[Proliferative lupus nephritis treatment: practice survey in nephrology and internal medicine in...

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Article original

Prise en charge des glomerulonephrites lupiques proliferatives :enquete de pratique du Groupe cooperatif sur le lupus renal aupres desnephrologues et internistes francais§

Proliferative lupus nephritis treatment: Practice survey in nephrology and internal

medicine in France

Noemie Jourde-Chiche a,*, Laurent Chiche b, Julien Mancini c, Laurent Daniel d,Nathalie Bardin e, Stephane Burtey a, Bertrand Gondouin a, Bertrand Dussol a,Jean-Robert Harle b, Mohamed Hamidou f, Quentin Meulders g, Eric Daugas h,pour le Groupe cooperatif sur le lupus renal (GCLR)a Service de nephrologie, Aix-Marseille universite, hopital de la Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 5, Franceb Service de medecine interne, Aix-Marseille universite, hopital de la Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 5, Francec Service de sante publique, Aix-Marseille universite, hopital de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 5, Franced Service d’anatomie pathologique, Aix-Marseille universite, hopital de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 5, Francee Laboratoire d’immunologie, Aix-Marseille universite, hopital de la Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 5, Francef Service de medecine interne, hotel-Dieu, 1, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes cedex 1, Franceg Service de nephrologie, centre hospitalier Henri-Duffaut, 305, rue Raoul-Follereau, 84000 Avignon, Franceh Service de nephrologie, hopital Bichat, 46, rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France

Nephrologie & Therapeutique 10 (2014) 170–176

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article :

Recu le 12 juillet 2013

Accepte le 19 novembre 2013

Mots cles :

Enquete de pratique

Nephropathie lupique

Traitement d’entretien

Traitement d’induction

Keywords:

Induction treatment lupus nephritis

Maintenance treatment

Survey

R E S U M E

Le traitement des nephropathies lupiques (NL) proliferatives a fait recemment l’objet de recommanda-

tions europeennes et americaines. L’objectif de ce travail etait de decrire les pratiques actuelles en

France. Entre mars 2012 et avril 2013, un questionnaire informatise a ete envoye aux nephrologues et

internistes francais via leur societe savante. Cent neuf specialistes (60 internistes, 48 nephrologues et

1 rhumatologue), en majorite hospitaliers, ont repondu au questionnaire. Le traitement immunosup-

presseur d’induction utilise en premiere intention etait le cyclophosphamide (CYC) intraveineux (IV) a

faible dose (Euro-Lupus, 67 %), suivi du mycophenolate mofetil (MMF) (20 %) et du CYC a forte dose (NIH,

9 %). Le traitement d’entretien apres CYC reposait souvent sur le MMF (58 %) versus 14 % pour

l’azathioprine (AZA) et 25 % utilisant de facon equivalente AZA ou MMF. Apres une induction par MMF,

l’entretien reposait majoritairement sur le MMF (77 %). Un antipaludeen de synthese etait instaure

systematiquement par 88 % des medecins. Chez les patients stables, en remission, le traitement

d’entretien etait poursuivi 2 ans (40 %), 3 ans (25 %) ou au-dela de 3 ans (34 %). Une corticotherapie a

faible dose etait poursuivie au long cours par 54 % des medecins. Il n’y avait pas de difference de pratiques

entre nephrologues et internistes, y compris sur la prescription systematique d’antipaludeens de

synthese. En France, la prise en charge des NL proliferatives est assez homogene et conforme aux

recommandations internationales les plus recentes.

� 2013 Association Societe de nephrologie. Publie par Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

A B S T R A C T

European and American recommendations have recently been published for the treatment of

proliferative lupus nephritis (LN). This study aimed to describe current practice in France. An electronic

survey was sent to French nephrologists and internists via their scientific society between March

and December 2012. One hundred and nine specialists (60 internists, 48 nephrologists and

§ Ce travail a ete presente en communication orale au congres de la Societe francaise de medecine interne, en 7 juin 2013 a Marseille et en communication orale au congres

de la Societe de nephrologie/Societe francophone de dialyse en octobre 2013 a Nantes.

* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (N. Jourde-Chiche).

