Des balles de fronde à Daskyleion : armes de guerre ou armes de chasse ?

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Anatolia Antiqua Des balles de fronde à Daskyleion : armes de guerre ou armes de chasse ? Cédric Brelaz Citer ce document / Cite this document : Brelaz Cédric. Des balles de fronde à Daskyleion : armes de guerre ou armes de chasse ?. In: Anatolia Antiqua, Tome 15, 2007. pp. 71-82. doi : 10.3406/anata.2007.1225 http://www.persee.fr/doc/anata_1018-1946_2007_num_15_1_1225 Document généré le 09/09/2015

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Anatolia Antiqua

Des balles de fronde à Daskyleion : armes de guerre ou armes dechasse ?Cédric Brelaz

Citer ce document / Cite this document :

Brelaz Cédric. Des balles de fronde à Daskyleion : armes de guerre ou armes de chasse ?. In: Anatolia Antiqua, Tome 15,

2007. pp. 71-82.

doi : 10.3406/anata.2007.1225

http://www.persee.fr/doc/anata_1018-1946_2007_num_15_1_1225

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Anatolia Antïqua XV (2007), p. 71-82

Cédric BRELAZ

DES BALLES DE FRONDE A DASKYLEION : ARMES DE GUERRE OU ARMES DE CHASSE ?

Les fouilles menées à Daskyleion par l'Université Ege d'îzmir depuis 1988 sous la direc¬ tion de la Professeure Tomris Bakir ont dégagé de nombreuses structures architecturales et livré un

abondant matériel, notamment architectonique, céramique et épigraphique, nous permettant de connaître la topographie du siège du satrape aché-ménide de Phrygie Hellespontique et de percevoir l'enchevêtrement des influences phrygiennes, lydiennes, perses et grecques qui s'y exerçaient1.

En dehors de l'investigation des zones de fouilles proprement dites, situées sur la colline de Hisartepe sur les rives sud-est du Ku§ Golii ("le lac aux oiseaux"), une importante quantité d'objets ont depuis une vingtaine d'années été découverts for¬ tuitement par des agriculteurs dans les régions directement voisines du site archéologique, lors des travaux des champs. Parmi ces objets, on compte plusieurs dizaines de balles de fronde en plomb, dont quelques-unes sont inscrites en grec. C'est à Mme Tomris Bakir que je dois la connaissance de ce lot de balles de fronde2 et je la remercie vive¬ ment de m'en avoir confié la publication3.

PRESENTATION DU LOT4

Entre 1988 et 2004, trente-six balles de fronde en plomb furent mises au jour dans la région de la colline de Daskyleion par les propriétaires des

champs environnants. Ces projectiles furent remis par leurs inventeurs successifs à Mme Bakir et ils sont conservés aujourd'hui au musée archéolo¬ gique de Bandirma avec le matériel issu des fouilles de Daskyleion. A ces trente-six pièces peu¬ vent être ajoutées deux autres balles isolées ache¬ tées récemment sur le marché de l'art par le musée de Bandirma et qui proviendraient elles aussi des environs de Daskyleion.

Ces trente-six balles ne furent pas trouvées simultanément, ni au même endroit. Du fait des cir¬ constances dans lesquelles elles furent découvertes, on ne dispose d'aucune précision topographique, si ce n'est que ces balles proviennent des terrains entourant le site archéologique de Daskyleion. Le lot que nous publions ici est donc hétérogène et sa réunion peut paraître, de prime abord, artificielle. Néanmoins, les ressemblances typologiques que l'on est en mesure d'identifier entre un grand nombre des projectiles semblent justifier que l'on mette en série ces balles et qu'on les considère comme un ensemble. En fonction de leur forme

(plus ou moins arrondie ou, à l'inverse, effilée), on peut distinguer cinq groupes différents de balles, plusieurs de ces groupes se subdivisant en sous-groupes selon le poids ou les dimensions des pièces qui les composent (voir le catalogue infra)5 .

La balle la plus lourde de l'ensemble du lot pèse 44,9 g (n° 31 du catalogue), la plus légère

*) Membre étranger de l'Ecole française d'Athènes. 1) Sur les fouilles en cours à Daskyleion, voir les rapports publiés dans Kazi Sonuçlari Toplantisi 22,1 (1998) : 577-583 ; 24, 1 (2002) : 491-500. Pour un aperçu des trouvailles, cf. Bakir-Akba§oglu 1997. Voir également ci-dessous n. 13. 2) Il en avait été fait mention dans les publications de Mme Bakir (voir n. 1 et 13) et par Briant 1996 : 1064-1065, ainsi que dans le Bulletin d'histoire achéménide I rédigé par le même auteur et publié dans Topoi, Suppl. 1 , Lyon, 1997 : 17. 3) Mes remerciements vont également à Pierre Briant (Collège de France) et Pierre Ducrey (Lausanne) pour avoir attiré mon attention sur ce matériel, à l'Institut français d'études anatoliennes à istanbul et en particulier à Mme Annie Pralong (Institut National d'Histoire de l'Art, Paris) pour son soutien, ainsi qu'à Mmes Elmas Kaya, directrice du musée archéologique de Bandirma, et Ttilin Tan, archéologue, pour leur accueil et leur collaboration. Enfin, je sais gré à Franck Prêteux (Paris IV) de m'avoir fait bénéficier de

ses connaissances sur la région des Détroits et à Olivier Gengler (Ecole française d'Athènes) et Andrzej Chankowski (Lille) pour leurs suggestions.

