Paysage avec cultures et animaux. Variations autour du thème des pratiques agraires

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Mathieu Arnoux Paysage avec cultures et animaux. Variations autour du thème des pratiques agraires In: Études rurales, N°145-146, 1997. Georges Duby. pp. 133-145. Citer ce document / Cite this document : Arnoux Mathieu. Paysage avec cultures et animaux. Variations autour du thème des pratiques agraires. In: Études rurales, N°145-146, 1997. Georges Duby. pp. 133-145. doi : 10.3406/rural.1997.3605 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rural_0014-2182_1997_num_145_1_3605

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Mathieu Arnoux

Paysage avec cultures et animaux. Variations autour du thèmedes pratiques agrairesIn: Études rurales, N°145-146, 1997. Georges Duby. pp. 133-145.

Citer ce document / Cite this document :

Arnoux Mathieu. Paysage avec cultures et animaux. Variations autour du thème des pratiques agraires. In: Études rurales,N°145-146, 1997. Georges Duby. pp. 133-145.

doi : 10.3406/rural.1997.3605

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rural_0014-2182_1997_num_145_1_3605

MATHIEU ARNOUX

AVEC CULTURES ET ANIMAUX

VARIATIONS AUTOUR DU THÈME DES PRATIQUES AGRAIRES

« Quando io considero a quanti accident! e pericoli di infirmità, di caso, di violenza e in modi infiniti, è sottoposta la vita dell'uomo, quante cose bisogna concorrino nelo anno a volere che la ricolta sia buona, non è cosa di che io mi maravigli più che vedere uno uomo vecchio, uno anno fertile. »

Guichardin, Ricordi 161

PRÈS de quarante années après sa publication, L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval

demeure une référence pour tous les historiens de la vie rurale. Fécond par les recherches qu'il a suscitées, et qui ont souvent rectifié ou affiné certaines de ses hypothèses, le livre s'impose, à la suite des Caractères originaux de Marc Bloch, par l'ampleur des perspectives qu'il ouvre au lecteur et par une clarté inégalée de l'exposition des problématiques. Le chapitre consacré aux pratiques agraires et aux modes de culture est une des clés de l'ouvrage et reste une introduction efficace à un aspect essentiel de la ruralité médiévale. En inscrivant la mise au point de la rotation triennale dans l'histoire de la productivité du travail, l'auteur indique la voie pour une compréhension des pratiques économiques et des systèmes sociaux du monde rural.

Il serait fastidieux de faire l'inventaire des recherches qui se sont inspirées de ces pages. Avec le recul, il semble cependant que ce texte nuancé et attentif à la diversité des situations et des choix a été généralement lu comme la démonstration d'un fait indiscutable : le triomphe du système triennal dans l'organisation des campagnes occidentales. L'idée, parfois exposée avec les précautions nécessaires [Mazoyer et Roudart 1997 : 212-215 ; Rôsener 1985 : 129-130, 1994 : 91-93], se retrouve trop souvent dans les manuels universitaires sous la forme schématique de l'affrontement séculaire de deux systèmes antagonistes, l'un archaïque, le biennal, et l'autre, vecteur de progrès, le triennal. Dans cette perspective, la victoire de ce dernier ou, au contraire, sa difficulté à s'imposer prennent valeur de symptôme d'une plus ou moins grande aptitude régionale au progrès technique.

Ce schéma caricatural a été depuis longtemps mis à mal, en particulier par les travaux de François Sigaut [1976, 1988, 1994], et la diversité des systèmes agraires des campagnes européennes jusqu'aux temps contemporains est désormais un fait largement acquise. La notion même d'assolement biennal apparaît comme une fiction dissimulant des types très variés de mise en valeur du sol, le plus souvent privés du caractère programmé qui définit la rotation ou l'assolement, pris au sens strict. Malgré l'importance de ces recherches, le schéma binaire traditionnel reste dominant chez les médiévistes français, probablement en raison de l'intérêt porté dans notre pays aux systèmes de production du froment et à l'histoire des régions céréalières. Il n'est donc pas inutile de reposer la question à partir des pages de Georges

Études rurales, janvier-décembre 1997, 145-146 : 133-145

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134 Duby, et en tenant compte des investigations ultérieures. Les remarques qui suivent, sur les thèmes liés du statut de la rotation triennale et des contraintes collectives, voudraient signaler quelques pistes de réflexion sur le problème des pratiques agraires en s 'appuyant sur la variété des situations pour éclairer la complexité des enjeux et des choix.

