Aperçu d'un, genr,e iconographiquepeu connu: les auas mfitâfesmanuscrits de la première moitiédu xvtl' siècle
Éuul uoncsx
Dfrrmr l() gi5ements peu exploire' de. biblrorhèques publiqre'de France, surviveot aujourd'hui environ deux ccnt ciûquÂnterecueils maouscrits de places fortes du royaume réâlisés aux XVII'etxvxl siècles. Un grand nombre de ces ouvrages résulte du règle-
meût dc 1774 institué par le duc d'Aiguillon qui dictait aux direc'teurs régionaux des fortifications de " former un atlas pour chacune
des places du Royaume de France" dont une copie devait étredéposée au bureau dcs fortilications de Paris et I'autrc daos chaque
département conceroé'. Ces recr:eils ont été rigoureusement inven-toriés par Nelly Lacroq qui a publié, en 1984, une étude intituléeAtlaj nilitaireJ h llrtrzce 1771-1788'1. Eo revanche, les atlas de lapériodc antérieure n'ont jamais fait l'objet de recensemeni systéma'tique ni d'étude spécifique. Il s'âgit pourtaot d'une viogtaioed'ouvrages datant du rÈne de louis IIII et de la Régence ainsi quede plus d'une centaine de recueils réalisés par des ingénieurs du toi
l Cc rcltlcmcnl dilisé en ùei,e,!ticles qui Brional;sc dans ses mo'ndrcs détdils lâ.onfe.tioo des adas
militailei { été publié par NellyLàcro\ Alat ftililaib * ftdtùf 1774-i788r. Vincennes, docù-ncnt drultigrÂphié, 1981.
l0 rES ÂTLAS MILITAIRES MANTJSCRITS D! TÀ ?REMIÈRE MOITIf DU XVII. SIÈCLÈ
duraot les règnes de Louis Xv et Louis XV. Ces derniers, æuvtesdes * ingénieurs du roy,, corps cÉé en 1691, obéissent progressive-ment â une organisation spâtiele et â des modes de présentâtioncodifiés. À l'iostigâtion de Vauban, les modalités de recrutement er
de formation des ingénieurs sont unifiées et renforcées par le biaisd'exarnens et de contrôlesr. Cefte volooté de standardisation ducorps professionnel se ressent parfaitement à travers les atlesmaouscrits qu'ils produisent où la vision du territoire est rationnellement organisée, selon un principe àe zoam très efficace, en cartegéogrâphique, carte chorographique, plan directeur et plen perricu-lier des fortifications. Par opposition, les ouvrages de la premièremoitié du siècle ne sont pas le fruit d'un coçs professionnel uniÊéet réglemeoté. les ingénieurs dépendent encore de l'organisationâdministretive irstaurée par le Grand Règlenent de Sully en 1604.
Formés in iu par un aiûé, ils sont par la suite engâ#s individuelle-ment par la couronûe et placés dans des provinces ftontalières duroyaume dont ils doivent fournir chaque année les plans et toisés
des places'. Leurs nombreux plans et. griffonements " doot le colle-tionoement étâit irrégulier ont bien souvent été perdus oudispersés. Car, bien que fuchelieu ait demandé en 1637 au secréraire
d'Etat â la Guerre, Sublet de Noyers, de " faire faire des copies de
toutes les instructions, ordres et dépéches importants [...] quipeuvent servir de mémoires â l'histoire ", cette requête ne concer,nait pas les plans iconographiques'. Ce sont bien souvent des juge-
meots arbitraires qui oot sauvé certains documents de la destruc'tion. Preuve en est l'anootation écrite â l'endos du magoifiquerelevé de Saince-Menehould daté de 1633 et signé par B€aulieu quiprécise que " I'on a conservé ce plan en raison de son ancienneté "0.
Aujourd'hui dispersés dans de nombreux fonds en France et â
l'étranger, les atlas hérités de cette période n'oni que peu attirél'attention des chercheurs'.ll nous a dooc semblé pertinent d'ouvrirune nouvelle brèche en étudiant ce type de documents peu prisé deshistoriens de la cartographie miJitaire.
LÂ NOÏON D'ÂTLAS MILITAIRE MANUSCRIT
Le terde d'atlas est â la fois complexe et mal délimité. En carto,graphie civile, il désigne selon le Diaiannaie àe Trévoux paru en
1652 "un livre de géographie universelle qui contient toutes les
cartes du monde, comme si on les voyait du hauc de cette mon-!agn€, que les anciens ont cru étre la plus hâute de la terre, ou
3- Su. I'o.g|nisrtioo du corps desiryénieuls militâirc' âprès l. c!éa'tion du corps des ingénieurs dùRoi, voir Aone Blanchâ!d, LrJ" int't'"i.M rl" Ror' d! La"il XIV àLa"i! xvl ntu tu ûryj &! fadif.d-tto ar. Mortpellie., 1979.
4. Cette organisalion prcfessionnelledes ingénieu.s a déjâ été étudiéepar Dâvid Bùisseret. .Les ingé-ni€urs dù Roi au temps de H.n.iN ". C;Î.H.5, B"lLth d, la k,tia
'/lgr'ogalbit,IXx\ll, 19U, p. 13-84 |
ainsi qùe pâ+aî'François Pernot,
"Les irgénieu.s du Roi 1626-166r.. à^îs Vatbar, Btlht;n /.lioitur ù Gti.,2a. 1970, p.2o-2r.
5. 1688 1988. Iléùai/,.î h l'A/flée,
6. X s âgit de Ia dcrnièrc plarch€ del'atlas 100.onsedé à la Biblio-thèque du S.H.A.T.: R&"?tl l/1,phÆ,* to,tlt kr ilhl on ll .! Jùtet llld poLine de Pionlit aw k cantpdtl;.rliè,8 d. hù! ga,t.notdt 4rlù !t"rit,/r pla /lt cran!,as,t,Lanainc. A/k;'. Ftardft... (sigr,éP,/zrl, lsébastien de Pontaud,sieu. de Beeùlieul).
