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Les mécanismes de compensation mis en œuvre par les consommateurs face
à la baisse perçue de leur pouvoir d’achat
Laurent Bertrandias (contact)
Professeur des Universités
Université Toulouse 3 Paul Sabatier
Alexandre Lapeyre
Maître de Conférences
Université Toulouse 3 Paul Sabatier
A slightly modified version of this paper has been accepted in Revue Française de
Marketing
To cite: Bertrandias L. et Lapeyre A. (2015), Les mécanismes de compensation mis en œuvre
par les consommateurs face à la baisse perçue de leur pouvoir d’achat, Revue Française du
Marketing, à paraître.
Les mécanismes de compensation mis en œuvre par les consommateurs face
à la baisse perçue de leur pouvoir d’achat
Résumé : Cet article étudie les répercussions psychologiques et comportementales
d’une baisse perçue ou anticipée du pouvoir d’achat sur les décisions des
consommateurs. A l’aide de deux études quantitatives, il est montré que des
stratégies quotidiennes compensatoires sont mises en œuvre, en particulier la
fréquentation des enseignes de hard-discount et la préférence pour des marques de
distributeurs. Le recours à ces stratégies dépend de la force d’un état motivationnel
qualifié de préoccupation du pouvoir d’achat.
Mots-clés : pouvoir d’achat, préoccupation du pouvoir d’achat, marque de
distributeur, hard-discount, matérialisme
How to cope with a perceived loss of purchasing power? The compensatory
mechanisms set up by consumers
Abstract: This paper examines the psychological and behavioural consequences of
a perceived or anticipated loss of purchasing power. Thanks to a quantitative ap-
proach, it is shown the adoption of daily compensatory preservation strategies: fa-
vouring discounters and preferring store brands. These strategies depends from the
strength of a motivational state that we name “concern for purchasing power”.
Key-words: purchasing power, purchasing power concern, store brand, discounter,
materialism
1
INTRODUCTION
Le pouvoir d’achat s’est progressivement imposé au-delà du champ étroit des outils
de mesure macroéconomique qui l’a vu naître. Il fait surtout référence aujourd’hui à
une capacité individuelle traduisant ce que l’on peut consommer ou épargner avec
son revenu dans un système de prix donné. Parallèlement, le pouvoir d’achat est
devenu un objet de préoccupation pour les consommateurs. Ces ressentis ont
diverses explications. Parmi les plus avancées, les produits de consommation
courante, notamment alimentaires, ont subi une inflation plus rapide que les produits
durables et de nouvelles dépenses incontournables ont émergées (abonnements
Internet, etc.). Or, d’un point de vue économique, le pouvoir d’achat des Français
n’apparaît pas si fragilisé. L’INSEE fait seulement état d’une légère baisse du pouvoir
d’achat par tête depuis 2011. Un écart semble ainsi s’être installé entre les
perceptions de pouvoir d’achat et le pouvoir d’achat effectif. Même à pouvoir d’achat
constant, le sentiment que les revenus ne procurent plus la même liberté qu’avant
est exprimé par de nombreux consommateurs.
Pourtant, la question du pouvoir d’achat reste relativement peu traitée en marketing.
Le thème est sous-jacent dans certains travaux sur les comportements adaptatifs
des consommateurs pauvres (Hamilton et Catteral, 2008), sur les wise-shoppers
également soucieux de préserver leur budget (Djelassi, Collin-Lachaud et Odou,
2009) ou plus généralement sur la sensibilité à la promotion. Mais le rapport
qu’entretiennent les consommateurs à leur pouvoir d’achat n’est pas directement
étudié en tant qu’explication potentielle de la prise de décision. Cette absence peut
étonner car il s’agit d’une notion symbolique à travers laquelle les consommateurs
appréhendent leur consommation. Le terme de « pouvoir » tend à lui donner une
dimension psychologique et sociale liée à la crainte de ne pas pouvoir continuer à
consommer, de devoir renoncer à un niveau de vie ou d’être socialement exclu. Il
semble aussi important de dépasser une vision simple, construite autour du niveau
objectif du revenu : la préoccupation du pouvoir d’achat ne dépend uniquement de la
faiblesse de celui-ci. Un consommateur n’a pas nécessairement besoin de rencontrer
des difficultés financières pour s’inquiéter de son pouvoir d’achat. Dans la société de
consommation, le pouvoir d’achat est perçu par les individus comme un indicateur de
leur capacité à maintenir un comportement de consommation cohérent avec une
certaine appartenance ou intégration sociale (statut ou niveau social), et donc
comme un levier de bien-être (Diener et Biswas-Diener, 2002). L’objectif de cet
2
article est d’analyser la façon dont les consommateurs ajustent leurs comportements
en cas de baisse perçue ou anticipée de leur pouvoir d’achat, a fortiori dans des
contextes économiques difficiles.
Cette recherche prend appui sur l’idée que la condition socio-économique alimente la
perception du pouvoir personnel perçu (Charles, Hurst et Roussanov, 2009 ; Keltner,
Gruenfeld et Anderson, 2003). De sorte que le pouvoir d’achat est bien un enjeu de
pouvoir au sens large. Les pertes de pouvoir sont aversives parce qu’elles se
traduisent par une perte de contrôle sur des ressources jugées importantes (argent,
expertise, opportunités économiques ou sociales). Elles créent une vulnérabilité que
les consommateurs sont motivés à résorber ou à compenser en adaptant leurs choix
de consommation (Sharma et Alter, 2012 ; Tesser, 2000). Ils adoptent alors des
stratégies leur permettant de retrouver du pouvoir (Rucker et Galinsky, 2008). Le
concept de préoccupation du pouvoir d’achat est introduit pour capturer cette
motivation. Potentiellement renforcée par les perceptions et les anticipations de
baisse de pouvoir d’achat, la préoccupation du pouvoir d’achat pourrait provenir de
facteurs plus stables comme le matérialisme ou les convictions de contrôle. Surtout,
elle serait capable d’expliquer des stratégies courantes de consommation permettant
de défendre le pouvoir d’achat. La défense du pouvoir d’achat s’entend comme la
volonté de conserver une capacité financière pour accéder à des consommations
plus hédoniques ou plus symboliques, contribuant à maintenir une forme
d’appartenance à la société. Cette défense du pouvoir d’achat passe par des
sacrifices plus ou moins importants sur les achats courants, plus fonctionnels. Dans
cette logique, seront analysées en particulier la préférence pour les marques de
distributeur et la fréquentation des enseignes de hard-discount. Ces stratégies sont
compensatoires dans la mesure où elles permettent de répondre à une baisse du
pouvoir d’achat par des choix de consommation quotidiens visant à le préserver et
partant, à atténuer le sentiment de vulnérabilité (Ma et al., 2011). Au plan
managérial, les résultats permettent d’alimenter la réflexion sur l’élaboration de
l’assortiment des distributeurs, les stratégies d’enseignes, la promotion des ventes et
la communication marketing.
