La légende ECTA chez les Lexovii, les Aulerci Eburovices et les Veliocassi

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42' ANNÉE W166 DÉCEMBRE 2005 CAHIERS NUMISMATIQUES REVUE TRIMESTRIELLE DE LA SOCIÉTÉ D'ÉTU DES NUMISMATIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES Membre de la Commission Internationa le de Numismatique SOMMAIRE VIE DE LA SOCIÉTÉ À propos de l'étude et de la publication des trouvailles monétaires ...... 3 ÉTUDES NUMISMATIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES un chaînon nouveau entre le prototype de Philippe et l'hémistatère u au loup" DT 2386·2388 Louis-Pol Delestrée ................................... ............ .. .... ........ ................................. 9 une série gauloise en or originale dans la région de Dreux OEure-et-Loirl Louis-Pol Delestrée et José de Sainte-Marie ....................... .... ... ......... .......... 15 La Légende ECTA chez les Lexovii, les Aulerci Eburovices et les Veliocassi Pierre-Marie Guihard et Patrice Lajoye . ...... ................. .... ... .... ..... .. ... .... ... .. ... .. 25 un nouveau bronze épigraphe des Lexoviens à légende MAVPENNV Pierre Gendre ...................................................................................................... 33 Le trésor de Sigus et ses comparatifs Pierre Sala ma ....... ....... ...... .. ....... .......................................................................... 37

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42' ANNÉE W166 DÉCEMBRE 2005

CAHIERS NUMISMATIQUES REVUE TRIMESTRIELLE

DE LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES NUMISMATIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES

Membre de la Commission Internationa le de Numismatique

SOMMAIRE

VIE DE LA SOCIÉTÉ

À propos de l'étude et de la publication des trouvailles monétaires ...... 3

ÉTUDES NUMISMATIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES

un chaînon nouveau entre le prototype de Philippe et l'hémistatère u au loup" DT 2386·2388 Louis-Pol Delestrée .............................................................................................. 9 une série gauloise en or originale dans la région de Dreux Œure-et-Loirl Louis-Pol Delestrée et José de Sainte-Marie ................................................. 15 La Légende ECTA chez les Lexovii, les Aulerci Eburovices et les Veliocassi Pierre-Marie Guihard et Patrice Lajoye ......................................................... .. 25 un nouveau bronze épigraphe des Lexoviens à légende MAVPENNV Pierre Gendre ...................................................................................................... 33 Le trésor de Sigus et ses comparatifs Pierre Sala ma ....................................................................................................... 37

La Légende ECTA chez les Lexovii, les Aulerci Eburovices et les Veliocassi

par Pierre-Marie Guihard* et Patrice Lajoye**

Parmi les nombreuses monnaies de la région de la basse Seine émises par des peuples, il existe une petite série assez singulière portant le même mot dans leur légende : ECTA. Que signifie ce mot? Quels sont les peuples qui ont frappé ces monnaies et dans quel but ?

1. La liste des monnaies Depuis plus d'un siècle maintenant a été attribuée aux Lexovii (région de Lisieux,

Calvados et Eure), une monnaie à la légende pour le moins particulière : E18A LIXOVIO 1 MAGVPE[ (LT 7146 1 DT 2489-90 (Atlas II) 1 RIG IV 153)

La légende digraphe, en caractères grecs et latins, n'était pas sans poser problème. Si LIXOVIO permettait l 'attribution aux Lexovii, E18A et MAGVPE[ restaient inex­pliqués. Il y a quelques années, Louis-Pol Delestrée proposait de reconnaître dans MAGVPE[, restituée MAGVPE[NNOS], la forme complète de MAVPENNOS (attes­tée sur d'autres monnaies des Lexovii), Maupennos étant considéré comme une forme altérée ( 1 ). Les raisons inhérentes à ce changement sont délicates à interpréter. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées. La première tient à la transcliption d'un mot uniquement véhiculé par la voie orale. D 'une manière générale les habitants de la Gaule ont un lan­gage commun à beaucoup de peuples. Néanmoins des différences notables existaient, comme, par exemple, dans le vocabulaire ou la prononciation (2). Dans le cas de MAGVPENNOS 1 MAVPENNOS, la perte du G marquerait une telle situation. Le graveur, responsable des coins pour les exemplaires LT 7146, n'avait certainement pas la même façon de prononcer ce nom. Pour lui, le G était bien trop faible, voire totale­ment aspiré, pour être écrit. À cette hypothèse s'ajoute peut-être la volonté de signifier le surnom ou pseudonyme de cette personne. Ces mutations sont bien documentées dans le domaine de la numismatique gauloise. On peut évoquer, par exemple, les monnaies au nom d ' Abucatos, chez les Bituriges Cubi. Sur la majorité des types, il est significa­tif d 'observer l'utilisation de ABYDOS (RIG IV, 5-8), alos que la forme complète est vraisemblablement ABVCATOS (RIG IV, 4), et qu'il s'agit probablement du même