7. Voir â.e sùiet les plaîs conservérâla British Librxry, dd. mss.,2ll17.
EÀ'III-IE D'ORGEIX tr
8. Di.titiraift d! Ttuorx, Pat;s, Li-braires Associés, 1612. p. 1071.
9. Mireille Pistoureau, .Les atlasimprimés en frrnce avant 1700 ',Itugo MMdi,12, |91!,J, p. 4r-12-
plutdt parce que ce livre porte en quelqu€ sorte tout le mondecomme âdes ". Parfaitement adapté pour les grandes publications
de la deuxième moitié du xvl" siècle, pour ne citer gue le ThcatunofiiJ telarum d'Orrelius, I'emploi de ce terme dans le cadre de lacartographie militaire est souvent abusiP. Iæs atlas militaircs, bieo
que composés de cartes de territoires et de phces représentées en
r.ue cevelière et â vol d'oiseâu, offrent une vision du monde bien
réduite. Leurs représentâtions dépassent rarement les bornes du
royaume et ne sont jamais universelles. Pourtant, le terme est régu-
Iièrement employé aux XVII'et XvlII'sièdes par des iogénieurs mili'taires et des ingénieurs-géographes dont Chastillon, Mailly, Masse
et Roussel ainsi qu€ des iogénieur de la marine tel AntoineChoquet de Lindu"'. 11 révèle d'ailleurs parfaitement la vision du
monde de ces hommes. centrée autour d'une meilleùre définitio.rc:rrographique er milrtaire Je leur propre univcrs.
D'un point de vue formel, la notion d'adas militaire nécessite
également quelques précisions. Parmi les adas manuscrits, il existe
deux types d'ouvreges distincts: les recueils factices nés d'un colla-tionnement ultérieur de cartes et plans, et les ouvrages nés d'uneintention unique, souvent dessinés et rédigés par un seul individu.Dans le cadre de l'étude de la vision cartographique d'un territoireet de l histoire d une periode donnée. .es nuances sont imporuntes.Ainsi l'âtlâs factice 104 de la bibliothèque du S.H.A.T.", qui réuoittoutes sortes de documents qui vont de la minute au plan de pré-
senlation, ne peut pas être regardé de la même manière que I'atlas
des places de Picardie signé de la main du commissaire royalJacques
Aleaume (1638)". Bien que ces ouvrages comporteot tous deux des
cârtes et plans d'ingénieurs de Louis xu, les informations qu'ilsdivulgueot sont différeot€s. L'atlâs du S.H.A.T. offr€ de râres instan-
tanés des phases préliminaires du relevé du tetitoire par les ingé-
nieurs. Ainsi le vis-â-vis de la minute du plao d'Auxonne avec son
plan de présentatioo final est saisissant: il éclaire la façon dontl'ingénieur a posé les points importants de sa constructioo cartogra-
phique et dont il a, par la suite, omis certains détails ou donné " un
air riânt" â son dessin de présentation'r. En revanche, cet atlas ne
peut être utilisé pour définir uo état qr:elconque de la connaissânce
cartographique du royaume : chaque plan étant isolé et I'ouvrage
n'obéissant qu'â une vague organisation géographique s'étiraot àl'est jusqu'à Vienne. Comparativement, l'atlas deJacques Aleaumepossède des vertus différentes. Relié aux armes du duc de Longue-ville auquel il étâit dédié, ses dix-sept planches lavées présentent
rr. lntirllé Rfl.il d! lh"! d/t ùU$ ,l'Iid'i.e, th l;lt"lft, d llùlk"d4 ,l Alh'nagnt, te & la wotL* dase. (t>6t'168)).
12. Recueilld 27 fol. dclaB.N.F..Cab.dcs lit.,Jacqùes Ateâume, Pâ,j /d,i!h Jnûiffi l! P1.aL/it.
10. Sur lcs trav.ux d'Artoirc Cho.quct dc Liodu vô; tsehad Cros,
" Antoi.c Choquet de Liodu: lavic ct I ceuvre d uô iûgénieùr dùXVIII' sièclc', Nq1,,id, 202,
P.3't2.
13. Tassio use d€ cette exp.essionchèrc au Xvll'siêclc da.s I'iotro-ductior de son ourûgq l2jlâd dpnlih h hak' tu frit,ildhr "itht
ei
lietx t\ridilabh!, Pùis, MelchiorTâ!ernier, 1634 (deuxième édi'
32 LES ÂTTAS MILITAIRIS MANIJSCRITS DE LA ?REMIÊRE MOTTIE DU XV ' SIÈCLE
cMb'''9 L. C€r.hrl^Figure 1 :
l\,4atériatisationdu parcours géographique
de Jacques Aleaumectâns 30n aïas
Plans de villes tonUëresde Plcadle pour Monseigneur
le Duc de Longueville,qouvêneut de la Province.
une vision exhaustive des fortifications picatdes durant le premiertiers du siècle et de l'état cartographique de cette provioce. Conçucomme une visite raisonnée des places frontalières, I'ingénieut livreson percours géographique €n parrânr de Calais pour aboutir â
Guise (fig. 1). De plus, la présence du Règlement de Sully(1604) recopié en première page, qui enjoignait les ingénieurs à
toiser et relever les plans de places fortes, atteste de le persistancede cet édit tout au long du règne de Louis xr. Ces exemples illus-trent la diversité de ces deux types de recueils. Dans le cadred'études ponctuelles de places fortes, la publication de planchesissues de recueils factices est importente. Elle permet de faireprogressivement connaître des planches dont Ie recensement systé-matique n'Â iamais été publié. Iæs recueils réalisés d'une méme mainoffrent également des mines d'informatioos tant sur les ingénieursque sur leurs dirigeaots. Conçus comme des livres, ce qu'il nepeuvent devenir en mison de leur vocetion stfatégique, ils pos,sèdent des pages liminaires composées de frontispices, de dédi-caces et de tâbles des matières. Chacune de ces parties permetde connâîtr€ taot les aspirâtions que les sources d'inspirations gra-
Phiques et littéreires de leurs auteurs. Ainsi, Pierre Boyer du Parc
EMIUE D'ORGEIX ,3
14. Su! les (tlectiors d estampcs etde plâôs, voir l'oùvûge d
^ntoineS.ho^ppct. L6 Ctti.tx lx |a"dr;./r, Pa.is, Flammarion, 199,1, vol.II, châp. 8, p. 217 281.
