L'ALLIAGE DES MONNAIES DE BRONZE (AMPHIPOLIS, THASOS, MARONÉE)
Les monnaies des fouilles belges d'Apamée sur l'Oronte, Syrie (2005-2010)
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REVUE BELGEDE
NUMISMATIQUEET DE SIGILLOGRAPHIE
CLIX – 2013
BELGISCH TIJDSCHRIFTVOOR
NUMISMATIEKEN ZEGELKUNDE
BRUXELLES – BRUSSEL
rbn clix (2013), p. 151-186.
Christian LAUWERS* ∗
LES MONNAIES DES FOUILLES BELGES D’APAMÉE SUR L’ORONTE, SYRIE (2005-2010)
Abstract – Belgian archaeologists have been excavating the Greco-Roman site of Apamea on the Orontes since 1928. is article aims to publish 401 coins found during excavations between 2005 and 2010 and identified on site during the summer 2010, that is to say the second largest sample of coins found in Apamea aer the sample published by Jean-Pierre Callu in 1979. ese coins are presented here in their archaeological context, a public building, the Tycheion, and the North-East District, including a thermal establishment and a palaestra. Publishing these coins in their context should help to define the dating of some archaeological layers and, consequently, to specify periods of occupation of the buildings studied. e issues raised by the presence of many backfills, and by halved and imitation coins are also discussed.
introduction
e 2 août 2010, les membres de la mission archéologique d’été de l’Université Libre de Bruxelles à Apamée sur l’Oronte, Syrie, rentraient à Bruxelles, après un séjour de cinq semaines sur le site.
La campagne 2010 s’était déroulée sans incident, en juillet comme en mai, sous la direction du Professeur Didier Viviers (Université Libre de Bruxel-les, Académie royale de Belgique), d’Agnès Vokaer (Centre de Recherches en Archéologie et Patrimoine/ulb), « Field director », de Nicolas Paridaens (CReA-Patrimoine/ulb), responsable de la fouille des Bains du Quartier Nord-Est, et de Laurent olbecq (CReA-Patrimoine/ulb), responsable de la fouille du Tycheion [1]. La Direction Générale des Antiquités et des Mu-____________________ * Bibliothèque royale de Belgique. E : [email protected]
La rédaction de cet article a été financée par le Pôle d’Attraction Interuniversitaire P 7/09, initié par l’Office Belge de la Politique Scientifique (belspo). Je remercie François de Callataÿ et Johan van Heesch ainsi que les deux experts anonymes qui ont relu cet article et m’ont fait bénéficier de leurs nombreux commentaires, et Henri Pottier qui a revu le catalogue des monnaies byzantines. Je suis seul respon-sable des erreurs qui pourraient subsister.
[1] Je tiens à remercier les membres du CReA-Patrimoine/ULB, et tout particulière-ment Nicolas Paridaens, Laurent olbecq et Agnès Vokaer, qui ont mis à ma dis-position l’article à paraître dans Balaneia et deux rapports de fouille encore inédits et m’ont fait bénéficier de leurs nombreux commentaires sur les contextes archéolo-giques.
L
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sées de Syrie était représentée auprès de la mission par M. Nadim Khoury (dgams-Apamée). La mission archéologique belge à Apamée se concentre en ce moment sur la publication des résultats des fouilles des années 2000.
Au cours de la campagne d’été 2010, je traitai 401 monnaies trouvées lors des fouilles des années 2005 à 2010. Les données que je présente ci-dessous sont à plusieurs titres fragmentaires. D’abord, bien sûr, parce que les monnaies de fouille sont toujours dans leur très grande majorité des monnaies de bronze ; dans l’échantillon que j’ai étudié, il y avait une mon-naie d’argent et 400 de bronze [2]. Ensuite, parce que ces 401 monnaies ne représentent qu’une grosse moitié des monnaies exhumées entre 2002 et 2010 [3], et une petite partie des monnaies exhumées depuis le début des fouilles. Enfin, parce que les effets d’une circulation longue parfois de plu-sieurs siècles, ainsi que d’un long séjour dans un sol calcaire, ont usé et chi-miquement altéré ces monnaies au point que plus de la moitié d’entre elles n’ont pu être identifiées. Leur masse et leur module, ainsi que, dans beau-coup de cas, des fragments de légende ou de type – par exemple, le diadème de perles que portent les empereurs des ivème et vème siècles, qui forme le plus haut relief du droit de beaucoup de ces monnaies – permettent le plus souvent de les attribuer, sans plus de précision, au Bas Empire romain [4] (voir un exemple illustré, no 101, Planche I). Mais, si elles sont fragmen-taires, ces données présentent par contre l’avantage d’être publiées ici dans leur contexte archéologique, et sont donc susceptibles de fournir des éclaircissements sur la nature et la chronologie de l’occupation des struc-tures fouillées; elles peuvent également fournir un point de comparaison supplémentaire pour l’étude des monnaies de fouille d’autres sites antiques du Proche-Orient ; enfin, ne pas les publier aujourd’hui reviendrait sans doute à les laisser sombrer dans l’oubli.
