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Aperçu d'un, genr,e iconographique peu connu: les auas mfitâfes manuscrits de la première moitié du xvtl' siècle Éuul uoncsx D frrmr l() gi5ements peu exploire' de. biblrorhèques publiqre' de France, surviveot aujourd'hui environ deux ccnt ciûquÂnte recueils maouscrits de places fortes du royaume réâlisés aux XVII'et xvxl siècles. Un grand nombre de ces ouvrages résulte du règle- meût dc 1774 institué par le duc d'Aiguillon qui dictait aux direc' teurs régionaux des fortifications de " former un atlas pour chacune des places du Royaume de France" dont une copie devait étre déposée au bureau dcs fortilications de Paris et I'autrc daos chaque département conceroé'. Ces recr:eils ont été rigoureusement inven- toriés par Nelly Lacroq qui a publié, en 1984, une étude intitulée Atlaj nilitaireJ h llrtrzce 1771-1788'1. Eo revanche, les atlas de la périodc antérieure n'ont jamais fait l'objet de recensemeni systéma' tique ni d'étude spécifique. Il s'âgit pourtaot d'une viogtaioe d'ouvrages datant du rÈne de louis IIII et de la Régence ainsi que de plus d'une centaine de recueils réalisés par des ingénieurs du toi l Cc rcltlcmcnl dilisé en ùei,e,!ti cles qui Brional;sc dans ses mo'n drcs détdils lâ.onfe.tioo des adas militailei { été publié par Nelly Làcro\ Alat ftililaib * ftdtù f 1774-i788r. Vincennes, docù- ncnt drultigrÂphié, 1981.

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Aperçu d'un, genr,e iconographiquepeu connu: les auas mfitâfesmanuscrits de la première moitiédu xvtl' siècle

Éuul uoncsx

Dfrrmr l() gi5ements peu exploire' de. biblrorhèques publiqre'de France, surviveot aujourd'hui environ deux ccnt ciûquÂnterecueils maouscrits de places fortes du royaume réâlisés aux XVII'etxvxl siècles. Un grand nombre de ces ouvrages résulte du règle-

meût dc 1774 institué par le duc d'Aiguillon qui dictait aux direc'teurs régionaux des fortifications de " former un atlas pour chacune

des places du Royaume de France" dont une copie devait étredéposée au bureau dcs fortilications de Paris et I'autrc daos chaque

département conceroé'. Ces recr:eils ont été rigoureusement inven-toriés par Nelly Lacroq qui a publié, en 1984, une étude intituléeAtlaj nilitaireJ h llrtrzce 1771-1788'1. Eo revanche, les atlas de lapériodc antérieure n'ont jamais fait l'objet de recensemeni systéma'tique ni d'étude spécifique. Il s'âgit pourtaot d'une viogtaioed'ouvrages datant du rÈne de louis IIII et de la Régence ainsi quede plus d'une centaine de recueils réalisés par des ingénieurs du toi

l Cc rcltlcmcnl dilisé en ùei,e,!ticles qui Brional;sc dans ses mo'ndrcs détdils lâ.onfe.tioo des adas

militailei { été publié par NellyLàcro\ Alat ftililaib * ftdtùf 1774-i788r. Vincennes, docù-ncnt drultigrÂphié, 1981.

l0 rES ÂTLAS MILITAIRES MANTJSCRITS D! TÀ ?REMIÈRE MOITIf DU XVII. SIÈCLÈ

duraot les règnes de Louis Xv et Louis XV. Ces derniers, æuvtesdes * ingénieurs du roy,, corps cÉé en 1691, obéissent progressive-ment â une organisation spâtiele et â des modes de présentâtioncodifiés. À l'iostigâtion de Vauban, les modalités de recrutement er

de formation des ingénieurs sont unifiées et renforcées par le biaisd'exarnens et de contrôlesr. Cefte volooté de standardisation ducorps professionnel se ressent parfaitement à travers les atlesmaouscrits qu'ils produisent où la vision du territoire est rationnellement organisée, selon un principe àe zoam très efficace, en cartegéogrâphique, carte chorographique, plan directeur et plen perricu-lier des fortifications. Par opposition, les ouvrages de la premièremoitié du siècle ne sont pas le fruit d'un coçs professionnel uniÊéet réglemeoté. les ingénieurs dépendent encore de l'organisationâdministretive irstaurée par le Grand Règlenent de Sully en 1604.

Formés in iu par un aiûé, ils sont par la suite engâ#s individuelle-ment par la couronûe et placés dans des provinces ftontalières duroyaume dont ils doivent fournir chaque année les plans et toisés

des places'. Leurs nombreux plans et. griffonements " doot le colle-tionoement étâit irrégulier ont bien souvent été perdus oudispersés. Car, bien que fuchelieu ait demandé en 1637 au secréraire

d'Etat â la Guerre, Sublet de Noyers, de " faire faire des copies de

toutes les instructions, ordres et dépéches importants [...] quipeuvent servir de mémoires â l'histoire ", cette requête ne concer,nait pas les plans iconographiques'. Ce sont bien souvent des juge-

meots arbitraires qui oot sauvé certains documents de la destruc'tion. Preuve en est l'anootation écrite â l'endos du magoifiquerelevé de Saince-Menehould daté de 1633 et signé par B€aulieu quiprécise que " I'on a conservé ce plan en raison de son ancienneté "0.

Aujourd'hui dispersés dans de nombreux fonds en France et â

l'étranger, les atlas hérités de cette période n'oni que peu attirél'attention des chercheurs'.ll nous a dooc semblé pertinent d'ouvrirune nouvelle brèche en étudiant ce type de documents peu prisé deshistoriens de la cartographie miJitaire.

LÂ NOÏON D'ÂTLAS MILITAIRE MANUSCRIT

Le terde d'atlas est â la fois complexe et mal délimité. En carto,graphie civile, il désigne selon le Diaiannaie àe Trévoux paru en

1652 "un livre de géographie universelle qui contient toutes les

cartes du monde, comme si on les voyait du hauc de cette mon-!agn€, que les anciens ont cru étre la plus hâute de la terre, ou

3- Su. I'o.g|nisrtioo du corps desiryénieuls militâirc' âprès l. c!éa'tion du corps des ingénieurs dùRoi, voir Aone Blanchâ!d, LrJ" int't'"i.M rl" Ror' d! La"il XIV àLa"i! xvl ntu tu ûryj &! fadif.d-tto ar. Mortpellie., 1979.