1t. Manuscrit l2ol de la bibliodrèquede I Asscmblée Nation.lc, Re?d7
dc .rntt, lla .t ,*tur^ ,l lù hl'ldtrhal l Ftb18, Dtu Pair Vi.
16. Voi. â ce sujet le volume ouméro 6
ù aztahpt ds dta!.tit.t dt Idùibliorhàqrt,h !'Arurtl, Parts,Bibliothôques publiqucs de
et François Blondel n'hésitent pas à recopier des passages entiers de
Tassin dans leurs ouvrages qu'ils agrémeotent de commentarres
Personnels.Hormis ces collationnements de plans militaires, il existe une
autre catégorie de recueils factices imporrante à souligoet. Il s'agit
des planches rassemblées par des amateurs de dessins, ces u curieux
de papier " qui collectionnaieot aux xvll et XVIII' siêcles plans et
estampes militâires. Ces atlas de places fortes, créations de .co-gnoisseurs ' particip€nt d'une toute âutre volonté que celle des
ingénieurs militaires. les atlâs réalisés par des ingénieurs obéissentgénéralement â des mootages de planches classées selon des
parcours géographiques et stratégiques précis. En revanche, les
collectionneurs classent souvent leurs dessios selon des critères de
format ou de genre''. On passe alors de l'adas militaire au bel atlas
de choix: véritable recueil de morceaux choisis. L'ouvrage hérité de
fa collection du Maréchal d'Estrées intitulé Re. il .k.ane\ planî ct
dewia de fea M le Marerhal d'Btret, D . Pab et V;îe-Aniral de Frante,
divisé en cartes gravées, cartes manuscrites de marine, de batailles,
puis d'uniformes €st représentâtif de ce type d'atlas'r. La biblio-thèque de I'Arsenal possède également plusieurs mânuscrits factices
dc plaos de batailles, d'armées et de villes detânt du temps oùPaulmy d'Argenson, alors adjoint de son oncle Ministre de laGuerre, a occupé le Ministère de la Guerre (175t â u58)''.
Cefte mise âu poin! illustrânt la diversité d'ouvrâges qu'eûglobele terme d'atlas militaire, éclaire les vastes champs d'étude ouvertsâux cherch€urs. Tout â la fois, livres, dessins, cartes, plans, et mé-moires d'ingénieurs, chacun de ces exemplaires livre de multiplesinformations sur l'état cartographique, militâire, architectural, social
er culturel de son temps. ll serait ainsi possible de rédiger des tra-vaux qui soient uniquement consacrés à l'oroementatioo des fron-tispices ou bien â la représentation ârchitecturale du royaume â
travers l'exemen de leurs nombreuses planches. L'ambition duprésent traveil est néanmoins plus modeste. Dans la mesure où lethème de l'âtles militaire manuscrit durant la première moitié duxv["siècle n'a jamais été abordé, il semble judicieux de répoodre àune séne de questions préliminaires. Ainsi, n'existe-t-il que quel-ques exemplaites isolés d'atlas militaires avant le règne de Louis Xlvou bien est-il concevable de parler d'une "génératioo, d'atlâs 2
Auquel cas, quels étaient les différents profils professionnels de
leurs auteurs et quel type de représentâtion cartogrephique du terri-toire ont'ils produit ?
54 LES ATLAS MILITATRfS MÂNUSCRITS DE LA PRIMIÊRE MOITIÉ DU XVU' SIÉCLE
RICLIEILS TACIICES
La création des premiers etlas militaires du royxume est attribuéeâ Louis xlll qui demande à ses intendants et commissaires des forti-fications de rassembler les plans des ingénieurs pour en former desrecreils". Les volumes issus de cette volonté, connus sous le oomd'atlas Louis xII, sont aujourd'hui conservés à la bibliothèque duS.H.A.T.I3 Ouvrâges hybrides, nés du collationnement de plansréalisés durant cette période, ces atlas sont composés de documentsgtavés et manuscrits encollés sur deux recueils. Leur orgaoisa-tion est cooçue en fonction d'aires géographiques stratégiques:frontières du nord, de l'est, du littoral provençal et des bastionsprotestants de Saintong€ et d'Aunis. Leurs frontispices gravés sontr€stés inâchevés, mais les plens manuscrits peuvent être datés de ladécennie 1630-1640. Certains sonr d'ailleun signés par des ingé-nieurs militeires de Louis XIII dont, entre autres, Honoré de Bonne-fons et Sébastien de Beaulieu. D'autres sont signés par leurs succes-
seurs Janssen Régnier ou bien Le Rasle. Ces volumes mettent en
valeur la volonté toyale de posséder une vision globale du territoirede la Couronne. Région par région, différentes sources soût compi-lées afin d'offrir ar-: lecteur un parcours géographique complet. On ydécouvre des cÀrtes des priocipales provinces, des vues gravées devilles par Chasrillon et Tassin, des vues urbaines ainsi que diversplans de fortifications manuscrits dessinés par des ingénieurs du roi.Si l'origine précise de ces compilations iconographiques resteencore floue, I'intention en est explicite I les atlas correspondent â
uoe nouvelle logique spatiale militaire qui vise â mieux connaître leterritoire frânçâis.
Ces atlas Louis XIII oe soot pas uniques. Deux autres recueils
moins connus de la bibliothèque du S.H.A.T. sont égalementcomposés de montages de plans d'ingénieurs avec des planches
gravées". L'atlas 104 possède en pârticulier, en introductioo dechaque plao iconographique, de curieux montages de vues de villespar Chastillon dans la pârtie supéri€ure d€squelles un portrait du roicollé domine la scène. L'atlas 99, assemblé pâr Louvois, est éga.le-
ment intéressant pour ses nombreux plans légendés d'ingénieurs de
Louis )(nt dont certains sont datés de t62,-1630'1o. Hormis le fondsde la bibliothéque du S.H A.T., plusieurs inititurions pârisiennesconservent eussi des ouvrages issus de cette période. Le Cabinet des
Estampes est riche de deux volumes importants hérités de l'ancienfonds de fa bibliothèque Sainte-Geneviêve. lntJ:tulés Re.ueil dr rartzr et
17. Voir Ie câtrlôgue d'expositioô,L'tqan Jiartdû, P{is, A.N., 1981 |aiosi que I'irtodù.tio. éc.ire pârAnne Blaochrd pour lbuvage deNetty bctoq, Aih! ,1,t |bu lat6 ùF n,e (1774 t7u8), o!. ù.
