Dépôts funéraires et hiérarchies sociales aux âges du fer en Europe occidentale : aspects...

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Mots-clés : Richesse, idéologie funéraire, clientélisme, politique de dépôt funéraire, politique de distribution. De toutes les données archéologiques disponibles, le mobilier funéraire est une de celles les plus fréquemment mobilisées dans les travaux sociologiques afin d’appréhender l’organisation sociale des populations anciennes 1 . Des inégalités observées dans la composition des dépôts funéraires, il a été déduit l’existence de rapports hiérarchiques entre les vivants, dont le monde des morts ne serait que le reflet plus ou moins déformé ou atténué. Les interprétations avancées se fondent généralement sur la présence ou l’absence d’un certain nombre d’objets que l’on nomme de manière souvent hâtive et parfois abusive « biens de prestige », c’est-à-dire des biens dont la possession est susceptible de procurer à son propriétaire gloire et renommée. De manière logique, ces objets sont censés représenter la richesse du mort et partant, de signifier sa place au sein d’une hiérarchie sociale dont la pyramide présentera un profil plus ou moins aigu selon les périodes. Ces biens de prestige, que l’on peut également nommer marqueurs statutaires, sont attestés selon des modalités d’association variables dans les tombes de l’élite sociale de l’Europe occidentale, depuis au moins le XX e jusqu’au I er siècle avant J.-C. Dans le cadre de cette étude, j’examinerai dans une première partie, après une rapide critique de l’approche traditionnelle, la notion de richesse telle qu’elle est généralement utilisée en archéologie. Il s’agira, entre autres, de montrer que son utilisation n’est pas sans conséquence sur notre capacité à envisager d’autres modèles d’interprétation de l’évolution de la composition des dépôts funéraires aristocratiques sur le long terme. L’analyse se poursuivra par une proposition d’interprétation des assemblages funéraires des sociétés des deux âges du Fer d’Europe occidentale, soit du VIII e au I er siècle avant J.-C., pour aboutir à une mise en évidence de la dynamique sociale comme élément de compréhension des changements observés. Dépôts funéraires et hiérarchies sociales aux âges du fer en Europe occientale : aspects idéologiques et socio-économiques

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Mots-clés : Richesse, idéologie funéraire, clientélisme, politique de dépôt funéraire,politique de distribution.

De toutes les données archéologiques disponibles, le mobilier funéraire est unede celles les plus fréquemment mobilisées dans les travaux sociologiques afind’appréhender l’organisation sociale des populations anciennes1. Des inégalitésobservées dans la composition des dépôts funéraires, il a été déduit l’existencede rapports hiérarchiques entre les vivants, dont le monde des morts ne seraitque le reflet plus ou moins déformé ou atténué. Les interprétations avancées sefondent généralement sur la présence ou l’absence d’un certain nombre d’objetsque l’on nomme de manière souvent hâtive et parfois abusive « biens deprestige », c’est-à-dire des biens dont la possession est susceptible de procurer àson propriétaire gloire et renommée. De manière logique, ces objets sont censésreprésenter la richesse du mort et partant, de signifier sa place au sein d’unehiérarchie sociale dont la pyramide présentera un profil plus ou moins aigu selonles périodes. Ces biens de prestige, que l’on peut également nommer marqueursstatutaires, sont attestés selon des modalités d’association variables dans lestombes de l’élite sociale de l’Europe occidentale, depuis au moins le XXe jusqu’auIer siècle avant J.-C.Dans le cadre de cette étude, j’examinerai dans une première partie, après unerapide critique de l’approche traditionnelle, la notion de richesse telle qu’elle estgénéralement utilisée en archéologie. Il s’agira, entre autres, de montrer que sonutilisation n’est pas sans conséquence sur notre capacité à envisager d’autresmodèles d’interprétation de l’évolution de la composition des dépôts funérairesaristocratiques sur le long terme.L’analyse se poursuivra par une proposition d’interprétation des assemblagesfunéraires des sociétés des deux âges du Fer d’Europe occidentale, soit du VIIIe

au Ier siècle avant J.-C., pour aboutir à une mise en évidence de la dynamiquesociale comme élément de compréhension des changements observés.

Dépôts funéraires et hiérarchies socialesaux âges du fer en Europe occientale :aspects idéologiques et socio-économiques

Critique de l’interprétation traditionnelleNature des dépôts funéraires

Le postulat de l’approche traditionnelle repose sur l’idée communément admiseque le monde des morts n’est que le décalque du monde des vivants, et que,dans ces conditions, le défunt a besoin des biens d’ici-bas pour poursuivre sonexistence dans l’au-delà. La littérature ethnographique et historique est en effetriche de récits qui mettent en avant la nécessité de satisfaire le mort en luiprodiguant tout ce dont il aura besoin dans l’au-delà. Il est fait référence auviatique du mort, c’est-à-dire aux offrandes alimentaires, animales et végétales,qui sont déposées dans la tombe pour l’aider dans son dernier voyage. Cesoffrandes, destinées à étancher sa soif et à le rassasier, sont fréquemmentaccompagnées de vaisselle en céramique et parfois du couteau ou de la hache quiaura servi à la mise à mort de l’animal ou à le découper.Il est également souvent fait mention des objets personnels du mort qui nepeuvent être hérités. Dans cette catégorie, on trouve tous les biens familiers queles défunts emportent avec eux dans la tombe. Il s’agit en l’occurrence des effetspersonnels, comme les vêtements, les parures ou les armes, ceux dont ils seservaient durant leurs activités quotidiennes (chasse, pêche). Sorte deprolongement du corps humain, ces objets ne sont pas séparables de lapersonne du mort, ils doivent l’accompagner dans la tombe, à moins qu’ils aientété donnés à quelques héritiers du vivant du défunt. Les raisons évoquées sontdiverses. Pour les indiens de la Côte nord-ouest américaine, ce serait unemarque d’indécence de la part des survivants que de les réutiliser (Testart,2004). On retrouve cette même idée exprimée autrement, dans le contextejuridique particulier du Moyen Âge occidental, où les objets personnels dudéfunt ne peuvent être hérités ou donnés car ils lui appartiennent en propre(Dierkens, 1981, p. 43, notes 148 et 149). Dans cette catégorie, on trouve desobjets de prix destinés, selon la vision traditionnelle, à signifier le statut dudéfunt.Une dernière catégorie d’objets peut être déterminée. Elle regroupe l’ensembledes objets utilisés pour la préparation du cadavre et qui, de ce fait, ne peuventplus l’être par les survivants car jugés désormais impurs. Est à ranger dans cettecatégorie, l’ensemble des objets de toilette découverts en contexte funéraire(rasoir, pince à épiler, forces, cure-oreille). On pourrait également leur adjoindrecertaine vaisselle en bronze dont l’usage dans la sphère de l’intime n’a étéreconnu que récemment. Il s’agit des bassins, cruches et autres œnochoés qui ontlongtemps été rangés dans la catégorie service à boisson (Adam, 2004, p. 157 ;1995, p. 105-107 ; Bolla, 1991 ; Guillaumet, Maranski, 1994).Les différentes catégories d’objets qui viennent d’être rapidement présentées seretrouvent selon des combinaisons diverses et variées dans les sépulturesprotohistoriques d’Europe occidentale.

Fonction des dépôts funéraires

Les écrits historiques et ethnographiques, ainsi que les interprétations qui en ontété données, font cependant fi de la dimension symbolique des pratiquesfunéraires. Les biens déposés dans les tombes sont traditionnellement assimilésau viatique nécessaire à la survie du défunt dans l’au-delà. Toutes ces considérationsrelèvent souvent d’une confusion fréquente entre intérêt pour l’étude des attitudes des vivantsface à la mort et étude des relations liant les vivants et les morts.