4. Cette organisalion prcfessionnelledes ingénieu.s a déjâ été étudiéepar Dâvid Bùisseret. .Les ingé-ni€urs dù Roi au temps de H.n.iN ". C;Î.H.5, B"lLth d, la k,tia

'/lgr'ogalbit,IXx\ll, 19U, p. 13-84 |

ainsi qùe pâ+aî'François Pernot,

"Les irgénieu.s du Roi 1626-166r.. à^îs Vatbar, Btlht;n /.lioitur ù Gti.,2a. 1970, p.2o-2r.

5. 1688 1988. Iléùai/,.î h l'A/flée,

6. X s âgit de Ia dcrnièrc plarch€ del'atlas 100.onsedé à la Biblio-thèque du S.H.A.T.: R&"?tl l/1,phÆ,* to,tlt kr ilhl on ll .! Jùtet llld poLine de Pionlit aw k cantpdtl;.rliè,8 d. hù! ga,t.notdt 4rlù !t"rit,/r pla /lt cran!,as,t,Lanainc. A/k;'. Ftardft... (sigr,éP,/zrl, lsébastien de Pontaud,sieu. de Beeùlieul).

7. Voir â.e sùiet les plaîs conservérâla British Librxry, dd. mss.,2ll17.

EÀ'III-IE D'ORGEIX tr

8. Di.titiraift d! Ttuorx, Pat;s, Li-braires Associés, 1612. p. 1071.

9. Mireille Pistoureau, .Les atlasimprimés en frrnce avant 1700 ',Itugo MMdi,12, |91!,J, p. 4r-12-

plutdt parce que ce livre porte en quelqu€ sorte tout le mondecomme âdes ". Parfaitement adapté pour les grandes publications

de la deuxième moitié du xvl" siècle, pour ne citer gue le ThcatunofiiJ telarum d'Orrelius, I'emploi de ce terme dans le cadre de lacartographie militaire est souvent abusiP. Iæs atlas militaircs, bieo

que composés de cartes de territoires et de phces représentées en

r.ue cevelière et â vol d'oiseâu, offrent une vision du monde bien

réduite. Leurs représentâtions dépassent rarement les bornes du

royaume et ne sont jamais universelles. Pourtant, le terme est régu-

Iièrement employé aux XVII'et XvlII'sièdes par des iogénieurs mili'taires et des ingénieurs-géographes dont Chastillon, Mailly, Masse

et Roussel ainsi qu€ des iogénieur de la marine tel AntoineChoquet de Lindu"'. 11 révèle d'ailleurs parfaitement la vision du

monde de ces hommes. centrée autour d'une meilleùre définitio.rc:rrographique er milrtaire Je leur propre univcrs.

D'un point de vue formel, la notion d'adas militaire nécessite

également quelques précisions. Parmi les adas manuscrits, il existe

deux types d'ouvreges distincts: les recueils factices nés d'un colla-tionnement ultérieur de cartes et plans, et les ouvrages nés d'uneintention unique, souvent dessinés et rédigés par un seul individu.Dans le cadre de l'étude de la vision cartographique d'un territoireet de l histoire d une periode donnée. .es nuances sont imporuntes.Ainsi l'âtlâs factice 104 de la bibliothèque du S.H.A.T.", qui réuoittoutes sortes de documents qui vont de la minute au plan de pré-

senlation, ne peut pas être regardé de la même manière que I'atlas

des places de Picardie signé de la main du commissaire royalJacques

Aleaume (1638)". Bien que ces ouvrages comporteot tous deux des

cârtes et plans d'ingénieurs de Louis xu, les informations qu'ilsdivulgueot sont différeot€s. L'atlâs du S.H.A.T. offr€ de râres instan-

tanés des phases préliminaires du relevé du tetitoire par les ingé-

nieurs. Ainsi le vis-â-vis de la minute du plao d'Auxonne avec son

plan de présentatioo final est saisissant: il éclaire la façon dontl'ingénieur a posé les points importants de sa constructioo cartogra-

phique et dont il a, par la suite, omis certains détails ou donné " un

air riânt" â son dessin de présentation'r. En revanche, cet atlas ne

peut être utilisé pour définir uo état qr:elconque de la connaissânce

cartographique du royaume : chaque plan étant isolé et I'ouvrage

n'obéissant qu'â une vague organisation géographique s'étiraot àl'est jusqu'à Vienne. Comparativement, l'atlas deJacques Aleaumepossède des vertus différentes. Relié aux armes du duc de Longue-ville auquel il étâit dédié, ses dix-sept planches lavées présentent

rr. lntirllé Rfl.il d! lh"! d/t ùU$ ,l'Iid'i.e, th l;lt"lft, d llùlk"d4 ,l Alh'nagnt, te & la wotL* dase. (t>6t'168)).

12. Recueilld 27 fol. dclaB.N.F..Cab.dcs lit.,Jacqùes Ateâume, Pâ,j /d,i!h Jnûiffi l! P1.aL/it.

10. Sur lcs trav.ux d'Artoirc Cho.quct dc Liodu vô; tsehad Cros,

" Antoi.c Choquet de Liodu: lavic ct I ceuvre d uô iûgénieùr dùXVIII' sièclc', Nq1,,id, 202,

P.3't2.