18. Il t'agit des deuxvolumcs d€ Ca.'tes et Pl..s otés CF. 42, coftervés â lâ bibliothèque du S.H.A.T.
19. Ce sont cô pârtidlier l'âtlrs 100,
Rdkil la llaw dc to't ! k û16 otplaat fût$ ,1, ta lntiû( & Pnardie
aM llt .d .! la/lirlièB ù htuîgoqcn%nk q"e & phrkz PlawdeCl4n!a!"!, Londin., Anai!. !'/a"lrt.! d'a,tat Pnti,.tr dt. .tr.lqrq lièga
et pnli* (1630 r6to). ct l'arl^s r04,Pld"! tlit tilh! de Frana, Fldsdt,Hollanù, Attoiç (1167-1684),conscrvés à la bibliothèque dus.H.A.T.
20. Il s'^gir dc hn^s 98, PlaB d,! ûlhlde Ba"rgattc (1638-1686\ er àcl'^rl^s 99, Fa/hf.dtit' , Rî"t;l lItzù dt ptaû folM (1604-t640),tous d.ux .oosenés â l. biblio-thèquc du S.H.A-T-
EMIUE D'ORGEIX 35
21. ts.N.L, Cab. des Est., Id 24 fol. et
2> fol.
22. Biblioihèque Sdnre'Gene!ièvc.Rwilt & PliN dt !laî,1f0/1$.v k'1.
tl iôv. 9t és.; \v fol. tl irv. 96
rés.; 1,J( fol. ,l iov. 97 rés.
plau le ùller faxlieo de Funce, d'ltalie, d'tuPagne et d'All€nag e (1640-
t66l)) et Reneil d.e tun de placu fortu fançairet Vy'ciaknen, de ltilbr
fartifiéet du mrd cle la Frunte (1$a à fitt), ces deux ouvrages
compt€nt une soixantaine de plans d'ingénieurs actifs durant le
règoe de Louis Xllt:'. Quant â la réserve de la bibliothèque Sainte-
Geneviève, elle conserve également trois ouvrages compr€nant de
nombreux plans d'ingénieurs manuscrits datés de cetle période
reliés avec des plans gravés qui o'ont vraisemblablement jâmais
été publiés bien que leur intérét soit primordial". On trouve dans
ces recueils des planches annotées en français, italien et espagnol,
représentatives des travaux des ingénieurs de sa majesté de Ia fin
du xvr et du début du xvll'siècles qui, versatiles, louaient encore
leur compétence au plus offrant à travers toute I'Europe. Au sein
de ces recueils se sontglissées des ceuvres d'ingénieurs réputés dontun plan de la ville et du siège de Soissons parJean de Beins, ainsi
que plusieurs plans annotés en italien des villes de Provence qu'ilserait intéressant de comparer avec ceux d'Ercole Negro. Denombreux plans figurent également des vues topographiques
dessinées â main levée. Tout comme les minutes des atlas 100 et 104
de la bibliothèque du s.H.A.T., ces planches renseignent sur les tech
niques préliminaires du relevé du territoire par ces premiers ingé_
nteurs.
Les plaoches de ces recueils factices forment une riche documen-
tâtion iconographique rassemblaot plus de trois cents plans de
plâces fortes. Leur étude syothétique permet de dégager deux
tendances caractéristiques de cette première moitié de siède. D'unepart, la variété des modes iconographiques et des types de légendes
et d'annotations employés révèle la diversité des formations des
iogénieurs actifs durant la première moitié du siècle. D'autr€ part,
la présence de ce va-et-vient constant entre vues et profils de
villes gravés et plans manuscrits, qui disparaîtra totalement â la findu xvll'siècle, dévoile justement la volonté de ces premiers compi-lateurs de plans militaires. Non cont€nts de rassembler des plans
d'ingénieurs en recueils, l€s montages de planches en adas s'ac-
compagoaient d'un fastidieux travail de "mise en présentation 'des documents par I'adjooction de vues gravées qui devait autant
séduire le roi que les . griffon nemen ts ' qu'elles introduisaient. Ce
que Sanson appellera " un digoe présent et vraim€ot royal , dans
son projet de publication d'un atlas gravé du royaume. Se pro-file alors parfaitement ce qui cohstituera l'une des caracté-
ristioues maieures des atlâs Louis xIV et Louis xv : I'ornementâtion
l6 IF< 411 Ii V I tAtkt. \l^\t ç.t,ff. t,t. . 4 pRt
^,ltlRt Môft I,L \\ l^ rttltt
et le souci de présentÀtion des plans de plâces fortcs du royaume I
tout à la fois ær:vres de prcstige et miroirs dc la puissance royalc.
INITIATI!'ES TERRITORIATES COORDONNÉES :
LES ATLÂS DES PROVINCIS
Si les recueils fâctices constituen! une documentâtion très di-versitiée sur les places fortes dc l_rance et de l'Europe, d'autresouvrÂges dâtânt de la méme périodc offrent une vision pluscoordonnée du territoire : ce sont des atlas militaires, souvcnt
.i,.,...,,," . ,1,,.
Figure 2 :
de Iatlas de PicardiePar Jacques Alea'rme.Plans de vi es frontièrcsde Picadie pour Monseigneurle Duc de Longuevi e,gouverneur de la Province
EMILIE D'ORGED( 3l
21. Bibliôthèque dù Musée Condé iChantiiiy. XVIII E 12etXVllIE ll(volunes datés dc t60l-1604,composés respedivement de 16 ct12 plaochct.