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Dans les approches tenant en priorité compte des attitudes des vivants face à lamort, la religion tient nécessairement une place de choix dans les interprétationsproposées. Les croyances dans une vie post mortem étant souvent l’explicationavancée pour tenter de comprendre aussi bien la nature que la fonction des biensdéposés dans les tombes.Au contraire, si l’on tente de comprendre les relations liant les vivants et lesmorts, on inverse totalement la perspective. Dans la relation que les vivantsentretiennent avec les morts, les croyances religieuses, si elles ne peuvent en effetêtre totalement abolies, n’en sont pas moins largement minorées au profit desrelations sociales et économiques. A. Testart, dans une étude récente, a ainsiproposé de privilégier la dimension économique des pratiques funéraires(Testart, 2004). L’auteur a attiré l’attention des chercheurs sur le fait massif queles sociétés anciennes pouvaient globalement se partager en deux grandsensembles : celles qui pratiquent la politique du dépôt funéraire, et celles quipratiquent la politique de distribution funéraire (fig. 1). Ces deux politiques sedistinguent selon que la richesse du défunt est déposée dans la tombe oudistribuée aux survivants. Dans la politique de dépôt, des trois parts de lafortune du défunt (part du mort, part distribuée, part héritée), la part du mort,c’est-à-dire, la part qui est détruite et va avec le cadavre dans la tombe, est la plusimportante. Elle se compose de biens de grande valeur, signes évidents derichesse (cf. infra). Inversement, dans la politique de distribution, l’essentiel desbiens du défunt est réparti entre ses héritiers et les autres membres de lacommunauté qui en profitent sous la forme de distributions publiques. La partdu mort est inexistante ou réduite à peu de chose. Nous verrons dans la suite denotre exposé, comment cette typologie peut être ou non appliquée aux sociétésprotohistoriques d’Europe. Pour le moment, il convient de s’interroger sur l’idéegénéralement admise que, tout ou partie des biens déposés dans les sépulturesde l’aristocratie signalent la richesse du défunt et son statut.Mais avant d’aborder le problème de la richesse qui est au centre de notreproblématique, on doit se poser la question de la nature et de la fonction desobjets déposés dans les tombes. Les classifications traditionnelles ne tiennent querarement compte de la nature des mobiliers et des raisons qui ont pu présider àleur dépôt dans la tombe. Cette confusion qui est entretenue par le vocabulaireemployé – on relève en effet fréquemment une confusion entre dépôt et offrande– participe à l’idée largement partagée que les objets forment un tout indifférencié,destinés avant tout à signifier le statut du défunt à travers l’étalement de sarichesse. Cette interprétation repose sur le postulat fort que la richesse du défuntle suit dans la tombe, et qu’il suffit d’établir une classification hiérarchique dessépultures, fondée sur la quantité ou la qualité des dépôts, pour voir apparaître lastructure interne de la société. Or l’équation richesse = pouvoir, qui est à la basedu discours archéologique, ne peut être directement appréhendée en raison denotre impossibilité à donner une définition objective de la richesse, basée sur laseule appréciation des différents composants matériels des dépôts funéraires. Destentatives ont été faites dans ce sens pour en évaluer les degrés. Toutefois, malgrél’ingéniosité de certaines analyses pour évaluer la quantité de travail nécessaire àla fabrication des objets ou pour classer les objets sur une échelle de valeur enfonction de la plus ou moins grande rareté des matériaux entrant dans leurfabrication, aucune de ces tentatives n’a abouti à des résultats satisfaisants.

La notion de richesse

De fait, le plus souvent, la distinction entre tombes riches et tombes ordinairesse fait sur la présence ou l’absence de marqueurs statutaires. Les tombes riches

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DEUX POLITIQUES FUNÉRAIRES

Famille dudéfunt

Fortune du défunt

Tombe

Communauté

Part des héritiers Part à distribuerà la communauté

Politique de dépôt

Politique de distribution

Fig. 1 – Schéma des deux politiques funéraires. Seule la politique dedépôt prévoit de réserver une part de sa fortune au défunt. Dans lapolitique de distribution, la totalité de sa fortune est partagée entreles membres de sa famille et le reste de la communauté (L. Baray).

livrent ainsi, suivant les périodes, des parures en or, des armes, de la vaissellemétallique (coupe, chaudron, situle, ciste, cratère…), le plus souvent en bronze,des pièces de harnachements équestres ou de char, des amphores. À cettepremière catégorie, on peut en ajouter une deuxième moins bien définie, quiregroupe l’ensemble des objets dont la fonction n’est pas véritablement liée audéfunt ou au traitement de sa dépouille, mais au décorum de l’appareil funéraire.Il s’agit, par exemple, des tentures et autres meubles qui ornaient les chambresfunéraires des sépultures princières du Hallstatt récent.Les mobiliers déposés dans les tombes des élites, pour peu qu’ils relèvent d’unemême catégorie fonctionnelle que ceux qui ont été retrouvés dans les tombes desgens ordinaires, se signalent le plus souvent par des critères qualitatifs supérieurs,de style, de décoration, de matériaux utilisés, de savoir-faire technique. Ilsmanifestent le luxe et l’apparat qualifiant généralement les biens des aristocrates.Aussi, peuvent-ils être confondus avec les signes de la richesse par excellence quesont les objets pré-monétaires de la catégorie des agalmata, dont la seule présencesuffit à signifier les sépultures princières ou royales. L’ethnologie et l’histoire nousapprennent en effet que la richesse est avant tout représentée par la possession debiens ayant joué un rôle pré-monétaire ou monétaire, la monnaie étant la richessepar excellence (Testart, 2000). Or, l’analyse des assemblages funérairesaristocratiques montre clairement que la plupart des objets relève de la sphère desproductions de luxe (agalma), c’est-à-dire des productions propres à magnifier ledéfunt et sa puissance. Il s’agit, pour reprendre les mots de L. Gernet (1968, p. 98)à propos de la richesse en Grèce ancienne, de « richesse noble ».Toutefois, si la valeur des objets est déterminée par la matière qui les compose etla qualité du travail de l’artisan, l’exemple du monde homérique montre qu’ausein du groupe aristocratique, certains objets possèdent une valeur mythique,qui fait d’eux les signes par excellence de la richesse (Gernet, 1968). « Les objetsles plus prisés sont ceux auxquels s’attache, en plus de leur valeur matérielle, leprestige des propriétaires entre les mains desquels ils sont passés » (Scheid-Tissinier, 1999, p. 122). Ce sont par excellence les objets qui circulent àl’occasion des dons et contres-dons lors des échanges cérémoniels. « Il n’est pasrare de plus qu’une origine divine soit attachée à ces objets, de la même manièreque les généalogies humaines confèrent une origine divine aux plus grandesfamilles aristocratiques. C’est le cas notamment du sceptre d’Agamemnon quitémoigne de l’ancienneté de la famille royale et de la légitimité que lui confèrentles liens privilégiés qu’elle entretient avec le monde divin […]. Ces objets sontainsi des vecteurs de mémoire auxquels reste attaché le souvenir à la fois desindividus qui les ont possédés et des évènements dans lesquels ils ont figuré […].Dans une société sans écriture, ils ont un rôle privilégié, qui tient au pouvoirqu’ils ont, par leur simple présence, de faire surgir des souvenirs et de susciterdes récits » (Scheid-Tissinier, 1999, p. 123).En fait, dans le cas spécifique des assemblages funéraires aristocratiques, lapolysémie du mobilier funéraire est telle qu’elle oblitère les différenceshabituellement reconnues entre objets personnels et signes de richesse. Dans lescontextes aristocratiques, les deux dimensions symboliques se combinent.Comme le soulignait M. Godelier (1973, p. 263), « les objets précieux quicirculent entre les sociétés primitives et en leur sein étaient à la fois des objetsd’échange commercial et des objets d’échange social, des biens à troquer et desbiens à exhiber et à donner, des marchandises qui parfois devenaient desmonnaies et des symboles, des signes visibles de l’histoire des individus et desgroupes qui recevaient leur sens du fond le plus intime des structures sociales.C’étaient donc des objets multifonctionnels dont les fonctions ne se confondaientpas, même quand elles se superposaient et se combinaient ».