4) Pour les aspects techniques de la fabrication des balles de plomb et, de manière générale, sur l'utilisation militaire de la fron¬ de. cf. Brélaz et Ducrey 2003. L'étude la plus complète demeure celle de Pritchett 1991 .

5) Cette classification en groupes et sous-groupes ne sert qu'à faire ressortir les similitudes ou. au contraire, les différences entre les divers projectiles et à fournir une vue d'ensemble du matériel afin de l'analyser. On ne peut toutefois omettre la part d'arbitraire que recèle une telle typologie. Voir ci-dessous n. 10.

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Fig. 1 : Balles nos 26 et 22 portant des marques de coups.

Fig. 2 : Balles nos 23 et 25 portant des marques de coups.

21,3 g (n° 34). Le poids moyen des trente-six pièces atteint environ 30 g et s'abaisse à environ 29,2 g si l'on écarte les deux balles les plus lourdes qui excèdent 40 g (n° 31 : 44,9 g ; n° 32 : 44,77 g). Ces chiffres placent les projectiles de Daskyleion dans la moyenne inférieure des balles de fronde en plomb pour ce qui est de leur poids, que l'on peut estimer en général à 30 g - 40 g6.

Plusieurs traces de la fabrication des projec¬ tiles, qui a probablement été exécutée au moyen de moules en terre cuite, sont encore visibles : la plu¬ part des balles comportent, en effet, des arêtes saillantes (dues à la jointure imparfaite des deux moitiés symétriques du moule lors de la coulée du plomb) et certaines conservent même une section de l'embranchement - en forme de queue - qui les attachait à la grappe et qui les reliait au canal de coulée central.

Une quantité importante de balles présentent des marques de coups sur l'un ou l'autre des côtés (c'est notamment le cas des nos 22, 23, 25, 26, 32, 33). Certaines de ces marques peuvent être dues à l'impact qui a suivi le tir des projectiles, alors que d'autres sont plus certainement la trace du coup d'outil qui s'est révélé nécessaire pour détacher la balle de la grappe au sortir du moule (Fig. 1 et 2)*.

Certains des sous-groupes que nous avons pu constituer rassemblent des balles présentant entre elles une grande uniformité de dimensions et de poids (voir en particulier les sous-groupes A 1 et B 2, ainsi que le groupe C). Pourtant, aucune balle n'est à ce point similaire à une autre que l'on puis¬ se prouver formellement qu'elles proviennent d'un seul et même moule. L'état de conservation des

pièces et, en particulier, la patine qui a recouvert certaines des balles empêchent, en effet, souvent de

*) Sur les figures, les balles apparaissent dans l'ordre numérique de gauche à droite et de haut en bas. 6) Pritchett 1991 : 43-53.

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pouvoir comparer avec exactitude deux projectiles. Par ailleurs, à l'intérieur d'un même moule, la for¬ me des balles peut varier légèrement en fonction de la position de la balle dans la grappe. Cela est d'au¬ tant plus vrai si, à la fabrication du moule, l'artisan n'a pas cherché à exécuter des cavités de dimen¬ sions et de forme parfaitement identiques7. Toutefois, les ressemblances typologiques que l'on peut reconnaître entre plusieurs groupes de balles sont suffisamment grandes pour estimer que ce sont des séries issues de moules, sinon uniques, du moins identiques ou de fabrication analogue. Ce constat est confirmé en partie par les inscriptions que l'on peut déchiffrer sur certaines balles.

DES BALLES INSCRITES

Neuf des trente-six balles en plomb formant le lot que nous publions portent de façon certaine des lettres gravées dans le sens de la longueur sur l'un ou l'autre côté, ou sur les deux côtés à la fois. Il se peut que d'autres balles encore aient été inscrites, mais l'état de conservation médiocre de la plupart d'entre elles rend aléatoire toute tentative de déchiffrement8.

Sur les balles nos 8 et 35, des traces sont visibles, sans qu'il soit possible d'identifier les lettres qui y sont gravées. Sur la balle n° 34, plu¬ sieurs traces ressemblant à l'angle supérieur d'un triangle se font suite : il se peut qu'il faille y recon¬ naître des lettres telles qu 'alpha, lambda ou mu. De même, sur la balle n° 13, on reconnaît plusieurs lettres, mais la lecture reste incertaine ; d'un côté, il semble qu'on puisse lire ZKAA, avec un sigma de forme lunaire ; de l'autre, on distingue une lettre qui peut être un alpha ou un lambda , suivi d'un omikron et de deux autres lettres indéchiffrables (Fig. 3). La séquence SKAA - si elle est a été cor¬ rectement déchiffrée - peut former un élément d'un anthroponyme ou d'un toponyme servant d'ethnique9.