13. Tassio use d€ cette exp.essionchèrc au Xvll'siêclc da.s I'iotro-ductior de son ourûgq l2jlâd dpnlih h hak' tu frit,ildhr "itht

ei

lietx t\ridilabh!, Pùis, MelchiorTâ!ernier, 1634 (deuxième édi'

32 LES ÂTTAS MILITAIRIS MANIJSCRITS DE LA ?REMIÊRE MOTTIE DU XV ' SIÈCLE

cMb'''9 L. C€r.hrl^Figure 1 :

l\,4atériatisationdu parcours géographique

de Jacques Aleaumectâns 30n aïas

Plans de villes tonUëresde Plcadle pour Monseigneur

le Duc de Longueville,qouvêneut de la Province.

une vision exhaustive des fortifications picatdes durant le premiertiers du siècle et de l'état cartographique de cette provioce. Conçucomme une visite raisonnée des places frontalières, I'ingénieut livreson percours géographique €n parrânr de Calais pour aboutir â

Guise (fig. 1). De plus, la présence du Règlement de Sully(1604) recopié en première page, qui enjoignait les ingénieurs à

toiser et relever les plans de places fortes, atteste de le persistancede cet édit tout au long du règne de Louis xr. Ces exemples illus-trent la diversité de ces deux types de recueils. Dans le cadred'études ponctuelles de places fortes, la publication de planchesissues de recueils factices est importente. Elle permet de faireprogressivement connaître des planches dont Ie recensement systé-matique n'Â iamais été publié. Iæs recueils réalisés d'une méme mainoffrent également des mines d'informatioos tant sur les ingénieursque sur leurs dirigeaots. Conçus comme des livres, ce qu'il nepeuvent devenir en mison de leur vocetion stfatégique, ils pos,sèdent des pages liminaires composées de frontispices, de dédi-caces et de tâbles des matières. Chacune de ces parties permetde connâîtr€ taot les aspirâtions que les sources d'inspirations gra-

Phiques et littéreires de leurs auteurs. Ainsi, Pierre Boyer du Parc

EMIUE D'ORGEIX ,3

14. Su! les (tlectiors d estampcs etde plâôs, voir l'oùvûge d

^ntoineS.ho^ppct. L6 Ctti.tx lx |a"dr;./r, Pa.is, Flammarion, 199,1, vol.II, châp. 8, p. 217 281.

1t. Manuscrit l2ol de la bibliodrèquede I Asscmblée Nation.lc, Re?d7

dc .rntt, lla .t ,*tur^ ,l lù hl'ldtrhal l Ftb18, Dtu Pair Vi.

16. Voi. â ce sujet le volume ouméro 6

ù aztahpt ds dta!.tit.t dt Idùibliorhàqrt,h !'Arurtl, Parts,Bibliothôques publiqucs de

et François Blondel n'hésitent pas à recopier des passages entiers de

Tassin dans leurs ouvrages qu'ils agrémeotent de commentarres

Personnels.Hormis ces collationnements de plans militaires, il existe une

autre catégorie de recueils factices imporrante à souligoet. Il s'agit

des planches rassemblées par des amateurs de dessins, ces u curieux

de papier " qui collectionnaieot aux xvll et XVIII' siêcles plans et

estampes militâires. Ces atlas de places fortes, créations de .co-gnoisseurs ' particip€nt d'une toute âutre volonté que celle des

ingénieurs militaires. les atlâs réalisés par des ingénieurs obéissentgénéralement â des mootages de planches classées selon des

parcours géographiques et stratégiques précis. En revanche, les

collectionneurs classent souvent leurs dessios selon des critères de

format ou de genre''. On passe alors de l'adas militaire au bel atlas

de choix: véritable recueil de morceaux choisis. L'ouvrage hérité de

fa collection du Maréchal d'Estrées intitulé Re. il .k.ane\ planî ct

dewia de fea M le Marerhal d'Btret, D . Pab et V;îe-Aniral de Frante,

divisé en cartes gravées, cartes manuscrites de marine, de batailles,

puis d'uniformes €st représentâtif de ce type d'atlas'r. La biblio-thèque de I'Arsenal possède également plusieurs mânuscrits factices

dc plaos de batailles, d'armées et de villes detânt du temps oùPaulmy d'Argenson, alors adjoint de son oncle Ministre de laGuerre, a occupé le Ministère de la Guerre (175t â u58)''.

Cefte mise âu poin! illustrânt la diversité d'ouvrâges qu'eûglobele terme d'atlas militaire, éclaire les vastes champs d'étude ouvertsâux cherch€urs. Tout â la fois, livres, dessins, cartes, plans, et mé-moires d'ingénieurs, chacun de ces exemplaires livre de multiplesinformations sur l'état cartographique, militâire, architectural, social

er culturel de son temps. ll serait ainsi possible de rédiger des tra-vaux qui soient uniquement consacrés à l'oroementatioo des fron-tispices ou bien â la représentation ârchitecturale du royaume â

travers l'exemen de leurs nombreuses planches. L'ambition duprésent traveil est néanmoins plus modeste. Dans la mesure où lethème de l'âtles militaire manuscrit durant la première moitié duxv["siècle n'a jamais été abordé, il semble judicieux de répoodre àune séne de questions préliminaires. Ainsi, n'existe-t-il que quel-ques exemplaites isolés d'atlas militaires avant le règne de Louis Xlvou bien est-il concevable de parler d'une "génératioo, d'atlâs 2

Auquel cas, quels étaient les différents profils professionnels de

leurs auteurs et quel type de représentâtion cartogrephique du terri-toire ont'ils produit ?

54 LES ATLAS MILITATRfS MÂNUSCRITS DE LA PRIMIÊRE MOITIÉ DU XVU' SIÉCLE

RICLIEILS TACIICES

La création des premiers etlas militaires du royxume est attribuéeâ Louis xlll qui demande à ses intendants et commissaires des forti-fications de rassembler les plans des ingénieurs pour en former desrecreils". Les volumes issus de cette volonté, connus sous le oomd'atlas Louis xII, sont aujourd'hui conservés à la bibliothèque duS.H.A.T.I3 Ouvrâges hybrides, nés du collationnement de plansréalisés durant cette période, ces atlas sont composés de documentsgtavés et manuscrits encollés sur deux recueils. Leur orgaoisa-tion est cooçue en fonction d'aires géographiques stratégiques:frontières du nord, de l'est, du littoral provençal et des bastionsprotestants de Saintong€ et d'Aunis. Leurs frontispices gravés sontr€stés inâchevés, mais les plens manuscrits peuvent être datés de ladécennie 1630-1640. Certains sonr d'ailleun signés par des ingé-nieurs militeires de Louis XIII dont, entre autres, Honoré de Bonne-fons et Sébastien de Beaulieu. D'autres sont signés par leurs succes-

seurs Janssen Régnier ou bien Le Rasle. Ces volumes mettent en

valeur la volonté toyale de posséder une vision globale du territoirede la Couronne. Région par région, différentes sources soût compi-lées afin d'offrir ar-: lecteur un parcours géographique complet. On ydécouvre des cÀrtes des priocipales provinces, des vues gravées devilles par Chasrillon et Tassin, des vues urbaines ainsi que diversplans de fortifications manuscrits dessinés par des ingénieurs du roi.Si l'origine précise de ces compilations iconographiques resteencore floue, I'intention en est explicite I les atlas correspondent â

uoe nouvelle logique spatiale militaire qui vise â mieux connaître leterritoire frânçâis.