* Doctorant (Université Paris IV). ** Assistant ingénieur au CNRS (Université de Caen, MRSH).

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pers01mage. Enfin, une dernière hypothèse, qui considérerait MAVPENNOS comme une forme hypocoristique de MAGVPENNOS, est à envisager. Dès lors, on aurait affaire à deux personnes différentes (3). Reste à expliquer EreA.

Cette légende a été retrouvée sur une monnaie mal lue, d 'abord attribuée hypothé­tiquement aux Ambiani, avant que la découverte d'un nouvel exemplaire ne permette à Louis-Pol De lestrée de la restituer aux Veliocassi ( 4) :

ErG A 1 RATVMACOS (BN 8469-70 1 DT 655 (Atlas I) 1 RJG IV 154)

Cette légende a été retrouvée enfin sur deux types de monnaies des Aulerci Eburovices, cette fois-ci en caractères latins :

ECTA-EBVRO 1 AVLIRCO-EBVROVIC (DT 2432-33 (Atlas II) 1 RJG IV 65)

II. Que signifie EreA 1 ECTA? La comparaison grecque Malheureusement, il n' existe aucun dérivé de ce mot dans les langues néo-celtiques

(un terme en *eid- ou *eit- serait attendu en gallois, par exemple). Cependant, il existe d'autres m01maies lexoviennes ou éburovices dont la légende comporte des termes monétaires latins adaptés en langue gauloise. Nous connaissons ainsi un semis lexovien, un as éburovice (DT 2481-2487, DT 2431 ). On poutTait alors être tenté de voir dans ECTA une unité de mesure étrangère. On connait ainsi l' EK't:EUÇ grec, le« setier». Cependant, celui-ci est une unité de volume, basé sur la notion de« sixième». Or les monnaies étu­diées ne semblent pas être le « sixième » de quoi que ce soit. Qui plus est, on voit mal une unité de mesure ainsi transposée en valeur monétaire.

Cependant, si l'on reste dans le domaine grec, il existe un ensemble de mots basés sur la racine etc- qui se rapprochent de noh·e sujet :

EK't:ayf) : «évaluation d' une taxe»,« taxe»,« contribution» ; EK't:tOf.ta : «amende»,« punition». Toutefois, EK't:ayf) est un tenne rare, attesté seulement au IVe siècle de notre ère, et

on peut se demander si ces deux termes ne sont pas, eux aussi, basés sur le« sixième».

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Quelle prononciation pour ETGA ? La notation en caractères grecs n'est sans doute pas innocente. Ainsi, si le rest rendu

par un C dans la version latine, cela ne porte pas à conséquence. C et G sont ambiva­lents en gaulois (5). Mais plus curieuse est la présence d 'un 8 , devenu T dans la ver­sion latine. Le 8 vaut en effet ici pour le célèbre Tau gallicum (6), qui rend le son /tSt/, c'est-à-dire le ô ou p (le th anglais) (7). Ce 8 incite à voir ici un primitif *egsta- ou *ecsta-.

