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INSTITUT D'HISTOIRE DE PARIS

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2013

Quelques précisions sur les acquisitions romaines de Pierre Crozatet Philippe II d'Odéans, arrivées en France en172l

Pierce Crozat fut incontestablement la figuremaieure du mécénat du début du Siècle deslunrières'. Il fut celui grâce à qui les gensde gofrt, traditionnellement versés dans < labienséance, le noble, le grand, le gracieux I,sont devenus les acteurs de la République desArts au x\rrr' siècle3. < Pauvre > par ironie delangage mais riche dans les faits, il se distinguade son Îère aîné Antoine, dit<<Crozatle Riche >,en réunissant en son hôtel patticulier de la ruede Richelieu une collection si importante enqualité et en quântité qu'elle a marqaé l'histoirede son empreinte. Proche du <public paffut>>quântoine Colpel él>aucha en 1,7 21,, c'est-à-direà la fois << grant du jugement de goûrt etinterlocuteur privilégré du peintre >>a, Crozat fittsurtout le < maggiot dilettante, ch'oggi sia almondo, di disegni, e di pitture >> -vaîté parl'Accademia Clementinau.

Fils d'un fonctionnaire toulousain, il devinttrésorier des États du Languedoc avant des'installer à Paris peu après 1700. Qualifié dès

par Valentine TourarN-Quitrnrmndocteur de l'Uniuercité dc PariySorbonne

1,699 de < grand ^mateut

>6, il retint l?attention dePhilippe II d'Odéans. C'est grâce à cet appuiquT poursuivit une irrésistible ascension auconfluent de la haute finance et des arts. Car ilsemble avoir peu tratté avec le duc d'Odéansd'affaires purement financières. Il apparût plutôtque ce furent son goirt et. sa connaissance desarts, mais aussi son ample réseau de relationsau-delà des frontières et sa maîtdse des trac-tations commerciales, qui aient séduit le prince.Ainsi devint-il en 1705le financier de lâcadémiede France à Rome, avant de se muer en émissairespécial du duc d'Odéans, dédié aux Arts7.

I-n uoyge dts tableaax dc la reine Christine deSuède, de Rome à Paris

Son séjour en ltalie, de septembre 1714 à jutn1715, représenta le tournant de sa carrière, voirede sa vie. Philippe II, qui n'étut encore que ducd'Orléans, l'y envoya officiellement sur les tracesde la collection de la reine Christine de Suède,que les héritiers souhaitaient mettre en ventes.

J'adresse mes plus sincètes temerciements à Guy-Michel Leptoux et Michaël Dectossas pour leurs relectures attentives etleurs suggestions.1. Sut Piette Crozat (1.665-1.740), cf.les travaux fondateurs de Cordélia Hattori (Pierre Croryr, thèse de doctorat sous ladir. d'Antoine Schnapper, Université Patis lV-Sotbonne, 1998 et <Contemporary Drawings in the Collection of PietreCtozat >>, dans Master Drawings,XLY, n" 1,2007, p. 38-53).2, AlatnMétot, Is conférences dc lAcadenie rolale dt peinture et de stalptare atl xwt siècle,Paris,1996, p. 405.3. SutlaRépubliquedesArts,y'ChariotteGuichxd,Lzsanateurcd'arràParisauxwTsiècle,Seyssel,2}}8;RépubliquedesL^emes,kApublique dcs Aû. Méknges offerts à Man Fumaroli, sous la dir. de Christian Mouchei et Colette Nativel, Genève, 2008.4. A. Métot, < L idée d11 public parfait Selon Antoine Colpel >, dans Cmiasitd. Étadcs d'histoirc dc l'art en l'honneur dAntoineSchnapper, sous la dir. d'Olivier Bonfaig Vétonique Gératd-Powell et Philippe Sénéchal, Paris, 1998, p. 1,1,5-124.5. PierreCrozatyfiitreçrmembrehonorarele23avnllTT9(AtlichelangeloL.Giumanini,<Catalogodegliaccademicid'onotenellâccademà Clementina (1710-1803) >>, dans Accadenia Clenmtinq atti e menoie, n" 38-39, Bologne, 1998-1999,p.215).6. Florent Le Comte, Cabinet drs singularihq d'archituture, peinture, scalpture et graaetlre, Pans, 1699, t. III, p. 209.7. C. Hattotr, Piene Croqat..., ap. ciT. à la note 1, p. 31-33.8. Victot.ChampieretGustave-RogetSandoz,L,ePalais-RoJald'aprèsdesdocanenTsinâdit:, 1629-1900,Patis, 1900;RenéAncel,IsTableaax dp laReine Chriçine d.e Suède. L-aVente auRégent d'()rl6ans, Rome, 1905; Casimir Stryenski, I-a. Galerie da regenrPhilipe, duc d'Orléans, Paris, 1913, p. 1,8-32; Margaret Stuffmann, < Les tableaux de la collection de Pierte Crozat. Historiqueet destinée d'un ensemble célèbre, établis en partant d'un inventaire après décès inédit (1740) >, dans 1a Gaqette des Beaux-Axs, jurllet-septembte 1968, p. 5-144, aux p. 18 et 28 ; Françoise Mardrus, < Les collections du Régent au Palais-Royal >,dans L.e Pakis-Rryal, catalogue de l'exposition, Paris, musée CarnavaTer,g mat'4 septembre 1988, Pads, 1988, p.98-99 ;C. Hattori, Pierre CroqaL.., op. cit. àla note 1, p. 225-230.

70 Valentine TourarN-QurrrrrrEnMais les âpres négociations orchestrées par lecardinal Livio Odescalchi et par BaldassareOdescalchi, duc de Bracciano, le mirent enrivaltté avec plusieurs marchands et repré_sentants anglais, autrichiens et portugais.Après de longues trâctations, auxquelles lesfluctuations de la monnaie française en pleinefaillite du Système de John Law en 1720 nefurent sans doute pas étrangères, la majeurepartie de la collection fut finalement acquise parle désormais régent de France, le 14 janvtet 1721.Cordélia Hatton, dans sa thèse consacrée àPierce Crozat, fait état de deux cent cinquante-neuf peinturese obtenues pour la somme de90 000 écus romains, à laquelle s'aioutaient1 000 louis d'or de pots-de-vin, soir un total de93300 écus, alors que les Odescalchi enréclamaient 300 000 écus en L71.5, date à laquelleles négociations avaient été tompues'o. À l'époqugCrozat ne leur offnit que 120000 écus'1 mais, àforce de patience, il les acquit pout le tiers duprix initialement demandé.

Une correspondance inédite témoigne dupériple particulièrement épique de ces ceuvresjusqu'à Paris, et précise les étapes successivesdu convoi. Elle est en partie adressée à FélixLe Pelletier de la Houssaye, contrôleur généraldes Finances, âuquel le duc d'Antin, surintendantdes Bâtiments, avait ttansféré le contôle des

opérations de transportt2. par son autoritédirecte sur les intendants et les trésorieïs duroyarilne, Le Pelletier de La Houssaye gatdaitlamaîuise du financement du voyage. Cependant,1l apparaît clairement que le cardtnal GuillaumeDubois supervisa toute l,opération. Sa premièrelettre traduit l'impatience du Régent :. SA.K m'aordonné de uous écrire pour uous prier de prexdre letmestlrer les plus promptes et les plus rcures pour dirigerau nieux ceTte sensib/c opération13. Ainsi, on peutconstâter la grande proximité entre le duc \d'Odéans et son mirristre mais aussi s'étonner

-u.que pour une affute dont le catactète ptivé eç6Findéniable, puisque, rappelons-le, les tablearrx enquestion ont éré acbetés pour la collectionPersonnelle du duc et non pour la Couronne,tous les représèntants du pouvoir central aientété mobilisés, des consuls établis en Iralie auxintendants des pror.inces de France.

