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Dans le domaine des pratiques funéraires, le sud-est méditerranéen de la France, Languedoc oriental et Provence, se différencie très nettement, par plusieurs faits, des régions situées plus à l’ouest, Languedoc occidental, bassin aquitain ou péninsule ibérique. En effet l’incinération y est absente au Bronze final III; elle n’apparaît qu’à la transition Bronze final - premier âge du Fer; et elle coexiste durant tout le premier âge du Fer avec différentes formes d’inhumation qui régnaient dans la région auparavant. Ce sont cette antériorité et ce mélange qui expliquent sans doute la forme particulière des usages de ces contrées entre basse vallée du fleuve Hérault et Alpes du sud, en total contraste avec ceux qui ont cours à l’ouest du fleuve Hérault. Cette pratique de l’incinération revêt, en Languedoc oriental et en Provence, deux grandes formes: la plus courante et de très loin, la sépulture à dépôt secondaire d’incinération, et la moins fréquente, la tombe installée sur le bûcher même. Ces deux formules seront étudiées ici successivement et on tentera ensuite d’apprécier les raisons du choix de l’une ou l’autre option. Mais pour commencer, il convient d’examiner comment l’incinération apparaît et se développe dans ces régions du sud-est de la France. Seront pris en compte tout ou partie des cinq départements côtiers, la moitié orientale de l’Hérault, le Gard, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes- 209 M.C. Rovira Hortalà, F.J. López Cachero, F. Mazière (dirs.), Les necròpolis d’incineració entre l’Ebre i el Tíber (segles IX-VI aC): metodologia, pràctiques funeràries i societat, Monografies 14, MAC, Barcelona 2012, ISBN 978-84-393-8921-7 (pàg. 209-230). * Centre National de la Recherche Scientifique, Unité mixte de recherche 5140, Montpellier-Lattes (France). TOMBES SUR BÛCHER ET DÉPÔTS SECONDAIRES D’INCINÉRATION EN LANGUEDOC ORIENTAL ET EN PROVENCE AU PREMIER ÂGE DU FER Languedoc oriental, Provence, tombes sur bûcher, dépôts secondaires d’incinération, Protohistoire Bernard DEDET* The cremation process appeared at the very beginning of First Iron Age, particularly within an area from eastern Languedoc to Provence, and replaced the burial process entirely by the end of the sixth century B.C. Two main types are represented : the secondary deposit cremations, simply endowed, are numerous ; the cremations located inside or above the pyre, itself included, richly endowed but less numerous, are found regularly all over the area, signifying that they belong to high social level people, a household or someone playing a protective role in the society. Languedoc oriental, Provence, tombs on pyre, secondary deposit cremations, Protohistory La incineració apareix ben al principi de la primera edat del ferro, es desenvolupa entre el Llenguadoc oriental i la Provença en detriment de la inhumació i esdevé exclusiva arreu al final del s.VI aC. Es presenten llavors dues grans categories : les sepultures de dipòsit secundari d’incineració, molt nombroses amb un material d’acompanyament modest i les tombes instal·lades sobre o a la mateixa pira, les quals són molt riques en materials però molt escasses. La distribució regular per entitats territorials i polítiques de les mateixes indicaria l’existència de difunts molt importants per al grup humà, en cada cas un membre eminent de la familia dirigent. Llenguadoc oriental, Provença, tombes en pira, dipòsits secundaris d’incineració, Protohistòria La incineración aparece en los comienzos de la primera edad del hierro, se desarrolla entre el Languedoc oriental y la Provenza en detrimento de la inhumación y se convierte en exclusiva en todo el área a finales del s.VI a.C. Se presentan entonces dos grandes categorías : las sepulturas de dipósito secundario de incineración, muy numerosas y con un material de acompañamiento modesto así como tumbas instaladas sobre o en la misma pira, muy ricas en materiales pero muy escasas. La distribución regular por entidades territoriales y políticas de las mismas indicaria la existencia de difuntos muy importantes para el grupo humano, en cada caso un miembro eminente de la familia dirigente. Languedoc oriental, Provenza, tumbas en pira, depósitos secundarios de incineración, Protohistoria

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Dans le domaine des pratiques funéraires, le sud-estméditerranéen de la France, Languedoc oriental etProvence, se différencie très nettement, par plusieursfaits, des régions situées plus à l’ouest, Languedococcidental, bassin aquitain ou péninsule ibérique. En effetl’incinération y est absente au Bronze final III; elle n’apparaîtqu’à la transition Bronze final - premier âge du Fer; et ellecoexiste durant tout le premier âge du Fer avec différentesformes d’inhumation qui régnaient dans la régionauparavant. Ce sont cette antériorité et ce mélange quiexpliquent sans doute la forme particulière des usagesde ces contrées entre basse vallée du fleuve Hérault etAlpes du sud, en total contraste avec ceux qui ont cours

à l’ouest du fleuve Hérault.Cette pratique de l’incinération revêt, en Languedocoriental et en Provence, deux grandes formes: la pluscourante et de très loin, la sépulture à dépôt secondaired’incinération, et la moins fréquente, la tombe installéesur le bûcher même. Ces deux formules seront étudiéesici successivement et on tentera ensuite d’apprécier lesraisons du choix de l’une ou l’autre option. Mais pourcommencer, il convient d’examiner comment l’incinérationapparaît et se développe dans ces régions du sud-estde la France. Seront pris en compte tout ou partie descinq départements côtiers, la moitié orientale de l’Hérault,le Gard, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-

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M.C. Rovira Hortalà, F.J. López Cachero, F. Mazière (dirs.), Les necròpolis d’incineració entre l’Ebre i el Tíber (segles IX-VI aC): metodologia, pràctiques funeràries i societat,

Monografies 14, MAC, Barcelona 2012, ISBN 978-84-393-8921-7 (pàg. 209-230).

* Centre National de la Recherche Scientifique, Unité mixte de recherche 5140, Montpellier-Lattes (France).

TOMBES SUR BÛCHER ET DÉPÔTS SECONDAIRESD’INCINÉRATION EN LANGUEDOC ORIENTAL ET ENPROVENCE AU PREMIER ÂGE DU FERLanguedoc oriental, Provence, tombes sur bûcher, dépôts secondaires d’incinération, Protohistoire

Bernard DEDET*

The cremation process appeared at the very beginning of First Iron Age, particularly within an area from easternLanguedoc to Provence, and replaced the burial process entirely by the end of the sixth century B.C. Two main typesare represented : the secondary deposit cremations, simply endowed, are numerous ; the cremations located insideor above the pyre, itself included, richly endowed but less numerous, are found regularly all over the area, signifyingthat they belong to high social level people, a household or someone playing a protective role in the society.Languedoc oriental, Provence, tombs on pyre, secondary deposit cremations, Protohistory

La incineració apareix ben al principi de la primera edat del ferro, es desenvolupa entre el Llenguadoc oriental i laProvença en detriment de la inhumació i esdevé exclusiva arreu al final del s.VI aC. Es presenten llavors dues granscategories : les sepultures de dipòsit secundari d’incineració, molt nombroses amb un material d’acompanyamentmodest i les tombes instal·lades sobre o a la mateixa pira, les quals són molt riques en materials però molt escasses.La distribució regular per entitats territorials i polítiques de les mateixes indicaria l’existència de difunts molt importantsper al grup humà, en cada cas un membre eminent de la familia dirigent.Llenguadoc oriental, Provença, tombes en pira, dipòsits secundaris d’incineració, Protohistòria

La incineración aparece en los comienzos de la primera edad del hierro, se desarrolla entre el Languedoc oriental yla Provenza en detrimento de la inhumación y se convierte en exclusiva en todo el área a finales del s.VI a.C. Sepresentan entonces dos grandes categorías : las sepulturas de dipósito secundario de incineración, muy numerosasy con un material de acompañamiento modesto así como tumbas instaladas sobre o en la misma pira, muy ricas enmateriales pero muy escasas. La distribución regular por entidades territoriales y políticas de las mismas indicaria laexistencia de difuntos muy importantes para el grupo humano, en cada caso un miembro eminente de la familiadirigente.Languedoc oriental, Provenza, tumbas en pira, depósitos secundarios de incineración, Protohistoria

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Fig. 1. Apparition et progression de l’incinération dans le Sud-Est de la France. A: au Bronze final IIIb et à la transition Bronze finalIIIb - premier Âge du Fer; B: incinération et inhumation au début du premier Âge du Fer (deuxième moitié VIIIe et VIIe s. av. J.-C.); C:incinération et inhumation au VIe s. av. J.-C. (les numéros renvoient à la liste des sites classés par départements, placée en annexe).

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Maritimes, auxquels on ajoutera, par souci d’unitégéographique, le département du Vaucluse.

