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Lucien Rivet Pour des atlas topographiques des villes de Gaule romaine. L'exemple de Fréjus-Forum Julii (Var) In: Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 16, 1999. pp. 27-34. Citer ce document / Cite this document : Rivet Lucien. Pour des atlas topographiques des villes de Gaule romaine. L'exemple de Fréjus-Forum Julii (Var). In: Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 16, 1999. pp. 27-34. doi : 10.3406/pica.1999.2045 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pica_1272-6117_1999_hos_16_1_2045

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Lucien Rivet

Pour des atlas topographiques des villes de Gaule romaine.L'exemple de Fréjus-Forum Julii (Var)In: Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 16, 1999. pp. 27-34.

Citer ce document / Cite this document :

Rivet Lucien. Pour des atlas topographiques des villes de Gaule romaine. L'exemple de Fréjus-Forum Julii (Var). In: Revuearchéologique de Picardie. Numéro spécial 16, 1999. pp. 27-34.

doi : 10.3406/pica.1999.2045

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pica_1272-6117_1999_hos_16_1_2045

Revue archéologique de Picardie N° spécial 16 - 1999

POUR DES ATLAS TOPOGRAPHIQUES DES VILLES DE GAULE ROMAINE

L'EXEMPLE DE FRÉJUS-FOKUM JULII (VAR)

Lucien RIVET *

Depuis les années I960, en milieu urbain, la multiplication des fouilles préventives dues aux réaménagements rend urgente la nécessité de dresser un état des connaissances, tout en engageant une réflexion sur les sources documentaires et sur le devenir du patrimoine archéologique. Bien que des efforts aient été faits, dès le début des années 1980, pour remédier à un état de carence dénoncé par de nombreux archéologues et historiens1, le besoin a été ressenti de créer un support performant et tendant à l'exhaustivité pour servir à la gestion du patrimoine et, surtout, pour disposer d'une vision synthétique des connaissances archéologiques à l'échelle de la ville et permettre ainsi des comparaisons d'une ville à l'autre. Cet outil qui permet de recueillir la documentation archéologique a été conçu sous la forme d'un atlas topographique et son champ d'application se limite, pour l'instant, au sud de la Gaule.

LES BUTS DE L'ATLAS

L'un des objectifs est tout simplement de rassembler la documentation archéologique relative à une ville de la façon la plus exhaustive possible. Pour Fréjus2, par exemple, mais cela est valable pour toutes les autres villes de la Gaule méridionale, il faut parfois recourir à des ouvrages parus il y a plusieurs décennies pour disposer d'une image topographique de la ville antique. Encore les plans qui ont été dressés à cette occasion ne sont-ils pas tous, ni suffisamment précis, ni exempts d'erreurs ; ils n'entrent pas toujours dans les détails et, bien entendu, ils ne présentent pas les découvertes récentes. Dans le cas de Fréjus, les synthèses remontent à 1881, avec l'ouvrage de J.-A. Aubenas3, et à 1928, avec le livre de A. Donnadieu4, alors que ce dernier réalisera, pratiquement sans les publier, un grand nombre de fouilles entre 1929 et 1939. Depuis, ne sont parus que des ouvrages généraux et destinés à un large public qui, tout en dressant un bilan sur la ville, n'avaient pas pour but spécifique de publier des résultats de fouilles : les derniers exemples sont le guide publié par P.-A. Février en 19635 et celui

publié dans la collection des Guides archéologiques de la France6. En fait, depuis les années 1930, la documentation, presque toujours inédite, s'est accumulée du fait des nombreuses fouilles effectuées par A. Donnadieu puis par P.-A. Février et enfin par D. Brentchaloff, sans qu'elle soit rassemblée et exploitée scientifiquement.

LES MÉTHODES DE L'ATLAS

Les méthodes utilisées pour la réalisation des atlas s'inspirent largement de l'entreprise - Topographie chrétienne des cités de la Gaule -, née en 1975 autour de Noël Duval, Paul-Albert Février et Charles Piétri où chacun présente ses recherches devant l'ensemble du groupe de travail. Ces atlas sont en effet réalisés dans le cadre d'une entreprise collective qui s'est mise en place à partir des années 1988-89, avec une équipe constituée de chercheurs de différents statuts s'intéressant à la