I-e nouveau consul de Ftance à Livourne,Alphonse de Moy, veilla à la bonne marche dutranspoït par merla. Sous sa responsabilité, lestableaux furent installés dans trente caisses debois et voyagèrent sur le Martigues, bateau ducapitaine Antoine Amiel, de Civitavecchiajusqu'à Sète. Là, cotûne aucun passeport ne lesaccompagnait pour le voyage, I'intendant duLanguedoc fit apposer des sceaux de plombpour éviter les contrôles avaflt leur arrivée à

9. Sur ces deux cent cinquante-neuf æuvres et leur inventaire, consulter Olof Gramberg, Ia Gaterie ù tableaux de /a ReineChistine de Saàde aJant appartenxl al\araualtt à tEnpereu Rodolpbe II, ptus tard asx dscs d'Orléats, Stockholrrr, 1g97,appendice I! p. XCI-CX.10. C. Hattori, Pierre Cro7at..., op. cit àlatote 1,p.228.11. Lettre de Poetson au duc d'Antin du 19 mars 1715 : < Pour le cabinet de Dom Liviq il fCxozttl m,a dit aujourd'huyqu'il n'y pensoit plus, les héritiers s'obstinant sur le pdx de trois cent mille écus Romains, et M. Crozat n'en voulantdonner que cent vingt mille, qui est le ptix, je ctois, que le Pdnce Dom Livio fa achetté des héritiets de la Reine de Suède >(Correrpondance des directeurs de lAcadénie de France à Rone..., éd. pat Anatole de Montaiglon etJules-Joseph Guiffrey,Paris, 1887-l 912, r. tY, p. 377.1'2. Féltx Le Pelletier de La Houssaye fut nommé contrôleur général des Finances le 11 décembre 172O, iwte après la faillitedu Système de John Law et Ia fuite de celui-ci. It avut été auparavanr intendant de Soissons, de Montauban poi, d,Al.u..et, surtout, chancelier et garde des sceaux du duc d'Odéans. Ç François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois,Diùionnaire de la noblesse,Paris, 1776, t. XI, P. 253 ; Charles Godard, Its pouuoirs dn inTerdants sous L,ouis XII,I particrtièrenenTdansletpqsd'élection,ù166/ à1715,PaÀs,1901,,p.520,533et539 (reprintGenève,1.974);AnetteSmedley-Wei[fur intutdanade l-'ouis XIV, Patis, 1995, p. 54, 62 et 65 ; Jean-Christian Petitfils, It Régent, Pads, 2006, p. 570. Issus de la noblesse detobe, les intendants étaient placés sous I'autorité directe du conuôleur général des Finances. Ils étaient les reptésentants del'État dans les différentes provinces du royaume, en chatge de la police, de la justice et des finances. Si leut ptiodté étaitle setvice du roi, ils se reconnaissaient malgré tout une autofité sur les habitants de leur province. Leurs tâches les plusfréquentes concernaient les finances (4. Smedley-)Weill, op. cit,p. 1 55).13. Arch. nat., G7 600, Lettres communes, 1720-1721,1etre du 8 septembre 1721.14. Alphonse de Moy fut nommé à Livoune en 7720 fean-Piere Filippini, < Le problème de I'application des ordonnancesde Marine dans une échelle italienne, Livourne >>, dans Pouuoirs, contesTatiorc et clmplÉenerxtr ddilr lEurope noderne. Mélanges enI'bonneur du profesvarYau-Marie Bercâ, sous la dir. de Bernard Barbiche, Jean-Pierre Poussou et Alain Tailon, patis, 2005,p.475-494, à la p. 483).

Quelques précisions sur les acquisitions romaines de Pierre Crozat 71

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Paristu. D'après la correspondance des directeutsde llcadémie de France à Rome, l, apparaîtclairement que le jeune sculpteur français Pierrede LEstache, installé en Italie depuis 1715,participa au convoiement de Rome jusqu'àParis'u. Amateur de lântique, il venait de se faireremarquer par Poerson pour avoir réalisé unMêLéagre d'invention, peut-être pour unecommande privée. Les soins qu'il apportait àson bloc de marbre semblent avoir marqué lesespfits et ont certâinement joué en sa faveurlotsquT a été question de nommer un praticiencapable d'assurer la sécurité des ceuvres pendantle voyage. Le départ eut lieu le 10 septembre1.721t', et la catgatson accosta dans le portfrançais au début du mois d'octobre.

Un fois à Sète, un recomptage précis futeffectué par llntendant du Langedoc, Louis deBernagels. Celui-ci constatâ alors que les trentecaisses convoyées depuis Rome n'étaient passeulement destinées au Régent. Il n'y en avaitque dix qui renfermaient les tableaux de la reineChristine, tandis que vingt autres contenatent desffits appanenant tant à monsieur le cardinal Dubois,qu'à messieurs les cardinaux dc Roltan, de Bisslt, feumonsieur le cardinal dt Mailfi et autres personnetn. Lapeste faisait rage à Marseille et bloquait les voiesde circulation âutour de la Provence, jusqu'àLyon. Le convoi ne put donc suivre la routenormale vers Paris. Dubois dut improviser unnouveau trajet, complexe, tout en respectant desdélais très serrés. L'efftcacité du systèmed'administration des ptovinces, hêtité deColbert, lui permit de gérer le convoiement des

æuvres en débloquant, à chaque étape, les fondsnécessaires. Àinsi, le 22 octobre,la cargaison pritla route vers Toulouse, puis Bordeaux, ensuivânt la voie fluviale du canal du Midi et de laGaronne. Elle devait ensuite .voya;ger parbrancards jusqu'à Paris, mais le poids des caissesétast tel qu'aucun mulet ne pouvait les porter.Un nouveau ra;pport, rédtgê par l'intendant deBordeaux, Chades Boucher d'Orsay, affirme queælle qwi renferme une partie des plus précieux pàry æptà huit cens liuru, et la cinqaiène où sont les plus beauxtableaax de Rabens pèry au rnoins quatorTe cens liuref\.Les tableaux furent alors embarqués sur unnouveau navire, cette fois à destination deNantes. De là, ils voyagèrent sur la Loite,passant par Saumur, Tours, Amboise et Blois,jusqu'à Odéans, avânt d'emprunter le canal deBnare, pour gagner Patis2t. L'entreprise étaittitanesque et il fallait régulièrement libérer lepassage empêché par divers navires. La catgarsonétatt nrée par des hommes sur un fleuve auxberges si instables qu'il étast impossibled'employer des chevaux. Les caisses arrivèrentfinalement à Paris le 11 décembrc 1,721, ttoismois seulement après avoir quitté Rome".

pue/qwu exemples d'æuuru en partanceLa liste dressée par Bernage confrme que

cette vaste opération de transport, rêglée par \econtrôleur gênéral des Finances, ne concernaitpas uniquement le Régent. Une petite caisseconteriant deux missels parvint au cardinalDubois à Paris. Le cardinal de Rohan en reçuttrois, sans plus de détail, le catdtnal de Bissy

15. Arch. nat., G7 600, Letttes cornrnunes, 1.720-1721,lettre du 8 septembre 1721 (doc. 1).16. Ànne-Lise Desmas, < Piette de L'Estache (1.688 ca.-1774): un sculpteur ftançais à Rome entte institutions nationaleset grands chantiets pontificaux >>, dans Studiol0, 1,,2002, p. 107. Sur Pierre de L'Estache, f. aassi Denis Lavalie, < Unedécoration à Rome au milieu du X\{II' siècie : le chreut de Saint-Louis-des-Français >, dans L,esfondations nationalet daw laRone pontfrcale, Rome, 1981, p.249-331..1.'7 . Correspondanæ drs directeurs.. ., op cit. àIa note 11, t. IV, lettre n' 237 5 du 9 septembre 1721., du cardinal de Rohan au ducd'Odéans : < Enfin, les tableaux de Votre Altesse Royale partiront demain de Rome et seront vendredi à Civita-Vecchia >.18. Louis de Bernage, seigneur de Saint-Mautice, avait été intendant de Limoges de 1694 à novembre 1702, de Bourgognede ianviet 1'703 à't708,Etrs d'Amiens de 1708 à 1718. C'est alots qu'il était devenu intendant du Languedoc. Cf. C. Godard,oP. àt. à Ia note 1.2, p. 521, 524 et 537 ; A. Smedley-\7ei1J,, op. àt. à la note 12, p. 40.19. fuch. nat., G'600, Lettres communes, 7720-1,721,,1etre du 15 octobre 1,721 (doc.4).20. Ibid.,lettre du 7 novembte 1.721. (doc. 9). Chades Boûcher d'Otsay avait été nommé à Botdeaux en 171,5. II avut êtéintendant à pattir de 1710 à Limoges, où il revint en 1724 (4. Smedley-Weill, 0p. cit. àIa note 12, p. 42 et 69). Sur les routesde Ftance au XVI[' siècle, I Guy Arbellot, < La grande mutation des routes de France au XVIII" siècle >, dans Annales.Econonies, nciétis, tiuilisations, 1973, vol 28, \^ 3, p. 765-791.21'. Atch. nat,, G1 600, Lettres communes, 1720-1,721,lettte du 2 décembre 7727, ajout au crâyoir (doc. 15).22. CotdéhaHatton avznce, elle, la date du 16 décembre 1721 (Pierre Croqat..., op. tb. à la note 1, p.230).

quafte, et les héritiers du cardnal de Maillv.décédé depuis septembre 1721, deux. Cescafdinaux et ministres étaient des figuresmajeures du parti ultramontain. Toot.fois. lecardinal de Rohan avait, tour comme le carjnalde Bissy, signé très tôt le Corpt de Doctrine,compromis êlaborê par le duc d,Odéans destinéà clore la querelle en 1719"3. Il fut nomméambassadeur de Francç auprès du Saint_Sièee àl'occasion du conclaVe de 1721. Dès I'aÀéeprécédente, tl étut à Rome accompagné deChades-François Dufai de Cisternay, .lhiirirr.'.,intendant du jardin du Roi, que l,ontrouve aussidans la liste de Bernagero : fJne aut?e caisrc betite, àl'adresse de S A.k,.auec le nom da sieur Imbert- premierualet de cbazzbre de monseigneur n an, i,ôlrinir,appartenant à monsieur Drfnl. Ce voyage futl'occasion pour Dufai de se décoouÀ tr.r.passion pour les ceuvres antiques. Il collectionnaalors médailles, bronzes et débris demonrilnents. De ce fnt, il est parfaitementenvisageable que les tableaux, æuvres d'artantiques que Rohan et Dufaji ont achetesRome aient été joints au transport des caissesdestinées au Régent. La liste de Bernage,cependant, n'est pas un inventaire, et rares sontles informations qui rendent compte du contenuprécis des lots. Cependant, elle attesreclairement que les . æuvres d,art originairesd'Italie, destinées à des collections irivées.furent convoyées grâce au fir"r..-.rrt p.rblicdes Monnaies de province. Le problème futsoulevé par l'intendant de Bretagne, Feydeau deBrou2u, qui fit remarquer à son tour que les colis

