un si grand m a lheur que vous reste-t— il ?

MÉDÉE

Mo i,

Mo i , dis— je, et c’

est assez . (Médée, I ,

I l fau t signaler d ’

une façon analogue les vers con tenant des

rejets par i n terruption ou par suspension , c’

est— à- di re les enjam

bements permis , selon les ty pes su ivants q ue j’

emprunte a

Co rnei l le

N e raillons po int le fru it qu i t’

en est dem euréVaut m a is revenons à notrehum eur chagrine. (Méli te, VI , 1Et que de m a m ain propre une âm e si fidèleReço ive. mais d ’

où vient quetoutm on corps chancel le?(I bid I V,

La Mesnardière,Poétique, 1640 , p . 3 7 .

I l s ’

agi t des critiques de son tem ps .

3 1 6 GEORGES LOTE

des inflexions dures , une vo lubi l i té de langue qu i préc ipitortt rop sa déclamation , le rendo ient, de ce côté

,fo rt inférieu r

aux acteu rs de l’H ôtel de Bou rgogne. I l se rendi t just ice,et se

renferma dans un gen re où ses dé fau ts é to ient plus supportables

Ce ne fut pas sans lu tte, nous al lons le vo i r . Mais au cont ra i re,

poursu i tM11° Po isson,« par la vérité des sent iments , par l

intelli

gence des expressions,et par tou tes les finesses de l

art,i l sédu i

so i t les spectateu rs,au po int qu

’ i ls nedistinguo ient plus le person

nage représenté de l ’ac teu r qu i le représento it Ces avantages

et ces défau ts su ffiraient à expl iquer la campagne que mena

Mo l ière i l fau t ajou ter d ’

ai l leu rs que ses goûts personnels,son

amour de la nature et de la véri té l ’au raient à eux seu l s poussé

dan s la vo ie où i l s ’engagea .

Dès 1 6 5 0 ,dans les Pre'cz

euses r idicules,i l se pose en cri t ique,

et fai t louer par Mascar ille, personnage rid icu le, ses confrères

de l’

H ôtel de Bourgogne,les seu ls

,affirm e— t— i l i ron iquement

,

qu i so ient capables de donner à un vers tou te sa va leur en lefa isantronfler selon les règles , car i ls saven t que déclarner n

est po int

réci ter comme l’on par le . Mais en même temps i l s ’

efforçait lu i

même,lo rsqu ’ i l j ouai t des tragédies

,de réfo rmer les habi tudes

du théâtre. La seu le tentat ive qu i nous so i t connuefi t tomber Don

Garcie de N avar re. M . Despo is , dans son édit ion deMo l i ère,ne

para î t pas trop s’

avancer en affirmant que l’échec de cet te pièce

sérieusedo i t ê tre impu té pour une bonne part au système dedécl a

mat ion de l ’auteu r . I l formu le à ce propos une remarque don t

l ’ importance n’

échappera pas c’est que Mo l i ère, quand i l

remit son œuvre à la scène deux années plus tard fi t co ïn c ider

cet te reprise avec la première et la seconde representation de

l’

Impromptu de Versa i lles,véritable plaidoyer d

un tou r très

personnel,où i l s

en prenait très vivement à ses détracteu rs en

même temps qu’ i l marquai t la po rtée du débat << Ï Je leu r

abandonne,l isons— nous de bon cœu r mes ouvrages ,

ma

1 . I mpromptu , sc . 5

DECLAMATION DU VERS FRANÇA IS 3 17

figu re, m es gestes,mes paro les

,m on ton de vo ix

,et m a

façon de réci ter , pou r en fai re et dire ce qu’ i l leu r plai ra

,s ’ i l s

en peuvent t i rer quelque avan tage ; je ne m’

oppose po in t à

tou tes ces choses , et je sera i ravi que cela pu isse ravi r le mondeI l fau t comprendre qu ’

après ce dern ier combat Mo l ière étai t

décidé à s’

avouer va in cu . D ’

après M"° Po isson c ’es t en effet

ce qu i arriva . Don Ga rcie, on le sai t,tomba une seconde fo is

,

ma is les vers condamnés par le pub l ic furen t applaudis quand

l ’au teu r les eu t t ransportés dans le Misanthrope.

Les leçons de l’

Impromptu de Versa i lles va lent cependant

qu ’

on s’

y arrête. Mo l iè re,dans ce court lever de rideau

,prend à

part ie les acteu rs les plu s répu tés de Paris Montfleury , Beauchâteau

,Hau teroche

,deVi l l iers etM"° Beauchâteau . I l les connait

,

eux et leu r man ière ; leu r art,i l le d it tou t hau t

,lu i semble

affecté et ampou l é . La première scène de l ’ouvrage est cel le où

i l a condensé sa doctr ine. I l suppose qu ’

un poète vien t présenter

une t ragédie a une t roupe de comédiens récemmen t arrivés de

provin ce. Ce poète a le ton de vo ix sen tencieux et'

Du Cro isy ,chargé de représenter son personnage

,est averti qu i l do i t conserver

cette exacti tude de p rononc iat ion qu i appu ie sur tou tes les

syllabes selon le goût de l ’époque. I l s ’agi t de t rouver un ro i

de tragéd ie qu i pu isse se charger du rôle principa l de façon àméri ter l

approbation de la fou le. Mais le poète est déçu dans son

attente : l’

acteur auquel i l s ’adresse a le défau t de parler d ’

unevo ix trop naturel le,

tand is que, pou r plai re aux spectateu rs,i l

faudrai t d i re les choses avec emphase appuyer sur le dern ier

vers de la ti rade,et pousser des éclat s de vo ix . A propos du dia

logue deN icom ède et d’

Araspe, les deux conceptions s’

opposen t0

Mars,m onsreu r , I l me semble q u un ro i qu i s entret1ent tou t

seu l avec son capitaine des gardes parle un peu plus humaine

ment et ne prend guère ce ton démon iaque.

— Vous ne savez ce

que c’

est . Al lez-vou s-em réci ter comme vou s fai tes , Vou s verrez

si vous ferez fai re aucunAh

1 . Impromptu ,sc . I .

3 18 GEORGES LOTE

On vo i t par ce texte où tendent les efforts de Mo l iè re. I l déclare

la guerre au genre noble, défend une d ict ion s imple,une réci ta

t ion qu i , le cas échéant,rabai ssera le ton pompeux de la t ragéd ie

pou r le rapprocher de celu i de la coméd ie. Nou s savons qu ’ i l se

heu rta a l’

intransigeance du goût contempora in; l’

on trouva

inconvenant qu ’

un ro i de tragédie parlât comme Scapin,et l

on

vit dans le nouveau sy stème une at tein te au p r i n cipe de la sépa

ration des gen res . U n garçon nommé Mo l i ère,d i t Tallem ant

des Réaux fai t des pièces où i l y a de l’esprit ce n ’

est pas un

mervei l leux acteu r,si ce n

est pou r le r id icu le. I l n’

y a que sa

troupe qu i joue ses pièces el les sont comiques Montfleury , le

fi l s du comédien , se montra p lus dur dans son lmpromptu de

l’

H ôtel de Condé. Usan t des procédés i ron iques dont les Préc ieusesr idicules lu i avaient donné le modèle, i l int rodu isi t su r la scène un

personnage bu rlesque qu i prétendai t cri t iquer l’

H ôtel de Bourgogne en remarquan t que dans ce théâtre on s

appliquait surtou t

au genre sérieux et qu ’

on y riai t seu lemen t au comique

Ma is au Pala is—Royal , quandMohereest des deux ,On r it dans le com ique et dans le sérieux . (Sc . I I .)

Qu ’ importe cependant les leçons deMohere devaien t po rter

leurs fru i ts i l échoua sans dou te parce qu ’ i l avai t vou lu opérer

une révo lu t ion trop profonde. D ’

au tres,tels q ue son élève Baron ,

su rent profiter des ind ications qu ’ i l avai t données et réu ssi ren t

davantage auprès du publ ic . I l fau t vo i r dans le l ivre de Grimarest

,dont je parlerai p lu s lo in , le résu l tat in d irect et probable

ment atténué des enseignements du m aitre.

Au demeurant i l est assez d iffi ci le de caractériser dans tous ses

détai ls la déclamat ion que Mo l ière incu l quai t à sa troupe,car

les documents que nou s possédons ne son t pas assez précis . Plu s

hardie que cel le qu’

on va men t ionner,on peut présumer qu

el le

lu i est analogue. Su r cette derni ère nous sommes éclai rés par

I . Tallem ant des Réaux , éd . Monm erqué tom e X, p. 5 1 .

3 20 GEORGES LOTE

Racine le fi l s du poète Cette femme 11 etoi t po in t néeactrice.

La nature ne lu i avo i t donné que la beau té, la vo ix et la mémo i redu reste

,el le avo i t s i peu d

esprit , qu’ i l fa l lo ir lui fai re en tendre

les vers qu ’

el le avo i t à d ire et lu i en donner le ton . Tou t lemonde sa i t le talent q ue mon père avo i t pour la déclamat ion

,

dont i l donna le vrai goût aux comédiens capables de le"

prendre

comme i l avo i t formé Baron , i l avo i t fo rmé la Chamm ê lay ,

mais avec beau coup p lus de peine. I l lui faiso it d ’

abo rd com

prendre les vers qu’

el le avo i t à dire,lu i m ontro it les gestes et

lu i dic toit les tons , que même i l no to i t . L’

écolière,fidèleà ses

leçons , quo i qu’

Actrice par art,sur le théâtre paroisso it i nsp irée

par la natu re.

Donc le fai t même de l’

enseignemen t donné n ’

est po i n t discutable et nous avons la cert i tude que Rac ine agit en réformateu r .

Mais i l serai t presque impossible de se fai re une idée des nou

veautés qu’ i l i n trodu is i t dans la déclamation ,s i nous en étions

rédu i ts aux opinions des écriva ins et des cri tiques c’es t à une

au t re source, nous le verrons , qu’

il faut remon ter pou r rencon trer

une image exacte de la d ict ion rac in ienne. En effet,certai n s

auteu rs se contredisent ï d’

au tres ne nous appo rten t qu’

un juge

ment trop généra l ou bien encore une véri té man ifestement a l te

rée. Vo l tai re par exemple hésite ent re l’é loge et le blâme. DanssonDict ionna irephi losophzÿ ue

,i l cons idère la Cham pmeslé comme

étan t l ’actrice qu i a po ssédé le p lus parfa i tement la mélopéethéâtra le en honneu r au XV I I° s iècle, mais ai l leu rs 3

,sans dou te

pour flatter les éto i les de son temps,i l dénonce

Ses accents am oureux et ses sons affétésEcho des fades vers queLam bert a notés .

La Fontaineeu t beaucoup d’

obl igat ions à la célèbre comédienne ;el le lu i fi t continuer ses Contes et i l ne cessa pas de fréquenter

1 . Lou is Rac ine, Mémoi res sur la v iedej ean Rac ine, éd . deGenève, 1 747 . p . 1 10 .

2 . Au m ot chant.

_3 . Épître ci M

lle Cla i ron .

DÉCLAMATION DU VERS FRANÇA IS 3 2 1

chez el le quand Bo i leau et Rac ine eu ren t qu i t té la mai son . Pou rel le i l écrivi t en vers la déd icace de Belphégor , où, tou t en l

assuran t qu

el le régnera longtemps dans la mémo i re i l exprime

son admirat ion en termes assez vagues .

Boi leau se conten te de nous d ire que la Champmeslé , quand

el le joua i t Iphzgeme en Aulz‘

de, faisai t p leu rer la sal le. Tous ces

déta i ls son t inté ressan ts, su rtou t le suffrage de La Fon taine,

l ’ homme de la s impl ic i té , de la véri té et du natu rel . Vo i c i cependant qu i est p lus précis Ceux , écri t Lou is Racine qu i s

im a

g inent que la déc lamat ion que m on père avo i t in trodu i te sur le

théâtre éto it enflée et chan tante,son t , je cro is, dans l

erreur .

I ls en jugent par la Duclos, é lève de la Chamm êlay , et ne font

pas at tention q ue la Chamm êlay , quand el le eu t perdu son

maî t re 3,ne fut p lus la même

,et que, venue sur l ’âge

,el le pous

so i t de grands éclats de vo ix qu i donnèren t un faux-goût auxcoméd iens . Cependan t ces l ignes ne do ivent pas être acceptéessans d iscu ssion . Comme le remarque judicieusement M . Romai nRo l land 4

,Lou is Racine, en s

opposant à l ’opin ion reçue,n ’

est

pas t rès affi rm atif. De p lu s,i l ne n ie pas qu a une certa ine époque

l ’actrice n’

a i t chanté et même crié ses rô les . Ma i s nous possé

dons un texte qu i nou s confi rme ceShabitudes . Les frères Parfaic t S

ci ten t en effet l ’au teu r des Entretiens ga lants , parus en 1 68 1,et

transcrivent ce passage Le réci t des comédiens, dans le tragique,est une manière de chant, et vous m

avouerez bien que la Champ

meslé ne vou s plairo it pas tant , s i el le avo i t une vo ix mo in s

agréab le, mai s el le sai t la condu i re avec beau coup d ’

art et el le ydonne à propos des inflexions s i naturel les, qu

’ i l semble qu ’

el le

I . Epître VI I , v . 3—6 .

2 . Op . cit .,ib .

I l faut entendre quand el le abandonnaRac ine pour le com tede C lerm ontTonnerre en 1678 .

4 . R omain Ro l land, N otes sur Lully (Mercure mus ical

,1 5 janvier

p . 6 . Je signa le tout de su ite ce bel artic le qu i m’

a été d’

un très U ti lesecours .

5 . Les frères Parfaic t , H istoi re du thea'

tre,année 1708 .

3 22 GEORGES LOTE

ai t vraimen t dans le cœu r une pass ion qu i n’

est que dans sa

bou che. Or,à cette époque, el le é ta i t à peine séparée de son

maî t re dont i l n ’

est pas poss ib le qu’

el le eût si vite désappris lesleçons . Lou is Rac ine, ne l

oublions pas , écri t au XVI IIe s iècled ’

après des t rad i t ions de famil le, et i l a tendance à interpréterces traditions de la manière la plus favorable à la mémo i re paternel le. I l fau t su r tou t se souven i r qu ’ i l s

agit essentiel lement

d ’

une époque de transi t ion ,et que la réfo rme ne pouva it être

rad icale. N ou s montrerons qu’

en effet el le ne l’

a pas été .

A côté de la Champmeslé , i l fau t nommer Baron,l’

un des

art isans les plus certains du progrès accompl i . Celu i—c i encore a

dû sa formation à l ’éco le de 1 660,en particu l ier à Racine et à

Mo l ière : on vo i t a ins i à quel groupe i l appart ient . C ’

est un des

noms les plus i l lustres du théâ tre. Fi ls d ’

un comédien connu ,

i l naqu i t en 1 6 5 3 et fu t o rphel in de bonne heu re. Lou is Racineattribue un iquement à son père Jean Racine l ’honneu r d ’

avo i r

été son m ai tre. Sans dou te Racine l ’a ida de ses indi cations,mais

l ’ influence de Mo l ière fu t au t rement profonde,et nous en pou

vons juger grâce à Grim arest . D ’

après cet au teur Baron,tou t

enfant,fut recuei l l i par Mo l ière

, qu i le t i ra de la troupe de laRais i n où i l ava i t été engagé . Dès 1 666

,i l j oueMélicerte à Saint

Germain en compagnie de son pro tecteu r ; mais i l se brou i l le

avec Armande Béjart et retourne chez la Ra isin ; de temps en

temps i l reparaî t pou rtant dans la mai son d ’

Auteu i l . En 1 670 ,

Mo l ière le fait r even i r de province et l’

engage à son théâ tre

comme membre régu l ier, car i l avai t reconnu en lu i des donséminents . De ce j ou r ce furen t des consei ls constants, car , nous di t

Grim arest , on ne peu t s’ imaginer avec quel so in Mo l iè re

s’

appliquoit à le former dans les mœu rs comme dans sa profè s

s ion Baron assista son m aitre mou ran t , pu is ensu i te i l passa à

1 . Lou is Rac ine, op . ci t .,ih .

2 . G rimarest, Vie de Molière,Grimarest était en relations avec Baron et

i l a été renseigné par lu i .

3 24 GEORGES LOTE

tradu isen t : su r le terrain de la déclamat ion theatra le commed ’

une façon générale en art,tou j ours conservateu rs et novateu rs

se sont t rouvés aux prises . En tou t cas,i l ne fau t r ien exagérer ,

et surtou t ne po i n t p rendre Baron pou r un parfa i t diseur au sens

moderne du mo t . Vo l tai re,l

opposant â Mlle Lecod vreur , affi rmaqu ’ i l avai t été noble et décent et rien de plus Apparem

men t tou tes ces Opin ions sont j ustes,l ’enthousiasme comme la

cri t ique,et el les s’expl iquent selon le po int de compara ison

cho is i . Ce qu’ i l y a de sûr,c’est q ue Baron ,

élève à la fo is de

Mo l iè re et deRacine, réa l isa sur l ’ensemble des comédiens de son

temps un énorme progrès mais pou r le juger , lo in de le séparer

de son époque,i l ne fau t j amais perdre de vue l

état de la scène

au moment où i l y monta . C ’

es t seu lement dans le cadre du

XV I I ° s iècle qu ’ i l est grand,et de nos j ou rs le mo indre acteu r

,

nous essaierons de le mon trer , t rouverai t sans peine ce dont on

lu i a fa i t une glo i re.

En deho rs des témo ignages que nous possédons sur les hommes

don t i l vient d ’ ê tre quest ion, un l ivre nous est d’

une grande u t i

l i té pour connai t re l ’art de la déclamation vers la fin du règne de

Louis XIV. C’

est le Tra ité du réci tatif que Grim arest publ ia en

1 709 . De Grim arest nous savons peu de chose. I l naqu i t en 16 5 9et mou ru t en 1 7 1 3 i l ava i t donc quato rze ans lorsque Mo l i ère

ferma les yeux ce n’

est donc pas ce m aître qu i , d irectement , a

fo rmé son goût . De son vivan t,professeu r de langues à Paris et

ci cerone des étrangers de marque qu i vis i ta ien t la capitale,'

i l

fu t , on peu t le supposer,un ass idu des représentat ions drama

t iques et l ’ i n térêt qu ’ i l a pris aux choses du théâtre nous est

suffisamment a t testé par son ouvrage. Q u’ i l ait été en relations

avec Baron , cela est hors dedoute, pu isqu’ i l l’a déclaré lu i—même.

Ce fai t nous i nd ique à quel le éco le i l se rat tache. S i même son

1 . Appel à toutes les nations de l’

Europe, 1 76 1 .

2 . Ja], D ictionna i re cr itiquede biog raphieet d’

histoi re.

DECLAMAT ION DU VERS FRANÇA IS 3 2 5

tra ité du récita tif , que l’

abbé Goujet louai t enco re au mil ieu duXV I II“ s iècle, ne Suffisai t pas a nous renseigner clai remen t à

ce su jet , certain s passages de la Vie deMolière seraient d ’

une evidence abso lue. Grim arest appartient donc sans discuss ion au

groupe que nous venons de défin i r ; son l ivre est d ’

au tant p lusprécieux que, pou r l

’ époque de transition dont nous nous occu

pons , c’

est le seu l ouvrage d idact iqueoù se reflètent les préoccu

pations des réformateu rs .

