Sanctuaire gallo-romain de Présilly Echos 2007

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En couverture :

En haut, à gauche : Une vue des paysages saléviens.

A droite : Le pavillon des Glycines, demeure de John Ruskin à Mornex. Aquarelle d’Emily Warren (début du XXe siècle) extraite de l’ouvrage de E.T. Cook « Homes and Haunts of John Ruskin ».

En bas, à gauche : Reconstitution du site du fanum de Présilly (gravure de P. Rigaud).

No ISSN : 0990-2333©La Salévienne 2006

SOMMAIRE

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ÉDITORIAL

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LE SANCTUAIRE GALLO-ROMAIN DE PRÉSILLYpar Emmanuel Ferber,

chargé d’études à l’Institut national de Recherches archéologiques préventives

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COMPRENDRE LES PAYSAGES SALÉVIENSpar Alain Mélo

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JOHN RUSKIN À MORNEXpar Chris Pool

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LE « SOULÈVEMENT SAVOYARD »EN MARS 1943

par Claude Barbier

Ces articles sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs

ÉDITORIAL

Avec ce numéro quinze des Échos Saléviens, notre revue annuelle passe de « revue d’histoire locale » à « revue d’histoire régionale ». Pourquoi avons-nous voulu un tel changement ? Plusieurs raisons ont dicté ce choix. Tout d’abord le territoire privilégié de la Salévienne se trouve aujourd’hui aux confins du canton de Genève. L’histoire de la Savoie du Nord et particulièrement celle des anciens bailliages de Ternier et de Gaillard ne peut se comprendre sans connaître celle de Genève. De ce fait, notre histoire est souvent internationale avec des imbrications fortes, par exemple, au niveau des anciennes terres dites de « Saint-Victor et Chapitre » ou avec les anciennes communes savoyardes réunies à Genève en 1815. Nous devons prendre de la hauteur pour comprendre notre histoire locale ; nous avons fréquemment à resituer des événements dans un contexte plus large. C’est donc notre vocation d’élargir l’horizon de nos lecteurs vers la Savoie et Genève comme l’a fait Laurent Perrillat à propos du Sénat de Savoie (ÉS n° 14). Par ailleurs nous sommes de plus en plus souvent sollicités par des historiens désirant publier leurs recherches sur des personnages importants de notre histoire, natifs ou hôtes de notre territoire. Ainsi Andries Van den Abeele, un historien belge, nous a proposé un article sur Justin de Viry (ÉS n° 14) et Chris Pool, une anglaise, sur John Ruskin dans le présent numéro. Chacun restitue le personnage dans l’histoire de son pays. Nous ne souhaitons pas nous interdire de publier des articles dignes d’intérêt concernant l’ensemble de la Savoie, Genève et son canton et même au-delà, s’ils sont en rapport avec l’histoire de Savoie, mais bien sûr sans abandonner l’étude et la publication de sujets locaux.

Dans ce nouveau numéro des Échos Saléviens, nous privilégierons, à quelques mois de l’ouverture de la Maison du Salève, des articles concernant la « montagne des Genevois ». Nous irons également faire un tour en Chablais pour découvrir « le soulèvement savoyard » de mars 1943.

Incroyable découverte que celle d’un sanctuaire gallo-romain à Présilly, au pied du mont Sion ! D’autant plus surprenante pour le président de La Salévienne qu’une partie du site archéologique se trouve sur des terrains dont sa famille est propriétaire depuis plusieurs générations. Au milieu des années 1990, alors que les

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études préliminaires de l’autoroute Saint-Julien-en-Genevois - Villy-le-Pelloux étaient lancées, j’avais attiré l’attention des archéologues sur la présence de « ruines » dans les prés des « Murailles », toponyme tout à fait évocateur. Mon père avait effectué plusieurs drainages dans le pré et détecté tuiles et murs.

Au début du XIXe, ce site, ainsi que d’autres, avait été identifié comme site romain et signalé dans la Revue savoisienne. En 1996, lors des fouilles préliminaires, on s’enthousiasmait déjà à l’idée de découvrir ce que l’on croyait être un mas rural romain. C’eût été une première en Haute-Savoie d’avoir l’opportunité et les moyens de l’exploiter. Aussi quand les archéologues reprirent les travaux en 2005 et commencèrent à envisager la présence de temples romains, notre enthousiasme grandit encore. Lorsque nous avons appris par Alain Bullat, président du syndicat mixte du Salève, que les terrassements préalables au dépôt des déblais du tunnel du Mont-Sion feraient disparaître toutes ces traces archéologiques, nous avons immédiatement réagi. Après avoir discuté avec M. Serralongue, archéologue départemental, Mme Laroche de la DRAC Rhône-Alpes et M. Terrier, archéologue genevois, nous sommes intervenus auprès de la société d’autoroute pour les inciter à trouver un autre site de dépôt. La nouvelle société concessionnaire a rapidement compris que l’endroit n’était pas idéal pour cette fonction, surtout à cause de la déclivité et de probables glissements de terrain. Les exploitants agricoles, sensibles à nos arguments, ont accepté d’autres propositions de dépôts de remblais qui convenaient mieux à la société d’autoroute. Ainsi le site sera préservé. Peut-être, dans un environnement proche, d’autres découvertes pourraient-elles être mises en valeur. Les progrès constants de l’archéologie nous apporteront sans doute d’autres renseignements sur le site même, notamment les raisons de l’abandon ou de la destruction du site à la fin du IIe siècle ? Nous sommes très reconnaissants à M. Emmanuel Ferber d’avoir accepté de publier son rapport de fouilles dans les Échos Saléviens, rapport de grande qualité qui enrichit de façon significative la connaissance régionale du monde gallo-romain. Par cette découverte le site « avec ses dix temples et son enceinte sacrée fait partie des plus grands sanctuaires reconnus dans cette partie du monde romain ».

Présilly est l’un des rares villages qui peut attester une certaine permanence religieuse depuis vingt et un siècles ! Le sanctuaire gallo-romain (Ier siècle avant J.C et IIe siècle après J.C), une église dont la présence est attestée il y a tout juste huit cents ans, en 1206, mais certainement bien antérieure, une chartreuse fondée en 1170 qui vivra jusqu’en 1792 et dont les murs sont toujours debout ! Un jour, peut-être, retrouvera-t-on l’église primitive qui permettra de dater l’apparition du christianisme en ce lieu.

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Avec l’article d’Alain Melo, nous vous invitons à comprendre le paysage « du Salève au Vuache » et à le découvrir d’une façon nouvelle. Nous avons trop l’habitude de regarder nos paysages sans les voir réellement et sans en comprendre le façonnage millénaire. Grâce à la richesse de ses connaissances, son œil avisé, l’auteur qui a effectué de nombreuses recherches archéologiques, dépouillé les cadastres et les archives, analysé les toponymes, décrypte « notre » paysage. Il nous rappelle la formation géologique et ses faiblesses - dont nos élus doivent prendre bonne note - comme nous avons pu le voir, lors de glissements de terrains à Présilly qui ont entraîné des dégâts importants pour deux villas, il y a quelques années. Il nous montre également l’intelligence de l’agriculteur qui a su habilement tirer parti de ses terres en les aménageant écologiquement. Ce travail appelle d’autres études, notamment sur la connaissance plus détaillée de la couverture végétale aux temps préhistoriques.

Quel Savoyard connaît aujourd’hui John Ruskin ? Bien peu de monde certainement. Pourtant au XIXe siècle, il était probablement l’Anglais le plus connu après la reine Victoria. Son séjour dans la Savoie nouvellement annexée à la France, et plus particulièrement à Mornex en 1862-1863, nous est conté par Chris Pool à partir de son travail de recherche présenté à l’université de Lancaster pour un diplôme de « maître d’études ruskiniennes ». Le lecteur découvrira un génie anglais, parfois comparé à Karl Marx, inspirateur du Mahatma Gandhi, admiré par Marcel Proust, estimé par Tolstoï. Critique artistique, peintre lui-même, géologue, protecteur des sites naturels et des bâtiments, écrivain, économiste, réformateur social, écologiste avant l’heure qui se préoccupe de l’effet de l’industrialisation sur l’environnement… une personne hors du commun, sans équivalent en France. Il parcourt le Salève et nous laisse des témoignages, des documents et des études inédites. Au-delà de l’intellectuel, l’homme a une grande considération pour le paysan savoyard. Il souhaite mettre sa science à disposition des habitants pour améliorer leur vie quotidienne. Il est sans conteste un des grands personnages du XIXe qui a laissé une trace indélébile au Salève et qu’il est nécessaire de faire resurgir de l’oubli.

