GANDEL P., 2013, « Le site de hauteur de Ménétru-le-Vignoble », Actes des Journées...

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441 Philippe GANDEL Chercheur associé au laboratoire ARTeHIS « Archéologie-Terre-Histoire-Sociétés », UMR 5594 Université de Bourgogne - CNRS - Culture 8 place des Déportés, F- 39800 Poligny. [email protected]. Résumé Dans le cadre d’une recherche sur les établissements de hauteur, une étude est en cours depuis 2005 sur le site de Gaillardon à Menétru-le-Vignoble. Créé ex nihilo au début du V e siècle, le site semble avoir été occupé de manière permanente au moins jusqu’au VI e siècle. Les aménagements défensifs identifiés suggèrent l’existence d’une enceinte enserrant une superficie de 1,5 ha et cer- taines catégories de mobilier témoignent d’un niveau de vie aisé d’une partie des occupants. S’il est trop tôt pour avancer des interprétations définitives, cette documentation nouvelle laisse envisager un phénomène de perchement complexe, qui ne se réduit pas à l’explication longtemps invoquée de refuge temporaire destiné à une population rurale. Abstract As part of a research project of hilltop settlements, a study has been under way on the Gaillardon archaeological site at Menétru-le-Vignoble since 2005. There are signs that the site, founded ex nihilo at the very begining of the V th century, was occupied permanently at least until the VI th century. The defensive network which has been identified suggests that a perimeter wall once sur- rounded an area of 1,5 hectares and certain artefacts attest to the high standard of living of some of its inhabitants. Although it is still too early to put forth some definitive interpretations, these new findings indicate that there might well have been a hilltop settlement pattern, which calls into question the commonly accepted view that such settlements provided temporary shelter for the rural population. Zusammenfassung Im Rahmen eines Forschungsprogramms über Höhensiedlungen, ist seit 2005 auf der Fundstätte von Gaillardon in Menétru-le-Vignoble eine Erforschung im Gange. Erschaffen ex nihilo im den frühen Jahren des V. Jahrhunderts, scheint diese Siedlung mindestens bis zum VI. Jahrhundert permanent bewohnt worden zu sein. Die identifizierten Wehranlagen deuten auf die Präsenz einer Ringmauer um eine 1,5 Hektar große Fläche, und manche Möbelstücke auf den hohen Lebensstandard eines Teils der Bevölkerung hin. Wenn es heute auch noch zu früh ist, um end- gültige Interpretationen zu liefern, wird hier anhand der Funde dokumentiert, dass die Ursachen der Besiedelung dieser Höhenstellung vielfältig sind und über die bisherig gängige Erklärung, es würde sich hier um einen vorläufigen Zufluchtsort für eine ländliche Bevölkerung handeln, weit hinausgehen. Menétru-le-Vignoble « Gaillardon » (Jura, F) : un établissement de hauteur de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge Extrait de : A. Richard, F. Schifferdecker, J.-P. Mazimann, C. Bélet- Gonda (dir.). Le peuplement de l’Arc jurassien de la Préhistoire au Moyen Âge. Actes des deuxièmes journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien, Delle (F) – Boncourt (CH), 16-18 novembre 2007. Besançon, Presses Universitaires de Franche- Comté et Porrentruy, Office de la culture et Société jurassienne d’Émulation, 2013, 586 p., (Annales Littéraires de l’Université de Franche- Comté, série Environnement, sociétés et archéologie 17 ; Cahier d’archéologie jurassienne 21). Gallo-Romain gandel.indd 441 21/10/2013 16:23:06

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Philippe GandelChercheur associé au laboratoire ARTeHIS « Archéologie-Terre-Histoire-Sociétés », UMR 5594 Université de Bourgogne - CNRS - Culture8 place des Déportés, F- 39800 Poligny. [email protected].