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n'étitent pas destinés qu,au seul Régent : si cesballots sont adresÉs à Nantes, trouuerés_aius bon qa,onles fatse Transporter auec.les tableauxlusqu'à paris etQ1e k depense qa'il en coûtera nitprise ir tesfonds dela Monnrye de Nantes, ou bien ,illondro ,u"1n;r, d",narcltés particulierc ?nur en ertre le pojtr*rni fr;t pnrrztonsieur le cardinal de Biqy et let béritiers de monsieurle cardinal ù Mai//1r6 |

Dans cet envoi groupé, pierre Crozat n,étajtpas en reste, bien au contraire. La liste deBernage relève cinq caisses à destination dufinancier, dont une pour le père GuillaurneDaubenton. Ce chiffre .r,.r, .orrr"diction avecles listes établies par la direction de lâcadémiede France à Rome âu moment du départ, caï septcaisses lui semblaient destinéesrr.

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différence, c'est surtout av .orrr.io qu,ilc:n\r_lent de s'intéresser; Le documen! succinct,cite des modelles de terre cuiltds..Dansla descriptionde la collection Crozat que Margaret Stuffmanna publiée en 1968, outre une sculpture du Bermnnotée sans plus de détail sous ie numéro 195,nous ne tfouvons tface que de deux æuvfestéalisées dans ce matêïiàv et inventoriées avec lacollection de peintures, les numéro s B0 et 237,tous deux des bas-reiiefs. Le premier, uneBacchanale dbnfants auec ,/ne cbèure, sè trouvait lorsde son décès en 1740 dans sa chambre à coucher.Le second, tout coûrme l,æuvre du Bernin, sesituait dans Ia galene neuvg au cæur de l,écrursomptueux d'une collection qui l'était toutautanÊe. Ces æuvres, achetées à Rome lon deson séjour en ftahe, ont été évoquées, dès 1715,par Poerson. Le 1,2 févÀer, celui-ci écrit au duc

23' Atmand-Gaston-Maximilien de Rohan, cardinal evêqrre de stræbowg et gand aumônier de Francg a été l,un des premiersdéfenseurs de la bulle unisenitzs ùf/io, avec le cardinal Henri pons a. tÉ-iae Bi..y, l";r;:;;î;;;ooi#., ,".r*,, d.la papauté' les < constitutionnaites >, a'x iansénistes partisans dG;. ô;.rJ.1lî..ririo. g"[i.ane de la religion cathoJiqugles <i opposants >' son amitié avec le Roi à la fin di ,r.,i., ,.nior.e" p* i;;;Ce çe M.. de Maintenon lur portait, luipetmit de Pousser Louis Xrv à reconnaître la constitution unigënih/; en tili. 1À cr,tstian petitfils (0p. îit à ra note 12,p' 219' 226' 568 et 61't) en dresse un portrait sâvor.ueux, :, g.-ù *rgr:*, Égel ei prerompreux >. I-e cardinal François deMailly' archevêque de Reimg est aussi .gnr,o po.r, ,.. positions < constitutionn alres > Qbid.,p. 566_56g).24' Bernatd'Le Bovier de 'Foaienele, n Éloge de Franiois D" F^; ;;;-i*îr"à t'n*au*r rqyale tut scienæt, année 1.739,Pais, 174'1,p.73-83 ; id,, cEuures d.e Monsiàr de Foot orttr, Arn t rdÀ, iiài, r".'i,"p. yz.

25' Paul-Esprit Feydeau de Brou, seigneur de villeneuve sur Aulne, fut intendant de Rennes de 1,715 à 1727.Il fut nommégarde des sceaux par Louis XV en t7ez, etdé"n.ri";; l'--;yî,'I.eË.'Ëoa".a, op. cit àra note 12, p. 520, 526 ;A' smedley-\)/e111' 0p' cir' à la,ote 1'2, p. 47; Betnard Barbiche, n De la comlission à foffice de la couronne : Ies Gardesdes sceaux de France du X\lI' u,, xwII" siècle >, dans la Bibiotrtèque dt t'Ét;i; ;;;;.rtus, 1.993, n" 1,51-2,p. 387-38g.26' Arch. nat., G7 600, Lettres coîlmunes, 1720-1721,letre du 24 0ctobrc 1721 (doc. 5).27'CorreEondancedesdirecteurs... ,0p,cit .àlanote11,t. I{ lerffen" 2364ùt72août172L.28' Arch. nat., G'600, Let*es cornmurres, tlzo-nLt,iettte du 15 octobr e 172.1 (doc. 4).29. Sur ces entrées, y' M. Stuffmanî, 0p. cit. à la note â, p. f 13.

Quelques précisions sur les acquisitions romaines de Pierre Ctozat 73d'Antin que Crozat ( achette quelques camees,des médailles, des modèles de terre cuitte deFrançois Flamand3o et de l'Algarde >, informationquï précise le 19 mars: <Il a aussi achetté unefemme de marbre avec des monstres matins,chose moderne; outre cela, plusieurs modèles deterre cuitte, tant de l'Algarde, François Flamandet autres sculpteurs habiles. Il a aussi acquis descamées et quelques pierres gravées, de petitesfigures de bronze, un vase de prophire (rzr) et destables de marbre>31.

Bernarge n'évoque la ptésence que d'un seultableau de Raphaël parmi les caisses destinées auRégent: ane awtre caisse du tableau de RapltaëL, à lamême adressê'z. Philippe II d'Odéans possédaitpourtant, selon Sttyenski, plusieurs tableaux dupeintre, dont sept provenaient de la collectionde la reine Christine. Mais un seul, alors, faisaitfigure de chef-d'æuvre: la Sainte Famille auecsaintJean-Baptiste, dite aussi Madonna del Passegio,peinte vers 1516 et aujourd'hui à la NationalGallery of Scotland d'Édimbourg, quisurpassait en format et en prisée les autrespeintures de la collection (fig. 1)33. Dès sontransfert en France en172!, ce tableau fut doncmis en

^vantpat I'emploi de l'article sitgoher du

(et non le pluriel des), qut le rendait unique etprécieux. Cette distinction annonce une fortunecritique prestigieuse pour la Sainte Famille deRaphaëI. D'æuvre importante, elle devenaitceuvre emblématique.

Piene CroVar et Pltilipe II d'OrléansSi les documents publiés ici n'évoquent

qu'une partie du coirt téel de cette vasteopération de ttansport, en passant sous silence laquestion de l'assurance des æuvres, ils

permettent cependant de préciser les rapportscomplexes qui liaient Philippe II d'Orléans àCrozat. Notons tout d'abord que ce dernierapparaît dans la correspondance échangée àl'occasion du tfansport des æuvres. Ce n'estdonc pas une action faite en toute discrétionmais bien une opération dont il profita à des finspersonnelles, et dont la démarche avait étévalidée en haut lieu. Cela sous-entend que lecollectionneur étast tout à fait connu et reconnudes institutions artistiques du royaume, qui lelaissa-ient manæuvrer selon son bon vouloir.Lors des premières tractations en Italie, en1,7!4, Crozat ne possèdait aucune chargeinstitutionnelle réelle, si ce n'est son statut definancier de l'Académie de France à Rome, quiétait indépendant de lahiérarchie artistique de lasurintendance des Bâtiments, et source deconflits avec lâcadémie à l'occasion de mauvaisremboursements de sommes avancées3a. Comptetenu du vaste réseâu quT déploya et de ladiscrétion relative dans laquelle ses transactionsse détoulèrent, Croz^t apparaît comme unintermédiaire recrutant des personnalités aptes àfaciliter les négociations, et débloquant lui-même certaines situations's : on le voit, parexemple, intervenir efficacement lorsque,plusieurs semaines après avoir livré les tableauxà bon port à Sète, le capitaine du navire n'étattpas encore payé. Pour un tel amateur ceuyranten marge de I'administation royale, larémunération ne pouvait se faire que de façonofficieuse.

