La cathédrale Saint-Trophime d’Arles. Réflexions sur les antécédents de l’église romane et...

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Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, XLIV, 2013 Andreas HARTMANN-VIRNICH 1 LA CATHéDRALE SAINT-TROPHIME D’ARLES. RéFLEXIONS SUR LES ANTéCéDENTS DE L’éGLISE ROMANE ET DE SON ESPACE CLAUSTRAL Andreas Hartmann-Virnich, Aix-Marseille Université, LA3M UMR 7298 L’image courante de la cathédrale d’Arles et de son histoire monumentale se confond avec celle de l’épanouissement du second âge roman provençal. La reconstruction complète de l’église qui se déroula en plusieurs campagnes à partir d’environ 1100 jusqu’au milieu du XII e siècle 1 , suivie de celle des bâti- ments claustraux et des galeries romanes jusqu’au premier quart ou tiers du XIII e siècle 2 , n’a laissé que de rares élévations plus anciennes dont l’interpréta- tion est entravée par l’état fragmentaire des données. Et si l’archéologie récente a apporté de nouveaux éléments de premier ordre à la connaissance du présumé premier groupe épiscopal paléochrétien situé dans l’angle sud-est de l’enceinte antique, il n’en va pas de même pour les données archéologiques trop éparses du sous-sol de Saint-Trophime et de son espace claustral, et rien ne permet encore de préciser la date du transfert du siège épiscopal sur le site actuel. En effet, la question des origines du groupe cathédral médiéval se pose au- jourd’hui sous un jour nouveau : la publication du troisième volume de la Topographie chrétienne des cités de la Gaule en 1986 avait entériné l’hypo- thèse de Paul-Albert Février selon laquelle l’installation du monastère fémi- nin fondé au début du VI e siècle par Césaire in latere ecclesiae et à proximité d’un baptistère sur un site localisé dans l’angle sud-est de l’enceinte de la cité, aurait suivi, à plus d’un demi-siècle d’intervalle, le transfert d’une pre- mière cathédrale de ce lieu à son second emplacement près du forum, vers le début du V e siècle. La mention du vocable de Saint-Étienne, associé à la cathédrale au plus tard depuis le IX e siècle, pour l’église dans laquelle la dé- pouille de l’évêque Hilaire décédé en 449 avait été déposée avant sa sépulture dans la nécropole des Alyscamps extra muros, désignerait cet édifice comme prédécesseur in situ de l’actuelle église Saint-Étienne-et-Saint-Trophime 3 . 1. Hartmann-Virnich (1992) 2000. 2. Voir nos études et bilans bibliographiques dans Hartmann-Virnich 2000, 2002 et 2004. 3. Février 1986, 80. Cf. encore Heijmans 2004.

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Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, XLIV, 2013 Andreas HArtmAnn-VirnicH 1

La cathédraLe Saint-trophime d’arLeS.

réfLexionS Sur LeS antécédentS de L’égLiSe romane

et de Son eSpace cLauStraL

Andreas Hartmann-Virnich, Aix-Marseille Université, LA3M UMR 7298

L’image courante de la cathédrale d’Arles et de son histoire monumentale se confond avec celle de l’épanouissement du second âge roman provençal. La reconstruction complète de l’église qui se déroula en plusieurs campagnes à partir d’environ 1100 jusqu’au milieu du XIIe siècle1, suivie de celle des bâti-ments claustraux et des galeries romanes jusqu’au premier quart ou tiers du XIIIe siècle2, n’a laissé que de rares élévations plus anciennes dont l’interpréta-tion est entravée par l’état fragmentaire des données. Et si l’archéologie récente a apporté de nouveaux éléments de premier ordre à la connaissance du présumé premier groupe épiscopal paléochrétien situé dans l’angle sud-est de l’enceinte antique, il n’en va pas de même pour les données archéologiques trop éparses du sous-sol de Saint-Trophime et de son espace claustral, et rien ne permet encore de préciser la date du transfert du siège épiscopal sur le site actuel.

En effet, la question des origines du groupe cathédral médiéval se pose au-jourd’hui sous un jour nouveau : la publication du troisième volume de la Topographie chrétienne des cités de la Gaule en 1986 avait entériné l’hypo-thèse de Paul-Albert Février selon laquelle l’installation du monastère fémi-nin fondé au début du VIe siècle par Césaire in latere ecclesiae et à proximité d’un baptistère sur un site localisé dans l’angle sud-est de l’enceinte de la cité, aurait suivi, à plus d’un demi-siècle d’intervalle, le transfert d’une pre-mière cathédrale de ce lieu à son second emplacement près du forum, vers le début du Ve siècle. La mention du vocable de Saint-Étienne, associé à la cathédrale au plus tard depuis le IXe siècle, pour l’église dans laquelle la dé-pouille de l’évêque Hilaire décédé en 449 avait été déposée avant sa sépulture dans la nécropole des Alyscamps extra muros, désignerait cet édifice comme prédécesseur in situ de l’actuelle église Saint-Étienne-et-Saint-Trophime3.

1. Hartmann-Virnich (1992) 2000.2. Voir nos études et bilans bibliographiques dans Hartmann-Virnich 2000, 2002 et 2004.3. Février 1986, 80. Cf. encore Heijmans 2004.