RésuméDans le cadre d’une recherche sur les établissements de hauteur, une étude est en cours depuis 2005 sur le site de Gaillardon à Menétru-le-Vignoble. Créé ex nihilo au début du V e siècle, le site semble avoir été occupé de manière permanente au moins jusqu’au VIe siècle. Les aménagements défensifs identifiés suggèrent l’existence d’une enceinte enserrant une superficie de 1,5 ha et cer-taines catégories de mobilier témoignent d’un niveau de vie aisé d’une partie des occupants. S’il est trop tôt pour avancer des interprétations définitives, cette documentation nouvelle laisse envisager un phénomène de perchement complexe, qui ne se réduit pas à l’explication longtemps invoquée de refuge temporaire destiné à une population rurale.

abstractAs part of a research project of hilltop settlements, a study has been under way on the Gaillardon archaeological site at Menétru-le-Vignoble since 2005. There are signs that the site, founded ex nihilo at the very begining of the Vth century, was occupied permanently at least until the VIth century. The defensive network which has been identified suggests that a perimeter wall once sur-rounded an area of 1,5 hectares and certain artefacts attest to the high standard of living of some of its inhabitants. Although it is still too early to put forth some definitive interpretations, these new findings indicate that there might well have been a hilltop settlement pattern, which calls into question the commonly accepted view that such settlements provided temporary shelter for the rural population.

ZusammenfassungIm Rahmen eines Forschungsprogramms über Höhensiedlungen, ist seit 2005 auf der Fundstätte von Gaillardon in Menétru-le-Vignoble eine Erforschung im Gange. Erschaffen ex nihilo im den frühen Jahren des V. Jahrhunderts, scheint diese Siedlung mindestens bis zum VI. Jahrhundert permanent bewohnt worden zu sein. Die identifizierten Wehranlagen deuten auf die Präsenz einer Ringmauer um eine 1,5 Hektar große Fläche, und manche Möbelstücke auf den hohen Lebensstandard eines Teils der Bevölkerung hin. Wenn es heute auch noch zu früh ist, um end-gültige Interpretationen zu liefern, wird hier anhand der Funde dokumentiert, dass die Ursachen der Besiedelung dieser Höhenstellung vielfältig sind und über die bisherig gängige Erklärung, es würde sich hier um einen vorläufigen Zufluchtsort für eine ländliche Bevölkerung handeln, weit hinausgehen.

Menétru-le-Vignoble « Gaillardon » (Jura, F) :un établissement de hauteurde l’antiquité tardive et du haut Moyen Âge

Extrait de :A. Richard, F. Schifferdecker, J.-P. Mazimann, C. Bélet-Gonda (dir.). Le peuplement de l’Arc jurassien de la Préhistoire au Moyen Âge. Actes des deuxièmes journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien,Delle (F) – Boncourt (CH), 16-18 novembre 2007. Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté et Porrentruy, Office de la culture et Société jurassienne d’Émulation, 2013, 586 p., (Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté, série Environnement, sociétés et archéologie 17 ; Cahier d’archéologie jurassienne 21).

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Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien

1. les modalités de la recherche

Depuis 2002, un programme de recherche est engagé sur les sites de hauteur de l’Antiquité tar-dive et du haut Moyen Âge dans le département du Jura 1. Cette forme d’occupation, longtemps envisagée comme un simple épiphénomène, n’a jamais réellement été prise en considération par l’archéologie dans ce secteur géographique. Pourtant, ces fortifications de hauteur, qui répondent à des initiatives et à des fonctions multiples (Schneider 2001, 2004), jouent vrai-semblablement, durant ces périodes, un rôle déterminant dans l’occupation du territoire.Cette recherche porte dans un premier temps sur cinq sites de hauteur du Jura (Gandel 2007, p. 245-252). L’inventaire de départ, éta-bli à partir d’un dépouillement de la docu-mentation ancienne, s’étoffe progressivement au gré des prospections ; plusieurs autres sites présentent des indices favorables, tels que la présence de tuiles romaines, de monnaies du Bas-Empire ou de céramiques du haut Moyen Âge. L’implantation d’établissements de hau-teur tardo antique dépasse bien sur le cadre de ce département et concerne la totalité de l’arc jurassien, notamment le canton de Vaud où quelques uns sont identifiés (Paunier, 1982, p. 22). Si certains ont été publiés, notamment celui de l’éperon barré de Châtel d’Arruffens (David-Elbiali, Paunier, 2002), le phénomène reste globalement tout aussi méconnu sur l’autre versant du massif jurassien (Monnier, 2001, p. 181).Le nombre des établissements recensés, leurs configurations particulières, leurs superficies relativement importantes et la capacité strati-graphique souvent réduite, rendent matériel-lement difficile l’exploration exhaustive de chacune des implantations. Une approche a été déterminée en fonction de ces contraintes, basée d’abord sur la prospection au sol, dans les cônes d’éboulis, et sur des relevés consi-gnant les informations collectées (topographie, vestiges apparents, concentration de mobi-lier…). Cette première étape constitue une base de réflexion pour l’implantation de sondages ponctuels permettant d’identifier les aménage-ments structurants qui contribuent à la com-préhension d’un site (systèmes défensifs, axes de circulation, zones d’habitats…). L’insertion de ces différentes occupations à l’échelle d’un territoire a été privilégiée, afin de pouvoir étu-dier le phénomène en relation avec les autres sources archéologiques disponibles. Cet article, consignant les premiers résultats obtenus sur le site de Gaillardon, constitue une étape intermé-diaire d’un programme de recherche en cours, qui inclura à terme les autres implantations replacées dans leur environnement.