Enfin cet exposé ne sera i t pas complet s’

i l ne faisai t une largeplace à l ’opéra et à Lu l l i . Celu i — c i é tai t un Ita l ien qu i naqu i t en1 6 3 3 à Florence, où son père exerçai t la profession de meun ier .I l v int en France tou t jeune et fut d ’

abord marm i ton chez M““

de Montpens ier . C’

es t de là qu ’ i l so rti t pou r entrer au service duroi et pou r créer un genre nouveau . Lu l l i

,i l faut le no ter , est l

un

des grands art istes classiques, et l

on ne peut le séparer de l ’éco le

de 1 660 . I l a été en relat ions avec La Fontaine, mai s s ’est broui l lé

avec lu i , parce que, après lu i avo i r commandé l’

Opéra deDaphne,

i l a refusé ce l ivret pou r accep ter l’

Alceste de Qu inau l t, cu isantebrû lu re d ’

amou r— propre, affron t que le poète ne lu i pardonna

j amai s I l connu t auss i t rès étro i tement Mo l i ère, dont i l fu t

longtemps le co l laborateur en 1 664 i ls donnèren t ensemble la

Pr incesse d’

Elide,pu is les deux a rt i stes se séparèren t , le caractère

du mus ic ien n’étant pas des p lus fac i les . Q uant aux rappor ts

avec

Racine, je les précisera i p lus lo i n . Retenons pou r l

instan t que

Lu l l i com poSe ses premiers Opéras a peu près au moment où

Rac ine m et à la scène ses tragéd ies , au plus for t de la l iaison avec

la Cham pmeslé .

I l n ’

est cependan t pas ind iffé rent , à cause de ce qu i va su ivre,d ’ i nd iquer quel le a été l ’origine de l

opéra . I l se man ifesta . d’

a

bOrd en Ital ie -et ses fondateu rs ne .virent primitivement dan s la

musique qu ’

u n moyen de rehau sser les passions du poème.

Tel le fut en effet l ’ idée directri ce de R inucc ini ‘. Son am i Péri

1 . Cf. La Fontaine,le F lorentin .

2 . Rom a in Rolland , Les or ig ines du théâ tre ly r iquemoderne, p . 76 .

326 GEORGES LOTE

avoue en ou t re la vo lonté d’ imiter les Anciens

,car , nous d it

i l,les Grecs et les Romains chan taient sur la scène leurs tragéd iesd

un ton plu s relevé que le parler ord inai re et mo i ns régul i ère

ment dessiné que les pu res mélod ies du chant On vo i t imm édiatement la conséquence de cette nouveau té et *

l’ immense sigu i

ficat ion qu’

el le deva i t avo i r le jour où el le se trouvera i t en pré

sence du classic isme françai s . El le deva i t , étant donnée la con

ception pu remen t i n tel lectuel le et abstra i te que le XVI Ie siècle

ava i t de l ’art , apparaî tre comme un composé hybride, comme

foncièrement en désacco rd avec l ’esthétique de raison qu i dédai

gna it de s’

adresser aux sens . C ’

est b ien l à ce q u i arr iva . On sai tquel le résistance lu i opposèren t des hommes comme Saint—Ev re

mond et La Fonta ine. L’

espri t,écri t le premier ne pouvan t

concevo i r un héros qu i chante, s’

attache à celu i qu i le fai t chanter

, et on ne sau ro i t n ier qu ’

aux représentat ions du PalaisRoyal , on ne songe cent fo is p lus à Lu l l i q u

à Thésée ni à Cadmns Mai s La Fontaine

,dans son épî tre a de N iert ‘

,est plu s

catégor ique enco re et blâme cemélange de genres

Car ne vaut—il pas m ieux , dis—mo i ce qui t'en sem ble,

Qu ’

on ne pu isse saisit tous les pla isirs ensem ble,

Et que, pour en goûter les douceurs purement,I l fa i l le les avo ir chacun séparémentLa m usique en sera d

autant m ieux concertéeLa grave tragéd ie, à son point rem ontée

,

Aura les beaux su jets,les nobles sentiments

,

Les vers m ajestueux,les heureux dénoûm ents .

Malgré les motifs d’

inim itié personnel le qu i pouvaien t pousser

La Fontaine à condamner au ssi sévèremen t la tentat ive de Lu l l i,

ce passage n’

en est pas mo ins très i n téressan t . I l mon tre combien

i l a été diffici le à un espri t t rès l ib re de rompre avec les habi

Indes de son époque, et combien la déclamation de la Champ

1 . Mélanges de'

l i ttératureet de cr i tique sur les opéras .

2 . EpttreXI I sur l’

opéra (adressée au musi c ien de N iert ,

3 28 GEORGES LOTE

dée directrice de Lu l l i lo rsqu’ i l fonda la tragéd ie en mu sique. I l

s’

exprime a insi Quel le est la beau té de la mu sique des

opera C ’

est d ’

achever de rendre,de la poés ie de ces opera , une

peinture vraiment parlante. C’

est,pou r a insi dirê ÿ de la retoucher ,

de lu i donner les dern ières cou leu rs . Or,comment la mus ique

repei ndra—t-el le la Poésie,commen t s ’

entreserv iront-el les,à mo ins

qu ’

on ne les lie avec une extrême justesse,à mo ins qu ’

el les ne

se mêlen t ensemble par l’

acco rd le plus parfai t Leseu l secret

est d’

appl iquer aux paro les des tous s i propo rt ionnés, que la Poés ie

so i t con fondue et revive dans la La Poés ie et la

Mus ique m al l iées se séparent l ’une et l ’au tre,m on attent ion

langu i t en se d ivisant 2 Ce problème ava i t inqu ié té les art istes

du XV I° s i ècle,ma is i ls n

avaien t pas réussi à étab l i r un sy s

tème sat isfaisant . Lu l l i à son tou r , ne t rouvant avan t lu i aucune

tradit ion fixée et créant pou r a ins i le genre de tou tes pièces,dut

auss i s’

occuper de la quest ion ,songer à la façon don t i l réglerai t

les rapports du vers et de la mus ique. O r le réc i tatif, partie fondamen tale de la tragéd ie chan tée, do i t conserver au texte son aspec t

o rd inai re,ne pas é touffer les mo t s sous les sons : i l est avan t

tout une déclamat ion notée. I l est donc parfai temen t concevable

que Lu l l i s’

inspirât des spéc ia l is tes et des comédiens de son

temps . Mai s à qu i devai t- i l recou ri r ? Aux acteurs de l’H ôtel—de

Bourgogne,à ceux qu i main tenaien t au théâtre une d ict ion

emphat ique et ampou l ée Evidemmen t non,et

,pu isque l ’opéra

marque une évo lu t ion du goût vers l ’émo t ion et le naturel , i l

devai t nécessai remen t se tou rner vers ceux qu i s’

efforç aient , d’

une

façon paral lè le, de réfo rmer la di ct ion dramat ique. Influencé par

le cercle où i l v ivai t , connai ssant les préoccupations des princi

paux écrivains de Son tem ps, c’

est d ’

après leu rs avi s qu ’ i l aura

1 . Op . ci t., p . 269 .

2 . Au fond,le po int de vue deLa Fonta ine et celu i de Lecerf deLa Vievi l le

sOnt sem blables tous les deu x veu lent l ’un ité d ’ impress ion m a is cette un itéd

’ im press ion ,La Fonta ine conteste qu

el le so i t dans l ’opéra, tand is que

Lecer f l’

y découvre.

DECLAMATION DU VERS FRANÇ A I S 3 29

travai l l é . I l au ra en les consei l s d irects deMohere et sans’

d0fi te

ceux de Rac ine. Mais la déclamat ion même de ce dernier , parl ’ i n termédiai re de la Champm êlé, devient la base du réci tat i ftel que le compose Lu l l i . Cela , nous le savons de sou rce sûreI l allo it , nous d it Lecerf de la Vievi l le, se former à la Comédie

sur les tous de la Cham pm eslé et i l a prononcé lu i—même un

m o t célèbre que nous rappo rte M . Roma in Ro l land S i vousvou lez bien chanter m a mu s ique

,a l lez entendre la Champ

mesle

Tous les détai ls qu i précèdent ne son t pas inut i les . Ils nous

font vo i r sous quel les cond i tions s’

est accompl i le‘mouvement

que nou s a l lons défin i r, quels en ont été les promo teu rs et les

art isans . Au po in t où nous en sommes,nous pouvons su ivre

l ’évo lu tion des vers français à la fin du XV I I ° s iècle. Nou s t i rerons nos princ ipaux documents des opéras de Lu l l i

,don t nous

savons qu ’ i ls reflèten t l ’art deMo l ière et p lus précisément encore

celu i de Racine. Nous éclai rerons et nous complé terons nos

recherches en nous a idan t de Grim arest et des quelques détai ls

qu i nou s ont é té t ransm is su r la d ict ion de Baron . Nous feronsressorti r que la déclamat ion des novateurs

,ma lgré les profondes

modificat ions qu ’ i ls in t rodu isent au théâtre,est demeu rée une

mélopée. Vo l tai re nous en averti t d ’

ai l leu rs et soutient de son

autori té les pages qu i précèdent : Cet te mélopée, écri t- il en

parlant des acteurs du temps qu i nous o ccupe,ressemblai t à la

déclamat ion d ’

au jourd ’

hu i beaucoup mo ins que norre réc i t

moderne ne ressemble à la man iè re dont on l i t la gazette. Je

ne pu is mieux comparer cet te espèce de chan t qu’

à l’

adm i rable

réci tat if de Lu l l i .

I . R . Ro l land , Or ig ines du théâ tre ly r iquemoderne, p . 260, etMercuremus ical ,

p. 4 .

2 . Vo lta ire,D ictionna ire phi losophique, au m ot : chant.

Revue dephonétique.

3 30 GEORGES LOTE

Si l’

on ouvre Alceste,ou Thésée

,ou Bellérophon,

ce qu i frapped ’

abord , c’

est que Lu l l i marque les accents intérieu rs quej usque—là l ’art dramatique, du mo in s dans les genres noblesles seu l s qu i comptassent ne connaissai t pas . I l est le pre

mier musicien français qu i sache sur quel les sy llabes tomben t leston iques de notre langue. Cet te constatation est d’

une importance

qu i n’

échappera à personne. Le fai t en lu i-même s’

expl ique parfaitement s i l’on veu t b ien se souven i r de quels modèles Lu l l i

s’

est i nspiré . La preuve est désormai s acqu ise que lepprinc ipal but

des efforts de Racine et de Mo l i è re a été de rompre les l ignes

compactes de six sy l labes terminées chacune, dans l’

alexandrin ,

par la césure et par la rime. C ’

est presque un iquement par là

que la Champmeslé et Baron , nous aurons l ’occasion de le m on

trer,

se sont d istingués de leurs confrères . C’

est d ’

ai l leu rs le

pédantisme d ’

une prononciat ion non—accentuée que Mo l i ère

dénonçai t chez les poètes,comme au trefo is Bruscam bille La

date de la t ransformat ion opérée est en effet certaine, et i l fau t

la placer aux environs de 1 660 . Aj ou tons que c’

est peu t—être la

plus cons idérable conquête du vers françai s moderne,en tou t cas

qu ’

el le n’

au ra de comparab le que cel les du romantisme.

Mais i l faut ent rer dans le détai l et présenter un échanti l lon de

la man ièredeLu l l i . Je lu i emprun te un fragmen t de Proserpine 3

LA D ISCO RDE

Orguei l leuse Victo ire, est— ce à toi d’

entreprendre,De m ettre la Discorde aux fers

A quels honneurs sans m o i peux- tu jama is prétendre

1 . Du prédécesseur imm éd iat de Lu l l i à la d irection de l’

Opéra , Cam bert,nous possédons le prem ier actedePomane( 167 1) et leprem ier ac tedes Pla isi rs et

Peines de Ces tex tes , publ iés par Weekerlin, paraissent dém en

ti r formel lement notre rem arque et présentent une m étrique à peu près cor

rec te. C ’

est queWeckerlin a rem an ié les deux ouvrages i l nous le ditafin de rem éd ier à une prosod ie qu

’ i l qual ifie d’ inchantable au jourd ’hu i

(c f. Préf ace de Pomane, p . On se rendra com pte du sty le réel de Cam berten sereportant aux deux exem ples c i tés par l ’éd iteur (ih.

,et l

on m esu

rera a ins i tout leprogrès accompl i par Lu l l i .2 . Textes c ités plus haut , p . 3 1 5 et 3 17 .

3 . Paro les deQu inau lt .,

3 3 2 GEORGES LOTE

Les sy l labes atones nou s ret iendront d ’

abo rd,mais el les ne

méritent que de cou rtes observat ions . O n remarquera qu ’

el lessont quelquefo i s de valeu r inégale, mai s que du mo ins Lu l l i aso in de les constru i re en progress ion tempo rel le, confo rmément

aux lo is générales de la déclamat ion En d ’

au tres termes si dans

un groupe métrique la première syl labe a la va leur d ’

une double

croche,la seconde pou rra ê t re no tée par une croche, et la ton ique

viendra ensu i te avec les caractères que nou s a l lons lu i recon

naitre plus lo in . Cet o rdre est rarement t roublé , sauf pour des

raisons qu ’

on peu t a isément défini r °. Q uan t à l ’e muet, i l fau t

no ter que, quant à la du rée, le mu s icien le rattache non po int à

la ton ique dont i l est précédé , mais à la mesure ry thmique su i

vante dont i l parait fo rmer le premier é lément (v . I ) ; à la rime,i l semble rejeté au début du vers subséquent (v . ce qu i

atteste la fo rce avec laquel le i l était prononcé 3

Les sy l labes accentuées sont p lus intéressantes . Aux endroi ts

où el les se rencontrent,el les sont parfai temen t logiques et co in

c ident avec les coupes de sens . Lu l l i , pou r les marquer,emplo ie

indifféremment deux procédés . Ou b ien i l ne leu r acco rde aucun

privi lège tempo rel , mais i l les place au premier temps de la

mesu re mus icale, à cause du frappé dynamique qu i s’

y rencontre.

En vo ic i un exemple,à la tro is ième sy l labe de ce vers

Dans un jour de triomphe, au m i l ieu des pla is irs . (Arm ide, I , I . )

Dan s u n j ou r d e tr i om -

phe_a t t m i l i eu d e s plu i e a i r s

O u bien au contra i re i l fai t de la tonique une longue,et el le

émerge a ins i au— dessus des syl labes vo is ines . Le fragmen t deProserpine transcri t plus hau t présente de nombreux cas de ce

1 . Je renvo ie à m on ouvrage L’

alexandr in français, 1, p . 74-76 .

2 . Cf . p . 3 34 .

3 . Lul l i l’a tténue pourtant quelquefo is en le ba issant de ton par rapport àla ton ique antécédente. Lecerf de la Vievi l le se pla int qu

’ i l alourd it la musique.

DECLAMAT ION DU VERS FRANÇA IS 3 3 3

tra i temen t . Je donne un alexandrin dont tou s les temps marqu éssont reconna issables à leu r du rée plus grande

Revenez , m a ra ison,revenez pour jam a is ! (Atys, I V ,

R é -v e ma s,r ua r a i -s ou

,r e—v e n ez p

ou r j am u s

Cette accentuation , dans ses deux fo rmes , est très net te,et el le

est caractéri stique du s ty le de Lu l l i ; el le ne supporte n i fiorituresn i ornements ; el le est dans une man iè re nettoyée et nue qu i

co rrespond évidemment à la déclamat ion . Lecerf de la Viév i lle

nous at teste la vo lonté du mus i cien d ev iter les o rnemen ts

qu’

adm ettaient ses prédécesseurs Lu l ly , nous d it- i l envoya i t

tou tes ses actri ces à Lambert , pou r qu’

i l leu r apprit sa propreté

du chan t . Lambert leur faisa i t de temps en temps cou ler un pet i t

agrément dans le réci tat if de Lu l ly , et les actri ces hasardaient defai re passer ces embel l issements aux répéti t ions . Morb leu

,

mesdemo isel les , d isai t Lu l ly , se servan t quel quefo is d’

un termemo ins po l i que celu i-l

a,et se levan t fougueux de sa chaise i l n ’

y

a pas comme cela dans votre papier ; et, ven treb leu ! po i n t debroder ie m on réc i tat if n ’

es t fai t que pou r parler, je veux qu’ i l

so i t tou t uni .

I l est no table que les exclamat ions du passage de Proserpine

ci té plu s hau t reço iven t une valeur tempo rel le relat ivemen t con

s idérable qu ’

el les s ’ é lèven t mus icalement au-dessus des sy l labes

avo i s inantes,et ceci est encore cOnform é à ce que nou s savons

de la dict ion du XVI I ° siècle, pu i sque, bien avan t la Champmeslé,

les mouvements pathétiques s ’

isolaient déj à de l’hém ist iche auqueli l s appar tenaient . I l fau t a jou ter

,d ’

une man ière généra le, que sauf

ces acciden ts,le vers frança is , tel que nous le conserve la mu sique

de Lu l l i,demeure raide et san s souplesse. Mais , d

autre part, avant

d ’ i n sister su r ce caractère et demon trer à quels signes i l se révèle,

1 . C ité par M. Rom a in Rol land , Mercure musica l, p . 1 I .2 . LeAh ! des v . 4 , 10 et 14 .

3 3 4 GEORGES LOTE

i l n’

est po in t indifférent de fa i re observer qu ’

une certaine chaleurde débi t , encore que fo rt modérée

, se trah i t par des i nd ices certa ins . J

ai di t a i l leu rs que dans not re déclamat ion actuel le leston i ques se dép lacent , so i t en pa rt ie, so i t tota lement

,sous l’ in

fluence de l’

emphase et de l ’émo tion . Ces i n tonat ions o rato i resont été no tées, quo ique peu fréquemment

, par l’

at ten tion scrn

puleuse de Lu l l i , et sans dou te dans la propo rtion où el les apparaissaient dans la bouche de ses modè les . I l les marque quelq uefo i s par la durée. Sous cet aspect je les rencontre dans no trefragmen t de Proserpine

, comme auss i dans les t ranscrip tions

puremen t quan titat ives de M . R . Ro l land,chez qu i je t rouve 3 ces

deux vers d ’

Atys et ce vers de Cadmus

l‘

l l J—‘r ï

3’

a i l’”i l e d e l’

… r eu r Don t s on c œ u r es t I’

ll

(AtyS)

t 1‘

t‘

tt'

l‘

1C'c

’:t a as c : pou r p i on -r i r c on . tent

(Cadmus)

Ces valeu rs concorden t abso lument , par leur place, avec ce

qu e l’

analyse phonétique de la déclamat ion d’

au jou rd ’ hu i nous alaissé apercevo i r . O n sen t que la vo ix , avan t d

articu ler la ton ique,pren d son po in t d ’

appu i su r la consonne 4par laquel le débu te le

membre métrique. Cependant l ’effo rt n’

es t pas assez vigou reux

pou r dépou i l ler complètemen t la sy l labe accentuée de sa durée

norma le,et cet te sy l labe reste longue.

Mai s Lu l l i connaî t au ss i un au tre procédé pou r tradu i re les

phénomènes orato i res ; i l sa i t exprimer’émo tion sou s son aspect

musical en rendant plus aigu l’

un des é lémen ts qu i , dans un

groupe rythmique, précèdent letemps fort . Son réci tat if, i ci enco re,

1 . Cf. L’

alexandr in f rança is, ch . XI .

2 . Après (v . quand (v . où la prem i ere sy l labe du groupe rythm iquesub it un léger a l longement .3 . Mercure musica l, p . 12- 1 3 .

4 . Dont S’

est C’

est Pour .

3 3 6 GEORGES LOTE

comme nous au rons d’

abondantes occasions de le fai re ressort i r,

pers i ste enco re j usqu’à un certain po int , et , parm i les hypo thèques

don t i l continue de grever le vers , nous signalerons d’

abo rd cel les

qui ont trai t à l’

accen t .

I l est très remarquable que parfo i s nous rencontrons encore de

longues su i tes de svllabes atones que ne vient couper aucune

toni que ; i l arrive même que l’

hém istiche tou t entier forme un

bloc compact où nu l le brisu re ne se révèle : i l demeure d’

un seu l

morceau et s’

étend en une longue l igne invertébrée. S i l’

on se

reporte au fragment de Proserpine t ranscri t plus hau t, on no tera

que l’

accent manque sur les mots su ivants mettre(v . 2) honneurs

et peux- tu (v . 3 cet alexandrin ne comporte que deux temps

marqués) ; la pa ix (V . 5 , I I et tes soins (v . laur iers (v .

la g loire (v . D ’

autre part , à propos des termes pathét iques ou

des mouvements ana logues,l’

Académ ie,dans sa cri t ique du Cid,

se prononça i t cont re un emplo i trop généra l i sé de ces fo rmu les

de pass ion , sans dou te con tra i res a la décence de l’

art class ique.

