Les monnaies antiques de la région minière d'Avène et Ceilhes (Hérault), Bulletin de la...

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1 Les monnaies antiques de la région minière d’Avène et Ceilhes (Hérault) Jean-Claude RICHARD RALITE * Bulletin de la Société archéologique et historique des Hauts Cantons de l’Hérault, n° 35, 2012. A la lumière de cinquante-deux monnaies actuellement mises au jour dans la contrée d’Avène et de Ceilhes, aperçu de la circulation monétaire locale du II ème siècle avant notre ère jusqu’au I er siècle apr. J.-C. La région d’Avène est connue des numismates depuis longtemps en raison de la découverte, en 1843, d’un des rares statères originaux de Philippe de Macédoine 1 . Mais ce n’est que dans les années entre les deux guerres mondiales que le docteur Jules Brunel (1881-1964) se livra à de nombreuses fouilles et études historiques 2 autour de sa résidence du Bousquet- d’Orb à l’intérieur de grottes (à Lunas, Dio-et-Valquières, Le Clapier…) et sur des sites de surface ( Avène, Lunas, Boussagues, La Tour-sur-Orb, Graissessac…) 3 . Après le décès du docteur Brunel et avant la destination définitive qui fut donnée à ses collections par sa fille, celle-ci nous avait confié un lot de monnaies en bronze qui nécessitaient un nettoyage électrolytique qui fut réalisé dans le laboratoire du Musée d’Ensérune par René Bousquet. Ces monnaies ne possédaient plus leur lieu précis de provenance et nous les présenterons en un seul ensemble 4 . Nous avons donc réuni ici toutes les monnaies qui sont parvenues à notre connaissance 5 , récoltées à Avène (Maynes) et à Ceilhes (Mange-Homme, Lascours) en considérant que nous pourrions ainsi avoir une idée mieux établie de la circulation monétaire dans cette zone minière entre la fin du IIème s. av. J.-C. et le début du Ier s. ap. J.-C. I. Les monnaies grecques et numides (Figure 1 ) a) le statère de Philippe de Macédoine (1) D/ Tête laurée d’Apollon à droite. R/ Bige au galop à droite conduit par un aurige avec son fouet ; au-dessous : un canthare ; à l’exergue, en lettres grecques : PH-I-L-I-P-P-O-U R. T. (renseignements techniques) : métal : or ; poids : 8g.60 Références : G. Le Rider, Le monnayage à la mémoire de Hélène Brunel (1908-2009) d’argent et d’or de Philippe II frappé en Macédoine de 359 à 244, Paris, 1997, pl. 67, 443- 466 et p. 176, n° 443, atelier de Pella : 323/322- 315 av. J.-C. ; J. Sills, Gaulish and early British gold coinage, Londres, 2003, p.6, n° 7 ; S. Scheers, Les monnaies celtiques de la collection Barbier-Mueller, Arts et Cultures, 4, 2003, p. 93- 117 ( tableau p. 102). Il reste impossible de savoir à quel moment cette monnaie de haute valeur en métal précieux a pu parvenir dans cette zone. C’est d’ailleurs souvent le cas, en Gaule, des autres monnaies de ces frappes. On sait seulement qu’elles ont donné lieu, depuis le IIIème siècle av. J.-C. à de nombreuses imitations : J.-B. Colbert de Beaulieu, Traité de Numismatique Celtique, I, Paris, 1973, passim.

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1

Les monnaies antiques

de la région minière

d’Avène et Ceilhes(Hérault)Jean-Claude RICHARD RALITE *

Bulletin de la Société archéologique et historique des Hauts Cantons de l’Hérault, n° 35, 2012.

A la lumière de cinquante-deux monnaies actuellement mises au jour dans la contrée d’Avène et de

Ceilhes, aperçu de la circulation monétaire locale du IIème siècle avant notre ère jusqu’au Ier siècle apr. J.-C.

La région d’Avène est connue des numismates depuis longtemps en raison de la découverte, en

1843, d’un des rares statères originaux de Philippe de Macédoine1.

Mais ce n’est que dans les années entre les deux guerres mondiales que le docteur Jules Brunel

(1881-1964) se livra à de nombreuses fouilles et études historiques2 autour de sa résidence du Bousquet-

d’Orb à l’intérieur de grottes (à Lunas, Dio-et-Valquières, Le Clapier…) et sur des sites de surface ( Avène,

Lunas, Boussagues, La Tour-sur-Orb, Graissessac…) 3.

Après le décès du docteur Brunel et avant la destination définitive qui fut donnée à ses collections

par sa fille, celle-ci nous avait confié un lot de monnaies en bronze qui nécessitaient un nettoyage

électrolytique qui fut réalisé dans le laboratoire du Musée d’Ensérune par René Bousquet. Ces monnaies

ne possédaient plus leur lieu précis de provenance et nous les présenterons en un seul ensemble 4.