2. le site de hauteur de Menétru-le-Vignoble

2.1. le cadre naturel

La commune de Ménétru-le-Vignoble, à 11 km au nord-nord-est de Lons-le-Saunier, est implantée à la jonction du premier Plateau jurassien et du secteur du Vignoble dont le ver-sant fait la transition avec le Bas-Pays (fig. 1). Le site de Gaillardon occupe une surface tabulaire offrant un large point de vue à l’est sur la plaine jurassienne et au sud, sur l’entrée d’un système de reculées entaillées dans le premier Plateau par la Seille et ses affluents. Le site, délimité par des versants abrupts ou des falaises, offre des potentialités de défense évidentes, sauf sur son côté nord (fig. 2 et 3). La partie sommitale de cet éperon, qui couvre une superficie d’environ 1,8 ha, est marquée par un pendage nord-sud régulier (367 à 355 m). La déclivité ne s’accen-tue qu’à l’extrémité sud-est où se localise la zone d’occupation la plus basse (345 m).

2.2. découvertes anciennes et contexte archéologique

Le site, répertorié dès le milieu du XIXe siècle (Rousset 1853 -1858, 4 [1856], p. 146 ; Monnier 1855, p. 168) n’a jamais suscité de fouilles. Documenté par des prospections, il est alors interprété comme l’emplacement d’un fortin romain sans être spécifiquement rattaché à l’Antiquité tardive. Une nécropole, signalée à 150 m au nord du site par les mêmes auteurs, pourrait être liée à l’établissement (fig. 3).Deux axes de circulation se localisent à proxi-mité de Gaillardon (fig. 1). L’un, dans la plaine au pied du site, qui met en relation Lons-le-Saunier et Besançon, correspond à une impor-tante voie antique Lyon-Strasbourg (Mangin et Mercier 1994, p. 99-100). Un axe secondaire perpendiculaire, qui se connecte au précédent, emprunte l’entrée de la reculée de la Seille et permet l’accès au premier Plateau (Rousset 1853-1858, 1 [1853], p. 497). Cette route, dési-gnée au XIXe siècle comme « voie romaine », est probablement un aménagement du XIIIe siècle destiné à assurer un débouché au sel de Salins-les-Bains (Jeannin 2007, p. 7), ce qui n’exclut pas l’existence d’un itinéraire antérieur.L’établissement de Gaillardon s’insère dans un terroir caractérisé par une densité conséquente d’habitats dispersés. Dans la plaine environ-nante, sur les communes limitrophes de Voiteur et Domblans, vingt-et-un sites de l’Antiquité et du haut Moyen Âge sont répertoriés sur une superficie de 19,43 km2 (Rothé 2001). L’un d’eux correspond à une très modeste agglomération secondaire établie sur l’axe

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3

67

8

10

11

17

1 Arlay2 Châtenois3 Chavéria4 Condes5 Dammartin-Marpain6 Domblans7 Équevillon8 Grozon9 Jeurre10 Lavans-lès-Dole11 Lons-le-Saunier12 Rochefort-sur-Nenon13 Salins-les-Bains14 Saint-Aubin15 Saint-Germain-en-Montagne16 Villards d'Héria 17 Villers-Farlay18 Vincelles

Doubs

Loue

Ain

0 10 20 km

1Menétru-le-Vignoble

12

14

13

Agglomérations secondaires probables

Agglomérations secondaires certaines

Sites de hauteur

100-400 m

400-600 m

600-1100 m

+ de 1100 m

Briod

Écrille

Bornay

16

Saint Claude

Principaux secteurs d'exploitationdu sel au Moyen Âge

vers Genève par lecol de la Faucile

2

4

5

9

15

18

vers Besançon

vers Chalon-sur-Saône

vers Autun

vers Lyon

vers Besançon

vers Pontarlieret la Suisse

VersChalon-sur-Saône

versVerdun-sur-le-Doubs

Itinéraires certainsItinéraires potentiels

vers Lyon

Château-sur-Salins

Nor

d

Fig. 1. Localisation des agglomérations secondaires, voies et sites de hauteur du Jura. (DAO P. Gandel)