L’APPARITION ET LE DÉVELOPPEMENT DEL’INCINÉRATION

UNE PROGRESSION DE L’INCINÉRATION DE L’OUESTVERS L’EST Au Bronze final IIIb, contrairement aux régions voisinesde l’Ouest ou de l’Est, l’incinération n’est pas attestée enLanguedoc oriental et en Provence; seules sont alorsconnues des tombes à inhumation. Certes, le corpus estici très réduit: actuellement quatre sépultures seulementpour les départements côtiers (Cazevieille G9 dansl’Hérault, Pont de Pierre 2 dans le Vauclus, L’Haubertedans le Var et les Crottes 1 dans les Alpes-Maritimes), àpeine une dizaine si l’on inclut les marges montagneuses,Aveyron, Lozère, Ardèche et Alpes-de-Haute-Provence(Combelongue, Villeplaine 1, Dignas: Dedet 2001, 26,42-45 et 109-112; l’Abeillou 1: Gros/Gros 1972; Ségriès:Courtin/Legros/Muller 1991) (Fig. 1, A). Mais il semblequ’il reflète bien la réalité, si l’on considère la situation àla phase suivante, à la transition Bronze final - premierâge du Fer. Pour cette période, en effet, les tombeauxsont plus nombreux, notamment en Languedoc orientalet dans les Grands Causses, et, sauf peut-être uneexception, tous témoignent toujours de l’inhumation decadavres ou d’os prélevés après décomposition deschairs et jamais brûlés (Fig. 1, A). L’exception concerneraitle tumulus de la Sabatière à Blandas (Gard) qui auraitabrité un défunt incinéré mais c’est une fouille inédite etle matériel osseux, qui est aujourd’hui perdu, n’a pas puêtre examiné1 (1). À partir du VIIIe s. et durant tout le VIIe

s. av. J.-C., si les différentes formes d’inhumation restenttrès majoritaires, l’incinération s’établit et progresse: ellese répand sur tout le Languedoc oriental ainsi que sur labordure méridionale du Massif central et atteint la riveoccidentale de la vallée du Rhône (Fig. 1, B). Au VIe s.av. J.-C. l’incinération est désormais prépondérante enLanguedoc oriental et elle commence à s’installer del’autre côté du Rhône, en Provence, dans la secondemoitié de ce siècle (fig. 1, C). Cette évolution trouve sonpoint d’aboutissement au milieu du Ve s. av. J.-C.:l’incinération est alors exclusive en Languedoc orientalet en Provence, et le restera jusqu’à la fin de l’Âge du Fer,du moins pour les morts «normaux», ceux qui ont droit àun traitement solennel de la mort (Dedet 2004).Ce tableau général admet cependant deux exceptions:d’une part les Alpes du sud qui restent très longtempsfidèles à l’inhumation, comme l’attestent par exemple lestombes de la fin du IVe ou du début du IIIe s. av. J.-C. dePeyre Haute à Guillestre dans les Hautes-Alpes (Chantre1878) et celle, un peu plus récente, IIIe s. av. J.-C., desMâts à Jausiers dans les Alpes de Haute-Provence (Bérard

1997, 231-234); d’autre part les colonies grecques oùincinération et inhumation coexistent, du moins à Marseilleet à Agde aux IVe, IIIe et IIe s. av. J.-C., les deux cités pourlesquelles on connaisse les sépultures.On constate donc, entre le IXe et l’aube du Ve s. av. J.-C.,une évolution lente et continue en faveur de l’incinération,aboutissant à son exclusivité. Il est manifeste que cetteprogression se fait de l’ouest vers l’est, mais pour autantce n’est que le mode occidental de traitement du corpsseulement que l’on adopte; il n’est pas accompagné desautres pratiques caractéristiques du domaine occidentalet on n’emprunte pas les modèles de tombe et denécropole de cette aire (Dedet 2004). C’est en fait laforme de la tombe à inhumation en vigueur au début dela période en Languedoc oriental et en Provence qui vaconditionner celle des sépultures à incinération. Laquestion qui se pose dès lors est de savoir comment,dans la pratique, se traduit cette évolution: l’inhumationest-elle remplacée systématiquement au fil du temps parl’incinération ou bien ces deux usages coexistent-ilspendant une certaine durée?

REMPLACEMENT OU COEXISTENCE?Tombes à incinération et tombes à inhumation seretrouvent au sein des mêmes groupes de tumulus enLanguedoc oriental, au VIIe s., comme par exempleCazevieille, Ravin des Arcs, Cazarils, Cambous ouPeyrescanes dans les Garrigues montpelliéraines, ouCamper dans le Gard, près de la vallée du Rhône. Maisces deux usages existent-ils simultanément dans cescimetières ou sont-ils successifs? Les objets généralement peu abondants livrés par cessépultures ne permettent pas de préciser les datationsrelatives des unes par rapport aux autres. Cependantdeux indices vont dans le sens d’une coexistence desdeux pratiques, au moins jusqu’au début du VIe s. av.J.-C.D’abord, sur le terrain, tombes à incinération et tombes àinhumation sont intimement mêlées.Ainsi à Cazevieille, les incinérations ne se répartissentpas selon des directions qui auraient pu marquer uneprogression topographique par rapport aux tombes àinhumation (fig. 2, A). C’est le cas aussi des groupementstumulaires de Cambous et de Cazarils.Il existe aussi, et c’est là le deuxième indice, un choix trèsnet fondé sur l’âge au décès. Parmi les défunts incinérés,on remarque en effet un grand absent, l’enfant. Bien sûr,dans ces régions comme ailleurs les morts les plus jeunes,nouveau-nés et nourrissons, ne se trouvent pratiquementjamais dans ces tombes à incinération; ils sont notammentinhumés, en dehors des zones funéraires, dans les villages,à l’intérieur des maisons ou à leurs abords immédiats,sans sortir de la sphère domestique et familiale (Dedet2008). On évite aussi l’incinération aux enfants plus âgés,

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1 La présence «d’une poignée d’os incinérés découverte dans la coupe tronconique» de ce tumulus nous a été indiquée par l’auteur de la fouille,Adrienne Durand Tullou, en janvier 1991.

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Fig. 2. A: répartition des défunts brûlés ounon brûlés dans les groupementstumulaires de Cazevieille (Hérault),deuxième moitié du VIIIe et VIIe s. av. J.-C.; B: comparaison des diamètres destumulus individuels à dépôt secondaired’incinération des Garrigues du Languedocoriental et de la plaine du Montpelliérais,et des tumulus à inhumation des Garriguesdu Languedoc oriental; C: comparaisondes diamètres des tumulus sur bûcher,des tumulus individuels à dépôt secondaired’incinération et des tumulus à inhumation.

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lorsqu’ils ont dépassé la première année d’existence etqu’ils commencent à avoir accès au cimetière du groupehumain. Les nombres que fournit le secteur des Garriguesdu Languedoc oriental sont à cet égard tout à fait signifiants:alors que l’incinération y affecte près de 42% des adulteset adolescents, seulement 3,7% des enfants de moins de15 ans passent par le bûcher (Dedet 2000a, 136). Et parexemple à Cazevieille aucun des enfants de moins de 15ans admis dans cet ensemble de tumulus, n’est incinéré(Fig. 2, A, tumulus B1, B4, C3, I2, J5 et J6). Donc, si un telchoix est possible pour les enfants jusqu’à l’aube du VIe

s., c’est que l’inhumation continue à être présente dansces communautés.Ces deux constats, répartition topographique desincinérés dans les ensembles funéraires et possibilitéde conserver pour les enfants le vieux rite de l’inhumation,incitent à penser que les deux pratiques, incinération etinhumation, ont coexisté concurremment pour les adultesdans les mêmes lieux durant tout le VIIe s. av. J.-C. Et sil’on en croit le matériel accompagnant les morts, ni surle plan sexuel ni au niveau social cette coexistence desdeux pratiques ne marque de différence entre inhuméset incinérés ou plutôt entre inhumations et l’immensemajorité des incinérations, c’est à dire les dépôtssecondaires d’incinération; nous aurons l’occasion derevenir sur ce point.

LA RÉPARTITION DES DEUX MODES D’INCINÉRATIONATTESTÉSCette incinération conquérante revêt deux formes enLanguedoc oriental et en Provence: la tombe sur bûcher,où la sépulture est installée à l’emplacement même où estbrûlé le corps, et le dépôt secondaire d’incinération, quandla tombe est installée dans un autre lieu que cet ustrinum(Fig. 3, A).Le dépôt secondaire d’incinération est la formule la plusrépandue et de très loin. Ainsi, par exemple, dans la seulerégion des Garrigues du Languedoc oriental, il concerne88 des 91 tombes individuelles à incinération actuellementrecensées, soit 97% des cas.La tombe sur bûcher est donc très rare; ce n’est cependantpas une coutume locale, ni l’apanage d’une régionparticulière puisque les six ou sept cas connus serépartissent sur l’ensemble du Languedoc oriental et enProvence: Frouzet B1 et Viols 8 dans les Garriguesmontpelliéraines (Vallon 1984, 48-51; Philipot et al. 1989,343-346), Serre des Galères 2 dans les Garrigues nîmoises2

(Hugues 1929, 516; Dedet 1992, 343), la Laouze sur lecausse de Blandas dans le Gard (Durand Tullou 1954,61-67), l’Agnel 1 au pied du Luberon (Cotte 1909), laGuérine 1 et Gros Ped 1 dans le centre du Var (Bérard1980, 56-59; Bérato/Dugas/Dutour 1991). Et en outre cestombes sur bûcher voisinent avec des sépultures àincinération secondaires en plusieurs lieux, au Frouzet,

au Serre des Galères ou à Gros Ped ou à la Guérine. Enfinces tombes sur bûcher ne correspondent pas non plus àla mode d’une époque particulière: elles s’échelonnentdu VIIe s. av. J-C. comme à la Laouze, Viols 8, et peut-êtreau Serre des Galères 2, aux environs de 600 av. J-C.comme à l’Agnel 1, à la première moitié du VIe s. av. J-C.,comme au Frouzet B1, et à la seconde moitié de ce sièclecomme à Gros Ped 1 et à la Guérine 1. Et pareillecoexistence, à même époque, se retrouve aussi d’ailleursdans les Grands Causses du sud du Massif central (Dedet2001, 265-269), une région voisine du Languedoc.La répartition des deux modes d’incinération attestésconcerne donc l’ensemble du Languedoc oriental et dela Provence au premier âge du Fer. Avant de tenter decerner les raisons de l’existence de cette dualité, examinonsles formes que revêtent ces deux types de pratiques.