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Pourtant, les fouilles conduites depuis 2003 dans le quartier dit de la Hau-ture par Marc Heijmans ont mis au jour les vestiges d’un immense édifice religieux paléochrétien, large d’au moins 60 m d’après la position de son mur latéral sud présumé, dont le dernier état date du début du VIe siècle, tant pour l’architecture que pour les aménagements liturgiques intérieurs qui se dis-tinguent en outre par leur grande qualité. Or, la position, les dimensions hors du commun et le caractère prestigieux des aménagements intérieurs obligent de reconnaître dans ce grand monument l’église principale d’un groupe cathédral, ecclesia particulièrement monumentale dont les proportions évo-queraient celles de la basilique nord du groupe épiscopal de Trèves (ill. 1a) : un vaste ambon, un espace liturgique privilégié pavé d’opus sectile et jadis clôturé par des chancels encastrés dans un solin de pierre toujours en place (ill. 1b), ainsi qu’une mosaïque de pavement du VIe siècle dans l’espace de circulation ménagé entre le synthronos et le mur absidal demi-circulaire dont

1a - Arles, fouilles du site paléochrétien du quartier de la Hauture (d’après Heijmans 2009, p. 120, fig. 89).

1b - Arles, fouilles du site paléochrétien du quartier de la Hauture. Sol de marbre et encastrement de chancel de l’édifice majeur (cl. A. Hartmann-Virnich).

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le diamètre, de près de 20 m dans œuvre, était supérieur même à celui de l’abside de Saint-Pierre de Rome4. En effet, la qualité et la date tardive de ces éléments supposent une utilisation continue de cet insigne édifice de culte au moins jusqu’à l’époque de l’épiscopat de Césaire, commanditaire probable de ces aménagements. À proximité immédiate au sud, une petite basilique beaucoup plus petite (9,5 x 13 à 15 m), attribuée elle aussi au VIe siècle, fai-sait partie du même groupe ecclésial5. L’existence d’un « tel édifice, qui était, selon toute probabilité, l’un des plus grands de son temps », semble donc contredire l’hypothèse d’un déplacement du siège avant Césaire6.La comparaison avec le cas du groupe épiscopal d’Aix, transféré de son pre-mier emplacement marginal à côté du théâtre romain près du tracé de l’en-ceinte occidentale, déjà largement spoliée, sur l’ancien forum désaffecté à l’extrémité orientale de la ciuitas au début du VIe siècle seulement7, pose la question d’une date tardive du déplacement de celui d’Arles sous un nouveau jour. À Aix, le souvenir du site épiscopal primitif resta vivant dans le vocable de l’église de Notre-Dame de la Seds (de sede), qui survécut sur le site malgré son éloignement considérable de la ville médiévale. À Arles, la fonction pu-blique du forum, maintenue à travers tout le IVe siècle, semble s’émietter dès le début du siècle suivant au profit d’intérêts particuliers : d’après les fouilles conduites sous l’actuelle mairie en face de Saint-Trophime, ce dernier était alors envahi par des constructions parasites, le stylobate du portique ayant été démonté lors de l’installation de maisons ou de boutiques8. On peut donc se demander dans quel contexte urbain le nouveau groupe cathédral fut installé, et si, ou sous quelle forme l’ancien centre politique et économique et le nou-veau pôle religieux ont réellement coexisté9.S’il est donc désormais incertain à quelle époque le transfert sur l’emplace-ment de la cathédrale actuelle eut lieu, il en va de même pour les antécédents du cadre monumentalde cette dernière : « vouloir restituer la physionomie de la basilique Saint-Étienne est une entreprise vaine. On peut tout au plus estimer qu’elle a été construite au pied de la colline sur une parcelle limi-tée au nord par un decumanus..., à l’ouest par le cardo..., au sud peut-être par une rue secondaire »10. La présence d’une série de salles basses voûtées sous la travée occidentale de la nef romane (ill. 2a)11 suppose la conservation intentionnelle et sans doute opportune de constructions héritées du tissu urbain tardoantique ou altomédiévales jusqu’à la mise en œuvre de l’église du XIIe siècle, dont les piliers et la façade, ajoutée dans un second temps à l’édifice cathédral roman, furent fondées sur de puissantes maçonneries en crevant les voûtes anciennes jusqu’alors intactes12. Les cellules voûtées,

4. Heijmans 2008, 2009a.5. Heijmans 2009b, 327.6. Heijmans 2009c, 121.7. Guyon, Nin, Rivet, Saulnier 1998,100-101 ; Heijmans 2006, 31.8. Guild, Gyon, Rivet, Vecchione 1988, 18-22 ; Heijmans 2004, 367-369 ; Heijmans 2006, 31.9. En faveur de la coexistence cf. Heijmans 2006, 31.10. Heijmans 2009d, no 123, 407.11. Pour une synthèse des recherches voir Heijmans 2009d, no 124, 407-409.12. Pour une étude plus détaillée des structures voir Hartmann-Virnich 2000, 45-50 et fig. 2-11.

