COMMENTAIRE - KU Leuven Bibliotheken

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Jos. M. C. X. GOEDSEÉLS Avoeat près la Colll' d'Appel de Bruxelles Conseiller juridique militaire honoraire COMMENTAIRE SECONDE ÉDITION revue, complétée et mise à jour TOME DEUXIÈME Articles 322 à 567 BRUXELLES ÉTABLISSEMENTS ÉMILE BRUYLANT Soeiét6 anonyme d'éditions juridiques et selentifiques RUE DE LA lltGENCE,' 67 1 9 4 8

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Jos. M. C. X. GOEDSEÉLS Avoeat près la Colll' d'Appel de Bruxelles

Conseiller juridique militaire honoraire

COMMENTAIRE

• SECONDE ÉDITION

revue, complétée et mise à jour

TOME DEUXIÈME Articles 322 à 567

BRUXELLES ÉTABLISSEMENTS ÉMILE BRUYLANT Soeiét6 anonyme d'éditions juridiques et selentifiques

RUE DE LA lltGENCE,' 67

1 9 4 8

B 215·S

ERRATUM ET ADDENDA

INDEX ALPHABÉTIQUE.

Protection de l'enfance. Au lieu de n° 725, lire : n°8 2036 et suiv., 2067 et suiv., 2097 et

suiv., 2132 et suivants.

Souteneur. Ajouter ce mot après « Soustraction frauduleuse ». Voir ci-dessous, le texte 'de l'article 2, litt. I, 3°, de la loi du

21 août 1948, remplaçant par une disposition nouvelle l'arti­cle 380bis du Code pénal.

ADDENDA.

Au cours de l'impression de notre t;avail plusieurs lois ont-apporté des modifications notables au texte du Code- pénal. Il nous a paru utile de donner ci-dt:ssous les textes :

1° De la loi du 7 juin 1948 modifiant l'article 123ter du Code pénal; 20 Des extraits de la loi du 14 juin 1948, relative à l'épuration

civique, modifiant les articles 123sexies, 123septies et 123nonies du Code pénal; _ ·

3° Des extraits de la loi du 21 août 1948, supprimant la réglemen7 tation officielle de la prostitution, modifiant ou complétant les articles 380, 380bis, 380ter et 382 du Code pénal, et y ajoutant un article nouveau, 380quater.

Loi du 7 juin 1948 modifiant l'article 123ter du Code pénal.

AR'l'. l er. - A l'alinéa Jer de l'article 123ter du Code pénal interprété par l'arrêté-loi du 20 septembre 1945, les termes « la rétribution reçue par le coupable ou le montant de la valeur de cette rétribution lorsque celle-ci n'a pas été saisie », sont remplacés 'f)O,r les termes : « les sommes, biens ou avantages quelconq_ues directs ou indirects qui constituent le profit résultant de l'activité du coupab'le ou lorsqu'ils n'ont pas été saisis, le montant de leur valeur ».

1

/ '·.

ÂRT. 2. - Lorsque 1,a confiswtion prononcée par appliwtion des articl,es 123ter et 123quinquies porte sur autre chose que des sommes d'argent, le Ministre des finances peut céder de gré à gré les ch-Oses

_ confisquées contre payement de leur contre-valeur.

ART. 3. - Lorsqu'une société belge anonyme ou en commandite par ·· actions a, d,ans les c,as prévus par l'article 123decies du Gode pérïa.l, été décl,arée civilement responsable de l'exécution de ln, condamnation, qui s'avère impossible sans liquidation de 1,a société, l'Office des séquestres peut, après y avoir été autorisé par le Ministre des finances, accepter· en payement de tout ou partie des dites condamnations 1,a remise d'actions ou parts anciennes ou nouvelles sans qu'en aucun cas les actions ou parts remises puissent être représentatives de moins que 1,a moitié du wpital . . Les règles prévues dans les lois coordonnées sur les sociétés rel,ative­

. ment à ln, limitation du pouvoir de vote des actionnaires dans les assem­blées général,es ne s'appliquent pas wttX rt'f)'f'ésentants de l'Etat exerçant le droit de vote afférent aux actions acquises au Trésor par appliwtion

~ du présent article.

ART. 4: - La présente loi entrera en vigueur· le jour de sa publiwtion au Moniteur belge.

Loi du 14 juin 1948 relative à l'épuration civique.

ART. 8, § 1er. - L'article 123nonies du Gode pénàl est rempl,a,cé par ln, disposition suivante :

« Celui qui, en dépit de l'interdiction résultant de l'applic,ation de l'article 123sexies et de l'article 123septies, fait soit directement, soit par interposition de personne, usage de l'un des droits énumérés à cet .article, est puni d'un emprisonnement d'un an à trois ans et d'une aménde de 10.000 francs à .100.000 francs. »

ART. 10, § 1er. - Le premier alinéa de l'article 123sexies du Gode pénal est rédigé comme 8Uit :

« Celui qui a été condamné à une peine criminelle pour infraction ou tentative d'infraction, prévue au chapitre II du livre II du titre Jer du Gode pénal ou aux articles 17 et 18 du Gode pénal militaire, commise en temps de guerre est de plein droit frappé à perpétuité de 1,a déchéance :

)) ... ))

§ 2. - L'article 123septies du Gode pénal est rédigé comme suit: « . Les cours et tribunaux pourront déchoir en tout ou en partie, à

perpétuité ou à temps, des droits énumérés à l'article précédent, les condamnés· correctionnels pour infraction ou tentative d'infraction visée au dit article. »

2

ART. 11. - L' a"êté-loi du 10 novembre 1945 simplifiant la proeériure dans certains cas d'infraction contre la sûreté extérieure de l'Etat est 100di fié comme suit :

§ 1er. - L'alinéa 3 de l'article 1er est rédigé comme suit : « A cet effet, le ministère public appelle devant lui l'inculpé qui peut

se faire assister de son conseil, en lui faisant connaître les sanctions qu'il propose pour mettre fin à l'action publique.»

§ 2. - Les mots « ainsi que la déch,é,ance en tout ou _en partie, à perpétuité ou à temps de l'exercice des droits énumérés en l' arti­cle 123sexies du Gode pénal» sont ajoutés à l'aliné,a 4 de l'article 1er ..

§ 3. - Le huitième alinéa dè l'article 1er est supprimé. § 4. - L'article 5 est rédigé·comme suit: « Les personnes frappées de déchéance par application des disposi­

tions du présent arrêté-loi peuvent être réintégrées en tout ou en partie dans leurs droits suivant la proeériure et dans le délai prévus par kt, loi relative à l'épuration civique. »

AR-;r. 14. - L'a"êté-loi du 19 septembre 1945, ainsi que les a"êtés du Régent du 15 février 1946 et du 1er juin-1946 relatifs à l'épuration ci'IJique sont abrogés.

Loi du 21 aoiit 1948 supprimant la réglementation officielle de la prostitution.

ART. 1er._:_ ...

ART. 2. - I. L'article 380bis du Gode pénal est remplacé par les dispositions suivantes :

« Sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 100 francs à 5.000 francs :

» 1 ° Quiconque, pour satisfaire les passions d'autrui; aura embaiwhé, entraîné ou détourné, en vue de la débaiwhe ou de la prostitution, même de leur consentement, une personne majeure, ou, hors les cas prévus par les deux articles précédents, une personne mineure.

» La tentative sera punie d'un emprisonnement de trois mois à trois ans et d'une amende de 26 francs à 3.000 francs;

»_ 2° Quiconque aura tenu une maison de débaiwhe ou de prostitution. » 3° Le souteneur. » Le souteneur est celui qui vit, en tout ou en partie aux dépens d'une

personne dont il exploite la prostitution. » En le condamnant le juge pou"a le mettre à la disposition du gou­

vernement, pour être, à l'expiration de sa peine, interné dans un éta­bliBBement spécial pendant deux ans au moins et sept ans au plus;

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. _ » 4° Quiconque aura habituellement exploité, de quelque autre façon, la débauche ou la prostitution d'autrui. »

II. L'article 380 du Code pénal est remplacé par l,a, disposition sui­vante :

« Quiconque aura attenté aux mœurs en excitant; favorisant ou faci­litant,· pour_ satisfaire les passions d'autrui, la débauche, la corruption ou la prostitution d'un mineur de l'un ou de l'autre sexe, dont il ignorait l'état de minorité par sa négligence, sera puni d'un emprisonnement de six mois à cinq ans et d'une amende de 50 à 5.000 francs. »

III. L'article 380ter du Code pénal est remplacé par l,a disposition suivante :

« Quiconque aura retenu contre son gré, même pour cause de dettes contractées, une personne, même majeure, dans une maison de débauche ou de prostitution, ou aura contraint une personne majeure à se livrer à l,a débauche ou à la prostitution, sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 100 à 5.000 francs. »

ART. 3. - La disposition suivante est introduite dans le chapitre VI du titre VII, livre II du Code pénal :

« ART. 380quater. - Sera puni d'un emr»-isonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 26 francs à 500 francs quiconque, dans un lir,u public, aura par paroles, gestes ou signes provoqué une personne q, l,a débauche. La peine sera élevée au double si le de'lit a été commis envers un mineur.

» Sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 100 francs à 1.000 francs, quiconque aura, par un moyen quelconque de ·publicité, même en dissimulant la nature de son offre ou de sa. demande sous des artifices de langage, fait connaître qu'il se livre à la prosti­tution, qu'il facilite la prostitution d'autrui ou qu'il désire entrer èn relations avec une personne se livrant à la -débauche. »

ART. 4. - 1. Les mots « par le présent chapitre » 8ont remplacés par« par les articles 379, 380, 380bis, 380ter, 381 du présent chapitre» dans l'article 382 du Code pénal.

2. La disposition suivante est ajoutée à l'article 382 du même Code, dont elle formera l'alinéa 3 : « Les tribunaux pourront interdire aux condamnés, pour un terme de un an à trois ans, à partir de l'expiration de leur peine, d'exploiter, soit par eux-mêmes, soit par un gérant ou une gérante, un débit de boissons, un bureau de placement, un débit de tabac ou d'articles pour fumeurs, un café-concert, bal public, établissement de massage, cabinet de manucure, ou d'y être employé à quelque titre que ce soit. Toute infraction à cette interdiction sera punie d'un empri­sonnement de ùn mois à trois mois et d'une amende de 100 francs à 1.000 francs. » ·

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ARTICLES 322 A 326 , 5

TITRE VI

Des crimes et des délits contre la sécurité publique.

CHAPITRE Jer. - DE L'ASSOCIATION FORMÉE DANS LE BUT D'ATTENTER AUX, PERSONNES

OU AUX PROPRIÉTÉS.

ARTICLE 322.

Toute association formée dans le but d'attenter aux personnes ou aux propriétés est un crime ou un délit, qui existe par le seul fait de l'or­ganisation de la bande.

ARTICLE 323.

Si l'association a eu pour but la perpétration de crimes emportant la peine de mort ou les travaux forcés, les provocateurs de cette associa­tion, les chefs de cette bande et ceux qui y auront exercé un commande­ment quelconque, seront punis de la réclusion.

Ils seront punis d'un emprisonnement de deux ans à cinq ans, si l'association a été formée pour commettre d'autres crimes, et d'un empri­sonnement de six mois à trois ans, si l'association a été formée pour commettre des délits. "

ARTICLE 324.

Tous autres individus faisant partie de l'association et ceux qui auront sciemment et volontairement fourni à la bande ou à ses divisions des armes, munitions, instruments de crime, logements, retraite ou li~u de réunion, seront punis :

Dans le premier cas prévu par l'article précédent, d'un emprisonne­ment de six mois à cinq ans;

Dans le second cas, d'un emprisonnement de deux mois à trois ans,· Et dans le troisième, d'un emprisonnement d'un mois à deux ans.

ARTICLE 325.

Les coupables condamnés, en vertu des articles 323 et 324, à la peine d'emprisonnement, pourront, de plus, être condamnés à l'interdiction con­formément à l'article 33 ... (1).

( 1) La peine de la mise sous la surveillance spéciale de la police a été abrogée par l'ar• ticle 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

6 ARTIOL)lJS 322 A 326

ARTICLE 326.

Seront exemptés des peines prononcées par le présent chapitre, ceux des coupables qui, avant toute tentative de crimes ou délits faisant l'ob­jet de l'association et avant toutes poursuites commencées, auront révélé à l'autorité l'existence de ces bandes et les noma de leurs commandants en chef ou en sous-ordre ... (1).

1955. - Association et participation criminelle. 1956. - Infraction consommée par l'organisation. 1057. - Conditions de l'infraction. 1958. - Combien d'associés P 1959. - Délinquants primaires ou autres. 1960. - But de l'association. 1961. - Preuve du but de l'association. 1962. - Tentative punissable. 1968. - Provocateurs, chefs, etc. 1964. - Simples associés. 1965. - Pourvoyeurs et logeurs. 1966. - Excuse de l'article 326 du Code pénal,

1955. - Nous avons vu antérieurement que la participation cri­minelle· exige, entre autres conditions, un concours de volontés entre plusieurs personnes ayant pour objet la perpétration d'une ou plu­

. sieurs infractions déterminées. - Supra, n°8 575 et suivants. Si dés malfaiteurs associés commettent un crime, ils seront à la

· fois coauteurs ou complices de ce crime et, en outre, punissables à raison du fait même de l'organisation de leur bande si cette associa­tion •réunit, d'autre part, les conditions requises par les articles 322 et suivants du Code pénal. Il y aura donc concours d'infractions,· con­formément aux articles 58 et suivants du Code pénal, pour ceux des malfaiteurs associés qui auront personneJlement participé, comme coauteurs ou complices, au crime commis par la bande.

1956. - En effet, comme le porte l'article 322 du Code pénal, toute association formée dans le but d'attenter aux personnes ou aux propriétés est lin crime ou un délit qui existe par le seul fait de l'organisation de la bande.

1957. - L'existence d'une association de malfaiteurs, punissable comme telle, ne suppose évidemment aucune forme. déterminée. Il faut, mais il suffit, que l'association ait une existence réelle, que son but soit d'attenter aux personnes ou aux propriétés et qu'elle soit « organisée ». - Cass., 11 décembre 1893, Pas., 1894, I, 60.

1958. - Combien de personnes faut-il pour qu'il y ait une asso­ciation de malfaiteurs ? Les auteurs du Code pénal se sont à dessein abstenus de donner des indications à cet égard, Le juge appréciera en fait, suivant les circonstances des divers cas particuliers. - Exposé des motifs, II, n° 2 ; Rapp. Chambre, III, n° 3.

(1) La peine de la mise sous la surveillance spéciale de la police a été abrogée par l'ar­ticle 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1980.

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.ARTICLES 322. A.326

1959. - Sous l'empire du Code de 1810, il existait une contro­verse sur le point de savoir si les associés devaient déjà être des cri­minels avant leur entrée dans l'association. Le législateur de 1867. a supprimé tout doute à cet égard en omettant de parler d'association de malfaiteurs. - Ex'f)08é des motifs et Rapp. Chambre, loc. cit.

1960. - L'association, pour être punissable par le S(jUl fait de l'oP­ganisation de la bande, doit avoir pour but d'attenter aux personnes

· ou aux propriétés. - Code pénal, article 322.

1961. - Nous verrons plus loin que les peines qui répriment cette infraction diffèrent suivant la gravité des crimes ou des délits que les associés avaient pour but de commettre. - Infra, n°8 1963 et suivants. ·

La partie poursuivante aura à établir, en fait, quelles catégories de crimes ou de délits les malfaiteurs associés ont eu en vue. Cette preuve résultera notamment de l'organisation même de la bande, du nombre et de la moralité des affiliés, de la production des armes ou des instruments dont les malfaiteurs seront trouvés munis. - Exposé des motifs, II, n° 3.

1962. - On a discuté la question de savoir si la tentative d'a~so­ciation est punissable lorsque l'infraction est passible d'une peine cri­minelle. N'est-ce pas a~outir à punir le simple complot î (NYPELS· SERVAIS, art. 322, n° 6). Dans un sens plutôt affirmatif, voir Rapport Chambre, III, n° 3. Nous estimons que cette question doit se résou-

_dre par l'application pure et sim'.ple des règles tracées par l'article 51 du Code pénal. Il y aura tentative punissable lorsque la résolution de commettre le crime d'association de malfaiteurs aura été manifes­tée par des actes extérieurs qui forment un commencement d'exécu­tion de ce crime et qui n'auront été suspendus ou n'auront manqué leur effet que par des circonstan~s indépendantes de la volonté des auteurs. Le simple complot :,;i'est évidemment punissable comme tel que dans les cas où la loi en dispose exceptionnellement ainsi. Voir, par exemple les articles 124 et suivants du Code pénal. Rien de semblable n'est prévu en ce qui concerne l'association de malfaiteurs, même quand cette infraction est passible de peines criminelles.

1963. - Dans l'établissement des peines qui frappent l'infraction d'association de malfaiteurs, le Code distingue divers degrés de cul­pabilité :

1 ° Les provocateurs de cette association, les chefs de cettte bande ou ceux qui y auront exercé un commandement quelconque, seront punis :

a} De la réclusion si l'association a eu pour but la perpétration de crimes emportant la peine de mort ou les travaux forcés ;

8 , ARTICLES 322 A 326. - ARTICLES 327 A 331

b) D'un emprisonnement de deux ans à cinq ans, si l'association a été formée pour commettre d'autres crimes;

c) D'un emprisonnement de six mois à trois ans, si l'association a été formée pour commettre des délits ;

d) Les coupables condamnés à l'emprisonnement «pourront», de plus, être condamnés à l'interdiction conformément à l'article 33. - Code pénal, art. 323 et 325.

1964. - Tous autres individus qui faisaient partie de l'association, sans en avoir été ni les provocateurs ni les chefs, et qui n'y auront exercé aucun commandement quelconque, sont passibles des peines prévues aux articles 324 et 325 du Code pénal.

1965. - Il en est de même de ceux qui auront sciemment et volon­tairement fourni à la bande ou à ses divisions :

a) Des armes, des munitions, des instruments de crime ; b) Des logements, retraite et lieu de réunion. - Code pénal, art. 324

et 325. · L'article· 68 du Code pénal contient une disposition analogue à

celle de l'article 324. Mais quand il ne s'agit pas de l'aide apportée à une association de malfaiteurs; l'habitude est une condition de l'in­fraction. Ici, au contraire, un seul fait suffirait s'il s'agit réellement d'une aide donnée, suivant l'un des modes incriminés, à l'association et non pas seulement à l'un ou a quelques-uns de ses membres. -NYP:ELS-SERVAIS, art. 324, nos 2 et 3.

1966. - Seront exemptés des peines prononcées par le présent cha­pitre, ceux des coupables qui, avant toute tentative de crimes ou de délits faisant l'objet de l'association et avant toutes poursuites com­mencées, auront révllé à l'autorité l'existence de ces bandes et les noms de leurs commandants en chef ou en sous-ordre. - Code pénal, art. 326.

Cette excuse est inspirée de l'utilité sociale. Il faut que le prévenu ait révélé à l'autorité l'existence de la bande. L'excuse ne pourrait donc pas être invoquée à raison d'une simple déclaration de ce que la justice connaîtrait déjà. - Adde : supra, n° 1086.

CHAPITRE II. - DES MENACES D'ATTENTAT CONTRE LES PERSONNES OU CONTRE

LES PROPRIÉTÉS.

ARTICLE 327.

Quiconque, par écrit anonyme ou signé, aura menacé, avec ordre ou sous condition, d'un attentat contre les personnes ou les propriétés, punis-

ARTICLES 327 A 331 9

sable de la peine de mort ou d(!,8 travaux forœs, sera condamné à un emprisonnement de six mois à cinq ans et à une amende de 100 francs à 500 francs.

Si la menace n'a été accompagnée d'aucun ordre ou conditioo, la peine sera un emprisonnement de trois mois à deux ans et une amende de 50 francs à 300 francs.

,ARTICLE 328.

Si la menace faite avec ordre ou sous condition a été verbale, le cou­pable sera puni d'un emprisonnement d~ deux mois à un an et d'une amende de 26 francs à 200 francs.

ARTICLE 329.

La menace par g(!,St(!,8 ou emblèm(!,8 d'un attentat contre ~ personn(!,8 ou l(!,8 propriétés, punissable de la peine de mort ou des travaux forœs, sera punie d'un emprisonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 26 francs à. 100 francs.

ARTICLE 330.

La menace, faite par écrit anonyme ou signé, avec ordre ou sous con­dition, d'un attentat contre l(!,8 personnes ou ~ propriétés, punissable de la réclusion, sera punie d'un emprisonnement de trois mois à trois ans et d'une amende de 100 francs à 500 francs.

Si la menace n'a été accompagnée d'aucun ordre ou condition, la peine sera un emprisonnement de quinze jours à six mois et une amende de 26 francs à 200 francs.

ARTICLE 331.

Dans l(!,8 cas prévus par l'article 327, le coupable pourra, de plus, être condamné à l'interdiction, conformément à l'article 33 ... (1).

1967. - Nature des menaces punissables. 1968. - Menaces par écrit. - Articles 327 et 831. 1969. - Connaissance de la menace par la personne menacée. 1970. - Ordre ou condition. 1971. - Attentat punissable de la peine de mort ou des travaux forcés. 1972. - Menace par écrit; article 880. 1973. - Menaces par gestes au emblèmes. - Article 329. 1974. - Gestes ou emblèmes. - Notion. 1975. - Menace verbale. - Article 828. 1976. - Mendiants. 1977. - Extorsion.

1967. - D'après l'exposé des motifs mis en présence du Rapport de la Commission de la Chambre, il y aurait doute sur le caractère

(1) La peine de la mise sous surveillance spéciale de la police a été abrogée par l'ar­ticle 81 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

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10 ARTICLES 327 A 331

délictuel intrinsèque des menaces. Le Rapport au Sénat constate : les menaces, soit qu'on les considère comme indiquant, chez celui qui les fait, l'intention de les exécuter, soit comme pouvant répandre le trouble et l'inquiétude dans l'âme de celui auquel elles sont adres­sées, doivent nécessairement être réprimées, mais à la condition qu'elles puissent faire impression sur un homme raisonnable et qu'elles se rapportent à une action punie par la loi pénale. - Rapp. Sénat, VI, n° 4. .

Jugé que ne·rentrent pas dans les attentats punissables dont il est parlé aux articles 327 et suivants du Code pénal, les sanctions répres­sives qui seraient appliquées en conformité de dispositions pénales nouvelles par un régime nouveau de gouvernement. - Corr. Mons, 15 février 1934, confirmé par Bruxelles, 24 mars 1934, Aind. pér., 1934, 161.

1968. - L'article 327 du Code ·réprime le fait de quiconque, par écrit anonyme ou signé, aura menacé, avec ordre ou sous condition, d'un attentat contre les personnes ou les propriétés punissable de la peine de mort ou des travaux forcés.

La même menace mais non accompagnée d'ordre ou de condition est prévue par l'alinéa 2 de l'article 327. .

Pour l'une et l'autre de ces deux infractions, le juge peut prononcer l'interdiction conformément à l'article 33. - Code pénal, art. 331.

1969. - Il s'agit d_ans ces dispositions d'une menace par un écrit anonyme ou signé. Co~e toutes menaces quelconques, la répression exige que la personne menacée en ait eu ou ait pu en avoir connais­sance. - NYPELS-SERVAIS, t. II, p. 362, n° 6.

1970. - Pourla menace avec ordre ou sous condition, la loi ne dis­tingue pas suivant la nature de l'ordre. Il n'est même pas nécessaire qu'il y ait un ordre formel. La menace sous condition contient impli-

. citement l'ordre de remplir la condition. Peu importe encore que l'ordre ou la condition soient relatifs à un objet licite. La menace d'un attentat pour le cas où la personne menacée commettrait un parjure ou s'abstiendrait de payer se~ dettes est punissable (Exposé des rrwtifs, II, n° 10). Le délit ne disparaîtrait que si l'agent avait le droit de réaliser la menace. Ainsi celui qui serait en état de légitime défense et qui menacerait son agresseur de le tuer s'il ne met pas fin à l'attaque, ne commettrait évidemment aucun délit.

1971. - Dans le cas de l'article 327, le mal dont on menace la personne doit être un attentat contre les personnes ou contre les propriétés punissable de la peine de mort ou des travaux forcés.

1972. - La disposition de l'article 330 du Code pénal est iden­tique _à celle de l'article 327, sauf que l'attentat contre les personnes

ABTIOLES 327 A 331. - ARTIOL:ES 332 A 337 11

ou les propriétés dont il s'agit dans ce cas doit être un attentat punissable de la réclusion et non plus de la peine de mort ou des tra-vaux forcés. ·

1973. - La menace par gestes ou emblèmes d'un attentat contre les personnes ou les propriétés punissable de la peine de mort ou des travaux forcés, est réprimée par l'article 329 sans qu'elle doive comporter aucun ordre ni aucune co~dition.

1974. - Tout acte, tout fait, tout signe, quel qu'il soit, qui, dans la pensée de l'individu qui menace et dans celle de la personne ména­cée, constitue la menace d'un attentat, est caractéristique de la menace par gestes ou emblèmes. Tel serait le fait de tirer un coup de fusil apparemment dans la direction d'une personne et sans inten­tion de l'atteindre. - NYPELS-SERVAIS, art. 329, n° 2.

Adàe .-· supra, n° 1969.

1975. - Reste enfin la menace purement verbale. Celle-ci n'est punissable que si elle a été faite avec ordre ou sous condition et s'il s'agit d'un attentat contre les personnes ou contre les propriétés punissable de la peine de mort ou des travaux forcés. Les deux con­ditions doivent être réunies (Code pén., art. 328; NYPELS-SERVAIS, art. 328, n° 2). Cet article se réfère à l'article 327 pour déterminer l'attentat qui rend la menace punissable. - Rapp. complémentaire Sénat, X; adde : supra, n° 1969.

1976. - L'article 345 du Code pénal prévoit le fait de celui qui, en mendiant, aura menacé d'un attentat contre les personnes ou les propriétés.

1977. - Quant à l'extorsion ou à la tentative d'extorsion, à l'aide de menaces, voir article 470 du Code pénal.

CHAPITRE III. - DE L'ÉVASION DES DÉTENUS.

ARTICLE 332.

En e,as d'évasion de détenus, les personnes préposées à leur conduite ou à leur garde seront punies ainsi qu'il suît :

ARTICLE 333.

En vertu de l'article 1er de la loi du 29 août 1945, l'article 333 du Code pénal est rédigé comme suit : ·

[Si l'évadé était poursuivi ou condamné du chef d'un délit, s'il était prisonnier de guerre, ou s'il était détenu à la disposition du Ministre de la j'UStice, ces préposés seront punis, en e,as de négligence, d'un empri-

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12 ARTICLES· 332 A 33 7

sonnement de huit jours à trois mois, et, en oos de connivence, d'un emprisonnement de six mois à deux ans.

Les mêmes péines seront applicables dans le cas d'évasion de tout individu interné par application de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.]

ARTICLE 334.

Si l'évadé était poursuivi ou condamné du chef d'un crime, ou s'il était arrêté en vertu de la loi sur les extraditions, ces préposés subiront un emprisonnement de quinze jours à un an, en cas de négligence, et un emprisonnement d'un an à cinq ans, en cas de connivence.

ARTICLE 335.

Ceux qui, n'étant pas chargés de la garde ou de la conduite du détenu, auront procuré ou facilité son évasion, seront punis, au cas de l'article 333, d'un emprisonnement de quinze jours à un an, et, au cas de l'ar­ticle 334, d'un emprisonnement de trois mois à deux ans.

Sont exceptés de la présente disposition les ascendants ou descen­dants, époux ou épouses même divorcés, frères ou Bœurs des détenus évadés, ou leurs alliés aux mêmes degrés.

ARTICLE 336.

Si l'évasion a eu lieu ou a été tentée avec violence, menaces ou bris de prison, les peines contre ceux qui l'auront favorisée en four.nissant des instruments propres à l'opérer seront :

· Dans les circonstances énoncées à l'article 333, un emprisonnement de deux ans à cinq ans contre les préposés, et de trois mois à deux ans contre les autres personnes;

Dans les circonstances énoncées à l'article 334, la réclusion contre les préposés, et un emprisonnement de six mois à trois ans contre les autres personnes.

ARTICLE 337.

Si l'évasion a eu lieu ou a été tentée avec violence, menaces ou bris de prison, les peines contre ceux qui l'auront favorisée par transmission d'armes seront:

Dans les circonstances énoncées à l'article 333, la réclusion contre les préposés, et un emprisonnement de deux ans à cinq ans contre les autres personnes;

Dans les circonstances énoncées à l'article 334, les travaux forcés de dix ans à quinze ans contre les préposés, la réclusion contre les autres personnes.

1978. - Nécessité d'une arrestation légale quant à la cause et quant au lieu de déten­tion.

1979. - Détenus. 1980. - Contrainte par corps. - Peines disciplinaires ou de police.

~- --

ART.ICLlllS 332 A 337

1981. - Préposés à la garde de détenus. 1982. - Fait de tiers : a) Procuré ou facilité l'évasion. - ParentB et alliés. 1988. - b) Fourniture d'instruments ou d'armes. 1984. - Préposés. - Négligence. 1985. - Préposés. - Connivence. 1986. - Préposés. - Pénalités. 19!!7. - Préposés. - Crime correctionnalisé. 1988. - Préposés. - a) Article 386. 1989. - Préposés. - Violences et menaces. 1990. - Préposés. - Bris de prison.

13_

1991. - Préposés. - Gradation des peines d'après la position du détenu lors de l'évasion. ·

1992. - Préposés. - b) Article 337. 1993. - Préposés. - Armes.

1978. - Les infractions relatives à l'évasion des détenus supposent tout d'abord que la personne qui s'évade soit arrêtée légalement. Celui qui mettrait fin à une arrestation illégale ne commettrait aucun délit. ·Nous avons vu antérieurement quand une détention est illé- ~ gale, soit quant à la cause, soit quant au lieu de la détention. -Supa, n°8 1113 et suivants, 1153; NYPELS-SERVAIS, article 332, n°s 7 et 8.

1979. - Sous la dénomination de détenus, dont il s'agit à l'arti­cle 332, sont compris non seulement les individus jugés et condamnés, mais aussi les inculpés, les prévenus, les accusés qui seraient détenus préventivement ou arrêtés provisoirement. - NYPELS-SERVAIS, arti­cle 332, no 4.

Suivant la rédaction nouvelle de l'article 333 du Code pénal (loi du 29 août 1945, art. 1°r), la négligence ou la connivence des personnes préposées à la garde des détenus a été sanctionnée non plus seule­ment en ce qui concerne les évadés poursuivis ou condamnés d11 chef d'un délit et les prisonniers de guerre, mais encore :

1° Dans le cas d'évasion d'un détenu à la disposition du Ministre de la justice;

2° Et dans le cas d'évasion de tout individu interné par applica-tion de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

1980: - La dénomination de détenus ne s'étend pas 1 ° A ceux qui subissent une contrainte par corps ; 2° A ceux qui sont arrêtés par mesure disciplinaire ; 3° A ceux qui sont arrêtés pour des contraventions de police. -

Exposé des motifs, Il, n° 17; Rapp. Sénat, VI, n° 7 ; NYPELS­SERVAIS, art. 332, n°s 5, 6 et 9.

1981. - Ceux qui peuvent être punis en cas d'évasion des détenus sont, en premier lieu, les personnes péposées à leur garde (Code pén., art. 332, 333, 334, 335, 336 et 337). Ce sont tous ceux qui, à un titre quelconque, étaient préposés à la garde des détenus évadés. C'est à.

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ARTICLES 332 A 337

dessein que toute nomenclature a été supprimée dans le Code. Rapp. Sénat, VI, n° 6.

1982. - Ceux qui n'étaient pas chargés de la garde ou de la con­duite d'un détenu sont punissables :

a) S'ils ont procuré ou facilité son évasion, à moins qu'il ne s'agisse des parents ou alliés visés à l'alinéa final de l'article 335.

-

1983. - b) S'ils ont procuré au détenu les instruments dont il s'agit à l'article 336 ou les armes mentionnées par l'article 337.

1984. - Pour ce qui concerne les péposés, la simple négligence est punissable. - Code pénal, art. 333 et 334.

1985. - La connivence des préposés (art. 333 et 334), est punissable quel que soit le but du préposé. On a cité le cas du gardien qui laisse momentanément sortir un détenu de prison, dans le but d'aller boire avec lui. - NYPELS-SERVAIS, art. 332 et 333, n° 13.

Au cas où le préposé se serait laissé corrompre (Code pén., art 246 et suiv.) il y aurait concours idéal d'infractions.

1986. - Les peines sanctionnant la négligence ou la connivence des gardiens diffèrent suivant que l'évadé était détenu soit dans l'un des cas visés à l'article 333 (!!ouveau) du Code pénal (supa, n° 1979), soit dans l'un des cas dont il s'agit à l'article 334 du même code (détenus poursuivis ou condamnés du chef d'un crime ou en vertu de la loi sur les extraditions).

Les peines respectivement applicables dans les deux catégories de cas de détention sont précisées aux articles 333 (nouveau) et 334 du Code· pénal.

1987. - Si, au moment de son évasion, le détenu était définitive­me1it condamné du chef d'un crime correctionnalisé, ce serait l'arti­cle 333 qui serait applicable au préposé. -NYPELS-SERYAIS, article 334, no I.

1988. - Des peines spécialement graves sont comminées contre les préposés :

a) Qui auront fourni au détenu des instruments propres à opérer l'évasion ou la tentative d'évasion, avec violence, menaces ou bris de prison. - Code pénal, art. 336.

1989. - Les violences et les menaces sont définies à l'article 483 du Code pénal.

1990. - Par bris de prison, on entend une effraction de nature à faciliter la sortie de la prison. - NYPELS-SERVAIS, art. 336, n° 5.

1991. - Les pénalités prévues par l'article 336· sont graduées

.ARl'ICLES 332 A 337. - ARTICLES 338 A 341 15

d'après la position du détenu lors de l'évasion. - Code pénal, arti­cles 333, 334 et 336.

1992. - b) Qui auront favorisé par transmission d'armes, l'évasion qui a eu lieu ou qui a été tentée avec violence, menaces ou bris de prison (Code pénal, art. 337). Ici les pénalités varient suivant qu'il s'agit, pour le surplus, des circonstances visées aux articles 333 et 334 du Code pénal.

1993-. - Le mot «armes» qui se rencontre dans l'article 337 du Code n'a pas lè sens étendu qui a été adopté dans l'article 135 du Code pénal. Il ne s'agit ici que des armes proprement dites, des instru­ments exclusivement destinés à tuer, à blesser, à frapper. Cette inter­prétation résulte de la combinaison des articles 336 et 337. - NYPELS­SERVAIS, art. 337, n° 2; Exposé des motifs, II, n° 22.

CHAPITRE IV. - DE LA RUPTURE DE BAN ET DE QUELQUES RECÈLEMENTS.

ARTICLE 338 (1).

ARTICLE 339.

Ceux qui auron.t recélé ou fait rece'ler des person.nes qu'ils savaient être poursuivies ou confia,mnées du chef d'un crime, seron.t punis d'un emprisonnement de huit jours à deux ans et d'une amende de 26 fra'IW8 à 500 francs.

ARTICLE 340. Quiconque aura recélé ou fait recéler, caché ou fait c,acher le cadavre

, d'une person.ne homi.cidée ou morte des 8'Uites de coups ou bles8'Ures, sera puni d'un emprison.nement de trois mois à deux ans, et d'une amende de 50 francs à 600 frf!nCB.

ARTICLE 341. Bontexceptés des deux disposition.s précédentes, les ascendants ou des­

cendants, époux ou épo'U8es même divorcés, frères ou sœurs, et alliés aux mêmes degrés des criminels recélés, des auteurs ou complices de l'homicide, des coups ou des bles8'Ures.

Rupture de ban d'ezpulaion. 1994. - Abrogation de l'article 88S du Code pénal. - Rupture de ban d'expulsion. 1995. - Nationalité étrangère de l'inculpé doit être établie.

(1) Les dispositions du Code pénal relatives à la. mise sous surveillance spéciale de la police ont été abrogées par l'article 81 de la loi de défensesociale du 9 avril 1980, sauf la. continuation de l'exécution des décisions coulées en force de chose jugée. - MêDle loi, article 88.

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16 ARTICLES 338 A 341

1996, - Nationalité du prévenu. - Compétence des tribUDaux répressifs. 1997. - Fardeau de la preuve de la culpabilité du prévenu.

De quelques recèlem.enta. 1998. - Dispositions légales. - Oode pénal, articles 68, 324 •et 339. 1999. - Recel de criminels. - Notion. 2000. - Connaissance du crime. 2001. - Orim.inel pourBUitJi. 2002. - Quid en ca.s d'acquittement du criminel ? 2003. - Excuse péremptoire de l'article 341. 2004. - Recel de cadam-88 de peraonn88 homicidé88. 2005. - Excuse de l'article 341. (Renvoi.) 2006. - Matérialité de l'infraction. 2007. - Diverses causes de l'homicide. 2008. - Quid des autelll'B et complices de l'homicide ou des blessures ?

Rupture de ban d'expulsion.

1994. - Notre commentaire de l'article 338 du Code pénal n'est plus guère susceptible d'applications pratiques. Cette disposition du Code est, en effet, abrogée par l'article 31 de la loi de déknse sociale du 9 avril 1930 supprimant le renvoi sous la surveillance spéciale de la police sous réserve, de la continuation d'application de -cette peine en cas de décision coulée en force de chose jugée lors de la mise en vigueur de ladite loi de défense sociale (art. 33).

La rupture du ban d'expulsion a continué à donner lieu à un certain nombre de décisions de jurisprudence relatives à l'application de la loi du 12 février 1897 concernant l'expulsion des étrangers indési­rables. Quoique cette matière n'appartienne pas au commentaire du Code pénal, nous indiquons ci-après quelques décisions de principe qui la concernent.

1995. - Une condamnation du chef de rupture de ban d'expulsion est illégale si la nationalité étrangère de l'inculpé n'est pas établie. - Cass., 29 juin 1933 (chambres réunies), Pas., 1933, I, 280.

1996. - Le juge répressif, saisi d'une poursuite du chef de rup­ture de ban d'expulsion, est compétent pour statuer sur le moyen de défense du prévenu déduit de ce qu'il serait Belge. Sans doute, en vertu dè l'article 326 du Code civil, les tribunaux civils sont seuls compétents pour statuer sur les réclamations d'état. Mais cet article ne doit pas être séparé du suivant, du rapprochement duquel il résulte que ce n'est qu'en cas d'action du chef d'un délit de suppression d'état que la question de filiation échappe à la connaissance des tri­bunaux répressifs. Tel n'est pas le cas lorsqu'il s'agit d'examiner l'état d'un prévenu non en vue de le modifier mais en vue d'établir l'existence ou l'absence d'un élément du délit de rupture de ban d'expulsion. - Cass., 27 septembre 1932, Pas., 1932, I, 249.

1997. - La condamnation du chef de rupture de ban d'expulsion

.ARTICLES 338 A 341 17

basée sur ce que le prévenu n'apporte pas la preuve du caractère involontJtire de sa rentrée dans le royaume est illégale. Elle intervertit l'ordre des preuves. Ce n'est pas au prévenu de prouver son innocence mais à la partie poursuivante d'établir sa culpabilité. - Cass., 22 fé­vrier 1932, Pas., 1932, I, 78.

De quelques recèlements.

1998. - Le Code pénal punit en son article 68 le fait de donner habituellement asile à des malfaiteurs; l'article 324 réprime l'héberge­ment donné à une association de malfaiteurs. L'article 339 est relatif au fait de ceux qui ont recélé ou fait recéler des personnes sachant qu'elles étaient poursuivies ou condamnées du chef d'un crime.

1999. - Le recel dont il s'agit dans notre article doit s'entendre

1 de tout acte et surtout de toutes séries d'actes combinés tendant à

rfaire échapper un criminel à l'action de la justice. -NYPELS-SERVAIS, art. 339, n° 3.

Remarquons que nul ne doit dénoncer les criminels. Ce qui est interdit, c'est de s'opposer à l'action de la justice répressive. - Dise. Sénat, VII, n° 13.

Jugé qu'il importe peu que par après, la chambre du conseil du tribunal ait, par admission de circonstances atténuantes, fait dégé­nérer les faits en délit et renvoyé le prévenu devant le juge correc­tionnel. - Liège, 3 juillet 1947, Pas., 1947; II, 49.

Nous estimons que cette jurisprudence ne serait certainement plus applicable si le fait de recel d'une personne poursuivie du chef d'un crime avait été commis après que l'infraction du recélé aurait été correctionnalisée. Si l'infraction vient à être correctionnalisée par admission de circonstances atténuantes, nous sommes d'avis que la condition d'application de l'article 339 du Code pénal n'existe plus.

2000. - Il faut que l'auteur savait que l'individu qu'il a recélé ou fait recéler était poursuivi ou condamné du chef d'un crime.

2001. - Pat individu poursuivi, on entend une personne contre laquelle l'action publique est mise en mouvement. Une simple accu­sation par la rumeur publique ne suffirait pas.

2002. - La rédaction de l'article 247 du Code pénal de 1810 laissait subsister une controverse sur la culpabilité du receleur en ,cas d'acquittement de la personne poursuivie pour crime. La rédac­tion· de notre article 339, intentionnellement adoptée après discus­sions, ne laisse place à aucun doute. Le délit existe si l'individu recélé était poursuivi pour crime.et si l'auteur connaissait l'existence de cette poursuite. L'acquittement ultérieur de l'accusé serait sans

18 ARTICLES 338 A 341

influence sur l'existence d'une infraction antérieurement consommée. - Rapp. Sénat (proposition de supprimer l'article), VI, n° 11; Dise. Sénat, VII, n°8 13 et 28. ~·

2003. - La disposition de l'article 339 du Code n'est pas appli­cable aux ascendants, descendants, époux ou épouses même divorcés, frères ou sœurs et alliés aux mêmes degrés des criminels recélés. -Code pénal, art. 341.