La comparaison germanique Il est alors peut-être possible de faire un rapprochement avec une série de termes ger­

maniques dérivés d'un ptimitif *skaz- (?) (8) : Gotique skatts : « argent » ; Islandais ancien skattr : « trésor », « tribut » (ce terme était encore traduit par

« denier » à la fin du XVIIe siècle (9)) ; Allemand moderne Schatz : « trésor » ; et enfin anglo-saxon sceat : « monnaie ». Cette même racine a donné en ancien français escat : « trésor », et deschater :

« dépouiller » (1 0) . Nous restons systématiquement dans le même domaine lexical, celui de la taxe et

de la monnaie publique. C ' est pourquoi nous proposons de voir dans ECTA un terme gaulois désignant une

monnaie publique, qui serait l'ancêtre direct des légendes du type SIMISSOS PVBLI­COS ou AS PVBLICVS, les formulations étant d'ailleurs singulièrement similaires :

Er8A LIXOVIO 1 MAGVPE[NNOS] > SIMISSOS PVBLICOS LIXOVIO 1 MAY­PENNOS ARCANTODAN

ou encore: ECTA EBVRO[VICO] 1 AVLIRCO EBVROV[ICO] > AS PVBLICVS EBVRO­

VICO 1 AVLVRC[O] Le terme est ici problablement masculin et représente le seul mot gaulois attesté pom

désigner une monnaie.

III. Datation des monnaies Louis-Pol Delestrée proposait de mettre en parallèle la monnaie des Veliocasses avec

une autre frappée pour Suticos, imitée d 'un denier romain émis vers 78-76 avant J.C. Simone Scheers se faisait plus précise en donnant comme date aux monnaies véliocasses à la légende Suticos ou Ratumacos les années 40 avant J.-C. (11). Mis à part cela, nous ne disposons pas d'arguments directs permettant une datation plus fine . Par exemple, la plus ou moins grande latinisation des légendes ou de l'iconographie ne peut être prise en compte. En effet, César nous informe qu ' avant l' année 56 avant J.-C. , les Aulerci Eburovices et les Lexovii avaient un sénat pro-romain (12). En conséquence, ces deux cités étaient patfaitement capables d'émettre des monnaies inspirées des monnaies

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romaines avant cette date. De plus, la découverte de la monnaie éburovice (DT 2432-33) dans un contexte datant de la dernière décennie du Ier siècle avant J.-C. (13) neper­met pas de dire qu 'elle a été frappée à cette date: comment peut-on estimer la durée de circulation d'une monnaie gauloise? Une décennie? Deux ou trois? Il en est de même pour les monnaies de Suticos, toujours rencontrées en milieu tardif (14). Enfin, la frappe de monnaies dans un style proprement indigène a déjà été rencontrée pendant la période augustéenne, notamment dans le Belgium. Les types dits de Vendeuil-Caply en sont un très bon exemple ( 15). La reprise ou non sur certains exemplaires de thèmes pro­prement augustéens (autel de Lyon par exemple) mêlés à une stylistique qui reste celte démontre que la frappe indigène s'est maintenue durant les temps de la réforme moné­taire d'Auguste. Ainsi , l'utilisation de thèmes celtes au droit et au revers de LT 7146 (tête humaine de face) n'induit pas nécessairement que cette monnaie a été frappée avant 27 av. J.-C. Cependant, il reste la question d'une éventuelle filiation *Magupennos > Maupennos. *Magupennos signifie« Tête jeune » ou« Tête de valet». Comme tous les noms gaulois, il a une valeur qualifiante et ne saurait être un indice concernant l'âge du personnage. Magus a donné dans les langues néo-celtiques maw : « servi­teur», mowes : « servante » (comique), mao : «vigoureux, bien portant» (breton) (16). Ces formes sont remarquablement proches du mau- de Maupennos. S'il y a filia­tion, il est plus vraisemblable d'attribuer la forme évoluée Maupennos au plus récent des deux. Les monnaies de Maupennos étant postérieures à la réforme augustéenne, il peut alors être tentant de dater celles de *Magupennos (et donc les autres à la legende ECTA) entre 56 et 27 avant J.-C.

IV. Par qui et où ont été frappées ces monnaies? Le seul anthroponyme donné est celui de Magupe[nnos]. Il est d'ailleurs caracté­

ristique que des trois peuples, seuls les Lexovii ont donné les noms de leurs magistrats. De même, seuls les Veliocassi ont explicitement nommé le lieu de frappe : Ratumacos, c'est-à-dire Rouen. Les Veliocassi constituent en ce sens une exception dans le monnayage de la moitié nord de la Gaule. En effet, seules des villes du sud (Ambrussum, Avignon, Béziers, Cavaillon, Glanum, Mm·seilles, Nîmes) sont nommées sur des monnaies, sans doute à cause d'une influence grecque. Mais Rouen étaient dès l'époque de l'Indépendance un port majem pour le commerce trans-Manche. Peut-être jouissait-il d'une ce11aine auto­nomie?