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De tous les objets découverts en contexte funéraire en Europe occidentale, lesmarqueurs statutaires sont les seuls à pouvoir remplir ce double rôle, qui consisteà être à la fois un bien personnel et un signe pré-monétaire, c’est-à-dire un objetprécieux. Ils sont les plus aptes à remplir ce rôle par comparaison avec lesphénomènes pré-monétaires mis en évidence en Grèce notamment. Ce sont lesktémata des Grecs, c’est-à-dire des objets acquis « à la guerre, dans les jeux par desdons, — mais jamais, en principe, dans un commerce mercantile » (Gernet, 1968,p. 96). Pour L. Gernet (ibid.), ce sont par définition des objets donnés en prix quiforment une catégorie assez large dans laquelle on trouve des cadeauxcoutumiers, des présents d’hospitalité, des rançons, des offrandes aux dieux,ainsi que la part du mort, c’est-à-dire les objets destinés à suivre le mort dans latombe. Ils constituent « le domaine de la propriété individuelle au sens strict dumot […]. Le droit de disposition qui s’y applique est absolu : les objets enquestion suivent le chef dans sa tombe ». Parmi eux, les parures en or et lavaisselle métallique tiennent une place centrale. Ces objets, ou agalmata, c’est-à-dire les dépôts de richesse, relèvent donc de la même catégorie des bienspersonnels examinés plus haut. Il s’agit de la richesse du défunt, des biens qu’ila pu acquérir au cours de sa vie et qu’il peut indifféremment léguer à ses héritiersou emporter dans sa tombe, mais en aucun cas, les héritiers ne peuvent endisposer comme bon leur semble.Nous n’avons évidemment pas la preuve directe que ces objets aient puréellement servir de pré-monnaie dans le contexte nord-alpin. L’archéologietémoigne néanmoins de l’importance de ces objets qui signalent de manièreunivoque les contextes aristocratiques des âges des métaux2. Elle témoigneégalement de l’importance des trésors et des dépôts métalliques de la fin dudeuxième âge du Fer, dans lesquels on trouve de manière quasi-systématique destorques et des bracelets en or, associés aux premières monnaies en or et/ou à deslingots d’or (Fitzpatrick, 2005), alors que les parures annulaires en orn’apparaissent plus, ou si rarement, dans les tombes à partir du second quart duVe siècle avant J.-C. et que les monnaies n’ont jamais été l’apanage des dépôtsfunéraires aristocratiques.Rappelons l’association fréquente du torque avec l’image du guerrier attestée surles monnaies gauloises, son association avec les célèbres statues de personnagesassis ou accroupis de Bourgogne (Vix « Les Herbues », Côte-d’Or, cf. Chaume,2001, p. 254-270, fig. 195 et 197) ou du Midi de la France (Arcelin, Gruat, 2003,p. 201-216), dont l’interprétation penche tantôt pour des aristocrates héroïsés oudes ancêtres divinisés. Le torque comme attribut divin apparaît sur différentssupports dont le célèbre bassin de Gundestrup. Il est également associé auxreprésentations de divinités comme la statue en bronze de Bouray-sur-Juine, ousur les sculptures en bois trouvées notamment à Yverdon, à Genève ou àVilleneuve en Suisse. Les contextes de découvertes et les associations récurrentesmontrent à l’évidence que les torques et les bracelets en or ont étéparticulièrement valorisés dans l’imaginaire des communautés humaines desdeux âges du Fer (Van Impe et al., 1997-1998). Signes de statut et de rangdominant, attribut divin, les parures annulaires en or regroupent en elles lesnotions de richesse, de pouvoir et de religion.Le char et les chevaux, représentés par les éléments de harnachement, lavaisselle métallique, les armes, forment avec les parures annulaires en or, unensemble hautement signifiant dont la possession touche au sacré, à ladimension bénéfique et enrichissante de la royauté. Il y a visiblement dans lesmanifestations de richesse caractéristiques du Hallstatt D2/3 une volontéaffirmée de manifester ostensiblement les liens étroits et forts qui unissentpouvoir et richesse, pouvoir et prospérité. Comme l’indique L. Gernet (1968,

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p. 130), « l’idée du trésor royal, dépôt de richesses, dépôt d’agalmata, s’articulesur celle des sacra protecteurs et efficaces que garde, en un réduit sûr, un Roi delégende, un Dieu souverain ».L’inégale distribution géographique ou chronologique des marqueurs statutaires,comme l’extrême variation observée dans la composition des assemblagesfunéraires aristocratiques, d’une étape chronologique à l’autre durant les âgesdes métaux, remet définitivement en cause l’idée que le mobilier funéraire dansson ensemble illustre, avant toute chose, la richesse du défunt.L’analyse de la composition des assemblages funéraires des âges des métauxindique clairement que des deux politiques funéraires définies par A. Testart(2004), c’est la politique de distribution qui permet de caractériser au mieux lespratiques funéraires des populations protohistoriques d’Europe occidentale. Eneffet, entre le VIIIe et le Ier siècle avant J.-C., hormis l’intermède de la fin du VIe-début du Ve siècle avant J.-C., l’écrasante majorité des ensembles funérairessitués à l’ouest du Rhin ne livrent pas ou si peu de richesse, qu’il paraît évidentque c’est la politique de distribution qui a du dominer les pratiques funérairesdes élites. Sachant que l’idéologie aristocratique fait obligation à ses membresd’afficher ostensiblement leur puissance et leur richesse, il paraît évident quec’est au cours des cérémonies funéraires que les manifestations les plushautement symboliques et les plus fastueuses, propres à célébrer le statut dudéfunt, devaient être réalisées. C’est durant ces moments qui accompagnentl’annonce du décès et le temps de la préparation des cérémonies proprementdites, puis au cours des cérémonies aboutissant à l’ensevelissement du corps,comme durant celles destinées à commémorer l’évènement ou son anniversaire,que le statut du défunt a pu être ostensiblement mis en évidence, à travers laconsommation, la distribution et la destruction d’importantes quantités de biensde toute nature. On suppose que c’est au cours de ces cérémonies que les écartshiérarchiques et la prééminence due au rang devaient être les plus manifestes, àtravers l’ampleur des sacrifices et le faste des banquets funéraires consentis parles survivants.L’archéologie nous renseigne directement sur l’existence de ces pratiques donton commence seulement à saisir toute la dimension symbolique, sociale etéconomique. Les découvertes de structures de combustion autour et à proximitéde la tombe de Clémency, en témoignent de manière éloquente (Metzler et al.,1991, p. 38-41, p. 154 et 156). Elles tendent par ailleurs à confirmer la partprépondérante des cérémonies qui se déroulaient autour de la tombe, une foiscelle-ci refermée.L’essentiel des biens du défunt faisait vraisemblablement l’objet d’un partageinégal entre ce qui lui était réservé (qui compose le dépôt funéraire), ses héritierset la communauté (fig. 2). On fait l’hypothèse que la part la plus importantedevait être réservée aux héritiers, la communauté recevant sous la forme dedistributions, de type banquet ou jeu funèbre, une part moins importante, tandisque celle réservée au défunt devait probablement être plutôt faible, comme entémoigne la modestie de l’ensemble des dépôts funéraires aristocratiquesd’Europe occidentale, durant toute la Protohistoire. Le dépôt funéraire etl’ensevelissement ne constituent qu’un moment probablement assez court duprocessus funéraire destiné à honorer le défunt. L’acmé du processus funérairedevait être atteint durant les cérémonies qui draînaient la masse des dépendantset autres débiteurs du défunt et de sa famille. Chacun, selon son rang et sonstatut, venait y recevoir une part de la fortune du défunt, manière pour lessurvivants de manifester ostensiblement, à travers la distribution des richessesamassées par le défunt de son vivant, sa puissance et son prestige, mais aussi etsurtout leur propre puissance, et ce, afin d’augmenter leur propre prestige.

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Pour une nouvelle interprétation des dépôts funérairesaristocratiques

Comment dès lors interpréter les dépôts funéraires aristocratiques sachant qu’ilsne renferment pas, sauf exception, la richesse du défunt ? En fait, le stéréotypede leur composition laisse à penser que le statut du défunt n’était pas le soucimajeur des vivants. Le statut est une donnée qui va de soi dans la mesure oùseuls les riches, les puissants peuvent se targuer d’avoir droit à des cérémoniesimportantes, accompagnées de distributions non moins importantes etproportionnelles à leur statut. Le propre de la politique de distribution est eneffet de signifier le statut du défunt non pas à travers le dépôt funéraire, qui estpar définition faible, mais par l’ampleur de la distribution.Le prince qui se fait ensevelir, entouré d’objets de prestige, le fait consciemmentpour signaler sa différence, mais en même temps pour signaler son appartenance

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Fig. 2 – Schéma théorique de la répartition des trois parts de la fortune du défunt (L. Baray).