Ces atlas Louis XIII oe soot pas uniques. Deux autres recueils

moins connus de la bibliothèque du S.H.A.T. sont égalementcomposés de montages de plans d'ingénieurs avec des planches

gravées". L'atlas 104 possède en pârticulier, en introductioo dechaque plao iconographique, de curieux montages de vues de villespar Chastillon dans la pârtie supéri€ure d€squelles un portrait du roicollé domine la scène. L'atlas 99, assemblé pâr Louvois, est éga.le-

ment intéressant pour ses nombreux plans légendés d'ingénieurs de

Louis )(nt dont certains sont datés de t62,-1630'1o. Hormis le fondsde la bibliothéque du S.H A.T., plusieurs inititurions pârisiennesconservent eussi des ouvrages issus de cette période. Le Cabinet des

Estampes est riche de deux volumes importants hérités de l'ancienfonds de fa bibliothèque Sainte-Geneviêve. lntJ:tulés Re.ueil dr rartzr et

17. Voir Ie câtrlôgue d'expositioô,L'tqan Jiartdû, P{is, A.N., 1981 |aiosi que I'irtodù.tio. éc.ire pârAnne Blaochrd pour lbuvage deNetty bctoq, Aih! ,1,t |bu lat6 ùF n,e (1774 t7u8), o!. ù.

18. Il t'agit des deuxvolumcs d€ Ca.'tes et Pl..s otés CF. 42, coftervés â lâ bibliothèque du S.H.A.T.

19. Ce sont cô pârtidlier l'âtlrs 100,

Rdkil la llaw dc to't ! k û16 otplaat fût$ ,1, ta lntiû( & Pnardie

aM llt .d .! la/lirlièB ù htuîgoqcn%nk q"e & phrkz PlawdeCl4n!a!"!, Londin., Anai!. !'/a"lrt.! d'a,tat Pnti,.tr dt. .tr.lqrq lièga

et pnli* (1630 r6to). ct l'arl^s r04,Pld"! tlit tilh! de Frana, Fldsdt,Hollanù, Attoiç (1167-1684),conscrvés à la bibliothèque dus.H.A.T.

20. Il s'^gir dc hn^s 98, PlaB d,! ûlhlde Ba"rgattc (1638-1686\ er àcl'^rl^s 99, Fa/hf.dtit' , Rî"t;l lItzù dt ptaû folM (1604-t640),tous d.ux .oosenés â l. biblio-thèquc du S.H.A-T-

EMIUE D'ORGEIX 35

21. ts.N.L, Cab. des Est., Id 24 fol. et

2> fol.

22. Biblioihèque Sdnre'Gene!ièvc.Rwilt & PliN dt !laî,1f0/1$.v k'1.

tl iôv. 9t és.; \v fol. tl irv. 96

rés.; 1,J( fol. ,l iov. 97 rés.

plau le ùller faxlieo de Funce, d'ltalie, d'tuPagne et d'All€nag e (1640-

t66l)) et Reneil d.e tun de placu fortu fançairet Vy'ciaknen, de ltilbr

fartifiéet du mrd cle la Frunte (1$a à fitt), ces deux ouvrages

compt€nt une soixantaine de plans d'ingénieurs actifs durant le

règoe de Louis Xllt:'. Quant â la réserve de la bibliothèque Sainte-

Geneviève, elle conserve également trois ouvrages compr€nant de

nombreux plans d'ingénieurs manuscrits datés de cetle période

reliés avec des plans gravés qui o'ont vraisemblablement jâmais

été publiés bien que leur intérét soit primordial". On trouve dans

ces recueils des planches annotées en français, italien et espagnol,

représentatives des travaux des ingénieurs de sa majesté de Ia fin

du xvr et du début du xvll'siècles qui, versatiles, louaient encore

leur compétence au plus offrant à travers toute I'Europe. Au sein

de ces recueils se sontglissées des ceuvres d'ingénieurs réputés dontun plan de la ville et du siège de Soissons parJean de Beins, ainsi

que plusieurs plans annotés en italien des villes de Provence qu'ilserait intéressant de comparer avec ceux d'Ercole Negro. Denombreux plans figurent également des vues topographiques

dessinées â main levée. Tout comme les minutes des atlas 100 et 104

de la bibliothèque du s.H.A.T., ces planches renseignent sur les tech

niques préliminaires du relevé du territoire par ces premiers ingé_

nteurs.

Les plaoches de ces recueils factices forment une riche documen-

tâtion iconographique rassemblaot plus de trois cents plans de

plâces fortes. Leur étude syothétique permet de dégager deux

tendances caractéristiques de cette première moitié de siède. D'unepart, la variété des modes iconographiques et des types de légendes

et d'annotations employés révèle la diversité des formations des

iogénieurs actifs durant la première moitié du siècle. D'autr€ part,

la présence de ce va-et-vient constant entre vues et profils de

villes gravés et plans manuscrits, qui disparaîtra totalement â la findu xvll'siècle, dévoile justement la volonté de ces premiers compi-lateurs de plans militaires. Non cont€nts de rassembler des plans

d'ingénieurs en recueils, l€s montages de planches en adas s'ac-

compagoaient d'un fastidieux travail de "mise en présentation 'des documents par I'adjooction de vues gravées qui devait autant

séduire le roi que les . griffon nemen ts ' qu'elles introduisaient. Ce

que Sanson appellera " un digoe présent et vraim€ot royal , dans

son projet de publication d'un atlas gravé du royaume. Se pro-file alors parfaitement ce qui cohstituera l'une des caracté-

ristioues maieures des atlâs Louis xIV et Louis xv : I'ornementâtion

l6 IF< 411 Ii V I tAtkt. \l^\t ç.t,ff. t,t. . 4 pRt

^,ltlRt Môft I,L \\ l^ rttltt

et le souci de présentÀtion des plans de plâces fortcs du royaume I

tout à la fois ær:vres de prcstige et miroirs dc la puissance royalc.