Nous avons donc réuni ici toutes les monnaies qui sont parvenues à notre connaissance5, récoltées à

Avène (Maynes) et à Ceilhes (Mange-Homme, Lascours) en considérant que nous pourrions ainsi avoir une

idée mieux établie de la circulation monétaire dans cette zone minière entre la fin du IIème s. av. J.-C. et

le début du Ier s. ap. J.-C.

I. Les monnaies

grecques et numides(Figure 1 )

a) le statère de Philippe de Macédoine

(1) D/ Tête laurée d’Apollon à droite. R/

Bige au galop à droite conduit par un aurige avec

son fouet ; au-dessous : un canthare ; à l’exergue,

en lettres grecques : PH-I-L-I-P-P-O-U

R. T. (renseignements techniques) : métal :

or ; poids : 8g.60

Références : G. Le Rider, Le monnayage

à la mémoire de

Hélène Brunel (1908-2009)

d’argent et d’or de Philippe II frappé en

Macédoine de 359 à 244, Paris, 1997, pl. 67, 443-

466 et p. 176, n° 443, atelier de Pella : 323/322-

315 av. J.-C. ; J. Sills, Gaulish and early British

gold coinage, Londres, 2003, p.6, n° 7 ; S.

Scheers, Les monnaies celtiques de la collection

Barbier-Mueller, Arts et Cultures, 4, 2003, p. 93-

117 ( tableau p. 102).

Il reste impossible de savoir à quel moment

cette monnaie de haute valeur en métal précieux a

pu parvenir dans cette zone. C’est d’ailleurs

souvent le cas, en Gaule, des autres monnaies de

ces frappes. On sait seulement qu’elles ont donné

lieu, depuis le IIIème siècle av. J.-C. à de

nombreuses imitations : J.-B. Colbert de Beaulieu,

Traité de Numismatique Celtique, I, Paris, 1973,

passim.

2 Jean-Claude RICHARD RALITE

b) Moyen bronze d’Athènes.

(0) D/ Tête casquée à droite R/ Zeus à

droite, brandissant un foudre ; dans le champ ,

lettres grecques : A/ TH-E ; en bas à gauche,

différent non visible ; à droite, un aigle.

RT. Bronze ; 3,32g, module : 16/18mm ;

épaisseur ; 3,5mm ; direction des coins : 12.

Découverte à Lascours en 1984 (L 84, C3

Z2 19) elle est actuellement non disponible.

Références : J.H.Kroll, The Athenian Agora,

Results of excavations conducted by the American

School of Classical Studies at Athens, 26, The

Greek Coins, Princeton, 1993,pl.8 -9: IIème et

début du Ier siècle av. J.-C.

c) Monnaie numide

(14) D/ Tête laurée du roi à gauche. R/

Cheval au galop à gauche, globule au-dessous

RT. Bronze ; 14,81g : 25/26 ; 3,5 ; 11

Références : J. Mazard 1966 ; J.

Alexandropoulos, Les monnaies de l’Afrique

antique, 400 av. J.-C.—40 ap. J.-C, Toulouse,

2007, 2ème édition, p.397, n° 18-b : « Massinissa

et ses successeurs (203- ? av. J-C) » et p. 149-171

(203-60 av. J.-C.)

II. Les monnaies de

J.Brunel(Figure 1 )

(15) Moyen bronze de Marseille au taureau

cornupète. D/Tête à gauche. R/ Taureau cornupète

à droite, à l’exergue, en lettres grecques :

[M]ASS[A].

RT. Bronze, 3,91g ;18 ;2,5 ;4

(16) Petit bronze de Marseille au taureau

cornupète. D/ Tête à droite,derrière lettre grecque :

Sigma ou Xi. R/ Taureau cornupète à droite, type

B, à l’exergue Sigma ou Xi-Alpha : Dictionnaire

2011 : PBM 53 : 100-70 av. J.-C.

RT. Bronze, 1,63g.

(17) Moyen bronze de Marseille au taureau

cornupète

RT. 1,85g (incomplet)

(18) Unité des Longostalètes. D/ Buste à

droite, derrière : un caducée ; devant, en lettres

grecques : [B] Omega [KIOC] R/ Trépied, de part

et d’autre, en lettres grecques [LOGG]OC[TA] //

L[HTON], et en lettres ibériques BI-U-R {BI].

RT. 11,36g ; 24/25 ;3 ; 4. Dictionnaire 2011

: IBL 2363 : 150-75 av. J.-C

(19) (20). Unité des Longostalètes. L’usure

ne permet pas de voir la typologie et les légendes

de façon complète.

RT 6,88g. ; 23/24 ; 3 ; 4 ; et 6,82g. ; 24 ; 2;2.

(21) Petit bronze des Volques Arécomiques.