LES DÉPÔTS SECONDAIRES D’INCINÉRATION

L’ARCHITECTURE DE LA TOMBESur le plan architectural, il convient de distinguer deuxdomaines géographiques: d’une part les régions où lessépultures sont installées sur un substrat rocheux,montagne schisteuse cévenole, plateaux et collinescalcaires du Languedoc oriental et de la Provence, quiconcentrent en fait l’essentiel de la documentationactuellement connue, mais dans sa grande majoritédocumentation cependant ancienne, aux observationslacunaires; et d’autre part les secteurs de plaine, que l’oncommence seulement à connaître depuis peu grâce auxopérations d’archéologie préventive.

Les sépultures sur substrat rocheuxDans les secteurs à substrat rocheux, surtout ceux duLanguedoc oriental, la règle est que la tombe soitentièrement édifiée sur le sol naturel et non enfouie au-dessous. Le dépôt funéraire est posé sur la surface etrecouvert par un amoncellement de pierres, pierrailleset terre. Ces tumulus sont faits des blocs et de la blocailletout-venant qui recouvrent les affleurements rocheux oùils sont installés. Ces matériaux sont utilisés bruts etdisposés en vrac, en dehors des éventuelles structuresbâties (Dedet 1992). L’aspect extérieur du monumentest une calotte en portion de sphère surbaissée (Fig. 4,A et B).Globalement, pour l’ensemble des Garrigues duLanguedoc oriental, les diamètres varient de 2 à 12 m,pour une moyenne de 5,1 m (Fig. 2, B). On constatecependant de petites différences locales entre champstumulaires. Ainsi au Ravin des Arcs, la moyenne desdiamètres des six tumulus individuels à incinérationsecondaire, 3 m, est nettement plus basse; Cazevieille(31 tumulus), Peyrescanes (8 tumulus) et Cazarils (15tumulus), avec des valeurs, respectivement, de 4,5 m,

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2 Ce cas reste incertain, la fouille de ce tumulus étant très mal documentée: l’auteur de celle-ci note seulement: «Le sol de la garrigue au-dessous dutumulus gardait les traces d’un feu violent; les pierres étaient calcinées et les ossements carbonisés» (Hugues 1929, 516).

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Fig. 3. A: tombes sur bûcher et tombes à dépôt secondaire d’incinération dans le Sud-Est de la France au premier Âge du Fer, etprésence ou absence de vase ossuaire (les numéros renvoient à la liste des sites classés par départements, placée en annexe). B:répartition des dépôts secondaires d’incinération individuels en fonction du poids d’os recueillis par classes de 10 g (en ordonnée:nombre de tombes; en abscisse, poids en g; en gris: os déposés sans vase-ossuaire; en noir: os contenus dans un vase-ossuaire).C: répartition comparée des poids d’os recueillis des dépôts secondaires d’incinération individuels de six groupements de tombesdes Garrigues du Languedoc oriental et des Cévennes, Cazevieille, Cazarils, Cambous, Ravin des Arcs, Peyraube et Malausette (enordonnée: nombre de tombes; en abscisse, poids par classes de 10 g).

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4,9 m et 5,4 m, sont proches de la moyenne régionale; enrevanche c’est à Cambous (9 tumulus) que l’on trouve lamoyenne la plus importante, 6,3 m (Dedet 2000b). Pour la grande majorité des tumulus, la limite extérieuren’est pas matérialisée par une structure bâtie et le plussouvent, le contour originel de l’édifice est difficile àdéterminer précisément. Dans deux cas seulement,Cazevieille E1 (Vallon 1984, 31) et Peyraube 6(Dedet/Gauthey 1994, 117), une bordure circulaire depierres limite le monument, et pour le deuxième la régularitédu cercle implique un tracé préalable à la corde (fig. 4,A). À Cazarils 8 un cercle de pierres de 1,8 à 2 m dediamètre entoure le centre d’un tertre qui ne mesure guèreque 3 m de diamètre (Dedet 1992, 362).Un aménagement interne est tout aussi exceptionnel;deux cas sont là encore signalés. À Sadoulet 2 la chapeinclut un mur diamétral contre lequel s’appuie un coffrede 2,5 x 3 m, réservé dans la masse tumulaire et quiconstitue la région sépulcrale (Fig. 4, B) (Gascó 1980a,58-63). À Peyraube 6 un aménagement mettant encommunication l’intérieur avec l’extérieur du monumentprend place à côté de la région sépulcrale, sans doutedans une intention cultuelle: une fosse allongée, recouvertede dalles en bâtière où un orifice affleurant à la surface dutumulus a été aménagé et à l’aplomb duquel ont étédéposées une mandibule humaine et une offrande animalenon brûlées, ainsi qu’une pendeloque en schiste (Fig. 4,A) (Dedet/Gauthey 1994, 119). Ces tumulus étaient-ils surmontés d’une ou plusieurspierres dressées à la manière de stèles? Un tel dispositifa sans doute existé à Peyraube 6 où deux blocs oblongsde dimensions très supérieures à celles des pierres dela chape, 1,3 et 0,7 m de long, gisaient couchés ensurface du tertre (Fig. 4, A) (Dedet/Gauthey 1994, 115).S’agissant de la partie de la tombe la plus exposée auxdégradations ces éléments ont toutes chances de n’êtrequ’exceptionnellement observables, d’autant qu’unpoteau de bois peut faire le même usage.Par leur aspect, ces monuments ne sont pas différents deceux qui ont abrité des défunts non brûlés mais ils sont,en moyenne, plus petits qu’eux: 7 m de diamètre moyenpour les tumulus à inhumation, avec des extrêmes de 3 à24 m, contre 5,1 m pour les tumulus abritant des dépôtssecondaires d’incinération.Dans ces régions où les tombes sont installées sursubstrat rocheux, à côté de ces tumulus érigés aupremier Âge du Fer, on notera aussi la réutilisationfréquente de monuments plus anciens, dolmens oucoffres. À Peyraube comme à Malausette, dans lesbasses Cévennes, certains coffres de l’Âge du Bronzeont été réouverts pour accueillir un dépôt d’os incinérésaccompagné de quelques objets du premier Âge duFer (Peyraube 3, 4, 5, 7, 8, 9 et 10; Malausette A2, A5

et B10) (Dedet/Gauthey 1994; Dedet/Gauthey 1997-1998); la position primitive des dalles a été alors modifiée,certaines d’entre-elles ont été enlevées; l’ensemble, ycompris le tumulus originel, est noyé sous unamoncellement de pierres dont l’aspect extérieur et lesdimensions ne sont guère différents de ceux des tumulusconstruits alors tout à côté comme celui de Peyraube 6.

Les sépultures en plaineDans les plaines du Languedoc oriental, en particulierentre Montpellier et la mer, les tombes de la Pailletrice àPérols (Hérault), échelonnées dans le dernier quart du VIe

s. et le premier quart du Ve s. av. J.-C. permettent, pour lapremière fois, de mettre en évidence un type de monumentadapté aux conditions naturelles locales (Fig. 4, C)(Daveau/Dedet étude en cours). Ce sont des tumulus àincinération en terre, très bas, dont la périphérie estsoulignée par un fossé circulaire qui a accueilli les restesnombreux de vases du service de la boisson. Vers lecentre, un loculus, creusé dans la masse de terreaccumulée sur le sol naturel, abrite le dépôt funéraire.Ces monuments sont très peu élevés et le fossé accroîtquelque peu leur relief, mais les diamètres, compris entre11,5 et 15,5 m sont aussi grands que les plus imposantstumulus des Garrigues. On retrouve en fait ici le mêmeprincipe architectural que dans les zones à substratrocheux, des monuments établis en surface du sol; seulchange le matériau, mais il s’agit là d’une question dedéterminisme géologique.

