Boulestin B. (2012) – Aperçu des pratiques autour de la tête du Néolithique au premier âge du...

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Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d’interprétation en archéologie Actes de la table ronde pluridisciplinaire, musée national de Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne, France), 14-16 octobre 2010 Sous la direction de Bruno Boulestin Dominique Henry Gambier BAR International Series 2415 2012

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Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes

d’interprétation en archéologie Actes de la table ronde pluridisciplinaire, musée

national de Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne, France), 14-16 octobre 2010

Sous la direction de

Bruno Boulestin Dominique Henry Gambier

BAR International Series 2415 2012

Parmi tous les restes humains mis au jour à l’occasion de fouilles archéologiques, ceux appartenant à la tête osseuse  constituent une  catégorie bien particulière.  Sous-représentés,  voire absents, dans  certains  sites,  ils  sont au contraire  surreprésentés dans d’autres et  ils  témoignent  fréquemment de  traitements  spécifiques, allant de simples manipulations jusqu’à des préparations complexes. Ces restes crâniens appellent donc une réflexion particulière, mais qui faute d’un cadre de référence sur lequel l’appuyer, en l’absence de sources directes, conduit le plus souvent à des interprétations succinctes.Ce constat a conduit à organiser une table ronde pluridisciplinaire, réunissant des préhistoriens, des archéologues, des historiens, des anthropologues biologiques et sociaux pour un débat sur  la question des pratiques autour de  la tête en archéologie. Elle s’est tenue en octobre 2010, au Musée National de Préhistoire aux Eyzies-de-Tayac (France). Cette rencontre avait pour objectif, d’une part d’élaborer un cadre de référence à partir des données ethnohistoriques, d’autre part de mettre ce dernier à  l’épreuve des faits archéologiques, en s’appuyant sur des synthèses couvrant  l’ensemble des périodes depuis  le  Paléolithique moyen  jusqu’à  la  fin de  l’âge du  fer.  Le présent  ouvrage  réunit  l’ensemble des contributions présentées à cette occasion.

From all the human remains discovered during archaeological excavations, skulls and skull fragments form a very specific group. Whereas they are under-represented or even entirely lacking from some sites, they can be over-represented at others, where they often show specific treatments ranging from simple manipulation to more complex interventions. A special study is therefore needed for these cranial remains, but the lack of any reference framework and direct sources often lead to superficial interpretations.In the light of these observations, a multi-disciplinary round-table gathering of prehistorians, archaeologists, historians, physical and social anthropologists on the topic of treatment of the human head in archaeology was held in October 2010 in the musée national de Préhistoire (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne, France). The purpose of this meeting was to create on the one hand a reference framework based on ethno-historical data, and also to apply it to the archaeological facts with the help of syntheses from all periods, from the Middle Palaeolithic to the end of the Iron Age. This book presents all the contributions made during this round-table.

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Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes

d’interprétation en archéologie Actes de la table ronde pluridisciplinaire, musée

national de Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne, France), 14-16 octobre 2010

Sous la direction de

Bruno Boulestin Dominique Henry Gambier

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Parmi tous les restes humains mis au jour à l’occasion de fouilles archéologiques, ceux appartenant à la tête osseuse  constituent une  catégorie bien particulière.  Sous-représentés,  voire absents, dans  certains  sites,  ils  sont au contraire  surreprésentés dans d’autres et  ils  témoignent  fréquemment de  traitements  spécifiques, allant de simples manipulations jusqu’à des préparations complexes. Ces restes crâniens appellent donc une réflexion particulière, mais qui faute d’un cadre de référence sur lequel l’appuyer, en l’absence de sources directes, conduit le plus souvent à des interprétations succinctes.Ce constat a conduit à organiser une table ronde pluridisciplinaire, réunissant des préhistoriens, des archéologues, des historiens, des anthropologues biologiques et sociaux pour un débat sur  la question des pratiques autour de  la tête en archéologie. Elle s’est tenue en octobre 2010, au Musée National de Préhistoire aux Eyzies-de-Tayac (France). Cette rencontre avait pour objectif, d’une part d’élaborer un cadre de référence à partir des données ethnohistoriques, d’autre part de mettre ce dernier à  l’épreuve des faits archéologiques, en s’appuyant sur des synthèses couvrant  l’ensemble des périodes depuis  le  Paléolithique moyen  jusqu’à  la  fin de  l’âge du  fer.  Le présent  ouvrage  réunit  l’ensemble des contributions présentées à cette occasion.

From all the human remains discovered during archaeological excavations, skulls and skull fragments form a very specific group. Whereas they are under-represented or even entirely lacking from some sites, they can be over-represented at others, where they often show specific treatments ranging from simple manipulation to more complex interventions. A special study is therefore needed for these cranial remains, but the lack of any reference framework and direct sources often lead to superficial interpretations.In the light of these observations, a multi-disciplinary round-table gathering of prehistorians, archaeologists, historians, physical and social anthropologists on the topic of treatment of the human head in archaeology was held in October 2010 in the musée national de Préhistoire (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne, France). The purpose of this meeting was to create on the one hand a reference framework based on ethno-historical data, and also to apply it to the archaeological facts with the help of syntheses from all periods, from the Middle Palaeolithic to the end of the Iron Age. This book presents all the contributions made during this round-table.

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Crânes trophées, crânes d'ancêtres et autres pratiques autour de la tête: problèmes

d'interprétation en archéologie

Actes de la table ronde pluridisciplinaire, musée national de Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac

(Dordogne, France), 14-16 octobre 2010

Sous la direction de

Bruno Boulestin Dominique Henry Gambier

BAR International Series 2415 2012

Published by

Archaeopress Publishers of British Archaeological Reports Gordon House 276 Banbury Raad Oxford OX2 7ED England [email protected] www.archaeopress.com

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Crânes trophées, crânes d'ancêtres et outres pratiques autour de la tête: problèmes d'interprétation en archéologie. Actes de la table ronde pluridisciplinaire, musée national de Préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac (Dordogne, Fronce), 14-16 octobre 2010

© Archaeopress and the individual authors 2012

ISBN 978 1 4073 1013 8

Front cover: Her)(heim (Rhénanie·Palatinat, Allemagne), Rubané final: dépôt de crânes dans le fossé e)(terne de l'enceinte. Ph . Fabian Haack, GDKE Rheinland-pfall, Direktion Archaologie, Speyer.