Système triennal et progrès agronomique La rotation triennale constitue l'un des éléments d'un système d'exploitation et de mise en valeur des terres, qui a trouvé son expression achevée sur les sols limoneux des régions tempérées d'Europe, à l'époque moderne. François Sigaut a naguère montré l'articulation très complexe de cet ensemble de pratiques fondé sur l'usage de la charrue, l'assolement programmé avec jachère, faisant se succéder céréale d'hiver et céréale de printemps, la conservation et le battage en grange et le lien avec les marchés urbains [1988 : 32-34]. En 1994, la thèse de Jean-Marc Moriceau sur Les fermiers de V Île-de-France a mis en lumière, pour une région cruciale, les étapes de la constitution du système social qui porta la pratique du triennal à son plus haut degré d'efficacité.

Si la production du froment apparaît comme l'objectif le plus évident de l'entreprise, les recherches récentes mettent l'accent sur la nécessité d'une appréhension globale de son fonctionnement. Retraçant l'histoire d'une famille de fermiers de la région parisienne, Jean-Marc Moriceau et Gilles Postel-Vinay ont ainsi montré que le marché du blé ne suffisait pas à lui seul à assurer la prospérité de l'exploitation et que la vente des fourrages et des

pailles constituait au XVIIIe siècle un élément important dans l'équilibre financier des fermes [1992 : 234-245]. Georges Duby avait affirmé avec force la nécessité de prendre en compte la production des terres dans sa totalité et dans sa diversité, soulignant l'importance des blés de printemps dans cette perspective [1962 : 182- 183]. On ne saurait dire que cette précaution ait été suivie par les historiens, obsédés par la part croissante du froment dans les cycles de culture, au point d'oublier qu'une rotation triennale en produit théoriquement moins qu'une rotation biennale. Malgré l'imprécision des sources médiévales, les éléments de réflexion ne manquent pas, qui ont souvent été laissés de côté. C'est ainsi que Robert Fossier, dans sa thèse sur la Picardie, suivant pas à pas les progrès du nouvel assolement qu'il estime destiné à accroître la production de froment, note une croissance extrêmement rapide de la production d'avoine, bien plus souvent mentionnée au demeurant que le froment lui-même. Il y voit, sans doute à juste titre, la preuve de la réussite de la rotation triennale, sans pour autant faire l'hypothèse que la capacité à produire en grande quantité cette céréale indispensable à l'entretien des chevaux pourrait être un des facteurs essentiels de l'adoption du triennal [1969 : 333-334, 403-406].

De fait, les historiens du Moyen Âge semblent avoir été plus attirés par l'étude de l'articulation du travail que par celle de la production du système. Un passage célèbre du traité de Walter de Henley [Oschinsky 1971 : 312-316] leur ouvrait la voie, commenté par Georges Duby [1962 : 174], et plus récemment par Georges Cornet [1992 : 88-91]. Le propos est simple : il établit en théorie la supériorité du

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triennal sur le biennal par la plus grande rentabilité du travail de l'attelage. En d'autres termes, la succession des façons, nécessaire à chacun des systèmes, permet à un même attelage d'emblaver une superficie plus importante dans une rotation à trois ans. La cohérence de la démonstration, refaite par les agronomes du XVIIIe siècle, emporte la conviction des commentateurs, d'autant qu'elle ouvre une perspective extrêmement éclairante sur l'exigence de rationalité qui caractérise le système manorial anglais. Georges Cornet note toutefois que le texte de Walter oppose au système triennal un système biennal très élaboré, qui fait se succéder sur quatre années des récoltes alternées de froment et de blés de printemps ; leur opposition n'est pas celle du progrès et de l'archaïsme, mais celle de deux procédés présentant chacun des qualités spécifiques. Au début du XIVe siècle, l'auteur de la Fleta, reprenant le débat, donne par prudence la préférence à la rotation biennale [Duby 1962 : 180].

Les historiens des campagnes anglaises, particulièrement sensibles aux pratiques agraires et aux rotations, ont montré l'étonnante variété des solutions adoptées par les intendants des manoirs et par leurs tenants. Le triennal est loin d'y recueillir la faveur dont il jouit chez les agronomes, et, même dans les bassins urbains, il ne constitue pas la base d'un système économique et social comparable à celui des plateaux d'Île-de-France. À partir de la fin du XIIIe siècle, il est concurrencé par des rotations plus complexes : dès 1300, à Shinghay, dans le Norfolk, la rotation adoptée ne prévoit de jachère que tous les quatre ans ; en 1318, à Melbourne, dans la même région, les coutures sont réparties en quatre soles, dont une est ensemencée en blé

d'hiver, une autre en blé de printemps, les deux dernières étant soit travaillées en jachère soit ensemencées de fèves et de pois. En 1325, à Little Wolford (West Midlands), la rotation sur quatre ans est déjà en place, peut-être appuyée sur une répartition en quatre soles. Dans tous ces cas, on peut se demander si l'innovation n'a pas été favorisée par la persistance locale d'un système biennal [Baker et Butlin eds. 1973 : 225, 296-298].

