un outil pour le renouveau des études sur le monde rural de l'âge du Fer : la base de données...

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U n out il p our l e renouveau de s ét ude s s ur le monde rural de l’ âg e du Fer en Franc e La b a se de donn é es a ssoci é e à un SI G 68 1. La carte de répartition des sites renseignés par un nuage de points présente la situation d’archivage à un moment donné. Leur absence dans certaines aires géographiques ne peut donc être considérée comme un reflet fidèle des travaux archéologiques réalisés ; le recensement continue et doit être poursuivi. La moitié nord de la France apparaît, pour l’instant, mieux documentée. Les grands travaux, particulièrement les linéaires, se perçoivent nettement, ce qui implique quune trame dense et organisée d’habitats ruraux marquait le paysage. 1 Le développement de l’archéologie préventive a eu pour conséquence la découverte, et parfois l’étude, de plusieurs centaines d’établissements ruraux. Cette documentation prolixe permet un renouveau des études du monde rural à l’âge du Fer et range le très long débat mené au siècle dernier sur l’interprétation du mot aedicum , employé par César dans la Guerre des Gaules , dans les dossiers de lhistoire de la recherche. Cette ination exponentielle des données de terrain n’est pas sans soulever des interrogations : comment en extraire le meilleur parti pour faire évoluer les connaissances ? comment gérer cet abondant corpus en rapide progression ? Dès 1995, un projet colleif de recherche a été mis en œuvre an de dresser un inventaire des sites agricoles d’Île-de-France. Ce corpus a déjà permis d›organiser deux colloques (Buchsenschutz, Méniel 1994 ; Marion, Blancquaert, 2000). En parallèle, des monographies dans des revues régionales ou interrégionales et des thèses ont amendé les savoirs qui ont pu être synthétisés dans un ouvrage (Malrain et al ., 2002). Afin d’éviter tarissement des idées et redondance des résultats, la communauté des protohistoriens se rassemble pour donner un nouveau soue à cette recherche.

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1. La carte de répartition des sites renseignés par un nuage de points présente la situation d’archivage à un moment donné. Leur absence dans certaines aires géographiques ne peut donc être considérée comme un refl et fi dèle des travaux archéologiques réalisés ; le recensement continue et doit être poursuivi. La moitié nord de la France apparaît, pour l’instant, mieux documentée. Les grands travaux, particulièrement les linéaires, se perçoivent nettement, ce qui implique qu’une trame dense et organisée d’habitats ruraux marquait le paysage.

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Un outil pour le renouveaudes études sur le monde ruralde l’âge du Fer en FranceLa base de données associée à un SIG

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1. La carte de répartitiondes sites renseignés par un nuage de points présentela situation d’archivageà un moment donné. Leurabsence dans certainesaires géographiques ne peutdonc être considérée comme un refl et fi dèle des travaux archéologiques réalisés ;le recensement continue et doit être poursuivi. La moitié nord de la France apparaît, pour l’instant, mieux documentée. Les grands travaux, particulièrementles linéaires, se perçoivent nettement, ce qui implique qu’une trame dense et organisée d’habitats ruraux marquait le paysage.

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Le développement de l’archéologie préventive a eu pour conséquence la découverte, et parfois l’étude, de plusieurs centaines d’établissements ruraux. Cette documentation prolixe permet un renouveau des études du monde rural à l’âgedu Fer et range le très long débat mené au siècle dernier sur l’interprétation du mot aedifi cum,employé par César dans la Guerre des Gaules,dans les dossiers de l’hist oire de la recherche. Cette infl ation exponentielle des données de terrain n’est pas sans soulever des interrogations : comment en extraire le meilleur parti pour faire évoluer les connaissances ? comment gérer cet

abondant corpus en rapide progression ? Dès 1995,un projet collect if de recherche a été mis en œuvre afi n de dresser un inventaire des sitesagricoles d’Île-de-France. Ce corpus a déjà permisd›organiser deux colloques (Buchsenschutz, Méniel 1994 ; Marion, Blancquaert, 2000). Enparallèle, des monographies dans des revuesrégionales ou interrégionales et des thèses ontamendé les savoirs qui ont pu être synthétisés dansun ouvrage (Malrain et al., 2002). Afi n d’éviter tarissement des idées et redondance des résultats,la communauté des protohist oriens se rassemblepour donner un nouveau souffl e à cette recherche.

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La création d’une base de données

François MalrainInrap, Umr 7041 « Archéologies et sciences de l’Antiquité »Gertrude BlancquaertInrapThierry LorhoSra Bretagne, Umr 6566 « Centre de recherche en archéologie, archéosciences, hist oire »

La double opportunité const ituée par l’appel à projets émis par la direct ion scientifi que de l’Inrap en 2005 et par la proposition d’Alain Duval d’organiser un colloque dans le cadre de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer sur le monde rural a été mise à profi t pour entreprendre une opération de vast e envergure. Un état des lieux de la documentation a permis de faire le const at d’une hétérogénéité géographique des données, d’une absence de recherches thématiques et d’une échelle d’analyse trop rapprochée, le plus souvent cantonnée à la région. S’est imposée la nécessité de créer un outil permettant de compulser un fi chier homogénéisé des sites ruraux de l’ensemble du territoire français. La base de données est apparue comme le moyen le plus performant pour répondre à cette opération.

