Pragmatisme financier et iconographique des frappes monétaires des royaumes hellénistiques...

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Théorie quantitative de la monnaie (Irving Fisher)

PV = MQ

Prix (P) = Masse monétaire (M) x x Vélocité de la circulation (V) ensemble des biens consommables (Q)

François de Callataÿ, Pragmatisme financier et iconographique des frappes monétaires des royaumes hellénistiques

1. Politique monétaire : masse monnayée en circulation

Dominic Rathbone : “Monetization, not price-inflation in third-century A.D. Egypt”

PV = MQ

Prix (P) = Masse monétaire (M) x x Vélocité de la circulation (V) Ensemble des biens

consommables (Q)

1. Politique monétaire : masse monnayée en circulation

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Suétone, Auguste, 41, 1-2 : « Liberalitatem omnibus ordinibus per ocassiones frequenter exhibuit. Nam et invecta urbi Alexandrino triumpho regia gaza tantam copiam nummariae rei effecit, ut faenore deminuto plurimum agrorum pretiis accesserit, et postea, quotiens ex damnatorum bonis pecunia superflueret, usum eius gratuitum iis, qui cavere in duplum possent, ad certum tempus indulsit ».

« Il (Auguste) saisit maintes occasions de témoigner sa libéralité aux différents ordres. Ainsi, quand on eut transporté à Rome, lors du triomphe d'Alexandrie, le trésor des rois d'Égypte, il en résulta une si grande abondance de numéraire que, le taux de l'argent ayant diminué, la valeur des terres s'accrut de façon considérable, et, par la suite, chaque fois que des confiscations faisaient surabonder l'argent (dans le trésor), il en prêta gratuitement pour un temps déterminé à ceux qui pouvaient répondre du double ».  

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1. Politique monétaire : masse monnayée en circulation

« Commençons donc par montrer, en premier lieu, les fruits de l’eunomia. Le premier est la confiance, qui aide grandement tous les hommes. C’est d’elle que provient l’argent de la communauté et ainsi, même s’il y en a peu, il suffit qu’il circule, alors que sans elle, même s’il y en a beaucoup, il ne suffit pas […] Par contre l’anomia produit les méfaits suivants : d’abord les hommes n’ont pas le temps de s’occuper de leurs affaires et se soucient du plus néfaste pour eux, les affaires (publiques) ; ils thésaurisent l’argent par défiance et par repli sur soi au lieu de l’échange ; l’argent arrive donc à manquer, même s’il y en a beaucoup » (Anonyme de Jamblique, 7, 1-3-8 et Jamblique, Protreptique, 20, 101).

Antoninien de Balbin, 238 apr. J.-C. (4,94g)

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1. Politique monétaire : masse monnayée en circulation

Je

Quand, en l'an X de la République, il apparût important pour la France de connaître l'ampleur de la masse monétaire en circulation, les estimations fournies par les personnages autorisés (Calonne, Gaudin, Gerboux, Des Rotours, Daru) varièrent entre c. 1 et c. 3,3 milliards de livres (G. THUILLIER, 1983, 183-7 : "Le stock monétaire de l'an X")

Pierre Daru(1767-1829)

Charles-Alexandre de Calonne(1734-1802)

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1. Politique monétaire : masse monnayée en circulation

1. Politique monétaire : masse monnayée en circulation

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-Alain Bresson, ‘Coinage and Money Supply in the Hellenistic World,’ in Z. Archibald, J.K. Davies, V. Gabrielsen edd., Making, Moving, Managing, The New World of Ancient Economies (323–31 BCE), 2005, p. 44–72.

“the quantity theory of money: you cannot prove it, it’s useless for us, what can we make of it, or with it? It’s past, it’s finito, it’s no more. Maybe the Bundesbank believe in it, but not all of them” (Marcello Cecco 2000, p. 271)

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1. Politique monétaire : masse monnayée en circulation

1. Politique monétaire : cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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Monetary policy: 98 occurrencesPolitique monétaire : 42 occurencesPolitica monetaria : 27 occurrencesMünzpolitik: 21 occurrences

-Ernest Babelon, « La politique monétaire d'Athènes au Ve siècle avant notre ère », Revue Numismatique, 4 (17), 1913, p. 456-85.

