L’Islande et le Portugal : une crise financière, deux gestions différentes de la crise

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1 Jean-Marc FOBE 2ième BAC POLS HD Année académique 2012-2013 Titulaires de cours : O. Paye et P.-P. Van Gehuchten Université Saint-Louis de Bruxelles Séminaire de Sciences Politiques : Les textes fondateurs Travail final à l’aide de 3 textes fondateurs : L’Islande et le Portugal : une crise financière, deux gestions différentes de la crise

Transcript of L’Islande et le Portugal : une crise financière, deux gestions différentes de la crise

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Jean-Marc FOBE 2ième BAC POLS HD Année académique 2012-2013 Titulaires de cours : O. Paye et P.-P. Van Gehuchten Université Saint-Louis de Bruxelles

Séminaire de Sciences Politiques : Les textes fondateurs

Travail final à l’aide de 3 textes fondateurs :

L’Islande et le Portugal : une crise financière, deux gestions différentes de la crise

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1. Introduction

Le travail portera sur la crise financière vécue par 2 pays (l’Islande et le Portugal), qui

essaient avec des approches différentes de s’en sortir. N’oublions pas que le Portugal fait

partie de la zone euro et de l’UE.

Et que l’Islande ne fait pas partie de la zone euro ni de l’UE mais qu’elle fait bien partie de

l’association européenne de libre-échange. Le Portugal connait une croissance négative tandis

que l’Islande a «le vent en poupe» avec une croissance positive, et ce depuis un certain

nombre d’années.

Pourtant les deux pays ont fait appel au FMI, qui ont par la suite mené à des résultats

différents. La dernière question de la partie I nous enseignera sur les raisons qui ont conduits

à ces différences.

Une des raisons de s’intéresser à ce problème politique est le pouvoir croissant des marchés

financiers, et plus particulièrement les agences de notation qui peuvent rehausser ou rabaisser

leur niveau de confiance dans la capacité d’un pays à rembourser leur dette publique.

L’Islande est un exemple d’une démocratie où le peuple s’est retourné contre son

gouvernement, à tel point qu’il a réussi à le faire démissionner. Les citoyens de ce pays ont

manifesté leur colère en faisant valoir la mauvaise gestion de la crise financière par leurs

gouvernants… Une deuxième raison de s’intéresser à ce pays est le refus par référendum de

rembourser les épargnants britanniques et hollandais.

Le Portugal est un des cinq pays de la zone euro à avoir demandé l’aide de l’UE et du FMI.

Et ceci afin de rassurer e.a. les marchés financiers.

Une autre raison est une question de ressources puisqu’une personne de notre classe est

d’origine portugaise.

Une dernière raison de s’y intéresser est que les deux pays ont été particulièrement exposés à

l’influence que peuvent avoir les marchés financiers sur leur économie.

Dans un premier temps, on reprendra la chronologie des événements au Portugal et en

Islande. Cette structure du temps m’a semblé la plus adéquate pour décrire et analyser le

phénomène politique contemporain. Dans les 2 pays on commencera cette ligne du temps par

l’année 2008, l’année où le Portugal et l’Islande ont secouru leurs banques avec des approches

différentes. Et l’actualité ira même jusque 2012-2013. On terminera cette partie 1 avec 3

questions sur la santé économique des 2 pays, l’évolution des banques et le pourquoi de la

croissance de l’économie islandaise par rapport à la décroissance de l’économie portugaise.

Dans un deuxième temps, on préparera le cadre d’analyse en présentant les lignes directrices

des trois concepts, tirés de trois textes fondateurs qui ont marqué la discipline des sciences

politiques. La souveraineté populaire de Jean-Jacques Rousseau du contrat social y est

abordé. Une souveraineté qui appartient au peuple selon le philosophe français. Le deuxième

concept est celui de la post-souveraineté de Bertrand Badie. Pour l’auteur contemporain les

états ne sont plus souverains actuellement, et on y mentionnera les 8 critères en se concentrant

en particulier sur deux d’entre eux (le jeu triangulaire et la transaction) qui expliqueront

pourquoi les états actuellement ont perdu toute leur souveraineté. Le troisième concept est

celui du marché concurrentiel où d’après Smith le marché est lui-même le garant de l’égalité

de l’offre et de la demande sur le marché des biens et services. Les interventions d’états ne

font que créer des inégalités.

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La troisième partie traitera de l’application des concepts au phénomène politique. On

reprendra chacun des concepts en confrontant le Portugal à l’Islande. On verra notamment

que la souveraineté populaire de Rousseau a néanmoins produit plus de résultats jusqu’à

présent en Islande qu’au Portugal. Adam Smith avec son marché concurrentiel s’est avéré

plus difficile à placer dans le contexte des 2 pays, vu les interventions faites par les nations en

question dans le secteur bancaire. Néanmoins le concept de Smith s’appliquera bien aux

marchés financiers tels qu’ils les sont aujourd’hui.

L’application du dernier concept de la post-souveraineté n’a au contraire pas connu des

difficultés de transposition au cas du Portugal et de l’Islande.

On terminera avec une conclusion qui doit démontrer l’intérêt et les limites des ressources des

textes fondateurs. Dans cette dernière partie on survolera les points importants qu’il faut

retenir concernant la souveraineté populaire de Rousseau et la post-souveraineté de Badie,

ainsi qu’une plus grande difficulté pour le concept de marché concurrentiel d’Adam Smith.

Tout cela en reprenant les points importants vis-à-vis de son application au Portugal et à

l’Islande.

2. Le phénomène politique contemporain:

2.1 La crise financière au Portugal

Par le biais d’une chronologie des événements, on va précéder à la description et à l’analyse

de la crise financière au Portugal. Pour faire une analyse correcte on remontera dans le temps,

de sorte qu’on puisse connaître les facteurs déterminants qui ont conduit le pays à demander

l’aide du FMI et de l’UE au mois d’avril 2011.1

Lorsque la bulle immobilière a éclaté, mieux connu sous la crise des ‘subprimes’ ou la crise

financière, au Etats-Unis en 2007, il a fallu un an avant qu’elle ne se propage vers le Portugal.

Tout comme de nombreuses banques européennes, les banques portugaises ont elles aussi

investi dans les fonds réputés « toxiques » proposées par les grandes banques

d’investissement. Lorsque ces fonds ne valaient plus grand-chose, dû à l’éclatement de la

crise des ‘subprimes’ au niveau mondial, les banques portugaises ont présenté des bilans

chargés de passif.

Ceci obligeait l’état portugais à intervenir pour sauver les épargnes des portugais en

renflouant certaines banques, à commencer par une des plus importantes: Banco Português de

Negócios (BPN). En 2008 la banque privée BPN a une dette de 1,8 milliard d’€2, et le

gouvernement décida d’intervenir suite à la découverte d’irrégularités dans sa gestion. Elle fut

nationalisée et recapitalisée (2 milliards d’Euros) sous le contrôle de la banque publique CGD

en 2008. Plus tard cette même banque CGD connaitra des difficultés et devra à son tour être

recapitalisée pour un montant de 1,65 milliard d’€.3

1 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013) 2 The Portugal News Online, The Lusa News Agency, State nationalises troubled Portuguese bank [en ligne],

http://theportugalnews.com/news/state-nationalises-troubled-portuguese-bank/25480 (consulté le 22 avril 2013) 3 NB, AFP, Dette/Finance: Le Portugal injectera 665 mds d’euros dans trois banques dont la CGD publique [en ligne], http://www.news-

banques.com/dette-finance-le-portugal-injectera-665-mds-deuros-dans-trois-banques-dont-la-cgd-publique/012197425/

(Consulté le 3 avril 2013)

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Trois autres banques portugaises suivront dans la foulée: la banque BPI (1,5 milliard d’€)4, la

banque BCP en 2012 (3 milliards d’€)5 et finalement la banque BANIF en 2013 (1,1 milliard

d’€).6 Ces efforts apparaissent malgré le défaut de la ‘Banco Privado Português’ (BPP), qui

est mise en liquidation après avoir été déclarée dans l’impossibilité de rétablir sa croissance

par la banque centrale portugaise le 15 avril 2010.7

Dans ce cas précis, ce sont deux cadres de l’entreprise qui ont été mis en accusation de

malversations et qui ont précipité la perte de leur institution financière. Ces deux personnes

sont maintenant poursuivies en justice pour une fraude collective pour un montant de 41

millions d’€8.

Tout a commencé avec le déficit public de 9,3% du PIB9 pour l’année 2009 (le triple par

rapport à 2008: un déficit public de 2,9% du PIB), annoncé le 8 mars 201010, qui a provoqué

une perte de confiance dans la capacité du Portugal d’honorer ses engagements au cours de

l’année 2010, et ce malgré l’annonce le même jour que le gouvernement allait procéder à un

premier programme de mesures d’austérité. Ceci a provoqué une hausse de 20% des taux

d’intérêts des bons d’état lusitaniens (pour une durée de 5 ans)11.

Entretemps, et suite à l’annonce du gouvernement portugais du déficit public, les agences de

notation ont tour à tour rabaissé leur note sur les bons d’état portugais. Les trois agences

principales, Fitch Ratings, Standard & Poor’s et Moody’s, ont pris ces décisions entre le mois

de mars et le mois de juillet 201012.

Il est intéressant de rappeler que les agences de notation analysent e.a. la valeur des bons

d’état pour chaque pays qui en émet. Ces analyses permettent aux investisseurs potentiels de

faire le choix d’acheter ou non des bons d’état d’un pays en question.