1 L'atlas de Fréjus est réalisé en collaboration avec D. Brentchaloff, S. Roucole et S. Saulnier. 2 n suffit de faire référence à la parution du tome I de la France urbaine dont les chapitres sur l'Antiquité furent rédigés par Chr. Goudineau et P.-A. Février (G. DUBY (dir.), Histoire de la France urbaine, I, La ville antique, Paris, 1980) ; s'ensuivra l'organisation d'un colloque sur l'archéologie urbaine, à Tours, en 1980, qui donna lieu à l'édition d'Actes en 1982 (Archéologie urbaine, Actes du colloque international de Tours (17-20 novembre 1980), Paris, 1982) ; de cette époque date également la création du Centre National d'Archéologie Urbaine dont l'une des missions est de publier des Documents d'Évaluation du Patrimoine Archéologique Urbain. 3Aubenas Q.-A.), Histoire de Fréjus, Forum Julii, ses antiquités, son port, Fréjus, 1881. * Donnadieu (A.), La Pompéi de la Provence, Fréjus (Forum Julii), Paris, 1928. 5 Février (P.-A.), Fréjus (Forum Julii) et la Basse vallée de l'Argens, Itinéraires Ligures 13, Institut International d'Etudes Ligures, Coni, 1963 ; une deuxième édition, augmentée, est parue en 1977. 6 Béraud (L), Gébara (G), Rivet (L.), Fréjus antique, Guide archéologique de la France, 36, Paris, 1998, dont les 90 pages, même si elles présentent brièvement les fouilles récentes, ne permettent pas d'avoir une synthèse sur la ville antique et son évolution.

* Chargé de recherche CNRS, MMSH - Centre Camille Jullian/Université de Provence, 5 rue du Château de l'Horloge, BP 647, 13094 Aix-en-Provence cedex 2.

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s • Carpenjras AVIGNON à S- .«-'"APT

Fig. 6 - Villes prises en compte par les équipes rassemblées dans les projets d'Atlas topographiques des villes de Gaule méridionale. Dans la province de Narbonnaise, les pointillés circonscrivent les limites de civitates. - Alpes-Maritimes : Antibes (Antipolis) et Nice-Cimiez (Cemenélum) ; - Var : Fréjus (Forum Julii) ; - Alpes de Haute-Provence : Riez (Reii Apollinaris) ; - Vaucluse : Apt (Apta), Avignon (Avenio), Carpentras (Julia Meminorum), Cavaillon (Cabellio), Orange (Arausio) et Vaison-la-Romaine (Vasio) ; - Bouches-du-Rhône : Aix- en-Provence (Aqux Sextiaœ), Arles (Arelate) et Marseille (Massalia) ; - Drôme : Die (Dea Augusta Vocotiorum), Saint-Paul-Trois-Châteaux (Augusta Tricastinorum) et Valence (Valentia) ; - Ardèche : Alba (Alba Hélvorum) ; - Isère : Vienne (Vienna) ; - Gard : Nîmes (Nemausus) ; - Hérault : Béziers (Baeterrx) ; - Aude : Narbonne (Narbo Martius) ; - Haute-Garonne : Toulouse (Tolosa).

topographie urbaine des villes antiques de Gaule narbonnaise (fig. 6). Cette équipe est appuyée financièrement par le ministère de la Culture, sous-direction de l'Archéologie, au sein d'un Projet Collectif de Recherche, relayé par une association, Urbs Antiqua. Chacune des grandes cités de Gaule méridionale fera donc l'objet d'un fascicule au format A3 (42 cm x 29,7 cm, dans le sens de la hauteur), représentant sur différentes feuilles tous les vestiges antiques reconnus ou identifiables qui s'inscrivent entre le Haut-Empire et l'Antiquité tardive (entre l'organisation des provinces sous Auguste jusqu'au début du VIe siècle, avec la mise en place du regnum francorum)7. Les grands principes de fonctionnement de l'équipe sont les suivants : - c'est un groupe de travail qui applique, après avoir

longuement et minutieusement débattu des différentes solutions possibles, des options cartographiques et rédactionnelles normalisées se révélant, en définitive, relativement simples pour être efficaces ; - c'est une recherche collective puisque si, pour chaque ville, s'est constituée une équipe, celles-ci se réunissent plusieurs fois par an. À l'occasion de ces réunions, chaque équipe soumet une partie de sa recherche à la critique des autres. Les documents présentés sont donc amendés, améliorés puis approuvés par l'ensemble des participants.

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' II n'est donc pas nécessairement question, dans certains cas, de prendre en compte les phases originelles de certaines urbanisations, qui ne seront qu'évoquées, pour mémoire, comme par exemple pour Arles et Marseille.

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Avant tout, la réalisation de ces atlas reste un problème de cartographie et d'interprétation des vestiges. Les conventions graphiques sont aussi importantes que les normes éditoriales et il aura fallu beaucoup de temps pour mettre en place les méthodes. Concrètement, l'épaisseur des traits, le noircissement ou non de certaines structures bâties, la représentation des seuils ou, en l'absence de données, leur restitution, les stylobates, etc., sont autant de sujets qui ont dû être évoqués, discutés et résolus, en s'intégrant dans une normalisation propre à satisfaire tous les besoins, parfois spécifiques, de chacune des villes (ligne de rivage déplacée, lit d'un cours d'eau également fluctuant, pente importante dans le relief, etc.)8.

L'ATLAS DANS LA PRATIQUE

LA CARTOGRAPHIE.