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Lyon-Strasbourg, au niveau du franchissement de la Seille par le gué Farou. Cette station ne semble plus occupée durant l’Antiquité tardive (Mercier 1986, p. 149-151). Toutefois, le sché-ma longtemps évoqué de la désertion d’établis-sements bas, associée à un phénomène de per-chement, en raison d’une insécurité chronique,

est loin d’être avéré. La chronologie imprécise des sites avoisinants, établie principalement à partir de données anciennes et lacunaires, est un problème qui induit une analyse réductrice de ces mutations.La même prudence s’impose quant à l’exploita-tion du sel dans un secteur proche, même si un processus de réactivation est repéré à l’échelle régionale dès les IV-V e siècles. Elle est attestée dans la commune de Plainoiseau, à 6 km au sud-ouest du site, au moins à partir de la fin du Xe siècle (Pétrequin et Weller 2001, p. 79-80). D’autres toponymes indiquent l’existence d’émergences d’eau salée à Mantry, à 6 km à l’ouest de Gaillardon. Plus proche, un lieu-dit « Fontaine salée » est identifié à 4 km du site, près du hameau de La Muire, sans que l’on dis-pose dans ces derniers cas de renseignements précis sur leur mise en exploitation.

3. le système de fortification

3.1. le rempart nord

Au nord, le site est barré par un mur apparent en surface sous la forme d’un relief linéaire, visible sur une longueur d’une quarantaine de mètres (fig. 3). Les sondages effectués ont mis en évidence un système de fortification consti-tué de deux murs parallèles qui prennent appui sans fondation sur le socle rocheux (fig. 4 et 5). L’espace séparant les deux remparts, d’une lar-geur de 0,6 à 0,7 m, a été comblé par des lits de petites pierres et de fragments de mortier. Le mur extérieur, en petit appareil, d’une largeur de 1,5 m, est composé de moellons bruts, par-fois non parallélépipédiques, dont la longueur peut atteindre 0,6 m. Les joints de lit, d’une épaisseur variable, sont très approximativement horizontaux. Le blocage est constitué de petites pierres et d’une quantité importante de mortier blanc. Le mur intérieur, à la construction plus soignée, d’une largeur de 2,45 m à sa base, est réalisé en opus vittatum. La face des moellons du parement, quoique relativement plane, n’est pas retravaillée. La hauteur des assises est irré-gulière (0,09 m à 0,12 m) et la longueur des moellons variable (0,1 à 0,6 m). Le blocage est par secteur relativement organisé, alternant un niveau de pierres disposées à plat et de blocs inclinés. L’ensemble est lié avec mortier proche dans sa composition de celui du mur extérieur.

3.2. le rempart ouest et sud

Le tracé d’un rempart a également été loca-lisé sur les côtés ouest et sud du site (fig. 5). Mieux conservé dans la partie méridionale, où jusqu’à trois assises sont en place, il est consti-tué dans ce secteur, sur les 18 m dégagés, de

367 m

Gaillardon

Source des Vieux

350

325

300

275

325

350

Falaise

Mur en élévation Source0 25 m 50 m

??

Nécropole

850,

250

850,

500

2201

2201,250

2201,500 2201,500

2201,250

850,

250

Mur en pierre séche

N

Site

Accés probable

Fig. 2. Vue du site de Gaillardon depuis l’Est. (Cliché P. Gandel)

Fig. 3. Topographie du site de Gaillardon. (DAO P. Gandel)

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Menétru-le-Vignoble « Gaillardon » (Jura, F) : un établissement de hauteur de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge

deux segments droits formant un angle ouvert à 135° (fig. 6). Les techniques et les matériaux employés sont identiques à ceux du rempart intérieur nord ; seule diffère la largeur, légère-ment inférieure, qui varie de 1,18 m à 1,3 m.

