Post on 24-Jan-2023
Enseigner l’immédiateté en histoire géographie et éducation civique :
enjeux, finalités et méthodes.
Julien EBERSOLDMaster MEEF Enseigner l’histoire-géographie
Quelles influences historiographiques et épistémologiques perceptibles dans les programmes ?
Quels problèmes pour l’enseignant qui aborde le temps présent et l’histoire immédiate ?
Dans quelle mesure l’épistémologie de la discipline peut aider à la mise en œuvre des programmes ?
Comment l’étude du très contemporain permet d’acquérir des méthodes pour les élèves et pour
l’enseignant ?
Pour schématiser, « l’hyperactualité » relève de deux domaines dans l’enseignement :
les sujets du passé proche, du présent Enseigner l’immédiateté
les questions sensibles, qui sont des sujets d’actualité, mais qui relèvent souvent d’une relecture du passé à l’aune du présent.Enseigner les questions sensiblesHistoire et mémoire
Ce sont des sujets à forts enjeux qui sont souvent propres à notre discipline et qui sont intimement liés aux questions d’éthique et
de responsabilité.
La connaissance des renouvellements historiographiques et épistémologiques sont indispensables pour cerner ces enjeux
A. De la terminologie aux enjeux : qu’est-ce que faire l’histoire du passé proche ou du présent ?
Une question de sémantique : quels termes choisir pour parler de l’histoire la plus
récente ?
UNE DEFINITION DE L’HISTOIRE IMMEDIATE« Au total, nous entendons donc par
histoire immédiate l'ensemble de la partie terminale de l'histoire contemporaine, englobant aussi bien celle dite du temps présent que celle des trente dernières années ; une histoire qui a pour caractéristique principale d'avoir
été vécue par l'historien ou ses principaux témoins. »
Jean-François Soulet, 1994.« L’histoire du temps présent est donc bien celle du monde dans lequel nous
vivons, et non plus celle du monde dans lequel nous sommes nés », Guy Pervillé
SPECIFICITES DE L’HISTOIRE DU TEMPS PRESENT
1. L’observateur et l’observé sont contemporains : la mémoire des
survivants se confronte au discours savant
2. Le rôle de la source orale3. Place de l’événement et de ses
représentations (média)4. Réponse à une demande sociale (curiosité, porteur de mémoire,
expertise…)Henry Rousso, 2000.
Des définitions propres à chacun des courants :
La contemporanéité entre les objets
étudiés et l’historien
L’exploitation de sources spécifiques
Un profond renouvellement historiographique
… Qui se définit par :
L’histoire immédiate est une histoire qui est vécue par l’historien, qui en est par conséquent à la fois un acteur et
un témoin, qui doit, de par sa fonction, assumer un rôle
d’observateur, qui vise à l’objectivité.Le témoignage et la source orale prennent une place importante comme documents
que l’historien doit apprendre à obtenir, à traiter et à exploiter.
Des bornes chronologiques
fluctuantes
La demande sociale
Histoire participant du renouvellement du politique par le biais de l’histoire culturelle et de l’histoire des représentations, retour de l’événement, apport des sciences
sociales et politiques …
Il s’agit d’une histoire mobile.En aval, l’immédiat se déplace continuellement.En amont, un critère = présence de témoins ou d’acteurs vivants (Danièle Voldman, JF Soulet)
Sujets sensibles, place centrale de la mémoireRôle et responsabilité sociale de l’historien
Promouvoir l’étude du passé récent dans le champ universitaire
Décrypter les nouvelles sources (internet, média …)
Fournir des outils de travail aux professeurs du secondaire
Prédominance des faits guerriers, des systèmes politiques totalitaires (logiques
comparatives)Décrypter les usages politiques du passé et les logiques mémorielles
Réflexion sur le rôle de l’historien
Des objectifs différents
Cahiers d’histoire immédiateSite du Grhi-Framespa
Bulletin de l’IHTP, Vingtième siècle …Site de l’ihtp
Des supports de diffusions de leur
recherches
Histoire immédiate Histoire des médias et des NTIC Histoire des systèmes communistes et post-communistes Histoire de l’Algérie (relation France-Afrique) Intégration européenne et problèmes de défense
Histoire culturelle de la guerre (20e – 21e siècle) = Guerres et violences Consentements et résistances dans les sociétés européennes : stalinisme, nazisme, sociétés coloniales = Totalitarismes et violences Histoire politique et culturelle des sociétés contemporaines = Culture de masse Mutations du rôle de l’historien (épistémologie et écriture de l’histoire du temps présent)
Des axes de recherches actuels
différents
Des synonymesLa totalité du champ du
contemporain, y compris le plus proche
Termes à distinguer ; couple passé/présent
Passage des origines à l’actualité (rendre le présent intelligible)
Quels sens accordent-ils à leur notion respective ?
