Ridolfino Venuti (1705-1763) Antiquaire romain des Lumières et fondateur de l'Académie étrusque...

24
1 Mandray Sara Master 2 « de la Renaissance aux Lumières » Séminaire de Pierre Musitelli Littérature italienne « de la Renaissance aux Lumières » Ridolfino Venuti (1705-1763) Antiquaire romain des Lumières et fondateur de l'Académie étrusque de Cortone « Ce qui m'a touché dans vos dissertations, c'est qu'on y voit un sçavant, qui a de l'esprit, ce qui ne se trouve pas toujours. » Lettre de Montesquieu à l'abbé Venuti du 17 mars 1739 1 « L'un des plus célèbres et des plus laborieux antiquaires du dix-huitième siècle » : ces quelques mots qui introduisent l'article « VENUTI (Ridolfino) » de la Biographie universelle de Louis-Gabriel Michaud 2 nous paraissent esquisser parfaitement la figure de l' « Abate Ridolfino de' Marchesi Venuti » 3 . Originaire d'une vieille famille aristocratique de Cortone, féru d'antiquités, d'art et de littérature, cet esprit hors-pair, remarquable de par « l'ultimo raffinamento della sagace sua mente » 4 , acquis en son temps une renommée qui dépassa les frontières de l'Italie. Jamais pourtant ses hautes fonctions à Rome, auprès du Cardinal 1 Montesquieu, Correspondance II in Œuvres complètes de Montesquieu, sous la direction de P. Rétat et C. Volpilhac-Auger, ENS Éditions-Classiques Garnier, Lyon-Paris, 2014, lettre 492 du 17 mars 1739 « Montesquieu à l'abbé Venuti », p. 174-176 2 Biographie universelle, ancienne et moderne, ou histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus et leurs crimes, Tome 48, L. G. Michaud, Paris, 1827, article « VENUTI (Ridolfino) », p. 148 3 Pompilio Pozzetti, Elogio dell'abate Ridolfino dei marchesi Venuti, patrizio cortonese, detto nell'Accademia etrusca di Cortona, Firenze, Pietro Allegrini, Croce Rossa, 1789. P. Pozzetti, biographe de Ridolfino et auteur de son éloge funèbre en 1789, est dans ce travail l'une de nos sources principales. 4 P. Pozzetti, ibid.

Transcript of Ridolfino Venuti (1705-1763) Antiquaire romain des Lumières et fondateur de l'Académie étrusque...

1

Mandray Sara Master 2 « de la Renaissance aux Lumières » Séminaire de Pierre Musitelli Littérature italienne « de la Renaissance aux Lumières »

Ridolfino Venuti (1705-1763)

Antiquaire romain des Lumières et fondateur de l'Académie étrusque de Cortone

« Ce qui m'a touché dans vos dissertations, c'est qu'on y voit un sçavant, qui a de l'esprit,

ce qui ne se trouve pas toujours. »

Lettre de Montesquieu à l'abbé Venuti du 17 mars 17391

« L'un des plus célèbres et des plus laborieux antiquaires du dix-huitième siècle » : ces quelques mots qui introduisent l'article « VENUTI (Ridolfino) » de la Biographie universelle de Louis-Gabriel Michaud2 nous paraissent esquisser parfaitement la figure de l' « Abate Ridolfino de' Marchesi Venuti »3. Originaire d'une vieille famille aristocratique de Cortone, féru d'antiquités, d'art et de littérature, cet esprit hors-pair, remarquable de par « l'ultimo raffinamento della sagace sua mente »4, acquis en son temps une renommée qui dépassa les frontières de l'Italie. Jamais pourtant ses hautes fonctions à Rome, auprès du Cardinal

1 Montesquieu, Correspondance II in Œuvres complètes de Montesquieu, sous la direction de P. Rétat et C. Volpilhac-Auger, ENS Éditions-Classiques Garnier, Lyon-Paris, 2014, lettre 492 du 17 mars 1739 « Montesquieu à l'abbé Venuti », p. 174-176 2 Biographie universelle, ancienne et moderne, ou histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus et leurs crimes, Tome 48, L. G. Michaud, Paris, 1827, article « VENUTI (Ridolfino) », p. 148 3 Pompilio Pozzetti, Elogio dell'abate Ridolfino dei marchesi Venuti, patrizio cortonese, detto nell'Accademia etrusca di Cortona, Firenze, Pietro Allegrini, Croce Rossa, 1789. P. Pozzetti, biographe de Ridolfino et auteur de son éloge funèbre en 1789, est dans ce travail l'une de nos sources principales. 4 P. Pozzetti, ibid.

2

Alessandro Albani, puis auprès des papes Benoît XIV, et Clément XII, ses charges importantes, ni les honneurs qui lui furent faits en Europe5, ne le détournèrent totalement de sa terre natale et de ses engagements premiers. Il fut, avec ses frères, à l'initiative de l'Académie étrusque de Cortone, célèbre encore aujourd'hui notamment pour son musée où est exposée la Tabula Cortonensis, troisième texte étrusque le plus important de par sa longueur. Sa vie durant, Ridolfino, premier père de l'Académie, resta pour elle un soutien indéfectible. Il en fut le digne secrétaire, chargé de la publication des Saggi di Dissertazioni6, et le serviteur zélé. Toujours, il s'employa à accroître la gloire de sa patrie, terre dans laquelle il repose aujourd'hui. Les premières années (Florence, Pise et Cortone)7 Nous reprenons, pour introduire cette première partie de la biographie de Ridolfino Venuti, celle de sa formation, la citation de Cicéron placée en exergue par P. Pozzetti dans son Elogio : « Atque idem ego contendo, cum ad naturam eximiam atque inlustrem accesserit ratio quaedam conformatioque doctrinae, tum illud nescio quid praeclarum ac singulare solere exsistere. »8. Car Ridolfino, comme l'écrit L.-G. Michaud, « montra de bonne heure des dispositions rares pour l'étude » et ce sont cette application et cette curiosité qui constituent les bases de son érudition. Ridolfino Venuti naît à Cortone en novembre 1705. Il est le quatrième d'une fratrie de cinq garçons : Girolamo l'aîné, Giovanni Battista le second9, puis Marcello (1700-1753), Ridolfino et Filippo (1709-1769)10, le cadet. Fils du « Cavaliere » Giuseppe Venuti et de Francesca Baldelli, il perd son père alors qu'il est encore jeune. Lui et ses frères sont placés sous la tutelle de leur oncle Domenico Venuti, « auditore fiscale » à Florence du Grand-duc de Toscane François II de la maison de Habsbourg-Lorraine (1737-1765). Il séjourne peu de temps auprès de ce précepteur fortuné qu'est son oncle. Esprit curieux et doué, il suit son frère Marcello au lycée Cicognini de Prato, non loin de Florence. Il s'adonne à l'étude avec rigueur et

5 Il fut associé aux académies de Paris, Londres et Copenhague. 6 Revue de l'Académie étrusque de Cortone 7 Nos deux sources principales sont l'Elogio de P. Pozzetti et l'Accademia etrusca de P. Barocchi et D. Gallo (cf. bibliographie). 8 Cicéron, Pro Archia, VII : « J'ajoute même que la nature sans instruction a plus souvent conduit à la gloire et à la vertu que l'instruction sans la nature ; mais je soutiens en même temps que le naturel le plus heureux et le plus riche de son propre fonds se perfectionne et s'enrichit encore par l'étude, et qu'il résulte presque toujours de leur concours mutuel je ne sais quoi d'extraordinaire et de parfait. » Traduction M. De Guerle, Paris, Panckoucke, 1831 9 2006, Filippo Fortunato Venuti u l-kwadru titulari ta' Marija Assunta fl-Imqabba Soċjetà Santa Marija u Banda Re Ġorġ V, Mqabba mis en ligne par Jonathan Farrugia sur le site Academia.edu : https://www.academia.edu/8508784/2006_Filippo_Fortunato_Venuti_u_l-kwadru_titulari_ta_Marija_Assunta_fl-Imqabba D. Gallo présente aussi un arbre généalogique de la famille dans son Accademia etrusca (cf. bibliographie), p. 75, fig. 38. 10 Source : Royal Society « List of Fellows 1660-2007 »

3

apprend le latin, à travers l'étude duquel il s'éveille à la poésie et à l'éloquence. Curieux des sciences, il poursuit sa formation à Pise. Il y étudie notamment la philosophie et les mathématiques, qui lui confèrent un esprit rigoureux, auprès de professeurs comme Bernardo Tanucci (1698-1783) ou comme le mathématicien et ingénieur Guido Grandi (1672-1742). Dès 1720, à l'aube de ses quinze ans, ordonné prêtre, il est nommé chanoine responsable du chapitre de l'église collégiale Santa Maria Nova de Cortone11. De retour dans son pays natal, il se consacre aux études classiques, sans oublier l'hébreu, le français, et, ce qui est rare à l'époque, l'anglais12. Fondation de l'Accademia etrusca13 Son amour pour les lettres et l'Antiquité le conduit à fonder à Cortone en 1726 avec ses frères Filippo et Marcello une académie littéraire14, la Società degli Occulti. Elle est fondée au départ pour permettre l'achat de livres à usage commun, d'où son autre nom : Società per la compra dei libri. Elle ne se constitue vraiment en cercle littéraire qu'en novembre 1727, avec l'ambition d'approfondir l'histoire de la ville de Cortone et de ses Antiquités. Elle prend alors le nom d'Accademia delle antiche erudizioni puis d'Accademia etrusca delle antiquità ed iscrizioni. L'Académie étrusque de Cortone est née. Elle marque véritablement le renouveau de la culture toscane et constitue un centre de promotion des lettres et du savoir, à Cortone même, et dans toute l'Italie. Marcello et Ridolfino en furent les principaux promoteurs et deviennent les ambassadeurs des lettres et de la Toscane en Europe. Marcello, archéologue reconnu, nommé par la suite directeur de la bibliothèque et du musée de Naples par Charles III de Bourbon, est l'inventeur d'Herculanum. Avant même cependant de contribuer par le prestige de sa position au rayonnement de l'Académie, il œuvre activement pour la faire connaître auprès des lettrés d'Italie et d'Europe. Ainsi par exemple, en 1728, il rencontre Montesquieu lorsqu'il accomplit son Grand Tour et le fait membre associé. Les plus grands savants de toute l'Italie publient dans les Saggi et Ridolfino ne ménage pas son effort de sorte que les premières dissertations reçoivent selon Pozzetti un accueil triomphal15. Elles constituent le meilleur moyen d'étendre l'influence de l'Académie et de la faire connaître à l'étranger. Aussi l'Académie compta parmi ses membres des personnalités de son temps et de