Démarche adoptée et phase de testSeuls les sites interprétables du point de vue

de leurs fonct ions, car reconnus sur une surface suffi samment importante, sont pris en considération. Les fi ches qui les décrivent et qui const ituent la base de données s’organisent en deux volets. Le premier détaille les références géo-administ ratives et la chronologie, le mobilier et l’information relative à l’opération (auteur de la fouille, bibliographie du site, etc.). Le deuxième volet, qui peut être multiplié autant de fois qu’il exist e d’étapes chronologiques dans la longévité du site, décrit les éléments qui le const ituent : habitat enclos, ouvert, ses aménagements (maison, grenier…) et la nécropole associée. L’association d’un plan du site numérisé en facilite la compréhension. L’information disp onible pour une occupation est ainsi codifi ée par plus d’une centaine de champs qui doivent être convenablement renseignées (cf. encart p. 70). Cette compilation peut être aisément réalisable quand un échantillon n’excède pas quelques dizaines d’unités, mais devient une tâche démesurée quand ce sont plusieurs centaines d’habitats qu’il faut inventorier. C’est précisément sur ce point que l’entreprise revêt un certain succès. La procédure a été fondée sur un découpage arbitraire du territoire en grandes régions. Pour chacune d’elles, une équipe coordonnée par un référant a collect é l’information en dépouillant les rapports de fouille conservés dans les services régionaux de l’Archéologie, et / ou les direct ions interrégionales de l’Inrap. La solidité du réseau ainsi tissé entre les divers act eurs des inst itutions qui composent

l’archéologie répartis sur tout le territoire est une des conditions incontournables de la réussite du projet. Entre les deux années qui séparent le choix d’un colloque sur le thème « Habitat et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique » et le début de l’enquête nationale, près de 500 sites et plus de 800 phases d’occupations ont été codifi és [ill. 1]. Les sp écialist es qui ont œuvré sur ces gisements comme les archéozoologues (cf. p. 73), les carpologues (cf. p. 75), les palynologues (cf. p. 77) etc. ont réalisé un inventaire de leurs études avec des grilles propres à leurs recherches. Le lien entre ces diff érentes sources est réalisable à partir de champs d’identifi cation communs à chacun des inventaires, comme le numéro de site. L’originalité de cette entreprise est d’avoir permis la const itution d’un riche corpus homogène de données scientifi ques au niveau national. L’encodage homogène des informations autorise alors des requêtes variées et dénuées d’a priori scientifi que, ce qui permet l’émergence de pist es de recherches non contraintes par des déterminismes préalablement posés, comme cela est encore trop souvent le cas en archéologie. La première phase d’exploitation des données s’est révélée positive, comme l’attest ent les contributions parues dans le xxxiie colloque de l’Afeaf (cf. encart p. 72).

Le champ des possibilités ouvertes par la réunifi cation de ce corpus est étendu. Les requêtes simples ou croisées const ituent un premier niveau d’exploitation. Aux premières quest ions que se pose un utilisateur sur la localisation et le nombre d’occurrences connues pour son objet d’étude, la réponse est fournie par une simple requête. Ainsi, la recherche est alimentée par cet outil quelle que soit la zone géographique étudiée, du département à la France entière. Si le gain de temps est appréciable, et si une première pist e peut ainsi être orientée, l’intérêt de cet inst rument réside davantage dans le lien qui peut l’unir à un syst ème d’information géographique (SIG).

Exploitation des données de la base via un SIGDes cartographies automatiques seront

réalisées en utilisant les géoréférences des sites saisies dans la base de données. Ce syst ème permet aussi de procéder à des requêtes croisées mêlant les données archéologiques avec des couches environnementales (orographie, hydrographie, géologie etc.). Le calcul des dist ances intersites, leur proximité avec un cours d’eau, leur covisibilité… tout ce qui procède de l’analyse sp atiale est alors possible. Le SIG s’apparente dans ce cas à une base de données géographique permettant d’obtenir une meilleure défi nition des sites, de leur fonct ion, de leurs relations, ainsi que de l’esp ace dans lesquels ils s’inscrivent.

Le géoréférencement des sites archéologiques préalable à toute exploitation dans un SIG est rendu possible par le couple de coordonnées X-Y renseigné dans la fi che de site globale. Son apport

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70702. La cartographie des structures de stockage en Basse-Normandie montre que les caves et les celliers y prédominent, contrairement aux autres régions où ce sont les silos et les greniers qui sont majoritairement utilisés comme moyen de conservation des denrées. Les résultats carpologiques montrent que les légumineuses y sont plus abondantes, ce qui ouvre des perspectives de recherches sur la relation entre structures en usage et denrées. Pour l’affi ner, d’autres critères comme les espaces topographiques d’installation des sites, la nature des sols, les outils… peuvent aussi être mobilisés. Des débats sur des spécifi cités et/ou spécialisations régionales sont alors envisageables.

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Greniers Silos Souterrains Celliers et caves

Nombre de st ruct ures

Résultats du colloque AFEAF

La base de données a autorisé le traitement de thèmes qui jusqu’alors n’avaient été qu’effl eurés par la recherche. Elle sert d’assise à une dizaine d’études développées dans le cadre du thème spécialisé du XXXIIe colloque de l’AFEAF qui s’est tenu en mai 2007 à Chauvigny (Vienne) avec pour thème : « Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique » (Bertrand et al., 2009). Des éclairages nouveaux ont été portés sur la structuration du territoire agraire à partir de l’exemple des fouilles conduites à Ifs (Calvados) et à Nîmes (Gard). Le croisement des données des habitats et des tombes et l’analyse spatiale permettent d’appréhender une dimension aussi fondamentale que celle de la structuration des paysages et de l’aménagement des territoires. Un état des recherches carpologiques en France dresse un premier bilan des