-François de Callataÿ, « La politique monétaire de Mithridate VI Eupator, roi du Pont (120/63 av. J.-C.) », in G. Depeyrot (éd.), Rythmes de la production monétaire, Louvain-la-Neuve, 1987, p. 55-66.

Presque toute l’affaire tient dans la proposition transitive qui veut que, dans un monde qui – sauf exceptions – ignore la frappe libre et où la frappe de la monnaie est le privilège de l’État (la cité, le roi, l’empereur), ce dernier frappe monnaie pour régler des dépenses publiques à court terme (en engrangeant au passage un profit). Et comme il apparaît que, comme c’est du reste le cas – sauf exceptions – de toutes les sociétés préindustrielles, les dépenses militaires l’emportent – souvent de loin – sur les autres types de dépenses, il en résulte que l’essentiel de la frappe monétaire a été émise pour des dépenses de ce type.

Denier de Galba lors de la guerre civile (68-69 apr. J.-C.) aux types FIDES EXERCITVM et FIDES PRAETORIANUM

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1. Politique monétaire : cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

Evolution annuelle des frappes de tétradrachmes de Mithridate Eupator

Première guerremithridatique

(89-85)

Troisièmeguerre(73-71)

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1. Politique monétaire : cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

Muréna inCappadocia

Pompey in Cappadocia

Cappadoce : Ariobarzane Philoromaios (95-64 av. J.-C.)

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1. Politique monétaire : cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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1. Politique monétaire : cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

c. 150 apr. J.-C. c. 215 apr. J.-C.Estimation Estimation Estimation Estimation

Postes basse % haute % basse % Haute %Armée 643 77,3 704 71,6 1.127 77,1 1.188 73,7Administration 75 9,0 75 7,6 75 5,1 75 4,6Libéralités 44 5,3 44 4,5 140 9,6 140

8,7Construction 20 2,4 60 6,1 20 1,4 60 3,7Autres 50 6,0 100 10,2 100 6,8 150 9,3 Total 832 983 1.462 1.613 Duncan-Jones 1994, p. 45

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1. Politique monétaire : cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

Ensuite de quoi, l’État ne semble pas se soucier du sort du numéraire qu’il émet et ne le rappelle jamais, semble-t-il, parce que celui-ci aurait perdu trop de poids en raison de sa circulation. De leur côté, les utilisateurs antiques ne rognent pas les pièces comme ils le feront avec passion au Moyen Âge et à l’époque moderne.A contrario de cette situation et en fonction de ce qui a été dit sur l’impossibilité d’estimer finement la masse monétaire en circulation, les États antiques n’ont jamais frappé monnaie dans le but de fluidifier les échanges, même s’ils ont parfois – quoique très rarement – tenté de remédier à une situation de pénurie locale. En conséquence de quoi, il convient de rester très prudent dans l’emploi des termes. La plupart du temps, on peut et il faut remplacer l’expression « politique monétaire », dont il est fait un grand usage indu, par « politique du monnayage ». En outre, rapportée à la masse existante de métaux précieux, or et argent, la proportion monnayée demeure presque modeste, sans doute guère supérieure à 10% a-t-on pu écrire pour le monde hellénistique. De même, la masse monnayée chaque année par un roi hellénistique ne représente qu’une petite fraction de ses rentrées, perçues pour l’essentiel en nature. Il ne semble pas que les rois ou les empereurs aient cherché à s’accaparer les métaux précieux qui restent d’abord dans les mains privées. Et on ne s’exagérera pas non plus la fortune des temples. Nous sommes donc loin du modèle mercantiliste qui voudrait que rois et empereurs aient cherché à monnayer autant que faire se peut pour financer leur Welt Machtpolitik.