DÉPÔT EN VRAC OU DANS UN OSSUAIREDans les régions où les tombeaux sont établis sur unsubstrat rocheux, la règle est le dépôt des os incinérésen vrac, hors de tout récipient; c’est le cas d’au moins101 des 103 incinérations secondaires connuesactuellement: 90 dans les Garrigues du Languedocoriental (Dedet 1992, 61), 3 sur le causse de Blandas(Durand Tullou 1954)3 et 10 en Cévennes (Dedet/Gauthey1994; Dedet/Gauthey 1996-1997) (Fig. 3, A). Les deuxexceptions possibles restent très hypothétiques: ce sontle tumulus de la Sabatière, dont nous avons déjà parlé(voir supra § 1. et note 1) et le Tardre 4 (Baron, Gard)dont la relation est peu précise (Dumas 1908)4. On relèveaussi un cas en Provence, la Guérine 2 à Cabasse, Var(Bérard 1980, 60).La très grande majorité de ces tumulus ayant été fouillésanciennement, nous sommes très rarement renseignéssur la disposition des restes humains. Dans quelquescas ils sont localisés dans un petit creux naturel du soclerocheux (Ravin des Arcs 3 et 5; Saint-Martin A6, Cazarils3, Peyrescanes 1 et Viols 2). Ailleurs, ils sont signalés soit«dispersés» dans une vaste aire centrale du tumulus(Font de Griffe 1), soit «rassemblés» dans le secteur

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3 Complété par des renseignements oraux de Madame Durand Tullou en janvier 1991.4 L’auteur se contente de décrire l’urne « ayant contenu les restes incinérés », sans revenir sur ceux-ci ; et le fond de ce vase est percé en son centre,après cuisson, d’un trou de 1,8 cm de diamètre. Par ailleurs, il signale : « sur le fond (du tumulus ?), encore en place, se trouvaient deux fragments d’oshumains (crâne et humérus), à demi carbonisés » (Dumas 1908, 69). Le matériel osseux a aujourd’hui disparu.

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Fig. 4. Trois tumulus languedociens à dépôt secondaire d’incinération. A: Peyraube 6 à Lamelouze, Gard; à droite, structures externeset coupe; à gauche, structures internes (relevés B. Dedet et J. Gauthey). B: Sadoulet 2 à Pompignan, Gard, plan (relevé Y. Gascó).C: la Pailletrice 3009 à Pérols, Hérault), plan et coupes (relevés I. Daveau).

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central (Cazevieille F3), ou encore mêlés aux matériauxconstituant le monument (Lebous H4 et H6) (Dedet 1992,63). Seules deux fouilles récentes fournissent quelquesdétails. À Sadoulet 2, les restes osseux sont éparpillés àla base de la partie centrale du coffrage, surmontés parles pierres de comblement de cette structure (Fig. 4, B)(Gascó 1980a, 60-61). À Peyraube 6, ils se trouvent dansune petite aire décentrée du monument, disséminés surenviron un mètre carré de superficie et sur 30 cm dehauteur, parmi les éléments pierreux de la chape tumulaire;aucun aménagement ne limite cette zone sépulcrale(Dedet/Gauthey 1994, 119) (Fig. 4, A).Le vase ossuaire n’est employé que lorsqu’il peut êtredéposé dans un sol meuble (Fig. 3, A). En Languedocoriental on le rencontre dans les bassins et vallées alluvialesdes Garrigues, à la Bergerie-Hermet (Dedet/Py 1973) etpeut-être à Camper 2 (Genty/Gutherz 1981)5. Il est aussiattesté dans les plaines du Montpelliérais, à Saint-Martin-de-Colombs (Dedet/Paya 2006-2007), à la Céreirède(Chardenon/Bel 2003), à La Cougourlude (Prades 1979),à la Pailletrice (Daveau/Dedet étude en cours), ou encoredans la plaine de Nîmes, aux Charmilles (Séjalon 2007,34). Il en va de même en Provence lorsque la tombe estconstruite dans les alluvions, comme celle de Gros Ped 2(Bérato/Dugas/Dutour 1991). Mais on notera aussi quedans ces secteurs de plaine, l’usage de l’ossuaire n’estpas exclusif et côtoie le dépôt en vrac dans la fosse. Ainsidans le Montpelliérais, la tombe à ossuaire de Saint-Martin-de-Colombs à Fabrègues n’est qu’à 10 km du groupe desépultures de Gallière à Montpellier, où les os sont disposésen vrac (Dedet/Lisfranc 2005).

LES POIDS D’OS DÉPOSÉSLe volume d’os mis en vrac dans la tombe est généralementpeu important. Les 96 dépôts individuels du Languedocoriental et des Cévennes qui ont pu être pesés varient de3 à 470 g., mais la moitié d’entre eux (49 tombes) pèsemoins de 20 g, et la grande majorité, 85 dépôts soit 88,5%,moins de 100 g (Fig. 3, B). Pour les 13 dépôts d’un poidssupérieur à 100 g, dix sont compris entre 100 et 180 g, etles trois les plus volumineux sont très éloignés (CazevieilleE1: 220 g; tombe ovale du Truc de Sauzes: 355 g; Viols 9:470 g) (Dedet 1992, 65-68).Cette image concerne l’ensemble du Languedoc orientalet des Cévennes, mais on la retrouve peu ou prou danschacun des groupements de tombes les plus importantsfouillés: Cazevieille, Cazarils, Cambous, Ravin des Arcset Peyrescanes dans les Garrigues, Peyraube et Malausetteen Cévennes (fig. 3, C). Certes, on objectera que beaucoupde tertres des Garrigues ont été explorés anciennement,à une époque où les préoccupations prioritaires desfouilleurs ne concernaient pas les restes des défunts eux-mêmes. Cependant des quantités de cet ordre peuventêtre mesurées dans les fouilles récentes où le sédiment a

fait l’objet d’un tamisage: ainsi on relève 7 g seulement àPeyraube 6, et dans les trois tombes de Gallière, 8,7 g,27g et 78,3 g.Les rares dépôts placés dans un vase ossuaire sontglobalement plus volumineux: 42,5 g pour la Pailletrice 1,mais 170 g pour Gros Ped 2 et 499,9 g pour Saint-Martin-de-Colombs (Fig. 3, B). Ils sont tout à fait de l’ordre deceux que l’on peut observer dans les nécropoles àincinération du Languedoc occidental. À titre decomparaison, pour les sépultures individuelles d’adultes,l’amplitude va de 10 g à 880 g à las Peyros (Couffoulens)et de 115 g à 2015 g au Peyrou (Agde), et les moyennesrespectives sont de 376,9 g et 877,2 g (Duday 1981, 67;1989, 462).

L’USTRINUMAucun ustrinum ayant servi à ces crémations n’a, à cejour, été retrouvé en Languedoc oriental et en Provence.Celui qui a été décrit auprès des deux tombes du VIe s.av. J.-C. de Gros Ped aux Arcs-sur-Argens dans le Var(Bérato/Dugas/Dutour 1991, 134-135) doit en fait êtreétroitement associé au loculus de la tombe 1 creusé ensa périphérie, l’ensemble constituant un cas de tombeinstallée sur le bûcher funéraire6.

LES TOMBES SUR BÛCHER

Très rare, nous l’avons déjà noté, la tombe sur bûcher estaussi mal documentée car six des sept cas décrits sontdes fouilles anciennes ou pratiquées dans l’urgence; seulGros Ped 1 échappe à la règle.Le bûcher semble installé sur le sol naturel partout sauf àla Guérine 1. En ce dernier lieu, il se trouve sur lecomblement d’une dépression, large (7,5 m de diamètre)mais peu profonde, constituée de terre rapportée et depetits cailloux (Bérard 1980, 56) (Fig. 5, B). Cet ustrinumse signale presque toujours par un sédiment cendreux etcharbonneux, incluant fragments d’os brûlés et mobiliermorcelé, notamment des débris d’objets en bronzedéformés par le feu ou même en fusion. Son plan est soitcarré, de 1,3 m de côté à l’Agnel 1 ou 3 m à Gros Ped 1,soit circulaire, d’un diamètre de 4 m à Frouzet B1 ou de 5m à la Guérine 1. À Gros Ped, cette aire de crémation estlimitée par des pierres dans, au moins, deux de ses angles(Fig. 5, C). Au Serre des Galères 2, deux grosses pierresplantées à 2,5 m l’une de l’autre encadreraient le bûcher,si bûcher il y a bien. Les trois tombes sur bûcher provençales présentent unedifférence très importante avec celles attestées enLanguedoc oriental. En Provence, l’Agnel 1, Gros Ped 1et la Guérine 1, une partie des os du mort a été prélevéeet placée dans un vase ossuaire, lui même déposé dansune petite fosse (Fig. 5, B et C). Dans la première de cestrois tombes, ce loculus est situé à 50 cm du bûcher;

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5 Ossuaire ou pas, le doute subsiste pour cette sépulture de Camper 2 bouleversée par les labours.6 Cette nouvelle lecture de la tombe 1 de Gros Ped est faite en accord avec M. Jacques Bérato, auteur de la fouille (communication orale du 19 août2008).