En ce qui concerne le domaine privilégié de la cartographie, un cadre général a été établi.

a. Le cadastre de la ville est redessiné, épuré9, ramené au 1 / 1000 ; on ne garde que les contours des parcelles et des rues, les parcelles bâties étant signalées par un à-plat. Dès l'origine du projet, la publication en quadrichromie a paru indispensable pour distinguer nettement le cadastre actuel (qui doit apparaître en demi-teinte) des éléments antiques10. La ville est découpée en feuilles juxtaposées dirigées au nord dans le sens de la hauteur ; le format choisi est le A3. Il faut plusieurs feuilles pour couvrir la ville antique ; pour Fréjus, 15 feuilles sont nécessaires (PI. I). Lorsque les vestiges montrent des phases distinctes, une période est privilégiée : dans le cas de Fréjus c'est l'époque flavienne qui a été choisi. Si besoin est et dans le cadre de transformations majeures affectant un quartier, une feuille peut-être doublée : par exemple, à Fréjus, c'est le cas du quartier central (feuille Vin), pour l'Antiquité tardive, avec la construction du groupe episcopal.

b. Les vestiges antiques sont dessinés sur un calque à part, également au 1/1000 (ces vestiges, pour être immédiatement lisibles, doivent être imprimés en noir, puisque d'autres teintes sont utilisées par ailleurs). La mise en place des vestiges ne pose guère de problème lorsqu'il s'agit de fouilles récentes, correctement carroyées. Il est évident que pour les résultats de recherches anciennes, des difficultés plus ou moins importantes surgissent pour le repositionnement des plans et, dans de nombreux cas, après une série de tentatives infructueuses, il convient de renoncer à leur transfert sur le cadastre.

Cependant, dans le cas où il arrive parfois que les vestiges puissent être approximativement replacés (disons, à 1 mètre près), il a été choisi de les faire figurer, non en noir mais en gris pour garder au maximum l'information afin de percevoir au mieux la vision globale de l'organisation de la ville. À Fréjus, l'exemple existe avec des fouilles réalisées entre 1929 et 1935 à l'ouest du site de la Plate- Forme (feuille X) : trois plans retrouvés dans les archives de la Bibliothèque du Patrimoine et concernant la fouille d'un decumanus secondaire et des habitations riveraines ne suffisent pas à replacer de façon précise la fouille ; seul l'environnement archéologique voisin (le site de la Plate- Forme) permet de proposer une hypothèse de repositionnement qu'il aurait été dommage de ne pas faire figurer.

c. Après analyse du site, on attribue aux vestiges représentés sur les feuilles un numéro en caractère droit et gras, qui renvoie à un commentaire (voir infra). Dans le cas de sites, mal connus, le plus souvent non repositionnés, l'information est donnée par le biais d'un numéro en italique à l'endroit approximatif du lieu de découverte.

d. L'atlas donne, en introduction, un plan de montage au 1/5000 (PI. I) des différentes feuilles qui permettent de couvrir la ville. Il fournit, également, un plan (il peut s'agir du même) illustrant le tracé des grandes tendances de la topographie antique et les courbes de niveau (quand elles sont restituables).

LES NORMES ÉDITORIALES.

En ce qui concerne le texte, il s'organise de façon classique, en trois parties.

a. Une introduction, avec différents chapitres de présentation : - les sources antiques, - la topographie originelle du site, - une mise au point sur l'historiographie, - ainsi que sur la recherche en archives et la qualité de celles-ci, - une présentation de tous les plans anciens qui offrent un intérêt archéologique, publiés à la même échelle si possible (1/5000).

8 Par exemple, pour la représentation de l'eau, il a été nécessaire de définir trois nuances de bleu : une pour les eaux propres (canal de l'aqueduc, citerne, etc.)/ une pour les eaux sales (égouts), enfin, une autre pour les eaux des cours d'eaux, des ports ou de la mer, etc. * II est parfois possible, dans certaines villes, de travailler directement à partir du cadastre informatisé, fournis par les services municipaux. 10 II est évident que l'infographie est actuellement le moyen le plus simple pour mener à bien ce projet.