Comment un grand financier réputé pour safermeté en affaires pouvait-il se dédommagerlorsqu'il était ainsi mandaté ? Bien évidemment,le service du pouvoir flattait profondément

30. I1 s'agit de François Du Quesnoy. Cf. Chantal Grell et Milovan Stanic,l,"e Bernin er lEurope. Du Baroque tionpbant à /'âgeronantique,Paris,2002, p. 33, note 28. Pour Marion Boudon-Machuel, la sculpture ne peut être de Du Quesnoy (FrançoisDa paunoy 1597-164i, Paris, 2005, p. 53).31. CorreEondance dcs direcTeurs..., 0P. tit. à la note 11, t. IV, p. 368 et 377. Sut le goût pour les terres cuites, y' C. Hattoti,< Contemporaty Dtawings... >, op. cit à la note 1, p. 52, note 13.32. Arch. nat., G1 600, Lettres communes) 1720-1721,lette du 15 octobre 1721 (doc. 4).33. L'tnventake aptès décès du fils du Régent estime, en 1.752,Ia Sainte Fanille à 28 000 livres ; en 1785, àIa mort du petit-fils du Régent, la pdsée s'élève à 48 000 livtes, suq)âssânt amplement les auttes peintures de l'école romaine présentes dansla collection du Palais-Royal (C. Stryenscki, op. cit. à la note 8, p.147 et p. 159, n" 125).34. Ctozat restâit avant tout un financier. La difficulté à tecouvtet l'argent prêté à lâcadémie de France à Rome est trèscertainement à l'origine du reftoidissement de ses relations avec Poerson (C. Hattori, Piene Croqat..., E cit àla noæ 1, p. 32-33).35. Arch. nat., G7 600, Letttes communes, 1.720-1.721,lettre du 5 janvier 1722 (doc.22).I1 avait fait intewenir le catdinalGualterio et Michel-Ange de La Chausse pout les tableaux de la reine Christine de Suède, et le catdinal Alessandro Albanipout le tableau du Cotrège de l'église Saint-Antoine de Parme.

l'honneut d'un individu et renforçait sa Régent au financier ne fut pas unique, mais nousposition à la cour. L'amateur compulsif pouvait n'avons aucun documenr nous peimettant d,enalors franchir les frontières les plus périlleuses, identifier d'autres avec certitudeir.motivé pâr un zèle d'obédience royale. On est Ainsi, dresser le portrait d'un tel manieurtoutefois en droit de se demander quels d'argenq mécène et intermédiaire est délicat.avantâges itait Crozat de telles missions ? On peut, toutefois, opposet sa carrière à celle deComme il n'obtint pas de charge officielle, il est son frère ahé, l'un des plo, puissants financiersévident qu'il ne touchait pas de gages. Peut-on du royaume, Antoine Crozat.Il montra en effetPour autant pader de commissions ? Cela est par ses actes qu'il souhaitait se démarquet dupeu probable. Assurément, Cïozat ne limitait milieu de la haute finance et de la tutellepas sa clientèle au seul Régent et se plaça fraternelle. Son excentricité s'exprima danségalement au service du duc de Devonshire, l'un l'élévation d'une majestueuse d.-.,rr. nori pasdes plus grands collectionneurs anglais des sur la prestigieuse place Louis le Grand, maisannées 1710-1720%. Mais cette mission était rue de Richelieu, àurn o., quartier en pleinesurtout l'occasion pour lui de réclamer . mutation, ouvrant sur les faubourgs du nord dediscrètement des < épingles >, des pots-de-vin Paris. Quand son frère affirm"it .or, ,^rrgdestinés à couvrir ses ftais. Une centaine de puissant à la cour en mariant sa fille au comredessins issus de la collection odescalchi sont d'Évreux, lui, resté célibataire, sorgnait saainsi passés dans les mains de CrozaÉ,.11 put collectiond'æuvres d'artavecavtàtrtd,amouretégalement acheter pour son plopre compte de d'attention que sT s'agissait de sa propre chair.nombreuses æuvres (dessins, toiles, sculptures, Lorsqu'Antoine s'entÀrait des banquiers pârisobjets d'art, bijoux)3'. Après tout, le Régent était po,r, ,., affaires,pierre invitait les artistes qur lurlibre, si certaines toiles ne lui convenaient pas, de étasent chers à le rejoindre chez lui et à travalllerles lui céder gracieusement I Une seule æuvre est sur ses projets d'é.litions de recueils gravés. Lesvéritablement documentée pour être passée de deux activités de ce peisonnage unique en so1sa collection à celle du financier. Il s'agit d'une genre, loin d'être urrtinÀiqo.r, étaienthuile sur toile dângelo Trevisani intitulée l/ai complémentaires, enco Lrràgeaflt l,autorité desacrifant an bélier à la sortie de l'arcltën. Sans l'une grâce à la srireté do gÀt de l,autre.attribution dans l'inventaire de Ctozat en 1,740q, Grâce à son influenc., l. neg.rr, acquit lele tableau passa à son neveu, Crozat de Tugny, plus bel ensemble d'ceuvres d'art àe son remps.avant d'être vendu après la mort de ce dernier en L'attente fut longue, mais les soins déployés far1'7 51'41 ' Comme le rappelle Mariette, ce don du I'administration royale pour les faire venir à paris

36' Par deux fois, Crozat a acquis des ceuvtes pour le duc de Devonshite , dontl'Adan et Èue duDominiquin, aujourd,huiconsetvé à Chatswotth, qui ptésente quelques variantes avec le tableau de même sujet du musée des Beaux-Arts deGrenoble (peint entre 7623 et 1626). rr semble avoir été gravé par Nicolas Tatdieu. Cf. c. Hattori, pie*e Croqat..., op. cit.à la note 1', p' 234; Johann Gottfried Abraham Ftenzel, Cataligue raitonné du estareer du cabinet defeu Madane la Comtessed'Einsiedel de Reibersdof, Dresde, '1833, t. I, p. 46, n" 442; Richatd E. Spears, Donenichino, 15gl-/641, catalogue deI'exposition, Rome,PalazzoYenezia,l0 octobre 1996-14 janviet1997,Mlan, 1,990,p.45g_459,n" 43.37 ' Lewe de Crozat à Gua-lterio consetvée au British Museum, citée pat Casimir Stryenski : < MM. odescalchi ont un trèsgtand f^t^s de dessins patmi lesquels il y en a une centaine que je serais bien aise d'avoir et que j,autais lieu d'espéret quîsvoudtont bien me donner pour les epingks >. r-léditeur précise : < ctozatorthogaphie epl;oguet Disons, .n p^rr^a, que nouscordgeons ce geffe de faute, sans châtier pourtaflt son style qui en aurait be."i", (C. Èryenski, op. ci;., àIâ note g, p.22).38' < Pout lesquelles il [Piere Ctozat] fut continuellement des dépenses très considétables > (Germain Bnce, Detcriptionnoaaelle d.e la aille de Paris,Paris, 1706, t I, p. 274).39' Cette ceuvte a cettâinement été achetêe à Venise par Pierte Ctozat en 1715, dans des conditions totalement différentesde celles de l'acquisition des tableaux de ia reine de Suède.40. C. Hattori, Pierre Croqat..., 0p. cit, àla note 7, p. 102.41' Vente Crczat de Tugny, Paris, iuin 1751, p. 30, n" 90 : < Noë, après sa sortie de I'Arche, faisant rendre des actions degrâces à Dieu pat sa familTe,Tableau dânge Tteisam, haut de 2 pieÀ, krge de 2 pieds 6 porcet >>.Annoté dans la marge : < 75 >ftvres].+2' * ('' ') le pdnce ne les ayant trouvés de son gorit > @iere Jean Mariette, Abuedario, êd. parphilippe de Chennevières etAnatole de Montaiglon, Paris, 1851-1860, t. ! p.347-34g\.

Quelques précisions sur les acquisitions romaines de Pierre Crozzt 75

trahissent la passion du collectionneur. Autravers de la correspondance publiée ici, nousconstatons une confusion entre les intérêtsprivés de Philippe II d'Odéans et de sonentourage, et les intérêts publics de la Couronne.Le Trésot royal et les intendances de provincene servaient plus seulement le roi. Ils obéissaientà la volonté capricieuse du Régent et de sesministres, prélats et émissaires. Abus de biensocial, dirions-nous aujourd'hui. Les chosesétitent pourtânt moins tranchées au début duXVIII" siècle. Les réserves affichées par Feydeaude Brou dans sa lettre du 24 octobre 1.721.montrent bien le c tactère inhabituel de ladépense engagée pat le Trésor de Nantes, maissa rapide soumission confirme Ia toute-puissance de I'absolutisme.

Un demier point doit être souligné, Trorspersonnalités majeures de la querelle qui aentouré la bulle Unigenitus, les cardinaux deRohan, Bissy et M"illy, furent concernés pàr ceconvoi. Si nous nous sommes surtout intéresséeau rôle de Pierre Crozat,il est également apparuque ces trois prélats et ministres jouissaientd'une certaine influence sur le Régent. À défautde dessiner le goirt artistique de ces amateursd'art,\a correspondance qui retrace le transportdes æuvres acquises auptès des héritiers de lareine Christine de Suède confirme lapréférence de.Philippe II d'Odéans, après lasignature du Corps dn Doctrine en L719, pour les< constitutionnaites ) et âutfes tenants de laprédominance de Rome en matièreecclésiastiquea3.

DOCUMENTS

Correspondance drstinée à M. de I-n Howssale, contrôlewrgénéral des Finances, à l'onasion da Transport des tableauxde la reine Cltristine de Suède acquis par le regent Philifue II d'Orléans.

I .

