Insertion des habitants des favelas à RIo

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Confins 13 (2011) Numéro 13 ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Michael Chetry L’insertion des habitants des favelas de Rio de Janeiro dans la ville : le cas des pratiques de consommation et de loisirs ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Aviso O conteúdo deste website está sujeito à legislação francesa sobre a propriedade intelectual e é propriedade exclusiva do editor. Os trabalhos disponibilizados neste website podem ser consultados e reproduzidos em papel ou suporte digital desde que a sua utilização seja estritamente pessoal ou para fins científicos ou pedagógicos, excluindo-se qualquer exploração comercial. A reprodução deverá mencionar obrigatoriamente o editor, o nome da revista, o autor e a referência do documento. Qualquer outra forma de reprodução é interdita salvo se autorizada previamente pelo editor, excepto nos casos previstos pela legislação em vigor em França. Revues.org é um portal de revistas das ciências sociais e humanas desenvolvido pelo CLÉO, Centro para a edição eletrónica aberta (CNRS, EHESS, UP, UAPV - França) ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Referência eletrônica Michael Chetry, « L’insertion des habitants des favelas de Rio de Janeiro dans la ville : le cas des pratiques de consommation et de loisirs », Confins [Online], 13 | 2011, posto online no dia 19 Novembro 2011, consultado o 06 Fevereiro 2015. URL : http://confins.revues.org/7244 ; DOI : 10.4000/confins.7244 Editor: Théry, Hervé http://confins.revues.org http://www.revues.org Documento acessível online em: http://confins.revues.org/7244 Documento gerado automaticamente no dia 06 Fevereiro 2015. © Confins

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Confins13  (2011)Numéro 13

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Michael Chetry

L’insertion des habitants des favelasde Rio de Janeiro dans la ville : le casdes pratiques de consommation et deloisirs................................................................................................................................................................................................................................................................................................

AvisoO conteúdo deste website está sujeito à legislação francesa sobre a propriedade intelectual e é propriedade exclusivado editor.Os trabalhos disponibilizados neste website podem ser consultados e reproduzidos em papel ou suporte digitaldesde que a sua utilização seja estritamente pessoal ou para fins científicos ou pedagógicos, excluindo-se qualquerexploração comercial. A reprodução deverá mencionar obrigatoriamente o editor, o nome da revista, o autor e areferência do documento.Qualquer outra forma de reprodução é interdita salvo se autorizada previamente pelo editor, excepto nos casosprevistos pela legislação em vigor em França.

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Referência eletrônicaMichael Chetry, « L’insertion des habitants des favelas de Rio de Janeiro dans la ville : le cas des pratiques deconsommation et de loisirs », Confins [Online], 13 | 2011, posto online no dia 19 Novembro 2011, consultado o 06Fevereiro 2015. URL : http://confins.revues.org/7244 ; DOI : 10.4000/confins.7244

Editor: Théry, Hervéhttp://confins.revues.orghttp://www.revues.org

Documento acessível online em:http://confins.revues.org/7244Documento gerado automaticamente no dia 06 Fevereiro 2015.© Confins

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Michael Chetry

L’insertion des habitants des favelas deRio de Janeiro dans la ville : le cas despratiques de consommation et de loisirs

1 Les favelas sont des lieux fortement marqués dans l’espace social et physique des grandesvilles brésiliennes et notamment Rio de Janeiro. Aujourd’hui, elles sont présentées commeles symboles de la fragmentation des grandes métropoles aux côtés des résidences fermées etsécurisées (Souza, 2000; Caldeira, 2000). Dans sa dimension socio-spatiale, la fragmentationurbaine renvoie à l’émergence de territoires spatialement délimités, regroupant des populationsqui vivraient repliées sur elles-mêmes et où s’exprimerait l’absence de référence à la sociétéurbaine (Bouchanine, 2001). Cela concoure à la permanence d’une vision dualiste de la villedans laquelle les favelas sont considérées, depuis leur apparition sur la scène urbaine, commedes espaces isolés et étrangers à la ville.

2 De nombreux travaux ont réfuté cette vision réductrice des favelas, contestant les stéréotypesassociés à leurs habitants et évoquant la diversité de ces espaces et de leur population oul’existence de similitudes avec d’autres quartiers populaires (Valladares, 2006). Pour autant, lerapport entre les favelas, leurs habitants et la ville qui les englobe, au sens d’intégration à la vieurbaine et d’inscription dans l’espace urbain, reste encore mal appréhendé. Dans ce contexte,l’analyse des pratiques spatiales des habitants des favelas peut contribuer à une meilleurecompréhension de l’articulation favelas/ville.