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

1769-7255/$ – see front matter � 2013 Association Societe de nephrologie. Publie par Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2013.11.006

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1. Introduction

L’atteinte renale est l’une des manifestations les plus severes dulupus erythemateux systemique (LES), et concerne 30 a 50 % despatients atteints de LES [1,2]. Elle est inaugurale dans 50 % des cas,mais peut survenir tardivement dans l’histoire de la maladie. Elleconduit a une insuffisance renale terminale (IRCT) dans 5 a 10 % descas a 10 ans [3]. L’atteinte renale affecte le pronostic vital despatients lupiques : dans la cohorte europeenne Euro-Lupus, lasurvie a 10 ans etait de 88 % chez les patients avec atteinte renalecontre 94 % chez les patients sans atteinte renale [1].

La biopsie renale permet le diagnostic et la classificationhistologique des nephropathies lupiques, qui s’est faite jusqu’en2003 selon la classification de l’Organisation mondiale de la sante(OMS), et depuis 2003 selon la classification des InternationalSociety of Nephrology/Renal Pathology Society (ISN/RPS) [4]. Lesformes proliferatives de glomerulonephrites (GN) lupiques, focale(classe III) ou diffuse (classe IV de la classification ISN/RPS 2003),avec presence de lesions actives, sont les plus agressives. Avant1970, la survie renale et la survie globale des patients atteints deGN lupique proliferative etaient de l’ordre de 20–25 %. Le pronostics’est transforme grace a une amelioration globale de la prise encharge dont l’utilisation d’un traitement immunosuppresseurintensif. Ce traitement comporte 2 phases [5–7] :

� une phase initiale d’induction, dont le but est de diminuerrapidement l’inflammation renale afin d’obtenir une remissionclinique ;� une phase moins intensive d’entretien visant a eviter les rechutes.

Des recommandations des societes savantes sur la prise encharge des GN lupiques proliferatives ont ete publiees en2012 (American College of Rheumatology, ou ACR [5], EuropeanLeague Against Rheumatism [EULAR]/European Renal Association[ERA]-European Dialysis and transplant Association [EDTA] [6] etKidney Disease – Improving Global Outcomes [KDIGO] [7]), maiscertaines zones d’ombre persistent, en particulier sur la duree dutraitement d’entretien. L’objectif de cette enquete etait d’evaluerles pratiques actuelles des specialistes prenant en charge despatients atteints de GN lupiques en France.

2. Materiel et methodes

Entre mars et decembre 2012, un questionnaire informatise a eteenvoye par courrier electronique aux nephrologues et internistesfrancais via la Societe de nephrologie (SN) et la Societe nationalefrancaise de medecine interne (SNFMI). Ce questionnaire etaitanonyme, et comportait 19 questions avec des reponses a choixunique (Annexe 1). Ces questions et les reponses proposees ont eteetablies par un groupe d’experts du Groupe cooperatif sur le lupus

renal (GCLR), qui visait a representer l’ensemble des pratiquescourantes en France. Les medecins etaient interroges sur :

� leur specialite ;� leur mode d’exercice ;� le nombre de patients lupiques et de patients avec GN lupique

suivis en consultation ;� les traitements d’induction et d’entretien utilises preferentielle-

ment dans leur centre ;� la duree habituelle du traitement d’entretien chez les patients

stables en remission ;� la prescription d’antipaludeens de synthese et d’inhibiteurs de

l’enzyme de conversion ;� les pratiques en termes de prevention de la pneumocystose et de

l’osteoporose ;� la frequence estimee des rechutes.

3. Resultats

3.1. Specialistes ayant repondu a l’enquete

L’enquete a interesse 109 specialistes, soit 60 internistes,48 nephrologues et 1 rhumatologue. Il s’agissait en grande majoritede medecins hospitaliers (96 %), plutot universitaires (54 %).

Le nombre de patients lupiques suivis en consultation etaitsuperieur a 20 pour 41 % des specialistes, de 10 a 20 pour 25 %, etmoins de 10 pour 48 %. Le nombre de poussees de GN lupique traiteespar an etait superieur a 10 pour seulement 4 % des specialistes, entre5 et 10 pour 22 %, et moins de 5 pour 74 % d’entre eux.

3.2. Traitement immunosuppresseur d’induction des GN lupiques

proliferatives

Le traitement immunosuppresseur d’induction utilise en pre-miere intention, associe aux corticoıdes, etait le cyclophosphamide(CYC) intraveineux (IV) a faible dose, selon le protocole Euro-Lupuspour 67 %, suivi du mycophenolate mofetil (MMF) pour 20 %. Le CYC aforte dose selon le protocole du NIH etait utilise en 1re intention parseulement 9 % des medecins (Fig. 1). En 2e intention, le principalimmunosuppresseur utilise etait le MMF (56 %) (Fig. 1). Le rituximabn’etait soit jamais utilise (33 %), soit utilise dans les formesrefractaires uniquement (61 %), plus rarement en 1re intention pourcertains patients (4 %).