À ce jour, le seul article publié sur les monnaies romaines du site d’Apamée est l’ouvrage de Jean-Pierre Callu, « Fouilles d’Apamée de Syrie, viii, 1, Monnaies antiques (1966-1971), 2, Les monnaies romaines », paru à Bruxelles en 1979. Sur 2.452 monnaies découvertes entre 1966 et 1971, Callu a identifié 1.100 monnaies romaines, dont il donne le catalogue com-menté. Jean-Charles Balty, longtemps directeur des fouilles du site, a pu-blié plusieurs articles sur les monnaies d’Apamée, dont le plus important, « Monnaies byzantines des maisons d’Apamée : étude comparative », est paru dans J.-Ch. Balty (éd.), Colloque Apamée de Syrie, Bruxelles 29-31 ____________________ [2] Ou, pour le Bas Empire, de billon, certaines monnaies contenant un faible pourcen-
tage d’argent. [3] J’ai nettoyé et identifié les monnaies trouvées durant la campagne d’été 2010 au մեr
et à mesure de leur exhumation. J’ai traité les monnaies des campagnes précédentes en remontant le temps, ce qui m’a permis de mener à bien l’étude de toutes les monnaies trouvées de 2006 à 2010, et d’environ la moitié de celles trouvées en 2005.
[4] Nummi, Aes 3 et Aes 4.
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mai 1980, Bilan des recherches archéologiques 1973-1979, Bruxelles, 1984, pages 239-248 [5]. Dans le même recueil, pages 249 à 258, A. Nègre publia un article sur les monnaies califales d’Apamée, « Monnaies orientales des maisons d’Apamée : étude comparative ».
Le site d’Apamée, en Syrie du Nord, connut une occupation humaine dès le Paléolithique. Les agglomérations successives s’accumulèrent jusqu’à former un tell qui domine les alentours. Lorsque, en 300/299 avant notre ère, Séleucos Ier, général d’Alexandre le Grand et premier roi séleucide, fonda la tétrapole syrienne [6], il baptisa la ville Apamée en l’honneur de son épouse, et fit construire, sur le plateau dominant la dépression du Ghab, une grande cité où il fit venir des colons grecs et macédoniens. Sous le règne des Séleucides, une acropole մեt érigée au sommet du tell. Apamée մեt une ville successivement grecque, romaine et byzantine. L’enceinte antique, longue de 7 km, entourait 260 ha. Une inscription retraçant la carrière du préfet Quintus Aemilius Secundus mentionne le recensement en Apamène, en 6/7 de notre ère, de 117.000 citoyens libres : « Idem... cen-sum egi Apamenae civitatis millium homin(um) civium cxvii » [7]. Ce chiffre englobe sans doute les habitants de la cité et ceux du territoire qui en dépendait (et dont l’étendue reste mal définie). Un nombre indéterminé d’habitants non citoyens ou non libres, esclaves et résidents non inscrits, doit être ajouté à ce chiffre. Femmes et enfants des citoyens, par contre, devaient être inclus dans les homines ; si le rédacteur de l’inscription avait voulu chiffrer les seuls citoyens mâles, il eût utilisé le mot viri [8]. A partir du vème siècle, Apamée մեt la capitale de la province de Syrie Seconde et le siège d’un archevêché. La cité a été touchée par plusieurs séismes, et mise à sac par les Parthes en 41-40 avant notre ère [9], puis par les Sassanides en 252 ou 253 de notre ère [10], enfin en 573 et 611, avant d’être prise sans com-bat par les Arabes en 638 suite à la bataille du Yarmouk et à la prise d’An-tioche [11]. Les chercheurs ont longtemps considéré qu’Apamée avait connu à l’époque islamique une « ruralisation » allant de pair avec une diminution de sa population et des surfaces habitées. Les fouilles archéologiques récen-tes incitent à remettre cette thèse en question. Le quartier Nord-Est était occupé jusqu’au xivème siècle, et trois maisonnettes ont été construites sur
____________________ [5] Voir également Balty 1970 y 2000. [6] Antioche, Séleucie de Piérie, Apamée et Laodicée. [7] cil iii, 6687. [8] Voir le débat sur cette inscription et le nombre d’habitants à Apamée dans Kennedy
2006. [9] Seyrig 1950, p. 16. [10] Balty 1987, p. 232-237. [11] Foss 1997, p. 205-206 ; Tate 2006², p. 395-401.
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la cour nord du Tycheion à l’époque abbasside [12]. Des dizaines de mon-naies califales de bronze ont été exhumées. Ces indices tendent à montrer que les changements dans l’utilisation du site à l’époque islamique ne peu-vent en aucun cas être considérés comme les signes d’un déclin, mais plu-tôt comme des éléments d’un changement global dans l’occupation de la région.
les monnaies du tycheion
Effondrement du portique occidental de la Grande Colonnade
à la hauteur du Tycheion
Le Tycheion est un édifice de 19,40 mètres sur 21,20, érigé entre le coin sud-est de l’agora, la Grande Colonnade et une rue transversale, à proxi-mité du temple de Zeus Bêlos. Son nom provient d’un bloc portant la men-tion d’un Tycheion, ou temple dédié à Tychè, la Fortune [13], retrouvé en 1937 dans l’éboulement de la façade orientale du bâtiment. Ce bloc a pu faire l’objet d’un remploi lors d’une des phases de réaménagement du bâtiment ; il peut provenir du bâtiment lui-même ou d’un autre édifice. Le Tycheion, dont il reste une élévation maximale de 6,95 mètres, est en rui-nes. De nombreux blocs et colonnes gisent sur le sol des cours qui l’entou-rent sur ses côtés sud, est et nord, ainsi que sur le passage qui le sépare de l’agora du côté ouest, dans la position où ils sont tombés lors de séismes. ____________________ [12] olbecq et al. 2010, Conclusions et perspectives, p. 36. [13] igls iv, 1317.