Back cover: Coupe crânienne de la grotte du Placard et crâne d'ancêtre de l'ile de Paques. Ph. Dominique Henry-Gambier et Pierre Cattelain, collections MAN et MRAH.

Printed in England by CMP (UK) ltd

Ali BAR titles are available from:

Hadrian Books ltd 122 Banbury Raad Oxford OX27BP England www.hadrianbooks.co.uk

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de ce que nous ignorons, préliminaire à une réflexion plus poussée qu’il conviendra sans doute de développer dans les années à venir. Pour ce faire, je considèrerai essentiel-lement le territoire de l’actuelle France, avec quelques ex-cursions ponctuelles dans des pays limitrophes, sans idée d’exhaustivité. Je ne traiterai par ailleurs pas le Michels-berg, dont les spécificités font qu’il justifie une présenta-tion séparée (Jeunesse, ce volume, p. 99).

néolithique

Pour l’époque néolithique, je distinguerai deux cas géné-raux selon le contexte de découverte des restes crâniens : les ensembles classiquement reconnus comme funéraires d’une part, en dehors de ces ensembles d’autre part.

Dans les ensembles funéraires

C’est au sein de ces ensembles que les pratiques autour de la tête sont les mieux caractérisées pour la période. Elles se traduisent par trois types de situation : des anomalies quantitatives des restes crâniens, qui peuvent être soit des

Lorsque l’on évoque les pratiques autour de la tête en Pré- et Protohistoire européenne occidentale, assurément celles qui viennent en premier à l’esprit sont celles du Mésoli-thique et du second âge du fer, traitées par ailleurs dans ce volume. Pour le long intervalle qui sépare ces deux périodes, on trouve généralement quelques cas particuliers à citer ou l’on mentionne le phénomène des rangements ou reprises de crânes dans les ensembles funéraires du Néo-lithique, mais l’on peine à faire émerger une vision d’en-semble de ces pratiques, plus encore à distinguer parmi elles quelque chose que l’on pourrait rapprocher des têtes coupées antérieures ou postérieures. De cette constatation, découle naturellement une question fondamentale : ces apparents « âges obscurs » pour les pratiques autour de la tête, en particulier coupée, correspondent-ils partiellement ou totalement à une réalité ou faut-il plutôt les expliquer par l’état de la recherche ? C’est à cette question que je vais tenter d’apporter une première réponse. Elle ne se veut ni complète ni définitive : il s’agit seulement de donner un aperçu global de ce que nous savons, ou croyons savoir, et

APERÇU DES PRATIQUES AUTOUR DE LA TÊTE DU NÉOLITHIQUE AU PREMIER ÂGE DU FER

Bruno Boulestin

Résumé : Pour les cinq millénaires que couvre la période allant du début du Néolithique à la fin du premier âge du fer, l’étude des pratiques autour de la tête se heurte au problème de la validité et de la représentativité des données : datations imprécises, contextes ambigus, rôle des processus taphonomiques dans la constitution des assemblages inconnu, manque d’inventaire critique, absence d’examen détaillé des restes humains. C’est en particulier vrai pour les ossements épars en contexte d’habitat, dont les caractéristiques (quantité, composition, etc.) restent aujourd’hui inévaluables. Malgré tout, en laissant de côté les cas particuliers que sont les têtes dans les fossés d’enceinte du Michelsberg et les coupes crâ-niennes associées à du cannibalisme, on peut retenir deux points. Le premier est l’extrême rareté des têtes coupées pour l’ensemble de la période considérée : absentes au Néolithique et au premier âge du fer, on n’en compte pas plus de deux pour l’âge du bronze. Il y a là un net contraste avec le Mésolithique, qui précède, et, surtout, le second âge du fer, qui suit. Pour ce dernier, il paraît difficile de trouver pour la pratique de la décollation une origine dans une coutume antérieure. Le second point est la constance, sur plusieurs millénaires, d’un lien apparent entre pratiques autour de la tête et funéraires, qui semble traduire l’existence d’une tradition ancienne de manipulation ou de conservation des restes des parents en Europe occidentale.

Abstract: During the five millenaries from the beginning of Neolithic to the end of the First Iron age, the study of prac-tices involving the head comes up against the problem of the validity and representation of the data: imprecise dating, ambiguous contexts, unknown role of the taphonomic processes in the constitution of the assemblages, lack of critical inventories and of detailed examinations of the human remains. This is particularly true for scattered bones found in settlement contexts and whose characteristics (quantity, composition…) cannot be estimated today. Nevertheless, if we do not take into account the particular cases of heads coming from Michelsberg enclosure ditches and cranial cups as-sociated to cannibalism, two points can be noted. The first is that cut heads are extremely rare for the considered period: none are known for the Neolithic and the First Iron age, and only two for the Bronze age. There is a clear contrast with the Mesolithic, just before, and above all the Second Iron age that follows. For this very period it seems difficult to find an origin for the beheading practices in former habits. The second point is the constancy over several millenaries of an apparent link between practices involving the head and funerary practices, which seems to express the existence of an old tradition of handling and conservation of relatives’ remains in Western Europe.

Bruno Boulestin : Univ. Bordeaux, PACEA, UMR 5199 (équipe « An-thropologie des populations passées et présentes »), Bât. B 8, avenue des Facultés, 33405 Talence Cedex, [email protected]

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Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d’interprétation en archéologie

des os du squelette postcrânien, notamment les grands os longs des membres, aussi bien au Néolithique moyen (Souris, 2006) qu’aux époques postérieures (Bendezu-Sar-miento, 1999, p. 70-73).

Moins fréquents que les déficits, des excédents de restes crâniens sont également documentés. Pour le Néolithique moyen II, on peut de nouveau citer la nécropole de Bou-gon, où le remplissage supérieur du tumulus F0 n’a prati-quement livré que du crâne, ce qui a fait dire que seul cet élément était apporté dans le monument (Mohen et Scarre, 2002, p. 113). Pour le Néolithique final, des exemples sont donnés par l’abri Sandron à Huccorgne (Wanze, Bel-gique), où une des cavités contenait dix-neuf blocs cranio-faciaux isolés, ou par la Caverne M à Waulsort (Hastière, Belgique) (Blero, 1997). Dans ce dernier site, l’excédent a d’ailleurs été mis en parallèle avec la quasi-absence de tête osseuse dans la Caverne O, située à quelque neuf cents mètres.