Le gouvernement essaya encore à deux reprises de calmer la volatilité des marchés financiers:

d’abord en annonçant un nouveau programme d’austérité le 13 mai 201013, puis 6 mois plus

tard en novembre 201014 en faisant adopter par le parlement un nouveau budget d’austérité.

Ceci ne fut toujours pas suffisant puisque les taux d’intérêts des bons d’état portugais

restèrent toujours aussi haut, avec comme conséquence que l’état portugais dut continuer à

emprunter de l’argent sur les marchés financiers à des taux d’intérêts extrêmement

désavantageux. Le résultat fut l’augmentation croissante et rapide de la dette publique

portugaise ces dernières années.

4 NB, AFP, Dette/Finance: Le Portugal injectera 665 mds d’euros dans trois banques dont la CGD publique [en ligne], http://www.news-

banques.com/dette-finance-le-portugal-injectera-665-mds-deuros-dans-trois-banques-dont-la-cgd-publique/012197425/ (Consulté le 3 avril 2013) 5 NB, AFP, Dette/Finance: Le Portugal injectera 665 mds d’euros dans trois banques dont la CGD publique [en ligne], http://www.news-

banques.com/dette-finance-le-portugal-injectera-665-mds-deuros-dans-trois-banques-dont-la-cgd-publique/012197425/

(Consulté le 3 avril 2013) 6 NB, AFP, Dette/Finance: Le Portugal injectera 665 mds d’euros dans trois banques dont la CGD publique [en ligne], http://www.news-

banques.com/dette-finance-le-portugal-injectera-665-mds-deuros-dans-trois-banques-dont-la-cgd-publique/012197425/ (Consulté le 3 avril 2013) 7 Business, The Portugal News Online, EU approves 450m loan to BPP [en ligne], http://theportugalnews.com/news/eu-approves-450m-loan-to-bpp/91 (consulté le 22 avril 2013) 8 Business, The Portugal News Online, EU approves 450m loan to BPP [en ligne],

http://theportugalnews.com/news/eu-approves-450m-loan-to-bpp/91 (consulté le 22 avril 2013) 9 Challenges, SDV Plurimedia, La chronologie de la crise financière dans la zone euro [en ligne],

http://www.challenges.fr/monde/20110721.CHA2212/la-chronologie-de-la-crise-financiere-en-zone-euro.html (Consulté le 4 avril 2013) 10 Challenges, SDV Plurimedia, La chronologie de la crise financière dans la zone euro [en ligne], http://www.challenges.fr/monde/20110721.CHA2212/la-chronologie-de-la-crise-financiere-en-zone-euro.html (Consulté le 4 avril 2013) 11 Truyens, J., « Ierland en Portugal Terugkeer op de financiële markten», Puilaetco Dewaay Analyses Monthly, n°16, Maart 2013, p. 5 12 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013) 13 Challenges, SDV Plurimedia, La chronologie de la crise financière dans la zone euro [en ligne],

http://www.challenges.fr/monde/20110721.CHA2212/la-chronologie-de-la-crise-financiere-en-zone-euro.html (Consulté le 4 avril 2013) 14 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013)

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Le troisième facteur est d’ordre politique, puisque le quatrième plan d’austérité prévu par le

gouvernement minoritaire de José Socrates n’a pas reçu le feu vert du parlement le 23 mars

201115. Ce plan d’austérité devait éviter au pays de demander de l’aide au FMI et à l’UE.

Suite au refus du parlement, le premier ministre démissionna. Ce ne fut, plus que jamais,

qu’une question de temps avant que le Portugal fasse appel à son tour à la troïka (l’EC, la

BCE et le FMI).

Cette instabilité politique a eu pour conséquence une hausse brutale des taux d’intérêt des

bons d’état portugais (à cinq ans) à 7,51% (le soir même)16. Ceci est bien une preuve que, sur

les marchés financiers, le manque de stabilité politique est considéré comme un critère

important pour une hausse des taux d’intérêts.

Et ce qui devait arriver, arrivât. Le 6 avril 201117 le Portugal demande officiellement l’aide

du FMI et de l’UE. Le 5 mai 201118, un mois plus tard, les Portugais obtiennent un accord

pour un prêt de 78 milliards d’€, moyennant l’application d’un programme d’austérité. Et dire

que 6 semaines plus tôt le parlement, avec une opposition majoritaire, avait rejeté un nouveau

plan d’austérité! 12 milliards seront notamment qui seront alloués au sauvetage éventuel des

banques portugaises. A ce jour, plus de 6 milliards ont déjà été consacré au sauvetage de 4

institutions financières.

D’abord on rejette l’austérité, et puis on en arrive malgré tout à négocier un nouveau plan

d’austérité, qui cette fois-ci est imposé par l’extérieur. Le 6 juin 201119, l’opposition prend le

pouvoir à la suite d’élections anticipées. Cette même opposition de droite qui a refusé le plan

d’austérité quelque mois auparavant, devra, ironie du sort, appliquer elle-même le plan

d’austérité du FMI et de l’UE. Les citoyens ne sont pas contents de leur gouvernement, et les

remplacent par l’opposition qui devra malgré tout appliquer les mêmes préceptes: des mesures

d’austérité!

Malgré toutes les mesures d’austérité prises par l’état portugais depuis début 2010, et l’accord

conclu avec le FMI et l’UE au mois de mai 2011 les agences de notation continuent à

rabaisser leur note sur la dette portugaise. La première à le faire est l’agence Moody’s qui

abaisse la dette du pays lusitanien au mois de juillet 201120.

En novembre 201121 la nouvelle coalition de droite vote à son tour un nouveau programme

d’austérité, ce qui provoque une grève générale.

Le même mois, l’agence Fitch Ratings annonce à son tour qu’elle baisse la note de la dette

portugaise. Une fois de plus, et ce malgré l’adoption d’un nouveau programme d’austérité,

une autre agence contribue à enfoncer le Portugal dans une spirale dont il aura du mal à s’en

sortir. Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là puisque la dernière agence de notation,

Standard & Poor’s, décide elle aussi de baisser sa note sur la dette portugaise au statut de

« spéculative » au mois de janvier 201222.

15 International Europe, Le Monde, Portugal : de la crise financière à la crise politique [en ligne], http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/03/24/portugal-de-la-crise-financiere-a-la-crise-politique_1497778_3214.html,

(consulté le 6 avril 2013) 16 International Europe, Le Monde, Portugal : de la crise financière à la crise politique [en ligne], http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/03/24/portugal-de-la-crise-financiere-a-la-crise-politique_1497778_3214.html,

(consulté le 6 avril 2013) 17 Challenges, SDV Plurimedia, La chronologie de la crise financière dans la zone euro [en ligne], http://www.challenges.fr/monde/20110721.CHA2212/la-chronologie-de-la-crise-financiere-en-zone-euro.html (Consulté le 4 avril 2013) 18 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013) 19 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013) 20 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013) 21 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013) 22 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013)

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Néanmoins, le mois de septembre 201223 donne enfin une première bonne nouvelle au

Portugal, puisque la troïka permet aux Lusitaniens d’atteindre le but de faire diminuer le

déficit public à moins de 5,5% du PIB en recevant un délai supplémentaire d’un an. Ceci

encourage le parlement portugais à adopter un nouveau budget d’austérité au mois de

novembre 201224.

Le Portugal, pour honorer ses obligations internationales, devra faire face à une nouvelle

année de mesures d’austérité pour atteindre le but imposé par le FMI et l’UE. En attendant le

Portugal peut se réjouir d’une deuxième bonne nouvelle en voyant ses taux d’intérêts baisser

dans le cours de 2012 avec une diminution de 66%25 pour les bons d’état lusitaniens (à cinq

ans) par rapport au niveau record de 2010 et 2011.

Quel est l’état de l’économie portugaise en 2013?

La croissance du PIB était encore positive en 2010 (+1,9)26, et ce malgré une première année

d’austérité imposée par le gouvernement. Après elle est devenue négative en 2011 (-1,6%) et

en 2012 (-3,2%) avec le programme d’austérité mise en place du FMI et exécuté par l’état

portugais.

Le taux de chômage a monté en flèche depuis le début de la crise financière en 2008 et s’est

accentuée une deuxième fois depuis 2011. En 2008 le chômage était de 8% et il a atteint

16,9% fin 2012.

Le déficit public atteignait un record en 2009 avec 10,2% du PIB. En 2010 et en 2011 il

descendait à 9,8% et 4,4% respectivement, pour ensuite remonter à 6,4% du PIB. La dette de

l’état par rapport au PIB ne fait, par conséquent, que croître depuis 2009 (juste après

l’éclatement de la crise financière). De 83,7% en 2009 elle est passée à 123%27 du PIB en

2012.

En analysant ces chiffres, tout laisse à penser que le Portugal est encore loin d’être sorti de

problèmes, avec une croissance en berne, une dette publique en hausse et un chômage

croissant. L’austérité imposée au Portugal ne permet clairement pas de relancer la

consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Les indicateurs économiques

en sont la preuve.

Comment vont les banques portugaises depuis leur recapitalisation par l’état?

La banque BANIF a été recapitalisée en 201328. C’est trop récent pour en tirer des

conclusions.

La banque BPN quant à elle, a été reprise par la banque publique CGD .