connaissances relatives à l’agriculture du second âge du Fer en poursuivant un double objectif : proposer de nouvelles problématiques adaptées à l’extension du corpus disponible et rendre compte de la variété des agricultures régionales, des réseaux d’échange et des processus de diffusion ou de domestication de nouvelles espèces. La synthèse des études de faune poursuit des objectifs similaires en traitant des modalités de gestion des mammifères domestiques. L’inscription des sites et de leurs activités dans le paysage est appréhendée par les études palynologiques qui dévoilent deux étapes d’ouverture et de rudéralisation au milieu du IIIe puis au Ier siècle avant notre ère.Le statut et les fonctions des sites sont abordés sous des angles différents. Une analyse approfondie des outils permet de mieux défi nir les métiers et les spécifi cités au sein des sites. La fonction de ces derniers est discutée dans le but

d’éclairer la place qu’occupent certaines activités particulières, comme la saunerie et la métallurgie. Les rythmes de création et d’abandon, les infrastructures internes de l’espace clos, les liens intersites à partir des moyens de transport sont également examinés.L’ensemble des contributions ouvre de nombreuses pistes de recherche dont les plus prometteuses sont celles qui mobiliseront des critères émanant de différentes disciplines de l’archéologie. Les actes de ce colloque sont ainsi sans équivoque quant à la nécessité de regards croisés, seule manière de progresser, dans les domaines du monde rural comme ailleurs [ill. 2].Enfi n, les articles refl ètent un panel des possibilités, testées en vraie grandeur, qu’offre la base de données. Ils ouvrent aussi sur une analyse critique de la base de données qui a déjà conduit à l’amélioration de certaines rubriques.

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majeur est de concilier l’information, tant sp atiale que sémantique, à l’échelle du site archéologique avec une exploitation et une représentation multiscalaire. Pour y parvenir, le processus employé est la généralisation de l’information disp onible (Ruas, 2002). La géométrie des sites en est simplifi ée. Tous ceux qui sont compris dans une même emprise sp atiale vont voir leur géométrie ponct uelle être remplacée par le polygone d’emprise (ou son centroïde) de l’entité administ rative à laquelle ils appartiennent, afi n d’off rir des représentations pertinentes à l’échelle départementale, régionale ou nationale. Les données attributaires de chacun des sites vont devoir être sommées et moyennées puisque portées par une seule géométrie. En plus des tris et calculs st atist iques sur des données thématiques et leur représentation cartographique, qu’il s’agisse d’une information administ rative ou purement archéologique, le SIG va permettre de replacer le site dans son contexte environnemental ; celui-ci n’est donc plus une simple concentration de vest iges en un point donné de la carte, mais une partie intégrante du paysage. Des requêtes multiples combinant les données thématiques et environnementales sont réalisables. On peut alors tenter d’identifi er des similitudes entre chaque site ou groupe de sites, par exemple, sur leurs conditions d’inst allation tels que le choix topographique, l’orientation, etc. Le traitement de l’information qu’off re l’interact ion entre base de données et syst ème d’information géographique est un atout majeur car il autorise diff érentes échelles d’analyse. Les résultats sont d’autant plus valides que le nombre d’informations recueillies dans le corpus est suffi samment important pour en assurer le traitement st atist ique.

Précautions d’usageQuelques écueils sont cependant à éviter

pour optimiser l’utilisation de la base de données. La comparaison des sites inventoriés doit prendre en compte la manière dont ils ont été détect és, les conditions de la fouille, la nature du mobilier collect é, mais aussi l’état de conservation du gisement. En eff et, le biais le plus important

– la taphonomie – est induit par le vast e éventail des conditions d’abandon et d’enfouissement de l’objet sur le site, puis son étude et, par extension, son archivage. Les phénomènes post -dépositionnels peuvent, selon la nature du matériau, mener à la dégradation ou la disp arition totale. Les méthodes de fouille ainsi que les modes conservatoires après études peuvent l’occulter en partie ou totalement.

L’alimentation de la base de données, reposant sur une compilation des données disp onibles et puisées dans des documents de diverses natures (rapport, notice, publication monographique), en est fortement imprégnée. L’inventaire permet de const ater que les disp arités des approches sont fact eurs de résultats hétéroclites. Il suscite par conséquent des interrogations sur nos

méthodes de détect ion et de fouilles et conduit à une réfl exion sur l’harmonisation des invest igations, afi n de lisser cette hétérogénéité de la documentation et d’accroître les études comparatives.

Pour que la base de données vive et qu’elle off re des possibilités optimales d’exploitation, il faut d’abord assurer la continuité des enregist rements afi n de se rapprocher de l’exhaust ivité. La carte de répartition des sites montre en eff et que des esp aces géographiques ne sont pas ou peu couverts alors que des sites ruraux y sont connus. Nous avons donc proposé¹ que la transcription de l’enquête nationale soit intégrée dans les esp aces thématiques collaboratifs en cours de création sur le site de l’Inrap. L’intégration des nouveaux sites sera réalisée après validation par des modérateurs. À terme, il est souhaitable de coupler et articuler les diverses bases de données des sp écialist es : correct ions et enrichissements mutuels sont le gage de réussite pour cette enquête.

Notre object if principal est de déterminer la diversité et la complexité des sites agropast oraux et d’en affi ner l’analyse sp atiale. Les modèles d’occupation du territoire à divers échelons, local, régional, etc. ainsi développés permettront de mieux évaluer l’évolution du peuplement au second âge du Fer. Nous esp érons que le collationnement raisonné de cette masse de données nouvelles pourra relancer des réfl exions sur les techniques, les méthodes, les types d’intervention, la pérennité des documents et des études ; et qu’en faisant apparaître les carences d’études dans certains domaines ou certaines régions, il servira aussi d’aide à la prosp ect ion et à la défi nition de nouveaux sujets d’études.