24. B.N.F., Cab. des Est.,rd 27 iol. Ausujcr dejacques Aleaudc, votr 1â
biographic succiocte publiécp^t Hill^ty B^llon, Tbî Pari! alHrri 14 M.LT. P.es,1r91, p.206.
2t- B.N.F-, clb. des Esr., Id l8 fol.
26. B.N.F., C!b. des Est.,Id 26 fol. Ausujct de cct âd,s, voir Antoinc d€
Roùx, .Sebaticn de Beaulieù: lccartographe des siôges et bataillesde laguere de Trente Ans.,, arl_kti" .I! Conité tarydi' /* anog@lhit,110. r99r, p. 23-27.
27. tsibliothèque du Service HÀto-nque de la Manne, Vinceones. SH81 : Potx t btùer de Piu/,lit tt,L Nû-
28. B.N.F., Départemcnt der M,nùs.irs. Ms Ft 1t387 | Bsoia l8 llatald! B agtu totdnt la Suû ddn{h'Lîê alu amat dr Dt. d, Ii Jtlwilh
réalisés d'une seule main, par les ingénieurs en charge dans les
provioces. Ces . visites de places fortes ", tout comme les plâns
isolés de la période antérieure étudiés par David Buisseret, se limi-tent â une définition percellaire du territoie et concerneôt principa-
lement les provinces frontalières du royaume : Picardie, Cham-
pagne, Bourgogne, Provence.
l^a Picardie occupe une place de choix dans les ceuvres des ingé-
nieurs militaires. Elle était d'ailleurs déjà représentée dans les rares
atlâs manuscdts de l'époque antérieure doot les deux volumes aux
armes et chiffres de Henri tv conservés â la bibliothèque de Chantilly
iotltl;,lés : Carter de Picarulie, Boalannai, A ait et ldy l.conqait'1 . Patmi les
etlâs de Picardie cons€rvés, deux ont été réalisés dans les ânnées 1610
pour le Duc de Longueville alors gouverneur de lâ Province. L'un est
signé par Jacqr:es Aleaume, commissaire royal et ingénieur de sa
majesté'?r. Ouvrage soigné, il comport€ un ftontispice lavé et des câr-
touches de cuirs roulés pour chacun des plans présentés â uoe échelle
de 100 à 150 toises autour de la place (fig. 2). L'autre exemplaire, non
signé et de facture moins soignée, reprend exactement l€s mêmes
planches que le précédent etprovieot sans doute de la même source".
Quant au troisième recuellintitulé bs plau dz |ilbr fortifiecJ .t lr thiâttdxl alerdlltls deI drrier du Roi m Picardit, Fldndl$ et Artat (1618),il lltun temps attribué â Sébastien de B€aulieu avânt qu'Antoine de Roux
ne réfute cette attributioota. Cet ouvrage est, eû réalité, l'ceuvr€ de
deux dessinateurs aux manières bien différentes, I'u n accordant beau'
coup plus d'importance ^u
dA.atun et à I'orne/I,entation des planches.
À I'exception des villes de Calais et de Boulogne-sur'M€r, cette série
d'adas est entiètement consacrée eux places de terre en particulier
celles de la vallée de la Somm€. La contreparti€ maritime de ces âtlâs
se trouve dans un autre recueil, réalisé â lamêmepériode, intitulé P0,"6
et ha1,rc! dN Pîald;e et de N7nnandie't . Cet atlas côtler composé de vingF
six planches enluminées sut vélin, relié aux armes de Richelieu, est
conservé au Service Historique de la Marine (69. 3). Il en existait â
I'origine un duplicata dont les planches ort été distraites, découpées
et r€collées sur un ouvrâge plus tardifaujourd'hui conservé au dépar-
tement des mânuscrits de la Bibliothèque nationale de France':ù. Le
réemploi sauvage de ces planch€s, utilisées en dépit des ioformations
caduques qu'elles véhiculaient, illustre bien la valeur accordée aux
représeotatioals iconographiques dans le cadre de la confection des
etlâs militaires dédiés aux élites diriçantes.Plus à I'est, lâ province de Champagne est également représen-
tée par deux etlâs: I'uo conservé au cabinet des Estampes daté de
J8 LES ÂI!45 MIUTAIRES MANUSCRTTS DE I,{ PREùdRE MOTTIÉ DU X!'U' SÉCIÈ
1620 et I'autre à la bibliothèque de I'Arsenal daté de la décennie16{0-1650. L'exemplaire de la bibliotheque nationale faisait partie,tout comme celui deJacques Aleaume, de la collection du duc deIoogueville". ll ne conceroe que les places fortes imporantes de laChampagne et n'est pas annoté. Le second est plus complet.Chacuo des certouches de ses dix-oeufplanches comporte un textedescriptif de la situation çographique et st atégique des placesso.
Les codes de couleurs et les types de televés effectués y sontsoigneusement precisés, Ainsi sur le plan de Rethel, l'auteur oote. ce qui est de rouç est maçonnerie levé avec I'instrument, le restedu dessin estaot pourtraict et ce qui est colorré de terre d'ombre cesont les fortiEcetioos ruinées .. Cette informatioo est imDo.tenle.
29. B.N.F., Cab. des Est., Id 19 fol.Pla"r da lhu îo tièt$ dt Ctaù-
30. Bibliothèque dc I'Afsenrl. Mstrrr. Atla du llt  d. Cb4!"!etu.
Figure 3 :
Plan de Sâint-Valéry-en-Câùx dansPorB et hawes dê Picadle et cle Nomândie,
{s.H_M. qH. at.
ÉMILIE D'oRGELX )9
11. Il €st ainsi pôssible de suggérerque I'ingénieùr Le Rasle, €nvoyépar Ma:ario en 1644 pour étâblirdes plans des places de Cham-pagne er fte ùo état des fonifi@'tioos at été à I o.igine des .êpré
seûûliom de cer adas.
elle m€t en val€ur les priorités de cet ingénieur, envoyé pour rendre
compte de l'état des fortrfications et des travaux â faire dans cette
région et non pas pour en effectuer le relevé cartographiquej'.