Jean LacoutureJean-François Soulet, Guy
Pervillé …
François Bedarida, Henry Rousso René Remond …
Des réseaux d’acteurs différents
GRHI (1989 – Toulouse le Mirail)Groupe de recherche en histoire immédiate
A intégré en 2005 le FRAMESPA
IHTP (1978 – unité de recherche au CNRS)
L’Institut d’histoire du temps présent
Des groupes de recherches différents
Histoire immédiate(la formule la plus ancienne)
Histoire du temps présentQuels sont les sous-entendus des
deux dénominations ?
Les approches thématiques de l’IHTP et du GRHI
Les traces, évènements,
guerre et violence
Naissance et mutation des sociétés de bien être
Justice, politique et
société
Epistémologie et
écriture de l’histoire du
temps présent
Relations France-Afrique
Histoire du système
communiste et post-
communiste
Pourtant les thématiques sont proches :
Des enjeux communs
Histoire européenne et histoire
globalePériodisati
on et rupture
Temporalités,régimes
d’historicité
Place événement,
rapport à l’actualité
Demande sociale / Expertise sociale /
Objectivité
SourcesHistoire
orale
Mémoire et témoins
De même que les enjeux épistémologiques
3) Le rôle fondamental de l’IHTP dans la promotion et la reconnaissance de l’histoire du temps présent.
Le contexte de naissance de l’histoire du temps présent
• Remise en cause des certitudes dans les années 1970 (mai 68, dépression économique)
• Reflux des idéologies utopiques, du progrès, totalisantes, totalitaires(« effacement de l’avenir » selon Taguieff)
• Émergence d’un discours valorisant la mémoire et le patrimoine
• Revendication plus « individualiste » visant à prendre en compte des groupes « identitaires »
• Retour en force de l’événement, renouvellements historiographiques
• Poids des traumatismes de passé en France (Vichy, Occupation, Shoah, guerre d’Algérie, guerres coloniales …)
1970 Années 1980 Années 1990 Années 2000
La naissance et la quête de légitimité scientifique
F. Bédarida (1980-1990) R. Frank (→1994) H. Rousso (→2005)
Fondation de l’IHTP (1978)
Temps de l’institutionnalisationet de la reconnaissance
F. D’AlmeidaC. Ingrao (depuis 2008)
Élargissement et renouvellement
Affaire Aubrac (1997-1998)
Rapport de 2005 de D’Almeida et Ingrao
Écrire l’histoire du temps présent . Hommage à François Bedarida (1993)
Le bulletin de l’IHTP, 75 (2000), Rousso et Lagrou
« Basculement mémoriel » -« ère de la commémoration » -
Expériences traumatiquesTensions : expertise, remises en question et place de l’historien
Besoin de comprendre
le présent
Procès Papon (1997)
Négationnisme
Affaire Touvier (1994)
Fin de la Guerre froide
11 septembre 2001Nouvelles
conflictualités
Lieux de Mémoires
Construire la notion de temps présent et poser
les fondements épistémologiques (témoins…)
→ Proche de la Zeitgeschichte
(prédominance de la DGM, du politique, de Vichy…)
Réfléchir aussi aux liens entre la fonction de l’historien et la demande sociale
(mémoire…)
→ Européanisation de la notion d’histoire du temps présent (RI, violences du guerres,
mémoires vives …)
Redéfinir le « temps présent »
→ Conception plus globalisante et
ouverte sur le monde
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Colloque de Sèvres en 1980 (Prost : Peut-on enseigner l’histoire du temps
présent ? Doit-on l’enseigner ? Comment le faire ?)Étude du très contemporain seulement
depuis 1982 pour la terminaleRéticences des enseignants progressivement balayées
Poids accru de l’histoire du temps présent (nouveaux programmes 2011-2013)
IHTP (1978) – GRHI (1989)
Renouvellement de l’histoire politique
Histoire culturelle et des représentations
Depuis les années 1980 → Le temps de la
reconnaissance officielle
L’histoire postérieure à 1939 disparaît dans les programmes de 1945 à 1962Etude du plus contemporain introduit