2004. - Quiconque aura recélé ou fait recéler, caché ou fait cacher le cadavre d'une personne homicidée ou morte des suites de coups ou blessures, sera passible des peines édictées par l'article 340 du Code pénal. ·

2005. - Sont cependant exemptés de l'application de cette dis­position, les parents, conjoints ou alliés indiqués à l'article 341 (8'Upra, n° 2003) des auteurs ou complices de l'homicide; des coups ou des blessures. - Code pénal, art. 341.

2006. - Toutes les manières de soustraire le corps à l'attention et donc de cacher l'homicide à la connaissance de l'autorité, tombent sous l'application de l'article 340. Ainsi, lorsqu'un cadavre porte des traces de mort violente, celui qui aurait fait procéder à l'inhumation sans se.conformer aux prescriptions de l'article 81 du Code civil s'ex::­pose à être poursuivi comme receleur d'une personne homicidée. -NYPÈLS-S:ERVAIS, art. 340, n° 2.

2007. - Les termes de l'article 340 du Code pénal ne distinguent pas entre les diverses causes possibles d'homicide. Le recel de cadavre pourrait exister même en cas d'homicide par imprudence. - NYP:ELS­S:ERVAIS, art. 340, n° 3.

2008. - Les auteurs mêmes ou les complices du meurtre ou des blessures ne peuvent être poursuivis pour avoir recélé ou avoir fait recéler le cadavre. Ce reçèlement n'est, de leur part, que la consé­quence de leur crime et non un fait nouveau qu'on puisse en séparer. - Ex'f)Osé des motifs, Il; n° 29.

CHAPITRE V. - DES DÉLITS CONTRE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE COMMIS PAR DES VAGABONDS OU DES MENDIANTS.

ARTICLE 342_

- Seront 'JYll,nis d'un emprisonnement de huit jours à un mois : Tout vagabond et tout individu qui, 'f)OUr mendier, seront entrés, sans

. AR1:'IOLES 342 A 34 7 19

la permissioo d'U pr<Ypl'iétaire O'U des personnes de sa maison, soit àans -une habitation, soit àans ses dépendances;

TÔ'US ceux qui, en mendiant, feindront des plaies O'U des infirmités; TO'Us ce'UX q'Ui mendieront en ré'Union, à moins que ce ne soient le

mari et -la femme, le pèJre O'U la mère et leurs je'Unes enfants, l'ave'Ugle -0.u l'invalide et leur cond'UCteur.

ARTICLE 343.

TO'Ut mendiant O'U vagabond q'Ui aura été saisi travesti d'une manière q'Uelconque, sera puni de h'Uit jO'Urs à deux mois d'emprisonnement.

ARTICLE 344.

Seront punis de trois mois à 'Un an d'emprisonnement : Les vagabonds O'U mendiants qui seront trO'Uvés porteurs de /au~ cer­

tificats, faux passeports O'U fausses feuilles de route; Oeux qui seront trO'Uvés porteurs d'armes; Oeux qui seront trO'Uvés munis de. limes, crochets O'U autres instru­

ments propres, soit à commettre des vols O'U d'autres crimes ou délits, .soit à le'Ur procurer les moyens de pénétrer dans les maisons.

ARTICLE 345.

TO'Ut individu qui, en mendiant, .aura menacé d'un attentat contre les personnes ou les propriétés, sera puni d'un emprisonnement d''Un mois à un an.

Il sera condamné à 'Un emprisonnement de six mois à trois ans, s'il a exercé des violences contre les personnes.

ARTICLE 346 (1).

ARTICLE 347.

Les vagabonds sont ceux qui n'ont ni domicile certain, ni moyens de subsistance, et qui n'exercent habituellement ni métier ni profession.

2009. - Des vagabonds. 2010. - Mendicité. - L'habitude est-elle requise pour l'application des articles 342

et suivants du Code pénal ? 2011. - Entrée dans les habitations. 2012. - Faux certificats, etc. 2013. - Port d'armes. - Concours d'infractions. 2014. - Quelles armes sont visées par l'article 344? 2015. - Violences et menaces. 2016. - Surveillance spéciale de la police (1).

(1) Les dispositions du Code pénal relatives au renvoi sous la surveillance spéciale de la police ont été abrogées par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

20 ARTICLES 342 A-347

2009. - Le Code pénal, en son article 347, donne une définition de ce qu'il faut considérer comme des vagabonds. Ce sont ceux qui n'ont ni domicile certain, ni moyens de subsistance, et qui n'exercent habituellement ni métier ni profession. Le domicile certain dont il s'agit dans cette disposition, c'est l'habitation fixe. - NYP:ELS-SER­

VAIS, art. 347, n° 2. Adde : loi du 27 novembre 1891 pour la fépres­sion du vagabondage et de la mendicité.

2010. - Les auteurs du Code pénal ont estimé inutile de définir ce qu'il faut entendre par mendiants. L'exposé des motifs spécifie que les dispositions de ce chapitre ne s'appliquent qu'aux mendiants d'habitude, car c'est cette habitude de la mendicité qui les place sur la même ligne que les vagabonds et qui les rend aussi dangereux que ces derniers. A propos de l'article 345 du Code, l'exposé des motifs déclare formellement que les auteurs du projet ont voulu se séparer de certains commentateurs de l'article 279 du Code de 1810 et que l'on avait songé à mentionner dans cette disposition la néces­sité de cette habitude mais que l'on s'en est abstenu parce que l'on aurait pu croire que l'habitude de la mendicité n'était donc pas requise dans les autres dispositions du chapitre (Exposé des motifs, II, n°8 32b et 37). Le rapport de la Commission de la Chambre n'est pas moins formel : le mot mendiant n'a pas besoin d'être défini; il ne s'applique évidemment pas à ceux qui ne demanderaient l'aumône qu'acèidentellement. - Rapp. Chambre, III, n° 25.

On a fait valoir que cette condition d'habitude n'est pas indiquée dans le texte de la loi. - NYPELS-S:ERVAIS, t. II, p. 397, n° 3.

Il· est exact que certaines dispositions des articles 342 à 346 por­tent des expressions comme « tout individu qui, pour mendier» ... « tout individu qui, en mendiant ».

Mais d'autres articles parlent des mendiants : « Tout mendiant ou vagabond ... ». D'après les Pandectes belges, il faut suivre l'opinion formulée nettement dans les travaux préparatoires. - Pand. belges, vo Mendicité, n° 136.

Ce qui nous paraît décisif dans ce sens, c'est non pas seulement le fait que les travaux préparatoires contiennent une opinion for­melle sur la solution d'une question que les textes ne résolvent pas d'une manière décisive, mais l'argument même du rapport de la Chambre des représentants : le mot mendiant ne s'applique évidem­ment pas à ceux qui ne demandent l'aumône qu'accidentellement sans que ce soit chez eux une habitude. ·

Mais alors, que faut-il décider en présence de certains textes qui visent non pas les mendiants, mais les individus qui « en mendiant ... >> 1 Remarquons d'abord que l'article 345 du Code pénal est précisément un de ces textes et que c'est au commentaire de cette disposition que se place la seconde des observations de l'exposé des motifs que

.ARTICLES 342 A 34 7 21

nous avons reproduites plus haut. Ajoutons à cela que si la notion du mendiant suppose l'habitude, l'action de mendier ne serait que la mise en pratique de cette habitude.

Simulation de plaies ou d'infirmités, voir article 342, alinéa 3. Mendicité en réuni.on, voir article 342, alinéa 4. Travestissements, voir article 343.

2011. - L'alinéa 2 de l'article 342 vise le fait des vagabonds qui entrent, sans permission, dans une maison, une habitation ou ses dépendances et le fait des individus qui posent ie même acte pour mendier. A interpréter littéralement cet alinéa, on pourrait soutenir que l'infraction n'existe même chez les vagabonds que si l'entrée dans la maison a eu· lieu également pour mendier. Mais d'après une déclaration lors de la discussion à la Chambre, cette interpré­tation est rejetée. - Dise. Chambre, IX, n° 5; NYPELS-SERVAIS, art. 342, n° 1.

2012. - Les faux certificats, faux passeports, fausses feuilles de route visés à l'article 344 du Code pénali sont des documents réelle­ment faux et non pas des documents véritables délivrés au nom de tiers. On· ne pourrait considérer comme un délit, par exemple que le père fût trouvé porteur d'un document appartenant à un de ses enfants ôu à son épouse. - Rapp. Chambre, III, n° 29, et amende­ment adopté en conséquence.

2013. - Lorsque des vagabonds ou des mendiants sont trouvés por­teurs d'armes (Code pén., art. 344), il y aura éventuellement concours idéal de cette infraction avec celle autrefois prévue par l'article 317 du même Code (cass., 22 février 1909, Parul. pér., 1910, n° 794), actuel­lement par la loi du 3 janvier 1933. - Supra, n°8 1918 et suivants.

2014. - Il résulte de la comparaison entre les alinéas 3 et 4 de l'article 344 que les armes dont il s'agit ici sont des armes proprement dites, c'est-à-dire des instruments susceptibles de servir à tuer, blesser ou frapper autrui. - NYPELS-SERVAIS, art. 344, n° 3.

2015. - Pour la définition des menaces et violences dont il s'agit à l'article 345, il y a lieu de s'en référer à la disposition de l'article 483 du Code pénal. Ces menaces ne doivent pas réunir les conditions requises pour l'application des articles 327 et suivants du Code pénal. - NYPELS-SERVAIS, art. 345, n° 2.

2016. - Remarquons que le renvoi sous la surveillance spéciale de la police a été abrogé par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

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22 ARTICLES 348 A 353

TITRE VII

Des crimes et des délits .contre l'ordre des familles et contre la moralité publique.

CHAPITRE Jer - DE L'AVORTEMENT.

ARTICLE 348.

Celui qui, tpar aliments, breuvages, médicaments, violences ou tpar tout autre m<>'!}en, aura, à dessein, fait avorter une femme qui n'y a point consenti, sera puni de la réclusion.

Si les moyens employés ont manqué leur effet, l'article 52 sera appliqué.

ARTICLE 349.

Lorsque l'avortement a été causé tpar des violences exe,rcées volontai­Tement, mais sans intention de le produire, le coutpable sera puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de 26 francs à 300 francs.

Si les violences ont été commises avec préméditation ou avec connais­sance de l'état de la femme, l'emprisonnement sera de six mois à trois ans, et l'amende de 50 francs à 500 francs.

ARTICLE 350.

Celui qui, tpar aliments, breuvages, médicaments ou_ tpar tout autre moyen, aura fait avorter une femme qui y a consenti, sera condamné à -un emprisonnement de deux ans à cinq ans, et à une amende de 100 francs à 500 francs.

ARTICLE 351.

La femme· qui, volontairement, se sera fait avorter sera punie d'un emprisonnement de deux ans à cinq ans et d'une amende de 100 francs à 500 francs.

ARTICLE 352.

Lorsque les moyens employés dans le but de faire avorter la femme auront causé la mort, celui qui les aura administrés ou indiqués dans ce but sera condamné à la réclusion, si la femme a consenti à l'avorte­ment, et aux travaux forcés de dix ans à quinze ans, si elle n'y a point ·:consenti.

ARTICLES 348 A· 353 23

ARTICLE 353.

Dans "les cas prévus par les articles 348, 350, 352, si le coupable est médecin, chirurgien, accoucheur, sage-femme, officier de santé OU­

pkarmacien, "les peines respectivement portées par ces articl,es seront rem- · pl,acées par la réclusion, "les travaux forcés de dix ans à quinze ans OU­

de quinze ans à vingt ans, selon qu'il s'agit de l'emprisonnement, de la réclusion ou des travaux forcés de dix ans à quinze ans.

2017. - Définition pénale de l'avortement. 2018. - Naissance provoquée par manœuvres abortives. 2010. - Elément matériel de l'infraction. 2020. - Moyens; 2021. - Femme enceinte. 2022. - Elément intentionnel. - Avortement non prévu par la loi pénale. 2023. - Avortement involont;i,ire causé par des violences volontaires. 2024. - Violences prévues par l'article 349. 2025. - Préméditation. 2025bi8. - Majoration des peines : médecins, pharmaciens, etc. 2026. - Défaut de -prévoyance ou de précaution.

-2027. - Tentative. - Tentative impossible. 2028. - Tentative simple non prévue par l'article 348, 2°. 2029. - Cas visé à l'article 353. - Droit commun. 2030. - Cas visé à !'article 352. 2031. - 1° Délit de la femme avortée. 2032. - 2° Auteurs de l'avortement. 2033. - 8° Article 349. (Renvoi.) 2084. - 4° Décès de la femme. - Articles 852, 358. 2085. - Etendue d'application de l'article 852.

2017. - L'avortement, dans le sens attribué à ce mot par la loi pénale, est tout accouchement avant terme, volontairement provoqué ou procuré, par un procédé quelconque, indépendamment des cir­constances d'âge et de viabilité du produit _ de la conception. Les éléments constitutifs de l'infraction existent dès que l'expulsion du produit de la conception est prématurée et qu'elle a été volontaire­ment provoquée ou procurée. - NYPELS-SERVAIS, art. 348, n° 1.

De ce que l'avortement n'est punissable par la loi pénale que s'il est commis volontairement, il résulte que l'existence de cette condi­tion de l'infraction doit être constatée par le juge du fond.

Jugé qu'en déclarant que les prévenus ont eu la résolution for­melle de provoquer un avortement criminel et que l'un d'eux a pra­tiqué des manœuvres criminelles qui l'ont produit; le juge constate que l'âvortement a été pratiqué à dessein. - Cass., 5 mai 1936, Pas., 1936, I, 245.

2018. - Jugé que viole l'article 350 du Code pénal l'arrêt qui décide qu'il peut y avoir avortement punissable alors que les manœu­vres ont eu pour résultat la naissance d'un enfant vivant et viable. L'avortement est, en effet, une infraction qui, par les motifs où elle prend sa source et par ses résultats; se rapproche de l'infanticide. Mais alors que l'infanticide est le fait de tuer un enfa~t au moment

24 ARTICIJ!JS 348 A 353

de sa naissance ou immédiatement après sa naissance, l'avortement -0onsiste à détruire le produit de la conception pour mettre obstacle à la vie avant que l'enfant n'ait vu le jour. n' s'ensuit que si; après -emploi des procédés d'avôrtement, l'enfant naît et vit, ou s'il ne meurt que par l'effet de circonstances étrangères à celles dans les­quelles a eu lieu sa naissance, il ne peut y avoir avortement.·_ Cass., a décembre 1941, Pas., 1941, I, 441.

2019. - L'élément matériel du crime consiste à faire avorter une femme, soit que l'agent ait administré lui-même les moyens qui devaient produire l'avortement, soit qu'il ait seulement indiqué ces moyens ou donné l'ordre de les employer; il suffit qu'il soit cause de l'avortement, pour que la loi pénale- le considère et le punisse comme .auteur ou coauteur de l'infraction. - Exposé des motifs, II, n° 4.

2020. - On peut faire avorter une femme par aliments, breuvages, médicaments ou par tout autre moyen, physique ou moral, tel qu'une terreur subite (Exposé des motifs, II, n° 4), tels encore les exercices violents auxquels on soumettrait la femme. - NYPELS-SERVAIS, art. 348, no 5.

2021. - La notion même de l'avortement suppose nécessairement que la femme était enceinte. L'état de grossesse doit être prouvé par la partie poursuivante. - NYPELS-SERVAIS, ait. 348, n° 6.

Ainsi que nous le disions (supra, n° 2017), il n'y a pas lieu de tenir compte des circonstances d'âge et de viabilité du produit de la con­-ception. Mais encore faut-il, . pour qu'il puisse être question d'une femme enceinte, en état de grossesse, et d'un produit de la conception, qu'il y ait eu réellement un produit de la conception. C'est à tort que l'on condamnerait une femme qui se serait livrée à des manœuvres abortives parce qu'elle se croyait enceinte tandis que l'expertise médico-légale démontrait que cette femme n'a jamais eu un début de grossesse. ·

En théorie abstraite, l'avortement est pénalement punissable même s'il a été pratiqué dès les premiers instants de la conception. Mais pratiquement on ne conçoit guère que la preuve de l'infraction puisse être administrée si l'état de grossesse n'a pas atteint au moins un certain degré d'avancement.

2022. - En règle générale, les infractions prévues par les articles 348 et suivants du Code pénal n'existent que si l'agent a volontai­rement provoqué ou procuré l'avortement. On en conclut que l'expul­sion du fœtus que procure un homme de l'art pour conserver la vie à une femme conformée de telle sorte que l'accouchement naturel -est impossible, n'est pas l'avortement que punit le législateur. Dans cette hypothèse, la volonté existe sans doute chez l'agent ; mais cette volonté n'est pas la volonté criminelle, la volonté de contrevenir à la loi,

.ARTICLES 348 A 353 25

qui est un élément essentiel de tout crime ou délit (NYPELS-SERVAIS, art. 348, n° 3; Pand. belges, v0 Avortement, n° 13; Dise. Chambre, IV, n° 5). Nous exposons ici la règle de la loi pénale sans avoir à émettre aucun avis sur les controverses, relatives au même objet, qui sont débattues entre moralistes et théologiens. De ce qu'un fait n'est pas punissable par le Code pénal, il ne résulte pas du tout nécessai­rement qu'il soit conforme à la loi morale.

2023. - Exceptionnellement, l'article 349 du Code pénal punit l'avortement provoqué non intentionnellement, lorsqu'il a été le résul­tat de violences exercées volontairement. La peine est aggravée lorsque ces violences ont été commises soit avec préméditation, soit avec connaissance de l'état de la femme.

2024. - L'article 349 porte : « les violences exercées, commises». Cette disposition ne concerne donc que les violences physiques et non les violences morales ou les menaces. -- Exposé des motifs, II, n° 7; Rapp. Sénat, VI; n° 6.

2025. - Dans le système du droit pénal belge, il y a prémédi­tation lorsque l'auteur a agi avec réflexion, soit dans la conception soit dans l'exécution de l'acte. - PRrns, Science pénale et droit positif, n° 296.

· 2025bis. - Les pénalités prévues par les articles 348, 349 et ·350 sont majorées par l'article 353 si le coupable est médecin, chirurgien, accoucheur, sage-femme, officier de santé ou pharmacien.

2026. - Si l'avortement a été causé par un défaut de prévoyance ou de précautions, le fait sera éventuellement passible des peines por­tées par les articles 418 et suivants du Code pénal, relatifs à l'homicide et aux lésions corporelles involontaires. - Exposé des motifs, II, n° 4 ; Rapp. Sénat, VI, n° 6.

2027. - La tentative d'avortement est spécialement prévue par l'article 348, alinéa 2, du Code, concernant l'avortement pratiqué sur une femme qui n'y a point consenti.

Il va sans dire que si les moyens mis en œuvre pour provoquer l'avortement ne pouvaient, en aucun cas, produire un résultat, il n'y aurait pas d'infraction. - Supra, n°8 392 et suivants.

2028. - Dans le cas de l'article 348 du Code pénal, la tentative simple n'est pas punie. Il faut que l'agent ait fait tout ce qui était nécessaire pour provoquer un avortement mais que, par des circon­stances indépendantes de la volonté de l'auteur, les moyens titis en œuvre pour atteindre ce résultat aient manqué leur effet. - Code pénal, art. 348, alinéa 2; NYPELS-SERVAIS, art. 348, n° 8.

26 ARTICLES 348 A 353

2029. - La tentative d'avortement est punissable conformément au droit commun, dans les cas visés à l'article 353 d:u Code pénal, c'est-à-dire lorsque les infractions prévues par les articles 348, 350 et 352 ont été tentées par des médecins, chirurgiens, accoucheurs, sages-femmes, officiers de santé ou pharmaciens.

Ici la répression atteint l'auteur non seulement lorsque les moyens mis en œuvre, complets par eux-mêmes, ont cependant manqué leur effet par des circonstances indépendantes de la volonté de l'agent, mais encore lorsque la résolution de commettre ce crime a été mani­f!:)stée par des actes extérieurs formant commencement d'exécution de ce crime et qui ont été suspendus par dès circonstances indépen­dantes de la volonté de l'auteur.-_ NYPELS-SERVAIS, art. 353, n° 2; cass., 18 juin 1883, Pas., 1883, 1, 281.

2030. - La tentative ne se conçoit même pas dans le cas prévu par l'article 352 du Code pénal. Cette disposition vise, en effet, l'hy­pothèse où des moyens employés dans le but de faire avorter la femme auront causé la mort de celle-ci. Ce que la loi réprime ici, c'est un résuUat produit, différent de l'intention criminelle de l'auteur. Si ce résultat ne se produit pas, il y aura avortement ou tentative . d'avortement mais non tentative du crime énoncé en l'article 352. -NYPELS-SERVAIS, art. 352, n° 2.

2031. - Il nous reste à terminer notre exposé par quelques 9bser~ vations relatives aux différents faits prévus par les articles 348 à 353 du Code pénal :

1° L'article 351 érige en délit, le fait de la femme qui, volontai­rement, se fait avorter.

2032. - 2° Celui qui fait avorter la femme (supra, n° 2019) est passible des peines comminées par les articles 348 ou 350, selon que la femme n'était pas ou était consentante.

Les peines sont majorées conformément à l'article 353, si le cou­pable est médecin, chirurgien, accoucheur, sage-femme, officier de santé ou pharmacien. La peine de la réclusion prévue à l'article 348 devient celle des travaux forcés de dix à quinze ans et la peine de la réclusion est substituée à l'emprisonnement dont il s'agit à l'arti-cle 350. ·

2033. - 3° Nous avons exposé (supra, n°8 2023 à 2025) le sys­tème de l'article 349 du Code pénal, punissant celui qui a été l'au­teur involontaire d'un avortement causé par des violences volontaires.

2034. - 4° Lorsqu'en cherchant à faire avorter une femme, on a provoqué le décès de celle-ci, celui qui aura administré les moyens mis en œuvre ou qui les aura indiqués dans le but de procurer l'avor­tement, sera passible de la réclusion, si la femme a consenti à l'avor-

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.ARTICLllS 348 A 353. - .ARTICLES 354 A 360bis 27

tement, et aux travaux forcés de dix ans à quinze ans, si elle n'y. a point consenti. - Code pénal, art. 352.

Ces deux pénalités sont remplacées respectivement par les travaux forcés de dix ans à quinze ans ou de quinze ans à vingt ans, suivant que la femme était ou non consentante, lorsque les coupables sont médecins, chirurgiens, accoucheurs, sages-femmes, officiers de santé ou pharmaciens. - Code pénal, art. 353.

2035. - L'article 352 s'applique dès que les moyens employés dans le but de faire avorter la femme ont causé la mort. Le texte n'in­dique pas que ces moyens qui ont été employés dans le but de faire avorter la femme devaient pouvoir réellement provoquer l'avortement._ Il est également indifférent que la mort de la femme soit arrivée à la suite de l'avortement ou qu'elle ait été la conséquence des moyens employés et restés inefficaces quant à· l'avortement. - Exposé des motifs, II, n° 10 ; Rapp. Sénat, VI, n° 7.

CHAPITRE Il. - DE L'EXPOSITION ET DU DÉLAISSEMENT D'ENFANTS.

ARTICLE 354.

[Seront punis d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 26 francs à 100 francs ceux qui auront exposé ou fait exposer, et ceux qui auront dél,aissé ou fait dél,aisser, en un lieu non solitaire, un enfant ou un incapable, hors d'état de se protéger lui-même à raison de son état physique ou mental. - Loi du 15 mai 1921, article 56.]

ARTICLE 355.

[Les délits prévus par le précédent article seront punis d'un empri­sonnement de trois mois à deux ans et d'une · amende de 26 francs à 200 francs, s'ils ont été commis par les père et mère légitimes ou natu­rels, au par des personnes à qui l'enfant ou l'incapable était confié. - Loi du 15 mai 1912, article 56.]

ARTICLE 356.

[Si par suite du dél,aissement l'enfant ou l'incapable est demeuré mutilé ou estropié, ou s'.il a ressenti une maladie ou incapacité de tra­vail, les coupables seront punis :

Dans le cas prévu par l'article 354, d'un emprisonnement de six mois à deux ans et d'une amende de 26 francs à 200 ·francs;

Dans le cas de l'article 355, d'un emprisonnement d'un an à trois ans et d'une amende de 50 francs à 300 francs. - Loi du 15 mai 1912, article 56.]

28 AR'.PIOLES 354 A 360bis

ARTICLE 357.

[Si le <l,e'laissement a causé la mort de l'enfant ou de l'incapable, le coupable sera puni : .

Dans le cas de l'article 354, d'un emprisonnement d'un an à trois ans et d'une amende de 50 francs à 300 francs;

Dans le cas de l'article 355, d'un emprisonnement de deux ans à cinq ans et d'une amende de 50 francs à 300 francs. - Loi du 15 mai 19_12, article 56.]

ARTICLE 358.

[Seront punis d'un emprisonnement de six mois à trois ans, et d'une amende de 50 francs à 300 francs, ceux qui auront délaissé ou fait délais­ser, dans un lieu solitaire, un enfant ou un incapable hors d'état de se protéger lui-même à raison de son état physique ou mental. - Loi du 15 mai 1912, article 56-.]

ARTICLE 359. [L'emprisonnement sera d'un an à cinq ans et l'amende de 100 francs

à 300 francs, si les coupables du délaissement sont les père et mère légi­times ou naturels ou des personnes à qui l'enfant ou l'incapable était confié. - Loi du 15 mai 1912, article 56.]

ARTICLE 360.

[Si, par suite du délaissement prévu par les deux articles précédents, l'enfant ou l'incapable est demeuré mutilé ou estropié, les coupables seront punis de la réclusion.

Si le de'laissement a causé la mort, les coupables seront condamnés aux travaux forcés de dix à quinze ans. - Loi du 15 mai 1912, article 56.]

ARTICLE 360bis.

[Seront punis d'un emprisonnement de huit jours à deux mois et d'une amende de 50 francs à 500 francs, ou d'une de ces peines seulement, ·sans préjudice, s'il y a lieu, à l'application de dispositions pénales plus sévères:

Les père et mère légitimes, naturels ou adoptifs qui abandonnent leur enfant dans le besoin, encore qu'il n'ait pas été laissé seul, qui refusent de le reprendre ou qui, l'ayant confié à un tiers, refusent de payer l'entretien de l'enfant. - Loi du 15 mai 1912, article 60.]

2036. - Articles 354 et suivants du Code pénal. - Loi du 15 mai 1912, articles 56 et 60.

2037. - Exposer ou faire exposer un enfant. - Lieu non public. 2038. - Délaisser ou faire élélaisser un enfant. 2039. - Tous·faits d'exposition ou de délaissement par toutes personnes quelconques. 2040. - Abrogation de la condition d'âge. 2041. - Incapables physiques ou mentaux. 2042. - Faits prévus par l'article 360bis du Code pénal.

ARTIOLES 354 A 360bi8

2043. - Infractions distinctes. - Article 360l>ia du Code pénal. 2044. - Nécessité d'une filiation légale, légitime, naturelle ou adoptive. 2045. - Extrait d'acte de naissance doit être joint au procès-verbal. 2046. ~ Père ou mère. 2047. - Abandon simultané par père et mère non requis. 2048. - Matérialité de l'infraction. - Abandon dans le besoin. 2049. - Etat de besoin. - Constatation suffisante. 2050. - Résidence de fait de l'enfant. 2051. - Enfant placé en pension. 2052. - Refus d'entretien par le père sans impossibilité. 2053. - Allocation antérieure importante. - Inopérance. 2054. - Offre de reprendre l'enfant et abandon antérieur. 2055. - Idem. - Motif suffisant. 2056. - Obligation légale même sans jugement. 2057. - Convocation préalable chez le juge de paix non requise; 2058. - Père divorcé. - Article 360bis non applicable. 2059. - Pénalités. - Détaissement. - Lieu solitaire; lieu non solitaire. 2060. - Exposition et délaissement en général.

29

2061. - Parents légitimes ou naturels ; tiers à qui l'enfant ou l'incapable a été confié. 2062. - Délaissement. - Infirmités, maladie, décès. 2063. - Délaissement dans un lieu solitaire. 2064. - Circonstances aggravantes :

a) Parents légitimes ou naturels ; tiers à qui l'enfant ou l'incapable a été confié.

2065. - b) Infirmités. 2066. - c) Décès.

2036. - Les articles 354 à 360bis du Code pénal ont été modi­fiés et complétés par les articles 56 et 60 de la loi du 15 mai 1912, sur la protection de l'enfance.

Ce changement de législation a étendu le champ d'application des textes relatifs à l'exposition et au délaissement d'enfants.

L'article 360bis réprime certains faits qui n'étaient pas considérés comme tombant sous l'application des articles 354à 360 du Code pénal.

2037. - Nos articles punissent tout d'abord ceux qui auront exposé ou fait exposer un enfant.

L'exposition d'un enfant, c'est l'acte de déposer cet enfant dans un lieu autre que celui où se trouvent habituellement les personnes qui sont obligées de le soigner, l'acte de le placer dans un endroit autre que celui où il doit recevoir les soins que son état réclame. Il n'est pas nécessaire que l'enfant soit exposé dans un lieu public pour qu'il y ait infraction. - Exposé des motifs, II, n° 12 ; Rapp. Sénat, VI, no 8.

· 2038. - Le second fait prévu par nos articles, c'est celui d'avoir délaissé ou fait délaisser un enfant.

Il y a délaissement lorsqu'on abandonne l'enfant sans s'être assuré qu'il a été recueilli ou sans avoir la certitude qu'il sera recueilli immé­diatement. - Exposé des motifs, II, n° 12.

2039. - Jugé que l'article 354 du Code pénal comprend, dans la généralité de ses termes, tout fait d'exposition et de délaissement et n'exige pas, pour que le fait soit punissable, que le coupable soit

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30 .AB'\'IOLl!lS 354. A 360bis

tenu de la garde de l'enfant, par des obligations légales ou conven­tionnelles. La preuve en est que l'article 355 du même Code consi­dère non comme un élément du délit, mais comme une cause d'ag­gravation de la peine, la circonstance que le délit a été commis par les père ·et mère légitimes ou naturels ou par des personnes à qui l'enfant était confié. - Cass., 25 janvier 1904, Pand. pli'., 1905, no 230.

2040. - L'exposition ou le délaissement n'était une infraction, sous l'empire du Code pénal, que si l'enfant était âgé de moins de sept ans accomplis. Cette condition d'âge de la victime n'existe plus dans le texte actuel, tel que l'a modifié l'article 56 de la loi du 15 mai î912, sur la protection de l'enfance.

· 2041. - Cette dernière loi a également étendu la protection légale de nos articles aux incapables hors d'état de se protéger eux-mêmes à raison de leur état_ physique ou mental.

2042. - Enfin, en vertu de l'article 360bis, ajouté au Code pénal par l'article 60 de la loi du 15 mai 1912, seront punis d'un emprison­nement de huit jours à deux mois et d'une amende de 50 francs à 500 francs, ou d'une de ces peines seulement, sans préjudice, s'il y a lieu, à l'application de dispositions pénales plus sévères, les père et mère légitimes, naturels ou adoptifs qui abandonnent leur enfant dans le besoin, encore qu'il n'ait pas été laissé seul, qui refusent de le· reprendre ou qui, l'ayant confié à un tiers, refusent de payer l'en­tretien de l'enfant.

2043. - Les divers faits prévus par cette disposition constituent des infractions distinctes.

Jugé que l'infraction d'avoir abandonné un enfant dans le besoin,· encore qu'il n'ait pas été laissé seul, existe indépendamment de toutes autres conditions, et notamment du refus. de reprendre l'enfant ou de payer son entretien, s'il a été confié à un tiers. - Cass., 11 jan­vier 1926; Pas., 1926, I, 165.

2044. - Ainsi que le porte le texte même de l'article 360bis, la première condition de l'infraction prévue par cette disposition est que le prévenu soit le père ou la mère légitimes, naturels ou adoptifs de l'enfant.

Il faut une filiation légale. La mère naturelle qui n'a pas reconnu l'enfant ne peut tomber sous l'application de la disposition légale dont il s'agit. - SCHtTIND, Traité pratique de droit criminel, 28 éd., t. Jer, p. 190, no 1.

2045. - De ce qu'une filiation légale doit être établie; il résulte que la police doit joindre à son procès-verbal un extrait de l'acte de naissance de l'enfant. - ScHtTIND, op. et "loc. cit.

32 ARTICU:S 354 A 360bis

si l'obligation alléguée par le plaignant n'est pas une clause pénale déguisée par laquelle un nourricier voudrait empêcher des parents de reP,rendre leur enfant. Ainsi en sera-t-il souvent quand des parents abandonnent leur enfant à un tiers en s'engageant à payer une pension déterminée en cas de reprise de l'enfant., Cette clause n'a. généralement d'autre'but que d'empêchèr les parents de vouloir un jour exercer leurs droits de puissance paternelle. Sous cet aspect, elle est nulle, comme contraire à l'ordre public. - ScHUIND, op. cit., p. 191, n!l 4.

2052. - Jugé qu'est légalement reconnu coupable du délit d'aban­don d'enfant, le père à charge de qui il est constaté qu'il avait quitté ses enfants en 1926 et que, pendant telle période de 1928, il a refusé à son épouse quoi que ce soit pour l'entretien de leurs trois enfants dont elle avait la garde, alors que lui-même n'était pas dans l'impos­sibilité de prester cette contribution et qu'elle était indispensable à l'épouse pour que celle-ci pût fournir aux enfants des aliments sui­vant ce qui convenait à leur état. - Cass., 13 mai 1929, Pas., 1929, I, 185.

2053. - L'infraction prévue par l'article 360bis du Code pénal peut être relevée alors même que des sommes importantes auraient été payées_ antérieurement à la période visée à la prévention. -'-- Cass., 8 avril 1935, Journ. trib., 15 décembre 1935, 762; cass., 6 mai 1935, Pas., 1935, I, 234.

2054. - L'offre faite par le père de reprendre l'enfant ne légi­time pas l'abandon où il l'aurait laissé antérieurement. - ScHUIND, op. cit., p. 191, n° 3.

2055. - Jugé que n'est pas motivé au vœu de la loi l'arrêt qui, sans se référer aux motifs du premier juge, s'abstient de répondre aux conclusions du prévenu soutenant en droit que l'offre faite par lui de reprendre l'enfant auquel il doit des aliments et de pourvoir à son entretien, est élisive de l'infraction. - Cass., 9 mars 1936, Pas., 1936, J, 186.

2056. - L'obligation alimentaire existe en vertu de la loi. Il importe peu qu'un jugement soit intervenu pour fixer le taux d'une pension alimentaire. - ScHUIND, op. et loc. cit.

2057. - Jugé que la poursuite du chef d'abandon d'enfant dans le besoin (Code pén., art. 360bis) ne requiert point la convocation préalable devant le juge de paix, ainsi qu'il est requis, d'autre part,, par l'article 2 de la loi du 14 janvier 1928, modifiée par l'article 2 de la loi du 30 mai 1931 et ensuite par l'article 1er de la loi du 17 jan­vier 1939. - Cass., 12 janvier 1937, Pas., 1937, I, 7, 3° (N. R.).

ARTICLES 354 A 360bis 31

2046. - L'obligation de nourrir, d'entretenir et d'élever les enfants s'applique à la mère comme au père. Spécialement, une femme qui· quitte son ménage en laissant au mari des enfants en. bas âge peut tomber sous l!application de l'article 360bis. Un petit enfant a géné­ralement besoin de sa mère. C'est pour cette raison qu'en cas de mésentente entre les époux, les tribunaux civils accordent générale­ment à la mère la garde des tout petits en tenant compte des besoins des enfants. - SCHUIND, op. et loc. cit.

2047. - L'article 360bis du Code pénal ne requiert pas comme élé­ment constitutif du délit que les enfants aient été abandonnés simul• tanément par leur père et par leùr mère. Par les mots « les père et mère_» le texte vise chacun des époux qui se rend coupable des faits qui y sont énoncés. - Cass., 13 mai 1929, Pas., 1929, I, 185.

2048. - La matérialité de l'infraction consiste dans « l'abandon dans le besoin».

Le besoin s'apprécie en tenant compte des circonstances spéciales de chaque affaire. C'est chaque fois une question d'espèce. Il y a une corrélation parfaite entre l'article 360bis et la notion de besoin telle qu'elle résulte des articles 203 à 211 du Code civil. Notamment les

► parents doivent à leurs enfants des aliments dans la proportion du besoin de l'enfant et de la fortune des parents (Code civ., art. 208).

La loi n'a pas fixé d'âge maximum. Dans chaque cas le juge devrà apprécier :

a) Si l'enfant se trouvait dans le besoin; b) Si les parents conservaient à son égard une obligation alimentaire ; c) Si, par leur faute, ils ne .se sont pas acquittés de cette obliga­

tion. - SCHUIND, op. et wc. cit.

2049. - L'état de besoin requis pour l'application de l'article 360bis du Code pénal est légalement établi, sans que l'arrêt ait à s'expliquer autrement sur cet état, lorsque la décision constate que les faits déclarés ·constants par le premier juge sont demeurés établis par l'instruction faite devant la cour et que le prévenu s'est abstenu volontairement _de payer la pension alors qu'il était en situation de l'acquitter. - Cass., 8 avril 1935, Journ. trib., 15 décembre 1935, 762.

2050. - Les parents doivent assurer l'entretien de l'enfant partout où il se trouve. L'obligation alimentaire naît donc non seulement au domicile des parents, mais encore à la résidence de fait de l'enfant. - ScHUIND, op. et loc. cit.

2051. - « Refuse de payer l'entretien». C'est le cas lorsque les parents ont placé l'enfant en pension, soit chez des particuliers, soit dans un établissement quelconque. Mais il faut avoir soin de vérifier

ARTICLES 354 A 360bis . 33

2058. - L'inexécution de l'obligation imposée au père de paye_r à la mère dont il est divorcé une pension alimentaire pour l'entretien de ses enfants, ne constitue pas l'infraction d'abandon d'enfant dans le besoin prévue par l'article 360bis du Code pénal. - Cass., 31 jan-vier 1927, Pas., 1927, I, 140. ·

Ce fait serait actuellement passible, le cas échéant, aes peines pré­vues par l'article 39lbis du Code pénal.

2059. - En ce qui concerne le délit de délaissement, le Code fait une distinction, suivant qu'il a été commis dans un lieu solitaire ou dans un lieu non solitaire (Code pén., art. 354 et suiv., 358 et suiv.). Cette distinction n'existe pas en ce qui concerne le délit d'exposition, lequel n'est pas mentionné dans l'article 358. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 354, no 3.

2060. - Les peines du fait d'exposition et de délaissement sont déterminées, en général, par l'article 354 du Code pénal.

2061. - L'article 355 aggrave les pénalités, lorsque le délit a été commis- par les père et mère légitimes ou naturels ou par des personnes à qui l'enfant ou l'incapable était confié.

2062. - Ces peines sont encore majorées par les articles 356 et 357, mais seulement pour le dél,a,issement, si par suite du délaissement l'enfant ou l'incapable est demeuré mutilé ou estropié, ou s'il a subi - le texte légal porte « ressenti » - une maladie ou une incapacité de travail (art. 356), ou si le délaissement a causé la mort de l'en­fant ou de l'incapable (art. 357).

Ces deux dispositions font une sous-distinction, suivant que l'au­teur était, soit une personne quelconque (supra, n° 2039), soit les père et mère légitimes ou naturels ou une personne à qui l'enfant ou l'incapable était confié. ·

2063. - Des peines spécialement graves sont comminées par les articles 358 et suivants contre ceux qui auront délaissé ou fait délais­ser, dans un lieu solitaire, un enfant ou un incapable hors d'état de se protéger lui-même à raison de son état physique ou mental.

2064. - Les peines de l'article 358 sont majorées : a) Si les coupables du délaissement sont les père et mère légitimes

ou naturels ou des personnes à qui l'enfant ou l'incapable était confié. - Code pénal, art. 359.

2065. - b) Si par suite du délaissement dans un lieu solitaire l'en­fant ou l'incapable est demeuré mutilé ou estropié. - Code pénal, art. 360, alinéa 1er.

2066. - c} Si le délaissement dans un lieu solitaire a causé la mort de l'enfant ou de l'incapable. - Code pénal, art. 360, alinéa 2.

2-II

ARTIOLlllS 361 A 367

CHAPITRE III. - DES CRIMES ET DÉLITS TENDANT A EMPtCHER OU A DÉTRUIRE LA PREUVE DE L'ÉTAT CIVIL DE L'ENFANT.

ARTICLE 361.

TO'Ute personne qui, ayant assisté à un accouchement, n'aura pas fait "la déclaration prescrite par les articles 55, 56 et 57 du Gode civil, sera punie d'un emprisonnement de huit jO'Urs à trois mois et d'une amende de 26 francs à 200 francs, ou d'une de ces peines seulement.

ARTICLE 362.

Sera punie des peines portées à l'article précé,dent, toute personne qui, ayant trO'Uvé un enfant 11,0'U,Veau-né, ne l'aura pas remis, dans les trois jO'Urs, à l'offi,cier de l'état civil, ainsi qu'il est prescrit par l'article 58 du Gode civil. '

La présente disposition n'est point applicable à celui qui aurait con­senti à se charger de l'enfant et qui aurait fait sa déclaration à cet égard

. devant l'autorité communale du -lieu où l'enfant a été trO'Uvé .

. ARTICLE 363.

Seront punis de la réclusion les CO'Upables de suppression d'un enfant, de substitution d'un enfant à un autre, O'U de supposition d'un enfant à une femme qui ne sera pas accouchée.

· La même '{Jeine sera appliquée à ceux qui auront donné "la mission de ·commettre les faits mentionnés au paragraphe précé,dent, si cette mis­sion a reçu son exécution.

ARTICLE 364.

Quiconque aura enlevé O'U fait enlever un enfant âgé de moins de sept ans accomplis sera puni de la réclusion, quand même l'enfant aurait suivi volontairement le ravisseur.

ARTICLE 365.

Quiconque aura recélé O'U fait recéler un enfant au-dessO'Us de cet dge sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 50 francs à 500 francs.

ART~LE 366.

Ceux qui auront porté O'U fait porter à un hospice un enfant au-dessO'Us de l'dge de sept ans accomplis, qui leur était confié, seront punis d'un

ARTIOLl!lS 361 A 367 35

emprisonnement d'un mois à six mois et d'une am,ende de 26 franca à 100 francs.