Paris, 8 septembre 1721

Ln cardinal Dwbois à M. de l-a Houssaye

Archives nationales. G' 600

J'ai eu l'honneur de vous rendre compte,Monsieur, que le consul à Livourne a dri noliserun bastiment pour aller ptendre à Civitavecchiales tableaux oue S.A.R. a fait acheter à Romepour les transporter à Cette4, et S.A.R. m'aordonné de vous écrirc pour vous priet de ptendreles mesures les plus promptes et les plus seures,

afin qu'à l'arrivée de ce bastiment à Cette, lecapitaine soit paye du nolis dont il sera convenuavec monsieur de Moy, consul à Livourne, et quipourrâ monter à six ou sept cens piastres. Je doisvous faire observer, Monsieur, que les magistratsde la Santé de Florence pourront exiger qu'onmette sur ce bastiment une ou deux personnespour y rester pendant la navigation, afin de pou-voir certiffier que ledit bastiment, ny personnede l'équipage, fl'alta communiqué à Cette, etqu'il puisse être teceu à son retout à Livournesans faire quarantaine, ce qui pourra augmeriterla dépense de quelque chose (...).(Ajouts en narge ) Écritle 9 septembre 1721àM.deBernage. Répondu le 1.0 septembre 1.721.

43. < Insensiblement, Ie Régent se tapprochait du parti constitutionnafue , 0.-C. Petitfrls, op. cit. àLa note 1,2, p. 3a0).44. Sète.

76 Valentine Touram-QurrrelrER-2-

Montpellier, 1,,' octobre 1721

M. de Bernage à M. de I_,a Houssale

Archives nationales. G? 600

Monsieur,À h réception de la lettre que vous m,avés faitl'honneur de m'écrire le 9 aoust dernier, ie don-nay ordre au sieur Dubois, capitaine du port deCette, pour qu'à I'arrivée du bâtiment qui doit ytransporter les tableaux que S.A.R. a fajt acheterà Rome, on en fit payer Ie nolis sur le pied dontle consul de Livourne sera convenu avec Ie capi-taine de ce bâtiment, et je chargeay le receveurdes fermes d'en faire l'avance afin qu'il n,v erltpas sur cela de retardement. Ce bâtimen ï n,y apas encore paru, je renouvelle cependant mesordres comme vous le souhaitez sur le pavementde ce nolis et des autres frais que le capitainepourroit avoir fatt à I'occasion du ffansDort deces tableaux. Je ne manqueray pas de oorx infor-mer quand ils seront arrivés à Cette (...).(En narge ) Il a été remis une copie de cette lenreà M. le cardinal Dubois 7e 27 octobre 1721.

-3-

Montpellieq 8 octobre 1721

M. de Bernage à M. de l_a Houssaye

Archives nationales. G? 600

Monsieur,J'ay l'honneur de vous infotmer que je viensd'avoir avis dans le moment qu. l. capitaineAntoine Amiel du Martigues étoit arivé à Cetteavec les tableaux que S.A.R. a fait acheter àRome; il y en a 39 caisses. Le nolis a étê réglé parmonsieur de Moy à 850 piastres de la Razenu , jedonne les ordres nécessaires pour qu,il soit payéà ce capitaine, qui restera cependant quelquesjours à Cette où il a des aîfares. On me àandeque ce bâtiment a porté plusieurs marchandises

pour différents marchands, et monsieur le cardi_nal de Bissy m'a marqué qu,il y avoir trois ballotspour luy qui seroient indiqués par le sieurLestache chargé de la conduite du tout et qu,ilsouhaiteroit que ces balots fussent coflduits àParis par la même voye que les tableaux deS.A.R. pour être remis à l,ablraye de Saint_Germain des Prez. Je veray avec monsieurlJuche, termler général, ce qu,il y avra à fairepour l'enttée des ballots de monsieur le cardinalde Bissy, et aussytôt que je seray informé desordres que monsieur le cardinal Dubois a donnépour le transport des tableaux à paris et de leurexécution, j'autay l'honneur de vous en rendrecompte ( . . . ) .(Ajouts en marg€ ) Répondu le 19 octobre. Voir leslettres écrites le même jour à M. Boucher et àM. de Brou. Il a été remis une copie de cettelettre à M. le cardinal Dubois le 27 octobre 1721.

-4-

Montpellier, 15 octobre 172j.

M. de Bernage à M. de I_^a Houstay

Archives nationales. G? 600

Monsieur.J'eus l'honneur de vous informer le g de ce moisde l'arrivée à Cette du bâtiment du capitaineAntoine Amiel, qui y a

^potté les tableaux que

S.A.R. a fait achepter à Rome. J,ay iugé à proposde faire venir icy le sieur de Lestache, sculpteur,que j'ay apris estre chargé de la conduite de cestableaux, pour estre informé plus particulière-ment par luy que je ne l,avois esté par le sieurDubois, capitaine du port de Cefte, de la quantitéde caisses ou ballots qr'il y a sur ce bâtiment. Ils'y est rendu et m'en a remis I'état cy_joint, parlequel vous verrés qu'au lieu de 39 caisses que lesieur Dubois m'avoit annoncé, il n,y en a que 10qui renferment les tableaux de monseiqneur leduc d'Odéans, er 20 autres qui contienient deseffets appartenant taît à monsieur le cardinalDubois, qu'à messieurs les cardinaux de Rohan,de Bissy, feu monsieur le cardinal de Mailly et

45' Sigrufie sans doute <' téale>>, en téfétence aux piastres de k Éak qttavaient cours en Fiance depuis Louis XIV.

Quelques précisions sur les acquisitions romaines de Pierre Ctozat

âutfes pefsonnes. comme i1 m'a parup2;t ce quevous m'âvez fait l'honneur de me mânder queS.A.R. avoit impatience de voir arriver cestableaux, et qu'on n'a cependant point encoreouy pader des ordres que monsieur le cardinalDubois doit envoyer pour les faire passer àToulouse, de là à Bordeaux pour venir à Nanteset suivre ensuitte la route qui a esté projettée,j'ay cru devoir prendre sur moy de faire passertoutes ces caisses par \e cana) à Toulouse, où jeles fairay poser dans un lieu seur pour attendreles otdres de monsieur le cardinal Dubois s'ilsfie sont pas encore ardvés. Je donne ordre qu'onnol-ise à cet effet une barque, que je feray payerà Toulouse, et j'aluray l'honneur de vous infor-mer de ce qu'il ert aurà cousté, tânt pour ce nolis,que pour celuy du bastiment du capitaine Amiel,afin que vous ayez agréable de pourvoir âu rem-placement que vous m'ervez fait espérer. Commetoutes ces caisses ne sont accompagnéesd'aucun passeport, pour éviter la visite qui endevroit estre faitte, J'ay pÀé monsieur Duchén6 dedonner son ordre aux commis de Cette pourqu'elles y fussent plombées, afin que l'ouvertureet la visite en puisse estre faitte à la douanne àParis, si Son A.R. le trouve bon (...).(En narge :) 11 a été remis une copie de cettelettre à M. le cardinal Dubois \e 27 octobre 1,72!.

(Docarnent joint:) Etat de toutes les caisses detableaux et autres effets arivés à Cette sur lebâttiment commandé par capitaine Amiel.Quatre caisses carrées longues, à I'adresse deS.A.R. monseigneur le duc d'Odéans.Cinq autres caisses dans lesquelles il y en a deuxde tableaux peints sur bois, à la même adresse.Une autre caisse du tableau de Raphaël, à lamême adresse.De plus, trois autres caisses pour monsieur lecardinal de Rohan qui sont à son adresse, conte-nant des bustes de marbre et autres effets.Trois autres caisses à l'adresse de S.A.R. monsei-

gneur le duc d'Odéans, appartenant à monsieurde Croizata1, contenant des modelles de terrecuitte.Une autre petite caisse carrêe plz;tte appairten ntà monsieur le cardinal Dubois, à I'adresse deS.A.R., contenant deux missels.Quatre autres caisses à monsieur Ie cardinal duBissy, à l'adresse de S.A.R., l'une distinguée parune croix au-dessous de I'inscription, et les troismarquées de la marque .y contre f .Quatre âutres petites caisses, dont deux sont ausieur de Lestache avec cette * et les deux autres,contenant tableaux et modelles, ) s1 lsligieux deses amis avec deux croix $ #, ,orrr., quatreà I'adresse de S.A.R.Une autre caisse petite, à l'adresse de S.A.R.,avec le nom du sieur Imbert, premier valet dechambre de monseigneur le duc d'Odéans,app2ltefl^flt à monsieur Dufai.Deux autres caisses appartefl nt à monsieur lecardinal de Mailly, l'une grande et l'autre petite.Deux autres caisses appattenànt à monsieur deCroizat, dont l'une est adressée à monsieurDaubantona8 et I'autre à luv-même.