3
APPROCHE THÉORIQUE ET CONCEPTUELLE
Après avoir abordé des tensions liées au pouvoir d’achat, le concept de
préoccupation du pouvoir d’achat est présenté, puis les hypothèses sur certains de
ses antécédents et conséquences.
Le pouvoir d’achat, enjeu de pouvoir et de liberté pour le consommateur
Le pouvoir d’achat est associé aux marges de manœuvre perçues dans la
consommation, ce qui renvoie à la littérature sur le pouvoir et la liberté des
consommateurs. Ainsi, il est un élément structurel du pouvoir personnel, celui qui
affranchit des autres et procure une liberté d’action (Denegri-Knott, Zwick et
Schroeder, 2006 ; Lammers, Stoker et Stapel, 2009). Un fort pouvoir d’achat accroît
la capacité d’un individu à modifier sa situation personnelle en consommant ou en
épargnant. Il le rend moins tributaire des aléas ou d’un soutien extérieur (Johnson et
Krueger, 2006). À l’inverse, la privation ou la baisse perçue de pouvoir d’achat peut
modifier les comportements, car elle induit au sens plus général une perte de
pouvoir.
Si une perte du pouvoir d’achat se traduit par une perte de pouvoir personnel, il est
utile de se référer aux travaux analysant les effets des variations de pouvoir perçu,
particulièrement sur les comportements d’achat (Rucker, Dubois et Galinsky, 2011 ;
Rucker et Galinsky, 2008). La perception de perdre du pouvoir est aversive et le
consommateur cherche à y échapper. L’aversion au manque de pouvoir s’explique
par le sentiment de manquer de contrôle sur l’environnement, par l’incertitude et
l’absence de gratification sociale qui en découlent (Rucker et Galinsky, 2008). Rendu
vulnérable, le consommateur est censé agir pour rééquilibrer son pouvoir et se sentir
mieux, ce qui induit l’adoption de stratégies de compensation (Baker, Gentry et
Rittenburg, 2005).
Des mécanismes permettant d’éviter un état déplaisant de faible pouvoir ou de
revenir à un équilibre sont étudiés en psychologie sociale (par exemple Tesser,
2000). En marketing, Rucker et Galinsky (2008) soulignent par exemple que les
choix de produits peuvent servir cet objectif, la consommation jouant un rôle
compensatoire. Dans une condition aversive de faible pouvoir (avoir le sentiment de
perdre le contrôle de la situation parce que l’on dépend d’autrui et que l’on n’a plus le
pouvoir de faire ce que l’on souhaite), ces auteurs montrent que les consommateurs
tendent à acquérir des biens procurant un statut social (produit rares, exclusifs,
4
éventuellement liés au luxe). De cette manière, ils restaurent leur sens général de
pouvoir. Cet article défend l’idée que la logique compensatoire mise en évidence
s’agissant du pouvoir au sens large, ou du pouvoir social en particulier, s’exerce
également pour une autre forme de pouvoir, le pouvoir d’achat.
Le concept de préoccupation du pouvoir d’achat
Nous proposons de capturer la motivation à compenser la perte réelle, perçue ou
anticipée de pouvoir d’achat à travers le concept de Préoccupation du Pouvoir
d’Achat (PPA). La PPA désigne une tension latente activée dans certaines situations
de consommation, par exemple, les courses au supermarché, et qui va orienter les
consommateurs vers des stratégies de maintien du pouvoir d’achat. Il s’agit d’un état
motivationnel poussant à réduire l’aversion ressentie à la perte de pouvoir.
Le terme de préoccupation se justifie par l’ampleur des conséquences négatives
associées à cette perte. Le pouvoir d’achat est lié à l’exercice d’une liberté de
consommer. La consommation répond à une nécessaire satisfaction des besoins et
peut être motivée par la recherche du bien-être et du bonheur (Csikszentmihalyi,
2000). Mais elle représente aussi un dérivatif à travers lequel l’individu exprime son
appartenance à la société et s’inscrit dans le jeu social. Les enjeux matériels et
psychologiques attachés à la certitude de pouvoir continuer à consommer sont
importants car la crainte de devoir renoncer à son niveau de vie, voire d’être
socialement exclu ou déclassé est anxiogène. Cette préoccupation se comprend
donc dans une logique défensive traduisant l’importance accordée au maintien et à
la protection de la capacité à acheter. L’intensité de la PPA suggère une forte
imprégnation du système marchand et du rôle social de la consommation qui pousse
le consommateur à réagir pour éviter d’en être écarté.
La volonté de préserver le pouvoir d’achat rapproche inévitablement la PPA de
construits censés prédire une attention accrue à la dimension tarifaire de l’offre
comme la sensibilité ou la conscience des prix, la sensibilité aux promotions ou
encore la conscience de la valeur. Néanmoins, aucun de ces concepts ne contient
intrinsèquement l’idée de maintien du pouvoir d’achat. L’objet de la PPA est différent
et par nature plus englobant : préserver son pouvoir d’achat peut déclencher
l’adoption d’une grande variété de stratégies (Ma et al., 2011). La conscience de la
valeur (Lichtenstein, Netemeyer et Burton, 1990) reflète par exemple le désir
d’optimiser le rapport qualité-prix. Ce désir peut aussi bien refléter une logique de
5
défense du pouvoir d’achat qu’une recherche de plaisir et de valorisation de l’estime
de soi en faisant de bonnes affaires.
Les déterminants de la PPA
La PPA s’exprimera différemment chez les consommateurs. Le mécanisme principal
exploré sous-tend qu’elle se renforce quand l’individu perçoit que son pouvoir d’achat
a baissé ou va baisser. Néanmoins, certains traits individuels peuvent intervenir.
Sont étudiés le matérialisme et le locus de contrôle externe.
Le rôle du pouvoir d’achat et de son évolution
Si un manque de pouvoir d’achat est psychologiquement inconfortable, les
consommateurs devraient être particulièrement préoccupés de son maintien lorsque
celui-ci est menacé. Empiriquement, cette intuition n’est pourtant pas clairement
validée (Bertrandias et Lapeyre, 2009). Au moins trois arguments peuvent être
avancés. D’abord, il est possible que la relation entre revenus et PPA soit modérée
par la permanence de la situation de faible pouvoir d’achat. Des consommateurs
ayant structurellement des bas revenus pourraient par exemple finir par ne plus avoir
les ressources psychologiques pour lutter contre cet état de faible pouvoir. Cette idée
est inspirée des travaux sur la résignation acquise (Seligman, 1975). Ensuite, un
même revenu peut déclencher des sentiments différents de pouvoir selon les
individus, à cause notamment du montant très variable de leurs dépenses
incompressibles. Par ailleurs, la satisfaction de son revenu et le jugement de pouvoir
qui en découle sont, au moins pour partie, socialement déterminés (Boyce, Brown et
Moore, 2010). Le sentiment de manquer de pouvoir sera criant si l’individu se sent
moins payé que ses collègues. Ainsi faudrait-il tenir compte des mécanismes de
comparaison sociale.