11 « Canonico della Collegiata di S. Maria Nuova » 12 Il traduit notamment la Dissertazione sopra Oriana Imperatrice, e Regina d'Inghilterra supposta Moglie di Carauso Augusto sotto Diocleziano Imperatore dans les Saggi T. 7, Dissert. XIV, p. 239. (Source Pozzetti) 13 La source principale de cette sous-partie est l'article de P. Musitelli « Filippo Venuti, ami de Montesquieu et collaborateur de l'édition Lucquoise de l'Encyclopédie » publié dans la revue Dix-huitième siècle n° 38 (cf. bibliographie). 14 « Letterario Istituto » 15 Nous travaillons actuellement à quantifier la diffusion de ces premiers Saggi.

4

grands érudits comme le secrétaire de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, ou encore de grands penseurs comme Voltaire. L'Académie étrusque reste cependant une affaire de famille et les premières collections relèvent d'acquisitions faites par Onofrio Baldelli16, oncle maternel des frères Venuti, durant son séjour à Rome en 1728, à l'occasion du procès en canonisation de la vénérable Veronica Laparelli, mystique cistercienne décédée à Cortone en 1620. Onofrio, qui connaît Rome pour y avoir étudié le droit, est missionné par la famille Laparelli pour suivre la clause de béatification. Il noue alors un certain nombre de relations qui aideront Ridolfino lors de son propre séjour à Rome. Un début de carrière entre Rome et Cortone En 1729, Ridolfino est appelé à Rome au service du cardinal Alessandro Albani. Sa venue à Rome est l'occasion pour lui de perfectionner ses connaissances par l'examen des monuments et par la fréquentation des artistes et des savants17. Il travaille notamment à cette époque sur les inscriptions antiques18. C'est l'occasion pour lui d'une première publication en 1733, sur une inscription du Musée Corsini19. L'inscription se trouve sur un autel de marbre blanc statuaire acquis récemment par la famille Corsini. Il s'agit d'une longue inscription qui étonnement ne mentionne pas le nom de la divinité à laquelle est dédié l'autel. Ridolfino examine attentivement chaque nom de personne mentionné, chaque mot, chaque expression. Il conclut que cet autel a été érigé par un certain Marcus Aurelius Nepote Remansore, à l'occasion de sa libération, au nom de son escadron de cavalerie20. Le monument vient remercier les dieux pour la vie de ceux qui revinrent sains et saufs et pour la victoire de Lucius Septimus Severus (Septime Sévère, 193-211), de Julia (Julia Domna, seconde épouse de Septime, 187-211), de Marcus Aurelius Antoninus (Caracalla, 211-217) et de son co-empereur en 211, Publius Septimius Geta. Il s'agit là d'un travail très précis, véritablement œuvre de philologue. Mais Ridolfino ne se contente pas de ses études classiques, il étudie également le droit, tout comme son oncle Onofrio, en particulier le droit civil et canonique, à la Sapienza. Il est docteur de l'université à l'aube de ses trente ans et, contrairement à son oncle, fait le choix de quitter Cortone. Il renonce en 1734 à sa charge de chanoine pour se consacrer davantage encore à l'étude dans ce que Pozzetti appelle un « otium erudito ». Il est libre alors de s'adonner à sa passion pour l'Antiquité. 16 Article sur Ridolfino Venuti dans l'Accademia etrusca (cf. bibliographie) 17 Michaud, Biographie universelle 18 P. Pozzetti, Elogio 19 Osservazioni sopra un Antica Iscrizione aggiunta al Museo dell'eccellentissima Casa Corsini, Rome, 1733 20 « turma di Cavalleria »

5

Rome sous Clément XII21 Le pape Benoît XIII décède le 21 février 1730, auquel succède Clément XII en juillet de la même année. Les années 1730 sont des années de crise à Rome : délitement du politique, crise économique et désillusion intellectuelle sont de mise. C'est la fin des grandes familles, pensons notamment aux Farnèse, aux Médicis. Les Corsini, alors à leur apogée, sont les derniers à occuper une fonction papale avec Lorenzo Corsini, le pape Clément XII. Mais Rome est à son plus bas moment économique de tout le XVIIIe siècle. Les finances pontificales sont en péril et le pape perd de son importance en Europe. Les romains subissent de plein fouet la crise de l'agriculture et de l'approvisionnement. La mauvaise administration du cardinal Neri Corsini, neveu du pape, ne récolte que les plaintes du peuple et en 1735 une grande famine frappe l'Italie, touchant particulièrement Rome. En regard de ce point de vue économique dramatique cependant, la situation artistique de la ville de Rome est plus florissante. Le pontificat de Clément XII est marqué par le patronage des Corsini 22 . Ils contribuent notamment à rétablir l'Accademia Quirina. Particulièrement attachés aux dimensions de la mémoire et du prestige, d'avantage semble-t-il qu'à la gestion économique, ils mettent en place une propagande personnelle pour se constituer une identité politique. La mission est confiée au cardinal Neri Maria Corsini (Florence, 1685 - Rome, 1770) d'enrichir la collection Albani, rachetée par le pape en 1733, et d'ouvrir au public l'antique collection capitoline. En 1735, au Palazzo Nuovo, ouvre au public le musée du Capitole où l'on peut admirer, entre autres œuvres fameuses, la Louve du Capitole. Le XVIIIe siècle est un moment particulièrement important pour l'enrichissement des collections d'antiquités romaines en général, et plus spécialement pour les collections vaticanes. Le gouvernement s'intéresse de près aux objets trouvés durant les fouilles qui ont lieu à Rome et dans sa périphérie, ce qui lui permet d'enrichir considérablement les collections capitolines. Pour présenter ces collections, Neri dirige une édition de planches illustrées qui constituent le Museo Capitolino, inspiré du Museum Florentinum23 et du Museum Etruscum24 récemment publiés par Anton Francesco Gori (Florence, 1691-1757). C'est le moment aussi de grandes publications et de grands travaux. À l'initiative de Clément XII, la magnifique fontaine de Trevi voit le jour. Il lance aussi des travaux de

21 Notre source principale est là encore l'Accademia etrusca de P. Barocchi et D. Gallo 22 Maria Pia Donato e Marcello Verga « Mecenatismo aristocratico e vita intellettuale. I Corsini a Roma, Firenze e Palermo nella prima metà del settecento » in Naples, Rome, Florence. Une histoire comparée des milieux intellectuels italiens (XVIIe-XVIIIe siècles) sous la direction de Jean Boutier, Brigitte Marin et Antonella Romano, Rome, École française de Rome, 2005, p. 562-3 23 Présente la collection Médicis sous la plume d'Antonio Francesco Gori. 24 Toujours sous la plume de Gori, publié à Pise en 1737

6

rénovation sur la façade de la basilique saint Jean de Latran, chef d'oeuvre d'Alessandro Galilei, et restaure en 1736 le Palazzo Corsini alla Lungara racheté par Neri. Dans le domaine de la publication, le pape fonde en 1738 la Calcografia camerale (Calcografia regia en 1770, nazionale depuis 1945), grand éditeur d'estampes. Il souhaite également donner une impulsion à l'impression de guides illustrés de la ville de Rome destinés aux visiteurs européens qui affluent à l'occasion de leur Grand Tour. Dans ce domaine, des travaux de cartographie ont déjà été donnés par Giovanni Battista Nolli depuis 1736. Riche de ce renouvellement architectural et littéraire à l'initiative du saint Saint-Siège, Rome se pare aussi de collections privées, telles celle du marquis Capponi ou les collections Albani déjà mentionnées. Ridolfino Venuti, jeune antiquaire romain des Lumières C'est dans cette Rome foisonnante du pontificat de Clément XII (1730-1740) que Ridolfino Venuti fait ses débuts comme antiquaire. En 1734, le cardinal Albani le nomme auditeur25 et le charge de son précieux musée26. Au service du cardinal et au contact de ses collections, il accroît encore ses connaissances en archéologie. Il entretient d'excellents rapports avec les personnages importants de Rome et fréquente leurs collections et bibliothèques. Il est aidé en cela par sa fonction auprès du cardinal et par les relations nouées dans le passé par son oncle Onofrio. Il s'épanouit véritablement dans la capitale des beaux arts et de l'Antiquité. En signe de gratitude envers le cardinal, il lui dédie son édition de l' Oratio de Laudibus Leonis X