Fig. 1. Raphaël, Sainte Famille auu mintJean-BapthteÉdimbourg, National Gallery of Scotland

46. Louis-Auguste Duché de Toutnelles était ptoche du Régent. I1 fut intendant des Menus Plaisirs et contôleur del'Argenterie du Roi avant d'être nommé fetmiet gêtr&d. en 1721 gtàce àLa favert dont il jouissait auprès de philippe IId'Otléans (Corespondance générale d'Heluétius, 1770-1800. Itttrx 721-855, sous la dit. de Petet Allan, Alan Dainard, Made-Thérèse Inguenaud, Jean Orsoni et David Smith, Totonto, 1998, p. 28\.47. Crozat.48. Peut-êtte 1e pète Guillaume Daubenton, jésuite et confesseur du roi d'Espagne Philippe V L'entente enre celui-ci etI'abbé Dubois, <pivot de l'alliance ftanco-espagnole>, potait ses ftuits enL727, avec le projet de matiage entte le jeuneLouis XV et f infante Anne-Made-Victoke. Cf. J.-C. Petitûls, op. cit. à Ia note 12, p. 586.

78 Valentine Touran- QurrrELrER-f-

fRennes], 24 octobre 1.721.

M. de Brou à M. de I--a Houssaye

Archives nationales. G? 600

Monsieur,J'ay rcceula lettre que vous m'avés fait l'honneurde m'écrire le 19 de ce mois, et coppie de celleque vous avés écrite le mesme jour à monsieurBoucher, intendant de Bordeaux, touchant letransport par mer depuis la mesme ville jusqu'àNantes des tableaux que S.A.R. a fait achetter àRome pour estre ensuite voiturés par les rivièresde Loire et de la Seine à Paris. J'écris par cetordinaire à monsieur Boucher pour le prier deme faire sçavoir dans quel tems les tableaux des-tinés pour Nantes seront embarqués à Bordeauxet quand ils pourtont arrivet à Nantes. Il n'y apoint quelque personne commise à la garde etsureté de ces tableaux affin que I'on prene desprécautions à Nantes pour avoir un ou deuxbateaux bien planchés et couverts s'il le faut pourquT n'y arrive aucun dommage à ce[s] tableauxpendant leur transport depuis Nantes à Paris.J'ay aussy écrrt au sieur Mellier, mon subdéléguéà Nantes, pour s'assurer de bon heure dequelque bon bateau et de voir quel prix ondemandera pour ce transport.J'ay rcmatqué, Monsieur, que dans la letfte quevous avés écrite à monsieur Boucher, il y est faitmention de quelques balots pour messieurs lescardinaux de Bissy et de Mailly. Vous ne m'enmarques rien; si ces ballots sont adressés àNantes, trouverés-vous bon qu'on les fassetransporter avec les tableaux jusqu'à Paris et quela dépense qu'il en coûtera soit pdse sur lesfonds de la Monnoye de Nantes, ou bien s'il fau-dra en faire des marchés particuliers pour enestre le payement fait par monsieur le cardinalde Bissy et les héritiers de monsieur ie cardinalde Maillya'? (...).(En marge:) Répondu le 25 octobre 1.721.

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Bordeaux. 28 octobrc 1,721

M. Boucher à M. de La Houssaye

Archives nationales. G' 600

Monsieur,J'ai rcceu la lettre que vous m'avés fait l'honneurde m'écrire le 19" de ce mois au sujet destableaux que Son Altesse Royale fait venud'Italie. J'ai apis aujourd'huy pâr une lettre demonsieur de Bernage que le bâtiment qui les aportés à Cette y est arrivé, et qu'il va les fairevoiturer incessemment à Toulouze, et de là àBordeaux, d'où monsieur le cardinal Dubois m'amandé de faire porter à Paris sur des btancardsde litière les balots dans lesquels sont lestableaux les plus précieux, et d'envoyer à Nantespar mer les autres balots. J'y envoyerai par \amême voye les balots que monsieur de Bernagem'a marqué être destinés pour messieurs les car-dinaux de Rohan et de Bissy, et âutres. Je ferapayef suf la Monnoye la dépense du tfaflsport,comme vous me faites l'honneur de me le mar-quer, et 1'aurai celuy de vous rendre compte detout ce qui aura été fait sur cela (...).('llouts en marge ) Q". je le prie de continuer àm'informer de tout ce qui arivera de cestableaux. Répondu le 8 novembrc L721.

49.La ftn de la phtase, à partir de ou bien s'ilfawdra, est soulignée.

Quelques précisions sur les acquisitions romaines de Pierre Crozat 79

-7 -

Montpellier, 29 octobrc 1721

M. ù Bernage à M. de I-^a Houssalte

Archives nationales, G' 600

Monsieur,Tout ce que vous m'avés fait l'honneur de memander par votre lettre du 19 de ce mois au sujetdes tableaux de S.A.R. avoit été exécuté paravance. Ils sont partis de Cette pour Toulouseavec les autres caisses qui les accompagnent le22 de ce mois ; ils doivent y être présentementarrivés. J'ay donné les ordres nécessaires pourqr'il y erjt une barque toutte preste qui lestransportera à Bordeaux et j'ay pris soin d'enaveftif monsieur Boucher. Aussytôt que je serayinformé au juste de toutte la dépense qui autaété

,fatte à ce sujet, je vous en envoyeray L'êtat

(En narge:) Répondu le 14 novembre 1721.

8-

Montpellieq 3 novembre 1.721

M. de Bernage à M. de I-a Howssale

Archives nationales, G' 600

Monsieur,Depuis la lettre que i'ay eu l'honneur de vouséctite le 28 du mois passé, au sujet des tableauxde S.A.R., je viens d'aprendre qu'ils sont arrivésà Toulouse le 29 dudit mois en bon estat, qu'ilsy ont esté renversez avec beaucoup de soin etd'attention de la barque où ils étoient dans unaul're battea:u qui est pârty de Toulouse le pre-miet de ce mois pour se rendre à Botdeaux encinq jours. J'ay cru devoir me donner I'honneurde vous en informer (...).(En marge:) Répondu le 14 novembre 1721.

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Bordeaux, 7 novembre 1,72L

M. Boucher à M. de I-a Houssaye

Archives nationales. G' 600

Monsieur,Le sieur Lestache, chargé de la conduitte destableaux que Son Altesse Royale a fait venir deCivitavecchia, est arrivé hier à dix heures dusoir. Il n'a pas jugé à propos de se servir debrancards pour une partie de ces tableaux, parraport au poids des caisses que deux muletsn'auroient pu porter. Celle qui renferme unepartie des plus précieux pèze sepr à huit censlivres, et la cinquième où sont les plus beauxtableaux de Rubens pèze au moins quatorzecens livres. Si on avoit pris le parti de les mettresur des brancards, on n'auroit pu se dispenserde débaler ces caisses pour mettre les tableauxen sept ou huit caisses diférentes, et comme iln'y a pas icy de gens inlslligens pour ces sortesd'embalages, le sieur de Lestache a eu raison decraindte qu'il ne se gâtât quelques tableauxpendant la route d'icy à Pads. Il rh'a aussy faitremarquer pat l'état des caisses, que lors del'embalage à Civitavecchia on avoit été obligé des'attacher plustôt à la grandeur des tableaux qu'àleur beauté et à leur valeur, en sorte que danstouttes les caisses il s'en trouve de très ptécieuxquT étoit bien aise de ne pas confier à des per-sonnes inconnues, ce qu'il auroit étê forcé defaire si une partie avoit été embarquée pourNantes et l'autre envoyée pâr terre. Ces raisonsm'ont paru trop bonnes pour y résisteE et j'aipds le parti de fahe fuéter un bâtiment pourNantes, que je ferai partir dimanche au matin, etpouf peu que les vents ne soient pas contrâires, ilarivera à Nantes dans cinq ou six jours.J'écris à monsieur de Brou de donner ses ordrespour faire trouver à Nantes des bateaux pourtransporter ces tableaux à Orléans, et de fairemettfe des relais de chevaux de quatre en quatreJieues jusqu'à Odéans. J'écris la même chose àmonsieur de Bouville pour Orléans, Briare etMontargis. Je croi qu'avec ces précautions, SonAltesse Royale recevt^plus tôt ces tableaux que sion les avoit envoÉ par terte, et je suis petsuadé

80 Valenti ne Tourntx -QurrrEl-r ERqu'ils arriveront plus seurement et à moins defrais. Je souhaite que Son Altesse Royale soitcontente de cet arrangemerit qui m'a paru le plusconvenable.J'ai fz.rt payer pM le directeur de la Monnoye 320Jivres pour le nolis du bateau de Toulouze àBordeaux, et 520 livres pour le fret du bâtimentqui doit ffansporter ces tableaux à Nantes (...).(/iouts en marge:) Répondu le 14 novembre1721,.F,cirtle même jour à M. de Brou et à M. deBouvilleso.

-10-

Odéans, 17 novembre 1,721

M. de Bouuille à M. dÊ l_.a Hoassale

Archives nationales, G? 600

Monsieur.Je reçois la lettre que vous m'avés fait l,honneurde m'écrire le 14 de ce mois au sujet des tableauxque S.A.R. fait venir de Rome. Sur une lettre queje receus avânt-hyer de monsieur Boucher, inten_dant de Bordeaux, qui me donna avis que cestableaux en partiroient le 8 pour estre transportésà Nantes, j'ay donné des ordres à Blois et àOdéans pour quT soit envoyé des relais de che-vaux de 4 en 4lieux pour tirer le bateau danslequel sont ces tableaux, depuis Écuresrt prèsAmboise jusques icy, et j'ay escris .r, *.r-.temps à M. dârgenson.r, intendant de ,Iours,pour le prier de me donner avis de l,ardvée de cebateau dans son département, afin que les relaissoient envoÉs à propos dans les lieux de cettegénérùtté où il sera besoin. Je ne manqueray pasde faire un marché, comme vous le marqués, pourfaire transporter ces tableaux d'icy à paris par lecanal d'Orléans, et j'auray l'honneur de vousinformer de leur arcivée en cette ville (...).

