Enseigner l’immédiateté en histoire géographie et éducation civique : enjeux, finalités et...

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Enseigner l’immédiateté en histoire géographie et éducation civique : enjeux, finalités et méthodes. Julien EBERSOLD Master MEEF Enseigner l’histoire-géographie

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Enseigner l’immédiateté en histoire géographie et éducation civique :

enjeux, finalités et méthodes.

Julien EBERSOLDMaster MEEF Enseigner l’histoire-géographie

Quelles influences historiographiques et épistémologiques perceptibles dans les programmes ?

Quels problèmes pour l’enseignant qui aborde le temps présent et l’histoire immédiate ?

Dans quelle mesure l’épistémologie de la discipline peut aider à la mise en œuvre des programmes ?

Comment l’étude du très contemporain permet d’acquérir des méthodes pour les élèves et pour

l’enseignant ?

Pour schématiser, « l’hyperactualité » relève de deux domaines dans l’enseignement :

les sujets du passé proche, du présent Enseigner l’immédiateté

les questions sensibles, qui sont des sujets d’actualité, mais qui relèvent souvent d’une relecture du passé à l’aune du présent.Enseigner les questions sensiblesHistoire et mémoire

Ce sont des sujets à forts enjeux qui sont souvent propres à notre discipline et qui sont intimement liés aux questions d’éthique et

de responsabilité.

La connaissance des renouvellements historiographiques et épistémologiques sont indispensables pour cerner ces enjeux

A. De la terminologie aux enjeux : qu’est-ce que faire l’histoire du passé proche ou du présent ?

Une question de sémantique : quels termes choisir pour parler de l’histoire la plus

récente ?

1) Comment définir cette histoire immédiate ou du temps présent ?

1963 1978

1989

1994

2009

Une histoire en renouvellement et en expansion …

UNE DEFINITION DE L’HISTOIRE IMMEDIATE«  Au total, nous entendons donc par

histoire immédiate l'ensemble de la partie terminale de l'histoire contemporaine, englobant aussi bien celle dite du temps présent que celle des trente dernières années ; une histoire qui a pour caractéristique principale d'avoir

été vécue par l'historien ou ses principaux témoins. »

Jean-François Soulet, 1994.«  L’histoire du temps présent est donc bien celle du monde dans lequel nous

vivons, et non plus celle du monde dans lequel nous sommes nés », Guy Pervillé

SPECIFICITES DE L’HISTOIRE DU TEMPS PRESENT

1. L’observateur et l’observé sont contemporains : la mémoire des

survivants se confronte au discours savant

2. Le rôle de la source orale3. Place de l’événement et de ses

représentations (média)4. Réponse à une demande sociale (curiosité, porteur de mémoire,

expertise…)Henry Rousso, 2000.

Des définitions propres à chacun des courants :

La contemporanéité entre les objets

étudiés et l’historien

L’exploitation de sources spécifiques

Un profond renouvellement historiographique

… Qui se définit par :

L’histoire immédiate est une histoire qui est vécue par l’historien, qui en est par conséquent à la fois un acteur et

un témoin, qui doit, de par sa fonction, assumer un rôle

d’observateur, qui vise à l’objectivité.Le témoignage et la source orale prennent une place importante comme documents

que l’historien doit apprendre à obtenir, à traiter et à exploiter.

Des bornes chronologiques

fluctuantes

La demande sociale

Histoire participant du renouvellement du politique par le biais de l’histoire culturelle et de l’histoire des représentations, retour de l’événement, apport des sciences

sociales et politiques …

Il s’agit d’une histoire mobile.En aval, l’immédiat se déplace continuellement.En amont, un critère = présence de témoins ou d’acteurs vivants (Danièle Voldman, JF Soulet)

Sujets sensibles, place centrale de la mémoireRôle et responsabilité sociale de l’historien

Chapitre 1 : La longue tradition de l’histoire

immédiate.

… et qui a aussi son passé

Quelles différences entre ces deux courants ?