Or Lu l l i négl ige parfo i s de marquer par un accent les impérat ifs

ou les exclamations du texte ; i l le fai t même en cas de répéti

t ion,a lors que la ponctuat ion sépare les deux termes successifs .

J’

emprunte‘

a Armide deux exemples de ce tra i tement s ingu l ier

pou r nos habi tudes, mais qu i ne sau ra i t nous étonner ou tre

mesu re s i nous songeons â l’étro itesse de la conception esthétique

du XV I I° s iècle. Ce sont ces vers

Sortez , sortez de votre erreur ( I I I ,Fuyez , plaisirs , fuyez , perdez tous vos attra its (V ,

V- V— V

$ or-lez.svr lez d ev oir : e r r eu r Fu o

yez _pl z i -str s _l’

n ye z .per d e: laut—von t tra il!

La césu re et la rime, s i l’

on considère le récitatif de Lu l l i ,at testent , el les auss i , que la transfo rmation de la déclamat ion dra

matique est lo in d’

avo i r é té rad ica le. La césure nous occupera

DECLAMAT ION DU VERS FRANÇA I S 337

d ’

abord . On sai t quel le importance lu i acco rde la poésiefrançaise, quel rô le el le joue dans l

alexandrin et le décasyl labe,

où originai rement el le permet à l ’o rei l le de compter les éléments

du vers . I l est évident que, pou r Lu l l i , l’

alexandrin con t inue dese décomposer essen tiel lement en deux part ies égales

,et que, à

l ’ in térieu r des hémistiches , les accen ts ry thmiques n ’

on t qu ’

un

rôle accesso ire. Pou r marquer la césu re,lem us icien usedeplu sieurs

procédés . Le premier consiste à fa i re de la s ixième sy l labe une

longue, et ce tra i tement se ren contre assez souvent pou r q u’ i l

so it inu t i le d’

y i nsister Quelquefo is au contrai re,lo rsque les

nécess i tés de la mesu re empêchent tou te au tre notat ion,Lu l l i

se contente, à d urées égales , de d istinguer la ton ique médiane

par une élévation de l’

acu i té . De cet artifice assez rare, je donnerai

au mo in s cet exemple

H é las ! que mon am our est d i fférent du s ien .

(Arm ide,I I I

,

H è - l a s q u e m on a —m ou r es t d i f— fê -r m l d u s ien

Su rtou t , et c’

est le cas le plus fréquent, i l s’

efforce de fai re com

c ider l ’hém istiche avec le premier temps d’

une mesu re, à cau se

du frappé dynamique qu i affecte cet te place et que renforce

l ’accord des i nstrumen ts . I l peu t y avo i r en ou tre accro issemen t

de la du rée par rapport aux élémen ts vo isins , mais auss i

b ien cela n’

est pas nécessai re, et, dans l’

espri t de Lu l l i , la

posi tion que je viens de défin i r suffi t à fai re naî tre l’

effet cher

ché . Ce tro i s ième procédé se présen te donc sous deux aspects dif

férents,l’

un avec a l longemen t de la sy l labe (I) , l’

au t re sans rien

de,tel (Il)

1 . Cf. Proserpine,-texte ’

c ité , V . 1 .

3 3 8 GEORGES LOTE

Montrez-vous a ses yeux , soyez tém o in vous(Arm ide, I I I ,

S i la guerre aujourd’

huy fa it cra indre ses ravages ,C ’

est aux bords du Jourda in qu’ i ls do i vent s ’

arrêter .(Arm ide, I I I ,

s er -r ê ter

On jugera des inten tions de Lu l l i par un a lexandrin très cu rieux

où i l n’

a pas fai t à la césure l’

élision exigée par le texte ; l’

e

muet y a la même valeu r tempo rel le q ue la ton ique de l’

hém is

ti che,et seu les les atones du groupe ry thmique su ivan t sont mo ins

longues . Cependant c’est la six ième sy l labe qu i supporte l’

accent ,car el le coïnc ide avec le premier temps de la mesu re el le conserve

a i ns i une impo rtance plu s grande que l’é lémen t fémini n qu i lu i

succède. Vo ic i ce vers

Dans un jour de triomphe, au m i l ieu des (Arm ide, I ,

Dans un j ou r lt i 6m -

phe au m i lim'

d es plai s ir :

I l est extrêmemen t rare, que la césure, dans le réci tat if, so i t

négl igée,et je n

y ai rencon tré,au cou rs d’

un examen at tent if

de la parti tion d’

Armide, que deux infractions aux principes du

vers c lassique. Ces infractions, on peu t le supposer , son t dues

aux nécess i tés de la phrase mu si cale, à la d iffi cu l té où l ’au teu r

s ’est trouvé de placer la sy l labe forte à l ’endro it convenable ou

3 40 GEORGES LOTE

1 660 ,le texte ne peu t entrainer l

affaiblissem ent ou la suppres

s ion du repos exigé par les règles ; mai s au contra i re ce repos

domine la phrase, et l’

on n’ hési te pas à massacrer le vers pou r

le fai re entrer dans son cadre trad itionnel . Ains i , tandis que nous

au rions tendance à couper de la man ière su ivante

I l nous invi te aux jeux ’

qu’

on lui prépare (Arm ide, Pré lude.)N on ! I l faut appeler la H a ine à m on secours I I I ,

Lu l l i écri t bravement , selon l’

usage des comédiens ses modèles

i l fu i t t y pO- l8 1‘ I‘ H i m : nw u s o em :

De ces deux exemples le second est le plus caractéristique, et l’

on

remarquera que le mm la H a ine,mo t importan t et qu i méritai t

d ’être m is en rel ief,a été complètement négl igé .

Après ce qu i précède, la rime ne nous retiendra pas longtemps .

El le est trai tée avec au tant de so in que la césure et se no te de la

même façon so i t par un accro issement de la va leu r tempo rel le,spécialement à la fin de la phrase grammat icale

,là où le sens est

réel lement terminé,so i t par une simple coexis tence avec le pre

mier temps d ’

une mesu re, sans al longement aucun, mais confor

m ém ent à l ’accentuation in tensive de la mu s ique. L’

e muet,

dans les rimes fémin ines , peu t recevo i r la même du rée que la

ton ique don t i l est précédé,mais i l demeu re cependant atone, car

jamais i l ne tombe sur un renforcement dynamique tou tefoisl ’ importance à lu i concédée par Lu l l i nous atteste la vi tal i té qu

’ i l

conservai t au décl in du XV I I ° s i èc le.

I l ressort de ces observations que le vers françai s , à la fin du

règne de Lou is XIV,a évo lué avec la p lus grande modérat ion ,

1 . On se reportera aux textes m usicaux c ités plus haut .

DECLAMAT I ON DU VERS FRANÇ AIS 34 1

et qu’

i l s’

es t p l ié , avec le p lus entier respect , aux serv itudes dela césu re et de la rime

,les deux accents qui le gouvernen t .

L’

absence de variété , le manque de souplesse don t i l témo igneencore, ont vivement frappé M . Roma i n Ro l land : On a loué

,

écrit—i l la vers ification de Mais,en dépi t de tou s

ses efforts, sa déc lamat ion , tradu i te en mus ique par Lu l l i , est

dominée,comme tou te la déclamation du temps

, par l’

accentua

t ion exagérée de la rime dans les vers cou rts,de la césu re et de

la rime dans les vers de douze sy l labes . On trouve dans les opéras

de Lu l l i des steppes de récitat ifs et d ’

airs,où le premier temps

de chaque mesu re tombe avec une ra ideur imp lacable su r la

r ime,ou su r la césu re de l’hexam ètre. C ’

est d ’

une monoton ieaccablante ; et s i c

est ains i que la Cham pm eslé déclama i t Racine,

nous au rions quelque peine au jou rd ’

hu i à l ’entendre sans bâi l ler .

Cette dern ière idée, que M . Romain Ro l land présen te sous fo rmed

hypothèse, s’ impose à nous avec tou te la fo rce d ’

une cert i tude ;c

est_

bien a ins i que la Cham pmeslé interprétai t les poè tes et,en

ce fa isant , el le se conformai t aux indi cat ions de Racine,car

j amais au cune révo lu t ion n ’

est complète et les novateurs,tou

j ou rs,respectent jusqu

à un certain po int la trad it ion établ ie. Le

mu sic ien d ’

Armide nous donne d’

ai l leu rs des indicat ions trop

précises et su rtou t trop constantes pou r nous permettre de cro i re

qu ’ i l ne fu t pas un témo in fidèle.

Cependan t i l y a p lus . J’

ai d it que l’

alexandrin , à l ’époque clas

sique,sedécomposai t en deux phrases mélod iques , l

uneascendante

jusqu ’à la césure,l ’au t re descendan te j usqu

’à la rime. Cette d iction

sema i nt int fo r t longtemps et le souven i r n’

en avai t po int enco redis

paru lo rsqueAndrieux s’

efforç ait de la décri re, d isan t2 qu ’

el le con

sistait a couper le vers en deux part ies tou jou rs éga les , à marquerconstammen t l’hém i st iche, en élevant et aba issant la vo ix tou r à

tou r,ce qu i formeunecanti lène i nsupportable par son uniformité

1 . Cf. Mercure musical, p . 1 1—12 .

2 . N oti ce sur Mlle Cla i r0n ,en tête des Mémoi res de cette ac tri ce.

3 42 GEORGES LOTE

O r Lou is Racine, dans un passage que j’

ai cité,laisse entendre

que son père fu t l ’ennemi de cette déclamat ion chantante. Que

faut- i l penser de cet te assertion On do i t se souveni r que Lou isRacine écri t au XV I I I° siècle, à un momen t où le goût a évo lué

et où certains cr i t iques tenten t de susc iter une nouvel le réforme.

A cette quest ion de savo i r s i,sur le po int don t i l s ’

agit,Jean

Racine fut vraimen t un précu rseu r, le réc i tat ifde Lu l l i , d’

acco rd

avec l ’auteu r des Entretiens ga lants , nous appo rte une réponsenégat ive. I l es t en effet très remarquable que le schéma du verschan té s ’ impose t rès fréquemment à Lu l l i

,malgré les dérogat ions

que la mus ique entraine forcémen t et la l i berté natu rel le dont el le

jou i t . Lepassage deProserpine t ranscri t p lus hau t cont ient p lusieu rs

a lexandrins conçus selon la formu le que je viens de d ire Sans

dou te i l ne fau t pas s’

attend re à rencontrer sans cesse comme

une man ière de gamme qu i , commençant à s’é lever dès la pre

mière sy l labe, a tteint son po int cu lm inant sur la s ix1em e et

s ’abaisse ensu i te progress ivement jusqu ’à la douz ième. Ce type se

rencon tre,ma is le p lu s souvent , i l sub it quel ques a l té rat ions

tou tefo is , même dans ce dern ier cas, on reconnaî t faci lemen t la

modu lation o rigina le que s’

efforce de rendre le mu sic ien el le se

pou rsu i t parfo i s sur une su i te de p lusieu rs vers . J’

em prunte ces

alexandrins à l ’opéra d’

Armide

Dans un jour de triom phe, au m i l ieu des p la isirs,Q ui peut vous inspirer une som bre tristesse ?La g lo ire, la grandeur, la beauté , la jeunesse,

Tous les biens com blent vos dés irs .

I . V . 1, 7 , 8 , 9 .

344 GEORGES LOTE

qu ’

el le s’

est imposée à Lu l l i , a bien souvent en levé à sa musique

la vérité qu ’

on en attendrai t . J .

—J . Rousseau ,c rrt1que d

Arm ide,

en a blâmé ce vers

Plus je le vo is , plus m a vengeance est va ine.

I l a reproché â Lu l l i de n’

avo i r pas fai t s’ é lever vio lemment la

phrase jusqu ’

au m o t vengeance pou r la la isser retomber ensu ite

doucement sur va ine. L’

observat ion est t rès j uste,mai s la césure

se dressai t comme un obstacle devan t le mu sic ien,et el le l’a

empêché d’

accorder au texte tou te sa va leur émot ive. Le”

même

Rousseau a protesté éga lement con tre les chutes un iformes de la

vo ix à la fin des vers,

ces cadences parfai tes qu i tomben t s i

lou rdement et son t la mort de l ’expression Ici encore i l a

rai son,mais l ’esthét ique c lass ique en est seu le responsable

c’est el le qu i ramena i t invincib lement le réci tat if vers ces formu les

mono tones .

Le pathétique de la déclamat ion ,pendan t la période qu i nous

occupe, est donc en somme assez maigre. Nous en jugerons

encore, d’

après l ’opéra, par la d ispos i t ion et la valeur des s i lences,

qu i son t tou j ou rs , dans les parti t ions de Lu l l i , commandés non

po int par les nécess ités de la respirat ion 3,ma is par la qual i té

l i ttérai re du texte proposé . Q ue les réfo rmateurs , à la fin du XV I I"

s iècle,aien t réa l isé sur ce chapitre un progrès cons idé rable,

cela

n ’

est po int dou teux . Gr im arest,trai tant de la quest ion

,fait bien

senti r qu ’ i l défend des idées nouvel les . Écou tons- le C’

est un

grand agrément,écri t—il 4

, de ménager à propos des s i lences, et

N ous vous Seigneur, vous changez de visageje la comm entera i plus lo in à un autre po int de vue. Mais je do is fa ire obser

ver dès m a intenant que, au l ieu de porter atteinte à la suspens ion de l’

hém is

t iche,el le est au contra ire ca lcu lée de façon à la fa ire valo ir et qu

el le la res

peete en effet .I . J . .

—J Rousseau ,Lettre sur la musiquefrança ise.

2. lb .

3 . Pour renouveler ses provis ions d ’

a ir,le chanteur .do i t donc prendre sur la

va leur des n0tes . I l e n est de m ême au jourd ’hu i . ”

4 . Traité du récitatif, VI I .

DECLAMATION DU VERS FRANÇ A I S 3 4 5

des soupi rs dans les grands mouvemen ts , comme on a accou tumé

de le fa i re dans — la mu s ique. Tou te la scène de Phèdre avec sa

confidente do i t ê tre o rnée, dans la prononciat ion ,de ces soupirs

et de ces s i lences, p lu tôt que de réci ter avec emphase tou s lesvers qu ’

el le con t ient, comme fon t presque tou tes les personnes

qu i se mêlent de déclamer . Car cetteman ière de prononcer enfléene marque po in t assez l ’éta t v io len t où Phèdre se t rouve

,et ne

convient pas la s ituat ion d ’

une femme prê te à m ouri r de lapass ion qu i la dévore. Quand on veu t trop fa i re va lo i r le vers ,on d iminue l ’effet de la pass ion i l m e semble qu ’

une vo ix p la int ive et fo ib le, entrecoupée de s i lences et de soupirs

,expose beau

coup m ieux au spectateu r les mouvements dou lou reux de cette

scène.

Vo i là don c la théo rie, et el le no us fa i t assez vo i r à quel po intel le se sépare de l ’u sage reçu ,

pu isqu ’

el le se présente avec tou tes

les apparences d ’

une nouveau té . I l fau t en conclu re qu ’

avant

Racine et Moh ere,la tragéd ie ne connai t pas, ou presque pas , les

pauses express i ves . Exam i nons cependant la pratique, et nous

al lons nou s rendre compte que la réfo rme reste enco re t imide,

q ue l’

on a b ien de la peine à briser les masses compactes du

vers,et q ue les l ibertés modernes son t b ien lo in d

’ ê tre con

qu ises .

A en cro i re Grim arest,la prem iere cond i t ion d ’

une bonne

lectu re est de marquer exactement la ponctuat ion , d’

acco rder la

plu s longue pause au po int , un mo indre repos aux deux points ,plus de si lence au po in t et v irgu le qu

à la virgu le, laquel le est

presque impercepti ble I l fau t observer cette maxime dans la

Poés ie,a jou te—t— i l

,encore plus que dans la Prose parce que l

on

ne do i t po int , pou r b ien réci ter des vers , s’

arrê ter à la r ime ny

la césu re, à mo ins qu’ i l n’

y ai t un po in t,et que le sens ne so i t

parfa i t . Ce n’

est pas ce que les lecteu rs ord inai res observent ; i ls

ont accou tumé de b ien fai re sonner l’

un et l ’au t re. Cela est

1 . Op . ci t. , I I I .Revue de phonétique.

346 GEORGES LOTE

parler d’

or,et ces enseignemen ts , si on les prenai t au pied de la

lettre,ne tendraien t rien mo ins

,dans la poés ie

, qu’

à rendre domi

nantes les coupes de phrase, au l ieu des coupes a place fixe ex i

gees par l’

usage. Tou tefo is,s i l’on cons idère l ’appl icat ion

, on est

confondu en constatant combien Grim arest manque de hard iesse.

Vo ic i un passage de Bo i leau t ranscri t par lu i avec les ponctuat ions tel les qu ’ i l les note à l ’ i n térieu r du vers

Votre race est connue.

Depu is quand ? Répondez Depu is m i l le ans ent iers ;Et vous pouvez fourn ir ? Deux fo is sei ze quart iers .

C ’

est beaucoup m ais enfin les preuves en sont c la ires ;Tous les l ivres sont pleins des t itres de vos pères .

Leurs nom s sont échappés du naufrage des tem s

Ma is, qu i m

assurera qu’

en ce long cerc le

Sauf dans les deux dern iers a lexandrins , i l n’

y a r ien là qu i neso i t conforme à la plus étro i te trad it ion . De nos jou rs le plus

obscur comédien aurai t et i l n ’

est pas beso i n d’ i nsi ster

d '

au t res audaces

Mais enfin venons—eu à l ’opéra et aux documents qu ’ i l nous

apporte Lecerf de la Viévi llenous avert it que Lu l l i est un témo in

très exact,car dans sa musique, nou s d i t— i l in terruptions

,

soupirs,pau se

,le mo indre demi—soupi r a sa beau té Ceci

semble beau coup promettre. On remarquera en effet,s i l

on se

reporte au fragmen t de Proserpine transcri t plus hau t, que le

s i lence expressif ne double pas la césu re et la rime, mais qu ’ i l

sou l igne su rtou t les exclamat ions du texte. Aux exemples con

tenus dans ce passage, je jo i ndra i les deux su ivan ts , pris au hasard

dans Armide

Q uoy Céder sans rien entreprendre ? ( I I I ,Arm ide

,vous m ’

allez qu itter ? (V,

1 . l b.

2 . Op . ci t. , I , p . 67 .

3 48 GEORGES LOTE

Cen t ans p lus_

tard les mus ic iens rendron t les m ouvementé de

pass ion les plus vio lents par des répéti t ions de mo ts doubles ou

t riples,avec chaque fo is un long si lence. Pou r le moment les vers

restent lou rds et mass ifs ; i l s se succèden t pour a ins i d i re sans

in terruption comme s’ i l s étaien t l iés les uns aux au tres et chacun

dans tou tes ses part ies . A pei ne, dans toute la parti t ion d’

Armide,

rencontre—t-ou deux réci tatifs où Lu l l i admet des pauses fré

quentes , afin de rendre l’

exceptionnelle agitat ion des sent iments .

L’

un se t rouve au second acte (Enfin, il est en ma

l ’autre est tou t à la fin de la tragédie, lo rsque Renaud qu i t tel ’héroïne. Je donne ce dernier fragment .

Renaud ! C iel ! ô m ortel le peine !Vous partez , Renaud ,

vous partez !Dém ons ! su ivez ses pas, vo lez et l

arrê tez !