INITIATI!'ES TERRITORIATES COORDONNÉES :

LES ATLÂS DES PROVINCIS

Si les recueils fâctices constituen! une documentâtion très di-versitiée sur les places fortes dc l_rance et de l'Europe, d'autresouvrÂges dâtânt de la méme périodc offrent une vision pluscoordonnée du territoire : ce sont des atlas militaires, souvcnt

.i,.,...,,," . ,1,,.

Figure 2 :

de Iatlas de PicardiePar Jacques Alea'rme.Plans de vi es frontièrcsde Picadie pour Monseigneurle Duc de Longuevi e,gouverneur de la Province

EMILIE D'ORGED( 3l

21. Bibliôthèque dù Musée Condé iChantiiiy. XVIII E 12etXVllIE ll(volunes datés dc t60l-1604,composés respedivement de 16 ct12 plaochct.

24. B.N.F., Cab. des Est.,rd 27 iol. Ausujcr dejacques Aleaudc, votr 1â

biographic succiocte publiécp^t Hill^ty B^llon, Tbî Pari! alHrri 14 M.LT. P.es,1r91, p.206.

2t- B.N.F-, clb. des Esr., Id l8 fol.

26. B.N.F., C!b. des Est.,Id 26 fol. Ausujct de cct âd,s, voir Antoinc d€

Roùx, .Sebaticn de Beaulieù: lccartographe des siôges et bataillesde laguere de Trente Ans.,, arl_kti" .I! Conité tarydi' /* anog@lhit,110. r99r, p. 23-27.

27. tsibliothèque du Service HÀto-nque de la Manne, Vinceones. SH81 : Potx t btùer de Piu/,lit tt,L Nû-

28. B.N.F., Départemcnt der M,nùs.irs. Ms Ft 1t387 | Bsoia l8 llatald! B agtu totdnt la Suû ddn{h'Lîê alu amat dr Dt. d, Ii Jtlwilh

réalisés d'une seule main, par les ingénieurs en charge dans les

provioces. Ces . visites de places fortes ", tout comme les plâns

isolés de la période antérieure étudiés par David Buisseret, se limi-tent â une définition percellaire du territoie et concerneôt principa-

lement les provinces frontalières du royaume : Picardie, Cham-

pagne, Bourgogne, Provence.

l^a Picardie occupe une place de choix dans les ceuvres des ingé-

nieurs militaires. Elle était d'ailleurs déjà représentée dans les rares

atlâs manuscdts de l'époque antérieure doot les deux volumes aux

armes et chiffres de Henri tv conservés â la bibliothèque de Chantilly

iotltl;,lés : Carter de Picarulie, Boalannai, A ait et ldy l.conqait'1 . Patmi les

etlâs de Picardie cons€rvés, deux ont été réalisés dans les ânnées 1610

pour le Duc de Longueville alors gouverneur de lâ Province. L'un est

signé par Jacqr:es Aleaume, commissaire royal et ingénieur de sa

majesté'?r. Ouvrage soigné, il comport€ un ftontispice lavé et des câr-

touches de cuirs roulés pour chacun des plans présentés â uoe échelle

de 100 à 150 toises autour de la place (fig. 2). L'autre exemplaire, non

signé et de facture moins soignée, reprend exactement l€s mêmes

planches que le précédent etprovieot sans doute de la même source".

Quant au troisième recuellintitulé bs plau dz |ilbr fortifiecJ .t lr thiâttdxl alerdlltls deI drrier du Roi m Picardit, Fldndl$ et Artat (1618),il lltun temps attribué â Sébastien de B€aulieu avânt qu'Antoine de Roux

ne réfute cette attributioota. Cet ouvrage est, eû réalité, l'ceuvr€ de

deux dessinateurs aux manières bien différentes, I'u n accordant beau'

coup plus d'importance ^u

dA.atun et à I'orne/I,entation des planches.

À I'exception des villes de Calais et de Boulogne-sur'M€r, cette série

d'adas est entiètement consacrée eux places de terre en particulier

celles de la vallée de la Somm€. La contreparti€ maritime de ces âtlâs

se trouve dans un autre recueil, réalisé â lamêmepériode, intitulé P0,"6

et ha1,rc! dN Pîald;e et de N7nnandie't . Cet atlas côtler composé de vingF

six planches enluminées sut vélin, relié aux armes de Richelieu, est

conservé au Service Historique de la Marine (69. 3). Il en existait â

I'origine un duplicata dont les planches ort été distraites, découpées

et r€collées sur un ouvrâge plus tardifaujourd'hui conservé au dépar-

tement des mânuscrits de la Bibliothèque nationale de France':ù. Le

réemploi sauvage de ces planch€s, utilisées en dépit des ioformations

caduques qu'elles véhiculaient, illustre bien la valeur accordée aux

représeotatioals iconographiques dans le cadre de la confection des

etlâs militaires dédiés aux élites diriçantes.Plus à I'est, lâ province de Champagne est également représen-

tée par deux etlâs: I'uo conservé au cabinet des Estampes daté de

J8 LES ÂI!45 MIUTAIRES MANUSCRTTS DE I,{ PREùdRE MOTTIÉ DU X!'U' SÉCIÈ

1620 et I'autre à la bibliothèque de I'Arsenal daté de la décennie16{0-1650. L'exemplaire de la bibliotheque nationale faisait partie,tout comme celui deJacques Aleaume, de la collection du duc deIoogueville". ll ne conceroe que les places fortes imporantes de laChampagne et n'est pas annoté. Le second est plus complet.Chacuo des certouches de ses dix-oeufplanches comporte un textedescriptif de la situation çographique et st atégique des placesso.

Les codes de couleurs et les types de televés effectués y sontsoigneusement precisés, Ainsi sur le plan de Rethel, l'auteur oote. ce qui est de rouç est maçonnerie levé avec I'instrument, le restedu dessin estaot pourtraict et ce qui est colorré de terre d'ombre cesont les fortiEcetioos ruinées .. Cette informatioo est imDo.tenle.

29. B.N.F., Cab. des Est., Id 19 fol.Pla"r da lhu îo tièt$ dt Ctaù-

30. Bibliothèque dc I'Afsenrl. Mstrrr. Atla du llt  d. Cb4!"!etu.

Figure 3 :

Plan de Sâint-Valéry-en-Câùx dansPorB et hawes dê Picadle et cle Nomândie,

{s.H_M. qH. at.