(,4jours en lzarge:) Écrit à M. dârgenson. Voir lalettre écrite à M. dârgenson le 19 novembre1721. Yoir la lettre écrite à M. de Bouville le1."décembre 1721.

1,1, -

Montpellier, 19 novembre 1,721

M. de Bernage à M. de La Hoasule

Archives nadonales, G- 600

'Monsieur,

Quoyque je ne doute pas que vous ayez apris parmonsieur Boucher que les tableaux de S,A.R. sontatdvés à Bordeaux le 6 de ce mois en bon estat,j'ay cru cependant devoir me donner l,honneurde vous Ie fure sçavoir sur I'avis quÏ m'en adonné ( . . . ) .(En narge ) Veu.

1.)

Touts, 22 noveml>re 1,721

M. dArgenson à M. de La Houssaye

Archives nationales. G' 600

Monsieur,Suivant la lettre que j'ay reçu de monsieur deBouville il y a quelques jous, j,ay écÀt à mon-sieur l'intendant de Bretagne pour le pder de medonner avis du tems où il croira que les tableauxque S.A.R. fait venir d'Italie po.rrrà.rt arriver danscette généralité. Cependant, j'ay envoyé ordredans tous les postes qui sont le long de la Loiredans l'étendue de ce département de tenir unequantité suffisante d'hommes prests pour faire

50' Louis-GuillaumeJubett de Bouville, sieur de Saint-Martin et marquis de Bizy, fut intendant d,A1ençon de 1.70g à 1713,puis d'orléans de 1713 à 1731. Cf' C. Godard, 0p. cit. à la note 12, p. szo, szs' ; Claude Chatagni er, i-n généralité d,orléanttoas l'intendance de I'ouis-GuiJlaane Jubert de Bouailk, / 713-17)1, [s. t.], tr)et ; a. Smedley-Weill, op. rit. àla note 12, p. 50.51' Écure, aujourd'hui hameau dépendant de Ia commune d'Onzùn,sut Ia rive droite de la Loire, à l,est d,Amborse, a long-temps été un telais de poste' iusqu'à sa desttuction au milieu du XIX siècle, suite a une crue exceptionnelle du fleuve.52' Pierte-Marc de Voyet de Paulmy dârgenson, intendant de Tours, de la fin de I'année 1720 à i722,est surrour connupour avoir été lieutenant général de police et chancelier du duc d,otléans.

Quelques ptécisions sur les acquisitions romaines de Pierre Crozat 81

remonter le batteau, efr se felevant successivementles uns et les auffes, au moyen de quoy tlya éga-lement le jout et la nuit. C'est là, Monsieur, lameilleure précaution que l'on puisse prendre pourfaie avancer les voitures sur cette rivière le longde laquelle les chevaux ne peuvent êfte d'aucunsecours. Je vous supJie toujouts, Monsieur, d'êtrepersuadé que jamais aucun batteau en remontântla Lotre da:uLra fait une rliligence pareille à celleque celuy-cy fera, principalement si nous pou-vons avoir le vent un peu favorable (...).(En narge :) M. d'Argenso n. Yeu 26 novembrc 17 21..

1,3 -

Rennes, 23 novembre 1721

M. de Brou à M. de l-a Howssaye

Archives nationales. G' 600

Monsieur,En conformité de la lettre que vous m'avés faitI'honneur de m'écrire le 14 de ce mois, j'ay donnétous les ordres nécessaires pour faire transporterde Nantes à Odéans les tableaux que S.A.R. a faitacheter en Italie et que monsieur Boucher a faitcharger à Bordeaux pour Nantes où je n'ay pointencore d'avis que Ia barque soit arrivée. Je puisvous âssurer que les batteaux sefont tous prestpour les fure charge4 mais je vous observeray,Monsieur, qu'on ne peut se sewir sur la Loire dechevaux pour le ûrage; on ne peut faire de dilli-gence qu'à la voile quand le vent est à l'ouest et, audeffaut de vent, on se sert d'hommes pour ûrerqui ne font que quatre et cinq lieues par jour. 11 estabsoluement impossible de faire aa:rement J'aycru quï seroit nécessaire de preposer une personnede confiance à la conduite de cette voiture deNantes à Odéans pour avoir l'ceil à la conservationdes tableaux et fasre rlilligenter les voituders quiquelquefois s'arrestent dans différentes villes pourleurs affaires ou pour charger des marchandises.Je mande aujourd'huy au directeur de la Monnoyede Nantes de payer jusqu'à la concutrence de500 livres pour les frais quT conviendra faire pourcette voittre de Bordeaux à Nantes sur les ordresde mon subdélégué, et de m'envoyer l'état de cequ'il aura paye, dont j'autay I'honneur de vous

envoyer copie aussy tost que jel'auray reçu (...).(,Qowts en marge ) M. de Broa, 23 novembre172I, tableaux. Qu'il seroit bon qu'il fit doublerles hommes. Répondu le 29 novembre 1,721.

14-

Rennes, 28 novembre 1721

M. de Brow à M. dÊ l,^a Houssaye

Archives nationales. G' 600

Monsieur,Je viens de tecevoir avis que les tableaux deS.A.R. sont arivés à Nantes le 25. Ils en partirentle lendemain 26. J'avois donné les ordres pourque tout fiit prest à leur arrivée. Ils ne pourrontpas remonter la riviète de Loire aussy prompte-ment que je le souhaiterois, parce que l'on nepeut se servir de chevaux pour tirer les batteaux;c'est à force d'hommes que l'on les fait remon-ter; on gagne bien du temps lorsque le vent estfavorable; on se sert alors de voilles. Cependant,j'espère qu'ils ne tarderont pas à

^rtiver à

Orléans. J'auray soin d'en donner avis à mes-sieurs les intendans de Tours et d'Odéans. Celuyqui les conduit croit qu'il seroit plus âvantageuxde les faire mettre sur des voitures depuisOdéans jusques à Paris que de les faire conduirepar le canal de Briare, pouvant affiver que lesglaces interrompront le cours de ce canal (...).

Depuis mâ lettre écrite, mon subdélégué m'amatqué que le 26 de ce mois le batteau qui estchargé de ces tableaux est pârty pour Odéans.Le voitudeq qui se nommeJonchery, très enten-du à ce qu'on assure, compte de s'y rendre dans18 jours, même plutost sî est possible, et M. deBouville en est informé.(En marge:) À garder.

I

82 Valentine TourarN-Qurr:rELrER

Orléans, 2 dêcembrc 1721

M. de Boauille à M. de I-.a Houssalte

Archives nationales, G' 600

Monsieur,J'aprends dans ce moment que les tableauxque S.A.R. fait venir d'Italie ont passé Tours.Ils arriveront selon les aparences demain ici, etaussitost je les feray partir pour entrer dans lecanal d'Odéans (...).Qllouts en rnarge aa craJrln:) Ils ne seront que deuxjours sur le canal d'Odéans. Le sieur Guillot par-tira trop tard. Estoient patty le 26 de Nantes.

1,6 -

Orléans, 4 décembre 1721

M. dt Bowuille à M. de La Houssaye

Archives nationales, G? 600

Monsieur,Les tableaux de S.A.R. monseigneur le Régentsont arrivés ici cette nuit. Le nommé Guillot,que vous me faites lthonneur de me manderfaire ordinairement des voitures pour S.A.R. etd'estre charge de les conduire, mesme de lesfite aniver à Paris en 10 jours, n'est point encette ville. Je l'ay fait chercher par les cinquan-teniers ou vallets de ville, et il ne s'est trouvéqu'un nommé Jean Guillot, lequel a dit qu'ilriestoit pas en étatde se chatger de cette voiture.On m'asseure que celuy dont il est question està Paris, de manière que, de concert avec le sieurde Lestache, conducteur de ces tableaux, jechatge uri âutre voiturier par eau d'en faire letransport à Paris, et ils entreront demain dans lecanal d'Orléans où tous les ordres sont donnéspour faire tarrger les batteaux qu'on m'asseure yestre en grand nombre.Si vous ne m'aviés pas fait l'honneur de me man-der d'envoyer ces tableaux par le canal, je lesautois fait patat pat la voye des roulliers, et ilsauroient esté en 4 jours à Paris, le sieur de

Lestache disant mesme qu'il n'y avoit rien àcraindre, ces tableaux estant très bien encaisséset emballés. J'auray I'honneur de vous envoyerdemain la lettre de voitute (...).