H é las ! tout me trahit et m a pu issance est va ine !Renaud ! c iel ! 0m ortel le peine !Mes cris ne sont pas écoutésVous partez , Renaud , vous partez (V , 4

c r i : n e s on t pa s e -cou te’

: N ou s

C’

est là le max imum de ce que l’

art classique peu t concéder .

Or les plus fort s si lences ne dépassen t po int la va leu r d’

un temps ,et ils ne lai ssen t aucune place pour un jeu muet qu i sera i t p lu s

express ifque les paro les . Je le répète, une d ict ion auss i ha letante

et auss i entrecoupée est extrêmemen t rare chez Lu l li , et cepenj

DECLAMATI ON DU VER S FRANÇA I S 3 49

dant,lorsque nou s la rencont rons , de quel pathétique restrein t

n’

es t-el le pas la preuve. Vis i b lemen t le music ien n’

établit pas de

d ifférence ent re les sent iments qu i se dispu tent le cœu r d’

Ar

mide. Qu’

el le s’

adresse à Renaud ou aux Démons , qu’

el le se

lamente sur son impu i ssance ou qu ’

el le veu i l le lu tter contre lesort pou r reten i r son amant

,partou t le mouvemen t reste le

même et les interru ptions semblables .

Ces i nsuffisances ont frappé J .

—J . Rou sseau . Examinan t le rec itat if du second acte dans la m ême tragédie, i l y a cri tiqué une

certai ne pauvreté dans le rendu de l ’ émot ion . A propos de ce

dist ique

Par lui tous m es captifs sont sort is d’

esclavage

Qu ’ i l éprouve toute ma rage !

i l fai t cette remarque Le mu sic ien a bien vu qu ’ i l fallo itmett re un i n terval le en t re ces deux vers et les précédens , et i l afai t un s i lence qu ’ i l n ’

a rempl i de r ien , dans un moment où

Arm ide avo i t tan t de choses à sent i r , et par conséquen t l’

or

chestre à exprimer . Après cette pause,i l recommenceexactement

sur le même ton,su r le même accord,su r la même note par où

i l vien t de fin ir . D ’

une man i ère généra le tou te la scène lu i

semble m al conçue. I l reproche à Lu l l i de n y avo i r pas reprodu i t

ni°

opp05 é suffisammen t les deux passions qu i partagen t Arm ide,

l ’amou r et la haine,comme aussi den

avo i r po i n t rompu les

l iai sons harmon iques en tre les d ifférentes par t ies du vers graves

erreurs selon lu i, a lors que le déso rdre et l’

agitat ion devraient

marquer tou t le passage. I l faut vo i r cependan t dans tous ces reci

tatifs d’

opéra l ’ image exacte de la déc lamat ion tel le que l’

entend

l’

éc01e de 1 660 . Des comédiens qu’

el le a fo rmés, Baron est sans

dou te celu i qu i a osé le plus de s i lences et qu i a été le plus révo

lu ti0nnaire. Du mo i ns on peu t le supposer d’

après les i ndications

quenou s fou rn i t l’

abbé d ’

Allainval La demo isel le Lecon

1 . Lettre sur la musiquef rança ise.

3 5 0 GEORGES LOTE

v reur , nou s d it- i l ‘

,avo i t l ’espri t El le n

a jamai s gâté

de vers en les réci tant el le ne les faiso it sent i r qu’

autant qu’

i l

le fallo i t,et el le ne se donno it po int la peine de les a l longer par

des oh ah eh que Baron in trodu is i t dans ses dern ières années .

I l m e reste, pou r tou te cette période, à rechercher comment

les acteu rs u t i l isaien t leu r vo ix,quel part i i ls en savaien t t i rer

quel les règles obéissai t l ’art dramatique. Tou t d ’

abord les novateurs laissen t intacts le principe de la séparat ion des genres . Gr imarest d ist ingue so igneusemen t la comédie de la tragédie

,et la

comédie el le—même se présen te sous deux aspects b ien t ranchés

el le est bu rlesque ou sérieuse,et dans ce dern ier cas el le se rap

proche de la t ragédie. Dans ses formes les plu s caractéristiques,

el le do i t rendre avec précis ion le parler o rd inai re des personnages ,copier exactemen t les intonations par où i l s sont reconnaissables .

Ce son t là les préoccu pat ions deMo l iè re et les leçons qu ’ i l donne

à sa troupe Ce n’

est po int l à le ton d’

un marqu is,l isons-nous

dans l’Impromptu de Versa i lles . I l fau t le prendre un peu p lu s

hau t O u enco re : Bon , Vo i là l’

au tre qu i prend le ton de

marqu i s Vou s ai-je pas d it que vous fai tes un rôle où l’

on do i t

parler natu rel lemen t Mais Grim arest descend dans le détai l .

I l spécifie que la vo ix com ique cons iste à imiter parfai tement lechevrotement d

un viei l lard,le ton d

un fat,d

un pet i t m ai tre,

d’

un impo rtant , la prononciat ion traînante d’

un No rmand,

l ’accent de fau sset d ’

un Gascon ou‘

d’

un ivrogne, la lourdeu r d’

un

Su isse, d’

un va let d’

un paysan .

Quant à la tragedie, qu i nou s importe su rtou t, l’ idéal esthétique

ne paraî t pas avo i r beau coup changé depu is 1 600 . C ’

est tou

jours, dans l es grandes l ignes,le même art intel lectuel, visan t

1 Lettre sur Baron etJla demoiselle Lecouvreur .

2 . Impromptu, ç sc . I I I et IV .

3 5 2 GEORGES LOTE

Baron essaya de rompre avec ces préceptes I l déc lamai t

quelquefo is le même couplet,nous di t Ti ton du Ti l let de deux

ou tro is mani ères différentes , qu i étaien t égalemen t applaudies .

Mo l iè re lu i-même mais dans la comédie, comme sans dou teBaron tenta

,au témo ignage deM"° Po isson quelques nou

veau tés : Pour varier ses inflex ions,i l mit le premier en uSage

certains tons inus i tés, q u i le firent d ’

abord accuser d ’

un peu d’

af

fec tation,ma is auxquels on s

habitua . Cependant,dans l’en

semble, i l n’

y eu t pas de changement , et l’

on conserva l ’ancien

u sage. Gr im arest en effet , qu i c lasse un certa in nombre d rntona

t ions,ne s

’écarte pas des grands principes de l’

art class ique ; i l lus

t rant ses enseignements par des exemples un iquement pris à la

tragéd ie,i l ne conço i t po int que les tons définis par lu i pu i ssent

cesser à un momen t quelconque de s’

appl iquer aux sentiments

qu’ i l énumère,et ses indicat ions sont va lables pou r des fragments

tou t ent iers,sans variat ions part icu l ières d ’

un vers à l ’au tre.

I l admet d ’

abo rd des di fférences d ’ intensi té . Selon lu i l ’amou r

compo rte tro is expressions possib les s i l’on en ressent la dou

ceu r,la vo ix do i t ê tre flatteuse et tendre ; s

i l donne de la jo ie ,la vo ix do i t être gaie ; s i l

on soufl re, el le do i t ê tre plaint ive. La

haine veu t de la rudesse,de

’âpreté et de la sévéri té . Quant audés i r

,i l fau t d istinguer : ou bien i l p rovien t de l ’amou r

,et alors

i l exige une certa ine modérat ion ; ou bien i l est provoqué par la

rés istance,et a lo rs i l se t radu i t ‘

a peu près comme la co lère ; ou

bien i l se garde de tou t excès, et dans ce cas , i l fau t le rendre par

des inflex ions dénuées de véhémence ; ou bien i l est langu i ssan t

et,comme tel, i l demande une vo ix dou ce et in terrompue . Pu is

viennen t la jo ie,avec des tous p lei ns et faci les , sans t rop de force ;

1 . Titou du Ti l let, Elog e histor iqued’

Adr ienne Lecouvreur (c ité par MonvalPréface aux lettres de l ’actrice) i l ne peut s

ag ir ic i que du Baron des dern ièresannées .

2 . Mer cure de F rance, m ai 1 740 .

3 . Tra i té du r éc i tatif , VI I I . J’

em ploie les termes m êmes de Grimarest , ou

bien leurs équ ivalents les plus exacts .

DECLAMAT ION DU VERS FRANÇAI S 3 5 3

la tristesse,avec des intonat ions fai b les, traî nantes et plain t ives ;la confiance, avec uneexpression fermeet éclatante ; ledésespo i r,

qu i veu t des teintes ou t rées et vio lentes ; la j alousie, pou r laquel leconvien t une vo ix hard ie ; la co l ère, qu i exiged es éclats et de lav éhémen

'

ce, pou rvu tou tefo is qu ’

el le n’

ai lle po i n t sans la vo lontéde se venger Enfin , lo rsque le texte contient une gradat ion ,Grim arest recommande une paro le pleine et sans t imidi té qu i se

renforce progress ivemen t jusqu ’

au dern ier terme de la figu re.

Quan t à la hau teur mu sicale, les prescript ions ne sont pasmo ins précises . Grim arest

,et i l est le premier à le fai re

,condamne

la vo ix de fausset . Plus part icu l ièremen t i l nou s indique comment

les comédiens do iven t se serv i r de leu r o rgane selon les sent imen ts

qu ’ i l leu r fau t tradu i re. La haine réclam e parfo is une vo ix sourde

et gron dante ; le désespo i r veu t des intonations aiguë s ; la co lè re,s i el le est simple

,do i t se mouvo i r dans des no tes hautes ; s i au

con t rai re el le compo rte une menace, el le exige des tous ému s et

médiocrement élevés ; l’ i ronie ne va pas sans des inflex ions traî

nan tes accompagnées d’

un demi— sou ri re Quan t aux figùres

de rh étorique, el les ne son t pas ou bl iées et son t l’

Objet de

remarques minu t ieuses . I l sied que pou r l’

apostrophe, l’

anthi

th èse, le serment , on use du p lein médium, que pou r l

’ i n ter

rogat ion et l’

exc lam ation,tou t en observan t les degrés de force

convenab les, on déclame sur des notes é levées

Vo i là,semble—t—i l

,bien des nuances, et l

on peut découvrir

dans ces préceptes tous les germes de l’

art dramat ique moderne.

I l est évident,d ’

après ce qui précède, que dès la fin du

XV I I ° s iècle on commence à senti r quel s effets on peu t ti rer de

l ’ in tensité et de la hau teu r mu sicale pou r rendre sensibles à

l ’orei l le les d iverses passions humai nes . Mais ce ne son t encore

que des vel l é i tés, car de t rès impor tants correctifs v iennen t l imi

1 . On se reportera aux textes d ’

Arm z‘

de c ités p lus haut , et l’

on verra queLu l l i

,le plus généralem ent

,ne m anque pas de conférer une acu ité plus grande

aux exc lamations et aux termes pathétiques .

3 5 4 GEORGES LOTE

ter la l iberté de l ’acteu r en ann ih i lant pou r a ins i d ire les conces

si0ns théoriques qu ’

on lu i fai t . De la so rte les tirades des t raged ies continuent " ê tre comme des solos de virtuose où le comédiendo i t surtou t fai re valo ir un organe sonoreet bien t imbré . Grim arest

en eflet nous découvre le princi pe supérieu r qu i conserve à lapoésie, dans les grands genres , une expression un iforme et rud i

m entaire. Ce qu i fai t la d ifférence du comi que et du tragique,

nous d it- i l expressément,

c ’est la d ifférence des personnes etdes caractères : le ro i

,le héros

,le grand homme, n

on t po int le

ton du bourgeo is celu i— cy ne prononce po in t comme un

paysan , comme un va let . C ’

est cette d i fférence, qu i est plus

étendue dans le comique que dans le sérieux, qu i m e fero it dire

qu’ i l est plus di ffici le de déclamer ou réci ter une comédie qu’

une

t ragédie Cet te dern i ère phrase est d ’

une portée cons idérableains i

,dans la t ragédie

,tou s les personnages étant d ’

u ne condi t ion

éminente,ne peuven t parler qu ’

avec cet te ma jesté sou tenue,avec

cette un i té de ton qu i est l’

un des caractères les plus essen tiels de

l ’esthét ique c lass ique.

Cons idérons cependant le déta i l . Avant la réfo rme tentée par

Mol ière et par Rac ine, la déclamat ion étai t emphat ique et véhé

mente, selon l’ idée abstraite,

nettemen t exposée par d’

Au bignac ,

que l’

on se faisai t de la dign ité roya le. L’

I rnpromptu de Versa i lles

ava i t essay é de réagir . Mais Mo l ière fu t impu issant à convaincre

le pu bl i c et , pou r rappeler le témo ignage de Mlle Po isson ,i l se

renferma dans un genre où ses défau ts é ta ien t p lus supportables

Sûr le chapitre de la dépensede force, Grim arest s’

expliqde clai re

ment : Comme les spectacles , d it- i l , se donnen t dans des l ieux

beau coup plu s vastes que ceux où l’

on fai t des un acteu r

do i t avo i r une po rtée de vo ix beau coup p lus forte que celu i qu i

fa i t une lectu re. C’

es t implici tement une invi tat ion a crier

Mai s voici qu i est mieux encore Qu’

un acteur ne négl ige

1 . Op . ci t.,ih

3 5 6 GEORGES LOTE

paro le, et i l n’

y a pom t d’

a rt si el les ne sont exactement obser

vées . Donc s i Grim arest nous parle d’

intonations graves et d’

in

fiex ions a iguë s, i l ne peut s’

agi r là que de cas exceptionnels , car

les ports de vo ix et les grands interv al les cont inuent d ’être à lamode

,tandis qu ’

on n’

a ime pas une paro le don t les mouvements

n’

em brassent qu ’

un pet i t nombre de tons .

°

Sur ce po in t Grim arest

n ’

hés i te pas Dans la déclamat ion , nous d it- i l l ’étendue dela vo ix do i t être plus forte que cel le du réci t part i cu l ier . Pou rlu i le comédien idéal est celu i qu i possède un o rgane comparable

à Celu i d’

un chanteu r,de façon qu ’ i l pu isse parcourir p lusieu rs

octaves en produ isant partou t la même pu reté et la même ampleur

de son : I l y a même beaucoup d ’

o rganes,l isons—nous

2

, qui

peuvent fou rni r une vo ix fo rt nette et trés-gracieuse dans le plus

hau t ton de la déclamat ion, qu i dans le bas sont confuses et

obscu res . Et d ’

au tres,au contrai re

, qu i ont le bas de la vo ix fo rt

d istinct et agréable, qu i sont fausses et confu ses dans le hau t . A

cette observat ion i l fau t jo indre la su ivante, qu i a plus part icu

lièrem ent trai t au timbre Les vo ix trop clai res ne devro ient

jamai s.

prendre de grans ro l les , parce qu ’

el les ne conviennent

po in t à la noblesse des personnages que l’

on m et su r la scène, et

parce qu ’

el les ne son t po in t su sceptib les d’

inflec tions assez sen

s ib les pou r trai ter une passion ä Rappelons enfin que si Mo l i ère

échoua dans la tragédie, c’

est qu ’ i l posséda i t un organe dur et

sou rd et qu ’ i l y variai t trop ses in tonations i l resso rt de tou t

cec i que, su r le pomr qu i nous occupe, i l n’

y a pas eu ruptu re

complète avec le passé .

Les variations de vitesse au ra ient pu être d’

un grand secou rs

pour donner aux passions l’

express ion qu i leu r convien t . Or i lsemble bien qu ’

elles so ien t encore inconnues dans la tragédie, où

l’

on aime avant tou t les mouvements lents,les seu l s qu i so ient

I . Op . c i t . ,i l) .

2 . Op. c i t.,ib.

3 . Ains i Lulli a écrit le grand prem ier rôle de son Cadmus pour une vo i xde baryton . U n music ien d ’

au jourd ’

hu i cho isira it un ténor .

DÉCLAMATION DU vmrs FRAN Ç AIS 3 37

conformes à la noblesse de l ’action . Mohere,et je reviens au

témo ignage de Mlle Po isson avait une vo l ubi l i té de langue qu iprécipi tai t trop sa déclamation . Mais su r ce po int i l céda au goû trégnant, et i l se p l ia , avec peine i l est vra i

,aux exigences du

publ ic . I l eût même,affi rme la même actrice

,bien des difficu l

tés à y réuss ir , et ne se co rrigea de cette vo lub i l i té,si contra i re

à la bel le art icu lat ion , que par des efib rts cont inuel s . Ic i enco rei l nous fau t consu l ter Grim arest . I l i nsiste su r la nécess ité d’

un

débi t ma jestueux et pesan t : La langue franço ise,écri t—i l 2

,veu t

ê tre prononcée gravement et noblemen t ainsi i l ne fau t j amais

préa p1ter son réc i t car non seu lement l ’auditeur ne pourro i t

su ivre,mai s encore i l est rare qu

en p réc ipitant sa paro le, on pu issedonner à chaque s i labe sa quanti té dans sa ju ste propo rt ion .

Ce que nous savons des comédiens,pendant cette période de

t ransi t ion,confirme l ’exposé théorique qu i précède . Les cri

tiques nous ont transm is quelques -unes de leurs intonat ions,

mais les trouva i l les q u i ont susci té le plu s d’

en thousiasme,cel les

que l’

on a no tées comme des i nventions heu reuses et d ’

une per

fec tion tou te exceptionnel le, ne nou s para issen t po int dépasser

ce que le théâ tre moderne nous fai t entendre j ournel lement . Et

cependant l’on voudra bien réfléch i r que, si el les nous ont été

conservées,c’est qu ’

el les dépassaient de beaucoup les productions

de l’

époque. De ces in tonat ions la plu s remarquable est cel le q u

Rac ine ava i t enseignée à la Champmeslé,et que nous connaissons

par l’

abbé Du Bos . El le t i re tou te sa va leu r de l’_

0pposi tion de deux

registres, du contraste entre des no tes aigu ë s et des no tes graves

vio lemment j uxtaposées . Racine,nous d i t l

abbé Du Bos 3 , avo i t

appri s à la Cham pm eslé à baisser la vo ix en prononçant les vers

su ivants,et cela encore plus que le sens ne semble ledemander

1 . Mercure de F rance,m ai 1740 .

2 . Op . ci t.,ib. L

opéra de Lu l l i juxtapose parfo is , mais rarement, des’

m ou

vem ents d i fférents . Cf. , à propos d’

Arm ide, quelques observations de Lou isRac ine : Réflex ions sur la poesie, Paris , 1 747 , t . I I I , p . 167

— 170 .

3 . Du BOB. Réflex ions cr i tiques sur la poés ie et la peinture, I I I , 144 .

U)

V\

03

GEORGES LOTE

S i le sort ne m ’

eût donnée à vous,

Mon bonheur dépendo it de l’

avo ir pour époux .

Avant que votre am our m ’

eût envoyé ce gage,

N ous nous

afin qu ’

el le pû t prendre faci lement un ton à l’oc tave au—dessus decelu i sur lequel el le avo i t d i t ces paro les N ous nous a im i0m

,

pour prononcer Seigneur , vous changez de visage Ce port

de vo ix extrao rdina i re dans la déclamat ion éto it excel len t pou r

marquer le déso rdre-d ’

espri t ou Monime do i t être dans l ’ i n stan t

qu ’

el le aperço i t q ue sa faci l i té à cro i re M i thridate, qu i ne cher

cho i t qu’

à ti rer son secret,vien t de jeter el leet son amant dans un

péri l extrême. L’

effet à coup sû r est saisi ssan t,mai s i l ne change

rien au principe du vers chanté nous avons affa i re à l’

un de ces

grands in terval les qu’

aim ait l ’époque. I l n ’

a d ’

au t re mérite qued ’être ic i en s i tuat ion , et d

avo i r é té préparé,su r les vers précé

den ts, par une mélodie part icu l ièremen t grave qu i lui donne tou t

son rel ief ; la modu lat ion,au l ieu d ’être continue

,procède par

un sau t brusque, ma is el le ne change que dans son degré, non

pas dans sa nature .