Bien que systématiquement contrôlé lors de la phase empirique, le pouvoir d’achat
effectif, approché par le revenu fiscal, ne fait donc pas l’objet d’une hypothèse de
recherche. En revanche, le consommateur apprécie sa capacité d’achat en fonction
de son revenu disponible arbitrable, une fois ses dépenses contraintes déduites. La
motivation à préserver le pouvoir d’achat proviendra soit de la perception que ce
revenu a baissé, soit de l’anticipation qu’il va diminuer à travers l’augmentation des
dépenses contraintes par exemple. En effet, les individus peuvent être fortement
préoccupés par l’évolution de certains postes budgétaires (énergie, Internet, etc.),
6
ces derniers leur donnant l’impression qu’ils subissent toujours plus de dépenses.
Dès lors, les hypothèses suivantes sont proposées :
H1a : La perception de baisse du revenu disponible influence positivement la PPA.
H1b : L’anticipation de baisse du revenu disponible influence positivement la PPA.
L’influence du matérialisme et des convictions de contrôle externe
Certains consommateurs peuvent se préoccuper de leur pouvoir d’achat parce qu’ils
sont culturellement ou psychologiquement disposés à le faire. Les traits capables
d’expliquer la PPA sont probablement variés. Dans cet article sont uniquement
mobilisés des antécédents qui engagent directement les notions de pouvoir et de
liberté. Le premier est celui de matérialisme défini à la suite de Belk (1984) comme le
degré d’importance attachée à la possession de biens, qu’ils soient matériels ou
immatériels. Il fait référence à la conception que l’individu a de la consommation, de
son rôle social et personnel. Des raffinements ont permis d’isoler trois facettes du
matérialisme : le succès, la centralité et le bonheur (Richins et Dawson, 1992). La
facette « succès » est liée au degré auquel les consommateurs considèrent la
possession matérielle comme un indicateur de réussite. La centralité évoque
l’importance et l’attachement accordés à la possession. Le bonheur traduit l’intensité
avec laquelle l’individu considère que posséder davantage rend plus heureux.
Pour expliquer le lien entre PPA et matérialisme, il peut être avancé que le maintien
du pouvoir d’achat est une condition nécessaire à l’accumulation de biens. À ce titre,
les consommateurs matérialistes devraient davantage se préoccuper de leur pouvoir
d’achat. Cette explication, liée à la quantité de produits achetés, vaut surtout pour les
dimensions de centralité et de bonheur. Celle de succès en revanche qualifie le type
de produit à acquérir : des biens procurant un statut social comme des vêtements de
marque ou des voitures haut de gamme. Pour les consommateurs matérialistes,
l’accès à ces produits est primordial. Cela les astreint à une plus grande rigueur
budgétaire afin que le pouvoir d’achat préservé soit dédié à l’achat de biens à fort
statut. Le matérialisme est également associé à un niveau de compétence plus faible
en matière de gestion de l’argent (Garðarsdóttir et Dittmar, 2012). Cette combinaison
alimente une tendance des individus matérialistes à se soucier de leur situation
financière (Garðarsdóttir et Dittmar, 2012), compatible avec la PPA.
H2a. Le matérialisme influence positivement la PPA.
7
La motivation à défendre le pouvoir d’achat devrait être plus forte chez des
consommateurs structurellement disposés à se sentir dans un état de faible pouvoir.
Cette question du pouvoir personnel (se sentir libre d’agir) est proche de celle du
locus de contrôle (Rotter, 1966). Un fort locus de contrôle interne reflète un degré
élevé de maîtrise de sa propre vie et de sa conduite. Par opposition, un fort locus de
contrôle externe caractérise une personne qui tend à attribuer sa situation actuelle à
d’autres facteurs qu’à ses propres choix ou capacités. Son niveau de richesse est en
grande partie contraint. Dans cette recherche, seul le locus externe a été retenu. Il
est en effet difficile d’anticiper une quelconque relation entre le locus de contrôle
interne et la PPA. La PPA traduisant une motivation défensive a priori contradictoire
avec un fort sentiment de contrôle sur les événements. En revanche, le pouvoir
d’achat est par nature propice à un biais d’externalité : le consommateur ne contrôle
pas la hausse des prix et subit le plus souvent le rapport salarial. Le locus externe
est de nature à capturer l’ampleur de ce biais. Dans la littérature traitant de ce
concept, les facteurs qui reviennent sont la chance ou le hasard et les « gens
puissants ». Par exemple, les employés subissant les difficultés du marché du travail
peuvent attribuer leur situation à des personnes jugées puissantes comme leur
employeur. Un fort locus externe est alors de nature à renforcer ces perceptions de
perte de contrôle et d’asymétrie de pouvoir personnel entre soi et les autres.
Pour autant, quand le sentiment de contrôle est menacé, les individus peuvent
investir les moyens à leur disposition pour en retrouver. Par exemple, les
comportements pro-sociaux donnent le sentiment d’avoir le pouvoir de tirer les autres
hors des difficultés (Naldony, 2010). De même, les consommateurs à fort locus
externe qui intériorisent l’idée qu’ils ne peuvent changer leur pouvoir d’achat vont
être plus motivés à agir pour le préserver. Or la consommation offre des moyens
concrets et accessibles pour regagner du contrôle. Décider d’économiser un euro en
choisissant tel produit plutôt que tel autre est un moyen parmi d’autres de restaurer
un sentiment de contrôle. Cela suggère l’hypothèse suivante :
H2b : Le locus de contrôle externe influence positivement la PPA.
Les stratégies de préservation et la dynamique de maintien du pouvoir d’achat
Les stratégies de préservation du pouvoir d'achat peuvent concerner des choix intra-
catégories de produits, des choix d’enseignes ou encore des décisions stratégiques
de consommation (Du et Kamakura, 2008). Cet article se concentre sur des
8
décisions habituelles des consommateurs censés produire un « effet revenu ». C’est
par exemple l’effet produit par un bon de réduction immédiate qui, par l’économie
réalisée, donne l’impression de créer un revenu disponible. Deux stratégies capables
de créer cet effet revenu, synonyme de maintien du pouvoir d’achat, ont été
retenues. Elles engagent deux objets distincts : le produit et l’enseigne. Il s’agit
précisément d’expliquer le choix des marques de distributeur (MDD) au détriment de
marque de producteurs (dites marques nationales, MN), et la part des dépenses
alimentaires effectuées chez les hard-discounters plutôt que chez les distributeurs
traditionnels. Au plan managérial, ces deux choix ont un impact sur la rentabilité de
la grande distribution (Ailawadi et Harlam, 2004 ; Ambroise, Brignier et Mathews-
Lefebvre, 2010) et peuvent être influencés par le marketing.