Fig. 3 : Balle n° 13, face inscrite 2KAA (?).

Sur quatre autres balles (nos 12, 23-25), en revanche, on lit plus aisément l'inscription 0EOAO

| TOT de part et d'autre du projectile. La première partie de l'inscription 0EOAO apparaît nettement sur les balles nos 12 et 24 (Fig. 4) ; à l'inverse, l'élé¬ ment TOT, gravé de l'autre côté de la balle, est mieux visible sur les pièces nos 23 et 25. Sur cha¬ cune de ces quatre balles, cependant, un nombre suffisant de lettres est lisible pour que l'on puisse y reconnaître partout la même inscription, que l'on peut restituer précisément en OEOAO | TOT. Il est possible, en outre, qu'il faille rapprocher de ces quatre balles la pièce n° 14, sur laquelle on dis¬ tingue un thêta suivi éventuellement d'un epsilon , la suite de l'inscription étant difficilement déchif¬ frable ; ces lettres forment peut-être là aussi le début de l'inscription OEOAO | TOT.

Les dimensions, le poids, voire la forme, de ces cinq balles du type OEOAOTOT paraissent ana¬ logues, mais il est impossible d'affirmer que celles-ci sont issues d'un même moule. Selon la typologie que j'ai dressée, deux d'entre elles font partie du groupe B (nos 12, 13) et trois du groupe C (nos 23-25)10. Quant aux lettres formant l'inscription

7) Brélaz et Ducrey 2003 : 101-103. 8) Les deux pièces étrangères au lot acquises par le musée de Bandirma (nos 37-38) sont, en revanche, anépigraphes. 9) On peut citer quelques exemples comme parallèles. Anthroponymes : AiôaCTKaXojvôac (Pol. 16, 37, 3), KôaKaXoç {IG XI 2. 161 B, 76 ; 287 B, 36), ainsi que les variantes dialectales, notamment thessaliennes, en 'AaraXaiT-des noms formés sur 'ActkXgitt-(Fraser et Matthews 2000 IIIB : 74). Toponymes et ethniques : XKaXcnr|i'oi (Phrygie : MAMA V. n° 21 3). ZkqXttt]i'()c (Thrace : IGBulg IV 2100). ôdfioç XraXuoôav (Calymna : Segre 1952 : nos 55 B. 8 ; 57. 13). On peut mentionner également l'ethnique 'AcncaXwi'LTri de la ville palestinienne d'Ascalon. Il ne semble pas, en revanche, que l'on puisse tenter un rapprochement avec le toponyme Daskyleion (Zgusta 1984 : § 246-2). malgré la succession apparemment identique des lettres sigma et kappa et la présence du lamb¬ da.

10) A l'inverse, il taut remarquer qu'à l'intérieur d'un même groupe typologique peuvent se rencontrer à la fois des balles ins¬ crites et des balles anépigraphes ou des balles portant des inscriptions différentes (A 3 : n° 8 inscrit, n° 9 anépigraphe : B 1 : n° 12 portant l'inscription GtOAO I OV, n° 13 portant une autre inscription ; B 2 : n° 14 inscrit, autres pièces anépigraphes ; C : nHS 23-25 inscrits, autres pièces anépigraphes). Cette observation renforce l'hypothèse émise plus haut selon laquelle les balles d'un même grou¬ pe ne proviennent pas nécessairement d'un même moule, mais plutôt de moules de fabrication analogue.

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Fig. 4 : Balle n° 24, face inscrite OEOÀO.

0EOAOTOÏ, elles sont irrégulières d'une balle à l'autre, ce qui indique qu'elles furent tracées dans le moule à la main, sans l'aide d'un sceau. Il est, en définitive, préférable de supposer l'existence de plusieurs moules dont les cavités auraient été estampillées du même nom, ©eôôoToç, au génitif, et qui pourraient avoir été fabriqués par le même artisan. Aucune datation ne peut, en revanche, être inférée de la forme des lettres gravées sur les balles de Daskyleion. La petitesse des caractères et le nombre limité de ceux-ci rendent vain tout examen

paléographique . DES FRONDES A DASKYLEION :

ARMES DE GUERRE OU ARMES DE CHASSE ?

Arme de guerre attestée en Grèce dans les pra¬ tiques militaires depuis l'époque géométrique, et même mycénienne, la fronde est employée de manière régulière dans les armées grecques depuis le début du IVe s. av. J.-C. Dans ce sens, il vaut la peine, à titre d'hypothèse, de se demander si les projectiles trouvés à Daskyleion" pourraient avoir été utilisés lors d'affrontements armés qui se seraient déroulés dans les environs12. A ce sujet, nous avons connaissance, par la tradition littéraire, de deux batailles majeures qui eurent lieu durant

l'Antiquité à Daskyleion, l'une et l'autre au cours du IVe s., à une époque où la ville connaît son plus grand essor en tant que résidence satrapique13.