Références bibliographiquesBertrand I., Duval A., Gomez de Soto J.,

Maguer P. (dir.), 2009, Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique, Act es du xxxve colloque international de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, 17-20 mai 2007, Chauvigny (Vienne), Chauvigny, éd. Association des publications chauvinoises (Mémoire XXXV), 541 p.

Buchsenschutz O., Méniel P. (dir.), 1994, Les Inst allations agricoles de l’âge du Fer en Île-de-France, Paris, ENS (Études d’hist oire et d’archéologie, IV), 299 p.

Malrain F., Matterne V., Méniel P., 2002, Les Paysans gaulois (iiie siècle-52 av. J.-C.), Paris, Errance, 236 p.

Marion S., Blancquaert G. (dir.), 2000, Les Inst allations agricoles de l’âge du Fer en France septentrionale, Paris, ENS (Études d’hist oire et d’archéologie, VI), 528 p.

Nouvel P., Barral Ph. et al., « Rythmes de création, fonct ionnement et abandon des établissements ruraux de la fi n de l’âge du Fer dans l’Est de la France », in Bertrand I., Duval A., Gomez de Soto J. et Maguer (dir.), Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique, Act es du XXXVe colloque international de l’Association Française pour l’Etude de l’âge du Fer, 17-20 mai 2007, Chauvigny, Mémoire XXXV-2009, Chauvigny, p. 109-151.

Ruas A. (dir.), 2002, Généralisation et représentation multiple, Paris, Hermès science publications, 390 p.

1. Avec la direct ion scientifi que et technique et la direct ion des syst èmes d’information de l’Inrap ainsi qu’avec le conseil d’administ ration de l’Afeaf

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1. Carte des études de faunes répertoriées dans la base « faunes » des établissements ruraux de l’âge du Fer.

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Rythmes de créations et d’abandons des établissements ruraux Les premiers résultats acquis lors de la manifestation scientifi que de Chauvigny ont incité certains des participants à se réunir autour d’un projet commun avec le double objectif de tester la base de données sur une vaste aire géographique et d’explorer un thème de recherche. Dans la perspective de traiter uniformément un sujet et de mesurer la part des disparités réelles des disparités méthodologiques, il a été convenu de s’attarder sur les aspects méthodologiques différents selon les régions, comme le mode d’intervention, la superfi cie des décapages par exemple, afi n de porter un regard critique sur l’enquête et de considérer la base de données comme un outil avec ses limites.Parmi les pistes envisagées, celle portant sur les rythmes de création et d’abandons des établissement ruraux a été choisie. Ce thème, en partie défriché pour l’est de la France lors du colloque Afeaf (Nouvel et al., 2009), permettra de tester les résultats obtenus sur un plus vaste espace géographique.

La moitié nord de la France a été sélectionnée en raison de sa documentation plus fournie. L’un des buts était de quantifi er la densité des sites par étape chronologique tout au long du second âge du Fer. Les résultats attendus portant sur la stabilité, la progression ou la diminution du nombre d’occupations, il s’agira de mettre en évidence des ruptures ou des continuités : données qui déterminent le mode de gestion du territoire et permettent d’aborder la démographie. La comparaison de régions variées et de contextes topographiques hétérogènes doit conduire à la mise en évidence des similitudes et des divergences des rythmes à différentes échelles spatiales : micro-aires, départements, régions, interrégions, France du Nord.Cependant, dans la mesure où les régions administratives actuelles ne correspondent pas à des entités de la Protohistoire, l’exercice sera également conduit de manière à s’affranchir de ce cloisonnement administratif qui induit un double biais : la région attributaire

et géographique. Une saisie des données, organisée selon un découpage régional, voire départemental, et leur représentation sous la forme de points sur une carte induit en effet une double discontinuité dans le traitement de l’information. De ce fait, pour tenter d’éviter ou pour le moins de quantifi er le biais induit par la discontinuité attributaire, il sera proposé de réaliser un découpage territorial artifi ciel sous la forme d’une grille de 50 km2. Chaque champ d’une grille peut ainsi contenir des données de différentes entités administratives et saisies par plusieurs personnes. Des traitements statistiques indépendants pour chacune d’entre elles peuvent être réalisés, comme pour les régions, et ensuite comparés afi n de mieux mettre en valeur des similitudes ou divergences. La confrontation de ces différentes approches doit concourir à percevoir les différentes formes de peuplement et leur extension spatiale. Les phénomènes de rythmes observés permettront peut-être alors de proposer des hypothèses sur les faits historiques, comme celui du début de la romanisation.

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Un inventaire des études de faune d’établissements ruraux en Gaule

Patrice MénielCnrs, Umr « Archéologie, terre, histoire, sociétés »

Mis en place en même temps que la base sur les établissements ruraux, un inventaire collect if (Cnrs, Inrap, universités, collect ivités) des études de faune facilitera la localisation et l’accès aux recherches archéozoologiques menées depuis quelques décennies en France [ill. 1]. Les modalités de cet inventaire sont le fruit de compromis entre données détaillées et synthétiques, de façon à faciliter la saisie tout en conservant l’essentiel de l’information. Il est évident que cette base ne pourra répondre direct ement à l’ensemble des besoins de la recherche sans revenir aux données initiales. C’est également ce souci de simplicité qui nous a conduits à eff ect uer la collect e des données via des fi chiers Excel avant de les importer dans un fi chier FileMaker Pro.