Plusieurs éléments suggèrent que les consommateurs préoccupés par leur pouvoir
d’achat privilégieront des MDD ou tendront à effectuer une part plus forte de leurs
achats dans des enseignes de hard-discount. Pour la plupart, les produits de MDD
dites « classiques » sont moins chers, mais d’une qualité proche de celle des
marques de producteurs (Geyskens, Gielens et Gijsbrechts, 2010 ; Nabec et
Renaudin, 2009). Elles transmettent aux consommateurs des signaux de qualité
similaires en reprenant les codes des marques traditionnelles en matière
d’emballage et d’informations qualitatives. À cet égard, elles facilitent la perception
d’un « effet revenu ». Le choix des consommateurs préoccupés par leur pouvoir
d’achat devrait donc davantage se porter sur la MDD, moins chère, en particulier
lorsque l’écart de prix est conséquent. L’hypothèse suivante est formulée :
H3a : Lorsque le consommateur est amené à choisir entre un produit de MN et de
MDD comparable, la PPA influence positivement la probabilité de choix du produit de
MDD.
Pour expliquer le lien entre la PPA et la part des dépenses alimentaires réalisées en
hard-discount, un argument complémentaire peut être proposé. Au-delà de la
recherche du prix bas, les motivations et croyances des clients fréquentant des hard-
discounters ont été mises au jour (Kapferer, 2004). Les consommateurs cherchent
notamment à éviter les tentations auxquelles les exposent le large assortiment, les
services et les diverses mises en avant de produits en hypermarché (Rondán
Cataluña, Sánchez Franco et Villarejo Ramos, 2005). Cette pression à l’achat peut
être ressentie comme une privation de liberté qui intervient moins dans les points de
9
vente de hard-discount. L’assortiment étant plus réduit, moins mis en scène, les
consommateurs peuvent restaurer leur liberté. Ainsi, la volonté de protéger une
certaine liberté de décision se traduirait par des choix de points de vente dans
lesquels celle-ci est moins remise en question. L’hypothèse suivante est proposée :
H3b : La PPA influence positivement la part des dépenses alimentaires effectuées
dans des enseignes de hard-discount.
Ces développements laissent envisager que la PPA conditionne les réactions des
consommateurs. Des travaux ont déjà montré que les baisses de revenus modifiaient
les comportements incitant par exemple à reporter des achats de biens durables
(Karlsson, Gärling et Selart, 1999). Mais les mécanismes selon lesquels la
consommation se modifie au quotidien sont peu traités. Par ailleurs, des résultats
d’études indiquent qu’en cas de perte de pouvoir social ou statutaire, le
consentement à payer pour des produits chers, signalant un statut social élevé,
augmente (Rucker et Galinsky, 2008). Dans le même ordre d’idées, il a été montré
que des minorités économiquement défavorisées compensent leur faible pouvoir en
gagnant du statut via des biens qui améliorent leur visibilité dans la communauté
(Charles, Hurst et Roussanov, 2009). Or, à budget contraint, l’acquisition de produits
de marque passera par des sacrifices dans la consommation quotidienne et par la
mise en œuvre de stratégies de maintien du pouvoir d’achat. La PPA devrait
contribuer à l’explication de cette dynamique, mais supposer son rôle médiateur n’est
pas tautologique : le consommateur faisant face à une situation aversive de
vulnérabilité peut très bien adopter une stratégie de déni et ne pas changer sa
consommation ou se résigner.
H4a : La PPA est un médiateur de la relation entre la perception de baisse du revenu
disponible et les actions de restauration du pouvoir d’achat : (1) la probabilité de
choix du produit de MDD et (2) la part des dépenses alimentaires effectuées dans les
enseignes de hard-discount.
H4b : La PPA est un médiateur de la relation entre l’anticipation de baisse du revenu
disponible et les actions de restauration du pouvoir d’achat : (1) la probabilité de
choix du produit de MDD et (2) la part des dépenses alimentaires effectuées dans les
enseignes de hard-discount.
10
Figure 1. Synthèse des hypothèses
MÉTHODOLOGIE
Les données ont été collectées de façon similaire à travers deux enquêtes menées
dans un contexte de baisse perçue du pouvoir d’achat. Les questionnaires ont été
administrés en face à face, pour l’essentiel au domicile des répondants. Les
échantillons exploités, respectivement de 480 et 472 individus, ne sont pas
strictement représentatifs de la population française. En revanche, les enquêteurs
devaient diversifier leur collecte (âge, revenu déclaré, structure de foyer, etc.) et
interroger une majorité de femmes car, statistiquement, ce sont elles qui se chargent
le plus fréquemment des achats alimentaires. Le premier échantillon est utilisé pour
étudier les qualités psychométriques de la mesure de PPA. Les hypothèses sont
testées à partir des données de la seconde enquête dont les modalités sont à
présent détaillées.
Modalités du questionnaire
Le questionnaire était présenté sous la forme d’une enquête sur les habitudes
d’achats alimentaires. La première partie était consacrée à la fréquentation
d’enseignes. Les répondants devaient notamment indiquer s’ils fréquentaient les
magasins de hard-discount et, le cas échéant, évaluer la part des dépenses
alimentaires réalisées. Une échelle graduée allant de 0 à 100% et divisée en quatre
zones d’intervalle (exemple d’annotation « moins d’un quart de vos dépenses ») a
été utilisée. Sur 472 répondants, 330 ont déclaré faire une partie de leurs courses
H1a
Perception de
baisse du revenu
disponible
Anticipation de
baisse du revenu
disponible
Préoccupation du
pouvoir d’achat
(H4a1, a2, b1, b2)
Probabilité de
choix du produit
de MDD
Part des dépenses
alimentaires
effectuées dans
les enseignes de
hard-discount Matérialisme
Locus de contrôle
externe
H1b
H2a
H2b
H3a
H3b
11
alimentaires en hard-discount, avec une moyenne de 38% et une forte dispersion
des réponses (min = 2%, max = 95%, écart-type = 29%).
La deuxième partie du questionnaire était consacrée aux arbitrages entre MDD et
MN. Les répondants imaginaient devoir acheter des pâtes alimentaires et de l’huile
d’olive1 puis choisissaient entre des produits de MDD et de MN. Les produits retenus,
issus de catégories alimentaires largement consommées en France, sont destinés à
une consommation privée et ne confèrent pas de statut social particulier. Ils peuvent
éventuellement être associés à un art de vivre qui renforce l’intérêt d’un arbitrage
entre la MN et la MDD. Dans une logique de validité externe, leur valeur nominale
est très différente, l’huile d’olive étant environ quatre fois plus chère que les pâtes.
Des produits de marque Carrefour ont été choisis en raison du très bon taux de
pénétration de cette enseigne dans la région d’administration des questionnaires.
Ces MDD sont, de plus, clairement positionnées sur l’avantage prix. Afin de vérifier
les effets de la PPA sur la probabilité de choisir la MDD, quatre versions de
questionnaires ont été créées (tableau 1). Le choix de deux MN pour chaque
catégorie de produit permet de contrôler l’effet possible de la marque sur les
résultats. Des références comparables sur les signes de qualité extrinsèques les plus
saillants ont été choisies et leur comparabilité vérifiée lors d’un pré-test (38
consommateurs). De plus, deux écarts de prix entre la MN et la MDD ont été
introduits, 12,5% et 25%, afin d’examiner l’influence de l’« effet revenu ». Les
couples de produits étaient présentés l’un à côté de l’autre, avec l’indication du prix
et du prix au litre (ou au kg).