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L’objectif de la fouille des années 2009 et 2010 consiste à établir la fonction et la chronologie du bâtiment [14].
En mai 2009, deux sondages ont été pratiqués dans l’esplanade qui sépare la façade orientale du Tycheion de la Grande Colonnade. Un premier sondage a permis d’atteindre les fondations de cette façade, et de dater la construction du pilastre d’angle de la première moitié du iième siècle de notre ère [15]. Le second sondage s’est limité aux couches supérieures du sol de la cour. Ces sondages ont livré 27 monnaies, 12 demi-monnaies et 7 fragments de monnaies.
Description Pouvoir émetteur Date
1/2 SC#4 Haut Empire 5 bc-249
Nummus Constantin I ou II 324-346
Nummus Constans ou Valens 333-378
Nummus Constance II 337-361
Nummus Valens 364-378
Aes 4 éodose II c. 435
Aes 4 Marcien 450-457
Follis Anastase 498-518
Follis Justin I 518-527
Pentanummus
Aes 3 indét.#2
1/2 Aes 3 indét.
Aes 4 indét.#14
Indét.#2
1/2 indét.#7
Fragment#7 Tableau 1 – monnaies [16] de l’esplanade orientale du Tycheion
____________________ [14] Pour une description complète du Tycheion avant la fouille, ainsi que des objectifs
et des travaux de la mission 2009, voir L. olbecq, Le « Tycheion » (secteur T), in rbph 88.
[15] Un tremblement de terre a provoqué de graves destructions à Apamée en 115 de notre ère. La ville a fait ensuite l’objet d’un vaste programme architectural, incluant la reconstruction de la grande rue à colonnade. Le Tycheion aurait été construit à la même époque.
[16] Toutes les monnaies sont reprises dans le catalogue en fin d’article, avec leur numéro d’inventaire, masse, diamètre et axe des coins lorsqu’il est identifiable.
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Les demi-monnaies, particulièrement nombreuses dans ces deux sondages, posent un problème particulier. En effet, on peut avec de la chance attri-buer deux dates aux monnaies de fouille: leur date d’émission, ou du moins les dates de règne de l’empereur à l’effigie duquel elles մեrent frappées, et leur date de perte, déterminée par le matériel et les structures de la couche archéologique où elles ont été retrouvées. Dans le cas de demi-monnaies, il faut y ajouter une troisième date, la date de leur découpage. Ce découpage correspond à une nouvelle émission de ces monnaies, dotées d’une nou-velle valeur faciale. L’opération a pu être pratiquée par des particuliers ou par une instance officielle [17]. L’explication la plus souvent avancée pour ces demi-monnaies consiste à dire qu’elles visaient à pallier un manque de pe-tite monnaie dans la circulation [18] lorsque l’approvisionnement en mon-naies fraîches était interrompu, souvent à la suite d’événements politiques.
Les archéologues ont daté, sur base de la lecture céramique, lors de la fouille de l’esplanade orientale du Tycheion, la phase d’occupation la plus ancienne de la cour, entre la seconde moitié du premier siècle de notre ère et la première moitié du second. Trois au moins des demi-monnaies SC proviennent de niveaux appartenant à cette phase. Les bronzes au revers SC dans une couronne de lauriers ont été frappés à Antioche du règne d’Auguste à celui de Philippe II, les petits modules (entre c. 8 et c. 4 g) étant émis à partir de 5 bc [19]. Ces monnaies présentent une épaisseur plus im-portante que les Aes 3 tardo-romains, entre 2 et 3 mm. Les lettres SC, cou-pées horizontalement, ou une des deux lettres S et C, purent être lues sur quatre des demi-monnaies trouvées dans ces deux sondages. Six autres demi-monnaies, épaisses de 2 à 3 mm, doivent probablement appartenir au même type. Butcher signale que durant le premier siècle de notre ère, des bronze SC, le plus souvent d’époque julio-claudienne, étaient fréquemment coupés en deux, et qu’on en retrouve régulièrement dans les fouilles d’An-tioche et d’autres sites du proche-Orient. Il s’agissait de produire une dénomination plus petite que celles couramment disponibles dans la circu-lation [20]. Ces demi-monnaies confirment donc la datation de cette phase d’occupation par la céramique. La fouille de l’esplanade a également livré un demi-Aes 3 tardo-romain. Le droit de cette demi-monnaie conserve la représentation du haut de la tête d’un empereur portant un diadème de perles. À proximité a été découvert un Aes 4 de éodose II, que la formule de voeux du revers permet de dater de c. 435 de notre ère. Un autre Aes 4 de ce sondage présente au revers un chrisme qui permet de le dater du
____________________ [17] C’est le cas par exemple des demi-as de Nîmes portant la contremarque DD, De-
creto Decurionum. [18] Voir sur ce sujet Buttrey 1972. [19] Sur les bronzes SC, voir Butcher 2004 et McAlee 2007. [20] Butcher 2004, p. 215.
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ivème ou du vème siècle. Toutes ces monnaies sont très usées et ont circulé longtemps ; rien ne s’oppose à ce qu’elles aient circulé jusqu’au vième ou au viième siècle. Apamée a donc connu au moins deux phases de pénurie de petite monnaie, phases auxquelles les autorités ou les citoyens auraient réagi en coupant des monnaies en deux, une première pour laquelle les bronzes SC formeraient le terminus post quem, et une seconde pour la-quelle notre Aes 3 tardo-romain forme ce terminus.