Ce dernier comporte des renseignements sur la fi che elle-même (n° de l’ensemble, nombre de fi ches par site), les auteurs (de l’étude, de la fi che), la nature de l’étude (rapport, publication, inédit) et ses références, le site (commune, lieu-dit), la chronologie (attribution culturelle, phase, datation absolue), des décomptes globaux

(en nombre de rest es), les proportions des mammifères domest iques [ill. 2], des données sur la chasse et des est imations d’âge (des bovins, des caprins et des porcs). Un site jugé homogène (un seul type de st ruct ure, une seule phase) est décrit par une fi che synthétique ; dans les autres cas, plusieurs fi ches ont été établies, par phase et par nature de st ruct ures (en dist inguant les fossés des fosses). À l’heure act uelle, plus de 200 études, soit 290 fi ches, ont été enregist rées. La comparaison avec le fi chier des sites fait apparaître quelques diff érences, dues notamment à des faunes en cours d’étude et à des résultats non encore disp onibles (thèses en cours).

Une première série de résultats a été proposée dans le cadre du colloque Afeaf de Chauvigny (Méniel et al., 2009). Cet outil est amené à évoluer pour diverses raisons. La première est que la couverture du territoire est encore imparfaite ; la seconde résulte de lacunes mises en évidence lors des premières utilisations ; la troisième est que les recherches sur les établissements ruraux en Gaule se poursuivent, ce qui entraînera des mises à jour régulières. Nous avons essayé de contact er les archéozoologues susceptibles d’avoir réalisé des études dans ce domaine. Toutefois, il n’est pas sûr que tous aient été contact és ; aussi, nous rappelons que nous sommes prêts à accueillir toutes les contributions permettant d’améliorer cet outil de référence.

Référence bibliographiqueMeniel P., Auxiette G. et al, 2009, « Une base de

données sur les études de faunes des établissements ruraux en Gaule », in Bertrand I., Duval A., Gomez de Soto J., Maguer P. (dir.), 2009, Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique, Act es du xxxve colloque international de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, 17-20 mai 2007, Chauvigny (Vienne), Chauvigny, éd. Association des publications chauvinoises (Mémoire XXXV), p. 417-446.

2. Fréquences relatives des mammifères domestiques par grandes régions d’après les nombres de restes.

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741. Représentation des espèces atteignant 75 % et plus du nombre total de restes des espèces domestiques pouvant témoigner de spécialisations à l’échelle d’un site (périodes de La Tène moyenne et fi nale).

Découverte de Vitis sp . phase 1 : vie - ve s. avant notre èrephase 2 : vie - ½ iiie s. avant notre èrephase 3 : ½ iiie s. - ¼ iie s. avant notre èrephase 4 : ¼ iie - ½ ier s. avant notre ère

741. Représentation desespèces atteignant 75 %et plus du nombre totalde restes des espècesdomestiques pouvanttémoigner de spécialisationsà l’échelle d’un site (périodesde La Tène moyenne et fi nale).

Découverte de Vitis sp .phase 1 : vie - ve s. avant notre èrephase 2 : vie - ½ iiie s. avant notre èrephase 3 : ½ iiie s. - ¼ iie s.avant notre èrephase 4 : ¼ iie - ½ ier s. avant notre ère

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Blé dur

Amidonnier

Épeautre

Orge Vêtue

Lentilles

Pois

Fèveroles

2. Répartition des mentions de vigne sauvage ou cultivée (Vitis vinifera) durant l’âge du Fer en Gaule.

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L’apport des études carpologiques

Véronique MatterneCnrs, Umr 7209 « Archéozoologie, archéobotanique : sociétés, pratiques et environnements »

Dans le cadre du colloque Afeaf 2007, une enquête portant sur les product ions végétales a été menée à l’échelle nationale par dix carpologues travaillant régulièrement sur les âges du Fer en Gaule. Les études retenues se rapportent aux établissements ruraux des vie-ier siècles avant notre ère. Les données carpologiques issues de 197 phases d’occupation, corresp ondant à 161 sites, ont été examinées dans une persp ect ive évolutive ; 79 des sites analysés ont livré plus de 100 rest es. Les deux tiers du corpus se concentrent au nord de la Loire, mais de nombreux résultats concernant le sud de la Gaule ont été écartés car ils provenaient d’habitats groupés. La répartition chronologique des études apparaît équilibrée, sauf pour le ive et la première moitié du iiie siècle, moins bien documentés. Les rest es carpologiques analysés ont essentiellement été préservés sous forme carbonisée, car ils sont issus de dépotoirs domest iques. Le fi ltre anthropique n’est donc pas négligeable dans la mesure où ces contextes nous renvoient avant tout une image de l’alimentation sur le long terme. En complément, des st ocks et résidus de st ocks ont pu être étudiés et ils nous livrent une image plus immédiate, bien que plus fragmentaire, de la product ion agricole.

Un bilan des résultats obtenus a été présenté dans la publication des act es du colloque (Zech-Matterne et al., 2009). Il montre la juxtaposition dans le nord de la France de syst èmes de culture reposant soit sur l’alternance céréaliculture / jachères, soit sur des rotations plus complexes faisant aussi intervenir des cultures de printemps telles que l’avoine et les légumineuses (à partir du iie siècle en Normandie). La diversité culturale et les cultures mixtes qui caract érisent la fi n du Hallst att et La Tène ancienne cèdent progressivement la place à la monosp écifi cité des parcelles. Des phénomènes de sp écialisation à l’échelle de sites sont perçus et semblent se concentrer dans le nord de la Gaule durant La Tène fi nale [ill. 1]. Ce bilan carpologique rend compte d’une régionalisation extrêmement poussée des esp èces et des modes de culture mais fait également état de réseaux d’échange qui ont favorisé la diff usion ou la mise en culture de nouvelles plantes. Les plantes de l’âge du Fer héritées des périodes antérieures comprennent des blés (engrain, amidonnier, épeautre, blé tendre / dur / poulard), des orges et des millets, auxquels se rajoutent progressivement l’avoine cultivée (dès le vie siècle, avec un premier petit accroissement au ive siècle) et le seigle (attest é dès le vie siècle mais dont la véritable mise en culture date probablement du tout début de notre ère). Aux céréales, qui prédominent largement dans

les assemblages, s’ajoutent des légumineuses : lentille, pois, féverole, gesse, ers, vesce cultivée, et des oléagineux : pavot, lin, caméline, chanvre, navette d’été et moutarde noire.