Tableau 1. Types de questionnaire (étude n°2)
Version Pâtes alimentaires Prix MDD/
Prix MN Huile d’olive
Prix MDD/
Prix MN
1 Barilla vs. Carrefour 0,875 Puget vs. Carrefour 0,75
2 Panzani vs. Carrefour 0,875 Lesieur vs. Carrefour 0,75
3 Barilla vs. Carrefour 0,75 Puget vs. Carrefour 0,875
4 Panzani vs. Carrefour 0,75 Lesieur vs. Carrefour 0,875
1 Grâce à trois questions filtres, seuls les acheteurs de ces deux catégories de produit et fréquentant l’enseigne Carrefour (Carrefour ou Carrefour Market) ont rempli le questionnaire.
12
Dans la troisième partie du questionnaire étaient mesurées les autres variables de la
recherche, y compris la PPA et l’évolution perçue du revenu disponible, défini aux
répondants comme les revenus qui restent une fois réglées les différentes charges
contraintes (impôts, facture EDF, etc.). Des questions neutres s’intercalaient entre
ces variables pour ne pas induire de corrélations artificielles liées à la structure du
questionnaire.
Mesure de la Préoccupation du Pouvoir d’Achat (PPA)
La mesure de PPA (Bertrandias et Lapeyre, 2009) compte quatre items (par exemple
« Lorsque je fais les courses, le maintien de mon pouvoir d’achat me préoccupe »).
Dans les deux études réalisées, elle se révèle unidimensionnelle et stable en matière
de fiabilité (même valeur de l’alpha de Cronbach, α= 0,84)2.
Une analyse factorielle confirmatoire a été menée sur les données de la première
étude afin d’approfondir l’examen des qualités de la mesure de PPA dans un modèle
incluant trois traits liés : la conscience de la valeur (échelle précédemment épurée de
trois items issus de Lichtenstein, Netemeyer et Burton (1990)), la sensibilité au prix
(deux items tirés de Goldsmith et Newell (1997)) et la sensibilité générale aux promo-
tions (trois items de Lichtenstein, Netemeyer et Burton (1995)). Le modèle de me-
sure s’ajuste bien aux données (Chi²/ddl = 1,40 ; GFI = 0,97 ; AGFI = 0,95 ; RMSEA
= 0,029 ; NFI = 0,96 et CFI = 0,99). La fiabilité (ρ> 0,7) et la validité convergente
(ρvc> 0,5) de toutes variables latentes sont satisfaisantes. La validité discriminante de
la mesure de PPA est également établie, les ρvc de chaque construit étant supérieurs
aux carrés des corrélations entre les paires de construits (Annexe 1).
Ces résultats confirment que la mesure de PPA respecte les critères requis et est
utilisable, y compris par les chercheurs et professionnels pour leurs propres études.
Mesure des antécédents de la PPA
Le matérialisme a été mesuré par l’échelle de Richins et Dawson (1992) traduite par
Bouaziz (2006) (Annexe 2). L’analyse factorielle en composantes principales fait
ressortir les dimensions « succès » (α= 0,75), « centralité » (α= 0,71) et « bonheur »
2 La distribution des scores de l’échelle confirme une surreprésentation des consommateurs ayant un niveau élevé de PPA cohérente avec le contexte de baisse de pouvoir d’achat an-noncé (Moyenne = 4,92 et 3ème quartile = 6 sur une échelle allant de 1 « Pas du tout d’accord » à 7 « Tout à fait d’accord »). Des résultats comparables ont été obtenus avec la collecte n°2.
13
(α= 0,73). Pour le locus de contrôle externe, l’échelle de Levenson (1981) a été
adaptée. Les deux dimensions relevées expriment l’idée que ce qui arrive à l’individu
relève du hasard (« chance » : α= 0,69) ou dépend de personnes ayant du pouvoir
(« gens puissants » : α= 0,83). L’évolution perçue du revenu disponible a été
capturée par deux items sur l’évolution passée et l’anticipation de baisse de celui-ci.
Enfin, la mesure du pouvoir d’achat effectif est basée sur le calcul du revenu fiscal du
foyer. Les enquêteurs demandaient le revenu déclaré aux impôts par le foyer et le
nombre de parts fiscales3.
RÉSULTATS
Antécédents de la PPA
L’influence des antécédents de la PPA a été vérifiée par un modèle de régression
linéaire multiple. Les résultats, détaillés dans le tableau 2, ne sont pas perturbés par
la colinéarité (VIF < 1,25). Ils permettent d’abord de noter que le revenu fiscal n’est
pas significatif. La relation entre le niveau réel de richesse et la PPA n’est pas
simple, point déjà mis en évidence précédemment dans l’article.
L’hypothèse H1a est validée : plus le consommateur estime que son revenu
disponible a diminué, plus il se préoccupe de son pouvoir d’achat (β= 0,141 ; p <
0,01). L’évolution anticipée du revenu disponible influence également la PPA (H1b
validée) mais la signification est moins forte (β= 0,100 ; p < 0,05). La PPA se nourrit
davantage d’une baisse ressentie que d’une appréhension de la baisse des revenus.
Ce point suggère que la PPA s’inscrit probablement moins dans une logique
d’épargne de précaution que dans la volonté de se ménager des marges de
manœuvre en matière de consommation.
L’hypothèse H2a relative à l’influence du matérialisme sur la PPA ne peut pas être
validée, la dimension « succès » n’étant pas significative (β= 0,027 ; p= 0,573). Pour
autant, les dimensions « bonheur » (β= 0,143 ; p < 0,01) et « centralité » (β= 0,130 ;
p < 0,01) influencent positivement la PPA. Plus la possession est considérée comme
centrale ou source de bonheur, plus le consommateur est motivé à agir pour
préserver sa capacité à y accéder. Chez les consommateurs matérialistes, chaque
dépense est ainsi davantage pesée, car elle diminue la possibilité de faire d’autres 3 En cas d’hésitation, les enquêteurs invitaient le répondant à vérifier leur déclaration de revenus (vérification faite pour 28% de l’échantillon). En raison d’un biais déclaratif possible, un contrôle de la justesse des déclarations a aussi été effectué en croisant des réponses. Cette vérification a posteriori a conduit au retrait de 12 individus de la base de données.
14
acquisitions. Mais ces arbitrages n’impliquent pas nécessairement, comme pressenti,
une recherche de statut plus clairement associée à la dimension succès du
matérialisme. L’hypothèse H2b doit également être rejetée, car la dimension
« chance » du locus externe n’est pas significative (β= 0,046 ; p= 0,344). En
revanche, la PPA est plus forte chez les personnes qui ont le sentiment de subir une
situation imposée par des puissants (β= 0,109 ; p < 0,05). Les réflexes de
préservation du pouvoir d’achat sont bien liés au sentiment de très mal le contrôler.