Les regroupements de crânes, accompagnés ou non d’ano-malies quantitatives, sont là encore connus dès le Néo-lithique moyen II. La structure 301 du Moulin à Vent à Marolles-sur-Seine, en Seine-et-Marne, en donne un très bon exemple (fig. 1). Elle contenait deux niveaux d’osse-ments, le supérieur constitué principalement d’os longs,

déficits soit des excédents, et des regroupements de ces restes, avec ou sans anomalie quantitative.

Des déficits en crâne sont constatés dans les ensembles funéraires collectifs dès le Néolithique moyen II.1 C’est par exemple le cas dans la chambre A du tumulus de la Hogue à Fontenay-le-Marmion (Calvados), qui a livré des mandibules, mais aucun bloc craniofacial (Dastugue, 1971, p. 327), ou dans la chambre B2 de la nécropole de Bougon, dans les Deux-Sèvres (Mohen et Scarre, 2002, p. 103-117),2 ou encore dans la grotte du Trou Amiault à La Rochette, en Charente (Souris, 2006). Mais c’est sur-tout pour le Néolithique récent et final que les observa-tions sont les plus nombreuses. Le phénomène est récur-rent dans les ensembles SOM, comme peuvent l’illustrer la grotte du Laris-Goguet à Feigneux dans l’Oise (Bendezu-Sarmiento, 1999, p. 72) ou le cas de Berry-au-Bac dans l’Aisne, toutefois interprété comme vidange de sépulture (Chambon, 1995, p. 71 sq., 2003, p. 175 sq.). La sous-re-présentation du crâne se rencontre cependant dans d’autres cultures, par exemple l’Artenacien (Souris, 2000, p. 42). Notons que les déficits ne touchent pas toujours unique-ment la tête osseuse, mais peuvent également concerner

1. J’emploie ici la chronologie française classique.2. Il y a également des dents monoradiculées en excès dans les chambres A, B1 et E2, ce qui irait dans le sens d’un prélèvement des crânes.

Figure 1 – Le Moulin à Vent (Marolles-sur-Seine, Seine-et-Marne) : relevés des structures 301 et 302.D’après Chambon, 2003, fig. 89.

0 20cm1er démontage 2nd démontage

Structure 301

Structure 302

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l’inférieur avec un lot de quatorze blocs craniofaciaux (Chambon, 2003, p. 199 sq.). Une partie des restes man-quants, notamment les mandibules, sous-représentées, a été retrouvée dans une structure voisine de la précédente, la structure 302. Un autre cas de figure est représenté par le classique hypogée II des Mournouards à Mesnil-sur-Oger, dans la Marne, attribuable au SOM. Les crânes y avaient été prélevés sur la plupart des corps et une partie d’entre eux avaient été amoncelés près des parois de la cavité (fig. 2 et 3) (Leroi-Gourhan et al., 1962, p. 82-83).

Tous ces exemples, qu’ils se traduisent par un déficit, un ex-cédent ou un regroupement des têtes osseuses, témoignent de manipulations dont il est bien souvent difficile de pré-ciser la nature exacte. Elles posent d’abord la question du statut des restes en général : s’agit-il de dépôts secondaires dans le cadre de secondes funérailles, donc de sépultures ? S’agit-il d’ossuaires ou de réductions, s’apparentant à des pratiques de rangement/conservation ? Les restes sont-ils encore porteurs de sens après ces manipulations ou sont-ils réifiés ? Existe-t-il un lien particulier entre ces dernières et l’usage de la sépulture collective ? En ce qui concerne plus spécifiquement les têtes, la reprise, majoritaire, et les regroupements dans des lieux particuliers sont évocateurs d’un culte des morts ou des ancêtres, tel qu’on en connaît par l’ethnographie dans bien des endroits du monde. Mais des funérailles doubles avec sépulture définitive partielle pour le seul crâne ne sont pas exclues, même s’il s’agit apparemment de quelque chose de rare. Seule l’Afrique de l’Ouest en fournit quelques exemples, et encore le statut du crâne n’y est-il pas clair, entre partie d’un corps faisant l’objet de sépulture et relique, même si son prélèvement s’effectue à l’occasion de secondes funérailles (Dumas-Champion, 1995 ; Gauthier, 1995 ; Guilmain-Gauthier et

B. Boulestin – Aperçu des pratiques autour de la tête du Néolithique au premier âge du fer

Figure 2 – Hypogée II des Mournouards (Mesnil-sur-Oger, Marne) : corps B1 IX et C5 II, dont les crânes ont été prélevés.D’après Leroi-Gourhan et al., 1962, fig. 48-49.

Figure 3 – Hypogée II des Mournouards (Mesnil-sur-Oger, Marne) : crânes entassés en A3.L’amas contenait plus de douze individus ; les mandibules étaient séparées des blocs craniofaciaux ou absentes.D’après Leroi-Gourhan et al., 1962, fig. 50.

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Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d’interprétation en archéologie

en relation les déficits en tête osseuse dans les ensembles funéraires et leurs excès dans les habitats, il est aujourd’hui tout à fait impossible de dire quoi que ce soit à ce sujet.

En définitive, l’interprétation des restes néolithiques crâ-niens, et plus largement humains, retrouvés hors des en-sembles funéraires demeure terriblement difficile et les quelques travaux plus ou moins généraux sur la question menés jusqu’à présent n’ont guère contribué à faire avan-cer le problème (Debut et Masset, 1991 ; Pariat, 2007 ; Semelier, 2007). Il manque encore de véritables synthèses régionales ou par culture, avec des recensements complets (et critiques !) des restes mis au jour par élément et par classe d’âge, qui pourraient permettre d’évaluer réelle-ment la part de la tête osseuse et de dire si véritablement il semble y avoir eu ou non sélection de certaines parties anatomiques. Il manque aussi un bilan des modifications osseuses, qui sont loin d’être rares là où elles ont été re-cherchées – par exemple à Font-Rase à Barbezieux (Cha-rente) (Boulestin et al., 1996, p. 265-268 ; Burnez, 2006, p. 311), aux Châtelliers du Vieil-Auzay (Boulestin, 2004) ou à Champ-Durand (observation personnelle inédite) –, mais dont l’importance réelle est inconnue, faute de l’avoir été systématiquement. Enfin, surtout peut-être, il est pro-bablement illusoire de vouloir pousser l’interprétation des restes humains erratiques des habitats en général et des fossés en particulier tant que nous nous limiterons à en étudier des échantillons dont nous ne savons s’ils sont re-présentatifs, et qui ne le sont d’ailleurs probablement pas. Il faudra sans doute attendre d’avoir vidé intégralement la totalité des structures fossoyées d’une enceinte pour que nous soyons surs de ce qui s’y trouve… et de ce qui ne s’y trouve pas.