Quelques nouvelles esp èces, surtout des fruitiers et des plantes condimentaires, apparaissent ou se répandent en Gaule durant les âges du Fer : l’olivier (Terral, 2000), le fi guier, le noyer (Chabal et al., à paraître), la vigne (Py, Buxo, 2001), le prunier et la coriandre (Wiethold, 2002). Les plantes tinct oriales comprennent la guède, dont la culture en Gaule est attest ée dès les ve-ive siècles (Marinval, Pradat, 2004). Ces plantes, indigènes ou d’introduct ion précoce, commencent à être cultivées en dehors de leur zone d’extension naturelle ou initiale. Elles sont parfois présentes antérieurement à l’âge du Fer (fi guier, olivier) mais leurs mentions demeurent encore très disp ersées durant cette période et le nombre de sp écimens retrouvés est toujours faible.

Les premières mentions certaines de vigne cultivée remontent au vie siècle av. J.-C. pour la ville grecque de Marseille et l’oppidum indigène du Mourre de Sèves, à Sorgues dans le Vaucluse. Les premiers indices de vinifi cation en contexte indigène datent du ve siècle à Coudounèu, du ive siècle sur l’Île-de-Martigues, dans les Bouches-du-Rhône (Bouby, Marinval, 2001). Dans le nord de la Gaule, c’est la palynologie qui enregist re, sur plusieurs sites du Bassin parisien, une augmentation signifi cative des pollens de Vitis sp . à partir du Haut Empire romain, signe d’une culture de la plante (Leroyer, 1997) [ill. 2]. L’absence de semences de Vitis en contexte âge du Fer dans le nord de la Gaule ne s’explique pas par l’inexist ence de conditions de conservation adéquates, dans la mesure où des pépins ont été retrouvés ailleurs sous forme carbonisée ou minéralisée, mais est bien réelle et d’autant plus surprenante que la vigne sauvage a été exploitée dès le Néolithique, notamment à Paris-Bercy.

Références bibliographiquesBouby L., Marinval Ph., 2001, « La Vigne et

les débuts de la viticulture en France : apports de l’archéobotanique », in Brun J.-P., Laubenheimer F. (dir.), « Dossier : La viticulture en Gaule », Gallia, 58, 13-28.

Chabal L., Bouby L., Boulen M., Delhon C., Durand A., Figueiral I., Matterne V., Muller S., Pradat B., Ruas M.-P., à paraître, « Le Noyer (Juglans regia L.), une esp èce indigène en France : répartition, écologie, usages et st atut du Paléolithique à la période moderne, d’après la carpologie, l’anthracologie, la palynologie et les sources textuelles », in Hist oire des fruits, pratique des savoirs et savoirs en pratiques, act es du colloque international, Toulouse, université de Toulouse-Le Mirail, 29-31 mars 2007.

Leroyer C., 1997, Homme, végétation, climat au Tardi- et Post glaciaire dans le Bassin parisien : apports de l’étude palynologique des fonds de vallées, mémoire de thèse, université Paris I, 786 p.

Marinval Ph., Pradat B., 2004, « Données remarquables sur l’économie végétale du début du second âge du Fer : le cas du Grand-Jaunet à Liniez (Indre) », in Mazzochi G., Approche archéologique de l’environnement et de l’aménagement du territoire ligérien, Act es du colloque d’Orléans, 14-16 novembre 2002, Fédération archéologique du Loiret, p. 79-85.

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L’apport des études carpologiques

Véronique MatterneCnrs, s Umr 7209 « Archéozoologie, archéobotanique : sociétés,pratiques et environnements »

Dans le cadre du colloque Afeaf 2007, une enquête portant sur les product ions végétales a été menée à l’échelle nationale par dix carpologuestravaillant régulièrement sur les âges du Feren Gaule. Les études retenues se rapportent aux établissements ruraux des vie-ier siècles avantnotre ère. Les données carpologiques issues de 197 phases d’occupation, corresp ondant à 161 sites,ont été examinées dans une persp ect ive évolutive ;79 des sites analysés ont livré plus de 100 rest es.Les deux tiers du corpus se concentrent au nordde la Loire, mais de nombreux résultatsconcernant le sud de la Gaule ont été écartés carils provenaient d’habitats groupés. La répartitionchronologique des études apparaît équilibrée,sauf pour le ive et la première moitié du iiie siècle,moins bien documentés. Les rest es carpologiquesanalysés ont essentiellement été préservés sous forme carbonisée, car ils sont issus de dépotoirsdomest iques. Le fi ltre anthropique n’est donc pas négligeable dans la mesure où ces contextes nousrenvoient avant tout une image de l’alimentationsur le long terme. En complément, des st ocks et résidus de st ocks ont pu être étudiés et ils nouslivrent une image plus immédiate, bien que plus fragmentaire, de la product ion agricole.