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b. Les «feuilles» (ou chapitres) qui constituent le corps de l'ouvrage ont pour support les feuilles au 1/1000 sur lesquelles sont replacés les vestiges (PI. II). Chaque site - analysé, disséqué - donne lieu à une ou plusieurs notices qui renvoient à un ou des numéros, c'est-à-dire qu'il existe autant de points cartographies qu'il y a de réalités archéologiques étudiées et décrites11. Ces notices sont classées de façon raisonnée et immuable par grandes catégories : «Enceinte», avec les portes et poternes, «Voirie et urbanisme», «Aménagements hydrauliques» s'ils sont isolés d'une voirie, «Monuments et équipements publics », « Habitations », « Commerce et artisanat », «Nécropole» ou «Sépultures isolées» et, dans le cas spécifique de Fréjus, le «Port» avec les quais, les môles, les darses, les bâtiments portuaires, et le «Camp militaire». Pour chaque point ainsi mis en exergue, sont présentés successivement : la date d'intervention, la nature de l'intervention (avec l'indication de la parcelle cadastrale pour la première occurrence), une description synthétique précise et objective des résultats acquis (élaborée d'après le compte rendu de la fouille ou, s'il n'existe pas, d'après des sources plus laconiques) qui fait place autant que possible à des citations textuelles ; l'état de conservation des vestiges ; une bibliographie sélective disposée par ordre chronologique avec la source primaire et l'indication précise des pages d'où on a tiré les informations. Une illustration abondante, composée d'autant de plans complémentaires (vignettes au 1/200, 1/500, etc.) et de documents iconographiques (gravures anciennes, photos, vues axonométriques, coupes, etc.) qu'il est nécessaire pour la description, complète le dossier. Si un site a connu différentes dates d'interventions, la notice doit comporter autant de rubriques qui se suivent chronologiquement. À la fin de chaque feuille, une interprétation reprend et rassemble les acquis obtenus en respectant le même ordre de classement que les notices : enceinte, voirie, etc. afin de donner une vision globale du secteur couvert par la feuille.

c. Enfin, la troisième partie du volume consiste en une synthèse générale. Il s'agit d'abord de reprendre, en une vision d'ensemble, les données issues de toutes les feuilles en suivant l'ordre des rubriques énoncées supra. Cette partie, appuyée pour chacun des sujets sur des plans thématiques (1/5000), permet d'asseoir ou d'affiner les chronologies, de s'ouvrir sur des comparaisons avec d'autres villes, de proposer des restitutions, etc. Enfin, une large conclusion propose, à partir de plans diachroniques (toujours au 1/5000) assortis de commentaires, de montrer les grandes étapes de

l'évolution de l'urbanisme des origines à la fin de l'Antiquité tardive. Suivront un index et une bibliographie raisonnée.

POUR FRÉJUS, QUELQUES RÉSULTATS

Dans le cadre consacré à ce thème particulier qu'est l'archéologie urbaine, on aura compris que les résultats ont autant d'intérêt que la méthode utilisée. Pour la méthode, et tout au moins dans le cas de Fréjus (chaque ville présentant, en matière d'historiographie, des caractéristiques différentes), analyser les résultats archéologiques des fouilles réalisées dans les trente dernières années a été, dans la plupart des cas, chose relativement aisée. En revanche, il n'en a pas été de même en ce qui concerne les fouilles ouvertes au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle. La recherche en archives12, a souvent été longue et fastidieuse mais, dans le cas de Fréjus, elle a souvent été payante dans la mesure où la connaissance de sites fouillés sur de très vastes superficies et inédits ou quasiment inédits a pu être intégrée dans l'étude de l'urbanisme de la ville : ce sont les exemples cités infra pour la feuille III ou la feuille X. Fabriquer l'atlas de Fréjus aura aussi été l'occasion de vérifier un certain nombre de données et de réaliser des relevés d'un certain nombre de vestiges qui n'avaient jamais été dessinés. En préalable, Fréjus est une ville un peu particulière dans la mesure où une bonne partie de ses

11 Par exemple, sur un site où ont été fouillées une rue et deux maisons de part et d'autre de celle-ci, trois numéros distingueront trois éléments inscrits d'une part dans la rubrique "Voirie et urbanisme" et d'autre part, dans la rubrique "Habitations". 12 On peut commencer par les grands classiques que sont la Bibliothèque Nationale, les Archives départementales, municipales, nationales (mais aussi les archives de certaines sociétés savantes comme le Comité des Travaux Historiques, la Société Nationale des Antiquaires de France, etc.), l'Institut de France (Académie des Inscriptions et Belles Lettres), ou dans notre domaine particulier de l'archéologie, les Services Régionaux de l'Archéologie, la Bibliothèque du Patrimoine (qui conserve les archives des Monuments Historiques mais également celles concernant les fouilles pratiquées avant la création des Directions des Antiquités en 1941). Il ne faut pas hésiter à aller à la Sous-Direction de l'Archéologie, où les doubles des rapports de fouilles sont envoyés systématiquement (ce qui complète souvent les archives des SRA) et où il existe également quelques dossiers datant d'avant 1941). La Revue Gallia conserve, avec le fonds A. Grenier, un certain nombre de dossiers avec les courriers des correspondants d'A. Grenier lorsqu'il était directeur de la Revue. Il y a encore bien des lieux où on peut obtenir des renseignements, ne serait-ce que dans les archives des sociétés savantes locales ou nationales à condition de s'armer de patience et de courage. La liste est donc loin d'être exhaustive.