Cas particuliers

Deux cas particuliers doivent être évoqués, qui reflètent d’autres types de pratiques autour de la tête au Néolithique. Le premier est celui des coupes crâniennes, connues pour la fin du Rubané sur le site de Herxheim, dans le Pala-tinat, et pour la fin du Néolithique dans plusieurs sites espagnols. Ces pièces faisant l’objet d’une contribution spécifique (Boulestin, ce volume, p. 35), je me permets d’y renvoyer le lecteur. Le second est celui des rondelles crâniennes. Ces objets ne sont pas propres au Néolithique (il en existe notamment au second âge du fer, Boulestin et Duday, ce volume, p. 150), mais c’est la période qui, de très loin, en livre le plus grand nombre, notamment sur sa fin. Gérard Cordier (2005) en recense ainsi plusieurs centaines, sur plus d’une cinquantaine de sites. Même en tenant compte des incertitudes de datation liées au carac-tère ancien et mal documenté d’une grande partie des dé-couvertes, on ne peut pas nier l’ampleur du phénomène. Beaucoup d’auteurs ont interprété les rondelles crâniennes comme des amulettes, ce qui est possible, mais évidem-ment difficilement démontrable. Toutefois, certaines, perforées, pourraient avoir été portées et, surtout, que les crânes ayant fait l’objet d’un prélèvement post mortem proviennent de sépultures tendrait à démontrer que ce der-nier était réalisé par des gens du même groupe social, ce qui éliminerait le trophée. Il faut par ailleurs souligner la relation qui existe entre rondelles crâniennes et une autre pratique autour de la tête, mais cette fois chez le vivant : la trépanation. Car si l’une et les autres pourraient sembler, au prime abord, renvoyer à des motivations différentes, l’association, trop fréquente pour être fortuite, entre tré-panation et prélèvement de rondelle sur un même crâne, ou l’existence de rondelles prélevées au bord d’une trépa-nation cicatrisée, témoignent incontestablement d’un lien entre les deux pratiques (Hibon, 1997).

Gauthier, 1995). Quant aux accumulations in situ, comme aux Mournouards, elles peuvent tout aussi bien renvoyer à des pratiques de rangement/conservation. Quoi qu’il en soit, le contexte permet assurément de dire que dans tous les cas les crânes qui font l’objet de ces pratiques sont ceux de parents ou au moins de personnes appartenant au même groupe.

Hors des ensembles funéraires

Pour le Néolithique, si l’on exclut les dépôts dans les fossés du Michelsberg, dont la nature reste d’ailleurs à préciser, les découvertes de crânes ou de blocs craniofa-ciaux complets semblent tout à fait exceptionnelles hors des ensembles funéraires. Certes, il existe bien des men-tions anciennes de telles découvertes, datant du XIXe ou du début du XXe siècle, mais, quand il ne s’agit pas de simples ramassages, les conditions de fouille de l’époque font que toutes se révèlent finalement très douteuses. Elles le sont d’ailleurs d’autant plus que l’on peine à trouver des cas avérés pour le dernier demi-siècle. Les rares plus ou moins probants sont une nouvelle fois livrés par les fos-sés, comme à Beaumont, dans l’Yonne, où un bloc cra-niofacial brisé, qui porterait les traces d’un choc violent, a été retrouvé au fond d’une structure de ce type (Merlange, 1982). Mais la plupart des découvertes sont ambiguës. Par exemple, à Champ-Durand à Nieul-sur-l’Autise, en Ven-dée, plusieurs crânes, essentiellement d’enfants, ont été mis au jour dans les fossés de l’enceinte du Peu-Richard. Mais y ont également été retrouvés de nombreux os du squelette postcrânien, ce qui a fait interpréter l’ensemble comme des restes de sépultures et non comme des dépôts crâniens isolés (Joussaume et Pautreau, 1990, p. 259). Le même doute pèse à Font-Belle à Segonzac, en Charente, où deux blocs craniofaciaux incomplets ont été retrouvés dans des sondages des fossés, lesquels ont par ailleurs li-vré des ossements postcrâniens, mais aussi des ensembles anatomiques et des squelettes complets (Burnez, 2006, p. 312 sq.). Je pourrais multiplier les exemples, mais tous se heurteraient aux mêmes incertitudes : si, du Néolithique moyen au Néolithique final, les fossés d’enceinte livrent des restes crâniens, il n’est pas sûr qu’il existe un cas où l’on puisse formellement démontrer qu’un crâne ou un bloc craniofacial complet a fait isolément l’objet d’un dé-pôt intentionnel, voire même d’un simple rejet. Tout aussi exceptionnels sont les dépôts de fragments crâniens pour lesquels il existe des arguments en faveur d’une intention-nalité, comme celui de deux frontaux immatures retrouvés sous une dalle en calcaire au fond du fossé I de Montagant/Le Brandard à Mainxe, en Charente, attribué à une phase ancienne des Matignons, mais plus vraisemblablement du NMA II (Boujot et Cassen, 1996, p. 73).

À côté de ces découvertes particulières, sans que ce soit systématique la surreprésentation de la tête osseuse est fré-quemment signalée dans les fossés. Elle n’est d’ailleurs pas propre à ces structures, mais se retrouve dans les habitats d’une manière générale (parmi d’autres, Debut et Masset, 1991 ; Boulestin, 2004 ; Pariat, 2007, passim). Ces osse-ments crâniens isolés sont parfois retrouvés dans des rejets détritiques et sont alors considérés comme des déchets, mais des déchets de quoi ? D’autres fois, ce ne semble pas être le cas, mais il est alors généralement difficile de déci-der entre pièces osseuses déposées ou jetées isolément, ou provenant d’ensembles plus complets remaniés, puisque l’on retrouve également dans les habitats des restes post-crâniens et des squelettes partiels ou entiers, dont certains semblent correspondre à de véritables sépultures, mais dont la plupart posent eux-mêmes des problèmes d’inter-prétation. Aussi, même s’il serait parfois tentant de mettre

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B. Boulestin – Aperçu des pratiques autour de la tête du Néolithique au premier âge du fer

plutôt que d’une fouille, limité à un éboulis – par définition remanié –, ce qui ne permet même pas d’assurer que les restes sont bien contemporains entre eux, qu’aucun docu-ment, ni photo ni relevé, ne vient illustrer. Si l’on rajoute à cela qu’il n’existe aucune validation anthropologique de la découverte qui n’a par ailleurs jamais été publiée par la suite, que dire si ce n’est que le cas est totalement incer-tain ?