To'µ,tefois, aucune peine ne sera prononcée, s'ils n'étaient pas ten'l.68 ou ne s'ét,aient pas obligés de pourv<Jir gratuitement à la M'Urriture et à l'entretien de l'enfant, et si personne n'y avait pourvu.

Disposition particulière.

ARTICLE 367.

Seront punis d'un emprisonnement de huit jours à un an et d'une amende de 26 francs à 100 francs; ceux qui, étant chargés d'un enfant au-dessous de sept ans accomplis, ne le représenteront point aux per~ sonnes qui ont le droit de le réclamer.

Déclaratir>nB de nai8sance. 2067. - Article 56 du Code civil. 2068. -, Sanction pénale de cet article.

· 1 ° .Accouchement au domicile, le père présent. 2069. - 2° Absence ou empêchement du père. 2070. - S0 Accouchement en dehma du domicile. 2071. - Délai des déclarations de naissance. 2072. - Enfant· mort-né. 1 nrrü 2073. - :Mentions de la déclaration. - Nom de la. mère. tl ,.-lu UN\VtRS\lE\l lEu_, tR . 2074. - Elément moral de l'infraction. - Négligence. IU" n, d efde/ing

Enfants trouvés. Nederlan se · ERDHElD 2075. - Article 58 du Code civil. AC. RECHîSGELE . , 2076. - Article 362 du Code pénal. f llBUOîHEEK 2077. - Négligence punissable. 2078. - Personnes ayant recueilli l'enfant.

SuppreBBion, substitution, auppOBition d'enfants. 2079. - SuppreBBion d'enfant. - Dol déterminé. 2080. - Exemples. 2081. - Caractère mixte du crime. - Compétence. 2082. - Conséquences du dol déterminé requis par la loi. 208S. - Substitution d'enfant. 2084. - Buppoaition d'enfant. 2085. - Participation criminelle. - Règle spéciale. 2086. - Enfants légitimes ou naturels.

Enlèvement et _recèlement d'enfants. 2087. - Code pénal, articles 364 et 365, 2088. - Consentement de l'enfant. 2089. - Fait enlever, fait recéler. - Dérogation à l'article 66 du Code pénal.

Transport à un hospice. 2090. - Code pénal, article 366. 2091. - Porté ou fait porter, 2092. - Nature de l'infraction. - Conséquences.

DiBp9aition particulière. 2093. - Code pénal, article 367. 2094. - Refus obstiné. - Suppression. 2095. - Portée incertaine de l'article 367 du Code pénal. 2096. - Non-application aux père et mère. - (Voir article 369bi8,)

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36 ARTICLES 361 A 367

Déclarations de naissance. J

2067. - L'article 56 du Code civil indique quelles sont les per­sbnnes qui doivent déclarer la naissance d'un enfant : si la femme accouche chez elle, la naissance sera déclarée par le père ou, à défaut du père, par les docteurs en médecine ou en chirurgie, sages-femmes, officiers de santé ou autres personnes qui auront assisté à l'accouche­ment. Lorsque la mère sera accouchée en dehors de son domicile, la déclaration incombe, d'après le Code civil, à la personne chez qui elle sera accouchée.

2068. - L'article 361 du Code pénal sanctionne cette disposition, sans toutefois que la responsabilité pénale coïncide exactement avec l'obligation civile. De là des interprétations et des controverses.

Distinguons diverses hypothèsès : 1 ° La mère a accouché à son domicile et le père est présent li l'accou-

chement. · C'est au père qu'incombe la déclaration et s'il néglige de le faire

les autres personnes ne sont pas punissables. On a admis que cette décharge des personnes autres que le père

existe même si ce dernier, absent ou empêché lors de l'accouchement, est dans la possibmté de faire la déclaration, avant l'expiration du délai prescrit par là loi (NYPlJJLS-S:ERVAIS, art. 361, n° 2; Bruxelles, 8 juin 1865, Pas., 1865, Il, 393; Bruxelles, 1er juin 1886, Pas., 1886, II, 261). Cette opinion suppo~erait que le père, absent lors de l'accou­chement, mais rentré en temps opportun pour faire la déclaration, serait ten'fi de la faire. Mais cette thèse a été rejetée par un aITêt de la cour d'appel de Liège, qui se fonde sur le texte même de l'article 361 et sur les travaux préparatoires conformes. - Liège, 8 décembre 1900, Pas., 1902, II, 39.

2069. - 2° La mère a accouché à son domicile; le père est absent ou empêché.

Au point de vue pénal, l'obligation de faire la déclaration de nais­sance n'existe que dans l'ordre de l'énumération indiquée à l'article 56 du Code civil : docteurs, sages-femmes, officiers de santé ou autres personnes qui ont assisté à l'accouchement.

A défaut de docteurs, sages-femmes ou officiers de santé, toutes les autres personnes qui ont assisté à l'accouchement sont sur le même pied tant vis-à-vis de l'obligation civile qu'au point de vue de la sanction pénale. Si l'une de ces personnes s'était expressément char­gée de faire la déclaration et qu'elle omette de la faire, les autres per-

. sonnes cesseraient d'être responsables de l'omission. - Exposé des motifs, Il, n° 21 ; Rapp. Chambre, III, n° 11 ; Rapp. Sénat, VI, n° 17; NYPELS-S:ElRVAIS, art. 361, n° 3.

.ARTICLES 361 A 367 37

2070. _:_ 3° La mère a accouché en deh'ors de son domicile. Si la personne chez qui la mère est accouchée a assisté ~ l'accou­

chement, elle seule est tenue pénalement de déclarer la naissance. Si cette personne n'a pas assisté à l'accouchement, ce sont celles

qui ont assisté à la naissance qui sont considérées comme pénalement responsables en cas d'omission de la déclaration (NYPELS-SERVAIS, art. 361, n° 4). Nous disons sont considérées. Le texte de la loi pénale n'est, en effet, pas en harmonie avec le texte de la loi civile qu'il mentionne.

2071. - Les déclarations de naissance doivent être faites dans les trois jours de l'accouchement, à l'officier de l'état civil du lieu. -Code pénal, art. 361; Code civ., art. 55.

2072. - L'obligation existe même s'.il s'agit d'un enfant mort-né. - Exposé des motifs, II, n° 21 ; Rapp. Chambre, III, n° 11 ; NYPELS­SERV MS, art. 361, n° 7.

2073. - La déclaration doit contenir les indications prescrites par l'article 57 du Code civil. Cette solution, autrefois controversée, résulte d'une manière expresse de la rédaction de l'article 361.

Le déclarant doit donc faire' connaître les noms du père et de la mère de l'enfant et, si celui-ci est né du mariage, le nom de la mère, à moins que la mère ne soit inconnue ou qu'elle refuse de faire connaître son identité. - Exposé des motifs, II, n° 22, avant-dernier alinéa.

Quant à l'objection tirée du secret professionnel des médecins, chi­rurgiens, etc ... , le parlement en a tenu compte par une transaction en permettant au tribunal de n'appliquer qu'une peine d'amende .. Tous ces débats sont résumés dans le Rapport au Sénat, VI, n° 18.

2074. - Aucune pensée de fraude n'est requise pour l'existence des infractions prévues par l'article 361 du Code pénal. La simple négli­gence est punissable. NYPELS-SERVAIS, art. 361, n° 8; Rapp. Chambre, II, n° 21.

Enfants trouvés.

2075. _;_ Toute personne qui aura trouvé un enfant nouveau-né doit, en vertu de la disposition de l'article 58 du Code civil, le remettre à l'officier de l'état civil, ainsi que les vêtements et autres effets trou­vés avec l'enfant, et déclarer toutes les circonstances du temps et du lieu où il aura été trouvé.

2076. - L'article 362 du Code pénal sanctionne cette disposition en stipulant que toute personne qui aurait trouvé un enfant nouveau-né et qui ne l'aura pas remis, dans les trois jours, à l'officier de l'état

' /

38 ARTICLES 361 A 367

civil, ainsi qu'il· est prescrit à l'article 58 du Code civil, sera pas­sible des peines portées à l'article 361.

2077. - La simple omission de faire ce qui est prescrit par la loi constitue l'infraction. La négligence seule est punissable sans qu'il faille une pensée de fraude. - Rapp. Chambre, III, n° 13; NYPELS­

SERVAIS, art. 362, n° 2.

2078. - La disposition de l'article 362, alinéa 1er, n'est pas appli­cable à celui qui aurait consenti à se charger de l'enfant et qui aurait fait sa déclaration à cet égard devant l'autorité communale du lieu où l'enf~nt a été trouvé. - Code pénal, art. 362, alinéa 2.

Ce dernier alinéa ne formule pas une cause d'excuse. Celui qui se conforme à ses prescriptions ne commet aucune infraction. - N YPELS­

SERVAIS, art. 362, n° 5.

Suppression, substitution, supposition d'enfants.

2079. - La première des infractions dont il s'agit dans l'article 363 · du Code pénal est la suppressi<m d'enfant.

La suppression d'enfant est l'action de faire clandestinement dis­paraître, sans le faire périr, un enfant nouveau-né;. dans le b;ut de détruire la preuve de l'état civil de cet enfant.

Puisque le crime tend à faire disparaître l'état qui appartient à l'enfant par sa naissance, il est éviçlent qu'il ne peut avoir pour objet qu'un enfant né vivant et viable. La disposition de l'article 363 ne peut donc pas s'appliquer à l'inhumation clandestine d'un enfant mort­né ou non viable ; cet enfant n'a pas d'état ; il est considéré comme n'ayant jamais existé. - Ex'!)Osé des rrwtifs, II, n° 24.

La suppression d'un enfant mort mais qui a vécu constitue le crime de suppression d'enfant. - Rapp. Chambre, III, n° 14 ; Rapp. Sénat, VI, n° 20.

2080. - L'exposé des motifs a donné quelques exemples de ce qu'il faut entendre par le crime de suppression d'enfant : on peut supprimer un enfant, soit en exposant; délaissant, recélant cet enfant, soit en le faisant e:x:poser, délaisser, recéler, soit en- le cédant à un étranger, soit, enfin, en inhumant ou en faisant inhumer clandestine­ment un enfant né vivant et viable mais qui n'a vécu què quelques instants, ou en faisant disparaître le cadavre de toute autre manière pourvu que l'on ait agi dans l'intention de détruire la preuve_ de

. l'état civil de l'enfant. - Exposé des rrwtifs, loc. cit.

2081. - Le crime lorsqu'il est commis sur un enfant vivant a un caractère mixte : il supprime à la fois la personne de l'enfant et l'état qui lui appartient; c'est un attentat à la personne et une suppression d'état. Sous le premier rapport, l'action publique peut être intentée

.ARTIOLl!lS 361 -A 367 39-

de plano puisqu'elle ne soulève aucune question d'état. Mais le crime ne peut être poursuivi comme suppression d'état qu'après que la question d'état a été définitivement jugée par le tribunal civil. -Exposé des motifs, loc. cit.; Code civil, art. 326 et 327.

2082. - L'intention de supprimer l'état de l'enfant ést un élément· essentiel du crime de suppression d'enfant. En conséquence, si une mère avait ordonné d'exposer ou de délaisser son enfant illégitime, dans l'intention de détruire la preuve de son état, la tierce personne qui aurait exécuté l'ordre, sans avoir eu ce même dessein, ne pourrait être poursuivie pour crime de- suppression d'enfant. ~ Ex'j)Osé des motifs, II, n° 24.

2083. - La substitution d'enfant, c'est l'infraction que commet celui qui donne à un enfant la place, la qualité et par conséquent les droits d'un autre enfant. - NYPELS-SERVAIS,. art. 363, n° 15.

2084. - La supposition d'un enfant à une femme qui n'est pas -accouchée est la supposition de part. Le caractère prédominant de ce crime, c'est l'introduction d'un enfant dans une famille à laquelle· il n'appartient pas. - NYPELS-SERVAIS, art. 363, n° 16.

2085. - Ceux qui auront fait exécuter les crimes de suppression, de substitution ou de supposition d'enfant sont punis comme s'ils étaient les auteurs du fait, sans que les autres conditions prévues par l'article 66 du Code pénal doivent être accomplies.

2086. - Les dispositions de l'article 363 du Code protègent à la fois les enfants naturels et les enfants légitimes. - Rapp. Chambre, III, n° 14.

Enlèvement et recèlement d'enfants.

2087. - Les articles 364 et 365 punisse~t quiconque aura enlevé ou fait enlever, recélé ou fait recéler un enfant de moins de sept ans accomplis.

2088. - L'enlèvement de l'enfant_ est punissable même si celui-ci a volontairement suivi le ravisseur. - Code pénal, art. 364.

Quant à la définition de l'enlèvement, voir infra, n° 2102.

2089. - Fait enlever, fait recéler. C'est une extension de la règle de la participation criminelle inscrite dans l'article 66 du Code pénal. Le coauteur est puni comme l'auteur sans que la provoèation sup­pose des dons, promesses, menaces, abus d'autorité ou de pouvoir, des machinMiona_ou artifices coupables.

1-

40 ARTICLES 361 A 367

Transport à un hospice.

2090. - En vertu de l'article 366 du Code pénal, ceux qui auront porté ou fait porter à un hospice un enfant au-dessous de l'âge de sept ans accomplis, qui leur était confié, seront punis d'un emprison­nement d'un mois à six mois et d'une amende de 26 francs à 100 franès.

2091. - Porté ou fait porter : voir supra, n° 2089.

2092. - L'infrp,ction dont il s'agit dans l'article 366 est, en quelque sorte, un abus de confiance (Rapp. Chambre, III, n° 16; Rapp. Sénat, VI, n° 22). Aussi cette disposition ne s'appliquerait pas au père qui porte son propre enfant à l'hospice après s'être assuré qu'il y sera recueilli. - Rapp. Chambre, III, n° 16.

De même, en vertu du texte même de l'alinéa 2 de l'article 366, le tiers à qui l'enfant a été confié n'est pas non plus punîssable de ce chef s'il n'était pas tenu ou ne s'était pas obligé de ROurvoir gra­tuitement à la nourriture et à l'entretien de l'enfant et si personne n'y a pourvu.

Disposition particulière.

2093. -Ceux qui, étant chargés de la garde d'un enfant au-dessous de sept ans accomplis, ne le représenteront point aux personnes qui ont le droit de le réclamer, sont passibles des peines prévues par l'ar­ticle 367 du Code pénal.

2094. - Cet article atteint le refus obstiné de représenter l'enfant, rffus qui force/ les intéressés à recourir à des mesures coërcitives. Si un individu à qui un enfant a été confié, en disposait de manière à ne pas pouvoir le représenter, ce serait là une véritable suppression d'enfant. - Rapp. Chambre, III; n° 17.

2095. - Le législateur a adopté cette disposition parce qu'elle figu­rait dans le Code de 1810, mais sans trop comprendre lui-même sa signification exacte. - Rapp. Sénat, VI, n° 23; Dise. Sénat, VII, n° 10. · ,

2096. - La cour de cassation a jugé que l'article 36? vise unique­ment le cas d'une tierce personne à qui un enfant a été confié et qui refuse de le représenter au mépris des droits des parents ; que, par conséquent; cette disposition n'est pas applicable dans une contesta­tion entre les père et mère, au sujet de la garde de leur enfant. -Cass., 8 octobre 1894, Pas., 1894, I, 296. · Cette question a d'ailleurs perdu en grande partie son intérêt pra­tique, depuis la promulgation de l'article 369bis du Code pénal, com­plété par la loi du 20 juillet 1927, que nous étudierons au chapitre suivant.

AR'.I'ICLES 368 A 371 4:1

CHAPITRE IV. -'- DE L'ENLÈVEMENT DES MINEl-~-S.'

ARTICLE 368.

Sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 50 francs à 500 francs, celui qui, par violence, ruse ou menace, aura enlevé ou fait enlever des mineurs.

Le coupable pourra être condamné, en outre, à l'interdiction, confor­mément à l'article 33.

ARTICLE 369.

Si la personne ainsi enlevée est une fille au-dessous de l'dge de seize ans accomplis, la peine sera la réclusion.

ARTICLE 369bis.

[Seront punis d'un emprisonnement de huit jours à un an et d'une amende de 26 francs à 1.000 francs, ou d'une de ces peines seulement:

Le père ou la mère qui soustraira ou tentera de soustraire son enfant mineur à la procé,dure intentée contre lui en vertu de la loi sur la pro­tection de l'enfance, qui le soustraira ou tentera de le soustraire à la garde des personnes à qui l'autorité judiciaire ou le ministre de la jus­tice l'a confié, qui ne le représentera pas à ceux qui ont le droit de le réclamer, l'enlèvera ou le fera enlever, même de son consentement.

Si le coupable a été déchu de la puissance paternelle en tout ou partie, l'emprisonnement pourra être élevé jusqÙ'à trois ans. _:_ Loi du 15 mai 1912, art. 57.] r

Loi du 20 juillet 1927 (Moniteur du 3 août 1927).

La disposition suivante est ajoutée à l'article 369bis du Code pénal (article 57 de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance):

ART·. 1er. - Dans les cas où il aura été statué sur la garde de l'enfant soit au coors, soit à la suite d'une instance en divorce ou en séparation de corps, soit dans d'autres circonstances prévues par la loi, les mêmes peines seront appliquées au père ou à la mère qui soustraira ou tentera de soustraire son enfant mineur à la garde de ceu:v à qui il aura été confié en vertu de la décision, qui ne le représentera pas à ceux qui ont le droit de le réclamer, l'enlèvera ou le fera enlever, même de son consentement.

ART. 2. - La présente loi ne sera obligatoire que deux mois après sa publication.

42 ARTICLES 368 A 371.

ARTICLE 370. ~~~~1ii oui aura enlevé ou fait enlever une fille en de,ssous de l'âge de

dix-huit ans t:Wt,v,.~.L' 1

.• .· .:-,: ~---.,.1, consenti à son enlèvement ou qui aura suivi volontairement son ravisseur, sera puni, s'il e,st majeur, d'un emprisonnement de deux ans à cinq ans et d'une amende de 50 fra'!l,CS à 500 francs, et pourra être de plus condamné à l'interdiction confor­mément à l'article 33 du Gode pénal.

Il sera puni d'un emprisonnement de trois mois à un an et d'une àmende de 50 francs à 300 francs, s'il e,st mineur. - Loi du 15 mai 1912, art. 55.J

ARTICLE 371. Le ravisseur qui aura épousé la fille qu'il a enlevée ou fait enlever,

et ceux qui auront participé à l'enlèvement, ne pourront être poursuivis qu'aprè,s que la nullité du mariage aura été définitivement prononcée.

2097. - Code pénal, articles 368 à 371. Rapt de violence.

2098. - Code pénal, articles 368 et 869. 2099. - « Celui ». - Quiconque. 2100. - Père et mère. 2101. - Enlevé, fait enlever. 2102. - Enlèvement. - Notion. 2103. - Violences, menaces, ruse. 2104. - But de l'auteur. 2105. - Mineurs des deux sexes. 2106. - Enfants de moins de sept ans. - Renvoi. 2107. - Mineurs émancipés par mariage. 2108. - Ignorance de l'âge.

Rapt de séduction. 2109. - Code pénal, article 870 (nouveau). 2110. - Majorité ou minorité de l'auteur • . 2111. - Enlèvement. 2112. - Enlevé, fait enlever. - Renvoi. 2118. - Ignorance de l'âge. - Renvoi. 2114. - Mineurs émancipés. 2115. - Femme mariée.

PouriJUiteB BUBpendues par le mariage. 2116. - Rapt de violence, rapt de séduction.

· 2117. - Mineurs de sexe masculin. 2118. - Annulation du mariage. 2119. - Non-nécessité d'une plainte. 2120. - Immunité de tous ceux qui ont participé. 2121. - Remise du jugement.

Délit continué en Belgique. - Prescription. 2122. - Délit continu. 2123. - Délit continué en Belgique. 2124. - Prescription.

Article 369bis du Code pénal. 2125. - Loi du 15 mai 1912, article 57. 2126. - Loi du 20 juillet 1927. - Proposition. 2127. - Amendement du gouvernement. 2128. - Amendement du Sénat. 2129. - Tentative punissable. 2180. - Enlèvement. - Renvoi. 2181. - • Faire enlever •· - .Renvoi.

A&TICL)l)S 368 A 371 · 43

2097. - Les artfoles 368 à 371 du Code pénal, modifiés et com­plétés par la loi du 15 mai 1912 et par celle du 20 juillet 1927, pré­voient trois ordres de faits :

1 ° Le rapt de violence ; 2° Le rapt de séduction ; 3° Le fait des père et mère qui soustrairaient un enfant mineur,

soit à l'effet de certaines décisions prises en vertu de la loi sur la protectio~ de l'enfance, soit à l'effet des mesures ordonnées quant à la garde des enfants (divorce, séparation de corps, eté.).

Rapt de violence.

2098. - Celui qui aura enlevé ou fait enlever des mineurs, par vio­lence, ruse ou menace, sera passible des peines prévues par l'article 368 du Code pénal. Si la personne ainsi enlevée est une fille en dessous de l'âge de seize ans accomplis, la peine sera la réclusion. - Code pénal, art. 368 et 369.

2099. - Ces dispositions punissent « celui » dans le sens de « qui­conque », car elles s'appliquent aux femmes qui enlèvent des mineurs, comme aux hommes. - NYPlllLS-SERVAIS, art. 368, n° 2.

2100. - Il ne saurait cependant être question d'un enlèvement pro­prement dit, à propos des père et mère de l'enfant (NYPELS-SERVAIS, loc. cit.). Nous verrons ci-dessous (infra, n°8 2125 et suivants) quelles sont à cet égard les dispositions spéciales de l'article 369bis, ajoutées au Code pénal par les lois du 15 mai 1912 et du 20 juillet 1927.

2101. - Aura enlevé ou fait enlever. Il y a lieu de noter ici, mu­tandis mutatis, ce que nous avons remarqué supra, n° 2089.

2102. - Enlever une personne, c'est l'entraîner, la déplacer, la détourner du lieu où elle se trouvait lors de l'enlèvement. - Exposé des motifs, II, n° 29.

2103. - L'enlèvement, pour être atteint des peines prévues par les articles 368 et 369 du Code pénal, doit avoir été fait par violence, ruse ou menace, ainsi que cela résulte du texte même de ces dispo­sitions. - Rapp. Chambre, III, n° 19.

Par violence, on entend la contrainte physique, qui comprend tous les faits matériels employés pour déplacer le mineur malgré sa résis-tance. ,

Les menaces constituent la contrainte morale. Elles doivent être de nature à eJitmî:ner sa volonté avec une force à laquelle il ne peut résister.

Enfin, /,a r11,~e, c'est le dolus malus des Romains. Les travaux pré-

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ARTICLES 368 A 371

paratoires ont rappelé icî la définition du Digeste: Omnem calli,ditatem, fallaci,a,m, machinationem, ad circumveniendum, fallendum, decipiendum alterum adhibit,am. - Exposé des motifs, II, n° 29.

2104. - L'article 368, et donc aussi l'article 369, ne font pas dépen­dre du but de l'agent la criminalit~ de l'acte que la loi réprime. Tout enlèvement d'un enfant mineur, lorsqu'il est opéré par violence, ruse ou menace, tombe sous l'application de ces dispositions quelque loua­ble que puisse être le but qui a inspiré le coupable : sauver le mineur de la corruption dont il est menacé, le soustraire à de mauvais exem­ples, lui procurer une éducation meilleure. - Exposé des motifs, II, n° 29.

2105. - Le délit existe indifféremment suivant qu'il s'agit de mineurs de l'un ou de l'autre sexe. - NYPELS-SERVAIS, art. 368,.n° 8.

1

2106. - Rappelons que l'enlèvement d'enfants âgés de moins de sept ans accomplis est puni par l'article 364 du Code pénal. - Supra, n°s 2087 et suivants.

2107. - L'enlèvement d'un mineur ou d'une mineure émancipés par le mariage ne constitue pas un rapt de violence, mais éventuel­lement un attentat à la liberté individuelle, prévu par les articles 434 et suivants du Code pénal. Suivant les circonstances, l'enlèvement d'une femme mariée pourra donner lieu à une plainte en adultère. - NYPlilLS-SERVAIS, art. 368, n° 9; Dise. Chambre, IV, n° 20; Rapp. Sénat, VI, n° 27.

2108. - Celui qui accomplit à l'égard d'une personne un acte qui est criminel, si cette personne a un âge déterminé, et qui ne s'en­quiert pas de l'âge de cette personne ou s'en enquiert insuffisamment, accepte éventuellement de commettre cet acte, si cette personne a réellement l'âge requis par la loi pénale; c'est le dolus eventualis suf­fisant pour caractériser le crime. L'inculpé n'échapperait donc à la répression que si son ignorance de l'âge réel de la victime était le résultat d'une erreur invincible causée par des circonstances excep­tionnelles, qu'il aurait à alléguer et à établir. - NYPELS-SERVAIS, art. 369, n° 2.

Rapt de séduction.

2109. - Celui qui aura enlevé ou fait enlever une fille en dessous de l'âge de dix-huit ans accomplis; qui aura consenti à son enlève­ment ou qui aura volontairement suivi son ravisseur, sera puni des peines portées par l'article 370 du Code pénal, modifié par l'article 55 de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance.

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ARTICLES 368 :A 371 4'5

2110. - Le taux des peines corn.minées par cette dispositiôn varie suivant que l'auteur de l'infraction est majeur ou mineur d'âge.

2111. - Nous avons donné (supra, n° 2102), la définition de l'en-lèvement en général. .

Jugé, en ce qui concerne spécialement le rapt de séduction, qu'il faut entendre, par enlèvement, le fait de soustraire une fille mineure à la garde et à l'autorité de ses parents. Les conditions dans lesquelles ce fait a été réalisé sont indifférentes, la fille se fût-elle même rendue de son plein gré au domicile du ravisseur, du moment où celui-ci la retient chez lui ou la confie à des tiers, de sorte qu'il est porté atteinte aux droits que la loi confère aux parents sur la personne· de leurs enfants; ce fait s'aggrave par la circonstance que la détention a été plus longue et s'est poursuivie, bien qu'à la connaissance de l'auteur la fille, signalée comme disparue par le Parquet, fût l'objet

-·de recherches. Il importe peu que la séduction ait été antérieùre, concomitante

ou postérieure à l'enlèvement; spécialement l'enlèvement opéré dans le but de faire disparaître les conséquences de la séduction ou de chercher à en cacher la réalité, constitue le délit.

Le fait matériel du détournement de la mineure suffit et il importe peu que celle-ci ait perdu ou non la faculté de sortir librement.

L'article 370 du Code pénal n'exige comme élément . intentionnel ni le but d'abuser de la jeune fille, ni celui de forcer ses parents à consentir au mariage. Ainsi en a décidé la jurisprudence dans un cas où il résultait de l'instruction que la jeune fille se trouvait au moment des faits sous l'autorité de son père, lequel ignorait ses projets d'ab­sence, et que la mère s'était, au surplus, formellement opposée à. ces projets. - Corr. Bruxelles, 21 avril 1910, et Bruxelles., 8 juin 1910, Pan,d. pér., 1910, n°8 934 et 935.

L'enlèvement prévu par l'article 370 du Code pénal existe dès que le séducteur a entraîné la mineure à quitter les lieux fixés pour sa résidence par ceux qui ont autorité sur elle, qu'il s'agisse d'une auto­rité reconnue par la loi ou d'une autorité ou d'un pouvoir de direc­tion de fait. - Cass., 12 mai 1947, Pas., 1947, I, 198.

2112. - Enlevé ou fait enlever. - Cf. supra, n° 2089.

2113. - En ce qui concerne l'ignorance de l'âge de la personne enlevée, cf. supra, n° 2108. ·

2114. - L'article 370 du Code pénal de 1867 ne punissait pas le rapt de séduction, si la personne enlevée était émancipée. Cette· dis­tinction n'existe plus dans le texte actuel, qui a, d'autre part, substi­tué l'âge de dix-huit ans à celui de seize ans.

2115. - Mais la rédaction de la loi du 15 mai 1912 a laissé su~-

46 .ARTIOLE&'I 368 A 371

sister dans le texte les mots : une fill,e en dessous de l'âge de ... En cas de rapt de séduction d'une femme mariée, nous estimons donc que le texte légal continuerait à ne pas être applicable (supra, n° 2107). Rappelons spécialement ce passage du Rapport au Sénat, sur le pro­jet du Code de 1867 : On reconnaît que l'enlèvement des femmes mariées ne tombe pas sous le coup des peines indiquées au présent chapitre. - Rapp. Sénat, VI, n° 27.

Poursuites suspendues par le mariage.

2116. - Tant dans le cas du rapt de séduction que dans celui du rapt de violence, le ravisseur qui aura épousé la fille qu'il a enlevée ou fait enlever et ceux qui auront participé à l'enlèvement ne pour­ront être poursuivis qu'après que la nullité du mariage aura été défi­nitivement prononcée. - Code pénal, art. 371'; Pand. belges, v0 Enlè­tJement de mineur, n° 61.

2117. - Le rapt de séduction ne peut exister~ en ce qui concerne les mineurs du sexe masculin. Le texte de la loi est formel (NYPELS-8:ERVAIS, art. 370, n° 3). Mais on peut concevoir tout au moins la possibilité d'un rapt de violence exercé sur un jeune homme. Est-ce que dans ce cas l'exception de l'article 371 pourrait être appliquée, réciproquement, par analogie 1 Les àuteurs des Pandectes belges ensei­gnent l'affirmative. Sans doute une disposition établissant une peine ne serait pas susceptible d'une extension analogique. Mais ici il s'agit, au contraire, d'une exception au droit de poursuite. - Pand. belges, v0 Enlèvement de m:neur, n° 62.

2118. - L'annulation éventuelle du mariage contracté après un rapt est une question de droit civil, de la compétence exclusive

· des tribunaux civils. -

2119.-'- Si cette nullité est demandée et si la nullité du mariage est définitivement prononcée, l'action publique reprend son cours, sans qu'aucune plainte ne soit requise. - NYP)jlLS-SERVAIS, art. 371, n° 2.

2120. - Au contraire, tant que la nullité du mariage n'est pas demandée, ou tant qu'elle n'a pas été définitivement prononcée, aucune poursuite ne peut être exercée, ni contre le ravisseur, ni con­tre ceux qui ont participé à l'enlèvement. - Code pénal, art. 371.

2121. - En cas de poursuite du chef d'enlèvement, il est d'un usage très répandu de remettre, au besoin, le prononcé d'un jugement, pour donner au prévenu le temps nécessaire de contracter mariage avec la personne qui a été enlevée, si tel paraît être le désir des deux intéressés.

ARTICL:ES 368 A 371 4.7

Délit continué en Belgique. - Prescription.

2121. - Le délit d'enlèvement de mineurs est considéré comme un délit successif, qui se continue tant que la personne enlevée · est aux mains du ravisseur. - NYPELS-SERVAIS; art. 371, n° 5; Parul,. belges, v0 Enl,èvement de mineur, n°8 64 et suivants; cass.; 6 décembre 1875, Pas., 1876, 1, 42.

2123. - En conséquence, est punissable en Belgique, d'après le . Code pénal belge, un enlèvement de mineur commencé à l'étranger et continué en Belgique. - Cass., 6 décembre 1875, Pas., 1876; I, 42.

2124. - Les questions relatives à la prescription de l'action publique relèvent de la procédure pénale. Mentionnons donc simplement qu'il suit, de ce qui précède, que cette prescription ne prend cours que depuis l'instant où l'infraction. a pris fin.

Spécialement, lorsqu'un mariage a été contracté, la presctjption de l'action publique est suspendue tant que la nullité de ce mariage n'a pas été-définitivement prononcée. - NYPELS-SERVAIS, art. 371, n° 5.

Article 369bis du Code pénal.

2125. - L'article 369bis a été inséré dans le Code pénal en vertu-~ de l'article 57 de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance.

Il a été jugé que, malgré son apparente généralité, la disposition finale de cet article 57 doit être entendue pro subfect,a materia. Elle concerne uniquement le père ou la mère qui, dans l'un des cas prévus par la l,oi <lu 15 mai 1912, refuserait dé remettre son enfant à laper­sonne, à la société ou à l'institution à laquelle le conseil de famille, le tribunal de ptemière instance, le juge des référés, la cour d'appel, le juge des enfants ou le Ministre de la justice en aurait confié la garde, ou qui l'enlèverait ou le ferait enlever, même de son consente­ment. - Cass., 16 mars 1914, Pas., 1914, I, 14.4.

Sont punissables en vertu de l'article 369bis du Code pénal tous les actes par lesquels un enfant est soustrait à la procédure intentée légalement dans son intérêt. La soustraction peut consister aussi bien dans le fait de tenir les enfants cachés et de se refuser à faire connaître l'endro~t où ils se trouvent, que dans un acte d'appréhension ou d'en­lèvement. - Cass., 7 décembre 1925, Pas., 1926, I, 101.

La soustraction de l'enfant est punissable sans distinguer entre les procédures dirigées contre le père ou la mère, même si la garde de l'enfant est réglée par une ordonnance d4;1 référé rendue exécutoire nonobstant tout recours. - Cass., 7 décembre 1925, précité.

Il n'est point requis pour l'application de· l'article 369bis du Code pénal que les titulaires du droit de garde désignés judiciairement en aient réclamé l'ex~rcice. - Cass., 7 décembre 1925, précité.

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48 ARTICL)l:S 368 .A. 371 ·

2126. - Une proposition de loi, due à l'initiative de M. le comte Carton· de Wiart, avait pour but de rendre le texte de l'article 57 de la loi du 15 mai 1912 applicable dans les cas où des enfants ont été confiés par l'autorité judiciaire, au cours ou à la suite d'une action en divorce on en séparation de corps, à l'un des conjoints ou à une autre personne, sans que celui qui a de ce chef la garde judiciaire de l'enfant parvienne à obtenir, en fait, que l'enfant lui soit livré ou rendu, par le père ou la mère; conformément à la décision judiciaire. -- Pasinomie, 1927, p. 354.

2127. - Un amendement du gouvernement a eu pour objet d'élar­gir cette proposition de loi, en visant toutes circonstances prévues par la loi où itest statué sur la garde d'un enfant, notamment le cas où, à raison de la déchéance de la puissance paternelle prononcée contre les parents, c'est le conseil de famille et non l'autorité judi­ciaire qui désigne la personne ou l'institution chargée de la garde de l'enfant. - Note explicative, Pasinomie, 1927, p. 355 et 356.

2128. - La Commission de la justice, au Sénat, remarqua que, le délit prévu par le texte nouveau étant un délit continu, la pénalité serait applicable aux faits en cours qui n'étaient pas des infractions antérieurement à la loi du 20 juillet 1927. C'est pourquoi elle proposa d'allonger le délai ordinaire de mise en vigueur des lois, afin de donner aux intéressés le temps nécessaire pour se conformer aux prescriptions du texte nouveau. On a donc décidé que la loi du 20 juillet 1927 ne serait obligatoire que deux mois après sa publication. Celle-ci a; eu lieu au Moniteur du 3 août 1927. Il est donc nettement établi que les faits de l'espèce, antérieurs au 3 octobre 1927, mais qui auraient été continués après cette dernière date, tomberaient sous l'applica­tion de la loi du 20 juillet 1927.

2129. - Le père ou la mère qui soustraira ou tentera de soustraire l'enfant à la garde de ceux à qui il a été confié est punissable, tant en vertu de l'article 57 de la loi du 15 mai 1912 que de celle du 20 juil­let 1927, article 1er.

Cette tentative n'est punissable que si elle réunit les conditions indiquées à l'article 51 du Code pénal, auquel il n'a été en rien dérogé.

2130. - La notion de ce qu'il faut entendre par « enlever » un enfant a été précisée ci-dessus, n° 2102.

2131. - Les termes « fera· enlever», qui se rencontrent dans les deux dispositions, ont pour effet d'étendre les règles ordinaires de la participation criminelle. - Sutpra, n° 2089.

AB'l'ICLES 372 A 378

CHAPITRE V. - DE L'ATTENTAT A LA PUDEUR ET DU VIOL.

ARTICLE 372.

49

[Tout attentat à l,a pwleur commis sans violences ni menaces sur l,a personne ou à l'aide de l,a personne d'un enfant de l'un ou de l'autre sexe, âgé de moins de seize ans accomplis, sera puni de l,a réclusion.

Sera puni des travaux forcés de dix à quinze ans, l'attentat à l,a pwleur commis, sans violences ni menaces, par tout ascendant sur l,a personne ou à l'aide de l,a personne d'un mineur, même âgé de seize ans accomplis, mais non émancipé par le mariage. - Loi du 15 mai 1912, art. 48.]

ARTICLE 373.

[L'attentat à l,a pwleur, commis avec violences ou menaces sur des personnes de l'un ou l'autre sexe, sera puni d'un emprisonnement de JJix mois à cinq ans.

Si l'attentat a été commis sur l,a personne d'un mineur de plus de .seize ans accomplis, le coupable subira l,a réclusion. ,

La peine sera des travaux forcés de dix ans à quinze ans, si le mineur était âgé de moins de seize ans accomplis. - Loi du 15 mai 1912, .art. 49.]

ARTICLE 374.

L'attentat existe dès qu'il y a commencement d'e:dcution.

ARTICLE 375.

[ Sera puni de l,a réclusion quiconque aura commis le crime de viol, soit à l'aide de violences ou de menaces graves, soit par ruse, soit en abusant d'une personne qui, par l'effet d'une mal,adie, par l'altération de. ses facultés ou par toute autre cause accidentelle, avait perdu l'usage de ses sens, ou en avait été privée par quelque artifice. - Loi du 15 mai 1912, art. 50.]

[Si le crime a été commis sur l,a personne d'un mineur âgé de plus de JJeize ans accomplis, le coupable sera puni de l,a peine des travaux forcés de dix à quinze ans. - Loi du 14 mai 1937, art. 1er.]

[Si le crime a été commis sur l,a personne d'un enfant âgé de plus de quatorze ans accomplis et de moins de seize ans accomplis, le coupable .sera im,ni de l,a peine des travaux forcés de quinze .à vingt ans.

Est réputé viol à l'aide de . violences le seul fait du rapprochement charnel des sexes commis sur l,a personne d'un enfant qui n'a pas atteint l'âge de quatorze ans accomplis. Dans ce cas, l,a peine sera des travaux forcés de quinze à vingt ans.

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50 .ABTICLll:S 372 A 378

. . Elle Bera des travaux forcés à perpétuité si l'enfant était dgé de moins

de dix ans accompli8. -Loi du 15 mai 1912, art. 50.]

ARTICLE 376.

[ Si le viol ou l'attentat à la pudeur a causé la mort de la personne sur laquelle il a été commis, le coupable sera puni des travaux forcé8 de,q_uinze à vingt ans.

Si la victime était dgée de moins dé seize ans accompliB, le coupable sera puni des travaux forcé8 à perpétuité. -Loi du 15 mai 1912, art. 51.}

ARTICLE 377.

[Si le coupable est l'ascendant, l'instituteur ou le serviteur.~ gages de · la victime ; s'il est de la classe de ceux qui ont autorité sur elle ; s'il. est le serviteur à gages soit d'un ascendant ou d'un instituteur de la, victime, soit d'une personne ayant autorité sur elle; si, étant miniBtre d'un culte ou fonctionnaire public, il a abusé de sa position pour accom­plir l'·attentat; s'il est mM,ecin, chirurgien, accoucheur ou offecier de santé et que l'enfant fut confié à ses soins; ou si, dans le cas des articles 373,, 375 et 376, le coupable, quel qu'il Boit, a été aidé, dans l'exécution du crime ou du délit; par une ou plusieurB personnes, les peines seront fixées comme suit. - Loi du 15 mai 1912, art. 52 :]

[Dans les cas prévus par le § 1er de l'article 372 et par le § 2 de l'arti­cle 373, la peine sera celle des travaux forcé8 de dix ans à quinze ans. -Loi du 14 mai 1937, art. 2, 1° ;]

[Dans le cas prévu par le § 1er de l'article 373, le minimum de l'em-· priBonnement sera doublé. - Loi du 15 mai 1912, art. 52 ;]

[Dans les cas pré'll'US par le § 3 de l'article 337 et par le § 2 de l'arti­cle 375, la peine des travaux forcé8 sera de douze ans au moins. -Loi du 14 mai 1937, art. 2, 20 ;]

[Dans le cas prévu par le § 1er de l'a_rticle 375, la peine de la réclu­Bion sera de sept ans au moins. - Loi du 15 mai 1912, art. 52 ;]

[Dans les cas prévus pàr les §§ 3 et 4 de l'article 375 et par le § 1er de l'article 376, la peine des travaux forcé8 sera de dix-sept ans au moins .. - Loi du 14 mai 1937, art. 2, 3° ;]

Le septième alinéa de !'article 377 du Code pénal a été supprimé par l'article 2, 4°, de la loi du 14 mai 1937.

ARTICLE 378.

Dans les cas prévus par le présent chapitre, les coupables seront con­damnés à l'interdiction des droit8 énoncé8 aux n°8 1, 3, 4 et 5 de l'arti­cle 31.

Si l'attentat a été commi8 par le père ou la mère, le coupable Bera, en outre, privé des droit8 et avantages à lui accordés sur 'la per80nne

1-·· 1 •.

ARTICLES 372 A 378 51

et sur les biens de l'enfant par le Gode civil, livre Jer, titre IX, De la puissance paternelle.

2182. - Objet des articles 372 et suivants du Code pénal. 2133. - Attentat à la pudeur. 2134. - Commencement d'exécution. 2135. - Viol. 2136. - Filiation adultérine.

Attentat à la pudeur. 2137. - Sans violences ni menaces ; article 372. 2138. - A l'aide de la personne, 2139. - Age; élément constitutif du crime. 2139bi8. - Faits prévus par l'article 372, alinéa 1 •r. 2140. - Pénalités.

• 2141. - Ascendant; mineur non émancipé par le mariage ; article 372, alinéa 2. 2142. - Attentat avec violences et menaces; article 373. 2143. - Violences, menaces. 2144. - Violences. - Exemples. 2145. - Mari et femme.