27, composée d'une brève histoire de la redécouverte du manuscrit de cet ouvrage anonyme et d'une digression sur l'usage des statues et la réglementation en vigueur. Chargé d'études28 du cardinal, il rédige pour lui des dissertations, notamment sur les monnaies maltaises et sur des bas-reliefs antiques. Fin mars 1735, il commence à travailler à l'illustration des médailles antiques de la collection Albani, qui sera vendue au pape en 1738. Il semble se plaire dans l'étude des médailles et, sans avoir fini ce travail, il projette déjà « un Abrege dell' Opera del P. Bonanni Numismata Pontificum, con novo metodo, più ristretto, correzioni molte, e giunte fino al presente Pontefice, pensando farla italiana »29 qui ne paraîtra

25 « Auditore » 26 Le musée Albani recèle alors certaines pièces aujourd'hui maîtresses des musées capitolins comme par exemple la statue d'Antinoüs découverte à la ville Adriana. 27 Oratio totam fere Romanam Historiam complectens Habita Romae in Aedibus Capitolinis XI Kal. Maii MDXXI. Ab Anonymo Auctore Die, qua dedicata fuit Marmorea Leonis X. Pont. Max. Statua. Nunc primum in lucem edita, ac Notis illustrata a Rodulphino Venuti Cortonensi atque Amplissimo Cardinali Alexandro Albani dicata, Rome, 1735, Typis Hieronymi Mainardi 28 « ajutante di studio » 29 BMF, B VIII, 7, c. 77, lettera di Ridolfino ad A.F. Gori, Roma, 29.12.1737 in P. Barocchi, L'accademia etrusca

7

qu'en 1744 et sera dédié au pape Clément XII, décédé quatre ans auparavant. Les Antiqua Numismata de la collection Albani paraissent quant à elles en 1739. Durant ces années, Ridolfino se consacre totalement à son travail. Il continue à se charger de la publication des Saggi et fait profiter l'Académie de Cortone, dont il est à la fois le secrétaire et le trésorier, de l'extension de ses recherches à ce nouveau domaine qu'est la numismatique. Cinq médailles, des monnaies maltaises30, sont particulièrement bien examinées par lui dans le premier tome des Saggi paru en 1735. Dans la troisième dissertation de ce tome, il étudie ces pièces retrouvées sur l'île de Malte et les définit comme des monnaies puniques. Il établit que les Phéniciens occupèrent Malte avant la fondation de Carthage en 814 av. J.-C. Il suit en fait ici la tradition rapportée par Diodore de Sicile31 et s'appuie sur cette première conclusion dans son interprétation des monnaies. La première pièce est l'occasion d'une importante notice sur le culte de Mithra, grossièrement représenté sur le revers. La seconde, figurant une tête de bélier qui évoque le dieu Zeus-Ammon, donne lieu à un développement sur le culte du dieu, d'origine égyptienne. La troisième pièce figure un trépied et rappelle que Puniques et Maltais adorèrent Apollon. La quatrième figure un crabe, emblème de Girgenti (l'antique Agrigente, ville de Sicile) et de Ténédos (aujourd'hui Bozcaada en Turquie). Elle est pour Venuti le signe d'une alliance conclue entre le tyran d'Agrigente Phalaris et les habitants de Malte. La cinquième enfin est interprétée comme une représentation de Mercure sous les traits d'un vieillard à la barbe épaisse et muni d'un caducée. Dans cette dissertation sur les cinq médailles phéniciennes, Ridolfino s'oppose à Scipione Maffei qui considère la première médaille comme un objet égyptien32 alors que Venuti en fait ici le vestige phénicien le plus ancien que nous possédions. Ridolfino fait preuve d'humilité et d'intelligence puisqu'il revient par la suite sur ses conclusions et reconnaît la médaille comme égyptienne dans la préface à la deuxième partie du Tome I des Saggi. En 1736, il participe à l'édition du Museo Capitolino de Neri aux côtés de nombreux antiquaires romains dont Antonio Baldani, le secrétaire du cardinal Albani. Son rôle au sein de l'Académie étrusque ainsi que dans les milieux érudits romains proches de la papauté, sans négliger son esprit brillant, lui permettent d'entretenir une riche correspondance avec les plus grands intellectuels européens. Dans ses lettres33, il se réclame de l'école de l'abbé Anton Francesco Gori, auteur des deux Musei cités plus haut, éminent étruscologue, qui fonde en

30 « Monete Maltesi », Saggi dell'Accademia di Cortona Tom I Dissert III pag. 35 in L'Accademia etrusca 31 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 12 : « Les habitants de Melita sont une colonie de Phéniciens, qui commerçant jusque dans l'Océan occidental, firent un entrepôt de cette île, que sa situation en pleine mer et la bonté de ses ports rendaient très favorable pour eux. » 32 Verona Illustr. lib. 3 c 7 p.259 in P. Pozzeti, Elogio 33 Biblioteca Marucelliana, Firenze : B VIII, 7, cc. 23, 48, lettere di Ridolfino Venuti a Gori, da Roma, 2.9.1735 e 5.5.1736 in L'Accademia etrusca

8

1735 l'Accademia Colombaria dont fera partie Ridolfino. Il s'inspire notamment de son travail lorsqu'il publie en 1736 les planches de la collection d'Antonio Borioni, antiquaire reconnu, sous le titre de Collectanea Antiquitatum Romanarum. Il s'agit en fait d'un ensemble de cent tables gravées accompagnées d'explications pour présenter les pièces les plus remarquables des antiquités romaines, qui sont en grande partie issues du Museo Borioniano, mais pas toutes. Cet ouvrage reconnu, loué par les antiquaires de l'époque, applique une méthode désormais bien établie. Les œuvres présentées sont surtout des pierres précieuses ou de petits objets, alors que les bustes et les marbres plus imposants sont moins nombreux. Ces planches illustrées sont précieuses, surtout à l'époque, pour la connaissance des antiquités car elles constituent souvent le seul moyen d'obtenir une représentation des œuvres. Comme l'on pouvait s'y attendre à propos d'un ouvrage aussi important, la Collectanea ne laisse pas indifférent et s'attire bientôt les foudres du père Giovanni Crisostomo Scarfò, apparemment à l'instigation de Francesco Ficoroni34. Il accuse Ridolfino d'avoir fait des erreurs et dénonce le titre de l'ouvrage qui laisse sous-entendre que toutes les pièces appartiennent à la collection Borioni, là où certaines lui sont étrangères. Il pointe du doigt un certain nombre d'erreurs dans la lecture des inscriptions et dans la définition de l'origine de certaines pièces vraisemblablement égyptiennes. Il va sans dire que ces discussions érudites ne décrédibilisent pas l'ouvrage, au contraire, elles lui accordent une certaine publicité et de l'intérêt. Ridolfino n'en est pas moins virulent dans la Risposta anonyme qu'il fait publier en 1740 à Paris par son frère Filippo en réponse aux Osservazioni de Scafrò parues l'année précédente. Il reste également très lié à son autre frère, Marcello, déjà directeur à Naples de la bibliothèque et du musée Farnèse lorsqu'il participe aux premières fouilles véritables de l'antique Herculanum en 1738. Par son biais, Ridolfino est tenu au courant de l'avancée des fouilles35. Il continue d'entretenir à distance des relations avec de nombreux érudits et commence à se faire connaître à l'étranger par ses ouvrages. Mais cette même année 1738, le comte de Richecourt, régent lorrain en Toscane, propose sans succès son nom pour le poste de premier antiquaire de la Galleria de Florence. Ridolfino est affecté par le manque de considération à l'égard des antiquaires, et se plaint de sa condition dans une lettre à Gori datée de juillet 1739. « È meglio fare il cuoco, che studiare. »36 écrit-il, « On n'est guère gratifié et trop souvent rabroué sans raisons ni bonnes manières37 ». Il se plaint en particulier de n'avoir reçu qu'à grand peine la somme de cent

34 BMF B VIII, 7, c. 110, lettera di Ridolfino a Gori, da Roma, 25.4.1739 ; Biblioteca apostolica vaticana, Ottob. Lat. 3128, c. 260, lettera di Marcello Venuti al fratello Ridolfino, da Napoli, 15.6.1739 in L'Accademia etrusca 35 Marcello publie en 1749 sa Descrizione delle prime scoperte dell'antica città d'Ercolano à Rome et à Venise. Il reçoit pour cet ouvrage du roi de Naples le titre de marquis. 36 cité par D. Gallo dans l'Accademia etrusca 37 Traduction de D. Gallo in EFR 355