2a - Arles, Saint-Trophime, coupe ouest-est des constructions sous la travée occidentale de la nef avec restitution du cardo et du portique occidental du forum antique (M. Heijmans, reproduit dans Hartmann-Virnich 2000, p. 47, fig. 6)

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conçues sur un même module, furent construites en insérant des murs de refend perpendiculaires au cardo maximus entre deux murs parallèles à ce dernier dont le plus occidental, doté d’une porte à l’origine, bordait l’axe principal en face du forum du Haut-Empire (ill. 2b). Le mur oriental paral-lèle, distant de 9 m 20 du mur longeant le cardo, présente un appareil de moellons hétérogène, plusieurs fois remanié et à son tour antérieur à la mise en œuvre des salles transversales (ill. 3a). Situé pratiquement à l’aplomb de la limite entre les deux premières travées de l’église romane dont les piliers durent être rallongés vers l’ouest pour compenser la trop grande longueur des espaces au sous-sol par rapport au module des cinq travées de la nef, le mur oriental marquait sans doute une rupture de pente13.La construction des salles, susceptible de prolonger le niveau plus élevé du terrain à l’est, vint donc condamner un espace ouvert en bordure du cardo. Sombres, mal ventilées et basses, les cellules accusent un caractère utilitaire : pour compenser leur trop faible hauteur, conditionnée probablement par le niveau de sol surélevé des abords orientaux, il fallut même abaisser le sol à l’intérieur pour ménager un passage plus commode entre les cellules. Les murs de refend transversaux, percés chacun d’une arcade en plein cintre montée en 13. Hartmann-Virnich (1992) 2000, 358 et fig. B29a.

2b - Arles, Saint-Trophime, plan des constructions sous la travée occidentale de la nef (M. Heijmans, reproduit dans Hartmann-Virnich 2000, p. 46, fig. 2).

3a - Arles, Saint-Trophime, salles voûtées sous la travée occidentale de la nef : espace central, vue vers le sud-est avec le mur terminal antérieur (A. Hartmann-Virnich).

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alternance de moellons plats et de tegulae sur piédroits saillants sous l’intra-dos (ill. 3b), furent apparemment fondés en pleine terre, pour servir d’appui à une série de voûtes segmentaires bâties sur un coffrage de planches d’une longueur inhabituelle, soutenues à intervalles par des cintres et des étaiements complémentaires dont l’empreinte reste lisible à l’intrados. Sans rapport avec le plan de l’église romane, cet ensemble d’espaces de service dont la typolo-gie constructive incertaine renvoie à une date située entre le Ve siècle et l’an mil14, semble incompatible avec la présence d’un édifice ecclésial antérieur sur ce même emplacement, ou d’une église contemporaine au niveau supérieur. Alors que le mur gouttereau sud de la nef du XIIe siècle se superpose au mur puissant par lequel débute la série des salles en direction du nord, il n’existe pas de mur équivalent sous le mur gouttereau homologue, implanté au milieu d’une quatrième salle aujourd’hui comblée. La faible épaisseur des murs de refend ne pouvait suffire au soutènement d’une superstructure importante, et la largeur égale des cellules voûtées était inappropriée à la subdivision d’une nef basilicale en plusieurs vaisseaux. En revanche, il est probable que le mur oriental des salles basses correspond à l’emplacement de la limite occidentale d’un ancien édifice dont la conservation au moins partielle jusqu’à la mise en œuvre de la nef du XIIe siècle pourrait avoir été à l’origine de la dissymétrie marquée des piliers s’y superposant. Dans ce cas il faudrait donc imaginer un parvis entre l’édifice ecclésial et l’ancien cardo, une sorte de podium surélevé d’environ 4 m au-dessus du trottoir de ce dernier. Si l’on serait tenté d’y situer l’atrium de l’église Saint-Étienne mentionné dans le testament de Césaire avec la cella d’un certain Augustus du côté droit de l’espace désigné par ce terme15, la nature du bâti à l’est de cette limite reste incertaine.Les fouilles entreprises en 1870 sous la direction des architectes Henry Ré-voil et Auguste Véran à l’occasion des travaux de reprise en sous-œuvre des piliers de la nef mirent au jour les restes d’une mosaïque de pavement liée au premier des deux sols antérieurs à celui de l’époque alors dégagés, à une profondeur de 1,25 mètres16. Dans un rapport manuscrit, Révoil précise qu’il s’agissait d’un « fragment de mosaïque de 8 mètres carrés environ, d’un beau dessin et portant une inscription incomplète, paraissant avoir appartenu à un édifice romain antérieur à l’église »17. Le 17 juillet 1870, Honoré Clair, président du conseil de la fabrique à l’époque, publie une description assez

14. Heijmans 2004, 465 (verifier version éditée). Si des arcs à alternance de moellons et de tegulae caractérisent en effet l’intérieur du baptistère de Fréjus, attribué au Ve siècle, certes fortement restauré (Fixot, Roucole 2005, 142-143), ils existent encore au XIe siècle, à l’instar de l’arc de tête de la voûte du chevet de l’église de La Gayole (Démians d’Archimbaud, Fixot 1986 ; Codou 2009, 112-113). La saillie des piédroits sur l’arc, destinée à accueillir le cintre, existe encore couramment au milieu du XIe siècle, comme à Saint-Pierre de Montmajour (Mognetti 1979, spécialement « La chapelle Saint-Pierre », 188-195 ; Hartmann-Virnich 2004b ; Blanc 2009).15. Février 1986, 81, avec références.16. Cf. annexe.17. H. Révoil, Rapport sur la situation des travaux exécutés en 1870, Archives de la Médiathèque du Patrimoine. Cité dans Heijmans 2009d, 409.