Du viol. ·2146. - Définition. (Renvoi.) 2147. - Code ·pénal, article 375, alinéa 1•r. 2148. - Violences. 2149. - Menaces graves. 2150. - Ruse. 2151. - En abusant d'une. personne. 2152. - Mineur de quatorze à, seize ans. 2153. - Mineur de moins de quatorze ans. 2154. - Quid du rapprochement charnel des sexes? - Cours d'appel. 211i5. - .Jurisprudence de la cour de cassation. 2156. - Le viol peut-il être commis par une femme ? 2157. - Actes contre nature. • 2158. - L'âge est· un élément du crime. 2159. - Mineur de moins de dix ans. 2160. - Pas de correctionnalisation. 2161. - Circonstances aggravantes de l'article 377. - Renvoi. 2162. - Tentative de viol.

Disp08itions communes au viol et à l'attentat à la pudeur. 2163. - Mort de la victime. - Article 376. 2164. - Code pénal, article 377. 2165. - Ascendants. 2166. - Instituteurs. 2167. - Serviteurs à, gages de la victime. 2i6s. - Autorité sur la victime. 2169. - Serviteurs des ascendants, etc. 2170, - Ministres des cultes ; fonctionnaires. 2171. - Médecins, chirurgiens, etc. 2172. - Coupable aidé dans l'exécution. 2173. - Actes d'exécution. 2174. - lnteràf.ction des droits. 2175. - Caractère obligatoire de cette peine. - Etendue. 2176. - Père et mère. 2177. - Parents légitimes et naturels. 2178. - Enfants légitimés. 2179. - Compétence respective de la cour d'assises et des trib.una.ux.

2132. - Le commentaire des articles 372 et suivants du Code pénal comporte d'abord la mise au point de la notion de l'attentat à la pudeur et de celle du viol.

52 .ARTICLES 372 A 378

2133. - L'attentat à ln, pudeur comprend toute entreprise sur la, pudeur d'une personne. Il diffère de l'outrage en ce que le caractère distinctif de l'outrage à la pudeur est de causer un scandale, faire­rougir la pudeur; choquer l'honnêteté de ceux qui en sont les témoins ;. l'outrage n'attente à la pudeur d'aucune personne en particulier. L'attentat à la pudeur, au contraire, suppose un agent coupable et, une victime. - NYPELS-SERVAIS, art. 372, n°8 2 et 3.

2134. - L'attentat existe dès qu'il y a commencement d'exécu-­tion (Code pénal, art. 374; cass., 11 février 1942, Pas., 1942, I, 40). Il continue donc à subsister comme fait punissable, même quand l'auteur s'arrête volontairement dès le premier acte qui commence l'exécution. - NYPELS-SERVAIS, art. 374, n° 1.

Lorsque le but de l'agent était de consommer des relations sexuel­les avec la victime, l'attentat à la pudeur est une tentative de viol~ Si le désistement a été volontaire, la qualification d'attentat à la pudeur peut être maintenue. - SCHUIND, Droit criminel, 26 éd.,. t. Ier, p. 195.

2135. - Alors que le dessein général et indéterminé d'offenser la pudeur suffit pour constituer l'attentat à la pudeur, le viol se carac­térise par la recherche précise de la jouissance sexuelle, de la copu­lation illicite et requiert en conséquence comme éléments constitu -tifs .: 1 ° l'accomplis~ement de l'acte; 2° l'absence de consentement· libre de la part de la victime. - Cass., 24 juillet 1916, Pas., 1917, I, 72.

Jugé que le viol ne diffère de l'attentat à la pudeur à l'aide de vio-lences ou de menaces que :

1 ° Par son but· : la jouissance sexuelle de l'auteur ; 2° Par son résultat : la consommation de l'acte sexuel; 3° Et par le degré d'immoralité qu'il suppose. Le viol d'une personne déterminée n'est donc autre chose qu'un

attentat à la pudeur commis sur elle et auquel viennent s'ajou­ter ces éléments spéciaux qui donnent au- fait un caractère pénale­ment distinct. - Cass., 13 mai 1942, Pas., 1942, I, 125.

2136. - Le prévenu qui était marié lorsqu'il a eu des relations sexuelles avec la victime d'un attentat à la pudeur ou d'un viol, n'est pas fondé à soutenir que les articles 335 et suivants du Code civil s'opposeraient à la constatation du fait que la grossesse lui était imputable. En effet, les articles précités ne concernent que les recon­naissances ou les actions en justice dont l'objet serait d'établir un lien de parenté entre le séducteur et la victime. Mais ces articles restent étrangers aux actions qui ont un but direct différent, même si l'on peut logiquement en déduire une filiation adultérine. -Liège, 28 janvier 1942, Pas., 1942, II, 51.

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ARTICLES 372 A 378 53

Attentat à la pudeur.

2137. - L'attentat à la pudeur est punissable même s'il a été commis sans violences ni menaces, pourvu que ce soit sur la personne ou à l'aide d'un enfant, de l'un ou l'autre sexe, âgé de moins de seize ans accomplis. - Code pénal, art. 372, alinéa 1er.

L'attentat à la pudeur sur une personne majeure n'est punissable comme tel que s'il a été commis avec violences ou menaces. Peu importe que la victime soit atteinte de débilité mentale si l'arrêt constate que cette débilité mentale n'était nullement de nature à mettre la victime dans l'impossibilité de consentir librement et vala­blement aux agissements du prévenu et que l'arrêt constate, au con­traire, que la victime pouvait s'opposer aux agissements de l'inculpé, ce qu'elle n'a pas fait, et qu'elle ne soutient pas davantage avoir été surprise. - Cass., 22 octobre 1941, Pas., 1941, I, 387.

2138. - Par attentat à l'aide de la personne d'un enfant, il faut entendre l'acte de débauche que l'auteur fait accomplir sur lui-même par l'e_nfant. - NYPELS-SERVAIS, art. 372; n° 6.

En cas d'attentat à la pudeur sans violences ni menaces sur la personne ou à l'aide de la personne d'un enfant âgé de moins de seize ans accomplis, l'article 372, alinéa 1er, du Code pénal établit une pré­somption légale irréfragable de violence morale. Il en serait ainsi même s'il était établi que la victime eût été consentante ou· encore la véritable séductrice. - Liège, 28 janvier 1942, Pas., 1942, II, 51.

2139. - En cas d'attentat à la pudeur sans violences ni menaces sur la personne ou à l'aide d'un enfant âgé de moins de seize ans accomplis, l'âge de la victime est un élément constitutif de l'infrac­tion et non une circonstance aggravante. - Cass., 15 janvier 1923, Pas., 1923, I, 155.

2139bis. _:_ Rentrent dans la catégorie des attentats à la pudeur prévus par l'article 372, alinéa 1er, du Code pénal :

a) Les attentats obscènes sur la personne ou à l'aide de la personne de mineurs de moins de seize ans accomplis ;

b) Les relations sexuelles sans violences ni menaces avec des enfants de plus de quatorze ans et de moins de seize ans accomplis. Le seul rapprochement charnel des sexes constitue un viol s'il est commis sur la personne d'un enfant qui n'a pas atteint l'âge de quatorze ans accomplis. - Code pénàl; art. 375, alinéa 3.

2140. - La peine de l'attentat commis sans violences ni menaces, sur la personne ou à l'aide de la personne d'un enfant de moins de seize ans accomplis, est la réclusion. - Code pénal, art. 372.

Elle sera des travaux forcés de dix à quinze ans, dans les cas pré­vus à l'article 377 du Code. - Infra, n°8 2164 et suivants.

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2141. - Ce sont également les travaux forcés de dix à quinze ans qui sont applicables en cas d'attentat à la pudeur commis sans violences ni menaces, par tout ascendant sur la personne ou à l'aide de la personne d'un mineur, même âgé de seize ans accomplis mais non émancipé par le mariage. - Code pénal, art. 372, alinéa 2.

2142. - L'attentat à la pudeur avec violences et menaces est réprimé à l'égard de toutes personnes quelconques, par l'article 373 du Code pénal.

Dans cette seconde catégorie, constituent des attentats à la pudeur les attouchements obscènes mais non les relations sexuelles. Ces der­niers sont, en effet, des viols puisque l'auteur a fait usage de violences ou de menaces. - ScHUIND, op. cit., p. 194.

Jugé que le dessein général et indéterminé d'offenser la pudeur suffit pour constituer l'attentat à la pudeur avec violences. - Cass., 24 juillet 1916, Pas.; 1917, I; 72.

Les pénalités sont aggravées si l'attentat a été commis sur la per­sonne d'un mineur de plus de seize ans (art. 373, al. 2) ou d'un mineur de moins de seize ans (art. 373, al. 3). -

Toutes les peines prévues par l'article 373 sont majorées dans les -cas prévus à l'article 377. - Infra, n 08 2184 et suivants.

Les pénalités ordinaires de l'attentat à la pudeur sont également majorées :

a) Si l'infraction a causé la mort de la personne sur laquelle elle a été commise. - Code pénal, art. 376; infra, n° 2163;

b) Dans les cas prévus à l'article 377 du Code pénal, modifié par la loi du 14 mai 1937.

En cas de correctionnalisation du crime dont il s'agit à l'article 373 du Code pénal; viole cette disposition l'arrêt qui ajoute une'peine d'amende à la peine d'emprisonnement. - Cass., 20 décembre 1937, Pas., 1937, I, 379.

2143. - Ainsi que nous l'avons vu, supra; n° 2135, l'attentat à la pudeur avec violences peut exister par la manifestation d'un des­sein général d'offenser la pudeur.

Les violences dont il s'agit à l'article 373 sont les violences phy­siques ; de simples violences morales seraient insuffisantes, - Rapp. Chambre, III, n° 27.

Jugé qu'il résulte des travaux préparatoires que le terme « vio­lences» vise les violences physiques, c'est-à-dire tous moyens de con­trainte physique, employés par l'auteur de l'attentat pour parvenir à ses fins. En cette matière, l'un des éléments essentiels de l'infrac­tion réside dans le défaut de' consentement de la victime. L'emploi de la violence constitue l'une des manifestations les plus tangibles de l'absence de consentement.

ARTICLES 872 A 378 .

Il peut y avoir violences lorsque, par suite de manœuvres combinées par l'auteur de l'attentat, la victime s'est vue contrainte de subir des entreprises immorales soudaines et imprévues auxquelles elle n'a· pu physiquement se soustraire, mais auxquelles elle eût certainement résisté si elle avait pu agir en temps utile; Il s'agit là d'une véritable contrainte physique constitutive de violences au sens de l'article 373 du Code pénal. - Cass., 3 juin 1940, Pa8., 1940, 1, 158; sic cass., 11 février 1942, Pas., 1942, I, 40. Adde ; cass., 13 mars 1944, Pas., 1944, I, 251.

L'article 373 du Code pénal réprime l'attentat à la pudeur commis avec violences, sans distinction entre le cas où les violences n'ont été employées qu'au moment de l'exécution de l'attentat et celui où elles ont été exercées en vue de commettre l'attentat. - Cass., 11 fé­vrier 1942, précité.

Les menaces sont tous les moyens de contrainte morale par la crainte d'un mal imminent. - Code pénal, art. 483.

2144 - On a considéré comme des violences constitutives d'at­tentat à la pudeur le fait de deux femmes qui en épilent une troi­sième dans la région intime,. le fait d'ouvriers qui dépouillent un compagnon de travail de ses vêtements et procèdent à l'inspection de ses organes génitaux. - NYPELS-8:ERVAIS, art. 373, n° 4.

2145. - Le mari peut se rendre coupable d'attentat à la pudeur à l'égard de son épouse, s'il veut contraindre celle-ci à l'accomplis­sement d'actes contre nature. - NYP:ELS-8:ERVAIS, art. 373, n° 5.

Du viol.

2146. - Nous avons indiqué; supra, n~ 2135, la définition du viol en général et nous avons mentionné en cet endroit qu'un des élé­ments constitutifs de cette infraction est l'absence de consentement libre de la victime.

2147. - Sera puni de réclusion quiconque aura commis le crime de viol, soit à l'aide de violences ou de menaces graves, soit par ruse, soit en abusant d'une personne qui, par l'effet d'une maladie, par l'altération de ses facultés ou par toute autre cause accidentelle, avait perdu l'usage de ses sens ou en avait été privée par quelque artifice. _:__ Code pénal, art. 375, alinéa 181• ·

2148. - Les violences dont il s'agit ici sont les violences exercées sur la personne même dont on veut abuser et non point, par exemple celles dont il serai.t fait usage pour s'introduire dans la maison ou dans la chambre. - NYPELS-8:ERVAIS, art. 375, n° 2.

2149. - Les menaces graves désignent les menaces qui sont de

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.56 ARTICLES 372 A 378

nature à inspirer à la victime du viol la crainte sérieuse d'exposer :sa personne ou celle de ses proches à un mal considérable et présent. - Exposé des motifs, II, n° 27.

2150. - Le viol par ruse n'était pas prévu in terminis par le projet du Code pénal. Ces mots furent insérés dans le texte pour prévoir des cas comme celui d'un individu qui violerait une femme mariée en lui faisant penser qu'elle reçoit son mari. - Dise. Chambre, IX, n° 5; Rapp. Sénat, X, n° 1.

2151. _:__ Les termes qui définissent le viol commis en~abusant d'une personne qui ... n'appellent guère de commentaire. On a cité l'exemple d'une personne à qui on aurait administré un narcotique. - Exposé des motifs, II, n° 37.

2152. - La peine du viol est seule changée lorsque ce crime est commis sur un mineur âgé de plus de quatorze ans et de moins de seize ans accomplis. - Code pénal, art. 375; alinéa 3.

Voir en tête du présent chapitre les changements apportés au texte <le l'article 375 du Code pénal par la loi du 14 mai 1937.

2153. - L'article 375, alinéa 4, du Code pénal exige pour qu'il y ait viol, en l'absence de toutes violences ou menaces, que l'attentat ait été commis sur la personne d'un enfant de moins de quatorze ans accomplis et qu'il y ait eu rapprocheinent charnel des sexes. - Cass., 17 juillet 1916, Pas., 1917, I, 197.

2154. - Mais que faut-il entendre par le rapprochement charnel des sexes î Deux arrêts de la cour d'appel de Liège, rendus peu de temps après la mise en application de la loi du 15 ;mai 1912, ont posé en principe que le crime g.e viol sur un enfant de moins de quatorze ans, prévu par l'article 50 de la loi du 15 mai 1912, comporte, comme le viol sur une personne plus âgée, la conjonction charnelle des sexes. L'article ne porte pas qu'il y a viol dès que le fait a été commis sur un enfant de moins de quatorze ans par le seul rapprochement des organes sexuels, mais bien par le seul fait du rapprochement charnel des sexes, ce qui ne peut évidemment s'entendre que de rapports consommés. Le but du législateur n'a pas été de créer un viol nou­veau et purement fictif, mais bien de proclamer qu'un enfant de moins de quatorze ans étant incapable de consentir avec connaissance de cause, le viol commis sur un tel enfant devrait toujours être con­sidéré comme ayant eu lieu avec violences. - Liège, 28 décem­bre 1912, Pas., 1913, Il, 62; Liège, 1er mars 1913, Pas., 1913, II, 176.

2155. - C'est cette jurisprudence qui a été consacrée par la cour de cassation. Alors que le dessein général et indéterminé d'offenser la pudeur suffit pour constituer l'attentat à la pudeur avec violences, le viol se caractérise par la recherche précise de la jouissance sexuelle,

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ARTICL'.E-S 372 A 378 57

de la copulation illicite, et requiert en conséquence comme éléments constitutifs : 1° l'accomplissement de l'acte; 2° l'absence de consen­tement libre de la part de la victime.

L'article .50 de la loi du 15 mai 1912 destiné à compléter les dis­positions de l'articlè 375 du Code de 1867, débute par la reproduc­tion textuelle de cet article; il n'est donc pas douteux que le crime de viol tel qu'il est aujourd'hui prévu et puni par l'alinéa 2 de cet article 50 exige les mêmes conditions que sous le Code de 1867 et spéèiale­ment la conjonction sexuelle. Il est inadmissible que le législateur ait employé le mot «viol» dans deux acceptions différentes à l'alinéa 2 et à l'alinéa 4 de cet -article et qu'il ait, sans s'en expliquer, trans­formé dans ce dernier alinéa la notion du crime de viol au point de supprimer ce qui en forme, dans l'alinéa 2, l'élément essentiel, c'est-à,-­dire la conjonction des sexes, pour y substituer le simple rapproche­ment, la juxtaposition des organes sexuels.

On a seulement établi cette présomption que « l'union charnelle consommée » avec un enfant de moins de quatorze ans, incapable de consentir en connaissance de cause, ne peut être qu'un viol. -Cass., 24 juillet 1916, Pas., 1917, I, 72; sic cass., 7 février 1927, Pas.,. ·· 1927, I, 147.

Si l'existence du crime de viol exige nécessairement le rapproche­ment charnel des sexes, il n'est cependant point requis qu'il y ait eu émission de substances séminales à l'intérieur des parties sexuelles. de la victime. - Cass., 7 mai 1928, Pas., 1928, I, 155.

2156. - On enseigne que le viol est nécessairement commis par un homme sur une femme. Commis sur un homme, le rapprochement. sexuel pourrait constituer un attentat à la pudeur s'il réunissait les conditions prévues par les articles 372 et 373 du Code pénal. -ScHUIND, op. cit.; p. 194.

Nous pensons qu'il résulte de ce que le ·viol consiste essentielle­ment, d'après la loi du 15 mai 1912, dans un rapprochement illicite des sexes, que l'auteur et la victime doivent être de sexe différent. Mais, tout au moins en théorie, il ne nous paraît pas impossible de concevoir qu'une femme provoque un rapprochement criminel des sexes. · Dès lors, à défaut d'une définition légale du viol par le Code pénal, l'opinion précitée nous paraît trop restrictive.

2157. - Les actes contre nature ne constituent pas des viols mais. des attentats à la pudeur. - ScHUIND, op: cit., p. 194.

2158. - En ca~ de viol sans violences hl menaces, etc ... , par le seul rapprochement charnel des sexes commis sur la personne d'un

· enfant qui n'a pas atteint l'âge de quatorze ans accomplis, l'âge de la victime est un élément constitutif de l'infraction et non une cir-

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constance aggravante. - Cass., 15 janvier 1923; Pas., 1923, I, l5Q; cass., 18 juin 1923, Pas., 1923, I, 373. _

Dans les cas où l'âge inférieur à quatorze ans de la victime est un élément constitutif de l'infraction -et non une circonstance aggravante il n'y a pas lieu d'en faire l'objet d'une question séparée à poser au jury. - Cass., 10 mars 1930, Pas., 1930, I, 156.

2159. - La circonstance que la victime est âgée de moins de dix ans accomplis prévue par l'article 375, alinéa 5, est une circonstance aggravante. - Note sous cass., 15 janvier 1923, Pas., 1923, I, 11?5.

2160. - Le crime de viol par rapprochement charnel des sexes sur un enfant âgé de moins de quatorze ans accomplis n'est pas sus­ceptible d'être correctionnalisé. - Loi du 23 août 1919, art. 3; cass., 2 juillet 1923, Pas., 1923, I, 404.

2161. - Les peines--prévues par l'article 375 sont augmentées dans les cas prévus à l'article 377 du Code pénal. - Infra, n°8 2164· et suivants.

Les modifications apportées aux articles 375 et 377 par la loi du 14 mai 1937 ont été indiquées dans la législation placée en tête du présent chapitre.

2162. - La tentative de viol est punissable dans les cas prévus et conformément aux règles générales des articles 51 et 52 du Code pénal. ·

Dispositions communes au viol et à l'attentat à la pudeur.

2163. - Si le viol· ou l'attentat à la pudeur a causé la mort de la personne sur laquelle il a été commis, le coupable sera puni -des travaux forcés de quinze ans à vingt ans. - Code pénal, art. 376.

Si la victime était âgée de moins de seize ans accomplis, le coupa­ble sera puni des travaux forcés à perpétuité. - Code pénal, arti-cle 376, alinéa 2. -

Voir à la législation placée en tête de ce chapitre les modifications apportées à l'article 377 du Code pénal par la loi du 14 mai 1937.

2164. - Si le coupable est l'ascendant, l'instituteur ou le servi­teur à gages de la victime ; _

S'il est de la classe de ceux qui ont autorité sur elle ; S'il est le serviteur à gages soit d'un ascendant ou d'un institu­

teur de la victime, soit d'une personne ayant autorité sur elle ; Si, étant ministre d'un culte ou fonctionnaire public, iJ a abusé de

sa position pour accomplir l'attentat; ·

.ARTICL;ES 372 A 378 59

S'il est médecin, chirurgien, accoucheur ou officier de santé et que l'enfant fut confié à ses soins ;

Si, dans les cas des articles 373 (attentat à la pudeur avec violences ou menaces), 375 (viol) et 376 (attentat ou viol ayant causé la mort de la victime), le coupablè, quel qu'il soit, a été aidé, dans l'exécution du crime ou du délit, par une ou plusieurs personnes, les peines por­tées aux articles 372, 373, 375 et 376 seront majorées conformément aux distinctions établies par l'article 377 du Code pénal modifié par l'article 52 de la loi du 15 mai 1912 et par l'article 2 de la loi du 14 mai 1937.

En résumé, -ces circonstances aggravantes résultent : a) Soit d'une qualité du coupable ; b) Soit du fait que le coupable, quel qu'il soit, aura été ai~é, dans

l'exécution du crime ou du délit, par une ou plusieurs personnes.

2165. - Plusieurs des circonstances aggravantes retenues par l'ar­ticle 52 de la loi du 15 mai 1912 figuraient déjà, en substance, dans l'article 377 du Code de 1867. ·

Les ascendants sont les ascendants légitimes ou naturels, s'il s'agit d'un enfant naturel reconnu.

Par contre, la parenté adoptive n'est qu'une fiction dont la loi pénale ne tient pas compte même pour le parricide.·- Code pénal, art. 395; NYPELS-SERVAIS, art. 377, n° 2.

Est coupable de viol sur sa fille légitime, celui qui a violé un enfant légitimé par le mariage, alors même qu'il serait établi que la victime, ~gée de dix ans de moins seulement que le coupable, n'a ~one pas pu naître de ses œuvres. - Bruxelles, 15 mai 1908, Pand. pér., 1908, n° 1251.

Jugé que doit faire l'objet d'une question spéciale au jury, la cir­constance que l'auteur de viols ou d'attentats à la pudeur est le père de la victime. Il ne suffit pas qu'il résulte des réponses du jury qu'il en est le parent en ligne ascendante. -"-- Cass., 11 juin 1934, Pas.~ 1934, I, 314.

2166. - Instituteurs. Cette catégorie de personnes coin.prend toua les maîtres attachés spit à la surveillance de la· personne, soit à l'en" seigneme:pt de l'élève, les maîtres de musique, de dessin, de danse, etc.,. le prêtre qui donne des leçons de catéchisme.

Les artisans, par rapport à leurs apprentis, sont considérés soit comme des instituteurs, soit comme des personnes ayant autorité sur la victime. - Exposé des motifs, II, n° 39; NYPELS-8:ERVAIS, art. 377, n° 5.

2167. - Serviteurs à gages de la victime. Ces termes n'appellent pas d'explications.

60 ARTICLES 372 A 378

2168. - Coupable de la classe de ceux qui ont autorité sur la vic­time.

Par ces mots il faut comprendre non seulement l'autorité de droit, qui prend sa source dans la loi elle-même, mais aussi l'autorité de fait, qui dérive des circonstances et de la position des personnes; tels sont, par exemple :

Le mari par rapport à la femme; Le second mari par rapport aux enfants mineurs non émancipés

que sa femme a eus d'un précédent mariage ; L'administrateur provisoire nommé en matière d'interdiction ; Les maîtres sur leurs domestiques ; Le tuteur sur son pupille ; Les curateurs et les conseils judiciaires, s'ils ont une autorité de

fait sur les mineurs émancipés et les prodigues dont les intérêts pécu­niaires leur sont confiés. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 377, n° 3.

Jugé que l'autorité mentionnée à l'article 377 du Code pénal doit s'entendre aussi bien de l'autorité de-fait qui, de par les circonstances, met la victime sous la dépendance du prévenu d'une façon perma• nente ou occasionnelle et momentanée, que de l'autorité de droit. Un jeune homme de vingt-six ans vivant avec ses parents et en leur domicile, possède sinon une autorité de droit, tout au moins une situa­tion d'autorité de fait à l'égard de leurs serviteurs. - Corr. Mons, 31 mai 1938, Rev. dr. pén., 1938, 1018; Rec. somm., 1939, DROIT PÉNAL, Infract. famille, n° 84.

2169. - Serviteurs à gages d'un ascendant ou d'un instituteur de la victime, soit d~une personne ayant autorité sur elle.

Tel sera le cas notamment du domestique qui violerait la fille de son maître ou une servante employée dans la même maison que lui. - NYPELS-SERVAIS, art. 377, n° 6.

2170. - Ministre d'un culte ou fonctionnaire qui abuse de sa posi­tion pour accomplir l'attentat.

Le mot attentat, employé isolément par le texte légal, vise aussi bien le viol que l'attentat à la pudeur. Ces faits sont tous deux des attentats. Le texte même de notre article 377 confirme cette inter­prétation puisque cette circonstance aggravante porte expressément tant sur les articles 372 et_ 373 du Code pénal que sur l'article 375.

2171. - Pour ce qui concerne les mérlecins, chirurgiens, accoucheurs ou officiers de santé, le texte nouveau de l'article 377 ne prévoit que le cas où la victime serait un enfant qui « fut confié à ses soins » et non plus le cas de toutes personnes confiées à leur soin.

La rédaction actuelle tranche la question de savoir ce qu'il fau-· drait décider si la victime s'est confiée elle-même aux médecins, chi­rurgiens, etc. Ce point était autrefois controversé (NYPELS-SERVAIS,

ARTICL'.ES 372 A 378 61

.art. 376, n° 8). Aujourd'hui, il est manifeste que la circonstance spé­-cialement aggravante de l'article 377 protège l'enfant qui a été con­fié aux médecins, chirurgiens, accoucheurs ou officiers de santé.

2172. - Enfin le coupable, quel qu'il soit, qui aurait commis un attentat à la pudeur, avec violences ou menaces, ou un viol (art. 373 et 375), ou qui aurait commis un de ces faits dans des circonstances telles que l'infraction ait causé la mort de la victime (art. 376), encourt les aggravations de peine de l'article 377, s'il a été aidé dans l'exé­cution du crime ou du délit par une ou par plusieurs personnes ..

2173. - Pour qu'il y ait lieu à l'aggravation de peine dans ce 1 dernier cas, il ne suffit pas que le coupable ait été aidé par d'autres

dans les faits qui préparaient l'attentat ; il faut qu'on lui ait prêté assistance dans les actes d'exécution, que les forces réunies de deux ou plusieurs personnes aient mis la victime dans l'impossibilité de se défendre. Si l'un des coupables avait perfidement plongé une per­sonne dans le sommeil, en lui administrant des drogues narcotiques, et que l'autre eût commis sur cette personne un odieux attentat, l'auteur de cet attentat ne mériterait pas d'être puni plus sévèrement que si, pour faciliter l'action, il avait lui-même employé ce moyen. - Exposé des motifs, II, n° 39; Rapp. Chambre, III, n° 31 ; Rapp. Sénat, VI, n° 34; NYPELS-SERVAIS, art. 377, n° 10.

Jugé que la circonstance aggravante édictée par l'article 377 du Code pénal, qui stipule que la peine sera augmentée si, dans le cas de l'article 375, le coupable, quel qu'il soit, a été aidé << dans l'exé­cution du crime ou du délit » par une ou plusieurs personnes, n'existe que si cette aide s'est réalisée, comme le porte l'exposé des motifs, dans les actes mêmes qui constituent l'attentat et non pas seulement dans ceux qui l'auraient préparé.

Cette cause d'aggravation, qui naît de la pluralité des coupables s'entr'aidant pour vaincre la résistance de la victime, au cours de l'exécution du crime, est subordonnée à une participation directe et matérielle de celui ou de ceux qui ont procuré cette aide, partici­pation qu'une simple complicité serait insuffisante à établir. - Cass., 30 mars 1931, Pas., 1931, I, 127.

2174. - Dans tous les cas d'attentat à la pudeur ou de viol, les coupables doivent être condamnés à l'interdiction des droits énoncés aux n°8 1, 3, 4 et 5 de i'article 31. - Code pénal, art. 378, alinéa 1er.

2175. - Cette interdiction doit être prononcée même en cas d'ad­mission de circonstances atténuantes (cass., 9 mars 1925, Pas., 1925, I, 171). Elle ne peut en aucun cas être prononcée que pour les droits énoncés aux n°8 1, 3, 4 et 5 de l'article 31. - Cass., 19 mai 1924, Pas., 1924, I, 349.

2176. - Si l'attentat a été commis par le père ou par la mère, le

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62 ARTICLES 372 A 378. - ARTICLES 379 A 382

coupable sera, en outre, privé des droits et avantages à lui accordés sur la personne et sur les biens de l'enfant par le Code civil, livre Ier, titre IX, De la puissance paternelle. - Code pénal, art. 378, alinéa 2.

2177. - Le texte de cette disposition ne fait aucune distinction entre les père et mère de l'enfant légitime et ceux de l'enfant naturel reconnu.

2178. - Le texte de l'article 378 du Code pénal s'applique à l'en­fant légitimé par le mariage, encore qu'il fût établi qu'âgée seulement de dix ans de moins que le coupable, elle n'a pu être le fruit des œuvres de celui-ci. - Bmxelles, 15 mai 1908; Pand. pér., 1908, n° 1251.

2179. - La cour d'assises- ne peut prononcer la déchéance de la/ puissance paternelle qu'à l'égard de l'enfant qui a été la victime de l'attentat à la pudeur ou du viol. C'est au tribunal de première in­stance qu'il appartient de prononcer cette déchéance, sur la pour­suite du ministère public, à l'égard des autres enfants. - Loi du 15 mai 1912, art. 3; cass., 21 décembre 1925, Pas., 1926, I, 133.

CHAPITRE VI. - DE LA CORRUPTION DE LA JEUNESSE ET DE LA ~ROSTITUTION.

ARTICLE 379.

[Quiconque aura attent,é aux mœurs, en ea;citant, facilitant ou favo­risant, rpour satisfaire 1,es passions d'autrui, la débauche, la corruption ou la prostitution d'un mineur de l'un ou de l'autre sexe, dont l'état de minorit,é lui était connu, sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq_ ans et d'une amende de· 100 francs à 5.000 francs, si le mineur est âgé de plus de seize ans accomplis.

Il sera puni de la réclusion si le mineur n'a pas atteint cet âge. La peine sera des travaux forcés de dix ans à quinze ans, si le mineur

n'avait pas atteint l'âge de .quatorze ans accomplis. Elle sera des travaux forcés de quinze ans à vingt ans, si l'enfant

n'avait pas atteint l'âge de dix ans accomplis. - Loi du 26 mai 1914, art. 1er.]

ARTICLE 380.

[Quiconque aura attent,é aux mœurs, en excitant, facilitant ou favori­sant, pour satisfaire 1,es passions d'autrui, la débauche, la corruption ou la prostitution d'un mineur de l'un ou de l'autre sexe, dont il igno­rait l'état de minorit,é par sa négligence, sera puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de 50 francs à 1.000 francs. - Loi du 26 mai 1914, art. 1er.]

ARTIOLl!lB, 379 A 382 63

ARTICLE 380bis:

[Quiconque, pour satisfaire les passions d'autrui, aura, par fraude ou à l'aide de violences, menaces, abus d'autorité ou tout autre moyen de contrainte, embauché, entraîné ou détourné une femme ou une 'fille majeure en vue de la débauche, sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 100 francs à 5.000 francs. - Loi du 26 mai 1914, art. 1er.]

[ Sera puni des mêmes peines quiconque, pour satisfaire les passions d'autrui, aura embauché, entraîné ou détourné, même de son -consente­ment, une femme ou fille majeure, en vue de la débauche dans un autre pays.

Pour l'application de l'alinéa précédent, le territoire colonial de la Belgique et les territoires qu'elle administre en vertu d'un mandat inter~ -national sont considérés comme Etats distincts du royaume. - Loi du 25 mai 1936, art. 2.]

[La tentative sera punie d'un emp'lisonnement de trois mois à trois ans et d'une amende de 50 francs à 3.000 francs. - Loi du 26 mai 1914, art. 1er.]

ARTICLE 380ter. ·

[Quiconque aùra, par les mêmes moyens, retenu contre son gré, mêrri,e pour cause de dettes contractées, une personne, même majeure, dans une maison de débauche, où aura contraint une personne majeure à se livrer à la débauche, sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et une amende de 100 francs à 5.000 francs. - Loi du 26 mai 1914, art. 1er.]

ARTICLE 381.

[ Le minimum des peines portées par les articles précédents sera élevé conformément à l'article 266 :

Si les coupables sont les ascendants de la personne envers laquelle le délit a été commis; ·

S'ils sont de la classe de ceux qui ont autorité sur elle; S'ils sont ses instituteurs, ses serviteurs· à gages ou les serviteurs des

personnes ci-des8U8 désignées; S'ils sont fonctionnaires publics ou ministres d'un culte. - Loi du

26 mai 1914, art. 1er.]

ARTICLE 382.

[ Dans les cas prévus par le présent chapitre, les coupables seront, en outre,, condamnés à l'interdiction des droits spécifiés aux n°8 1, 3, 4 et 5 de ·l'article 31.

Si l'infraction a été commise par le père ou la mère, le coupable sera, en outre, privé des droits et avantages à lui accordés sur la personne et

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64 ARTICLES 379 A 382

les biens de l'enfant par le Ood,e civil, livre Jer, titre IX, De la puissance paternelle ... (1). - Loi du 26 mai 1914, art. 1er.]

2180. - Loi du 26 mai 1914. 2181. - L'habitude n'est plus requise. 2182. - Article 379 nouveau du Gode pénal. 2183. - Pénalités. - Minelll' émancipé par mariage. 2184. - Identité de la personne débauchée et de celle dont on a voulu satisfaire-

les passions. 2185. - Infraction des père et mère. - Rémunération non requise. 2186. - Location d'une chambre par une entremetteuse. 2187. - Connaissance de l'état de minorité. 2188. - Intention et mobile. 2189. - La corruption ne doit pas être réalisée. 2190. - Proxénitisme par voie de la presse. 2191. - Participation criminelle. 2192. - Article 380 nouveau. - Minorité ignorée par négligence. 2193. - Elément constitutif de l'infraction. 2194. - Allégations fausses, développement physique noi:ma,l. 2195. - Pénalités. 2196·. - Elévation du minimum. 2197. - Peines accessoires •

. 2198. - Article 380bis nouveau. 2199. - Tentative. 2200. - Pénalités. - Renvoi. 2201. - Article 380ter nouveau. 2202. - Article 381. 2203. - Article 382. - Interdiction. - Déchéance de la puissance paternelle. -

Renvoi. 2204. - Surveillance spéciale de la police (abrogation).

2180. - La loi du 26 mai 1914 a profondément modifié et com­plété les dispositions des articles 379 et suivants du Code pénal de 186( notamment pour les rendre conformes aux stipulations de la convention internationale conclue à Paris, le 4 mai 1910, sur la traite des blanches. - Exposé des motifs de la loi du 26 mai 1914, Pasino­mie, 1914, p. 357.

2181. - Une modification capitale introduite dans cette législation, c'est que l'élément autrefois essentiel de 1a répression, à savoir l'ha­bitude ou la réitération des faits, n'existe plus dans la rédaction actuelle.

2182. - L'article 379 nouveau du Code pénal punit quiconque aura : 1° Attenté aux mœurs en excitant, facilitant ou favorisant la

débauche, la corruption ou la prostitution d'un mineur de l'un ou l'autre sexe ;

2° Dont l'état de minorité lui était connu; 3° Pour satisfaire les passions d'autrui.

2183. - Les peines de l'a~icle 379 sont graduées suivant 1 ° Que le mineur est âgé de plus de seize ans accomplis ;

(1) Le renvoi sous la surveillance spéciale de la police, autrefois prévu parmi les péna­lités édictées par l'article 382 du Code pénal, a été abrogé par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

ARTICIJllS 379 A 382

2° De moins de seize ans accomplis ; 3° De moins de quawrze ans accomplis ; 4° De moins de dix ans accomplis.

65

Le minimum de ces peines est majoré dans les cas prévus à l'ar- · ticle 381. - Infra, n° 2202.

L'auteur encourt de plus les peines accessoires établies par l'arti­cle 382. - Infra, n°8 2203 et 2204.

Le silence de la loi et la volonté formelle du législateur de proté­ger les mineurs de la manière la plus complète, doivent faire écarter comme mal fondées les conclusions d'une prévenue suivant lesquelles les dispositions légales actuellement étudiées cesseraient d'être appli­cables s'il s'agissait de mineurs émancipés par le mariage. - Bruxelles, 30 novembre 1932, Pas., 1933, II, 42; sic Liège, 4 juin 1935, et cass., 14 octobre 1935, Pas., 1935, I, 365.

2184. - La loi du 26 mai 1914, pas plus que le Code pénal, n'exige que la personne portée à la débauche par l'inculpé soit différente de celle dont il a voulu favoriser les passions. Ainsi commettrait l'in­fraction une femme qui attire des jeunes gens mineurs chez elle -et les incite a avoir des rapports intimes avec elle-même (NYPELS­SERVAIS, art. 379, n° 7). Nous trouvons, en effet, ici tous les éléments qui doivent être réunis. Cette femme attente aux mœurs de ces jeunes gens en les débauchant ; elle sait que ce sont des mineurs ; elle veut satisfaire les passions de ces tiers, donc d'autrui.

Si l'inculpé a eu pour but de satisfaire ses propres passions et non celles d'autrui, voir infra, n° 2188.

2185. - Peuvent être condamnés du chef d'excitation de mineurs à la débauche, les parents qui n'ont rien fait pour réprimer les instincts vicieux de leur fille âgée de moins de dix-sept ans, lui laissant pren­dre des habitudes de dévergondage et finalement, alors qu'elle était devenue la maîtresse d'un homme marié, ont donné asile aux amants, les logeant ensemble dans leur propre lit.

Il n'est pas nécessaire, pour l'existence du délit d'excitation de mineurs à la débauche, que les inculpés aient perçu une rémunéra­tion ou profité d'une manière quelconque de leur complaisance. ~· Liège, 12 février 1931, Rev. dr. pén., 1931, 391; Rec. somm., 1931, 1664.

2186. - L'entremetteuse qui procure à un jeune homme mineur, dont elle a avoué avoir connu l'état de minorité, le moyen de satis­faire ses passions dans une chambre qu'elle lui donne en location, favorise et facilite évidemment la débauche de celui-ci. - Bruxelles, 6 décembre 1934, Rev. dr. pén., 1934, 1057; Rec. somm., 1~37, DR. PÉN., Infractions, famille, personnes, n° 21.

2187. - Suivant l'article 279 nouveau du Code pénal, l'état de S-ll

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66 A'llTICL:ES 379·A 382

minorité de la personne débauchée, corrompue ou prostituée doit être . connu de l'auteur de l'infraction. Est donc cassé d'office l'arrêt qui condamne un individu du chef.d'excitation de mineurs à la débauche, sans constater que l'inculpé connaissait l'état de minorité de la vic­time. - Cass., 29 juin 1920, Pas., 1921, I, 46.

2188. - L'intention de l'agent doit être de vouloir attenter aux mœurs en excitant, facilitant, favorisant la débauche, fa corruption d'un mineur pour satisfaire les passions d'autrui. Le mobile, esprit de lucre, lubricité ou tout autre qui a. porté l'inculpé à vouloir poser l'acte qu'il a commis, est indifférent. - NYPELS-SERVAIS, art. 379, n°8 11 et 12. Adde : 8Upra, n° 666.

La recherche d'une rémunération d'un profit quelconque n'est pas une condition de l'infraction. - Voir 8Upra, n° 2185, in fine.

Puisque l'article 379 du Code p~nal exige expressément comme con­dition de l'infraction que l'auteur ait voulu favoriser les passions d'autrui, l'infraction n'existe pas si le prévenu n'a pas eu d'autre but que de satisfaire ses propres passions.

En conséquence, le ministère public doit rapporter la preuve du but poursuivi par le prévenu. - Corr. Charleroi, 1er février 1933, Rev. dr. pén., 1933, 391 ; Rec. somm., DR. PÉN., Infractior,,.s, personnes, n° 5.

Jugé que l'arrêt qui condamne du chef d'avoir attenté aux mœurs en facilitant, pour satisfaire les passions d'autrui, la débauche de mineurs, répond suffisamment aux conclusions dans lesquelles le pré­venu allègue que l'existence de l'intention de satisfaire les passions d'autrui n'est pas établie par le ministère public, en constatant que cette intention est démontrée par les différents éléments de l'infor­mation et notamment que le fait d'avoir toléré à son domicile et en sa présence les relations entre les mineurs Céline L. et Pierre P., fait bonne justice des allégations du prévenu suivant lesquelles il n'aurait jamais eu l'intention de satisfaire les passions d'autrui et qu'il aurait toujours protesté contre les dites relations. ~ Cass., 11 janvier 1937, Pas., 1937, I, 6, 3° (N. R.).

A été cassée comme non légalement motivée parce que mettant la cour ~de cassation dans l'impossibilité d'exercer son contrôle, la déci­sion qui condamne du chef d'excitation à la débauche, en se bornant à déclarer la prévention établie alors que la prévenue invoquait, en conclusions, des faits dont elle déduisait que l'élément légalement requis pour l'existence de l'infraction, à savoir le dessein de satis­faire les passions d'autrui, faisait défaut dans son chef et que les propos qui lui étaient attribués ne· constituaient pas une excitation à la débauche .. - Cass., 8 avril 1935, Pas., 1935, I, 216.