Pour la moitié des sites qui ne sont pas karstiques, il s’agit également pour l’essentiel de mentions anciennes, avec leur cortège de problèmes : contextes au mieux flous et au pire inexistants, datations mal assurées, reconnaissance sélective des restes, etc. Au final, les données ne sont guère plus fiables que dans le cas précédent. Ici, je pren-drai pour exemple le site, pourtant emblématique, de Fort-Harrouard à Sorel-Moussel, dans l’Eure-et-Loir (Mohen et Bailloud, 1987). Les niveaux III et IV, datés respecti-vement du bronze moyen et du bronze final IIb/IIIa, des fouilles de l’abbé Joseph Philipe ont livré des restes crâ-niens – et un corps sans tête – dans cent douze des six cent quarante-trois locus étudiés. Mais la plupart correspondent à des débris (sur l’ensemble, au plus compterait-on quatre têtes osseuses ou blocs craniofaciaux entiers) et l’absence de documentation fait qu’il est strictement impossible de dire ce qui était en place, ce qui était remanié (sépul-tures détruites ?), ce qui est correctement daté et ce qui ne l’est pas, d’autant plus que dans certains locus des restes postcrâniens accompagnaient les restes crâniens (d’autres locus contenant d’ailleurs seulement des premiers). Quant aux os eux-mêmes, ils n’ont jamais été examinés, de sorte que l’on ignore en fait la part exacte de la tête par rapport à l’ensemble du squelette, tout autant que la réalité des traces de décarnisation que, soi-disant, porteraient certains os. En définitive, si Fort-Harrouard illustre des pratiques autour de la tête, ce qui n’est pas impossible puisque des rondelles crâniennes et des pièces crâniennes perforées en proviennent, bien malin qui pourrait dire aujourd’hui leur nature, leur importance et même s’il s’agit bien dans tous les cas de pratiques de l’âge du bronze.

Au terme de l’examen critique des sources, ne reste finale-ment que peu de cas fiables, car issus de fouilles récentes ou de plus anciennes, mais suffisamment documentées, sans doute de l’ordre de la douzaine ou à peine plus, qui puissent nous éclairer sur les pratiques autour de la tête pour l’ensemble de la période considérée, soit pratique-ment un millénaire et demi. Qui plus est, la plupart de ces cas n’ont pas été publiés et figurent uniquement sous forme de mention, au détour d’un article plus général, dans un bulletin scientifique régional ou dans la rubrique « Informations archéologiques » de Gallia Préhistoire. Le manque de précision des données contextuelles et, souvent, le caractère provisoire des indications fournies, issues directement de la fouille et précédent d’éventuelles synthèses, font que leur datation n’est pas toujours assu-rée. Quant aux précisions sur les modalités de prélèvement de la tête, elles sont exceptionnelles. Malgré tout, je vais tenter de faire une première évaluation, qui sera nécessai-rement maigre et provisoire.

Les têtes sans corps

Parmi les quelques occurrences de têtes sans corps que l’on peut retenir, une seule pourrait être en contexte funé-raire, à Clermont-Ferrand « Pontcharaud, Z. I. du Brezet », dans le Puy-de-Dôme. Fouillé en 1997, le site a livré, par-mi d’autres structures de l’âge du bronze, une sépulture double d’enfants datée du Bronze moyen et une fosse circu-laire qui contenait le dépôt secondaire de trois crânes ainsi

Bilan pour le Néolithique

Si l’on fait exception des deux brefs horizons chronolo-giques qui livrent des coupes crâniennes, dont la présence apparaît par ailleurs liée au cannibalisme, on peut tirer une première conclusion sur les pratiques autour de la tête dans le Néolithique européen occidental (hors Michelsberg) : il n’existe absolument aucun cas, sur l’ensemble de la pé-riode, pour lequel on pourrait suspecter une décollation, encore moins la démontrer. Partout où l’on peut préciser le mode d’acquisition de la tête osseuse, il s’agit de pré-lèvements post mortem. D’autre part, ces pratiques sont majoritairement identifiées dans les ensembles funéraires, où elles se traduisent par des regroupements, des déficits ou des excédents. Il est cependant difficile de les qualifier et de dire si elles ressortissent effectivement au domaine funéraire (dépôts secondaires partiels dans le cadre de doubles funérailles, par exemple) ou si elles s’inscrivent dans le temps postfunéraire et relèvent alors d’un culte des morts ou des ancêtres, au sens large, voire traduisent une simple volonté de conservation. Notons qu’elles ne touchent d’ailleurs pas uniquement le squelette céphalique et qu’elles concernent également des éléments du squelette postcrânien. Cela étant, quelle que soit la nature de ces pratiques, elles sont manifestement intragroupes et cela ajouté à l’absence de cas avéré de décollation conduit à af-firmer, au moins provisoirement et en l’état de nos connais-sances, qu’au Néolithique celle de la tête-trophée dut être, sinon inexistante, au moins suffisamment peu importante pour que nous ne puissions la percevoir. Seuls les restes humains épars en milieu d’habitat pourraient conduite à relativiser cette proposition, mais, nous l’avons vu, leur évaluation demeure totalement à faire et pour l’instant il nous est impossible de dire s’ils correspondent à des dé-pôts humains perturbés, dont la nature serait elle aussi à définir, s’ils sont le complément de ce qui manque dans les ensembles funéraires et témoignent d’une pratique unique, ou s’ils sont à mettre en relation avec un autre phénomène et lequel.