3b - Même mur : relevé de l’arc du passage sud (A. Hartmann-Virnich, d’après Hartmann-Virnich 2000, p. 48, fig. 8).

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explicite de ce décor malheureusement non documenté : la mosaïque était située « sous les dalles » d’un pavement plus ancien, « dans le voisinage du premier pilier sud de la nef »18 : « on paraît ne voir qu’un simple encadrement formé de deux zones d’ornementation parallèles et séparées par un filet, l’une représentant des oiseaux et des fruits, l’autre des lignes géométriques, poly-gones et disques. Les filets qui les longent sont en pierres noires cubiques, le fond de la marqueterie est blanc ; des pierres de diverses couleurs animent les figures... Une inscription en lettres noires sur un fond blanc, encadrée par un filet aussi en pierres noires, est intercalée dans une des zones. Quelques mots ont péri dans une cassure ancienne : voici ce qui reste : VOI [ou VOS]... IN SOLIDVM VNVM »19. D’après ces précisions ce pavement, dont l’ins-

18. Compte tenu de l’emprise des fouilles de 1870 il pourrait s’agir du premier pilier à partir de la croisée. La vérification entreprise par Marc Heijmans au pilier intermédiaire sud des deux travées occidentales est restée en effet infructueuse, à l’exception d’un petit fragment polychrome qui n’était pas en place, et dont l’attribution à l’époque tardoantique est conjecturale (Heijmans 2004, 270-271).19. H. Clair, dans le Forum républicain du 17.7.1870. Repris par Bernard (1899) 1900, 29-30, et cité dans Labande 1903, 462. Pour ce dernier cf. Rathé, Heijmans 2009, 40.

4 - Arles, Saint-Trophime, bras sud du transept et bâtiment claustral nord-ouest adjacent (cl. A. Hartmann-Virnich).

5a-b - Arles, Saint-Trophime, pilier nord-ouest de la croisée, reprise de l’attente discordante par l’arc de la nef (A. Hartmann-Virnich, d’après Hartmann-Virnich 1992 [2000], fig. B 24 et fig. B 26 a).

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cription est trop fragmentaire pour livrer un sens ou un modèle littéraire univoques20, pourrait s’inscrire dans la typologie des mosaïques similaires des Ve et VIe siècles retrouvées à Marseille, à Aix-en-Provence et à Notre-Dame-du-Bourg à Digne21. La date du VIIe siècle avancée par Révoil, précise en apparence, fait référence à la légendaire basilique de l’évêque Virgile22, issue d’une source hagiographique tardive dont l’authenticité revendiquée fut dis-créditée par la suite : édifice imaginaire dont les vestiges supposés, rajeunis progressivement jusqu’à l’époque carolingienne puis jusqu’au XIe siècle suite à l’élimination de la source apocryphe, ont influencé l’interprétation des élé-vations de la cathédrale romane jusqu’à la fin du XXe siècle, en motivant – à tort – l’attribution du petit appareil des murs gouttereaux de celle-ci et du bâtiment claustral attenant au transept roman à la nef et au transept saillant d’un édifice plus ancien23.En l’absence d’autres traces archéologiques certaines, l’existence d’un édifice ecclésial antérieur sur l’emplacement de l’église actuelle reste conjecturale. Cependant, le chantier roman, dont il suffira d’évoquer les étapes dans leurs grandes lignes24, fut commencé vers 1100 par les parties orientales, achevées de manière autonome selon une conception monumentale prestigieuse qui diffère considérablement de celle de la nef plus tardive par son moyen appa-reil intégral, à la seule exception de la coupole de croisée, et par l’austère mas-sivité de ses structures murales complexes à deux plans, visiblement inspirées du modèle bourguignon de Cluny III alors en cours de construction (ill. 4). L’interruption du chantier fut suivie de deux reprises successives, accompa-gnées chacune d’un changement de projet (ill. 5 a-b) qui aboutit, entre autres, au remplacement du moyen appareil des murs périphériques par un appareil mixte, sans doute plus économique. Or, la relation étroite du transept roman avec l’espace claustral qui lui fut ajouté postérieurement, à partir de l’époque de la construction des travées occidentales de la nef, semble suggérer que les parties orientales de la cathédrale romane furent conçues dans un premier temps comme une extension d’un édifice précédent sur l’emplacement de la nef actuelle, selon une stratégie maintes fois attestée, comme à l’abbatiale de Gellone25, dans la seconde moitié du XIe siècle, à la fin du XIe siècle à l’église de Saint-Raphaël26, au début du XIIe siècle à la priorale clunisienne de Ganago-bie27 et à la fin du XIIe siècle à Notre-Dame-du-Bourg de Digne (ill. 6 a-b)28.