3.3. Traitement immunosuppresseur d’entretien des GN lupiques

proliferatives

Le traitement d’entretien apres une induction par CYC reposaitsur le MMF pour 58 % des medecins et sur l’azathioprine (AZA) pour

1 rheumatologist), mostly from hospitals, completed the survey. Low-dose cyclophosphamide (Euro-

Lupus) was the first induction immunosuppressive therapy used (67%), followed by mycophenolate

mofetil (MMF) (20%) and high dose CYC (NIH, 9%). Maintenance immunosuppressive therapy after an

induction with CYC was preferentially MMF (58%), versus 14% for azathioprine (AZA) and 25% using

either MMF or AZA without preference. After an induction with MMF, maintenance treatment was

mainly MMF (77%). Antimalarial drugs were prescribed systematically by 86% of specialists. In patients

in stable remission, maintenance treatment was withdrawn after 2 years (40%), 3 years (25%) or more

(34%). Low-dose corticosteroids were continued in the long-term by 54% of specialists. No difference was

observed between nephrologists and internists, even in the prescription of antimalarials. Treatment of

proliferative LN in France is homogenous enough and is consistent with recent international

recommendations.

� 2013 Association Societe de nephrologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

N. Jourde-Chiche et al. / Nephrologie & Therapeutique 10 (2014) 170–176 171

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14 %, tandis que 25 % utilisaient de facon equivalente AZA ou MMF(Fig. 2). Apres une induction par MMF, l’entretien reposait sur leMMF pour 77 % d’entre eux (Fig. 2).

Chez les patients stables en remission, le traitement d’entretienetait poursuivi 2 ans par 40 % des medecins, 3 ans par 25 %, et au-dela de 3 ans par 34 % des medecins (Fig. 3). Les doses de MMFutilisees en entretien etaient le plus souvent de 2 g/jour les deux1res annees et de 1–2 g/jour ensuite, et etaient adaptees a l’AUC(area under curve, ou aire sous la courbe) du MMF par 10 % desmedecins. Les doses d’AZA etaient en general de 2 mg/kg les deux1res annees et de 1–2 mg/kg ensuite (Fig. 4).

La frequence des rechutes de GN proliferative dans les2 premieres annees etait evaluee a moins de 10 % des patientspar 45 % des medecins, entre 10 et 25 % pour 49 %, et superieure a25 % par 6 % des medecins.

3.4. Traitements associes

Une corticotherapie a faible dose (5–10 mg/jour) etaitpoursuivie au long cours par 54 % des medecins, tandis que46 % arretaient les corticoıdes chez les patients stables (Fig. 5).

Un antipaludeen de synthese etait instaure systematique-ment chez les patients atteints de GN lupique proliferative par88 % des medecins (81 % des nephrologues et 90 % des internistes)(Fig. 5).

Une prophylaxie de la pneumocystose par sulfamethoxazole/trimethoprime (Bactrim1) etait proposee lors du traitementd’attaque par 77 % des medecins, soit systematiquement (26 %),soit uniquement lorsque le traitement d’attaque etait l’Endoxan1

(37 %), ou lorsque les patients etaient consideres comme fragiles(14 %) (Fig. 6).

Une prophylaxie de l’osteoporose etait proposee par 95 % desmedecins, par calcium et/ou vitamine D seulement (41 %), ou enassociation aux biphosphonates (54 %) (Fig. 6).

3.5. Comparaison entre internistes et nephrologues

Il n’y avait pas de difference entre les pratiques desnephrologues et des internistes sur le type de traitement d’attaque,ni sur le type ou la duree du traitement d’entretien. La frequencedes rechutes etait evaluee de facon equivalente par les 2 groupes despecialistes.

La prescription d’antipaludeens de synthese etait egalementcomparable dans les 2 groupes.

La seule difference de pratique significative concernait laprophylaxie de l’osteoporose, un biphosphonate etant plusfrequemment prescrit par les internistes que par les nephrologues(64 % versus 33 % ; p = 0,09).