Il nous sera pennis ici de souligner une fois de plus la remarquable convergence entre les trois séries monétaires, convergence qui rassemble ces trois peuples de la même manière que le faisait César en décrivant l'armée de secours à Alésia (17). Présente sm trois monnaies appartenant respectivement aux Le.xovii, Veliocassi etAulerci Eburovices, la légende EreA 1 ECTA souligne une fois de plus la convergence commune du mon­nayage de chacun de ces peuples. Cela n'est sans doute pas un hasard et a amené plu­sieurs auteurs à parler de sympolitie probable (18). En outre, le caractère unificateur de cette légende pose également le problème de 1 'organisation de ces trois émissions.

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Comment étaient-elles gérées et sous quelle fonne ? eemploi récurrent du mot « public», que se soit à travers la présente légende ou sur des grands bronzes lexoviens et éburovices (19), trahit, à n 'en pas douter, une organisation monétaire bien définie. eanthroponyme Magupennos, présent sur l'exemplaire LT 7146, est en cela un docu­ment remarquable. Pourquoi a-t-on pris le soin d'associer à la légende EreA le nom d'une personne ? Quel rôle tenait-elle ? C'est en se tournant du côté des différentes magis­tratures gauloises que des éléments de réponses peuvent être apportés. À côté des magistratmes suprêmes, civile et militaire (20) se trouvaient d'autres magish·ats spécialisés. Les textes antiques restent muets quant à ces derniers, mais nous connaissons par des documents monétaires et lapidaires la nature de ces fonctions :

- des magistrats au sens large : dmmus (21) ; - les curateurs des places publiques : platiodannus (22) ; - les personnes chargées de la frappe des monnaies: arcantodan[nos] (littéralement

«juge-argentier ») ; - cassidanos, dont le sens reste controversé, mais traduit parflamen sur un des bor­

dereaux de potiers de La Graufesenque (23) . Il paraît donc vraisemblable que Magupennos ait rempli 1 'une de ces fonctions, celle

de l'arcantodannos. La parenté de cette monnaie avec un autre exemplaire lexovien, qui, lui aussi, fait référence à une monnaie publique au droit (SIMISSOS PVBLICOS LIXOVIO) tout en qualifiant explicitement une persmme de «juge-argentier » au revers (MAVPENNOS ARCANTODAN[NOS]), pour Magupennos une fonction simi­laire. Seul anthroponyme associé à la légende EreA, Magupennos aurait-il eu, alors, en charge la responsabilité de ce monnayage confédéral pendant quelques années ? Nous posons la question. À l'image du magistrat civil de la Cité, le vergobret rapporté par César (24) et diverses inscriptions (25), qui était élu pour un an, Magupennos aurait pu exercer sa fonction de grand argentier pendant un temps équivalent. Mais quelle était la fonction précise de ce dernier ? Exerçait-il une charge essentiellement politique ? Ou, au contraire, cette charge découlait-elle de la fortune personnelle qu'il apportait en caution ? En tout cas, il est certain que le pouvoir financier, avant la Conquête, com­mençait à susciter de nouvelles fonctions administratives, comme César nous le rap­porte à propos de Dunmorix (26) . Celui-ci fait figure de « fermier général» en préle­vant des droits de douane (27).

Enfin, 1 'utilisation régulière du terme public au sein du monnayage de ces trois peuples conduit à nous interroger sur la signification de cette notion. Existait-il un tré­sor commun à ces peuples pour réaliser leurs émissions? Ceci est loin d'être invrai­semblable. Dans un célèbre passage de la Géographie de Sh·abon, ce dernier décrit les lacs de Toulouse et lems h·ésors (28). Lingots d'argent et d'ory étaient déposés afin d'évi­ter tout vol. Loin d'être des sanctuaires à offrandes, ces lacs constituaient, avant tout, une réserve financière ... vé1itable trésor public. I.:or n'y tenait pas une place aussi importante que l'argent. Fait du hasard ou non, c'estjustement le métal qu'on utilisait, à la fin du Ile siècle avant J.-C., en cette région pour le monnayage des monnaies« à la

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croix». L'importance de ces dépôts précieux de Tolosa indique que l'on a là le trésor tout entier d'tme confédération dont les puissants Volcae Tectosages étaient les leaders (29).