9

doppie pour le premier tome de ses Medaglioni Albani, réalisé en tant qu'auditeur de la maison Albani sur demande du cardinal. La condition des antiquaires à Rome n'est pas facile dans ces années 1730 et Ridolfino aspire à un avenir plus lucratif, quoique sa place ne soit pas mauvaise même en ce temps là. D'autres antiquaires de piètre volée, comme Francesco de' Ficoroni, l'instigateur des Osservazioni contre la Collectanea de Venuti en 1739, ne bénéficiaient pas d'un emploi à la curie ni de la protection d'un personnage puissant. Ils étaient alors réduits à « vivre d'antiquités » et souvent se lançaient dans des diatribes contre leurs concurrents afin de les discréditer sur le marché du tourisme et de s'attirer une clientèle. C'est ce qui arrive à Ridolfino qui s'attire en 1739 les foudres de Ficoroni. C'est ici l'occasion de revenir sur la figure de l'antiquaire érudit au XVIIIe siècle38. L'antiquaire est par définition un érudit en matière de choses antiques. Souvent docteur in utroque jure, comme Ridolfino, il est en plus historien et théoricien des antiquités. Il gère le patrimoine de l'État pontifical et peut exercer une ou plusieurs fonctions. Au fil des ans, il finit par posséder sa propre collection, comme Borioni, et par se faire marchand. Ce commerce lui permet de survivre dignement à une époque où, dans cette première moitié de XVIIIe siècle, pour être à l'aise financièrement, il faut être un grand artiste ou un marchand39. Parfois expert en iconographie, il se fait alors l'interprète des inscriptions découvertes sur les fouilles dont il est chargé, par un riche mécène, et dont une partie des découvertes vient alimenter son commerce d'objets d'art. Ces antiquaires-marchands, fins connaisseurs, font imprimer un catalogue de leurs collections qui leur permet de toucher un plus large public pour le commerce des antiquités. Pour l'explication des planches, ils recherchent parfois la science d'un collègue plus qualifié, ce fut par exemple le rôle de Ridolfino auprès de l'apothicaire Borioni. C'est donc une figure d'antiquaire collectionneur qui se dégage à Rome en ce début de XVIIIe siècle, érudit plus ou moins doué, mais toujours investi dans le commerce d'antiquités, dans un besoin matériel de subsistance, surtout s'il évolue hors du système de mécénat et des institutions pontificales. Comme nous l'avons vu, la protection cardinalice fait naître jalousies, rivalités et mesquineries. C'est une chance pour Ridolfino d'être issu d'une famille patricienne et de fréquenter les cercles du pouvoir dès ses premières années à Rome. Et cette chance ne manque pas de susciter les hostilités de certains antiquaires moins brillants comme Scafrò ou Ficoroni. Les travaux des antiquaires à cette époque où la profession n'est pas encore véritablement instituée (cela vient peu à peu à la fin du siècle) sont très divers et demandent à ces provinciaux, des aristocrates comme Ridolfino pour la plupart, beaucoup d'habileté et de curiosité. Ils participent parfois à des travaux scientifiques d'envergure, pensons au Museo Capitolino de

38 Nous nous appuyons toujours ici sur l'article de D. Gallo in EFR 355 (cf. bibliographie) 39 D. Gallo EFR 355 (cf. bibliographie)

10

Neri, mais publient aussi de simples guides touristiques. L'antiquaire romain est une figure typique et centrale au XVIIIe siècle, de par sa place dans les milieux de la noblesse et ses contacts avec les plus grands voyageurs de toute l'Europe venus admirer les vestiges augustéens. Montesquieu et l'Académie de Bordeaux, un heureux quiproquo En 1739, Filippo Venuti reçoit la charge d'Abbé de Clairac dans le sud de la France. Il profite de cette nouvelle affectation pour entrer en contact avec l'Académie de Bordeaux, qu'il visite au début de l'année, et avec l'un de ses principaux ambassadeurs, Montesquieu. Absent de Bordeaux lors de la visite de l'abbé, Montesquieu reçoit de lui une première lettre dans le même temps. La prise de contact est facilitée par le fait que Montesquieu a déjà rencontré Marcello Venuti plus de dix ans auparavant lors de son Grand Tour, à Cortone, où il s'est vu offrir la place d'associé à la toute jeune Académie étrusque. Ainsi il répond d'autant plus cordialement à Filippo, comme on peut le constater par la lecture de sa lettre :

Lettre de Montesquieu à Filippo du 17 mars 173940

« J'ai reçu, Monsieur, la lettre, que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, avec beaucoup plus de joye, que je n'aurois cru, parce que je ne sçavais pas, que Mr. l'Abbé de Clerac, que j'honnorois déja beaucoup, fut le frere de Mr. Le Chevalier Vénuti avec qui j'ai eu l'honneur de contracter amitié à Florence et qui m'a procuré l'honneur d'une place dans l'Académie de Cortone. Je vous supplie Monsieur d'avoir pour moi les mêmes bontés, qu'a eu Mr. Vôtre frere41. Mr. Campagne m'a écrit le beau present que vous lui aviez remis pour moi42, dont je vous suis infiniment obligé. M. Baritaut m'avoit déja fait lire une partie de cet ouvrage & ce qui m'a touché dans vos dissertations, c'est qu'on y voit un sçavant, qui a de l'esprit, ce qui ne se trouve pas toujours. Vous êtes cause, Monsieur, que l'Académie de Bourdeaux me presse, l'épée dans les reins, pour obtenir un arrêt du Conseil pour la création de vingt associés, au lieu de vingt élèves. L'envie qu'elle a de vous avoir, & la difficulté d'autre part que toutes les places d'associés sont remplies, fait qu'elle desire de voir des nouvelles places crées. Les affaires de Mr. le Cardinal de Polignac, & d'autres font que cet arrêt n'est pas encore obtenu. J'écris à nos Messieurs, que celà ne doit pas empécher & que vous méritez, si la porte est fermée, que l'on fasse une breche pour vous faire entrer. J'espére, Monsieur, que l'année prochaine, si je vais en Province, j'aurai l'honneur de vous voir à Clerac, & de vous inviter à venir à Bourdeaux. Je cherirai tout ce qui pourra faire, & augmenter nôtre connoissance ; personne n'est au monde plus que moi, & avec plus de respect.

40 Dans Montesquieu, Correspondance II in Œuvres complètes de Montesquieu, sous la direction de P. Rétat et C. Volpilhac-Auger, ENS Éditions-Classiques Garnier, Lyon-Paris, 2014, p. 174 41 Marcello 42 Il s'agit en fait d'un livre de l'« Abate Ridolfino de' Marchesi Venuti ».

11

P. S. Quand vous écrirez à Mr. le Chevalier Vénuti ayez la bonté, Monsieur, de lui dire mille choses de ma part ; ses belles qualités me sont encore présentes. »

Ce qu'il y a de particulièrement intéressant pour nous dans cette lettre, c'est la mention du « present » fait par Filippo à Montesquieu. Il s'agit d'un ouvrage où Montesquieu a pu retrouver la plume de ce cher « Abbé Venuti », tant appréciée déjà dans ses précédentes lectures. Or en 1739, Filippo n'est l'auteur d'aucun opuscule. Il faut donc que ce livre soit de la main de son frère Ridolfino pour que Montesquieu ait pu confondre les deux frères de Marcello, qu'il connaissait déjà par ailleurs. Il semble bien que durant un temps Ridolfino et Filippo Venuti n'ont fait qu'un dans l'esprit de Montesquieu et répondaient tous deux au nom d' « Abate de' Marchesi Venuti ». En 1739, Ridolfino est déjà, comme nous l'avons vu, l'auteur de plusieurs ouvrages d'une certaine notoriété qui auraient pu être envoyés à Montesquieu. On peut penser aux Osservazioni sopra un'Antica Iscrizione de 1733, éventuellement aux Antiqua Numismata de 1736, mais surtout à la Collectanea Romanarum Antiquitatum, elle aussi de 1736. Et Montesquieu parle ensuite des « dissertations » qu'il a déjà lues, ce qui laisse supposer qu'il a également eu affaire aux deux dissertations déjà publiées par Ridolfino en 1735 dans le premier volume des Saggi : la Dissertazione sopra un'antico bassorilievo et la Dissertazione sopra alcune medaglie maltesi. Il paraît d'ailleurs d'autant plus plausible d'imaginer que Montesquieu a lu les Saggi qu'il était membre associé de l'Académie de Cortone. Concernant l'élection de Filippo à l'Académie de Bordeaux, F. Gébelin considère qu'elle reposerait sur la confusion de Filippo avec son frère Ridolfino43. Le registre de l'Académie

43 F. Gébelin, « Note sur la réception de l'abbé Venuti à l'Académie de Bordeaux » in Revue Historique de Bordeaux, 1913, p. 71-72 : « Le 17 mars 1739, Filippo Venuti, abbé de Clairac, fut élu associé de l'Académie de Bordeaux. Il ne peut y avoir aucun doute sur son identité. J'en veux cette seule preuve : la bibliothèque de Bordeaux possède un exemplaire de ses Notizie letterarie oltramontane, avec la dédicace autographe : « Dono dell' autore, abbate Filippo Venuti, bibliothecario dell' Academia, l'anno 1744. » Il est inscrit cependant dans les registres manuscrits de l'Académie sous le nom de « Rodolphini Venuti, abbé de Clayrac ». Le registre ajoute : « membre de l'Académie de Cortone, en Toscane, connu par d'excellents ouvrages de littérature. » Et au même moment, Montesquieu remerciait Venuti d'un ouvrage qu'il lui avait envoyé : « ce qui m'a touché dans vos dissertations, lui dit-il, c'est qu'on y voit un savant qui a de l'esprit ». Filippo Venuti était-il, en 1739, membre de l'Académie de Cortone? Nous l'ignorons. Par contre, il nous semble fort qu'il n'avait à cette date encore rien publié ; et nous emprunterons à Montesquieu ce passage d'une lettre à Barbot qui nous confirme dans notre pensée : « Moi... qui l'ai vu remporter le prix sur le Temple de Janus à l'Académie des Inscriptions sans qu'il eût un seul livre. » On peut, croyons-nous, débrouiller ces contradictions multiples. Filippo Venuti avait un frère du nom de Rodolfîno, abbé comme lui, membre et secrétaire de l'Académie étrusque, et qui, de quelques années plus âgé, avait publié déjà, en 1739, plusieurs ouvrages importants. Ne semble-t-il point que l'abbé de Clairac ne fit rien pour contrarier un destin trop favorable et que, par l'hommage déguisé d'un livre de son frère à Montesquieu, il laissa s'établir une confusion qui devait tourner à son profit ? Au reste, il avait