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monuments antiques sont encore visibles et assez facilement accessibles, ce qui a donné une abondante littérature archéologique dans laquelle il a fallu trier, mais avec l'avantage certain de pouvoir reprendre aujourd'hui les descriptions et les analyses : c'est le cas, tout particulièrement, du rempart, encore bien conservé dans certains secteurs (feuilles I, IV, V, VI, VÏÏI, IX, X), de l'aqueduc, de certaines portes (feuilles II et VI), de l'amphithéâtre (feuille I), du théâtre (feuille V), du port (feuilles VIE, IX, X, XI et surtout XII et Xm)... Il faut savoir également que Fréjus est restée, jusque dans les années 1950, une ville à la campagne puisque de grandes zones - et c'est visible sur les clichés aériens pris à la veille du débarquement de Provence de 194413 - à l'intérieur des remparts antiques étaient encore dévolues aux activités agricoles. Depuis, le développement urbain lié au tourisme de masse a accéléré la destruction des vestiges. En principe, les notices ne recensent que les résultats de fouilles mais des descriptions anciennes ou plus récentes, l'exploitation des plans anciens et des documents iconographiques sont tout aussi utiles, surtout lorsque les vestiges ont disparu depuis ladite description.

Feuille I - Secteur de l'Amphithéâtre.

La feuille est centrée sur ce monument établi immédiatement à l'extérieur de l'enceinte. H s'agit de l'exemple typique d'un vestige toujours en élévation, qui a fait l'objet de multiples descriptions et fouilles depuis la fin du XVIIIe siècle. Dans un tel cas, il faut tenir compte de tout ce qui apporte des éléments susceptibles d'aider à la restitution de son architecture originelle et à sa datation.

Feuille II - Secteur de la Forte des Gaules.

Là encore, avec cette porte, il s'agit d'un monument toujours visible, situé au débouché du decumanus maximus (inscrit dans le réseau B, c'est-à-dire selon l'axe nord-ouest /sud-est correspondant à l'urbanisme qui se met en place au début de l'époque tibérienne), et qui constitue le sujet principal de la feuille. Huit descriptions ou interventions archéologiques, depuis 1729, constituent autant de rubriques dans cette notice sur la Porte des Gaules. Cet accès majeur de la ville antique, qui n'a jamais réellement fait l'objet d'une étude de bâti (les élévations existent encore sur près de 8 m), reste assez mal connu et surtout mal daté (de façon intrinsèque) ; la porte présente nettement plusieurs états de construction et seule son intégration dans le cadre général de l'urbanisme antique (et là il s'agit de l'apport essentiel de l'atlas) permet toutefois d'apporter des éléments sur sa mise en place.

Feuille III - Quartier de l'Agachon.

Il s'agit d'une feuille assez densément remplie avec laquelle on peut illustrer ce que peut procurer une recherche en archives avec le repositionnement d'une portion d'enceinte (totalement détruite en 1939), de deux rues et de plusieurs maisons fouillées entre 1932 et 1939 sur une grande superficie (6000 m2), au long du cardo maximus (réseau B), dont un mur de soutien reste toujours visible sur une trentaine de mètres de longueur et sur trois mètres de hauteur. Plus au sud, un autre mur vu en 1881 sur une cinquantaine de mètres, a été revu récemment (une grande partie est recouverte par un enduit moderne), servant de façade arrière à une série de petites maisons et qui correspond à l'urbanisme du bourg primitif (réseau A, incliné nord-nord-ouest /sud-sud-est et dont l'origine remonte à l'époque octavienne). Cette feuille illustre assez bien la rencontre entre les deux car- royages antiques. L'autre point de mise en valeur sur cette feuille est la récolte d'informations (1930, 1955, 1980) concernant la porte nord de la ville antique (porte de l'Agachon) et de son contact avec un fossé qui double l'enceinte, au nord de la ville.

Feuille IV - Quartier du Clos de la Tour.

La feuille est centrée sur les découvertes réalisées sur une très vaste parcelle qui a d'abord appartenu au Chapitre de Fréjus, puis est devenue, à la suite des fouilles qui s'y sont déroulées, une réserve archéologique, propriété de l'Etat en 1973. Depuis le XVIIe siècle a été fait un grand nombre de découvertes mobilières. Au début du XXe siècle, le propriétaire de ce clos a levé plusieurs plans où il a pointé les mosaïques découvertes à l'occasion de ses plantations de vignes ou d'arbres. En 1970-1977, suite à la menace d'un projet immobilier, des fouilles furent ouvertes sur une vaste surface (4000 m2) amenant la découverte d'un carrefour de rues et de quatre îlots. En 1982, la rétrocession à la ville d'une bande de terrain de la réserve pour qu'elle en fasse un parking aérien permit de compléter la vision de ce secteur antique, avec la mise au jour d'une portion notable du decumanus maximus et de son croisement avec plusieurs cardo secondaires. L'apport majeur de ces fouilles tient au fait que l'on a pu reconstituer, au moins dans ce quartier nord-est de la ville antique ceint par le rempart, le schéma directeur qui se met en place au début de l'époque tibérienne (réseau B).