En mai 2010 [21], deux sondages ont été ouverts entre le Tycheion et le portique ouest de la Grande Colonnade. Le sondage I, pratiqué contre le stylobate de la Colonnade, a fourni six monnaies des ivème et vème siècles. Ces monnaies se trouvaient dans des contextes secondaires, un bronze de Jovien en surface, quatre Aes 4 dans des remblais d’époque islamique, un Aes 4 dans une tranchée antique. Les remblais sont nombreux sur le site d’Apamée. Lors des reconstructions suivant les tremblements de terre, les ruines des bâtiments détruits étaient soit arasées, soit déplacées afin de dégager le sol rocheux du plateau pour y construire les nouveaux édifices. Dans le cas des constructions les plus tardives, les maisons omeyyades et abbassides, le sol était parfois dégagé jusqu’au pavement byzantin ou romain, qui redevenait ainsi le sol de circulation. Les nombreux remplissa-ges et remblais forment autant de contextes secondaires et contiennent du matériel de différentes époques, grecque, romaine et byzantine. Ceci expli-que en partie le petit nombre de monnaies grecques et du Haut Empire trouvées en fouille sur le site [22]. Certaines de ces monnaies ont dû être retrouvées par les terrassiers antiques et arabes; en témoigne par exemple le follis d’Anastase (no 244 du catalogue, illustré Planche I) percé afin d’être porté comme pendentif. D’autres doivent se trouver concentrées dans les anciens remblais. Les Aes 3 et 4 du Bas Empire, qui ont circulé très long-temps, se retrouvent par contre en grand nombre dans les fouilles. Le son-dage J, pratiqué sur l’emplacement d’une boutique romano-byzantine, transformée à l’époque abbasside, entre la Grande Colonnade et le Ty-cheion, n’a fourni qu’une monnaie, trouvée dans la couche d’humus, un bronze d’Arcadius au type Virtus Exerciti daté de 395-401. Il s’agit du type le plus courant de notre catalogue, qui en compte dix-sept exemplaires, la plupart frappés à Antioche.
En juillet 2010, en pratiquant le relevé et l’enlèvement des colonnes et blocs architecturaux en position de chute autour du Tycheion, les archéo-
____________________ [21] Pour une description complète des travaux de la campagne 2010, voir olbecq et
al. 2010. [22] 38 monnaies grecques signalées et 69 monnaies romaines du Haut Empire et de la
seconde moitié du iiième siècle décrites sur 2.452 monnaies dans le catalogue de Callu 1979 ; 6 monnaies grecques, 3 monnaies du Haut Empire, 4 demi-monnaies SC, 3 antoniniens et un bronze tétrarchique sur 401 monnaies étudiées en 2010.
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logues ont ramassé en surface deux foulous [23] omeyyades ou abbassides dans le secteur H, à l’est du Tycheion, deux monnaies dans la cour sud et une dans la rue transversale qui longe cette cour au sud.
Secteur Description Pouvoir émetteur Date
H nettoyage Fals#2
Sondage I Aes 4 Dynastie constantinienne 324-361
VOT V Jovien Auguste 363-364
Aes 4 indét.#4
Fragments
Sondage J VIRTVS EXERCITI Arcadius ou Honorius 395-408
Nettoyage cour sud 1/2 Aes 3
Indét.
Nettoyage rue transversale
GLORIA EXERCITVS
Dynastie constantinienne 335-341
Tableau 2 – Monnaies des sondages H, I, J ou trouvées en surface
En mai 2010, un premier sondage, K1, a été ouvert dans la cour nord du Tycheion, située entre l’agora à l’ouest et les boutiques de la Grande Colon-nade à l’est. En juillet de la même année, trois autres sondages, K2, K3 et K4, ont été ouverts dans cette même cour, sur une longueur totale de 18,50 mètres. L’objectif de ces sondages était de déterminer la nature et la chro-nologie des différentes phases d’occupation de cette cour. Le sondage K1 a révélé un sous-sol dont les niveaux d’occupation les plus anciens avaient en grande partie disparu, par suite des surcreusements d’époque abbasside. Quatre monnaies ont été trouvées dans ce sondage, dont deux des plus anciennes de notre échantillon. Le grand bronze SC émis sous Trajan, trouvé en surface, et le petit bronze FEL TEMP REPARATIO, trouvé dans la couche d’humus, n’étaient probablement pas dans leur contexte original. Quant à la monnaie civique émise à Apamée, elle provient d’une couche archéologique située sous l’horizon omeyyade, contenant du matériel rési-duel hellénistique et romain du ier au ivème siècles, qui doit sans doute être interprétée comme un contexte secondaire, dépotoir ou remblai. ____________________ [23] Un fals, pluriel falus ou foulous – qui vient du latin follis et d’où vient, via l’arabe
dialectal flouss, signifiant argent, le mot français flouze – est une monnaie califale de bronze.
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Description Pouvoir émetteur Date
Civique Apamée 43-17 bc
SC Trajan 98-117
FEL TEMP REPARATIO Constance II ou Constans 348-361
Aes 4 indét.