Promouvoir l’étude du passé récent dans le champ universitaire

Décrypter les nouvelles sources (internet, média …)

Fournir des outils de travail aux professeurs du secondaire

Prédominance des faits guerriers, des systèmes politiques totalitaires (logiques

comparatives)Décrypter les usages politiques du passé et les logiques mémorielles

Réflexion sur le rôle de l’historien

Des objectifs différents

Cahiers d’histoire immédiateSite du Grhi-Framespa

Bulletin de l’IHTP, Vingtième siècle …Site de l’ihtp

Des supports de diffusions de leur

recherches

Histoire immédiate Histoire des médias et des NTIC Histoire des systèmes communistes et post-communistes Histoire de l’Algérie (relation France-Afrique) Intégration européenne et problèmes de défense

Histoire culturelle de la guerre (20e – 21e siècle) = Guerres et violences Consentements et résistances dans les sociétés européennes : stalinisme, nazisme, sociétés coloniales = Totalitarismes et violences Histoire politique et culturelle des sociétés contemporaines = Culture de masse Mutations du rôle de l’historien (épistémologie et écriture de l’histoire du temps présent)

Des axes de recherches actuels

différents

Des synonymesLa totalité du champ du

contemporain, y compris le plus proche

Termes à distinguer ; couple passé/présent

Passage des origines à l’actualité (rendre le présent intelligible)

Quels sens accordent-ils à leur notion respective ?

Jean LacoutureJean-François Soulet, Guy

Pervillé …

François Bedarida, Henry Rousso René Remond …

Des réseaux d’acteurs différents

GRHI (1989 – Toulouse le Mirail)Groupe de recherche en histoire immédiate

A intégré en 2005 le FRAMESPA

IHTP (1978 – unité de recherche au CNRS)

L’Institut d’histoire du temps présent

Des groupes de recherches différents

Histoire immédiate(la formule la plus ancienne)

Histoire du temps présentQuels sont les sous-entendus des

deux dénominations ?

2) Des expressions liées à des courants multiples pour aborder une même réalité ?

Les approches thématiques de l’IHTP et du GRHI

Les traces, évènements,

guerre et violence

Naissance et mutation des sociétés de bien être

Justice, politique et

société

Epistémologie et

écriture de l’histoire du

temps présent

Relations France-Afrique

Histoire du système

communiste et post-

communiste

Pourtant les thématiques sont proches :

Des enjeux communs

Histoire européenne et histoire

globalePériodisati

on et rupture

Temporalités,régimes

d’historicité

Place événement,

rapport à l’actualité

Demande sociale / Expertise sociale /

Objectivité

SourcesHistoire

orale

Mémoire et témoins

De même que les enjeux épistémologiques

3) Le rôle fondamental de l’IHTP dans la promotion et la reconnaissance de l’histoire du temps présent.

Le contexte de naissance de l’histoire du temps présent

• Remise en cause des certitudes dans les années 1970 (mai 68, dépression économique)

• Reflux des idéologies utopiques, du progrès, totalisantes, totalitaires(« effacement de l’avenir » selon Taguieff)

• Émergence d’un discours valorisant la mémoire et le patrimoine

• Revendication plus « individualiste » visant à prendre en compte des groupes « identitaires »

• Retour en force de l’événement, renouvellements historiographiques

• Poids des traumatismes de passé en France (Vichy, Occupation, Shoah, guerre d’Algérie, guerres coloniales …)

1970 Années 1980 Années 1990 Années 2000

La naissance et la quête de légitimité scientifique

F. Bédarida (1980-1990) R. Frank (→1994) H. Rousso (→2005)

Fondation de l’IHTP (1978)

Temps de l’institutionnalisationet de la reconnaissance

F. D’AlmeidaC. Ingrao (depuis 2008)

Élargissement et renouvellement

Affaire Aubrac (1997-1998)

Rapport de 2005 de D’Almeida et Ingrao

Écrire l’histoire du temps présent . Hommage à François Bedarida (1993)

Le bulletin de l’IHTP, 75 (2000), Rousso et Lagrou

« Basculement mémoriel » -« ère de la commémoration » -

Expériences traumatiquesTensions : expertise, remises en question et place de l’historien

Besoin de comprendre

le présent

Procès Papon (1997)

Négationnisme

Affaire Touvier (1994)

Fin de la Guerre froide

11 septembre 2001Nouvelles

conflictualités

Lieux de Mémoires

Construire la notion de temps présent et poser

les fondements épistémologiques (témoins…)

→ Proche de la Zeitgeschichte

(prédominance de la DGM, du politique, de Vichy…)

Réfléchir aussi aux liens entre la fonction de l’historien et la demande sociale

(mémoire…)

→ Européanisation de la notion d’histoire du temps présent (RI, violences du guerres,

mémoires vives …)

Redéfinir le « temps présent »

→ Conception plus globalisante et

ouverte sur le monde

IHTP

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4) Quelle prise en compte dans les programmes scolaires ?