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1. Politique monétaire : cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

Nomos de Locres, c. 275-270 av. J.-C. au type de la Bonne Foi, la Confiance (Pistis)couronnant l’allégorie de la ville de Rome.

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2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

Confiance = nombreux types immobilisés

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2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaineType immobilisés par excellence : les alexandres

Le cas exceptionnel de Cyzique : c. 300 types différents.

Cyzique

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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A contrario, les rares cas de monnayages présentant une grande diversité iconographique paraissent être liés à des situations de monopoles monétaires : Cyzique, Phocée et Mitylène, les deniers romains républicains (peut-être aussi les “wappenmünzen” athéniennes).

J. F. Healy, “Notes on the Monetary Union Between Mytilene and Phokaia”, JHS, 77, 1957, p. 267-268 (I.G. xii (2). 1. 13–15).

These lines come from the well-known unique inscription, in Aeolic dialect, recording the terms of a monetary union between Mytilene and Phokaia, whereby each agreed to issue, in alternate years, an electrum coinage for circulation in both cities.

Les types monétaires et le pouvoir émetteur

Pseudo-Aristote, Economique, II, 1, 3 : Peri men to nomisma legô poion kai pote [timion è euônon] poièteon. Cette phrase peut être ainsi traduite : « En ce qui concerne la monnaie, ce que je veux dire, c'est que [le roi décide] quelle monnaie il faut frapper et à quel moment ».

Les deux mots grecs entre crochets sont considérés comme une glose de poion, qui « peut signifier aussi bien de quelle matière ou de quelle valeur... La traduction de timion et de euônon donnerait la précision suivante : quand doit-on frapper une monnaie d'une valeur forte ou d'une valeur faible ».

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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Isidore de Séville, Etymologiae sive Origines, XVI, 18, 12: “In nomismate tria quaeruntur: metallum, figura et pondus”.

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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Les types monétaires et le pouvoir émetteur

Pragmatisme

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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Les types monétaires et le pouvoir émetteur

Propagande

(A. H. M. Jones, ‘Numismatics and history’, in R.A.G. Carson and C.H.V. Sutherland (ed.), Essays in Roman Coinage Presented to Harold Mattingly, Oxford, 1956, p. 32)

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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Les types monétaires et le pouvoir émetteur

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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Les types monétaires et le pouvoir émetteur

Henri Seyrig (1895-1973) La soi-disante « Lex Seyrigiana » : frappe monétaire = autonomie politique

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2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaineLa soi-disante « Lex Seyrigiana »

‘had the color of alcohol, the taste of alcohol, but did not contain alcohol’

‘had the legends of civic issues,the flavour of civic issues,but were not civic issues’

Tétradrachme de Myrina, c. 155-145 BCE (NAC, 84, 20 mai 2015, n° 640)

Un grand nombre de monnayages hellénistiques attribués naguère encore comme ayant été frappés pour le « commerce des cités » sont aujourd’hui reconnus comme ayant été émis pour servir l’effort de guerre d’un pouvoir supérieur.

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3. Pragmatisme hellénistique : grand nombre de monnayages pseudo-civiques

Statère de Titus Quinctius Flamininus (c. 196) peut-être frappé à Chalcis en Eubée (?).Dr. : Tête de Flamininus barbu à dr.Rev. : T. QVINCTI ([monnaie] de T. Quinctus). Niké debout à g.; elle tient une palme dans la g. et une couronne dans la dr.