2189. - Ce que la loi réprime, ce sont les faits de nature à exciter, faciliter, favoriser la débauche, la corruption ou la prostitution des mineurs pour satisfaire les passions d'autrui. Mais il n'est pas requis

,

.ABTICLES · 379 A 382 67

qu'un mineur ait été débauché, .corrompu ou prostitué. - Bruxelles, · 29 avril 1903, Pand. pér., 1904, n° 438; NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 379, n° 8.

La réalisation effective de la débauche ne doit pas être établie. -Bruxelles, 20 octobre 1934, Rechtsk. Weekbl., 3 novembre 1935, 234 •

. 2190. - Le proxénète qui commet par la voie de la presse les actes d'entremise qui excitent, favorisent ou facilitent la débauche des mineurs, ne èommet pas un ~élit de presse. - Bruxelles, 29 avril 1903, Pand. pér.,-1904, n° 438.

2191. - Les conditions nécessaires à la participation criminelle fai­saient · assez fréquemment défaut lorsque la loi exigeait l'hàbitude pour l'existence de l'infraction. Sous l'empire de la législation actuelle, peut être condamné pour avoir coopéré directement à l'infraction de proxénitisme telle qu'elle est définie par la loi, celui à charge de qui il est constaté que, connaissant l'identité et l'âge d'une mineure, il l'a amenée en telle ville, à telle date, dans un bar, où il savait qu'elle devait se livrer à la prostitution et s'y est livrée en réalité. - Cass., 15 décembre 1924, Pas., 1925, I, 78.

2192. -L'infraction prévue par l'article 380 nouveau du Code pénal est identique à celle dont il s'agit à l'article 379 et que nous venons de décrire; sauf que dans le cas de l'article 380 l'auteur ignorait la mino­rité de la victime par sa négligence.

2193. - Cette négligence est un élément constitutif de l'infraction. Elle doit être constatée dans le jugement ou dans l'arrêt. - Cass., 29 juin 1920, Pas., 1921, I, 46.

Lorsqu'il ne ressort pas des pièces soumises à la cour de cassation, que le juge du fond aurait été requis de constater les faits sur les­quels le prévenu fonde son pqurvoi, ni qu'il aurait été invité à se pro­noncer tant sur leur relevance que sur leur réalité, le jugement est légalement motivé lorsqu'il mentionne.« qu'il résulte de l'instruction que l'ignorance où se trouvait le prévenu de l'état de minorité des nommés X. et Z. est évidemment due à sa négligence». - Cass., 16 novembre 1931, Rev. dr. pén., 1932, 52; Rec. somm., 1933, DR. PÉN., Infractions, 'Personnes; Il.

L'article 380 du Code pénal (art. 1er de la loi du 26 mai 1914) punit la corruption de la jeunesse lorsque l'auteur ignore l'état de minorité de la victime, mais seulement pour autant que cette igno­rance soit due à une négligence. - Cass., lO novembre 1941, Pas., 1941, 1, 417.

2194. - Sous l'empire de la législation antérieure à celle du 26 mai 1914, on a considéré que des prévenus pouvaient éventuell<:ment être

... de bonne foi, s'ils avaient été induits en erreur soit par de fausses allégations, soit par le développement physique anormal des person.:nes

68 ARTICLES 379 A 382

mineures. - Liège, 7 mars 1901, Pand. pér., .1904, n° 934; Liège, 9 décembre 1903, Pand. tpér., 1905, n° 8.

2195. - L'article 380 nouveau du Code pénal, punissant le délit lorsque le prévenu ignorait l'état de minorité par sa négligence, ne oontient pas une gradation de peines analogue à celle de l'article 379 ~supra, n° 2183). En fait, il ne s~rait pas possible de se tromper sur l'état de minorité d'enfants ayant moins de quatorze ans, et surtout, moins de dix ans accomplis.

2196. - Le minimum des peines portées à l'article 380 est majoré dans les cas. prévus à l'article 381. - Infra, n° 2202. ·

2197. - Les pénalités accessoires de l'article 382 sont applicables aux infractions visées à l'article 380 nouveau du Code pénal. Infra, n°s 2203 et 2204.

2198. - Un article 380bis nouveau, complété par la loi du 25 mai 1936, article 2, punit quiconque, pour satisfaire les passions d'autrui, aura :

a) Par fraude ou à l'aide de violences, menaces, abus d'autorité ou tout autre moyen de contrainte,

b) Embauché, entraîné ou détourné une femme ou une fille majeure, c) Eu vue de la débauche, en Belgique, au Congo, ou à l'étranger. Les alinéas ajoutés à l'article 380bis nouveau par la loi du 25 mai

1936, prévoient le cas où la femme a été entraînée à la débauche dans un autre pays ou dans les territoires coloniaux de la Belgique.

2199. - La tentative de ces délits est punissable. - Article 380bis.

2200. - Articles 381 et 382. - Infra, n°s 2202 et suivants.

2201. - Est passible des mêmes peines, quiconque aura par les mêmes moyens :

a) Retenu contre son gré, même pour cause de dettes contractées, une personne, même majeure, dans une maison de débauche ;

b) Ou aura contraint une personne majeure à se livrer à la débauche. - Code pénal, art. 380ter nouveau.

A.dde : articles 381 -et 382, infra, n°s 2202 à 2204.

2202. - Le minimum des peines portées par les articles 379 à 380ter est élevé conformément à l'article 266 du Code pénal, c'est-à­dire doublé s'il s'agit de l'emprisonnement et élevé de deux ans. ,s'il s'agit de la réclusion, de la détention ou des travaux forcés à temps.

Si les coupables sont les ascendants de la personne envers laquelle le délit a été commis. - Supra, n° 2165.

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ARTICLES 379 A 382. - ARTICLES 383 A 386/Jis 69

S'ils sont de la classe de ceux qui ont autorité sur elle. - Sutna, n° 2168.

S'ils sont ses instituteurs, ses serviteurs à gages ou les serviteurs des personnes qui viennent d'être désignées. _:_ Sutna, n°8 2166, 2167 et 2169.

S'ils sont fonctionnaires publics ou ministres d'un culte. -'- Code pénal, art. 381.

2203. - Les deux premiers alinéas de l'article 382, qui comminent la peine d'interdiction et la déchéance de la puissance paternelle, sont la reproduction textuelle des dispositions de l'article 378 du Code pénal dont nous avons donné le commentaire, sutna, n°8 2174 à 2179.

2204. - Un troisième alinéa de l'article 382 permettait, en outre, de placer les coupables sous la surveillance spéciale de la police pen­dant un terme de cinq à dix ans. Mais cette peine a été abolie par l'article,31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

CHAPITRE VIL - DES OUTRAGES PUBLICS AUX BONNES MŒURS.

ARTICLE 383.

Quiconque aura exposé, vendu ou distribué des chansons, pamphlets ou autres écrits imprimés ou non, des figures ou des images ,xmtraires aux bonnes mœurs, sera condamné à un emprisonnement de huit jours à six mois et à une amende de 26 francs à 500 francs.

[ Sera puni des mêmes peines quiconque aura chanté, lu, rr!cité, fait entendre ou tnoféré des obscénités dans les réunions ou lieux publics visés au § 2 de l'article 444. - Loi du 29 janvier 1905, art. 1er.]

Loi du 20 juin 1923.

ART. 1er. - L'article 383 du Code pénal est complété comme suit :

[Sera puni des mêmes peines :

Quiconque aura, en vue du commerce ou de la distribution, fabriqué, détenu, importé ou fait importer, transporté ou fait transporter, remis à' un agent de transport ou de distribution, annoncé par un moyen quelconque de publicité, des chansons, pamphlets, écrits, figures ou images contraires aux bonnes mœurs;

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70 AR'l'IOL'.ES 383 A 386bis

Quiconque aura exposé, vendu ou distribué des emblèmes ou objets contraires aux bonnes mœurs, !,es aura, en vue du commerce ou de la distribution, fabriqués ou détenus, importés ou fait importer, transportés ou fait transporter, remis à un agent de_transport ou de distribution, annoncés par un moyen quelconque de publicité. - Loi du 14 juin 1926, art. 1er.]

Quiconque aura, soit par l'exp9sition, la vente ou la distribution d'écrits imprimés ou non, soit par tout autre moyen de publicité, pré­conisé l'emploi de moyens quelconques de faire avorter une femme, aura fourni des indications sur la manière de se l,es procurer ou de s'en servir ou aura fait connaître, dans le but de les recommander, les personnes qui l,es appliquent.

Quiconque aura exposé, vèndu, distribué, fabriqué ou fait fabriquer, fait importer, fait transporter,- remis à un agent de transport ou de dis­tribution, annoncé par un moyen quelconque de pub1wité les drogues ou engins spécialement desti~ à faire avorter une femme ou annoncés comme tels.

Quiconque aura exposé ou distribué des objets .spécialement destinés à empêcher la conception ou aura fait de la réclam:e pour en favoriser la vente.

Quiconque aura, dans un but de lucre, favorisé !,es passiorJ,S d'autrui, en exposant, vendant ou distribuant des écrits imprimés ou non, qui divulguent des moyens d'empêcher la con,ception,, en préconisent l'emploi ou fournissent f],es indications sur la manière de se les procurer ou de s'en servir.

Quiconque aura, en vue du commerce ou de la distribution, fabriqué, fait fabriquer, fait importer, fait transporter, remis à un agent de trans­port ou de distribution, annoncé par un moyen quelconque de publicité les écrits visés dans l'alinéa précUent.

ÂRT. 2. - Tout Belge qui, hors le cas prévu à l'article 7 de la loi du 17 avril 1878, aura commis hors du territoire du royaume un des délits prévus par l,es articles 383 et 384 du Code pénal, pourra, s'il est trouvé en Belgique, y être poursuivi sur la plainte de l'étranger offensé ou de sa famille, ou sur un avis officiel donné à l'autorité belge par l'autorité du pays où le délit a été commis.

ARTICLE 384.

[Dans le cas prévu par l'article précédent, l'auteur de l'écrit, de la figure, de l'image ou de l'objet, sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 50 francs à 1.000 francs. - Loi du 14 juin 1926, art. 2.]

-~-~

.ABTIOLES 383 A 386bis 71

ARTICLE 385.

Quiconque aura publiquement outragé les mœurs par des actions qui blessent la pudeur, sera puni d'un emprisonnement de huit jours à un an et d'une amende de 26 francs à 500 francs.

[Si l'outrage a été commis en présence d'un enfant âgé de moins de seize ans accomplis, la peine sera d'un emprisonnement d'un mois à trois ans et d'une amende de 100 francs à 1.000 francs. - Loi du 15 mai 1912, art. 53.]

ARTICLE 386.

[Les peines prévues aux articles 383 et 385 pourront être porMes au double si le délit a ét,é, commis eni·ers des mine1irs. - Loi du 29 jan­vier 1905, art. 2.]

Dans les cas prévus au présent chapitre, les coupables pourront, de plus, être condamnés à l'interdiction des droits indiqués aux n°8 1, 3, 4 et 5 de l'article 31.

. ARTICLE 386bis.

[Est puni d'une amende de 26 francs à 500 francs, quiconque vend mi distribue à des enfants de moins de seize ans ou expose sur la voie publi­que ou le long de cellè-ci des images, figures ou objets indécents de rw,ture à troubler leur imagirw,tion. ·

Les images, figures et objets exposés, mis en vente ou en distribution, sont saisis par tout officier de police judiciaire sur mandat du juge de paîx du canton, et leur confiscation est toujours prononcée en cas de cvndamnation. - Loi du 31 mars 1936 modifiant l'article 386bis du Code pénal ajouté à ce Code par la loi du 18 mai 1932.]

Lol du 11 avril 1936

ART. 1er. - Le Roi peut, par arréM délibéré en conseil des Ministres, interdire l'introduction en Belgique de publications étrangères obscènes.

Le Roi détermine les conditions dans lesquelles les interdict·ions pro­noncées en vertu du présent article seront portées à la connaissance du public.

AR'L 2. - Seront punis d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende de 26 à 500 francs:

1° Ceux qui, en vue du commerce ou de la distribution, auront im­porté ou fait importer en Belgique des publications interdites en vertu de l'article 1er;

2° Ceux qui auront vendu, exposé en vente mi distribué une ou plu­sieurs de ces publications.

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72 ARTICLES 383 A 386bis

Le,s peines prévues pour les faits visés au 20 du présent article pour­ront être portées au double si le délit a été commis envers des mineurs.

En ce cas, le coupable pourra, de plus, être condamné à l'interdiction des droits indiqués aux n°8 1, 3, 4 et 5 de l'article 31 du Code pénal, pour un terme de cinq à dix ans.

Toutes les dispositions du livre Jer du Code pénal sont applicables aux délits prévus par la présente loi.

ART. 3. - Les publiwtions importées en contravention aux arrêtés pris en vertu de l'article 1er sont dans tO'Us les ws saisies et confisquées.

Si l'auteur de l'infraction n'est pas connu ou si l'action publique vient à s'éteindre avant que la juridiction de jugement soit saisie, la confiscation est ordonnée par la chambre du conseil.

OutrageB œiw mœurs prévus par l'article 383 du Code pénal. 2205. - Article · 383 du Code pénal et lois complémentaires. 2206. - Article 383, alinéa Jer,

2207. - Exposé, exposé en vente. 2208. - Impression d'un écrit contraire aux bonnes mœurs. 2209. - Degré de publicité requis par l'article 383. 2210. - Ecrits et images contraires aux bonnes mœurs. 2211. - Films cinématographiques. - Ouvrages artistiques ou scientifiques. 2212. - Délits de presse. -2213. - Annonces relatives à des écrits obscènes. 2214. - Ventes d'images reproduites au moyen de la presse. 2215. - Images accompagnées d'un texte écrit. 2216. - Code pénal, article 386bis, et loi du 11 avril 1936.

De l'outrage aua: mœurs par paroles obscènes. 2217. - Article 383, alinéa 2. - Loi du 29 janvier 1925, article 1••. 2218. - Outrages proférés. - Conversations particulières.

Dispositions additionnelleB à l'article 383 du Code pénal. - Article 884 nouveau. 2219. - Résumé des lois des 20 juin 1923 et 14 juin 1926. 1 ° Fabrication, déten-

tion, etc ... , chansons, pamphlets, etc. 2220. - 2° Drogues ou engins abortifs. 2221. - 3° Objets anticonceptionnels. 2222. - 4° Propagande anticonceptionnelle. - But de lucre. 2223. - Esprit dominant de cette législation. - Loi du 20 juin 1923. 2224. - Travaux préparatoires de la loi du 14 juin 1926. 2225. - Modifications à l'article 384 du Code pénal. 2226. - Délit de presse. Renvoi.

Des outrages publics aua: mœurs par actions. 2227. - Article 385 du Code pénal. 2228. - Présence d'un mineur de moins de seize ans. 2229. - Elément matériel. 2230. - Elément intentionnel. 2231. - Actions qui blessent la pudeur. 2232. - Publicité. - Nécessité essentielle. 2233. - Appréciation des tribunaux. - Travaux préparatoires. 2234. - Publicité éventuelle. - Témoin unique. 2231>. - Publicité rendue effective par le fait d'un tiers. 2236. - Orgies. 2237. - Témoins âgés de moins de seize ans. 2238. - Nudisme •

!

ARTICLES 383 A 386bis

DiBpoaitionB communes. 2289. - Article 386, alinéa 1•r. - Loi du 29 janvier 1905. 2240. - Article 58 de la loi du 15 mai 1912. 2241. - Concours de ces dispositions. 2242. - Article 386, alinéa 2. - Interdictions des droits.

Outrages aux mœurs prévus par l'article 383 du Code pénal.

73

2205. - L'article 383 du Code pénal a été considérablement amplifié par une série de lois complémentaires : lois des 29 janvier 1905, 20 juin 1923 et 14 jui.n 1926.

2206. - Le texte ancien, qui forme actuellement la disposition de l'alinéa 1er, réprime le fait de quiconque aura exposé, vendu ou dis­tribué des chansons, pamphlets ou autres écrits imprimés ou non, des figures ou images contraires aux bonnes mœurs.

2207. - Il n'est pas nécessaire que les images obscènes aient été · exposées en vue de la vente. La siinple exposition dans un lieu public caractérise le délit. - NYPELS-SERVAIS, art. 383, n° 2.

A été condamné sur le pied de l'article 383 du Code pénal, un indi­. vidu qui, dans un café, avait montré des images obsènes à plusieurs personnes. - Gand, 23 septembre 1926, Pas., 1927, Il, 37.

2208. - On admettait autrefois que l'imprimeur d'un écrit con­traire aux bonnes mœurs ne devient passible de la pénalité qu'à dater de l'exposition, de la vénte ou de la distribution de cet écrit. Mais sous l'empire de la loi du 20 juin 1923, modifiée par celle du 14 juin 1926, la fabrication d'un écrit contraire aux bonnes mœurs, en vue du commerce ou de la distribution, est une infraption con -sommée.

2209. - L'intitulé du chapitre VII porte : Outrage public aux . mœurs. Des faits purement privés pourraient donc constituer une infraction à d'autres dispositions pénales, par exemple s'ils réunis­saient les conditions d'une débauche de n:iineurs, mais ils ne seraient point susceptibles de tomber sous l'application de l'article 383 du Code pénal. ·

Cependant il importe de tenir compte qu'à la différence de l'arti­cle 385 du Code pénal, l'article 383 ne porte pas que l'exposition, la vente ou la distribution des écrits, images, etc., doit avoir lieu publiquement. Le but de la loi est d'empêcher la corruption des mœurs publiques par la diffusion des écrits ou des images pbscènes. Cette diffusion est possible et par suite il peut y avoir outrage public

74 . ARTICLES 383 A 386bi8

aux bonnes mœurs alors même que l'exposition, la vente ou la dis­tribution a lieu d'une manière plus ou moins clandestine. - Cass., 10 octobre 1887, Pas.; 1887, I, 368; cass., 17 mai 1943, Pas., 1943, I, 190.

2210. - Les écrits et images contraires aux bonnes mœu:rs sont les œuvres obscènes, c'est-à-dire celles qui visent à éveiller ou à sur­exciter les passions (NYPELS-SERVAIS, art. 383, n° 7). La distinction entre les «nus» artistiques et les dessins pornographiques est, avant tout, une question de fait.

Jugé que ce n'est pas la nudité qui, par elle seule, fait l'indécence d'une œuvre. Nous pensons que c'est avec raison que le tribunal correctionnel de Bruxelles a acquitté un prévenu alors qu'il estimait que, dans les images saisies, l'élément nudité n'affectait aucun carac­tère opposé à ce qu'exige la pudeur en raison de l'absence; d'une part, de toute attitude lubrique des personnes représentées, d'autre part, de tout détail sur lequel, dans la nudité des sujets exposés, l'auteur des images aurait appuyé au point de vue de la sensualité. Le tri­bunal constate, en outre, qu'aucune des femmes représentées ne fait un geste que condamne la pudeur et qu'aucune de leurs attitudes n'est équivoque. - Corr. Bruxelles, 2 juin 1939, Journ. trib., 1er octo­bre 1939, 512.

2211. -Jugé que tombe sous l'application de l'article 383 du Code pénal, la projection en public d'un film cinématogràphique qui, bien qu'ayant à certains égards un caractère scientifique, représente cepen­dant des scènes blessant la décence et l'honnêteté. Il en est ainsi d'un film qui exhibe,· sans voile aucun, les organes génitaux de la femme et fait assister le public à un véritable accouchement. - Corr. Bruxelles, 24 février 1923, Rev. dr. pén., 1923, 370; Rec. somm., 1923, n° 1630.

Il a toujours été admis qu'en l'absence d'une disposition particu­lière inscrite dans la loi, le dol ordinaire suffit pour caractériser le délit <l'outrage aux mœurs. Il ne faut donc pas que le prévenu ait été mu par ce dessein ou la volonté d'outrager les mœurs. Il suffit que, connaissant le caractère obscène de l'image de nature à offenser la pudeur de ceux qui la ver1'ont, il l'a néanmoins volontairement transportée ou fait transporter dans le but de la vendre ou de la dis­tribuer. - Liège, 11 juin 1931, Pand. pér., 1931, 252.

Cet arrêt a été réformé sur un autre point, par cassation, 7 décem-bre 1931, Pas'., 1932, I, 2. ·

L'arrêt de la cour d'appel de Liège en date du 11 juin 1931 (pré­cité) avait jugé que le mobile auquel le prévenu a obéi est indifférent à l'existence du délit et ne peut influencer que le degré de culpabilité.

A cet égard la coùr de cassation a accueilli la thèse de la défense suivant laquelle les images incriminées n'étaient point punissables

ARTICLES 383 A •386bis 75

parce qu'elles faisaient partie intégrante d'un ouvrage scientifique et de documentation. Les travaux de la science, porte l'arrêt, sont, par l'intention qui les inspire et par leur nature, étrangers à toute notion d'outrages aux mœurs; spécialement les images qui, publiées isolément, pourraient être. considérées comme contraires aux mœurs, perdent tout caractère délictueux lorsqu'elles font partie intégrante d'une publication scientifique à laquelle elles se rattachent à titre de documents, de matériaux d'études ou d'illustrations- explicatives. - Cass., 7 décembre 1931, Pas., 1932, I, 2.

D'après le même arrêt précité de la cour d'appel de Liège en date du 11 juin 1931, on ne saurait, sans porter atteinte à la règle consa­crée par l'article 14 de la Constitution, refuser en principe à l'auteur

. d'un tel ouvrage la faculté d'y insérer des éléments graphiques quels qu'ils soient.

Il incombe aux juges saisis des poursuites de rechercher si la pré­tention de l'auteur d'avoir usé de ce droit civil est fondée en fait, si l'ouvrage a réellement, par sa matière, par son esprit et pa,r sa destination, la portée scientifique qui lui est attribuée et si les images qu'il renferme ou qui y sont annexées ont avec lui un lien intellectuel véritable.

Jugé qu'il n'est pas interdit de façon absolue de reproduire des œuvres qui, en elles-mêmes, offensent la pudeur. Leur reproduction, pourvu qu'elle soit faite sans fraude dans un ouvrage véritablement scientifique, n'est pas défendue.

La loi n'e~clut pas de cette catégorie d'ouvrages tout catalogue indistinctement. I1 faut tenir compte des intentions de l'auteur, de la nature des publications et du public auquel elles s'adressent.·~ Cass., 7 décembre 1931, précité.

Au cas où l'auteur aurait cherché à couvrir. de la seule apparence d'une œuvre scientifique des faits que la loi punit, il ne saurait échap­per à l'application de celle-ci. - Cass., 7 décembre 1931, précité.

Jugé de même qu'une œuvre de documentation iconographique et artistique, non destinée à la• publicité mais réservée aux bibliothèques, cabinets d'estampes, bibliophiles, artistes ou collectionneurs, ne peut être considérée comme contraire aux bonnes mœurs alors même qu'elle contient des images qui, envisagées séparément, sont incon­testablement contraires aux mœurs et que celui qui les ferait isolé­ment importer ou transporter en vue du commerce ou de la distri­bution pourrait être passible des peines prévues par l'article 383 du Code pénal. - Bruxelles, 1er juillet 1932, Pas., 1933, II, 50.

L'immunité est toutefois subordonnée à la condition que l'auteur ait visé un but exclusivement documentaire. L'ensemble de l'ouvrage et spécialement les indications se rapportant à chacune des planches, font éventuellement constater qqe l'auteur n'a été animé .que de

76 ARTICL)!:S 383 A 386bis

cette intention et n'a poursuivi que cette fin. - Bruxelles, 1er juil­let 1932, précité.

La portée scientifique d'un ouvrage ne peut être contestée quand il est constant que l' œuvre eût perdu le çaractère de documentation artistique et n'eût pas. atteint son but si on en avait exclu la repro­duction de certaines images incriminées. La précaution consistant à séparer ces images et à les réunir dans une annexe est une mesure de discrétion permettant la communication éventuelle de l'ouvrage à une personne appelée à le consulter mais dont la pudeur pourrait être offensée par l'inspection des dites images. - Bruxelles, 1er juil-let 1932, précité. .

Jugé que si le talent de dessinateur est, à l'exclusion des sujets traités, à même d'accaparer l'attention de quelque autre spécialité du dessin; le· caractère obscène de ces sujets n'en subsiste pas moins.

Si les images obsènes ont, en vue de la vente, été réunies en cata­logue avec d'autres qui sont irréprochables, les tribunaux doivent prêter attention à l'avis d'artistes avertis pour connaître l'utilité plus ou moins grande de cet ouvrage pour l'étude et pour le perfection­nement de la technique de leur art. Il peut résulter de l'intérêt docu­mentaire et de l'utilité technique même de l'ouvrage qu'il constitue un véritable instrument de travail et ne peut en conséquence être rangé dans la catégorie infamante des œuvres contraires aux bonnes mœurs. - Corr. Liège, 26 février 1930, Parul. pér., 1930, 271.

2212. - Lorsque l'infraction prévue par l'article 383 du Code pénal est commise au moyen d'écrits imprimés, elle constitue un délit de presse <cass., 22 mai 1922, Pas., 1922, I, 315). Aux termes de l'ar­ticle 18 de la Constitution, lorsque l'auteur est connu et domicilié en Belgique, l'éditeur, l'imprimeur ou le distributeur ne peut être poursuivi. - Adde : supra, n° 126.

L'immoralité d'un écrit ne se manifeste que par la pensée qui y est exprimée. Pour constater l'existence du délit dans un écrit, il faut se livrer à l'appréciation de sa portée morale et de l'impression qu'il est destiné à produire. C'est cette appréciation de la pensée de l'auteur de l'écrit que la Constitution a entendu réserver au jury lorsqu'il s'agit d'un écrit imprimé (Constitution, art. 98). Lors de la discussion de la loi du 14 juin 1926, à la Chambre des représentants, il a été reconnu que la loi nouvelle, pas plus que celle du 20 juin 1923, n'apportait de modifications aux principes établis par la Constitution. --Cass., 12 mai 1930, Pas., 1930, I, 211.

2213. - Suivant une doctrine autrefois admise par la cour de cassation, le fait de publier par la voie de la presse de simples annonces relatives à des écrits contraires aux bonnes mœurs, ne constitue pas un délit de presse. Lorsque ce n'est pas la publication de livres men­tionnés dans le libellé d'une prévention qui est reprochée à un pré-

, ARTICLES 383 A 386bis 77

venu, que seules les annonces de ces livres sont incriminées, qu'i est constaté en fait que ces annonces contiennent uniquement des indications relatives aux titres des livres, à leur prix et à l'adresse de la maison qui l~s vend, c'est-à-dire des renseignements, ces annon-, ces ne sont l'expression d'aucune pensée ou opinion et il n'y a pas de délit de presse.

En garantissant la liberté de la presse par les dispositions combi­nées des articles 18 et 98 de la Constitution, le Congrès national a entendu sauvegarder la liberté de manifester les opinions par la voie de la presse, c'est-à-dire au moyen de publications imprimées, mais non la liberté de la publicité ou de la réclame comme telle. A défaut de l'expression d'une pensée ou d'une opinion, la circonstance que l'annonce ou la réclame ont été faites dans des journaux imprimés ne suffit pas à donner à une infraction le caractère d'un délit de presse. - Cass., 9 novembre 1925, Pas., 1926, I, 51.

Mais ultérieurement, la cour de cassation a décidé qu'une annonce incriminée n'est punissable que pour autant qu'elle ait pour objet un écrit contraire aux bonnes mœurs.

Il s'ensuit que le caractère immoral de cet écrit constitue un élé;. ment essentiel du délit qui ne peut être constaté que par l'apprécia­tion de l'écrit lui-même, au point de vue de la pensée qu'il exprime. C'est précisément l'appréciation de cette pensée que la Constitution. a entendu résèrver au jury, lorsqu'il s'agit d'un écrit imprimé, en_ disposant qu'il est établi pour les délits de presse.

Les travaux préparatoires de là loi du 14 juin 1926 et de celle du 20 juin 1923 prouvent que le législateur n'a entendu apporter aucune, modification aux principes établis en cette matière par la Constitu­tion. - Cass., 8 juillet 1930, Pas., 1930, I, 299.

2214. - Les règles constitutionnelles relatives à la liberté de la presse ne sauraient être invoquées lorsqu'il s'agit de l'exposition ou de la vente d'images contraires aux bonnes mœurs, ces images fussent­elles reproduites au moyen de la presse. Pareille infraction ne consti­tue pas un délit d'opinion ou de discussion et reste par suite soumise aux règles du droit commun. - Cass., 10 octobre ~887, Pas., 1887, I, 368; NYPELS-SERVAIS, art. 383, no 13.

2215. - La règle qui vient d'être indiquée s'applique à une pré­vention d'outrages aux mœurs par la vente d'images, encore que celles-ci soient accompagnées de légendes ou d'autres textes imprimés, si ces légendes ou ces textes ne font point partie de la prévention. - Cass., 17 mars 1890, Pas., 1890, I, 117.

2216. - Adde : Code pénal: article 386bis, et la loi du 11 avril 1936 permettant au gouvernement d'interdire l'entrée en Belgique de cer .. taines publications étrangères.

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78_ ARTIOLl!ls 383 A 386bis

Voir le texte de ces dispositions légales en tête du présent chapitre. L'article 386bis nouveau du Code pénal contient une règle de pro­

cédure. Le rapport au comité permanent du Conseil de législation porte à cet égard :

« Sans préjudice du· droit du juge d'instruction, la saisie par un officier de la police judiciaire sera possible, mais seulement, même en cas de flagrant délit, avec l'autorisation du juge de paix ».

Ce n'est là qu'une règle propre à la saisie. La preuve de l'infraction peut toujours être faite par toutes voies de droit. - SCHUIND, Droit criminel, 2e éd., t. Jer, p. 200.

De l'outrage aux mœurs par paroles obscènes.

2217. _:_ Le second alinéa de l'article 383 du Code pénal (loi du 29 janvier 1905, art. 1er) réprime par les peines portées en l'alinéa précédent le fait de quiconque aura chanté, lu, récité, fait entendre ou proféré des obscénités dans les réunions ou lieux publics visés à alinéa 2 de l'article 444_ du Codé pénal.

2218. - Cette disposition a été appliquée dans un cas d'espèce où le prévenu avait fait entendre ou proféré des obscénités dans un square ouvert au public, en présence de mineurs, dans des circonstances qui étaient exclusives d'une conversation r,articulière entre deux per­sonnes. _: Cass., 20 juin 1927, Pas., 1927, I, 258 .

. _

Dispositions additionnelles à l'article 383 du Code pénal .

.Article 384 nouveau.

2219. - Nous avons reproduit sous l'article 383 du Code pénal les dispositions de la loi du 20 juin 1923, avec les modifications qui y ont été apportées par la loi du 14 juin 1926.

Ces dispositions visent principalement quatre ordres de faits : 1° La fabrication, la détention; l'importation ou l'ordre d'importer,

le transport ou l'ordre de transporter, etc., de chansons, pamphlets, écrits, figures et images contraires aux bonnes mœurs, en vue du commerce ou de l,a distribution. Ou encore : l'exposition, la vente, la distribution d'emblèmes ou objets contraires aux bonnes mœurs, et en vue du commeroo ou de la distribution, la fabrication, détention, importation, etc.; de ces emblèmes ou objets.

2220. - 2° L'exposition, la vente, la distribution, etc., de dro­gues ou engins spécialement destinés à faire avorter une femme ou annoncés comme tels. ·

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ARTIOL'.ES 383 A 386bis 79

2221..- 3° L'exposition en vente ou la distribution des objets spé­cialem~nt destinés à empêcher la conception ou les annonces pour en favoriser la vente.

2222. - 4° Le fait de favoriser les passions d'autrui, en· expo­sant, vendant, distribuant, dar,,s un but de lucre, des écrits imprimés ou non qui divulguent les moyens d'empêcher la conception, en recommandant l'emploi ou fournissant des indications sur les manières de se les procurer, ou de s'en servir.

La fabrication, le transport; etc., en vue du commerce ou de l,a distri­bution, des écrits dont il s'agit.

2223. - Les travaux préparatoires des lois du 20 juin i923 et du 14 juin 1926 sont reproduits, en de larges extraits, dans la Pasi­nomie. Nous estimons pouvoir synthétiser la pensée du législateur en disant que ce qu'on a entendu réprimer, c'est le trafic pornogra­phique, le trafic des drogues ou engins abortifs, le trafic des objets ou écrits anticonceptionnels.

Le Rapport fait au Sénat par M. Vauthier à l'appui de la loi du 20 juin 1923, prouve nettement qu'on n'a pas eu en vue de protéger dans la loi, ni certaines doctrines économiques, ni certaines doctrines morales : « Il s'agit uniquement de défendre ce qu'il est permis d'ap,­peler la pudeur publique contre des étalages et des réclames dont le cynisme offense, depuis longtemps, les âmes délicates. Il s'agit · aussi de mettre un frein à une propagande dont l'immoralité, lorsqu'elle procède d'une pensée de lucre, constitue pour la société entière un indubitable péril. Qu'on ne vienne pas nous parler à cette occasion de malthusianisme, de néomalthusianisme ou d'antimalthu­sianisme. Négligeons ces controverses au cours desquelles des opi- · nions opposées peuvent être défendues avec une égale bonne foi et avec la même élévation d'esprit, avec un souci pareillement pro­fond des préceptes de la loi morale. Quelque opinion que l'on pro­fesse au sujet de ces dissidences, 9n doit être d'accord pour con­damner une propagande intéressée, dont le résultat et peut-être le but est de discréditer, sinon même d'avilir, l'idée de paternité ou de maternité chez les hommes et chez les femines dont dépend l'avenir de la race. Tenons pour assuré que les exigences de l'hy­giène et les libertés dont ne saurait se passer la discussion scienti­fiq_ue ne sont aucunement mises en péril par le projet de loi ». -Pasinomie, 1923, p. 361.

2224. - Le Rapport de la Section centrale de la Chambre des représentants (rapporteur, M. S!J).zot) et les déclarations du Ministre de · 1a justice à la Chambre des représentants, à propos de la loi du 14 juin 1926, ont nettement mis en lumière :

1 ° .. Que la détention de certains objets ·ou engins, par un parti-

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80 ARTICLllJS 383 A 386bis

eu.lier, ne tombe pas sous l'application du texte même de la ,législa­tion, qui ne vise que la détention en vue du commerce ou de la· dis­tribution;

2° Que le transporteur ne peut être poursuivi alors qu'il ignore l'acte qu'on lui fait commettre; l'imputabilité est un élément essen­tiel du délit ;

3° Que des opérations telles que les prêts, les échanges entre par­ticuliers d'objets, figures ou écrits contraires aux bonnes mœurs ne sont pas non plus prévues par les lois du 20 juin 1923 et du 14 juin 1926. - Pasinomie, 1926, p. 396 et 401.

2225. - La modification apportée à l'article 384 du Code pénal n'a eu d'autre objet que de mettre cette disposition en harmonie avec

. les compléments apportés à l'article 383 du même Code. - Rapp. Chambre, loi du 14 juin 1926, Pasinomie, 1926, p. 397.

2226. - Rappelons que lorsqu'un écrit fait l'objet d'une préven­tion pour délit de presse (supra, n° 2212) quand l'auteur est connu et domicilié en Belgique, l'éditeur, l'imprimeur et le distributeur ne peuvent être poursuivis. - Constitution, art. 18. ·

Des outrages publics aux mœurs par actions.

2227. - L'article 385 du Codé pénal réprime le fait de quiconque · . outrage publiquement les mœurs par des actions qui blessent la pudeur.

2228. - La peine normale du fait est majorée, en vertu de l'ar­ticle 53 de la loi du 15 mai 1912, si l'outrage a été commis en présence d'un enfant de moins de seize ans accomplis. - Adde : infra, n°8 2239 et suiv. ; art. 386 du Code pénal.

2229. - L'article 330 du Code pénal de 1810, correspondant à notre article 385. actuel, punissait celui qui a commis un outrage

· public à la pudeur. On entendait généralement par là qu'il fallait que l'outrage consistât en un acte. C'est pour confirmer cette inter-

. prétation, sans qfaucun doute puisse subsister à cet égard, que les auteurs du Code pénal ont expressément rédigé l'article dans sa forme actuelle ... « par des actions qui blessent la pudeur ... » (Exposé des motifs, II, n° 47). La nécessité d'un acte matériel comme élément du délit est donc absolument certaine.

2230. - L'élément intentionnel requis pour l'existence du délit · prévu à l'article 385, c'est le dol ordinaire. - NYPELS-SERVAIS,

art. 385, n° 12. · Jugé que lorsque l'inculpé se trouve dans un état physique qui,

· de l'avis des médecins légistes, dut avoir une influence marquée sur

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ARTIOLl!lS 383 A 386bis 81

son état psychique au moment des faits, et que de cet élément, rap­proché des circonstances de la cause; il semble résulter que l'inculpé, en commettant le fait qui lui est reproché, a été contraint par une force .à laquelle il ne put résister, il n'y a pas d'infraction. - Bruxelles, 17 janvier 1908, Pand. pér., 1908, 260.

Le tribunal de simple police de Huy a appliqué la jurisprudence qui précède, en termes à la fois très littéraires, très humoristiques et très juridiques, en acquittant un inculpé poursuivi du chef <l'ou­trage public aux bonnes mœurs, alors qu'il avait été physiquement contraint par une force irrésistible d'arroser publiquement les murailles d'une propriété privée. - Pol. Huy,. Il juillet 1929, Pand. pér., 1930, 302.

2231. - Outrager les mœurs par des actions qui blessent la pudeur, c'est commettre un acte qui fait rougir la pudeur. -NYPELS-SERVAIS, art. 385, n° 11.

Jugé que le fait d'exposer à la devanture d'un magasin d'articles de caoutchouc, certains objets d'un usage intime dont la vue est de nature à éveillerTidée d'actes que la morale réprouve, constitue l'ou­trage public aux mœurs. Le fait d'étaler publiquement ces produits d'une industrie spéciale favorisant la débauche est incontestablement une action qui blesse. la pudeur (cass., 27 novembre 1911, Pand. pér., 1912, n° 1094). Pareil fait tomberait certainement sous l'appli­cation des lois complémentaires de l'article 383 qui ont été indiquées plus haut. - Supra, n°8 2219 et suivants.

2232. - Il faut, en outre, que cette action ait été commise avec la publicité requise par la loi. C'est souvent même cette publicité qui caractérise l'infraction. Tels actes de la vie intime qui ne consti­tuent en rien des délits, tombent sous le coup de la loi pénale parce

. qu'il sont posés « publiquement ». La publicité est, en tout cas, une èondition essentielle de l'infraction. - Rapp. Sénat, VI, n° 41.

2233. - La loi abandonne à l'appréciation des juges le soin de décider ce qui constitue la publicité .de l'outrage. Celle-ci comprend tous les genres de publicité que l'outrage aux mœurs est susceptible d'avoir, soit par le lieu où il est commis, soit par .les circonstances dont il est accompagné. Ainsi l'outrage est réputé public quoique commis dans un champ non dépouillé de sa récolte, mais à la vue de quelques personnes. L'outrage commis dans la rue est également con­f>idéré comme public, quoiqu'il ait lieu la nuit. - Rapp. Chambre, III, n° 43.

2234. - La publicité que requiert le délit <l'outrage public aux mœurs prévu par l'article 385 du C9de pénal existe dès que les faits immoraux ont été vus ou ont pu être vus ne fût-ce que par un seul témoin, si celui-ci, sans devoir à cette fin modifier l'état des lieux,

82 ARTICLES 383 .A 386bis

a pu percevoir l'acte impudique. - Cass., 7 août 1925; Pas., 192Q, I, 382. .

L'outrage offense la pudeur publique dès qu'il s'est produit dans un lieu où il a pu être vu, même fortuitement, par une ou plusieurs personnes. - Cass., 13 mai 1919, Pas., 1919, I, 142.

Au point de vue de la publicité de l'outrage aux mœurs par action, signalons cette décision de la cour de cassation de France :

Les demandeurs en cassation avaient été condamnés pour outrages publics à la pudeur; il était constaté que les faits se seraient passés à l'intérieur d'une voiture automobile constituant un lieu privé. La publicité ne peut résulter, disait-on, ni du fait que la voiture se trou­vait dans une forêt, ni du fait que les prévenus en auraient été les. témoins volontaires, en dehors de toute constatation établissant que l'acte litigieux avait été ou aurait pu être vu du public.

La cour de cassation a rejeté cette thèse par les considérations suivantes : il résulte du témoignage de la demoiselle P. et de l'aveu des prévenus que ces derniers ont conduit la dite jeune fille en auto­mobile dans la forêt de Baïssem. Là jls se sont livrés sur celle-ci, dans la voiture, à des attouchements, à des actes obscènes et à des rapprochements intimes, dont certains contre nature. La publicité résulte de ce fait que ces actes ont été accomplis dans la voiture dans des conditions telles qu'il est constant que des tiers, passant à pro­ximité, auraient pu les apercevoir. - Cass. française, 18 juillet 1930, Pas. belge, 1935, Il, 45.

En ce qui concerne la publicité résultant de la présence de témoins volontaires â.gés de plus de 16 ans, adde : infra, n° 2236.

Si les témoins volontaires sont des mineurs de moins de 16 ans, adde : infra, n° 2237.

2235. - Dès qu'une publicité possible existe, l'infraction est con­sommée. Par conséquent, dans le cas où une personne commettrait un outrage aux mœurs, par exemple sur la voie publique, et qu'une autre personne rendrait cette publicité effective parce que ses rires bruyants auraient attiré l'attention des passants sur l'acte immoral, nous estimons que cette seconde personne ne devrait pas être condam­née comme coauteur de l'infraction commise par la première. Dans èette hypothèse, cette seconde personne ne veut pas elle-même outra­ger la pudeur. A cet égard, l'élément intentionnel fait défaut. Et de plus elle ne participe en rien à la matérialité du délit puisque celui-ci était consommé par l'existence de la pùblicité possible. -

2236. - Lorsque plusieurs individus coopèrent enseJllble dans un -lieu privé, inaccessible aux regards du public, à un acte obscène, leur présence simultanée et leur assistance à leurs actions respectives n'entourent pas celle-ci de la publicité requise (NYP'.ELS-SERV AIS,

art. 385, n° 7). Cette considération n_'est évidemment vraie que si

ARTICLlllS 383 A 386bis 83

toutes les personnes présentes participent ou assistent au moins volonwirement à l'orgie. Ainsi nous pensons qu'il y aurait lieu de suivre la doctrine de cette décision de la cour de cassation relative au fait suivant: un individu s'est livré dans sa demeure à des actes obscènes sur la personne de deux jeunes filles couchées avec lui sur le même lit; il a possédé à plusieurs reprises l'une d'elles malgré ses protestations et ses cris; dans les mêmes circonstances, il a tenté d'avoir des rela­tions intimes avec l'autre jeune fille dont il n'a pu vaincre la résistance et à laquelle il a fait subir des attouchements impudiques. Un outrage devient public, porte l'arrêt, lorsque, accompli dans un lieu privé, il a pu être aperçu par des tiers à défaut de précautions suffisantes prises par l'auteur. Dans la cause, les deux jeunes filles ont été, tour à tour, victimes et témoins des outrages infligés par le prévenu à la pudeur de chacune d'elles. - Cass. française, 5 juin 1920, Pas. belge, 1922, II, 62.