3 Une composante majeure du comportement des citadins renvoie en effet à l’usage et àl’expérience de la ville, à travers leurs déplacements dans l’espace urbain et les lieux qu’ilsfréquentent (Lambony, 1996). Il s’agit en particulier de saisir les territoires de ces pratiquesdont la distribution dans l’espace urbain apporterait des éléments quant à un enclavement deces populations. En d’autres termes, les habitants des favelas présentent-ils des espaces de vierestreints que mettraient en évidence des pratiques tournées vers les lieux de résidence ? Acontrario, profitent-ils des possibilités diverses et variées que peuvent offrir les grandes villesen développant des mobilités à des échelles plus vastes ? Parmi les différentes dimensionsde la mobilité, nous nous concentrerons dans les limites de cet article sur les pratiques deconsommation et de loisir.

Le terrain et la méthode4 La recherche dont cet article rend compte s’est appuyée sur un travail de terrain, mené

entre mars et septembre 2007, et ayant pour objectif de décrire et analyser les pratiquesde mobilités des habitants de deux favelas de Rio de Janeiro  : Coroado et Nova Holanda.Des entretiens semi-dirigés ont été menés auprès de 33 habitants de ces favelas, en majoritéà leur domicile, afin de recueillir des informations sur leur trajectoire résidentielle, leursdéplacements, leur réseau social et leur perception des différents lieux qu’ils fréquentent. Apartir de ces entretiens, des cartes synthétisant les pratiques commerciales et de loisirs deshabitants enquêtés ont été élaborées. Cette démarche a été complétée par des observations,la participation à la vie locale et dans certains cas, le suivi des sujets lors de leursdéplacements. Parmi la population enquêtée, le principe de diversité a été poursuivi en termesde caractéristiques sociales, de temps de résidence dans la favela ou de localisation de l’activiténotamment.

5 Les favelas retenues pour l’enquête se différencient avant tout par leur distance au cœur del’agglomération (Carte 1). Le critère de localisation de la favela dans l’espace urbain a étéretenu objectivement en raison de son influence hypothétique sur le niveau d’accessibilité àla ville et les liens entretenus par les habitants avec elle. Le choix s’est d’abord porté sur unmodèle de favela situé dans la région centrale de l’espace urbain, entendue comme espace deconcentration des activités, des services et des commerces de la ville, puis sur un autre type

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de favela située en des lieux plus distants. Ces favelas se distinguent par ailleurs en fonctiond’autres caractéristiques découlant de leur situation géographique (le profil social du quartierenvironnant, la topographie, la taille, l’ancienneté et donc le degré de consolidation) mais aussipar l’intensité relative de la violence, prédominante dans l’une en raison de la présence denarcotrafiquants et inexistante dans l’autre.Carte 1 : Localisation des favelas étudiées à Rio de Janeiro

Réalisation : Michaël Chetry, 2010

6 Ainsi, Coroado est une petite favela d’environ 1 000 habitants isolée sur un bout de collinequi surplombe Laranjeiras, un quartier résidentiel de classe moyenne-haute situé à la limitede la Zone Centre et de la Zone Sud de la ville. Avec ses maisons enchevêtrées les unes surles autres, elle correspond à l’image typique des favelas de Rio de Janeiro. Coroado est plutôtrécente pour une favela située dans le centre de l’espace urbain dans le sens où son processusde peuplement a été significatif à partir des années 1970-1980. Elle présente tout de mêmeun bon niveau de consolidation tant du point de vue de l’habitat que des infrastructures. Parcontre, elle ne dispose d’aucun équipement public sans que cela constitue un inconvénientpour la population compte tenu de leur relative proximité. Ses habitants, à l’instar de la plupartdes favelas de Rio de Janeiro, sont des migrants originaires du Nordeste dont la majorité,notamment les adultes, a une expérience antérieure de la vie urbaine mais n’est pas native dela ville.

7 Nova Holanda elle, est une favela plane de la Zone Nord de Rio de Janeiro, secteurmajoritairement composé de classes basses et moyennes. Elle compte un peu plus de 11 000habitants et fait partie du plus grand ensemble de favelas de Rio de Janeiro, le Complexede la Maré, qui regroupe 17 favelas et près de 150 000 habitants. Ce dernier dispose d’unegrande visibilité du fait de sa localisation en bordure de l’autoroute qui mène à l’aéroport. NovaHolanda est une favela ancienne apparue dans les années 1960 et relativement bien consolidéeavec la présence de nombreux équipements publics (poste de santé, école) et commerciaux.Même si Nova Holanda est relativement distant du centre, sa localisation à proximité d’unevoie rapide, l’Avenida Brasil, empruntée par de nombreux bus, lui assure une bonne dessertevers le centre. Cette dernière est améliorée par un réseau de transport alternatif (vans, moto-taxis) à l’intérieur de la favela et en direction des quartiers voisins pour une correspondanceavec le système de transport public. Compte tenu de l’ancienneté de la favela, la majorité deshabitants, même s’ils sont des descendants de migrants, sont originaires de Rio de Janeirovoire sont nés dans la favela.