22%

13%56%

9%

2ème inten�on

67%9%

20%

4%

Induc�on 1ère inten�on

EuroLupus

NIH

MMF

Autre s

Fig. 1. Quel traitement d’induction est utilise dans votre centre en premiere intention ? Quel traitement d’induction est utilise dans votre centre en seconde intention ?

16%

77%

7%

après MMF

2%

25%

59%

14%

Entre�en ap rès End oxan

Endoxan trimestriel

MMF = AZA

MMF

AZA

Fig. 2. Comme traitement d’entretien apres une induction par Endoxan1, quel immunosuppresseur utilisez-vous de preference ? Comme traitement d’entretien apres une

induction par Cellcept1, quel immunosuppresseur utilisez-vous de preference ?

1%

40%

25%

25%

9%

1 an 2 ans

3 ans 4-5 ans

> 5 ans

Fig. 3. Combien de temps poursuivez-vous habituellement le traitement d’entretien

chez un patient stable et en remission ?

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4. Discussion

Les pratiques des specialistes ayant repondu a cette enqueteen France sont le plus souvent conformes aux recommandationsles plus recentes sur la prise en charge des GN lupiquesproliferatives.

4.1. Traitement d’induction

Le traitement d’induction, qui repose sur les corticoıdes et leCYP ou le MMF, est actuellement bien codifie et homogene, le CYPetant utilise principalement a faible dose, selon le protocoleeuropeen Euro-Lupus. Le rituximab en induction est peu utilise par

les specialistes prenant en charge des patients lupiques adultes, etuniquement chez certains patients. Cette attitude reflete a la foisles resultats negatifs de l’essai randomise LUNAR [8], qui nemontrait pas de benefice a l’ajout de rituximab au traitementstandard, et les resultats positifs obtenus chez des patientsrefractaires au traitement standard [9]. Apres une etude noncontrolee encourageante [10], l’etude RITUXILUP (Trial of Ritux-imab and Mycophenolate Mofetil Without Oral Steroids for LupusNephritis, NCT01773616) pourrait demontrer son interet pourl’epargne cortisonique en attaque. En entretien, l’etude RING(Rituximab for Lupus Nephritis With Remission as a Goal,NCT01673295) vise a demontrer son utilite pour obtenir uneremission complete chez des patients en remission partielle.

Fig. 4. A quelle dose utilisez-vous le MMF et l’AZA en entretien (si la tolerance le permet) ? La 1re annee et la 2e annee ?

Fig. 5. En entretien, quelle est votre attitude vis-a-vis des corticoıdes ?

Fig. 6. Prescrivez-vous une antibioprophylaxie par Bactrim1 lors du traitement d’attaque ? Prescrivez-vous une prophylaxie anti-osteoporotique systematique lors du

traitement d’une glomerulonephrite (GN) lupique ?

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4.2. Traitement d’entretien et rechutes

Le traitement d’entretien utilise preferentiellement par lesspecialistes ayant repondu a l’etude etait le MMF, particulierementapres une reponse au MMF en induction. Neanmoins, 39 % desspecialistes declaraient prescrire l’AZA autant que le MMF, ou l’AZAplutot que le MMF, apres une induction par CYP. Ces resultatsrefletent les conclusions des etudes MAINTAIN [11] et alMS2 [12] :

� la premiere ayant montre une equivalence du MMF et de l’AZAdans une population caucasienne traitee en induction par CYPselon le schema Euro-Lupus, et quelle que soit la reponse initiale ;� la seconde ayant ete en faveur du MMF chez des patients

majoritairement non caucasiens en remission, apres inductionpar MMF ou CYP.

L’ACR [5], l’EULAR/ERA-EDTA [6] et les KDIGO [7] recomman-dent egalement en entretien l’AZA (1–2 mg/kg/jour) ou le MMF(2 g/jour), et les Europeens precisent que le MMF peut etre favoriseen entretien chez les patients ayant repondu au MMF en induction.

L’AUC du MMF etait peu utilise par les specialistes interrogespour adapter les doses en traitement d’entretien (10 %), probable-ment en raison de l’absence d’etude demontrant l’interet de cetteadaptation dans cette indication. L’essai a venir MYCADO (adapta-tion des doses de mycophenolate dans le traitement d’induction desglomerulonephrites lupiques, ou PHRC) pourrait demontrer l’utilitedes dosages d’acide mycophenolique et permettre d’etablir desconcentrations cibles au cours du traitement d’attaque.