ÉMILIE D'oRGELX )9

11. Il €st ainsi pôssible de suggérerque I'ingénieùr Le Rasle, €nvoyépar Ma:ario en 1644 pour étâblirdes plans des places de Cham-pagne er fte ùo état des fonifi@'tioos at été à I o.igine des .êpré

seûûliom de cer adas.

elle m€t en val€ur les priorités de cet ingénieur, envoyé pour rendre

compte de l'état des fortrfications et des travaux â faire dans cette

région et non pas pour en effectuer le relevé cartographiquej'.

Figure 4 :

Fronlispice de I'atlas de Jean auger.Plans de villes fortiliëes sul

l'ocêan, la néditerranée, la Manche,la Mer clu Nold dessinés par

Jêan Auser provençal en 1652.(B.N.F., Esl. vl 5)

40 LES ATI.AS MIIITAIRES MANUSCRITS DE LA PREMI]qRE MOITIÉ DU XVII. SIÈCII]

Les atlas de la première moitié du siècle fonr également la pertbelle à la Bourgogner', que l'on retrouve décrite dans trois recueils.Ce sont esseotiellement les places de I'est du Duché qui sont repré-sentées dans ces trois ouvfiges datés de l'année 1638 et dont lesplanches, similaires d'esprit, sont enluminées sur parchemio. Lepremier est un magniÊque ouvrage signé par I'ingénieur militaireSainct Esprit', conservé â la réserve de la bibliothèque de laSorbonne. Le deuxième, noo signé, est la possessioo du départe,ment d€s Cârt€s et Plâns de la Bibliorhèque nationale de Francera.

Quant au troisième, conservé â lâ bibliothèque du S.H.A.T., il a étéoffert par le Grand Condé, alors duc d'Enghien, â Louis Ir deBourbon, lorsqu'il avait d!-r-neuf ansrt, et concerne les places fron-tières dont il assure l'intendance durant l'année 1640. Guvre decourtisan daos lequel Condé offre " les essais de son esprit et de sa

main ', cet atlas est différcnt de ceux abordés antérieurement. Mémesi ses planches de grande qualité sont probablement l'ceuvre d'undessinateur plus chevronrié, le choix d'un adas militaire commeprésent n'est pas anodin: il atteste du prestige grandissânt de ce

type de recueil durant la première moitié du siècle.

En dernier lieu, au sud est du Royeume,la province maritime deProvence fait I'objet de plusieurs relevés pâr des ingénieurs de sa

majesté, des scientifiques locaux ainsi que des officiers de la Marine.Les premiers,Jean de Beins et Simon Maupin, tous deux ingéoieurs,sont les auteurs d'un magniÊque recueil intitulé Plant * cates futProtincet de Pratmce, Ian*udl., aanté Da1)ignan et Plifia;partl d'Orunge,

dâté de 1628-1632, qui est aujourd'hui la propriété de lâ Société desAmis du Musée du Vieux Toulon. Les seconds sont des scientifi-ques provençaux: Jacques Maretz, maitre de Mathématiques â

Aix-en-Provence, auteur d'un splendide ouvrage sur les fortifica,tions maritimes de Provence (1636)16 et Jeân Auger " Provençal,r'qui signe durant la Régence deux Àtlâs de places fortes dont I'undédié aux places de la Méditerranée (fig. a). Enfin, une troisièm€æuvre, dessinée per l'ingénieur de la marine François Bloodel, inti-tuléc L'Atht da plltret fu Prow ce (t65tl" esr conservée au ServiceHistorique de la Marine de Vincennes (tg. 1).

Ces ouvrages, à l'exception de l'atlas de Beios et Maupin, déve,loppent un mode iconographique différent de celui des ingénieurs :

dessinés à Ia plume et à l'encre leurs planches ne sont ni lavées oienluminées. Il faut probablement voir dans cette caractérisdquel'influence de la manière de . dessiner à la plume avec liberté , divufguée per Jâcques Callot, ingénieur de son altesse de Lorraine au

12. Interdarc ûéée eô 1629 et défini-tive en 1631 qui inclut, oùrrc lcduché d€ Bourgogre, les pro-vioces d'Aùxonre, Chârôlais. Mi-con.ts d Auxer.e, d€ Bar, puis lcs

te.rito;es acquis prr Herri IV I

Bresse, Bugey, Valromey .t pays

ll. Ms.98- I ne seoble existe. aùcu n e

recherche sur l, cârrière dc SainctEsp.ir.

34. Dépeltement d€s Cartcs et Plans.Rés. Ge. DD. 2662.

lt. Atlas 97 de la bibliothèquc duS,H.A.T.

16. Bibliothèqùe Méjeânes d Aix-cn'Ptulen e, D{.til!ia" */$tu| et pattc ière da.otta t ûkt l( Pr|ktuMs 70t_

17- Auge.6t mentiônné u^€ fois dinst oùwge Tû' et iug! d, Ptuk,(.,Avigooo, 1991, en tânt de.voya-

)8. Fnbçô;s Btoodel L6 lk"! !tuflJ tda'x tu plae! tuiins .h Pn,ndlar h !ù"/ Bk"d.d, S.H.M. S.H. 86.

ÉMnlI D oRGErx 4t

FT nF\/lç r-\F I r s't-Â -r

'DLS PLACI-ç M RiTiNtr.S

DT PROVLNCT.,t R!.o DU- M,\Rl'r)tl/r rL![ , i

3e. Jeân.Marc Dcpluvre,, "Nob1eJacques CalLor, insénieur de son

altese de r!iia;n.", daos /.rdQllkt (1J92 l()tt),Patis. RM.N.1992, p. 181'19iJ.

40. Ch.istophe T^ssiô, Ph t pt,'lilzdt ptiwipah! ùllt tL k Pnti"a dl

Figure 5 :

Frontispice de l'atlas de François Blondel.Les plans, ptoîils et devis

des places naritimes cle tuovencepar le Sie,]r. Blondel-..

(s.H.M., S.H. 36)

début du règne de Louis XIII et celle de lâ cârtograPhie grâvéer'. Les

éditions successives des Plaw a pnlilz lzt ùlhs de 14 lnl)inl t* Plarenft

par Tâssin à partir de 1634 fo.ment la base de ce tyPe de représeota_

tion cartogmphique à la plumel". Les planches de Blondel s'inspi-

rent d'eilleufs largement de ces vuesgtavées de places fortes (fig.6).