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Fig. 5. Trois tombes sur bûcher. A: Frouzet B1 à Saint-Martin-de-Londres, Hérault, plan (d’après J. Vallon, complété B. Dedet et G.Marchand, à paraître); B: La Guérine 1 à Cabasse, Var, plan et coupe (relevés G. Bérard); C: Gros Ped 1 aux Arcs-sur-Argens, Var,plan du groupe des deux tombes et coupe; à gauche la tombe 1, sur bûcher; à droite, la tombe 2, dépôt secondaire d’incinération(relevé J. Bérato, complété);

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dans la seconde, il est creusé en limite de l’aired’incinération et dans la troisième à l’intérieur même decette aire (Cotte 1909, 195-196; Bérato/Dugas/Dutour1991, 127 et 134-135; Bérard 1980, 56). Et d’ailleurs, àl’Agnel 1, Charles Cotte a remarqué des traces deremaniement dans la partie supérieure de la couched’ustion et parfois plus profondément, ce qui trahit bienune intervention ultérieure à la crémation. En Languedocoriental, en revanche, dans aucune des trois tombes surbûcher connues, Frouzet B1, Viols 8 et la Laouze, on neretrouve semblable dépôt secondaire d’une partie desrestes du mort. Au contraire, dans le cas du Frouzet B1,même si l’on ne connaît pas la répartition des piècesosseuses, les positions relatives des objets personnelsdu mort, les boutons alignés, les différentes piècesd’agrafage de la ceinture, la cnémide, semble bien refléterl’emplacement du corps. De même les armes offensives,sabre et javelot paraissent-elles à portée de main(Dedet/Marchand à paraître) (Fig. 5, A). Il ne semble doncpas y avoir eu ici d’intervention après la crémation. Nousavons peut-être là une différence fondamentale dans lespratiques concernant ces tombes sur bûcher entreProvence et Languedoc oriental; mais cela demandeconfirmation vu le petit nombre de cas connus. Pour toutes ces sépultures, sauf celle de Gros Ped où lapartie supérieure était déjà écrêtée lors de la découverte,une chape de pierres et de terre recouvre l’ensemble,formant une calotte de sphère surbaissée d’un diamètreexcédant largement celui du bûcher (Fig. 5, B). Cestumulus sont en tous points semblables à ceux qui abritentun dépôt secondaire d’incinération ou une inhumation. Ilsont toutefois des dimensions en moyenne supérieures àcelles de ces derniers: les diamètres s’échelonnent de4,4 m pour Viols 8 à 17 m pour Frouzet B1, soit unemoyenne de 9,3 m, contre 5,1 m pour les incinérationssecondaires et 7 m pour les inhumations primaires; et leshauteurs varient de 0,3 m pour Viols 8 à 3 m pour FrouzetB1. D’ailleurs Frouzet B1 est le deuxième tumulus desGarrigues du Languedoc oriental par son diamètre et lepremier par sa hauteur, ce qui en fait, en définitive, le plusimportant par le volume.Ces monuments sont parfois pourvus d’aménagementstout à fait semblables à ceux des tumulus à incinérationsecondaire. Frouzet B1 possède un dispositif interne, unpetit caisson de pierres bâti au nord du foyer de crémation,qui abrite un cratère non tourné enfermant un bracelet enor (fig. 5, A). Le tumulus de la Guérine 1 est pour sa partcirconscrit par un muret périphérique de trois ou quatreassises de pierres (Fig. 5, B). Une stèle rudimentaire aexisté à L’Agnel 1, une pierre verticale plantée dans letertre qu’elle dépasse de 30 cm. Il en va de même sansdoute à la Guérine 1, où un grand bloc oblong de 1,5 mde long est signalé renversé sur le tumulus. Une fois édifiés, les tumulus recouvrant le bûcher ont lemême aspect que les tumulus abritant une incinérationsecondaire. Morphologiquement, ils ne se distinguentguère de ces derniers; tout au plus ont-ils tendance à être

plus imposants. Cependant, les deux séries marquentdeux grandes différences entre elles. D’une part, il existeun très fort déséquilibre numérique entre les deuxcatégories, six tombes sur bûcher d’un côté et quatre-vingt seize dépôts secondaires d’incinération de l’autre.Et d’autre part, le mobilier accompagnant le défunt destombes sur bûcher est beaucoup plus abondant etrecherché que celui des dépôts secondaires d’incinération.

MOBILIER DES TOMBES SUR BÛCHER ET DESDÉPÔTS SECONDAIRES D’INCINÉRATION: DEUxPOIDS ET DEUx MESURES

Tentons de caractériser le matériel des 96 dépôtssecondaires d’incinération individuels connus. Deux d’entreeux (soit 2,1%) n’ont livré aucun objet et presque tous lesautres, 93 tombes (soit près de 97%), ne contenaientqu’un mobilier d’accompagnement réduit. Ceux-ci serépartissent en deux grands groupes numériquementproches: 41 tumulus (42,7%) ne renferment qu’un petitnombre de céramiques, de un à quatre récipients, ouplutôt presque toujours des récipients incomplets,représentés seulement par des tessons, sans aucun autreobjet (par exemple Sadoulet 2; Fig. 6, A); 46 autres tumulus(48%) livrent un ou deux petits objets, accompagnantsouvent de tels vases incomplets. Parmi ces derniersfigurent:- 4 tombes (4,2%) connotées masculines par la présenced’une arme, une épée, un poignard ou une flèche (parexemple Cazevieille F2; Fig. 6, E);- 11 tombes (11,4%) avec un autre objet à symboliquemasculine, rasoir ou couteau (par exemple CazevieilleA2; Fig. 6, B); - 17 tombes (17,7%) avec un petit mobilier de type féminin,deux ou trois bracelets, ou brassard d’armilles et/ou unefusaïole (par exemple Cazevieille K6; Fig. 6, C);-2 tombes (2,1%), à connotation féminine, plus riches enmobilier, quatre bracelets, anneaux et éventuellement unefusaïole (Cazevieille J8 et Cazarils 8);- 20 tombes (20,8%) avec un petit mobilier sans expressionsexuelle perceptible, un bracelet unique, une épingle, unanneau ou une fibule…(par exemple Gallière 1; Fig. 6, D). Un seul dépôt secondaire d’incinération sort du lot, celuidu Ravin des Arcs 6, dans les Garrigues du Languedocoriental, daté du VIIe s. av. J.-C. (Vallon 1984, 42-43 et pl.56-57; Dedet 1995, 282-283). Très petit, d’un diamètre de2,5 m, il a livré les restes incinérés peu nombreux (8 gd’os conservés) et en vrac d’un adulte au moins, de sexenon déterminé, accompagné de deux pointes de flèche,un morceau d’armure, deux bracelets, un jambelet outorque, une fibule, un anneau et des tessons d’une urneet d’une coupe. Cependant certains objets ont uneconnotation féminine et d’autres une connotation masculine,si bien que, malgré la faible masse osseuse prélevée parles fouilleurs, on peut se demander si ce tumulus n’a pasété utilisé à deux reprises.En définitive donc, sauf l’exception du ravin des Arcs 6

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Fig. 6. A à E: Exemples de mobilier de quelques tombes individuelles à dépôt secondaire d’incinération du Languedoc oriental. A:Sadoulet 2 à Pompignan, Gard; 1 à 3: vases non tournés (d’après Gascó 1980). B: Cazevieille A2, Hérault; 1 à 3: céramique nontournée; 4: rasoir en bronze; 5: affutoir en pierre (d’après Gascó 1984). C: Cazevieille K6; 1 et 2: céramique non tournée; 3: fusaïolemodelée en terre cuite; 4 et 5: bracelets en bronze (d’après Gascó 1984). D: Gallière 1 à Montpellier, Hérault; 1: céramique nontournée; 2: anneau en fer (d’après Dedet, Lisfranc 2005). E: Cazevieille F2: 1 poignard en fer; 2: céramique non tournée (d’aprèsGascó 1984). F: Tableau du mobilier accompagnant les défunts inhumés de taille adulte, attestés en Languedoc oriental et enProvence au premier Âge du Fer (abréviations: B = bronze; F = fer; f = fragment; M = morceau).