Lorsqu’on évoque la guerre de 1939-1945 en Haute-Savoie, chacun pense à l’épisode de Glières, peu connaissent ou ont mis en valeur le « soulèvement savoyard » de mars 1943. Claude Barbier, l’un des meilleurs spécialistes de la dernière guerre en Haute-Savoie, nous fait découvrir la montée au maquis de la jeunesse savoyarde et en particulier en Chablais, suite aux mesures prises par le gouvernement de Vichy pour le Service du travail obligatoire (STO). Bien avant « Glières », ces « événements de Haute-Savoie », mis en relief dans un premier temps par la presse helvétique, attireront l’attention de Londres et des Britanniques.

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Ils eurent rapidement un retentissement national et international. Ils propulsèrent la Haute-Savoie dans la Résistance. Aux dires de Jean-Louis Crémieux-Brillac, « pour la première fois, le lien entre la fuite devant le STO et l’éventualité d’une résistance populaire armée est apparu explicitement ». Précurseur aux événements de Glières, « le soulèvement savoyard » méritait de sortir de l’ombre.

Le président de La Salévienne Claude Mégevand

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LE SANCTUAIRE GALLO-ROMAIN DE PRÉSILLY

Emmanuel Ferber

chargé d’études à l’Institut national de Recherches archéologiques préventives (INRAP) et responsable de l’opération archéologique menée, fin 2005, à Éccorçon

(commune de Présilly). Cet institut, placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Communication et

de la Recherche, assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique touchée par les travaux

d’aménagement du territoire.

Dans le cadre de la réalisation de l’autoroute A41 reliant Genève à Annecy, une zone de dépôt est prévue sur la commune de Présilly à proximité de l’entrée nord du futur tunnel permettant la traversée de la montagne de Sion. L’emplacement retenu se situe au pied du versant septentrional du mont Sion, au lieu-dit Éccorçon.

Une opération de sondages archéologiques a été effectuée sur l’ensemble du futur tracé autoroutier de mai à novembre 1996 puis de juillet à septembre 1997. Sur une partie des parcelles devant servir de zone de dépôt, une occupation antique comprenant l’aménagement d’un replat (des murs de soutènement et les fondations d’un bâtiment de dimensions modestes ont alors été recoupés) a été mise en évidence. Les données ainsi recueillies permettaient alors d’envisager des bâtiments à vocation agricole. Le faible nombre de structures maçonnées rencontrées laissait penser qu’il pouvait s’agir de constructions à usage ponctuel telles que des remises ou des granges.

La présence, en position secondaire, de quelques rares fragments de céramique néolithique suggérait une occupation

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plus ancienne des lieux. Au vu des résultats, le Service régional de l’archéologie a demandé la fouille d’une partie des parcelles, sur une emprise de 7150 m2. La fouille a mis au jour un sanctuaire à édifices multiples (Fig. 1) s’étendant sur une superficie de 4550 m2 (65 m du nord au sud pour 70 m de l’est vers l’ouest). L’occupation du site est attestée du Ier siècle avant notre ère jusqu’au troisième quart du IIe siècle après J.C.

L’intérêt majeur repose sur le fait que le sanctuaire a pu être observé sur son ensemble : le péribole est matérialisé par un mur qui renferme un temple principal (fanum de plan carré entouré d’une galerie couverte), une série de trois temples à

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Fig. 1. Plan général des structures (Levées Sylvaine Couteau, dessin Philippe Alix et Jean-Claude Mège, DAO Ch. Ronco).

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vestibule à l’est, une série de six temples (essentiellement des temples à vestibule) à l’ouest. Dans ce secteur, un bâtiment sur solin précède cette ligne de sanctuaires. La plupart de ces constructions sont bâties sur un même modèle.

Une occupation ténue est attestée de nouveau autour du VIe siècle. Le degré de conservation est variable, le site ayant subi par endroits une érosion naturelle courante sur ces bas de pente et probablement une phase de pillage consistant à récupérer les matériaux. Si plusieurs bâtiments n’existent plus que par leur fondation, une petite partie du site connaît un état de conservation remarquable. Un des bâtiments possède encore des élévations pouvant atteindre 1,20 m et les observations effectuées sur cet édifice ont été riches d’enseignement pour comprendre la mise en place et le type de construction des autres bâtiments.

LE SITE D’ÉCCORÇON-LES MURAILLES.

En 1900 lors du creusement d’un aqueduc, au Mas des Murailles (parcelle 260), on a mis au jour des « vieilles masures » pouvant appartenir à l’époque antique (Marteaux 1907, p. 181). Actuellement il existe un chemin des Murailles qui mène à la première maison placée à l’entrée sud-est du village, soit à environ 300 m au nord du site d’Éccorçon. Il semblerait que, d’après certains propriétaires des terrains étudiés, dans l’usage, les terrains sur lesquels a été effectuée la fouille soient connus sous le nom de Murailles, le nom d’Éccorçon étant attribué aux parcelles boisées placées au-dessus du site, dans la colline de Montailloux. Il y aurait donc eu un « glissement » des noms de lieu-dit sur le cadastre. Après la fouille, une étude a été faite aux Archives. La parcelle 260 du Mas des Murailles a été relevée sur la mappe sarde et elle correspond en fait à la partie basse du champ où se trouve le site (angle nord-est de la parcelle 514 du cadastre actuel). De plus, la personne qui réalisa les travaux mettant au jour les vestiges antiques, Jean Gribot, possédait à l’époque une parcelle en limite du sanctuaire découvert (parcelle 518 du cadastre de 1871 et du cadastre actuel).

Ainsi, la mise au jour en 1997 d’une occupation antique au lieu-dit Éccorçon n’est en fait que la redécouverte du site des Murailles signalé en 1907.

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Puisque ce site avait fait l’objet de découvertes anciennes, une demande a été faite au musée d’Art et d’Histoire de Genève pour savoir si des pièces provenant de ce site n’avaient pas été déposées dans cette cité qui n’est qu’à quelques kilomètres. Une seule pièce, un manche zoomorphe (tête de serpent ?) en bronze de 8 cm de long, provient de la commune de Présilly (Déoanna 1916, p. 42) et est entrée dans les collections en 1882. Sa provenance exacte n’est pas connue (Fig. 2).

Dans un cadre plus général, le site d’Éccorçon-les Murailles, placé en territoire allobroge, pourrait par la suite être en limite des pagi de Genève et de Seyssel (Bertrandy, Chevrier, Serralongue 1999, p. 69-73 [Fig. 3]). Après la réorganisation de Dioclétien (284-305), il fait partie de la cité de Genève (Rémy, Ballet, Ferber 1996, p. 54-57). La voie antique reliant Genève à Annecy est réputée traverser la commune à la hauteur du hameau du Petit Châble, soit à environ 800 m au sud-est du site étudié (Mélo 1994, p. 135-136).

Placé sur les premiers contreforts du mont Sion, il possède une vue dominante sur la ville de Genève et sa plaine, tout en étant à proximité d’un axe de circulation important pour la région, ce qui en fait un point remarquable du paysage.

Fig. 2. Manche dont l’extrémité est zoomorphe : tête de serpent ou de lézard - Époque gallo-romaine, indéterminée.

Lieu de découverte : Présilly - Bronze, fonte creuse - Long. 7,5 cm.©Musée d’art et d’histoire, ville de Genève, inv. No C 1030 (Photo : MAH)

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DESCRIPTION DES VESTIGES.

Le site proprement dit (on serait tenté de dire « intra muros ») s’étend sur une superficie de 4550 m2. Il est entouré sur trois côtés par une enceinte. Aucune structure ne semble clore la partie occidentale. La pente de la colline est particulièrement abrupte à cet endroit et il est possible que cette verticalité naturelle ait suffi pour déterminer la limite de la zone sacrée. Au pied de cette pente abrupte, deux énormes blocs erratiques forment comme des pendants et encadrent un petit chenal

Fig. 3. Carte de la Haute-Savoie gallo-romaine indiquant le découpage des pagi. Le fanum de Présilly, repéré par une étoile, se situe en limite du pagus Genavensis et du pagus Apolini. Extrait de la carte archéologique de la Gaule. La Haute-Savoie 1999. Limites administrative et hydrographique issues de la BD CARTO ®©IGN p. 71 - Paris - Autorisation N° 50-6454 (Reproduction interdite).

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qui traverse la partie occidentale du site. La façade orientale est probablement percée d’une porte qui permet l’accès au sanctuaire.