12

abonde en ce sens puisqu'il signale que demande à être associé « Rodolphini Venuti abbé de Clayrac et membre de l'académie de Cortone »44. Mais nous choisissons, avec C. Volpillhac-Auger, de nuancer ces propos. En effet, il n'est pas certain que ce quiproquo ait touché d'autres académiciens, alors même que l'élection de Filippo a déjà eu lieu au moment où Montesquieu écrit la lettre. Il n'avait pas non plus besoin d'avoir déjà publié pour entrer à l'Académie, et était parfaitement qualifié pour en être membre, c'est ce qu'ont d'ailleurs montré très tôt les nombreux travaux qu'il a présentés. De plus, Ridolfino est lui-même bientôt reçu parmi les membres de l'Académie. Nous retiendrons donc le rôle amusant et dont on ne cerne pas vraiment l'étendue exacte qu'a joué Ridolfino, bien involontairement, dans l'admission de son frère Filippo à l'Académie de Bordeaux. Cette lettre de Montesquieu témoigne également de la renommée dont jouit déjà Ridolfino en 1739 grâce à ses premiers travaux. Ridolfino Venuti sous Benoît XIV : un antiquaire brillant L'ancien cardinal Prospero Lambertini succède à Lorenzo Corsini en août 1740. Homme cultivé, intelligent et attentif aux problèmes de son temps, il se concilie rapidement la sympathie d'un certain nombre de protestants, même anglais, et de savants comme Voltaire, Montesquieu ou La Condamine. Il favorise les études historiques et juridiques de l'Église et réforme l'université. Il fonde aussi des académies et, à la suite de Clément XII, encourage le développement de l'édition. Dans une volonté de documenter l'histoire de son temps et de redorer le blason de la papauté, il crée le Giornale de' Letterati di Roma dont le premier tome paraît en août 174245 sous le nom de Notizie Letterarie Oltramontane per uso de' Letterati d'Italia. Cette revue des parutions étrangères traite de tous les sujets, à l'exception du droit et de la théologie. C'est Ridolfino, avec Gaetano Cenni et Michelangelo Giacomelli, qui est chargé de l'édition du journal. Il est nommé rédacteur en chef à la fin de l'année 1744, charge qu'il occupera brièvement avant de se retirer en 1745 à cause d'un malentendu avec l'éditeur46. Il contribue personnellement à la revue, notamment en 1744 par ses Osservazioni sopra un Antico Colombario scoperto nella Via Salaria vecchia qui présentent l'explication d'une inscription sur des serpents sacrés dédiés par un certain Crassus, affranchi de Néron47. Le pontificat de Benoît XIV (1740-1758) marque pour Ridolfino le moment d'une véritable reconnaissance, notamment institutionnelle, de ses qualités d'antiquaire. Alors qu'il

assez d'esprit pour se faire pardonner bien vite son aimable imposture. A peine lui fut-il associé qu'il multiplia ses communications à l'Académie ; trois ans après, il en devenait le bibliothécaire et, lorsqu'en quittant la France, il publia son Trionfo, c'est « par dessus toutes les autres » qu'il célèbre la Compagnie : Ove Minerva si vezzeggia e posa ». 44 Ms 1699/II, P.150 cité in Correspondance II (cf. bibliographie) 45 Le Giornale paraît jusqu'en 1759, un an seulement après la mort de Benoît XIV. 46 D. Gallo, L'Accademia etrusca 47 P. Pozzetti

13

fait déjà partie de la clientèle de la famille Albani, il reçoit du pape en 1744 les charges de garde du cabinet du Vatican, c'est-à-dire conservateur des galeries pontificales, et de président de la commission des monuments antiques de Rome48, charges qu'il occupera jusqu'à sa mort en 1763. Benoît XIV cherche alors à récupérer les intellectuels liés à la famille Corsini49, dont Ridolfino fait partie, lui qui dédie en 1744 ses Numismata Romanorum Pontificum à l'ancien pape Clément XII Corsini. Ce livre sur les médailles pontificales, qui couronne le travail de numismate par lequel Ridolfino débute sa carrière, passe en revue toutes les monnaies papales depuis Martin V (1417-1431) et jusqu'à Benoît XIV. Il présente les papes dans un ordre chronologique, accompagnés de leurs armes. Chaque monnaie est accompagnée de remarques nouvelles et précises qui font sens. Ce travail, tout comme le Giornale, participe d'un vaste programme d'érudition à la gloire de Rome et du Saint-Siège dans lequel Ridolfino est engagé par Benoît XIV. Ses travaux et publications, sa charge auprès du pape, assoient sa notoriété et Ridolfino est bientôt élu membre de l'Académie Quirinale50. Protégé du pape, il est aussi admis à l'Académie capitoline51. Cette reconnaissance envers Ridolfino va de pair avec la renaissance qui est celle de Rome dans les années 1740, marquées par une véritable effervescence. Un intérêt croissant pour l'archéologie touche les gentilshommes romains qui publient des revues de leurs collections. Ridolfino annote par exemple le Museum Romanum de M. De La Chausse, paru en 1746. Sous Benoît XIV, en plus de catalogues de collections privées, il continue à écrire des guides de la Rome antique et moderne et les distribue auprès de ses collègues et amis, proches ou plus lointains. D. Gallo52 en a retrouvé de nombreuses traces dans sa correspondance. Il continue aussi son commerce d'antiquités, que servent ces catalogues, et acquiert une certaine notoriété dans son domaine puisqu'en 1755 par exemple, le baron Gleichen s'en remet à lui pour la création de la galerie de S.A.R. le margrave de Bayreuth. Il faut noter que Ridolfino continue à s'investir dans des activités lucratives, lui qui se plaignait déjà de sa condition sous Clément XII, alors même que sa charge de commissaire délégué aux antiquités de Rome et pour tout le territoire de l'État pontifical lui assure depuis 1744 un revenu de 12,23 écus par mois, somme honorable à laquelle s'ajoutent encore les revenus de ses fonctions de directeur des antiquités au Capitole et de commissaire aux fouilles d'antiquités, ciments et pouzzolanes53, titre créé spécialement pour lui par le pape le 31 mars 1747. Ridolfino se révèle être un antiquaire hors-pair qui place sous un nouveau jour les objets qu'il examine. Nous pensons en particulier pour cette année 1747 à son Ragionamento sopra un

48 « Commissario alle antichità di Roma e Custode delle gallerie pontificie » 49 M. P. Donato EFR 355, p. 568 50 « Accademia Quirina » 51 « Accademia pontificia capitolina » 52 EFR 355 53 « commissario sopra gli scavi d'antichità, cementi e pozzolane »

14

frammento d'un antico diaspro intagliato54. Dans cette dissertation, il montre qu'il possède un jugement délicat sur l'art et prouve la finesse de son examen et de son analyse. Le diaspre55 antique dont il est question présente un motif incisé. Il s'agit d'un pont à deux arches sous lequel coule un fleuve. Au milieu du motif figure un char tiré par des chevaux dont le chorège est un génie ailé. Deux autres génies se tiennent sous les arches et sont tournés vers trois étoiles qui scintillent dans le ciel. Le diaspre présente encore une inscription grecque de seulement quatre lettres. Ridolfino donne une interprétation philosophique et platonicienne du vase. Il représente, selon lui, le passage de l'âme aux Champs-Élysées. On retrouve bien là en effet le mythe énoncé dans le Phèdre de l'âme comme attelage ailé, mythe associé ici à la tradition antique du fleuve des morts, au dessus duquel l'âme semble s'élever. Sa connaissance de la philosophie grecque prouve une fois de plus la grande ouverture d'esprit de l'abbé. Ridolfino est très attentif à toutes les initiatives scientifiques qui se forment autour du pape et s'intéresse notamment au projet de plan de Nolli qui, bien que commencé en 1736, voit seulement le jour en 1748. Cette carte, commandée par le pape, doit permettre de diviser Rome en quatorze districts à l'image de ce que fut la Rome augustéenne. C'est l'occasion pour Venuti d'un Discorso sopra il Piano di Roma, e sua Estensione56 dans lequel il discute la valeur administrative et juridique du terme « Planum Urbis ». En 1748, Piranèse publie quant à lui ses Vedute di Roma qui fut un répertoire de forme pour les architectes européens et surtout français. L'artiste collabore aussi avec Nolli à une réduction de son plan57. La même année 1748, la « Pinacoteca capitolina » ouvre au public. Dans la foulée, Ridolfino publie deux Musei. Pour le jubilé de 1750, en tant qu'antiquaire du pape, il rédige et publie le Museo Capitolino o sia Descrizione delle Statue, Busti, Bassirilievi, Urne Sepolcrali, Iscrizioni, ed altre ammirabili, ed erudite Antichità, che si custodiscono nel Palazzo alla destra del Senatorio vicino alla Chiesa d'Araceli in Campidoglio. Il s'agit d'un guide des salles capitolines, le premier dans le genre, une visite éclectique de tout le musée avec des notes ajoutées en particulier pour les marbres acquis par Benoît XIV. Là encore, ses travaux romains vont profiter à l'Académie étrusque, puisqu'il publie la même année un Museum Cortonense qui présente les possessions de l'Académie. L'ouvrage, réalisé en collaboration avec A. F. Gori, est un hommage à l'abbé Valesio, décédé en 1742. À travers les travaux de Ridolfino, des grandes constantes de sa personnalité se dégagent. Ce sont à la fois sa grande curiosité d'esprit et le lien très fort qu'il maintient avec ses frères et sa patrie. Il ne quitte d'ailleurs jamais Rome ou l'Italie, comme ont pu le faire ses frères, ni même vraiment Cortone qu'il visite régulièrement même s'il n'y habite

