La Politique en Israel

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1 L’Election Directe du Présidente de l’Israël entre 1990 et 1994 Le phénomène politique et, en particulier, sa manifestation en chaque communauté constitue un processus complexe. Pour comprendre la réalité politique d’un peuple il est donc précis de connaître son système politique, c’est-à-dire la base sur lequel ce peuple s’organise et repose. L’actuel Etat d’Israël c’est le résultat de siècles d’histoire et d’héritage juif, ce qui fait de lui un Etat- nation soutenu par un groupe ethnique et religieux unique et par le sionisme, qui marque tous les aspects de la vie nationale. Au même temps, l’Israël est le résultat des forces et des événements transcendantaux du XIXème et XXème siècle, qui incluent deux guerres mondiales et l’holocauste. Quand on parle de démocratie on fait référence aux pays organisés sous un régime constitutionnel démocratique. Ainsi, le constitutionalisme c’est le produit politique et juridique du triomphe de la pensée libérale face à l’absolutisme et aux autoritarismes. Dans ce sens, le constitutionalisme a comme raison d’être et comme but la limite du pouvoir publique et la garantie des droits fondamentaux des personnes, par la subordination à la loi. D’ici, que ses principes les plus importantes soient la division du pouvoir politique, afin de créer un système de control et d’équilibre entre les différents organes de l’Etat, et le control sur la constitutionnalité des actes de l’autorité, afin de garantir les droits fondamentaux, établis dans la Constitution, des citoyens face au pouvoir publique.

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L’Election Directe du Présidente de l’Israël entre 1990 et

1994

Le phénomène politique et, en particulier, sa manifestation en

chaque communauté constitue un processus complexe. Pour

comprendre la réalité politique d’un peuple il est donc

précis de connaître son système politique, c’est-à-dire la

base sur lequel ce peuple s’organise et repose.

L’actuel Etat d’Israël c’est le résultat de siècles

d’histoire et d’héritage juif, ce qui fait de lui un Etat-

nation soutenu par un groupe ethnique et religieux unique et

par le sionisme, qui marque tous les aspects de la vie

nationale. Au même temps, l’Israël est le résultat des forces

et des événements transcendantaux du XIXème et XXème

siècle, qui incluent deux guerres mondiales et l’holocauste.

Quand on parle de démocratie on fait référence aux pays organisés

sous un régime constitutionnel démocratique. Ainsi, le

constitutionalisme c’est le produit politique et juridique du

triomphe de la pensée libérale face à l’absolutisme et aux

autoritarismes. Dans ce sens, le constitutionalisme a comme raison

d’être et comme but la limite du pouvoir publique et la garantie

des droits fondamentaux des personnes, par la subordination à la

loi. D’ici, que ses principes les plus importantes soient la

division du pouvoir politique, afin de créer un système de control

et d’équilibre entre les différents organes de l’Etat, et le

control sur la constitutionnalité des actes de l’autorité, afin

de garantir les droits fondamentaux, établis dans la

Constitution, des citoyens face au pouvoir publique.

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Le constitutionalisme démocratique est, en conséquence, un régime

politique et juridique dans lequel , en plus d’établir des

limites au pouvoir publique et garantir les droits des gens,

les organes du gouvernement doivent être populaires, c’est à

dire, doivent exprimer le principe de gouvernement du pueblo

conforme au sens étymologique de la démocratie. Donc, dans la

mesure que les sociétés modernes, par leur dimension y complexité,

ne permettent pas l’idéal classique du gouvernement direct du

peuple, la démocratie moderne a été représentative, c’est à dire ,

le gouvernement du peuple par ses représentants. Ainsi, en

résumé, le constitutionalisme démocratique peut se définir

aujourd’hui comme un système politique avec la division des

pouvoirs, des garanties individuelles et des organes de

gouvernement de représentation populaire.

Un régime constitutionnel démocratique peut adopter différents

façons ou systèmes de gouvernement. Les deux plus importants sont

le présidentiel et le parlementaire, et si bien à l’intérieur

d’eux existent diverses modalités voir même un système hybride ou

mixte qui prend des éléments de l’un et de l’autre –c’est le cas du

semi-présidentialisme français-, ce qui est certain c’est que chacun

a des éléments caractéristiques, lesquels peuvent se résumer ainsi

:

Dans le système Présidentiel

Le président est, à la fois, chef d’Etat et chef de gouvernement

L’élection du Président est direct ou semi direct (c’est le cas des

Etas Unis).