™ Ces clichés sont conservés à l'Aérophotothèque du Centre Camille Jullian à Aix-en-Provence (Fonds de l'Ecole Française de Rome).

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Feuille V - Secteur du Théâtre.

Il s'agit encore d'une feuille centrée sur un monument, le théâtre qui est, dans l'ensemble, un édifice assez mal conservé. Il a été dégagé par l'architecte Ch. Texier (1828-29) qui en a dressé un plan. J. Formigé dont quelques rapports ou courriers se trouvent à la Bibliothèque du Patrimoine, achève la fouille du monument entre 1919 et 1929. Le théâtre, de type romain, est très vraisemblablement jouxté d'une porticus post scaenam comme le suggère un talus, déjà observé en 1881, coïncidant avec une limite cadastrale actuelle. Dans ce secteur de la ville, l'enceinte, encore assez bien conservée, présente les arcades qui soutiennent le canal de l'aqueduc qui, à une date postérieure, se superpose à elle dans ce secteur de la ville.

Feuille VI - Secteur de la Porte de Rome.

Comme pour la feuille H, la Porte orientale de la ville - la Porte de Rome -, dans l'axe du decumanus maximus (réseau B) illustre l'ensemble principal de cette feuille. Comme pour la Porte des Gaules, la Porte de Rome présente plusieurs phases de construction dont la première est constituée par un arc monumental établi à 35 mètres à l'intérieur de la limite que représente la courtine et qui sera ensuite englobé dans la porte proprement dite. Cette porte a fait l'objet d'une fouille en 1938 et son auteur - A. Donnadieu - a publié ses résultats dans une revue locale (un plan -faux- et quelques photos). Il a cependant été possible de retrouver un dossier conséquent de clichés légendes concernant cette fouille dans le fonds Grenier de la revue Gallia, envoyé par A. Donnadieu à A. Grenier avec lequel il correspondait. Ces photos, dont certaines montrent le mur du cavaedium circulaire qui, depuis 1938, n'a plus jamais été revu (il a été réenfoui) ainsi que l'intégration de la porte dans le schéma directeur du quartier, ont permis de mieux exploiter les différentes étapes de sa construction. L'autre monument important de la feuille est l'aqueduc et son arrivée en ville : le canal vient emprunter le sommet de l'enceinte.

Feuille VII - Secteur de la Porte Saint-Pons.

Sur cette feuille, deux monuments partagent l'intérêt du lecteur. L'un, déjà partiellement détruit en 1838, a été totalement éradiqué par la construction du chemin de fer du PLM en 1861 et n'est connu que par quelques documents iconographiques et quelques descriptions datant au début du XIXe siècle : il s'agit de la porte Saint-Pons. On a cependant la chance que les topographes de la Compagnie du chemin de fer aient réalisé un

vé des fondations sur un cadastre au 1/1000 (archives du PLM), ce qui permet, aujourd'hui, de replacer sur le cadastre actuel cette porte avec une très faible marge d'erreur. Malgré tout, son élévation, son décor et sa position sur le tracé de l'enceinte posent encore un problème d'interprétation. Le deuxième monument est, en revanche, conservé sur une douzaine de mètres d'élévation et est constitué d'un mur épais, présentant des rangs de briques et dans lequel ont été construites trois absides. Il a fait l'objet de nombreuses descriptions depuis le XVIIIe siècle de la part des historiens de Fréjus qui ont tous voulu y reconnaître un temple. Son interprétation comme sa datation restent très délicates : le moins que l'on puisse dire est qu'il s'agit d'une salle à plan basilical14. Un apport de l'atlas sur la nécessité de la critique permanente peut être illustré par l'exemple d'un égout collecteur signalé pour la première fois en 1881, dans la cave d'une maison moderne où il est visité sur 150 mètres de long, sans que sa direction soit précisée. Le même égout est revu une cinquantaine d'années plus tard, en 1934, par A. Donnadieu qui le parcourt sur 63 mètres et précise sa direction à la boussole : nord-ouest /sud-est (soit selon les axes du decumanus maximus, réseau B). En 1997, le hasard veut qu'après une rencontre avec la propriétaire, cette dernière nous autorise à casser le mur de sa cave qui ferme l'accès à cet égout : il a donc été possible de s'apercevoir qu'il n'était plus praticable que sur une quinzaine de mètres de long et surtout que sa direction n'était pas celle que l'on croyait depuis un demi siècle (et représenté ainsi sur tous les plans) puisqu'il s'inscrit, en fait, dans les axes du réseau A (c'est-à-dire selon le schéma directeur qui régit le quartier depuis sa création à l'époque octavienne).

Feuille VIII - Secteur de la place Jules Formigé.