Utilisation limitée du support monétaire à des fins de

‘propagande’

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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NAC, 84, 20 May 2015, nr 738.Drachm, uncertain Cypriot mint late 2nd century BC, AV 3.05 g. Draped bust of young Ptolemy IV (?) r., wearing diadem entwined with ivy leaves and fruit; thyrsus over l. shoulder. Rev. ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ – ΒΑΣΙΛΕΩΣ ??Eagle standing l. on thunderbolt. Svoronos –, cf. 1794 (for obverse type). Spier A Group of Ptolemaic Engraved Gems, The Journal of The Walters Art Gallery 47, 1989, p. 33, Fig. 47 (this coin). Unique. An issue of exceptional interest and importance. A portrait which is a masterpiece of late Hellenistic style, virtually as struck and Fdc Ex Tkalec & Rauch 25 April 1990, 190 and NFA 25, 1990, 286 sales.The placement of this unique gold drachm in the vast series of the Ptolemaic kings is perhaps impossible with any degree of precision. It likely depicts Ptolemy IV (222-205/4 B.C.), albeit posthumously, for it appears to have been struck sometime in the late 2nd Century B.C.

Utilisation limitée du support monétaire à des fins de

‘propagande’

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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Exceptionnel tétradrachme à

l’effigie d’Eumène II

Portrait de Ptolémée V Epiphane (ca. 202-

200 av. J.-C.)

Rare portrait de Ptolémée III (atelier de Lébédos, ca 246-

241 av. J.-C.)

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

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Drachm of Orodes II of Parthia (Ekbatana, 58-37 BC)

Classical Numismatic Group, Triton VII, January 12th, 2004, nr. 447

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine

Table 3. First monetary occurrence of royal epithets (arranged in chronological order)

First phase: an Egyptian process (c. 270-198BC)Theos: Egypt, Ptolemy II and Arsinoe II (c. 270 – Parente 2002)Philadelphos: Egypt, Arsinoe II (c. 270 – Parente 2002) Sôtèr: Egypt, Ptolemy II (c. 261 – in Syria/Phoenicia) Autokratôr: Parthia, Mithradates I (c. 238-211)Philopatôr: Egypt, Ptolemy V (c. 199/8? – in Tyre, Lorber 2006: 18)Epiphanes: Egypt, Ptolemy V (c. 199/8 – in Phoenicia, Lorber 2006 [superseding Kyrieleis 1973: 217-8])

Second phase: a) the Graeco-Baktrian innovations (c. 174BC)Dikaios: Graeco-Baktrians, Agathokles or Antimachos (c. 174? – Bopearachchi 1991)Anikètos: Graeco-Baktrians, Agathokles (c. 174? – Bopearachchi 1991) Nikatôr: Graeco-Baktrians, Agathokles (c. 174? – Bopearachchi 1991)

Second phase: b) a Seleukid process (c. 172-142BC) Nikèphôr: Seleukids, Antiochos IV (c. 169/168 – in Antioch, Mørkholm 1963)Eupatôr: Seleukids, Antiochos V (c. 164 – in Antioch)Megas: Seleukids, Timarchos (c. 162 – in Ekbatana)Euergetès: Seleukids, Alexander Balas (150/149 – Antioch)Theopatôr: Seleukids, Alexander Balas (150/149 – Antioch) Philomètôr: Egypt, Ptolemy VI (148/147 – in Ptolemais) Philellèn: Parthia, Mithradates I (c. 141 – in Seleucia on the Tigris)Dionusos: Seleukids, Antiochos VI (145/144 – in Antioch)

Third phase: Cappadocia and the lesser kingdoms (c. 134-36BC)Eusebès: Cappadocia, Ariarathes V (c. 134)Theosebès: Commagene, Sames (c. 130-100)Theotropos: Graeco-Baktrians and Indo-Greeks, Agathokleia (end 2nd c.)Kallinikos: Seleukids, Demetrios III (96-88)Philoromaios: Cappadocia, Ariobarzanes I (95-63)Theios: Armenia, Artavazdes II (55-34)Philantônios: Cilicia, Tarkondimotos (39-31)Philopatris: Cappadocia, Archelaos (36BC-17AD)Ktistès: Parthia, Pakoros I (40-38)? or Cappadocia, Archelaus (36BC-7AD)

Table 4: Classification of the Hellenistic royal epithets on coins

Domestic/dynastic: philadelphos, philopatôr, philometôr, eupatôrEthical: euergetès, eusebès, dikaios, megas, ktistèsMilitary: nikatôr, anikètos, nikèphôr, kallinikos, autokratôrDivinizing: Sôter (Egypt), theos theios, epiphanès, theotropos, Dionysos, theopatôr, theosebèsPolitical: Philellèn, philoromaios, philantoniosGeographical: Adiabènou, Bosporou, Makedôn

Table 5: Frequency-index of royal epithets for Hellenistic kingdomsCappa

Comma. Sel.