Le chef du gouvernement et son cabinet ne sont pas désignés ou ne

sont pas remués par l’organe parlementaire sinon par le Président

même.

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Le pouvoir Exécutive et Législatif sont clairement séparés.

Dans le système parlementaire :

Le chef d’Etat et le chef de gouvernement ce sont des personnes

différentes (dans les monarchies parlementaires, comme la Grand

Bretagne, le roi c’est le chef d’Etat)

Les membres du Parlement sont élus par soufrage populaire.

Le chef de gouvernement et le cabinet sont désignés et peuvent être

remués par le Parlement

Les pouvoirs Exécutive et Législative ne sont pas séparés; bien au

contraire se partagent.

L’État d’Israël, c’est une démocratie de type parlementaire. En

effet, l’Israël c’est une république parlementaire multipartite et

une démocratie libérale qui a adopté le suffrage universel,

principe d'expression de la volonté populaire, qui est le vote de

l'ensemble des citoyens. Il fonde la souveraineté du peuple dans un

régime démocratique.

D’après l’historien Shlomo Ben-Ami il y a une nuance entre Etat

juif et Etat des citoyens. « Cette expression a été utilisée pour la

première fois par Itzhak Rabin, en 1996, dans un discours prononcé à

Nazareth. Il parlait d’un Etat juif et d’un Etat des citoyens. Azmi

Bechara ne parle pas d’un Etat juif, il parle seulement d’un Etat

des citoyens, c’est-à-dire qu’il élimine toute spécificité juive de

l’Etat d’Israël. C’est une différence très importante. Pour lui,

l’Etat juif est en lui-même illégitime. Il ne veut qu’un Etat des

citoyens. Il refuse au judaïsme tout rôle politique. Il soutient un

Etat laïque. Itzhak Rabin a fait beaucoup pour améliorer la

situation économique des Arabes. C’est le Premier ministre qui a

commencé à changer cet aspect des choses. Il a augmenté les

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investissements et les budgets nationaux destiné aux Arabes parce

qu’il fallait réconcilier la judaïté de l’Etat et les citoyens

arabes. C’est lui qui a inventé la corrélation entre Etat juif et

Etat des citoyens. C’est lui qui a créé les allocations familiales

pour tous les habitants arabes du pays. Auparavant, ces allocations

étaient allouées uniquement à ceux qui faisaient l’armée. Il a ainsi

tente d’établir l’Etat des citoyens. Il a étendu ce système. C’était

un pas important.

L’Etat de tous les citoyens s’exprime à travers l’ouverture la plus

large des possibilités publiques, en particulier l’égalité des

chances dans la formation, l’éducation, mais également dans

l’économie, dans les emplois, dans les moyens accordés pour la mise

en place d’infrastructures. »

Israël n’a pas de constitution écrite mais s’appuie sur les

principes énoncés dans la Déclaration d’indépendance de 1948 et

sur les 14 lois fondamentales adoptées par la Knesset. L’unique

chambre de son Parlement est la Knesset (Assemblée) dont les

120 membres ou députés siègent à Jérusalem et sont élus pour un

mandat de quatre ans. Le Knesset c’est le parlement monocaméral

de l'État d'Israël. Le président de la Knesset préside les

séances, contrôle les dépenses parlementaires et contresigne

les lois déjà signées par le Président de l'État et le Premier

ministre. Par ailleurs, il est le deuxième personnage de

l'État, dans la mesure où il remplace le Président de l'État en

cas de démission ou de décès. Le mode d'élection de la Knesset

est un scrutin proportionnel plurinominal, se déroulant en une

seule circonscription constituée par le territoire israélien.

Cette dernière particularité fait que certains grands partis

politiques peuvent présenter jusqu'à 120 candidats sur une

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liste. Pour qu'un parti obtienne au moins un siège, il faut

qu'il ait atteint une proportion minimum de voix.