Un bilan des résultats obtenus a été présentédans la publication des act es du colloque (Zech-Matterne et al., 2009). Il montre la juxtapositiondans le nord de la France de syst èmes de culturereposant soit sur l’alternance céréaliculture /jachères, soit sur des rotations plus complexes faisant aussi intervenir des cultures de printempstelles que l’avoine et les légumineuses (à partirdu iie siècle en Normandie). La diversité culturale et les cultures mixtes qui caract érisent la fi ndu Hallst att et La Tène ancienne cèdentprogressivement la place à la monosp écifi citédes parcelles. Des phénomènes de sp écialisationà l’échelle de sites sont perçus et semblentse concentrer dans le nord de la Gaule durantLa Tène fi nale [ill. 1]. Ce bilan carpologique rend compte d’une régionalisation extrêmementpoussée des esp èces et des modes de culturemais fait également état de réseaux d’échange qui ont favorisé la diff usion ou la mise en culturede nouvelles plantes. Les plantes de l’âge du Fer héritées des périodes antérieures comprennentdes blés (engrain, amidonnier, épeautre, blétendre / dur / poulard), des orges et des millets,auxquels se rajoutent progressivement l’avoinecultivée (dès le vie siècle, avec un premier petitaccroissement au ive siècle) et le seigle (attest é dès le vie siècle mais dont la véritable mise en culture date probablement du tout début de notre ère).Aux céréales, qui prédominent largement dans

les assemblages, s’ajoutent des légumineuses : lentille, pois, féverole, gesse, ers, vesce cultivée,et des oléagineux : pavot, lin, caméline, chanvre, navette d’été et moutarde noire.

Quelques nouvelles esp èces, surtout des fruitiers et des plantes condimentaires, apparaissent ou se répandent en Gaule durantles âges du Fer : l’olivier (Terral, 2000), le fi guier,le noyer (Chabal et al., à paraître), la vigne (Py,Buxo, 2001), le prunier et la coriandre (Wiethold, 2002). Les plantes tinct oriales comprennent la guède, dont la culture en Gaule est attest ée dès lesve-ive siècles (Marinval, Pradat, 2004). Ces plantes,indigènes ou d’introduct ion précoce, commencent à être cultivées en dehors de leur zone d’extension naturelle ou initiale. Elles sont parfois présentes antérieurement à l’âge du Fer (fi guier, olivier) mais leurs mentions demeurent encore très disp ersées durant cette période et le nombre de sp écimensretrouvés est toujours faible.

Les premières mentions certaines de vignecultivée remontent au vie siècle av. J.-C. pour la ville grecque de Marseille et l’oppidum indigène du Mourre de Sèves, à Sorgues dans le Vaucluse. Les premiers indices de vinifi cation en contexte indigène datent du ve siècle à Coudounèu, du ive siècle sur l’Île-de-Martigues, dans les Bouches-du-Rhône (Bouby, Marinval, 2001). Dans le nordde la Gaule, c’est la palynologie qui enregist re, sur plusieurs sites du Bassin parisien, une augmentation signifi cative des pollens de Vitis sp .à partir du Haut Empire romain, signe d’une culture de la plante (Leroyer, 1997) [ill. 2]. L’absence de semences de Vitis en contexte âge du Fer dans lenord de la Gaule ne s’explique pas par l’inexist encede conditions de conservation adéquates, dans la mesure où des pépins ont été retrouvés ailleurs sous forme carbonisée ou minéralisée, mais est bien réelle et d’autant plus surprenante que la vigne sauvage a été exploitée dès le Néolithique, notamment à Paris-Bercy.

Références bibliographiquesBouby L., Marinval Ph., 2001, « La Vigne et

les débuts de la viticulture en France : apportsde l’archéobotanique », in Brun J.-P.,Laubenheimer F. (dir.), « Dossier : La viticulture en Gaule », Gallia, 58, 13-28.

Chabal L., Bouby L., Boulen M., Delhon C.,Durand A., Figueiral I., Matterne V.,Muller S., Pradat B., Ruas M.-P., à paraître,« Le Noyer (Juglans regia(( L.), une esp èce indigèneen France : répartition, écologie, usages et st atutdu Paléolithique à la période moderne, d’aprèsla carpologie, l’anthracologie, la palynologieet les sources textuelles », in Hist oire des fruits,pratique des savoirs et savoirs en pratiques,act es du colloque international, Toulouse,université de Toulouse-Le Mirail, 29-31 mars 2007.

Leroyer C., 1997, Homme, végétation, climat auTardi- et Post glaciaire dans le Bassin parisien :apports de l’étude palynologique des fonds devallées, mémoire de thèse, université Paris I, 786 p.

Marinval Ph., Pradat B., 2004, « Données remarquables sur l’économie végétale du début dusecond âge du Fer : le cas du Grand-Jaunet à Liniez(Indre) », in Mazzochi G., Approche archéologiquede l’environnement et de l’aménagement du territoireligérien, Act es du colloque d’Orléans, 14-16 novembre 2002, Fédération archéologique du Loiret, p. 79-85.

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1er Fer LT anc. LT moy. LT fin.

1. Localisation géographique des sites insérés dans la base de données en fonction des laboratoires qui les ont étudiés.

autres saule bouleau tilleul sapin hêtre pin noisetier chêne aulne

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Laboratoire Archéosciences / Umr 6566 CReAAH, Rennes

Centre de Recherches Archéologiques Inrap, Soissons

Centre National de Préhist oire / MCC, PérigueuxARPA /Umr 6635 ESEP, LyonMaison des sciences de l’Homme /Umr 6042 GEOLAB, Clermont-Ferrand

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2. Distribution des arbres prédominants en fonction de la chronologie (A), des types de sites (B) et des régions (C).

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Py M., Buxo i Capdevila R., 2001, « La Viticulture en Gaule à l’âge du Fer », in Brun J.-P., Laubenheimer F. (dir.), « Dossier : La viticulture en Gaule », Gallia, 58, p. 29-43.

Terral J.-F., 2000, « Exploitation and management of the Olive tree during prehist oric times in mediterranean France and Spain », Journal of Archaeological Science 27, p. 127-133.