D/ Têté féminine à droite ; légende hors flan R/

Personnage debout à gauche, à droite : [A]REC.

RT 1,53g. ; 14 ; 2 ; 7 . Dictionnaire 2011 :

VLC 2677 : 60-40 av. J.-C.

(22) (23) (24) (25) (27) Dupondius de

Nimes au crocodile. D/ Têtes adossée d’Auguste et

d’Agrippa, légende : IMP/DIVI F et P P (25) R/

Crocodile, palmier et COL NEM.

RT. (22) : 9,45g.(type ?), (23) 6,43g (moitié,

1er type), (24) 11,95g. (2ème type), (25)

12,39g.(3ème type), (27) 5,70g (moitié) (3ème

type) ( provenance Maynes, R.Gourdiole)

Références :

(26) As d’Auguste à l’autel de Lyon. D/

Buste d’Auguste à droite, à gauche :CAESAR à

droite : PONT MAX. R. Autel de Lyon [ROM ET

AVG]

RT 7,78g.

Références : J.-B. Giard, Monnaies de

l’Empire romain, I, Auguste, Catalogue, Paris,

2OO1, p.211 et sq. : 10-7 av. J.-C.

3Les monnaies antiques de la région minière d’Avène et Ceilhes

Figure 1 : Monnaies des mines Avène-Ceilhes 1-27, grecques, numides et fouilles J. Brunel

(© clichés J.-C. Richard, 2012)

4 Jean-Claude RICHARD RALITE

la marque d’une unité : J.Ferrer i Jané, Sistemes de

marques de valor lèxiques en monedes ibèriques,

Acta Numismatica, 37,2007, p.53-73 et La lengua

de las leyendas monetales ibéricas, La moneda de

los iberos,Ilturo y los talleres layetanos,

2012,p.28-43 ; Villaronga 1994, p.439 :fin du

IIème siècle av. J.-C.

(4) Quinaire d’Auguste. D/ Tête nue à

droite, légende hors flan : [CAESAR IMP VII] R/

Victoire sur un ciste à gauche avec deux serpents :

[ASIA] RECEPTA

RT. Argent, 1,09g ; 13/14 ; 1 ; 2.

Références : Roman Imperial Coinage, I,

Londres, 1984,p.61, n° 276 : 29/26 av. J.-C. ;J.-B.

Giard, Bibliothèque Nationale, Monnaies de

l‘Empire romain, I, Auguste, Paris, 2001, p.143, n

° 899-904 : août 29 et attribution à l’atelier

d’Ephèse ; C.E.King, Roman quinarii from the

Republic to Diocletian and the Tetrarchy, Oxford,

2007, p.87 et 267,n° 1 : 29--, atelier occidental.

(5) As d’Auguste à l’autel de Lyon. D/

Buste à droite. R/Autel de Lyon probable.

RT. Bronze, 9,08g ; 21/23 ; 3,5 ; 9

Références. Cf. n° (26)

(6) Monnaie fruste

RT. Bronze ; 3,15g ; 21 ; 2 ; --.

(7) Dupondius de Nimes au crocodile. D/

Bustes adossés d’Auguste et d’Agrippa, légende :

IMP DIVI F et, éventuellement : PP. R/ Crocodile

et palmier, légende : COL NEM.

RT. (7) Bronze, 3,76g (moitié) ; 24 ; 2,5 ; --

(8) (9) As de la République romaine. D/

Tête de Janus. R/ Proue à droite, à l’exergue :

ROMA

RT. (8) Bronze, 8,81g (moitié) ; 29 ; 4 ; 4.

(9) Bronze, 22,95g ; 30/31 ; 4,5 ; 4

Références. As oncial, IIème-début Ier

siècle av. J.-C.

(10)-(35) Dupondius de Nimes au

crocodile. D/ Buste d’Auguste et d’Agrippa à

droite, IMP DIVI F, avec P P pour le troisième type

.R/ Crocodile et palmier, COL NEM.

RT. (10) bronze, 5,57g(moitié) ;27 ;3,5 ;3

(2ème type probable); (13) bronze, 12,58g; 25;4;12

(3ème type) ;

III. Monnaies des fouilles

archéologiques sur les sites

de Mange-Homme (1-3 et 36)

et de Lascours (4-35)

( Figure 2 et 3 )

(1) Monnaie à la croix ; D/ Tête à gauche,

mal empreinte. R/ Dans deux cantons visibles

d’une croix une hache et un cercle punctiforme.

RT. Argent fourré, 1,31g ; 11/14 ; 2 ; 5.

(2) Monnaie à légende ibérique EKANA. D/

Tête masculine à droite, à gauche : un dauphin, à

droite, un différent mal empreint. R/ Cavalier à

droite portant une lance, la légende de l’exergue

est hors flan.

RT. Bronze, 6,29g ; 21/22 ; 3 ;6.