La feuille couvre le centre de la ville de l'Antiquité tardive avec la cathédrale et le baptistère du début du Ve siècle (PL. 2) ; que ce quartier du nouveau pouvoir se soit développé dans cette zone s'explique sans doute par le fait que le noyau originel de la ville antique s'est également établi dans ce secteur. Les fouilles qui se sont déroulées dans et aux alentours du groupe episcopal depuis 1979 ont apporté des éléments majeurs quant à la compréhension du développement de Forum Julii. Dans l'Antiquité, les constructions montrent deux directions bien distinctes : la plus ancienne, dont la création remonte à l'époque octavienne, est attestée par quelques fragments de murs de direction nord- nord-ouest /sud-sud-ouest (réseau A) ; l'autre, vrai-

" Le monument est aujourd'hui occupé par un restaurant dont un des côtés de la salle à manger présente une partie de cette élévation.

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semblablement tardo-augustéenne ou tibérienne, est de direction nord-ouest /sud-est (réseau B). Le contact entre les deux carroyages a été observé dans la fouille de la branche méridionale du cardo maximus (réseau B) dont l'implantation, vers 15-20 de notre ère, tranche dans les modestes maisons antiques dont les nouvelles façades accusent le changement d'orientation. La plus grande partie de ce quartier a traversé le temps en conservant les directions inscrites dès l'origine de l'urbanisation, celles-ci étant reprises par le groupe episcopal et par le bourg médiéval dont le découpage est conservé dans le cadastre actuel. La construction du groupe episcopal (baptistère, palais episcopal, cathédrale) affecte profondément le quartier, et ceci explique que la feuille fasse l'objet d'un développement spécifique pour l'Antiquité tardive. Au sud de ce quartier, le secteur portuaire présente plusieurs monuments importants dont les immenses thermes de la Porte d'Orée, ainsi qu'un édifice à la destination énigmatique bordé par une esplanade et dont la fouille a démontré qu'il avait été construit sur une darse comblée. Quelques éléments de quais sont encore conservés dans les parcelles modernes.

Feuille IX - Secteur de la Porte Reynaude.

Cette feuille, au sud du théâtre antique, présente un certain nombre d'éléments issus de sources anciennes. C'est le cas, par exemple, des vestiges de bassins appartenant vraisemblablement au décor du jardin d'une maison dont un relevé, conservé aux archives municipales de Fréjus, concernant deux états de construction du bassin, a été réalisé en 1883. Le repositionnement dans l'emprise de la parcelle alors à construire et le fait que cette maison existe encore a permis de constater que les bassins avaient été construits selon les axes du réseau B. Le sud de la feuille est occupé par les abords du port : le tracé approximatif des quais a pu être repositionné grâce à plusieurs plans réalisés au début du XIXe siècle et en particulier grâce à un plan cadastral en couleur daté de 1825.

Feuille X - Secteur de la Plate-Forme.

Le sujet de cette feuille est centré sur une très grande domus à caractère palatial (6860 m2), construite autour des années qui marquent le changement d'ère sur une immense citerne et des salles aménagées dans la terrasse de soutènement de l'édifice. Connu depuis le XVIIe siècle, le site a été dégagé intégralement lors de fouilles réalisées dans les années 1930, puis dans les années 60. À l'ouest de la Plate-Forme, une rue décumane bordée d'habitations et de locaux artisanaux (dont l'un abrite une fullonica de petites dimensions) a été

lement fouillée entre 1929 et 1936. Le repositionnement de cette fouille, malgré trois plans retrouvés à la Bibliothèque du Patrimoine, a posé quelques problèmes (voir supra). Les photos jointes aux rapports également conservés à la Bibliothèque ont aidé à individualiser les unités d'habitations.

Feuille XI - Secteur de la Butte Saint-Antoine.

Une autre domus à caractère palatial (plus de 6000 m2), construite sur une butte isolée de la ville antique et ceinte par un rempart, illustre encore le thème principal de cette feuille. La Butte Saint-Antoine possède un accès privilégié avec le port avec lequel elle communique par l'intermédiaire du quai méridional. Bien qu'une partie seulement de l'édifice ait été mise au jour, la Butte présente un plan des constructions analogue à celui de la Plate-Forme. Construits vers le changement d'ère, les bâtiments oblitèrent des constructions (murs, cloisons en clayonnage, sols, four artisanal) datées de la période proto-augustéenne, lesquelles masquent aussi une occupation encore plus ancienne remontant au VIe siècle avant notre ère. Extra muros et à une cinquantaine de mètres à l'ouest a été fouillé en 1980 un petit ensemble thermal établi à l'époque flavienne à l'emplacement d'une nécropole.

Feuilles XII et XIII - Le port antique de Fréjus.

Deux feuilles ont été nécessaires pour couvrir l'ensemble du secteur portuaire dont quelques quais et bâtiments ont déjà été étudiés dans les feuilles Vin, IX, X et XI. La mise en place de ces deux feuilles a été l'occasion de réaliser une série de relevés sur les quais du port dont une partie est encore visible. Le bassin du port proprement dit a été creusé dans une dépression marécageuse ; il est relié à la mer par un chenal également creusé sur environ 800 m. L'un et l'autre de ces aménagements sont, depuis le milieu du XIXe siècle, totalement comblés. Le long de ces quais, quelques vestiges de bâtiments et autres équipements : demi-tour, amer15, bastion défendant le bassin portuaire, etc.