À l’intérieur de cet enclos, trois secteurs archéologiques se dessinent : au cœur du sanctuaire, un fanum construit sur un plan carré et muni d’une galerie couverte a été édifié. Dans le secteur nord-ouest, un alignement de cinq petits temples construits sur un même modèle (temple rectangulaire comprenant une cella et un vestibule) succède à une occupation plus ancienne matérialisée par les restes d’un bâtiment construit sur solin. L’occupation de la zone perdure avec la construction d’un dernier lieu de culte bâti sur un talweg comblé. Un dernier secteur est défini par l’alignement de trois autres temples à vestibule (ou pronaos) construits au sud-est du fanum principal.

Le péribole du sanctuaire est un mur de 0,60 m de large qui délimite la zone sacrée sur trois côtés (nord, est, sud). Il est probablement peu élevé, sa fonction étant essentiellement symbolique. Dans sa partie sud-est, il entaille la colline et sert en même temps de mur de soutènement. Le temple qui est construit sous ce mur de terrasse a été en grande partie protégé de l’érosion par ce mur et possède un état de conservation particulièrement rare.

LE FANUM PRINCIPAL

Un fanum de plan carré de 13,20 m de côté muni d’une galerie couverte est placé au cœur du sanctuaire. Il est orienté, comme la majeure partie des bâtiments du site, à 8°-Est. Il est placé sur la rupture de pente actuelle. La partie nord-est de l’édifice est totalement érodée : la cella n’est partiellement conservée que sur sa partie sud-ouest et seules les galeries occidentales et méridionales sont encore en place.

Les murs de la cella forment un rectangle de 8,30 m de long pour 7 m de large donnant une pièce de 43,80 m2 dans l’œuvre. Les fondations des quatre murs, d’une largeur de 0,50 à 0,60 m sont composées de lauzes de schiste, de blocs de granite portant des traces éparses de mortier de chaux.

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La galerie du fanum n’est conservée que partiellement sur trois côtés. L’aile septentrionale a totalement disparu, victime de l’érosion due à sa position en rupture de pente de l’ensemble de l’édifice. Les aires occidentales et méridionales ne sont pas identiques : leur largeur varie entre 2,80 m et 3,10 m et leur longueur est comprise entre 9,40 m et 11,40 m. Une couche de tuiles provenant de la démolition recouvre ces zones et permet de reconstituer le type de couverture qui protégeait la galerie.

Une structure empierrée est posée contre le parement extérieur du mur occidental de cette galerie. Elle possède un plan rectangulaire de 0,78 m de largeur pour une longueur minimale de 0,98 m. La partie sud de cet empierrement est détruite par la mise en place d’un drain récent qui a traversé le fanum de part en part. La fonction de cette structure reste incertaine. Il pourrait s’agir tout aussi bien d’une fondation servant à asseoir un monument que d’un aménagement réalisé devant une entrée du fanum.

De part et d’autre du mur de la galerie méridionale, deux fosses ont été creusées. Elles contiennent des charbons et les restes osseux calcinés de porcs et d’ovi-capridés. Il s’agit probablement d’offrandes rituelles. On peut envisager qu’après l’abattage des animaux, ceux-ci sont consommés. Les reliefs du repas (et peut-être de parties non consommées) sont brûlés et enfouis dans un espace consacré.

Si les fondations des parties orientales et septentrionales de l’édifice sont totalement dérasées, la présence du toit effondré sur le sol dans les galeries méridionales et occidentales, permet de conclure que, dans ces lieux, la totalité des fondations sont préservées. Leur hauteur moyenne se situe donc entre 0,20 m à 0,30 m permettant la pose de deux à trois assises.

Comparativement aux fondations recoupées dans les petits temples à pronaos environnants, le fanum principal, qui a pourtant une plus grande surface au sol, dispose de fondations relativement peu profondes. Cet état de fait peut probablement se justifier par des techniques de construction différentes. Dans les temples à pronaos, l’élévation est constituée par des murs lourds composés exclusivement d’assises de pierres liées au mortier. Dans le fanum principal,

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les petites fondations suggèrent que les murs reposent probablement sur des solins de bois. L’utilisation du poteau porteur ou de colombages est aussi envisageable. Enfin c’est justement parce que ce bâtiment est très faiblement fondé que sa moitié nord-est a totalement disparu.

L’effondrement du toit sur le terrain naturel laisse penser que le niveau de circulation n’était que très faiblement aménagé. Certes, on pourrait imaginer que les matériaux utilisés pour ce sol aient été récupérés avant la ruine totale du bâtiment, mais aucun fragment ni même aucune empreinte laissée dans l’argile jaune ne permet d’étayer cette hypothèse.

Le mobilier mis au jour dans ce secteur est disparate : on retrouve quelques tessons datés de la fin de l’âge du fer dans la galerie méridionale et à l’extérieur de la galerie occidentale. Dans la galerie occidentale et dans l’empierrement accolé au mur extérieur de cette partie du déambulatoire, le mobilier recueilli appartient au Haut-Empire (Ier et IIe siècle).

On observe que la galerie orientale est plus étroite que les galeries méridionales et occidentales. Cette anomalie architecturale qui devait poser quelques problèmes techniques pour la réalisation du toit de ce déambulatoire a dû être dictée par une contrainte. L’étude du plan montre que le bâtiment placé devant la façade orientale du fanum principal a pu limiter son expansion. Cette hypothèse suppose alors que ce temple secondaire (et probablement les deux autres avec lesquels il semble fonctionner) aurait été construit avant le grand temple principal, ce qui évidemment ne paraît pas logique. On peut alors se demander s’il n’a pas connu plusieurs phases de construction. La cella aurait été bâtie, puis dans un second temps la galerie aurait été ajoutée alors que les temples secondaires placés à l’est étaient déjà édifiés. L’adjonction d’une galerie sur un temple à simple cella semble d’ailleurs un type d’évolution courant (Flutsch 2002 p. 315). Dans le cas du fanum principal, le mobilier mis au jour dans cette partie du site, couvrant près de trois siècles, ne dément pas cette hypothèse et valide tout au moins la pérennité de l’édifice qui, du Ier siècle avant notre ère au IIe siècle après, a pu connaître quelques aménagements.

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DANS LE SECTEUR SUD-EST, UN ALIGNEMENT DE TEMPLES OCCUPE L’ESPACE

Trois temples de même plan, de même taille et possédant la même orientation (8°-Est), sont construits sur un même axe. Le bâtiment le plus à l’ouest a été le plus protégé. Avec des élévations pouvant atteindre 1,20 m, ce bâtiment possède un degré de conservation exceptionnel sur ce site (Fig. 4). Ce modèle de temple étant particulièrement représenté à Présilly, les observations faites sur cet édifice pourront servir de bases de raisonnement pour les autres constructions plus arasées.

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Fig. 4. Vue du bâtiment le mieux conservé (photo équipe de fouille).

D’une longueur de 7,40 m, il possède une largeur de 4,10 m formant un édifice de 30,34 m2. Il est composé de deux pièces : une cella de 3,70 m de long (E/O) pour 2,90 m de large (N/S), soit une pièce de 10,73 m2 dans l’œuvre, et un vestibule de 3,20 m de long (E/O) pour 1,95 m de large (N/S), soit une pièce de 6,24 m2 dans l’œuvre.

Les murs sont construits avec des moellons de pierres locales (granite et schiste essentiellement) liés au mortier de chaux suivant des assises régulières (opus vittatum). Les

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angles sont chaînés avec des moellons de molasse disposés en carreau-boutisse. Le toit est recouvert de tegulae et d’imbrices. Le sol de la cella est fait d’un semis de tuileau disposé sur un lit de chaux encore frais.

Un large seuil en bois encastré dans le mur qui sépare la cella du vestibule permet de reconstituer une large porte entre les deux pièces. À l’extérieur du bâtiment, le sol est recouvert de fragments compactés de tuiles concassées. Un foyer composé de trois dalles est posé contre le mur occidental de la cella.

Aucune trace de parement, aucun vestige d’enduit peint, ni à l’intérieur ni à l’extérieur n’ont été relevés. À l’intérieur, sous le toit effondré qui aurait dû le protéger, aucun débris permettant de reconstituer un enduit n’a été retrouvé. Certes des placages ont pu être récupérés et le foyer peut avoir été installé après le pillage du temple, mais il n’en demeure pas moins qu’aucune trace (patte de fixation, empreinte dans le sol) n’a été relevée. Quant à la possibilité d’enduit (peint ou non), on n’imagine pas qu’il ait fait l’objet d’une campagne de récupération. Le terrain est acide et a érodé les placages de marbres ; il semble pourtant déraisonnable de penser que cette acidité a pu détruire totalement des enduits de chaux. Il faudrait alors admettre que ces murs n’ont jamais été recouverts, ce qui paraît peu probable, ou encore qu’ils étaient enduits d’un revêtement qui aurait entièrement disparu ; par exemple, un enduit d’argile, une fois la toiture effondrée, aurait été lessivé par les pluies.