Maretz était rompu à I'art de la gravurc ct quant âJ€an Auger, ses

Ll\,\Tl1s \lll.lT:\lRl5 \l{\( \( Rff_( Dl t \ pRf\lllrtt|r \ofllt Dl \\']| \I|(lt

nlrnutieuscr planchcn manu5critcs \onr rrè\ pftrchcs tlu trar':ril d'unl,Lrriniste (lig. 7).

La pri(lomin:rncc dcs provinces ffontâliarcs et côtières drns lcs.rtlis de cctte par(,(l(' n cst plts érorlnrnrc; cllc sont toutcs lc siègcrlc conillts tlurant l.r gucrre rie lrcntr

^ns €r cl)rstitucnt des

h.: t,../t.. lr .;,1. :.a,r,.ti, ,: i,.it-r | | t !/i r..i J | | | \ n" d,, r. t'\ rnrl

:!-

vue du chârea! d.i par r,""0",53''#.u"Les ptans, prafils et devts des places natitines

de Ptovence pâ. te si:ur Btondet I

provinces bouclieLs, prnlorrlirlcs pour lx prore.rion clu royuumc.l.r Picatlrt ct L (-hâmprgnc sont rles étrpes ct (lcs poinrs dcdcpfft dcs rttâqucs conrrc les Prls Bas. l_cs ,tLs rle Flourgognesont dcssrnés cn plcire gucrre de Jix âos (1636,16..16). eurnt ruxcritcs dc lrr l)rovcncc. elles sont le Iicu de p:rsslgc dcs ror r.r esprgnolscntrc Nq)les, Gêncs er l'lr\Pegne er font l'objrt Licpuis les éttits deSîint Germain (r626) et dc Privâs (t(,29) df relevés ranogrrphiqLrcsprécis.

'.;

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llrl[lli D'oRGEtx

LINE DËFINITTON S\NTHÉTIQLITDU TERRITOIRI FRÀNçAIS : L'CEUVII-E

DE PIERRE BOTT& SIETIR DU PARC

Mis à part ces atlas qui rcnd€nt compte dc fâçon précise - bien

que morcelée du territoire de la couronne, il existc également,

datant dc la méme période, uoe (æuvre singulière qui offre une

vision synthétique du royaume. C'esr le travail de Piefte Boyer,

sieur du Prq, I'un des premicrs professionnels à porter le titred'ingénieur des Ponts et Chaussées, charge créée en 161t pour

Vue de lvlonaco par Jean Auger.Plans .le villes lodiliées sut locëan,la mëditerranée, la Manche, la Met du Norddessinés par Jean Auger provençâl en 1652.

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t//( a//.r.at).

4 I.Es ATUIS MILITÂIRES MANUSCRITS DE LÂ PRBÀ{3RE MOII.IÉ DU XVtr' SÈrq.E

reûIplecer celle de grând Voye/'. Piene Boyct parcourt le roy.umepour coofcctioooer scs reoreils peodant . l'cspace de quatorze e(rs

[,..] a rechercher les lieux des inondatioos & submergemerts desrivièrcs, comme aussi les Éparations dcs podts, chaussés et grandschemios de France [...] ,. OuEe les cheoios et lcs voies oavigables, ils'occtpe aussi de relever " lcs plans geographiques, topogrephiqueset P€rsP€ctives deJ places fotes qui sont le long d'icelles,. Auteurde cinq recucils conservés à la Bibliotheque nationale de Fraoce

doot certeins iealirê ..vec l'âssistaace des iogéaieurs géographes ,ainsi que de plusieurs plans rcliés daos uo volume de la biblio-thèque municipale de Grenoble, I'ceuvrc de Piene Boyer couvreênûèremeot le teritoiae de la couronne". Au sein de cette oro-duction, les atlas hydrographiques et neuriques p*dominent".

41. Ddovilc I ooté I'inport.lce dêet rut u. d|!s . clftes dcs pL..sprotêstantcs eo 1620 dessiûécsâ l. fiû du règoc dc Luis )(ltr',d^is Jotlncl dtt Saoatttr, 1968,p, 2l{-2{3 ; PierÈ Boy€r c't çgrlêment I'aut€ù d un Ntli! de placca

ét|l,agères iîtitu'lê Totu $z$iànd. lz drftil,iû d4 a" Srore;(4,tologêlbiqts d l.npcti"q da

"i a.,

/ct6 fodifhr dr ll,Ji.rl' Wirlq

42. Ms. {169. C.rt€s dc Pi€ft. BoFrdu Pitq dan! ùo oueng! aoûs.aéaui édit! foyrux er .rrêts durcosêil du Roi do'rods dc Cù.d6Ix t lrub XIV.

.{.{. B.N.F., Crb. der EsL, Id t4 fol.,Tow Fcnb ù b ùciltion & la rortgéograPbiqk .t bt&og.zlbiqe L'àa;l,a da Rbôw tt & Gan tN ; ld rttuL,Ton mîd d. b Aeptio"ù lz&ë ghslafuiqu ê b&owhiqa dalitiàtt d. $itt ê ltk; et W. déC.fts cÎÈ,os, ùtbaloga da tuinart' nehn iùog4lbiq"a d gbga-lb;q"6 & lz rs o.tut'.t & q.@rcaltu! tlttistt de la n/,ttdiuftanhôa$ Lt lld! da oilh à fû.

lirtlLlr D oRcEtx 45

-'+ *.*\ ':!:' 'l 'jt

Figure I :

Plan de Allais par Pierre Aoyer, sieur du Parq.Tome premier de la Dssciption dè la carte géogrcphique

et huclrognphique des rivières de Bhone el Garonneel des rivieres y alêscendants,,.

(B.N F, Esr, d 27lor.).