Epargné par les mercenaires grecs de retour de l'expédition des Dix-Mille grâce aux précautions militaires et diplomatiques du satrape Pharnabaze II14, le territoire de Daskyleion fut ravagé cinq ans plus tard, en 395, par les troupes du roi de Sparte Agésilas. En particulier, les villages adjacents (, kômai ), ainsi que les parcs animaliers (paradeisoi ) et les espaces naturels appartenant au satrape, furent pillés et brûlés15. Au vu des ressources qu'offrait la région (abondance de gibier et d'oi¬ seaux, rivière poissonneuse, réserves céréalières à disposition dans les campagnes alentours) - et dans l'espoir de prendre la forteresse de Daskyleion, réputée abriter les richesses de Pharnabaze16 -, Agésilas décida d'installer ses quartiers d'hiver dans la plaine entourant Daskyleion, ordonnant à ses troupes de se ravi¬ tailler sur le pays. Bien que Xénophon laisse entendre, dans un premier temps, que seuls les environs de Daskyleion furent saccagés, sans que la citadelle elle-même soit prise17 (les combats entre les troupes d'Agésilas et celles de Pharnabaze se cantonnant dans la plaine et dans la région de Daskyleion18), la présence de traces de destruction,

1 1) Des pointes de flèches ont également été découvertes dans les champs entourant le site de Daskyleion. 12) De la même manière, Weiss 1997 : 143-153 a pu mettre en relation des balles de frondes trouvées à Milet avec le siège de l'armée des Dix-Mille et la prise de la ville par Alexandre. Pour une démarche identique, cf. Tuck 2005. 13) Bakir 1995 ; Bakir 2001 . Pour le récit des événements s 'étant déroulés dans la satrapie de Phrygie Hellespontique au IVe s., cf. Briant 1996 : 634-664. D'autres incidents militaires eurent néanmoins lieu à Daskyleion au IVe s., notamment lors des troubles politiques qui éclatèrent entre les satrapes d'Asie Mineure dans les années 360 : cf. Weiskopf 1989. 14) Xen. An. 6, 4, 24 ; 6, 5, 7 ; 6, 5, 30 ; 7, 1 , 2-3 ; 7, 2, 7. 15) Xen. Hell. 4, 1, 15-19 ; 4, 1, 33. 16) Hell. Oxy. 25, 3 (éd. Chambers). 17) Cf. Briant 1996 : 659-661 . 1 8) Xen. Hell. 4, 1 , 17-28. Le camp de Pharnabaze est pillé à cette occasion. Le butin réuni par Agésilas dont il est question dans Hell. Oxy. 25, 4 (éd. Chambers) provient vraisemblablement de ce pillage. Sur ces pillages, cf. Schepens 2005 : 37-43.

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puis de rénovation, dans les fouilles de la ville hau¬ te suggère que le palais du satrape a également souffert des déprédations ou, du moins, des attaques de l'armée Spartiate19. D'ailleurs, lors de l'entrevue entre Pharnabaze et Agésilas visant à établir un traité d'amitié entre les deux protago¬ nistes, le satrape se plaint au roi de Sparte de ce que ses "beaux palais et ses parcs" (rai oiicrm-crra raXà kœl irapaôeLCTouç) ancestraux ont été vidés, rasés et brûlés20.

Daskyleion fut, en revanche, assurément prise soixante ans après l'expédition d' Agésilas, en 334, suite à la bataille du Granique, lorsque Parménion se rendit maître de la place au nom d'Alexandre21. Selon Arrien, la garnison perse avait déserté la citadelle devant l'arrivée des Macédoniens (ekXittovtcgv tcov cf)poupwv), mais cela n'exclut pas que des combats aient pu y avoir lieu. Des traces de destruction repérées dans des couches datables précisément de cette époque sem¬ blent d'ailleurs fournir une preuve matérielle de ces combats22.

Il est, par conséquent, possible que le lot de balles de fronde que nous publions soit un vestige d'une des deux batailles de Daskyleion, celle de 395 ou celle de 334 av. J.-C. Comme nous ne dis¬ posons d'aucun renseignement sur le lieu de trou¬ vaille exact de ces balles, notamment à quelle dis¬ tance des murailles de la ville les projectiles furent découverts23, nous ne pouvons déterminer dans quelle phase tactique du combat on aurait recouru aux frondeurs. En revanche, nous savons par Xénophon qu'en 395, des affrontements eurent lieu dans la plaine environnant Daskyleion entre les troupes d' Agésilas et celles de Pharnabaze, mettant aux prises des fantassins grecs et la cavalerie ainsi que des chars de guerre perses24. Il se peut que des

frondeurs aient pris part au combat. Du moins est-il assuré que l'armée d'Alexandre comptait des bataillons de frondeurs en son sein25. La présence de frondeurs dans les troupes du roi de Sparte lors de son expédition en Asie Mineure n'est, au contraire, pas prouvée. Mais l'importance prise par les bataillons de frondeurs depuis la propre expédi¬ tion - alors toute récente - des Dix-Mille rend néanmoins très problable l'existence de ce type de combattants parmi les troupes d'Agésilas égale¬ ment26.