Références : D’après une communication de

L.Villaronga, il pourrait s’agir d’une imitation et la

légende ibérique initiale aurait été : EKANA,

début du Ier siècle av. J.-C. : Villaronga 1994,

p.440,n°5 et Villaronga 2011 p.L543,n° 2711

(3) Monnaie numide. D/ Tête laurée à

gauche avec une barbe pointue, dans un grènetis.

R/ Cheval galopant à gauche.

RT .bronze, 13,04g ; 24/25 ; 4 ; 12.

Références : B. Fischer, op.cit.p.111, n° 54 ;

J. Alexandropoulos 2007,p.153-155 et 397-398 :

Massinissa ou Micipsa (203-118 av. J.-C.)

(36) Monnaie à légende ibérique :

Biricanti() ; D/ Tête à droite dans un grènetis, à

droite, en lettre ibériques : E-BA. R/ Taureau

bondissant à droite, au-dessus, une couronne ; à

l’exergue, en lettres ibériques :

BI-R-I-CA-N- [TI-N ou -O].

RT. Bronze, 9,48g ; 24,5 ; 3,6 ; 8. Cette

monnaie a été découverte en 1987 dans un

dépotoir.

Références : J.-C.Richard, Les monnaies à

légende ibérique Biricantin/Biricantio/Biricatio de

la Gaule du Sud, II Simposi Numismatic de

Barcelona, Barcelone, 1980,p ;23-29,pl.1-2.Ces

monnaies ont été frappées dans la zone Béziers-

Narbonne et elles pourraient même correspondre à

Béziers. Sur les signes E-BA qui correspondent à

Les monnaies antiques de la région minière d’Avène et Ceilhes 5

Figure 2 : Monnaies des fouilles des sites de Mange-Homme et Lascours 1-21.

(© clichés J.-C. Richard, 2012)

Jean-Claude RICHARD RALITE6

Figure 3 : Monnaies des fouilles des sites de Mange-Homme et Lascours 22-36.

(© clichés J.-C. Richard, 2012)

7Les monnaies antiques de la région minière d’Avène et Ceilhes

(14) bronze, 11,41g ;25/26 ;3 ;8 (1er type) ;

(16) bronze, 11,97g ;27 ;4 ;8 (2ème type) ; (17)

bronze, 2,74g (moitié) ;22 ;2 ;11 (1er type

probable) ; (18) bronze, 11,29g ;25/26 ;4 ;8 ( 2ème

type) ; (19) bronze, 4,03g (moitié) ;24,3 ;1 (1er

type, sur le crocodile contremarque circulaire

D/D) ; (21) bronze, 12,38g ;26/27 ;3,5 ;7 (2ème

type) ; (22) bronze, 6,55g ;24 ;3 ;2 (1er type, il peut

s’agir d’une imitation) ; (24) bronze,15,47g ;26 ;4 ;7

(1er type) (35) bronze,10,97g ;26 ;3,5 ;11 (1er

type).

Références : supra (22)-(27).

(11)-(33) .As d’Auguste à l’autel de Lyon.

D/ Tête laurée d’Auguste à droite, CAESAR

PONT MAX. R/ Autel de Lyon, à l’exergue : ROM

ET AVG

RT. (11) bronze,4,86g ;22/23 ;2 ;-- ; (20)

bronze, 6,49g ;25 ;2,5 ;2 ; (23) bronze,9,27g ;27 ;3

;7 ; (25) bronze,7,98g ;25/26 ;3 ;11 ; (26)

bronze,8,01g ;25/26 ;3 ;-- ; (28) bronze, 9,33g

;23/25 ;3 ;-- ; (30) bronze,7,59g ;22/25 ;3 ;-- ; (33)

bronze,7,65g ;27 ;3 ;8.

Références : supra (26).

(12)-(32). Bronzes frustes qui peuvent

correspondre à des monnaies au crocodile ou à des

monnaies à l’autel de Lyon.

RT. (12) 4,48g(moitié) ;23 ;3 ;-- ; (27) 7,66g

;24/25 ;3 ;-- ; (29) 7,11g ;25/26 ;2 ;-- ;(32) 1,57g

–moitié) ;18 ;2 ;--.

(31) As de Narbonne à légende CAESAR.

D/ Buste à droite, derrière CAESA[R] .R/Proue de

vaisseau à droite.

RT. Bronze, 15,40g; 28/29 ;4 ;3.

Références : M. Amandry, J.-N. Barrandon,

J.-C.Richard, Les as d’octave à la proue émis à

Narbonne en 40 avant J.-C., Revue archéologique

de Narbonnaise, 19,1986, p.57-77 : « ces

monnaies contiennent une quantité faible et

constante d’étain et des teneurs importantes en

plomb (entre 20 et 30%) »

(34) As de la république romaine. D/ Moitié

de la tête de Janus. R/ Proue à droite, devant : une

ancre.