âge du bronze

Une réalité difficile à évaluer derrière une apparente abondance…

À l’occasion d’un récent travail de dépouillement de la lit-térature, David Gandia (2010) a pu recenser pour l’âge du bronze environ deux cents signalements de crânes, frag-ments crâniens et mandibules isolés, rondelles crâniennes et corps sans tête, répartis sur un peu plus de quatre-vingts sites. Cette abondance apparente de témoignages de pra-tiques autour de la tête masque une réalité tout autre. Tout d’abord, la moitié des sites mentionnés sont des cavités karstiques et les découvertes y furent faites en majorité à l’occasion de simples ramassages ou de « fouilles » an-ciennes qui étaient loin de respecter les canons actuels. Dans un cas comme dans l’autre, les données sont non seulement ininterprétables, mais probablement en majeure partie totalement fausses. J’illustrerai ce point par un seul exemple, celui du scialet des Balmes de Glos à Fontaine, dans l’Isère, mais on pourrait faire la même analyse pour la plupart des sites. Jean Combier (1961, p. 320-322) y rapporte la mise au jour, dans un éboulis argileux com-blant une fissure profonde et contenant des os et des pote-ries fragmentés, de restes humains qui, selon le fouilleur (Aimé Bocquet), appartiennent à six individus dont deux enfants, exclusivement représentés par des os du squelette crânien et les trois premières vertèbres cervicales. Il n’en faut pas plus à l’auteur pour évoquer un rite de décapita-tion du cadavre. Néanmoins, il s’agit ici d’un ramassage

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Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d’interprétation en archéologie

élément permettant de discuter le mode de prélèvement de la tête à La Grande-Paroisse « la Pièce de Pincevent » (Seine-et-Marne), où la fosse 102 contenait à la base de son remplissage les tessons dispersés d’une urne entière du Bronze final IIb/IIIa à proximité d’un bloc craniofacial (Tarrête, 1981, p. 298), pas plus qu’à Champ-Carré à La Moutade (Puy-de-Dôme), ou une fosse de quatre mètres de longueur pavée de plaques d’arkose, datée sans plus de précision de l’âge du bronze, a livré un crâne de bovidé et un crâne humain, qui avaient été déposés sur le pavage (Vernet, 1989).4 Ces informations font également défaut pour le bloc craniofacial de Toulouse « Ancely » (Haute-Garonne), provenant d’une fosse en partie détruite par la pelle mécanique où il se trouvait associé à des restes fau-niques et à de la céramique du Bronze final (Baccrabère, 1990, p. 8-17).

Dans deux cas seulement, une décollation est avérée ou probable. Le premier est celui de la grotte du Quéroy à Chazelles, en Charente. Il s’agit d’un dépôt composé d’une tête osseuse et de ses deux premières vertèbres cervicales en connexion, accompagnées de deux vases écrasés, d’une applique en bronze et de deux demi-vertèbres appartenant à un gros herbivore. L’ensemble était dissimulé sous un monticule de pierres et de terre au sommet des niveaux du Bronze moyen (fig. 4) (Gomez, 1978, p. 404-406 ; Go-mez de Soto, 1986).5 L’examen détaillé des restes osseux humains a montré la présence de traces de découpe sur les deux cervicales et la mandibule, attestant une décapitation 4. Le crâne porterait des « stries difficiles à interpréter » sur les deux pariétaux (étude Jean-Luc Gisclon) (Vernet, 1989).5. La tête du Quéroy a fait récemment l’objet d’une datation directe par SMA, dans le cadre du PCR « Datation des restes humains découverts en milieu karstique en Centre-Ouest » (B. Boulestin dir.), qui confirme son appartenance au Bronze moyen (culture des Duffaits) : 3130 ± 35 BP [Lyon-5186(GrA)], soit 1494 à 1314 av. J.-C.

qu’une inhumation d’enfant en position fortement repliée dont le crâne manquait (Vernet, 1999). Néanmoins, aucun argument n’est donné qui pourrait démontrer la contem-poranéité entre les deux structures et l’appartenance de la seconde au Bronze moyen ne semble qu’être présumée. Les trois crânes et le squelette de l’enfant ne paraissent pas avoir été étudiés ; en tout cas nous ne disposons d’aucune information sur les modalités de prélèvement des têtes.

Tous les autres cas correspondent à des dépôts (ou rejets) isolés de tout ou partie du squelette de la tête, accompa-gné ou non de mobilier. Il en est ainsi à Verberie « les Gâts », dans l’Oise, où un frontal humain a été retrouvé associé à un vase de la fin du Bronze ancien dans une fosse ou un silo,3 ou à Berry-au-Bac dans l’Aisne, où un bloc craniofacial isolé provient d’une fosse en contexte d’ha-bitat Bronze final/début du premier âge du fer, le crâne lui-même n’étant pas daté (Pinard, 2010 ; voir également Rousseau, ce volume, fig. 8). Dans les deux cas, l’absence de modification osseuse est signalée. Nous possédons éga-lement des informations précises pour le site des Estour-nelles à Simandres, dans le Rhône. La fosse A11 y a livré, avec de la céramique datée du Bronze final IIIa, un bloc craniofacial et ses quatre premières vertèbres cervicales, la deuxième et la troisième en connexion. L’absence de traces de décarnisation sur les os a conduit à considérer comme étant le plus plausible un prélèvement dans une sépulture sur un corps en cours de décomposition (Blaizot et Thiériot, 2000, p. 211). Par contre, nous n’avons aucun

3. Le dépôt de Verberie « les Gâts » est daté dans les publications alterna-tivement de la fin du Bronze ancien (Maréchal et Malrain, 2002 ; Pinard, 2010, p. 132) et du Bronze final IIIb (Gransar et al., 2007, p. 556). La première attribution paraît nettement plus conforme à la typologie de la céramique, mais on a ici une illustration de mon propos tenu précédem-ment sur la validité des datations des crânes qui n’apparaissent dans la littérature que sous forme de mentions.

Figure 4 – Grotte du Quéroy (Chazelles, Charente) : dépôt de la tête osseuse au moment de sa découverte.Ph. J. Gomez de Soto.

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B. Boulestin – Aperçu des pratiques autour de la tête du Néolithique au premier âge du fer

tairement, il s’agit du crâne, avec ou sans la mandibule, mais il existe également de nombreux cas de prélèvement d’autres os, et les os coxaux, par exemple, sont récupérés pratiquement dans les mêmes proportions que les crânes. On n’a donc pas la sensation que ceux-ci soient excessi-vement valorisés par rapport aux autres éléments du sque-lette, mais plutôt celle que, finalement, le fait de récupé-rer un os a plus d’importance que la nature de ce dernier. C’est d’autant plus vrai quand l’on prend en compte le fait qu’une partie des inhumations sont en position assise et que dans cette position le crâne est naturellement la pre-mière pièce osseuse à laquelle on accède en rouvrant la tombe. À côté des cimetières, mais toujours en contexte funéraire, je mentionnerai aussi l’existence de déplace-ments et regroupements des restes crâniens dans la sépul-ture collective fin Bronze ancien/début Bronze moyen de la grotte des Perrats à Agris (Charente). Là encore, les têtes osseuses ne sont pas les seules à avoir fait l’objet de ces pratiques, qui touchent également les fémurs et les humé-rus (Boulestin, 1996).