La banque privée BPI a affiché en 2012 un profit de 249 millions d’euro29. La banque

publique CGD a affiché une perte de 395 millions d’euro en 201230. Par rapport à 2011, ils

ont fait mieux (488 millions dans le rouge), mais ça reste une perte conséquente. La banque

publique BCP tient le triste record de la plus grosse perte du secteur en 2012 : de 1,2 milliard

d’€31, mais plus de la moitié de la perte est dû à une opération en Grèce (694 millions d’€).

23 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013) 24 BBC News Europe, BBC, Portugal profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17761153 (Consulté le 1ier avril 2013) 25 Truyens, J., « Ierland en Portugal Terugkeer op de financiële markten», Puilaetco Dewaay Analyses Monthly, n°16, Maart 2013, p. 5 26 Instituto Nacional de Estatistica, Statistics Portugal, Portal do Instituto Nacional de Estatistica [en ligne], http://www.ine.pt (consulté le 7 avril 2013) 27 Instituto Nacional de Estatistica, Statistics Portugal, Portal do Instituto Nacional de Estatistica [en ligne], http://www.ine.pt

(consulté le 7 avril 2013) 28 NB, AFP, Dette/Finance: Crise : une aide temporaire de 11 milliard d’euros pour la banque Banif [en ligne],

http://www.news-banques.com/crise-une-aide-temporaire-de-11-milliard-deuros-pour-la-banque-banif/0121109481/

(Consulté le 2 avril 2013) 29 Enjalbert, BNP Paribas, Banques portugaises : bilan d’une année en transition [en ligne],

http://economic-research.bnpparibas.com/Views/DisplayPublication.aspx?type=document&IdPdf=21824 (consulté le 7 avril 2013) 30 Enjalbert, BNP Paribas, Banques portugaises : bilan d’une année en transition [en ligne], http://economic-research.bnpparibas.com/Views/DisplayPublication.aspx?type=document&IdPdf=21824 (consulté le 7 avril 2013) 31 Enjalbert, BNP Paribas, Banques portugaises : bilan d’une année en transition [en ligne],

http://economic-research.bnpparibas.com/Views/DisplayPublication.aspx?type=document&IdPdf=21824 (consulté le 7 avril 2013)

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Apparemment, les banques qui sont privées affichent des meilleurs résultats que les banques

étatiques.

Comment peut-on expliquer que l’économie portugaise n’arrive toujours pas à reprendre sa

croissance, depuis l’instauration des mesures d’austérité en 2010?

Une des mesures prises par le gouvernement est la hausse de la TVA à 23%. Une telle mesure

n’encourage pas la consommation puisque les prix vont alors automatiquement monter aussi.

Une telle décision diminue la consommation des ménages et au final l’état voit ses recettes

fiscales diminuer au lieu d’augmenter. En diminuant les allocations diverses les gens ont aussi

moins de pouvoir d’achat, ce qui ne relance pas du tout l’économie puisque la consommation

stagne ou même recule.

2.2 La crise financière en Islande

Pour comprendre les causes de la crise financière en Islande, il est nécessaire, comme avec le

Portugal, de retracer les évènements chronologiquement. L’île a dérégulé ses services

financiers en 200132 et a privatisé dans la foulée ses banques en 200233. Ceci semble être un

indice important pour expliquer les conséquences ci-dessous.

Le surendettement devenait ensuite la norme, notamment avec le crédit immobilier facilement

accordé sans contrepartie exigée de la part des banques (avant la crise financière). Toujours

pour l’immobilier, les taux d’intérêts des banques étaient indexés sur l’inflation, ainsi que leur

rattachement aux devises étrangères. Lorsque celles-ci prenaient de la valeur par rapport à la

monnaie locale, la dette, contractée par les crédits, augmentait aussi.

Lorsque la bulle immobilière explosait aux Etats-Unis avec la faillite de Lehmann Brothers

le 15 septembre 200834, la crise financière a vite rejoint l’Islande. Il ne fallait pas grand-

chose pour faire basculer cette île de 320.000 habitants, de plus en plus endettée, dans une

spirale de difficultés financières. La tourmente de septembre 2008 fit se tarir le prêt

interbancaire. Les trois banques islandaises se trouvèrent alors rapidement à court de

liquidités, effet renforcé par le surendettement et la chute des prix de l’immobilier.

Le gouvernement, voyant ses trois banques principales en danger, prend la décision

courageuse de reprendre leur contrôle. La première banque à être nationalisée est Glitnir,

le 29 septembre 200835. Pour 600 millions d’euros de liquidités, l’état devient actionnaire à

75% de la troisième banque du pays.

Le 6 octobre 200836 le premier ministre Geir Haarde promulgue des lois d’urgence qui

permettent à l’état, le cas échéant, de reprendre le contrôle des banques lorsqu’elles se

trouvent en difficulté.

32 Pascal Riché, Comment l'Islande a vaincu la crise, éditions Versilio, 115 p. 33 Ibid. 34 Ibid. 35 Guilhamet & Despax, Toute l’Islande, La chronologie de la crise économique en Islande [en ligne], http://www.toutelislande.fr/ChronologieCriseIslandaise.html (consulté le 8 avril 2013) 36 Guilhamet & Despax, Toute l’Islande, La chronologie de la crise économique en Islande [en ligne],

http://www.toutelislande.fr/ChronologieCriseIslandaise.html (consulté le 8 avril 2013)

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Le 7 octobre 200837 le gouvernement prend le contrôle de la deuxième banque du pays ,

Landsbanki. Sa filiale Ice-Save (une banque en ligne), détient plus de dépôts étrangers que de

dépôts nationaux. Les dépôts étrangers proviennent essentiellement de la Grande-Bretagne et

des Pays-Bas, Ice-Save offrant jusqu’à 6%38 de taux d’intérêts aux détenteurs de comptes

d’épargne.

Et lorsqu’Ice-Save s’effondra, le gouvernement décida de garantir uniquement les dépôts de

ses citoyens islandais. La réaction de la Grande-Bretagne ne se fit pas attendre et n’eut d’autre

alternative légale que de mettre l’Islande sur la liste des pays terroristes, afin d’être en mesure

de geler les avoirs des établissements islandais au la Royaume-Uni. Dans la foulée, le

gouvernement britannique prend le contrôle sur les avoirs de la banque islandaise Kaupthing à

Londres. Cette décision britannique sera lourde de conséquence pour les Islandais, puisque

pratiquement plus personne ne voudra prêter de l’argent à un pays jugé comme « terroriste ».

Le 9 octobre 200839 la plus grande banque du pays, Kaupthing, est à son tour reprise par

l’état islandais.

Le 24 octobre 200840, l’Islande fait appel au FMI pour éviter qu’on puisse douter de la

capacité de l’Islande d’emprunter de l’argent, et obtient un accord de principe.

Le 10 novembre 200841 le FMI remet à plus tard la ratification d’un prêt à l’Islande. Cette

décision pourrait être est liée au fait que les Pays-Bas et à la Grande-Bretagne mettaient une

obstruction du à l’incertitude, liée au refus de l’Islande de garantir les dépôts étrangers

provenant de ces mêmes pays. Les trois pays en conflit règlent leurs différents, et le 19

novembre 200842 le FMI ratifie enfin le prêt de $ 2,1 milliards à l’Islande.

Ceci entraîne un effet « boule de neige » puisque soudain d’autres nations européennes

commencent à accorder des prêts au pays nordique. Le pays se voit donc à nouveau considéré

comme solvable !

En janvier 200943, suite aux manifestations et un changement de coalition politique, Geir

Haarde, le premier ministre, et son gouvernement démissionnent. Les manifestants en veulent

au gouvernement : la raison principale évoquée est, selon ce qui a été véhiculé par les media,

la mauvaise gouvernance de la crise financière et la nationalisation précipitée de la banque

Glitnir. Les manifestants obtiennent aussi, dans les semaines qui suivent, la démission des

autorités de surveillance des banques et la démission de la direction de la banque centrale

islandaise.

C’est inédit puisque les manifestants avaient trois demandes : les démissions du

gouvernement, des autorités de surveillance bancaires et de la banque centrale islandaise, et

ils ont obtenu gain de cause. Il est remarquable qu’une population soit capable de changer les

choses si elle s’organise, et les Islandais en ont montré l’exemple en 2009.

37 Guilhamet & Despax, Toute l’Islande, La chronologie de la crise économique en Islande [en ligne], http://www.toutelislande.fr/ChronologieCriseIslandaise.html (consulté le 8 avril 2013)

38 Pascal Riché, Comment l'Islande a vaincu la crise, éditions Versilio, 115 p. 39 Guilhamet & Despax, Toute l’Islande, La chronologie de la crise économique en Islande [en ligne],

http://www.toutelislande.fr/ChronologieCriseIslandaise.html (consulté le 8 avril 2013) 40 Guilhamet & Despax, Toute l’Islande, La chronologie de la crise économique en Islande [en ligne], http://www.toutelislande.fr/ChronologieCriseIslandaise.html (consulté le 8 avril 2013) 41 Guilhamet & Despax, Toute l’Islande, La chronologie de la crise économique en Islande [en ligne],

http://www.toutelislande.fr/ChronologieCriseIslandaise.html (consulté le 8 avril 2013) 42 Guilhamet & Despax, Toute l’Islande, La chronologie de la crise économique en Islande [en ligne],

http://www.toutelislande.fr/ChronologieCriseIslandaise.html (consulté le 8 avril 2013) 43 BBC News Europe, BBC, Iceland profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17386859 (consulté le 5 avril 2013)

9

Depuis lors, les Tunisiens et les Égyptiens ont fait de même en renversant leur dictateur lors

du printemps arabe en 2011. C’est bien la preuve que lorsque les gouvernés ne sont pas

contents de la gestion des gouvernants, le peuple est alors capable de renverser ses dirigeants.