Tableau 2. Antécédents de la PPA, résultats de la régression linéaire multiple
Variable dépendante : PPA Βeta P VIF
Revenu
disponible
Évolution passée du revenu disponible 0,141 0,003 1,13
Évolution anticipée du revenu
disponible 0,100 0,027 1,05
Matérialisme
Bonheur 0,143 0,003 1,17
Centralité 0,130 0,006 1,14
Succès 0,027 0,573 1,20
Locus de
contrôle externe
Gens puissants 0,109 0,025 1,22
Chance 0,046 0,344 1,23
Pouvoir d’achat
effectif Revenu fiscal -0,064 0,148 1,02
Constante -0,005 0,916
F (ddl1 ; ddl2) / R² 8,145 (8 ; 457) / 0,125
Conséquences de la PPA : la préférence pour les MDD
Pour expliquer la probabilité de choix des produits MDD plutôt que MN, des
régressions logistiques binaires ont été mises en œuvre. Dans le tableau 3, quatre
modèles sont testés, deux pour l’huile d’olive, deux pour les pâtes alimentaires. Dans
le premier, seuls la PPA et le revenu fiscal standardisé sont retenus comme
variables explicatives. Le second modèle permet de tester si l’effet de la PPA dépend
de l’importance de l’effet revenu et d’écarter la possibilité que le consommateur
choisisse la MDD par rejet d’une MN particulière. Ainsi sont ajoutées quatre variables
de contrôle : la MN en lice dans le choix (codée « 1 » pour Puget et Barilla, « 0 »
15
pour Lesieur et Panzani), l’écart de prix (codé « 1 » pour fort (25%), « 0 » pour faible
(12,5%)), l’interaction entre MN et PPA et celle entre écart de prix et PPA.
Conformément à H3a, les résultats indiquent que la PPA prédit le choix d’une MDD
au détriment d’une MN et ce, aussi bien pour l’huile d’olive (β= 0,284 ; p= 0,010) que
pour les pâtes alimentaires (β= 0,419 ; p < 0,001). Comme attendu, l’effet de la PPA
n’est pas spécifiquement lié au rejet d’une marque nationale en particulier, les
interactions entre la MN et la PPA n’étant pas significatives. Il est plus étonnant de
constater que l’ampleur de l’« effet revenu » ne modifie pas l’effet de la PPA, les
interactions entre les écarts de prix et la PPA étant là encore non significatives. Cela
peut suggérer que la PPA crée des réflexes de consommation peu tributaires du
contexte, notamment des écarts de prix. Par ailleurs, la probabilité de choisir la MDD
plutôt que la MN pour un point supplémentaire de PPA est indiquée dans les
colonnes e(β)-1. Leur lecture révèle également que l’augmentation du revenu
détourne les individus des MDD, mais cette influence est modérée, surtout pour les
pâtes alimentaires (-193% dans le modèle incluant uniquement la PPA).
Tableau 3. Effets de la PPA sur le choix de la MDD, résultats des régressions
logistiques
Huile d’olive Pâtes alimentaires
Β (p) e(β)-1 Β (p) e(β)-1 Β (p) e(β)-1 Β (p) e(β)-1
PPA 0,284
(0,010) 0,329
0,051
(0,831) 0,052
0,419
(0,000) 0,520
0,162
(0,328) 0,176
Rev. Fiscal -0,274
(0,013) -0,240
-0,291
(0,009) -0,253
-0,215
(0,032) -0,193
-0,216
(0,034) -0,194
MN - - 0,595
0,010) 0,812 - -
-0,442
(0,023) 0,357
MN x PPA - - 0,317
(0,172) 0,373 - -
0,383
(0,060) 0,466
Écart de prix - - 0,231
(0,311) 0,259 - -
0,393
(0,045) 0,482
Écart de prix x
PPA - -
0,020
(0,929) 0,020 - -
0,161
(0,429) 0,175
Constante 1,224 2,401 0,841 1,318 0,319 0,376 0,364 0,439
16
(0,000) (0,000) (0,001) (0,041)
χ² 14,76 (0,000) 25,81 (0,000) 25,853 (0,000) 39,645 (0,000)
Pseudo-R² 0,047 0,079 0,072 0,109
Conséquences de la PPA : la part d’achat effectuée en hard-discount
La PPA est censée prédire la part des dépenses effectuées dans les enseignes de
hard-discount (PartHD). Dans les faits, PartHD rassemble deux variables : (1) le
répondant fait-il ou non une partie de ses courses en hard-discount, (2) dans
l’affirmative (PartHD > 0), quelle est la part des dépenses effectuées dans ces
magasins. Afin de pouvoir expliquer la deuxième variable tout en prenant en compte
la première, une régression Tobit a été réalisée sous Stata. Sur 467 observations,
128 sont censurées, car elles correspondent aux personnes ne faisant jamais leurs
courses en hard-discount. Le modèle est globalement significatif (Chi²= 33,88 ; p <
0,001) et le pseudo-R² évaluant sa performance voisin de 12%. La PPA influence la
part d’achats alimentaires déclarée dans le hard-discount (β= 9,108 ; p < 0,001),
davantage que le revenu fiscal (β= -6,882 ; p= 0,001). L’hypothèse H3b est validée,
confirmant la validité prédictive de la PPA.
Rôle médiateur de la PPA dans le processus
Il s’agit de vérifier que la PPA est un médiateur entre la perte perçue ou l’anticipation
de perte de pouvoir d’achat et l’adoption de stratégies visant à le maintenir. Pour le
choix d’une MDD plutôt que d’une MN, le test implique la génération d’échantillons
par bootstrap et l’examen de la signification de l’effet indirect des antécédents de la
PPA (Zhao, Lynch et Chen, 2010). Les résultats obtenus pour 1000 échantillons
simulés sont présentés dans le tableau 4. Concernant la part d'achats alimentaires
effectués en hard-discount, les résultats de la régression Tobit assortie d’une
estimation de l’effet indirect (Wang et Zhang, 2011) sont détaillés dans le tableau 5.
À nouveau, 1000 échantillons ont été générés.