En tant que parlement, la Knesset est la détentrice du pouvoir

législatif, mais aussi d'un pouvoir de contrôle sur le pouvoir

exécutif. Ainsi elle : vote les lois, le budget, contrôle le

gouvernement, élit le président de l'État et son contrôleur et

peut censurer le gouvernement. Le président est élu par la

Knesset. Ses pouvoirs sont à caractère représentatif. Il se

concentre principalement sur les questions de politique

étrangère: la signature des traités ratifiés par la Knesset, la

nomination des diplomates et des consuls, reçoit des diplomates

étrangers et des subventions exequatur des consuls étrangers.

Le président a le pouvoir d'accorder le pardon et de commuer

des peines des prisonniers dans des cas particuliers. Nomme

également les juges, appelés dayanim, qui président les

tribunaux religieux juifs et Kadis, par des tribunaux religieux

musulmans et le gouverneur de la banque centrale, la Banque

d'Israël.

Le président signe les lois adoptées par la Knesset, à

l'exception de ceux qui sont liés à leurs propres facultés et

pouvoirs. Tout document signé par lui doit également être signé

par le Premier ministre. En ce qui concerne la formation des

gouvernements, l'intervention du Président est la clé. Après

l'élection, ou dans des cas extrêmes dans lesquels le premier

ministre décède ou démissionne-Israël et a vécu les deux cas,

le président consulte les représentants des différents partis

de la Knesset et est élu membre de se former un nouveau

gouvernement. En règle générale, le membre désigné est le chef

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du plus grand Parti à la Knesset. Le président reçoit également la

démission du gouvernement, à une position publique de prestige, fait des

visites d'Etat à d'autres pays et ouvre la première session

parlementaire. En tant que parlement, la Knesset est la

détentrice du pouvoir législatif, mais aussi d'un pouvoir de

contrôle sur le pouvoir exécutif. Ainsi elle : Vote les lois,

le budget, contrôle le gouvernement, élit le président de

l'État et son contrôleur et peut censurer le gouvernement. Le

chef d’État est le Président d’Israël qui n’a essentiellement

qu’une fonction honorifique. Il désigne le Premier ministre

dans le parti ou la coalition majoritaire à la Knesset afin que

celui-ci compose son gouvernement.

Le président, une fois élu par la Knesset, a des pouvoirs

à caractère représentatif. Il se concentre principalement sur

les questions de politique étrangère: la signature des traités

ratifiés par la Knesset, la nomination des diplomates et des

consuls, reçoit des diplomates étrangers et des subventions

exequatur des consuls étrangers. Le président a le pouvoir

d'accorder le pardon et de commuer des peines des prisonniers

dans des cas particuliers. Nomme également les juges, appelés

dayanim, qui président les tribunaux religieux juifs et Kadis,

par des tribunaux religieux musulmans et le gouverneur de la

banque centrale, la Banque d'Israël. Le président signe les

lois adoptées par la Knesset, à l'exception de ceux qui sont

liés à leurs propres facultés et pouvoirs. Tout document signé

par lui doit également être signé par le Premier ministre. En

ce qui concerne la formation des gouvernements, l'intervention

du Président est la clé.

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Le chef d’État est le président d’Israël a essentiellement une

fonction honorifique. Il désigne le Premier ministre dans le

Parti ou la coalition majoritaire à la Knesset afin que celui-

ci compose son gouvernement ou dans des cas extrêmes dans

lesquels le premier ministre décède ou démissionne. En règle

générale, le membre désigné est le chef du plus grand Parti.

Le président reçoit également la démission du gouvernement, il

a une position publique de prestige, fait des visites d'Etat à

d'autres pays et ouvre la première session parlementaire.

D’autre part, c’est important de connaître les Partis

politiques qui ont une grande influence dans de l’Etat d’Israël

afin de mieux comprendre leur rôle :

Le Parti travailliste, israélien est un parti politique de centre-

gauche. C'est un Parti sioniste social-démocrate, membre de

l'Internationale socialiste et membre observateur du Parti socialiste européen. Le

Parti travailliste israélien est fondé en 1968. Jusqu'en 1977,

tous les Premiers ministres d'Israël étaient membres du

mouvement travailliste.