Deux autres temples sont alignés avec celui-ci. Ils sont construits sur un même modèle. Leur plan, leur mode de construction avec chaînage d’angle en molasse et le niveau de sol avec lequel ils correspondent permettent de penser qu’ils sont contemporains.

Si leur évolution et leur destin paraissent étroitement liés, leur datation repose sur des données ténues. Quelques fragments de poterie datés de l’âge du fer ont été retrouvés dans la couche de démolition. Des éléments du Haut-Empire sont présents dans les strates d’occupation, tandis qu’un fond de pot daté du VIe siècle a été retrouvé dans la couche d’abandon. Par ailleurs, l’extension de la galerie orientale

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du temple principal (BAT.58) pourrait avoir été limitée par l’existence d’un de ces temples. Ces édifices semblent donc avoir été construits relativement tôt (après le temple principal mais avant l’adjonction de sa galerie) et il est probable qu’ils subsistent jusqu’à la fin du sanctuaire.

LE SECTEUR NORD-OUEST CONNAÎT PLUSIEURS PHASES D’OCCUPATION.

La première phase datée du Ier siècle avant notre ère comprend les vestiges d’un bâtiment, un empierrement drainant permettant le franchissement d’un petit talweg et une canalisation. Le bâtiment est une construction sur solin probablement réalisée dès la première moitié du Ier siècle avant notre ère.

La deuxième phase d’occupation est matérialisée par l’alignement de cinq bâtiments. La plupart sont construits

Fig. 5. Vue générale du site (photo Chevron-Vilette).

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sur le modèle du temple à vestibule décrit précédemment. Seul le plus au nord (celui qui avait été vu lors des sondages de 1997) ne possède qu’une seule pièce et on peut imaginer qu’il n’était précédé que d’un auvent (Fig. 5). Du mobilier découvert dans une fosse placée devant sa façade orientale permet de le dater de la période augustéenne.

Un temple à vestibule se singularise par sa position et son orientation. Situé le plus à l’ouest dans l’enceinte du sanctuaire, il est dirigé à 20,5°-Est. Ce bâtiment est installé sur les bords d’un chenal qui draine les eaux de ruissellement dans ce secteur du sanctuaire. C’est dans le talweg de ce même chenal qu’un peu plus au nord, lors de la première occupation, un empierrement avait été mis en place. Le terrain connaît donc à cet endroit non seulement un pendage du sud vers le nord (sens de la pente) mais aussi un pendage de l’est vers l’ouest (puisqu’en bordure de chenal). Construite sur cette déclivité, une partie de la fondation (l’extrémité occidentale) a été édifiée en élévation, puis le chenal a été remblayé de façon à rendre horizontaux les abords du bâtiment, avant qu’une couche de tuile concassée ne soit déposée pour parfaire le niveau de circulation.

Au sud de ce temple, au pied d’un des deux énormes blocs erratiques qui reposent de part et d’autre du chenal, près d’un drain antique, un dépôt d’objets et de quarante-quatre monnaies a été mis au jour. Ces pièces reposent sans ordre apparent dans une cuvette de 1 à 1,60 m de diamètre.

Chronologiquement, les monnaies sont datables, pour les plus anciennes, du règne des Flaviens (69-96), pour les plus récentes, de celui de Marc Aurèle, la monnaie en meilleur état, un dupondius de Marc Aurèle, ayant été frappée entre fin 171 et fin 172 et correspondant au dépôt le plus récent. Les monnaies attribuables aux règnes d’Antonin le Pieux ou d’Hadrien sont majoritaires.

La période d’utilisation de la structure se situe durant les règnes d’Hadrien (117-138), d’Antonin le Pieux (138-161) et de Marc Aurèle (161-180) soit lors des trois premiers quarts du IIe s. environ. Il est difficile d’assurer que les monnaies flaviennes et celles de Trajan ont été déposées du vivant de ces empereurs ou si elles proviennent de dépôts plus tardifs,

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durant le règne des trois empereurs susnommés. En revanche, il semble bien qu’elles ne soient plus en usage avant le règne de Commode (180-192), aucune monnaie de cet empereur et de ses successeurs n’ayant été retrouvée.

Parmi les dépôts probablement les plus anciens (dans le fond de la dépression), on note une bague en argent : le chaton est obtenu par écrasement du jonc. Il est gravé d’une palme. Une coupelle sigillée et les fragments d’un miroir en étain ont été mis au jour. Le reste du mobilier retrouvé dans cette structure se compose de sept fragments de clous, d’une tige en fer (fléau de balance ?) et d’un tesson de panse en verre incolore.

On peut donc reconstituer une cuvette placée sur la plate-forme aménagée pour la construction des temples, au pied de la colline abrupte, près d’un mégalithe. La présence du drain et la nature très argileuse du sédiment permet de supposer que les dons se faisaient dans une petite mare.

Quelques morceaux de placage en marbre blanc veiné de violet ont été retrouvés disséminés sur l’ensemble du site : ces rares fragments sont très érodés par l’acidité du terrain. La petite taille de la plupart de ces éléments ne permet pas de préciser véritablement la nature de leur utilisation (placages muraux ?). On remarque que plusieurs possèdent cependant la même épaisseur. Ces fragments ayant été retrouvés à divers endroits, il est impossible de déterminer de quel(s) temple(s) ils proviennent. Avec un fragment de statuaire retrouvé dans l’un des temples construits dans la partie orientale du site, ils sont les seuls éléments matérialisant l’existence de quelque faste architectural, les autres données recueillies dans ce sanctuaire (mais rappelons que ce ne sont que celles parvenues jusqu’à nous) donnant une impression de rusticité aux lieux.

INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DE LA FOUILLE

Le choix d’installation d’un sanctuaire à cet endroit peut répondre à plusieurs critères :

- Le site se situe à proximité d’un axe reliant Genève à Annecy par le mont Sion. Si l’axe actuel est à environ 700 m à l’est, la mappe sarde (cadastre établi en 1732) représente un chemin

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montant à travers bois, dans le talweg limitant à l’est la parcelle étudiée (Fig. 6). On observe que sur différentes cartes anciennes, Présilly est non seulement sur l’axe de circulation mais aussi qu’il est à un carrefour entre la route de Genève à Annecy et celle menant de Genève à Rumilly. Parmi l’ensemble des cartes consultées, c’est à partir de 1772, que Présilly est définitivement délaissé au profit du Châble.

- Placé sur les premiers contreforts du mont Sion, le sanctuaire a une vue dominante sur la ville de Genève et sur sa plaine et doit pouvoir être discernable de loin ce qui en fait un point remarquable du paysage.

Fig. 6. Le cadastre sarde de 1732 montre un chemin aujourd’hui abandonné à l’est du fanum qui se dirige vers Charly-Andilly, à travers la forêt de Montalloux et qui se sépare en deux au sud en passant par un col. Ce chemin est-il le vestige d’un passage gallo-romain qui desservait le fanum ?(photo ADHS 1 CD 243)

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- La zone choisie a des vertus hydrographiques notables. Le nombre de drains retrouvés, manifestement dès la première occupation des lieux jusqu’à nos jours, suffit à démontrer combien cette parcelle a tendance à capter l’eau sur ce versant du mont Sion. Le propriétaire du terrain nous a d’ailleurs affirmé qu’au bas de la parcelle, lors de grandes sécheresses, une source dite « le bassin à Bon Dieu » restait active, même quand les autres points d’eau étaient taris. L’étude géomorphologique et les premiers résultats de palynologie montrent qu’à l’époque romaine le secteur était entouré d’eau avec un ruisseau au sud, qui s’écoulait sur une largeur de 10 m et, au nord, le lac proglaciaire, mis en évidence par Valérie Pelc lors de la phase de sondages de 1997. En règle générale, et sans parler des sources sacrées, l’eau est souvent présente dans les sanctuaires, sous forme de sources ou de puits. L’association avec des thermes est d’ailleurs chose courante (Bourgeois 1992 ; Fauduet, 1993, p. 35). Il est donc possible que sa présence ait été un facteur dans le choix du lieu.