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Des pratiques commerciales resserrées autour de l’espacede résidence

8 Les pratiques commerciales occupent une place prépondérante dans la vie quotidienne deshabitants. Parmi elles, l’approvisionnement alimentaire représente le poste le plus importantdans le budget des ménages et constitue l’essentiel des déplacements, en particulier desfemmes qui en sont généralement responsables. Les pratiques de consommation sont plutôthomogènes, la plupart des habitants recherchant le meilleur prix en incluant le coût dutransport.

9 À Nova Holanda, compte tenu de la densité et de la diversité du commerce local, la majoritédes habitants fait ses courses alimentaires à l’intérieur de la communauté. Selon le CensoMaré1, plus de 90% des habitants y achètent leurs fruits et légumes, principalement dans lesépiceries et au marché qui se tient tous les samedis dans la favela. De même, pour les alimentsde base (riz, haricots, sucre, farine, viandes), la population se fournit dans les supermarchés dela favela. Ces derniers pratiquent des prix convenables et même inférieurs à ceux des grandessurfaces des environs2, tout en offrant des services similaires comme la livraison à domicile.

10 A contrario, à Coroado, favela plus petite et moins fournies en commerce, les quelquesétablissements locaux servent avant tout au dépannage en produits de première nécessité enraison des prix élevés pratiqués. Seuls les habitants plus vulnérables, comme les personnesâgées qui ont des difficultés pour se déplacer et les plus pauvres qui ont peu d’argent àdépenser, ont recours régulièrement à ces commerces de par leur proximité ou la possibilitédu crédit. Mais l’approvisionnement se fait principalement en dehors de la favela, notammentdans les supermarchés et les marchés environnants. Les habitants de Coroado bénéficient eneffet d’une offre commerciale diversifiée de par la position centrale de la favela dans l’espaceurbain. Dans leur grande majorité, ils font leur course au Sendas, le principal supermarché deLargo do Machado. Il est considéré comme le moins cher des environs et est bien desservipar la ligne de bus qui passe au pied de la favela. Il est en effet beaucoup moins pratiquede se rendre dans les supermarchés de Laranjeiras, pourtant plus proches physiquement. Leshabitants ont également l’habitude pour les produits frais d’aller au marché qui se tient dansle quartier voisin de Rio Comprido.

11 Si la tendance dominante fait que les habitants se fournissent au plus près et au moins cher, lespratiques d’approvisionnement peuvent se diversifier suivant les goûts, le niveau de revenuou les services offerts par les magasins. Ainsi, les habitants de Nova Holanda qui ont un peuplus de moyens préfèrent aux supermarchés de la favela les grandes surfaces situées dans lesquartiers voisins, accessibles à pied ou en van, destinées à une clientèle supérieure et offrantune plus grande variété de produits. Ils y trouvent les produits de marque dont les publicitésdéfilent à la télévision. C’est le cas de Shirley qui a grandi dans un quartier de la Zone Nordde Rio de Janeiro avant de venir s’installer à Nova Holanda lorsqu’elle s’est mariée:

« Je vais faire mes courses au Guanabara sur la place des Nations à Bonsucesso...une fois parmois. J’y vais parce qu’il y a les produits que j’ai l’habitude d’utiliser. Ici, dans les supermarchés,il n’y a pas de marques, les produits ne sont pas de qualité. »

12 Si la marque est synonyme de qualité, acheter ces produits est aussi un signe de prestigesocial témoignant de la participation à la consommation de masse. À Coroado, des habitantsfréquentent également ce type de supermarchés car ils offrent la possibilité de payer enplusieurs fois avec la carte du magasin, ou de se faire livrer à domicile. C’est un avantagecertain compte tenu de l’accessibilité difficile à la favela. Cependant, tous les habitants peuventy avoir recours occasionnellement pour des achats bien précis ou lorsqu’il y a des promotions.

13 Plus rarement, l’approvisionnement alimentaire peut aussi se faire au-delà des quartiersenvironnants. En effet, ceux qui disposent d’un moyen de transport personnel voient leuréventail de choix s’élargir. Ils peuvent alors se rendre dans les grandes surfaces où qu’ellessoient et combiner leurs achats avec d’autres activités.

14 Les autres types d’achats, moins fréquents, comme les vêtements par exemple, ne se fontque très rarement dans les boutiques des favelas. Lorsqu’elles existent, ces dernières sont enmajorité destinées aux femmes et « les vêtements sont chers sans que pour autant cela soit de

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marque » comme le précise Ana, une habitante de Nova Holanda. De fait, elle n’y fait que desachats à l’improviste lorsqu’un article lui plaît ou de dernière minute. Les clients réguliers desboutiques de la favela sont une fois de plus les habitants les plus vulnérables, incités par lapossibilité de régler leurs achats à crédit et de faire l’économie du transport.