Bilan pour l’âge du bronze

Pour la période, on retiendra avant tout le peu de don-nées fiables, qui rend difficilement quantifiable l’impor-tance des pratiques autour de la tête. Néanmoins, on peut, au moins provisoirement, retenir quelques points. Tout d’abord, si toutefois ceci ne reflète pas seulement l’état de la recherche, qu’il s’agisse de têtes dans corps ou de corps sans tête une majorité de cas semble se concentrer au Bronze final, ce qui pourrait traduire un regain d’intérêt pour le crâne par rapport au Bronze ancien et moyen, où les quelques observations sporadiques traduiraient plutôt une sorte de « bruit de fond ». Ensuite, la décollation reste exceptionnelle : seuls en témoignent la grotte du Quéroy et, probablement, les Châtelliers du Vieil-Auzay. Pour le

post mortem (Boulestin, 1994).6 Le second cas est celui d’un crâne complet retrouvé dans le comblement du fossé RSFO des Châtelliers du Vieil-Auzay (fig. 5), dont l’un des processus mastoïdes a été tranché à l’aide d’une lame métallique (Birocheau et Large, 2004, p. 575). Malheureu-sement, ni ce crâne ni les deux ou trois autres retrouvés dans le même comblement n’ont été étudiés.

Les corps sans tête

Une quinzaine de corps sans tête sont mentionnés dans la littérature pour l’ensemble de l’âge du bronze et du terri-toire de l’actuelle métropole. Mais après examen, pas plus d’un ou deux cas peuvent être considérés comme fiables : celui de Clermont-Ferrand « Pontcharaud, Z. I. du Bre-zet », évoqué plus haut, et, sans doute, un cas au Fort-Har-rouard. Dans la mesure où nous ne disposons, ni pour l’un ni pour l’autre, d’aucune information précisant le mode de prélèvement de la tête, il n’y a pas grand-chose à en dire et, quoi qu’il en soit, pour l’instant ils relèvent quasiment de l’hapax.

Pour les cimetières, les données sont plus intéressantes. Malheureusement, peu d’études détaillées sont disponibles et je résumerai simplement ici les résultats de celle de S. Rottier (2003) pour Barbey « les Cent arpents » (Seine-et-Marne) et Barbuise-La Saulsotte « Frécul » (Aube), pour la période du Bronze final I/IIa. Dans les deux sites, près de la moitié des défunts sont concernés par le prélèvement d’au moins un élément osseux dans la sépulture. Majori-

6. La tête coupée du Quéroy avait fait antérieurement l’objet d’une pre-mière étude complète (Labrousse et Riquet, 1978) au cours de laquelle les traces de découpe n’avaient pas été identifiées, bien que la question « dé-collation ou prélèvement ? » avait été explicitement posée. Cela illustre la difficulté qu’il y a parfois à reconnaître des modifications osseuses anthropiques, même en les recherchant, et tout l’intérêt d’être entraîné à leur observation.

Figure 5 – Les Châtelliers du Vieil-Auzay (Auzay, Vendée) : tête osseuse dans le comblement du fossé RSFO.Ph. J.-M. Large.

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Crânes trophées, crânes d’ancêtres et autres pratiques autour de la tête : problèmes d’interprétation en archéologie

comme des manipulations in situ dans les tombes ou, sem-blerait-il, des rajouts d’éléments crâniens, en particulier de dents (Dedet, ib., 2001, p. 329).

bilan général

La synthèse des données concernant les pratiques autour de la tête pour cette longue période d’environ cinq millénaires qui s’étend du début du Néolithique à la fin du premier âge du fer ne peut qu’être provisoire ; c’est un point sur lequel j’ai déjà insisté à plusieurs reprises. Elle se heurte en effet au problème de la validité et de la représentativité d’une partie des données archéologiques, en particulier de celles issues de fouilles anciennes ou de ramassages pour les-quels les datations des restes humains, leurs contextes et le rôle des processus taphonomiques dans la constitution des assemblages sont souvent ambigus. Elle est également limitée par l’absence fréquente d’examen détaillé de ces restes, qui fait qu’il est souvent difficile de se prononcer sur les modalités de prélèvement de la tête. Enfin, surtout peut-être, un pan entier des pratiques demeure aujourd’hui totalement inévaluable, celui que reflètent les restes hu-mains épars, crâniens ou non, en contexte d’habitat. Leur interprétation ne peut passer que par leur inventaire cri-tique et détaillé par période et par grande unité régionale ou culturelle, ce qui, pour ingrat qu’il soit, est un travail dont nous ne pourrons probablement pas nous dispenser.

Ces réserves étant faites, que pouvons-nous retenir ? Met-tons tout de suite de côté les cas particuliers. D’abord celui des têtes qui proviennent des fossés d’enceinte de la culture de Michelsberg. Ensuite, celui des coupes crâniennes asso-ciées à du cannibalisme : ces coupes témoignent d’évé-nements brefs, sans doute à mettre en relation avec des phénomènes sociaux singuliers, mais ne sauraient être le reflet d’une tendance générale. Pour le reste, une première constatation s’impose : pour les cinq millénaires considé-rés, les têtes coupées avérées sont rarissimes. Elles sont to-talement absentes au Néolithique et au premier âge du fer et pour l’âge du bronze on en trouve au maximum deux. On est bien loin des dizaines qui sont reconnues pour le Mésolithique, même si ce n’est que sur quelques sites concentrés dans une même aire géographique, plus encore des centaines de témoignages pour le seul second âge du fer. Quoi qu’il en soit de l’état de la recherche, il y a mani-festement là une opposition franche, plus marquée encore pour la fin de la période et, pour l’instant, la pratique de la décollation à partir du Ha D2-3/LT A ne semble pas pou-voir trouver son origine dans une tradition antérieure.