Il existe sur le continent des situations comparables qui illustrent que, dans certaines régions, la rotation triennale ne constitue pas le nec plus ultra de l'agronomie, mais une option parmi d'autres. On en trouve un exemple particulièrement précoce dans le Maçonnais du XIIe siècle, cher à Georges Duby. Le célèbre inventaire des revenus clunisiens dressé en 1 155 à la demande de l'abbé Pierre le Vénérable par Henri, évêque de Winchester, contient la plus ancienne attestation d'une rotation triennale dans la région : parmi les corvées imposées aux tenants de l'abbaye figurent en effet, dans un ordre rigoureux, les labours de guérets et de rebiner, ceux des semailles des hivernages et ceux de carême, pour les mars. Cette mention, aussi précise que raffinée, est aussi la seule, puisque les paysans du Maçonnais sont restés fidèles, jusqu'au XIXe siècle, à un système biennal. Une lecture plus attentive de ce document révèle que, sur ce point, il ne témoigne pas tant d'une pratique établie que d'un projet de réorganisation du domaine clunisien sur le modèle manorial anglais, projet sans doute abandonné par la suite [Arnoux et Brunei 1994; Duby 1973]. Dès les années 1150, l'adoption du système triennal, même sur des domaines gérés dans un souci de rationalité

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136 économique, ne garantit pas le succès d'une gestion innovante.

La remarque vaut, a fortiori, pour des périodes plus tardives. Slicher van Bath avait déjà signalé dans des pages classiques les avancées de l'agriculture flamande à la fin du Moyen Âge [1966 : 178-180]. Un autre exemple est celui de la Normandie, intéressant en raison de ses liens avec l'Angleterre : une série de 43 contrats de fermage de la région de Rouen pour les années 1360-1420 nous permet de connaître les rotations adoptées sur les terres concédées en faire-valoir indirect par les établissements religieux et les patriciens rouennais 1 [Bois 1976 : 176-177; Robillard de Beaurepaire 1865 : 33-42]. La rotation triennale la plus classique apparaît bien établie, comme par exemple à La Chaussée, dans le pays de Caux, où les religieuses de Saint-Amand de Rouen concèdent en 1402, avec leur manoir, des coutures réparties en 20 acres de blé, 21 de trémois et 20 de « froissis ». Cependant, d'autres rotations sont présentes, dans lesquelles la jachère et la planche des céréales d'hiver voient leur place réduite au profit des blés de printemps : en 1362, le manoir des Emmurées de Rouen à Sainte-Genvière-en-la-Forêt associe 18 acres de blé sur 3 labours, 10 acres sur 2 labours, 22 acres de trémois et seulement 6 de jachère ; les baux de 1396 et 1400 pour le manoir de Jean Polin, bourgeois rouennais, ne présentent que 8 acres de jachère pour un ensemble de coutures supérieur à 35 acres ; en 1408 enfin, sur les 30 acres de terres cultivées du manoir de Robert Alorge à Montérolier, on ne compte que 6 acres de jachère et 6 acres de blé d'hiver face à 18 acres de trémois. Il s'agit là de rotations sur quatre ou cinq années, qui prolongent les

procédés expérimentés au même moment par les cultivateurs britanniques.

L'attention portée aux blés de printemps est l'autre fait significatif de ce petit corpus : rares sont les contrats qui se contentent d'évoquer les mars ou les trémois. Le plus souvent, la superficie réservée aux pois, blancs ou rouges, aux vesces, au méteil, à l'orge ou à l'avoine est soigneusement déterminée. Quelquefois, l'existence de contrats successifs permet de vérifier le respect des clauses édictées par les bailleurs. On possède un cas précoce et particulièrement convaincant pour la ferme déjà citée de La Chaussée, où, dans une rotation apparemment triennale (avec cultures dérobées sur la jachère), la minutieuse enumeration des trémois contenue dans un bail de 1275 se retrouve quasiment inchangée dans une enquête au terme du bail en 1302 (cf. tableau ci-contre).

Sans extrapoler de cette série limitée à l'ensemble des exploitations, on peut noter que les rotations complexes adoptées dans la région excluent l'existence de pratiques collectives d'assolement dans les finages concernés. On doit surtout remarquer que dans une période de pause, dans un contexte général de récession démographique et économique, la restriction des superficies emblavées peut aller de pair avec une sélection audacieuse des options culturales.

Au dire des géographes, les conditions climatiques interdisent théoriquement l'extension du système triennal au monde méditerranéen

1. Les façons agricoles extrêmement précises exigées dans les contrats ont fait l'objet d'un commentaire de Charles Parain, dans sa contribution à la Cambridge Economie History of Europe. L'acre utilisée dans la région de Rouen varie entre 0,56 et 0,85 hectare.