Si l'hypothèse émise ci-dessus s'avérait correc¬ te, le Théodotos dont le nom apparaît sur quelques exemplaires des balles de Daskyleion pourrait être considéré comme le chef d'une troupe de frondeurs au service d'Agésilas ou du roi de Macédoine. Théodotos est, d'ailleurs, le nom d'un officier macédonien ayant participé à l'expédition d'Asie, promu au rang de commandant de bataillon (chi-liarque) suite au concours militaire organisé par Alexandre en Mésopotamie en 33 1 27 . Mais la bana¬ lité de cet anthroponyme empêche d'en déduire un rapprochement prosopographique probant28. Je noterai, en outre, que les balles portant le nom de Théodotos peuvent tout aussi bien avoir appartenu à une troupe de mercenaires grecs au service du satrape Pharnabaze. L'engagement de troupes mer¬ cenaires grecques par les satrapes perses est un fait connu29. Par conséquent, ces troupes pouvaient également compter des frondeurs, comme le montre le cas d'une balle en plomb trouvée en Lydie et inscrite en grec au nom du satrape Tissapherne30.

L'efficacité tactique de la fronde dans les for¬ mations de combat ne confine pourtant pas cette arme à des seules fins militaires . Du fait de la dex¬ térité que requiert son maniement, la fronde sert

19) Bakir 1995 : 276-277. 20) Xen. Hell. 4, 1,33. 21) Arr. Anab. 1 , 17, 2. Pour le contexte historique, cf. Briant 1996 : 838-848. 22) Bakir 2001 : 172. 23) La ville de Daskyleion était pourvue d'une double enceinte, la première entourant la ville basse au pied de la colline, la secon¬

de. en haut, renfermant la citadelle. 24) Xen. Hell. 4, 1, 17-19. 25) Arr. Anab. 2,7,8; 4, 2, 3 ; 4, 4, 5 ; 4. 30, 1 . 26) Sur le développement de la fronde comme arme de guerre durant l'expédition des Dix-Mille, à l'instigation de Xénophon en

personne, cf. Xen. An. 3, 3. 13-20 ; 3, 4. 4-18. Le discours qu'Arrien {Anab. 2, 7, 8) fait tenir à Alexandre à la veille de la bataille d'Issos montre à quel point l'usage de la fronde s'est généralisé au cours du IVe s. : le roi rappelle les premières expérimentations des Dix-Mille en matière d'armes de jet (arcs et frondes).

27) Curt. 5. 2. 1-5. Cf. Berve 1926 : II 176 n° 361 ; Heckel 1992 : 305 n° 2. 9. 28) Plus de 380 attestations recensées, partout et à toute époque, par Fraser et Matthews 1987-2005 : s. v. 29) Briant 1996 : 811-820. 30) Foss 1975. Du moment que certaines d'entre elles sont inscrites en grec, les balles en plomb de Daskyleion que nous publions

ne permettent pas de démontrer que les Perses connaissaient l'usage des balles en plomb plutôt qu'en pierre - indépendamment des projectiles employés par leurs mercenaires grecs - et de trancher le débat à ce sujet (cf. Briant 1996 : 1064-1065).

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également d'arme d'exercice et le tir à la fronde fait l'objet d'épreuves d'habileté lors des entraîne¬ ments éphébiques31. Enfin, c'est aussi une arme de chasse. Pour le cas des frondes de Daskyleion, on peut donc également formuler l'hypothèse que les projectiles aient été employés par des Grecs lors de parties de chasse organisées dans les jardins et les parcs attenants à la résidence satrapique32.

Xénophon se fait, à ce sujet, l'écho de la forte impression que l'opulence des domaines de Pharnabaze faisait sur les Grecs33. Comme nous l'avons vu, c'est précisément cette richesse qui poussa Agésilas à hiverner aux abords des paradei¬ soi de Daskyleion. Son armée put donc subvenir à ses besoins en recourant notamment à la chasse et

à la pêche. A ce propos, Xénophon mentionne, outre la qualité du gibier (Orjpai TràyKaXai) et la profusion de poissons, l'abondance d'oiseaux qu'on s'appliqua à chasser (f]y 8è ml Ta ttitivq dcj)0ova tolç ôpviOeixrai 8wa|iévoiç). Il se peut que le nombre et la diversité de l'avifaune existant alors dans les parcs de la résidence satrapique se reflètent d'ailleurs sur les empreintes de sceaux des archives perses trouvés à Daskyleion, sur les¬ quelles apparaissent différentes espèces d'oiseaux (dont des hérons, des cormorans, des colombes, ainsi que des faucons de chasse)34.