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qui a peut-être en fait abrité deux défunts, le mobilier desdépôts secondaires d’incinération est fort peu abondant,même si l’appartenance sexuelle du défunt peut êtremarquée symboliquement dans certains cas et même s’ils’agit d’un individu armé, mais d’une seule arme toutefois.Tout autre est le matériel des six tombes sur bûcherattestées. Décédé dans la première moitié du VIe s. av. J.-C., ledéfunt de Frouzet B1, un adulte de sexe non déterminé,est équipé d’un vêtement orné de trois boutons-appliquesen bronze décorés et recouverts d’argent et d’or (Fig. 7,A, n°6, 7 et 8), d’une ceinture avec son agrafe, son attacheopposée et un passant, en bronze (n°3, 4 et 5) et surtoutd’un gros bracelet en or (n°10), objet tout à fait exceptionneldans le sud de la France; il possède aussi une panoplied’armes: une pointe de lance (n°1) et un sabre (n°2) enfer et au moins une cnémide en bronze (n°9); il est aussiaccompagné d’une coupe en bronze (n°11) et de troisvases en céramique non tournée (n°13 à 15) et d’un vasetourné importé (n°12). Avec 17 mètres de diamètre pourune hauteur de 3 mètres au centre, c’est aussi le tumulusle plus grand et le plus volumineux actuellement connudans les Garrigues du Languedoc oriental, environ 355m3 (Vallon 1984, 48-51; Dedet 1992, 346-347) (Fig. 7, A).Plutôt grand, avec 12 à 14 mètres de diamètre, le tumulusde l’Agnel 1, daté de la fin du VIIe ou du début du VIe s.av. J.-C., abrite un enfant entre 7 et 12 ans. Outre uneœnochoé (Fig. 8, A, n°1), qui sert d’ossuaire, et un plat àrebord perlé en bronze, importés d’Étrurie, ainsi que deuxurnes non tournées locales, il recèle un grand nombre defragments d’objets, principalement en bronze pour unpoids total d’environ 3,5 kg, et notamment une armille,une trousse de toilette (n°8), une chaînette (n°4) et uncouteau (n°6) en fer, mais aussi des armes, un casque(n°7) et des éléments d’une cuirasse en bronze ainsi qu’une bouterolle en fer de poignard ou d’épée (n°2) dont ilreste peut-être aussi un élément en fer de la poignée (n°3)(Cotte 1909; Dedet/Marchand à paraître) (Fig. 8, A).La tombe 1 de Gros Ped, datée du milieu du VIe s. av. J.-C., est celle d’un adulte robuste, probablement masculin,dont les os ont été placés dans un vase ossuaire à décorincisé foisonnant (fig. 9, A, n°1), en compagnie d’unmorceau de fibule en fer à cache-ressort ornéd’incrustations de corail (n°2), un bracelet en fer pourvud’une plaque ornée dans le même style que la fibule (n°3),avec des incrustations de corail mais aussi d’argent, uncouteau en fer (n°8), une applique cintrée en bronze (n°6)et une dent de cheval brûlée, symbolisant probablementque le défunt était un cavalier. Un sabre en fer à pommeaude bronze incrusté de corail (n°7), une fibule en bronze(n°5) et une coupe en céramique (n°2) complètent cedépôt du loculus. Dans le bûcher de crémation figurentd’autres morceaux de la fibule du loculus, et notammentdeux petits disques en fer à incrustations de corail quiornaient l’arc, des restes partiellement fondus de plusieursautres fibules en bronze (n°18), d’une armille (n°20) etd’une épingle en bronze également (n°19), une aiguille à

cheveux en bois (n°21), plusieurs éléments de tabletterieen os (n°22 et 23), des tessons d’une coupe attique (n°16),d’au moins trois vases gris monochromes (n°14, 15 et 17)et d’au moins quatre urnes et d’une coupe non tournées(n°9 à 11). Cette accumulation d’objets (Fig. 9, A), parfoisprécieux, tranche d’ailleurs très nettement avec la pauvretédu matériel placé dans la tombe 2 du même site, un dépôtsecondaire d’incinération dans une coupe-ossuaire grisemonochrome, accompagné seulement d’une autre coupeet d’un bracelet (Fig. 9, B).Daté également du milieu du VIe s. av. J.-C., le tumulus dela Guérine 1 a livré quelques fragments osseux d’un enfantde plus d’un an et ceux, beaucoup plus nombreux, d’unadulte, sans doute un homme puisque accompagnésd’un coutelas (Fig. 10, A, n°2). En plus de l’urne-ossuaire(n°6), le mobilier comprend deux urnes et quatre coupesnon tournées (n°1 et 12 à 16), une pince à épiler (n°3),une épingle (n°9), un bracelet (n°8) et un anneau (n°7) enfer, trois fibules et des armilles en bronze (n°18 et 19) ainsique des éléments de tabletterie en os (n°5 et 17) (Bérard1980, 56-59) (Fig. 10, A). Là encore, le contraste estflagrant avec la faible quantité de pièces accompagnantle défunt de la tombe 2 de la Guérine, trois urnes et deuxcoupes non tournées, un anneau et des fragments defibules en bronze (Fig. 10, B).Du défunt de la Laouze, on connaît seulement le mobilier,daté du VIIe s. av. J.-C., très abondant et à connotationféminine (Fig. 8, B): un torque (n°7) et trois bracelets fins(n°8 à 10) en bronze; trois parures de bronze composéeschacune de deux pendentifs reliés par une dizaine delongues chaînettes (n°1 à 3), qui n’ont pas d’équivalentdans les tumulus régionaux; quatorze anneaux et unanneau double en bronze (n°11 à 24); dix anneaux et uncoin en fer; un anneau en os (n°25) ainsi que des tessonsde deux vases non tournés (n°27 et 28) (Durand Tullou1954, 61-67). L’adulte de Viols 8, du VIIe s. av. J.-C. aussi, est pourvud’un accompagnement moins abondant que le précédent,mais marquant également une symbolique féminine (Fig.7, B): une fusaïole en terre cuite (n°11), trois bracelets(n°5 à 7), un anneau (n°8) et une épingle (n°10) en fer,une dent de canidé percée probable élément de collier(n°9), une urne et trois coupes non tournées (n°1 à 4)(Philipot et al. 1989, 343-346).Toutes les tombes sur bûcher présentent donc un mobilierostentatoire, avec des objets précieux intégrant le corail,l’argent et l’or, à la différence de presque tous les dépôtssecondaires d’incinération. Elles sont aussi très connotéessexuellement, et de manière redondante, soit de typemasculin, Frouzet B1, la Guérine 1, Gros Ped 1 et l’Agnel1, soit de type féminin, la Laouze et Viols 8. On retrouved’ailleurs le même phénomène dans les Grands Caussesvoisins, où s’observent à peu près les mêmes coutumesfunéraires à la même époque. Dans cette région, sur les27 tumulus à incinération répertoriés, cinq recouvrent uneincinération sur place: quatre d’entre elles ont un mobiliertrès riche comparé au standard caussenard (Les Fonds,

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Fig. 7. Mobilier des tombes sur bûcher du Frouzet B1 à Saint-Martin-de-Londres et de Viols 8 à Viols-le-Fort, Hérault. A: Frouzet B1.1: pointe de lance en fer; 2: sabre en fer; 3 à 5: agrafe, attache opposée et passant de ceinture, en bronze; 6 à 8: trois boutons-appliques en bronze décorés et recouverts d’argent et d’or; 9: cnémide; 10: bracelet en or; 11: coupe en bronze; 12: vase encéramique tournée; 13 à 15: céramiques non tournées (d’après Vallon 1984). B: Viols 8. 1 à 4: vases non tournés; 5 à 7: bracelets enfer; 8: anneau en fer; 9: dent de canidé; 10: épingle en fer; 11: fusaïole en terre cuite (d’après Philipot et al. 1989).

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Dévois de Villeneuve 1, Champ Rond, Boisset 4) et lecinquième, celui de Combe Sévène 4, est plus modeste,mais est néanmoins le plus riche de cette nécropole. Lemobilier de ces tombes sur bûcher caussenardes marquesystématiquement une symbolique féminine (Dedet 2001,28-33, 93-94, 103-105, 148-151 et 162-166). Dès lors, enLanguedoc oriental comme sur les Grands Causses, on

peut se demander si ces tombeaux englobant le bûcherd’incinération ne pourraient être réservés à despersonnages privilégiés des deux sexes, socialement lesplus importants du groupe humain concerné ou jouissantd’une aura particulière?La question qui se pose d’abord est de savoir si cettedifférence dans la quantité de mobilier entre tombes sur

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Fig. 8. Mobilier des tombes sur bûcher de l’Agnel 1 à Pertuis, Vaucluse et de la Laouze à Rogues, Gard. A: L’Agnel 1. 1: œnochoéétrusco-corinthienne; 2: bouterolle en fer; 3: tige en fer; 4: chaînette; 5: fourreau; 6: couteau; 7: casque; 8: trousse de toilette (1 et 7:bronze; 2 à 6 et 8: fer) (d’après Dedet, Marchand, à paraître). B: La Laouze . 1 à 3: parures de bronze; 4 à 6: maillons de bronze; 7:torque en bronze; 8 à 10: bracelets fins en bronze; 11 à 24: anneaux en bronze; 25: anneau en os; 26: coin en fer; 27 et 28: céramiquesnon tournées (d’après Dedet, à paraître).

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Fig. 9. Gros Ped (Les Arcs-sur-Argens, Var), comparaison des mobiliers de la tombe 1, tombe sur bûcher, avec celui de la tombe 2,dépôt secondaire d’incinération. A: Gros Ped 1. 1, 2 et 9 à 13: céramiques non tournées; 3: bracelet, fer, corail et argent; 4: fibule, feret corail; 5: fibule en fer; 6: applique en bronze; 7: sabre, fer et bronze; 8: couteau en fer; 14 à 17: céramiques grises monochromes;18: fibule en bronze; 19: épingle en bronze; 20: bracelet en bronze; 21: épingle en bois carbonisé; 22 et 23: éléments de tabletterieen os. B: Gros Ped 2. 1: céramique non tournée; 2: céramique grise monochrome; 3: bracelet en bronze (d’après Bérato et al., 1991).