Figure 4 :
Fronlispice de I'atlas de Jean auger.Plans de villes fortiliëes sul
l'ocêan, la néditerranée, la Manche,la Mer clu Nold dessinés par
Jêan Auser provençal en 1652.(B.N.F., Esl. vl 5)
40 LES ATI.AS MIIITAIRES MANUSCRITS DE LA PREMI]qRE MOITIÉ DU XVII. SIÈCII]
Les atlas de la première moitié du siècle fonr également la pertbelle à la Bourgogner', que l'on retrouve décrite dans trois recueils.Ce sont esseotiellement les places de I'est du Duché qui sont repré-sentées dans ces trois ouvfiges datés de l'année 1638 et dont lesplanches, similaires d'esprit, sont enluminées sur parchemio. Lepremier est un magniÊque ouvrage signé par I'ingénieur militaireSainct Esprit', conservé â la réserve de la bibliothèque de laSorbonne. Le deuxième, noo signé, est la possessioo du départe,ment d€s Cârt€s et Plâns de la Bibliorhèque nationale de Francera.
Quant au troisième, conservé â lâ bibliothèque du S.H.A.T., il a étéoffert par le Grand Condé, alors duc d'Enghien, â Louis Ir deBourbon, lorsqu'il avait d!-r-neuf ansrt, et concerne les places fron-tières dont il assure l'intendance durant l'année 1640. Guvre decourtisan daos lequel Condé offre " les essais de son esprit et de sa
main ', cet atlas est différcnt de ceux abordés antérieurement. Mémesi ses planches de grande qualité sont probablement l'ceuvre d'undessinateur plus chevronrié, le choix d'un adas militaire commeprésent n'est pas anodin: il atteste du prestige grandissânt de ce
type de recueil durant la première moitié du siècle.
En dernier lieu, au sud est du Royeume,la province maritime deProvence fait I'objet de plusieurs relevés pâr des ingénieurs de sa
majesté, des scientifiques locaux ainsi que des officiers de la Marine.Les premiers,Jean de Beins et Simon Maupin, tous deux ingéoieurs,sont les auteurs d'un magniÊque recueil intitulé Plant * cates futProtincet de Pratmce, Ian*udl., aanté Da1)ignan et Plifia;partl d'Orunge,
dâté de 1628-1632, qui est aujourd'hui la propriété de lâ Société desAmis du Musée du Vieux Toulon. Les seconds sont des scientifi-ques provençaux: Jacques Maretz, maitre de Mathématiques â
Aix-en-Provence, auteur d'un splendide ouvrage sur les fortifica,tions maritimes de Provence (1636)16 et Jeân Auger " Provençal,r'qui signe durant la Régence deux Àtlâs de places fortes dont I'undédié aux places de la Méditerranée (fig. a). Enfin, une troisièm€æuvre, dessinée per l'ingénieur de la marine François Bloodel, inti-tuléc L'Atht da plltret fu Prow ce (t65tl" esr conservée au ServiceHistorique de la Marine de Vincennes (tg. 1).
Ces ouvrages, à l'exception de l'atlas de Beios et Maupin, déve,loppent un mode iconographique différent de celui des ingénieurs :
dessinés à Ia plume et à l'encre leurs planches ne sont ni lavées oienluminées. Il faut probablement voir dans cette caractérisdquel'influence de la manière de . dessiner à la plume avec liberté , divufguée per Jâcques Callot, ingénieur de son altesse de Lorraine au
12. Interdarc ûéée eô 1629 et défini-tive en 1631 qui inclut, oùrrc lcduché d€ Bourgogre, les pro-vioces d'Aùxonre, Chârôlais. Mi-con.ts d Auxer.e, d€ Bar, puis lcs
te.rito;es acquis prr Herri IV I
Bresse, Bugey, Valromey .t pays
ll. Ms.98- I ne seoble existe. aùcu n e
recherche sur l, cârrière dc SainctEsp.ir.
34. Dépeltement d€s Cartcs et Plans.Rés. Ge. DD. 2662.
lt. Atlas 97 de la bibliothèquc duS,H.A.T.
16. Bibliothèqùe Méjeânes d Aix-cn'Ptulen e, D{.til!ia" */$tu| et pattc ière da.otta t ûkt l( Pr|ktuMs 70t_
17- Auge.6t mentiônné u^€ fois dinst oùwge Tû' et iug! d, Ptuk,(.,Avigooo, 1991, en tânt de.voya-
)8. Fnbçô;s Btoodel L6 lk"! !tuflJ tda'x tu plae! tuiins .h Pn,ndlar h !ù"/ Bk"d.d, S.H.M. S.H. 86.
ÉMnlI D oRGErx 4t
FT nF\/lç r-\F I r s't-Â -r
'DLS PLACI-ç M RiTiNtr.S
DT PROVLNCT.,t R!.o DU- M,\Rl'r)tl/r rL![ , i
3e. Jeân.Marc Dcpluvre,, "Nob1eJacques CalLor, insénieur de son
altese de r!iia;n.", daos /.rdQllkt (1J92 l()tt),Patis. RM.N.1992, p. 181'19iJ.
40. Ch.istophe T^ssiô, Ph t pt,'lilzdt ptiwipah! ùllt tL k Pnti"a dl
Figure 5 :
Frontispice de l'atlas de François Blondel.Les plans, ptoîils et devis
des places naritimes cle tuovencepar le Sie,]r. Blondel-..
(s.H.M., S.H. 36)
début du règne de Louis XIII et celle de lâ cârtograPhie grâvéer'. Les
éditions successives des Plaw a pnlilz lzt ùlhs de 14 lnl)inl t* Plarenft
par Tâssin à partir de 1634 fo.ment la base de ce tyPe de représeota_
tion cartogmphique à la plumel". Les planches de Blondel s'inspi-
rent d'eilleufs largement de ces vuesgtavées de places fortes (fig.6).
Maretz était rompu à I'art de la gravurc ct quant âJ€an Auger, ses
Ll\,\Tl1s \lll.lT:\lRl5 \l{\( \( Rff_( Dl t \ pRf\lllrtt|r \ofllt Dl \\']| \I|(lt
nlrnutieuscr planchcn manu5critcs \onr rrè\ pftrchcs tlu trar':ril d'unl,Lrriniste (lig. 7).