17-

Orléans, 4 décembte 1.721

M. de Bouuille à M. de L-a Houssaue

Archives nationales.' G? 600

Mor-rsieur,J'ay l'honneur de vous envoyer copie de la letttede voiture que j'ay remise au nommé PhilipesRobert, voiturier p^r e^tr de cette ville, quiconduit d'ici à Paris les tableaux de S.A.R. Lebatteau dans lequel ces tableaux ont esté mispart dans ce moment du port d'Otléans pour serendre au canal (...).Outre la somme de trois cent livres que j'ay faitpayer par le directeur de la Monnoye de cetteville audit Philipes Robert, acompte de sa voirure,j'ay encore fatt payer par le mesme directeut lasomme de cinq cent cinquante livres au nomméJonchery, voiturier par eal, qui a conduit lestableaux depuis Nantes jusques ici, pour le res-tant de sa voiture.

18-

Odéans, 4 dêcembre 1721,

M. de Bouuille à M. de La Hoassaye

Archives nationales. G? 600

Monsieur,Je vous envoye par Philipes Robert, voiturierp^r eau de cette ville d'Odéans, les trente caissesou ballots qui renferment les tableaux précieuxque monseigneur le Régent a fait venir d'Italie àla conduite de monsieur de Lestache, lesquellescaisses ayant receues bien conditionnées, il vousplaha, Monsieur, fahe payer audit PhilipesRobet la somme de six cent livres pour sa voi-tute depuis Odéans jusques à Paris, passant par

Quelques précisions sur les acquisitions romaines de Pietre Crozat 83

le canal, sur laquelle somme néantmoins il luysera retenu celle de trois cent livres que jeluy ayfait avancer icy sur ladite voiture par le directeurde la Monnoye (...).

(Formulaire inryrimé joint lts partiet renpliet à la mainsont en iraliques:) Je, soussigné Commis & Préposépar Messieurs les Prévost des Marchands &Echevins de la Ville de Paris, pour faire les fonc-tions de Metteur à Port, Planchéeur, Boueur &Débacleur : Confesse avoir receu àe Robert Payenla somme de six liuru pour les salaires & émolu-mens atttibuez ausdits Commissionnutes, parÉdit d.r mois de Septembre 171,9, de une tone demeubles powr monseignear le RégenT arriuée le 11 du pré-ynt dont je quitte ledit sieur & tous autfes, sanspréjudice de plus grande quantité, droits &actions. Fait à Paris, \e 12 dhenbre 1721..(Signé:) Cartier.\I7n marge |) AJundre.

19-

Saumut, 5 dêcembre 1.721.

M. dArgenson à M. de I-a Houssale

Archives nationales. G' 600

Monsieur,Si je n'étois eflcore en tournée dont j'ay repris cequi me restoit à fute après le passage de made-moiselle de Montpensier, j'aurois eu l'honneur devous donner avis de I'qrrivée des batteaux quiconduisent les tableaux de S.A.R. à f instant deleur passage. Ils sont arctvez à Saumur le 28 dumois passé, et le vent étoit si favorable que tousles secours d'hommes, de chevaux qu'ont avoitfatt préparer depuis Ingrandeu' jusques à Toutsont été inutiles. Le vent a un peu changé danscette dernière ville et les conducteurs se sontserqr d'une vingtaine d'hommes qui les atten-doient porr remonter jusqu'à Amboise. Le vent arecommencé alors de devenir bon et les batteauxsont arrivez à Blois en fort peu d'heures (...).(En narge:) Répondu le 10 décembre 1721.

20-

Livourne, 19 décembrc 1721

M. de Mo1 au Conseil de Marine

Atchives nationales, G' 600coDie

On vient de m'assurer que le capitaine AnthoineAmiel, qui a porté les tableaux de S.A.R. deCivitavechia à Cette, où il est ardvé depuis plusde deux mois, avoit écrit icy qu'il se consommoiten frais et qu'il n'estoit point encore payé. Jesupplie très humblement le Conseil de s'en faireinformer. Le moyen que les consuls ayent lemoindre crédit si des engagemens si modiquessoufrent tant de retatdement. Si les ordres deS.A.R. avoient esté exécutez comme le Conseil abien voulu les donner, et comme monsieurCrozat me I'a mandé plusieurs fois, ce capitainesetoit en état de se louer de ceux qui l'ontemployé, et il a lieu de s'en pleindre.

21, -

Paris, 5 janvier 1722

Pierre Croqat à M. de l-n Houssale

Archives nationales. G' 600

Monseigneur,Monsieur de Moy, consul de France à Livourne,m'escrit du 19 décembre que le capitaine duvaisseau qui a porté les tableaux de S.A.R.n'estoit pas payé et que les deux mois de séjourqu'il avoit fait à Cette luy causeroit la perte de laplus grande partie de son voyage. Ce retarde-ment si contraire aux ordres que vous avés eu labonté de donnet me fait espérer que vous nedésaprouverés pas que je face réponce à mon-sieur de Moy, pour I'assurer que vous aurés labonté de faire renouveller cet ordre (...).(,lioats en nuarge;) Fùe copie des quittances en-voÉes à M. de Bernage. Répondu le 7 janvter1722.

53. Ingtandes-sut-Loite.

84 Valentine TourarN- QUITTELIER1.)LL-

Paris, 18 janvier 1722

Ix comte de Toulousën à M. dr La Houssaye

Archives nationales. G' 600

Le Conseil de marine vous envoye, Monsieut,copie de la lettre que le sieur de Moy, consul dela nation fiançoise à Livourne, luy a écrite le 19du mois detnier sur ce que le capitaine Amielqui, ayant porté les tableaux de monseigneur leRégent de Civitavechia à Cette, a mandé qu'iln'étoit pâs encore payé de son flolis. S.A.R., àqui il en a esté rendu compte, a dit que l'argentpour ce payement devoit avoir esté envoyé àmonsieur de Bernage pour estre remis à cecapitaine, vous ayant expliqué sur cela sesintentions, et Elle a chargé le Conseil de vousfaue part de ce qu'expose ce consul et que vouspreniez ses ordres en câs que l'argent nécessairepour le payement dont il s'agjt n'ait pas encoreesté remis et aftn, Monsieur, que ledit Amiel lepuisse toucher au plutost (...).(En narge ) Répondu le 22 janvier 1722.

.>2

s. d.117221

Compte drusé par François Gabriel,trésorier des Bâtinents du Roiuu

Archives nationales, G 672

État des sonlmes qui ont été payees pour letransport à Cette des tableaux que S.A.R. a faitvenir d'Italie.Pour le nolis du capitaine Amiel, suivant la policepàssée entre le sieur de Moy, consul de la nation

françoise à Livourne, et ledit Amiel, le 28 aorit1721, etla letue de change dudit sieut de Moy du27 septembrg sur le pied de huit cens cinquantepiâstres de huit réaux, sçavoir huit cens piastrespour le nolis, et cinquante piastres pour le retar-dement de cinq jours, lesdites 850 piastres éva-luées à 5619 livres 4 sols, cy 5619 livres 4 sols.(En narge:) Nota. La police et la lettre de changedu sieur de Moy mentionnées dans cet articlesont cy-jointes, quittancées par le capitaine Amiel.

Pour fournitures de bois et iournées de char-pentiers pour remettre les écoutils du bâtimentdudit Amiel en leur premier état suivant Ia lettrede monsieur le cardinal de Rohan du 17 septem-bre 1.721.,105 livres.(En marge:) La lettre de M. le cardinal de Rohanest cy-jointe.

Pour dépense faite à la barque du pâtron Gros,pour la mettre en état de porter lesdits tableauxde Cette à Toulouze, suivant le certificat du sieurde Lestache en date du 22 octobre 1'721. de46 livres 10 sols.

Pour le nolis de ladite barque et le transport des-dits tableaux de Cette à Toulouze, 250 livres.Pour les droits du canal,66livres 13 sols 4 deniers.(Ert narge:) M. de Bernage mârque par sa lettrecy-jointe du 14 décembre 1721,, qae ces deuxdernières parties ont été paÉes par le directeutde la Monoye de Toulouze, et 1.1. n'en a pasenvoyé les quittances.

lTotall6097 livres 7 sols 4 deniers.I-e tout conforme à fétat qui accompâgne une autreletre de monsieur de Bernage du 24 novembre1721 qw est aussy jointe au présent mémoire.(En marge:) Toutes les pièces mentionnées danscet êt^t ont été remises le 5 mars 1722 à mon'seigneur le contrôleur gêréral qui se proposed'en charger monsieur Grassinsu.

54.Lalettte est signée par Louis-Alexandre de Bourbon (1,678-1,737), fils naturel légitimé de Louis XfV et de madame de

Montespan, comte de Toulouse et chef du Conseil de la madne iusqtt'era 1'722.55. Ftançois Gabriel, résorier des Bâtiments du Roi, était fils deJacques fV Gabriel qui avait été architecte ordinaire du

Roi, et frère deJacques V, contrôleur général des Bâtiments dès 1687 puis ptemier architecte du Roi en7735. Cf. I-zs Gabriel'

sous la dir. de Michel Gallet et Yves Bottineau, Paris, 1982, p. 28,36,330 et 331.56. Pierre Grassin, ditecteur général des Monnaies, était subotdonné au contrôleur général des Finances. Cf. Anaud

Clairand, < Lladministation génétale ou dépacement des monnaies (1755-1790) >, dans la Reuue nunisnatiqae,1998, vol. 6,

n" 153. o. 361.