En décembre 200944, le gouvernement fait passer de justesse une loi devant le parlement,

acceptant de rembourser les dépôts des épargnants britanniques et hollandais pour un montant

n’excédant pas € 3,9 milliards, mais le public refuse et manifeste devant le parlement pendant

plusieurs jours en soumettant une pétition réclamant au président de la république de ne pas

signer cette loi. Le président obtempère et soumet la question à la population par référendum.

Le 6 mars 201045 la population vote non, à la loi en question, à 93% des voix.

Un an après le gouvernement, réitère au mois de décembre 201046 et sous la pression des

britanniques et des Pays-Bas, en faisant passer une nouvelle loi, avec une majorité

confortable, cette fois plus en faveur du remboursement des dépôts Ice-Save britanniques et

néerlandais. La population, à son tour, refuse à nouveau de payer l’addition et arrive à

convaincre le chef de l’état, avec une pétition de 40.000 signatures, de refuser à nouveau de

signer cette loi.

Comme la première fois il fait organiser un référendum pour soumettre cette loi à l’avis de ses

concitoyens, et le 9 avril 201147, et à nouveau le non l’emporte à 58%. Les citoyens islandais

ne se sentent pas responsables de la mauvaise gestion de leurs dirigeants. C’est pour ça qu’ils

ont voté non à deux reprises puisqu’ils considèrent cette dette illégitime et non souveraine,

puisque ce sont les dirigeants des banques privées qui ont contracté ces dépôts étrangers et

non la population islandaise ni l’état islandais. En effet : pourquoi l’état devrait-il être tenu

responsable de la mauvaise gestion des banques privées?

Le président Grimsson s’est vu récompensé pour sa ténacité en se faisant réélire en juillet

201248 avec une avance confortable sur sa rivale, et ce pour un cinquième mandat consécutif à

la tête de l’état.

Les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, en revanche, n’en sont pas restés là puisqu’ils ont

poursuivi, par l’intermédiaire de la Commission européenne, l’Islande devant le tribunal de

l’association européenne de libre-échange (AELE). Le 28 janvier 201349 le tribunal a

exonéré l’Islande de toute infraction sur la garantie des dépôts bancaires et de toute

discrimination entre épargnants nationaux et étrangers. Dans la foulée, le gouvernement

islandais répéta à Londres et à La Haye que la vente des actifs de Landsbanki permettra de

toute façon de rembourser les gouvernements britanniques et hollandais. A l’époque, les

épargnants hollandais et britanniques ont été remboursés de leurs dépôts par leurs

gouvernements respectifs, ce qui explique sans doute leur détermination.

44 Pascal Riché, Comment l'Islande a vaincu la crise, éditions Versilio, 115 p. 45 Ibid. 46 Ibid. 47 Ibid. 48 BBC News Europe, BBC, Iceland profile [en ligne], http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-17386859 (consulté le 5 avril 2013) 49 Bauer, Les Echos, L’Islande gagne en justice contre Bruxelles et Londres [en ligne],

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0202530163189-l-islande-gagne-en-justice-contre-bruxelles-et-londres-

533093.php (consulté le 30 mars 2013)

10

Comment va la santé économique de l’Islande actuellement?

Malgré la crise financière ,qui a durement touché le pays de 2008 à 2010, le pays nordique

renoue depuis 2011 avec une croissance positive: 2,9% en 2011 et 1,6% en 2012.50

L’inflation est sous contrôle: en 2010 plus de 8% et elle se maintient en légère décroissance à

3,9% en janvier 2013.

Le chômage est de 4,7% au mois de février 2013. Fin 2010, le chômage était de 8% en

Islande. En observant ces chiffres, on peut conclure que l’Islande va mieux et se trouve sur

une pente ascendante.

Qui l’aurait cru en décembre 2008? Le FMI fait même l’éloge de la reprise économique de

l’Islande en septembre 2012.

Qu’est-il advenu des trois banques Islandaises?

L’état a laissé les trois banques faire faillite, pour ensuite en créer de nouvelles. Puis, ils ont

donné le choix aux créanciers des banques faillites de choisir entre 2 options: soit recevoir des

actions de ces nouvelles banques, soit de recevoir des titres de dette. Les créanciers de Glitnir

et de Kaupthing ont accepté de devenir actionnaires des nouvelles banques Islandsbanki et

Arion. Ceux de Landsbanki ont préféré recevoir des titres de dette. Ces deux décisions ont eu

comme conséquence que deux des trois banques sont passées dans des mains privées.

Landsbanki, quant à elle, est restée sous le contrôle de l’état islandais. Tout cela s’est décidé

rapidement dans le courant de l’automne 200851, juste après le mois d’octobre critique qui a

vu le gouvernement prendre le contrôle des trois banques principales du pays.

Comment les Islandais ont-ils fait pour relancer leur économie aussi rapidement?

Le syndicat des patrons, le gouvernement et les nouveaux représentants du secteur bancaire

ont décidé d’écrêter ou de rééchelonner les dettes des ménages et des entreprises surendettés.

Les banques ont également fait un geste en effaçant la dette des ménages propriétaires de leur

maison au dessus de 110% de la valeur de leur bien immobilier.52 Tout ça, et encore bien

d’autres mesures, ont permis de créer à nouveau un climat propice aux investissements et à la

consommation, ce qui explique en grande partie comment l’économie Islandaise en quelque

années seulement.

3. Le cadre d’analyse

Cette partie définira trois concepts des textes fondateurs: le premier est la souveraineté

populaire du livre «Du contrat social» de Jean-Jacques Rousseau, le deuxième concept est la

post-souveraineté de l’ouvrage de Bertrand Badie « D’une souveraineté fictive, à une post-

souveraineté incertaine» et le dernier est le marché concurrentiel d’Adam Smith du livre de

Pierre Manent « Les libéraux ».

Le contenu abordera d’une part une définition exhaustive des trois concepts de chacun des

auteurs des textes fondateurs avec les principaux points en relation avec ces mêmes concepts.

D’autre part on abordera une définition plus personnelle de l’auteur de ce travail final des

trois concepts. Pour démontrer ma compréhension des concepts je le traiterai en relation avec

l’objet de l’étude : à travers des exemples bien précis avec comme but de personnaliser ma

propre définition des concepts.

50 Hagstofa Islands, Statistics Iceland, Statistics [en ligne], http://www.statice.is/ (consulté le 7 avril 2013)

51 Pascal Riché, Comment l'Islande a vaincu la crise, éditions Versilio, 115 p. 52 Ibid.

11

3.1 Jean-Jacques Rousseau: la souveraineté populaire

Dans le cadre du sujet politique contemporain il me semblait judicieux de suivre la

recommandation de Monsieur Paye de prendre la souveraineté populaire de Rousseau à la

place de la souveraineté de Bodin. Puisque la population qui représente la souveraineté d’un

état a joué un rôle prépondérant en Islande et dans une moindre mesure au Portugal.

Selon ma définition de la souveraineté populaire de Rousseau, elle est incarnée par le peuple,

avec un souverain comme exécutant de la volonté générale du peuple.

Le souverain est à la tête de l’état. L’état a pour fonction de faire le bien commun. Dès que

le souverain sait prendre sans conséquences des décisions particulières au nom de l’état,

le peuple a perdu de facto sa souveraineté. Qui ne dit mot consent!

Il était dés lors judicieux d’accepter ce concept puisqu’on se retrouvait face à une opposition

entre le Portugal qui n’a pas suivi la volonté générale de son peuple par rapport à l’Islande qui

a à plus d’une reprise tenu compte de l’avis de sa population.

Là où il y a eu de la délibération avec le peuple on constate que l’économie se porte mieux.

Rousseau fait finalement une distinction importante entre la volonté générale du peuple qui

est représenté par sa puissance législative et la force du souverain qui est représenté par sa

puissance exécutive. Mais ces deux puissances se retrouvent dans la même personne

puisqu’elle est indivisible. Aujourd’hui le parlement ferait figure de puissance législative

aussi bien au Portugal qu’en Islande. Et la puissance exécutive est symbolisé par le

gouvernement, ensemble avec le président de la république qui doit signer les lois pour les

rendre effectifs. Et ce, dans les deux pays : l’Islande et le Portugal !

La première référence dans le contrat social de Rousseau à la souveraineté est ce qu’on

appelle de nos jours le droit de propriété. Le droit de propriété s’arrête là où elle entrave celle

des autres. Ca veut dire qu’elle appartient d’abord et avant tout à la communauté. L’intérêt

particulier est subordonné à la volonté générale du groupe. C’est une ligne directrice à travers

tout le chef d’œuvre du philosophe des Lumières.

Dans le livre II les chapitres I, II et III forment la pierre angulaire de la définition de

souveraineté selon Rousseau.