- Les sanctuaires peuvent aussi être placés sur une zone frontalière. Dans les environs, le sanctuaire de Châteauneuf-les-Boissons en Savoie est ainsi situé à la limite entre la Narbonnaise, les Alpes Graies et les Alpes Cottiennes (Mermet, 1993, p. 137). Pour le sanctuaire d’Éccorcon-les-Murailles, la question mérite d’être posée. Pour la période celtique, il est placé en territoire Allobroge, la frontière étant clairement établie sur le Rhône et à Genève (Tarpin, 2002, p. 88). Pour la période gallo-romaine, la cité de Vienne conserve, pour ce secteur, les mêmes contours (Rémy, 2002 b) : le site n’est donc pas placé directement sur une limite territoriale. Par contre, il est possible qu’il soit en limite des pagi de Genève (pagus Genevensis), de Seyssel (pagus Dianensis) et d’Annecy (pagus Apollini[-]). La frontière entre ces deux districts n’est pas localisée avec précision et elle doit s’établir dans les environs (Bertrandy, Chevrier, Serralongue 1999, p. 69-73). Pour la période médiévale, la chartreuse de Pomier, toute proche, est située en limite du baillage de Ternier et, on peut supposer que cette frontière a repris une limite plus ancienne. Le nom même de Pomier pourrait d’ailleurs dériver de Pomerium (post-murus : derrière le mur) et signifier « frontière ».

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- Les sanctuaires comprenant plusieurs constructions sacrées sont souvent à proximité de grands centres urbains (Flutsch, 2002, p. 310). C’est le cas à Avenches, Lausanne et Petinesca où de tels complexes sont situés à une heure de marche au plus de la ville. Si on peut considérer que ce site est dans l’aire d’influence de Genève qui n’est distante que d’environ 6 km, il est difficile de parler ici de sanctuaire périurbain. Un tel sanctuaire a pourtant dû générer une activité et doit se trouver à proximité d’un village. Les sites gallo-romains recensés dans le secteur ne permettent pas, pour le moment, de noter ce genre de concentration de population.

- Enfin, un critère plus subjectif, et donc moins démontrable, peut aussi avoir été pris en compte dans le choix de l’emplacement. Ce secteur, exposé en plein nord et très humide, est aux dires de personnes habitant le village et travaillant ces parcelles, la zone la plus froide de la commune (en particulier c’est ici que la neige reste le plus longtemps). Il est alors possible que ces champs inhospitaliers peu propices à la culture ou à l’habitat aient été consacrés aux dieux par défaut. On aurait alors ici un témoignage de l’esprit matérialiste antique (pourquoi se déposséder d’un terrain utile aux besoins concrets quand une terre ingrate suffit au symbolisme du Spirituel ?).

Le choix de ce terrain est d’ailleurs probablement une convergence de tous ces critères avec plus ou moins d’importance, aucun n’étant incompatible avec les autres.

LA MISE EN PLACE DU PÉRIBOLE

L’enceinte sacrée s’installe non seulement sur le replat le plus marqué mais aussi contre un talus raide qui a permis aux occupants de faire l’économie de la construction d’une partie du mur d’enceinte. Le péribole est généralement clos de manière très concrète et l’on pourrait s’attendre à ce que Présilly ne déroge pas à la règle. La prise en compte du relief comme limite à un sanctuaire, si elle est moins courante, n’est pourtant pas impossible. C’est le cas à Kempten (Allgäu) où le complexe est délimité au sud par un mur et au nord par une forte dénivelée (Weber 1990, Weber 1994).

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Située au pied d’une forte pente, cette plate-forme naturelle est issue de la glaciation. Outre le replat et ce mur de fond naturels, les deux gros blocs erratiques, en place, ont probablement servi de limites. De tels blocs sont présents dans les sanctuaires de Lausanne (Fellmann, 1992, p. 268) et de Genève (Fellmann, 1992, p. 272) où leur rôle dans le choix du site est manifeste. L’emprise du site est aussi comprise entre deux microtalwegs.

Dans ce contexte naturel, des aménagements sont tout de même réalisés. Dans l’angle sud-est, derrière le temple le mieux conservé, le talus est entaillé verticalement et le mur d’enceinte sert alors de mur de soutènement. Une partie du microtalweg septentrional est comblée permettant la mise en place d’un temple. Il est probable que le replat ait lui aussi été égalisé afin de diminuer le pendage. Actuellement les restes visibles des temples alignés à l’ouest sont sur une pente à 9,15 %. Par contre, si on compare les sols conservés entre certains bâtiments, on observe que la pente à l’époque antique n’est que de 4,4 %. Cette remarque doit être rapprochée d’une autre observation sans laquelle la vision globale de cette partie du site est déformée : certains bâtiments sont encore légèrement en élévation, d’autres possèdent toute la hauteur de leur fondation, enfin certains ne conservent que leur première assise de fondation. Ainsi les plans des constructions visibles actuellement ne sont pas directement comparables puisqu’ils ne possèdent pas le même degré de conservation. Si on tient compte de ce facteur, il faut imaginer une plate-forme connaissant un léger pendage (4,4 % environ) sur laquelle repose la plupart des temples. Seul le temple le plus au nord est lui probablement légèrement en contrebas des autres édifices.

L’emplacement entre deux microtalwegs et l’aménagement de la plate-forme avec d’un côté le talus qui est entaillé et, de l’autre, le replat naturel qui est retravaillé n’est pas sans évoquer le temple de Jublains en Mayenne (Naveau, Pivette 1994 ). Une fois de plus cette comparaison entre deux sites pourtant distants (et conservant chacun ses caractéristiques propres, l’aménagement de la plate-forme de Jublains, par exemple, ayant nécessité un travail plus important) tend à renforcer l’image d’une normalisation du paysage à l’époque antique.

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L’ÉVOLUTION CHRONOLOGIQUE DU SITE

L’état de conservation du site est irrégulier. Le temple le plus à l’ouest, avec des élévations pouvant atteindre 1,20 m, fait figure d’exception. Plusieurs bâtiments sont dérasés au niveau de leur élévation, la plupart ne sont reconnus qu’en fondation. Le temple principal possède quant à lui, un statut particulier : si sa galerie occidentale possède encore son niveau de circulation, la moitié orientale a totalement disparu, fondation y compris. Les niveaux de circulation sont lessivés et seuls quelques sols dans la partie haute du site sont encore en place. Sur un aussi vaste sanctuaire, les dépôts votifs devraient être légion. Or la quantité de mobilier recueilli pour un tel site est dérisoire. L’érosion des strates, mais plus probablement les campagnes de récupération ou de pillage qui ont suivi l’abandon du site sont vraisemblablement à l’origine de cette quasi absence de mobilier. Dans ces conditions, il est difficile de brosser un tableau chronologique exact de l’évolution du site.

Les grandes lignes peuvent cependant être établies :

Le mobilier recueilli permet de déterminer que la zone a été occupée du début du Ier siècle avant notre ère jusqu’au IIe siècle après. Le dépôt de monnaies près des blocs erratiques n’est plus en activité sous Commode et l’absence de céramique tardive à revêtement argileux tend à confirmer (même s’il s’agit d’une argumentation a silentio) que le site n’est plus occupé au IIIe siècle.

La première phase d’occupation (Ier siècle avant notre ère) est reconnue essentiellement dans la partie occidentale du site. Le mobilier céramique est concentré sur le microtalweg occidental. À cette phase d’occupation, sont associés de façon certaine, un bâtiment sur solin, un empierrement servant de gué dans le talweg occidental et un caniveau.

Du mobilier de cette période a aussi été retrouvé sur la partie haute de la plate-forme, près du fanum principal. Bien que les liens stratigraphiques soient très ténus dans ce secteur, il paraît donc logique de penser que ce bâtiment au cœur du site, appartient à cette première phase d’occupation. Cependant, dans le déambulatoire qui

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l’entoure, la galerie orientale est plus étroite que les autres. Cette anomalie architecturale qui devait poser quelques problèmes techniques pour la réalisation du toit de ce déambulatoire a dû être dictée par une contrainte. L’étude du plan montre qu’un temple secondaire, placé devant la façade orientale du fanum 58, a pu limiter son expansion. Il faut alors supposer que le premier temple principal a été construit sur le plan d’une simple cella et que la galerie couverte n’a été ajoutée que plus tard alors que le temple à vestibule (et probablement les deux autres avec lequel il fonctionne) avait déjà été édifié. L’adjonction d’une galerie sur un temple à simple cella semble d’ailleurs un type d’évolution courant (Flutsch 2002 p. 315). Dans le cas du fanum principal, le mobilier mis au jour dans cette partie du site, couvrant près de trois siècles, ne dément pas cette hypothèse et valide tout au moins la pérennité du bâtiment qui, du Ier siècle avant au IIe siècle après, a pu connaître quelques aménagements. Des analyses C14 sont en cours sur les foyers retrouvés sur le ressaut de fondation de cette galerie ; elles pourront peut-être permettre de vérifier cette hypothèse.