RT. Bronze, 9,54g (moitié) ; 31 ; 3,5 ; --.

Références : plusieurs émissions présentent

une ancre au revers entre 209 et 113 avant J.-C.

Autres monnaies

A ces monnaies, bien individualisées et

disposant de coordonnées précises, on peut

rattacher, pour la forme, trois ensembles qui ne

seront pas intégrés ici à cette étude : cinq monnaies

qui se trouvaient dans des plateaux de matériel

archéologique6, seize monnaies provenant de

divers sites et collections (A à P)7 et vingt et une

qui font partie des collections de la Société

Archéologique et Historique des Hauts Cantons8,

la plupart provenant probablement de la zone

minière mais comme elles sont déjà représentées

dans les monnaies qui viennent d’être cataloguées

nous avons préféré les laisser en dehors de cette

étude.

Il est difficile de tirer des conclusions

détaillées sur cinquante monnaies dont l’émission

s’étend sur plusieurs siècles. On peut cependant

constater qu’elles couvrent une circulation de la

fin du IIème av. J.-C. -- première moitié du Ier

siècle av. J.-C., d’une part ( 16 exemplaires) et,

d’autre part, de la fin du Ier siècle avant -- début

du Ier siècle ap. J.-C. ( 34 exemplaires) avec une

large prédominance des monnaies de Nimes au

crocodile. Ces indications chronologiques

correspondent aux résultats obtenus par le reste du

matériel archéologique.

Les deux monnaies d’origine grecque dont

il est impossible de préciser ni l’itinéraire ni les

dates d’arrivée constituent des raretés dont il serait

imprudent de vouloir tirer des conclusions

précises. Il en est de même pour les deux monnaies

numides dont la présence, parfois marquée

seulement par un exemplaire, a été constatée sur de

nombreux sites archéologiques9.

Il convient de remarquer aussi la très faible

part des monnaies de Marseille (trois), réduite ici

aux bronzes, alors que ces monnaies constituent

ailleurs, et aux mêmes époques, un pourcentage

considérable de la circulation. De même aussi, les

monnayages ibériques et « ibéro-languedociens »

(quatre) restent très faibles sans évoquer même les

monnaies à la croix (une) ! Les trois monnaies de

bronze de la République romaine peuvent avoir

circulé à la fin du Ier siècle av. J.-C. avec le

bronze CAESAR/Proue.

8 Jean-Claude RICHARD RALITE

En réalité c’est, ici, avec la période

augustéenne et ses monnaies coloniales de Nimes

(dix sept) et de Lyon (dix) que les sites entrent

dans une circulation « normale » telle qu’on la

retrouve sur l’ensemble des sites de la Province.

Les sites miniers d’Avène et Ceilhes ont

déjà apporté des éléments numismatique encore

inconnus avec leurs premières fouilles :il est clair

que de nouvelles recherches et découvertes seront

nécessaires pour donner un tableau beaucoup plus

satisfaisant de la circulation monétaire dans ces

hauts Cantons.

Conclusions

L’importance des mines dans le monde

antique, depuis la Préhistoire, a été mise en

lumière par de nombreuses études consacrées aux

mines elles-mêmes ou à l’économie antique10. Les

recherches archéologiques récentes, en particulier

depuis les années soixante dix, ont révélé les

systèmes d’exploitation, les installations, les

circuits commerciaux —y compris les lingots

découverts dans des épaves— et permis des

synthèses qui ont renouvelé nos connaissances11.

L’ensemble des exploitations de la région

Avène-Ceilhes a révélé une nouvelle société

minière, grâce à des plombs inscrits12, qui a permis

de réexaminer le rôle de Rome non seulement

depuis la conquête de la Narbonnaise et la

fondation officielle de Narbonne mais aussi dans

les années antérieures en reposant, après Ch.Ebel,

la question du statut de l’espace géographique,

entre Pyrénées et Rhône, avant ces

évènements13.Les richesses minières de cet arrière

pays n’ont pas manqué d’intéresser les

entrepreneurs romains qui ne se seraient donc pas

seulement mis en devoir d’exploiter, directement

ou indirectement, les plaines mais aussi des zones

« reculées » dont les produits pouvaient venir

rapidement au profit de Rome.

Les découvertes monétaires viennent donc

contribuer directement à cette connaissance de

l’économie antique dans la phase ancienne de la

colonisation car leurs bornes chronologiques, à cet

endroit, semblent se situer entre la fin du 2ème

siècle et la première moitié du 1er siècle, avec,

bien entendu, des suites jusqu’au début du 1er

siècle après J.-C.