Lf5 ATLAS MILTTAIRII5 MANUSCRTT\ DE LA PRLMIERF MOITIÉ DU XVII' S|FO F

ouvr4ges décrivent les grands cours d'eau (Rhône, Garonne, Seine,

Loire) et les fronts de mer du royaume (Océan, Méditerranée),tout en détaillant pour chacun les plans des villes, places fortes etports qui les bordent (fig. 8). Ces recueils sont partio. ièrementintér€ssânts tant poùr leur vaste échelle cartographique que pour les

mod€s d€ présentâtion adoptés. Ils représenteot de façoo synthé-tiqu€ l'intérieur du peys, les côtes du royaume et les places fortes

des régions concernées. De plus, les types de leprésentâtion adop-tés sont peu conventionnels. Pierre Boyer méle à plusieurs reprises

vues gravé€s et cartes manuscrites. Néanmoins, à la différence des

tecueils {actices étudiés ptécédemment, les vues et les profilsurbains de Tassin que Boyer utilise, organisés en fonction d'unparcours géogtaphique précis, ne sont pas des réemplois. Chacurede ces estampes est soigneusement grâvée err hâut d'une page vierge

en dessous de laquelle un brefhistorique de cheque ville est écrit â

la maio. Une fois de plus, ce type de présentation illustre la diversité

de mise en forme utilisée pâr les auteurs d'atlas de la premièremoitié du siècle.

Pierre Boyet est eocore I'auteur d'un troisiême ouvrage intituléLet la lien tian\hant dt Grand Ahide Ga aù Loai XIlr, qui traite des

plâces fortes protestantes " ou se voy€nt aussy les plans des fortifi-cations des villes que lesdits Religioooaires tenoient en leur obéis-

sance J'. Il détaille dans sa dédicace â Louis xltl les longues techer-

ches enueprises pout rendre compte de .la scituation des places

d'ostages & de seureté que tenoient cy devant ceux de la Religion

Prétendue Réformée au nombre de deux cent soixante & douze " etsouligne qu'il a .levé les plâns de leurs fortifications ânciennes &nouvelles comme [...] ceux de quetorze sièges de villes, par euxten"es [. ]". On retrouve dans ce recueil les plans manuscrits d€s

principales villes frontières du royaume mais également des plans de

petites bourgades fraoçaises rarement représentées en cartographiemilitaire telle Carmaiog dans le Lauragais (aujourd'hui Caraman) oubien Albiac en Quercy. L'exemple de cet ouvrage est unique : Pierre

Boy€r est le seul auteur de cette période à avoir légué une ceuvre

cartographique manuscrite conçue â échelle nâtionale tout en ayântr-rne vision à la fois politique, militaire et religieuse des places fortes

oe soû ePoque.

À I'instar de la oajorité des atlas de cette période, le travail de

Pierre Boyer est etroitemenr lié a celui deç Srzveurs contemporains.En dernière page de son ouvûge L6 laur;efi tliampbar$,irn

^cte sigtré

le l0 iuillet 1643 parJean Mel, ingénieur militaire,Jean Boyer, Simon

44. B.N.F.. Dépârtcment des Mrôuvcrits, Ms. F.. ltl84.

ÉM[rE DoRcEtx

1t Notamûcnt â la Bibliôthèque dùS.H.A.T., au départemeot d€sC,nes et Plaq dc lâ B.N.!. Àinsi

qù'â l, bibliothèque de l'Asscm-

Gruil et Pierre Nègre, tous trois maftrcs de mathématiques ainsi quepar le graveur pârisien Melchiot Taveroier, atteste de la véracité des

plans . tant des villes tenues [...] par ceux de la religion preteodue

r€formée que les plans dhostâges et de seureté, et de I'intérét de la

publication de ce travail "qu'il serait tres expedien et necessarre

quelles fusseot donnez au public pour servir la rnemoire du feu royLouis Treizième '.

CONCLUSION

Ce bref aperçu de la production des atlas manuscrits réalisés

durant la première moitié du xvll' siècle dévoile le vaste éventail des

expérimentations cartographiqu€s mené€s durant cette période. Dela minute au plan de préseotation, du parchemin au papier, de

I'enlumioure au lavis, du dessin â I'estampe, du plan âu sol au proÂlurbain, ces recueils cumulant supports, zrlà et modes de représen-

ùetions différents illustrent la diversité et la richesse de ce typed'ouvrage. Considérant qu'il y avait environ soixante ingénieursmilitaires â la lin du règne de Louis Xt[ et uÂe moyenne de troisceot cinquante durant celui de Louis XtV, la production d'atlas de la

première moitié du siècle est tout â fait hooorable. Pourtaot, les

travaux manuscrits de ces ingénieurs ont été rarement publiés. Deuxraisons majeures â cela : il n'existait pas de recensement régulier des

iogénieurs militaires qui louaient encore leurs compétences aux plus

offrants et leurs travaux iconographiques, réalisés avant Ia créationdu dépôt des cartes et plans, o'ont pâs été systémâtiquementconservés. Quoiqu'il en soit, il n'est plus aujourd'hui possible

d'envisager l'écude de I'ceuvre des ingénieurs militâires du roiduratt l'époque modetne sans prendre en compte les ouvrages

réalisés durant lâ première moitié du siècle. Les adas militaires quenous venons d'étudi€r témoignent de la contiouation et de l'âvance-

ment sous Louis XIII et pendant la Régence d'une politique de

relevé coordonné du territoire instaurée pâr Herri Iv. Ce sont ces

travaux qui vont permettre aux ingénieurs de Louis )OV d'entre-preûdre des ouvrages plus ambitieux et de réaliser de véritables

" séries u d'etlâs des places de France dont plusieùrs collectioûssurvivent âuiourd'hui dans les fonds parisiens". Sans ces précieuxr€levés qui ont formé une base cârtographique solide sur l€ territoire du royaume, le travail poursuivi durant la période Louis xwn'aurait certainemeot pas eu le méme lustre. Une fois cette brèche

ouvert€, il s'agit maintenant de démêler les lieos qui unissent

I"BS ATLÂII MIUTA]RES MANUSCRflS DB LA PBTÀdRE MONd DU XVtr' SÉC[.B

ingénicurs et gravcurs et d'individualiser lcurs manières propres.Câr ri IôH Leoglet du Fresnoy daos se rlddà0& lorÊ âtdiî lbiûitypubliée ell 17]t ûotait justeDeot . qu'on oc commenç. en Frarce a

bien o tiver tagéographie que sous le rÈgoc de Louis XIII,, il resæ

eocoic â accomplir ùû ûiautieux tr.vail dc rrd|ertùc et d'attibu-tion poùr rendre un juste homm4ge à chactn de ccs premiers carto-graphcs oilitrires du royaume de Fraoce. I

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