à un groupe social bien défini. Le luxe affiché lui permet de se situer dans unsystème hiérarchique non figé et susceptible d’évoluer. Pour autant, ce geste nese limite pas à déposer autant ou plus que les autres, mais avant tout à seconformer à des modèles supérieurs de représentation. Dans ce contexteparticulier, les parures ou les objets ne prennent leur véritable importance quepar rapport aux codes sociaux qu’ils portent. De fait, on ne dépose pasn’importe quoi et les associations ne sont pas fortuites. Le dépôt funéraire nedoit pas être compris comme un agencement indifférencié d’objets disposés làdans le seul but de signaler le statut, la richesse ou le prestige du défunt (Baray,2004).La forte homogénéité des assemblages funéraires que l’on discerne d’unepériode à l’autre, sur de vastes régions couvrant parfois la plus grande partie del’Europe occidentale, indique à quel point les membres du groupe aristocratiquepartageaient les mêmes valeurs socioculturelles, incluant le recours à un certainnombre de marqueurs statutaires distinctifs. Pour autant, on ne constate pasune identité absolue mais seulement un fort conformisme à l’idéologiearistocratique. Conformément au processus identitaire, qui s’articule surl’opposition conformisme/distinction, les assemblages funéraires ne présententjamais une identité stricte. Des différences de degré plutôt que de natureexistent cependant car la nécessité de se distinguer des autres, tout en affichantson adhésion au groupe, oblige tout autant les individus.Chaque période apparaît ainsi caractérisée par une combinaison ou unassemblage funéraire typique d’une idéologie particulière. Il n’y a donc pas lieude comparer ce qui ne peut pas l’être. Contrairement à l’idée évolutionnisted’une concentration du pouvoir (Pare, 1993 ; Olivier, Reinhard, 1993 ; Olivier,Wirtz, 1993 ; Olivier, 2002) ou d’une complexification sociale (Brun, 1997) défenduepar d’aucuns à partir de l’examen de l’évolution de la composition desassemblages funéraires, je propose de substituer celle d’une succession demodèles funéraires aristocratiques différents à chaque étape chronologique, àtravers lequel les protagonistes manifestent leur appartenance au sommet de lahiérarchie communautaire, c’est-à-dire leur prééminence sociale (fig. 3).L’adoption d’un nouveau modèle funéraire résulterait d’un choix conscient desélites qui chercheraient ainsi à marquer leur différence vis-à-vis de la masse de lapopulation, tout en soulignant leur cohésion sociale en tant que groupedominant. D’une étape chronologique à l’autre, les élites maintiendraient ainsi,entre elles et le reste de la communauté, des écarts sociaux nécessaires à lareconnaissance de leur singularité. Dès lors où les contradictions au sein de lasociété deviennent trop importantes et tendent à en saper les bases idéologiques,cette stratégie de distanciation sociale passe par le recours à des modes dereprésentation spécifiques. Ce faisant, les élites adoptent des aspects différentstirés de leurs propres pratiques sociales susceptibles de traduire dans la mortl’idée qu’ils se font ou qu’ils désirent donner du pouvoir ou des rapports plus oumoins étroits qu’ils entretiennent avec lui. Ces changements sont autant demanifestations formelles des capacités d’adaptation des élites à l’évolution socialeen général. C’est au sein d’un processus continu de recherche de légitimation deleur statut social, fondé sur le double « aspect de la conformité, ou de la stratégieet de la manipulation (individus et groupes maximisant à leur profit le recours,réel ou apparent, aux règles déterminant le jeu social) et de la contestation (miseen cause partielle ou totale du système) » (Balandier, 1969, p. XI), qu’ils devaientinlassablement travailler à construire et à redéfinir, à l’aide de nouvellespratiques prestigieuses, une image sociale sans cesse remise en cause.En ce sens, les variations perçues d’une étape chronologique à l’autre dans lacomposition des assemblages funéraires, tout du moins jusqu’au troisième quart

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Figure 3 – Modèle théorique d’interprétation de l’évolution de lacomposition des assemblages funéraires au cours des deux âges duFer. Il est proposé de substituer à l’idée d’une évolution (continuitéavec progression exponentielle aboutissant à une concentration dupouvoir ou à une complexification sociale) (schéma A) celle d’unesuccession (avec ruptures) de modèles funéraires aristocratiques(schéma B) (L. Baray).

du IVe siècle avant J.-C. inclus, ne peuvent être que très difficilement assimiléesà des formes différentes de pouvoir, comme le propose L. Olivier (2002, p. 38).Rien, en effet, dans notre documentation archéologique, ne permet d’inférerque la forme ou la nature du pouvoir change d’une étape chronologique àl’autre, et ce, d’autant plus que les marqueurs statutaires qui permettent designaler les tombes des élites sont en petit nombre et que les variations, perçuesdans leur combinaison d’une étape chronologique à l’autre, se jouent selon leprincipe simple de présence/absence.La prise en compte des textes des auteurs classiques permet cependant d’établirune distinction sociologique fondamentale de part et d’autre du IIIe siècle avantJ.-C. 1) Il convient cependant, avant de poursuivre la discussion, d’établir uneséparation conceptuelle nette entre pouvoir de fait et pouvoir de droit. Unpouvoir de fait, c’est un « pouvoir que l’on peut avoir […], en raison del’ampleur de la parentèle, en raison de la richesse, en raison d’un rapportprivilégié avec les dieux ou les esprits, ou simplement en raison d’un don deprophétie… » (Testart, 2005, p. 100). Ce pouvoir se distingue du pouvoir dedroit que le chef obtient du fait de ses fonctions politiques (ibid., p. 100).Ces deux types de pouvoirs s’opposent diamétralement. Alors que le pouvoirde droit se justifie par le recours aux procédures juridiques (loi, règlement...), etqu’il obéit donc à un certain formalisme, le pouvoir de fait ne peut en aucun casrevendiquer une assise juridique. C’est la nature même de ces deux types depouvoir qui fonde la séparation entre sociétés non-étatiques et sociétésétatiques. Aux sociétés étatiques correspond le pouvoir de droit ; inversement,aux sociétés non-étatiques correspond le pouvoir de fait. « C’est pourquoi lepouvoir peut s’y acquérir [dans les sociétés non-étatiques] et s’y maintenir pardes moyens autres que ceux liés aux institutions politiques. Et d’autant plusavantageusement que ces institutions ne confèrent qu’un pouvoir, le pouvoirproprement politique (celui de commander directement), limité. Et cela n’a riende contradictoire que de constater que ces chefs sans pouvoir (du fait de leursfonctions, ou encore : sans pouvoir de droit) ont en fait, dans certains cas, degrands pouvoirs, mais qu’ils tiennent d’ailleurs. » (ibid., p. 100).2) Je fais en effet l’hypothèse forte que la prééminence sociale des élites reposedurant la plus grande partie de la Protohistoire européenne sur un pouvoir defait, c’est-à-dire que les chefs des communautés n’auraient d’autre pouvoir quecelui que leur confère leur capacité personnelle (charisme religieux, richesse,activité guerrière…). C’est cette fragilité intrinsèque du pouvoir qui explique, àmon sens, les oscillations perçues dans les manifestations de pouvoir durant lessiècles qui précèdent la fin du IVe siècle – début du IIIe siècle avant J.-C.3) C’est en effet à partir de cette époque (IVe siècle – début du IIIe siècle avantJ.-C.), que l’on peut reconnaître l’existence d’un pouvoir de droit dansl’élaboration d’institutions politiques autonomes (Sénat, Assemblées dupeuple). Les témoignages des auteurs classiques indiquent en effet clairementleur existence dès cette époque : Strabon, Géographie, IV 4, 3 (chez les Gaulois),Strabon, Géographie, XII 5, 1 (chez les Galates), Tite-Live, Hist. Romaines, XXXV40, 3 ; XXXII 30, 6 ; XXI 20 (chez les Cisalpins) ; César, Guerre des Gaules, I 16,5-6 ; II 5, 1 ; II 28, 2 ; III 16, 4 ; III 17, 3 ; IV 11, 3 ; V 54, 3 ; VII 32, 3-5 ; VII33, 2-3 ; VII 65, 2 (chez les Gaulois). S’il est vrai que tous ces auteurs sont tardifset qu’ils ne font que nous restituer une vision probablement pas toujours fidèleà la réalité des temps évoqués, il convient néanmoins de souligner l’ampleur deschangements perçus d’un point de vue strictement archéologique, à partir dudébut du IIIe siècle avant J.-C. et qui viennent conforter l’idée qu’il s’agit là dessignes univoques d’une véritable coupure de civilisation. Coupure qui se signaleostensiblement dans les diverses activités humaines, comme dans les modes

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d’occupation du territoire, les pratiques funéraires, le commerce à longuedistance, les faits religieux (fondation des grands sanctuaires…), etc.4) La reconnaissance de cette séparation nette entre pouvoir de fait et pouvoirde droit, et que l’on perçoit dans la composition des dépôts funéraires des troisderniers siècles avant J.-C. (cf. infra), détermine pour la Gaule, l’apparition del’État, dès la fin du IVe siècle – début du IIIe siècle avant J.-C. : « L’État, c’estl’autonomisation organisationnelle de ce domaine spécifique qu’est le politique.Que l’on s’exprime en termes de classe (politique) ou d’organisation, c’esttoujours cette séparation du politique qui marque les sociétés étatiques. Defaçon caractéristique, cette séparation, ce hiatus ou cette autonomisationmanque dans les sociétés primitives. » (Testart, 2005, p. 100).