54 Saggi… Dissert IX T IV p. 173 in P. Pozzetti, Elogio 55 Pierre semi-précieuse souvent rouge ou jaune. 56 On retrouve cet ouvrage dans la bibliographie de Pozzetti sous le titre Ragionamento sul piano di Roma. 57 « pianta piccola »

15

plus depuis longtemps. On observe une grande constance dans la vie et les préoccupations de l'abbé. C'est ainsi qu'au début de l'année 1750, poussé par un intérêt pour la question agraire qui l'animait déjà à Cortone, il prend part au débat qui a lieu à Rome entre Pagnini et Tavant58. Il exprime alors, suivant un modèle économique libéral, sa volonté de moderniser les cultures et d'ouvrir le commerce du grain dans la publication qu'il donne de la Descrizione di Roma e dell'Agro Romano fatta già ad uso della Carta Topografica del Cingolani dal Padre Francesco Eschinardi della Compagnia di Gesù. In questa nuova edizione accresciuta notabilmente, con figure in Rame, e corretta dall'Abate Ridolfino Venuti, Presidente dell'Antichità di Roma, con un Discorso sopra la Coltivazione dell'Agro Romano, e un Catalogo in fine delle Tenute, con i nomi de' moderni Possessori, e quantità di terreno delle medesime. Les années 1750 marquent véritablement le moment où la capitale italienne s'ouvre à nouveau sur le monde. Ridolfino fut alors le guide à Rome des premiers érudits européens des Lumières et des voyageurs les plus distingués par lesquels il avait connaissance des dernières productions littéraires à l'étranger, ce qui n'était pas sans faciliter son travail pour le Giornale del Pagliarini. Il prend part au commerce des livres qui se déroule à Rome à cette époque et qui constitue le marché le plus riche et le plus fournis d'Europe dans ce domaine. En lien avec son frère Filippo, il contribue à réceptionner à Rome et à renvoyer jusqu'à Florence nombre de livres et gazettes ecclésiastiques. Au cœur des réseaux de vente, il participe activement à ces échanges, c'est ce qu'attestent ses lettres à Francesco Gori et Lorenzo Mehus (de 1747 à 1751). Son commerce le conduit même à traiter avec des acheteurs résidant jusqu'à Londres, ce pour quoi sa maîtrise de l'anglais lui était précieuse59. En 1751, il publie les Veteris Latii antiqua vestigia qui s'inscrivent dans ses préoccupations de guide touristique. Il faisait revivre pour ces érudits la Grande Rome et l'on peut imaginer la qualité de ses visites en relisant dans ses publications les réflexions très éclairées qu'il donne sur des monuments tout à fait détruits. Dans une dissertation60 sur un bas-relief en pierre sculpté représentant deux faunes côte à côte, dont l'un avec une cithare, il est amené à décrire l'antique danse qu'est l'ascoliasme et qui était dansée durant les jeux ascoliens. Techniquement, il s'agit de sauter à cloche pied sur des outres remplies d'huile ou de vin, mais Ridolfino ne se limite pas à cette description aride, son érudition extrême lui permet de décrire ces fêtes athéniennes dans toute leur épaisseur. Il décrit le silène qui joue, il décrit le son même qui s'élève de son instrument, la musique, l'ambiance. Quel don est plus précieux pour un antiquaire que celui de faire revivre le passé ? Il est en effet,

58 La question de la réforme de la politique agraire de Rome suscite alors un vif débat à Rome, mais plus largement en Europe. 59 Nous pensons notamment à son importante correspondance avec le Marquis de Ruckingham (16.6. et 6.11. 1751, BAV, Vat. Lat. 7292, cc. 27-28.) in L'Accademia etrusca. 60 Saggi T I, Dissert VIII, p. 87 in P. Pozzetti, Elogio

16

avant Winckelmann, un antiquaire éminemment moderne qui ne s'intéresse pas seulement aux inscriptions mais prend aussi en compte leur support, leur contexte. Il fait de même pour chaque œuvre d'art, ce qui le conduit à des jugements très fins, même sur de petits objets comme des médailles ou des pierres précieuses. Ses nombreuses rencontres en tant que guide lui permettent de s'ouvrir encore d'avantage sur l'Europe et, en 1750, il est nommé associé libre61 de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Sa correspondance abondante l'atteste, à cette époque, Ridolfino est partie prenante de l'émulation qui caractérise les Lumières en Europe62. Ses nombreuses dissertations dans les Saggi attestent sa maîtrise de la mythologie et de l'histoire des siècles antiques. Il y a notamment sa Dissertazione sull' origine della Città di Cortona e primi abitatori di essa63 dans laquelle il retrace l'histoire de sa cité depuis sa création jusqu'au moment où elle fut inscrite dans la tribu Stellatina, l'une des trente et unes tribus rurales64 de la Rome antique, en 241 av. J.-C. Il fait vœu de traiter par la suite l'histoire de sa ville après l'arrivée du Christianisme et même jusqu'à son siècle, travail qu'il n'aura malheureusement pas le temps d'accomplir. D'autres dissertations montrent sa grande maîtrise de la langue et de la littérature grecques. Il apparaît fin philologue dans les Saggi dès 1744 avec deux Osservazioni65 sur des inscriptions grecques et latines, la première concernant des juifs, la seconde des soldats de la garde prétorienne. Il faut rappeler ici qu'il connaît même l'hébreu. Il n'est à vrai dire aucune matière qu'il ne maitrisât. Passé maître dans l'art de la paléographie, il est tout aussi éminent de par ses connaissances historiques. Il publie encore d'autre Osservazioni66 sur une figure chalcédonienne de facture égyptienne représentant le géant Typhon dans une lutte avec Diane transformée en biche. Son acribie n'est pas un frein à la cadence de ses publications qui se multiplient et s'étoffent dans les années 1750. En 1753, il publie ses Osservazioni sopra il fiume Clitunno qui décrit le fleuve Clitumnus, son culte et les ruines de son temple sur la via Flaminia. L'ouvrage, annoté par Ch. Valenti, est en deux parties. La première partie est précédée d'une carte topographique du fleuve Clitumnus et de ses affluents. Elle présente aussi un fragment de statue retrouvé près du temple du dieu fleuve, et une seconde statue figurant un fleuve, elle aussi découverte à proximité. La deuxième partie, qui évoque le temple du dieu, est agrémentée de trois dessins : un plan du temple, une reconstitution de ce temple et une vue du temple et du fleuve à l'époque de Venuti. Mais la passion de l'antiquaire pour les choses du passé ne l'empêche pas une fois encore de prendre 61 Titre qui n'a existé qu'entre 1733 et 1793 62 Une cartographie de la correspondance de Ridolfino Venuti est actuellement en cours qui permettra de prendre véritablement la mesure de son insertion dans les milieux érudits européens de l'époque. 63 Saggi… T. I Dissert. I p.5 in P. Pozzetti, Elogio 64 « rusticae » Tite-Live, VI, 5, 8 65 Osservazioni sopra due greche Iscrizioni appartenenti ad Ebrei Ellenisti et Osservazioni sopra alcune Iscrizioni appartenenti ai Soldati Pretoriani (cf. bibliographie de Pozzetti) 66 Saggi VI, IX in P. Pozzetti, Elogio

17

partie aux débats de son temps. En 1755, il publie à Lucques sa Risposta alle riflessioni critiche sopra le differenti Scuole di Pittura del Sig. Marchese d'Argens. Dans cet opuscule sur la peinture, il montre qu'il connaît parfaitement le style français, mais se refuse aux conclusions du Marquis. Il cherche à réaffirmer la supériorité de la peinture italienne sur sa rivale transalpine à l'heure où la mode est au védutisme67, ce courant italien tant attaché aux paysages urbains. La première partie de l'ouvrage énonce des réflexions générales sur la gloire des peintres italiens. La seconde établit quant à elle des parallèles entre les différentes écoles françaises et italiennes. Cet ouvrage vaut à Ridolfino une place d'Académicien d'honneur à l'Académie de San Luca68. En 1756, il publie coup sur coup sa Spiegazione de' Bassirilievi, che si osservano nell'urna sepolcrale capitolina detta volgarmente di Alessandro Severo, dans laquelle il donne une nouvelle interprétation du sarcophage, et ses Marmora Albana, sive in duas Inscriptiones gladiatorias Collegas Silvani Aureliam… conjecturae. Le deuxième ouvrage est dédié à la comtesse de Choisseul, épouse de l'ambassadeur de France à Rome. Il s'agit d'une dissertation latine à propos de deux marbres blancs retrouvés sur l'Aventin et sur lesquels figurent deux inscriptions latines. Il y est question d'un collège de gladiateurs érigé par l'Imperator Caesar Lucius Aelius Aurelius Commode (180-192) en 930 après la fondation de Rome. On y trouve présentés les noms des fondateurs et des chefs du collège ainsi que leur charge et leur décurie. Il faut mentionner qu'en philologue Ridolfino s'emploie à rétablir toutes les abréviations que présentent les inscriptions. Ses multiples ouvrages attestent de ses progrès dans les différentes branches de l'archéologie et étendent encore sa réputation. Les plus célèbres académies d'Europe se l'associent, nous avons déjà citée l'Académie des inscriptions, il nous faut maintenant mentionner l'Académie de Copenhague, à laquelle il est associé, et la Royal Society, à laquelle il est élu membre en 1757. La fin du pontificat de Benoît XIV marque pour Ridolfino l'avènement de sa carrière académique. Sous Clément XIII : une fin de carrière en apothéose Notre antiquaire poursuit ses publications et en 1758 dédicace à Giuseppe Rondinini La Favola di Circe, rappresentata in un antico greco Bassorilievo di Marmo. Il ressuscite ici la célèbre magicienne du chant X de l'Odyssée et donne une description du bas-relief divisé en trois groupes sur lequel on peut voir un navire équipé de rames et d'un rostre abordant sur l'île Æaea69. Poursuivant sur sa lancée mythologique, il publie en 1760 son Virgilio vindicato, o sia il luogo della battaglia di Farsaglia, e Filippi, sino ad ora molto controverso, spiegato ed accordato coll'istoria qu'il dédie à l'Académie de Cortone et à son « Lucumon » Filippo Venuti.