Parth.

Chara.

Elym. Gr./In.

Ptol.

Number of kings with an epithet

12 3 22 14 5 3 37 7

Anikètos - - - - - - 5 -Autokratôr - - 1 3 1 - 1 -Dikaios - 1 - 6 - - 9 -Epiphanes 2 - 8 9 - - 3 1Euergetès - - 3 8 4 - 1 1Eupatôr - - 1 1 - - - -Eusebès 4 - 1 - - - - -Kallinikos - 1 2 - - - - -Ktistès 1 - - 1 - - - -Megas - 1 1 9 - 1 3 -Nikatôr - - 2 1 - - 2 -Nikèphôr 1 - 2 - - 1 4 -Philadelphos 1 - 4 1 - - - XPhilellèn - - - 11 1 - - -Philomètôr 1 - 1 - - - - 1Philopatôr 3 - 4 3 1 - 1 1Philoromaios 2 1 - 1 - - - -Sôtèr - - 3 1 4 2 18 XTheopatôr - - 1 7 1 - - -Theos - - 5 2 - - 2 XTheosebès - 1 - - - - - -Theotropos - - - - - - 1 -Number of used epithets (22)

8 5 15 15 6 3 12 7

Cappa. Comma. Sel.

Parth. Chara.

Elym. Gr./In.

Ptol.

Number of kings with an epithet

12 3 22 14 5 3 37 7

A. Number of used epithets (22)

8 5 15 15 6 3 12 7

B. Cumul. number of used epithets

15 5 39 64 12 4 50 -

C. Frequency ‘number of epithets/reigns’

1.25 1.67 1.77

4.57(64/14)

2.40

1.33 1.35(50/37)

-

The silver issues of the Pontic cities: only large silver denominations (sigloi or drachms)

Une iconographie sous contrainte politique

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The pseudo-civic issues of Pontic cities : same types struck by many cities

Bronze coins in the name of cities (Amisos, Chabakta), but also in the name of fortresses which are not even villages (Taulara and Pimolisa)

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Une iconographie sous contrainte politique

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2a. Perception moderne des crises monétaires

« L’une des choses qui plus a trompé & rendu pauvre le François & la France, & qui plus a faict contemner & enfreindre, depuis cent ans, les Ordonnances faictes par les Roys sur le cours & mise des monnoyes, les prenant & alouant à plus hault pris que les Princes ne les a évaluées. En quoi l’opinion du vulgaire a toujours esté maistresse car quelque resistance que les Roys aient sceu faire, ilz ont finalement esté vaincus & contrainctz de suivre en cela la volonté desordonnée du peuple, & de hausser l’escu de jour en jour »

Malestroict 1566, fol. B IV, r° (Paradoxe deuxième – voir Le Branchu 1934, I, p. 61).

Crises monétaires et crises de la monnaie dans le monde gréco-romain : une vue perspective

« Quelques innombrables que soient les fléaux qui causent d’ordinaire la décadence des royaumes, des principautés et des républiques, les quatre suivants sont néanmoins, à mon sens, les plus redoutables : la discorde, la mortalité, la stérilité de la terre et la dépréciation de la monnaie. Les trois premiers de ces fléaux sont si évidents que personne ne les ignore, mais le quatrième, concernant la monnaie, n’est admis que par peu de gens, par les esprits les plus ouverts, car il ne ruine pas les états d’une façon violente et d’un seul coup, mais peu à peu et d’une manière presque insensible »

Anonyme, Nicolas Copernic (1473-1543), ca. 1580, Hôtel de ville de Torun

Crises monétaires et crises de la monnaie dans le monde gréco-romain : une vue perspective

« La monnaie se déprécie le plus souvent à cause de sa quantité excessive, savoir quand une si grande quantité d’argent a été transformée en monnaie que l’argent métal devient plus désirable que la monnaie elle-même ».