Au-delà de cette évolution que je perçois de part et d’autre de cette périodecharnière, le prestige individuel demeure néanmoins l’élément structurant desrapports sociaux dans ces sociétés où la compétition semble avoir joué un grandrôle dans l’élaboration des positions de domination. Mais en aucun cas, on nedispose de données archéologiques permettant de déduire des différencesperçues dans la composition des assemblages funéraires antérieurs au IIIe siècleavant J.-C., la succession de formes différentes de pouvoir. Le seul changementvéritable, dont on est assuré, c’est l’évolution des modes de représentation desélites dans la mort. Pour autant, il ne me paraît guère fondé de vouloir expliquerles différences perçues d’une période à l’autre comme étant uniquement le refletde la puissance économique du défunt. Le notable n’est pas plus pauvre oumoins pauvre selon les étapes chronologiques. Le serait-il d’ailleurs, grâce auxmultiples possibilités qui pouvaient s’offrir à lui (réforme foncière,accroissement du butin…), que cela ne changerait pas grand chose à sa façonde se représenter dans la mort. L’analyse des modes d’assemblages des dépôtsfunéraires indique clairement qu’il se présente avant tout sous un aspectdifférent, d’une période à l’autre, afin de se distinguer de la masse de lapopulation, tout en partageant les mêmes référentiels matériels avec les autresmembres du groupe dominant (Baray, 2002, p. 132-137, fig. 15 ; Baray, 2004).C’est l’existence de ces différents modes de représentation parfaitement codifiésqui me fait dire que le poids de l’idéologie est bien plus fort et bien plusprégnant que le simple fait d’afficher ostensiblement la richesse (Baray, 2004).J’en veux également pour preuve la modestie des assemblages funéraires desélites du Ier siècle avant J.-C., alors que César nous informe de l’existence à lamême époque d’une aristocratie particulièrement aisée (cf. infra).

Le dépôt funéraire aristocratique commesignifiant la plus ou moins grande proximité aupouvoirOn le voit bien, si le dépôt était avant tout destiné à signifier seulement ouprioritairement le statut du défunt, il présenterait une plus grande variabilité decomposition ; les écarts seraient plus tranchés et présenteraient moins cetteapparente homogénéité que l’on retrouve à chaque période. Pour la mêmeraison, on serait en droit d’observer une gradation dans leur composition, entreles dépôts qui relèveraient des individus appartenant aux catégories les plushumbles de la société et ceux qui seraient associés aux individus les plus riches.Ce n’est donc pas seulement le statut ou la simple richesse du défunt qui setrouve ainsi affiché dans la tombe.

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Hormis durant les VIe et le début du Ve siècle avant J.-C.3, et nous verrons plusloin l’interprétation qu’il est possible d’en donner, les signes évidents de larichesse n’apparaissent pas, ou sauf exception, dans les tombes protohistoriquesd’Europe occidentale. Cette absence s’explique assez simplement dans lecontexte de ces sociétés anciennes, où la richesse, si elle permet d’accéder aupouvoir, n’est pas pour autant le pouvoir. Elle n’est pas le pouvoir suprême,c’est-à-dire qu’elle ne donne pas accès au pouvoir politique, sauf cas extrême oùil y a conjonction avec la sphère politique (Testart, 2000, p. 633). Il n’y a de cefait pas de raisons objectives de l’étaler dans la mort. Elle sera en revanche aucœur des manifestations ostentatoires de prestige par la quantité et la qualité desbiens détruits, distribués ou consommés lors des cérémonies funéraires. Dans latombe ce n’est donc pas explicitement la richesse qui est affichée mais les symbolesd’appartenance à un groupe social privilégié. La puissance d’un défunt, son prestige,ne se définissent pas par l’entassement de richesses dans la tombe. Dans lessociétés primitives « la richesse sert, d’abord et principalement à faire face à desobligations sociales auxquelles […] personne n’échappe. Elle sertsecondairement aux échanges de biens matériels, et aussi à afficher son prestige(par sa détention) ou sa munificence (par sa dilapidation), mais, il faut lesouligner, c’est parce que ces biens sont convoités par tous, parce qu’ils sontindispensables, parce que certains en sont démunis, que leur possession confèretant de prestige » (Testart et al., 2002, p. 186).La richesse ne devient pouvoir que lorsqu’elle permet à celui qui la détient de latransformer en possibilité de dicter sa loi aux hommes entrés sous sa dépendance(esclaves pour dette, clients…). De fait, ce n’est pas la richesse du défunt que lessurvivants étalent dans la tombe, mais les symboles de sa participation aupouvoir, car comme le souligne A. Testart (2005, p. 44), à propos des chefs deNouvelle-Guinée « …le phénomène le plus typique, le plus simple et, pour ainsidire, minimal de cette société à richesse, c’est le big man. Le terme s’applique strictosensu à un leader politique […]. Mais plus généralement, le big man, que l’onpourrait traduire par “homme d’influence”, c’est un homme riche, quelqu’un quia les moyens. En tout cas, il faut être riche pour être un leader politique. Cetteimportance même de la richesse, pour le politique, pour l’organisation des fêtes,pour la guerre […], cette nécessité absolue d’être riche pour jouer un rôle socialdevrait faire qualifier ces sociétés de “ploutocratiques”, au sens du dictionnaire :des sociétés où la richesse est le nerf de toutes choses ». Élargissant son enquête,l’auteur conclut que « partout, en Côte nord-ouest comme en Asie du Sud-Est,ou même dans l’Afrique lignagère, la base de la puissance sociale reste la richesse.[…] Partout la richesse commande » (ibid., p. 45). Le défunt donne ainsi à voirles signes de son pouvoir, qui ne sont pas nécessairement ceux du pouvoirsuprême (cf. infra la situation au cours des trois derniers siècles avant J.-C.). Ildevient dans ces conditions plus rentable pour les survivants d’utiliser la richesseà des fins de propagande et de prestige, à l’occasion des banquets funérairesnotamment, plutôt que de la sacrifier en l’enfermant dans la tombe.C’est ici, dans le cadre des distributions funéraires, que la richesse prend touteson importance comme moyen de gouvernement. Le moteur de l’aristocratie, saraison d’être en quelque sorte, c’est la richesse. Toute l’activité de l’aristocratetourne autour des moyens d’augmenter sa capacité à accaparer de la richesse,puis à la transformer en instrument du pouvoir. Ce qui compte pour les vivantsdans le choix qu’ils font des objets à déposer dans la tombe, ce n’est donc pas demontrer la richesse, car ils le font très bien dans toutes les occasions de la vie etpendant les cérémonies funéraires à travers les distributions, les dons ou lesdestructions de biens. Ce qui constitue la finalité même des pratiques funérairesaristocratiques et qui explique par la même occasion le mode funéraire retenu, c’est la volonté

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qu’ont tous ces individus de manifester ostensiblement leur plus ou moins grande proximité avecle pouvoir et d’obtenir gloire et renommée, pour eux-mêmes et leurs descendants. Toutes cesmanifestations participent à l’élaboration d’un discours idéologique destiné à légitimer leurpouvoir. Le dépôt funéraire délivre un message politique.Reste maintenant à tenter de valider ce modèle à travers un rapide examen desprincipales étapes de l’évolution des dépôts funéraires entre le VIIIe et le Ier siècleavant J.-C.

L’Europe occidentale du VIIIe et le Ier siècle avantJ.-C.La vaillance personnelle (VIIIe-VIIe siècles avant J.-C.)