Le Likoud, est un parti politique sioniste israélien de tendance

nationaliste, avec des éléments à la fois de la droite

conservatrice et de la droite libérale. Il fut créé en 1973. Il

remporte les élections en 1977 et met ainsi fin à un demi-

siècle de domination de la gauche sioniste sur le Yichouv ;

terme utilisé par les Juifs, pour désigner l'ensemble des Juifs

présents en Palestine avant la création de l'État d'Israël ;

puis sur l'État d'Israël. Le Likoud participe au gouvernement

israélien de 1977 à la fin 2005, sauf entre 1992 et 1996, puis

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entre 1999 et 2001. Au début des années ’90 le Likoud était

principalement composé par trois groupes : celui de Yitzhak

Shamir et Moshé Arens, membres fondateurs du parti, le parti

de David Levy et celui d’Ariel Sharon. Cette année –là, le

Parti Likoud reçoit un coup fort car il ne gagne rien que 32

sièges. Shamir y Arens, annoncent leur retraite de la vie

politique. La vision révisionniste du Likoud du "Grand Israël" fut très

critiqué, puisque ce n’était pas la réponse pour finir avec le conflit avec les

palestiniens. Comme une mesure de réforme , le Likoud décide

alors faire de même que les travaillistes et d’employer le

système de présélection pour élire le nouveau leader du

Parti puisque les candidats au Knesset: les membres du Parti

pourraient voter par les délégués à la Convention National,

ensuite au successeur du leader du Parti et finalement voter

pour la liste de candidat au Knesset. Dans les années quatre-

vingt et les années quatre-vingt-dix le Parti Likoud devient

fort avec les alliances faites avec de petits groupes

séculaires de centre droit Tzomet, Tehiya et Moledet,

lesquels considèrent que las frontières internationales du

pays sont celles de l’Israël Historique et ils sont en

désaccord avec la position des travaillistes de négocier

avec les territoires.

Kadima, « En avant » en français, est un Parti politique

israélien créé par Ariel Sharon le 21 novembre 2005. Son

orientation est centriste sur les critères de l’échiquier

politique israélien, et son slogan est « On continue de l’avant

! ». Il est membre observateur de l’Alliance mondiale des

Démocrates.

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Entre 1986 et 1992, la position dominante du Likoud au sein du

gouvernement de coalition ne permet jamais au ministre des

Affaires étrangères Peres – en 1986 Itzhak Shamir redevient

Premier ministre-de saisir la dernière chance de régler le

problème palestinien par la solution jordanienne. Celle-ci

implique de rétrocéder la plus grande partie des territoires

occupés au royaume de Jordanie.

Le manque de réalisme des dirigeants du Likoud, qui

n’envisagent pas de solution au problème palestinien en dehors

du Grand Israël, amène le soulèvement de la jeunesse

nationaliste palestinienne- l’intifada (le rejet)-dans les

territoires occupés(1988). Devant donner un projet réaliste aux

combattants de l’antérieur, OLP, réunie à Alger, vote en faveur

de la création d’un Etat arabe palestinien sur une partie du

territoire de l’ancien Mandat britannique, à cote d’Israël

(novembre 1988).

Pour solutionner le problème palestinien dans le cadre du Grand

Israël, le Likoud de Shamir et ses alliés présentent un projet

impliquant une forme d’apartheid (1989). Il est prévu que les

Palestiniens dans les territoires « libérés » formeront de

petites entités autonomes coupées les unes des autres par les

terres rattachées aux implantations juives. L’autonomie sera de

type municipal. Leurs habitants seront considérés comme des

étrangers de nationalité jordanienne et n’auront donc, dans le

Grand Israël, aucun des droits politiques rattaches a la

citoyenneté israélienne. En fait ce que propose le Likoud c’est

de créer des bantoustans-territoires autonomes pour les

indigènes de l’Afrique du sud au temps de l’apartheid-en

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donnant à leur habitants un statut un peu semblable à celui des

dhimmis, c’est-à-dire des étrangers protégés. Notons que

l’interdiction faite par les autorités israéliennes a ses

citoyens de rencontrer, dans un but politique, des membres de

l’OLP ou de se trouver avec eux dans une même salle, rappelle

étrangement l’attitude arabe a la conférence de Londres en

1939.

Pour contrer l’impact qu’a produit sur l’opinion publique

mondiale l’acceptation par l’OLP du partage de la Palestine en

deux Etats (Alger, novembre 1988), le gouvernement du Likoud

décide de sortir de son immobilisme. Il propose ce que l’on a

appelé le « plan Shamir ». Celui-ci implique, entre autre,

l’élection par les habitants des territoires occupes, à

l’exception de Jérusalem, d’une délégation palestinienne pour

discuter de l’introduction d’une certaine forme d’autonomie

dont il ne divulgue pas la nature.