Si sur la plupart des temples secondaires, l’entrée est placée sur la façade orientale, l’accès du temple principal n’est pas certain. Statistiquement, on serait tenté de le placer lui aussi à l’est, mais l’empierrement retrouvé contre le mur occidental de la galerie pourrait aussi être les traces d’une entrée. Enfin, un accès septentrional est aussi envisageable : l’espace libre sur ce côté pourrait en effet correspondre à une allée bordée par les temples alignés dans la partie occidentale du site.

LA PÉRIODE AUGUSTÉENNE

Le bâtiment le plus au nord ne possède plus aucun niveau de sol, mais la fosse mise en évidence devant l’entrée de sa cella est la seule à contenir un mobilier spécifiquement augustéen. Par défaut, cette datation peut être proposée pour l’édification de ce bâtiment qui semble s’implanter sur la partie orientale du bâtiment sur solin qui n’est donc plus en activité à cette période.

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LE HAUT-EMPIRE

L’étude céramique atteste d’une occupation Ier-IIe siècle dans la galerie du fanum principal autour des temples secondaires l’environnant. L’activité cultuelle est d’ailleurs attestée dans cette zone pour cette période avec la présence de la cuvette contenant des dépôts de monnaies datées du Ier au troisième quart du IIe siècle de notre ère.

Les temples de l’alignement occidental sont vraisemblablement construits durant cette période. Les fondations de l’un d’eux coupent le caniveau en fonction dans la première occupation du site, ce qui semble confirmer cette hypothèse. Pour ce secteur, bien qu’aucun indice concret ne vienne conforter cette hypothèse, le bâtiment dont l’orientation et la position le singularisent pourrait avoir été édifié après les autres alors que les places de choix, près du fanum principal et dans un des deux alignements de chapelles, étaient occupées.

Le mobilier retrouvé dans l’alignement oriental de temples est datable de cette période. Ces constructions sont relativement anciennes puisqu’il semble que la galerie du fanum principal ait été ajoutée après leur construction.

L’abandon du site pourrait intervenir dès la fin du IIe siècle : aucun mobilier céramique spécifique du IIIe siècle n’est présent (tant dans la fouille que dans le diagnostic de 1997) et dans la zone de dépôt de monnaies, aucune pièce provenant du règne de Commode ou de ses successeurs n’a été mise au jour. Les dernières traces d’une occupation sont matérialisées par un fond épais décollé à la ficelle probablement fabriqué au VIe siècle retrouvé dans la couche de démolition d’un temple secondaire. L’hypothèse d’une occupation aussi tardive ne peut être sérieusement abordée sur la foi d’un tesson, mais on peut se demander si cette période ne correspond pas à la phase de récupération des matériaux du sanctuaire.

LES DIFFÉRENTS TYPES DE CONSTRUCTION

De la plupart des édifices, il ne subsiste que les fondations. L’ensemble des constructions peut alors être réparti suivant trois types de plan.

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- Le bâtiment le plus ancien (début du Ier siècle avant notre ère) est une construction sur solin. Les fondations conservées sont faites de deux hauteurs de pierres posées, sans liant apparent, dans une tranchée étroite. Aucun niveau de sol n’a été formellement reconnu. Le mobilier retrouvé dans un limon argileux, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’édifice, est manifestement lié à cette construction. Or il n’est associé à aucun nodule de mortier. Le sol, même s’il est dégradé et donc difficilement reconnaissable, est probablement affleurant aux deux assises de fondation et ne serait fait que de terre battue. Seul un angle de l’édifice est conservé. Ces données restent trop lacunaires pour permettre d’estimer la taille de la construction. La fonction des lieux est aussi incertaine : il est probable que le temple principal soit contemporain de ce bâti. La vocation des lieux est donc déjà cultuelle. Pour autant, diverses constructions peuvent être intégrées à un sanctuaire sans être des temples.

- Le temple principal est placé au cœur du sanctuaire. C’est un fanum de plan carré muni d’une galerie couverte. L’ensemble mesure 13,20 m de côté. La cella de plan rectangulaire (7 m x 8,30 m) est entourée de galeries dont la largeur varie entre 2,70 et 3 m. Pour ce genre d’édifice, cette taille (entre 10 et 15 m) est très courante (Fauduet, 1993, p. 67). Les fondations des murs de la cella, mais aussi de la galerie sont composées de deux assises de pierres locales liées par endroits par un mortier maigre. Ces faibles fondations suggèrent une construction sur solins de bois. L’utilisation de poteaux porteurs ou de colombages est aussi envisageable. Comme nous l’avons déjà mentionné, le déambulatoire a été probablement ajouté dans une seconde phase. Les murs qui supportent cette galerie couverte sont eux aussi peu fondés laissant penser qu’il ne s’agit pas de murs pleins mais plutôt de murs d’appui. Le toit est donc probablement soutenu par un alignement de poteaux prenant appuis sur ces murets. Sous la couche de tuiles matérialisant le toit effondré, aucune trace d’aménagement de sol n’a été reconnue, laissant supposer que le niveau de circulation était en terre battue.

- Les autres bâtiments recensés dans ce sanctuaire sont tous des temples à vestibule. Dans la plupart des cas, ce vestibule est maçonné. Dans 1 (BAT.42) voire 2 (BAT.29) cas, ce vestibule n’existe pas ou, tout du moins, n’est pas maçonné.

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Temple à vestibule

Orientation Taille globale

Surface vestibule

Surface cella

BAT.42 3° 5,50 x 4,45

BAT.29 3° 3,95 x 2,45 2,50 x 1,30

BAT.51 4° 6,20 x 3,45 2,50 x 1,60 2,80 x 2,40

BAT.20 2° 8 x 4,60 3,20 x 2,00 3,70 x 2,75

BAT.54 1° 6 x 3,30 2,40 x 1,30 3,50 x 2,30

BAT.57 20,5° 7,20 x 4,05 2,80 x 1,50 3,70 x 2,80

BAT.60 8° 7,50 x 4,75 3,10 x 1,65 3,30 x 3,15

BAT.70 8° 7,80 x 4,20 3,10 x 2,10 3,90 x 3

BAT.80 8° 7,40 x 4,10 3,20 x 1,95 3,70 x 2,90

Les diverses orientations constatées suggèrent plusieurs phases de construction. Ces phases ne répondent pas nécessairement à une évolution chronologique du site (avec par exemple, un premier temps, construction des temples 42 et 29 suivant le même axe (3°-Est), puis des temples 60, 70, 80 suivant une nouvelle orientation, 8°-Est). Les temples peuvent être axés suivant l’emplacement du lever du soleil au moment de leur construction : les temples de même axe ne seraient alors pas nécessairement contemporains, mais auraient été bâtis à la même saison.

Avec des élévations pouvant atteindre 1,20 m, le bâtiment le plus à l’ouest (BAT.80) possède un degré de conservation exceptionnel. Son plan étant globalement comparable à celui des temples 70, 60, 54, 20, 51 et 57, les observations faites sur cet édifice peuvent servir de base de raisonnement pour les autres constructions plus arasées. Ainsi, l’ensemble des données recueillies principalement sur le temple 80 et parfois vérifiées sur les autres édifices, permet d’obtenir une approche assez précise du mode de construction employé sur l’ensemble du sanctuaire :

- Les murs du BAT.80 sont construits avec des moellons de pierres locales (granite et schiste essentiellement) liés au mortier de chaux suivant des assises régulières (opus vittatum). Les angles sont chaînés avec des moellons de molasse disposés en carreau-boutisse. Ce type de construction est attesté sur les bâtiments 70, 54, 57.

- Les deux pièces sont liées (observation vérifiée sur tous les temples à vestibule).