La pri(lomin:rncc dcs provinces ffontâliarcs et côtières drns lcs.rtlis de cctte par(,(l(' n cst plts érorlnrnrc; cllc sont toutcs lc siègcrlc conillts tlurant l.r gucrre rie lrcntr
^ns €r cl)rstitucnt des
h.: t,../t.. lr .;,1. :.a,r,.ti, ,: i,.it-r | | t !/i r..i J | | | \ n" d,, r. t'\ rnrl
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vue du chârea! d.i par r,""0",53''#.u"Les ptans, prafils et devts des places natitines
de Ptovence pâ. te si:ur Btondet I
provinces bouclieLs, prnlorrlirlcs pour lx prore.rion clu royuumc.l.r Picatlrt ct L (-hâmprgnc sont rles étrpes ct (lcs poinrs dcdcpfft dcs rttâqucs conrrc les Prls Bas. l_cs ,tLs rle Flourgognesont dcssrnés cn plcire gucrre de Jix âos (1636,16..16). eurnt ruxcritcs dc lrr l)rovcncc. elles sont le Iicu de p:rsslgc dcs ror r.r esprgnolscntrc Nq)les, Gêncs er l'lr\Pegne er font l'objrt Licpuis les éttits deSîint Germain (r626) et dc Privâs (t(,29) df relevés ranogrrphiqLrcsprécis.
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llrl[lli D'oRGEtx
LINE DËFINITTON S\NTHÉTIQLITDU TERRITOIRI FRÀNçAIS : L'CEUVII-E
DE PIERRE BOTT& SIETIR DU PARC
Mis à part ces atlas qui rcnd€nt compte dc fâçon précise - bien
que morcelée du territoire de la couronne, il existc également,
datant dc la méme période, uoe (æuvre singulière qui offre une
vision synthétique du royaume. C'esr le travail de Piefte Boyer,
sieur du Prq, I'un des premicrs professionnels à porter le titred'ingénieur des Ponts et Chaussées, charge créée en 161t pour
Vue de lvlonaco par Jean Auger.Plans .le villes lodiliées sut locëan,la mëditerranée, la Manche, la Met du Norddessinés par Jean Auger provençâl en 1652.
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4 I.Es ATUIS MILITÂIRES MANUSCRITS DE LÂ PRBÀ{3RE MOII.IÉ DU XVtr' SÈrq.E
reûIplecer celle de grând Voye/'. Piene Boyct parcourt le roy.umepour coofcctioooer scs reoreils peodant . l'cspace de quatorze e(rs
[,..] a rechercher les lieux des inondatioos & submergemerts desrivièrcs, comme aussi les Éparations dcs podts, chaussés et grandschemios de France [...] ,. OuEe les cheoios et lcs voies oavigables, ils'occtpe aussi de relever " lcs plans geographiques, topogrephiqueset P€rsP€ctives deJ places fotes qui sont le long d'icelles,. Auteurde cinq recucils conservés à la Bibliotheque nationale de Fraoce
doot certeins iealirê ..vec l'âssistaace des iogéaieurs géographes ,ainsi que de plusieurs plans rcliés daos uo volume de la biblio-thèque municipale de Grenoble, I'ceuvrc de Piene Boyer couvreênûèremeot le teritoiae de la couronne". Au sein de cette oro-duction, les atlas hydrographiques et neuriques p*dominent".
41. Ddovilc I ooté I'inport.lce dêet rut u. d|!s . clftes dcs pL..sprotêstantcs eo 1620 dessiûécsâ l. fiû du règoc dc Luis )(ltr',d^is Jotlncl dtt Saoatttr, 1968,p, 2l{-2{3 ; PierÈ Boy€r c't çgrlêment I'aut€ù d un Ntli! de placca
ét|l,agères iîtitu'lê Totu $z$iànd. lz drftil,iû d4 a" Srore;(4,tologêlbiqts d l.npcti"q da
"i a.,
/ct6 fodifhr dr ll,Ji.rl' Wirlq
42. Ms. {169. C.rt€s dc Pi€ft. BoFrdu Pitq dan! ùo oueng! aoûs.aéaui édit! foyrux er .rrêts durcosêil du Roi do'rods dc Cù.d6Ix t lrub XIV.
.{.{. B.N.F., Crb. der EsL, Id t4 fol.,Tow Fcnb ù b ùciltion & la rortgéograPbiqk .t bt&og.zlbiqe L'àa;l,a da Rbôw tt & Gan tN ; ld rttuL,Ton mîd d. b Aeptio"ù lz&ë ghslafuiqu ê b&owhiqa dalitiàtt d. $itt ê ltk; et W. déC.fts cÎÈ,os, ùtbaloga da tuinart' nehn iùog4lbiq"a d gbga-lb;q"6 & lz rs o.tut'.t & q.@rcaltu! tlttistt de la n/,ttdiuftanhôa$ Lt lld! da oilh à fû.
lirtlLlr D oRcEtx 45
-'+ *.*\ ':!:' 'l 'jt
Figure I :
Plan de Allais par Pierre Aoyer, sieur du Parq.Tome premier de la Dssciption dè la carte géogrcphique
et huclrognphique des rivières de Bhone el Garonneel des rivieres y alêscendants,,.
(B.N F, Esr, d 27lor.).