A l’initiative du gouvernement américain, appuyé par le

gouvernement égyptien, une conférence internationale présidée

par les Etas Unis et l’Union Soviétique, est envisagée avec la

participation des pays arabes en guerre avec Israël.

Le gouvernement américain, persuadé du refus du gouvernement

Shamir de participer en toute bonne foi à tout processus de

paix sérieux, commence à prendre des mesures économiques contre

Israël dans le but de bloquer la colonisation des territoires

occupés. Le Secrétaire d’Etat James Baker en vient à conclure

qu’il faut créer les conditions entrainant la chute de Shamir

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pour permettre un règlement pacifique du conflit israélo-

palestinien.

L’occupation du Koweït (1990-1991) par l’Irak retarde la

Conférence, qui finalement s’ouvre à Madrid le 30 novembre

1991.L’OLP, fortement affaibli à la suite de son alliance avec

Saddam Hussein, est représenté par des palestiniens inclus dans

la délégation jordanienne La délégation israélienne ne sait pas

saisir l’occasion d’engager des conversations franches et

loyales en faisant des propositions raisonnables en ce qui

concerne les territoires occupés. Comme devait le dire plus

tard Itzhak Shamir, son but à Madrid était simplement de

gagner du temps pour renforcer la présence juive les

territoires occupés et ainsi rendre leur rétrocession

impossible. C’est bien ce que ressent la majorité des

israéliens qui aux élections de juin de 1992, élisent une

coalition formée par le parti travailliste d’Itzhak Rabin et

le MERETZ de Shulamit Aloni. Son programme politique, approuve

par les partis représentant la minorité arabe, tient compte de

la présence et des revendications du peuple palestinien à

l’ouest du Jourdain.

Les accords d’Oslo (30 aout 1993), préparés sous le contrôle du

président Arafat, du ministre des Affaires étrangères Shimon

Peres et du nouveau Premier ministre Itzhak Rabin, sont signes

à Washington. Ils mettent un terme au rêve du Grand Israël en

reprenant en fait les accords de Camp David acceptés, en leur

temps, par le gouvernement Begin et refusés par l’OLP.

Prévoyant, dans l’attente d’une solution définitive d’ici

1999, une autonomie territorial pour les palestiniennes en

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Cisjordanie et dans la bande de Gaza – et immédiatement à

Jéricho et dans la bande de Gaza-, ces accords préfigurent

l’émergence d’un Etat palestinien à côté d’Israël.

L’opposition absolue du Likoud et des partis religieux aux

accords d’Oslo et la campagne de haine menée par le Likoud : Le

nouveau Gouvernement préside par Benjamin Netanyahu prend

immédiatement des mesures pour remettre en cause les accords

d’Oslo. Fondamentalement, c’est l’idéologie du Grand Israël qui

guide la politique des autorités israéliennes. Jamais un

gouvernement dirigé par le Likoud n’acceptera de créer les

conditions territoriales permettant l’émergence d’un Etat

palestinien viable.

Le but de Rabin, de permettre aux peuples israéliens et

palestiniens de vivre en bonne entente dans deux entités

politiques indépendantes, est abandonné.

En 2001 Shalomo Ben-Ami, ancien ministre des Affaires

étrangères d’Israël considérait que puisque ayant changé le

système électoral a de nouveau, il soutenait ce changement,

car il pensait qu’il était important de revenir au système

parlementaire ; peut-être doit-on cependant le modifier pour

l’améliorer – disait-il- D’après lui, Il n’y avait qu’un seul

élément qui justifiait l’ancien système d’élection directe,

mais il était très important pour lui : « c’était le seul système par

lequel un candidat de la gauche pouvait gagner les élections et accéder à la

fonction de Premier ministre. Avec le système actuel, il est presque impossible

pour un candidat du parti travailliste de devenir Premier ministre. « 

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En effet, -disait-il- la structure socio-ethnique de la société

est telle que l’on aura toujours, si les choses ne changent pas

de façon dramatique, une majorité naturelle de droite. Mais

ici, la droite maintenant n’est pas seulement celle qui se

définit en fonction de sa position par rapport aux territoires.