15 Les vêtements s’achètent surtout dans le centre-ville, facilement accessible en transport encommun depuis les deux favelas, et où se trouve le Saara, un quartier commercial populairetrès denses qui rassemble des magasins de vêtements et de chaussures, mais aussi des vendeursde tissu, de linge de maisons et de petits articles en tous genres pour la maison. On compteégalement la présence de grandes enseignes d’habillement (C&A ou Rachuelo par exemple)qui attirent une grande partie des habitants des favelas, aussi bien pour leur notoriété et laqualité de leurs produits que pour la possibilité d’acheter à crédit avec la carte de paiementde ces magasins. D’ailleurs, on ne se rend souvent dans ces magasins et même au centre-villequ’au seul motif de payer ses traites. Ces grandes enseignes ont parfaitement compris le profitqu’elles pourraient tirer des populations à bas revenu en leur fournissant des crédits à des tauxd’intérêts élevés et n’hésitent pas à aller prospecter de nouveaux clients directement dans lesfavelas.

16 Enfin, certains habitants font leurs achats dans les shopping centers. Ces derniers présententplusieurs avantages pratiques  : concentration et diversité des magasins, plages d’ouvertureplus grandes, et aussi la possibilité de combiner achats et loisirs dans un même espace. Il est eneffet assez rare que les habitants s’y rendent uniquement pour faire leurs achats. Les shoppingcenters ne sont plus les lieux de consommation réservés des riches, leur intense développementau cours des dernières décennies s’étant aussi reposé sur une segmentation de la clientèle.Aujourd’hui, il existe des shopping centers destinés aux classes populaires qui se distinguentdes autres par leur localisation, le standing des magasins et des prix plus abordables. Toutefois,ces derniers restant supérieurs aux commerces traditionnels des centre-villes, même cettecatégorie est destinée à une population qui dispose de ressources non négligeables. Ainsi,les habitants de Nova Holanda fréquentent principalement le Norte Shopping, situé dans lequartier de Meier dans la Zone Nord, directement desservi depuis la favela par une ligne devans. Plus occasionnellement, ils se rendent également dans d’autres shoppings plus petitsqui offrent certes moins de choix, mais qui sont plus calmes. Dans la Zone Sud, les shoppingcenters sont nombreux et de standing élevé en raison du profil aisé de la population. Leshabitants de Coroado qui le peuvent vont dans les plus proches de la favela : le Botafogo PraiaShopping et le Rio Sul, tous deux situés dans le quartier de Botafogo.

17 Pour certains services comme les banques et la poste, généralement absents des favelas, leshabitants se rendent dans les centres secondaires situés à proximité : Bonsucesso pour NovaHolanda, Largo do Machado pour Coroado. Ils vont à la banque assez rarement, tout au plusune fois par mois, la plupart des opérations pouvant se faire dans des distributeurs ou partéléphone, pour ceux qui possèdent un compte bancaire : à Nova Holanda, ils ne représententqu’un tiers de la population (Ceasm, 2000). C’est également dans ces quartiers que certainshabitants font leurs achats plus spécialisés comme le mobilier ou l’électroménager, mêmeà Nova Holanda où pourtant ce type de magasins existe. Dans le cas contraire, ils sontgénéralement présents dans les centre-villes plus distants.

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Carte 2 : Pratiques commerciales des personnes interrogées à Nova Holanda et à Coroado

Réalisation : Michaël Chetry, 2010

18 Les déplacements par nécessité ne représentant qu’une partie de l’expérience urbaine, parailleurs le plus souvent limités à un seul trajet aller-retour depuis le lieu de résidence,cette approche doit être complétée par les pratiques des habitants en termes de loisirs et dedistractions.

Les pratiques de loisirs : de l’échelle locale à l’échelle de laville

19 Les loisirs, même s’ils sont restreints, témoignent du rapport des habitants à la ville au mêmetitre que les déplacements par nécessité. Tous les loisirs ne sont pas pour autant un facteurobligatoire de mobilité. Dans leur majorité, ils se déroulent à l’échelle de la favela, voire dudomicile. Les pratiques de loisirs dépendent en premier lieu de la disponibilité de temps libreet des revenus pour une partie de la population des favelas, en particulier les plus pauvresqui doivent multiplier les activités ou allonger leur temps de travail pour pouvoir survivre, letemps et l’argent font défaut.