Lf5 ATLAS MILTTAIRII5 MANUSCRTT\ DE LA PRLMIERF MOITIÉ DU XVII' S|FO F
ouvr4ges décrivent les grands cours d'eau (Rhône, Garonne, Seine,
Loire) et les fronts de mer du royaume (Océan, Méditerranée),tout en détaillant pour chacun les plans des villes, places fortes etports qui les bordent (fig. 8). Ces recueils sont partio. ièrementintér€ssânts tant poùr leur vaste échelle cartographique que pour les
mod€s d€ présentâtion adoptés. Ils représenteot de façoo synthé-tiqu€ l'intérieur du peys, les côtes du royaume et les places fortes
des régions concernées. De plus, les types de leprésentâtion adop-tés sont peu conventionnels. Pierre Boyer méle à plusieurs reprises
vues gravé€s et cartes manuscrites. Néanmoins, à la différence des
tecueils {actices étudiés ptécédemment, les vues et les profilsurbains de Tassin que Boyer utilise, organisés en fonction d'unparcours géogtaphique précis, ne sont pas des réemplois. Chacurede ces estampes est soigneusement grâvée err hâut d'une page vierge
en dessous de laquelle un brefhistorique de cheque ville est écrit â
la maio. Une fois de plus, ce type de présentation illustre la diversité
de mise en forme utilisée pâr les auteurs d'atlas de la premièremoitié du siècle.
Pierre Boyet est eocore I'auteur d'un troisiême ouvrage intituléLet la lien tian\hant dt Grand Ahide Ga aù Loai XIlr, qui traite des
plâces fortes protestantes " ou se voy€nt aussy les plans des fortifi-cations des villes que lesdits Religioooaires tenoient en leur obéis-
sance J'. Il détaille dans sa dédicace â Louis xltl les longues techer-
ches enueprises pout rendre compte de .la scituation des places
d'ostages & de seureté que tenoient cy devant ceux de la Religion
Prétendue Réformée au nombre de deux cent soixante & douze " etsouligne qu'il a .levé les plâns de leurs fortifications ânciennes &nouvelles comme [...] ceux de quetorze sièges de villes, par euxten"es [. ]". On retrouve dans ce recueil les plans manuscrits d€s
principales villes frontières du royaume mais également des plans de
petites bourgades fraoçaises rarement représentées en cartographiemilitaire telle Carmaiog dans le Lauragais (aujourd'hui Caraman) oubien Albiac en Quercy. L'exemple de cet ouvrage est unique : Pierre
Boy€r est le seul auteur de cette période à avoir légué une ceuvre
cartographique manuscrite conçue â échelle nâtionale tout en ayântr-rne vision à la fois politique, militaire et religieuse des places fortes
oe soû ePoque.
À I'instar de la oajorité des atlas de cette période, le travail de
Pierre Boyer est etroitemenr lié a celui deç Srzveurs contemporains.En dernière page de son ouvûge L6 laur;efi tliampbar$,irn
^cte sigtré
le l0 iuillet 1643 parJean Mel, ingénieur militaire,Jean Boyer, Simon
44. B.N.F.. Dépârtcment des Mrôuvcrits, Ms. F.. ltl84.
ÉM[rE DoRcEtx
1t Notamûcnt â la Bibliôthèque dùS.H.A.T., au départemeot d€sC,nes et Plaq dc lâ B.N.!. Àinsi
qù'â l, bibliothèque de l'Asscm-
Gruil et Pierre Nègre, tous trois maftrcs de mathématiques ainsi quepar le graveur pârisien Melchiot Taveroier, atteste de la véracité des
plans . tant des villes tenues [...] par ceux de la religion preteodue
r€formée que les plans dhostâges et de seureté, et de I'intérét de la
publication de ce travail "qu'il serait tres expedien et necessarre
quelles fusseot donnez au public pour servir la rnemoire du feu royLouis Treizième '.
CONCLUSION
Ce bref aperçu de la production des atlas manuscrits réalisés
durant la première moitié du xvll' siècle dévoile le vaste éventail des
expérimentations cartographiqu€s mené€s durant cette période. Dela minute au plan de préseotation, du parchemin au papier, de
I'enlumioure au lavis, du dessin â I'estampe, du plan âu sol au proÂlurbain, ces recueils cumulant supports, zrlà et modes de représen-
ùetions différents illustrent la diversité et la richesse de ce typed'ouvrage. Considérant qu'il y avait environ soixante ingénieursmilitaires â la lin du règne de Louis Xt[ et uÂe moyenne de troisceot cinquante durant celui de Louis XtV, la production d'atlas de la
première moitié du siècle est tout â fait hooorable. Pourtaot, les
travaux manuscrits de ces ingénieurs ont été rarement publiés. Deuxraisons majeures â cela : il n'existait pas de recensement régulier des
iogénieurs militaires qui louaient encore leurs compétences aux plus
offrants et leurs travaux iconographiques, réalisés avant Ia créationdu dépôt des cartes et plans, o'ont pâs été systémâtiquementconservés. Quoiqu'il en soit, il n'est plus aujourd'hui possible
d'envisager l'écude de I'ceuvre des ingénieurs militâires du roiduratt l'époque modetne sans prendre en compte les ouvrages
réalisés durant lâ première moitié du siècle. Les adas militaires quenous venons d'étudi€r témoignent de la contiouation et de l'âvance-
ment sous Louis XIII et pendant la Régence d'une politique de
relevé coordonné du territoire instaurée pâr Herri Iv. Ce sont ces
travaux qui vont permettre aux ingénieurs de Louis )OV d'entre-preûdre des ouvrages plus ambitieux et de réaliser de véritables
" séries u d'etlâs des places de France dont plusieùrs collectioûssurvivent âuiourd'hui dans les fonds parisiens". Sans ces précieuxr€levés qui ont formé une base cârtographique solide sur l€ territoire du royaume, le travail poursuivi durant la période Louis xwn'aurait certainemeot pas eu le méme lustre. Une fois cette brèche
ouvert€, il s'agit maintenant de démêler les lieos qui unissent
I"BS ATLÂII MIUTA]RES MANUSCRflS DB LA PBTÀdRE MONd DU XVtr' SÉC[.B
ingénicurs et gravcurs et d'individualiser lcurs manières propres.Câr ri IôH Leoglet du Fresnoy daos se rlddà0& lorÊ âtdiî lbiûitypubliée ell 17]t ûotait justeDeot . qu'on oc commenç. en Frarce a
bien o tiver tagéographie que sous le rÈgoc de Louis XIII,, il resæ
eocoic â accomplir ùû ûiautieux tr.vail dc rrd|ertùc et d'attibu-tion poùr rendre un juste homm4ge à chactn de ccs premiers carto-graphcs oilitrires du royaume de Fraoce. I
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