Les matériels archéologiques —les

amphores en particulier— et les habitats sur ou

proches des gisements miniers sont directement

issus de productions romaines et il a été possible

de s’interroger sur les hommes qui exploitaient les

galeries et les filons. La présence de quelques

graffites en langue ibérique14 a entraîné une

réflexion en direction des populations de la

Péninsule Ibérique. Mais ce serait oublier que les

sites de la plaine Béziers-Narbonne (Ensérune en

particulier15) ont livré de très nombreux graffites, y

compris sur de la vaisselle « quotidienne » qui

montrent bien que cette langue était là pratiquée

régulièrement depuis longtemps. Il n’est donc pas

nécessaire d’envisager pour ces exploitations une

immigration venue de la Péninsule car, à

proximité, dans la plaine, et aussi dans les zones

des « hauts cantons » il pouvait y avoir sur place,

des porteurs de cette langue qui ont été recrutés

pour assurer la mise au jour des richesses enfouies.

On ne saurait ici oublier les débats récents

sur les Rutènes provinciaux16 : la zone minière

d’Avène-Ceilhes avec la Société d’exploitation

représente donc un apport nouveau à ce débat car

elle montrerait que l’extension de la partie des

Rutènes enlevée aux Rutènes libres ne serait pas

seulement réduite à l’espace entre le Tarn et le

Larzac méridional mais qu’elle pouvait donc

s’étendre beaucoup plus à l’Ouest. De plus,

l’annexion de ce territoire à la Province devrait

être placée beaucoup plus haut qu’on le l’estimait

jusqu’alors et, probablement, au moins au début du

1er siècle avant sinon même à la fin du 2ème

siècle17.

L’exploitation économique de la Province

n’a certainement pas été un mouvement long à se

mettre en marche et qui ne deviendrait efficace

qu’à partir d’Auguste, mais les découvertes

archéologiques et numismatiques associées à la

réflexion historique, montrent bien la précocité et

la détermination de Rome vis-à-vis de territoires

dont les richesses devaient directement contribuer

à son impérialisme18.

Les monnaies antiques de la région minière d’Avène et Ceilhes 9

© Bernard Léchelon, Argent rutène et entrepreneurs romains aux confins de la Transalpine,

Les Rutènes,Bordeaux, 2011,p. 264, fig. 9 et 10).

Sites miniers : 1. Labaume, 2. Bouco-Payrol, 3. Faulat, 5. Cénomes, 6. Bayles, 7. Tieules, 8. Maynes, 9. La

Rabasse, 10. Vinas, 11. Le Pradal, 12. Lamalou, 13. Landas.

(Seule une activité au 1er siècle apr. J.-C. a été archéologiquement attestée à ce jour dans les chantiers de Maynes,

de La Rabasse, de Vinas et du Landas)

Sites métallurgiques : d. Fang, e. Mourgis, f. Vinas.

Habitats : A. Lascours, B. Fang.

10 Jean-Claude RICHARD RALITE

Notes et références

1. Figure 1-1bis. Il est le numéro 1 de la planche I de A. Blanchet,Traité des monnaies gauloises, Paris, 1905

et p.211 qui renvoie à E. Bonnet, Médaillier de la Société Archéologique de Montpellier, 1896, p. 57, n° 1083 et

planche I. Dans ce catalogue se trouve sous le numéro 722, provenant aussi de l’ancienne collection A.Ricard, une

imitation (planche I,722) aux mêmes types que le statère macédonien (8gr.45) sans provenance indiquée et qui est

une imitation avec aussi le différent (= marque de l'atelier) du canthare (Figure 1, 1bis) : S. Scheers, Les imitations

en Gaule du statère de Philippe II de Macédoine, Proceedings of the International Numismatic Symposium 1976,

Budapest, 1980, p.41-53, pl. V-IX.

Les numéros entre parenthèses et en gras qui accompagnent les monnaies correspondent à ceux des figures.

2. Le passé de la haute vallée de l’Orb d’après l’oeuvre du docteur Jules Brunel (1881-1964), Bédarieux,

1989.On y ajoutera l’information donnée par le docteur Brunel en 1923 à la Société Française de Numismatique

(Revue Numismatique,1923,p.228) de la découverte à Ceilhes d’un trésor de 200 monnaies en argent du XVIème

siècle, trésor qui n’est pas autrement connu et qui n’a pas eu de publication détaillée.

3. Ces recherches ont donné lieu à plusieurs articles et ont été recensées dans la Carte archéologique de la

Gaule romaine, X, Hérault, Paris, 1946, p.23, 24 et 47 : Avène, La Rabasse (p.23,n°76) : 1 monnaie des Longostalètes

(Bokios) ;Lunas, Taillevent (p.24,n° 76b) : un demi as de Nimes; et à Caunas : une monnaie de Faustine l’ancienne ;

Ceilhes, Lascours (p.24,n° 77) : « nombreux as de Nimes, plusieurs de Vienne (tête d’Auguste et proue avec tête de

bélier, plusieurs as à l’Autel de Lyon,7 Longostalètes, 1 Volques Arécomiques, plusieurs Massalia » ; La Tour-sur-

Orb, Le Pradal (p. 47,n° 131): « bronze Emporium, as Col Nem, monnaie de Tibère, monnaie d’Alexandre Sévère ».