Mais, poursuit-il, la monnaie se déprécie aussi pour d’autres raisons : « soit à cause du défaut de la matière seule, lorsque pour le même poids de monnaie on mélange avec l’argent plus de cuivre qu’il ne faut ; soit par suite de l’insuffisance du poids, le mélange de l’argent et du cuivre étant équitable ; soit enfin, ce qui est le plus mauvais, pour les deux causes à la fois. En outre, la valeur diminue également par l’usure due au long usage de la monnaie et cette raison suffit pour que celle-ci soit reprise et renouvelée »

Nicolas Copernic (1473-1543)

Crises monétaires et crises de la monnaie dans le monde gréco-romain : une vue perspective

COINS VERSUS STATE EXPENSES, UNCOINED PRECIOUS METALS AND YEARLY GDP

What is less a matter of appreciation and hardly a questionable fact is the low proportion of monetized gold and silver to compare with available amounts (Callataÿ 2006). Our ideas about the amount of available precious metals are vague for Classical times: up to 500 AD, it would have been extracted ca. 10,000 tons of gold (Quiring 1948) and 64,000 tons of silver (Patterson 1972). This order of magnitude, which is the next above what has been argued for monetized precious metals, is loosely confirmed by some punctual data: the full Athenian silver production of the Laurion mines is estimated to 3,500 tons (sixth-fourth centuries BC) meanwhile the Roman gold production of North-Western Spain is supposed to approximate 190 tons (first-beginning of third century AD) (Domergue 2008: 209), a similar value to the gold brought back by Trajan from Dacia (165,5 tons) if we accept the not too convincing calculation made by Carcopino (Carcopino 1961: 106-17). Also interesting to have in mind are the recorded amounts of “New World” precious metals brought to Spain from 1503 to 1660: 181 tons for gold and 16,887 for silver (Hamilton 1934: 13-45 and Morineau 1985). To the ca. 300 tons of monetized gold, 3,000 were possibly available around the Mediterranean, and the same should be true for silver (some 30,000 tons of un-coined silver to compare with the ca. 3,000 tons of coined money?) (Callataÿ 2006b: 60-5).

COINS VERSUS STATE EXPENSES, UNCOINED PRECIOUS METALS AND YEARLY GDP

That available gold and silver were poorly converted into coins in Hellenistic times is confirmed by different kind of evidence: the details of Roman triumphs or large Hellenistic processions (Ptolemy II in ca. 279/278 BC and Antiochus IV in 166/165 BC), temple inventories (Athens, Delos, Delphi – even the Temple hoard from Jerusalem [Kirbet Qumran, copper scroll 3Q15]) as well as the nature of private wealth (Callataÿ 2006b: 37-60). Combined evidence points to a low percentage of gold and silver converted into coins, hardly much superior to 10%.  If such, it introduces a natural warning against any wishful thinking from modern historians and economists who sometimes figure out that it was natural for ancient States to monetize  as much as they could. They didn’t do so.  This is difficult to understand, let alone to prove, for the Roman world, where most precious metal mines were owned by the emperor or their exploitation was controlled with various systems by the imperial administration. But I understand that you are ready to admit that a substantial percentage of this un-coined gold and silver was in the hands of the imperial administration. But why, then, did they not produce more or better coin with this reserve when required, instead of debasing the coinage? If you admit that the state had a substantial reserve of un-coined metal, you have to admit as well that monetary manipulations were never the outcome of financial difficulties.