Les données archéologiques des VIIIe et VIIe siècle avant J.-C. nous restituentl’image d’une société peu différenciée, visiblement dominée par des chefs, sortede roitelets, forts de leur puissance guerrière. Cette image est déduite desdizaines de sépultures réparties sur l’ensemble de l’Europe. Elles livrent toutesà peu près le même assemblage funéraire, limité pour l’essentiel à la possessiond’une grande épée de bronze ou de fer, à laquelle sont parfois associés un rasoir,un bracelet, une ou deux poteries, plus rarement des pièces de harnachementéquestre ou de la vaisselle métallique. Pour l’essentiel, les assemblagesfunéraires ne se composent que des effets personnels du défunt. Signeemblématique de sa puissance et du pouvoir qu’il en tire, la grande épéeconstitue souvent le seul mobilier funéraire conservé. On peut penser, bien queles preuves archéologiques fassent défaut, que la fortune du défunt faisait l’objetde distributions à l’occasion de ses funérailles. Cette hypothèse permetd’expliquer la modestie de ces assemblages funéraires.Dans ces sociétés, le prestige du chef était apparemment déterminé par son statutde guerrier, de défenseur des biens de la communauté placé sous son autorité.Incarnation exemplaire des valeurs de la société, le guerrier des VIIIe et VIIe siècleavant J.-C. représentait le sommet d’une hiérarchie sociale fondée sur le prestige.Dans un contexte de compétition permanente déterminée par une recherche sansfin de renommée et de gloire, les inégalités de prestige, qui font intervenir la partde contingence attachée au destin individuel, sont sans cesse remises en question.Le nombre élevé de sépultures comparables, parfois regroupées en cimetières,témoigne en effet de manière éloquente de la compétition exacerbée que ces petitspotentats se livraient pour le contrôle des communautés et de leurs ressources.La vaillance personnelle, l’aisance économique, ainsi que les alliances familialesdevaient créer les conditions d’un surcroît de puissance, base du pouvoir d’ungroupe d’égaux, parfois dominé par un primes inter pares. L’analyse des dépôtsfunéraires indique en effet peu d’écarts entre eux. Durant cette période de prèsde deux siècles, on voit se mettre en place les premières manifestations d’unepolitique funéraire de dépôt. Certaines sépultures se signalent par la possessiondes premiers vases métalliques d’origine méditerranéenne (sépultures centralesdes tumulus 1 et 3 de Poiseul-la-Ville « La Perrière », cf. Chaume, Feugère,1990 ; sépulture centrale de Magny-Lambert « Monceau Laurent », cf.Nicolardot, 1987). Ces premières intrusions, quelles qu’en soient les modalitésd’acheminement au nord de l’arc alpin, préparent ce qui sera, durant les deuxsiècles suivants, une des caractéristiques des pratiques funérairesaristocratiques : la vaisselle venant se surajouter au dépôt personnel.Dans ce contexte particulier, la guerre et la vaillance personnelle étaientvraisemblablement les éléments structurants de l’idéologie funéraire

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aristocratique auxquels seuls les hommes avaient accès. Les femmes, encoreextrêmement discrètes dans les pratiques funéraires, au point que l’on sedemande parfois si elles y avaient droit, ne deviendront visibles d’un point devue archéologique qu’à partir de la fin du VIIe-début du VIe siècle avant J.-C. aumoment où la structure sociale connaîtra de profondes mutations concomitantesà l’intensification des échanges à longue distance avec les sociétésméditerranéennes.

La richesse (VIe siècle avant J.-C.)

À partir du VIe siècle avant J.-C., d’importants changements interviennent ets’expliquent par le fait que désormais ce n’est, en apparence, plus la puissanceguerrière qui fonde le pouvoir, mais le contrôle des échanges à longue distance.Alors que l’ouverture aux échanges méditerranéens devait logiquementexacerber les conflits internes pour l’accès aux biens de prestige, la guerre, quidevait exister à l’état endémique, n’est plus prise en compte dans l’idéologiefunéraire. Elle se trouve comme gommée au bénéfice de représentations dusymposion, c’est-à-dire de représentations de structures collectives dominées parune aristocratie forte de ses prérogatives et de sa puissance. Bien plus qu’auxpériodes précédentes, la richesse est désormais un élément important dans lesmanifestations ostentatoires de l’idéologie funéraire. Outre la présence de richesparures en or, la part prépondérante des services à boisson dans les tombesprincières laisse à penser que cette pratique ne signalait pas seulement le statutsocial du défunt. Comme l’a montré P. Schmitt-Pantel (1992), pour la Grècearchaïque, le banquet/symposion est avant tout une activité collective civique quimet en jeu l’appartenance au groupe des citoyens, que ce dernier soit restreintou non aux seuls aristocrates. La représentation du banquet est une manièred’illustrer la collectivité civique, telle qu’elle se manifeste dans l’échange et lepartage entre égaux. Ceux qui participent au banquet ne se trouvent donc passeulement unis par la revendication d’un même statut social mais aussi par desliens politiques : ils sont les détenteurs du pouvoir politique. La référence aubanquet dans les tombes ne se limite donc pas seulement à signifierl’appartenance du défunt à un groupe social privilégié, il établit l’équivalenceentre un certain mode de vie et un statut politique, deux notions indissociablesdans les sociétés anciennes. Seuls ceux qui détiennent le prestige, le pouvoir etla richesse prennent part à ces manifestations collectives qui définissent le lieudu politique, c’est-à-dire le lieu de la reconnaissance sociale.La politique de dépôt qui caractérise les tombes princières du VIe siècle avant J.-C. nous donne également l’occasion, grâce à l’accumulation d’objets deprestige, de repérer les fonctions religieuses supposées de certains de cespersonnages. Comme l’a bien montré P. Brun (1996, p. 194), la récurrence dethèmes symboliques religieux, étroitement corrélés avec les symboles depouvoir retrouvés dans les sépultures aristocratiques de cette période, suggèreque les détenteurs du pouvoir politique possédaient aussi une fonctionreligieuse, autrement dit qu’ils s’étaient érigés en médiateurs spécialisés entre leshommes et le surnaturel. La présence dans certaines tombes d’instruments desacrifices, comme à Eberdingen-Hochdorf (Krausse, 1996), va dans ce sens. Onpeut ainsi penser que le prince tirait son prestige de la détention de capacitésparticulières dans le domaine du surnaturel.Ceci étant, les dépôts funéraires ont été interprétés comme le moyen pour lesvivants de signaler la position sociale des défunts. S’il en avait été seulementainsi, on ne voit guère d’explication à la forme prise alors par les assemblagesfunéraires (forte homogénéité de composition au sein d’une même entité

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socioculturelle). De même, on ne comprend pas pourquoi il existe de tellesdifférences d’amplitude d’un bout à l’autre de la période étudiée ici. Enrevanche, si l’on s’intéresse moins aux attitudes face à la mort, mais davantageaux relations liant les vivants et les morts, on saisit mieux la forme et la fonctiond’une pratique sociale complexe, et l’on tient un aspect essentiel du systèmesocial qui s’est instauré en Europe occidentale dès la fin du VIIe siècle avant J.-C. Je fais en effet l’hypothèse que ce n’est pas la richesse en tant que telle quiest affichée dans la tombe, mais la valeur sociale de son possesseur, du défuntet/ou de sa famille. La richesse ainsi accumulée et thésaurisée dans la tombe agitcomme une métaphore de la prospérité qui marqua le règne du défunt et quicaractérise toujours, au moment de ses funérailles, les membres de sa famille.La richesse, ainsi étalée et détruite, légitime aux yeux de tous le pouvoir qui futcelui du défunt. Elle apparaît nettement comme l’instrument de l’autorité duprince. Comme le rappelle L. Gernet (1968, p. 135), « l’idée de valeurspécialement rapportée aux objets en métal précieux est en rapport avec lanotion la plus ancienne de “richesse” et, comme elle, tend vers un centre idéal.Dans la représentation mythique de la royauté, dans les scénarios qui lasuscitent et la soutiennent, le roi, responsable de la vie du groupe et facteur deprospérité agraire et pastorale, est aussi le détenteur privilégié de cette espècede richesse que signifie la toison d’or. La possession du trésor est le témoignageet la condition d’un pouvoir bénéfique comme le sont celles du champ sacré, del’arbre sacré, du troupeau sacré avec lesquelles elle reste en contact ». End’autres termes, les dons somptueux faits aux morts ont conforté le groupearistocratique et favorisé sa reproduction.

La puissance guerrière (Ve-IVe siècles avant J.-C.)

Le passage du premier au deuxième âge du Fer dans le courant de la premièremoitié du Ve siècle avant J.-C. est marqué par une baisse apparente de larichesse des dépôts funéraires aristocratiques. La modestie relative des dépôtsfunéraires des tombes à char de Champagne, tient en grande partie à l’absencedes parures annulaires en or et des services à boisson qui faisaient l’originalitédes dépôts aristocratiques de l’étape précédente, et que l’on retrouve sous uneforme atténuée dans les sépultures à crémation ou à inhumation de la région duRhin-Moyen, ou à crémation seulement du Centre-est de la France, au coursdes Ve et du IVe siècle avant J.-C. Dans une étude récente, j’ai tenté de montrerque la transformation des pratiques funéraires, et plus particulièrement cepassage des dépôts fastueux du VIe siècle avant J.-C. aux dépôts plus modestesdu Ve siècle avant J.-C., manifestait, non pas une baisse de la hiérarchisationsociale, mais le déplacement du lieu du pouvoir (Baray, 2004). Lareconnaissance sociale du lieu du pouvoir ne passe plus par la pratique dusymposion au sein d’un groupe aristocratique fermé, composé pour l’essentiel, duprince et de ses pairs. Elle s’est déplacée vers des organes spécialisés qui luiconfèrent une nouvelle dimension plus communautaire (Sénat, Assemblée dupeuple). La pratique du symposion, qui faisait une des spécificités des dépôtsfunéraires des princes du VIe siècle avant J.-C., n’a plus de raison d’être montréedans la tombe. Ces changements sont révélateurs de la mise en place d’unenouvelle idéologie reflet, pour la première fois au cours de la Protohistoireeuropéenne, de nouveaux rapports sociaux fondés sur l’apparitiond’institutions politiques autonomes ou en passe de l’être.L’omniprésence des armes et notamment du char à deux roues dans lessépultures aristocratiques met de nouveau l’accent sur la dimension guerrièrede l’idéologie funéraire. La forte homogénéité qui se dégage de l’examen des