3.3. Caractéristiques et datation du système défensif

Le premier apport significatif est la mise en évi-dence d’un système complet de fortification ceinturant le site, qui diffère en cela du modèle plus simple de l’éperon barré. Les sondages effectués dans la parcelle adjacente ZD 166 s’avèrent pour l’instant négatifs, probablement

suite à un arasement complet des struc-tures défensives dans cette partie orientale. Cependant, en tenant compte de la configu-ration naturelle de la plate-forme sommi-tale, l’hypothèse d’un périmètre de rempart de 450 m, enserrant une surface de l’ordre de 1,5 ha, paraît plausible.Dans ses parties étudiées, la muraille, compo-sée de segments rectilignes, n’adopte pas un tracé calqué dans le détail à la topographie du terrain. La présence d’ouvrages de flanquement n’a pas été repérée, ainsi que l’emplacement de l’entrée. Si ce système défensif peut sembler rudimentaire, il répond convenablement aux critères de fonctionnalité. Le caractère mas-sif de la construction et son développement, conjugués à la position dominante du site ont dû contribuer durant l’Antiquité tardive à ins-crire très visiblement cette nouvelle forme d’oc-cupation dans le paysage.Les données stratigraphiques rendent aléa-toire l’attribution des structures défensives à une phase d’occupation précise. Dans la partie méridionale, la présence d’habitats de la pre-mière moitié du V e siècle accolés au rempart ne fournit qu’un terminus ante quem. Au nord, au moins l’un des deux remparts parallèles devait correspondre à l’occupation de l’Antiquité tar-dive. Des fragments de charbon de bois inclus

Fig. 4. Système de fortification nord, zone 16, 2005, vue depuis l’ouest. (Cliché P. Gandel)

ZD 166

ZD 167

ZD 1

69

ZD 168

8505

50

8506

00

201150

201250

201200

N

MENÉTRU-LE-VIGNOBLE « En Gaillardon » Plan général (juillet 2007) Relevés : J. Cretin-Maitenaz D.A.O. P. Gandel

Mur en pierre sèche

Structure de l'Antiquité tardive

0 12,5 m 25 m

Structure non attribuée à une phase

Zone 22(2006)

Zone 23(2007)

Zone 24(2006)

Trou de poteau

Foyer

8505

0085

0500

8504

50

8505

50

8506

00

201250

210200

201150

ZD 165

Zone 16(2005)

Zone 15(2005)

Zone 17(2005)

Zone 21(2006)

Fig. 5. Plan d’ensemble 2005-2007. (DAO P. Gandel)

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dans le mortier du mur intérieur, c’est-à-dire le plus massif, ont fait l’objet d’une analyse C14 qui propose la fourchette 258-418 ap. J.-C., avec des pics de probabilité décroissante en 359 et 382 (Lyon-3867). Ces pics n’entrent pas en contradiction avec les hypothèses sur les ori-gines du site formulées à partir des céramiques du grand commerce, datées de la première moitié du V e siècle. La présence d’un deuxième mur de rempart au nord pourrait correspondre à une reconstruction de la période médiévale. Trois sources écrites du XIIe siècle évoquent en effet l’existence d’une fortification comtale à Gaillardon. En 1140, le Comte de Bourgogne Guillaume abandonnera cette forteresse à l’ab-besse de Château-Chalon (Clerc 1869, p. 57). L’érosion importante du site rendra difficile la documentation de cette phase par l’archéologie.

4. l’occupation de l’espace intérieur

4.1. les problèmes de conservation

Dans la plus grande partie de l’espace intérieur, la stratigraphie se réduit à une unique couche de terre perturbée, de 0,1 à 0,3 m d’épaisseur, qui repose directement sur le socle rocheux. Pour le secteur sommital nord, la présence dans ce niveau de tegulae, de fragments de verre à vitre et de tubulures indiquerait l’exis-tence d’au moins un bâtiment privilégié. Les seuls aménagements perceptibles sont consti-tués dans le substrat calcaire (espaces mis à plat, trous de poteau, traces de mortier sur le socle). Ces structures, guères lisibles, ne peu-vent de surcroît être rattachées à une phase d’occupation. Localisées à moins de 12 m des remparts, elles suggèrent cependant un schéma d’occupation laissant un vaste espace central disponible.