20. Les termes les plus approchants se trouvent dans le célèbre texte de Cyprien de Carthage sur la fonction épiscopale : « Episcopatus unus est, cuius a singulis in solidum pars tenetur » (Liber de unitate ecclesiae, chapitre 5. Cf. Müller 1990, 113).21. Depuis la publication de l’Atlas des monuments paléochrétiens (Duval 1995) et le bref bilan de Michel Fixot sur les mosaîques paléochrétiens en Provence paru en 2001 (Fixot 2001), de nouvelles découvertes autour du groupe épiscopal paléochrétien de Marseille ont singulièrement enrichi l’inventaire de ce patrimoine fragmentaire (Paone 2009).22. Voir à ce sujet Bernard (1899) 1999.23. Cf. notre bilan historiographique dans Hartmann-Virnich (1992) 2000, 304-317. Pour les derniers avatars de cette interprétation voir : Rouquette 1974, 265-303, 337-352, spécialement 275, 290-291 ; Thirion 1979, 370-371. Il s’agit en réalité des murs en moellon d’un appareil « mixte » de la première moitié du XIIe siècle. Cf. Hartmann-Virnich (1992) 2000, 354-366.24. Pour la chronologie de la construction voir en détail Hartmann-Virnich (1992) 2000, 216-424.25. Pour un résumé des datations controversées du chevet de Saint-Guilhem vers 1040-1050 ou vers/après 1076 voir Perry 2000, 124 ; Mallet 2009, 23-27 ; Vergnolle 2012, 45.26. Molina 2007, 4-5, fig.27. Fixot, Pelletier, Barruol 1996, 137-144.28. Démians d’Archimbaud 2001.

6a - Arles, Saint-Trophime, plan partiel de l’église et du cloître : emprise présumée de la nef du prédécesseur de la cathédrale romane et axe transversal de sa limite orientale (relevé H. Hansen, 2008 et Hartmann-Virnich 1992 [2000]).

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Si la position inhabituelle du cloître et des bâtiments canoniaux répondait probablement à la présence du palais épiscopal sur le même emplacement au sud de la nef où se situent encore aujourd’hui ses vestiges de date plus tar-dive29, il faut s’interroger en effet sur l’origine du complexe canonial comme une des conséquences de l’introduction de la vie commune, attestée à Arles dès 103230. Le mode concret et le cadre monumental de cette cohabitation restent toutefois non moins incertains que les conséquences du concile de Latran de 1059 qui imposa aux chanoines « un réfectoire et un dortoir com-muns, situés près des églises pour lesquelles ils ont été ordonnées »31, et l’im-pact de la restauration du temporel du chapitre dès l’année suivante. Cepen-dant, si les références à une véritable vie régulière n’apparaissent qu’à partir des années 118032, l’édification de l’aile occidentale avec le premier des bâtiments claustraux à vocation collective vers le second tiers du XIIe siècle33 confirme que la décision de créer les conditions nécessaires pour une certaine forme de vie communautaire avait été prise au moins plusieurs décennies plus tôt.Il reste donc incertain si le choix de l’emplacement pour l’espace canonial au sud-est et partiellement en contre-haut du chevet et du transept de la nouvelle église et du palais épiscopal au sud de la probable église précédente, répondait à une disposition plus ancienne. On peut en tout cas admettre que la limite occidentale des bâtiments claustraux, matérialisée par le soubassement du sous-sol voûté de la grande salle occidentale communément identifiée avec le réfectoire, reprend un système d’axe plus ancien (ill. 6a). Son orientation oblique, accentuée encore dans sa partie méridionale, s’aligne peu ou prou sur le transept perpendiculaire à la nef, tandis que la salle capitulaire plus tardive au nord, déviée vers le sud-est par rapport à l’église, forme un angle aigu avec le transept et l’aile occidentale jointive. Or, la construction hété-rogène du soubassement, accessible dans sa partie méridionale sous la voûte du XVIIe siècle (ill. 7), pourrait effectivement résulter de la surélévation d’un mur du tournant du XIIe siècle, dans la mesure où les quatre premières as-

29. Eggert 2003.30. Esquieu 1992, 25.31. Cité dans Esquieu 1992, 27.32. Ibid., p. 31.33. Hartmann-Virnich 2000, 50-51 ; Hartmann-Virnich 2004, 286-289 ; Chaillou 2011 (rapport dactylographié), 7-8.

6b - Digne, cathédrale Notre-Dame-du-Bourg, emplacement de la nef primitive (Démians d’Archimbaud 2001, p. 414, fig. 3).

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sises de son parement, au-dessus de la semelle de fondation mise à nu par le déchaussement du sol interne de l’espace, diffèrent du reste de l’élévation en petit appareil par leur moyen appareil archaïque34.Un autre élément tout à fait remarquable pose à son tour la question de l’existence d’un bâti antérieur sur ou à proximité de l’emplacement de l’aile occidentale : à la différence du bras nord, le bras sud du transept de la cathé-drale est doté d’une large ouverture en plein cintre disposée au centre du mur méridional au-dessous d’une fenêtre à l’étage supérieur, similaire aux fenêtres au-dessus des anciennes absidioles qui fait elle aussi partie de la construction d’origine (ill. 8). D’après la position, la forme et les proportions, cette ouver-ture aujourd’hui dissimulée dans le transept par la tribune du XVIIe siècle et, du côté extérieur, par la voûte de la sacristie moderne, semble avoir été conçue comme porte dont le seuil dut se situer à hauteur du sol actuel des ga-leries du futur cloître. Si tel était le cas, l’accès à l’étage d’un bâtiment jointif préexistant, ou déjà prévu, resterait aussi incertain que le lien du passage avec le projet d’une tribune ou d’un niveau de circulation surélevé à l’intérieur du nouvel édifice, tel qu’il fut effectivement réalisé plusieurs décennies plus tard lorsque l’église était déjà achevée35. La porte haute pose donc la question de la conception de la cathédrale romane, de son ordonnance liturgique et de sa relation avec l’espace canonial existant ou programmé dès une époque bien antérieure à celle de la mise en œuvre définitive de ce dernier.