Tableau 3 – Monnaies de la cour nord du Tycheion, sondage K1
Les secteurs K2 à K4 sont délimités à l’ouest par le mur du portique orien-tal de l’agora, percé d’une porte et de fenêtres, et dont le premier état date probablement du iième siècle de notre ère. Dans sa dernière phase d’activité, la cour nord du Tycheion était occupée par des habitations d’époque abbas-side réemployant ce mur. Des murets en pierres de remploi délimitent une série de petites pièces aux sols faits de dallages grossiers. Des sols plus anciens, remontant au vième siècle, ont été découverts sous l’horizon omey-yade et abbasside dans les sondages K2 et K4, et une cour au sol fait de dalles de terre cuite dans le sondage K3. La zone a connu une importante phase de réaménagement à la fin du ivème ou au vème siècle, après une phase de destruction majeure. Les surcreusements opérés à différentes époques ont fait disparaître les niveaux antérieurs. Les blocs architecturaux ont été réemployés, tandis que les remblais étaient accumulés à proximité de ces nouvelles habitations.
Le sondage K2, où cinq pièces d’habitation (ou quatre pièces et une étable) ont été identifiées, a livré 38 monnaies. Trois foulous omeyyades ou abbassides ont été trouvés dans les couches supérieures, au-dessus du dallage du vième siècle. Les niveaux inférieurs ont livré un nummus de Constans et une série de petits bronzes du début du vème siècle. Ces petites monnaies de bronze des ivème et vème siècles, nummi, Aes 3 et Aes 4, ont circulé très longtemps. Jean-Pierre Callu estimait cette durée de circulation à un siècle pour 30% des monnaies de fouille d’Apamée émises entre 335 et 364, à 135 ans ou même davantage pour les monnaies du type Gloria Exercitus, et signalait une remarque d’Adelson et Kustas (dans Museum Notes, xi, 1964, p. 16) : « the life of the coinage of the House of Constantine can thus be estimated as roughly 175 years » [24]. Il n’y a pas de solution de continuité entre les nummi tardo-romains et les monnaies de l’Empire d’Orient. L’appelation nummus մեt conservée (ou plus exactement reprise après une interruption mal documentée), les monnaies byzantines consti-tuant des multiples portant au revers l’indication du nombre de nummi qu’elles représentent : M, 40, pour le follis, K, 20, pour le demi-follis, I pour le décanummus et E pour le pentanummus. Appartenant au même système ____________________ [24] Callu 1979, p. 12-14 et note 32 p. 12.
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monétaire, les anciens nummi continuèrent à circuler en tant que fractions des monnaies byzantines, à moins qu’ils n’aient été remis en circulation après une période de décri. Cela explique que l’on trouve ces monnaies, dans un état d’usure rendant souvent leur identification précise impossible, dans des contextes postérieurs de deux à trois siècles à leur date d’émis-sion, et, à Apamée, dans des contextes allant jusqu’au viième siècle.
Les sondages K4, K3 et K2, dans la cour nord du Tycheion. Vue vers le nord
Description Pouvoir émetteur Date
GLORIA EXERCITVS Constans César 333-337
VIRTUS EXERCITI 395-401
GLORIA ROMANORVM Eudoxia 400-404
GLORIA ROMANORVM 406-408
GLORIA ROMANORVM Arcadius 406-408
GLORIA ROMANORVM 406-408
1/2 GLORIA ROMANORUM 406-408
Aes 3 indét. Aes 4 indét.#16
Fals#3
Indét.#2
1/2 indét.#3
Fragment#7
Tableau 4 – Monnaies de la cour nord du Tycheion, sondage K2
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Le sondage K3 a livré quatre monnaies. Un petit bronze constantinien a été découvert sous les dalles de terre cuite formant une cour, ce qui donne à ce dallage un terminus post quem au milieu du ivème siècle. Dans cette cour s’ouvre un accès à une structure souterraine de 1,62 mètre sur 1,20, sur une hauteur de 2,40 mètres. Cette structure, interprétée comme une tombe d’époque hellénistique, peut-être réutilisée comme silo à l’époque abbas-side, a livré un Aes 4 de Valentinien II.
Description Pouvoir émetteur Date
Nummus Dynastie constantinienne 324-361
Aes 4 Valentinien II 388-392
Aes 4 indét.
Indét.
Tableau 5– Monnaies de la cour nord du Tycheion, sondage K3
Le sondage K4 a livré 33 monnaies. Le niveau le plus ancien identifié dans ce secteur est un remblai de nivellement datable des ivème et vème siècles. Ce remblai contenait une monnaie d’argent à légende grecque, très usée, qu’un fragment de légende qui se lit [PHIL ?]OPATOR suggère d’attribuer à la période hellénistique. Le sondage a livré une série de monnaies du Bas Empire, ainsi que trois folles pseudo-byzantins donnant un terminus post quem entre 647 et 660 [25]. Dans les années qui suivirent la bataille du Yarmouk en 636 et la conquête de la Syrie par les Arabes, l’approvision-nement de la région en monnaies byzantines fraîches մեt interrompu, et des imitations de ces monnaies մեrent alors frappées sur place. L’échan-tillon de monnaies de fouille présenté ici contient cinq de ces imitations, toutes de Classe IV, représentant l’empereur debout de face. Le prototype officiel de ces monnaies est le follis de Constant II, qui règna à Constanti-nople de 641 à 668. Ces imitations suivent donc de peu le prototype qu’elles visaient à remplacer dans la circulation monétaire.
Description Pouvoir émetteur Date
2,21 g Hellénistique bc ?
VOT XX Constance II et Constans 347-348
SECVRITAS REIPVBLICAE Valentinien I, Valens ou Gratien 364-375
CONCORDIA AVGGG Gratien, Valentinien II ou éodose I 378-383
____________________ [25] Sur les monnaies pseudo-byzantines et/ou arabo-byzantines, voir Walker 1956 et
Pottier 2008.