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Répartition en acres des cultures sur le manoir de La Chaussée

(Seine-Maritime, canton de Longueville)

Nature des cultures

Méteil

Avoine

Pois blancs

Pois roux

Vesces

Orge

Jachère

Terre vide

Bail de 1275

19, 5

12,5

1,5

2,5

6,75

4,25

12

10

Enquête de 1302

22

12,5

3

1

7

4,25

18

Source : Archives départementales Seine-Maritime, 55 HP5 2

[Faucher 1961 : 10]. Sa présence y a pourtant été signalée, aussi bien par Georges Duby que par les historiens de l'Italie 3. La nature et la régularité du cycle varient évidemment selon les régions et les périodes, mais la succession de la jachère, des blés d'hiver et des blés de printemps est parfaitement identifiable. Là encore, à la différence des régions limoneuses d'Europe continentale, l'adoption de la rotation triennale ne constitue pas le terme d'une évolution, mais une étape sur la route qui mène de l'antique alternance sur deux ans aux savantes elaborations des agronomes lombards du XVIe siècle. Le mouvement n'a pas été étudié partout avec la même attention et reste souvent énigmatique. Cependant, une étude récente sur la région de Viterbe a mis en évidence le passage dans les premières années du XIVe siècle d'une rotation triennale classique, précisément définie dans les actes notariés par l'expression ad lavorandum ad maiesiam et ad cultum, à

une rotation associant lin et froment (ad linum et ad granum) sur des terres irriguées : la succession peut intriguer quand on sait les effets dévastateurs du lin sur les sols arables, mais il livre par là même des champs entièrement nettoyés de leurs mauvaises herbes; de plus, l'irrigation des parcelles dévolues à ces cultures précieuses permet de restaurer en partie les qualités du sol; enfin, la restriction des surfaces cultivées, qui caractérise cette période, rend sans doute possible d'abandonner pour de longues jachères les terres éprouvées par ce cycle exigeant [Cortonesi 1995 : 8-11 ; Lanco- nelli 1994: 61-71].

La comparaison des rotations culturales dans le cadre européen ne permet donc pas de confirmer l'idée d'un acheminement inéluctable des procédés vers une suprématie du système triennal, ni même vers un partage des terroirs entre biennal au sud et triennal au nord. Ce système, dont la diffusion accompagne la croissance des xile-xme siècles, est souvent une option ou une étape dans une évolution technique qui, comme dans d'autres secteurs de production, entre à partir de la fin du XIIIe siècle dans un cycle d'innovation, dont l'importance n'apparaît clairement qu'au début des temps modernes. Dans les derniers siècles du Moyen Âge, la seule prise en compte des céréales, d'hiver comme de printemps, ne suffit pas pour comprendre la logique des évolutions d'ensemble : il faut

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2. La version française du bail de 1275 a été publiée par Charles de Robillard de Beaurepaire [1865 : 424-427].

3. Sur les remarques de Georges Duby à ce sujet, cf. l'article de Benoît Beaucage dans ce numéro, et Giovanni Cherubini [1985 : 24-30].

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138 restituer sa place au bétail pour mettre en lumière certaines des contraintes extérieures qui expliquent l'évolution des systèmes de cultures.

L'introuvable contrainte de sole Durcissant une opposition élaborée par Marc Bloch, certains médiévistes aiment à mettre en scène l'affrontement d'une société individualiste marquée par le biennal et d'un monde de contraintes collectives dominé par le triennal : « À l'intérieur des terres, d'un bout à l'autre de l'Europe septentrionale, l'assolement triennal réalise de nouvelles conquêtes et, partout où il règne, il impose une discipline rigoureuse et suppose un organisme qui définisse celle-ci et la fasse respecter. » Cette vision radicale du collectivisme triennal, due à Leopold Génicot, illustre le malentendu qui règne chez les historiens du Moyen Âge quant au problème des contraintes de l'assolement [1984 : 83]. C'est là où son existence est affirmée par certains chercheurs qu'il convient d'aller l'étudier, en particulier dans les plaines limoneuses du Nord, où ses traits spécifiques ont été mis au jour. Partant des indications recueillies dans les censiers sur la répartition en soles (ou royes) de l'ensemble des terroirs, Robert Fossier [1969 : 337-345] et Gérard Sivery [1973 : 170-178, 1990 : 39] ont acquis la conviction de l'existence d'une contrainte d'assolement dans les campagnes céréalières du nord du bassin parisien dès la fin du xiif siècle 4. L'important corpus statutaire qui subsiste dans ces régions ne contient pourtant aucune allusion à une réglementation de cet ordre, ce qui incite à douter que les soles aient une fonction autre que topographique [Fossier 1974].