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20 Le domicile est le lieu principal d’usage du temps libre que l’on passe en famille et le plussouvent devant la télévision, l’activité préférée et la plus pratiquée par les habitants de NovaHolanda (Censo Maré). À d’autres occasions, les fins de semaine, ils reçoivent de la familleou des amis, organisent des fêtes et des barbecues sur la terrasse. Les jeunes eux aussi ontl’habitude de passer du temps chez eux ou chez leurs amis, de se distraire sur l’ordinateur, devoir un film, d’écouter de la musique ou tout simplement de discuter. Globalement, on observedes différences dans les espaces de vie des habitants selon le genre et la génération : les femmeset les personnes âgées sont plus enclines à rester à la maison que les jeunes et les hommes. Laplupart des femmes interrogées avouent en effet être casanières et aimer passer du temps audomicile pour faire leurs « petites choses ». Elles se sentent plus à l’aise et en sécurité chezelles, et dans la mesure du possible préfèrent largement recevoir que rendre visite.

21 Néanmoins, le manque d’espace intérieur et la promiscuité des maisons conduit à faire de larue un lieu de jeux pour les enfants et de convivialité pour les adultes. Les jeunes y jouentau ballon ou aux billes, les mères discutent sur le pas de porte, alors que les adolescents seregroupent, filles et garçons chacun de leur côté, autour des placettes ou des coins des rues.Ces activités donnent vie à la rue et permettent d’entretenir la forte interconnaissance quirègne dans ces espaces. Dans certaines favelas, la pratique de l’espace public interne peutnéanmoins rencontrer des obstacles. À Nova Holanda, la présence du narcotrafic est un facteurqui recentre la vie quotidienne à l’intérieur du domicile. Afin d’éviter tout risque pour leurvie, d’enrôlement dans des activités déviantes ou tout simplement les protéger de la vision desarmes et de la drogue, les « bons » parents ne laissent que très rarement leurs enfants sortir dansla rue, en particulier lorsqu’ils sont petits et influençables. Coroado échappe à ces problèmesen semblant être imperméable à la violence. Dès lors, les habitants apprécient d’autant plus depouvoir laisser leurs enfants s’amuser devant la maison en toute sécurité.

22 Toutefois, l’offre de loisirs dans les favelas, à Coroado comme à Nova Holanda, reste faibleet peu diversifiée. Pour les adolescents et les hommes des favelas, la pratique du sport, et enpremier lieu du football, représente une part essentielle des loisirs. S’il est de loin le sport deplus populaire au Brésil toutes classes confondues, c’est souvent le seul que l’on peut pratiquerdans les favelas compte tenu de l’offre limitée d’équipements. Chaque favela est équipée deterrains plus ou moins improvisés et le football ne nécessite finalement qu’un ballon. A noterque les cybercafés, constituent un lieu de plus en plus couru par une partie des jeunes, leurdonnant l’opportunité de se divertir sur Internet ou de jouer à des jeux vidéo à moindre frais.

23 L’activité la plus répandue dans la favela concerne sans doute la pratique religieuse. À l’instardu pays tout entier, la religion occupe une place de tout premier plan dans le quotidien deshabitants. Dans le Complexe de la Maré par exemple, où se situe Nova Holanda, elle concerneplus de 40 % des habitants (Ceasm, 2000). Des lieux de culte sont présents dans la quasi-totalité des favelas, quelle que soit leur taille. Le Complexe de la Maré en compte environ 150,en grande partie des Églises évangélistes, dont les différents courants s’implantent à un rythmesoutenu dans les favelas et les milieux populaires. À Coroado, c’est le curé de la paroisse duCristo Redentor, située dans le quartier voisin de Laranjeiras, qui vient célébrer la messe undimanche par mois et en plein air, faute de local disponible. À l’inverse l’Église évangéliste,présente depuis seulement quelques années dans la favela, est beaucoup plus active. Ellepropose à ses fidèles des activités parallèles au culte plusieurs soirs par semaine (réunions deprières, chants, lectures par exemple) et organise même leur fête d’anniversaire. Ainsi, parrapport aux catholiques qui se contentent de participer avec plus ou moins d’assiduité à lamesse dominicale, les évangélistes ont une pratique plus intense de la religion. L’engagementévangéliste apparaît également plus exigeant et implique le respect d’un mode de vie trèsstrict. De fait, les fidèles ne participent pas à la plupart des activités présentes dans la favelaet sont également absents des fêtes populaires, en majorité liées à la religion catholique,qui sont pourtant des évènements essentiels de la vie sociale locale, préférant organiser desmanifestations de leur côté. À terme, l’ensemble de ces processus contribue à faire desévangélistes, tout du moins des plus fervents, un groupe refermé sur lui-même vivant en retraitde vie collective.