En résumé, la généralité des auteurs et dela jurisprudence consi­dèrent comme non punissables des actes obscènes commis, même par plus de deux personnes, dans des scènes collectives de débauche, telles celles dites « parties carrées », à condition que des tiers n'y· assistent pas ou ne puissent pas les voir.

Lorsqu'un acte obscène est commis dans un lieu privé inaccessible aux regards du public, il ne peut constituer un délit que s'il a été fait violence aux sentiments de pudeur de quelqu'un en lui imposant contre sa volonté un spectacle de nature à blesser sa pudeur. Pareil acte ne constitue pas un délit si le fait a eu lieu en présence de témoins volontaires consentant librement à ce que l'acte soit perpétré devant eux. - Bruxelles, 12 avril 1941, Pas., 1944, II, 7.

On cite en sens contraire, Gand, 18 décembre 1926, Pas., 1927, Il, 52. Mais il ne résulte pas des termes de cet arrêt que tous les assis­tants étaient majeurs ..

2237. - La jurisprudence et la doctrine tiennent pour punissables les actes dont il s'agit au n° 2236, ci-dessus, si l'un tout au moins des participants n'a pas l'âge ·ni le discernement nécessaires pour y consentir valablement; tel est le cas des mineurs âgés de moins de seize ans, la loi ayant entendu les protéger spécialement. Pour les mineurs âgés de plus de seize ans, la loi du 15 mai 1912 sur la pro­tection de l'enfance a créé une présomption de discernement. - Bru­xelles, 12 avril 1941, Pas., 1944, Il, 7.

Si un individu s'enferme dans sa demeure avec un jeune enfant ·et exhibe là ses organes sexuels, il y a outrage public à la pudeur parce que l'enfant a été le témoin involontaire de l'acte obscène. -NYPELS­

SERVAIS, art. 385, n° 7.·

2238. - Les pratiques nudistes ont été assez récemment discutées

/

L ,,

84 ARTICLlllS 383 A 386bis

devant nos tribunaux au point de vue de l'existence du délit d'outrage public aux mœurs par des actions qui blessent la pudeur.

Un jugement du tribunal correctionnel de Gand en date du 31 jan­vier 1931 a estimé que blesse nécessairement la pudeur le fait d'un père de famille de se montrer complètement dévêtu devant deux enfants également nus qui n'avaient ni l'un ni l'autre atteint l'âge de seize ans accomplis. L'outrage à la pudeur est établi, d'après le tribunal, parce que le prévenu avait spontanément clôturé de toile et"de palissades les endroits où il se livrait dévêtu à des exercices physiques. S'il a cru devoir se soustraire ainsi aux regards des tiers► c'est bien qu'il savait que pareil spectacle aurait offensé leur pudeur. - Corr. Gand, 31 janvier 1931, Pas., 1931, III, 58.

Les pratiques nudisyes ont, d'autre part, donné lieu à une décisi~ du tribunal correctionnel de Bruxelles, en date du 5 juillet 1933 (Rev. dr. pén., 1933, 883). D'après cette décision le fait de s'exhiber, dépouillé de tout vêtement, aux regards du public, est de nature à blesser la pudeur publique et constitue un outrage public à la pudeur. La condition de publicité est remplie dès que le fait s'est produit dans un lieu où le prévenu.~ pu être vu par une ou plusieurs personnes nième si celles-ci ont été des témoins volontaires. Le mobile qui a déterminé le coupable et le but qu'il poursuit importent peu. L'inten­tion délictueuse requise par la loi existe dès que le prévenu a pu et a dû prévoir qu'il serait aperçu ou même surpris ou épié.

Nous pensons que le tribunal correctionnel de Gand avait raison lorsqu'il proclamait, en prinuipe, que les pratiques nudistes sont de nature à blesser l,a pudeur publique dans l'état actuel de nos mœurs. C'est donc à juste titre qu'on estime que le nudisme ne peut pas être pratiqué dans des conditions telles que ceux qui s'y livrent soient aperçus ou s'exposent à être aperçus par une ou plusieurs tierces personnes. Mais alors, tout au moins à l'égard des tiers, il n'y avait pas d'infraction en fait puisque le jugement constate que le prévenu s'était soustrait aux regards des tiers par des clôtures de toile et par des palissades.

Faut-il admettre dès lors qu'il y avait néanmoins infraction parce que, dans l'espèce dont il s'agit, un père s'était montré complètement dévêtu devant ses enfants mineurs ?

Il est certain que beaucoup dé parents ont actuellement jugé utile d'accoutumer leurs enfants à ne pas se trouver gênés d'être nus devant eux ni à voir leurs parents nus, par exemple à l'occasion du bain. Pareille éducation serait évidemment inadmissible s'il s'agis­sait de faire assister des enfants mineurs au spectacle de relations conjugales entre leurs parents. Mais en ce qui concerne la vie ordi­naire (gympastique, toilette courante, etc.), nous pensons que le droit pénal n'a pas à s'ingérer dans ces conceptions tant que leur

ARTICLES 383 A 386bis 85

mise en application demeure limitée en deçà de ce qui n'est pas évi­demment répréhensible. Quand l'accoutumance dont il s'agit existe, la pudeur des enfants n'est pas outragée en fait et il n'y a pas d'in­fraction faute d'élément matériel et à défaut d'élément intentionnel.

Quant à ce qui concerne la publicité du nudisme à l'égard des tiers, témoins volontaires ou non, nous estimons qu'une grande cir­conspection s'impose dans l'exercice dù droit de poursuite. Celui qui se dépouille de tout vêtement dans un endroit tel et dans des condi­tions telles qu'il soit vu ou qu'il puisse être vu nu par certains tiers, celui-là, disons-nous, blesse évidemment la pudeur dans l'ét,at actuel de nos mœurs. Notons qu'il n'en fut pas toujours ainsi et qu'il n'en sera peut-être pas toujours ainsi. Mais si les nudistes ont pris des pré­cautions suffisantes pour que les témoins possibles ou réels, volon­taires ou non, ne puissent pratiquement rien voir et pas même dis­tinguer le sexe des êtres humains plus ou moins distinctement aper­çus, la pudeur de ces témoins ne peut guère être plus offensée que s'ils passaient devant un local rigoureusement fermé à la vue et où ils sauraient que les nudistes prennent leurs ébats.

Ce dont il faut surtout se garder, c'est de vouloir faire servir le droit pénaL et les tribunaux répressifs à une conception déterminée de la morâ'le. Sans doute il y a un trouble social dans tout étalage de pratiques, quelles qu'elles soient, qui peuvent corrompre des tiers ou les inciter au mal. Même de légitimes époux ne peuvent pas se donner volontairement en spectacle à l'occasion de leur vie conju-

-gale, encore que beaucoup en riraient sans en être offusqués. Mais lorsque la pudeur normale et moyenne. n'est pas offensée, l'action pénale ne se justifie pas. Pense-t-on que la pudeur des spectateurs était offensée dans les spectacles antiques lorsque les assistants apercevaient la nudité des athlètes ? Au moyen âge, les condamnés destinés à être brûlés vifs n'étaient-ils pas très souvent conduits nus jusqu'au lieu du supplice? Plus tard, ne vit-on pas régulièrement figurer des pu­celles nues sur les chars des cortèges des Joyeuses Entrées princières? Et certaines modes balnéaires actuellement admises par tous à nos plages (nous ne parlons pas des exagérations indéfendables) n'au­raient-elles pas soulevé un tollé général il y a quelques années ? Et quant au plus ancien bourgeois de Bruxelles, le public, en général, n'est-il pas pleinement accoutumé à voir, sinon à contempler, la nudité de Manneken-Pis? Nous citons ce dernier exemple parce qu'il montre bien l'influence très réelle des facteurs psychologiques dans le problème actuellement étudié : les nus complets qu'on peut voir dans les musées de peinture ou de sculpture et même parfois dans les églises, ne scandalisent généralement personne.

Au contraire, qu'on prenne le cas d'un exhibitionniste. Son geste offusquera la pudeur moyenne· même déjà lorsque son acte n'est

86 .ARTIOL:ES 383 A 386bis

qu'à l'état préparatoire et que l'exhibition, non encore effectivement réalisée, est seulement esquissée. ·

Dispositions communes.

2239. - La loi du 29 janvier 1905 a ajouté à l'article 386 du Code pénal la disposition qui forme le premier alinéa de cet article et en vertu duquel les peines prévues aux articles 383 et 385 pourront être portées au double si le délit a été commis envers des mineurs.

2240. :__ Nous avons vu plus haut, n° 2228, qu'en vertu de l'arti­cle 53 de la loi du 15 mai 1912, les peines portées à l'article 385 sont majorées si l'outrage public aux mœurs a été commis en présence de mineurs.

La différence entre ces deux dispositions consiste en ceci :

1° La loi du 29 janvier 1905 affecte à la fois l'article 383 et l'arti­. cle 385 du Code pénal ;

2° Elle double les peines de ces deux articles, tandis· que l'article 53 de la loi du 15 mai 1912 majore dans une proportion plus forte les peines, mais seulement celles de l'article 385 ; · 3° La loi de 1905 concerne tous les mineurs; celle de 1912 ne vise que les mineurs de moins de seize ans accomplis ;

4° La loi de 1912 porte: en présence d'un enfant de moins de seize ans accomplis. La loi de 1905 s'exprime au contraire ainsi : ... si le délit a été commis envers des mineurs.

Cette expression de la loi de 1905 a été employée à dessein. Les mots envers des mineurs ont été substitués intentionnellement à la . locution en présence de mineurs. On a voulu indiquer par là que, pour constituer la circonstance aggravante, il faut plus que la simple pré­sence du mineur, que cette présence a dû se révéler à l'agent. Rapp. Sénat, loi 29 janvier 1905, Pasinomie, 1905, p. 34 .•

2241. - Comment faut-il concilier ces diverses dispositions? 1 ° Pour les cas prévus à l'article 383 et par les dispositions incor­

porées à cet article par les lois de 1905, de 1923 et de 1926, la solution est simple. Il n'y a qu'à appliquer la disposition nouvelle de l'arti­cle 386, alinéa 1er, du Code pénal. Si l'infraction a été commise envers un mineur, eût-il plus de seize àns, les peines de l'article 383 sont dou­blées;

2° Dans les cas d'outrages publics aux mœurs par des actions qui blessent la pudeur, si des mineurs sont présents et que ces mineurs ont moins de seize ans accomplis, c'est la loi du 15 mai 1912, article 53, qui s'applique puisqu'elle est postérieure à celle du 29 janvier 1905.

. '

.ARTICL:ES 383 A 386bi8. - .ARTICLES 387 A 391 87

Le maximum de la peine d'emprisonnement est triplé. - Code pénal, art. 385 nouveau ;

3° Dans les cas d'outrages publics aux mœurs par des actions qui blessent la pudeur, si le délit a été commis envers des mineurs et que ceux-ci ont plus de seize ans accomplis, les peines de l'article 385 sont doublées en vertu de l'article 386, alinéa 1er.

2242. - Le second alinéa de l'article 386 commine une peine d'in­terdiction des droits indiqués aux n°8 1, 3, 4 et 5 de l'article 31. Cette peine ~ccessoire peut être ajoutée à toutes les condamnations encou­rues sur le pied des articles 383, 384 et 385 du Code pénal ainsi que des dispositions incorporées à ces articles. Le texte de cet alinéa 2 de l'article 386 porte en effet qu'il est applicable <( dans tous les cas prévus au présent chapitre ».

·oHAPITRE VIII. - DE L'ADULTÈRE ET DE LA BIGAMIE.

ARTICLE 387.

La femme CO'll,va,incue d'aduUère sera condamnée à un emprisonnement de trois mois à deux ans.

Le mari restera l,e mattre d'arrêter l'effet de cette condamnation, en consentant à reprendre sa femme.

ARTICLE 388.

La peine tp0rœe par l'article préddent sera appliquée au complice de la femme adultère.

Les seules preuves qui tp0urront être admises C011,tre ce complice seront, outre le flagrant délit, celles qui résulteront de T,ettres ou autres pièces écrites par lui.

ARTICLE 389.

Le mari convaincu d'avoir entretenu une concubine dans la maison conjugal,e sera condamné à un emprisonnement d'un mois à un an.

La femme pourra arrêter l'effet de cette condamnation, en demandant l'e'largissement de son mari.

ARTICLE 390.

La poursuite ou la condamnation tp0ur adultère ne pourra avoir lieu que s,ur la plainte de l'é'fJOUX qui se prétendra offensé.

"{

88 ARTICLES 387 A 391

ARTICLE 391:

Quiconque, étant engagé dans les liens du mariage, en aura contracté un autre avant la dissolution du 'J)'t"écédent, sera puni de l,a réclusion.

Notions générales. 2243. - Adultère de l'hommè et de la femme. 2244. - Explications données de la différence de traitement pénal. 2245. - Complice de la femme. - Complice du mari. 2246. - Conséquences du système légal. - Séparation de corps. 2247 •. - Loi du 20 mars 1927. - Code civil, article 313.

De l'adultère de la femme. 2248. - Article 387, alinéa 1er, du Code pénal. 2249. - Trois conditions du délit. - 1 ° Union consommée des sexes. 2250. - Preuve de cette condition. 2251. - 2° Existence d'un mariage valable. 2252. - Question préjudicielle. - Compétence. 2253. - 3° Dol général. 2254. - Délit instantané. 2255. - Droit de grâce du mari. - Article 387, alinéa 2. 2256. - Effets de la condamnation. 2257. - Effets quant au complice. 2258. - Pas de condamnation solidaire aux frais. 2259. - Mari partie civile. - Recevabilité.

Du complice de la femme adultère. 2260. - Code pénal, article 388. 2261. - • Complice ». - Coauteur. 2262. - Dol général. - Prostituées. 2263. - Preuves envers le complice. - Constat nocturne. 2264; - Preuve indirecte du flagrant délit. · 2265. - Preuves écrites. 2266. - Preuve légale. - Constatation implicite. 2267: - Grâce accordée à la femme après la condamnation définitive. 2268. - Mariage valable. - Le complice ne peut pas d.emander l'annulation. 2269. - Dissolution du mariage. 2270. - Insertion du nom du complice dans le jugement. 2271. - Pas de condamnation solidaire aux frais. 2272. - Mari partie civile. - Recevabilité.

Entretien de concubine dans la maison conjugale. 2273. - Article 389, alinéa 1er, du Code pénal. 2274. - Mariage valable. 2275. - Dol général. - Femme dispari,le. 2276. - Entretien de concubines. 2277. - Faits isolés. - Interprétation des termes de la citation. 2278. - Maison conjugale. 2279. - Résidence distincte de la femme. 2280. - Loyer payé par un tiers, etc. 2281. - Maison conjugale. - Appréciation critique de la jurisprudence. 2282. - Séparation de corps prononcée. 2283. - Complicité d'adultère •. - Concours. 2284. - Concubine non punissable. 2285. - Droit de gt-âce de la femme. - Article 389, alinéa 2. 2286. - Délit continué après une première condamnation. 2287. - Epouse partie civile. - Recevabilité.

Dispositions communes aw; articles 387 à 389 du Code pénal. 2288. - Nécessité d'une plainte. 2289. - Désistement. - Article 2. Loi du 17 avril 1878. 2290. - Formes de la plainte. - 1 ° Citation directe. 2291. - 2° Plainte. 2292. - 3° Fondé de pouvoirs.

ARTIOLES 387 A 391

2293. - Destruction de la plainte. 2294. - Prétendue irrégularité d'une seconde plainte. 2295. - Fait antérieur à la plainte. 2296. - Mari sous conseil judiciaire. 2297. - Mobile du plaignant. 2298. - Plainte contre la femme. - Effet quant au complice. 2299. - Absence de contestation quant à la régularité de la plainte. 2300. - Désistement. 2301. - Désistement exprès ou tacite. - Réconciliation. 2302. - Désistement après l'ordonnance de renvoi. 2303. - Rétractation du désistement. 2304. - Effet quant au complice. 2305. - Impossibilité de scinder l'action. 2306. - Femme grâ.ciée après la condamnation. 2307. - Preuve de l'existence du fait d'adultère nonobstant le désistement. 2308. - Désistement pendant l'instance en cassa,tion.

89

2309. - Autres causes d'extinction de l'action publique. - 1 ° Prononcé du divorce. 2310. - 2° Décès d'un époux. 2311. - Décès de la femme; cas article. 413 du Code pénal. 2312. - 3° Démence, interdiction du plaignant. 2313. - TraDScription du divorce pendant l'instance en cassation. 2314. - TraDScription du divorce après opposition à l'arrêt de condamnation.

De la bigamie. 2315. - Code pénal, article 391. 2316. --- Participation criminelle. 2317. - 1 ° Exi<Jtence d'un précédent mariage. 2318. - Validité contestée. - Compétence. 2319. - Célébration du mariage contestée. 2320. - Validité du mariage célébré. 2321. - 2° Second mariage. 2322. - Elément moral. 2323. - Mariage recommencé. 2324. - Tentative punissable. 2325. - Tentative punissable: - Vice propre du second mariage.

Notions ~énérales.

2243. - La loi morale place sur la même ligne radultère de la. femme et celui du mari. Néanmoins, la loi pénale réprime l'adultère de la femme comme tel, tandis que l'adultère du mari n'est punis­sable que s'il y a entretien d'une concubine dans la maison commune.

2244. - Nous n'avons pas à examiner ici les controverses théo­riques auxquelles cette différence dans la répression a donné lieu. Parmi les explications qui ont été données à cet égard, que d'aucuns trouveront insuffisantes pour qu'on puisse les considérer comme des justific,ations, nous en retenons une seule qui a une importance pra­tique pour la compréhension du système légal relatif à la répression des faits d'adultère.

Si le mal moral, a-t-on dit, est le même, le mal social est plus grand dans l'un cas que dans l'autre. L'adultère de la femme peut faire entrer dans la famille légitime un enfant qui n'appartient pas à celui que la loi regarde comme le père. - Exposé des motifs, II, n° 49.

2245. - En théorie, tout au moins, on peut dire que le système.

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90 ARTIOL:ES 387 A 391

légal que nous envisageons actuellement dans son ensemble, n'est pas basé sur une sévérité plus grande à l'égard de la femme comme telle. Remarquons, en effet, que le complice de la femme, donc celui qui peut concourir à réaliser le trouble social indiqué plus haut, est punissable comme tel. Par contre, la complice du mari n'est exposée à aucune répression même en cas d'entretien de concubine au domi­cile conjugal.

2246. - Le système du Code pénal, poussé dans ses conséquences logiques, aboutit à des résultats qui ont été jugés inéquitables. Après la séparation de corps, prononcée en justice, il n'y a plus de domicile conjugal. L'adultère du mari n'est donc plus punissable. Par contre, la femme, dont les enfants continuent à être présumés ceux du mari, est toujours sujette à être poursuivie du chef d'adultère. - NYPELS­SERVAIS, art. 387, n° 5.

2247. - Si la répression de l'adultère de la femme se justifie par le trouble social à résulter éventuéllement du fait que des enfants adultérins sont, le cas échéant, assimilés à des enfants légitimes, il importe cependant de tenir compte, à cet égard, de la disposition nouvelle ajoutée à l'article 313 du Code civil par la loi du 20 mars 1927 : « En cas de jugement ou même de demande en divorce ou en séparation de corps, le mari pourra désavouer l'enfant né trois cents jours après la décision qui aura autorisé la femme à avoir un domicile séparé et moins de cent quatre-vingts jours depuis le rejet définitif de la demande ou depuis la réconciliation. L'action en désaveu ne sera pas admise si la femme prouve qu'il y a eu réunion de fait entre les époux».

De l'adultère de la femme.

2248. - La femme convaincue d'adultère sera condamnée à un emprjsonnement de trois mois à deux ans. - Code pén., art. 387, alinéa 1er.

2249. - La condamnation du chef d'adultère exige la réunion de trois conditions :

1° Une union consommée des sexes. Un acte obsène commis avec une femme mariée n'est pas un adultère s'il ne consomme-pas cette union des sexes. -NYPELS-SERVAIS, art. 387, n° 4; Bruxelles, 29 juin 1909, Pand. pér., 1909, n° 831:

2250. - Si l'adultère exige, pour son existence juridique, l'union consommée des sexes, il est certain que la constatation de cette union, prise sur le fait même, in ipsissimis rebu,s Veneris, est souvent impos­sible et que la preuve des relations sexuelles résulte, en général, des présomptions telles qu'elles équivalent, en réalité, à pareille consta-

AR'l'ICL:ES 387 A 391

tation. - Bruxelles, 19 juin 1909, Pand. pér., 1909, n° 831; Pand. belgee, v 0 Adultère, n°s 209 et suiv.; adde : infra, n° 2264.

En ce qui concerne la femme, la loi ne soumet pas la preuve du délit d'adultère aux restrictions établies par l'article 388, alinéa 2, du Code pénal pour ce qui regarde le complice. de la femme adultère. - Cass., 26 juin 1939, Pas., 1939, I, 329.

La preuve de l'adultère à l'égard de la femme poursuivie comme auteur principal n'est soumise à aucune condition particulière. Elle est régie par les règles de droit commun qui autorisent les juges à. admettre tous les genres de preuves et même les présomptions. -Cass. française, 23 mai 1930, B. J., 1931, 448; Rec. somm., 1932, 167.

Dans l'état de nos textes légaux, nous estimons que cette juris­prudence peut être suivie pour l'interprétation de l'article 387 du Code pénal belge.

2251. - 2° La deuxième condition de l'infraction, c'est l'existence d'un mariage valable, existant entre la femme adultère et l'époux offensé.

Si le mariage est annulable, il existe, au point de vue de la préven­tion d'adultère, tant que la nullité n'en est pas prononcée par la juridiction compétente. -Bruxelles, 1er février 1910, et cass., 21 mars 1910, Pand. pér., 1910, n°s 718 et 719.

Nous examinerons plus loin l'effet de la cessation du mariage avant la décision définitive, sur le fait formant l'objet de l'infraction. -Infra, n°s 2309 et suivants.

2252. - En cas de contestation sur la validité du mariage, quelle est la juridiction compétente pour en connaître 1 L'article 15 de la. loi du 17 avril 1878, contenant le titre préliminaire du Code de pro­cédure pénale, est conçu comme suit : « Sauf les exceptions établies par la loi, les tribunaux de répression jugent les questions de droit civil qui sont soulevées devant eux incidemment, à l'occasion des infractions dont ils sont saisis ».

En Belgique, la doctrine admet généralement qu'il n'existe pas de texte légal enlevant aux tribunaux répressifs le droit de statuer inci­demment sur la validité du mariage. - NYPELS-SERVAIS, art. 387, n° 6, et art. 391, n° 8; Pand. belges, v0 Adultère, n°s 16 et suivants.

La question de . compétence des tribunaux répressifs pour statue!" sur la validité d'un mariage a été soulevée par le complice de la. femme, dans une affaire jugée par l'arrêt de la cour d'appel de Bru-­xelles du 1er février 1910 et par l'arrêt de cassation du 21 mars 1910· (Pand. pér., 1910, n°s 718 et 719). Mais ces décisions ne contiennent pas une solution expresse de cette question parce qu'il a été décidé que le complice n'avait pas qualité pour contester la validité du mariage.

Adde: infra, n°s 2318 et suivants. Voir en cet endroit l'analyse de.

ARTiCU:S 387 A 391

l'arrêt de la cour de cassation du 18 avril 1910 (Pand. pér., 1910, n°8 920 et 921), statuant expressément, cette fois, sur une question analogue soulevée à propos d'une prévention de bigamie.

2253. - 3° Il faut enfin que la femme ait agi dans une intention coupable. Le dol général suffit (arg. cass., 16 février 1925, Pas., 1925, I, 149). Cet élément ferait défaut si ]a femme avait été la vie­

, time d'un viol. Les lois romaines citent également le cas où la femme, se croyant

veuve d'après des indices sérieux, entretiendrait des liaisons avec un autre individu (NYPELS-SERVAIS, art. 387, n° 7). Les événements des guerres mondiales et ceux de la tourmente révolutionnaire de Russie ont fait naître des situations où l'ancienne règle qui vient d'être mentionnée pourrait recevoir son application.

2254. - L'adultère de la femme est un délit instantané. Chaque fait consommé est une infraction distincte. Toutefois, il peut y avoir dans cette matière unité de délit par unité d'intention. - NYPELS·

SERVAIS, art. 387, n°s 12 et 13.

2255. - Quand une femme a été condamnée pour adultère, le mari reste maître d'arrêter l'effet de cette condamnation en consentant à reprendre sa femme (Code pén., art. 387, al. 2). C'est là une sorte de droit de grâce accordé au mari et qui est subordonné à la condition qu'il « consente à reprendre sa femme ». Ce droit ne doit pas être confondu avec celui d'arrêter ]a poursuite, qui sera examinée ci-dessous, n°s 2300 et suivants. Le mari ne peut en faire usage qu'après la con­damnation définitive. - NYPELS-SERVAIS, art. 387, n° 8.

2256. - Celle-ci subsiste au point qu'éventuellement il y aurait lieu d'en tenir compte pour la récidive légale, si la peine avait été un emprisonnement d'un an au moins et si un nouveau délit était commis avant l'expiration d'un délai de cinq ans depuis la condam­nation, un condamné gracié étant censé avoir subi sa peine. - NYP'.ELS­

SERVAIS, art. 387, n° 7.

2257. - Le pardon accordé par le mari à sa femme a-t-il quel­que effet à l'égard du complice de la femme 1 Cette question sera résolue plus loin, suivant qu'il s'agit du pardon accordé par le mari après la condamnation définitive de la femme, ou avant cette con­damnation. - Infra, n° 2306.

, 2258. - Jugé que, les délits d'adultère et de complicité d'adul­tère étant deux délits distincts, la solidarité des frais à charge des deux prévenus ne peut être prononcée. - Bruxelles, 10 janvier 1931, Rev. dr. pén., 1931, 256; Re,c. somm., 1931, 1553.

2259. - Pour les raisons indiquées ci-après (n° 2272), nous estimons

ARTICLES 387 A 391 93

que le mari est éventuellement fondé à réclamer des dommages­intérêts à la femme condamnée du chef d'adultère.

Du complice de la femme adultère.

2260. - La peine portée par l'article 387 sera appliquée au com­plice de la femme adultère.

Les seules preuves qui pourront •être admises contre ce complice seront, outre le flagrant délit, celles qui résulteront de lettres ou autres pièces écrites par lui. - Code pén., art. 388. ·

Ad<le : infra, n°s 2263 et suivants.

2261. - Celui que la loi désigne sous l'appellation de « complice »,

c'est en réalité le coauteur du délit.

2262. - Tout comme pour la femme adultère, le dol général est nécessaire chez le complice, mais aucun dol spécial n'est requis. Celui qui commet un fait de relations intimes avec une femme sans s'en­quérir si elle est mariée ou qui s'en enquiert insuffisamment, peut être poursuivi et puni du chef de « complicité 1> d'adultère. Le cas serait différent si le prévenu a trouvé la femme dans une .maison de débauche. Ici l'infraction n'existe que si l'inculpé savait que cette femme qui se livre à la prostitution est une femme mariée. Et alors encore la criminalité du fait serait-elle réduite à ses moindres pro­portions. - NYPELS-SERVAIS, art. 388, n°s 8 et 9.

Le fait que la femme est une prostituée, même munie de la carte spéciale de la police des mœurs, n'empêche pas le complice de tomber sous le coup de poursuites, s'il connaissait l'état de mariage de la femme. - ScHUIND, Droit criminel, 26 éd., t. Jer, p. 102.

2263. - Quant amt preuves recevables contre le complice, la loi les énumère Jimitativement.

C'est d'abord le flagrant délit. Le mari étant le maître de l'appartement occupé par sa femme, il

a le droit de requérir la police judiciaire de s'y transporter, même pendant les heures de la nuit, pour y constater le délit d'adultère. -NYPELS-SERVAIS, art. 388, n° 6.

La question de savoir s'il y a flagrant délit, au sens de l'article 388 du Code pénal, gît en fait et est abandonnée à l'appréciation con­sciencieuse et souveraine du juge du fond. Celui-ci répond à suffi­sance de droit aux conclusions du prévenu contestant qu'il existe à sa charge une preuve légale du délit de complicité d'adultère, en affirmant, d'après l'instruction à laquelle il a été procédé par la cour, l'existence du flagrant délit. La cour d'appel a ainsi répondu à ces conclusions et légalement motivé la condamnation de l'inculpé. -

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Cass., 26 mars 1928, Pas., 1928, I, 123. Adde : cass., 10 mai 1937. _Pas., 1937, I, 138.

2264. - Il n'est d'ailleurs pas nécessaire que les coupables aient été vus au moment même de la consommation du délit ; il suffit qu'ils l'aient été dans des circonstances im.tt1édiates qui supposent nécessairement le flagrant délit. La preuve de cette constatation peut être faite par témoins (Rapp. Chambre, III, n° 46). Ce que le légis­lateur a voulu proscrire, c'est qu'on puisse se contenter de chercher des preuves dans des conjonctures hasardées ou dans des rapproche­ments fortuits. - Adde : supra, n° 2250.

Jugé que c'est à tort que le juge du fond a déduit l'existence du flagrant délit du seul fait que les vêtements du prévenu et le portrait de celui-ci ont été découverts dans la chambre de sa coprévenue. -Cass., 7 juin 1943, Pas., 1943, I, 235.

2265. - En dehors du flagrant délit, éventuellement prouvé comme il vient d'être dit, la loi prévoit comme mode de preuve contre le complice les lettres ou autres pièces écrites par lui.

Ces derniers mots ne sont pas appliqués restrictivement. On a,

considéré que l'aveu consigné dans un interrogatoire devant le juge d'instruction et signé par le prévenu, répond au vœu de la loi. -Rapp. Chambre, III, n° 46.

On admet aussi que les .aveux de complicité d'adultère contenus: dans un procès-verbal émanant d'un· commissaire adjoint de police, dont lecture a été donnée à l'inculpé, dans lesquels il a persisté et, au bas desquels il a apposé sa signature, constituent une pièce écrite par le complice de la femme adultère, dans le sens de l'article 388, alinéa 2, du Code pénal. - Bruxelles, 6 juin 1933, précité; ScHUIND ► op. cit., p. 201.

Contrairement à la jurisprudence qui vient d'être indiquée, il a été jugé que l'aveu verbal de complicité du délit d'adultère, enregistré par un tiers, même officier de police, ne devient pas une lettre ou une pièce écrite par le prévenu à raison de ce qu'il est signé par lui. Une telle interprétation·· constitue une extension d'une prescription de droit pénal. -Corr. Bruxelles, 28 décembre 1932, Pand. pér., 1933, 33.

Le jugement qui• vient d'être cité invoque notamment les arrêts de la cour de cassation de France du 27 janvier et du 7 décembre 1900. Le même jugement remarque que l'arrêt de la cour de cassa­tion de France du 13 décembre 1851, contrairement à une notice doctrinale non adéquate, n'a nullement décidé que l'aveu consigné dans un interrogatoire signé par le prévenu constitue la preuve écrite exigée par la loi. ·

Quoi qu'il en soit de cette controverse, la cour de cassation de Belgique a confirmé l'opinion dominante. Il ressort des travaux pré­paratoires du Code pénal de 1810 que le législateur a voulu proscrire

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en cette matière délicate la preuve testimoniale à raison de ses dan­gers et de ses incertitudes. Il n'a admis le témoignage que pour établir

. le flagrant délit, c'est-à-dire celui qui résulte de faits que les témoins ont vus alors que l'infraction se commettait ou venait de se commettre. Le législateur a voulu écarter, pour les mêmes raisons que la preuve testimoniale, tous modes de preuve autres que l'écrit, tel l'aveu ver­bal. La jurisprudence estime que le danger, auquel le législateur a voulu obvier, n'existe plus dès qu'une pièce constatant l'aveu de l'infraction porte la signature du complice de la femme adultère, encore que le texte de cette pièce n'émane pas de la main de l'in­culpé. - Cass., 15 janvier 1934, Pand. pér., 1934, 44.

En fait, la spontanéité d'un aveu résultant d'une signature au bas d'un interrogatoire ou d'un procès-verbal est loin d'être à l'abri de toutes contestations et de toute réserve. Aussi, l'arrêt précité de la cour de cassation, en date du 15 janvier !934, n'admet pareille preuve écrite que sous réserve de l'appréciation, par le juge, de la sincérité de l'écrit. C'est donc par une juste application de l'article 388 du Code pénal, porte l'arrêt, que la décision dénoncée admet comme preuve l'aveu de culpabilité, portant la signature du com­plice et figurant au procès-verbal de perquisition du commissaire de police, alors surtout que l'arrêt prend soin de relever les faits constatés par le verbalisant et qui corroborent la déclaration de l'inculpé. -Adde : cass., 2 septembre 1942, Pas., 1942, I, 183.

Lorsque le ·complice, ne sachant signer, a apposé une croix sous sa déposition, on a considéré qu'il exprime de cette façon sa volonté formelle de signer ses aveux et que sa déposition constitue une preuve écrite au sens de l'article 388 du Code pénal. - Corr. Liège, 17 octo­bre 1934, Pas., 1936, III, 66.

Nous n'entendons pas apprécier in concreto un cas d'espèce; mais, au point de vue des principes juridiques, nous estimons qu'il est délicat d'admettre qu'une preuve· écrite puisse émaner d'un illettré incapable de signer et donc aussi incapable de lire le texte sous lequel il appose une croix.

Il y aurait preuve écrite aussi, moins discutable selon nous que la précédente, dans l'acte de reconnaissance d'un enfant naturel de la femme adultère ou dans l'acte de naissance de cet enfant, signé par le prévenu. - NYPELS-SERVAIS, art. 388, n° 7.

Malgré l'emploi du pluriel dans les mots« pièces écrites» à l'article 388 du Code pénal, la volonté du législateur proscrivant la preuve testimoniale est respectée dès qu'il existe à l'appui de la prévention retenue à charge du complice, un écrit dont la sincérité n'est pas con­testable. - Cass., 15 janvier 1934, Pand. pér., 1934, 44.

Il a été décidé dans le même sens que si; dans l'article 388, alinéa 2, du Code pénal, le législateur a employé les expressions « lettres ou

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autres pièces écrites par lui»; il s'est servi de ces termes dans un sens général, sans exiger par là qu'il soit produit plusieurs lettres ou plu­sieurs pièces écrites par le prévenu pour former la conviction du juge. Un seul de ces éléments suffit lorsqu'il apporte au juge la conviction de l'existence de l'infraction. - Bruxelles, 6 juin 1933, Pand. pér., 1933, 260.

2266. - En condamnant un prévenu du chef de complicité d'adul­tère, 1$:l juge du fond admet d'une manière implicite mais certaine que la preuve de\ l'infraction a été rapportée par l'un des modes spéciaux indiqués à l'alinéa 2 de l'article 388. En l'absence de conclu­sions de l'inculpé, le juge du fond n'avait pas à préciser ce mode. -Cass., 22 avril 1940, Pas., 1940, I, 129.

Il convient cependant de noter que s'il ..appartient au juge du fond de décider souverainement que le délit d'adultère est flagrant et d'en déduire que la prévention est établie, il a l'obligation de le faire dans, des termes qui permettent à la cour de cassation d'exercer son con­trôle quant à l'existence des éléments constitutifs de l'infraction et à la légalité de la preuve qui en est rapportée. La cour de cassation a décidé que l'arrêt qui base la condamnation d'un prévenu sur la seule constatation ambiguë « que les circonstances relatives au con­stat auquel il a été procédé sont constit~tives du délit d'adultère »,. viole les dispositions des articles 387 et 388 du Code pénal, en ne permettant pas ce contrôle. - Cass., 16 décembre 1946, Pas., 1946,. I; 475.

2267. - Le complice ne peut se prévaloir, contre l'action publique, régulièrement intentée, du pardon accordé par le mari à sa femme,, après la condamnation définitive de celle-ci. -Cass., 19 octobre 1914,. Pas., 1915-1916, I, 109; Bruxelles., 1er février 1910, et cass., 21 mars 1910, Pand. pér.; 1910, n°s 718 et 719.

2268. - La condamnation du complice, comme celle de la femme,. suppose évidemment l'existence d'un mariage valable.

Si le mariage était simplement allllulable, ce n'est pas au com­plice, comme tel, qu'il appartient d'en faire prononcer la nullité et,. au p.oint de vue de la prévention, un mariage, fût-il annulable, pro­duit tous ses effets tant que la nullité n'en a pas été prononcée par la juridiction compétente. - Bruxelles, 1er février 1910, et cass.,, 21 mars 1910, Pand. pér., 1910, n°s 718 et 719.

2269. - Aucune condamnation ne pourrait être prononcée contre le complice, si le mariage de la femme venait à être dissous pendant les poursuites. - Infra, n°8 2309 et suivants.

2270. - Aucun texte légal n'exige l'insertion du nom du complice.

ARTICLES 387 A 391 97

de la femme adultère dans le jugement de condamnation. - Cass., 7 décembre 1920, Pas., 1921, I, 172.

2271. Ainsi que nous l'avons vu (supra, n° 2258), il n'y a pas lieu à condamnation solidaire quant aux frais du chef du délit d'adultère et de complicité d'adultère.

2272. - Un jugement fort bien motivé du tribunal civil de Dinant, en date du 11 octobre 1934 (Pas., 1936, III, 59), admet que le dom­mage moral causé au mari par le complice de la femme ad-qltère est appréciable en argent. Dans cette matière, aucune disposition légale ne déroge à l'article 1382 du Code civil. - Voir les autorités citées au jugement; sic NYPELS-SERVAIS, art. 388, n° 10.

Entretien de concubine dans la maison conjugale.

2273. - Aux termes de. l'article 389, alinéa 1er, du Code pénal, le mari est punissable du chef d'adultère s'il est convaincu d'avoir entretenu une concubine dans la maison commune.

2274. - Cette infraction, comme les précédentes, suppose l'exis­tence d'un mariage valable. - Supra, n°8 2251 et 2268.

Jugé que manque en fait le moyen de cassation tiré par un prévenu, condamné pour entretien de concubine dans la maison conjugale, du fait que le divorce entre lui et son épouse aurait été « prononcé » par un arrêt antérieur d'une cour d'appel, lorsqu'il ne résulte d'au­cune pièce que le divorce aurait été prononcé par l'officier de l'état civil. - Cass., 2 juin 1930, Pas., 1930, I, 241.

Comp. loi du 14 décembre 1935 modifiant la procédure en matière de divorce et de séparation de corps et arrêté royal n° 239 du 7 fé­vrier 1936 relatif au même objet ..

2275. - Le dol général suffit pour l'existence du délit. L'accom­plissement de cette condition peut être constaté implicitement par le juge du fond. - Cass., 16 février 1925, Pas., 1925, I, 149.

La question de savoir si la disparition de l'épouse a dû faire sup­poser le décès de celle-ci est une question de fait. L"arrêt de cassa­tion qui vient d'être cité a rejeté le pourvoi dont la cour était saisie parce qu'il a été considéré . que la « culpabilité morale » était suffi­samment établie par l'arrêt de la cour d'appel. Nous n'avons pas ici à apprécier cette espèce dont les éléments ne sont d'ailleurs pas analysés Pl\r la décision. Il en résulte; comme d'ailleurs des principes généraux du droit, que celui qui se croyait réellement veuf ne peut avoir eu l'intention de violer la loi pénale en faisant_ ce que celle-ci défend de f'l,ire.

Adde : supra, n° 2253. '-II ,

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2276. ___,. Dans sa matériali~, !;infraction prévue par l'article 389 suppose l'entretien d'une concubine dans la maison commune.

Par entretien de concubine; il ne faut pas entendre nécessairement l'introduction d'une femme étrangère dans la maison, mais bien un coinm.erce suivi avec une femme autre que la femme légitime, tel un commerce incestueux du mari avec sa fille habitant la maison com­mune.- - NYPELS-SERVAIS, art. 389, n° 2.

Pour que le délit existe, il faut que le mari ait des rapports suivis dans la maison conjugale avec une même femme autre que sa femme légitime. - ScHUIND, op. cit., p. 204.

L'existence du délit d'entretien suppose un commerce s~vi qui est éventuellement souverainement constaté par le juge du fond. -Cass., 31 mars 1947, Pas., 1947; .I; 143.

Il n'est pas requis que ce soit le mari qui entretienne pécuniaire­ment sa maîtresse. - Bruxelles, 27 octobre 1923, Pand. rpér., 1924, no 214.

Il importe peu que les complaisances de la concubine soient inté­ressées ou gratuites. - Bruxelles, 21 décembre 1932, Rev. dr. rpén., 1933, p. 34; Rec. somm., 1933, DR. PÉN., Infractions (en particulier) : famille, personnes, n° 8.

L'existence de relations charnelles est suffisante. - Corr. Anvers, 11 octobre 1933, Rechtsk. Weekbl., 5 novembre 1933, 122.

2277. - Des faits isolés d'adultère ne constitueraient pas l'entre­tien de concubine prévu par la loi.