en 1966 en 3e Étude des grandes civilisations et « des
grands problèmes mondiaux du moment » (en géographie)
Disqualification de l’histoire proche (« journalisme »,
histoire soumise « aux trois idoles ») par les Annales
Journalistes s’emparent des sujets d’hyperactualité dans
les années 1960
1941 – années 1980 → Le temps long et
structurel qui nie l’immédiat
V. Duruy inscrit l’histoire immédiate dans l’enseignement (programme de
terminale de 1865 jusqu’en … 1863)Histoire récente (militante) comme instrument d’éducation politique et patriotique, mise en place par les
méthodiques (introduite au lycée en 1886, programme de 1905 qui aborde l’affaire Dreyfus)
Disqualification de l’histoire proche par les
« méthodiques »
Intérêt pour les fondateurs des Annales envers l’histoire
du temps présent
2e/3 du XIXe-1941 → Le temps des paradoxes
… dans le savoir savant … et dans les programmesL’évolution de la
place de l’histoire immédiate …
B. Peut-on traiter de sujets d’actualité ?
Quels débats et quels enjeux autour du très contemporain ? Quels sont les atouts et les inconvénients méthodologiques de traiter de l’immédiateté ? Sur quels fondements épistémologiques l’histoire du temps présent s’est-elle progressivement construite ?
Éviter le déterminisme de la reconstruction a posteriori= Défataliser l’histoire (Ricœur, qui distingue temps-clos et temps inachevé)
L’inconnu empêche de faire une histoire
sérieuse
L’historien ne connaît pas la suite de l’histoire
→ Un temps tronqué de son futur
Importance du témoignage des acteurs Multiplicités des sources (sources orales, archives privées, mémoires des hommes politiques, Internet, Journal officiel, rapports des commissions, enquêtes …) Originalité et pertinence de la problématique
L’exhaustivité des sources et leur interprétation définitive
-----Certains documents sont
indispensables pour faire de l’histoire – culte de la source
écrite
L’inaccessibilité des archives publiques
→ L’historien manque d’archives (ou dénonce la surabondance)
Renouvellement grâce aux apports des sciences sociales tout en conservant la démarche historienne (facteur temps + globalité) Réflexion méthodologique Conscience du danger
L’historien de l’immédiat assimilé à un journaliste, à la
recherche du sensationnel
-----La recherche est
déconnectée d’enjeux affectifs
L’historien manque de distance critique
→ Manque d’objectivité, d’impartialité de l’historien→ Instrumentalisation→ Manipulation médiatique
Qu’est-ce que le présent ?
Comment distinguer
l’essentiel de l’éphémère ?
Quelles méthodes pour
traiter les témoignages,
les sources orales,
médiatiques ? Quelles
validités ?
Comment éviter de rester
soumis à la demande sociale ?
Le vécu de l’historien donne de l’épaisseur historique(L’Etrange défaite de Marc Bloch)Combiner temps court et temps long Il y a toujours des sujets « chauds »
On ne peut bien traiter de l’histoire qu’avec le temps et de manière
dépassionnée. -----
Focalisation sur l’évènement, le temps court et oubli du temps
long
L’historien manque de recul chronologique
→ La proximité, la contemporanéité posent problème
Des questionnement
s épistémologique
s
Les atouts en réponse à ces freins
Révélateur d’illusions sur la travail de l’historien
Des handicaps et des réticences à pratiquer l’histoire immédiate
C. Les enjeux de l’enseignement scolaire de l’immédiateté
Pourquoi enseigner l’immédiateté ? Pourquoi les nouveaux programmes accordent-ils de plus en plus de place à l’histoire du temps présent ?
Quels sont les points communs entre l’histoire, la géographie et l’éducation civique quand on aborde des faits d’actualité ? Quelles sont leurs différences s’il y en a ?