4.2. le secteur sud-ouest

Postérieurement à l’abandon du site et l’arase-ment du rempart, un remblai a été déversé dans une partie basse au sud ouest du site, proba-blement afin d’établir une pente régulière plus propice à la mise en culture. Ce comblement a permis de conserver des niveaux d’occupation sur une surface d’environ 100 m2 (fig. 5, sonda-ges 23 et 24).Les structures dégagées, principalement des sols en terre battue séparés par des soubassements de cloisons constitués d’alignements de dalles de pierres, caractérisent une architecture basée sur l’emploi de matériaux légers. La fouille du secteur n’est pas terminée mais le nombre élevé de foyers suggère une trame serrée d’ha-bitats contigus de petit module, tous adossés à la muraille. Cette disposition tend à confirmer la structuration spécifique de l’espace intérieur envisagée à partir des autres sondages.La céramique des couches d’occupations cor-respond à un faciès de la première moitié du V e siècle. Une analyse C14 pratiquée sur des charbons de bois provenant d’un sol en terre battue donne la fourchette 255-413 ap. J.-C. (Lyon-3868). Ces datations, très proches de celles obtenues pour le rempart nord, renfor-cent l’hypothèse d’une création du site au tout début du V e siècle.

5. le mobilier

Le mobilier fera l’objet d’une publication plus exhaustive au terme des recherches. La présen-tation succincte de quelques catégories n’a pour objectif que de caractériser l’occupation et d’en éclairer la chronologie.

5.1. les monnaies2

Le site de Gaillardon livre un nombre impor-tant de monnaies, 171 sont actuellement inven-toriées, très majoritairement du Bas-Empire (fig. 7). La répartition des exemplaires par métal est caractérisée par la nette supériorité numérique des monnaies de bronze. Leur état de conservation, lié à la corrosion et probable-ment une utilisation prolongée, pose d’impor-tantes difficultés d’identification. Cependant, 69 % ont pu faire l’objet d’une datation appro-chée. Si 7 monnaies sont des antoniniens de la fin du IIIe siècle, dont la durée de circulation peut être longue, la très grande majorité s’inscrit dans un arc chronologique homogène, compris entre le début de l’époque valentinienne (364-378) et le règne des Théodosiens, avant la fer-meture des grands ateliers de production de petits bronzes en Gaule, à partir de l’extrême

Fig. 6. Système de fortification sud, zone 23, 2007, vue depuis l’ouest. (Cliché P. Gandel)

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Menétru-le-Vignoble « Gaillardon » (Jura, F) : un établissement de hauteur de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge

fin du IV e siècle. Parmi les monnaies romaines identifiées, la part des imitations est extrême-ment basse et, lorsque l’atelier est déterminé, celui de Lyon prédomine. Le nombre impor-tant de monnaies coupées en 2 ou en 4, d’aes 3 rognés pour être utilisées comme aes 4 semble caractéristique d’une circulation monétaire du V e siècle. Pour les monnaies les plus tardives, il faut noter deux siliques en argent remarqua-bles. L’une de l’usurpateur Jovin (411-413) dont deux exemplaires ont été trouvés sur le site de hauteur du Châtel d’Aruffens (canton de Vaud, Suisse) (Geiser 2002, p. 138). L’autre de l’empe-reur Justinien, peu courante dans les royaumes occidentaux, émise autour des années 540.

5.2. les récipients en pierre ollaire3

Cette catégorie de vaisselle particulière est fabriquée au tour dans un groupe de roches métamorphiques en provenance des régions occidentales et centrales des Alpes. Ce maté-riau possède des qualités réfractaires permet-tant l’accumulation de chaleur et un refroi-dissement lent, caractéristiques qui l’ont naturellement privilégié pour la fabrication de récipients culinaires (Billoin 2003). Cette vais-selle reflète un statut social relativement aisé. Sur le site de Gaillardon, un ensemble de 15 fragments est pour l’instant répertorié, dont un bord de pot tronconique et deux bords de gobelet muni d’un cordon et de stries de tour-nage (fig. 8, n° 1). Cette forme se différencie des autres par l’emploi d’une roche grise fine lissée, ornée de deux stries de tournage sous le bord et d’un trait oblique correspondant à un graffiti. Les autres fragments sont en roche à « chloritoschiste », plus grossière et non lis-sée, portant des stigmates de chauffe ainsi que la présence de résidu organique carbonisé,

confirmant leur fonction culinaire. Du point de vue chronologique, si les exportations de réci-pients vers l’est de la France s’effectuent du V e au VIIIe siècle, l’emploi de roches grises fines pourrait davantage correspondre à la première moitié du V e siècle (Billoin 2003, 2004).