Dans le chapitre I la souveraineté inaliénable représente la volonté générale, qui elle-seule

peut diriger l’état. A la tête de l’état est le souverain qui représente le peuple et ne peut être

que l’exécutant de la volonté générale du collectif. Et la fin de l’état est le bien commun. A

aucun moment la volonté générale ne peut devenir un intérêt particulier. Rousseau est clair et

net en définissant la différence entre volonté générale et volonté particulière : « la volonté

particulière tend par sa nature aux préférences, et la volonté générale à l’égalité ».53

La souveraineté ne vaut plus rien dans le cas suivant : « Si donc le peuple promet simplement

d’obéir, il se dissout par cet acte, il perd sa qualité de peuple ; à l’instant qu’il y a un maître

il n’y a plus de souverain, et dès lors le corps politique est détruit. »54 Mais tant que les

décisions du souverain vont de pair avec l’accord préalable de sa population, la souveraineté

reste intacte.

Dans le chapitre II Rousseau considère le principe de la souveraineté comme indivisible. Si

on la divise en plusieurs groupes elle ne représenterait plus qu’un intérêt particulier d’un

groupe en particulier, et certainement pas la volonté générale de l’ensemble.

53 Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Marc-Michel Rey, Amsterdam, 1762, p.11 54 Ibid., p.11

12

Mais l’objet de la souveraineté est divisible selon la classe politique « en force et en volonté,

en puissance législative et en puissance exécutive. »55 Et la souveraineté ne peut être

partagée : « les droits qu’on prend pour des parties de cette souveraineté lui sont tous

subordonnées ».56

Dans le chapitre III le philosophe nous donne quelque conseils empreint de sagesse pour

arriver à la volonté générale d’un peuple. Il faut que le peuple soit suffisamment informé

premièrement. Que la délibération est basée sur le consensus deuxièmement. Tertio qu’il ait

une bonne délibération sans qu’un groupe en particulier impose sa volonté aux autres. Que

les personnes qui participent à la délibération soient représentatifs de la société et

suffisamment nombreuses pour éviter l’inégalité de la décision. « Ces précautions sont les

seules bonnes pour que la volonté générale soit toujours éclairée, et que le peuple ne se

trompe point. »57

Et finalement Rousseau en arrive aux limites du pouvoir souverain dans le chapitre IV. Les

décisions qui sont prises par le souverain avec le consentement de son peuple est appelé le

contrat social. Le but de cette convention générale est la suivante :

« que le pacte social établit entre les citoyens une telle égalité qu’ils s’engagent tous sous les

mêmes conditions, et doivent jouir tous des mêmes droits. »58

Et qu’une autre limite est « ne peut passer les bornes des conventions générales ». Il définit

aussi ce que doit être un acte de souveraineté : « Ce n’est pas une convention du supérieur

avec l’inférieur, mais une convention du corps avec chacun de ses membres. »59 Voulant dire

qu’un contrat est seulement valable uniquement pour ceux qui font partie de ce ‘corps’.

3.2 Bertrand Badie: La post-souveraineté

Il me semblait très pertinent d’inclure la post-souveraineté de Bertrand Badie dans mon

travail. Parce qu’au niveau de la zone euro les états ne semblent plus être souverains de leur

politique monétaire (le Portugal) dû à l’ingérence d’acteurs internationaux, et même en dehors

de la zone euro (l’Islande).

Selon mon interprétation personnelle la post-souveraineté de Badie est une post-souveraineté

vidée de toute sa substance: signifiant qu’un état post-souverain ne dispose plus d’une

souveraineté, et que cette souveraineté n’a jamais existé selon l’auteur. En nommant 8

critères il fait table rase du contenu de la définition de souveraineté qu’on entend aujourd’hui

au sens commun: la capacité des peuples à disposer d’eux-mêmes. On se limitera seulement à

2 critères pour expliciter la notion de post-souveraineté: le jeu triangulaire et les transactions

qui s’en suivent entre ces mêmes acteurs du jeu triangulaire. Le jeu triangulaire est composé

d’acteurs étatiques, d’acteurs transnationaux et d’acteurs identitaires.

Le jeu triangulaire dans l’objet d’étude implique des acteurs étatiques des 2 pays concernés,

avec l’acteur transnational le FMI, qui a conduit chacune des nations à conclure une

transaction avec cette organisation internationale.

55 Ibid., p.11 56 Ibid., p.12 57 Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Marc-Michel Rey, Amsterdam, 1762, p.13 58 Ibid., p.14 59 Ibid., p.14

13

On en abordera seulement deux: le jeu triangulaire et les transactions. Les transactions sont

des contrats entre 2 acteurs au minimum du jeu triangulaire. Les acteurs étatiques (p.ex. l’état

islandais et l’état portugais), les acteurs transnationales (p.ex. les multinationales et les

marchés financiers) et les acteurs identitaires (p.ex. l’Ecosse, le Pays basque, etc.) font tous

partie de la mondialisation des acteurs. Dans ce travail apparaitront des tensions entre les

marchés financiers et l’état. D’où la perte de souveraineté de l’état qui doit composer malgré

lui avec des acteurs qui n’obéissent qu’aux lois du marché (les agences de notation

notamment et les marchés financiers).

Les agences de notation et les marchés financiers ont contribué à la dégradation croissante de

la crédibilité de la dette portugaise publique. Ce qui a suivi est une transaction entre un acteur

étatique (le gouvernement portugais) et deux acteurs transnationaux (le FMI et l’UE). Une

transaction qui lie le Portugal à diminuer sa dette publique par rapport à son PIB.

D’où la pertinence d’avoir abordé la transaction et le jeu triangulaire qui eux-mêmes sont très

liés. Puisque le premier critère explicité la transaction est la conséquence directe du deuxième

critère : le jeu triangulaire entre les différents acteurs.

Pour Bertrand Badie la souveraineté n’a jamais existé puisque sans la reconnaissance d’autrui

je ne peux pas être considéré comme souverain. C’est très subjectif d’après lui :

« La souveraineté n’existe que dans le regard de l’autre ».60 Ma souveraineté s’arrête là où

elle empiète celle des autres. Mais si il devait quand même donner une définition ce serait la

suivante : « La souveraineté, c’est l’irresponsabilité absolue, en ce qu’elle dispense l’Etat de

rendre compte de ses actes à la communauté internationale ».61 Pour en revenir à la

limitation du concept « la souveraineté d’un Etat est limitée par le respect des traités. »62

Pour Badie un état post-souverainiste est un état, qui n’a plus de souveraineté.

Dans son texte il donne toute une série d’éléments pour démontrer qu’on se trouver plutôt

dans un monde post-souverain.

Les 8 critères pour expliciter la post-souveraineté sont: le nombre croissant des états dans le

monde, l’interdépendance des états, la mort du cavalier seul, la communication, le multi-level,

le jeu triangulaire, les transactions et l’ingérence de la communauté internationale.

Dans un contexte mondialisé les états doivent rendre des comptes puisqu’ils sont

interdépendants. Ce qu’un état fait, peut nuire aux autres états. D’où le principe de

responsabilité. Le deuxième critère avec lequel les états doivent tenir compte, est l’idée

d’obligation qu’on est soumis à protéger « les biens communs de l’humanité partout où ils

sont menacés ».63 Et qui va faire respecter ça ? Les états puissants post-souverainistes, qui

cette fois-ci « sous le regard de tous ces acteurs internationaux que nous sommes »64, ne

pourront plus faire ce qu’ils veulent. Ils seront dorénavant tenus responsables de leurs actes.

60 BADIE, B., « D’une souveraineté fictive à une post-souveraineté incertaine », Studia Diplomatica, vol LIII, 2000, p.7 61 Ibid., p.12 62 Ibid., p.7 63 Ibid., p.12 64 Ibid., p.13

14

3.3 Adam Smith (d’après Pierre Manent):

Le marché concurrentiel

Le choix du concept du marché concurrentiel est logique, vu le rôle croissant des marchés

financiers dans la politique des pays. Combien de fois n’avons-nous pas entendu l’annonce

d’une mesure… parce que ça calmerait les marchés financiers ? Et dans le cadre de mon

travail le Portugal a été une victime des marchés en faisant monter tellement haut les taux

d’intérêts que le pays n’a pas eu d’autre choix que de demander de l’aide au FMI et à l’UE.

Selon la définition de l’auteur de ce travail le marché concurrentiel d’Adam Smith est sous-

entendu comme l’équilibre entre l’offre et la demande qui satisfera ainsi les besoins de chacun

d’entre-nous, à condition d’avoir une libre concurrence au niveau de l’offre et au niveau de la

demande. Ce qui conduira à plus d’égalité selon Smith. Dans le cas du Portugal et de

l’Islande les banques offraient du crédit, et d’un autre côté les citoyens étaient demandeurs de

crédits. Mais la demande était plus forte que l’offre, et ce qui a entrainé un déséquilibre sur le

marché bancaire des 2 pays ! A voir plus en détail dans la partie I et la partie III du travail !

Pour l’économiste écossais le marché doit décider lui-même de l’organisation d’une société,

et certainement pas l’état qui à travers ses interventions ne ferait qu’augmenter

vraisemblablement l’inégalité au sein de cette même communauté.

Selon Adam Smith le marché fonctionne le mieux lorsqu’il n’y a le moins possible

d’interventions de la part de l’état. C’est à ce moment-là que l’offre et la demande se tiennent

le plus en équilibre. Démontrons cette théorie sur le marché de l’emploi : les métiers

attrayants où tout le monde voudrait travailler, vont faire baisser les salaires par le nombre

croissant de concurrents. Les métiers les moins attrayants vont avoir de moins en moins de

concurrents. Ce qui conduira à une hausse substantielle de leurs rémunérations qui avoisinera

les salaires des professions attrayantes à la condition sine qua non qu’on laisse le marché

faire.