Ainsi, le Parti religieux des orthodoxes ashkénazes n’est pas

très extrémiste sur les territoires, mais il est de droite

parce qu’il a un programme religieux que le Parti travailliste

n’a jamais su intégrer. Lors des prochaines élections, le bloc

de la gauche ne peut pas avoir une majorité à la Knesset. C’est

impossible –disait l’ancien ministre- «  C’est pour cela que

l’on doit refonder le Parti travailliste avec le concept d’une

coalition de minorités. » Si le Parti travailliste veut être

un grand Parti à la Knesset et permettre à son leader d’être le

prochain Premier ministre, il doit s’éloigner de sa base

traditionnelle. Le Parti travailliste est le dernier souffle de

l’ancien israélisme, celui des kibboutzim, des mochavim, du

nord de Tel-Aviv et de la société embourgeoisée. La société

israélienne aujourd’hui est tout à fait autre chose. On a connu

ici ce que Ortega y Gasset appelait une rébellion ou une

révolte des masses. Or le Parti travailliste est une enclave de

l’ancien israélisme. S’il veut demeurer un grand Parti dans la

Constitution naturelle que nous avons maintenant, qui est celle

du multiculturalisme, le parti doit être un reflet de cette

réalité kaléidoscopique de la société. Il doit être construit

comme une alliance de minorités. Il doit comporter un élément

russe important, un élément oriental traditionaliste, etc.

Pour parvenir à un renouvellement du Parti travailliste, on

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doit réunir à travers une nouvelle éthique tous les groupes

sociaux.

En effet, avant de parler de cette étique, on doit développer

une nouvelle attitude à l’égard des Partis traditionalistes et

de la religion. Les Pères fondateurs n’ont jamais compris que

la laïcité n’a jamais existé chez les Orientaux. La laïcité est

une idée occidentale. Elle vient de la Révolution française, de

l’émancipation, de toute l’histoire moderne de l’Europe. Chez

les Juifs orientaux, le concept de laïcité n’a jamais existé.

Même ceux qui n’étaient pas religieux d’une façon orthodoxe

avaient une sensibilité orientée vers la tradition, la

religion, l’héritage de leur famille, etc. La laïcité des Peres

fondateurs, puis du Parti travailliste qui a suivi, avait

aliéné totalement les juifs orientaux. Donc, on doit admettre

qu’il n’existe pas de contradiction entre un travaillisme

moderne et le judaïsme light- non orthodoxe-qui est cependant

un judaïsme de la synagogue, non pas seulement de la réflexion

philosophique, mais un judaïsme réel pratiquant. Chez nous, -

disait l’ancien ministre Shlomo Ben-Ami-on n’a jamais réfléchi

à la question de savoir comment on pourrait concilier le

socialisme et les aspirations ou les rêves religieux, qui ont

animé un nombre très important d’immigrants. D’ailleurs, la

social-démocratie n’a jamais existé ici. Il faut bien préciser,

que c’est une nuance très importante. Oscar Wilde disait : «

la différence entre la civilisation et la barbarie, c’est la nuance » La force qui a

inspiré le socialisme israélien était le rêve de créer un Etat

moderne et l’utopie –le kibboutz, le mochav, la Histadrout –

d’une société modèle. L’éthique d’un travaillisme renouvelé

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doit être une éthique d’égalité des chances. Celle-ci est au

principe de ce qu’on appelle « une révolution de possibilités.

» Avoir une éthique de l’égalité des chances pour les

Israéliens de différentes cultures, c’est développer des

faisceaux de possibilités dans l’emploi, l’éducation, les

services sociaux. Il n’existe pas aujourd’hui une claire vision

des possibilités que les Israéliens pourraient avoir dans cette

société en vue de développer leurs qualités et leurs

potentialités pour prendre une place dans le rêve israélien.