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SALVS REIPVBLICAE Valentinien I, éodose I ou Arcadius 388-395
VIRTVS EXERCITI Arcadius ou Honorius 395-401
GLORIA ROMANORVM Arcadius, Honorius ou éodose II 406-408
Aes 4 Marcien 450-457
Follis pseudo-byzantin#3 647-fin 660
Aes 3 indét.
Aes 4 indét.#5
1/2 Aes 4 indét.
Fals#5
Indét.#2
1/2 indét.#4
Fragment#4
Tableau 6 – Monnaies de la cour nord du Tycheion, sondage K4
Le sondage L1, entre la façade occidentale du Tycheion et le stylobate du portique oriental de l’agora, a révélé quatre canalisations de terre cuite, posées entre le ivème et le vième siècles, et un égout en pierre calcaire. Le sondage a atteint les fondations du Tycheion ; l’étude du matériel a permis de proposer une datation d’une première phase du bâtiment au Ier siècle de notre ère. Le nettoyage du soubassement du mur occidental a livré une demi-monnaie illisible, mais dont le diamètre maximal, 27 mm, la masse, 4,93 g, et l’épaisseur, de 2 mm au centre à 5 mm en bordure, m’inclinent à la considérer comme un bronze SC frappé au ier ou au iième siècle de notre ère. Un dichalque civique frappé à Antioche entre 55 et 164, ainsi qu’une monnaie pesant 6,38 grammes, de 22 mm de diamètre et 3 mm d’épais-seur, qui ne peut être postérieure au iiième siècle de notre ère, indiquent également des datations sous le Haut Empire.
L’ensemble du secteur était recouvert par une couche de tuiles prove-nant de la couverture du portique de l’agora, détruit au vième siècle. Plu-sieurs événements bien datés peuvent avoir provoqué cette destruction : les séismes de 526 et 528, ou l’un des deux sacs d’Apamée par les Perses, en 573 ou en 610. La monnaie datée la plus récente exhumée dans le sondage L1, un bronze théodosien, a été frappée au plus tard en 408. Quant aux monnaies indéterminées, elles ne peuvent en aucun cas être de grands folles byzantins, postérieurs à la réforme de 498. Le matériel numismatique du sondage L1 ne s’oppose donc pas à la datation de la destruction du portique au début du vième siècle, en 526 ou 528.
monnaies des fouilles d’apamée (2005-2010) 163
Le sondage L1. Vue vers le sud
Description Pouvoir émetteur Date Civique Antioche 55-164
Antoninien Probus 276-282
SALVS REIPVBLICAE 388-402
VIRTVS EXERCITI Arcadius 395-401
VRBS ROMA FELIX Arcadius, Honorius ou éodose II 404-408
Aes 3 indét. 1/2 Aes 3 indét. Aes 4 indét.#22
Indét. 6,38 g Indét.
1/2 4,93 g 1/2 indét. 1/4 indét.
Fragment#10
Tableau 7 – Monnaies trouvées entre la façade occidentale du Tycheion et l’agora, sondage L1
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Hellénistique Haut Empire Bas Empire Empirebyzantin
Califat
Tableau 8 – Chronologie des monnaies du Tycheion
les monnaies du quartier nord-est
Façade de la salle centrale du complexe thermal. Vue vers le nord
Nombre de monnaies par périodes
monnaies des fouilles d’apamée (2005-2010) 165
On appelle Quartier Nord-Est une zone fouillée de 2003 à 2010 et qui est délimitée au nord et à l’est par la rue bordant le rempart, au sud par la première rue ouest-est à partir de la porte nord, et à l’ouest par la Grande Colonnade. Ce quartier comprend un vaste complexe thermal dont la première phase de construction identifiée dans les fouilles date de la pre-mière moitié du iième siècle de notre ère. Ce complexe a été édifié au début de la phase de reconstruction qui a suivi le séisme de 115, à la même époque que la partie nord de la Grande Colonnade. Le complexe thermal a fait l’objet de plusieurs phases de réaménagement du iiième au vème siècles. Aux vième et viième siècles, l’espace balnéaire s’est rétracté, et l’activité ther-male s’est arrêtée au milieu du viième siècle. Le site a été réoccupé et a servi d’habitat à l’époque islamique, avant d’être abandonné dans le courant du xivème siècle [26]. Ces réaménagements successifs ont produit des rehausse-ments de niveau et des comblements, de sorte que la nature de beaucoup de contextes archéologiques consiste en remblais. Si l’on excepte un bronze de Séleucos Ier, certainement en contexte secondaire, le matériel numis-matique trouvé dans le complexe a été émis de la seconde moitié du iième siècle de notre ère jusqu’à la période abbasside.
Description Pouvoir émetteur Dates
Zeus/foudre Séleucos I c. 300-281 bc
Bronze SC Lucius Verus 161-169
Antoninien Probus 276-282
CONCORDIA MILITVM Maximien Hercule c. 296
Fraction de follis Maximin Daza (civique) 312
IOVI CONSERVATORI Licinius 313-317
GLORIA EXERCITVS#2 330-341
Nummus Constantin divinisé 337-340
FEL TEMP REPARATIO 348-361
FEL TEMP REPARATIO Constance II 351-361
CONCORDIA AVGGG Valentinien II 378-383
CONCORDIA AVGGG 378-383
SALVS REIPVBLICAE éodose I 383-392
SALVS REIPVBLICAE 383-402
____________________ [26] Voir sur le complexe thermal du Quartier Nord-Est Paridaens & Vannesse 2009, et
sur l’ensemble du Quartier Viviers & Vokaer 2005 et rbph 85, 86, 87 et 88.