Mais l’interventionnisme de l’état peut augmenter ou diminuer la concurrence sur le marché.

C’est pour ça que la libre concurrence est le meilleur moyen pour l’économiste écossais de

garantir l’équilibre au niveau notamment des salaires, de l’emploi et le prix de vente du

produit (=le prix d’équilibre). Ce que les économistes appellent aujourd’hui un marché

concurrentiel.

Dans un marché autorégulateur le libre-échange est capital puisque « le libre-échange permet

à l’industrie de chaque nation de profiter des avantages comparatifs des autres nations (en

achetant leurs produits aux prix relatifs les plus bas) en même temps que des siens

propres. »65

Un des principes est de se spécialiser dans ce qu’on sait faire le mieux dans l’intérêt de la

société « à acheter l’un de l’autre , que de faire eux-mêmes ce qui ne concerne pas leur

aptitude particulière ».66 Un boucher ne saurait pas faire ce qu’un boulanger sait faire, et vice

versa !

L’écrivain de « La richesse des nations » parle de deux bornes au principe de libre-échange

dans un marché concurrentiel : la première « c’est quand une espèce particulière d’industrie

est nécessaire à la défense du pays ».67

65 P. Manent, Les Libéraux, Paris, 1986, p. 363 66 Ibid., p. 369 67 Ibid., p. 369

15

Par exemple on ne peut pas confier la défense d’un pays à l’armée d’un autre pays, parce que

cette armée-là coûte moins chère que l’armée nationale.

La deuxième borne est « de laisser la concurrence entre l’industrie étrangère et l’industrie

nationale, aussi près que possible des conditions où elle se trouvait auparavant. »68

Signifiant de mettre « lui-même de quelque impôt sur le produit du même genre, de

fabrication étrangère. »69

Ces deux bornes sont des mesures de protectionnisme. Mais Smith n’en reste pas là puisque

deux autres cas nécessitent éventuellement aussi de défendre l’intérêt national en péril.

Le premier cas était la taxation forte par une nation étrangère à l’entorse du principe de la

libre circulation de biens et de services. De ce fait on gêne l’importation d’un de nos produits.

Uniquement « dans ce cas, on est naturellement porté à user de représailles ».70 Ce qui

permettra à terme de fléchir la position de la nation étrangère en question.

La deuxième éventualité de taxation est une situation de domination nationale qui emploie

tellement de monde que lorsque il s’agit d’enlever des barrières douanières il faut le faire

graduellement. Voulant dire que ça devrait être fait lentement et annoncé très tôt avec une

application très tardive de permettre à l’industrie nationale de s’adapter aux nouvelles règles

en vigueur du marché. Aujourd’hui on appelle ça une libéralisation graduelle du marché des

biens et services (par l’entremise de l’OMC).

Si on ne le fait pas graduellement mais soudainement «il pourrait se faire que le marché

intérieur fût inondé aussitôt de marchandises étrangères à plus bas prix».71

4. L’application du cadre d’analyse

au phénomène politique contemporain

Préambule

La partie III abordera l’application des concepts au Portugal et à l’Islande dans l’ordre

suivant: le marché concurrentiel d’Adam Smith, la souveraineté populaire de Jean-Jacques

Rousseau et la post-souveraineté de Bertrand Badie.

Lors de chaque concept énuméré et appliqué on confrontera les différences et les similitudes

entre le Portugal d’une part, faisant partie de la zone euro et de l’UE, et l’Islande d’autre part,

ne faisant pas partie de la zone euro et de l’UE.

Le contenu abordera aussi les actions des gouvernants (l’état) par rapport aux actions des

gouvernés (le peuple). En ce qui concerne le marché concurrentiel on se penchera plus

particulièrement sur les cas de protectionnisme qui ont eu lieu durant la gestion de la crise

bancaire des 2 pays. Si ces actions rentrent dans les exceptions établies par Mr. Smith.

Le concept de souveraineté populaire subira lui la comparaison entre le pouvoir législatif et le

pouvoir exécutif, en application sur le pays nordique et sur le pays lusitanien.

On finira avec la post-souveraineté du seul auteur contemporain Bertrand Badie en reprenant

deux dimensions qui me semble le plus judicieux à retenir: le jeu triangulaire et la transaction.

68 Ibid., p. 370 69 Ibid., p. 370 70 P. Manent, Les Libéraux, Paris, 1986, p. 370 71 Ibid., p. 371

16

Aussi bien le Portugal que l’Islande sont des états post-souverains sur lesquels on peut

appliquer ces deux critères.

Néanmoins une question fondamentale est à reprendre ici :

Qu’est-ce qui a précipité l’intervention de l’état dans le secteur bancaire des 2 pays?

C’est la faillite de la banque américaine Lehman Brothers le 15 septembre 2008 qui entraînera

une réaction en chaîne des autres banques. Les institutions financières vont arrêter du jour au

lendemain de se prêter de l’argent mutuellement. Les banques portugaises et islandaises vont

tomber à cours de liquidités. Ce qui entraînera l’état à intervenir, mais avec des actions

différentes.

4.1 L’application du marché concurrentiel au Portugal

et à l’Islande

Le marché concurrentiel est un marché de libre-échange où l’offre et la demande se

rencontrent en fonction des besoins de chacun.

En Islande l’offre des banques ont rencontré une demande qui s’endettait de plus en plus.

Au Portugal les banques ont également connu une demande de plus en plus insolvable.

La conséquence de tout cela est un manque à gagner qui conduira à des problèmes de

liquidités pour les banques concernées.

Quelles furent les actions des gouvernants dans le secteur bancaire suite à l’éclatement de la

bulle immobilière?

Une grande différence est tout d’abord à faire entre le Portugal et l’Islande : la crise a

commencé au Portugal en 2010 et en Islande en 2008.

Parce que le Portugal a mené une politique interventionniste dans le secteur immobilier avec

la construction d’habitations sociales et un emprunt hypothécaire subsidié par l’état.72

Ce qui a évité dans ce pays l’éclatement de la bulle immobilière. Néanmoins la période est la

même pour les 2 pays pour le début de la crise bancaire : l’année 2008 suite à la faillite de

Lehman Brothers.

Le gouvernement portugais a décidé de recapitaliser ses banques problématiques afin de

garantir des liquidités suffisantes: pour que les banques puissent subvenir à leurs obligations.

De son côté l’état islandais a repris le contrôle de ses banques principales. Après, le

gouvernement a donné le choix aux créanciers des 3 banques: deux d’entre eux ont préféré

devenir actionnaire des nouvelles banques. La troisième est restée aux mains de l’état. Là les

créanciers ont préféré des titres de dette.

Dans les 2 pays on a assisté à des interventions étatiques pour venir en aide aux banques.

Cela n’aurait sans doute pas enchanté Adam Smith.

Mais est-ce que ces interventions auraient pu remplir une des 4 exceptions de

protectionnisme, écrit dans «La richesse des nations»?

Malheureusement il n’y a aucune exception qui remplit les critères de l’économiste écossais:

ni en Islande, ni au Portugal.

La quatrième exception se rapproche le plus (l’industrie nationale forte?) puisque les banques

islandaises représentaient dix fois le PIB de leur pays en 2008.

72 Montagu-Pollock, Global Property Guide, House price falls continue in Portugal [en ligne],

http://www.globalpropertyguide.com/Europe/Portugal/Price-History (consulté le 9 avril 2013)

17

Mais le changement international (l’arrêt des prêts) avec la faillite de Lehman Brothers fût

soudain et il ne s’est pas fait graduellement. L’effet fût le même au Portugal avec l’arrêt

brutal des prêts dans le secteur bancaire à l’annonce de la faillite de la banque américaine.

Comment le peuple (les gouvernés) a-t-il réagi?

Aussi bien au Portugal qu’en Islande le peuple a manifesté son mécontentement des politiques

de leurs gouvernements respectifs de la crise, mais avec des résultats différents.

Le peuple islandais a réagi très rapidement à la gestion de la crise financière en manifestant

son ras-le-bol, et au bout de quelque mois le gouvernement a dû démissionner sous la pression

populaire. Par la suite le peuple du pays nordique a encore réagi à deux reprises (en 2010 et

en 2011) en votant deux fois non à des référendums concernant le remboursement ou non des

dépôts étrangers.

Pierre Manent en analysant Adam Smith l’a bien défini que le citoyen doit chercher « à faire

prévaloir sa volonté dans l’Etat qui le représente».73 Les citoyens islandais ont réussi cette

gageure trois fois (la démission du gouvernement en 2009, et les deux référendums). Au

Portugal les manifestants ont démontré leur volonté mais jusqu’à aujourd’hui ils n’ont pas

encore prévalu puisque les mesures d’austérité continuent à être implémentées, et ce sur le dos

des citoyens portugais.

Concernant l’application du marché concurrentiel d’Adam Smith au Portugal et à l’Islande:

dans le secteur bancaire, qui fait partie du marché des biens et services, on peut dire à juste

titre que ce n’est plus un marché concurrentiel puisque il y a eu des interventions d’état.

Et qu’on a encore des banques aux mains de l’état dans les deux pays.