La seule façon possible de concilier l’état juif, la judaïté de l’Etat, et l’Etat des

citoyens est l’accès libre et égal aux institutions de l’Etat, aux droits et aux

possibilités publics. C’est sorte de patriotisme qu’il faut

développer. Aujourd’hui, il faut avouer que les citoyens arabes

d’Israël n’ont aucune raison d’accepter le patriotisme

israélien, parce qu’il n’existe pour l’instant qu’un patriotisme juif. On

comprend le sérieux dilemme des Arabes. Il faut donc développer

une nouvelle forme de patriotisme, celui de la Constitution,

sans abandonner pour autant le caractère juif de l’Etat. Des

personnes de droit ont émis l’idée de changer l’hymne national

ou, plus exactement, de lui ajouter une strophe qui exprimerait

cet élément de participation égale des Juifs et des Arabes dans

un Etat de droit constitutionnel. C’est une bonne proposition,

c’est là qu’il faut chercher le point d’équilibre.

La réconciliation ne pourra se faire que quand la guerre de leur Etat contre leur

peuple sera finie. Ce n’est pas seulement que l’Etat d’Israël qui

ne leur permet pas de faire le service militaire, mais les

citoyens arabes qui ne veulent pas non plus. Un membre arabe de

la Knesset ne pouvait pas participer à la Commission de défense

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nationale et de politique étrangère. Il convient d’éviter de

mettre les citoyens arabes dans une situation impossible, celle

de devoir lutter contre leur peuple, on doit faire une

distinction entre un Etat juif, c’est-à-dire un Etat qui a été

créé pour les Juifs, un Etat qui est le résultat de l’histoire

juive comme un retour des Juifs dans leur patrie historique,

et un Etat religieux. Le premier exprime les droits des Juifs,

non pas comme religion, mais comme nation. Il y a là une

différence fondamentale. C’est Itzhak Rabin qui a créé les

allocations familiales pour tous les habitants arabes du pays.

Auparavant, ces allocations étaient allouées uniquement à ceux

qui faisaient l’armée. Il a ainsi tenté d’établir l’Etat des

citoyens. Il a étendu ce système. C’était un pas important. On

doit créer de même un patrimoine commun à tous les citoyens de

ce pays, de sorte que les Arabes puissent être amenés à se

considérer véritablement comme citoyens de l’Etats d’Israël,

qu’ils considèrent celui-ci come exprimant leur citoyenneté,

que leur citoyenneté comme Israéliens fasse sens pour eux.

Rabin a sans doute été l’un des meilleurs chefs de gouvernement

qu’Israël n’ait jamais eu. Il a été un véritable

révolutionnaire dans le domaine de l’éducation, dans le

développement des infrastructures, de l’économie aussi bien que

dans la mise en œuvre du processus de paix. Mais le processus de paix

est si impitoyable qu’il a détruit tous ceux qui s’y sont

impliqués. Avant qu’il ne soit assassiné, Rabin devançait

Nétanyahou dans les sondages. Ce n’est pourtant pas son assassinat qui a

fait perdre le pouvoir aux travaillistes, mais la situation de crise avec les

Palestiniens : les attentats. Ceux-ci continuaient, y compris pendant le déroulement

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des négociations où les Palestiniens obtenaient des concessions importantes. C’est

un film que l’on a déjà vu. Peut-être Rabin aurait –il lui-même

perdu les élections en 1996, s’il n’avait pas été assassiné. La

question des Arabes israéliens est centrale pour l’avenir de

cet Etat. Lors des événements récents, les Arabes israéliens

n’ont pas donné l’impression de considérer Israël comme étant

leur Etat. De même, leur représentation à la Knesset n’est pas

le reflet de la réalité sociale : dix ou douze Arabes

israéliens y siègent, mais ce nombre ne signifie pas pour

autant une véritable intégration de la minorité arabe à la

société israélienne. En Israël, les socialistes ont créé l’Etat, créé les

infrastructures économiques, créé un système corporatiste qui prétendait

représenter à la fois le système économique en général et l’intérêt des syndicats. Ils

contrôlaient trente-cinq pour cent de l’économie israélienne, et prétendaient en

même temps représenter les travailleurs. C’est la bourgeoisie qui a donné ici son

sens à la gauche, et cela signifiait vouloir abandonner les territoires. Le

gauchisme, par exemple, ne s’est encore jamais exprimé à

travers les questions sociales, mais uniquement par l’attitude

à l’égard des territoires palestiniens.

En résumé on peut dire que dans le système politique

israélien, il y a quelque défaillance qui détermine le

fonctionnement problématique et instable de sa vie politique.