Un dossier relatif au Hainault, signalé par

Henri Platelle et Alain Derville, est éclairant à cet égard. Par un accord conclu en 1296, les abbés des monastères de Cambron et de Saint- Amand décident d'imposer par serment aux hommes du village de Wodecq l'obligation de se conformer à l'avenir à l'ordre accoutumé des cultures (cursum solitum), sans « déroyer ». On tiendrait là un cas exemplaire de contrainte collective de rotation. L'ensemble du dossier suggère pourtant d'autres lectures. L'acte de 1296, qui nous a été transmis par un cartulaire de Saint-Amand, suit en effet deux autres conventions, de 1227 et 1234, réglant de manière minutieuse et compliquée le partage des dîmes du village entre les deux communautés. Le conflit renaît à la fin du XIIIe siècle à la suite de la décision prise par les cisterciens de Cambron de « déroyer » sept bonniers de terre de leur réserve, en préjudice des dîmes des moines de Saint-Amand : d'après les accords antérieurs, la modification des cultures fait varier la part des dîmes versées à l'une et à l'autre communauté sur les terres du village. Ainsi, l'obligation faite aux cultivateurs du lieu de respecter à l'avenir le cursum solitum ne vise pas à imposer aux paysans une rotation triennale, qu'ils appliquent d'ailleurs très probablement, mais à leur interdire d'extraire certaines parcelles de la portion du terroir assignée à la culture des céréales, et dîmée en conséquence, pour les convertir en vergers, pâturages ou cultures industrielles, soumis à un régime différent. Les deux seigneurs

4. Je partage pleinement les observations opposées à ces deux auteurs par Alain Derville [1988], sans être convaincu par son hypothèse sur le développement de l'assolement dans la France carolingienne et sa disparition à partir du XIIe siècle [365-367].

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du village, qui cherchent simplement à régler un conflit de dîmes, pourraient donc parfaitement, par un nouvel accord, entériner une autre organisation de la rotation : de fait, les sept bonniers déroyés par les cisterciens ne sont pas réintégrés dans l'assolement général du terroir. Par conséquent, le texte de 1296 témoigne bien d'un usage en matière de rotation, mais n'en démontre pas l'aspect obligatoire pour l'ensemble de la communauté villageoise 5 [Derville 1988 : 363 ; Platelle 1962 : 266 et 307].

Faute de posséder pour l'espace français un témoignage médiéval indiscutable de contrainte collective d'assolement, il est indispensable d'ouvrir la perspective, dans l'espace et dans le temps, pour donner sa juste place au problème de l'inscription communautaire des pratiques agraires. Les pages lumineuses consacrées par Jean Meuvret à ce sujet dans Le problème des subsistances à l'époque de Louis XIV peuvent servir de point de départ [1987 : 1 1-43]. Reprenant l'ensemble des sources et de la bibliographie ayant trait à la France des XVIIe et XVIIIe siècles, l'auteur établit que la contrainte d'assolement n'a jamais fait partie des usages légaux ou coutumiers de la France d'Ancien régime, contrairement à ce qu'une lecture rapide des textes des physiocrates ou des économistes libéraux du XIXe siècle pourrait laisser entendre. À l'inverse, il apparaît que, pour l'ensemble des légistes d'Ancien régime, les contraintes de sole et les obligations pesant sur l'espace cultivé appartiennent à l'univers de la convention et du contrat, qui peut seul assurer le respect par tous de l'arrangement conclu pour tout ou partie du terroir communal.

Sur ce point aussi, le recours aux sources anglaises apporte un éclairage utile. Il ne fait

guère de doute en effet que les villages britanniques connurent dès le XIIIe siècle une organisation collective beaucoup plus contraignante, marquée dans l'espace par la répartition des cultures en deux ou trois champs (two-fields ou three-fields system), selon que la pratique est biennale ou triennale. Le contenu réglementaire de cette répartition ne figure pas dans les coutumiers manoriaux, lesquels fixent les obligations de travail des tenants et non l'organisation de leurs exploitations. Il existe néanmoins quelques témoignages sur la genèse et l'évolution des pratiques agraires collectives. Ainsi, en 1381, un rôle du manoir de Crowle (île d' Axholme, East Midlands) rappelle la décision prise antérieurement par le seigneur et les tenants de diviser leur terroir en quatre soles, dont une seule sera en jachère chaque année 6. Un accord similaire conclu en 1410 a été conservé pour le village de Harlestone, non loin de Northampton : ayant connu jusqu'à la fin du XIIIe siècle une organisation biennale en deux soles, la division en trois soles fut faite de telle sorte que, tous les trois ans, la famine menaçait l'ensemble de la communauté, en raison sans doute de l'exiguïté de la troisième sole. Un redécoupage du terroir fut donc décidé, qui donna lieu à la rédaction d'une « endenture » délimitant les terres successivement assignées à la jachère pour les trois années à venir. Plus encore que le contenu, c'est la forme juridique de l'accord qui doit retenir l'attention. Aux côtés

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5. Archives départementales du Nord 12H2, cartulaire de Saint-Amand, f. 168-169 v.