L'expression employée par Xénophon ("pour ceux qui étaient capables de faire la chasse aux oiseaux") rappelle que ce type de chasse réclame

une habileté particulière, au vu de la rapidité de mouvement et de la taille réduite de la proie. Les soldats d' Agésilas purent se servir, entre autres, de frondes à cette fin. Le recours à la fronde est, en effet, un des moyens reconnus dans l'Antiquité pour chasser les oiseaux35, à côté d'autres tech¬ niques, plus courantes, comme la prise au filet ou à la glu, ou encore la fauconnerie36. En outre, la fron¬ de est même parfois utilisée en complément de l'arc pour la chasse au gros gibier, comme cela était notamment l'usage chez les Perses, aux dires de Strabon ; la fronde devait, dans ce cas, surtout ser¬ vir à rabattre la bête37.

Si l'on admet l'hypothèse de l'emploi des balles de fronde trouvées à Daskyleion dans un contexte de chasse, il n'est pas certain qu'il faille attribuer leur utilisation aux troupes d'Agésilas uniquement. Les troupes d'Alexandre s'étant emparées de la place suite à la bataille du Granique pourraient aussi s'en être servies. Car, même si les parcs renfermant des animaux sauvages aménagés par le satrape de Daskyleion furent - au témoigna¬ ge de Xénophon - saccagés par l'armée d'Agésilas, ceux-ci purent être reconstitués par les successeurs de Pharnabaze. En outre, indépendam¬ ment des paradeisoi satrapiques, la région du lac et des marécages voisins de Daskyleion resta certai¬ nement un espace naturel privilégié pour la faune38. Aujourd'hui, cette région est d'ailleurs une zone protégée abritant une réserve ornithologique d'im-

31) Pl. Leg. VII 794c ; 834a ; I. Heraclea Pontica 60 b, 1. 11 ; Gauthier et Hatzopoulos 1993 : 161-162. 32) Cette interprétation m'a été suggérée par Mme Bakir, ce dont je tiens à la remercier. 33) Xen.Hell.4, 1, 15-16 ; 33.

34) C'est, du moins, l'avis de Kaptan-Bayburtluoglu 1990, arguant du fait que les figurations d'oiseaux sont rares sur les sceaux perses. En revanche, il n'y a pas lieu de supposer que les scènes de chasse au gros gibier figurées sur d'autres empreintes de même provenance (Kaptan 1996) représentent nécessairement des parties de chasse qui eurent lieu dans les paradeisoi voisins. Le motif de la chasse (au lion, à l'ours, au sanglier, entre autres) est courant dans l'imagerie orientale. Les empreintes de Daskyleion ont fait l'ob¬ jet d'une publication d'ensemble de la part du même auteur : Kaptan 2002 (pour les motifs de chasse, cf. ibid. : I 74-99).

35) Ar. Av. 1185-1187 ; Anth. Pal. 7, 172 ; 546. Pour des représentations iconographiques de la chasse aux oiseaux au moyen d'une fronde, cf. LIMC 5 / 1 (1990) : 54-55 s. v. Herakles, nos 2241-2244, avec ill., 5 / 2, pl. 71 (vases attiques du VIe s. et du début du Ve s. : Héraclès chassant les oiseaux du lac Stymphale) ; LIMC 7 / 1 (1994) : 595 s. v. Pygmaioi, n° 1 avec ill., 7/2, pl. 466 (Vase François, vers 570-560 : la décoration du pied du cratère montre des Pygmées chevauchant des boucs et chargeant des grues au moyen de longues frondes dans lesquelles sont logées des pierres) ; Moltesen et Weber-Lehmann 1992 : 21-24 n° I avec fig. 1.1 et 1 .2 (Tomba délia Caccia e Pesca, Tarquinia, vers 510 : sur deux parois différentes, les peintures montrent deux frondeurs, postés sur des rochers, visant des oiseaux, près de pêcheurs dans leur embarcation). Un autre frondeur apparaît peut-être dans un contexte de chasse (mais aucun animal n'est figuré) sur une coupe attique du Ve s. : Hoppin 1917 : 83 E 15 et fig. 13 (cf. Brélaz et Ducrey 2003 : 112-113 avec n. 103 et pl. 24, 3).

36) Sur les diverses formes de pièges qu'emploient les oiseleurs, cf. Ar. Av. 525-528 ; Opp. Cyn. 1 , 62-66 ; Anth. Pal. 6, 109. Cf. Ad. Reinach, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines , V (s. d.) : 693-694 .v. v. Venatio. La chasse aux oiseaux, qui est affai¬ re d'astuce, est considérée comme infamante par la morale aristocratique en comparaison de la chasse au gros gibier, qui réclame du courage (Pl. Leg. VII 823e). Ce préjugé est renforcé par l'usage d'armes de jet pour chasser les oiseaux, dont la fronde, arme réputée vile et lâche : cf. Brélaz et Ducrey, sous presse.