34. (XXXV, 54) L’étude de la salle basse et des modifications successives de son accès méridional, commencée en 2006 dans le cadre d’un projet de recherche de l’université de Tübingen, sera reprise dans un proche avenir.35. Voir Hartmann-Virnich (1992) 2000, 322, 384-385 ; Hartmann-Virnich 2004, 287 et note 18.

7 - Arles, Saint-Trophime, espace claustral : soubassement du mur ouest de l’aile occidentale vers le sud-ouest (cl. A. Hartmann-Virnich).

8 - Arles, Saint-Trophime, église et espace claustral : coupe ouest-est de l’aile nord avec position de la porte et fenêtre hautes de la façade sud du transept par rapport au niveau du futur cloître (relevé H. Hansen, P. Dresen, K. Kaffenberger 2008).

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L’architecture de la crypte romane, probablement réalisée après la translation solennelle des reliques de saint Trophime en 115236, n’est connue que par la description, le plan et la coupe (ill. 9a-b) que l’architecte Henry Révoil publia peu après les fouilles entreprises en 187037. De puissants massifs de refend en pierre de taille, construits entre les piliers et les piles latérales des deux dernières travées de la nef, soutenaient des voûtes en berceau segmen-taire transversales en prolongement latéral des voûtes sur croisée d’ogives de même tracé au vaisseau central, dont les nervures étaient reçues sur des colon-nettes adossées aux massifs en position radiale. De part et d’autre de l’accès axial, deux volées d’un escalier monumental permettaient d’atteindre le ni-veau supérieur à l’entrée de la travée orientale. L’architecture de cette crypte, proche de celle de l’église inférieure de Saint-Gilles-du-Gard commencée au dernier quart du XIIe siècle (ill. 10a)38, et comparable à la transformation de la chapelle du pont Saint-Bénézet d’Avignon au cours de a première moitié du XIIIe siècle (ill. 10b)39, suggèrent plutôt une construction vers la fin du XIIe siècle, voire le début du siècle suivant et donc proche de la date des inscriptions funéraires (1217, 1232)40 incorporées dans le mur occidental du bras sud du transept à hauteur de l’église supérieure.

36. Albanès 1901, col. 221, no 568.37. Cf. annexe.38. Nos recherches récentes ont mis en évidence la date tardive du début du chantier de l’abbatiale saint-gilloise, et celle, encore plus tardive, des ogives introduites seulement au cours de la cinquième des huit étapes majeures de la construction de l’église inférieure. Cf. Hartmann-Virnich, Hansen à paraître.39. Cf. Rouquette 1974, 229-232. Cette construction liée à un changement de niveau du tablier du pont transforma la partie inférieure de la chapelle en crypte, sans doute pour la vénération des reliques du saint fondateur. Nous renvoyons à la future publication de nos recherches archéologiques dans le cadre du projet interdisciplinaire ANR « Pavage. Le Pont d’Avignon : archéologie, histoire, géomorphologie, environnement, reconstruction 3D » (décembre 2010- décembre 2014).40. Albanès 1901, 332, no 839 ; Hartmann-Virnich (1992) 2000, 843, nos 65, 67. Jacques Thirion, en revanche, vance la possibilité d’un déplacement tardif de ces inscriptions (Thirion 1979, p. 380-381).

9a-b - Arles, Saint-Trophime, superposition à la même échelle du plan et de la coupe des vestiges de la crypte dégagés en 1870 (d’après Révoil 1873, II, p. 34-35, fig. 19 A et B).

10a - Saint-Gilles-du-Gard, église inférieure, pilier du vaisseau central de l’église inférieure (cl. A. Hartmann-Virnich).

10b - Avignon, pont Saint-bénézet, chapelle : voûtement sur massifs et colonnettes d’angle de la chapelle basse (cl. A. Hartmann-Virnich).

ANDREAS
Note
Bénézet

Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, XLIV, 2013 Andreas HArtmAnn-VirnicH 11

Si nous ne pouvons commenter la chronologie de la construction des bâti-ments claustraux et des galeries du cloître dans le cadre de la présente étude (ill. 11)41, ni présenter l’ensemble des données nouvelles que les recherches archéologiques récentes ont permis d’y apporter42, il faut relever les princi-paux éléments qui posent la question de l’occupation antérieure sur l’empla-cement de l’espace canonial roman. En premier lieu, la préexistence d’un édifice partiellement conservé en élévation sous le sol actuel (ill. 12 a-b), et dégagé sur une profondeur d’environ six mètres43 près de l’angle sud-ouest du futur préau, a de toute évidence entravé la mise en œuvre du soubassement de la galerie occidentale, dans la mesure où il ne fut arasé définitivement qu’en vue de la construction de celle-ci, et en tout cas remblayé avant la mise en œuvre de l’arcade du XIVe siècle44. Il s’agit de deux murs perpendiculaires en petit appareil, parallèles aux ailes ouest et nord du cloître, consolidés à l’angle situé au nord-est par un massif saillant et fondés au moins à la pro-fondeur de la cave du bâtiment occidental proche. Le mur nord, à peu près parallèle à la galerie septentrionale, était percé d’un large arc en plein cintre sommairement clavé (ill. 12 b) qui communiquait avec un espace contigu non fouillé. Si la date de l’édifice n’a pu être établie45, sa construction dif-fère considérablement de celle des bâtiments claustraux, et son antériorité au bâtiment occidental qui précéda à son tour la mise en place des galeries du cloître, n’est pas improbable. Des vestiges plus succincts dégagés en 2008 à l’intérieur et à l’extérieur de la galerie nord, attestent à leur tour l’existence de constructions antérieures à l’emplacement du cloître roman46.