Et finalement qu’en est-il des marchés financiers qui ont un grand rôle au Portugal et en

Islande? Est-ce qu’on peut les considérer comme étant un marché concurrentiel d’après

Adam Smith?

Les marchés financiers sont des marchés concurrentiels, non-régulés, avec un équilibre de

l’offre et de la demande avec une fixation de prix d’équilibre qui existe dans les salles des

bourses ou sur internet et où il existe une procédure de négociation.

Sachant aussi que l’information est accessible très rapidement et où la mobilité des capitaux

est pratiquement instantanée.74 Bref Adam Smith aurait vu ce marché d’un très bon œil.

Les marchés financiers ont provoqué la demande d’aide du Portugal au FMI et à l’UE en

faisant monter très rapidement les taux d’intérêts des bons d’état portugais. L’Islande a elle

aussi vu monter ses taux d’intérêts durant la crise financière. Ce qui a aussi provoqué la

demande d’aide au FMI, mais pas de l’UE. Parce que l’Islande ne fait pas encore partie de

l’Union Européenne.

73Pierre Manent, Les libéraux, p. 317 74 Verdonck, M. (2013). Politique économique : Deuxième Baccalauréat en Sciences Politiques, ECPO720. Syllabus, Université Saint-Louis de Bruxelles, Diffusion Universitaire

18

4.2 L’application de la souveraineté populaire

au Portugal et à l’Islande

Quelles furent les actions des gouvernants durant la crise?

En Islande durant les mois de septembre et octobre 2008 le gouvernement de Geir Haarde a

légiféré des lois d’urgence leur permettant de reprendre le contrôle des trois plus grandes

banques du pays. Ils se sont vite rendu compte que l’état (la puissance exécutive selon

Rousseau) ne pouvait pas nationalisé ses banques. Ils ont dés lors donné le choix aux

créanciers de ces banques.

Au Portugal dans le secteur bancaire l’état (la puissance exécutive) a renfloué ses banques.

Depuis 2008 le gouvernement a déjà renfloué 5 banques au total.

Au Portugal, depuis le début 2010 le gouvernement (la puissance exécutive) a instauré des

mesures d’austérité qui ont touché de plus en plus durement sa population. Le peuple a réagi

massivement en manifestant dans les rues pour montrer leur mécontentement envers le

gouvernement. Qu’est-ce que le gouvernement fait? Il continue à propager des mesures

d’austérité les unes plus draconiennes que d’autres. Jean-Jacques Rousseau nous fait valoir

qu’une fois que le souverain prend des décisions sans le consentement préalable du peuple, le

souverain perd sa légitimité.

Aussi bien en Islande et au Portugal le président signe les lois du gouvernement. Les

présidents ont dans les deux pays la possibilité de refuser de signer les lois. Aux yeux de

Rousseau le gouvernement et le président représentent la puissance exécutive de l’état. Le

parlement de chaque pays représente la puissance législative de Rousseau. Et le peuple est le

garant de la souveraineté.

En Islande le Président de la république islandaise a organisé un référendum en 2010 et en

2011 : sur la question du remboursement ou non des dépôts étrangers de la banque Ice-Save,

une banque en ligne islandaise. Le peuple représente aux yeux de Rousseau la souveraineté

du pays et l’exécutant de cette souveraineté est le souverain. Le souverain ( le Président

Grimsson) a à deux reprises refusé de signer la loi et il a décidé à chaque fois de la soumettre

à la population.

Le président l’a fait puisque le peuple a mis la pression sur lui. A chaque fois, à un an

d’intervalle, une pétition a été massivement signé par les citoyens islandais lui demandant de

ne pas signer cette loi. Aux yeux du Président la pétition était représentative de la société

islandaise mais il a prononcé la tenue d’un référendum pour augmenter la représentativité du

refus et avoir une base légale pour tenir tête aux Pays-Bas et à la Grande-Bretagne.

La population a apprécié l’attitude de son souverain en le reconduisant pour un cinquième

mandat d’affilée à la tête de l’état. Il ne voulait même plus se représenter mais sous la

pression du peuple, qui a apprécié sa conduite en respectant la volonté générale, il s’est quand

même représenté… avec succès. Ce président a clairement agi au bien commun de l’état. Et

d’après le philosophe le bien commun est la fin de l’état.

Au Portugal l’actuel président (la puissance exécutive) a déjà refusé plusieurs fois d’apposer

sa signature. Il y a trois mois Monsieur Silva a refusé de signer la loi approuvant le budget

pour 2013. Il a transmis 9 articles du budget à la cour constitutionnelle du pays qui doit les

vérifier s’ils sont conformes aux lois du pays.

19

Et le 5 avril la cour a rendu son verdict : 4 des 9 articles sont inconstitutionnelles.75 Ce qui

oblige le gouvernement, qui forme ensemble avec le président la puissance exécutive, à revoir

sa copie.

Néanmoins d’autres programmes d’austérité ont été signés dans le passé entre 2010 et 2012

avec l’accord du souverain (le président Silva) qui exécute avec le gouvernement la volonté

générale de sa population. Est-ce qu’on peut dire, malgré les protestations massives des

citoyens, que le souverain a respecté la volonté générale du collectif? A première vue d’après

mon analyse des écrits de Rousseau la souveraineté populaire a été mise à mal par son

souverain le président de la république portugaise à plusieurs reprises.

La comparaison entre le Portugal et l’Islande est similaire au niveau des gouvernants :

aussi bien du côté de la puissance exécutive que du côté de la puissance législative. Dans les

2 pays on a assisté à plusieurs reprises à une dissension de la branche exécutive. Les

présidents islandais et portugais ont refusé, au moins deux fois, de signer des lois du

gouvernement, qui ont été votés en premier par la puissance législative (le parlement du

pays).

Comment le peuple (les gouvernés) a-t-il réagi?

En Islande fin 2008, le peuple a fait valoir une première fois sa souveraineté au

gouvernement en leur reprochant la mauvaise gestion de la crise financière, et au bout de

quelque mois de protestations en janvier 2009 les trois demandes du peuple islandais ont été

respectées: la démission du gouvernement, la démission des autorités de surveillance des

banques et la démission de la direction de la banque centrale islandaise.

Là le peuple s’est considéré souverain et a obtenu (selon Rousseau) le départ de la puissance

exécutive et le renouvellement de la puissance législative avec des élections anticipées.

A aucun moment ils ont demandé le départ de leur souverain!

Le Portugal de son côté a connu à des maintes reprises des manifestations et des grèves

contre la politique d’austérité du gouvernement, et ce depuis 2010 lorsque le gouvernement

Socratès a pris pour la première fois des mesures d’austérité, suite à l’annonce d’un déficit

public de 9,3% de son PIB.

Mais peut-on dire aussi que les manifestants sont suffisamment nombreux, qu’ils représentent

dans son ensemble la société portugaise? Puisqu’une des conditions de Rousseau pour

déterminer la volonté générale d’un peuple est la représentativité de la société lors de la

délibération. Le gouvernement n’a à aucun moment procédé à une délibération de son peuple

en organisant un référendum sur les programmes d’austérité. En se basant sur Rousseau on

aurait pris des décisions qui auraient augmenté les inégalités.

Au mois de juin 2011 la puissance législative et la puissance exécutive a été remplacée. Et on

n’a pas vu de changement dans la politique du pays. Les protestations ont continué, signifiant

que la population ne se retrouvait toujours pas dans la gestion publique de son pays.

Signifiant aux yeux de Rousseau qu’il n’y a pas eu de consentement préalable de la

population et que la puissance exécutive se comporte comme un maître.

75 The Irish Times, Reuters, Portugal court rejects some government austerity measures [en ligne], http://www.irishtimes.com/news/world/portugal-court-rejects-some-government-austerity-measures-1.1351536

(consulté le 8 avril 2013)

20

Et plus comme un souverain. Voulant dire que le peuple a perdu sa souveraineté et que le

souverain se comporte comme un maître. Et que le corps politique n’est plus représentatif de

son peuple puisqu’il ne sert qu’un intérêt particulier. Celui des institutions internationales tels

que le FMI, la BCE et la Commission Européenne.

La comparaison entre le Portugal et l’Islande au niveau des gouvernés est différente !

Le peuple islandais a poussé le gouvernement vers la sortie au bout de quelque mois de

manifestations devant le parlement. De son côté les manifestations de masse des citoyens

portugais n’a pas réussi à faire démissionner la puissance exécutive (le gouvernement), ni

même à fléchir la politique des gouvernants (les exécutants de la volonté générale du peuple).

La conclusion est que la population portugaise, ne réussissant pas à imposer sa volonté

générale, a perdu toute sa souveraineté d’après Rousseau. De son côté la population

islandaise a néanmoins réussi à préserver sa souveraineté : deux fois pour les référendums en

refusant de payer pour les dépôts étrangers et une fois en poussant son gouvernement dehors

lui blâmant la mauvaise gestion de la crise financière.

Une parenthèse:

Le Portugal et l’Islande sont des démocraties représentatives qui au parlement ne dispose que

d’une majorité de la puissance législative. Et que nous dit Rousseau comme conseils pour

arriver à la volonté générale du peuple ? Qu’il faut un consensus, une représentativité de tout

le groupe, et qu’un groupe ne peut pas dominer un autre groupe. Qu’est-ce qu’on a au

parlement ? Les décisions se prennent à la majorité des parlementaires, la majorité ne reflète

pas toute la représentativité de tout le groupe des parlementaires, et le groupe majoritaire

domine sur le groupe minoritaire du parlement. La question qu’on peut se poser alors est la

suivante : est-ce que le parlement dans une démocratie représentative reflète la volonté

générale d’un peuple ?