Colloque de Sèvres en 1980 (Prost : Peut-on enseigner l’histoire du temps

présent ? Doit-on l’enseigner ? Comment le faire ?)Étude du très contemporain seulement

depuis 1982 pour la terminaleRéticences des enseignants progressivement balayées

Poids accru de l’histoire du temps présent (nouveaux programmes 2011-2013)

IHTP (1978) – GRHI (1989)

Renouvellement de l’histoire politique

Histoire culturelle et des représentations

Depuis les années 1980 → Le temps de la

reconnaissance officielle

L’histoire postérieure à 1939 disparaît dans les programmes de 1945 à 1962Etude du plus contemporain introduit

en 1966 en 3e Étude des grandes civilisations et « des

grands problèmes mondiaux du moment » (en géographie)

Disqualification de l’histoire proche (« journalisme »,

histoire soumise « aux trois idoles ») par les Annales

Journalistes s’emparent des sujets d’hyperactualité dans

les années 1960

1941 – années 1980 → Le temps long et

structurel qui nie l’immédiat

V. Duruy inscrit l’histoire immédiate dans l’enseignement (programme de

terminale de 1865 jusqu’en … 1863)Histoire récente (militante) comme instrument d’éducation politique et patriotique, mise en place par les

méthodiques (introduite au lycée en 1886, programme de 1905 qui aborde l’affaire Dreyfus)

Disqualification de l’histoire proche par les

« méthodiques »

Intérêt pour les fondateurs des Annales envers l’histoire

du temps présent

2e/3 du XIXe-1941 → Le temps des paradoxes

… dans le savoir savant … et dans les programmesL’évolution de la

place de l’histoire immédiate …

B. Peut-on traiter de sujets d’actualité ?

Quels débats et quels enjeux autour du très contemporain ? Quels sont les atouts et les inconvénients méthodologiques de traiter de l’immédiateté ? Sur quels fondements épistémologiques l’histoire du temps présent s’est-elle progressivement construite ?

Éviter le déterminisme de la reconstruction a posteriori= Défataliser l’histoire (Ricœur, qui distingue temps-clos et temps inachevé)

L’inconnu empêche de faire une histoire

sérieuse

L’historien ne connaît pas la suite de l’histoire

→ Un temps tronqué de son futur

Importance du témoignage des acteurs Multiplicités des sources (sources orales, archives privées, mémoires des hommes politiques, Internet, Journal officiel, rapports des commissions, enquêtes …) Originalité et pertinence de la problématique

L’exhaustivité des sources et leur interprétation définitive

-----Certains documents sont

indispensables pour faire de l’histoire – culte de la source

écrite

L’inaccessibilité des archives publiques

→ L’historien manque d’archives (ou dénonce la surabondance)

Renouvellement grâce aux apports des sciences sociales tout en conservant la démarche historienne (facteur temps + globalité) Réflexion méthodologique Conscience du danger

L’historien de l’immédiat assimilé à un journaliste, à la

recherche du sensationnel

-----La recherche est

déconnectée d’enjeux affectifs

L’historien manque de distance critique

→ Manque d’objectivité, d’impartialité de l’historien→ Instrumentalisation→ Manipulation médiatique

Qu’est-ce que le présent ?

Comment distinguer

l’essentiel de l’éphémère ?

Quelles méthodes pour

traiter les témoignages,

les sources orales,

médiatiques ? Quelles

validités ?

Comment éviter de rester

soumis à la demande sociale ?

Le vécu de l’historien donne de l’épaisseur historique(L’Etrange défaite de Marc Bloch)Combiner temps court et temps long Il y a toujours des sujets « chauds »

On ne peut bien traiter de l’histoire qu’avec le temps et de manière

dépassionnée. -----

Focalisation sur l’évènement, le temps court et oubli du temps

long

L’historien manque de recul chronologique

→ La proximité, la contemporanéité posent problème

Des questionnement

s épistémologique

s

Les atouts en réponse à ces freins

Révélateur d’illusions sur la travail de l’historien

Des handicaps et des réticences à pratiquer l’histoire immédiate

C. Les enjeux de l’enseignement scolaire de l’immédiateté

Pourquoi enseigner l’immédiateté ? Pourquoi les nouveaux programmes accordent-ils de plus en plus de place à l’histoire du temps présent ?

Quels sont les points communs entre l’histoire, la géographie et l’éducation civique quand on aborde des faits d’actualité ? Quelles sont leurs différences s’il y en a ?