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ensembles funéraires, avec leur caractère stéréotypé, est significative dehiérarchies fondées sur la compétition individuelle et la recherche du prestige.Ce retour à une idéologie funéraire prônant les valeurs guerrières des puissantsn’a toutefois rien de comparable avec la situation qui prévalait aux cours desVIIIe et VIIe siècle avant J.-C. Entre temps, le contexte social a changé.C’est vraisemblablement au cours de cette période que se met progressivementen place le processus qui aboutira, à partir du IIIe siècle avant J.-C., àl’autonomisation des institutions politiques (Baray, 2004). La société serestructure autour de nouvelles normes. Les cimetières ne reflètent plus uneorganisation sexuelle, comme ce fut apparemment souvent le cas au cours duVIe siècle avant J.-C. (Demoule, 1989 ; 1999 ; Sellier, 1996, p. 137-142). Unenouvelle dynamique centripète se met en place et donne naissance à desgroupements familiaux. Cette distinction est à l’œuvre dès le deuxième quart duVe siècle avant J.-C., dans les cimetières à tombes plates de l’Aisne-Marne(Demoule, 1999) et de manière plus générale dans l’ensemble du Bassinparisien (Baray, 2003b). C’est au cours de cette période que l’on observe lespremiers ensevelissements de tombes aristocratiques au sein de cimetièrescommunautaires.La densité des sépultures à char en Champagne témoigne cependant que lesterritoires contrôlés ne sont pas toujours très vastes et n’excèdent souvent pas10 km de rayon. Comme au cours des étapes précédentes, les aristocrates tirentfort probablement une partie de leur puissance de la guerre et du butin qu’ilsen retirent, qui constitue une source importante d’enrichissement et depromotion sociale. Par les mécanismes de distribution du butin, ils sont enmesure de s’entourer d’une nombreuse clientèle, signe par excellence deprestige et de puissance (Baray, 2003a). Ce sont vraisemblablement une partiede ces clients que l’on trouve ensevelis à proximité des sépulturesaristocratiques.La présence de femmes dans des tombes à char ne doit pas surprendre outremesure. Si la guerre s’affiche de nouveau dans les manifestations ostentatoiresde l’idéologie aristocratique, on peut penser que la présence du char sert avanttout à manifester, non pas nécessairement sa participation comme combattante,mais sa proximité avec le pouvoir.C’est la politique de distribution « bis », pour reprendre la typologie de A.Testart (2004, p. 310), qui prévaut, comme l’indique la présence récurrente duchar et des armes dans les tombes aristocratiques. Il s’agit en effet bien dedépôts funéraires dont on peut logiquement penser qu’ils ne sont pasreprésentatifs de l’ensemble de la fortune du défunt, mais d’une part suffisantepour en signaler néanmoins l’existence, comparée à celle qui estvraisemblablement utilisée dans le cadre de la distribution. Contrairement àcelle qui avait cours dans la seconde moitié du VIe-premier quart du Ve siècleavant J.-C., celle-ci réserve la meilleure part des biens du défunt, non pas àl’enfouissement dans la tombe, mais à la circulation entre les vivants. Seules lessépultures aristocratiques de la région du Rhin-Moyen font encore montred’une véritablement politique de dépôt, avec étalage symbolique de la richessedu défunt. Il n’est pas indifférent de constater que c’est précisément dans cetterégion que la découverte de statues en pierre, érigées à proximité ou au-dessusd’un tumulus princier au Glauberg (Hesse, Allemagne), a été récemmentinterprétée comme le témoignage d’un culte des ancêtres (Herrmann, 2003). Siles pratiques funéraires représentaient toujours, au Ve siècle avant J.-C., dessignes de distinction et des atouts pour le pouvoir, le dépôt fastueux, en tant quemanifestation de prospérité qui marqua le règne du défunt, avait déjà perdu lerôle structurant qu’il avait eu dans la société du VIe siècle avant J.-C.

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Le clientélisme (IIIe-Ier siècles avant J.-C.)

À partir du IIIe siècle avant J.-C., les dépôts funéraires, plus frustres, débarrassésdes éléments prestigieux, présentent désormais de nouvelles combinaisons demobilier faisant la part belle aux ustensiles du banquet public. Si le char etl’armement ne sont pas totalement absents des assemblages funérairesaristocratiques, ce sont maintenant les chenets, chaudrons et autres grills, quiforment le gros des dépôts. Ces objets que l’on retrouve dans les sépulturesaristocratiques des trois derniers siècles avant J.-C. renvoient à la sphère dupolitique. La référence n’est plus le symposion des princes du VIe siècle, mais lebanquet public où l’ensemble de la communauté est invité au partage(Phylarque in Athénée Deipnosophistes IV 34 150d-f ; Poseidonius in Athénée,Deipnosophistes IV 152d-f ). Alors que les premières monnaies d’or circulent enGaule, on ne trouve aucune sépulture aristocratique avec un dépôt monétaire,signe évident que le défunt n’emporte pas sa richesse dans la tombe. L’essentielde sa fortune a donc fait l’objet d’une distribution, probablement lors d’un deces grands banquets qui devaient marquer le terme des cérémonies funéraires.L’importance accordée aux ustensiles du banquet met l’accent sur le caractèrecompétitif des rapports sociaux, fondés sur la nécessité pour chacun d’élargirautant que possible la base sociale de son pouvoir de fait, sachant quedésormais le pouvoir de droit est détenu par les magistrats. Le partage neconcerne plus seulement les pairs, mais l’ensemble de la communauté4. Dansces sociétés parcourues par différents réseaux de clientèle et de pouvoirantagonistes, le banquet est le lieu par excellence du partage et de la mise enplace de relations de dépendance entre celui qui donne et ceux qui reçoivent.Par les dons en nourriture et en boisson qu’il fait, l’aristocrate fait descommensaux ses débiteurs. Les liens de dépendance se créent à cette occasion ;la générosité, la munificence du donateur se fait en public, en présence du plusgrand nombre.Les auteurs antiques s’accordent à reconnaître aux riches la possibilité uniquede s’entourer d’une nombreuse clientèle. César, le dit explicitement, le puissantest celui qui peut « acheter des hommes », c’est-à-dire qui peut s’entourer d’unemasse toujours plus importante de clients et de débiteurs (César, Guerre desGaules, II, 1). Ces derniers forment une garde armée, sorte d’armée privée, quiparticipe à la politique d’accession au pouvoir du chef. Dans un tel système dereprésentation publique, le banquet possède une dimension sociale indéniable,non pas uniquement, ainsi que de nombreux auteurs se plaisent à le souligner,comme étant le lieu par excellence de la distribution prestigieuse où le rang dechacun se joue, mais aussi et surtout, en tant que démonstration publique de lapuissance, de la richesse de celui qui offre le banquet au peuple ou à ses pairs.Les banquets offerts participent ainsi à l’élaboration, au maintien ou àl’amélioration de la position sociale des élites. Cette activité sociale hautementrevalorisée symbolise au mieux le prestige des aristocrates des trois dernierssiècles avant J.-C. Les ustensiles du banquet s’avèrent ainsi les plus aptes à manifesterostensiblement les actions publiques du défunt5. Ils sont en effet les plus chargéssymboliquement d’un message socio-économique fort. De fait, la dimensionguerrière du pouvoir est à cette période largement minorée, comme elle l’avaitdéjà été au cours du VIe siècle avant J.-C., à la différence cependant quedésormais, l’accession au pouvoir passe par la médiation d’institutionsautonomes et par les relations de clientèle.Le message idéologique délivré par les assemblages funéraires des tombesaristocratiques met l’accent sur le lien étroit qui existe entre la richesse, la

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puissance individuelle et le lieu d’un pouvoir privé fort, et ce malgré l’existenced’un Sénat et de magistratures. Le banquet public est le lieu par excellence oùchacun peut afficher publiquement le pouvoir privé qu’il détient sur tout oupartie de la communauté, en fonction de ses richesses personnelles et de ce droitfondamental qu’elles lui confèrent de commander aux hommes (prééminencede la relation de clientèle). Les tentatives avortées d’un Orgétorix (César, Guerredes Gaules, I, 2-4) ou d’un Dumnorix (César, Guerre des Gaules, I, 3) d’accaparerle pouvoir suprême à leur profit, en s’érigeant comme force indépendante etantagoniste face au Sénat, sont en cela particulièrement révélatrices del’existence d’un pouvoir privé fort et de la force de la contestation aristocratiquequi perdure au sein de ces sociétés.