37) Strabo 15, 3, 18 (l'animal chassé n'est pas précisé, mais il doit s'agir de gros gibier, puisque le chasseur se trouve à cheval) ; Diod. Sic. 3, 37, 3 (un serpent gigantesque) ; Verg. G. 1, 309 (des daims).

38) Ces sont les "espaces ouverts" (àvaTren"Ta|aévoiç tottoiç) dont parle Xénophon (Hell. 4, 1, 15) par opposition aux "parcs clos" (èv TT6pieipy|j.évoiç TTapaôeicJOLç).

DES BALLES DE FRONDE A DASKYLEION 77

portance internationale39. Quant à l'établissement de Daskyleion lui-même, il ne fut pas abandonné suite à la disparition de la satrapie perse, car des traces d'occupation et d'aménagements datables de la haute époque hellénistique y ont été mises au jour40. Sans que Daskyleion puisse être formelle¬ ment considérée comme une colonie militaire41, il semble donc qu'une garnison macédonienne y ait cependant séjourné après 334 av. J.-C., au moins temporairement42. Dans ces circonstances, des par¬ ties de chasse purent être organisées par les Macédoniens dans la région des anciens parcs satrapiques43.

Si les balles de fronde de Daskyleion datent effectivement de la phase d'occupation macédo¬ nienne du site et si elles ont bien été utilisées pour des chasses, on aurait là - quoiqu' indirectement -un témoignage supplémentaire de la survivance des paradeisoi de tradition perse durant la haute époque hellénistique44. C.B.

CATALOGUE

Nota bene : en gras figurent les numéros des balles qui sont inscrites. Les numéros d'inventaire sont ceux du musée archéologique de Bandirma, où sont conser¬ vées les balles. Les dimensions sont indiquées dans l'ordre longueur / largeur / épaisseur ; suit l'indication du poids.

Groupe A (Fig. 5)

Ce groupe se distingue par la forme des balles, qui ressemble à celle d'un noyau d'abricot. On peut le sub¬ diviser en trois sous-groupes en fonction du poids moyen des pièces. Le sous-groupe A 1 réunit des balles dont le poids moyen est compris dans une fourchette très restreinte, de l'ordre de 32 à 33 g, et dont les dimensions sont très voisines. Les sous-groupes A 2 et A 3, en revanche, sont composés, pour le premier, de balles plus lourdes (de 34 à 37 g env.), pour le second de balles plus légères (de 28 à 3 1 g env.) .

A 1 1. Inv. 555 : ; 28 x 19 x 13 mm : ; 33,2 g 2. Inv. 559 ; 28 x 19 x 14 mm : ; 33,87 g 3. Inv. 562 : ; 29 X 19 x 12 mm : ; 32,3 g 4. Inv. 575 : ; 28 X 18 X 13 mm : ; 32,95 g

A 2 5. Inv. 563 : ; 29 X 21 X 14 mm : ; 36,65 g 6. Inv. 568 : ; 30 X 19 X 13 mm : ; 37,82 g 7. Inv. 573 : ; 29 X 18 X 14 mm : ; 34,5 g

A 3 8. Inv. 564 : ; 27 X 17 X 12 mm : ; 29,9 g 9. Inv. 581 : ; 27 X 17 X 13 mm : ; 29 g 10. Inv. 580 ; 27 x 17 x 13 mm ; 31,1 g 1 1 . Inv. 567 ; 26 x 1 8 x 13 mm ; 28 g

Groupe B (Fig. 6-7)

Ce groupe réunit les balles dont la forme effilée rap¬ pelle celle d'une olive ; les balles le composant présen¬ tent toutes des dimensions très voisines (env. 29 x 16 x 12 mm). Ce même groupe peut être subdivisé en quatre sous-groupes de balles de poids décroissant. L'uniformité des dimensions et des poids des balles for¬ mant le sous-groupe B 2 est remarquable.

B 1 12. Inv. 585 13. Inv. 572

B 2 14. Inv. 561 15. Inv. 565 16. Inv. 569 17. Inv. 570 18. Inv. 574

B 3 19. Inv. 553 20. Inv. 582

B 4 21. Inv. 571

; 31 x 17 x 13 mm ; 29,95 g ; 29 x 16 x 12 mm ; 27,42 g

29 x 15 x 12 mm : ; 26,8 g. 27 x 16 x 12 mm : ; 26,72 g 29 X 16 x 13 mm : ; 26,8 g 28 X 16 X 12 mm : ; 26,8 g 29 X 16 X 13 mm : ; 26,45 g

29 X 16 X 13 mm : ; 28,35 g 27 X 16 X 13 mm : ; 28,42 g

; 29 x 17 x 12 mm ; 24 g

39) Cependant, pour pouvoir affirmer que cette réserve naturelle a perduré sans discontinuer depuis l'Antiquité, il faudrait pou¬ voir être certain que l'écosystème régional soit demeuré le même au fil des siècles.