« The most typical instance leading to the generalization was the circulation of a particular type of coin, say a silver drachma, in different conditions. Say one is new and the other, badly worn. If both coins are legal tender at their face value, they are equivalent from the standpoint of effecting an internal payment. But they have different values if they were melted down for their commodity values, and in international exchanges where the coins will be valued only (or mainly) for their silver contents. In short, in their roles as internal means of payment, they are equal in value, but otherwise the new coin is worth more than the old. …The fact that the two coins have different external values does not mean that they cannot circulate side by side in a state of equilibrium. As long as the worn coins are insufficient to satisfy the total demand for money, old and new coins can and will circulate together without any premium on the good coins being required or possible. …It should be apparent from the foregoing that, contrary to MacLeod's statement, good and bad money can and do circulate side by side. As long as the "bad" money is insufficient to fulfil the total money demand, some of the "good" money will have to remain behind to help”.

Robert Mundell

Uses and Abuses of Gresham's Law in the History of Money

http://www.columbia.edu/~ram15/grash.html

L’iconographie des monnaies grecques (historiographie et problématiques) :

une vue perspective

Le commerce ou la guerre

Ca. 1750-ca. 1880: étude diachronique des grandes phases de développement avec la biologie comme paradigme (Winckelmann, mais aussi, en numismatique, Wroth, Gardner et les métrologues allemands).

Ca. 1880-ca. 1960: identification des artistes (Morelli, Beazley, mais aussi, en numismatique, les signatures et les mains des graveurs siciliens).

Ca. 1960-ca. 1985: structuralisme, mise en évidence synchronique des systèmes sous-jacents (Vernant, Detienne). Ecole des Annales : histoire socio-économique derrière les hauts faits politico-militaires. Elimination du temps.

Depuis ca. 1985: identités culturelles et insistance sur la réception ou plutôt les réceptions (sur fond d’individualisme grandissant).

A ne jamais

publier !

!!

François de Callataÿ, Pragmatisme iconographique et financier des frappes monétaires des royaumes hellénistiques.  Résumé. La monnaie, a-t-on souvent soutenu, constitue le meilleur support pour la propagande des princes. Cette assertion est aujourd’hui revue considérablement à la baisse. Obtenir la confiance des utilisateurs a partout poussé au pragmatisme. La présente étude passe brièvement en revue les affaires monétaires à l’époque hellénistique en insistant sur les cas où la monnaie n’a pas été l’objet d’une affirmation de la légitimité politique. Par ailleurs, et en dépit d’un usage assez répandu en histoire ancienne, le concept de « politique monétaire » a peu de chances de s’appliquer aux royaumes hellénistiques ainsi du reste qu’à l’ensemble de la production monétaire antique. En effet, en économie, la politique monétaire est « l’action par laquelle l'autorité monétaire, en général la banque centrale, agit sur l’offre de monnaie dans le but de remplir son objectif de triple stabilité, à savoir la stabilité des taux d’intérêts, la stabilité des taux de change et la stabilité des prix » (wikipédia). Rien de tel n’a existé dans l’Antiquité. Les pouvoirs émetteurs ont frappé monnaie pour financer des dépenses publiques, majoritairement militaires, et ne paraissent s’être que peu souciés du devenir des numéraires émis, une fois ceux-ci entrés dans la circulation.

François de Callataÿ, Pragmatisme iconographique et financier des frappes monétaires des royaumes hellénistiques

RENDAGE, s. m. (Jurisprud.) signifie ce que l'on rend de quelque chose au seigneur ou maître, le profit qu'il en retire. Par exemple, en fait de monnoie, le droit de rendage de chaque ouvrage comprend le droit de seigneuriage dû au roi, & le brassage du maître de la monnoie, qui lui est accordé par les ordonnances sur chaque marc.

Rendage = Brassage + Seigneuriage

François de Callataÿ, Pragmatisme financier et iconographique des frappes monétaires des royaumes hellénistiques

2. Pragmatisme iconographique: cadre général pour l’Antiquité gréco-romaine