Il s'agit d'une série de facteurs tels que la fragmentation de

la société, la naissance de Partis représentant les intérêts

sectoriels, la division des grands jeux en groupes et sous-

exigence minimale pour entrer au Parlement, qui permet

l’élection de très petits Partis politiques. Et surtout il faut

considérer qu’un vote de no confiance peut conduire à la crise

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politique soit interne soit sur la politique international. Tel

était le cas lorsque le pays n’était pas prêt aux élections directes ce qui

a provoqué plusieurs problèmes surtout le ralentissement du processus de paix

qui avaient déjà commencé à Oslo.

Pour conclure il faudrait intégrer les Arabes à l’idée de

l’Etat, il faut une éthique communautaire par laquelle la

participation à l’Etat ne s’exprime seulement par le service

militaire (p.ex. la posture des Etats- Unis face au service

militaire et les étrangers) mais aussi à travers des

engagements idéologiquement neutres comme le service

communautaire. Généralement l’idée du patriotisme

traditionnelle est liée à la transformation du citoyen en

soldat. Or, l’état d’Israël ne permet pas non seulement aux

israéliens arabes l’accès au service militaire mais encore les

citoyens arabes ne le veulent pas non plus. La décision de

l’état de ne pas obliger les jeunes Arabes à servir dans

l’armée repose sur deux raisons. La première tient à ce qu’il

fallait éviter de mettre les citoyens arabes dans une

contradiction tragique. Je vous l’ai dit tout à l’heure, la

guerre entre nous et les Palestiniens est une guerre qui met

les israéliens arabes dans une situation ou leur état est en

conflit avec leur peuple. La seconde raison tient à ce que

l’engagement militaire suppose le secret et qu’il ne serait pas

raisonnable de se mettre dans une position ou ces secrets

seraient communiques aux adversaires. C’est la raison pour

laquelle, jusqu’à très récemment, un membre arabe de la Knesset

ne pouvait pas participer à la Commission de défense nationale

et de politique étrangère. Cela veut dire que, dans cette

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situation très complexe, l’Etat éprouve une certaine méfiance à

l’égard de ses citoyens arabes. Mais si la situation change, la

méfiance disparaitra, du moins peut-on l’espérer. En autre, il

convient d’éviter de mettre les citoyens arabes dans une

situation impossible, celle de devoir lutter contre leur

peuple. Il serait tout à fait néfaste de créer une crise

d’identité chez eux. À l’inverse : un Etat arabe, avec un grand

nombre de citoyens juifs, qui serait en guerre avec un Etat

juif. Cet Etat arabe prendrait inévitablement les mêmes

mesures.

Le dilemme des Juifs est que leur religion c’est la religion

d’une nation et qu’il faut néanmoins éviter l’apparition d’un

nationalisme religieux. Il faut trouver un équilibre entre une

nation dont la religion a défini l’identité historique et le

nationalisme religieux. Quand on parle de l’Etat juif on ne

parle pas d’un Etat religieux ni confessionnel. C’est l’Etat

des Juifs et ainsi doit organiser la coexistence des

différentes identités, tout en maintenant la prédominance des

Juifs. Les autres peuples vivant sur ce territoire doivent

avoir les mêmes droits que le peuple juif. Peut-être il

faudrait créer un patrimoine commun à tous les citoyens de ce

pays, de sorte que les Arabes puissent être amenés à se

considérer véritablement comme citoyens de l’État d’Israël,

qu’ils considèrent celui-ci comme exprimant leur citoyenneté,

que leur citoyenneté comme Israéliens fasse sens pour eux. Il

faut peut-être créer un nationalisme israélien, comme corrélat

du patriotisme constitutionnel. Il faut certes admettre que ces

autres peuples ne peuvent pas assimiler la mémoire juive. La

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solution doit donc se trouver du côté de la création du nouveau

patriotisme constitutionnel évoqué auparavant. La Constitution

sera le lien central entre les citoyens non juifs et l’Etat.

C’est là qu’ils trouveront l’expression définitive de leur

appartenance à l’Etat. Pour le développement de l’égalité entre

citoyens juifs et arabes, il faut une réconciliation entre la

judaïté de l’Etat et le fait que l’une de deux nations qui

forment cet Etat n’accepte pas la mémoire et la mythologie de

l’israélisme juif, mais veut y vivre, selon sa mémoire et sa

mythologie propres, et y avoir des droits.

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