Une seconde constante pour l’ensemble de la période étu-diée est le lien entre pratiques autour de la tête et funé-raires. Il se traduit, pour les trois époques, par des prélève-ments – ou pour le moins des déficits – de restes crâniens dans les sépultures, ou au contraire par leur présence excé-dentaire, ou encore par des manipulations (déplacements, rangements…) in situ. Cette constance sur plusieurs mil-lénaires incite à penser qu’il existerait ce que l’on pourrait qualifier d’ambiance, ou de fond traditionnel européen oc-cidental de manipulation ou de conservation des restes des parents, en particulier, mais pas exclusivement du crâne – qui est rarement seul concerné. Il n’est d’ailleurs pas exclu que cette tradition persiste au second âge du fer, au moins dans certaines régions (Boulestin et Duday, ce volume, p. 139). Dans le détail, ces pratiques demeurent toutefois difficiles à qualifier, les têtes ayant pu être prélevées dans le cadre strict de pratiques funéraires ou à l’issue pour être conservées.

reste, partout où nous pouvons nous prononcer, les crânes auraient été prélevés et les gestes identifiés en milieu funé-raire vont également dans ce sens – sans pouvoir affirmer que ce qui est retrouvé isolé correspond à ce qui manque dans les sépultures. Mais la reprise d’autres os que le crâne pose le problème de la valeur spécifique de ce der-nier : était-il particulièrement valorisé ? Quoi qu’il en soit, comme pour le Néolithique il reste difficile de qualifier ces pratiques, mais là encore elles apparaissent avoir été intragroupes et la prise de tête intergroupe est difficilement perceptible.

Premier âge du fer

Un balayage rapide de la littérature, qu’encore une fois je ne prétends aucunement exhaustif, fait apparaître le pre-mier âge du fer comme un relatif désert du point de vue des données en rapport avec les pratiques autour de la tête. D’abord, aucun cas de décollation n’est attesté pour l’en-semble de la période. Pour tout le Hallstatt C, c’est-à-dire le VIIIe siècle et la première moitié du VIIe siècle av. J.-C., les mentions de restes crâniens isolés ou de prélèvements de crânes dans les sépultures se comptent pratiquement sur les doigts d’une main. Et encore leur datation est-elle suffisamment imprécise pour qu’on ne puisse pas exclure leur attribution à une période antérieure, au Bronze final, ou postérieure, au Hallstatt D. Par exemple, la tombe P de l’enclos « ad » de la nécropole des Falaises de Prépoux à Villeneuve-la-Guyard (Yonne), dans laquelle le bloc cra-niofacial avait été déplacé, est datée sans plus de précision du premier âge du fer (Baray, 2002, p. 86). Il en est de même du tumulus du Moulin à Vent du Pradal à Florac (Lozère), où l’absence du bloc craniofacial et de l’atlas a été interprétée comme une reprise à la fin du processus de décomposition du corps, avec déplacement volontaire d’autres os in situ (des os des pieds et des mains, l’axis, une clavicule, une patella étaient regroupés sous l’os coxal) (Dedet, 2001, p. 146). Les fragments de voûte crânienne ou de mandibule retrouvés dans les habitats des garri-gues languedociennes ou dans les gisements du rivage de l’étang de Mauguio, dans l’Hérault (Dedet, 1992, p. 275), sont également souvent mal datés et, pour Mauguio, ils pourraient en tout ou partie remonter au Bronze final. Quoi qu’il en soit, même en étant optimiste les deux premiers siècles du premier âge du fer apparaissent bien pauvres.

Pour la plus grande partie du territoire français, les choses ne changent qu’à la fin de la période, avec une augmenta-tion significative du nombre de restes crâniens isolés à par-tir du Hallstatt D2-3, soit en gros du milieu du VIe siècle avant notre ère. Nous traiterons d’ailleurs cette phase avec le second âge du fer, duquel elle est plus proche par bien des aspects (Boulestin et Duday, ce volume, p. 139). En France méditerranéenne (Languedoc-Roussillon et Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur), la même augmentation pour-rait être antérieure, débutant dès la fin du VIIe/début du VIe siècle. On trouve alors des restes crâniens sur les habitats, comme à la Liquière à Calvisson (Gard), à Carsac à Car-cassonne (Aude) et à Saint-Blaise à Saint-Mitre-les-Rem-parts (Bouches-du-Rhône) (Ciesielski, 2010 ; Rousseau, 2010). Une bonne partie de ceux provenant des habitats des garrigues languedociennes pourrait également dater de cette phase. Ceux qui ont été examinés ne portent pas de trace de découpe et leur interprétation demeure difficile. Parallèlement, un nombre non négligeable de sépultures des garrigues attestent des pratiques de reprise du crâne en milieu funéraire, soit par l’absence totale de la tête osseuse soit par la présence unique de dents isolées ou seulement accompagnées d’os postcrâniens (Dedet, 1992, p. 273-274). D’autres gestes en contexte sépulcral sont avérés,

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B. Boulestin – Aperçu des pratiques autour de la tête du Néolithique au premier âge du fer

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Les deux points précédents m’amènent à terminer par une question. Si l’on en croit les conclusions d’Alain Testart, basées sur des données ethnographiques et historiques comparatives, l’ensemble des peuples qui prélèvent les crânes de leurs morts serait inclus dans celui des peuples qui prennent les têtes de leurs ennemis comme trophées. C’est-à-dire que « nous pouvons affirmer avec une quasi-certitude que les populations parmi lesquelles on a retrou-vé de tels crânes [ceux des parents] coupaient les têtes de leurs ennemis. » (Testart, 2010, p. 132). On constate sans peine l’antinomie entre cette proposition et les faits tels qu’ils se manifestent entre le Néolithique et le premier âge du fer. Aussi, de deux choses l’une : soit la proposition est fausse, mais il reste à lui trouver un contre-exemple ethnohistorique. Soit elle est juste et cela implique qu’à peut-être une ou deux exceptions près nous sommes à ce jour totalement incapables de dire, pour une période de cinq millénaires, ce qu’il advenait des têtes-trophées, donc qu’au moins une moitié des pratiques autour de la tête nous échappe totalement. Peut-être la première alter-native est-elle la bonne. Peut-être est-ce la seconde et la réponse viendra-t-elle des restes épars dans les habitats. Je n’ai aucune réponse à donner à cette question, mais elle mérite très certainement que nous nous penchions dessus.

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