Ces nuances cependan t , dans la d ict ion de la Champmeslé,

étaient sans dou te très rares . L ’

au teu r des Entretiens ga lans en

1 68 1 vante la souplesse de son o rgane ; i l déclare qu’ i l n ’étai t po int

nécessai re de lu i fai re ces recommandations de Bo i leau

I l faut dans la dou leur que vous vous aba iss iez ;Pour m ériter des p leurs , i l faut que vous pleuriez ,

car el le s’

en acqu i t tai t natu rel lement et fort b ien ,de tel le façon

que les audi teu rs versa ient des larmes . Ma is tou t est relat if,et

,au

momen t où l’

art dramat ique commençai t à évo luer , i l fa l la i tapparemment peu de chose pou r émouvo i r les spectateu rs . Des

détai ls p lu s précis nou s permetten t d ’

en juger . Lou is Racine ne

nie pas qu’

el le pou ssa i t de grands éclats de vo ix et qu ’

el le avai t

une déclamat ion enflée et chantante. Le souven ir s’

en perpétua

3 60 GEORGES LOTE

gan te criai l lerie qu i passe à chaque instant de bas en hau t et dehau t en bas

,parcou rt sans su jet tou te l ’étendue de la vo ix

Mai s vo i ci une derniè re at taque,très j uste au po int de vue

abso lu,mai s non pas s i l

on considère l ’époque où le mus i cien a

accompli son oeuvre D i tes-m o i , je vous prie, quel rapport

vou s pouvez t rouver en tre ce réci tat if et no tre déc lamation .

Commen t concevrez—vou s jama is que la langue française, dont

l ’accent est s i uni , si s imple, s i modeste,s i peu chantan t , so i t

b ien rendue par les bruyan tes et criardes intonations de la paro le

et ces tons sou tenu s et renflés , ou plu tô t ces cris éternels qu i font

le t issu de cette part ie de n0tre mus ique encore p lus même que

des a i rs ? Qu’

on m e montre au mo ins quelque côté par lequel on

pu isse ra isonnablemen t vanter ce mervei l leux réci tat if français

dont l’

invention fai t la glo i re de Lu l l i

De Baron ce que nous savons est peu de chose. Son jeu suffi

sai t à Racine qu i voya i t en lu i un comédien supérieu r à tou s les

autres acteurs du temps, et qu i s’

en remettai t à son génie, sans

indications particu l ières, pou r trouver les inflexions convenables

I l est sûr qu’

à la fin de sa carr ière,i l se permit des audaces que

la Cham pm eslé n’

avai t pas connues . I l ne crut po i n t qu’ i l étai t

obl igato i re de tou j ours crier,et i l osa, lorsque la s i tuation l

exi

gea it , par ler avec une fo rce modérée. D’

H annetaire nous apprend

que le publ i c lu i marqua quelque rés istance Comme i l diso i t

fort bas ce vers

O ui , c’

est Ag amemnon,c

est ton ro i qu i t’

éveille,

on lu i cria Plus haut S i je le disois plu s haut , je le diro is

plus m al,répond it— il fro idemen t

,et i l cont inua son rô le 2

.

Rémond de Sain t—Al b ine nous rapporte également qu ’ i l tâcha i t

1 D’

H annetaire l‘

a r t du coméd ien (2° éd it . , p . 32 3) faisant répéter une deses p i èces , R ac ine setourna vers Baron et lu i d it Pour vous

,m ons ieur

, je n’

a i

po int d’ instruct ions à vous donner votre âmeet votre gén ie vous en d iront plus

que m es leçons n ’

en pourro ient fa ire entendre .

2 . D’

H annetaire,ih.

, p . 1 67 .

3 . Rémond de Sainte—Alb ine Le Comédien,I I

, 1 2 . Cf . aussi Cham fort et de

DÈCLAMA'Ï IÔ N D! VERS FRANÇAIS 3 61

d ’ interpréter la poésie en tenan t compte du sens . Lorsqù’

au der

n ier acte de Polyeuc le Sévère d i t à Fél ix et à Pau l i ne

Servez b ien vo tre D ieu , servez votre monarque,

Baron prononça i t le premier hémist iche en ph i losophe to l érant,

peu sou c ieux de foi rel igieuse, mai s au con trai re i l enfiait le tonsur la fin de l

alexandrin, voulan t marquer par là que la fidél i té

à l ’empereu r est un devo i r don t on ne peu t se d ispenser .D ’

après Chamfo rt et de la Porte,lOrsqu

il adressai t à Andromaque cet alexandrin

Madam e, en l’

em brassant,songez à le sauver

,

i l em ployai t, au l ieu de la menace,l ’express ion pathét ique de

l m térêt et de la p it ié ; i l a jou ta i t même au premier hémisticheun geste tou chant, semblant ten i r Astyanax entre ses main s et leprésenter à sa mère. Tou t cela

,sans dou te

,n ’

est pas m al mai s,

encore une fo is, s i je cesse de cons idérer l’époque

, je ne voi s pas

dans ces i n tonations le signe d’

un bien grand ta len t .

I l es t temps de résumer et de conclure. Les pages qu i pré

cèdent ont montré quel le fu t l’évo lution de l ’art dramat ique et

du vers frança is dans les derni ères années du XV I I° s i ècle.

O n cont inua d ’

a imer les cris forcenés , les mod u lat ions

grande é tendue tona le q u i ava ient charmé les contempo rains

de R ichel ieu . Les ports de vo ix , qu i permet taien t d’

apprécier

les ressources d ’

un bel organe,conservèrent la faveur du publ ic .

De plus,ce que les d ivers témo ignages fon t lumineusement

ressort ir , c’

est que, malgré les enseignements de Mo l ière

et les hard iesses parfo i s agress ives de Baron , la tragéd ie demeurafidèle à son ancien idéa l de pompe et de m agnificence. Et cepen

dan t,sur un po int

,les novateurs eu rent ga in de cause; sur un

po in t, tou jou rs dans le cadre de la décence et de la ma jesté c las

la Porte D ictionna i re dramatique au m ot déclamation , qu i mentionnentaussi ce tra it .

Revue de phonétique

3 62 GEORGES LOTE

s iques , leurs effo rts vers le natu rel et la vérité abou t irent à u n résul

tat . Mo l ière,Rac ine et la Cham pm eslé furen t les artisans les p lus

act ifs de cet te réforme, et le premier n’

échoua que pour avo i r ététrop rad ica l . Ma i s du j ou r où la cé lèbre actrice dont s ’

inspira

Lu l l i réuss i t à fai re applaudi r une déclamat ion nouvel le,de ce

moment un grand pas fut accompl i . Par les documents qu’ i l nou s

appo rte,le réc itatif d ’

opéra nous prouve un fai t considérab le sur

lequel i l nous fau t revenir une dern iè refo is . Sous les influences

que j’

a i di tes et par l’

action de quelques comédiens,l’

alexandrin

françai s cesse de s’

art icu ler uniquemen t sur deux po ints im

m uables,ma i s i l connaî t , à l

’ intérieur de ses hémist iches,des

accents mobi les q u i var ient avec la phrase. C ’

es t le progrès le p lu s

certain que nous ayons no té,et i l va renouveler l ’art moderne.

On aperço i t,sans qu ’ i l so i t nécessai re d’

y appuyer davantage,

que cette l iberté acqu ise par le vers augmente singu l iè rement

pou r l ’aven i r ses capaci tés d’

expression,et les intonat ions ora

to i res que nous avons relevées dans la mus ique de Lu l l i, quo ique

bien rares encore, l’

annoncent d ’

une façon suffisante c ’est donc

la porte ouverte au pathétique dans la d ict ion , un moyen qu ’

au

ront les nuances de se mani fester à l ’o rei l le, une v ie infiniment

ri che et diverse q u i désormais peu t an imer la paro le.

Mais d’

au tre part c’

est la ru ine d’

un sy stème et la conso l ida

t ion de l ’ i llogism e déj à menaçan t . Le princ i pe fondamenta l de la

versification frança ise s’écrou le. A l ’o rigine el le a été basée sur le

sy l labisme, avec valeu r égale des syl labes au tres que la césu re et

la r ime. Ces deux temps marqués supportaien t après eux une

sy l labe fémin ine en surnombre. O n a commencé par supprimer

ce privi lège de l’hém istiche et,de ce fai t

,une certaine d ispari té

s ’est déj à introdu i te. La declamation accen tuel le,amorcée déj à

par le rel ief des termes exclamatifs,va plus lo in encore et pro

du i t l’ incohérence : dès l’ i nstant où el le s

’é tabl i t , les accents du

vers ont des propriétés d ifférentes : celu i de la rime admet après

lu i un é lément fémin in qu i ne compte pas ; mai s cet élément

PH ONÉTIQUEMALGACHE ‘

Ce travai l date de 1 904 . I l form ait un artic le de 9 5 pages , d’

un fo r

m at p lus grand que celui de la Revue de Phonétique, et éta it en bon àtirer quand La Pa role fut brusquement supprim ée . Comm uniqué en

épreuves , i l a dé jà été s igna lé et m is à p rofi t . Pour ce m otif et pourlu i conserver sa date et son carac tère

, je m’

abstiens d’

y faire aucunc h angem ent m êm e dans la graph ie, les réform es proposées par

l’

Académ ie m a lgac he étant po stérieures .

Les expériences u t i l isées dans cette étude ont été fai tes avec le

concou rs ind ispensable et t rès empressé de m on confrère à la

Société de l ingu ist ique, M . G . Ferrand,ancien résident à Mada

gascar, au teu r d ’

une grammai re malgache. C’

est à cet te gram

maire que je renvo ie pou r l’étude prél iminai re de la langue

ï En

attendan t quelque au tre rencont re heu reuse, je ne pu is m

occuper

pou r cette fo is que du d ia lecte Mér ina et de celu i des Betsi leo .

D IALECTE MÉRINA

Les su jets qu i , à la demande de M . Ferrand,ont bien vou lu

se prêter et très a imablement,à m es expériences sont

A. M . Randriam paranv, né à Tananar ive le 1“r novembre

1 87 3 , de la caste no ble des Zana— dRalam bo : i l a étud ié le m al

gache à l ’éco le pro testante angla ise,pu i s le frança is à l ’éco le des

Frères . I l est en France depu is le mo i s d ’

avri l 1 900 .

I . La langue m alga che fa i t part ie de la fam i l le des langues océaniennes , qu ise d ivisent en tro is g roupes 1 er groupe polyne

'

sien (N ouvel le-Zé lande, î lesTonga , Sam oa , de la Soc iété , Tah i ti , Gam b ier , Marqu ises, H awa ï) ; 2° groupeme

'

lane'

sien com prenant a) les langues des î les Vit i ; {3) les langues des N ouvel les- H ébrides, des î les Salom on

,G i lbert

,Caro l ines

,Marshal l 3 e groupemalai s

(Form ose,Luçon ,

Ph i l ipp ines , presqu’ î le de Malacca

,Sum atra , j ava ,

Flores,Tim or

,Bornéo

,Cé lèbres

,Molusques, Tim or- Laout

,enfin Madagascar) . Vo ir

FR IEDRICH MüL LER ,Grundr i

ss der Sprachwissenschaft . 2e part ie, p . 1 -160 .

2 . Essa i de g rammai remalgache. Paris,Ernest Leroux , 190 3 .

PHONÉT IQUE,

MAI_. GAGH E 3 6 5

B . M . RaOny—La lao i l a d ix—neuf ans

,n

a qu i tté Tananarive

que pou r ven i r en France au Con servato i re de mus ique,envoyé

par la co lon ie. Son grand—père étai t chef des Peti ts a ides decamp du premier m inist re ; son père, chef de mus ique de laRei ne.

C .

nar ive, mais dans le Vakin isaony à Antanjombato ,i l appart ient

M . Rajoelina il a vingt—hu i t ans ; né tou t près de Tana

à une fami l le hova (c’

es t—à—d ire à une caste don t les membres

ne sont ni nobles , n i esclaves) ; i l a été élevé au co l lège d’

Am bo

h ipo,chez les j ésu i tes , et n

est à Paris que depu is d ix mo is .

J’

ai l imité m es expériences à l ’observation des mouvements de

la langue à l ’a ide du palais art ificiel,et à l ’ inscription du double

cou ran t d ’

ai r sortan t par la bou che et par le nez . je n’

ai pas pris

les vibrations du larynx , qu i se montren t très nettemen t sur la

l igne nasale.

Lorsque je ci te des exemples, j

indique tou jou rs , par l’

une des

tro is let t res A,B,C

,à qu i je les do is . U ne indicat ion i so lée de

l’

un des t ro i s su jets ne suppose pas u ne d ivergence pour les

au tres,s i el le n

est pas s ignal ée l ’exemple peu t manquer ou

n ’ ê tre pas concluan t .

FIG . 1 .

Echel le pou r les tracés d u d ialec te m ér ina seu lem ent .

Chaque vibration s imp le égale de seconde.

Dans tous les t racés que je reprodu is celu i , du hau t de la

figu re représente invariablement le souffle qu i est sort i par la

bou che ; celu i du bas, le souffle nasa l .

La du rée est comptée en centièmes de seconde, su ivan t 1echel le

du temps reprodu i te (fig . 1) où chaque vibration complète est

de de seconde.

3 66 L ’ABBE ROU SSELOT

Les mots i so lés inscri ts su r l ’apparei l enregistreu r son t les suivan ts

abo, je (fig . 62 et

antsy , hache (fig . 5 , 7 , 1 74,

aty , i c i (fig .

bihy , an imal (fig . 3 7 , 67 , 106 , 107 , 1 5 0 ,

didy , lo i (fig . 3 8, 7 1 , 10 1 , 10 3 , 1 5 2 ,

fafa , action de balayer (fig . 9 7 ,

fefy , c lô tu re (fig . 5 3 ,

gaga ,étonné (fig . 42 ,

1 04 , 1 0 5 , 1 10,

ha rana,corai l (fig . 4 3 , 64

jejy , sorte d’ in strument de mus ique (fig . 3 6 , 1 1 1 1 14, 1 76

I 77)hetuka

,nom de femme (fig . 3 9 , 74 ,

kiraro, sou l ier (fig .

lela,langue (fig . 48 , 9 1 , 9 3 , 94 ,

mandeha , al ler (fig . 8

mandray , saisi r (fig . 89 ,

mamy , doux (fig . 3 0

mamo, ivre.

mihahy, porter sur le dos (fig . 3 3-

3 5 , 44 , 4 5 , 10 8,

midoo’

0,m o t forgé art ificiel lement (fig 5 6 ,

mi tete, cou ler gou tte à gou t te (fig .

mpampianatra , professeu r (fig . 1 8—2 1,1 1 6

,147,

mpandehu , voyageu r (fig . 40 , 1 1 7 , 1 3 5 , 1 3 6, 1 98 ,

nana , pus (fig .

neny , mère.

ng igina , obscur (fig . 90 ,

papango, éperv ier (fig . 1 5-1 7 , 1 34,

ra ry , mal (fig . 5 0-

5 2 ,

ro m,sal ive (fig . 9 5

sasa , action de laver (fig . 5 8 ,

tety, bou ton syph i l i t ique (fig . 70 ,

3 68 L’

ABBÉ ROU SSELOT

FIG . 2 .

1 a .

— a o . 3 r .

4 e.

5 é.

7 i .

Dans les figures des palais artific iels , les parties omb rées représentent certa ines rég ionstouchées par la langue. Ic i , par exem ple, tou te la partie om brée (A) a été touchée pourl ’art icu lat ion de l

i . Le contac tf’

pour les au t res voyel les est l im i té pa r d iverses l ignesd ist inguées par les ch iffres . Ains i pou r a la lang ue a touché depu is le bord de la figureju squ ’

à pou r e, depu is la rangée des dents jusqu ’

à etc .

F IG . 4 .

Voyel le a' (quelques pér iodes seu lem ent) .

1 Ldt mu. 2 ari

PHONÉT IQUE MALGACHE3 69

tou cher le pa lai s . On ne recuei l le aucune t race sur le palai s art ific iel pour d o(A) , 6 (C) . Mai s on peu t reconnaî t re ti (A,

C) o,u,22 (B) et sou pçonner l ’é lévat ion progress ive du dos de la

langue (fig .

FI G . 6 .

FIG . 7 .

Les l ignes po inti l lées m arquent le synch ron ism e su r les tracés de la bouche et du

nez , excepté dans les c as où l ’ am pl itude est très d ifférente alors i l faut opérer une cor

rec tion comm e pour la figure 1 4 r .

S’

i l arr ive que des vibrat ions s igna lées dans le tex te m anquent dans la fig ure, c’

est

au texte q u ’ i l fau t s ’

en rap por ter , car i l a été fai t su r les tracés o r ig inaux . Le cl ichage a

pu fa ire d i r—paraître des vib rations très fi nes .

La nasa l i té est m arqu ée par le déplacem ent d e la l ig ne nasa le (preuve que le cou rantd

a i r passe par le nez ) et pa r les vibra tions q u i la recouvrent . El le a pour mesu re l’

am

pleur des tracés et cel le des vibrat ions .

Pour reconnai tre la p résence ou l ’ ab sence d ’

une n après la nasale, com parez les fig ures

6 et 5 . La nasale est enti è re (fig . el le es t p resque com plètement tom bée, ou p lutôtabsorbée par la voyel le (fig .

Ces ind ica tions suffi sent , j 'espè re, pour fa i re comprendre les au tres fi gu res . Je ne le

répétera i pas .

Toutes ces voyel les sonnen t à peu près comme en français .

Ainsi,pou r l imi ter la compara ison graph ique à l

ail don t la figu re

est très connue, voyez les a (B) de ldana (lavina) n ié et de

3 70 L ’ A BBE ROU SSELOT

d{ i (az y) lui au cas direct (fig . L’

ana lyse complète desvoyel les est t rop complexe pou r que je pu isse m

y l ivrer en ce

momen t . J ’

espère pouvo i r y reveni r .

Je n’

ai trouvé de franchement nasales que les voyel les à et a

â . antsy : â i i A (fig . rîns°i B (fig . 5 57 C (fig . La

FIG . 8 .

a (B

n asal i té commence comme en français dès le débu t de la voyel le ;el le peu t se term iner ou à peu près avec el le (A,

C) de même quedans no t re m ot anse (â 5 æ) , ma is el le peu t aussi se continuer après

(B), c’

est—à-d i re qu’

el le peu t abso rber ou la isser subs ister la

consonne nasa le. Ce caractère n’

a rien de fixe nous y rev ien

drons à propos de l’

a .

Mandeha mânde‘

ha A (fig . mande'

fu B (fig . mâ ndèa C

(fig . Après une m , la voyel le est natu rel lement nasale dès

le débu t ; ma is , i c i , el le est en p lus su iv ie d ’

une n .

Tsongana saanganâ A (fig . C (fig . sanganâ B

PHONETIQUE MAI .GACH Ë

a p a n g

F IG . 16 .

a p [i

1 17 .

71

“i t

[ l

12

(B

72 i t

r’

a (B

a (B

U…)

374 L ’ABBE ROU SSELOT

liser cet a,car la nasal isat ion s

accentue au fur et à mesu re qu ’ i l

répète les mots . Durant la révo lu t ion du cyl indre,i l a prononcé

le m ot s ix fo i s o r a est pur la 2°et la 3

° fo is ; i l se nasal ise lala 5

eet la 6 €

(fig . Dans mpandeha , l’

a se ressentdu vo i s inage de l’m (A) . Vo i r m (fig .

Pro . 20 .

p a ni p 3'

ti 11 a (B

FIG . 2 1 .