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24 Les autres activités dans les favelas se résument pour l’essentiel à fréquenter les bars etsont donc réservées aux adultes. Dans les petites favelas, comme Coroado, les distractionsnocturnes étant peu nombreuses, les habitants vont chercher l’animation dans les environs.Dans les favelas où la vie locale est un peu plus développée comme à Nova Holanda, leshabitants sortent régulièrement dans les établissements de la favela. D’ailleurs, les jeunesapprécient beaucoup la favela pour son aspect festif. Les week-ends sont très animés, lamusique est présente partout y compris dans les maisons. On se retrouve entre amis dansles bars de la favela autour d’une bière pour discuter et aussi chanter ou danser lorsque cesderniers proposent des karaokés ou accueillent des concerts. Des évènements en plein airsont régulièrement organisés sur la place de la favela, dont les principaux sont le bal funk,qui attire tous les samedis la jeunesse locale venue danser toute la nuit, et les concerts depagode à l’ambiance plus familiale organisés le dimanche en fin d’après-midi. De même,les habitants se rendent parfois dans la communauté voisine de Parque União, qui concentreplusieurs bars et restaurants proposant des spécialités du Nordeste et qui accueille des concertsde forró le dimanche. Par ailleurs, les associations locales organisent également des animationsouvertes à tous comme des bingos ou des célébrations pour la fête des mères et la Saint Jean,festivité traditionnelle du Nordeste. Ces dernières constituent un rendez-vous important pourla population mais restent occasionnelles.

25 Si la plupart des habitants sortent généralement dans leur favela ou à proximité c’est parceque c’est plus économique, plus pratique et plus sûr, notamment la nuit lorsque prendre lestransports est compliqué et risqué. Cependant, que ce soit en raison du manque d’opportunitéssur place ou pour changer d’ambiance, les habitants notamment les jeunes cherchent aussià se divertir à l’extérieur, quand ils ont un peu d’argent à dépenser. À Nova Holanda, lessorties se font le plus souvent dans la zone de proximité, dans les salles de concert et lesdiscothèques des environs. Ce n’est pas le cas de celles des quartiers chics de la Zone Sud quisont inabordables y compris pour les jeunes de Coroado. La seule distraction accessible estlorsque les grands artistes brésiliens se produisent gratuitement sur la plage de Copacabana.Ces concerts attirent d’ailleurs des habitants de toute la ville, et notamment de Nova Holanda.Le centre historique, dont le quartier de Lapa, est également un lieu de sortie privilégié pour sonatmosphère populaire et mélangée, la diversité des activités (concerts, bars, discothèques) et lesprix abordables. Les rues très animées de ces quartiers procurent un sentiment de sécurité. Lesfamilles quant à elles préfèrent des sorties plus calmes comme aller au restaurant, généralementdans les quartiers proches. Dans ce cas, les pizzerias à volonté sont particulièrement appréciéestout autant que le Mc Donald’s quand il faut faire plaisir aux enfants.

26 Parmi les loisirs pratiqués à l’extérieur des favelas, se rendre à la plage ou aller au parc restentles activités les plus courantes. Elles ont en effet l’avantage d’être gratuites (outre le coût dutransport) et d’être réalisables en famille ou entre amis. Véritable institution à Rio de Janeiro,citée comme le lieu de mixité par excellence où toutes les catégories sociales se rencontrentou plutôt se côtoient3, la plage fait partie intégrante du mode de vie carioca et du quotidien.Le carioca aime la plage et s’y rend dès qu’il le peut. Les plus fréquentées sont celles de laZone Sud qui bordent les quartiers de Leme, Copacabana, Ipanema et Leblon sur 10 km, et quisont considérées comme les plus belles de la ville. Chaque plage présente des caractéristiquesdifférentes : Leme et Leblon sont des plages calmes et familiales, Copacabana est plus agitéeen raison de la présence de nombreux hôtels. Quant à Ipanema, elle est préférée en particulierdes jeunes pour la beauté de son cadre, son ambiance et les gens réputés pour être plus beauxqu’ailleurs, critère de choix essentiel à Rio pour un lieu où l’on va aussi pour se montrer.

27 Les habitants de Nova Holanda vont à la plage plus ou moins régulièrement, les fins desemaine. Le choix se fait aussi en fonction de l’accessibilité des plages selon le mode detransport. Pour ceux qui disposent d’un véhicule, il est plus simple et plus rapide de se rendre àIpanema grâce au tunnel Rebouça qui relie la Zone Nord à la Zone Sud. Pour les autres qui sedéplacent en transports collectifs, les vans qui desservent la Zone Sud depuis la favela ont leurterminus à Copacabana. Par exemple les habitants de Nova Holanda se rendent principalementà Leme quand ils ont des enfants et à Ipanema lorsqu’ils sont jeunes, mais rarement àCopacabana. Ils partent pour la journée avec des glacières remplies de boissons compte tenu