Le fait, admis par le juge du fond, d'entretien d'une concubine dans la maison conjugale, implique nécessairement la continuité d'un commerce coupable entre le mari et sa complice. - Cass., 2 juin 1930, Pas., 1930, I, 242. · Lorsque le prévenu a été cité devant le tribunal correctionnel, du

chef d'avoir tel jour entretenu une concubine au domicile conjugal, , le juge peut, pour déclarer la prévention établie, invoquer des cir­constances antérieures au jour indiqué comme étant celui où l'in­fraction a eu lieu. - Cass., 29 juin 1922, Pas., 1922, I, 363.

L'indication d'une date précise à laquelle le délit a été commis et consf,até, ne lui enlève pas son caractère de délit continu et ne le trans­forme pas en un fait isolé d'adultère, non punissable dans le chef du mari; une telle indication n'est pas inconciliable avec la notion d'entretien et implique seulement que le commerce continu a eu lieu notamment à la date mentionnée. - Cass., 16 février 1925, Pas., 1925, I, 149.

2278. - Les termes maison conjugale indiquent le domicile du mari, alors même que la femme n'y habiterait pas. C'est toute demeure du mari que la femme a le droit d'occuper avec lui.~ Rapp. Chambre, III,

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no 47 ; Liège, 11 avril 1908, Pand. rpér., 1908, n° 760; cass., 12 juin 1944, Pas., 1944, I, 387.

La maison conjugale, au sens de l'article 389 du Code pénal, n'est pas nécessairement le domicile du mari tel que ce domicile est défini par les artioles 102, 103 et 108 du Code civil. C'est la maison où le mari réside habituellement même si cette maison est la propriété de la concubine ou si celle-ci en est locataire. - Cass., 7 décembre 193~, Pas., 1936, 1, 441.

La cour de cassation a rejeté le pourvoi formé contre un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles, en date du 19 décembre 1933, condam­nant du chef d'entretien de concubine sur les constatations suivantes : le prévenu entretenait depuis cinq ans un commerce suivi avec la femme C ... Il cohabitait avec elle plusieurs fois par semaine, lui four­nissait régulièrement des subsides et séjournait régulièrement avec elle. - Cass., 9 avril 1934, Pas.; 1934, I, 226.

Le séjour régulier du prévenu chez sa maîtresse, porte _l'arrêt de la cour de cassation, fait de l'endroit où celle-ci habite la maison conjugale au sens de la loi, enc,ore que le prévenu ait soutenu qu'une habitation où il n'a aucun droit d'occupation et où sa femme ne peut exiger d'être reçue, n'est pas la maison conjugale visée par l'article 389 du Code pénal. - Sic Bruxelles, 16 décembre 1931, Rev. dr. pén., 1932, 146; Rec. somm., 1932, 1674.

Jugé que c'est en vain qu'un prévenu invoque que sa concubine n'a jamais été entretenue par lui et affirme qu'au contraire c'est elle qui payait le loyer de leur habitation et qui lui allouait un salaire. Pareille thèse est dépourvue d'intérêt lorsqu'il est établi que le mari a fixé sa seule résidence effective près de la concubine, ee trouvant

1chez elle comme chez lui et se comportant envers elle comme s'ils étaient des époux. - Corr. Anvers, 11 octobre 1933, Recht,sk. Weekbl., 6 novembre 1933, 122.

Dans cette espèce, l'inspe'Ction du lit avait fait découvrir sur le linge des taches établissant que des relations sexuelles y avaient été consommées.

La maison conjugale e!3t l'immeuble où le mari a sa résidence habi­tuelle même s'il est la propriété de la concubine et s'il est établi qu'elle ne reçoit de son amant ni loyer, ni rémunérations, ni contribution aux frais du ménage ou · à son entretien matériel. Il importe peu que l'amant ne soit pas domicilié chez sa concubine. - Cass., 22 février 1932; Pas., 1932, I, 78; sic Bruxelles, 21 janvier 1936, Recht,sk, Weekbl., 28 mars 1936, 1069.

2279. - La maison conjugale s'entend de l'habitation du mari, de sa résidence effective, encore que sa femme n'y demeure point; il en est ainst même lorsqu'en vertu d'une ordonnance du tribunal; le .mari n'a pas accès dans la maison dans laquelle sa femme a été auto­risée à se retirer pendant _une instance en divorce ou en séparation

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de corps.-Cass., 28 avril 1915, Pas., 1915-1916, I, 26'3; cass., 12 juin 1944, Pas., 1944, I, 387.

2280. - Le mari qui vit maritalement avec une femme dans un appartement, entretient une concubine dans la maison commune. Peu importe que l'appartement ait été loué; pour compte du prévenu, par l'intermédiaire et sous le nom d'un tiers qui n'en est que le loca­taire apparent. En tout cas, par cela même qu'il est établi que le Jn.ari avait sa résidence effective et son domicile dans l'appartement en question, il est démontré aussi que son épouse légitime avait le droit et même l'obligation d'y habiter, en vertu des articles 108 et 214 du Code civil, et que cet appartement représentait dès lors la maison conjugale, fût-il même vrai .qu'une tierce personne en était le locataire et le principal occupant. - Cass., 19 novembre 1917, Pas., 1918, I, 133.

Adde : cass., 25 novembre 1940, Pas., 1940, I, 303. Une pension de famille où le mari loge depuis quelques mois, où

des chambres et appartements sont loués et où son épouse aurait le droit de se présenter; peut être considérée comme constituant la maison conjugale au sens de la loi pénale. - Bruxelles, 21 décembre 1932, précité.

La circonstance que la concubine est une femme mariée, inscrite à titre de domicile et de résidence dans un appartement dont elle paye elle-même la location, ne fait pas obstacle à ce que cet appar­tement soit la maison conjugale au sens de l'article 389 du Code pénal, s'il est constaté que le prévenu passait depuis plusieurs semaines toutes les nuits dans l'appartement, que les amants y prenaient ensem­ble leurs repas de midi et du soir, que le prévenu remettait 300 francs par semaine à sa concubine et qu'il n'avait d'ailleurs qu'un domicile fictif. - Cass., 8 octobre 1945, Pas., 1945, .I, 237; sic cass., 8 no­vembre 1943, Pas., 1944, I, 39.

Jugé que la cour d'appel a fait une exacte application de la loi pénale en considérant une chambre d'hôtel comme le domicile con­jugal, alors que l'arrêt relève que le demandeur en cassation devait se considérer comme chez lui dan.s la chambre d'hôtel cohabitée par lui avec la femme X ... , s'il e!;lt également constaté que la plaignante avait le droit d'y rejoindre son mari. - Cass., 31 mars 1947, Pas., 1947, I, 143.

2281. - Le moins qu'on puisse dire, c'est que la jurisprudence belge se montre fort large, sinon trop large, dans la notion de ce qu'il faut entendre par la maison conjugale visée par l'article ?89 du Code pénal. La cour de cassation française a décidé que le délit d'entretien de cQncubine dans la maison conjugale suppose nécessai­rement que le logement où la concubine est entretenue, est bien en fait et en droit le domicile conjugal. Les conditions_ légales du délit

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ARTICLES 387 A 391 10 l

font défaut bien qu'il soit établi qu'un prévenu vivait maritalement avec sa concubine dans un appartement composé de deux pièces; que dans ce même immeuble la femme D ... exploite un fonds de com­merce d'épicerie; qu'elle a justifié par la production de l'acte de cession, de son achat du fonds de commerce; qu'elle a payé celui-ci de ses deniers personnels ; que le logement, composé de deux pièces non indépendantes occupées par la femme D ... , fait partie du fonds de commerce ; que le bail a été établi à son nom ; que c'est elle qui paye le loyer et toutes les charges ; que le prévenu ne possède dans le logement de la dame D ... aucune pièce dans laquelle son épouse légitime aurait le droit d'exiger d'être reçue et de vivre avec son mari; que la preuve d'un~ simulation n'est pas rapportée. - Cass. française, 12 mai 1934, Pas. belge, 1934, II, 143.

2282. - Dès que la séparation de corps est définitivement pro­noncée, il n'y a plus de maison conjugale. -NYPELS-SERVAIS, art. 387, n° 5. Adde : infra, n° 2310.

Mais la maison ou réside le mari reste la maison conjugale même si, au cours d'une instance en divorce ou en séparation de corps, la femme a une résidence spéciale. - ScHUrND, op. cit., p. 205.

2283. - Le mari convaincu d'avoir tenu dans la demeure conju­gale une concubine mariée avec laquelle il a été surpris antérieure­ment en flagrant délit d'adultère, doit être condamné à deux peines distinctes, l'une du chef d'entretien de concubine, l'autre du chef de complicité d'adultère, lorsque son épouse et l'époux de· 1a concubine ont porté plainte tous les deux. - Bruxelles, 27 juin 1907, Pand. pér., 1907, n° 1191.

2284. - Le texte de l'article 389 porte que le mari convaincu d'avoir entretenu une concubine dans la maison conjugale sera con­damné. Les auteurs du Code pénal ont souligné que c'est intention­nellement qu'aucune peine n'a été prévue à charge de la concubine elle-même. - Exposé des motifs, II, n° 52; Rapp. Chambre, III, n° 4 7 ; Rapp. Sénat, VI, n° 42.

2285. - La femme pourra arrêter l'effet de la condamnation pro­noncée à charge du mari en demandant l'élargissement de ce dernier. - Code pénal, art. 389, alinéa 2.

C'est là, comme pour le mari à l'égard de la femme, un droit de grâce qui supprime l'exécution de la peine tout en laissant subsister la condamnation. - Supra, n° 2256.

N'est pas motivé au vœu de la loi l'arrêt de condamnation du mari qui ne rencontre pas les moyens de défense présentés par le prévenu qui soutenait en conclusion que la plaignante avait'exprimé le désir d'arrêter les poursuites engagées. - Cass., 25 mars 1946, Journ. trib., 1946, 225.

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102 .A.RTICLlllS 387 A 391.

2286. - Le caractère de délit continu de l'infraction d'entretien d'une concubine dans la maison conjugale n'empêche pas l'action publique, éteinte par une condamnation antérieur~, de renaître à l'égard des faits nouveaux constitutifs du même délit ou de celui de complicité- d'adultère non encore accomplis au moment de la pre­mière condamnation. - Corr. Bruxelles, 24 décembre 1929, Rev. dr. pén., 1930, 262; Rec. somm., 1930, 602.

2287. - Pour les raisons indiquées ci-dessus (n° 2272), nous estimons que la femme a le droit de réclamer des dommages-intérêts en cas de condamnation de son époux du chef d'entretien de concubine dans la maison conjugale.

Dispositions communes aux articles 387 à 389 du Code pénal.

2288. - La poursuite ou la condamnation pour adultère ne pourra avoir lieu que sur la plainte de l'époux qui se prétendra offensé. - ' Code pénal, art. 390.

Cette règle s'applique même pour la poursuite à l'égard du com­plice de la femme adultère. - NYPELS-SERVAIS, art. 390, n° 8.

N'est pas motivé au vœu de la loi l'arrêt qui ne rencontre pas les moyens de défensê présentés par un prévenu qui prétendait que la plainte n'était pas régulière en ce qu'elle ne tendait pas à sa condam­nation. - Cass., 25 mars 1946, Journ. trib., 1946, 225.

Jugé de même que n'est pas motivé au vœu de la loi l'arrêt qui, prononçant une condamnation répressive à charge d'une femme pré­venue d'adultère et de son complice, omet de répondre aux con­clusions de la prévenue, soutenant que la poursuite reposant- sur un constat consécutif à une plainte dirigée contre son complice par l'épouse de celui-ci, du chef d'entretien de concubine dans la maison conjugale, lui était étrangère puisque la concubine n'est pas légale­ment punissable, et aux conclusions du prévenu soutenant que ]a poursuite dirigée contre lui en sa qualité de complice,d'un adultère, se confondait avec une autre poursuite dont il était l'objet du chef d'entretien d'une concubine. - Cass., 27 mai 1935, Pas., 1935, I, 261.

2289. - La disposition de l'article 390 du Code pénal est com­plétée par celle de l'article 2 de la loi du 17 avril 1878, contenant le titre préliminaire du Code de procédure pénale, conçu comme suit: « Lorsque la loi subordonne l'exercice de l'action publique à la plainte de la partie lésée, le désistement de cette partie, avant tout acte de poilrsui1le, arrête la procédure. En matière d'adultère, ce désis­tement peut être fait en tout état de cause>>.

Saisi du désistement de l'épouse offensée, au cours d'une poursuite

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ARTICLES 387 A 391. 103

du chef d'entretien de concubine; le juge du fond décide souveraine-1ment « q~e les lettres de prétendus désistements successifs ne révèlent pas la volonté sérieuse, réfléchie et libre de l'épouse, laquelle manifeste, au contraire, la volonté de voir la justice suivre son cours ,i. - Cass., 3 mai 1937, Pas., 1937, I, 133.

2290. - Quelle doit être la forme de la plainte 1 La plainte de l'époux offensé par un adultère n'est pas soumise

par la loi à des formalités particulières. A été jugée recevable l'action introduite dans les conditions sui­

'vantes : le 2 janvier 1938, l'époux offensé informe le procureur du roi de ce que sa femme avait quitté le domicile conjugal. Entendu le 26 janvier suivant par le commissaire de police sur le sens qu'il fallait donner à sa lettre, le plaignant a déclaré << qu'il demandait une enquête, le constat d'adultère et, le cas échéant, des poursuites judiciaires contre sa femme et le complice de celle-ci i>. Le plaignant a signé cette déclaration.

L'interprétation du juge. du fond quant à la volonté du plaignant de provoquer des poursuites cohectionnelles est souveraine si elle n'est pas inconciliable avec les termes de la susdite déclaration. -Cass., 19 juin 1939, Pas.., 1939, I, 310. ·

Quant aux diverses manières d'introduire l'action, notons : 1° L'époux offensé peut agir par voie de pitation directe devant le

tribunal correctionnel. - NYPELS-SERVAIS, art. 390, n° 6.

2291. - 2° Si l'action publique est mise en mouvement par une pl,ainte de l'époux, la validité de cette plainte n'est pas subordonnée à l'accomplissement des formalités prescrites par les articles 31 et 65 du Code d'instruction criminelle. Il suffit qu'elle émane de l'époux offensé et qu'elle manifeste de la part de celui-ci la volonté formelle de provoquer des poursuites. - Cass., 19 octobre 1914, Pas., 1915-1916, I, 109 et note du recueil; cass., 7 février 1916, Pas., 1917, 1, 27.

Jugé de même que la plainte dont il s'agit à l'article 390 du Code pénal n'est pas soumise aux formalités prévues par les articles 31, 63, 64 et 65 du Code d'instruction criminelle. Elle est régulièrement reçue par un agent de police spécialement autorisé à cet effet par le bourgmestre. - Cass., 18 octobre 1938, Pas., 1938, I, 325.

Contra : NYPELS-SERVAIS, art. 390, n° 3.

2292. - 3° L'époux offensé peut former sa plainte par fondé de pouvoir spécial. - Cod~ d'instr. crim., art. 31 et 65; NYPELS-SERVAIS, art. 390, n° 4.

2293. - Lorsque, par su:te d'un événement fortuit, la plainte a été détruite ou n'a pu être reproduite en original, le juge du fond

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104 ' ARTICLES 387 A 391

peut constater que le dépôt d'une plainte régulière et non retirée a été prouvé devant lui. - NYPELS-SERVAIS, art. 390, n° 3; cass., 7 févrièr 1916, Pas., 1917, I, 27.

2294. ~ Doit être rejeté, le moyen tiré de la prétendue irrégula­rité de la plainte, alors que la plainte prétendûment irrégulière n'est que le renouvellement d'une plainte antérieure· qui n'a pas été retirée et qui, dès lors, habilite le :ministère public à poursuivre le prévenu du chef de tous faits constatés ensuite de celle-ci. - Cass., 13 décembre 1915, Pas., 1915-1916, I, 508.

2295. - Si, en matière d'adultère, la loi subordonne la poursuite du :ministère public et la condamnation à l'existence préalable d'une plainte, le texte légal n'exige pas l'existence de la plainte avant la consommation même du délit et sa constatation éventuelle. - Corr. Gand, 13 mars 1930, Pand. pér., 1930, 225.

Dans cette espèce, l'instruction ouverte à la suite de la plainte d'un des époux n'avait pas abouti à la constatation d'un flagrant délit. Mais cette instruction avait révélé l'existence d'un délit con­sommé avant la plainte.

2296. ~ Le mari sous conseil judiciaire peut valablement porter plainte du chef d'adultère de sa femme; sans qu'il doive être habilité à cette fin par l'assistance du conseil. Cette assistance n'est requise que pour la constitution de partie civile. - Code civ., art. 513; Bruxelles, 1er février 1910, et cass., 21 mars 1910, Pand. pér., 1910, nos 718 et 719.

2297. - L'article 390 du Code pénal ne subordonne pas la vali­dité de la plainte du chef d'adultère ou d'entretien de concubine dans la maison conjugale, à l'énoncé d'un mobile déterminé. Il im­porte peu que la femme plaignante aurait motivé sa demande de poursuite par le désir de recevoir une pension alimentaire de spn mari, sans se prévaloir de l'atteinte portée à son honneur d'épouse. -Cass., 17 juin 1919, Pas., 1919, I, 158. Contra: corr. Anvers, 14 jan­vier 1938, Rechtsk. Weekbl., 10 avril 1938, 1259.

2298. - La plainte du mari contre la femme adultère suffit pour rendre l'action publique recevable contre le complice de la femme. -Cass., 21 mars 1910, et Bruxelles, 1er février 1910, Pand. pér., 1910, n°8 718 et 719. ·

La plainte du mari contre sa femme entraîne nécessairement des poursuites contre le complice: la plainte ne peut pas être divisée. Si le mari entend que le complice ne soit pas poursuivi, les parquets ne donnent pas suite à sa plainte ; éventuellement, il devra en être avisé.

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ARTICLES 387 A 391 106

De même le mari ne sera pas recevable à porter plainte contre le complice seulement. - ScHUIND, op. cit., p. 207.

2299. - Le jugement ne doit pas constater que l'action est rece­vable, à raison de l'existence d'une plainte régulière, lorsque la rece­vabilité de l'action n'est pas contestée. - Cass., 7 décembre 1920, Pas., 1921, I, 172.

2300. - Le droit de grâce accordé à l'époux envers son conjoint condamné (Code pén., art. 387 et 389), ne se confond pas avec le droit d'arrêter l'action par un désistement. La validité de celui-ci, notamment, n'est pas subordonnée à ce que le mari consente à reprendre sa femme. - NYPELS-SERVAIS, art. 390, n° 9.

2301. - Le désistement est exprès ou tacite. Le désistement tacite résulte de la réconciliation qui intervient

entre les époux antérieurement ou postérieurement à la plainte. Antérieurement à la plainte, la réconciliation rend l'action non rece­vable; postérieurement, elle éteint l'action. - NYPELS-SERVAIS,

art. 390, n° 10. · Le fait par les époux de partager le lit commun a été considéré

comme le signe le plus caractéristique de la réconciliation alors même que tous rapports intimes étaient interdits par le médecin traitant l'un des époux. - Gand, 16 janvier 1926, Pas., 1926, II, 159.

2302. - Le désistement du plaignant surv~nant après l'ordonnance de la chambre du conseil qui renvoie les prévenus devant le tribunal correctionnel, rend cette ordonnance inopérante. - Corr. Liège, 27 octobre 1938, Journ. trib., 12 mars 1939, 192.

2303. - La rétractation du désistement ne peut avoir pour effet de faire revivre l'ordonnance de renvoi. Il faut dans ce cas un nou­veau constat et une nouvelle ordonnance de renvoi. - Corr. Liège, 27 octobre 1938, précité.

2304. - Le désistement du mari en faveur de la femme adultère. a pour effet d'éteindre l'action publique tant au profit de la femme elle-même qu'au profit du complice de celle-ci. -Bruxelles, 1er février 1910, et cass:, 21 mars 1910, Pand. pér., 1910, n°8 718 et 719.

2305. - Mais il n'est pas au pouvoir du mari de scinder l'action ' publique et de ne faire éteindre celle-ci qu'au profit du seul complice tout en la laissant subsister à l'égard de la femme. - Mêmes décisions.

2306. - Ainsi que nous l'avons mentionné, supra, n° 2267, le .complice ne peut se prévaloir comme d'un désistement tacite de l'action publique régulièrement intentée, du pardon octroyé par le mari à sa femme après la condamnation définitive de celle-ci (cass.,

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106 ARTICLES 387 A 391

19 octobre 1914, Pas., 1915-1916, I, 109). Si le pardon avait été accordé à la femme avant la condamnation définitive de la femme, il y aurait eu là un désistement tacite, mettant fin à l'action publique et dont le complice pourrait se prévaloir. Mais, sauf, par exemple le cas d'une condamnation par défaut, contre laquelle la femme aurait omis de faire opposition en temps utile, on aperçoit assez difficilement, en pratique, le cas d'une femme se laissant condamner pour adultère

· alors qu'elle pourrait exciper de ]a réconciliation avec son époux.

2307. - Lorsqu'un jugement répressif a déclaré l'action publique du chef d'adultère irrévdcablement éteinte par le désistement formel du plaignant, et par suite aussi; non recevable l'action de celui-ci, qui s'était constitué partie civile, cette décision laisse intacte la ques­tion de savoir s'il y a eu ou non adultère ; elle ne fournit pas la preuve légale ni de l'existence, ni de la non-existence de ce délit; elle se borne à constater que la poursuite et la répression éventuelle viennent se heurter à un obstacle légal infranchissable.

Cette situation est toute difiérente de celle où la personne prévenue d'adultère serait acquittée de ce chef. Dans ce dernier cas la juri­diction civile ne pourrait, sans se mettre en contradiction avec la chose jugée erga omnes au répressif, décider qu'.il y a eu aqultère. - Brùxelles, 19 juin 1909, Pand. pér., 1909, n° 831.

· 2308. - Jugé que, puisqu'en matière d'adultère le désistement du plaignant formé durant l'in~tance en cassation et, partant, avant que l'arrêt dénoncé ait acquis force de chose jugée, éteint l'action pu­blique tant à l'égard de l'épouse coupable que de son complice et enlève tout effet à la condamnation prononcée à leur charge, il n'y a dès lors,plus lieu de statuer sur le pourvoi. - Cass., 10 février 1936, Pas., 1936, I, 149.

2309. - En dehors du désistement, diverses causes peuvent met­tre fin à l'action publique exercée du chef d'adultère ou d'entretien de concubine :

1° Si, avant la condamnation définitive du chef d'adultère ou d'entretien de concubine dans la maison conjugale, le divorce est régulièrement transcrit par l'officier d'état civil, aucune condamnation de ces chefs ne peut plus intervenir.

En effet, le plaignant a dès lors perdu la qualité d'époux (ou d'épouse) qui seul lui permettait de mettre et de maintenir en mou~ vement l'action publique. - Bruxelles, 16 janvier 1909, Pand. pér., 1909, n° 631.

2310. - 2° La recevabilité de l'action publique du chef d'adultère_ . ou d'entretien de concubine est subordonnée, tant à l'origine de la plainte qtt'à chacun des actes de la procédure, à la continuation du

ARTICLES 387 .A. 391 107

mariage (corr. Anvers, 17 avril 1910, Pand. pér., 1912, n° 712). La qualité d'époux dans le chef du plaignant est une condition néces­saire pour que l'action publique puisse s'exercer. En conséquence, si le mariage a pris fin p'ar le décès d'un des conjoints, l'action pu­blique est éteinte.

La condamnation du complice de la femme adultère devient par le même fait légalement impossible. - Bruxelles, 19 janvier 1910, Pand. pér., 1910, n° 617.

La même extinction de l'action publique a lieu par le décès du plaignant. L'action du ministère public, pour avoir un caractère· légal, reste, en effet, toujours subordonnée à la volonté du plaignant -et ne peut s'exercer, à aucune phase de la procédure, qu'avec son concours, soit exprès, soit présumé. - Cass., 15 février 1869, Pas., 1869, I, 374. .

Un jugement du tribunal correctionnel d'Arlon en date du 26 mài 1943 (Pas., 1943, III, 90) a décidé que la séparation de corps pronon­cée entre les époux au cours d'une poursuite pénale antérieurement intentée, sur plainte de l'épouse, contre le mari, du chef d'entretien de concubine dans la maison conjugale, n'éteint pas l'action publique

- intentée sur pied de l'article 389 du Code pénal. Ce jugement se fonde sur ce que la séparation de corps laisse subsister l'état de mariage et maintient aux deux conjoints séparés leur qualité d'époux, la seule requise dans le chef du plaignant pour rendre l'action répressive recevable. D'après le jugement, on ne pourrait exiger, en outre, qu'au moment où le tribunal est appelé à statuer, le délit d'entretien de concubine soit encore susceptible d'être commis et pénalement sanctionné.

Il nous paraît tout au moins très discutable de statuer pénalement sur un délit dont la matière a cessé _d'exister. - Supra, n° 2282.

2311. - Il a été jugé que l'action publique contre le complice de la femme adultère n'est pas éteinte par le décès de la femme, lorsque ce décès est le résultat du meurtre commis par le mari sur sa femme, au moment où il l'a surprise en flagrant délit d'adultère, et que le mari a été de ce chef poursuivi et condamné sous le bénéfice de l'excuse prévue par l'article 413 du Code pénal (Liège, 24 février 1886, Pas., 1887, Il, 55; sic NYPELS-SERVA.IS, art. 390, n° 20). Cette doctrine et cette jurisprudence sont basées sur le motif que, la présomption d'innocence de la femme venant, dès lors, à tomber par l'application même de la loi, il n'est plus vrai de dire que la femme soit morte integri status ni que la condamnation de son complice ferait rejaillir sur elle un· déshonneur nouveau.

Nous ne partageons pas cette manière. de voir. D'abord nous esti­mons qu'une personne décédée sans avoir été condamnée est tou-

108, .ARTICLES 387 A 391

jours morte integri st,a,tus. En effet, tant qu'une condamnation n'a pas été prononcée à raison d'un fait, c'est lïnnocence qui se présume. L'excuse dont a bénéficié le mari ne prouve nullement que si la femme avait été poursuivie du chef d'adultère, au cas où elle aurait survécu à ses blessures, elle n'aurait pas été acquittée, par exemple, pour avoir été contrainte par une force à laquelle elle n'avait pu résister. Mais, même s'il fallait présumer qu'elle eùt été condamnée du chef d'adultère, il resterait encore ce principe, admis par une doctrine et une jurisprudence constantes, qu'une condamnation du chef d'adul­tère exige comme toute première condition, même vis-à-vis du com­plice de la femme, l'existence du mariage entre le plaignant et l'époux coupable. - Supra; n° 2268.

2312. - 3° Pour les motifs indiqués par l'arrêt de la cour de cassation en date du 15 février 1869, analysé ci-dessus, n° 2310, nous admettons que toute action du chef d'adultère ou d'entretien de concubine ne peut être ni intentée, ni continuée quand l'époux offensé est tombé en état de démence et notamment quand il est interdit.

Dans une matière aussi essentiellement personnelle, le concours du tuteur ne peut suppléer à l'incapacité de son pupille pour donner au ministère public le concours de volonté, exprès ou tacite, du plai­gnant, requis à toutes les phases de la procédure. - Sic NYP11:JLS­

SERVAIS, art. 390, n° 19.

2313. - Le pourvoi formé contre l'arrêt prononçant une condam­nation du chef d'adultère ou d'entretien d'une concubine devient sans objet et est rejeté lorsque le divorce est transcrit avant que la cour de cassation ait statué. - Cass., 3 novembre 1931, Pas., 1931, I, 275; sic cass., 29 novembre 1943, Pas., 1944, I, 73.

Une décision identique est intervenue relativement au complice d'adultère. - Cass., 28 juin 1943, Pas., 1943, I, 269.

·Oomp. : loi du 14 décembre 1935 et arrêté royal n° 239 du 7 février 1936 modifiant la procédure en matière de divorce et de séparation de corps.

2314. - Jugé que l'action publique du chef d'adultère et de com­plicité d'adultère est éteinte par la transcription du divorce sur les registres de l'état civil après· opposition formée pendant le délai ordi­naire à l'arrêt de condamnation. L'arrêt qui, sur le défaut des pré­venus, déclare l'opposition non avenue, n'a pu rendre au premier arrêt des effets qu'il avait définitivement perdus et aucune condam­nation ne subsiste donc en l'espèce. - Cass., 19 mai 1937, Pas., 1937, I, 145.

.ARTI.CLES 387 .A 391 109

De la bigamie.

2315. - Quiconque, étant engagé dans les liens du mariage, en aura contracté un autre avant la dissolution du premier, sera puni de la réclusion. - Code pé~al, art. 391.

2316. - Les autres personnes qui auraient sciemment et volon­tairement participe à l'infraction de celui qui contracte un tel ma­riage, sont punissables comme coauteurs ou comme complices. -Exposé des motifs, II, n° 54; Rapp. Sénat, VI, n° 44.

2317. - La première condition du crime de bigamie, c'est l'exis­tence d'un précédent mariage.

Cette condition ferait défaut si, même à l'insu de l'agent, le mariage antérieur avait été dissous par la mort du conjoint. - NYPELS­SERV.AIS, art. 390, n° 2.

2318. - Si la validité du précédent mariage est contestée, laques­tion se pose de savoir si la juridiction répressive est compétente pour statuer sur la nullité ou sur l'annulation de cette union.

D'après les travaux. préparatoires du Code pénal, la connaissance de cette question préjudicielle appartiendrait exclusivement aux tri­bunaux civils. - Rapp. Chambre, III, n° 49.

Nous avons vu qu'une question analogue avait été soulevée dans une poursuite, du chef d'adultère, mais que la cour de cassation avait estimé que, dans cette espèce, elle n'avait pas à statuer expres­sément sur ce point (supra, n° 2252). Par son arrêt du 18 avril 1910, la cour de cassation a formellement tranché cette difficulté, dans un sens contraire à la solution adoptée au cours des travaux préparatoires du Code pénal. Nous analyserons cette décision ci-dessous, n° 2320, après avoir d'abord examiné la question qui se pose lorsque le fait même de la célébration du mariage est contesté.

2319. - Les auteurs des Pandectes belges distinguent le cas où l'existence même du mariage est contestée lorsque, par exemple, l'accusé la dénie parce qu'il connaît la destruction du registre sur lequel cet acte est transcrit. Dans ce cas, dit-on, l'article 198 du Code civil tranche la question. Cette disposition porte, en effet, que « lorsque la preuve d'une célébration légale du mariage se trouve acquise par le résultat d'une procédure criminelle, l'inscription du jugement sur les registres de l'état civil assure au mariage, à compter du jour de sa célébration, tous les effets civils, tant à l'égard des époux, qu'à. l'égard des enfants issus de ce mariage». La juridiction criminelle peut donc statuer sur l'existence de la célébration du mariage. ~ Pand. belges, v0 Bigamie, n° 60.

2320. - Quant à savoir à qui appartient le droit de statuer pré-

1.

i19 ARTICLES 387 A 391

judiciellement sur la validité d'un mariage dont la célébration n'est pas contestée, les auteurs du traité que nous venons de citer admet­tent cette opinion, à laquelle nous nous sommes rallié supra; n° 2252, suivant laquelle cette question est tranchée par l'article 15 de la loi du 17 avril 1878, contenant le titre préliminaire du Code de procé­dure pénale : sauf les exceptions établies par la loi, les tribunaux de répression jugent les questions de droit civil qui sont soulevées devant eux incidemment, à l'occasion des infractions dont ils sont saisis. -Pand. belges, v0 Bigamie, n°s 76 et suivants.

C'est dans ce sens que la cour de cassation a résolu la question dans une affaire de bigamie. Par son àrrêt du 18 avril 1910, elle a décidé que, certes, il ne suffit pas à celui qui est convaincu d'avoir contracté un premier mariage d'en contester v~guement la validité pour faire échec à l'action exercée contre lui du chef de bigamie; il lui incombe de préciser le vice qui pourrait être de nature à saper un des éléments essentiels de la prévention. Mais, saisi par les conclusions du prévenu de la connaissance d'un vice précis qui affecterait prétendûment le premier mariage, le juge du fond a pour mission de se prononcer

' sur l'admissibilité de la' fin de non-recevoir en présence de la légis­lation - en l'espèce une loi étrangère - sur laquelle elle est basée. Il lui incombe de rechercher si- les causes de nullité invoquées sont péremptoires ou si, étant relatives, elles ne sont pas couvertes. -Cass., 18 avril 1910, Pand. pér., 1910, n°s 920 et 921.

' 2321. - Le second élément de l'infraction, c'est la célébration d'un deuxième mariage avant la dissolution du précédent.

Ce fait consomme le crime de bigamie, qui n'est donc pas un délit successif ni permanent. - NYPELS-SERVAIS, art. 391, n08 3 et 4.

Pour qu'un individu puisse être condamné comme bigame, il faut que le second mariage ait été, non pas validé, ce qui est impossible en présence de la nullité radicale dont le frappe l'existen~e d'un premier mariage, valable et non dissous, mais qu'il ait été réguliè­rement contracté. ·un mariage irrégulièrement célébré n'est pas un mariage. - Rapp. Sénat, VI, n° 44.

2322. - L'élément moral de l'infraction consiste, pour celui des contractants qui est marié, dans la connaissance que son premier mariage n'est pas dissous; pour le contractant qui n'est pas marié, il consiste dans la cofmaissance de l'état de mariage où se trouve celui avec lequel il contracte. - NYPELS-SERVAIS, art. 391, n° 5.

2323. - • Les circonstances spéciales de la guerre ont fait appa­raitre dans la pratique un élément particulier du crime de bigamie. Il faut évidemment que les conjoints qui contractent le nouveau mariage ne soient pas les deux mêmes personnes qui ont contracté le mariage précédent. Jugé que si la loi proclame qu'on ne peut con-

ARTICLES 3$7 A 391. - ARTICLE 39lbis

tracter un nouveau mariage avant la dissolution du précédènt, cette prohibition n'a d'a~tre objet que d'empêcher la bigamie. Mais aùcmi texte ne s'oppose à ce que des époux, ayant des raisons de douter de la validité de leur mariage, fassent procéder à une célébration nou­velle de leur union sans devoir requérir, au préalable, l'annulation judiciaire de la première célébration. - Liège, 8 avril 1925, Rev. prat. not., 1926, p. 219.

2324. - L'infraction de bigamie étant un crime, la tentative est punissable si elle réunit les conditions requises par l'article 51 du Code pénal.

Il importe de distinguer, à cet égard, les actes purement prépara­toires, qui ne sont pas punissables : contrat en vue du mariage, publi­cations des bans, etc. Mais l'exécution est réputée commencée par la présèntation des parties devant l'officier de l'état civil en vue de la célébration (NYPELS-SERVAIS, art. 51-53; n° 8). A notre avis, la question ne manque pas d'être délicate comme le prouvent les nom­breuses controverses qui se sont produites à ce sujet· (voir rapport Sénat, VI, n° 44). Nous n'examinerons pas autrement ces controverses parce que toutes ont pour base non pas l'interprétation de la loi, mais précisément le silence du texte légal. L'opinion que nous avohs citée ci-dessus nous paraît susceptible de fournir au moins une direc-­tive sérieuse pour l'examen des cas d'espèce.

2325. - Peut-il y avoir une tentative punissable de bigamie dans la célébration d'un second mariage annulable à raison d'un vice qui lui est propre, cette irrégularité étant indépendante de la volonté du délinquant et de l'existence du premier mariage ?

Si le second mariage est annulé par une pause autre que l'existen~ du premier mariage, le second mariage n'existera pas Ugalement et, partant, le crime est impossible. Or, la tentative d'un fait qui n'est pas un crime ne saurait être une infraction. - Pand. belgea, v0 Biga­mie, n°8 38 et suivants.

CHAPITRE IX. - DE L'ABANDON DE FAMILLE.

ARTICLE 39lbis.

Loi du 17 janvier 1939, modifiant la loi du 14 janvier 1928 concernant l'abandon de famille, modifiée par la loi du 30 mai 1931.

ART. 1er. - L'article 39lbis du Code pénal (article 1er de la loi du 14 janvier 1928, concernant l'abandon de famille, modifié par la loi du 30· mai 1931) est rédigé· comme suit : ·

[Sera punie d'un emprisonnement de huit jO'Urs à de'UX mois et d'une

112 ARTICLE 39lbis

amende de 50 à 500 francs ou d'une de ces peines seulement, sans pé­judice, s'il y a lieu, de l'application de dispositions pénales plus sévères, toute personne qui, ayant été condamnée, par une décision judiciaire qui ne peut plus être frappée d'appel ou d'opposition; à fournir une pension alimentaire à son conjoint, à ses descendants ou à-ses ascen­dants, sera volontairement demeurée plus de deux mois sans en acquit­ter les termes.

Sera punie des mêmes peines, l'inexécution, dans les conditions pé­vues au pécé.dent alinéa, des obligations qui font l'objet des articles 206, 207, 301, 340b, 340c et 349 du Code civil,

Les mêmes peines seront applicables à l'époux qui aura volontaire­ment soustrait aux effets de l'autorisation donnée par le juge en vertu de l'article 214b du Code civil tout ou partie des revenus, créances ou poduits du travail qui sont l'objet de cette autorisation, et ce apès que celle-ci ne peut plus être frappée d'opposition ou d'appel.]

ART. 2. - L'article 2 de la loi du 14 janvier 1928, modifié par la loi du 30 mai 1931, est rédigé comme suit:

Lorsqu'une personne débitrice, dans les conditions pévues à l'arti­cle Jar, est demeurée plus de deux mois sans s'acquitter ou s'est sou­straite aux effets de l'autorisation donnée par le juge en vertu de l'arti­cle 214b du Code civil, elle sera appelée devant le juge de paix à la requête de toute personne intéressée ou du ministère public, et ce au moyen d'une lettre recommandée signée et adressée par le greffier avec accusé de réception.

Le juge de paix recueille les explications des parties et dresse du tout pocès-verbal qu'il transmet au pocureur du roi.

2326. - Origine de l'article 391bis du Code pénal. 2327. - Limitation primitive des obligations sanctionnées. 2328. - Projet de la loi du 30 mai 1931. 2329. - Justification de l'instauration du délit d'abandon de famille. 2330. - Enfants légitimes et enfants naturels. 2331. - Enfants adoptés. 2332. - Ex-époux. 2333. - Inexécution volontaire requise. 2334. - Absence de rapport avec la quotité saisissable du salaire. 2335. - Demande de réduction de la pension. -. Inopérance. , 2336. - Diversité des moyens d'éluder la pension. 2337. - Diversité des modalités du payement. 2338. - Abandon par la. femme de la résidence assignée. 2339. - Payement par un séquestre après consommation du délit. 2340. - Expiration du déla.i de deux mois. 2341. - Rejet de la. demande en divorce. 2342. - Jugement hollandais sans exequatur. 2343. - Jurisprudence française. 2344. - Concours d'infractions : articles 360 et 391bis. 2345. - Transaction. - Appréciation souveraine. 2346. - Insolvabilité du débiteur. - Appréciation souveraine.

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ARTICLE 39lbis

234 7. - Compétence territoriale. 2348. - Procédure. 2349. - Quels dommages-intérêts le juge répressif peut-il allouer?

2326. - L'abandon de famille a été érigé en infraction par la loi du 14 janvier 1928 bientôt modifiée par la loi du 30 mai 1931.

2327. - D'après cette loi du 14 janvier 1928, les seules obliga­tions alimentaires auxquelles le législateur avait attaché la sanction de peines correctionnelles, étaient celles dont le conjoint, le descen­dant ou l'ascendant sont créanciers.

Les études de doctrine et la pratique judiciaire n'avaient pas tardé de faire apparaître que pour atteindre complètement le but visé par la loi du 14 janvier 1928, il y avait lieu d'élargir la portée de celle-ci. Exposé des motifs de la loi du 30 mai 1931, Pasinomie, 1931, 133.

2328. - Le projet de la loi du 30 mai 1931 tendait à sanctionner des peines de l'article 39lbis du Code pénal les obligations alimen­taires résultant de l'article 205, § 2, du Code civil. Il s'agit là de la pension alimentaire que peut devoir la succession de l'époux prémou­rant au conjoint survivant. La commission de la justice au Sénat a estimé qu'il serait dangereux et excessif d'étendre à ce point la portée de la loi de 1928. - Rapp. Sénat, Pasinomie, 1931, p. 135 et 136.

2329. - Les travaux préparatoires de la loi du 30 mai 1931 ont nettement précisé les motifs pour lesquels le législateur a estimé devoir sanctionner pénalement les obligations civiles dont il s'agit à l'article 39lbis du Code pénal. Ces obligations civiles répondent à des obligations morales impérieuses chez le débiteur. Leur méconnaissance volontaire constitue un trouble social suffisant pour justifier des sanc­tions pénales. - Voir notamment discussions Sénat, Pasinomie, 1931, p. 136.

2330. - La législation sur l'abandon de famille ne fait aucune distinction entre les enfants légitimes et les enfants naturels au profit desquels une pension alimentaire a été accordée. Il en a été jugé ainsi en France sous l'empire des lois du 7 février 1924 et 3 avril 1928. - App. Paris, 2 mars 1934, Pand. pér., 1934, 177.

Le texte de la loi belge sanctionne même notamment l'article 340b du Code civil qui accorde des aliments à charge de celui qui a eu des relations avec la mère pendant la période légale de la con­ception. A fortiori faut-il appliquer la généralité des termes de la loi lorsqu'il s'agit d'enfants naturels reconnus.

2331. - Les enfants adoptés bénéficient de la protection légale organisée par l'article 39lbis du Code pénal.

2332. - Sous l'empire de la loi du 14 janvier 1928 une contro­verse s'était élevée en jurisprudence sur le point de savoir si le mot .

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114 .ARTICJLJD 39lbis

«conjoint» mentionné à l'article 39lbi8 du Code pénal concernait l'ex-époux condamµé à payer une pension alimentaire à l'autre époux qui avait obtenu le divorce à son avantage.

Une solution affirmative avait été admise par Bruxelles, 27 décem­bre 1928, Pand. pér., 1929, 19 et 72 (deux arrêts); corr.. Bruxelles~ 22 octobre 1929, Pas., 1930, III, 39; Liège, 4 juillet 1929 (mentionné Pas., 1930, I, ll9).