166 christian lauwers
VICTORIA AUGG 383-402
VIRTVS EXERCITI#3 Arcadius 395-401
VIRTVS EXERCITI#3 395-401
Aes 3 éodose II 408-450
1/2 follis Anastase 498-518
Follis Justin I 518-527
Follis Justin II et Sophie 565-578
Follis Maurice Tibère 583-584
Follis#2 Héraclius et Héraclius Constantin 613-641
Follis Héraclius et Héraclius Constantin 614-615
Follis indét.
Pentanummus
Aes 3 indét.#4
Aes 4 indét.#34
Fals#11
Indét.#11
1/2 indét.
Fragment#8
Tableau 9 – Monnaies du complexe thermal
Toujours dans le Quartier Nord-Est, au sud du complexe thermal, une série de sondages ont mis au jour les portiques d’une grande cour identifiée comme une palestre, réoccupée à l’époque médiévale, et un édifice byzan-tin au sol dallé, de fonction indéterminée, qui a connu différents réaména-gements jusqu’à l’époque abbasside. Les remblais ont livré trois monnaies séleucides, émises sous Antiochos Ier, Alexandre Balas et Démétrios II. Ces trois monnaies, ainsi que le bronze de Séleucos Ier trouvé dans le complexe thermal, témoignent d’une occupation d’Apamée à l’époque hellénistique – mais rien ne permet de préciser la nature de cette occupation, les struc-tures les plus anciennes retrouvées dans les fouilles datant de l’époque romaine, ni même sa situation, les matériaux des comblements pouvant avoir été apportés d’un autre secteur de la ville. Les niveaux les plus anciens fouillés jusqu’à présent dans ce secteur remontent au ivème siècle. À l’ex-ception d’un antoninien très usé de Valérien, les monnaies trouvées dans ces deux bâtiments et identifiées ont toutes été émises entre le ivème et le viiième siècles de notre ère.
monnaies des fouilles d’apamée (2005-2010) 167
Description Pouvoir émetteur Dates Bronze à l’éléphant Antiochos I 281-261 bc
Zeus/Victoire Démétrios II 129-128 bc
Corne d’abondance Alexandre Balas 128-122 bc
Antoninien Valérien 253-260
Nummus Crispus César 317-326
FEL TEMP REPARATIO 348-361
Aes 2 Flaccilla 379-383
VIRTVS EXERCITI Arcadius 395-401
Follis Anastase 498-518
Décanummus Anastase 498-518
Follis Héraclius et Héraclius Constantin 613-641
Follis Héraclius et Héraclius Constantin 622-623
Follis Imitation 647-660
Follis#2 Constant II 651-656
Pentanummus#2
Aes 4 indét.#9
Fals#2 Omeyyades 699-750
Fals
Tableau 10 – Monnaies de la palestre
Description Pouvoir émetteur Dates
GLORIA EXERCITVS Constantin I 330-335
VIRTVS EXERCITI Arcadius 395-401
GLORIA ROMANORVM 406-408
Aes 4 Zénon 474-491
Follis Héraclius et Héraclius Constantin 613-641
Follis Imitation 647-660
Pentanummus indét. 1/2 Aes 3 indét. Aes 4 indét.#3
Fals#7
Indét.
Tableau 11 – Monnaies du bâtiment byzantin
168 christian lauwers
Trois sondages ont été pratiqués dans la rue E2 qui forme la limite sud du Quartier Nord-Est [27]. La tour 2, saillant du mur d’enceinte au nord du complexe thermal, a également été fouillée. La rue n’a pratiquement livré que de très petites monnaies, pour la plupart dans un état d’usure empê-chant toute identification.
Description Pouvoir émetteur Dates
Rue E2
VOT XX MULT XXX Constant et Constance II 347-348
VIRTVS EXERCITI#3 Arcadius 395-401
GLORIA ROMANORVM 406-408
Aes 4 éodose II 425-435
Aes 4 Marcien 450-457
Follis Constant II 641-668
Pentanummus#2
Aes 4 indét.#31
Fals#3
Indét.#3
Fragment#4
Tour 2
Nummus Constantin déifié 337-340
Aes 4 indét.#3
Tableau 12 – Monnaies de la rue E2 et de la Tour 2
____________________ [27] Apamée étant bâtie sur un plan hippodamien, les fouilleurs ont baptisé les rues à
l’est de la Grande Colonnade E suivi d’un numéro d’ordre à partir de la Porte nord. La rue qui longe le rempart est donc la rue E1, la rue suivante E2, etc.
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Hellénistique Haut Empire Bas Empire Empirebyzantin
Califat
Si l’on ajoute aux monnaies du Bas Empire les 85 Aes 3 et 4 indéterminés émis aux ivème et vème siècles, les monnaies de cette période forment à nouveau, et de loin, la partie la plus importante de notre échantillon. Les monnaies antérieures au ivème siècle sont résiduelles et proviennent de contextes secondaires, généralement des remblais. Il existe une différence qui peut être significative entre le nombre de monnaies coupées trouvées autour du Tycheion, vingt-cinq demi-monnaies et un quart de monnaie, et les deux demi-monnaies trouvées dans le Quartier Nord-Est. Par contre, des imitations émises entre 647 et 660 ont été trouvées aussi bien sur le site du Tycheion que dans la palestre et la cour byzantine, témoignant de l’oc-cupation des deux zones au début de la période islamique. les monnaies du rempart ouest En 2003, 2006 et 2009, des sondages ont été pratiqués dans le rempart qui fait face à l’acropole, à l’ouest de la cité. Ces sondages ont livré cinq monnaies. Le rempart hellénistique a été réaménagé à l’époque romaine. Un bronze FEL TEMP REPARATIO et un Aes 4 tardo-romain ont été découverts dans un remblai en contact avec le paléosol. Un follis byzantin du début du xième siècle témoigne de la réoccupation de la Syrie du nord par les Byzantins dans la seconde moitié du xème siècle, avant la conquête turque de la fin du xième siècle.