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des prix élevés pratiqués sur la plage et de la chaleur. De leur côté, les moins fortunés vontbeaucoup plus près de la favela, sur les plages bordant la baie Guanabara situées à côté duComplexe de la Maré ou de l’Ilha do Governador. Ils ne se rendent qu’occasionnellement surles plages de la Zone Sud qui sont pourtant considérées comme plus agréables et où l’eau estde meilleure qualité. Les habitants de Coroado dont la plupart sont des migrants de premièregénération, n’y vont eux aussi que rarement alors même qu’ils habitent bien plus près desplages. Dans leur majorité, ils vont à la plus proche de la favela, la plage de Flamengo, àlaquelle ils peuvent se rendre à pied et qui présente aussi l’avantage d’être bordée par un grandparc dans lequel les enfants peuvent s’amuser. À noter que les jeunes de la communauté vontà la plage plus régulièrement et préfèrent aller à Ipanema, quitte à prendre le bus.Carte 3 : Pratiques de loisirs des personnes interrogées à Nova Holanda

Réalisation : Michaël Chetry, 2010

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Carte 4 : Pratiques de loisirs des personnes interrogées à Coroado

Réalisation : Michaël Chetry, 2010

28 Se rendre au parc est aussi un moyen pour certaines familles d’équilibrer les loisirs des enfants.Mis à part les parcs qui peuvent exister à proximité des favelas, comme celui de Flamengodans le cas de Coroado, les habitants s’y rendent de manière occasionnelle, comme le fontceux de Nova Holanda au parc Quinta da Boa Vista situé dans la Zone Nord et qui abrite le zoode la ville. À Coroado, certains habitants, en particulier les personnes âgées, font égalementdes ballades dans les environs de la favela, relativement calmes, arborés et qui présentent denombreux points de vue sur la ville. De même, le bord de mer est aussi un lieu de promenadeapprécié et proche de chez eux. Ils profitent alors pleinement de la situation privilégiée de lafavela dans la Zone Sud de la ville, en comparaison des favelas plus distantes, comme NovaHolanda où l’environnement industriel est inapproprié à ce type de loisir.

29 Au même titre que la plage et le parc, le shopping center est devenu un lieu de sortie à partentière pour une partie des habitants des favelas. Comme nous l’avons vu, si certains y fontleurs achats, pour la plupart d’entre eux c’est avant tout un espace de loisirs. Les shoppingcenters n’ont eu de cesse de développer des activités récréatives. Tous ont aujourd’hui uncinéma et de nombreux bars et restaurants, certains ont un théâtre ou des salles de jeuxvidéo. On va se promener en famille ou entre amis, faire du lèche-vitrine, manger un morceauou une glace. C’est aussi un lieu de rencontre prisé par les jeunes. Les habitants de NovaHolanda fréquentent principalement le Norte Shopping pour sa proximité et l’offre de loisir.Les parents y emmènent plus ou moins régulièrement leurs enfants au fast food, s’amuser dansle parc de jeux, ou plus rarement au cinéma. D’autres y vont généralement après le travail

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boire un verre ou manger au restaurant avec des collègues. Ceux qui disposent d’un véhiculepersonnel peuvent se rendre dans des shoppings plus distants qui proposent des activités plusrares comme le bowling par exemple. La pratique du shopping en tant qu’espace de loisir estbeaucoup plus répandue chez les habitants de Nova Holanda que de Coroado, qui fréquententpeu ceux qui se trouvent près de chez eux. Ces derniers apparaissent beaucoup moins attractifscompte-tenu de l’offre importante de loisirs qui existent dans les quartiers de la Zone Sud parrapport aux quartiers populaires. De plus, le malaise lié à l’intériorisation de la différence declasse avec la clientèle attitrée des shoppings de la Zone Sud mais aussi les prix plus élevésqui y sont pratiqués semblent être également des freins à leur fréquentation par les habitants.Au final, certains habitants de Coroado préfèrent les shoppings populaires quitte à faire unplus long trajet. Par ailleurs, le choix peut aussi se faire en fonction de son réseau amical, lapratique du shopping étant une activité sociale à part entière que l’on réalise en groupe.

30 Toutefois, si la pratique des shoppings centers, à titre de loisirs, concerne un plus grand nombred’habitants que les seuls achats, elle reste au même titre réservée à ceux qui en ont les moyens.En effet, consommer dans ces lieux coûte cher, ce qui écarte les plus pauvres avec l’idée sous-jacente que c’est un endroit qui n’est pas fait pour eux. Le shopping center représente pourautant le symbole de la consommation de masse et de la culture standardisée auxquelles toussouhaitent participer, et est devenu un lieu de référence de la société urbaine que les habitantsdes favelas veulent faire découvrir à ses enfants au même titre que les points touristiquesincontournables de la ville. C’est le cas d’une habitante de Nova Holanda, qui connaît lesshopping centers pour y avoir travaillé, et qui a par exemple promis à ses enfants de les yemmener passer une après-midi dès qu’elle aura un peu d’argent.