On se reportera aux notices récentes de L.Schneider et D.Garcia, Carte archéologique de la Gaule, Le Lodévois, 34/1,

Paris, 1998 : Avène (p.136-138) et Ceilhes-et-Rocozels (p.157-159) ainsi qu’au chapitre de synthèse, p.53-66 : La

Transalpine minière :des Monts d’Orb au bassin de Lodève, par R. Gourdiole et Chr. Landes ; R. Gourdiole et

Chr.Landes, Lascours, Ceilhes-et-Rocozels(Hérault), J.-L.Fiches et alii, Les agglomérations gallo-romaines en

Languedoc-Roussillon,I, Lattes, 2002,p.271-281.. Ces quatre contributions nous dispensent de reprendre, ici, le

dossier des fouilles dont les présentes monnaies sont un des résultats.

4. Ces monnaies correspondent probablement à certaines de celles qui ont été signalées supra. Parmi ces

monnaies un bronze a été attribué aux « Massyles de l’Est » (Bulletin de la Société Française de Numismatique, 21,

1966, p.32-33, N° 56bis du Corpus de J. Mazard) et nous l’avons signalée ultérieurement (Revue archéologique de

Narbonnaise, 3, 1970, p. 197-198. La publication des autres monnaies avait été reportée, d’un commun accord, pour

attendre les résultats des importantes fouilles archéologiques conduites sur les sites miniers.Cet exempalire a été

recensé par B. Fischer,Les monnaies antiques d’Afrique du Nord trouvées en Gaule, Paris, 1978, p.108, n° 52.

5. Nous devons la connaissance des monnaies et des sites miniers à de nombreuses personnes que nous

remercions ici : Dr.H.Brunel, R.Guiraud, R.Gourdiole, Chr.Landes, M.Scanzi, L.Pernet, Mario Marco

L’étude scientifique n’aurait pas été possible sans les diverses collaborations de + J.-B. Colbert de Beaulieu,

M.Amandry, F.Duyrat, Chr. Flament, J.Mazard, J. Alexandropoulos, S. Scheers,G.Gentric, M.-L.Bonsangue,

B.Léchelon…

6. Il s’agit d’une monnaie de Nimes au crocodile (1er type) (9,17gr;LASCOURS 86 S 1 1248) ;d’un as

probable à l’autel de Lyon (6,70gr ;LASCOURS 993.99.1 ; I 85, 2a caniveau) ;d’un petit bronze fruste (2,55gr ;

LASCOURS 993 97 1 LAS 85 II Z1 C2) ; d’un petit bronze probable des Volques Arécomiques ( 1,38gr ;

LASCOURS Zone 100 ds 109 1987) ;et d’un as de Caligula (7,91 ;LASCOURS 987.1.12 1987 ; type RIC I, n° 47

ou 54 39-4O ou 40-41).

Les monnaies antiques de la région minière d’Avène et Ceilhes 11

7. A-C : monnaies à la croix ;D : faux moderne à légende Postumus ;E : Longostalètes à légende Bokioc, ROQ-

5-24) ; F : Caesar/proue (Brunel 21) «Revue Archéologique de Narbonnaise 1986, n°115 »; G : Alexandre Sévère

(Brunel) ; H-I : monnaies de Nimes au crocodile (Brunel); J : as à l’autel de Lyon (Brunel) ; K : monnaie de Nimes

au crocodile (Brunel); L :bronze de Claude II (Carlencas, Courbezou) ;M-N :monnaies de Nimes au crocodile ;O-P :

as à l’autel de Lyon.

8. 1 :petit bronze de Nimes à légende NEM COL ; 2 : bronze du bas-

Empire;6,8,9,11,13,14,15,16,17(moitié),18(moitié),19 (moitié), 20 (moitié): monnaie de Nimes au crocodile ;

21:bronze CAESAR/Proue probable, «Nissergues » Bédarieux) ;22 : bronze à la proue avec « tête de bélier »,

«Nissergues » Bédarieux) ;24 : sextans oncial ,Mercure/Proue ; 6,95gr) ;26 : bronze à l’autel de lyon (perforée : «

près lac d’Avène, au-dessous de Mange-Homme ») ; 29-30 : as à l’autel de Lyon ; 31 : bronze de Postume, R/Laetitia

AVG, galère ; « Mange-Homme).