Donnez des exemples de thèmes de programmes abordant le temps présent. A quelles difficultés l’enseignant d’HGEC est-il confronté quand il aborde en classe ces sujets ?  

L’enseignant est confronté à de nombreuses difficultés quand il aborde le temps présent

La question du « recul » par rapport à l’histoire vécue par l’enseignant, face à l’actualité

Le risque d’instrumentalisation, sa propre subjectivité

La dépendance de l’information journalistique

Le problème des sources : l’accès aux sources etleur fiabilité

Le besoin de méthodes pour traiter l’information « touffue » et surabondante

Comment évoquer le présent quand on ignore la suite de l’histoire ?

Comment présenter le présent ou le passé proche quand on ne dispose par encore de synthèses universitaires ?

Comment être certain de distinguer le fait historique du simple fait divers ?

Comment éviter les pièges de la pression médiatique, de la manipulation de l’histoire ?

Comment accéder aux sources ? Quelle fiabilité leur accorder ?

Comment utiliser internet avec les élèves et les faire rechercher des informations sur internet ?

Des difficultés semblables à celui de l’historien sont connues par l’enseignant à

son niveau

Des thèmes qui posent des problèmes méthodologiques quand on les aborde en

classe

Jouer sur les périodes historiques pour

comprendre les événements actuels

Jouer sur les échelles et les espaces pour prendre de la hauteur sur l’actualité

C’est par sa rigueur méthodologique pluridisciplinaire que le professeur d’HG peut aborder l’actualité

Cela pose le problème de la position du professeur face aux problèmes actuels qu'il soulève en classe : le plus souvent des

problèmes éthiques, parfois polémiques

L'individu etson vécu

Le professeur devant ses élèves

Sphère privée et publique

Sphère professionnelle

Emotion

Partialité

Neutralité

Situation familiale

Encartage

Convictions

Clichés

Comment l’enseignant doit-il se positionner quand il aborde un temps dont il est lui-même témoin ou acteur ?

Documents d’illustration

Jean-François Soulet (1942- …)

• Enseigne l’histoire immédiate à l’université Toulouse le Mirail et à

l’IEP de Toulouse ; fondateur et directeur du GRHI jusqu’en 1994

• Historien moderniste s’intéressant à l’histoire des Pyrénées

• Réorientation autour de l’histoire immédiate – Avec Sylvaine Guinle-Lorinet, Précis

d’histoire immédiate, Paris, 1989.– L'Histoire immédiate, Paris, 1994 (QSJ) – L'histoire immédiate, Paris, 2009

• Spécialiste de l’histoire comparée du monde communiste et post-communiste et de l’histoire de la société civile.– « La question allemande et la

désintégration de l’empire soviétique est-européen », Cahiers d’histoire immédiate, n°15, printemps 1999

– L’Empire stalinien. L’URSS et les pays de l’Est depuis 1945, Paris, 2000

– La Mort de Lénine : l'implosion des systèmes communistes, Paris, 2003

« Le terme d'histoire immédiate est justement controversé. On ne peut, en effet, faire l'histoire de l'instant. Pour qu'il y ait histoire, il faut un temps de recherche et de réflexion, donc un certain délai. [...] Pourquoi, dès lors, ne pas lui préférer l'expression "temps présent", devenue notamment l'emblème d'un institut de recherche du CNRS spécialisé dans l'étude de la France contemporaine ? En premier lieu, parce que celle-ci ne nous paraît pas plus satisfaisante que celle d'histoire immédiate. Parler de temps présent pour évoquer la Seconde Guerre mondiale ou même la Guerre d'Algérie n'est guère convaincant. En outre, nous souhaitons nous démarquer des chercheurs qui limitent la période dite du temps présent à la date butoir de l'accessibilité aux archives publiques (30 ans le plus souvent) [...] Au total, nous entendons donc par histoire immédiate, l'ensemble de la partie terminale de l'histoire contemporaine, englobant aussi bien celle dite du temps présent que celle des trente dernières années; une histoire, qui a pour caractéristique principale d'avoir été vécue par l'historien ou ses principaux témoins ».

Jean-François Soulet, Histoire immédiate, 1994

Jean Lacouture (1921-…)

• Journaliste-reporter (Combat, Le Monde, France-Soir, Le Nouvel Observateur)– Marqué par son engagement politique (de gauche, anticolonial, anti-

américain)

• L’inventeur du concept d’histoire immédiate :– Il a fondé au Seuil la collection Histoire immédiate– Il est l’auteur de l’article « Histoire immédiate » dans l’ouvrage

coordonné par Jacques Le Goff, La nouvelle histoire, 1978.– Il considère souvent le journaliste comme « l’historien de l’immédiat ».