5.3. la céramique4

Les habitats de la zone 23, fouillés en 2006 et 2007, ont livré à ce stade de la recherche un total de 929 tessons parmi lesquels se trouvent 86 fragments de poteries protohistoriques résiduel-les. L’occupation historique compte donc 843 tessons correspondant à environ 98 individus.Amphores : la catégorie ne compte que quatre fragments de panse parmi lesquels on identi-fie de l’amphore gauloise G3/5, de l’amphore à huile et peut-être deux fragments d’amphore africaine.Lampe : un fragment de médaillon de lampe afri-caine à décor figurant un oiseau.Dérivée de sigillée paléochrétienne : deux frag-ments de petite taille à pâte grise, fine, ornés d’incisions sur le bord et de rouelles estampées sur le marli.Céramiques à revêtement argileux ou luisantes : la catégorie compte 80 tessons et 20 NMI. Les fragments appartenant à cette catégo-rie sont très altérés, le milieu dans lequel ils sont conservés est sans doute corrosif, mais il semble également que la céramique soit de qualité médiocre. La pâte des vases est fine, savonneuse, de couleur beige orangée, l’en-gobe rouge orangé, non grésé, adhérant mal, subsiste par endroits. Le répertoire des formes comporte deux jattes carénées à lèvre saillante et trois jattes carénées à décor guilloché de type Portout 37 (fig. 8, n° 2), un gobelet de type indéterminé (fig. 8, n° 3) et des assiettes à

Période Nombre d’exemplaires Sous-total

Période Gauloise Ier av. J.-C. 1 1

emPire romain

Ier siècle 0

3IIe siècle 0

IIIe siècle 3

emPire GauloisEmpereurs gaulois (260-274) 3

4Monnayages locaux 1

éPoque constantinienne IV e siècle 7 7

éPoque valentinienneet theodosienne

Époque valentinienne 27

154Époque théodosienne 8

Indéterminéés 119

V e et vie sieclesV e siècle 1

2VIe siècle 1

TOTAL 171

Fig. 7. Répartition chronologique des monnaies de Gaillardon. (Tableau É. Pardon)

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bord rentrant de type Portout 1 ou Chenet 303 (fig. 8, n° 4), à ceci s’ajoutent trois fragments de mortier Drag 45 dont un bord.Céramique commune à post cuisson oxydante : la catégorie compte 519 tessons et 43 NMI. Les formes ouvertes sont représentées par des bols carénés (fig. 8, n° 5, 6, 7, 8), des jattes à col-lerette (fig. 8, n° 9), des mortiers et les formes fermées par des fragments de cruche et des pots à cuire à panse ovoïde et lèvre à section formant un triangle ou rectangle (fig. 8, n° 10) qui correspondent aux « ollae de première génération ».Céramique commune à post cuisson réductrice : la catégorie compte 84 tessons et 6 NMI. Les for-mes ouvertes sont représentées par une jatte hémisphérique à lèvre saillante (fig. 8, n° 11), des mortiers (fig. 8, n° 12) et les formes fer-mées par des pots à cuire à bord déversé et des pots à panse ovoïde et lèvre à section formant un rectangle (fig. 8, n° 13), qui correspondent aux ollae de première génération.Céramique commune claire fine : la catégorie est représentée par un fond de vase à pied annu-laire à pâte fine beige, percé d’un trou circulaire après cuisson.Céramique commune sombre fine : la catégorie compte 45 fragments et une forme identifiable : un bord de jatte à collerette.Non tournée : la catégorie compte 14 fragments dont un pot ovoïde à bord déversé (fig. 8, n° 14).L’association de céramique luisante, d’estam-pée grise, de lampe africaine et de céramique culinaire en post cuisson oxydante (ou bistre) majoritaire caractérise ce contexte. Les jattes carénées Portout 37 sont fabriquées à la fin du IV e et au V e siècle (Pernon 1990, p. 117). Les bols carénés, les mortiers et les ollae de pre-mière génération apparaissent au V e siècle et perdurent jusqu’au VIIe siècle en Suisse ou en région Rhône-Alpes (Faure-Boucharlat 2001, p. 70). Ce faciès est à rapprocher de celui de la phase IIa de Poncin « la Châtelarde », daté de la fin du IV e et du V e siècle (Faure-Boucharlat 2001, p. 154).