En guise de conclusion…Dans cette communication, j’ai voulu montrer que l’interprétation des dépôtsne pouvait se cantonner à une reconstitution prétendument exacte du passé,basée sur les seules évidences de la qualité et de la nature des matériaux qui lescomposent. J’ai en fait tenté d’établir que les assemblages funéraires traduisent une idéologiepolitique plutôt que le simple statut du défunt ou l’affichage de sa richesse.Dans ce modèle, les différences de composition des dépôts funéraires destombes aristocratiques ont été mises en relation avec autant d’idéologiesfunéraires différentes, voire opposées. Entre le VIIIe et le Ier siècle avant J.-C.,deux rapports différents au pouvoir ont été reconnus. Qu’il s’agisse de rapportsfondés sur le prestige ou sur l’existence d’institutions autonomes, lesassemblages funéraires ne livrent pas ou si peu de richesses qu’il convient de sedébarrasser de cette habitude de vouloir toujours voir de la richesse là où il n’yen a pas, c’est-à-dire dans les tombes.Il convient aussi de relativiser l’idée largement répandue que le mobilierfunéraire signale en priorité le statut du défunt. J’ai défendu ici l’idée que ledépôt avait pour objectif principal de signaler de manière symbolique la plus oumoins grande proximité du défunt avec le pouvoir. Le dépôt funéraire, quandil existe, a pour but de délivrer un message explicite sur la nature des rapportsque les élites entretiennent avec le pouvoir politique.Dans cette perspective, le modèle, proposé par A. Testart, de deux politiquesfunéraires a été repris en partie et confronté à la réalité des donnéesarchéologiques.Avec la politique de distribution, on considère que « les grands le sont du faitqu’ils sont d’une façon ou d’une autre au service de la communauté » (Testart,2004, p. 312). Dans ce contexte particulier, le pouvoir du défunt de son vivantlui vient de ses propres attributs personnels comme dans le cas des sociétésguerrières des Plaines d’Amérique du Nord, ou de l’existence d’institutionspolitiques au sein desquelles il a pu jouer un rôle quelconque (magistratures destrois derniers siècles avant J.-C.). Les survivants ont dès lors tout intérêt àprocéder à des distributions de richesses qui leur rapporteront du prestige,plutôt qu’à enfouir la richesse à perte. Dans ces sociétés, le pouvoir n’est nihérité ni transmissible, même si les fils de tels grands personnages se trouventlogiquement en position privilégiée vis-à-vis d’autres prétendants. On y estgrand du fait que l’on a réussi par ses propres moyens à y accéder.Les travaux des ethnologues montrent qu’à la différence des autres principes destratification, le prestige, à lui seul, n’établit pas une structure hiérarchiquestable, un ensemble ordonné de statuts acquis (Lenclud, Mauzé, 2002, p. 600),

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d’où la nécessité de pratiquer une politique de distribution afin d’asseoirdurablement son pouvoir. La puissance et le prestige d’un individu sontdéterminés en dernière instance par le nombre de clients et de débiteurs qu’ilaura réussi à attirer à lui et à maintenir dans sa dépendance. On peut donc endéduire en toute logique que la politique de distribution réservait la meilleurepart des biens du défunt, non pas à l’enfouissement dans la tombe, mais à lacirculation entre les vivants. Elle a été, selon des intensités variables, la politiquela plus suivie sur l’ensemble des régions de l’Europe occidentale, entre le VIIIe

et le milieu du VIe siècle avant J.-C., puis du second quart du Ve au Ier siècle avantJ.-C. Les assemblages funéraires ne sont que le pâle reflet d’une fortune donttout porte à penser que l’essentiel a fait l’objet de distribution au cours desdifférentes cérémonies funéraires.Au contraire, la politique de dépôt des tombes princières de la seconde moitiédu VIe – premier quart du Ve siècle avant J.-C. témoigne visiblement d’unesituation sociale où, pour reprendre l’expression d’A. Testart (2004, p. 312),« les grands le sont du fait que la communauté est à leur service ». Ici le dépôtde richesse agit comme métaphore de la réussite sociale du défunt. Réussite quine peut s’expliquer qu’en référence avec l’existence des liens privilégiés qu’ilavait su nouer à son profit et au profit de la communauté dont il est garant dela prospérité, avec les puissances surnaturelles.L’existence de normes sous la forme d’idéologies funéraires prégnantes durantce millénaire a façonné, à travers des schèmes culturels différents, une imageidéale de la représentation de la hiérarchie sociale. Durant ces huit siècles, il aété possible de proposer un schème de représentation dominant au cours desquatre grandes périodes, définies sur la base des différences de composition desassemblages funéraires. On a pu constater une alternance de deux modèles dereprésentation. Du VIIIe au milieu du VIe puis du second quart du Ve à la fin duIVe siècle avant J.-C., la guerre sert de principal référent. Le chef, quel qu’il soit,s’incarne dans un idéal guerrier et de compétition, illustré par la présence d’unarmement dominant. Du milieu du VIe siècle au premier quart du Ve siècle avantJ.-C., puis du IIIe au Ier siècle avant J.-C., la présence récurrente du service àbanquet/symposion nous introduit dans la sphère des représentations collectiveset du partage, sans pour autant que la compétition en soit absente.À chaque étape chronologique, les aristocrates modifient l’image qu’ils donnentd’eux et de leur place au sein de la sphère politique, selon qu’ils incarnentvéritablement le pouvoir ou selon qu’ils participent à une organisation socialedans laquelle le politique est déjà, ou en passe d’être, regroupé au seind’institutions autonomes. Les différences perçues entre les périodes et les typesde dépôts funéraires s’expliquent ainsi. Les assemblages funéraires, selon lespériodes et/ou les régions, ne font pas référence explicitement à la richesse dudéfunt mais plutôt à un discours politique situant ce dernier dans l’orbite dupouvoir. Qu’il s’agisse de l’image du guerrier ou du banqueteur, le dépôtfunéraire indique de manière symbolique ou métaphorique les rapports aupouvoir à travers la manière dont ceux qui en sont investis les donnent à voir.C’est à notre sens ce qu’il importait avant tout de signaler ostensiblement pourles vivants.

Luc BARAY

CNRS-UMR 5594Archéologie, Cultures et Sociétés

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NOTES

1. Mes remerciements les plus amicaux à Alain Testart pour sa lecture attentive et sesstimulantes remarques à propos de ce texte dont je reste le seul responsable.

2. Par ailleurs, le fait que ces objets présentent de manière quasi-systématique desréparations est le signe d’une longue utilisation, ou à tout le moins, d’une longuecirculation qui n’est pas sans rappeler les stigmates observés sur les biens de prestigeconnus par l’ethnographie.

3. Les dépôts funéraires riches ne se perpétuent, pour l’essentiel, que dans la zone du Rhinmoyen où l’on trouve durant tout le Ve et une partie du IVe siècle avant J.-C. de trèsnombreuses sépultures aristocratiques renfermant de la vaisselle métallique d’importationet des parures en or.

4. Distinction fondamentale que l’on retrouve dans les récits de Phylarque et dePoseidonios à propos des manières de table des Gaulois (Phylarque (in AthénéeDeipnosophistes IV 152b-c et 154a-c) ou des banquets donnés respectivement par Ariamnès,« un Celte très riche » (in Athénée Deipnosophistes IV 34 150d-f) ou par le roi Luern (inAthénée, Deipnosophistes IV 152d-f). Dans le premier cas, le banquet ne comprend que desaristocrates et leurs serviteurs, il renvoie à l’idée du banquet aristocratique dans sa formela plus classique. Dans le second cas, le banquet est donné par le roi à l’ensemble de lacommunauté. Il renvoie à cette nouvelle forme de commensualité publique dont lesdonnées archéologiques permettent de suivre le développement entre le IIIe et le Ier siècleavant J.-C.

5. Leur présence, comme celle, plus rare, d’armes ou d’amphores vinaires, confère à cesassemblages funéraires un certain prestige, d’où leur classement dans la politique de dépôt« bis » d’A. Testart.

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