40) Bakir 1995 : 278. Une tombe macédonienne datable du dernier quart du IVe s. a également été découverte à proximité. 41) Elle n'est pas répertoriée comme telle par Cohen 1995 : 391-392. 42) Le territoire de Daskyleion a ensuite échu, au cours de l'époque hellénistique, à la cité de Cyzique, dont Daskyleion est deve¬

nu un des villages : cf. Strabo 12, 8, 10-11 ; Robert 1976 : 231-235 ; Schuler 1998 : 54. 43) Dans cette hypothèse, l'anthroponyme Théodotos inscrit sur certaines balles serait-il le nom du propriétaire des projectiles

ou du chasseur? En outre, les lettres ZKAA déchiffrées sur la balle n° 13 (voir supra ) seraient-elles à interpréter comme un élément du nom KdXaç, le nom du gouverneur macédonien nommé par Alexandre à la tête de la satrapie de Phrygie Hellespontique à la place du Perse Arsitès après la bataille du Granique (Arr. Anab. 1 , 17, 1) ? Cf. Berve 1926 : II 188 n° 397 ; Heckel 1992 : 355-357 n° 4. 1.

44) Briant 1991 : 230-236 ; Bremmer 1999. A propos de l'influence exercée par le modèle du paradeisos perse sur les pratiques cynégétiques de la cour de Macédoine dès le Ve s., puis des souverains antigonides, et pour les implications idéologiques de ce modè¬ le, cf. Tripodi 1998 : 47, 82-85, 121-125, 140.

78 CEDRIC BRELAZ

DES BALLES DE FRONDE A DASKYLEION 79

Fig. 7 : Balles nos 14-21 du groupe B.

Groupe C (Fig. 8) Dans ce groupe sont rangées les balles de forme

allongée et présentant des extrémités pointues. Les dimensions de ces balles sont sensiblement identiques ; seul leur poids varie, dans des proportions assez impor¬ tantes, puisque la balle la plus lourde pèse plus de 31 g et la plus légère 24,67 g.

22. Inv. 583 ; 32 x 16 x 13 mm ; 29 g 23. Inv. 587 ; 30 x 16 x 13 mm ; 30,42 g 24. Inv. 566 ; 3 1 x 1 6 x 13 mm ; 3 1 ,1 9 g 25. Inv. 579 ; 30 x 16 x 13 mm ; 28,87 g 26. Inv. 556 ; 30 x 17 x 12 mm ; 27,22 g 27. Inv. 578 ; 30 x 16 x 12 mm ; 24,67 g

le,

Groupe E (Fig. 9) Nous rangeons dans ce groupe plusieurs balles dis¬

parates n'entrant dans aucun des groupes précédemment constitués. Le sous-groupe E 1 est formé de grosses balles ovoïdes dont le poids surpasse de beaucoup le poids moyen des balles des autres groupes. Le sous-groupe E 2 contient la balle la plus menue et la plus légère de tout le lot. Enfin, le sous-groupe E 3 réunit deux balles très minces présentant une forme aplatie.

E 1 31 . Inv. 554 ; 30 x 17 x 17 mm ; 44,9 g 32. Inv. 558 ; 33 x 18 x 16 mm ; 44,77 g 33. Inv. 584 ; 32 x 19 x 14 mm ; 36,45 g

roupe D (Fig. 6) Ce groupe rassemble quelques balles de forme ova-

mais de facture irrégulière. D 1 28. Inv. 552 ; 26 x 15 x 12 mm ; 24,5 g 29. Inv. 557 : 27 x 17 \ 12 mm ; 24,52 s

E 2 34. Inv. 586 ; 26 x 1 5 x 11 mm ; 2 1 ,3 g E 3 35. Inv. 576 ; 29 x 17 x 10 mm ; 25.82 g 36. Inv. 560 ; 32 x 1 7 x 10 mm : 3 1 .47 a

D 2 30. Inv. 577 ; 27 x 15 x 13 mm ; 27,4 g

80 CEDRIC BRELAZ

Fig. 9 : Balles du groupe E (nos 31-36).

DES BALLES DE FRONDE A DASKYLEION 81

Fig. 10 : Balles hors lot.

Hors lot (Fig. 10)

Ces deux balles ont été achetées par le musée de Bandirma sur le marché de l'art. Leur provenance de Daskyleion est considérée comme probable. La pièce n° 37, très allongée, de couleur noire, est recouverte d'une patine blanche ; au vu de ses dimensions et de son poids,

il ne semble pas que l'on puisse la rapprocher d'un des groupes constitués ci-dessus. La pièce n° 38, en revanche, peut être comparée à la pièce n° 21 , de forme, de dimensions et de poids similaires.

37. Inv. 874 ; 33 x 17 x 13 mm ; 33 g 38. Inv. 873 ; 28 x 16 x 12 mm ; 24 g

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