• Un écrivain prolifique et un historien :– Auteur de nombreuses biographies (Nasser, Ho Chi Min, Germaine Tillion,

De Gaulle, Mendès-France, Mitterrand, Blum, Mauriac …) – A participé à la revue l’Histoire– A donné des cours à l’IEP de Paris

• Il n’opère pas d’assimilation entre journaliste et historien

« Quand, écrit-il, l’historien s’avance bardé de ses diplômes, juché sur une chaire, armé de sa « science » ou mieux de sa méthode, le journaliste se faufile en brandissant une carte de presse dont l’attribution est plus arbitraire encore que les parchemins dont il vient d’être question. Mais - c’est l’un de ses drames - il lui arrive de se prendre pour un historien. Plus il vieillit, plus il s’assimile à ce frère supérieur. Et plus il se voit contraint de remettre en perspective ses écrits, de mesurer ses erreurs immédiates, et, pire encore, les effets à long terme des interventions, commentaires et campagnes du reporter ou de l’éditorialiste qu’il a été. » 

Jean Lacouture, Enquête sur l’auteur, Arléa, 1989, pp. 215-216.

http://www.ihtp.cnrs.fr/

http://www.ihtp.cnrs.fr/historiographie/

http://w3.grhi.univ-tlse2.fr/index.htm

Dernière mise à jour le 27-Mar-2006

http://framespa.univ-tlse2.fr/

Le rapport au présent Périodiser le temps présent

• Quelles périodisations internes pour le temps présent ?– Seconde guerre mondiale– La Première guerre mondiale comme « matrice » de l’extrême violence du

XXe siècle et des totalitarismes.– Le court XXe siècle (Hobsbawm, Furet) dans le contexte d’implosion de

l’URSS (1917-1989)– Pour Thimothy Garton-Ash (History of Present 1999) le présent commence en

1989– Tout le XXe siècle ? Est-ce qu’il commence en 1989 ? Le 11 septembre

2001 ?

• Elaborations des périodisations en fonction du présent :- Febvre : « Tout part du présent, et c’est à travers lui, toujours que

[l’historien] connaît, qu’il interprète le passé ».- Marrou : toute connaissance historique est située dans le présent mais

s’élabore depuis le présent qui ne cesse de renouveler les questionnements de l’historien

• Un nouveau régime d’historicité « présentisme » (Hartog)

« Cette expression, très générale, désigne des attentes susceptibles d’être traduites en termes de projet de recherche, dont l’opportunité et la faisabilité sont, dans un premier temps, définies non par le milieu scientifique lui-même, [...] mais par une sollicitation extérieure à ce milieu, avec des finalités et des modalités autres ou présentées autrement que celles qui animent, en principe, toute entreprise de connaissance scientifique. Contrairement à un topos très répandu, la demande sociale n’est pas l’expertise. Cette dernière notion, beaucoup plus précise, désigne une part et une part seulement de la demande sociale, celle qui mobilise des connaissances au service d’une action, publique ou privée, et qui a donc pour finalité, non pas la seule compréhension du réel, mais la volonté de le changer. »

H. Rousso, Bulletin de l’IHRP, 75 (2000)

Fonction sociale de l’historien et demande sociale

→ Forte sollicitation par la société actuelle mais une demande sociale très ambiguë

→ Des attentes complexes mais inégales (hypermnésie-amnésie qui varient en fonction du contexte)

→ Distinguer « la demande sociale » et « l’expertise sociale »

Le témoin et les sources orales

• « Ère du témoin » A. Wievorka – statut du témoin : survivant, martyr, prophète ?

– Témoignage = un discours présent sur le passé (il n’est pas caractérisé par la contemporanéité), reconstruit consciemment ou non (silence, oubli, non-dits …)

• L’histoire du temps présent est-elle d’abord une histoire orale ?– L’Oral History est un courant des années 1970 qui constitue une réécriture militante de l’histoire « d’en bas » fondée sur la tradition orale des classes ouvrières, populaires, des exclus.

– Accueil très limité en France– Pour Danièle Voldman, il n’y a pas d’histoire orale mais des sources orales.

François Bedarida (1926-2001)

Henry Rousso (1954 - …)

Fabrice d’Almeida (1963- …)