Dans les légendes placées so us les fi g u res , je représente rég u l i erem ent le tr malgachepar 7

°

ou et le .f r par 7" S i j

a i pr is ce pa rti , ce n’

es t pas pou r rect ifier le texte qu i presente une g raph ie plu s juste,

m a is pou r éviter de nouveaux retards a l ’ im pression .

et . Tôndra (fig . 2 2) et (fig . 2 3 ) A ; B

(fig . (fig . 2 5 ) et tain… (fig . La’

nasalisation

est complète pou r B ,incomplète pour A s ix fo i s su r hu i t cas et

pour C cinq fo is sur s ix cas , nu l le pou r A deux fo is , pou r C une

fo i s . Dans tondro do igt l’

u est res té pur ou fai blemen t nasa

lisé pour A quat re fo i s contre deux u i i, pou r C tro i s fo is contre

deux ; une fo is même l’

n su ivan te a été presque entièrement

absorbée (fig . C ’

est l ’effet de la répét i tion d ’

une sy llabe qu i

L’ABBÊ ROUSSELOT

Il

[F IG . 27 .

72 N (B

PHONÉT—IQÜE £MAI‘

.GACH E

L’

a -nasa le — cous . est donc presque constamment nasal :

L’

u dans les mêmes cond it ions l ’est mo ins sûrement , . mai s -

pra

tiquement i l do i t ê tre considéré comme tel .

En dehors de ce cas,les voyel les son t entendues pu res quo ique

l ’ influence d’

une nasa le suffise à les nasal iser p lus ou mo ins .

t m p n i

La pos it ion O ù l ’ infect ion nasa le se produ i t avec le p lus d’ in

tensi té,c ’est entre deux consonnes nasales m on 11 .

Dans mamy , m4îmi , A,B,C (fig . 3 0 la résonance nasa le

est à peu près égale en intens i té à cel le de la bou che (A,B) , el le

est plus forte(C) . I l en est demême pou r mamo,mdmz2(A, B , C) ;

(A,B), ntînæ (C) ; neny , nêni (A, B, C) . Cependan t

peu exercée ne sent i rai t pas la nasa l isation . C ’

est q ue

at tent ion est abso rbée par la fo rte nasal i té des consonnes v oisines.=

La voyel le fina le, après une nasa le est-égalemen t très .nasa l isée‘

fig . 3 0 Ici encore. l’ i nfluence nasa le est d ouble c el le de

Revue de phonétique. 24

378 L’AB

'

BÈ ROUSSELOT

la consonne précédente, et cel le de l’

expirat ion qu i tend à nasaliser les voyel les finales (vo i r fig . 3 6

La voyel le précédée ou même su iv ie d ’

une nasale se nasa lise,

exemples

FIG . 3 2 .

h a i (M

FIG . 3 3 .

dans mpampiana lia (fig .

t 8 La nasa l isation du

second a est constante chez les tro i s su jets A,B, C , cel le du pre

m ier est un peu mo indre chez A.

mibaby, mîha'

hi A, B , C (fig . 3 3 De mêmemi tete.

380 L’ABBE ROUSSELOT

Les voyel les finales se nasa l isent plus ou mo ins sous l ’ influencede l

acte expirato i re qu i provoque l’

abaissemen t du vo i le dupa lais avan t la fin de la voyel le. Je ci terai comme caractéristiquesâeî i (gegy) A (fig . bibi B (fig . 3 7) (hiby) didi C (fig .

Cet te nasal i té est d ’

o rdinai re mo ins importante et se produ i td

une façon i rrégu l iè re pou r les mo ts et pour les su jets . El le

d i (C

FIG . 38 .

a le à

semble la p lu s forte chez B ; même pou r lui , el le est constante

dans hihy . Chez les tro i s su jets , el le est part icu l ièrement marquée

pour i final . Cela s’

expl ique pou r conserver la pu reté de l’

i , i l

fau t é lever considérablemen t le vo i le du palais ; le mo i ndre relâ

chement devient a lors sensi ble. L’

n,aussi

,se nasal ise faci lement .

L’

æ paraî t assez généra lemen t nasal i sé chez B , mo ins souven tchez A, raremen t chez C .

L’

effo rt demandé pour l ’art icu lation d ’

une consonne suffi t

pour fai re abai sser le vo i le du palais et provoquer une légère

nasal i té . Le_phénom ène est surtou t marqué chez B , par exemple,

PHONÉTIQUE MALGACHE 3 8 1

dans êétaka (fig . L’

aspiration forte favorise au ss i la nasal i té . Ains i dans mandeha , l

a fina l est tou jou rs nasal i sé pou r B,

qu i a l asp1rat10n tel lement fo rte qu el le est la plupart du tempssou rde (fig . mais , l

aspirat ion n’

ex istant pas chez C , l’

a

n est pas nasal isé .

(A.)"t:

Qt

Qt

FIG . 4 1 .

Unem in i t iale su ivie d’

un p, agit sur la voyel le su ivante, même

quand el le est sou rde mpâ nde‘

à A (fig .

Les voyel les fina les tenden t à s’

assourdi r et à d isparaî tre. A la

s imple aud i t ion,le fai t se constate sans peine. Pendant que je

me faisai s répéter les mots inscr i ts, j

ai entendu mpampiana tru

tou jours sans l’a fina l A, B, C ; de même tra tra , fafa , nana sans a

B,avec ou

sans a C,tsara , zaza ,

harana san s a B, rom , lela avec

ou sans a C . C ’

est donc B qu i assourd it le plu s la voyel le finale

a , et A qu i l’

assourdit le moin s .

3 82 L’ABBE ROU SSELOT

’Les expériencesnou s donnen t desrésul tats naturel lement plus

pré cis . Je passe en revue les tracés de nos tro i s su jets .

'

A. L’

a de mpampianatra est ent ièrement sourd deux foissur t ro i s celu i de zaza l

est devenu la s ixième fo is que le m ot

a été répété (fig . Ce qu i fai t l’ in térêt de -cet te figure

,c ’es t

qu’

el le nou s mont re pou r le souffle le t racé ord inai re de lavoyel le i l ne manque que les vib rations du lary nx . L

a a été ici

FIG . 42 .

chuchoté et non supprimé entièrement . U ne étape in termédiai re

nous est fou rn i e par gaga (fig . 42) et oava (fig . L’

a final de

tra tra (fig . 1 16) est également bien amo indri .

A ne diminue considérab lement et ne laisse tomber que l’

a

et encore assez raremen t .

B . L’

a final de mpampiana tra est en ti eremen t tombé … Celu i

de harana tombe également, mais i l peu t auss i n etre que chu

chote(fig . On vo i t net tement sur le tracé l’

explosion—

qu i

L’ABBE ROU SSELOT

Ces réserves fa i tes, nou s pouvons poser les règles su ivantesL

atone finale n’

est pas muet te après deux consonnes dans

les mots de deux syl labes ; mais el le peu t le deveni r dans ceux

de t ro i s . Exemple, papango, où el le a été sonore une fo is , de fa ibleSonori té une fo i s , sou rde une fo is .

2° Les°

atones i u précédées d ’

une consonne sonore ne sont

pas muet tes dans les mo ts de deux sy l labes (hihy , d idy , ra ry ,

jejy , kira ro, wow) mais el les peuven t le deveni r dans les mo ts detro is syl labes: m ihahy , où l

i est sonore deux fo i s,sou rd tro i s fo i s ;

midodo, où l’

u est sono re quatre fo i s , sou rd deux fo i s .

3° L

atone finale a,précédée d ’

une consonne sonore peu t

s’

amo indrir dan s les mots de deux sy l labes , comme dans ceux

de t ro i s gaga deux fo i s cont re tro i s , vaoa une fo i s contre quatre,

lela deux fo is contre cinq , tsara deux fo i s contre deux et les cinq

cas de rora .

4° Après une consonne sou rde spi ran te ou mi—occ lusive

,les

voyel les atones sont tou jours sonores (fefy , antsy , aho, fafa , sasa) .

5° Après une occ lu s ive sou rde et dans les mo ts de deux sy l

labes , l’

i est sou rd une fo i s contre cinq (tety) , l’

a est sourd tro is fo is

con tre tro i s (Ma tra) ; dans les mo ts de t ro i s sy l labes , a est sourd

quatre fo i s con tre deux (laetaka ) .

Cet tegradat ion est conforme à ce qu ’

on est en dro i t d ’

attendre.

Seu le, la so l id i té relative de l’

i et de l’

n par rappor t à l’

a serai t su r

prenan te pou r un roman iste, qui sai t que l’

a a é té la plus so l ide

des voyel les lat ines dans l’évo lu tion du frança is . Mai s i l fau t son

ger que l’

a malgache se change en 03 avant de s’

am uïr,tandis

que no tre a s’étai t b ien conservé quand l’i et l’a atones du lati n

étaient déjà. tombés . Depu i s que l’

a lat in est devenu ce chez nous,i l a bien perdu de sa so l id ité i l est a son tou r en vo ie de dispa

rai tre.

La transfo rmation de l’

a final atone en ce est presque un fai t

accompl i dans la prononciat ion de C ; je n’

ai noté l’a qu ’

une fo i s,dans tsara partout ai l leurs j

ai entendu ce, B a di t quatre fo is _5

_

eul_e

PH ONÉT IQUE MALGAa -

3 8 5

men t a (Ëe'

taka , s’

â ñgana , nana , mâ ndâ‘

a) et onze fo is ce ou b ien i l alaissé utom ber

'

la voyel le (lè/ce, saræ,ng iz næ, ruîræ, gdgæ ,

sâ sæ,tdr ,

z â z,’

aran, tat, teînî , faf, nav) . C ’

es t A qu i a lemieux conservéla voyel le (sept fo is con tre hu i t) s

dr‘

zgand , ndna , mâ nde‘

ha,

léla, ,

ng izna , rdra , gaga ,sdsa , s

ara , zaza ,°

aranœ,îdfæ ,

tûnîæ,

fafæ) . Saufgagæ (A) et gagne(B) ainsi que sdsæ (A et B), les mots

qu i ont un ce pou r A ont perdu leu r voyel le pou r B . Au po intde vue de la conservat ion de l’a

,nos tro is su jets se classent

ainsi A,B,C .

Quel le est la cause de cet affai b l issemen t et de l’am nrssement

de la voyel le atone finale On songe avan t tou t a la chercherdans la fo rce de l ’accen t , et les fai ts semblen t d ’

accord avec cettesuppos i tion . A premièrevue pourtan t

,i l semble que l

accent musical do ive être lai ssé de côté i l paraî t du reste le même à peuprès pou r les tro i s su jets . D ’

au tre part,l ’accen t de force, qui est

t rès considé rable dans C ,est relat ivement fa ib le dans A et B , et

cette ra ison ne suffi t pas pou r exp l iquer la différence qu i existe

entre ces deux dern iers . Afin de permettre la comparaison, j

ai

mesu ré quel ques mots pou r la du rée et la hau teur musi cale.

Sans rechercher une rigueu r absolue\ que le genre d

’ inscrip tion

ad0pté ne comporte pas, j’

ai essay é de ne prendre que la voyel le

seu le séparée de l ’explosion de la consonne précéden te. Avec des

t racés auss i rédu i ts , la cert itude manque su r ce po i n t mai s je

m e hâte d ’

a jou ter que l’

erreu r ne peu t être grande et do it être

considérée comme prat iquemen t nu l le. La durée est exprimée

en centièmes de seconde. P ou r la hau teu r mus icale, je m e su i s

borné à compter les v ib rat ions qu i se t rouvent dans une part ie

moyenne de la voyel le pendant un demi-d ixième de seconde et

j’

ai'

ram ené tous les ch iffres à l ’un ité du temps, à la seconde. Je

n ’ i nd ique donc qu’

une hau teur moyenne, en vibrations s imples .

Mais cela suffi t tou t à fai t pou r l’

objet que je me propose. Vo ic i

les mots que j’

ai ai ns i mesurés

3 86

Du rée des voyellesCenti

'

emes de seconde

L ’

ABBE R0tfssfl‘

oi °

1 3

I 7

48

tan

14

8

3 8

tsan ga

8 6 10

8 7 1 2

1 9 9 10

man de ha

1 1 1 1 1 5

4 I 4

14 28 14

pa pan—

go

8 1 8 1 8

7 3 1 2

1 1 24

Hauteu r mus icaleV ib rations (v . pendant une seconde:

3 00

3 60

3 40 260”

fina —dnz

3 20 200

3 30 2 14

3 60 220

tsan ga na

280 200 200

3 20 280 200

3 20 240 200

1nan de ha

240 3 00 200

280 3 60 240

3 20 3 60 240

3 88 L’ABBE ROU SSELOT

verions une d ifférence entre A et les deux au tres su jets,so i t

60 au l ieu de 80 .

Enfin,nous remarquerons que la pro longation de durée dans

une finale, comme on l’

observe chez B , ne nu i t pas à sa qual i té

d’

atone ; en effet , le son va en mouran t et se rédu i t à une très

fai b le intensi té .

i d ‘I l d et (A» )

FIG . 46 .

Je ne voudrais pas qu i t ter les voyel les sans s ignaler un fai t

remarquable chez A, c’

est la rédu ction étonnante de la sy l labemi atone dans m ihdhi , mi lttç

,m ideîdu

, où l’

on arrive à ne plusl i re qu’

un son très cou rt (à pei ne 4 centièmes de seconde) à lafo i s buccal et nasal

,tenan t de l’m et de l

i . Comparez mihàhi

(fig . 3 3 ) et m idu'

du (fig .

(A suivre) . L’

abbé ROU SSELOT.

COURS

DE GRAMOPH ON IE

L’

AGON IE

DE SU L t Y PI<U DH OMME

Vous qu i m’

a id rez dans i l lO l l ago n ie,

N e m e d ites r ien .

Fai tes que j’

entende un peu d’harmonie

,

Et je mou rrai b ien

5 La musique apa ise,enchante et dél ie

Des choses d ’

en bas .

Bercez m a dou leur je vou s en suppl ie,N e lu i parlez pas .

Je su i s las des mo ts, je su 1s las d ’

en tendre

Ce qui peu t ment i r ;J ’

a ime mieux les sons qu’

au l ieu de comprendre0 0

Je 11 at qu à sent i r .

U ne mélodie où l ’âme se plonge

Et qu i , sans effort

1 5 Me fera passer du dél ire au songe,Du songe à la mort .

Vou s i rez chercher m a pauvre nourrice

Q ui mène un troupeau,Et vou s lu i d irez que c

est mon caprice

Au bord du tombeau ,

390 MARGUERITE DE SAINT-GEN ÈS

D’

entendre chanter tou t bas,de sa bouche

,

Un air d ’

au t refo i s ,S imple et mono tone

,un doux air qu i touche

Avec peu de vo ix .

Vous la t rouverez les gens des chaumières

Viven t t rès longtemps ;Et je su i s du monde où l

on ne vit guère

Plus ieu rs fo i s vingt ans .

Vous nous lai sserez tous les deux ensemble.

Nos cœu rs s ’

uni ront

El le chantera d ’

un accent qu i t remble,La mai n su r son front .

Lors el le sera peu t-être la seu le

Qu i m’

a ime tou jours ,

3 5 Et je m’

en i ra i dans son chan t d’

areule

Vers mes premiers j ours .

Pou r ne pas sent i r, à m a dern iere heure,

Q ue m on cœu r se fend ,Pour ne p lus penser , pou r que l

homme meure

Comme est né l’

enfan t

Vou s qu i m’

aiderez dans m on agon ie,N e m e d i tes tien ;

Fai tes que j’

entende un peu d’

harmon ie

Et je mourra i b ien .

[Les Solitudes.](D it pa r M . Le Bargy de la Comédie

-França ise, d’

après un disque

de la Société du Gramophone.)

3 92 MARGUER ITE DE SAÎNT—GENËS

m la truvré ; lé jâ dè eo'

myèr

m’

væ trè tara

e jœ sûd d cä môd u l ô næ vi gär

pldsya‘

u*

fwa né! d .

ou nu lèsré, t22lè deez â sâ‘

hlæ

nô kcÈr s unirä ,‘

el c â tra , d d'

en aksâ ki trâ hlœ

la mesur [m5 ] fr 5

lwz el —av a [ ur l élue la sa l

ki (un. luflir

e jæ m du tre d à sô ed d ayæl

vér me‘

prœmyé für .

pair næpd sâ tir,a nia dernyêr â:r

kæ uzô kâ?r sæ fâ ,

°

[nir næ plupä se pai r kæ l om tinier,

kom à ne l dfd .

ou,ki m èdré

,dd môn agoni ,

næ m ditœ

fer, ka: j arad a pas d armani

e j æ mur re'

hyê .

DICTION ET COMMENTAIRE PHON ÉTIQUE

Ce morceau ,d

un caractè re un iforme,est faci le à d ire.

La paro le d ’

un malade do i t être lente —

et sa vo ix oppressée

tombe avec les finales . Ce caractère est très frappan t dans la dic

t ion deM . Le Bargy . On y sen t comme un s ouven i r de la pro

n0nc iation popu la i rede Paris .

COURS DE GRAMOPH ON IE 3 9 3’

C’

est encoreun trai t b ien paris ien et popu lai re que le redoublement de l’ i dans je si bi l ld (str .

M . Le Bargy prononce mon agoni , comme M . Delaunay sô n

dho”

np wê et M° ”S . B . sôn æy rô .

L’

œ muet donne l ieu à plusieu rs observat ions . Je résumeI° I l est conservé après deux consonnes

entendre (9 , 2,I ) , comprendre ( 1 I ) , pauvre ensemble

tremble peut-être2° I l tombe tou jou rs dans l ’ intérieu r d ’

un m ot,entre deux

consonnes s imples a idrez ( I , me fra trouvrez

la issrez (2 ,chantra El le sera (3 3 ) avec son ne

,ne con

st i tne pas une except ion . L’

æ final de elle étant tombé,i l se

trouve que l’

æ de sera est précédé de deux consonnes .

3° L

æ muet fina l précédé d ’

une simple consonne tombe

tou jou rs à la fin et assez souvent dans le corps du vers fai tes

que el le chant ra el le sera qu i

m ’

a ime tou jou rs pou r q ue l’

hommemeu re

L’

æ muet n’

est guère conservé dans le corps du vers que l à où

i l est nécessai re pour l ’harmon ie en rai son d’

un groupe de con

sonnes .

N e m e dites rien (2) r i compte pour deux consonnes .

Vivent très longtemps

4° L

œ muet des monosy l labes est conservé , sauf un , à la der

nière strophe N e me d ites rien Cet ce avai t été gardé à la

première N e m ed i tes rienRemarquer enfin que le fu tu r mour ra i a un e moyen à la

1r estrophe où la vo ix po rte su r la 1

resyl labe jemour rai bien

et un e‘

fermé à la dern iè reparce que c’

est lu i q u i reço i t l’

accent

jem ou rrai bien

Revue dephonétique

MARGUER ITE DE SA INT-GENES

PH ÈDRE

DE R A C I N E

Ou i , prince, je langu is , je brû le pou r Thésée

Je l’

a ime,non po int tel que l

ont vu les enfers ,Vo lage ado rateu r de mille objets divers ,

Qu i va du dieu des mo rts déshono rer la couche

5 Mai s fidèle,mai s fier , et m ême un peu farou che,

Charmant , jeune, traînant tous les cœu rs après so i ,Tel qu ’

on dépeint nos d ieux,ou tel que je vous vo i .

I l avait vo tre port , vos yeux , vo tre langage ;Cette noble pudeu r co lora i t son visage

10 Lo rsque de no tre Crète i l t raversa les flo ts,

D igne su jet des vœux des fi l les deM ino s .

Q ue fai s iez—vous a lors ? Pourquo i , sans H ippoly te,Des héros de la Grèce assembla—t- il l ’é l ite

Pourquo i , t rop jeune encor,ne pû tes—vous a lors

1 5 Entrer dans le vaisseau qu i le mit su r nos bords

Par vou s au rai t péri le monstre de la Crète,

Malgré tous les détours de sa vas te retrai te

Pou r en développer l ’embarras incer tain,

Ma sœur du fi l fatal eût armé vo tre main ;20 Mai s non : dans ce dessein je l

au rai s devancée

L’

amou r m ’

en eût d’

abo rd inspiré la pensée ;C ’

es t m o i , prince, c’

est m o i,dont l ’u ti le secou rs

Vous eût du labv rinthe enseigné les détou rs .