Il n’existe a ce jour aucune donnee solide sur la duree optimale dutraitement d’entretien dans les GN lupiques proliferatives. Le taux derechutes eleve (de l’ordre de 20 % a 4 ans [3]) observe meme soustraitement, dans les cohortes europeennes et americaines, a conduitcertains centres a poursuivre de facon prolongee le traitementd’entretien, parfois jusqu’a 10 ans. Dans une etude retrospectiveportant sur 44 patients, Laskari et al. [13] ont observe que les patientspour lesquels le traitement d’entretien par MMF avait ete diminueavant 1 mois presentaient un risque accru de rechute renale, tandisque ce risque n’etait pas augmente chez les patients dont ladiminution du MMF etait intervenue a plus de 18 mois. En attendantles resultats d’essais prospectifs randomises, les expertseuropeens [6] recommandent de poursuivre le traitement immuno-suppresseur au moins 3 ans (niveau de preuve faible 3 C), tandis queles KDIGO [7] suggerent de le diminuer pour l’arreter apres 1 an deremission complete, et que les experts americains [5] ne formulentpas de recommandation sur la duree du traitement d’entretien enl’absence de preuves. Les reponses des specialistes interroges danscette enquete refletent bien cette zone d’ombre :

� 65 % poursuivent le traitement immunosuppresseur d’entretien2 ou 3 ans ;� 35 % le continuent 4, 5 ans, ou plus.

L’essai randomise WIN-Lupus (Weaning of Immunosuppressionin Nephritis of Lupus, NCT01284725), mene actuellement par le GCLR,pourrait permettre de repondre a la question de l’arret du traitementimmunosuppresseur d’entretien apres 2 a 3 ans chez les patientsstables et en remission, traites par antipaludeens de synthese.

Au-dela de ces questions, cette enquete du GCLR met en evidencela rarete des GN lupiques proliferatives, et la necessite d’etudescollaboratives permettant de repondre aux questions cliniques.

4.3. Limites de l’etude

Ce travail a plusieurs limites. On peut en effet s’interroger sur larepresentativite de l’echantillon des specialistes ayant repondu a

cette enquete, diffusee par courrier electronique et dont le nombrede specialistes l’ayant effectivement lue n’est pas connu. Une autrelimite pourrait etre l’absence de representation des pratiques desrhumatologues, mais ceux-ci ont tres peu repondu (4 reponsesseulement) a l’enquete qui leur a ete envoyee en avril 2013 via leClub des rhumatismes inflammatoires (CRI). De plus, le caracteredeclaratif des reponses aux questions ne permet pas d’affirmer larealite de ces pratiques sur le terrain. Enfin, la formulation desquestions, qui etaient des questions fermees a reponse unique, nepermettait pas de repondre, par exemple, que le traitement etaitpersonnalise en fonction des patients.

Une enquete de pratique methodologique plus solide etcomplete sur une periode determinee meriterait d’etre realisee,en particulier pour identifier des situations difficiles justifiant desetudes complementaires.

5. Conclusion

En France, la prise en charge des NL proliferatives par lesnephrologues et internistes est assez homogene et le plus souventconforme aux recommandations internationales les plus recentes.La duree du traitement d’entretien reste variable selon lespraticiens, et pourrait s’homogeneiser apres l’etude WIN-Lupus.

Declaration d’interets

Le GCLR recoit un soutien financier des laboratoires Roche.

Annexe 1. Traitement de la nephropathie lupique – enquete duGCLR sur les pratiques des nephrologues, internistes etrhumatologues francais

Ce questionnaire anonyme a pour but d’evaluer les pratiquesHABITUELLES des nephrologues, rhumatologues et internistesprenant en charge des patients lupiques en France. Il comporte19 questions (reponse unique) et vous prendra 5 minutes.