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bûcher et dépôts secondaires d’incinération recouvre uneréalité sociologique ou résulte de la pratique funéraireelle-même. En effet, dans l’incinération sur place tous lesobjets déposés sur le bûcher et que les flammes n’ontpas fait disparaître restent en principe dans la tombe. Enrevanche, par définition, le dépôt secondaire d’incinérationsuppose une sorte de filtre: les objets mis en œuvre lorsdes funérailles et placés sur le bûcher peuvent très bienêtre (beaucoup) plus nombreux que ce que l’on perçoitdans la tombe définitive où seule une partie des résidusde la crémation est transportée. En outre, tous les objetsfigurant dans la sépulture ne sont pas forcément passéssur le bûcher; certains ont pu être joints au dépôt funérairedéfinitif après la crémation et cette part de mobilier nepeut guère être évaluée. En effet, il est presque toujoursimpossible de savoir, par la simple observation visuelle,si un objet a accompagné le cadavre sur l’ustrinum, endehors des pièces en bronze qui montrent les stigmatesclairs d’un feu secondaire, déformations, fusion plus oumoins poussée. Cependant plusieurs arguments militenten faveur de l’hypothèse d’une différence sociale entretombes sur bûcher et dépôts secondaires d’incinération;ces arguments sont indirects.Examinons d’abord les trois incinérations primairesprovençales, où le bûcher est accompagné d’un loculuscreusé à travers lui ou à proximité immédiate, à Gros Ped1, à la Guérine 1 et à l’Agnel 1. Dans les trois cas, dans leloculus et dans l’ossuaire qu’il contient, ont été transportésune partie des os du défunt et, surtout, une grande partiede l’abondant mobilier passé par l’ustrinum. À la quantitéde matériel placé sur le foyer correspond celle des piècesdéposées dans le loculus. On perçoit ici une volonté, celled’adjoindre un accompagnement opulent au prélèvementosseux effectué sur le foyer.Ce souci est par contre complètement absent dans lesincinérations secondaires. Dans ces dépôts, la modestiede l’accompagnement peut révéler deux pratiquesdifférentes, selon que les objets placés sur le bûcher sontnombreux ou non. Dans le premier cas, celui de la grandequantité, on aurait une attitude inverse à celle reflétée parles tombes sur bûcher: on ne transporterait que très peude pièces de l’ustrinum à la sépulture définitive. Or, lecaractère systématique de la discrétion de ces dépôtssecondaires va à l’encontre de cette hypothèse. En effet,si c’était le cas, on devrait rencontrer des exceptions àcette règle, autres que la seule constatée du Ravin desArcs 6 sur laquelle on a émis précédemment des réserves(tombe double ou deux dépôts successifs?). Dans lesecond cas, on aurait simplement, avec la discrétion dudépôt secondaire, le reflet du petit nombre d’objets placéssur le bûcher, en somme une attitude symétrique à celleque révèlent les tombes sur bûcher pourvues d’un loculus.D’autres arguments vont en faveur de l’hypothèsesociologique. D’abord la comparaison avec les tombesindividuelles à inhumation. Dans celles-ci le filtre duprélèvement n’existe pas et le mobilier déposé est, enmoyenne, à peine plus abondant que dans les dépôts

secondaires d’incinération (Fig. 6, F): sur les vingt et uncas d’inhumations primaires sûrs ou très probables, unest dépourvu de tout mobilier, six ne sont accompagnésque de vases céramiques, un à trois récipients, ou detessons de quelques vases, dix sont équipés d’un telmatériel céramique accompagné d’un ou deux petitsobjets métalliques (bracelet, rasoir, poignard ou épingle)et seulement quatre en ont livré trois ou quatre. En définitive,donc, qu’il s’agisse de dépôts primaires inhumés ou dedépôts secondaires d’incinération, la modestie est la règle.Plusieurs autres indices peuvent aussi être avancés.D’abord la taille et la monumentalité de la majorité de cestombeaux sur bûchers: trois des cinq tumulus à incinérationsur place, Frouzet B1, l’Agnel 1 et la Guérine 1, comptentparmi les tumulus de grandes dimensions et le premierest même le plus monumental de la région. D’autre parttout à fait remarquable est la fréquence des signes àsymbolique sexuelle et des armes dans les tombes surbûcher, comparée à leur rareté dans les dépôts secondairesd’incinération. En effet toutes les tombes sur bûcher sontconnotées sexuellement alors que ce n’est le cas qued’un tiers des dépôts secondaires d’incinération (34sépultures sur 96). Et par ailleurs toutes les tombes surbûcher «masculines» sont pourvues d’une ou plusieursarmes, alors qu’un tel objet n’est présent que dans quatredes seize dépôts secondaires d’incinération incluant unepièce à symbolique masculine, soit le quart seulement deceux-ci.Enfin, derniers signes, le petit nombre de ces tombes surbûcher et leur éparpillement géographique ne sont-ils pasen eux-mêmes le témoignage d’une sélection? Nonseulement cette rareté est significative, mais aussi, mêmesi les découvertes ne fournissent qu’une vision partiellede la réalité, la dispersion de ces tombes dans le territoiredu Languedoc oriental et de la Provence peut traduireune répartition par entités politiques.Il semble donc que, au-delà d’une simple différence depratique funéraire, le contraste entre l’abondance dumobilier dont est muni le défunt dans la tombe sur bûcheret la modestie de celui qui accompagne le dépôtsecondaire d’incinération reflète bien un fait social. Cedernier est bien difficile à appréhender: s’agit-il d’individusles plus importants du groupe humain d’un point de vuesocial? ou bien avons-nous affaire à des personnagesjouissant d’une aura particulière touchant au religieux? Àce propos plusieurs conclusions déduites de l’examendes tombes sur bûcher méritent d’être soulignées, mêmesi elles ne permettent guère de trancher en faveur del’une ou l’autre hypothèse.Quatre de ces tombes édifiées sur le bûcher de crémationsur les six abritent des sujets probablement masculins,tandis que les deux sépultures de femmes présuméessont les plus petites de cette catégorie. Si donc les deuxsexes, et même les grands enfants comme à l’Agnel 1,ont accès à cette pompe funéraire, peut-être convient-ild’introduire cependant une discrimination sexuelle parmices morts éminents à l’avantage des individus masculins.

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Fig. 10. La Guérine (Cabasse, Var), comparaison des mobiliers de la tombe 1, tombe sur bûcher, avec celui de la tombe 2, dépôtsecondaire d’incinération. A: La Guérine 1. 1, 6 et 12 à 15: céramiques non tournées; 2: couteau en fer 3: pince à épiler en fer, 4:plaque en bronze; 5: éléments de tabletterie en os fibule en fer; 7: pendant d’oreille, fer et cuivre; 8: bracelet en bronze; 9: épingle enfer; 10: tôle de bronze; 11 et 18: fibules en bronze; 17: éléments de tabletterie en os; 19: armilles en bronze;; 20: objet en pierre tendre.B: La Guérine 2. 1 à 5: céramiques non tournées; 6: anneau en bronze; 7: maillon en bronze; 8: fibule en bronze (d’après Bérard,1980).

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D’autre part les bénéficiaires de ces tombeaux sedistinguent des autres incinérés, dans le domaine dufunéraire, pas seulement par la taille du monument ou lenombre d’objets mis en œuvre, mais aussi par d’autresfaits à portée symbolique forte. D’abord leur corps estbrûlé à part des autres morts sur un bûcher personnel etnon sur l’ustrinum ou l’un des ustrina de la communauté.Leurs restes ne risquent donc pas de se mélanger avecceux d’autres individus. Ensuite, ces sépultures conserventla totalité des restes osseux de ces défunts, à la différencedes autres; et il en va de même du matériel qui lesaccompagne dans l’au-delà. En n’effectuant pas detransfert du lieu de crémation vers une sépulture définitive,c’est la totalité de l’identité du mort qui est laissée surplace. Certes, tout cela l’inhumation primaire le garantitaussi, mais cette pratique est alors devenue un souvenirdu passé, ou en passe de le devenir.

CONCLUSION

L’introduction puis la généralisation de l’incinération enLanguedoc oriental et en Provence au cours du premierÂge du Fer permet de souligner deux processus, l’untouchant au religieux, l’autre au social.C’est d’abord un phénomène de mode ou de conversion.À l’évidence l’usage de brûler le mort vient des terressituées au couchant du fleuve Hérault, de cette grandeaire occidentale où il règne en maître depuis au moins leBronze final IIIb. Cependant, l’incinération ne conquiertpas le domaine oriental brusquement mais au contrairelentement et progressivement, sur une longue durée dedeux siècles environ. Et seul le traitement du corps estadopté; pour le reste on adapte au nouvel usageconcernant le corps les pratiques antérieures liées àl’inhumation, qu’il s’agisse de la sélection des défunts, dumode de dépôt des restes humains, du matériel qui lesaccompagne ou de la forme de la sépulture et de celle dugroupement de tombes. L’emprunt de l’incinération traduitdonc uniquement une influence occidentale et non unequelconque arrivée de population porteuse de seshabitudes funéraires.Le second phénomène réside dans la mise à part àl’échelon de la petite région dès le VIIe s. mais surtout auVIe s. av. J.-C., dans une sépulture sur bûcher, d’un individuparticulier, homme, femme ou grand enfant, soit un membreéminent de la famille dirigeante du groupe humain, soitun personnage censé jouer un rôle protecteur. Alors quel’immense majorité des morts brûlés font l’objet d’un dépôtsecondaire, ces défunts exceptionnels ne bénéficient passeulement d’un traitement du corps et d’un tombeauspécifiques; le matériel qui les accompagne estparticulièrement ostentatoire. Certes, déjà aux VIIIe et VIIe

s. av. J.-C., dans beaucoup de groupes de tumulus duLanguedoc oriental, une tombe à arme présuméemasculine et une tombe à parure abondante pressentieféminine ressortaient du lot; mais cela se faisait de manièrerelativement discrète (Dedet 2000b, 182-186). Désormais

ce sont l’individualisation, la représentation symboliqueet sa mise en scène, et la signalisation de ces morts quis’accroissent durant le VIIe s. et à l’aube du VIe s. av. J.-C., manifestations dont les débuts précèderaient lespremiers contacts avec les trafiquants Étrusques et Grecs.