17
Tableau 4. Résultats de la médiation de la PPA sur les relations entre évolutions
perçues du revenu disponible et probabilité de choix de MDD
Variable dépendante (DV)
Choix huile d’olive
MDD
Choix pâtes
MDD
Coeff. P Coeff. P
Variable indépendante (IV) : Évolution passée du revenu disponible
IV → PPA 0,145 0,001 0,148 0,001
PPA → DV 0,321 0,015 0,311 0,002
Effet total IV → DV 0,025 0,824 0,179 0,073
Effet direct IV → DV -0,017 0,885 0,135 0,183
Valeur moyenne de l’effet indirect IV →
DV [Intervalle de confiance à 95%]
0,042
[0,006 ; 0,103]
0,049
[0,011 ; 0,098]
Variable indépendante (IV) : Évolution anticipée du revenu disponible
IV → PPA 0,102 0,023 0,098 0,027
PPA → DV 0,276 0,015 0,320 0,001
Effet total IV → DV 0,071 0,179 0,122 0,211
Effet direct IV → DV 0,047 0,672 0,091 0,355
Valeur moyenne de l’effet indirect IV →
DV [Intervalle de confiance à 95%]
0,029
[0,002 ; 0,081]
0,033
[0,002 ; 0,084]
Tableau 5. Résultats de la médiation de la PPA sur les relations entre évolution
perçue du revenu disponible et part des achats alimentaires en hard-discount
Variable dépendante (DV) : Part des
achats alimentaires en hard-discount
Coeff. P
Variable indépendante (IV) : Évolution passée du revenu disponible
IV → PPA 0,148 0,001
PPA → DV 5,431 0,003
Effet total IV → DV 5,199 0,003
Effet direct IV → DV 4,506 0,010
Valeur moyenne de l’effet indirect IV →
DV [Intervalle de confiance à 95%]
0,798
[0,206 ; 1,643]
18
Variable indépendante (IV) : Évolution anticipée du revenu disponible
IV → PPA 0,098 0,027
PPA → DV 5,431 0,003
Effet total IV → DV 0,778 0,644
Effet direct IV → DV 0,263 0,875
Valeur moyenne de l’effet indirect IV →
DV [Intervalle de confiance à 95%]
0,536
[0,014 ; 1,296]
Dans le tableau 4, l’effet direct de la variable indépendante sur la préférence pour les
MDD, excluant la PPA, n’est jamais significatif (lignes « Effet direct IV→ DV »).
L’effet indirect apparaît lui toujours significatif, la valeur 0 n’étant pas contenue dans
les intervalles de confiance (lignes « Valeur moyenne de l’effet indirect IV → DV
[Intervalle de confiance à 95%] »). Qu’il s’agisse de l’évolution passée ou de
l’anticipation de baisse du revenu disponible, de l’huile d’olive ou des pâtes, la
configuration est similaire. Les hypothèses H4a1 et H4b1 sont donc validées.
Les hypothèses H4a2 et H4b2 le sont également (tableau 5). Les effets indirects de
l’évolution passée et de l’anticipation de baisse du revenu disponible sont significatifs
sur la part d'achats alimentaires effectués en hard-discount (intervalles de confiance
excluant la valeur 0). L’effet de l’anticipation est strictement indirect (Effet direct IV→
DV non significatif, coeff = 0,263 et p= 0,875) alors que l’effet direct significatif de
l’évolution passée (coeff = 4,506 et p= 0,010) suggère que la PPA exerce seulement
dans ce cas un effet médiateur de complément.
Ces analyses soulignent l’importance de l’apparition d’un état motivationnel orienté
vers la préservation du pouvoir d’achat dans l’adoption des stratégies de maintien.
La PPA est un pivot à travers lequel les consommateurs s’ajustent à l’inconfort
psychologique créé par une baisse ressentie ou anticipée de leur pouvoir d’achat.
DISCUSSION
Cet article améliore la compréhension du rôle psychologique de la contrainte
budgétaire sur le comportement des consommateurs. Le pouvoir d’achat n’est pas
qu’un sujet d’actualité lié au contexte de crise économique. Le mythe de l’âge d’or
passé, fondé sur le sentiment de manque et d’un recul du niveau de vie, perdure
dans l’histoire malgré les progrès des sociétés industrielles (Daniel, 2007). Notre
19
recherche montre en particulier que les consommateurs peuvent compenser une
perte perçue ou anticipée de leur pouvoir d’achat en adoptant des stratégies de
maintien telles que le choix d’enseignes hard-discount qui les protègent de la
tentation et des impulsions, ou le choix de MDD moins chères sans trop sacrifier la
qualité. La proximité entre pouvoir personnel et pouvoir d’achat mérite ici d’être
rappelée. La perte de pouvoir d’achat est aversive, rend vulnérable et affecte la
liberté d’action des consommateurs, tout en engageant leur bien-être et leurs projets.
C’est dans ce sens que le matérialisme ou le locus de contrôle externe ont été
mobilisés. Lorsque la consommation est étroitement associée à la conception du
bonheur ou de la réussite, cette dynamique de compensation s’impose davantage au
consommateur. De même, quand l’individu considère que sa situation personnelle
est principalement contrôlée par des facteurs externes, des personnes de pouvoir, il
est plus vigilant à maintenir l’espace de liberté que lui offre la consommation.
La préoccupation du pouvoir d’achat joue un rôle clé dans la dynamique de
compensation. Son rôle de médiateur suggère qu’une perte ou une baisse de
pouvoir d’achat induit la mise en œuvre d’une stratégie de compensation lorsque la
motivation à maintenir le pouvoir d’achat se renforce. Nous le montrons dans le cas
de la préférence pour les MDD qui ne s’exprime qu’indirectement via la PPA. Par
conséquent, face à une baisse de pouvoir d’achat, les consommateurs dont la PPA
ne s’accroît pas peuvent se résigner ou se détacher. Ces alternatives invitent à
réaliser d’autres investigations, notamment sur l’adoption de styles de vie adaptatifs
dans des périodes de stagflation marquées par des baisses de pouvoir d’achat.
Cependant, si la PPA semble être un indicateur central, nous ne parvenons pas à
montrer que son effet sur le choix des MDD est significativement renforcé par
l’ampleur des effets revenus générés. Cela peut suggérer que la PPA crée des
réflexes de choix MDD plutôt que de favoriser des choix ponctuels déterminés par le
contexte. Dès lors, il n’est pas certain que des produits de marque de producteur
d’entrée de gamme parviennent à renverser une dynamique favorable aux MDD
sans adopter au préalable une communication centrée sur la défense du pouvoir
d’achat. En revanche, les distributeurs ont tout intérêt à l’amplifier en communiquant
sur le rôle compensatoire de leurs marques. La PPA pourrait d’ailleurs constituer une
variable de qualification dans les bases de données de clientèle de la grande
distribution, de façon à accentuer la dimension de défense du pouvoir d’achat dans
des campagnes de marketing direct auprès de consommateurs à forte PPA.
20
La volonté de résister à l’achat d’impulsion étant de plus en plus mise à l’épreuve
(Vohs et Faber, 2007), une part de la fréquentation des enseignes de hard-discount
s’explique par une logique de protection du pouvoir personnel de consommer. De ce
point de vue, les sites de Drive des distributeurs vont dans le bon sens puisqu’ils
augmentent le contrôle des clients et restaurent de fait un sens général du pouvoir.
D’autres actions sont capables de répondre à ce même objectif, par exemple,
l’utilisation de discours rassurants, confortant les clients dans leur choix d’enseigne
(publicité comparative par exemple) ou la présentation des programmes de
fidélisation comme des opérations de restitution du pouvoir d’achat. Malgré tout, la
contradiction entre la nécessité de favoriser les impulsions pour accroître le chiffre
d’affaires et le besoin de contrôle des consommateurs est difficile à dépasser.