Ainsi l'association EreA 1 RATVMACOS sur l'exemplaire véliocasse BN 8469-70 ne serait pas fortuite. Au contraire, elle signifierait clairement que Rouen, c ' est-à­dire Ratumacos, était le lieu où le trésor public était transformé en« monnaie publique».

Pour conclure, il nous sera permis d'insister sur la complémentarité des termes associés à la légende EreA 1 ECTA. La diversité de ces derniers nous rapporte vrai­semblablement les éléments nécessaires et indispensables pour une frappe confédérale. D'abord, un arcantodan, à travers l'image de Magupennos, pour légitimer et organiser la frappe. Ensuite, un lieu d'émission ou une réserve de métal co111111une - sorte de tré­sor public - aux peuples de la basse Seine est à envisager afin d'honorer équitablement de tels rapports.

Notes (!) L.-P. DELESTRÉE, « Légendes inédites d'un petit bronze des Lexovii », BSFN, février

1984, p. 437-440. (2) X. DELAMARRE, Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, 2003. (3) La forme hypocoristique trahit par contre bien une filiation. Voir par exemple « Pudens

fils de Pudentianus » (CIL XIII 5479) ; ou encore« Gemellinus fils de Gemellus » (CIL Xlfi 5771). (4) L.-P. DELESTRÉE, « Lecture complète et attribution du petit bronze BN 8469 à la

légende "ECTA" », CahNum , n° 135, mars 1998, p. 15-18. (5) Cf. les alternances Ratumacos/Ratumagos, ou encore Magusanus/Macusanus, épithète

d'Hercule. (6) Cf. Appendix Vergiliana, Catalepton, 2, 3. (7) On dispose d'un cas célèbre avec celui de la déesse Sirona, indifféremment noté Sirona,

Dirona ou encore Thirona. On reh·ouve ce 0 dans la légende d'une monnaie de Suticos, où Veliocassi est écrit VELIOCA01 : LT 7356.

(8) Pour F. KLUGE, Etymologisches Worterbuch der deutschen Sprache, Berlin, 2002, sv. « Schatz », l'origine de ce terme n'est pas assurée.

(9) Ulfars-rimurs, cité par A. JOHANNESSON, Jsliindisches etymologisches Worterbuch, Berne, 1956, p. 811.

(10) FEW, 17, sv. « skatt ». (1 1) S. SCHEERS, « Le monnayage aux légendes Suticos et Ratumacos », Cahiers des

Annales de Normandie, n° 12A, Histoire et numismatique en Haute-Normandie, Caen, 1980, p. 17-23.

(12) Be/hon Gallicum, III, 17. (13) La découverte d' un exemplaire de ce type lors des fouilles de la rue Saint-Louis à

Évreux, fouille conduite par J.-L. Coll art entre 1984 et 1985, affine cette approche chronologique. En effet, sm· les 12 monnaies découvettes, dont 6 sont rongées jusqu 'à la corde, de nombreux indices attestent la tardiveté de ce lot: P.-M. GUIHARD, Le monnayage gaulois des peuples de la Basse­Seine (Ve/iocasses, Aulerques Eburovices et Lexoviens), du Ille à /afin du !er s. av. J-C., DEA, 2004, vol. Il, p. 1 O. Les mommies à la légende GERMANVS INDVTILLI L sont en cela très signi­ficatives. Cette émission se situe aux alentours de la dernière décennie du 1er s. avant J.-C. : L.-P. DELESTRÉE et M. TACHE, Nouvel atlas des monnaies gauloises, 1 : De la Seine au Rhin, Saint-Germain-en-Laye, 2002, n° 707, p. 136. À l'appui de ce constat viennent les potins repré­sentés par 5 exemplaires. En effet, la récurrence des bronzes coulés au sein des lots monétaires gaulois est une constante pour la période postérieure à 52 avant J.-C. chez les peuples de la basse

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Sein<:. Sans pour autant préjul?er d' w1e quelco~que date d'émission pour le type DT 2432-33, il convient de remarquer qu '1l circule, tout de meme, dans une ambiance très tardive.