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- Ses fondations sont relativement profondes (0,46 m), faites en tranchées étroites. À l’exception du temple 57, construit sur le bord d’un talweg, pour lequel une partie de la fondation est construite en élévation puis remblayée, la tranchée étroite est la règle. La hauteur de fondation varie. Pour le temple 60, elle est supérieure à 0,90 m ; pour le temple 20 elle atteint 0,60 m ; pour le temple 51 elle est de 0,46 m ; dans le temple 54 elle est de 0,80 m ; dans le temple 57, elle dépasse 1 m. Outre les irrégularités du terrain qui peuvent nécessiter des fondations particulières (comme dans le cas du temple 57), les différences de hauteurs dans les fondations sont à lier au poids de l’édifice et donc à sa hauteur. Ainsi, si le temple 60 est plus fondé que le temple 80 de superficie et de plan comparable, c’est probablement parce que ses murs sont plus lourds et ils sont plus lourds parce qu’ils sont plus élevés ; les murs du temple 60 sont par ailleurs légèrement plus larges, ce qui est aussi un indice pour une construction plus haute. Ainsi, si une certaine homogénéité est de rigueur (même plan, surface au sol comparable), elle n’empêche probablement pas des singularismes.

- Dans deux cas (BAT.57 et 70), on retrouve sur le sommet de la fondation, un lit irrégulier de fragments de tuiles. Les vertus hydrofuges de ce matériau sont peut-être recherchées, à moins qu’il ne s’agisse d’une grossière assise de réglage afin de baser la fondation sur une même cote. Accessoirement, ce réemploi de tuiles démontre que ces bâtiments n’appartiennent pas à la première phase de construction du sanctuaire.

- Le toit est recouvert de tegulae et d’imbrices. Les fragments de tuiles sont présents dans les couches de démolition du bâtiment BAT.80, mais aussi dans celles entourant les bâtiments 60, 70, 58, 54, 57, 20 et 51. Des tegulae sont présentes dans la fondation des murs du bâtiment BAT.29.

- Le sol de la cella du bâtiment 80 est composé d’un radier recouvert d’un lit de chaux. Un semis de tuileau est disposé sur ce sol encore frais pour en assurer l’adhérence. L’aspect général devait évoquer le terrazzo. Ce type de sol est présent dans le bâtiment 54. Dans les bâtiments 60 et 57, seul un lambeau du radier est conservé.

- Dans le bâtiment BAT.80, le sol de la cella est surélevé

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de 0,35 m par rapport au niveau de circulation extérieure. Dans les trois autres cas où il est identifiable, on constate que le niveau de sol de la cella est surélevé (de 0,35 m pour le bâtiment BAT.60, de 0,20 m pour le bâtiment BAT.54 et supérieur à 0,15 m pour le bâtiment BAT.57).

- Un large seuil en bois est encastré dans le mur qui sépare la cella du vestibule du bâtiment 80, ce qui permet de restituer une large porte entre les deux pièces. Faute de bonne conservation, cette observation, n’a pas été faite sur les autres temples ce qui n’exclut pas pour autant qu’une large porte était la règle dans ce lieu.

- Les murs du vestibule sont moins larges que ceux de la cella. Il est donc pensable que la charge est moins importante sur cette partie du bâtiment. On est alors en droit d’imaginer des murs moins hauts supportant un avant-toit. Le type de toit (1 ou 2 pans) ne peut être défini. Les temples BAT.70, 54, 20, 51 possèdent aussi des murs plus étroits sur leur vestibule.

- À l’extérieur du bâtiment 80, le sol est recouvert de fragments compactés de tuiles concassées. Ce type d’aménagement est réalisé autour des temples 70, 54, 57 20 et 51. En fait il est pratiquement présent sur l’ensemble de la plate-forme aménagée pour permettre la construction des temples. Près du temple 57, une étude plus détaillée a été faite : les tuiles concassées sont compactées sur une hauteur de 6 cm. Cette strate recouvre une couche de 6 cm de gravier et de sable. L’ensemble repose sur le terrain naturel argileux. Étant donné la nature du terrain et la présence constante d’eau, les vertus hydrofuges de ce revêtement devaient être nécessaires pour éviter la boue.

- Aucune trace de parement, aucun vestige d’enduit peint, ni à l’intérieur ni à l’extérieur du bâtiment 80 n’ont été relevés. À l’intérieur, sous le toit effondré qui aurait dû le protéger, aucun débris permettant de reconstituer un enduit n’a été retrouvé. Si d’éventuels placages sont envisageables à l’intérieur de la cella (de rares fragments de marbre sont disséminés sur l’ensemble du site), ils ne paraissent pas l’hypothèse la plus crédible (un foyer à l’intérieur de la cella est posé contre le mur sans laisser la place pour un

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tel revêtement). Et quand bien même ils eussent existé à l’intérieur de l’édifice, on ne pourrait pour autant généraliser leur pose aux façades extérieures. De simples enduits (peints ou non) n’ont pu faire l’objet d’une récupération. L’absence de revêtement, si elle reste techniquement possible, ne paraît pas être une pratique courante pour cette période. Il faudrait alors admettre qu’ils étaient enduits d’un revêtement qui aura entièrement disparu ; par exemple, un enduit d’argile, une fois la toiture effondrée, aura été lessivé par les pluies.

- Si l’ensemble des données recueillies laisse penser que ce sanctuaire conserve une certaine rusticité, les cinq fragments de placage en marbre blanc veiné de violet (proche du marbre Fior Di Pesco) et le fragment de statuaire en marbre provenant probablement de Marmara démontrent qu’un certain faste était aussi de mise. Le fragment pourrait appartenir à une statue de grande taille ce qui implique là encore une monumentalisation du site. La part d’ornements luxueux est difficilement estimable dans l’état actuel des données. Les rares éléments mis au jour permettent de dire qu’ils ont existé, mais l’évaluation de leur ampleur dépend principalement du degré de démantèlement (pillage, récupération, érosion) du site, lequel est manifestement important.

LES DIEUX HONORÉS DANS CE SANCTUAIRE.

L’idée d’un temple principal entouré de temples secondaires peut faire penser que le lieu est consacré principalement à un dieu et que d’autres lui sont associés.

La présence d’eau sur le site et d’une dépression, probablement pleine d’eau dans laquelle on a retrouvé des monnaies, est chose courante dans un sanctuaire, quels que soient les dieux honorés. Une source dans un lieu de vénération n’a donc pas de facto un caractère sacré.

Sur l’ensemble du mobilier mis au jour, un seul élément est attribuable à une divinité précise : dans la partie sommitale du radier, un fragment de statuaire en marbre blanc a été retrouvé. D’une hauteur maximale de 14 cm, la forme générale est conique avec un diamètre de 8,2 cm à la base et de 7,6 cm au sommet. Cette partie a été percée

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en son centre d’une mortaise dans laquelle est resté fiché le reste d’un goujon en fer. La sculpture évoque un tronc d’arbre noueux. Trois protubérances sortent de la matière. Sur chacune d’elles, une entaille en forme d’amande a été réalisée. Si l’interprétation doit tenir compte de la modestie de la taille de l’objet, ce fragment n’est pas sans rappeler des représentations de l’attribut majeur d’Hercule : sa massue (Fig. 7). Les protubérances entaillées d’une forme en amande, évoquant la nodosité de l’olivier dans lequel fut réalisée l’arme offerte par Minerve sont par exemple visibles sur l’Hercule-Commode du musée Capitolin de Rome (Liberati, Bourdon 1996, p. 50) ou encore sur les bas-reliefs de la villa de Chiragan

Fig. 7. Élément de statuaire (fragment de massue appartenant à Hercule ?) Photo E. Ferber.

exposés au musée de Toulouse (Cazes, 2005, p. 18-22). Un élément comparable a été mis au jour dans les sources de la Seine (Moitrieux 2003, pl. III n° 25). Si cette hypothèse était avérée, le diamètre de la massue suggérerait une statue (ou un buste) à l’échelle 1 voire à une échelle légèrement supérieure à la taille réelle comme, par exemple, l’« Hercule » d’Aix-les-Bains dont la taille avoisine 2,50 m.

Cette hypothèse a ses limites : on ne peut exclure totalement que ce fragment ne représente qu’un simple tronc

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servant d’appui à une statue. Il faut cependant noter que, dans la plupart des cas, ce type de figuration représente le départ des branches et non leur extrémité énucléée. Par ailleurs, à Vienne, un personnage tenant un bâton noueux a été identifié comme un Hercule, puis, après la découverte de la partie sommitale du monument, il s’est avéré être un satyre (Moitrieux 2003, p. 12).

Si la région n’est pas celle où Hercule est le plus représenté (Moitrieux 2003, p. 116), il est relativement courant : Bernard Rémy (Rémy 2002, 2003) dénombre chez les Allobroges et dans la cité de Vienne cinq statues et vingt-neuf statuettes. On le retrouve sur trois mosaïques (2 à Vienne, 1 à Saint-Paul-les-Romans) et sur deux inscriptions à Vienne. Dans les environs, outre quelques statuettes à Annecy, il est mentionné sur une inscription à Lausanne.