Wiethold J., 2002, « Pfl anzenrest e aus einem sp ätlatènezeitlichen Brunnen vom oppidum Fossé de Pandours, Col de Saverne (Bas-Rhin) – Vorbericht zu den archäobotanischen Analysen », in Fichtl S., Adam A.-M., Feliu C., Pierrevelcin G., Bonaventure B., L’Oppidum médiomatrique du Fossé des Pandours au Col de Saverne (Bas-Rhin). Rapport triennal 2000-2002, Strasbourg, p. 177-186.

Zech-Matterne V., Bouby L., Bouchette A., Cabanis M., Derreumaux M., Durand F., Marinval Ph., Pradat B., Sellami M.-F., Wiethold J., 2009, « L’agriculture du vie au ier siècle av. J.-C. en France : état des recherches carpologiques sur les établissements ruraux », in Bertrand I., Duval A., Gomez de Soto J., Maguer P. (dir.), 2009, Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique, Act es du xxxve colloque international de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, 17-20 mai 2007, Chauvigny (Vienne), Chauvigny, éd. Association des publications chauvinoises (Mémoire XXXV), p. 383-416.

Référence bibliographiqueLeroyer Ch., Boulen M., Marguerie D., Lorho T.,

Prat B., Argant J. avec les contributions de Allenet De Ribemont G., Aoustin D., Diot M.-F., Gaudin L., Guenet P., Latour-Argant C., Marembat L., Perrière J., Tixier C., Vivent D., 2009, « Base de données et SIG palynologiques sur l’âge du Fer en France : une autre approche du paysage végétal et de son anthropisation », in Bertrand I., Duval A., Gomez de Soto J., Maguer P. (dir.), 2009, Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres régions du monde celtique, Act es du xxxve colloque international de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, 17-20 mai 2007, Chauvigny (Vienne), Chauvigny, éd. Association des publications chauvinoises (Mémoire XXXV), p. 447-468.

Base de données et SIG palynologiques

Chantal LeroyerMinistère de la Culture et de la Communication, Umr 6566 « Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire »

Encore très préliminaire, la base de données géoréférencées sur les analyses polliniques de l’âge du Fer repose sur la participation de cinq laboratoires et documente plus ou moins sept zones géographiques [ill. 1]. Élargi aux séquences « humides », l’inventaire intègre quatre types de sites : habitats de milieu sec, sites archéologiques de milieu humide, profi ls organiques situés à proximité d’occupations protohist oriques et séquences naturelles. L’établissement de critères de validité des enregist rements a conduit à défi nir trois niveaux de fi abilité (bons, médiocres, nuls) tandis qu’un cadre chronologique commun (premier âge du Fer, La Tène ancienne, La Tène moyenne, La Tène fi nale) a été adopté pour pallier la forte variabilité de la nature et de la résolution des attributions.

Act uellement, la base de données regroupe 839 sp ect res polliniques. Ils sont issus de 93 st ations au sein desquelles sont légèrement avantagées les séquences de milieu sec (51) et plus nettement les sites archéologiques (65). La mise en parallèle de la nature des sites et du degré de validité des analyses montre que les résultats non fi ables sont tous issus de sites de milieux secs ; 27 études non signifi catives ont été rejetées. La répartition équilibrée des données entre les quatre phases chronologiques permet d’assurer le fondement des variations perçues entre les périodes [ill. 2]. En revanche, le nombre d’échantillons étudiés par site varie fortement

(1 à 36), pouvant entraîner un biais dans le niveau de résolution de l’information. La list e des requêtes (dist ribution des cinq principaux ligneux, importance de diff érents groupes d’arbres et herbacées, présence / absence de taxons cultivés) répond aux problématiques archéologiques et palynologiques, les interrogations étant posées en fonct ion de la nature des sites et de leur dist ribution chronologique. Dans son état act uel, la base de données permet déjà de dégager un certain nombre de conclusions (Leroyer et al., 2009).

Tout d’abord, les caract ères régionaux de la végétation rest ent clairement perceptibles. Ensuite, la nature des sites (« secs » ou « humides », liés ou non à des occupations humaines) joue un rôle déterminant sur les enregist rements polliniques. L’infl uence de ces fact eurs, connus des palynologues, gagne en lisibilité avec l’approche globale et sa sp atialisation. Les biais taphonomiques, liés à la mauvaise conservation du matériel sp oro-pollinique dans les sédiments non organiques, sont ainsi soulignés par les requêtes concernant les ligneux ou les herbacées. De même, l’impact sur les cortèges végétaux de l’implantation des sites est clairement mis en évidence avec par exemple la surreprésentation de l’aulne en fond de vallée. Enfi n, l’intérêt du gradient dans la relation avec les occupations humaines se manifest e explicitement pour la perception des act ivités agropast orales.

Les requêtes chronologiques présentent un intérêt majeur puisque plusieurs « ruptures » sont révélées. Le principal seuil, transcrit par les ligneux et les herbacées, semble se situer entre les phases ancienne et moyenne de La Tène : il corresp ond à une ouverture accrue du milieu et à une meilleure perception de sa rudéralisation. Si, en revanche, le passage à La Tène fi nale se marque par un nouveau recul des boisements, il ne se traduit pas par des modifi cations notables au sein de la st rate herbacée.

La perception des cultures apparaît moins nette : aucune progression n’est explicitement reconnue tandis que la quest ion de leur enregist rement continu ou sp oradique rest e problématique du fait du nombre d’échantillons pris en compte. Néanmoins, l’apport évident de la base de données réside dans la révélation de l’absence de céréaliculture, palynologiquement reconnue, dans de nombreux sites de l’âge du Fer.

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