67 « vedutismo » 68 « Accademia di belle arti di Roma » 69 Pour la description des trois groupes nous renvoyons à l'Elogio de Pozzetti p. 17 à 20

18

Il s'agit d'une analyse d'un passage de Virgile70 sujette à controverse dont il critique la vérité historique. Dans son débat autour des batailles de Pharsale et de Philippes, il s'en prend même au passage à Ovide71 et à Pétrone. Mais une nouvelle fois il est distrait de ses préoccupations d'antiquaire par l'actualité romaine. Les années 1760 sont marquées par un vent de liberté et de propagande venu d'Angleterre et qui souffle sur l'Italie des idées républicaines. En 1762, après sa rencontre avec Thomas Hollis, son collègue à la Royal Society, il publie une belle dissertation sur la déesse Liberté intitulée De Dea libertate. Il y traite du temple et du portique de la Liberté, mais aussi du pilée, manteau des hommes libres. À travers cette dissertation, il sort de son microcosme romain pour évoquer l'Europe des Lumières et ses symboles retentissants qui vont de la figure de Brutus à celle de la déesse liberté coiffée de son bonnet phrygien. Lui qui a su incarner les Lumières et s'en faire, à la fin de sa vie, un ardent défenseur, décède le 30 mars 1763 à Rome, âgé de seulement 58 ans, alors que le pape Clément XIII se proposait de l'élever à de nouveaux honneurs72. La charge d'antiquaire apostolique est alors confiée au célèbre Winckelmann. Ridolfino venait de finir peu avant sa mort en 1763 son chef d'œuvre, l' Accurata e succinta descrizione topografica delle antichità di Roma, illustré par Piranèse, qui connaît de nombreuses rééditions augmentées même à l'étranger. L'ouvrage n'est pas encore paru lorsqu'il décède mais les nombreuses souscriptions, en particulier à Berne et à Londres, laissent présager du succès de l'ouvrage. Son pendant, la Descrizione topografica moderna, alors seulement esquissé, ne paraît quant à lui que trois ans plus tard en 1766. Ridolfino laisse aussi inachevé le tome I des Vetera monumenta hortis celimontana sur la collection des antiquités de Mattei qui paraît finalement en 1779, achevé par Giovanni Cristofano Amaduzzi73. Deux-cent-soixante-dix tables composent l'ouvrage et figurent des œuvres aussi éclectiques que des bustes, des boucliers, des Hermès, des bas-reliefs, des trophées, des autels, des sarcophages, et pas moins de cent statues. Ces dernières parutions, de par leur ampleur, montrent la maîtrise impressionnante que Ridolfino Venuti avait acquise à la fin de sa vie d'antiquaire dans tous les domaines de son art. C'est Niccolò di Cristoforo Lucci qui se charge de faire ériger son monument funéraire dans l'église San Nicola in Arcione près du Quirinal. L'église est déconstruite au début du siècle et la dépouille de Ridolfino déplacée pour reposer aujourd'hui en la cathédrale de Cortone. En

70 Georg. I, V, 489 71 Metam. XV, 837 72 L. G. Michaud, Biographie universelle, article « VENUTI (Ridolfino) » 73 Ioannis Cristophori Amadutii (1740-1792), abbé, philologue et philosophe. Protégé du pape Clément XIV, il n'en soutient pas moins une philosophie originale inspirée par Locke qui tente de concilier empirisme et catholicisme. Il venait de publier en 1778 La filosofia alleata della religione. Cette figure singulière relie Ridolfino Venuti aux milieux progressistes du catholicisme romain de l'époque.

19

1800, Domenico Venuti, son neveu, fait placer un buste en marbre de son oncle au Panthéon. L'œuvre, sculptée par Filippo Albacini, est placée parmi les bustes des Virtuoses, ces membres de l'Académie pontificale des beaux-arts et des lettres des virtuoses74. Elle est déplacée, avec les autres bustes, dans la Sala della Protomoteca au Palazzo del Campidoglio en 1820 lorsque le pape Pie VI institue la Protomoteca Capitolina. Une gravure de ce buste, dernier honneur rendu au grand antiquaire des Lumières qu'a été Ridolfino Venuti, réalisée par Giacomo Bossi, figure dans le tome I de la seconde édition de sa Descrizione avec l'épitaphe de Mancini. Nous en donnons, pour finir, une reproduction :

74 « Congregazioni dei Virtuosi al Pantheon »

20

Bibliographie indicative Montesquieu, Correspondance II in Œuvres complètes de Montesquieu, sous la direction de P. Rétat et C. Volpilhac-Auger, ENS Éditions-Classiques Garnier, Lyon-Paris, 2014, lettre 492 du 17 mars 1739 « Montesquieu à l'abbé Venuti », p. 174-176 Pompilio Pozzetti75, Elogio dell'abate Ridolfino dei marchesi Venuti, patrizio cortonese, detto nell'Accademia etrusca di Cortona, Firenze, Pietro Allegrini, Croce Rossa, 1789 Biographie universelle, ancienne et moderne, ou histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus et leurs crimes, Tome 48, L. G. Michaud, Paris, 1827, article « VENUTI (Ridolfino) »76, p. 148-150 L'Accademia etrusca a cura di Paola Barocchi e Daniela Gallo, Milan, Electa, 1985, Deuxième partie « La famiglia Venuti », « Ridolfino Venuti, antiquario illuminato », p. 84-92 Daniela Gallo « Pour une histoire des antiquaires romains au XVIIIe siècle » in Naples, Rome, Florence. Une histoire comparée des milieux intellectuels italiens (XVIIe-XVIIIe siècles) sous la direction de Jean Boutier, Brigitte Marin et Antonella Romano, Rome, École française de Rome, 200577, p. 257-275 Maria Pia Donato e Marcello Verga « Mecenatismo aristocratico e vita intellettuale. I Corsini a Roma, Firenze e Palermo nella prima metà del settecento », in ibid., p. 547-574 Pierre Musitelli « Filippo Venuti, ami de Montesquieu et collaborateur de l'édition Lucquoise de l'Encyclopédie » in Dix-huitième siècle n° 38, La Découverte, Paris, 2006, p. 429-448

75 « delle scuole pie, publico professore de eloquentia nel collegio fiorentino e socio di piu' Accademie » 76 Nous reproduisons la première partie de l'article (p. 148-9), partie proprement biographique, à laquelle succède (p.149-50) une bibliographie commentée : « VENUTI (Ridolfino), l'un des plus célèbres et des plus laborieux antiquaires du dix-huitième siècle, naquit, en 1705, à Cortone, d'une famille patricienne, moins illustre encore par l'éclat de son rang que par le grand nombre d'hommes distingués qu'elle a fournis. Ridolfino montra de bonne heure des dispositions rares pour l'étude. Après avoir terminé ses cours, il embrassa l'état ecclésiastique, et vint à Rome, perfectionner ses connaissances par l'examen des monuments et par la fréquentation des artistes et des savants. Ses premiers ouvrages, en attestant ses progrès dans les différentes branches de l'archéologie, étendirent sa réputation jusque dans les pays étrangers ; et les plus célèbres académies de l'Europe s'empressèrent de se l'associer. Il fut nommé, par le pape Benoît XIV, président de la commission des monuments antiques et garde du cabinet du Vatican. Le pape Clément XII se proposait de l'élever à de nouveaux honneurs, quand il fut frappé par une mort imprévue, le 30 mars 1763, à un âge qui faisait espérer de le voir jouir encore long-temps de la gloire qu'il s'était acquise par ses travaux. En 1800, son buste, en marbre, fut placé au Panthéon, par les soins du chevalier Dominique Venuti, son neveu et l'héritier de ses talents. » 77 Note de l'éditeur : « Ce texte est la traduction mise à jour d'un article paru dans les MEFRIM, 111, 1999, 2, p. 827-845 »

21

Œuvres de Ridolfino Venuti78 Recension figurant dans L'Accademia etrusca de P. Barocchi 1736, Collectanea Antiquitatum Romanorum..., Roma 1739, Antiqua Numismata Maximi Moduli … ex Museo Alexandri S.R.E. Card. Albani…, Roma 1744, Numismata Romanorum Pontificum…, Roma 1750, Descrizione di Roma e dell'Agro Romano fatta già ad uso della Carta Topografica del Cingolani del Padre Francesco Eschinardi della Compagnia di Gesù. In questa nuova edizione accresciuta notabilmente, con figure in Rame, e corretta dall'Abate Ridolfino Venuti…79, Roma 1751, Veteris Latii antiqua vestigia, urbis moenia, pontes, templa, piscinae, balnea, villae, aliquae rudera praecipue Tiburtyna, Tusculana, et Setina aeneis tabulis eleganter incisa, Roma 1753, Osservazioni sopra il Fiume Clitumno detto in oggi Le Vene situato tra Spoleto, e Fuligno del suo culto, e antichissimo Tempio, e dello stato suo presente pubblicate dall'abate Ridolfino Venuti80, Roma 1756, Marmora Albana, sive in duas Inscriptiones Gladiatorias Collegii Silvani Aureliani Inter Rudera Urbis Romae nuper repertas Conjecturae auctore Rudolphino Venuti81, Roma 1762, De Dea Libertate ejusque cultu apud Romanos et Libertinorum Pileo82, Roma 1762, A Collection of Some of the finest Prospects in Italy83, London 1763, Accurata, e Succinta Descrizione Topografica delle Antichità di Roma84, Rome