ANNExE: Liste des gisements funérairesSeules ont été prises en compte les sépultures avérées,datées avec suffisamment de précision et pour lesquellesest connu le traitement du corps du mort, de la moitiéorientale de l’Hérault, du Gard, des Bouches-du-Rhône,du Vaucluse, du Var et des Alpes Maritimes. Elles sontclassées par département, identifiées par le nom dulieudit, suivi, entre parenthèses, de celui de la commune.Pour chacune est indiquée la référence bibliographiquefournissant les données les plus précises. Le numérod’ordre de chaque site dans chaque départementcorrespond à celui qui est porté sur les cartes (Fig. 1 et3, A).

ALPES-MARITIMES1 - Les Crottes, sép. 1 (Ascros) (Vindry 1978, 15-16).

BOUCHES - DU - RHÔNE1 - Le Moullard (Lambesc) (Cordier 2002).2 - Valmouirane (Saint-Rémy-de-Provence) (Cartearchéologique de la Gaule 13/2, 1999, p. 256).3 - Peynier (Peynier) (Bouloumié 1990, p. 126).4 - Cadarache (Saint-Paul-lès-Durance) (Bouloumié,Lagrand 1977, 2-3; Bouloumié 1990, 127).5 - Claps (Vauvenargues) (Bouloumié 1990, 135).6 - Les Orteaux (Auriol) (Bouloumié 1990, 128).7 - La Grande Durane (Aix-en-Provence) (Bouloumié 1990,128).

GARD1 - La Sabatière (Rogues) (Dedet à paraître).2 - Vignole IV (Nimes) (Séjalon/Dedet, étude en cours).3 - Rasiguette (Lanuéjols) (Dedet 2001, 208-210).4 - Peyraube (Lamelouze) (Dedet/Gauthey 1994).5 - Camper (Cornillon) (Genty/Gutherz 1976-1978;Genty/Gutherz 1981).6 - Serre des Galères 1 et 2 (Saint-Géniès-de-Malgoirès)(Dedet 1992, 343 et 379).7 - La Lauze (Rogues) (Durand Tullou 1954, 61-67).8 - Canteperdrix (Sauzet) (Dedet 1992, 350).9 - Fontaine de la Dragée (Saint-Géniès-de-Malgoirès)(Dedet 1992, 340-341 et 379).10 - Pontel (Dions) (Dedet/Gauthey/Pène 1998).11 - Vestric (Vestric-et-Candiac) (Dedet/Mahieu/Sauvage1997).12 - Sadoulet, La Draille (Pompignan) (Gascó 1980a;Gascó 1984, 46-47).13 - Airoles (Alzon) (Cazalis de Fondouce 1906, 208-214).14 - Fourques 3 (Rogues) (Durand Tullou 1954, 56-58).15 - Les Bassinettes 6 (Rogues) (Durand Tullou 1954, 59-60).

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16 - La Borie d’Arre (Rogues) (Cazalis de Fondouce 1906,206-207).17 – Malausette (Soustelle) (Dedet/Gauthey 1996-1997).18 - Serre des Fontaines (Saint-Géniès-de-Malgoirès)(Dedet 1992, 342 et 379).19 - Combe Rouèze 2 (Rogues) (Durand Tullou 1954, 61-67).20 – Les Charmilles (Nîmes) (Séjalon 2007).21 - Bergerie Hermet (Calvisson) (Dedet/Py 1973).

HÉRAULT (moitié orientale)1 - Cazevieille G9 (Cazevieille) (Vallon 1984; Dedet 1992,317 et 376).2 - La Jasse (Murles) (Arnal 1944; Arnal 1949; Dedet 1992,331 et 377).3 - Viols (Viols-le-Fort) (Vallon 1984; Philipot et al.1989;Dedet1992, 369-372 et 383).4 - Hameau de Bertrand (Causse-de-la-Selle)(Arnal/Gascó/Vidal 1982; Dedet 1992, 300-301 et 374).5 - Les Tourelles (Buzignargues) (Fédières, Gascó 1979;Dedet 1992, 300 et 373).6 - Cambous (Viols-en-Laval) (Vallon 1984; Dedet 1992 ,351-354 et 382).7 - Peyrescanes (Viols-en-Laval) (Vallon 1984; Dedet 1992, 357-358 et 382-383).8 - Ravin des Arcs (Notre-Dame-de-Londres) (Vallon 1984;Dedet 1992, 331-334 et 378).9 - Cazarils (Viols-le-Fort) (Vallon 1984; Dedet 1992, 360-364 et 381-382).10 - Argelliers 1 (Argelliers) (Vallon 1984; Dedet 1992,297 et 373).11 - L’Oradou (Argelliers) (Vallon 1984; Dedet 1992, 298).12 – Saint-Martin de Colombs (Fabrègues) (Dedet/Paya2006-2007).13 - Gallière (Montpellier) (Lisfranc/Dedet 2005).14 - Bois de Bouïs (Saint-Martin-de-Londres) (Vallon1984;Dedet 1992, 344-346 et 379).15 - Conquette-Frouzet (Saint-Martin-de-Londres) (Arnal1956; Vallon 1984; Dedet 1992 , 347 et 380).16 - Lebous (Saint-Mathieu-de-Tréviers) (Arnal 1973, 182-186; Dedet 1992, 349 et 380).17 - Cantagrils (Argelliers) (Audibert 1954; Dedet 1992,296-297 et 373).18 - Combepleine (Argelliers) (Vallon 1984; Dedet 1992 ,297-298 ).19 - Ginestous (Moulès-et-Baucels) (Gascó 1984, 26;Dedet 1992, 331 et 378).20 - Arboras (Arboras) (Garcia 1993, p. 24).21 - Font de Griffe (Montpeyroux) (Dedet 1992, 330 et377).22 - Les Besses (Saint-Maurice-de-Navacelles) (García1993, 24).23 - Aven de la Canourgue (Saint-Etienne-de-Gourgas)(Gascó 1980b).24 - La Céreirède (Montpellier) (Chardenon/Bel 2003).25 - La Pailletrice (Pérols) (Daveau/Dedet, étude en cours).26 – La Cougourlude (Lattes) (Prades 1979).

VAR1 - Grotte de l’Hauberte (Evenos) (Carte archéologiquede la Gaule 83/1, 1999, 386).2 - Route de Rians (Pourrières) (Lagrand 1968, 296-297,pl. LXIV, B1 à 8).3 - Les Béguines (Nans-les-Pins) (Carte archéologiquede la Gaule 83/2, 1999, 537).4 - Les Adrets (Plan d’Aups) (Bouloumié 1990, 126).5 - Gros Clapier (Plan d’Aups) (Carte archéologique de laGaule 83/2, 1999, 561).6 - Grand Cassien (Plan d’Aups) (Lagrand 1959, 219-223; Carte archéologique de la Gaule 83/2, 1999, 561).7 - Gros Ped (Les Arcs-sur-Argens) (Bérato/Dugas/Dutour1991).8 - La Guérine (Cabasse) (Bérard 1980, 56-61).9 - Lambruisse (Rians) (Bouloumié 1990, 135-136).10 - Aven de Plérimond (Boyer/Dedet/Marchand 2006).11 - Tumulus “à la fosse” (Pourrières) (Bouloumié/Lagrand1977, 6 et 28-29).12 - L’Estang (Bargème) (Carte archéologique de la Gaule83/1, 1999, 242-243).

VAUCLUSE1 - Pont de Pierre 2 (Bollène) (Ozanne/Blaizot 2002).2 - Quartier Sainte Anne (Cavaillon) (Louis/Taffanel/Taffanel1960, 173).3 - La Bâtie (Lamotte-du-Rhône) (Ozanne 2002a).4 - L’Agnel (Pertuis) (Cotte 1909; Bouloumié 1990, 133).5 - La Juive (Saint-Saturnin-lès-Apt) (Dumoulin 1958, 197-205; Bouloumié/Lagrand 1997, 26).6 - Renard ou Trois Quartiers (Pertuis) (Bouloumié 1990,131).7 - Aven des Planes (Monieux) (Ozanne 2002b).

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TOMBES SUR BÛCHER ET DÉPÔTS SECONDAIRES D’INCINÉRATION EN LANGUEDOC ORIENTAL ET ENPROVENCE AU PREMIER ÂGE DU FER

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Bernard DEDET

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