41. Hartmann-Virnich 2000, 50-56 ; Hartmann-Virnich 2004, 286-314 ; Hartmann-Virnich 2008, 350-352.42. Hansen 2006 ; Raynaud, Lisfranc 2008, 23-33, 77-78 ; Raynaud 2009 ; Jacob, Alessandri 2010, 25-28, 29-36, 38-41, 52-66, Jacob 2011, Raynaud 2011, Chaillou 2011, 7-15 ; Chaillou 2012.43. Une premier sondage fut réalisé en 1988 par V. Rinalducci (rapport dactylographié, Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur, Service Régional de l’Archéologie, 1989).44. Raynaud, Lisfranc 2008, 55-63.45. Ibid., 62.46. Raynaud, Lisfranc 2008, 23-27.

11 - Arles, Saint-Trophime, église et espace claustral : plan chronologique (H. Hansen 2008 revu et corrigé d’après Hartmann-Virnich 2004, p. 287, fig. 1)

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L’ordonnance du corps de bâtiment jointif au transept (ill. 4), par lequel dé-buta la construction du complexe canonial dès l’époque de l’achèvement des collatéraux de la nef de l’église, dont l’appareil mixte et les signes lapidaires relèvent apparemment de la même mise d’œuvre (ill. 13, 14)47, pose à son tour la question de la prise en compte d’un environnement monumental pré-existant à proximité immédiate, puisque sa façade occidentale, tournée vers l’espace présumé du palais épiscopal et non du côté des futurs bâtiments cano-niaux, est dotée d’une porte d’étage située au même niveau que la porte haute du transept (ill. 4, 13, 15). La grande aile occidentale sur cave, parementée en moyen appareil comme tous les autres bâtiments claustraux romans dans l’entourage du futur cloître, fut ajoutée postérieurement en alignant le pare-ment intérieur de son mur occidental, posé contre la façade sud du bâtiment nord-ouest déjà en place, sur celui du mur occidental de ce dernier, mais en en englobant l’angle sud-est, pour élargir la nouvelle salle. Celle-ci fut pourvue d’un portail monumental au sud-est à hauteur du futur cloître (ill. 16), et d’une série de grandes baies en plein cintre ébrasées à l’est comme à l’ouest.

47. Hartmann-Virnich (1992) 2000, 281-283 et fig. B,26 B ; Hartmann-Virnich 2004, 287-288.

12a-b - Arles, Saint-Trophime, préau : plan, élévation et vue des vestiges architecturaux dans l’angle sud-ouest (relevé H. Hansen, 2008, cl. A. Hartmann-Virnich).

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13 - Arles, Saint-Trophime, espace claustral : détail de la porte haute et du chaînage d’angle du bâtiment nord-ouest (Hartmann-Virnich 1992 (2000), fig. B 26).

14 - Arles, Saint-Trophime, église : relevé pierre-à-pierre de la façade occidentale (Hartmann-Virnich 1992 [2000], fig. B 41).

14 Andreas HArtmAnn-VirnicH Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, XLIV, 2013

Si l’ordonnance et la position du portail et de la claire-voie orientale, peu ou prou incompatibles avec la création ultérieure d’une galerie claustrale, laissent à penser que la façade est de l’édifice fut d’abord conçue pour un espace ou-vert48, le parement extérieur ne montre aucune trace des fenêtres, peut-être aveugles dès le départ49 ou masquées par une reprise du parement. Or, l’étude archéologique récente du mur a relevé les traces de trois constructions char-pentées successives qui ont précédé l’encastrement des faisceaux du voûtement de la galerie du XIVe siècle (ill. 17) : une rangée horizontale de trous de poutre sous le niveau d’appui des baies à l’intérieur, prévue dans la construction, fut remplacée dans un second temps par un système de corbeaux, puis par une arcature aveugle dont les arcs en plein cintre suivaient un rythme irrégulier.50 Tous ces dispositifs se limitaient au nord du portail de la salle, à l’instar du soubassement de la galerie qui ne fut amorcé lors de la construction de la galerie septentrionale sur les deux tiers environ de sa longueur (ill. 18), sans doute en raison de la présence de l’édifice antérieur dans l’angle sud-ouest du futur préau.