( 14) Par exemple à Bois-!' Abbé (Seine-Maritime) : L.-P. DELESTRÉE, Les Monnaies gau­loises de Bois-l'Abbé, Paris, 1984; ou dans la villa gallo-romaine d'Eibeuf(Eure): G. BROGLIO, E. PETEL, La Villa gallo-romaine d'Elbeuf, Le Buquet, Elbeuf-sur-Seine, 1997.

(15) L.-P. DELESTRÉE et M. TACHE; Nouvel atlas des monnaies gauloises, Il: De la Seine au Rhin, Saint-Germain-en-Laye, 2004, série 91.

(16) X. DELAMARRE, Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, 2003, sv.« magus ». Patrizia de Bernardo Stempel exclut tout rapprochement avec le théonyme Magusanus, qui serait une germanisation d 'un hypothétique *Mogosenos gaulois: conununication au Workshop FER­CAN, Londres, avril 2005.

(17) BG, VII, 75. (18) P. LAJOYE, « Le soulèvement des peuples de la mer, les Armoricains dans la Guerre

des Gaules », Histoire Antique, h.s. n°5, mars-mai 2004, La Guerre des Gaules. Vercingétorix et le sursaut celtique, p. 44-49 (le terme y est étendu à 1 'ensemble des citées annoricaines, ce qui est sans doute abusif) ; L.-P. DELESTRÉE et M. TACHE, Nouvel atlas des monnaies gauloises, II : De la Seine à la Loire moyenne, Saint-Germain-en-Laye, 2004, p. 10-11.

(19) AS PVBLICVS EBVROVICO 1 AVLIRCO (DT, Atlas II, 2431), SIMISSOS PVBLI­COS LIXOVIO 1 CISIAMBOS CATTOS VERGOBRETO (DT, Atlas II , 2481-82), CISIAMBOS 1 SEM ISSOS LEXOVIO [PVBLIC]A (DT, Atlas Il , 2483), SIMISSOS PVBLICOS LIXOVIO 1 MAVPENNOS-ARCANTODAN (DT, Atlas II, 2486), GAL SIMlSSOS PVBLICOS 1 MAV­PENNOS-ARCANTODAN (DT, Atlas II, 2487).

(20) Cette information est rapportée par Strabon, Géographie, IV, 4, 3, à partir d'un passage de Poseidonios : «Depuis la plus haute Antiquité, ils élisaient chaque année un chef, et pour la guerre aussi le commandant en chef était désigné par la foule ». Les auteurs latins, dont César, ont bien souvent désigué ce chef sous le mot princeps. Sur ce type de personnages, voir la syn­thèse de L. LAMOINE, « Préteur, vergobret, princeps en Gaule Narbonnaise et dans les Trois Gaules. Pourquoi faut-il reprendre le dossier ? », in M. CÉBElLLAC-GERVASONI et L. LAMOINE (éd.), Les Élites et leurs fùcettes. Les élites locales dans le monde hellénistique et mmain, Rome, École Française de Rome, ·2003, p. 187-204.

(21) Glossaire d 'Endliche1; 4: « Roth violentum, [nam rho nimium] dan et in Gal/ica et in Hebraeo iudicem : ideo Hrodanus iudex viol en tus ». Cf aussi CIL XIII, 4228, inscription de Sarelouis chez les Trévires, mentionnant un dannum Giamillum.

(22) CIL XIII, 6776, à Trèves. (23) RIG II, 2, p. 111-112. (24) Parlant du cas des Éduens, César dans son Be/hon Gallicum (1, 16) nous dit explicite­

ment le nom donné au magistrat civil de la Cité:« Quand César vit qu'on l'amusait, et que le jour était proche où il faudrait distribuer aux soldats leur ration mensuelle, il convoque les chefs éduens, qui étaient en grand nombre dans son camp ; parmi eux se trouvaient Diviciacos et Liscos ; ce dernier était le magistrat suprême, que les Éduens appellent vergobret : il est nommé pour tm an, et a droit de vie et de mort sur ses concitoyens ».