S’agissant des limites de cette recherche, seuls des clients de l’enseigne Carrefour
ont été interrogés. Ensuite, des biais de déclaration ne peuvent être pleinement
écartés. Les répondants devaient notamment choisir entre une MDD et une MN en
dehors d’un contexte réel. La fréquence de choix de MDD, pourtant élevée dans
notre échantillon, a de ce fait pu être sous-estimée. De même, nos mesures
d’évolution des revenus disponibles ne capturent que des ressentis, notamment
parce que l’interprétation de la notion de dépense contrainte est très personnelle.
D’un autre côté, elles traduisent le caractère éminemment subjectif du pouvoir
d’achat perçu. Une voie de recherche serait donc d’étudier des comportements réels
afin d’enrichir les conclusions de cet article. L’étude reposerait par exemple sur
l’observation de deux populations distinguées au préalable selon leurs niveaux faible
versus élevé de PPA et sur la collecte de tickets de caisse.
Une autre limite tient à la compréhension limitée des mécanismes résultant d’un état
aversif de faible pouvoir. Nous supposons que les consommateurs sont motivés à
préserver leur pouvoir d’achat résiduel pour le dédier à des dépenses produisant des
bénéfices hédoniques et/ou statutaires, mais ce travail s’arrête à la première étape.
La mise en évidence de ces arbitrages supposerait le recours à des données de
panel consommateurs, du moins à des relevés systémiques d’achat chez un nombre
élevé de ménages. Des recherches futures pourront apporter des éclaircissements
sur ce point. De même, seules deux stratégies de compensation ont été étudiées et
d’autres mériteraient de l’être comme le recours aux promotions ou l’utilisation des
programmes de fidélité fondés sur le cagnottage. Enfin, cette recherche a mis en
21
évidence plusieurs antécédents individuels de la PPA mais l’échelle de matérialisme,
notamment sur sa dimension « succès », est assez marquée culturellement
(Ladwein, 2005). Cela a pu affecter les réponses et son adaptation mériterait par
conséquent d’être réalisée avant tout réplication de cette étude. Plus largement, les
consommateurs sont perméables à la teneur des situations économiques. La PPA
pourrait ainsi dépendre de facteurs sociétaux qu’il conviendrait d’intégrer.
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availability affects impulse buying, Journal of Consumer Research, vol.33, n°4,
p.537-547.
Wang L. et Zhang Z. (2011) - Estimating and testing mediation effects with censored
data, Structural Equation Modeling: A Multidisciplinary Journal, vol.18, n°1, p.18-34.
Zhao X., Lynch Jr. J.G. et Chen Q. (2010) - Reconsidering Baron and Kenny: Myths
and truths about mediation analysis, Journal of Consumer Research, vol.37, n°2,
p.197-206.
25
ANNEXE 1. MESURES ET TEST DE LA VALIDITE DE L’ECHELLE DE PPA
(ETUDE N°1, N=480)
Préoccupation du pouvoir d’achat*
- Lorsque je fais les courses, le maintien de mon pouvoir d’achat me préoccupe.
- Même si cela demande beaucoup d’énergie, j’essaie tout de même de préserver
mon pouvoir d’achat.
- En faisant attention, je m’efforce de conserver mon pouvoir d’achat.
- Je déteste l’idée de perdre du pouvoir d’achat.
Conscience de la valeur*
- Je fais généralement très attention au prix à l’unité (au litre, au kilo) avant
d’acheter.
- Quand il y a une promotion sur un produit, je vérifie bien qu’elle me permet de tirer
un réel avantage.
- Souvent les promotions ne sont là que pour attirer l’attention sur le produit, je
compare avec les autres marques pour savoir si elles sont vraiment intéressantes.
Sensibilité aux prix*
- Je n’ai généralement pas envie de fournir des efforts supplémentaires dans le seul
but de trouver un prix plus bas. (-)
- L'argent économisé en cherchant les prix les plus bas ne vaut généralement pas le
temps et l'effort fournis. (-)
Sensibilité aux promotions*
- Si un produit est soldé ou en promotion, pour moi, cela peut être une raison
suffisante de l'acheter.
- J'ai tendance à rechercher les marques en promotion.
- J’aime acheter en promotion car cela me donne la sensation d'avoir fait une bonne
affaire.
* Echelle de Likert en sept points allant de 1 « Pas du tout d’accord » à 7 « Tout à fait
d’accord ».
26
PPA
Sensibilité aux
promotions
Sensibilité aux
prix
Conscience de
la valeur
PPA 0,574
Sensibilité aux
promotions 0,137 0,505
Sensibilité au
prix 0,121 0,040 0,576
Conscience de
la valeur 0,236 0,093 0,184 0,634
Les validités convergentes figurent en gras sur la diagonale. Les autres coefficients repré-
sentent les carrés des corrélations entre les construits.
27
ANNEXE 2. MESURES DES ANTECEDENTS DE LA PPA (ETUDE N°2, N=472)
Matérialisme (Succès)*
- L’un des buts les plus importants dans la vie est d’acquérir des biens.
- Ce que je possède en dit long sur ma réussite.
- J’aime posséder des choses qui impressionnent les autres.
Matérialisme (Centralité)*
- En général, j’achète uniquement ce dont j’ai besoin. (-)
- D’un point de vue matériel, j’essaie de vivre simplement. (-)
Matérialisme (Bonheur)*
- J’ai tout ce dont j’ai vraiment besoin pour profiter de la vie. (-)
- Je ne serais pas plus heureux si je possédais de plus belles choses. (-)
- Je serais plus heureux si j’avais les moyens de m’offrir davantage de choses.
- Cela m’ennuie parfois de ne pas avoir les moyens de m’acheter tout ce que je
veux.
Locus de contrôle externe (Chance)*
- Ma vie est largement contrôlée par des faits imprévus.
- D’habitude, si j’obtiens ce que je veux, c’est que je suis chanceux.
- C’est toujours difficile de faire des plans à long terme car il peut arriver plein de
choses, positives ou négatives, en fonction du hasard.
Locus de contrôle externe (Gens puissants)*
- J’ai le sentiment que ce qui arrive dans ma vie est en grande partie influencé par
des gens puissants.
- Dans plein de domaines, ce sont ceux qui ont du pouvoir qui exercent un contrôle
sur ma vie.
Evolution perçue du revenu disponible (Passée)
- Ces dernières années, jugez-vous que le revenu disponible de votre foyer a… (1.
Beaucoup augmenté ; 7. Beaucoup diminué)
Evolution perçue du revenu disponible (Future)
- Dans les prochaines années, pensez-vous que le revenu disponible de votre foyer
va… (1. Beaucoup augmenter ; 7. Beaucoup diminuer)
* Echelle de Likert en sept points allant de 1 « Pas du tout d’accord » à 7 « Tout à fait
d’accord ».