Q ue de so ins m’

eùt coû tés cet te tê te charmante '

25 U n fi l n ’

eût po int assez rassuré vo t re aman teCompagne du péri l qu

’ i l vous fal lai t chercher .Mo i—même devan t vous j ’aurais vou lu marcher ;Et Phèdre, au Laby rinthe avec vous descendue,

Se serai t avec vou s retrouvée ou perdue.

(Dit pa r Sarah Bernhardt (Berna rt) d’

après un disque

Société du Phonographe. )

3 96 MARGUER ITE DE SAINT—GEN ÈS

DICTION ET COMMENTAIRE PHON ÉTIQUE

C’

est a donner les d iverses infiex ions de la vo ix , qu i con

viennent à ce mo rceau , qu’ I l fau t s ’

appl iquer . M… S . B . y excel le.

La tendresse de Phèdre est exprimée avec une émotion contenueet diss imu l ée d ’

abo rd,pu is de plu s en plus ardente

,jusqu ’à la

déclarat ion finale,faire d ’

une vo ix fai ble et rendue plus impres

s ionnante encore par l’éclat qu i précède

C’

est moi Pr ince,etc .

Enfin avec un abandon enthous iaste,el le se déclare prête à se

sacrifier pou r H i ppo ly te.

Nous avons peu de chose à relever dans ce morceau,au

po int de vue phonétique,après tout ce que nous avons déj à

dit .

No tons la recherche de l’archarque et du famil ier . Mm e S . B .

rétabl i t l’rr muet fina l dan s descendue et perdue

El le redouble 1 dans llangu is Cette fo rme popu lai remarque admirablement la mo l lesse et l ’abandon . Comparez LeBargy Je su is [ las des mo ts

, je su is [ las d’

entendreMA RGUER ITE DE SA INT—GENES

COMPTE RENDU

H . GUTZMAN N et H . STR U YCKEN : Über d ie Bez iehung en der exper imentellen

Phonetik z u r La ryng olog ie. Ex tra i t de l’Archiv für Lary ngo log ie, 2 5€ tom e

,2c

fasc icu le, 5 2 pages , ihL

’ im portance de la phoné tique expérim entale a été form el lem ent reconnueau Congrès de Laryngo log ie qu i a eu l ieu à Berlin du 30 août au 2 septem bre19 1 1 . Le com ité du Congrès ne s

est pas seu lement préoccupé de réun ir desdocum ents sur les m éthodes et une r iche co l lect ion d

apparei ls em ployés dansla phonét ique expérim entale, i l a auss i cho is i deux rapporteurs pour tra iter laquest ion des relat ions qu i ex istent entre la phonétique expér imentaleet la larvngo log ie et i l a m is leurs rappo rts en tête de son o rd re du jour .

Ce fa it intéressant trouve son expl ication dans la part ie générale du prem ierra ppo rt de l

ém inent laryngo log iste de Berl in ,M. H . Gutzm ann ,

à la page 2

Quand le com i té internat iona l chargea it M. S truy cken et m o i d’

écrire lerapport sur les relations de la phoné tiq ue expér im enta le avec la laryngolog ie,les lary ngo log istes auto r isés qu i fo rm a ien t le com ité

,étaient m an ifestem ent

pénétrés de la convic t ion qu’ i ls se trouva ient laen face d ’

un é larg issem ent poss ib le de la sc ience laryngo log ique, é larg issement qu i , depu is de longues annéesa été tou jours tenté par de petits côtés je rappel le seulem ent les expériencesphonét iques du m aitre C zerm ak m a is sans avo ir été j usqu ’à présent entrepris aussi généra lem ent qu

’ i l l ’aura it m éri té dans l ’ intérêt des laryngo log isteseux-m êmes . I l v a entre la laryngo log ie et la phonétique expérimenta leune relat ion

,un rapport p lus intime que celu i qu i ex iste avec la psy cho log ie

ou la m édec ine générale, ou m êm e avec la l ingu istique Dans la phoné

t ique m êm e,les savants de l ’anc ienne éco le gardent encore une attitude réser

vée par rapport aux expériences , bien qu ’ i l so i t tout à fait c la ir que l’

observationimmédia te

,m êm e la plus so igneuse et la plus exercée, est incapable de sa isir

,

avec une préc ision suffi sante,les phénom ènes de la paro le dans la suc cess ion

rap ide de toutes leurs propriétés (F . K r i ig er ) . La cause en est due en partie à ceque la posit ion exacte des questions phy s iolog iques et les d iffi cu ltés inhérentesà certa ins problèm es sont tra itées par beaucoup de phonétic iens comme inexis

tantes,comm e si tout le m onde

, grâ ce à son observation personnel le, pouva itind iquer tout de su ite ou et comm ent les d ifférents sons se produ isent, tand isque le phy s io log iste sa it qu

’ i l s ’

ag it là dequestions d iffi c i les , non réso lues encore(N agel) . En partie, cette opposition (ablehnende H altung) a son origine en ce

que l’

on ava it ent ièrem ent m éconnu la nature de la phonét ique expér imenta le.

Car on cro it devo ir la restreindre à l ’emplo i de d ifférents apparei ls enreg istreurs .

8 3 9 COMPTE RENDU

C ’

est ainsr que s’

exprime le phonétic ien dano isM. O . ]espersen dans sa conceptiontout à fa it étro ite de son Instrum enta lphouetik

’ i l a imerait m ieux probablem ent employer le terme donné par lu i en note

‘Masch inenphonetik’

,cependan t

i l trouve lu i—m êm e que ce term e pourra it être cons idéré comm e une injure.

Dans la phonétique expérim enta le I l s’

ag i t en prem ière l igne non pas du tout

de m ach ines ou d’

apparei ls , m a is en princ ipe de l ’expé r ience. C ’

est donc à bondro it que M. Paruoncelli—Gulz ia a protesté contre cette déform ation des fai ts .

Pour fa ire une expérience, i l est vra i . i l faut dans la plupart des cas des apparei ls

,m a is l ’esse ntiel de tout ce qui est expér imental est non pas dans ces der nier s

ma i s dans l’

idée d’

a r r iver i l une expér ienceg rdce i l leur emploi (p .

Ce préc ieux tém o ignage est à noœ r,bien qu

’ i l vienne d ’

un expérimentateurnon l ingu iste. Les paroles deM. Gu l z mann qu i n

est pas suspec t , pourront donner à réfléch ir .

Après ces général i tés , M. Gutzm ann aborde sa propre tâ che,c

est-à-d ire lecôté phys iologique de la question , la part ie acoust ique ayant été confiée à unautre rapporteur d

une com pétence bien connue,M. S truy cken, et i l m ontre

comm ent les observations et les expériences phonétiques peuvent êtreut i l isées dans la lary ngo log ie. Ains i , à propos des m alad ies de la vo ixdues aux défauts respirato ires i l rel ève comment la m éthode graphique peut

donner, en ce qu i concerne l’

expirat ion ,des ind ications su r des phénom ènes par

t iculiers qu i ava ient échappé à l’

observat ion (p . plus lo in aussi i l ind ique ce

que l’

on peut tirer des mesures fa ites sur la dépense d’

a ir dans la paro le (p . 10— 1

i l m ontrede m êm e comm ent la s im ple étude des m ouvem ents du larynx peutavo ir son im portance dans la thérapeutique (p. 1 5 ) et comm ent l

analvse du

courant d ’

a ir phonateur peut donner, el le auss i , des ind icat ions uti les au m édec in(p . Pour expl iquer les d ifférents m odes de l ’attaque des voyel les , i l ajoutedes figures (p . 16

,1 7 , 1 8) et fait rem arquer de nouveau q ue c

est par la courbeque l

on obtient l ’ im age imm éd iate des phénom ènes qui se passent à la g lo tteet qui ne sont pas accessi bles à l ’observation s im ple (p . Après cela

,i l énu

m ère les procédés phonétiques qu i peuvent trouver une appl ication c l in iqueimm éd iate; par exem ple si l

on étud ie la resp iration ,on fa it expirer le m alade

pendant qu’ i l chucho te une voyel le et l

on contrôle la durée de l ’expiration au

m oyen d’

une m ontre ou b ien on exam ine la vo ix au m oyen d’

un d iapasonetc . Arrivé aux m éthodes relatives aux m ouvements buccaux , i l fa i t ressor tir queleur base est donnée par les apparei ls sortis de l

éco leMarcy ,ceux deMM. Rosa

pel ly et Rousselot (p . Pour ce chap itre connu i l renvo ie au rapport deM .

Zwaardem aker, présenté au Congrès deBudapest en 1 909 . Enfin i l m entionne les

nouvel les expér iences fa ites avec les rayons X et exécutées par MM. Barth et

Meyer, la photograph ie extérieure de la bouche pendant la prononc iation dessons

,l ’enreg istrement des m ouvem ents buccaux , l ’ importance des d ifférentes

parties de la cavité buccale pour la produc tion du son,les expériences de M.

Biebendt sur la force avec laquel le le vo i le du pala is s’

appl ique contre la paro idu phary nx , l

épreuve a— i deM. Gutzm ann pour déterm iner le fonct ionne

400 COMPTE RENDU

Quant aux courbes , el les do ivent être fa ites de sorte qu’

une analyse m athé

mat ique so it réel lem ent poss i ble. Les courbes des flammes,les cerc les de fum ée

(Rusz ringe) et d’

autres sem blables ne s’

v prêtent pas du tout et ne peuventservir que pour déterm iner la hauteur m us icale des ampl i tudes prononcées lep lus fortem ent au po int de vue phy sique cependant le ton ob tenu n

a pas

beso in pour cela d’être identique avec la hauteur m us ica le de la vo ix ,

Pour q u’

une courbepu isse servir à l ’ana lyse m athém at ique i l faut le concoursdes cond itions su ivantes 10 El le do it avo ir des l im i tes suffi samment nettes pourla m esure des ordonnées ; 20 on do it prendre indépendamm ent une courbes im u l tanée du tem ps ou bien déterm iner la vi tesse de l ’enreg istrement d ’

une

autre façon 30 le po int écrivant (po int lum ineux , po inte) ne do it pas dépasser

une certa ine m esure par rapport au nom bre des ordonnées . S i un po int lum ineux a p . e. un d ix ième de mm . de d iam ètre dans la d irect ion de l ’enreg istrem ent et si une période a 5 mm . de longueur , on ne peut em ployer que 5 0

ordonnées comm e m ax im um 40 avant l’enreg rstrement

,le po int écrivant do i t

être exam iné avec so in par rapport la d irec tion de son m ouvem ent ce mou

vement ne do it être qu’

exac tem ent vert ica l par rapport a la d irection du m ou

vem ent du film récepteur (ou bien de la plaque) et ne do it représenter aucunefigure de L issajou . Dans le dern ier cas l’analvse m athém atique ind iquerait dessons com posants faux ; 5 ° l

agrand issement , surtout s’

i l se fa it pendant l’

enre

g istrement d’

une faç on m écan ique ou par l’ induc t ion m agnétique do it être exa

m iné après, par rapport à ses défauts 60 on do it pouvo ir transformer les courbesen son 7

0 les sons jusqu’à 6000 vibrations doubles de force modérée

,do ivent

sûrement se retrouver dans la courbe (les sons com posants des 5

Les m éthodes d ’

agrand issem ent pour l’

étude des courbes sonores m ic roscop iques , m éthodes que l

on em plo ie so it pendant l’

enreg istrem ent so it plus tard ,peuvent se d iv iser en quatre séries 10 Mouvem ent angula ire des petits m iro irs .

2° sy stèmes opt iques (m icroscope, té lescope) ; 3 0 d im inution du lum en (entonno ir

,capsu le de Kon ig) et réfléch issem ent ; 4

° induc tion é lectromagnétique(té léphone, m icrophone, ga lvanom ètre à boy aux , osc i l lographe) .

Le tro is ième m ode d’

agrand issem ent est enti èrem ent à rejeter ; les ang les duréfléch issem ent dans un entonno ir deviennent s i grands au bout le p lus étro itqu

’ i l n ’

y a p lus de renforcement de force éga le pour tous les sons . L’

ag rand is

sem ent é lec trom agnétique change la courbe dans une m esure assez considerable et dans les ga lvanom ètres à boy aux très sens i bles , i l n’

est presque plusaccessi ble au contrôle.

Ce ne sont que les observations du m ouvem ent aérien au m oy en des sy stèmes

optiques tels que celu i de R aps ou celu i deTôpler qui peuvent donner des im ages

exactes . Malheureusem ent ces im ages sont tr0p peu nettes pour que l’

on pu i sseapercevo ir les petites am pl itudes des sons com posants supérieursAins i qu

on le vo it,les deux rapports tém o ignent de l

’ intérêt que la phonét ique expérimentale évei l le dans les m i l ieux m éd icaux . C ’

est un fait dont ont

n’

a qu’

a seré jou ir et qui ne m anquera pas non p lus d’être bien appréc ié par les

l ingu istes . I l produ ira au m i l ieu d ’

eux un retent issem ent saluta ire.

Jos . CH LUMSKŸ

TABLE DES FIGURES

K aneka toku

Groupe d’

Arnos

I .

2 .

3 . Terri to i re des Amos .

4 . Apparei l enregistreu r de vo vage

5 Tambour insc ripteur .

6 . Voyel le nasal isée (a ,a) .

7 . Voyel le nasal isée (6 ,8- 1 1 . Spirantes

1 2 . Fausse aspi rat ion .

1 3 S ifflante

14 . S ifflan te sou rde .

1 5 . S iffiante sonoreI 6 . Siffiantemi— sono re

7-20 . Semi—o cclus ives s iffian tes

22- 2 5 . Semi—Occlus i ve vibrante26 . Occlus ive gu ttu ral27

- 28 . Occ lus ive dentale in i t iale .

29 . Occlus ive labia le médiale

3 0-

3 1 Occlusive lab iale finale

3 2 . Occlus ive dentale finale

3 3 . p fina l devenu spi rant

3 4 . t final devenu spirant .

3 5 Nasale finale

3 6 . Nasale gu ttura le comparée à la dentale

3 7-

3 8 . Prononciat ions catalanes (palais artificiel) .

3 9 . Tracé du m o t papa

402 TABLE DES FIGURES

40 . papa prononcé par un Al lemand de Vienne .

4 1 . upon prononcé par un Américain

42 . Calque des tracés de M . Meyer

43 . Spéc imen des tracés de M . Wagner

44 . apa

4 5-

46 . Apparei l de M . Garten

47 . Variat ion du tracé par l’

asso urdissem ent de la mem

brane . 9 5

48 . i chan té . 9 5

49 . seb . 9 6

5 0—

5 2 . Apparei l du Dr S t ruycken . 142- 14 3

5 3 . Abaque logari thmique de correc tion 144

5 6 . Enregistreu r phonograph ique, système Llo ret . 148

5 7 . Levier double de l ’apparei l Lio ret 1 5 0

5 8-

5 9 . Consonne explos ive ent re voyel les . 1 64— 1 6 5

6o -6 1 . Consonne implos ive entre vovel les 1 66

62—6 3 . Consonne implos ive devant une consonne . 1 67- 1 68

64 . Consonne implos ive et explos ive devant une con

6 5 . Consonne explos ive devant une consonne .

6 6 . Douce et fo rte devant une fo rte

Douce et forte devant une douce

68 . Douce et fo rte devant une fo rte. .

69 . Douce et fo rte devan t deux fo rtes .

70 . Arti cu lat ion du t et du (I'

.

7 1 Sono re devenue sou rde devan t m

72 . Sou rde su iv ie d ’

une au tre sou rde .

Varié tés dans la sono ri té d ’

une sou rde .

Sonorisat ion progress ive d ’

une s

7 5 Assou rd issement d ’

une consonne qu i a sonorisé u ne

sou rde .

76 . Assou rdis æmen t d ’

une Sono re

77 . D ist inction de la sono re et de la sourde conservée

404 TABLE DES F IGURES

1 20- 1 2 1 . pâpângu . …

1 22 . pampyâ naî'

a

1 2 3 . mpampyânu

124 .

1 2 5 . mpä mpyâ na

1 26 . tm înîa

1 27— 1 28 . teZnî a .

1 29 . tuûnî a

1 3 0— 1 3 1 . ta nfu

1 3 2 . tûmpfintâni …

1 3 3 . tûmpüm ztâ ni …

1 34 . mam :

1 3 5- 1 3 6 .

1 3 7— 1 3 9 . mîbâbi

140 , âeâî

14 1 . bibi

142 . didi

143 .

144 .

14 5 . {d(æ .

1 46 . gâgæ

147 .

148 .

149 .

1 5 0 .

3 78-

3 7 9 .

TABLE DES MATIÈRES

Phoné tique d ’

un groupe d’

A1nos (avec 3 6 par l’

Abbé

Rousselot

É tude de prononciat ions catalanes à l ’aide du palais a rt ifi

ciel (avec 2 par P . Barnils

La mesu re des du rées r y thmiques dans le vers , par Paul

Verr ier .

Observat ions sur les insert ions de consonnes en suédo is

moderne, par Pau l Ver r ier

La question du passage des sons (avec 6 par

J . Chlum sk ÿL’

apparei l de M . GARTEN pour l ’enregist rement photogra

ph ique de la paro le (avec 5 par J . Chlumsk ÿ .

Chron iqueNo tes de phonét ique h istorique . ludo—eu ropéen et semi

t ique, par A. Cuny

Une var iat ion métrique i nversion de l ’accent par

Paul Verr ier

Changement de i s en le à Del phes , par Hubert Pernot .

Apparei l du Dr STRUYCK EN pou r la pho tographie des vi bra

t ion s sono res (avec 4 par S

Remarques sur l ’apparei l LIORET (avec 2 par

J . Chlumsk ÿ .

Té léphone écrivan t . B ib l iograph ie, par J . Chlumsk ÿ .

D i ct ionnai re de la prononciation française (sui te) (avec2 3 par l

Abbé Rousselot

Cours de gramophon ic , par Marguer ite de Saint—Genes .

Chron ique

406 TABLE DES MAT IÈRES

Contribut ion à l ’étude des in tonat ions serbes (avec 2

par Miloche lvcovitch

Compara ison des tracés du phonographe et du pet it tambou r (avec 4 par J . Chlumskÿ

Essai de mesu re des sons et sy l labes tchèques dans le dis

cou rs su iv i (avec 8 par J . Chlumsk ÿD i ct ionnai re de la prononciat ion françai se (m i le) (avec

9 par l’

Abbé Rousselot

Tableau sommai re des sons du français , par Margueritede Saint-Genes …

Chronique

La déclamat ion du vers français à la fin du XV I I“ s i ècle,

par Georges Lote

Phonétique malgache . Voyel les du d ia lecte merina

(avec 46 par l’

Abbé Rousselot .

Co urs de g ram ophonie, par Marguer ite de Saint—Genès …

Compte rendu,GUTZMANN et STRUYCKEN

,Über d ieBez iebmr

gen der exp wimm lelhw Phone/ik ( ur Lnr rngolog ir , par

J . Chlumsk ÿTable des figures .

Table des mat ières

Index alphabé tique

Transcri ption phonétique

408 INDEX ALPHA BÉT IQU E

bs et ps , 1 70, 1 72 . muet

Catalan, 5 0

-68 .

Consonnes intervocal iques , 1 6 3 ;mou i llées , 4 1 . Groupes

de 1 5 9 sqq ; expériences,

1 87 ; va leu r des j ugementsde l ’o rei l le, 1 88 . Consonne

+ y ,2 68

,27 5 .

Contaminat ion de deux fo rmes

phonétiques dans des parlersvo i sins

,1 20 .

Courant d ’

ai r phonateur en

tchèque,2 5 4 .

d catalan,64 ; français , 268

,

306 .

Dél imi tation des sons,80 sqq .

D ifférences d ialecta les à l ’ interieu r de l ’ indo—eu ropéen

(doctrine de M . A. Mei l let) ,1 1 1

,n . 2 .

D ifférenciation de sonante à

voyel le en sansk ri t et en german ique

,1 1 2 .