6. Joan Thirsk, « Field system in the East Midlands », in Baker et Butlin, eds., 1973, op. cit. : 258.

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140 des six seigneurs des manoirs établis sur le terroir, six prud'hommes appartenant à la communauté participent à la rédaction de l'acte : on leur confie son application et, si besoin est, son amélioration. Le texte précise aussi leur mode de recrutement. Les indications portées par la suite au verso du document témoignent du fonctionnement de l'institution jusqu'au XVIe siècle7. Dans sa forme comme dans son contenu, ce document exceptionnel montre que l'organisation collective et contraignante des cultures est du ressort exclusif de la communauté, laquelle en décide par un acte contractuel : il ne s'agit donc pas d'une obligation légale ou coutumière, qui ressortirait obligatoirement aux administrations manoriales.

Passant du terrain réglementaire au domaine contentieux ou criminel, le tableau esquissé plus haut se précise. Le refus de l'assolement collectif (désolement ou dessaisonnement) n'apparaît quasiment jamais dans nos sources, sauf dans les clauses des contrats de fermage : dans ce contexte, il est proscrit comme une pratique susceptible de porter atteinte à la valeur du fonds, donc aux intérêts du propriétaire ; il ne constitue donc pas un délit commis à l' encontre de la communauté. Pour la France des XIVe et XVe siècles, l'énorme corpus documentaire représenté par les lettres de rémission permet de poursuivre l'analyse sur le terrain de la criminalité. Dans les études comme dans les inventaires, ni les travaux des champs (labours, semailles, moissons, battage) ni les pratiques collectives ne sont le cadre de comportements excessifs ou criminels [Chevalier éd. 1993 ; Gauvard 1991]. Le contrôle social qui pèse sur l'organisation et le déroulement des cultures semble exclure totalement la discorde et la

lence, qui sont pourtant la marque de la vie collective des campagnes médiévales, si l'on s'en tient à l'image donnée par les lettres. Il en va différemment de l'élevage, omniprésent dans les textes statutaires car cause ou circonstance de crime d'après la documentation judiciaire. Les interdits et contraintes réglementaires, qui enserrent la pratique de l'élevage, ne s'appliquent pas qu'aux animaux et à leurs gardiens. S 'étendant à l'espace même où les animaux se déplacent, ils constituent le principal système contraignant relatif aux activités agraires.

Élevage et réglementation

La très importante documentation italienne nous fournit des informations précieuses pour la poursuite de notre analyse. Ici comme ailleurs, la réglementation communale ignore totalement l'existence de contraintes collectives portant sur les cultures, d'autant que l'organisation des terroirs ne répond pas à la discipline spatiale caractérisant les campagnes septentrionales. En fait, plus que les cultures, c'est l'élevage qui retient l'attention des rédacteurs de statuts, et c'est au travers du déplacement coutumier ou illégal des animaux que nous appréhendons l'espace des champs. L'interdiction de pâturer dans les champs en jachère, énoncée par certains statuts d'Italie centrale, révèle que la pratique de la jachère n'a pas partout de lien nécessaire avec le pâturage des troupeaux ou avec l'usage des engrais animaux [Toubert 1973 : 270].

L'analyse menée par Pierre Toubert sur

7. Joan Wake, 1922, édition de la charte d'Harlestone, pp. 409-413 (cité par J. Thirsk in Baker et Butlin, eds., 1973 : 258).

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l'ensemble des statuts communaux lombards du XIVe siècle éclaire les enjeux de la réglementation portant sur le bétail. Très variée dans le détail, celle-ci articule les déplacements et le pacage du cheptel sur un calendrier et sur une géographie agraires. Elle détermine ainsi, commune par commune, les dates de départ des animaux vers l'alpage en inscrivant ce déplacement à l'intérieur du calendrier des récoltes, en particulier par rapport à la fauche des prés [1960 : 397-508]. L'espace agraire que l'auteur décrit ne se réduit pas au terroir communal : aux prairies et pâturages voués à l'hivernage des bêtes, il associe les voies de transhumance et les alpages. Dans bien des cas, la réglementation distingue la stabulation des troupeaux de la communauté et celle des troupeaux d'autres communautés, de passage à l'aller ou au retour de l'estivage. Cette distinction ne vise pas seulement à garantir les droits des différents propriétaires, mais aussi, plus probablement, à prévenir les épizooties que le mélange des troupeaux ne manquerait pas de provoquer : un passage de L'Utopie de Thomas More montre combien cette crainte était réelle dans l'Angleterre du début du XVIe siècle où le développement des enclosures marquait la victoire de l'élevage sur les cultures céréalières 8.