4.2 L’application de la post-souveraineté au Portugal

et à l’Islande

Le Portugal a son jeu triangulaire avec des acteurs étatiques (national, régional et local), des

acteurs identitaires (s’identifier à Porto ou à Lisbonne p.ex.) et des acteurs transnationaux qui

ont joué un rôle crucial dans la crise financière du pays lusitanien (les agences de notation,

l’UE, le FMI et les marchés financiers).

Le Portugal a aussi des transactions, des contrats à respecter: l’acteur étatique avec des acteurs

transnationaux. Le pays doit continuer à remplir ses obligations envers le FMI, la

Commission européenne et la BCE (appelé la troïka).

L’Islande connait également le système du jeu triangulaire. Les banques sont des acteurs

transnationaux, le gouvernement est un acteur étatique et finalement les acteurs identitaires

sont légion. Déjà les différentes couleurs politiques dans le parlement sont chacun des acteurs

identitaires: les rouges, les verts, les bleus, etc.

L’Islande a comme le Portugal emprunté de l’argent au FMI. En contrepartie l’Islande

s’engage à réaliser le contenu de l’accord avec cet acteur transnational qu’est le FMI. Ce qui

remplit le critère de transaction concernant l’Islande.

Au décompte final l’Islande et le Portugal remplissent bien les différents critères d’un état

post-souverainiste.

21

Exceptionnellement pour la fonctionnalité des 2 critères du concept de post-souveraineté on

procédera à l’énumération des acteurs du jeu triangulaire, et des transactions qu’il y a eu entre

ces acteurs du jeu triangulaire au niveau des gouvernants et des gouvernés des 2 pays.

Les gouvernants (les dirigeants)

La transaction avec le même acteur transnational, qui est commune au deux pays, est l’accord

d’un prêt du FMI au gouvernement (des acteurs étatiques) des pays respectifs. La différence

se situe au niveau de l’UE. Le Portugal fait partie de l’UE, et de la zone euro. Elle doit non

seulement composer avec le FMI (1/3 du prêt) mais aussi avec la BCE et la Commission

Européenne (2/3 du prêt). L’Islande de son côté ne fait pas partie de l’UE et de la zone euro.

De sorte elle ne doit seulement tenir compte que du FMI.

Le Portugal ainsi que l’Islande sont propriétaires de trois banques au total. Les banques sont

des acteurs transnationaux et les gouvernements des acteurs étatiques.

Ces deux acteurs se sont liés par une transaction de renflouement.

L’Islande a seulement renfloué une banque et le Portugal en a renfloué déjà au total cinq.

Les marchés financiers et les agences de notation sont des acteurs transnationaux qui ont

précipité la dévaluation de la dette publique des états islandais et portugais. Avec comme

conséquence qu’à un moment donné ils ont dû faire appel au FMI pour s’en sortir.

Les gouvernements se sont liés par des transactions avec ces acteurs transnationaux en

acceptant de faire évaluer leurs dettes publiques à travers des notations et la fluctuation des

taux d’intérêts.

Les Pays-Bas et la Grande-Bretagne ont conclu une «transaction» avec l’Islande concernant le

remboursement des dépôts hollandais et anglais le 16 novembre 2008.

Trois acteurs étatiques ont conclu des accords entre eux pour régler un différend financier.

Les gouvernés (le peuple)

Aussi bien les citoyens portugais que les citoyens islandais ont fait des transactions

d’emprunts chez leurs banques, qui ont par la suite connu des problèmes. A tel point que

l’état a dû recapitaliser ses banques. La population portugaise n’a pas fait des transactions

avec son gouvernement puisque ce sont eux contre qui il manifestent.

Dans les 2 pays les acteurs étatiques (les gouvernements) et identitaires (la population) n’ont

fait que s’affronter au lieu de faire des transactions comme le jeu triangulaire l’impose

normalement. La grande similitude réside dans le mode de conflit entre ces deux acteurs et la

grande différence est que le peuple islandais (l’acteur s’identifiant à son pays l’Islande) a

gagné la partie contre l’acteur étatique. Au Portugal ça tourne pour l’instant à l’avantage de

l’acteur étatique qui ne fait qu’obéir aux acteurs transnationaux, appelé aussi la troïka (le

FMI, la CE et la BCE).

22

5. Conclusion

A travers l’étude des textes fondateurs de Jean-Jacques Rousseau et de Bertrand Badie il m’a

semblé que les concepts de souveraineté populaire et de post-souveraineté étaient très

pertinents. C’est le cas aussi pour le marché concurrentiel d’Adam Smith en ce qui concerne

les marchés financiers. Mais on ne sait pas l’appliquer au marché des biens et services, ni au

marché du travail !

Le concept de marché concurrentiel d’Adam Smith fonctionnerait dans une société où une

majeure partie du marché des biens et services seraient soumis à la loi du marché. Ce qui est

loin d’être le cas pour le Portugal et l’Islande. Puisque les dépenses étatiques représentent

respectivement 48,9% et 46,1% du PIB pour l’année 2011.76 La zone euro, dont fait partie le

Portugal, est à plus de 49% dans son ensemble77 en ce qui concerne les dépenses des états.

Et n’oublions pas les interventions différenciées des deux pays pour ses banques. Avec

comme conséquence que 3 banques restent toujours aux mains du public (1 en Islande et 2 au

Portugal). Non, le concept d’Adam Smith ne s’applique pas au marché des biens et services.

La même chose pour le marché du travail puisque le plein emploi n’existe pas : ni au Portugal

et ni en Islande. L’offre doit correspondre à la demande, et pour l’instant il n’y a pas assez

d’offre pour subvenir à la demande du marché du travail.

Pour l’économiste écossais le marché devrait être l’élément dominant d’une société, et

certainement pas l’état qui devrait seulement exercer un rôle limité dans la société.

Néanmoins, il faut nuancer puisque les marchés financiers de nos jours correspondent

parfaitement au concept de marché concurrentiel d’Adam Smith puisque toutes conditions

sont remplies (voir la partie III). En sachant que les marchés financiers ont joué un rôle

prépondérant dans les 2 pays, et ce jusqu’à aujourd’hui.

La souveraineté populaire de Monsieur Rousseau a au contraire rendu très actuelle le déficit

de démocratie dans l’Europe d’aujourd’hui. Le philosophe français mentionne souvent la

volonté générale et la volonté particulière. La volonté particulière a malheureusement prévalu

avec les marchés financiers qui ont mené le Portugal au bord du précipice. Et ce malgré les

manifestations du peuple: les politiciens, qui sont les exécutants de la volonté générale,

continuent à imposer l’un plan d’austérité après l’autre.

En se basant sur les écrits de Rousseau le peuple a clairement perdu sa souveraineté. Puisque

son souverain (le président Silva) ne consulte plus son peuple qui représente pour Rousseau la

souveraineté du pays, et qu’il est devenu de facto un maître. Et ce n’est pas en consultant la

cour constitutionnelle de son pays qu’on peut dire que le peuple a eu son mot à dire.

En Islande le peuple a pu s’exprimer à deux reprises puisque le souverain (le président

Grimsson) a consulté l’avis de sa population en organisant un référendum sur la question du

remboursement des dépôts étrangers de la défunte banque internet Ice-Save. Mais il a fallu

une réaction du peuple pour sauvegarder sa souveraineté en obligeant son souverain à

consulter ses citoyens.

76 Eurostat, European Commission, General government expenditures [en ligne],

http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/General_government_expenditure_statistics (consulté le 7 avril 2013) 77 Eurostat, European Commission, General government expenditures [en ligne],

http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/General_government_expenditure_statistics (consulté le 7 avril 2013)

23

La post-souveraineté de Bertrand Badie pourrait s’appliquer à la majorité des états dans le

monde actuel. Et en faisant l’exercice des critères sur le Portugal et l’Islande on peut en

déduire à juste titre qu’ils sont tous les deux des états post-souverains. Les agences de

notation, les marchés financiers, les Etats-Unis, le FMI, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne,

l’UE, la BCE, la Commission européenne, Internet, les Organisations internationales

(régissant les différents traités), le tribunal de l’AELE ont tous contribué à l’établissement des

états post-souverainistes portugais et islandais. Ne nous voilons plus la face nous nous

trouvons plus que jamais dans un monde interdépendant et post-souverainiste. L’Islande et le

Portugal ne sont pas des exceptions qui échappent à la théorie plus qu’actuelle de Badie.

24

6. Bibliographie

Livre (Kindle)

Pascal Riché, Comment l'Islande a vaincu la crise, éditions Versilio, 115 p.

Périodique

Truyens, J., « Ierland en Portugal Terugkeer op de financiële markten», Puilaetco Dewaay Analyses Monthly, n°16, Maart 2013, p. 5

Sources internet

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http://www.ine.pt (consulté le 7 avril 2013)

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http://www.news-banques.com/dette-finance-le-portugal-injectera-665-mds-deuros-dans-trois-banques-dont-la-cgd-publique/012197425/ (Consulté le 3 avril 2013)

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Syllabus Verdonck, M. (2013). Politique économique : Deuxième Baccalauréat en Sciences Politiques, ECPO720. Syllabus, Université Saint-Louis de Bruxelles, Diffusion Universitaire