D i ss imi lation aud i tive, 1 90 ;

o rgan ique,1 79 ; a dis

tance dans les rac ines indoeu ropéennes , 1 3 1 .

dp et tp au palais artific iel,1 74 .

Durée. 2 1 9 et t imbre, 1 7et art icu lat ion, 5 4

comparée des voyel les l ibreset entravées , 5 9 ; rvth

m iques 69 .

e frança is,290 sqq .

final , 19 8 , 284 , 3 9 3 .

é catalan ,

e 0 zéro,seu le vraie voyel le

indo—européenne,1 20, 1 2 3 ,

—en final en français,28 3 .

Enregist rement . Expérienceavecl’

enregistreu r et le phonog ra

phe accouplés,

1 2 . Contrô lede l

2 1 3— 2 1 6 ; des m on

vem ents o rganiques , 2 1 5

de la vo ix,2 1 5 prin

c ipes de l’

1 5 8 ; s imu ltane du travai l des o rganesphonateu rs , 2 14 .

Enseignement de la phonet1queen Au triche

, 97 .

Épenthèse en suédo is , 77 .

Explosion cond it ionnée par la

voyel le,1 6 3 .

Caractère laryngual de

indo—eu ropéen,

1 1 6,

1 24 ,

1 2 5 sa fonction consonan

tique, 102- 107 , 109— 1 12,

1 1 7 , 1 1 9 ; sa fonct ion vocal ique

,102 . Tr iple t imbre de

9 en indo -européen (greca,o) , 1 22 , 1 23 , 1 24 . Tra i

tement indo-européen de y,zu

,m

,n,r 9 devant

consonne, 102 , 1 1 7 .

3 . Trai temen t de en tokharien

,1 1 3

— 1 20 . Trai tementde i ndo-eur . en seconde Syl

INDEX ALPHA BÉT IQUE

labe dans l ’osco —ombrien,

1 22 .

re français , 294 sqq .

[ français , 3 0 3 .

Fina les ; vo i r abe, e muet, en

ge. Voyel les tombées, 3 84

Forme des racines indo -eu r

(règledeF . deSaussure) , 1 28 ,

1 3 0 .

Fractures en vieux norro is et

en viei l anglai s, 7 6 .

Français . Tab leau sommai redes sons du 2 86 sqq . abcès

,

abscisse, 1 5 9 sqq . abdiea î ion,

abdiquer , abdomen,abdom i

na l , abducteur , abduct ion,abe

cédaire,abei llage, abei lle, abei l

ler,260 sqq . ; Ache

'

ron,1 9 8

teste, 103 no te.

g français, 268 , 3 06 .

Gau lo i s arganto 1 1 2 n .

ge final en français , 284 .

G l ide,vo i r Passage.

Gotique bindan,107 broÿ a r ,

1 1 3 daddian ,1 1 2 daùbla r ,

1 1 7 ; hi lpan,107 ; (vba .

bnapj N apf, bweit(s)all . weiss, angl . w(h)ite, 1 1 1kinnas, 1 20 ; m i tan

,104 ;

sind,106 ; skaba

,1 1 2 ; séle

jan, 1 0 2 ta i/ms, 1 3 0 ; (vha .

umbi,1 1 2 (v . norro is

uefa , 10 5 ) g . wahsja ,wôbs ,

1 1 2 ; wa irpan, 107 (vha . wé

Revue de phonétique

ban,

vba . [gwein]-z ng ,

Gramophonie, 1 92 sqq .,2 1 3 ,

sqq . ; lectu re destracés

,2 1 5 .

Grec ancien 1 1 1‘

I 1 I,I 1 5 â(F)âcm v

1 1 2 ; &p.cpi , I I I , I I 3 ;:z p.cpm ,

1 1 3 ÔZP‘

(UPOÇ , ôipy uç oç ,

1 1 2 n . ; âipor pcv , 1 2 1,

1 2 3

1 1 2 abÈ,w, I I I

,

1 1 5*

! 3 VU ç , 1 20 ; 8auâ c a r, 1 2 3 ;

1 2 1,1 2 3 ; Sym ,

1 1 9 ;

i;J .âv , êc r â , éc u ,

t06t, I I S ;

1 10 . n . 1 ; sim,1 1 6 °

) .ur ç ov, 10 5 n . ; ët éç , 1 22 ;

(âvéoua a) , I 02 ; Os

-: 5 ç , 1 08

,1 2 1 , 1 22

,1 2 3 ;

0'

f'

3ç , Ô r,r ôç , 109 ; Ouy i r ep

Ouvri r /79 , 1 1 3 , 1 1 7 ,1 20

ia cn,

1 1 5 ; i'

n.sv, 1 1 5 ; p.02xoua r,

I 1 2 ; p.e'

ya ç , 1 20 ; ôp.bc a 1,

ôgaé uov.a , I 2 I ; 7: 1‘

tép I I 3 ;

sm t p-i,1 2 3 ; ne€6w

,m Oñva r,

I

rc a: âvvupa , 1 2 1 eu'

00p a r,

107 ; 0t 1 1 5 ; , 10 3 , I I I , 1 1 9 ,

1 2 1 . 1 2 3 ; Üçñ, 10 5 ç a pâr pa ,

O2 ; 7c âpôm,ar paÜeâv 102 ;

e un, 1 06 ; z ur s ç . 1 06 .

G rec moderne : m ar ç z êârm,xc

ç ape: pov, 1 1 7 II . ;

ü

t arô, a our c oüpr, Kw‘

tas ç ,

: sr auiuar a , r aa p.avr âv z , 1 3 9

aavr igl a , r c îwa , 140 .

26

410

h am o ,24 sqq . frança is,

302 tchèque,2 5 7 . In

tercalat ion de entre deuxvoyel les de même natu re

,

2 2 .

Haleine. Emiss ion d ’ dans leslangues scand inaves, 77 sqq .

Hau teu r musi cale,2 3 7 , 248 ;

en serbe,

2 1 1 dansles vers . 3 5 3 .

Hébreu pâqad, 1 3 1 pâ qah,1 3 1 ; qâ /a l , 1 27 ; sâ haq , 1 28 ;

yiqtol , 1 27 .

Hongro is . Phonétique d i i 8 8 .

hop, 92 .

i catalan, 5 4 , 5 6 ; français,

29 5 sqq de a tio n,26 5 .

i y , 20 .

Implosion, 9 2 condi t ionnée

par la voyel le, 1 6 3 .

Implo s ive. Consonnes 1 67

1 69 .

Indo—européen *bhéreti ,

*bhe

'

r

ti,103 n . 1 1 7

n . ;*bhûtôs

,10 3 , 1 1 7 ;

dhu

gâ ter 1 20 ;*

génus , 1 20 ;*

g ,hnnd mti , 1 06 d ial .*

g ä'

ous

thés,1 0 3 n . ;

*imés

,p . 1 1 5

*itg) , 1 22 n . ;

”kä

’e,

*k3”ôs

,

1 2 1 n . ;*

mbhi ,*

gmbhi , 1 1 1 ,

1 1 3*megÿ 1 20

*mfl ôs,

10 3 ;*

pgtir 1 1 3 ; _

*

pf thûs

1 1 9*

plnä oni*

plnâm i , 104 , 1 0 5 ;*se

'

nti,

INDEX ALPHABÉT IQUE

104 ;*s1êtôs, 1 1 9 ;

s ig*t0

'

s (stÏ nÔ s) , 1 02,

10 3 ,

1 1 7 ;*steAtnm

*sthâ tum

,

10 3 n . ;*ubh tri 1 26 ;

*wélutrom,

10 5 n .

*wlné

a nni,

10 5 ;*

yuneg zmi , 104 .

Insert ion de consonnes, 7 6

sqq .

Intens i té,2 1

,2 1 2

,2 1 9 , 2 3 7 ,

2 3 9-240 , 248

-249 ; phys iolog iq ue,

14 5- 146

phys ique

,1 46 . Influence de l ’

su r la du rée,2 5 1

— 2 5 3 .

lnterd épendance de la phonétique et de la mo rpho logie

,

106 , 107 , 109 , 1 10 .

In terprétat ion de la loi de

Bartho lom ae (assimi lat ionconsonantique progressive) ,1 26 .

Inversion de l ’accen t,1 3 3 sqq .

6 3 ;j cata lan, frança i s ,

267, 3 04 .

catalan,6 5 .

le am o, 4 1 angla is et a l le

mand,82 ; français

,268 ,

306 .

6 aïno, 24 , 2 5 , 26

,27 ; al

lem and,espagno l et tchèque,

2 5 5—2 5 7

5 -9 f en aïn0,24 .

Z‘

h en aïno,24 .

ê aïno , 3 2 .

Ê aïno ,

41 2

Métrique, 69 sqq .

,1 3 3 sqq .

,

3 1 3 sq q .

M i ro i rs,1 5 8 .

n cata lan,62 ;

—français 268 .

N asa les . Consonnes en aïno ,

49 , en fran ça i s , 3 07 ; voyel leset d iphtongues en français

,

29 9 sqq . Nasal isation,14 , 1 8 ,

3 70 . Influencedes consonnestchèques su r les voyel les et

les consonnes vo is ines , 2 5 7 .

Résonance nasa le et nasal i té ,2 5 4

Norro is (vieux) , 76 .

y catalan ,66 ;

—français , 27 3 ,

3 07

o français,290 sqq . Echange de

o et de n en aïno,1 3 .

Occlu s ives en aïno, 3 9 sqq . ;

devenant spirante, 4 5 sq q . ;

denta le finale, 44 ;

labiale finale, 44 ; nasale

finale, 48 ; nasale gu ttu

rale, 48 ; laryngiennes entchèque 2 5 7

-2 5 8 .

Ombrien i teh,1 22 n .

Osque faolad, 1 22 ; GEN ETAÎ,

1 1 7 , 1 22,1 2 3 , poterei

'

,1 22 ;

set , 106 .

p am o, 42

-

4 5 ;-français , 82 ,

30 5 ;-Slave

,8 1

,82 ; im plo

sif, 9 2

p / en am o , 40 .

INDEX ALPHABÉTIQUE

Palatal isat ion ‘

de le, 1 3 9 .

Paral lé l i sme parfai t ent re les

sonantes (y, w,m

,n,r)

en ind .

—eu r .,107 .

Passage de la consonne à la .

voyel le,8 3 , 84 , 9 2 de la

voyel le a la consonne,8 5

9 3 , 1 74 de s à y , 270 .

pd et bd,1 7 1 .

Phonétique expérimenta le et

laryngo logie, 3 97 sqq .

Phonograph ie et audit ion , 1 99 .

Po ints de contact ent re les sy s

tèmes mo rpho logiques de

l ’ ind .

-eur . et du sémitique,

1 3 2 .

Poss ibi l i té de conci l ier les sy s

tèm es phonétiques ind -eu r .

et sémitique, 1 3 1 .

Poss ib i l ité phys io logique de Aen ind —eur de igi , pro

venan t denr a,

a,1 1 6

1 2 5 .

ps et bs , 170 ,

Q uan ti té , vo i r durée.

r am o, 3 6 sqq . ;

— cata lan,6 1

sqq . ;- frança is

,268

, 3 0 3 ;Êsy

' l

labique en tchèque. Echan

ge entre -et l en aïno , 3 6 .

catalan,62 .

Redoublement de voyel le finale,

2 2 .

Ry thme,69 sqq .

,100 .

f . 3 7 , 3 8 , 3 9

INDEX ALPH ABÈTIQ U E

s‘

a1no ,28 , -catalan

,6 3 ;

— franç ais

,267 , 3 0 3 .

s et sy , 269 , 270 .

s h,10 3 no te.

s

5 5 , 28 .

Sanskri t abhi,1 1 1 adhwgâ t

107 ; ag refi hd 108 ; ahdm,

1 1 9 , 1 20 ; dha ti , 1 1 1 ; â kafl ,

1 1 2 ; bhdra l i , bhâ r ti , 10 3 II . ;

bhz“

irjah, 1 1 7 ; bhrâ ta r 1 1 3 ;

bodheya 1 1 2 ca 1 2 1 n . ; eve'

lo

1 1 1 devastd t 106 ; dhdva ti ,

1 1 2 ; dubi tâ r dubita,

1 1 3 ,

1 1 7 , 1 20 ; dyngdt 1 07 ; edhi ,

1 1 5 e'

m i,1 1 0 n . 1 g îr , 107 ,

1 08 ; gosthdh, 1 0 3 n .

,108 ;

g rabhîta r 104 g ;rbhnîmah ,

104 hdm i 1 20 ; hitdh, 108 ;

hotmn,106 ; hui /th, I O6 ; i z_ndh

1 1 5 ;—i t 108 : i i i

,1 2 2 n . ;

jdnitnm ,1 1 7 , 1 2 2 ; hdi) , 1 2 1

n . mahdnt 1 20 ; dima ,104

pâ çya l i , 1 3 0 ; pimsmah, 104 ;

pi tâ r 1 1 3 pwâm i , 104 ,

10 5 ; pfl hûh, pfl hioi , 1 1 9 ; pâ‘

r,

107 , 108 ; raja td1n 1 1 2 11

samhdt 1 07 ; sthä /nm,10 ,

n . sthitâh, 10 3 sti rnâh, 102 ;tistha ti , 1 14 ,

1 1 9 ti ,sthâ m i ,

1 1 9 ; nbindti,

1 10 ; u/e,sâ ti

,

1 1 1 ; uma 10 5 ; zi rnavâ bhi

10 5 , 1 26 ; vajrabhfl 1 06 '

eâkmti , 1 1 1 ; vôr utram ,1 0 5

n . vdya ti , 10 5 vâ tmn,10 5

w’

o iseau ’

, 1 1 1 ; v içvaj i t

4 1

1 0 6 wuôm i , 10 5 ydnti , 1 1 5 ;yuudjuz i , 104 .

Sc indement de phonèmes (casde poss ib i l i té et d

im poss ibi

l i té) , 1 2 1 .

Semi- occlus ives . Varié tés de,

3 1 , 3 6 .

Sémit ique,10 1 sqq .

- commun

*DaH ak 1 28 .

Serbe,100 . Intonations 20 1

sqq . god , 206 sq q . ; gadan ,

207 sqq .

s i,27 1 .

SitRantes . Varié tés de 28 sqq .

S lave (Lituan ien) v . sl .*brèza

( I‘

. berèça , l i t . be'

räas) , 1 1 7 ,

1 2 1 ; tchèque î lyf i , 1 1 2 ; v .

s l . dojo, 1 1 2 ; v . sl . dus/ i ( l i t .dukt5 ) , 1 1 7 ; v . sl . mrùlvû

10 3 ; v . sl . peleg , peëetñ ,1 2 1

II . ; I'

. d ialecta l pasa l i , v . s l .

pagi ti , s l . comm .

*1

0?nñ (I‘

.

vo'

ron,l i t . va i nas

,1 2 1 .

Sono res . assou rd ie ,1 8 1 ,

1 82 ; assourd ie devant1 7 7 ; tendant à s

assou r

di r entre vovel les , 42 ; sonoresonore

,176 , 1 78 , com

parée a sourde sonore,1 89 .

Sonore sourde, 1 5 9 , 177 ,

1 8 3 , comparée a voyelle

sourde,1 84 . Compara ison de

sonore sourdeet de sourde

sourde,1 8 3 . Sonore deux

sourdes, 1 78 , 1 8 2 . Sono risat ion progressive de s

,1 80 .

4 14

Sono ri té sans valeu r s ignifica

t ive,2 3 .

Sons . Côté phys io logique des2 1 3 , 2 14 ; phy sique, 2 1 3 .

Souffl e pou r sonore sourde et

sourde sonore, 1 8 5 ter

minant une vovelle finale,

77

Sourde sonore,1 7 9 .

Suédo is . Insertion de consonnesen 76 sqq .

sy. Passage de s à 31, 270 .

Sy l labat ion ,1 9 9 .

Sy l labe, 87 . Mesu re des en

tchèque,2 5 1

—2 5 3 .

et catalan,6 5 ;

— franca is ,

3 04 .

catalan . 6 5 .

am o, 4 1 , 44 ;

—al lemand,an

glais,français

,s lave

,8 2

- cata lan,64 ;

-frança is , 268 ,

30 5

t L’ en grec, 3 9 .

Tambou rs . Grands 2 1 5 , 2 1 6 ;

moyens 2 1 5 , 2 1 6 ; pet its

7 , 2 1 5 , 2 1 6 . Tracés du

pet i t 2 1 8,242 à m em

brane flex ible,2 14 , 2 1 5 ;

à membrane rigide ,2 1 3 ,

2 1 5 ; Marey ,2 1 5

Rou sselo t, 2 1 5 , 2 1 6,2 1 8 .

INDEX ALPH ABÈTIQU E

11 frança is,29 7 sqq . variante

de i en aino ,1 3 .

u—w

,20 .

v franç a is , 3 0 3 .

Vén i t ien eolaz zou,1 3 8 .

Vers français à la fin du X\'

111°

siècle, 3 1 3 sqq .

Tracés du Rousselo t , 2 1 8

Tchèque : aani , 2 5 7 , 2 5 8 ; hop,

92 ; chacha fa îa) 2 5 5 ;

2 5 7 ; ehvâ îd , 2 1 7 , 23 0-2 3 2 ,

2 3 9 na m lhavém,2 5 2 Paris

,

2 5 3 ; rade,2 1 7 , 226

,227 ,

2 3 9 ; S rb, 2 5 9 ; refer, 2 1 6,

2 1 7 , 2 1 8 , 220—224 ,

2 3 9 ; tma ,

2 5 8 ; Vaso/a , 2 1 6,224

— 2 30 ,

2 3 9 , 242-24 5 voborsko

,2 1 7 ,

2 34-2 3 6 , 240 , 24 5

-247 ; z a

kâ { (tt, 2 1 7 , 2 3 2— 2 3 4 , 240 .

Timbre,100 ; et quan ti té

,

Ip et dp au palais art ificiel,1 74 .

Fokharien a…pi , ampe, 1 1 3 ;

cleaea r thàeer 1 1 3 ; ma lai

(à co rriger ains i) , 1 20 n . ;

pa rti r 1 1 3 ; procur 1 13

.

Traces de fo rmes de racines antér ieu res a la règle de F . de

Saussu re, 1 3 0 .

Tracés . Lectu re des 2 1 5 .

s k a Del phes, 1 3 9 .

te te”

,140 .

'ΑRANSCRIPTION PHONÉTIQUE

Musi que. V. D .

,v i brat ion double. V. S .

,v ibrat ion s imple.

Traces . D,diapason . B

,bouche. I larynx . N

,nez .

Alphabet . Sauf ind icat ion con trai re,les let t res ont la même

valeu r qu ’

en français .

Voyelles a (ou en (en LI (russe) .

Semi -voyelles : u, u, i (presque voyel les) ; fr . ou i) , en (fr .

puis) , y (yod) .

Consonnes n u gu ttu ral) .

à et (7°

1 et 6 (ch

(eh doux 5 (ch dur (g continu) .

b etp (b et p con t inu s) .

f (r grasseyé), (vo i sin de f) , r (tchèque) .

1) ou aspirat ion .

Signes diacr itiques . Voyel le ouverte ou grave (à) , fermée oua iguë m oyenne(sans s igne, a) ; nasale (a), demi

accen tuée (a) ; longue (à ), brève (à), moyenne ou sanss igne (ii o u a) . Consonne mou i l lée (l), semi— occ lus ive (à

le en un son, i dj en un son Interden ta les (s , Varia

t ion de sonori té

0 hau teur musi cale ou ton,ton seconda i re. A intensité , A

intensi té secondai re, s i lence.

Sons intermédia i res : let tres superposées .

Sons mou rants ou nai ssants pet i ts caractè res .

Sons inspirato ires : let tres renversées .

La va leur des ca ractères non mentionnés ic i est indiquée dans les a r ticles ou i ls

sont employés .

MACON ,PR OTAT F R ÈR ES , IMPR IMEU R S