(25) Une poterie votive d' A1:gentomagus/Saint-Marcel (Indre) :RIGIl, 2, L-78 ; une cruche du Ile siècle après J.-C. (!)à Pîtres (Eure) : CAG 27, p. 224; une inscription inaugurale de fon­taine à Limoges (Haute-Vienne) : LEJEUNE, 1995 ; une inscription monumentale à Saintes (Charente-Maritime): !LA-Sant 00020.

(26) La description que rapporte César (BG, l, 18) de Dumnorix est assez claire sur ses acti­vités : « Depuis de longues années il avait à vil prix la ferme des douanes et de tous les autres impôts des Éduens, parce que, lorsqu'il enchérissait, personne n'osait enchérir contre lui. Cela lui avait permis d'amasser, tout en enchérissant sa maison, de quoi pourvoir abondamment à ses largesses ; il entretenait régulièrement, à ses frais, une nombreuse cavalerie qui lui servait de garde du corps, et son influence ne se limitait pas à son pays, mais s'étendait largement sur les nations v01smes ».

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(27) J.-L. BRUNAU:X, Guerre et religion en Gaule : essai d'an thropologie celtique, Paris, 2004, p. 154.

(28) Strabon, IV, 1, 13 :«Les richesses trouvées à Toulouse atteignaient une valeur d 'envi­ron 15.000 talents et consistaient non pas en objets façonnés, mais uniquement en lingots d 'or et d'argent brut, déposés en partie dans des sanctuaires, en partie dans des lacs. [ .. . ] Les lacs, qui plus est, y assurent la meilleure protection contre les sacrilèges, c' est pourquoi on y immergeait des barres d'argent, ou même d 'or. »

(29) J.-L. BRUNAUX, Les Gaulois, Paris, 2005, p. 122-123 .

Bibliographie : Jean-Louis Brunaux, Guerre et religion en Gaule: essai d 'anthropologie celtique,

Paris, 2004. Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Paris, 2005. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, 2003. Louis-Pol Delestrée, « Légendes inédites d'un petit bronze des Lexovii », BSFN,

février 1984, p. 437-440. Louis-Pol Delestrée : « Lecture complète et attribution du petit bronze BN 8469 à

la légende "ECTA" », CahNum, n°135, mars 1998, p. 15-18. Louis-Pol Delestrée et Marcel Tache, Nouvel atlas des monnaies gauloises, I : De

la Seine au Rhin, Saint-Germain-en-Laye, 2002. Louis-Pol Delestrée et Marcel Tache, Nouvel atlas des monnaies gauloises, II : De

la Seine à la Loire moyenne, Saint-Germain-en-Laye, 2004. Pierre-Marie Guihard, Le monnayage gaulois des p euples de la Basse-Seine

(Veliocasses, Aulerques Eburovices et Lexoviens), du III e à la jin du J er s. av. J -C., DEA, 2004.

Friedtich Kluge, Etymologisches Worterbuch der deutschen Sprache, Berlin, 2002. Alexander Jôhannesson, Isliindisches etymologisches Worterbuch, Bern, 1956. Patrice Lajoye, « Le soulèvement des peuples de la mer, les Armoricains dans la

Guerre des Gaules », dans La Guerre des Gaules. Vercingétorix et le sursaut celtique (=Histoire Antique, h.s. n° 5, mars-mai 2004), p. 44-49.

Laurent Lamoine, « Préteur, vergobret, princeps en Gaule Narbonnaise et dans les Trois Gaules. Pourquoi faut-il reprendre le dossier? », in Mireille Cébeillac-Gervasoni et Lament Lamoine (éd.), Les Élites et leurs facettes. Les élites locales dans le monde hellénistique et romain, Rome, École Française de Rome, 2003, p. 187-204.

Michel Lejeune,« Notes d 'étymologie gauloise, XI. Les "dix nuits" de Grannos », Études celtiques, 31 , 1995, p. 91-95.

Simone Scheers, « Le monnayage aux légendes Suticos et Ratumacos », Cahiers des Annales de Normandie, n° 12A, Histoire et numismatique en Haute-Normandie, Caen, 1980, p. 17-23.

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