Le caractère compliqué et raffiné des institutions qui organisent la transhumance en font un excellent point d'observation sur les rapports qui unissent cycles de culture et activités pastorales [Cazzola éd. 1993 : 11-46; Maire- Vigueur 1981]. Le système a été mieux étudié dans sa phase d'altitude, et son influence sur les campagnes de piémont n'est observable que pour des périodes tardives, lorsque son dérèglement place son fonctionnement sous la

mière de la justice. Au terme de la reconstruction économique et démographique de la fin du Moyen Âge, à partir des premières décennies du XVIe siècle, l'intensification des cultures, par l'extension des emblavures et la généralisation de la coltura promiscua, se heurte à la présence des troupeaux hivernant comme à l'un des éléments de la structure agraire. Le conflit latent est résolu dans les campagnes émiliennes par l'expulsion des animaux vers des zones de terres infécondes, vouées aux parcours [Cattini 1984 : 27], tandis que les campagnes vénitiennes, sises entre mer, ville et montagne, éprouvent plus de difficultés à concilier des choix antagonistes.

Une recherche collective récente sur les campagnes trévisanes situe avec précision le système de la transhumance, la posta délie pécore, dans une conjoncture où cycles et pratiques de culture et biens communaux évoluent profondément [Bellavitis 1994 : 43-44; Pitteri 1994 : 91-92; Pozzan 1997 : 66-687]. Les cadastres généraux du territoire, les estimi, mentionnent en effet régulièrement les revenus du pensionatico, attaché à la posta délie pécore. Il s'agit de l'indemnité versée par les pasteurs pour séjourner l'hiver dans la campagne trévi- sane ou padouane. La somme, parfois importante, est perçue dans la plupart des cas par les marguilliers des fabriques paroissiales. Chargés de veiller aux intérêts des communautés d'habitants, ils organisent l'hébergement du

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8. « Car après que l'on eut étendu les pâtures, une épi- zootie (tabes) emporta quantité de moutons, comme si Dieu avait voulu châtier la cupidité en déchaînant contre les bêtes un fléau qui se serait plus justement abattu sur leurs propriétaires. » (Trad. Marie Delcourt, p. 101)

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142 troupeau et de son pasteur, désignant en particulier les champs où pâtureront les animaux. Les conflits qui naissent à ce sujet donnent une idée de l'imbrication profonde des activités pastorale et de culture dans ce terroir alors intensément occupé et cultivé. Le séjour des bêtes, souhaité par certains propriétaires désireux d'engraisser leurs terres, est redouté par les cultivateurs de parcelles plantées de vignes ou de jeunes arbres. Le retour annuel de ces milliers d'ovins constitue donc tout à la fois un élément structurel du paysage agraire et une contrainte collective pesant sur les cycles de culture. Les éléments permettant d'évaluer ce dernier point sont peu nombreux et tardifs. En 1546, le contrat de location de la posta de Scorzè, dans la région de Trévise, stipule que le berger devra répartir ses bêtes en 2 troupeaux de 150 têtes, qui se succéderont sur les pâtures qui leur seront assignées. Plus précis, un bail de fermage de 1613 oblige le fermier à mettre chaque année une certaine superficie de jachère à destination des troupeaux de la posta 9. À partir du XVIIIe siècle, l'institution du pensionatico, protégée par sa longévité, suscita en Italie du nord une littérature analogue à celle qui, de l'autre côté des Alpes, s'élevait contre les contraintes communautaires d'assolement [Gloria 1851].

La mise en place de la posta semble postérieure au XIIIe siècle : avant 1300, la méticuleuse organisation des campagnes surpeuplées exclut totalement la présence sur les champs de troupeaux importants. Durant les décennies suivantes, la diminution massive des emblavures causée par le déclin démographique offre à ces derniers les parcours nécessaires 10, tandis que la progressive édification d'appareils étatiques

modernes permet de protéger le déplacement des animaux entre piémont et alpage. Comme les rotations nouvelles mises au point au même moment dans d'autres campagnes, il s'agit donc d'une innovation surgie à la faveur des bouleversements démographiques, économiques et sociaux du XIVe siècle. L'analyse spatiale de l'institution apporte d'autres enseignements : bien attestée sur les terroirs de la rive gauche du Piave, et aux portes de Trévise, dont elle approvisionne la draperie, la posta s'efface à l'est de la rivière, et dans les plaines du Frioul et de la Vénétie julienne, où les pâturages sont réservés aux troupeaux de bovins venus d'Europe centrale par la route de Hongrie pour alimenter l'énorme marché vénitien.