Feuilles XIV et XV - Le quartier de Villeneuve.

Situé à environ 700 mètres au sud-ouest de la ville antique, ce secteur présente la particularité d'avoir conservé un découpage parcellaire particulier. Des thermes antiques en élévation, transformés en ferme, ont excité la curiosité des historiens depuis le XVIIe siècle (le plan le plus ancien est dû à N. C. F. Peiresc).

15 La «Lanterne d'Auguste»

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Revue archéologique de Picardie N° spécial 16 - 1999

Une autre particularité de ce quartier est d'avoir livré, à l'occasion de fouilles de sauvetage (1979-81 et 1987), au nord des thermes, quelques baraquements militaires, ainsi qu'un horreum situé à mi-distance des thermes et de ces derniers. L'étude de l'ensemble de ces données (celles issues des fouilles et celles résultant de l'étude du bâti des thermes) laisse supposer un camp militaire d'une vaste superficie tandis que l'étude environnementale permet d'envisager qu'il était situé à proximité du rivage.

EN GUISE DE CONCLUSION

Après avoir brièvement recensé ces quelques données sur Fréjus, l'utilité de réaliser un atlas doit apparaître par la façon de pouvoir conjuguer, avec les réserves d'usage, les diverses sources d'informations qui permettent d'écrire - ou, mieux, de réécrire - une histoire thématique et globale des villes de Gaule méridionale. Cet ouvrage se prête de façon idéale à donner un nouvel intérêt aux résultats des fouilles récentes non publiées. Tout au long des années de recherche appliquées à l'élaboration de cet atlas, on a pris conscience de l'intérêt qu'il y a à réexaminer, une fois encore, les informations anciennes, celles en particulier des grandes fouilles du début du XXe siècle, et à proposer une nouvelle interprétation des données qui pouvaient paraître inexploitables parce que, a priori, basée sur des documents trop imprécis. Bien sûr, les acquis des fouilles des dernières décennies apportent une somme d'éléments utiles à réécrire l'histoire de Fréjus antique, c'est-à-dire, dans ce cas, à bien distinguer une bourgade primitive réduite, dont on ne connaît d'ailleurs qu' ap

proximativement l'extension (avec les informations issues des feuilles III et VIII entre autres), et une ville de surface plus ambitieuse (45 ha), avec un schéma directeur inscrit dans une inclinaison différente, remparée par la suite, et qui sauvegarde et inclue le bourg originel. Un décompte rapide, sur Fréjus, indique que les vestiges sont représentés par près de 400 points ou notices et qu'ils nécessitent la prise en compte de plus de 750 rubriques (dates d'interventions archéologiques ou de descriptions).

Réaliser un atlas est donc une entreprise extrêmement passionnante, novatrice et scientifiquement satisfaisante mais demande beaucoup de temps : du temps pour la recherche des données, pour la critique interne de ces données, pour la mise en forme et la rédaction uniformisée, pour la mise à l'épreuve des analyses et des démonstrations des vestiges présents sur une feuille, devant le collectif. La lecture des formes n'est qu'un aspect de l'entreprise. Basé sur un enregistrement généralement limité aux découvertes assurées et parfaitement bien localisables, le report des vestiges sur les plans cadastraux laissent libres de vastes zones. Chaque ville, par-delà des schémas stéréotypés (carroyage, implantations monumentales privilégiées, etc.) a son originalité propre ; l'un des buts de ces atlas est de mettre ces particularismes en évidence : irrégularité des réseaux de rue, décalages de carroyages, développements non synchrones, nature différenciée des quartiers ... Outre ces difficultés liées à la réalisation pratique des documents, le dynamisme des équipes, selon les villes, fait que les recherches n'avancent pas toujours parallèlement. Il est évident que l'investissement en temps, pour des chercheurs dont la principale activité est souvent en prise directe avec les urgences du terrain, est une entrave à un avancement accéléré des réalisations16. Enfin, dans certaines villes, il n'a pas été possible de promouvoir un projet suffisamment encourageant pour mettre en place une équipe de recherche. Mais c'est bien en marchant qu'on assure le mouvement ou, si on préfère, en outrepassant les limites de nos disponibilités que l'on réécrit l'Histoire de nos villes antiques.

1° Le premier volume de la collection, sur Aix-en-Provence, est paru au mois de janvier 1999 ; la prochaine livraison, qui concerne l'Atlas de la ville de Fréjus, est prévue pour la fin de l'année 1999, ou le début de 2000. La programmation des ouvrages relatifs aux autres villes de Gaule méridionale, compte tenu des astreintes que l'on vient d'évoquer, n'est pas encore fixée.

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