La taille de la statue et la qualité du matériau utilisé laissent penser qu’il ne devait pas s’agir d’une statue offerte à un dieu, mais bien de la représentation du dieu honoré dans un de ces temples. Par contre on ne peut que conjecturer sur le fait qu’il s’agisse de la statue du dieu principal ou celle d’un dieu « invité ».

Ce fragment a été retrouvé dans la partie sommitale et disloquée du radier d’un temple secondaire (BAT.70). Il est difficile dans ces conditions de savoir si, à l’origine, la statue était dans cette chapelle. On peut se demander si les fragments de la statue ont été réemployés pour la construction de cet édifice ou si, lors de la période « de pillage » du site, ce fragment a été oublié près du lieu même de la destruction de la statue.

Malgré la rareté du mobilier, quelques pratiques cultuelles sont représentées dans ce sanctuaire :

- Deux fosses charbonneuses en relation avec le temple principal, sont creusées de part et d’autre du mur méridional de la galerie sud. Ces cuvettes sont remplies de charbons et de restes fauniques qui sont probablement les vestiges d’offrandes brûlées adressées aux dieux sous forme de fumée. Il pourrait aussi s’agir des reliefs de repas réalisés lors de cérémonies. Ce type de structures se retrouve fréquemment

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dans les lieux de culte. On en retrouve dans le sanctuaire de Faverges contre le mur d’enceinte et près du plus grand des bâtiments (Serralongue, 1994, p. 39). Dans le sanctuaire de Genève - Saint-Gervais, pour la période augustéenne, des foyers avoisinent un petit bâtiment aux murs d’argile.

Des os de porcins et d’un jeune ovi-caprin (essentiellement un membre postérieur) ont été identifiés. Ces animaux sont, avec le bœuf, les plus représentés dans les lieux de culte (Fauduet, 1993, p. 127).

- Le foyer retrouvé dans la cella du temple 80 est probablement lié à une pratique cultuelle. Ce lieu n’étant pas accessible aux pratiquants, il faudrait donc supposer qu’il était alimenté par un prêtre. Là encore, un foyer à l’intérieur de la cella est un usage reconnu : à Yverdon-les-Bains, deux sacella datés du 2e quart du Ier siècle après J.-C., possèdent un foyer fait de dalles, comparable à celui-ci (Menna, Schopfer, 2004, p. 305).

- Les dépôts votifs retrouvés au pied d’un des deux blocs erratiques sont regroupés dans une dépression, probablement remplie d’eau, creusée dans un terrain argileux. L’essentiel des offrandes est constitué de monnaies attribuables au règne d’Antonin le Pieux ou d’Hadrien. Quelques-unes présentent des traces charbonneuses qui laissent penser, qu’avant d’être déposées ici , elles avait fait l’objet d’un autre rituel où elles avaient été jetées dans un feu. On peut imaginer qu’une pièce brûlée parmi des offrandes aura été ultérieurement récupérée par un dévot qui l’aura jetée dans cette cuvette. Cependant, les traces de calcination sont présentes sur cinq monnaies montrant que la pratique est relativement courante. Les deux actes (monnaie brûlée puis jetée dans cette dépression) pourraient alors être consécutifs d’un même rite.

Outre les monnaies, cette dépression contient des clous, une tige en fer qui pourrait être un fléau de balance, une bague en argent, un miroir et une petite coupe sigillée.

En dehors de cette dépression, les dépôts votifs se font rares : quelques tessons ont été retrouvés légèrement sous le niveau de circulation dans les galeries du fanum principal sans que l’on puisse affirmer qu’il s’agisse véritablement

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d’objets enfouis volontairement. Sur l’ensemble du site, le nombre de clous est relativement élevé. Là encore, ils ont souvent été retrouvés lors de la phase de nettoyage des abords des temples et leur degré d’enfouissement ne permet pas de déterminer s’il s’agit d’éléments perdus dans la démolition ou de pièces enfouies volontairement. De grands clous de charpentier retrouvés devant la façade orientale du temple BAT.80 et une épingle en bronze mise au jour lors du nettoyage des murs du temple BAT.60 pourraient, soit par leur nature, soit par leur emplacement, être des offrandes.

- À égale distance de deux temples, une fosse d’environ 0,70 m de diamètre pour une profondeur de 0,11 m a été creusée dans le terrain naturel. Son fond est fait d’une dalle de schiste trapézoïdale calée par des fragments de tegulae pour être parfaitement horizontale. La faible profondeur du creusement et surtout l’aménagement réalisé dans le fond de la structure font penser qu’il pourrait s’agir d’une base pour la mise en place d’un monument à moins qu’il ne s’agisse d’un reposoir pour diverses offrandes (Weber 1994, p. 18) comme le laissent penser les rares charbons et la monnaie retrouvés dans le comblement de cette dépression.

- Aucun graffiti sur tuiles n’a été observé. La possibilité d’identifier ce genre de pratique rencontré à Châteauneuf (Savoie) avait été évoquée lors de la phase de décapage. Les gros fragments de tuile ont donc été systématiquement observés sans qu’aucune gravure ne soit relevée.

Ce genre de sanctuaire est aussi souvent accompagné d’un théâtre (Fauduet 1993, p. 35). Cette éventualité a donc été prise en compte : les bois environnants ont donc été prospectés et une vue aérienne de 1936 a été étudiée sans qu’aucun indice d’édifice public ne soit mis en évidence.

Fig. 8. Page suivante.Essai de restitution du sanctuaire

(Dessin et DAO Pierre Rigaud).

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CONCLUSION

La fouille s’est déroulée dans des conditions particulièrement rigoureuses et les résultats obtenus se sont révélés exceptionnels. Le site d’Éccorçon-Les Murailles, avec ses dix temples et son enceinte sacrée (Fig. 8), fait partie des plus grands sanctuaires reconnus dans cette partie du monde romain. Il est comparable aux plus grands sanctuaires fouillés en Suisse ou en Allemagne et on ne connaît en région Rhône-Alpes qu’un site de même envergure, le sanctuaire de Faverges. Bien des questions restent encore sans réponse. Le nombre de temples paraît important pour un secteur aussi rural et la part d’éléments fastueux reste à déterminer. La piste d’une statue monumentale d’Hercule est évidemment très intéressante, mais ne repose que sur un petit fragment de marbre…

Alors que ce site était condamné à la destruction totale pour entreposer les déblais du tunnel sous le Mont-Sion, la société d’autoroute a renoncé pour des raisons techniques à ces parcelles peu enclines à recevoir des dépôts de terre. La société d’histoire La Salévienne et le syndicat Mixte du Salève se sont alors mobilisés pour conserver les vestiges. Sur proposition de la société d’autoroute, les exploitants agricoles de Présilly ont accepté d’accueillir les remblais sur une autre zone agricole, participant ainsi au sauvetage du site. Pour éviter la destruction par le gel et l’érosion, il a été remis en terre au printemps 2006 sous la responsabilité de la DRAC Rhône-Alpes. Des études ultérieures pourront peut-être un jour compléter les données recueillies.

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Lexique

Cella : pièce dans le temple où se trouve la statue du dieu.

Fanum : temple. Bien qu’il ne semble pas que les romains aient utilisé ce terme pour un type de temple particulier, il est actuellement le plus souvent employé pour désigner les temples gallo-romains de « type gaulois », c’est-à-dire ceux formé d’une cella entourée d’une galerie (c’est le cas du temple principal dans le sanctuaire de Présilly).

Imbrex (pluriel imbreces) : les toits romains sont confectionnés à partir de deux types de tuiles. De grandes tuiles plates à rebords (tegulae) sont posées sur la charpente, puis des tuiles creuses, semblables aux tuiles-canals (imbreces) sont placées sur les jonctions pour assurer l’étanchéité.

Marbre Fior Di Pesco : marbre blanc veiné de violet provenant de Toscane.

Péribole : enceinte sacrée.

Pronaos : synonymes de vestibule, il est souvent employé pour des temples plus grands que ceux rencontrés à Présilly.

Sacella : petite enceinte sacrée.

Solin : petit muret formées de deux ou trois assises permettant d’égaliser un terrain et d’assurer une base solide et sèche à une élévation comprenant une charpente de bois.

Tegula (pluriel tegulae) : tuiles plates à rebord - voir imbrex.

Terrazzo : sol de mortier contenant des éclats de calcaire.

Vestibule : pièce ou seuil placé devant la chambre du dieu (cella). Contrairement à la cella, cet endroit est accessible aux fidèles qui peuvent y déposer leurs offrandes.

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Bibliographie

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