Si l’incidence du cadre monumental préexistant sur le chantier de la cathé-drale romane et de son espace claustral, tout à fait certain pour la travée occidentale de la nef de l’église et la galerie occidentale du cloître, ne fait guère de doute, les indices sont indirects et pour la plupart ténus, tant pour les élévations conservées que pour le sous-sol archéologique. Compte tenu du dénivellement considérable entre l’espace claustral, l’église et le palais épis-copal, la profondeur des niveaux archéologiques antérieurs au XIIe, XIIIe et XIVe siècle, et la limitation des fouilles aux niveaux touchés par les travaux de restauration, a empêché le repérage systématique des vestiges de plus haute époque, soustraits aux enquêtes archéologiques récentes. Alors que les diver-gences d’axe suggèrent ou supposent l’impact d’un bâti plus ancien, dont la présence est confirmée par la mise au jour de la construction arasée dans l’angle sud-ouest du préau, sur le positionnement de l’aile occidentale, les constructions antérieures, susceptibles d’expliquer les particularités et ano-malies du cas arlésien, restent à découvrir.

48. Hartmann-Virnich 2004, 289 et fig. 3 ; Chaillou 2011, 8.49. Chaillou 2001, 8.50. Chaillou 2011, 8 et fig. 11.

15 - Arles, Saint-Trophime, église et espace claustral : coupe sud-nord de l’aile occidentale (relevé H. Hansen, 2008) : A : position de la porte haute du transept ; B : position de la fenêtre haute du transept ; C : emplacement des inscriptions funéraires du début du XIIIe siècle dans le mur occidental du bras sud ; D : Position restituée de la porte haute du bâtiment claustral nord-ouest.

16 - Arles, Saint-Trophime, espace claustral : portail sud-est de l’aile occidentale (cl. A. Hartmann-Virnich).

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17 - Arles, Saint-Trophime, espace claustral, relevé pierre-à-pierre de la façade orientale de l’aile ouest. Surligné en rouge : position présumée de l’arcature aveugle d’après les traces de contact ou d’arrachement, et niveau des trous de poutre ménagés dans une des assises du parement. Surligné en vert : position des baies visibles à l’intérieur intérieur (relevé M. Chaillou, Hadès, 2011 d’après A. Hartmann-Virnich 1999, H. Hansen 2008, Christofori & Partner 2009 et F. Blanc 2011. Proposition de restitution A. Hartmann-Virnich).

18 - Arles, Saint-Trophime, cloître : emprise hypothétique des soubassements et du mur-bahut à l’issue de la première campagne de construction des galeries du cloître (d’après Hartmann-Virnich 2000, p. 54, fig. 18).

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Annexe : Compte-rendu des fouilles de 1870 par Henry Révoil1

« Des fouilles, entreprises au mois de juillet 1870 (4 : ces fouilles ont été faites par l’auteur pendant le cours des travaux de restauration de l’église de Saint-Trophime, exécutés sous la direction de la Commission des monuments historiques) pour fon-der les piliers restaurés de la nef, ont mis à découvert les traces d’une crypte à l’entrée de la quatrième travée. Cette crypte se composait d’une sorte de couloir conduisant à deux travées : la première placée sous la quatrième travée de la nef, la seconde sur celle du milieu des transepts précédant l’abside. Les voûtes de cette chapelle basse étaient supportées par quatre colonnes cantonnées ; des placages contre les piliers avaient régularisé les murs & fait disparaître les ressauts des piliers de la nef primitive.Le plan & la coupe (fig. A & A’) indiquent le niveau du dallage ancien ; celui de l’église actuelle, à 1,25 m en contre-haut, & enfin un arceau & des traces qui font (34/35) connaître à quelle hauteur devait s’élever le dallage de la partie supérieure de cet avant-chœur se prolongeant jusqu’à l’abside.Or quel est le style de ces colonnettes cantonnées ? Leurs bases sont du XIIe siècle, & tout fait supposer que cette sorte de crypte, qui rappelle du reste la disposition sem-blable de l’église Saint-Honorat, fut construite à la même époque que le portail, au moment de la translation des reliques de saint Trophime. Cette translation solennelle fut faite en 1152 par l’archevêque Raymond de Mont-Rond...Les fouilles précitées ont mis à découvert l’abside principale ; elles n’ont pu être pous-sées au-delà des bras des transepts, mais en observant les amorces de la construction ancienne, il est possible d’affirmer qu’ils avaient aussi leurs petites absidioles.Nous venons de voir comment l’existence de cette crypte, ajoutée au monument, nous a donné les moyens de prouver que l’église était antérieure au XIe siècle, asser-tion qui serait sans valeur, si on ne s’appuyait sur l’addition du portail, mais voici une autre observation résultant de ces fouilles & dont l’importance est bien plus grande.Les deux piles extrêmes de la quatrième travée, mises à nu jusques à leurs fondations, ont révélé l’existence de deux piles en croix autour desquelles ont été plaqués les appa- (35/36)reils de la nef formant les faisceaux des piliers supportant les arcades, les arcs-dou-bleaux de deux côtés, & les grands arcs-doubleaux séparatifs de la nef principale.Évidemment ces deux piles en croix sont plus anciennes que les constructions qui les entourent ; en ce cas, n’est-il pas permis de les attribuer à l’édifice bâti par saint Virgile, dont les anciens chroniqueurs nous révélèrent la construction ?Il n’est pas sans intérêt d’ajouter qu’au niveau du sol de ces piliers se trouve un frag-ment de mosaïque attribué au VIIe siècle, & que les appareils de ces piliers en croix portent des tailles mérovingiennes & des lettres, marques de tâcherons ».

1. Révoil 1873, II, p. 34-36.

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