Donnez des exemples de thèmes de programmes abordant le temps présent. A quelles difficultés l’enseignant d’HGEC est-il confronté quand il aborde en classe ces sujets ?
L’enseignant est confronté à de nombreuses difficultés quand il aborde le temps présent
La question du « recul » par rapport à l’histoire vécue par l’enseignant, face à l’actualité
Le risque d’instrumentalisation, sa propre subjectivité
La dépendance de l’information journalistique
Le problème des sources : l’accès aux sources etleur fiabilité
Le besoin de méthodes pour traiter l’information « touffue » et surabondante
Comment évoquer le présent quand on ignore la suite de l’histoire ?
Comment présenter le présent ou le passé proche quand on ne dispose par encore de synthèses universitaires ?
Comment être certain de distinguer le fait historique du simple fait divers ?
Comment éviter les pièges de la pression médiatique, de la manipulation de l’histoire ?
Comment accéder aux sources ? Quelle fiabilité leur accorder ?
Comment utiliser internet avec les élèves et les faire rechercher des informations sur internet ?
Des difficultés semblables à celui de l’historien sont connues par l’enseignant à
son niveau
Des thèmes qui posent des problèmes méthodologiques quand on les aborde en
classe
Jouer sur les périodes historiques pour
comprendre les événements actuels
Jouer sur les échelles et les espaces pour prendre de la hauteur sur l’actualité
C’est par sa rigueur méthodologique pluridisciplinaire que le professeur d’HG peut aborder l’actualité
Cela pose le problème de la position du professeur face aux problèmes actuels qu'il soulève en classe : le plus souvent des
problèmes éthiques, parfois polémiques
L'individu etson vécu
Le professeur devant ses élèves
Sphère privée et publique
Sphère professionnelle
Emotion
Partialité
Neutralité
Situation familiale
Encartage
Convictions
Clichés
Comment l’enseignant doit-il se positionner quand il aborde un temps dont il est lui-même témoin ou acteur ?
Jean-François Soulet (1942- …)
• Enseigne l’histoire immédiate à l’université Toulouse le Mirail et à
l’IEP de Toulouse ; fondateur et directeur du GRHI jusqu’en 1994
• Historien moderniste s’intéressant à l’histoire des Pyrénées
• Réorientation autour de l’histoire immédiate – Avec Sylvaine Guinle-Lorinet, Précis
d’histoire immédiate, Paris, 1989.– L'Histoire immédiate, Paris, 1994 (QSJ) – L'histoire immédiate, Paris, 2009
• Spécialiste de l’histoire comparée du monde communiste et post-communiste et de l’histoire de la société civile.– « La question allemande et la
désintégration de l’empire soviétique est-européen », Cahiers d’histoire immédiate, n°15, printemps 1999
– L’Empire stalinien. L’URSS et les pays de l’Est depuis 1945, Paris, 2000
– La Mort de Lénine : l'implosion des systèmes communistes, Paris, 2003
« Le terme d'histoire immédiate est justement controversé. On ne peut, en effet, faire l'histoire de l'instant. Pour qu'il y ait histoire, il faut un temps de recherche et de réflexion, donc un certain délai. [...] Pourquoi, dès lors, ne pas lui préférer l'expression "temps présent", devenue notamment l'emblème d'un institut de recherche du CNRS spécialisé dans l'étude de la France contemporaine ? En premier lieu, parce que celle-ci ne nous paraît pas plus satisfaisante que celle d'histoire immédiate. Parler de temps présent pour évoquer la Seconde Guerre mondiale ou même la Guerre d'Algérie n'est guère convaincant. En outre, nous souhaitons nous démarquer des chercheurs qui limitent la période dite du temps présent à la date butoir de l'accessibilité aux archives publiques (30 ans le plus souvent) [...] Au total, nous entendons donc par histoire immédiate, l'ensemble de la partie terminale de l'histoire contemporaine, englobant aussi bien celle dite du temps présent que celle des trente dernières années; une histoire, qui a pour caractéristique principale d'avoir été vécue par l'historien ou ses principaux témoins ».