L'institution de la transhumance illustre parfaitement par son fonctionnement une intuition essentielle de Marc Bloch : « La vieille économie agraire [...] n'était pas fondée seulement

9. Archivio storico del comune di Noale, Podesteria di Noale, busta 117, pp. 810-811 v. (1546) : « con questa conditione che dicti pegorari possino menar pegore tante quante porta la posta, zoé 150 per chiapo et che dicti conductori debino far doi chiapi et andar a ruodolo secondo il solito et ordine altrevolte facto » ; d'après les données du cadastre de 1542, la paroisse de Scorzè s'étendait sur un terroir d'environ 800 hectares cultivés dans leur plus grande partie et dépourvus de terres communales [Bellavitis 1994 : 19, 164, 168]. Archivio di Stato di Treviso, Certosa del Montello, busta 55 (Lanzago). J'utilise ici les premiers résultats d'une enquête entreprise avec Danilo Gasparini sur le fonctionnement de la posta dans les campagnes trévisanes.

10. Cf. les remarques de Wilhelm Abel [1973 : 95-98] sur le lien entre la réduction des emblavures, le développement de l'élevage et, dans le nord de l'Europe, l'abondance des désertions d'habitat.

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sur la culture. En France, comme dans toute l'Europe, elle reposait sur l'association du labour et de la pâture : trait capital, un de ceux qui opposent le plus nettement nos civilisations techniques à celles de l'Extrême-Orient. » Une analyse identique pourrait être menée pour d'autres régions européennes. L'étude des structures d'approvisionnement des grandes métropoles est l'une des voies d'accès possibles vers la compréhension des systèmes régionaux [Slicher van Bath 1966]. Mais il est possible de mettre en évidence des phénomènes analogues en partant de la structure agraire locale. Là encore, la précision des données britanniques est irremplaçable. Dans le village d'Holkham, dans le Norfolk, dont les sources médiévales ont été intégralement publiées, une enquête de 1306 révèle la présence aux marges de l'espace cultivé de pâturages côtiers, permanents ou temporaires, liés aux prés salés. Les libres tenants auxquels ils appartiennent comptent tous parmi les notables de la communauté, certains d'entre eux faisant à la fois de l'élevage et du commerce. L'élevage ovin, si important dans cette région à l'agriculture novatrice, se pratique donc sur une superficie variable, associant aux parcelles en jachère d'autres aires de pacage saisonnier. Le terroir villageois, bien qu'organisé en trois soles, connaît une rotation complexe, caractérisée par une grande variété de céréales, d'hiver comme d'été, et de légumineuses, et par une grande extension de la jachère : pas moins de 44 % sur les terres du prieuré de Peterstone en 1315 [Beauroy et Hassal 1993 : 111, 336-340]. Ce n'est sans doute pas dans la productivité des seules cultures qu'il faut chercher la logique du système : la demande de laine anglaise, élément essentiel

de la conjoncture économique des premières années du XIVe siècle, joue un rôle de premier plan dans l'organisation du paysage agraire du Norfolk.

Ces quelques exemples, dont il serait facile d'allonger la liste, ne sauraient tenir lieu de modèle. Ils suffisent pourtant à démentir les oppositions sommaires et les généralisations abusives, qui ont trop souvent cours en matière d'histoire agraire. Ils n'ont ici pour fonction que d'illustrer la variété des logiques et des choix à l'œuvre dans les campagnes médiévales. Ils montrent aussi que le développement des pratiques agraires, comparable en cela aux autres processus d'innovation technique, ne s'inscrit dans aucun schéma téléologique : ce qui se présente comme progrès dans un contexte donné, ne peut être défini généralement comme tel. Les remarques de Georges Duby, qui avaient servi de point de départ à notre réflexion, viennent nous aider à la poursuivre. Loin de considérer l'opposition des deux assolements comme une clé de lecture a priori valide pour l'histoire des campagnes, il en mettait en doute le caractère général et la chronologie, et appelait à tenir compte de la totalité des structures agraires pour appréhender le fonctionnement des mécanismes économiques et sociaux. La succession des cultures à l'intérieur d'un terroir ne peut donc être que l'une des voies d'accès à la compréhension du système. La place et la fonction de l'élevage ne sont pas moins importantes, tant pour expliquer l'assolement que pour en saisir la logique économique. La reconstitution des ensembles régionaux doit être un autre impératif, tant il est vrai qu'on ne saurait trouver au sein du terroir d'une seule communauté les raisons de son organisation. S'il possède en lui

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144 une sorte de globalité, dont les pratiques communautaires donnent une idée approximative, on ne peut l'envisager sans référence à sa symbiose, économique et agraire, avec d'autres

communautés dont la coexistence constitue la région. L'étude de l'organisation et de l'évolution des ensembles régionaux est l'un des enjeux majeurs d'une histoire rurale en devenir.

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