1. Quelle est votre specialite ?& Nephrologue& Interniste& Rhumatologue

2. Quel est votre mode d’exercice principal ?

& Hospitalo-universitaire& Hospitalier& Associatif& Liberal

3. Combien de patients lupiques suivez-vous en consultation ?

& Moins de 5& De 5 a 10& De 10 a 20& Plus de 20

4. Quelle proportion de vos patients lupiques est sous IEC ?

& < 25 %& 25–50 %& 50–75 %& > 75 %

5. Quelle proportion de vos patients lupiques est sousantipaludeen de synthese ?

N. Jourde-Chiche et al. / Nephrologie & Therapeutique 10 (2014) 170–176174

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& < 25 %& 25–50 %& 50–75 %& > 75 %

6. Combien de poussees de glomerulonephrite lupique traitez-vous par an ?

& Aucune& Moins de 5& De 5 a 10& Plus de 10

Concernant les GN lupiques proliferatives (classes III ou IVA � C � V) :

7. Quel traitement d’induction est utilise dans votre centre en1ere intention ?

& Endoxan + Corticoıdes selon le protocole EURO-LUPUS& Endoxan + Corticoıdes selon le protocole NIH& Cellcept + Corticoıdes& Autre :......................

8. Quel traitement d’induction est utilise dans votre centre en2eme intention ?

& Endoxan + Corticoıdes selon le protocole EURO-LUPUS& Endoxan + Corticoıdes selon le protocole NIH& Cellcept + Corticoıdes& Autre :......................

9. Le rituximab est-il utilise dans votre centre en traitementd’induction ?

& Jamais& Dans les formes refractaires uniquement& En premiere intention chez certains patients

10. Comme traitement d’entretien apres une induction parEndoxan, utilisez-vous de preference :

& Endoxan trimestriel& Cellcept& Imurel& Cellcept ou Imurel de facon equivalente

11. Comme traitement d’entretien apres une induction parCellcept, utilisez-vous de preference :

& Cellcept& Imurel& Cellcept ou Imurel de facon equivalente

12. Associez-vous un antipaludeen de synthese au traitementimmunosuppresseur ?

& Systematiquement (sauf contre-indication)& Si le Plaquenil avait ete initie par un confrere avant la poussee

renale& En cas de poussee cutanee ou articulaire& Rarement, les immunosuppresseurs suffisent

13. Combien de temps poursuivez-vous habituellement letraitement d’entretien chez un patient stable et en remission ?

& 1 an& 2 ans& 3 ans& 4 ou 5 ans& > 5 ans

14. A quelle dose utilisez-vous le Cellcept en entretien (si latolerance le permet) ?

3 g/jour

2 g/jour

entre 1 et2 g/jour

< 1 g/jour

Adaptea l’AUCdu Cellcept

1re annee & & & & &

2e annee & & & & &

Apres la 2e annee & & & & &

15. A quelle dose utilisez-vous l’Imurel en entretien (si latolerance le permet) ?

2–3mg/kg

2 mg/kg

1–2 mg/kg

1 mg/kg

< 1 mg/kg

1re annee & & & & &

2e annee & & & & &

Apres la 2e annee & & & & &

16. En entretien, quelle est votre attitude vis-a-vis descorticoıdes ?

& Je les diminue progressivement jusqu’au sevrage complet sile patient est stable

& Je les diminue puis garde un traitement de fond au long courspar 5–10 mg/jour

17. Dans votre experience, quelle est la frequence des rechutesde GN proliferative dans les 2 premieres annees ?

& < 10 %& 10–25 %& 25–50 %& > 50 %

18. Prescrivez-vous une antibioprophylaxie par Bactrim lors dutraitement d’attaque ?

& Oui, systematiquement (sauf contre-indication)& Oui, lorsque le traitement d’attaque est l’Endoxan uniquement& Oui, chez les patients ‘‘fragiles’’ uniquement& Non

19. Prescrivez-vous une prophylaxie anti-osteoporotique sys-tematique lors du traitement d’une GN lupique ?

& Oui, par vitamine D ou calcium& Oui, par vitamine D et calcium& Oui, par vitamine D, calcium et biphosphonate (si la fonction

renale le permet)& Non

Mercid’avoir pris le temps de repondre a ce questionnaire ! Vous

pouvez maintenant le renvoyer. Si d’autres ne phrologues, inter-

nistes ou rhumatologues dans votre centre prennent en charge

des patients lupiques, merci de le leur faire passer. Les resultats

de cette enquete vous seront prochainement transmis.

Annexe 1 (Suite)

N. Jourde-Chiche et al. / Nephrologie & Therapeutique 10 (2014) 170–176 175

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Pr Eric DAUGAS (pre sident du GCLR, Groupe Coope ratif sur le

Lupus Re nal, [email protected]) / Dr Noe mie Jourde-

Chiche ([email protected])

References

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N. Jourde-Chiche et al. / Nephrologie & Therapeutique 10 (2014) 170–176176