Nombre de monnaies par périodes
Tableau 13 – Chronologie des monnaies du Quartier Nord-Est
170 christian lauwers
Description Pouvoir émetteur Dates FEL TEMP REPARATIO (Phénix) Constant ou Constance II 346-350
Aes 4 indét.#2
Follis Basile II et Constantin VIII 1020-1028
Indét.
Tableau 14 – Les monnaies du Rempart Ouest les ateliers Les bronzes de notre échantillon émis au nom des rois séleucides provien-nent de Syrie du Nord, trois d’Antioche, qui dès le début de la période hellénistique dut être l’atelier principal de la région, et un de Séleucie de Piérie, le port d’Antioche. Un bronze civique a été frappé à Apamée après la conquête de la Syrie par Pompée en 64 avant notre ère. Les autorités provinciales du Haut Empire ont poursuivi la politique monétaire séleu-cide, et l’atelier d’Antioche continua à approvisionner la Syrie en monnaies provinciales jusqu’à la fin du règne de Valérien, en 260 de notre ère [28].
Ateliers Hellénistique Haut Empire Bas Empire Empire byzantin Totaux Antioche 3 7 16 1 27
Séleucie de Piérie 1 1
Apamée 1 1
Constantinople 4 15 19
Alexandrie 2 2
Cyzique 2 2
Lyon 1 1
Siscia 1 1
Nicomédie 1 1
Tableau 15 – Les ateliers monétaires
Le Bas Empire connut une standardisation et une décentralisation de la frappe des monnaies, les mêmes types étant désormais frappés dans tout l’Empire. À l’exception d’une monnaie frappée à Lyon et une à Siscia, tou-tes les monnaies des ivème et vème siècles pour lesquelles le lieu de produc-tion a été identifié proviennent de la moitié orientale de l’Empire. À cette époque, Antioche est toujours le centre d’approvisionnement principal de la région. À partir de la réforme monétaire d’Anastase, en 498, Constan-tinople prend le relais, et quinze monnaies byzantines sur les dix-sept dont le lieu de production a été identifié proviennent de la capitale de l’Empire d’Orient. Ceci montre bien « la supériorité absolue de cette ville en tant ____________________ [28] McAlee 2007, p. 390-391.
monnaies des fouilles d’apamée (2005-2010) 171
qu’atelier monétaire central de l’Empire byzantin [29] ». Les monnaies exhu-mées à Hama, l’antique Emèse, à 65 km au sud d’Apamée, montrent le même schéma : l’atelier représenté le plus fréquemment à l’époque romaine est Antioche, supplanté ensuite par Constantinople [30]. conclusion L’échantillon de monnaies de fouille étudié ici est le second en volume après celui que Jean-Pierre Callu a publié en 1979 [31]. Les deux échantillons offrent de grandes similitudes : les pourcentages sont identiques ou très proches pour la période hellénistique, le Haut Empire (jusqu’à la fin du iiième siècle de notre ère) et l’Empire byzantin. Les monnaies des ivème et vème siècles dominent très largement les deux échantillons. Cela est dû, comme l’a fait remarquer Callu, au fait que la plupart des chantiers de fouille sont datables du Bas-Empire [32]. Pour les contextes des monnaies de cet article, les secteurs fouillés ont connu leur principale période d’activité entre le iième et le viième siècles de notre ère, mais ont connu des occupa-tions jusqu’à l’époque médiévale, le xivème siècle pour les thermes du Quar-tier Nord-Est, l’époque abbasside pour la cour nord du Tycheion. Ceci explique sans doute la plus grande proportion de foulous omeyyades et abbassides provenant des fouilles des années 2000, 9% contre 3,6% dans les fouilles de 1966-1971. Une différence peut-être plus significative est le nombre inhabituel de monnaies coupées en deux – au moins quatre bron-zes SC du Haut Empire, peut-être jusqu’à dix, et quinze nummi et Aes 3 du Bas Empire – découvertes autour du Tycheion. Ces différences mises à part, l’échantillon de monnaies de fouille présenté ici, s’il élargit le nombre de nos données et notre connaissance de leur contexte archéologique, pré-sente un faciès largement similaire à l’échantillon publié par Callu en 1979.
Fouilles Hellénistique Haut Empire Bas Empire Empire byzantin Califat
1966
-197
1
Nbre 38 69 1.019 153 89
% 1,5 2,8 41,5 6,2 3,6
2005
-201
0
Nbre 6 11 225 28 36
% 1,5 2,7 56,1 7,0 9,0
Tableau 15 – Comparaison des deux échantillons ____________________ [29] omsen 1986, p. 63. [30] Ibid. [31] 401 monnaies à comparer avec les 2.452 de Callu 1979. [32] Callu 1979, p. 9.
172 christian lauwers
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