Jean-François Soulet, Histoire immédiate, 1994
Jean Lacouture (1921-…)
• Journaliste-reporter (Combat, Le Monde, France-Soir, Le Nouvel Observateur)– Marqué par son engagement politique (de gauche, anticolonial, anti-
américain)
• L’inventeur du concept d’histoire immédiate :– Il a fondé au Seuil la collection Histoire immédiate– Il est l’auteur de l’article « Histoire immédiate » dans l’ouvrage
coordonné par Jacques Le Goff, La nouvelle histoire, 1978.– Il considère souvent le journaliste comme « l’historien de l’immédiat ».
• Un écrivain prolifique et un historien :– Auteur de nombreuses biographies (Nasser, Ho Chi Min, Germaine Tillion,
De Gaulle, Mendès-France, Mitterrand, Blum, Mauriac …) – A participé à la revue l’Histoire– A donné des cours à l’IEP de Paris
• Il n’opère pas d’assimilation entre journaliste et historien
« Quand, écrit-il, l’historien s’avance bardé de ses diplômes, juché sur une chaire, armé de sa « science » ou mieux de sa méthode, le journaliste se faufile en brandissant une carte de presse dont l’attribution est plus arbitraire encore que les parchemins dont il vient d’être question. Mais - c’est l’un de ses drames - il lui arrive de se prendre pour un historien. Plus il vieillit, plus il s’assimile à ce frère supérieur. Et plus il se voit contraint de remettre en perspective ses écrits, de mesurer ses erreurs immédiates, et, pire encore, les effets à long terme des interventions, commentaires et campagnes du reporter ou de l’éditorialiste qu’il a été. »
Jean Lacouture, Enquête sur l’auteur, Arléa, 1989, pp. 215-216.
Le rapport au présent Périodiser le temps présent
• Quelles périodisations internes pour le temps présent ?– Seconde guerre mondiale– La Première guerre mondiale comme « matrice » de l’extrême violence du
XXe siècle et des totalitarismes.– Le court XXe siècle (Hobsbawm, Furet) dans le contexte d’implosion de
l’URSS (1917-1989)– Pour Thimothy Garton-Ash (History of Present 1999) le présent commence en
1989– Tout le XXe siècle ? Est-ce qu’il commence en 1989 ? Le 11 septembre
2001 ?
• Elaborations des périodisations en fonction du présent :- Febvre : « Tout part du présent, et c’est à travers lui, toujours que
[l’historien] connaît, qu’il interprète le passé ».- Marrou : toute connaissance historique est située dans le présent mais
s’élabore depuis le présent qui ne cesse de renouveler les questionnements de l’historien
• Un nouveau régime d’historicité « présentisme » (Hartog)
« Cette expression, très générale, désigne des attentes susceptibles d’être traduites en termes de projet de recherche, dont l’opportunité et la faisabilité sont, dans un premier temps, définies non par le milieu scientifique lui-même, [...] mais par une sollicitation extérieure à ce milieu, avec des finalités et des modalités autres ou présentées autrement que celles qui animent, en principe, toute entreprise de connaissance scientifique. Contrairement à un topos très répandu, la demande sociale n’est pas l’expertise. Cette dernière notion, beaucoup plus précise, désigne une part et une part seulement de la demande sociale, celle qui mobilise des connaissances au service d’une action, publique ou privée, et qui a donc pour finalité, non pas la seule compréhension du réel, mais la volonté de le changer. »
H. Rousso, Bulletin de l’IHRP, 75 (2000)
Fonction sociale de l’historien et demande sociale
→ Forte sollicitation par la société actuelle mais une demande sociale très ambiguë
→ Des attentes complexes mais inégales (hypermnésie-amnésie qui varient en fonction du contexte)
→ Distinguer « la demande sociale » et « l’expertise sociale »
Le témoin et les sources orales
• « Ère du témoin » A. Wievorka – statut du témoin : survivant, martyr, prophète ?
– Témoignage = un discours présent sur le passé (il n’est pas caractérisé par la contemporanéité), reconstruit consciemment ou non (silence, oubli, non-dits …)
• L’histoire du temps présent est-elle d’abord une histoire orale ?– L’Oral History est un courant des années 1970 qui constitue une réécriture militante de l’histoire « d’en bas » fondée sur la tradition orale des classes ouvrières, populaires, des exclus.
– Accueil très limité en France– Pour Danièle Voldman, il n’y a pas d’histoire orale mais des sources orales.