78 Les trois recensions se recoupent dans leurs grandes lignes qui sont les ouvrages les plus célèbres de R. Venuti. La plus complète est celle de P. Pozzetti, figurant à la fin de son Elogio, mais la recension que donne la Biographie universelle est intéressante également en ce qu'elle est la seule à mentionner les ouvrages de 1740 et 1747 qui sont disponibles sur archive.org. 79 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/descrizionedirom00esch 80 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/bub_gb_sJYMl_iaAOgC 81 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/bub_gb_WE0-t0xJRScC 82 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/bub_gb_LZKyz55Np_YC 83 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/bub_gb_Ma-6p2Lmew8C 84 Ouvrage en deux volumes disponible sur archive.org : Première partie - https://archive.org/details/accurataesuccint00venu_0 Aussi disponible, la deuxième édition de cette première partie datée de 1803 : https://archive.org/details/02515668.5465.emory.edu Deuxième partie - https://archive.org/details/accurataesuccint02venu Aussi disponible, la troisième édition de cette deuxième partie augmentée par Stefano Piale Romano et datée de 1824 : https://archive.org/details/accurataesuccint00venu

22

Recension figurant dans la Biographie universelle de Michaud85 1733, Osservazioni sopra un antica iscrizione, aggiunta al museo Corsini86, Rome Sans date, Dissertazione sopra un cameo di myl. Walpole rappresentante l'ostracismo de' Greci 1736, Collectanea antiquitatum romanarum centum tabulis incisarum et notis illustratarum87 1739-1744, Antiqua numismata maximi moduli ex museo Alex. card. Albani in Vaticana biblioth. translata88, Rome 1744, Numismata romanorum pontificum à Martino V ad Benedictum XIV aucta et illustrata, Rome 1747, Ragionamento sopra un framento d'un antico diaspro intagliato89, Rome 1753, Osservazioni sopra il fiume Clitunno, del suo culto, etc.90, Rome 1756, Spiegazione de' bassirilievi che si osservano nell'urna sepolcrale d'Aless. Severo, Rome 1756, Marmora albana, sive conjecturæ in duas inscriptiones gladiatorias collegii Silvani, Rome 1758, La favola di Circe rappresentata in un antico bassorilievo di marmo, Rome 1762, De dea Libertate ejusque cultu apud Romanos et de libertinorum pileo, Rome 1763, Accurata e succincta descrizione topografica delle antichità di Roma91, Rome 1766, Accurata descrizione topografica ed istorica di Roma moderna92, Rome

85 Nous reproduisons l'introduction de la partie concernée de l'article « VENUTI (Ridolfino) » : « Outre une foule de Dissertations, dans les Mémoires de l'académie de Cortone, dont il fut l'un des fondateurs (Sur les médailles puniques trouvées dans l'île de Malte ; sur les jeux ascoliens ; sur l'origine de Cortone ; sur des médailles Pantaleres ; sur des pierres gravées du marquis de Locatelli, etc.); dans le Giornale romano de Pagliarini, qu'il rédigea de 1742 à 1744, et enfin les Notes dont il a enrichi le Museum Cortonense, 1750, et la seconde édition du Museum Capitolinum, les principaux ouvrages de Ridolfino sont : … ». 86 Note de l'éditeur : « Cette inscription se trouvait sur un autel antique, découvert la même année. » 87 Note de l'éditeur : « ouvrage recherché. Les gravures sont d'Antoine Borioni, et les explications de Ridolf. Venuti. Quelques-unes de ses remarques ayant été critiquées par J.-Chrys. Scarfo, le savant antiquaire lui répondit par un Opuscule que son frère Philippe (v. l'art. suiv.) fit imprimer à Paris, en 1740. » Cet Opuscule, la Risposta alla critica fatta del P. D. Giovan-Crisostomo scarfó, Dottor teologo basiliano, al libro dell'illustrissimo signore abate Ridolfino Venuti intitolato Collectanea Romanarum Antiquitatum, effectivement publié à Paris, est disponible sur le site archive.org à l'adresse suivante : https://archive.org/details/bub_gb_AgvPvlA3-LoC 88 Note de l'éditeur : « rare et recherché. C'est la notice détaillée des médailles acquises par Ridolfino, pour le cabinet du Vatican. » 89 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/ragionamentosopr00venu 90 Note de l'éditeur : « dissertation pleine de recherches curieuses » 91 Note de l'éditeur : « en deux volumes, 2e. éd. 1803. La seconde édition est augmentée des découvertes faites depuis la mort de Ridolfino. Le premier volume est orné de son buste, d'après celui qu'on voit en marbre au Panthéon, avec l'inscription placée au-dessous, par l'abbé Gaetano Marini, bibliothécaire du Vatican. Cet ouvrage est l'un des meilleurs que puissent consulter les archéologues pour se faire une juste idée de toutes les richesses que Rome possède en antiquités. »

23

1779, Vetera monumenta quæ in hortis cælimontanis et in ædibus Mathæorum adservantur, collecta et notis illustrata93, Rome Recension figurant à la fin de l'Elogio de P. Pozzetti - Oeuvres publiées par R. Venuti 1733, Osservazioni sopra un'Antica Iscrizione aggiunta al Museo dell'Eccellentissima Casa Corsini…, Roma 1735, Oratio de Laudibus Leonis X, Roma 1736, Collectanea Romanarum Antiquitatum, Roma 1739, Antiqua Numismata Maximi Moduli ex Museo Albano in Vaticanam Bibliothecam translata94, Roma

Museum Romanum, editio secunda a Rodulphino Venuti aucta95 Varie Dissertazioni ne'Saggi dell'Accademia Etrusca di Cortona, T. I. IV e VI

1744, Numismata Rom. Pontificum a Martino V. ad Benedictum XIV, Roma Giornale Romano del Pagliarini96 dall'anno 1742 al 1744. In esso Giornale leggonsi del

Venuti dall'anno 1744 al 1758 le segg. Osservazioni sopra un Antico Colombario scoperto nella Via Salaria vecchia Spiegazione di un Antica Iscrizione sui Serpenti sacri Osservazioni sopra due greche Iscrizioni appartenenti ad Ebrei Ellenisti Osservazioni sopra alcune Iscrizioni appartenenti ai Soldati Pretoriani

1750, Museum Cortonense…97, Roma Museo Capitolino…, Roma

1753, Osservazioni sopra il fiume Clitunno98, Roma 1755, Risposta alle riflessioni critiche sopra differenti scuole di Pittura del Sig. Marchese d'Argens, Lucca99 1756, Marmora Albana, sive in duas Iscriptiones Gladiatorias… Coniecturae100, Roma

Spiegazione de'Bassirilievi, che si osservano nell'urna sepolcrale detta volgarmente di Allessandro Severo…101, Roma

92 Note de l'éditeur : « en deux volumes. C'est une suite de l'ouvrage précédent. Elle ne parut qu'après la mort de l'auteur. » 93 Note de l'éditeur : « en trois volumes. Ce bel ouvrage, que Ridolfino laissa incomplet, fut achevé et publié par Amaduzzi (v. ce nom). » 94 Ouvrage en deux volumes 95 Ouvrage en deux volumes 96 Giornale de' Letterati 97 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/museumcortonense00acca 98 Disponible sur archive.org. Voir ci-dessus la recension de P. Barocchi. 99 Lucques 100 Disponible sur archive.org. Voir ci-dessus la recension de P. Barocchi.

24

1758, La Favola di Circe102, Roma 1760, Virgilio Vindicato…, Roma 1762, De Dea Libertate & de Libertinorum Pileo. Dissertatio103, Roma

Ragionamento sopra il Piano di Roma104 Agro Romano del P. Eschinardi accresciuto105…

Oeuvres posthumes 1763, Accurata, e succinta descrizione topografica delle Antichità di Roma106, Roma 1766, Acurata, e succinta Descrizione topografica e istorica di Roma moderna107, Roma 1779, Vetera Monumenta, quae in Hortis Caelimontanis, & in Aedibus Matthaeiorum adservantur…108, Roma Œuvres inédites (en 1789)109 Dissertazione sopra gli Edili110 Dissertazione epostolare sopra la Valuta del Fiorino Romano

101 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/bub_gb_J07mAVDEFswC 102 Disponible sur archive.org : https://archive.org/details/bub_gb_Ry-risuxomYC 103 Disponible sur archive.org. Voir ci-dessus la recension de P. Barocchi. 104 Il semble que Pozzetti fasse erreur, cet ouvrage serait plutôt à situer vers 1750 105 Pozzetti fait erreur, cet ouvrage paraît en 1750 106 Ouvrage en deux volumes disponible sur archive.org. Voir ci-dessus la recension de P. Barocchi. 107 Ouvrage en deux volumes disponible en partie sur archive.org : Première partie - https://archive.org/details/accurataesuccin00anesgoog Deuxième partie, publiée en 1767 en trois volumes (le deuxième ne figure pas sur le site) : Premier volume - https://archive.org/details/accurataesuccin01venugoog Troisième volume - https://archive.org/details/accurataesuccin04venugoog 108 Ouvrage en trois volumes 109 Note de Pozzetti : « Sono MSS. nell' Archivo dell' Accademia Etrusca » 110 Conservée aux archives de l'Académie de Cortone, cette dissertation, aussi intitulée Sopra la valuta del Fiorino romano, comporte notamment des considérations sur la chaise curule.