6. Synthèse et interprétation

En dépit d’un inventaire encore imprécis des sites de hauteur, il apparaît que ce type d’occu-pation est bien représenté dans ce département, comme d’ailleurs sur l’autre versant du Jura, dans le canton de Vaud (Monnier 2001, p. 181) et plus particulièrement dans la région de Bâle (Marti 2008, p. 341-380). Ce phénomène de perchement, qui s’inscrit dans une aire géogra-phique large, nécessiterait une approche collec-tive à l’échelle de l’arc jurassien. Ces établisse-ments offrent toutefois de nettes disparités de

contexte, de forme, de superficie, d’équipement et de chronologie, reflétant des fonctions pro-bablement très diverses, déjà soulignées par les recherches plus abouties menées en Gaule méditerranéenne (Schneider 2001, 2003, 2004) ou septentrionale (Brulet 1990, 2006).Si les perspectives d’insérer Gaillardon dans une typologie précise sont limitées par la dis-parition presque complète des structures inté-rieures, les données archéologiques nouvelles permettent de cerner certaines spécificités de l’occupation.L’établissement appartient à une catégorie de sites de hauteur créés ex nihilo vers l’extrême fin du IV e siècle ou plus probablement au début du V e siècle – et occupés au moins jusqu’au milieu du VIe siècle. La quantité et la variété du maté-riel découvert autorisent à écarter l’hypothèse d’une fortification rurale ayant la fonction d’un refuge fréquenté de manière intermittente durant des phases aiguës d’insécurité ; interpré-tation proposée pour quelques sites de la Gaule septentrionale, lorsque ces derniers livrent très peu de mobilier, voire aucun (Brulet 1990, p. 310). Le site correspond assurément à une occupation permanente intégrant des structu-res d’habitat nombreuses. La quantité impor-tante d’outils pourrait évoquer une concentra-tion d’activités artisanales.À travers les caractéristiques des structures défensives, notamment le développement et la massivité des murailles, transparaît une implantation qui ne saurait résulter de la seule initiative d’une communauté paysanne locale. Cet établissement ne s’apparente donc pas non plus à certains groupes d’habitats sommaire-ment fortifiés identifiés en Gaule méditerra-néenne (Schneider 2001, p. 444). Le mobilier, qui comprend une part d’importations variées, révèle un établissement en liaison avec des régions de production éloignées et suggère un statut social relativement élevé d’une partie des occupants.Sur un autre site de hauteur du Jura, celui de « La Motte » à Écrille, une présence militaire est attestée par le petit mobilier à la fin du IV e-V e siècle. Des accessoires vestimentaires en argent attribuables à la culture matérielle de divers peuples germaniques orientaux signalent aussi la présence d’une élite dans la seconde moi-tié du V e et la première moitié du VIe siècle (Gandel et al. 2008). L’implantation semble justifiée par la nécessité de surveiller une voie, à la marge occidentale de la Sapaudia, région dans laquelle le pouvoir romain a installé les Burgondes vers 440 (Escher 2006, p. 63). Dans le cas de Gaillardon, le petit mobilier de ce type se limite, pour l’heure, à deux éléments, une pointe de flèche à trois ailettes et un fer-ret de ceinture en bronze en forme d’amphore, typique des garnitures de ceinture du costume

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Fig. 8. Mobilier en pierre ollaire (1) et en céramique (2-14) de Menétru-le-Vignoble. (D. Billoin, S. Humbert)

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militaire romain tardif. Développer une lecture de cette forme d’occupation à partir d’une his-toire événementielle semble toutefois réduc-teur. Contrairement à l’établissement d’Écrille, implanté dans un secteur peu mis en valeur, la fonction de Gaillardon pourrait s’exercer dans la surveillance d’axe de circulation mais aussi dans l’organisation d’un terroir proche qui offre un potentiel de ressource élevé, avec notam-ment des émergences d’eau salée. On mesure ici à quel point les perspectives d’interprétation sont encore limitées par les lacunes de la docu-mentation. C’est l’intention de ce programme, à travers le renouvellement des données, d’ouvrir la réflexion sur l’aspect territorial et les types de pouvoir exercés par cette nouvelle forme d’ha-bitats groupés.

notes

1. Cette recherche menée sous la direction de Philippe Gandel réunit une équipe pluridisciplinaire compre-nant Gérald Barbet (association Fortis), David Billoin (Inrap), Jean-Marc Doyen, Sylviane Humbert (Inrap), Lydie Joan (Inrap), Émilien Pardon, Olivier Putelat (Pair), Valbert et Marie-Noël Pique.

2. Merci à Émilien Pardon pour l’identification des monnaies et l’établissement du catalogue.

3. Merci à David Billoin (Inrap) pour l’étude de cette catégorie de mobilier.

4. Merci à Sylviane Humbert (Inrap) pour l’étude de la céramique.

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Menétru-le-Vignoble « Gaillardon » (Jura, F) : un établissement de hauteur de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge

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