9. B. Fischer, op.cit.Cette auteure considère que la pénétration de ces monnaies est tardive ce qui est peut être

vrai pour la Celtique mais non pour les territoires du Sud de la Gaule (à Sigean(Aude) à Olonzac(Hérault) ou à Lattes

(Hérault) par exemple) où des monnaies d’Afrique du Nord ont été rencontrées dans une phase d’occupation

antérieure à la fin du IIIème siècle av. J.-C. et au IIème siècle.

10. Cl.Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen, 264-27 avant J.-C., I, Les structures de l’Italie

romaine, Paris,1977, p.146-149 et II, Genèse d’un Empire, Paris,1991, chapitre V, la Gaule Transalpine, par Chr.

Goudineau, L’économie, p.693-694 et bibliographie p.494-495 avec les références pour les mines en Espagne. Voir

aussi : J.Andreau, Recherches récentes sur les mines à l’époque romaine, Revue Numismatique,1989, p.86-112 et

1990,p.85-108 et A. J. Wilson, Machines, Power and the Ancient Economy, Journal of the Roman Studies, 92, 2002,p.

1-32.

11. On trouvera une étude générale et une bibliographie étendue sur le sujet dans le magistral ouvrage de Cl.

Domergue, Les mines antiques, la production des métaux aux époques grecque et romaine, Paris, 2008.Pour la

connaissance d’un site métallurgique voisin : Cl. Domergue et alii, Un centre sidérurgique romain de la Montagne

Noire, le domaine des Forges (Les Martys, Aude), Paris, 1993. En dernier lieu : A. Orejas et Chr.Rico (dir.), Mineria

y metalurgia antiguas, visiones y revisiones , Homenaje a Claude Domergue, Madrid, 2012

12. G. Barruol et R. Gourdiole, Les mines antiques de la Haute Vallée de l’Orb (Hérault), Mines et fonderies

antiques de la Gaule, Toulouse 1980, Paris, 1982, p. 79-93.

13. Ch. Ebel, Transalpine Gaul, the emergence of a roman province, Leiden, 1976 dont une traduction en

français, revue par l’auteur, a été publiée : La Gaule du Sud, de la colonisation grecques à la province romaine (VIème

siècle-Ier siècle avant J.-C.), Archéologie en Languedoc, 24, 2000,p.43-98.

14. Il s’agit de 2 modestes graffites incisés après cuisson sur des récipients en céramique. Rien ne prouve que

ces incisions aient été faites sur place et, même en ce cas, il serait imprudent d’en tirer des conclusions sur l’origine

des mineurs car cette écriture était pratiquée non seulement en Espagne mais dans le sud de la Gaule autour de

Narbonne-Béziers !

15. Les graffites d’Ensérune ont été systématiquement publiés par J. Unterman dans son Corpus. Leur nombre

et leur variété attestent la présence d’occupants dont une partie au moins pratiquait couramment cette langue. On ne

saurait oublier ici les nombreuses séries monétaires qui n’offrent que des légendes en ibérique et celles, liées aux

Longostalètes, qui présentent des légendes et en caractères grecs et en caractères ibériques.

16. Les actes du colloque de 2007 : Les Rutènes, du peuple à la cité, de l’indépendance à l’installation dans

le cadre romain, 150a.c.-100 p.C., Rodez-Millau 2007, Bordeaux, 2011, avec d’importantes contributions sur les

problèmes économiques, historiques et géographiques.

Jean-Claude RICHARD RALITE12

17. L’importance de l’implication de grandes familles romaines dans les exploitations minières de cette région

a été mise en lumière, dès 1986, par M.Christol et G.Bellan, une inscription romaine à Villemagne-l’Argentière :le

site de St.Martin-de-Vieux, Bulletin de la Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l’Hérault, 9,

1986, p.33-44 .On se reportera à la dernière contribution de M.-L. Bonsangue, Administrer et exploiter les mines en

Gaule méridionale : le rôle de Narbonne (Ier siècle av. J.-C.-IIème siècle ap. J.-C., Figures d’empire, fragments de

mémoire, pouvoirs et identités dans le monde romain impérial, Villeneuve d’Ascq, 2011,p.361-384.

18. Depuis l’ouvrage classique de J. Carcopino, Les étapes de l’impérialisme romain, Paris, 1961, nous avons

l’étude de E.Hermon, Qu’est ce que l’impérialisme romain ? , Dialogues d’Histoire Ancienne, 10, 1984, p. 250-267

et les synthèses de E. Hermon, Rome et la Gaule transalpine avant César, 125-59 av. J.-C., Laval,1993, et G. Soricelli,

La Gallia Transalpina tra la conquista e l’eta cesariana, Como, 1995, mais la question reste toujours ouverte pour

apprécier la réalité provinciale.

r

*Jean-Claude RICHARD RALITEDirecteur de recherche (er) au CNRS, CentreCamille Jullian, Université d’Aix-Marseille

1 place de la Liberté34150 SAINT GUILHEM-LE-DéSERT

[email protected]