Conclusion31 Au final, une grande partie des pratiques spatiales des habitants des favelas enquêtés reste

principalement tournée vers la favela et ses environs, pouvant conduire à la conclusion d’unespace de vie resserré autour du lieu de résidence. Pour la plupart, les pratiques du quotidiense déroulent à l’intérieur de la favela –  voire du domicile  – ou au niveau des espaces decentralité les plus proches. Toutefois, ces pratiques, notamment lorsqu’elles ne relèvent pasdu domaine du nécessaire peuvent se traduire par des déplacements à l’échelle de l’espaceurbain, témoignant alors de la recherche de commerces et de loisirs, comme le centre-ville oules shoppings centers, et des espaces publics comme les plages et les parcs.

32 Pour la plupart des habitants, ces pratiques de l’espace urbain, implique cependant desurmonter des difficultés dans leur mobilité quotidienne. On peut citer en premier lieu laquestion du transport, de son accessibilité et de son coût mais aussi le sentiment d’insécurité,largement diffusé à Rio de Janeiro, qui touche d’ailleurs l’ensemble des habitants, toutesclasses confondues. Ainsi la peur, conduit les habitants à limiter leurs déplacements, en nesortant que très rarement le soir et en ne fréquentant pas les espaces inconnus ou peu animés.Cette question de la violence est particulièrement aiguë à Nova Holanda où le groupe criminelarmée qui domine la favela exerce un contrôle des circulations et où les conflits peuvent éclaterà tout moment, empêchant les habitants de rentrer chez eux ou d’en sortir.

33 De même, des différences apparaissent selon la localisation des favelas dans l’espace urbain,le degré de consolidation, la présence de services et de commerces, l’accessibilité, et surtoutles caractéristiques individuelles des habitants comme le sexe, l’âge, le niveau de revenus oude scolarité, ou encore l’ancienneté de résidence en ville. Ainsi, certains se montrent plusdisposés que d’autres à un espace de vie resserré autour du lieu de résidence : les plus démunis,contraints à l’immobilité, des femmes de par leur charge familiale, les personnes âgées qui ontdes difficultés pour se déplacer ou ont peu de raisons de le faire ou encore les migrants récentsqui ne sont pas encore adaptés au mode de vie citadin sont quelques exemples.

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Notas

1  Le Censo Maré est un recensement réalisée en 2000 sur l’ensemble du Complexe de la Maré par uneONG locale, le Centre d’Actions Solidaires de la Maré (Ceasm).2  La compétitivité des prix peut s'expliquer en partie par la forte concurrence qui découle de l'offreconséquente de commerces.3  Il convient de nuancer ici l'aspect démocratique de la plage à Rio de Janeiro, les différences entreclasses sociales ne s'arrêtant pas au sable, les relations entre groupe relèvent plus de la discrimination et del'évitement que du contact et de l'échange. Sur cette question des conflits liés l'appropriation différenciéede la plage à Rio de Janeiro voir Gomes (2002).

Para citar este artigo

Referência eletrónica

Michael Chetry, « L’insertion des habitants des favelas de Rio de Janeiro dans la ville : le cas despratiques de consommation et de loisirs », Confins [Online], 13 | 2011, posto online no dia 19Novembro 2011, consultado o 06 Fevereiro 2015. URL : http://confins.revues.org/7244 ; DOI :10.4000/confins.7244

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Autor

Michael ChetryChercheur associé à l’UMR CNRS Environnement Ville Société (Rives)[email protected]

Direitos de autor

© Confins

Resumos

 Cet article présente des résultats d’une recherche sur les pratiques spatiales des habitantsdes favelas à Rio  de  Janeiro menée dans le cadre d’un doctorat. Il en ressort que loin del’image d’immobilisme qui leur est accolée, les habitants des favelas témoignent d’une bonneexpérience de l’espace urbain dans son ensemble et ont la volonté d’accéder aux différentesressources mises à disposition par la ville, qui est hélas limitée par leur faible mobilité. Maisglobalement, les habitants des favelas sont de plus en plus insérés dans l’espace urbain et vivredans la favela n’implique en rien d’avoir un mode de vie différent de celui des autres urbains.Au contraire, celui-ci intègre les normes et valeurs de la société dominante et ses lieux centrauxet symboliques.

A inserção dos moradores de favelas do Rio de Janeiro na cidade: ocaso das práticas de consumo e lazerEste artigo apresenta os resultados de uma pesquisa sobre as práticas espaciais dos moradoresde favelas no Rio de Janeiro realizada no âmbito de um doutorado. Ele mostra que, longeda imagem da imobilidade, ao lado, os moradores das favelas têm uma boa experiência doespaço urbano no seu conjunto e a vontade de acessar aos vários recursos disponibilizadas pelacidade, apesar de ficar limitada por uma baixa mobilidade. Mas de modo geral, os moradoresde favelas são cada vez mais inserados no espaço urbano e morar na favela não significa terum estilo de vida diferente dos outros moradores. Em vez disso, ele incorpora as normas evalores da sociedade dominante e seus lugares centrais e simbólicos.

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