Mais la cour de cassation s'était prononcée en sens contraire : cass., 17 février 1930, Pa8., 1930, I; H9; cass., 14 avril 1930, Pas.,. 1930; I, 191, N. R., 20.

La jurisprudence avait statué de même dans le cas d'un prévenu poursuivi pour non-payement d'une pension alimentaire à sa belle­mère. - Cass., 13 avril 1931, Rev. prat. not., 1931, 417.

Cette controverse est aujourd'hui résolue explicitement par le texte légal en faveur des créanciers des aliments.

2333. - L'infraction prévue par l'article 39lbis du Code pénal et consistant dans le fait de, ayant été condamné par une décision judi­ciaire coulée en force de chose jugée à fournir une pension alimen-· taire à son conjoint, à ses descendants ou à ses ascendants, être resté en défaut penda:q.t plus de trois mois (actuellement deux mois), d'en acquitter les termes, est subordonnée à la condition que l'inexé-:­cution de cette obligation ait été volontaire. La décision qui con-

. damne un prévenu sur le pied de cette disposition légale, sans relever l'existence de cette condition, qui forme l'un des éléments constitu-­tifs du délit, viole, par fausse application, ledit article 39lbis et pro­nonce une peine à raison d'un fait qui n'est pas légalement punis-· sable. -'- Cass.; 24 janvier 1939, Pas., 1939, I, 41.

L'article 39lbis du Code pénal réprime l'inexécution vowntaire de, l'obligation alimentaire. - Cass., 7 juillet 1941, Pas., 1941, I; 275; sic cass., 20 mai 1942, Pas., 1942, I, 129. .

-Une opposition formelle n'est toutefois pas requisè comme con-· dition du délit. - Bruxelles, 9 octobre 1936, Rechtsk. Weekbl.; 16 mai 1937, 1447.

2334. - L'article 39lbis du Code pénal réprime l'inexécution volon­taire de l'obligation alimentaire (en l'espèce art. 340b du Code civil), sans distinction entre le cas où le montant de la pension fixée­par le juge excède la quotité saisissable du salaire du débiteur et­celui où le montant de la pension est inférieur à cette quotité. -Cass., 7 juillet 1941, Pas., 1941, I, 275.

2335~ - Le mari qui, condamné par une décision judiciaire coulée­en force de chose jugée à payer une pension ali~entaire à son épouse,. demeure volontairement plus de deux mois sans en acquitter les termes,. contrevient à l'article 39lbis du Code pénal. La circonstance qu'il a,

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ARTICL;E · 39lbis 115

.introduit ùne demande en réduction de la pension, demande rejetée . par un jugement encore susceptible de recours, ne le dispen'se pas de continuer à exécuter la décision qui a fixé le montant de la pension. -Cass., 20 mai 1942, Pas., 1942, I, 129.

2336. - Peu importent les moyens employés pour échapper au -payement de la rente alimentaire : changements fréquents de rési-

. .dences ou d'employeurs,· dépôts clandestins de sommes aux mains de tiers, appauvrissement volontaire, dilapidation intentionnelle de fortune, etc. - Bruxelles, 7 février 1935, Rev. dr. pén., 1935, 301; Rec. somm., 1937, DR. PÉN., Infractions famille, n° 1.

2337. - Peu importe aussi le moyen suivant lequel la pension ali­mentaire doit être fournie. Dans sa forme actuelle, le texte légal vise notamment la délégation, prévue par le juge en vertu de l'article 214b ,du Code civil; de tout ou partie de revenus, créances ou produits du travail.

Il n'y a pas lieu non plus de tenir compte de ce que le montant -annuel de la délégation prononcée par le juge de paix dépasse le taux de la compétence ordinaire de sa juridiction. - Bruxelles, :21 avril 1934, Recktsk. Weekbl., 29 avril 1934, 637. Cette décision .avait été réformée par cass., 24 septembre 1934; Pand. pér., 1934, :264.

Le législateur a. modifié en conséquence le texte de la loi.

2338. - Jugé que l'abandon par la femme de la résidence qui lui a été assignée pendant une instance en divorce n'est pas une -cause de justification supprimant l'infraction prévue par l'article 39lbis du Code pénal. - Bruxelles, 9 octobre 1936, Rechtsk. Weekbl., 16 mai 1937, 1447.

Il y a cependant lieu de remarquer que, suivant les termes exprès de l'article 269 du Code civil, le mari pourra refuser la provision alimentaire à défaut de · justification par la femme' de sa résidence dans la maison indiquée.

2339. - Le fait que les pensions arriérées ont été payées après •coup par un séquestre désigné à la · garde d'une partie des biens du débiteur, ne supprime pas non plus l'infraction d'abandon de famille lorsque le délit a été consommé. - Bruxelles, 9 octobre 1936, précité.

2340. - Jugé que, pour être déclaré coupable du délit d'abandon ,de famille, il faut que le débiteur d'aliments soit resté plus de trois mois {actuellement deux mois) sans s'acquitter' de la pension alimen­taire à laquelle ,jl a été condamné et que ce délai soit écoulé au jour ,de sa convocation devant le juge de pa~. - Bruxelles, 7 novembre 1933, Pand. pér., 1934~ 141 ; sic SoHUIND, Droit criminel, 28 éd., t. Jer, -p. 210, n° 2, in fine:

116 ÂRTICL:E 39lbis

2341. - Lorsque les décisions condam.Iiant à payer une pension alimentaire pendant le cours d'une instance en divorce ont cessé leurs effets par suite du rejet de l'action en divorce depuis plus de trois aiis; elles ne peuvent servir de base à une poursuite pour aban­don de famille .. - Corr. Liège, Il octobre 1935, Pan<l. pér., 1936, 198.

2342. - Un jugement du tribunal correctionnel de Bruxelles, en date du 4 mai 1931, avait estimé qu'une décision judiciaire hollan­daise coulée en force de chose jugée et répondant aux cinq conditions énumérées à la convention hollando-belge du 28 mars 1925, approu­vée par la loi du 16 avril 1926, éfatit une base suffisante aux pour­suites sur le pied de l'article 39lbis du Code pénal.

La cour d'appel de Bruxelles a réforme ce jugement pour le motif que le jugement de Rotterdam ne pouvait servir de base à des poursuites pénales, à raison de son inexécution, tant qu'il n'a pas reçu l'exéquatur en Belgique conformément à l'article 10 de la loi du-25 mars 1876. - Bruxelles, 12 octobre 1932, Pan<l. pér., 1933, 66.

l343. - La jurisprudence française décide de même que le délit d'abandon de famille ne peut exister en France, à raison de la non­exécution d'un jugement belge accordant une pension alimentaire, si ce n'est après l'expiration du terme légal à partir du moment où le jugement accordant l'exéquatur de la décision belge est devenu définitif. - App. Paris, 2 mars 1934, Pan<l. pér., 1934, 177.

2344. - Quand la pension alimentaire est destinée à payer l'entre­tien d'un enfant, il y aura souvent concours d'infractions avec le délit

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prévu à l'article 360bis du Code pénal'. - SCHUIND, Droit criminel, 28 éd., t. Jer, p. 210, n° 3.

2345. - Lorsque, postérieurement au jugement fixant la provi­sion alimentaire à payer _à l'épouse pendant l'instance e:µ séparation de corps, les époux ont, de commun accord, établi cette provision sur des bases différentes, la question de savoir si cet accord constitue une convention autonome ou si la modification du montant et des échéances de la pension alimentaire était une transaction sur certaines dispositions du jugement, comportant l'acquiescement pour le sur­plus, gît en fait et est appréciée souverainement par le juge du fond. - Cass.; 5 octobre 1937, Pas., 1937, I, 259.

2346. - Le juge du fond justifie légalement la condamnation qu'il prononce du chef de défaut de payement d'une pension alimentaire par un mari à son épouse divorcée, lorsque, répondant à des conclu­sions qui allèguent l'insolvabilité du prévenu, il déduit le caractère volontaire du défaut d'acquitter les termes de lapensiond'unensemble de circonstances démontrant la possession par le prévenu d'un capital important dont il n'établit pas la perte, l'absence de tout versement

ARTICLE 39lbis 117

pàrtiel et le défaut de toute tentative pour faire modifier la pen­sion. - Cass., 29 novembre 1938, Pas., 1938, I, 373, A; 1°.

2347. - M. ScHUIND (op. cit., p. 210) estime que, pour le délit prévu à l'article 39lbis du Code pénal, les tribunaux compétents sont à la fois celui du lieu où le payement doit être fait et celui du domicile du créancier. Cet auteur signale toutefois que le Répertoire pratique du droit belge, v0 Abandon de famille, n°8 78 et 79, enseigne que le délit prévu par l'article 39lbis se commet au domicile du débiteur (Code civ., art. 1247), à moins que la décision accordant la pension alimentaire n'en ait décidé autrement. - Op. cit., p. 210, n° 4.

2348. - La portée de l'article 2 de la législation formant l'arti­cle 39lbis du ·Code pénal est de conférer au juge de paix le soin de faire enquête sur le caractère volontaire du défaa.t de payement de la pension alimentaire.

Mais si un intéressé s'adresse au parquet, ce dernier prescrit géné­ralement une information de police préalable. Les pièces ne sont alors transmises au juge de paix que dans le cas où le classement « sans suite ,, ne s'impose pas. - SCHUIND, op cit., p. 209.

2349. - Il a été jugé que la victime d'un abandon de famille ne peut obtenir par la voie d'une action civile devant la juridiction répressive, la condamnation de l'auteur de l'abandon au payement des arriérés de la pension due. On a fait valoir en ce sens que le titre qui serait ainsi procuré par la décision répressive ferait double emploi avec celui antérieurement octroyé par la juridiction civile. Au surplus, dit-on, le délit reproché à l'auteur de l'abandon n'est pas la cause de la débition des aliments. - Bruxelles, 27 février 1946, Journ. trib., 9 juin 1946, 302. Voir aussi les autorités citées dans l'arrêt et dans la note d'observations du Journal des tribunaux.

Nous ne songeons certes pas à émettre aucune appréciation sur les cas d'espèce tranchés par les autorités de jurisprudence. Mais, au point de vue des principes, nous ne pouvons pas nous rallier à la doctrine rapportée ci-dessus.

Il est bien certain que si la victime d'un abandon de· famille a, par exemple, deux mille francs d'arriérés de pension alimentaire à percevoir, il ne peut être question de lui allouer un second titre au payement de la même somme, en double emploi avec le payement à titre civil des arriérés dont le non-payement a précisément été la cause du délit d'abandon de famille. Mais la victime du délit d'aban­don de famille peut avoir un intérêt quelconque de choisir la voie de la procédure répressive pour obtenir le payement des arriérés de la rente alimentaire. Pour éviter cettè, conséquence inadmissible, il suffira qu'il soit spécifié que le payement éventuel de ce poste de dommages-intérêts entraînera à due concurrence la libération des

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arriérés. S'il y a des dommages-intérêts à allouer en dehors des arrié­rés de la pension proprement dite, ce sera éventuellement l'intérêt du débiteur lui-même que la poursuite de toutes les~·créances puisse être réunie en une seule procédure.

Il est bien certain aussi que le délit reproché à l'auteur de l'abandon n'est pas la cause de la débition des aliments. Mais il est non mo:i:Q.s certain que le préjudice causé par le non-payement des arriérés est précisément l'objet du délit d'abandon de famille. On ne voit pas dès lors pourquoi le juge répressif ne pourrait pas statuer sur ce point quant au· dommage causé par l'infraction, sauf ~ bien préciser ce qui, est nécessaire pour éviter un double payement. Sous cette réserve très importante, nous pensons qu'il y a lieu de se séparer d'une ten­dance malheureusement trop répandue d'aider les débiteurs récalci­trants à soulever des obstacles à l'exécution des payements qu'ils doivent aux créanciers d'indemnités. Ainsi que nous l'avons montré, l'unification de la procédure d'exécution peut éventuellement être con­forme à l'intérêt légitime du débiteur de la pension dont les arriérés sont demeurés impayés.

ARTICLl!l 392 119

TITRE VIII

Des crimes et des délits contre les personnes.

CHAPITRE Jer. - DE L'HOMICIDE ET DES LÉSIONS

CORPORELLES VOLONTAIRES.

AR'J'ICLE 392.

Sont qualifiés volontaires l'homici<le commis et ks lésions causées avec le dessein d'attenter à l,a personne d'un individu déterminé, ou de celui qui sera trouvé ou rencontré, quand même ce dessein serait dépen­dant de quel,q_ue circonstance ou de quel,q_ue condition, et lors même que l'auteur se serait trompé dans l,a personne de celui qui a été victime de l'attentat.

2850. - Lésions corporelles et homicide. 2851. - Lésions volontaires. 2852. - Notion de l'homicide. 2858. - Notion des lésions corporelles. 2854. - Homicide et lésions volontaires. - Dessein d'attenter à une personne. 2855. - Dessein conditionnel. 2856. - Erreur sur la personne. 2857. - .Aberratio ictus. 2858. - Mobile de l'agent. Inopérance. 2859. - Délit d'omission.

2350.---,-- Le Code pénal de 1810 définissait les coups et blessures et l'homicide involontaire. Les auteurs du Code pénal de' 1867 ont cru utile de déterminer aussi ce qu'il faut entendre par l'homicide et par les lési.ons corporelles volontaires. - Exposé des motifs, II, n° 3.

2351. - Sont qualifies volontaires, l'homicide commis et les lésions causées avec le dessein d'attenter à la personne ...

· Tels sont les éléments de 'la définition légale contenue dans l'ar­ticle 392 du Code pénal. , Par une application normale des principes généraux de l'imputa­

bilité, dès· l'instant où les coups ont été volontairement portés, leur auteur est tenu des conséquences qui en sont résultées. - Cass., 7 mai 1923, Pas., 1923, I, 300.

2352. - L'homicide, c'est l'action de tuer un être humain. -Pand. belges, v0 Homicide, n° 1.

I

120 ARTICLE 392

I

2353. - Le Code vise, en outre, les Usions corporelles. Cette expres--sion a été employée à dessein parce qu'elle est plus large que celle de << coups et blessures». On peut causer à quelqu'un une maladie ou une incapacité de travail sans lui faire des blessures ou sans lui porter des coups proprement dits (Exposé des motifs, II, n° 2). Déjà sous l'empire du Code de 1810, la jurisprudence admettait que le mot blessure est un terme générique qui s'applique à toutes lésions corporelles même internes et quels que soient les moyens employés pour les occasionner (NYPELS-SERVAIS, art. 392, n° 2). Cette juris­prudence se trouve donc confirmée par la rédaction adoptée dans le Code de 1867.

2354. - L'homicide et les lésions sont qualifiés volontaires si l'au­teur a agi dans le dessein d'attenter à la personne d'un individu déter­miné ou de celui qui sera trouvé ou rencontré.

Ces derniers mots visent les cas où l'agent a eu l'intention soit d'attenter à une personne déterminée, soit, s'il s'agit, par exemple, d'un bandit en embuscade, à la personne du premier voyageur qui viendra à passer. L'expression du Code est synonyme de celle-ci : d'attenter à la personne d'un individu déterminé ou indéterminé.

Jugé que celui qui, connaissant les armes, armé d'un pistolet Brow­ning qui peut donner la mort à plus de cinquante mètres de distance, tire dans la poitrine d'une personne, à hauteur d'homme, à une dis­tance de moins de soixante centimètres entre l'extrémité du canon et le corps de la victime - et la distance fût-elle même de un mètre et demi à deux mètres - cet .homme ne peut avoir eu d'autre inten­tion que celle de donner la mort, quel que soit au demeurent le mobile qui le fait agir : sentiment de droit ou passion. - Gand, 27 juillet 1925, Pand. pér., 1926, 107.

2355. - Les lésions et l'homicide ne cesseraient point d'être volon­taires quand même le dessein de l'agent serait dépendant de quelque circonstance ou de quelque condition.

Il se peut, lit-on dans !'Exposé des motifs, que la résolution de com­mettre le crime soit conditionnelle; que celui qui la prend en sub­ordonne l'exécution à un événement futur et incertain; par exemple le voleur se propose de tuer la personne qu'il veut dévaliser si elle appelle au secours. -:-- Exposé des motifs, II, n° 3.

2356. - ... << Lors même que l'auteur se serait trompé dans la per­sonne de celui qui a été victime de l'attentat. »

L'agresseur a voulu frapper ou tuer Pierre; par une erreur sur la personne, il frappe ou il tue Paul. - Exposé des motifs; II, n° 4.

2357. - Ces éléments de la définition légale de l'homicide ou des lésions volontaires n'excluent pas ce qu'on a appelé l'aberratio ictus, c'est-à-dire le cas où, par exemple, un individu tire un coup de feu

AR'l'ICLE 392. - ARTICLES 393 A 397 121

dans la direction de Paul, mais atteint Pierre. L'agent a eu la volonté de tuer ou de blesser ùne personne; jl est coupable. - NYPELS-

8:ERVAIS, art. 392, n° 9.

2358. - Nous avons examiné; supra, n°8 666 et suivants, la dis-­tinction qui existe, en droit pénal, entre l'intention et le mobile.

Dès l'instant où le délinquant a voulu tuer ou blesser quelqu'un,. il importe peu, au point de vue de l'existence de l'infraction, pourquoi il a voulu tuer ou blesser. Le fait d'avoir donné volontairement la mort à une personne, même sur son ordre ou de son consentement,. constitue un meurtre ou un assassinat. Le mobile, les motifs qui ont fait agir l'inculpé - par exemple sauver du supplice un · condamné à mort ou mettre fin aux cruelles souffrances d'un homme atteint. d'une ma~adie incurable - peuvent affaiblir, mais n'effacent pas la. culpabilité. - Exposé des motifs, II, n° 5.

Quant à l'inopérance du mobile sur l'existence de l'infraction,. adde : Gand, 27 juillet 1925; Parul,. pér., 1926, n° 107.

2359. - Peut-on se rendre coupable de meurtre ou de lésions cor­porelles par omission î On a soutenu que l'infraction peut résulter de la simple omission volontaire et intentionnelle d'un acte que l'auteur­avait l'obligation de poser, si cette omission a entraîné la mort ou les lésions.

L'opinion la plus accentuée que nous connaissions à cet égard est­celle qui a été développée par M. le procureur général Servais dans son discours prononcé à i'audience solennelle de rentrée de la cour d'appel de Bruxelles du 15 septembre 1927 (Belg. jud., 1927, col. 610 et suiv.): La protection de la vie humaine est un devoir social. L'obli­gation d'accomplir ce devoir n'est pas appuyée d'une sanction pénale. Mais si, à sa méconnaissance, s'ajoute chez l'agent la volonté d'atten-­ter à une vie humaine, il devient l'artisan de la mort qu'il a voulue .. Il est coupable de meurtre.

Voir infra, n° 2363.

SECTION Ire.

DU MEURTRE ET DE SES DIVERSES ESPÈCES.

ARTICLE 393.

L'homicide commis avec intention de donner la mort est qualifié meurtre. Il sera puni des travaux forcés à perpétuité.

ARTICLE 394.

Le meurtre commis avec préméditation est qualifié assassinat. Il sera. puni de mort. ,

1.22 ARTIOLlllS 393 A 3·97

ARTICLE 395.

Est q:ualifié parricide et sera 'J)'Uni de mort, le meurtre des père, mère ou autres ascendants 'légitimes, ainsi que le m~urtre des père ou mère Mturels.

ARTICLE 396.

Est qualifié infanticide le meurtre commis sur un enfant au moment de sa naissance ou immédiatement après.

L'infanticide sera puni, suivant les circonstances, comme meurtre ou comme assassinat.

Toutefois, la mère qui aura commis ce crime sur son enfant ilUgitime sera punie des travaux forcés de dix ans à quinze ans.

Si elle a commis ce crime avec préméditation, elle sera 'J)'Unie des tra­vaux forcés de quinze ans à vingt ans.

ARTICLE 397.

Est qualifié empoisonnement, le meurtre commis par le moyen de .substances qui peuvent donner la mort plus ou moins promptement, de quelque manière que ces, substances aient été employées ou adminis­trées. Il sera puni de mort. Du meurtre simple.

2360. - Meurtre simple. 2361. - Meurtre qualifié. 2362. - Meutre simple. - Moyens propres à donner la mort. - Tentative impossible. 2363. - Meurtre par omission. 2364. - Intention de donner la mort. 2865. - Preuve de cette intention. 2366. - Différence avec préméditation. 2367. - Mobile de l'agent. 2368. - Suicide. - Tentative. - Coopération.

Des meurtres qualifiés. 1 ° - De l'assassinat. 2369. ~ Définition. 2370. - Préméditation. 2371. - Critique de la notion légale. 2372. - Conditions du meurtre. - Renvoi. 2373. - Préméditation. - Elément constitutif du crime. 20 - Du parricide. 2374. - Définition. 2375. - Conditions du meurtre. - Renvoi. 2376. - Ascendants légitimes • . 2377. - Exclusion de la parenté adoptive. 2378. - Exclusion des ascendants par alliance. 2379. - Parents naturels. - Enfants reconnus. 2380. - Compétence du jury. 2381. - Préméditation non requise. 2382. - Excuses non applicables. 2383. - Connaissance de la parenté. 2384. - Connaissance de la reconnaissance. 2385. - Elément constitutif du crime. 2386. - Coauteurs et complices.

3° - De l'infanticide. 2387. - Définition.

ARTIOL)!JS 393 A 397

2388. - Origine et portée des termes légaux. 2389. - Moment de l'accouchement. 2390. - Immédiatement après la naissance. 2391. - Intention de donner la mort. 2392. - Enfant né vivant même non viable. 2393. - Peines de l'infanticide en général. 2394. - Mère. - Enfant. illégitime. 21395. - Enfant adultérin. 2396. - Coauteurs ou complice& de la mère.

40 - De l'empoi8onnement. 2397. - Définition. 2398. - Elément de ce crime. 2399. - Intention de donner la· mort. 2400. - Préméditation non requise. 2401. - Infraction consommée par la. mort. 2402. - Sùbstances pouvant donner la. mort. - Tentative. 2403. - Antidote a.dprlnistré par l'auteur.

Du meurtre simple.

2360. - Le Code pénal, en son article 393, définit le meurtre :: . · l'homicide commis avec l'intention de donner la mort. C'est là le meurtre simple puni, par la même disposition, des travaux forcés à. perpétuité. - Adde : SU'JYfa, n° 2354.

Le fait de donner la mort ou de tenter de la donner à une personne. qui y consent, qui même demande formellement qu'on la tue, n'en reste pas moins un meurtre ou un assassinat ou la tentative de l'U:n. de ces crimes. - Corr. Bruxelles, 4 juin 1932, Pas., 1932, III, 143.

La circonstance que l'auteur du meurtre a tenté de se suicider au même moment, reste sans influence sur l'inculpation retenue à sa. charge. - Même jugemênt.

2361. - Au meurtre simple, on oppose le meurtre qualifié : l'as-­. sassinat, le parricide, l'infanticide et l'empoisonnement. Ces crimes sont définis et sanctionnés par les articles 394, 395, 396 et 397 du Code.

2362. - Le meurtre simple coIU!iste dans l'emploi de certains. moyens propres à donner la mort, mis en œuvre avec l'intention de donner la mort.

Le Code ne fait aucune distinction quant au choix des moyens employés. Il faut de toute évidence que ceux-ci soient de nature à,, donner la mort. Sans quoi, il ne saurait y avoir de meurtre ni même de tentative de meurtre. Nous avons vu, en effet, au commentaire des articles 51" et·suivants du Code pénal (BU'[Yfa, n°8 392 et suivants),,. que, par exemple, celui qui voudrait tuer quelqu'un au moyen d'une arme à feu non chargée, ne serait point punissable même du chef de, tentative de meurtre.

124 ARTICLES 393 .A 397

2363. - Le meurtre peut se commettre par des moyens négatifs (ou par omission). Nous avons exposé (supra; n° 2359) la substance de la dernière thèse qui a été formulée à cet égard.

Ce qui est certain, c'est que, par exemple, celui qui, détenant illé­galement une personne, la laisserait volontairement mourir de faim, serait coupable de meurtre. - NYPELS-SERVAIS, art. 393, n° 8.

2364. - En dehors de l'emploi des moyens matériels propres à donner la mort, l'infraction de meurtre suppose, en outre, à titre p.'élément essentiel, l'intention de donner la mort. - Cass., 12 juil­let 1921, Pas., 1921, I, 447. Adde : supra, n° 2354.

2365~ - La preuve de l'intention de donner la mort peut soulever des difficultés.

Il a été jugé que celui qui, en connaissance de cause, met en œuvre des moyens qui, normalement, doivent donner la mort, ne peut avoir eu d'autre intention que celle de tuer.- Gand, 27 juillet 1925, Parul. pér., 1926, no 107.

La question de l'existence ou de la non-existence de l'intention de donner la mort, est une question de pur fait à apprécier suivant les <lirconstances propres aux divers cas. - N YPELS-SERV AIS, art. 393, n° 7.

2366. - L'intention de donner la mort ne doit pas être confondue avec la préméditation. - Infra, n°· 2370.

2367. - Si l'intention de donner la mort est essentiellè à l'exis­tence du crime de meurtre; le mobile de l'agent ne peut au contraire qu'influencer le degré de culpabilité. - Supra, n° 2358.

On a enseigné que constitue un meurtre, et non le délit d'homicide par imprudence, le fait d'avoir, sous l'empira de la peur, tué volontaire­ment d'un coup de fusil une personne prise à tort pour un malfaiteur. - NYPELS-SERVAIS, art. 393, n° 3.

Nous pensons que pareille question doit être résolue en fait. Si l'au­teur a pu croire réellement qu'il se trouvait dans les cas de légitime défense prévus par les articles 416 et 417 du Code pénal, il n'y aura évidemment point d'infraction, l'auteur n'ayant eu d'autre dessein que celui de se défendre légalèment.

2368. - Le législateur a expressément refusé de réprimer le suicide, la tentative de suicide et la complicité de suicide. - Exposé des motifs, II, n° 27 ; Rapp. Chambre, III, n° 9.

Des meurtres qualifiés.

1° - D:E L'ASSASSINAT.

2369. - Le meurtre commis avec préméditation est qualifié assas­sinat. Il est puni de mort. - Code pén., art. 394.

ARTICLES 393 A 397 ,125

2370. - Il y a préméditation lorsque le meurtre a été résolu ou exécuté av_ec réflexion, de sang-froid. - Exposé des motifs, II, n°8 9 et 26 ; PRrns, Science pénale et droit positif, n° 296.

2371. - L'auteur qui vient d'être cité a critiqué cette notion de la préméditation telle qu'elle a été admise par le Code pénal. Il donne à cet égard deux exemples : un amant, en proie depuis longtemps à une jalousie féroce, en arrive à songer à tuer la femme qui le trompe et finit par la tuer dans une scène qu'elle provoque; il a prémédité son crime et est assassin.

Un repris de justice, un malfaiteur de profession, s'introduit, pour voler, dans une maison qu'il croit inhabitée et, tout à coup, se trou­vant en présence d'une dame qui lui enjoint de sortir, il la frappe de son bâton ferré et la tue. Il n'est que meurtrier. Pourtant le second coupable est plus mauvais et plus dangereux que le premier. -PRrns, loc. cit.

2372. - A part cet élément de préméditation, l'assassinat est régi, quant à l'existence du crime, par les conditions du meurtre en géné­ral. -,- Supra, n°8 2360 et suivants.

2373. - La préméditation n'est pas une circonstance aggravante, mais un élément constitutif de l'infraction d'assassinat. Elie doit donc faire l'objet d'une question principale à poser au jury. -NYPELS-SERVAIS, art. 394, n° 3; Code d'instr. crim., art. 351 rem­placé par l'article 118 de la loi du 18 juin 1869 sur l'organisation judiciaire.

20 - Du PARRICIDE.

2374. - Est qualifié parricide et sera puni de mort, le meurtre ' '

a) Des pêre et mère légitimes ; b) Des autres ascendants légitimes ; c) Des père ou mère naturels. - Code pén., art. 395.

2375. - Le parricide est un meurtre. L'infraction doit donc réunir tous les éléments du meurtre. - Supra, n°s 2360 et suivants.

2376. - Il faut, de plus, que ce meurtre ait été commis : a) sur les père et mère, b) ou d'autres ascendants Ugitimes.

2377. - La parenté adoptive n'est pas prévue par le texte de notre article. Les travaux préparatoires prouvent que l'intention du . législateur a été d'exclure cette parenté fictive du champ d'appli­cation de l'article 395. - Exposé des motifs; II, n° 14; E,app. Chambre, III, n° 5 ; Rapp. Sénat, VI, n° 4.

2378. - Les ascendants par alliance ne sont pas non plus compris

126 .ARTICLES 393 .A 397

parmi les ascendants légitimes au sens de l'a;rticle 395 du Code pénal. - NYl>ELs-SERVAIS, art. 395, n° 3; ~app. Chambre, III, n° 5.

2379. - Les enfants naturels ne peuvent être déclarés coupables. de parricide qu'à l'égard des père·et mère qui les ont reconnus léga­lement. Le texte du projet faisait une mention expresse de cette condition. - ExpoBé deB motifB, II, n° 15 ; Rapp. Chambre, III, n° 5.

La mention de Ja reconnaissance légale fut supprimée par le Sénat uniquement pour réaliser l'lllliformité des textes dont quelques-uns portaient cette mention tandis qu'ailleurs elle ne figurait point. Mais il était bien compris que de toutes façons, père et mère naturel8, cela ne peut B'entendre que de ceux qui ont reconnu l'enfant (Dise. Sénat, VII, n° 10) où de ceux qui ont été déclarés tels par jugement en ·vertu des articles 340 et 341 du Code civil.- Dise. Sénat, n° 12, litt. b.

2380. - Si l'accusé conteste sa filiation légitime ou naturelle, le jùry est compétent pour statuer sur cette dénégation. Mais le jury violerait la véritable portée des questions posées dans le cas où il admettrait, par exemple, une filiation naturelle en dehors d'une recon­naissance légale, volontaire ou forcée, de l'enfant naturel. - NYPELS­S:ERv .AIS, art. 395, n° 7.

2381. - L'existence du crime de parricide n'est pas subordonnée à la condition que l'auteur ait agi avec préméditation. - NYPELS­SERV.AIS, art. 395, n° 2.

2382. - Les excuses énumérées aux articles 411 et suivants du Code pénal, ne peuvent pas être invoquées en matière de parricide. -- Code pén., art. 415.

2383. - Il faut que le meurtrier ait su que la personne qu'il tuait était son ascend~nt légitime ou soit son père, soit sa mère naturels. - NYPELS-SERVAIS, art. 395, n° 1.

2384. - De plus, s'il s'agit d'un enfant naturel, il n'y aura crime de parricide que si l'enfant avait connaissance de la reconnaissance légale dont il a été l'objet. - Rapp. Chambre, III, n° 5.

2385. - Le fait· qu'un meurtre constitue un parricide n'est pas une circonstance aggravante de ce meurtre; il s'agit ici d'un élément constitutif de l'infraction de parricide qui doit donc faire l'objet d'une question principale à poser au jury. Ceci aurait une impor-

. tance pratique au cas où la réponse affirmative à . cet égard aurait été votée à la simple majorité des voix. - Code d'instr. crim., art. 351, et loi du 18 juin 1869, art. 118.

2386. - On a néanmoins _admis que, l'aggravation de peine n'étant fondée que sur des rapports de filiation, et donc sur une qualité per-

. ARTICLllJS 393- A 397 127

sonnelle, elle ne s'ESten.d pas aux coauteurs ou aux complices du meur­tre. - Rapp. Chambre, III, n° 5 ; Rapp. Sénat, VI, n° ~ ; adde: supra, nos 578 et suivants.

30 - DE L'INFANTICIDE.

2387. - Aux termes des articles 300 et 302 du Code pénal de 1810, le meurtre d'un enfant nouveau-né était qualifié infanticide et puni de la peine de mort.

2388. - Les auteurs du Code pénal de 1867 ont voulu mettre fin à certaines controverses suscitées par . l'application de ces disposi­tions et ainsi prévenir le retour de · certains acquittements regret­tables dus à ce que la peine prévue par le Code de 1810 pouvait avoir de trop rigoureux dans certains cas.

2389. - On s'était demandé, sous l'empire du Code de 1810, si le meurtre d'un enfant commis pendant l'accouchement, pouvait être considéré comme un infanticide. C'est pour prévoir ce cas que le texte porte : est qualifié infanticide, le meurtre commis sur un enfant au moment de sa naissance. - Exposé des motifs, II, n° 20.

2390. - Pendant c01~.bien de temps après sa naissance, un enfant doit-il être c.onsidéré comme un nouveau-né 1 La rédaction du Code de 1867 supprime également les anciennes divergences qui avaient existé à cet égard : est qualifié infanticide, le meurtre ~onunis sur un enfant au moment de sa naissance ou immédiatement après. -Sic cass., 3 décembre 1941, Pas., 1941, I, 441. ·

2391. - Rappelons qu'aux termes de l'article 393 du Code pénal, le meurtre, c'est l'homicide commis avec l'intention de donner la mort. Cette condition est donc requise pour qu'il puisse y avoir un infanticide.

2392. - L'existence de l'infraction suppose, dans tous les cas, que l'enfant soit né vivant. Il n'est pas requis qu'il soit viable (Rapp. Chambre, III, n° 6; NYPELS-SERVAIS, art. 396, n° 8). Beaucoup d'en­fants nés vivants paraissent peu viables au lm.ornent de leur naissance ; mais très fréquemment le fait vient démentir cette apparence du début. Il n'est pas permis de tuer un enfant même si l'on suppose qu'il mourra quand même.

2393. - L'infanticide, en règle générale, est puni, suivant les cir­constances, comme meurtre ou comme assassinat (Code pén., art. 396, al. 2). On appliquera donc les peines prévues aux articles 393 ou 394 du Code pénal, suivant que le meurtre a été commis ou non avec pré­méditation. - Supra, n°8 2360 et suivants et 2369 et suivants.

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128 ARTICLES 393 A 397

2394. - Les alinéas 3 et 4 de l'article 396 du Code pénal pré­voient une peine réduite en faveur de la mère qui, au moment ou immédiatement après la naissance, aura commis un infanticide sur son enfant légitime.

On a considéré qu'une mère qui commettrait ce crime dans les circonstances mêmes de l'accouchement ou immédiatement après la naissance, devrait bénéficier d'une relative indulgence lorsque, dans l'état où elle se trouve à ce moment-là, elle se laisserait aller à faire disparaître le fruit de la séduction dont elle aura éventuellement été victime. ,

Le taux des peines varie suivant que le crime a été ou non prémé­dité. Nous avons indiqué ci-dessus la définition légale de la prémé­ditation. - Supa, n° 2370.

2395. - Par enfant illégitime, il faut entendre tout enfant né hors mariage et même l'enfant adultérin encore qu'il soit présumé légitime; au point de vue du droit civil, jusqu'à son désaveu éven­tuel. - NYPELS-SERVAIS, art. 396, n° 8; Pand. belges, v0 Infanticide, n° 33; corr. Liège, 10 septembre 1909, Pand. pér., 1910; n° 1113.

2396. - La réduction de peine acèordée à la mère coupable d'in­fanticide sur son enfant légitime, dans les cas prévus aux alinéas 3 et 4 de l'article 396, ne profite pas aux autres personnes qui auraient participé à l'infraction. - Cass.; 16 avril 1894, Pas., 1894, I; 180; sic cass., 16 avril 1934; Pas., 1934, I, 246.

Cette solution avait été enseignée déjà dans les travaux prépara .. toires du Code pénal de 1867 (Exposé des motifs; II, n° 21). Comme le porte l'arrêt de cassation précité du 16 avril 1894, cette opinion est d'ailleurs confirmée par le texte même de la loi. Après avoir indi­qué la peine normale de l'infanticide (l'article 396, al. 2) le texte porte en effet : toutefois, la mère qui aura commis ce crime ... (art. 396, al. 3). C'est donc bien du même crime qu'il s'agit dans tous les ali­néas de l'article. La peine seule est atténuée uniquement ·en faveur de Îa mère qui aura commis ce crime sur son enfant illégitime.

4° - DE L'EMPOISONNEMENT.

2397. - L'article 397 définit l'empoisonnement: le meurtre commis par le moyen de substances qui peuvent donner la mort plus ou moins promptement, de quelque manière que ces substances1aient été admi­nistrées ou employées.

A propos de l'interprétation de l'article 412 du Code pénal; on avait contesté qu'il puisse y avoir« administration n d'un poison alors que le fait reproché au prévenu était l'utilisation d'un tampon vagi­nal imbibé d'un caustique ou tamponnement gynécologique. On pré­tendait que la loi pénale ne s'appliquait qu'à l'ingestion ou l'absorp­tion alimentaire d'une substance solide ou liquide.

ARTICLES 393 A 397 129

Réfutant cette manière de voir, la cour de cassation a proclamé que le mot <c administrer » signifie faire prendre ou faire absorber une substance par quelque mode que ce soit ; que ce mot implique seule­lement une action volontaire. - Cass., 24 octobre 1938, Journ. trib., 18 décembre 1938, 753.

Adde : infra, n° 2537.

2398. - L'empoisonnement est un crime formé par un fait prin­cipal, le meurtre, et une circonstance aggravante, l'emploi du poison. - Cass., 19 novembre 1923, Pas., 1924, I, 37; cass.; 22 juillet 1924,. Pas.; 1924, I, 509. .

2399. - De ce que l'empoisonnement est un meurtre, il résulte que la culpabilité de ce crime suppose chez l'agent la volonté de donner la mort. - Supra; n° 2364.

2400. - La préméditation n'est pas requise comme condition de l'existence de ce crime. La loi ne fait aucune distinction à cet égard. L'absenoo de préméditation serait éventuellement une circonstance atténuante. - Exposé des motifs, II, n° 23.

L'empoisonnement visé par l'article 397 du Code pénal est un meurtre accompli avec la circonstance spécifique d'emploi de sub­stances pouvant donner la mort. La constatation par le jury qu'un meurtre a été commis avec préméditation, si elle n'est pas requise par la loi, ne peut cependant infliger grief au condamné lorsque la peine prononcée n'excède pas celle qu'établit la loi. - Cass., 21 fé­vrier 1944, Pas., 1944, I; 218:

2401. - L'infraction n'est consommée que si l'empoisonnement a eu pour effet de provoquer la IDDrt de la victime. Voir à cet égard l'erreur commise par le Rapport à la Chambre et sa rectification par le Rapport au Sénat (Rapp. Chambre, III, n° 8 ; Rapp. Sénat, VI, n° 6). Le texte même de l'article 397 du Code pénal de 1867 ne laisse aucun doute à cet égard. L'article 30~ du Code de 1810 qua­lifiait au contraire d'empoisonnement tout attentat à. la vie d'une personne ...

2402. - L'article 397 du Code précise que l'empoisonnement est le meurtre commis par l'emploi de substances qui peuvent donner la mort ...

Cette détermination légale est très importante pour l'appréciation de la tentative punissable. Administrer à quelqu'un une substance absolument inoffensive ne peut évidemment être un meurtre. Le crime ne sera donc pas consommé. Mais malgré l'intention coupable .que pourrait avoir eu l'agent, ce fait ne sera pas non plus une tenta­tive d'empoisonnement puisque ce sera la tentative d'un crime impos­sible. - Supa, n°8 392 et 393,

5-II

\.

i30 .ARTICLES 393 A 397. -: ABTiêLES 398 A 410

On a soutenu que si, au lieu d'administrer une substance absolu­ment inoffensive, l'agent administrait, avec l'intention de donner la mort; une substance qui ne peut pas provoquer le décès mais néan­moins susceptible d'altérer gravement la santé, ce fait tomberait sous l'application de l'article 402 du Code pénal. - Discours Chambre (à l'appui d'un amendement adopté), IV; n° 12; NYPELS-SEBVAIS, art. 402, n° 6. Voir. la discussion de cette thèse, infra, n° 245L

2403. - Que faut-il décider si l'auteur pris de remords fait immé­diatement prendre par la vi~time un antidote î

On a enseigné que si les efforts du èoupable pour sauver la victime étaient couronnés de succès, s'il parvenait à l'arracher à la mort, son acte descendrait aux proportions· d'une tentative qui a manqué son effet. - NYPELS-SERVAIS, art. 397, n° 7.

Nous ne partageons pas cette manière de voir. Selon nous, il im­porte de distinguer diverses hypothèses :

l O L'agent, malgré l'emploi de contrepoisons, ne parvient pas à sauver la victime et celle-ci meurt.

Dans ce cas, le crime est indiscutablement consommé. Les remords seront éventuellement retenus comme une circonstance atténuante ;

2° L'agent parvient à sauver la vie de la victime, mais celle-ci subit certains maux à la suite de l'absorption du poison.

Nous disons : il n'y a point tentative punissable. Les actes for­mant commencement d'exécution du crime d'empoisonnement ont, en effet, manqué leur effet mais non point par des circonstances indé­pendantes de la volonté de l'auteur, comme l'exige l'article 51 du Code pénal.

La volonté criminelle de donner la mort ayant été rétractée à temps par l'agent, il restera, selon nous, une infraction consommée prévue par les articles 402 et suivants du Code pénal ; _ 3° Enfin, si l'agent parvient à neutraliser complètement les effets du

poison qu'il a administré, il n'y aura aucune infraction. - Rapp. Sénat, VI, n° 6.

SECTION II. - DE L'HOMICIDE VOLONTAIRE NON QUALIFIÉ MEURTRE

ET DES LÉSIONS CORPORELLES VOLONTAIRES.

ARTICLE 398.

Quiconque aura volontairement fait des blessures ou porté des 001J,ps sera puni d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende de vingt-six francs à cent francs, ou d'une de ces peines seulement.

En cas de préméditation, le coupable sera condamné à un emprison-

ARTICLES 398 A 410 131' >

nement d'un mois à un an et à une ame:nile de cinquante francs à deux cents francs.

ARTICLE 399.

Si les coups ou les blessures ont causé une malmlie ou une incapacitÀ de travail personnel, le coutpable sera puni d'un emprisonnement de deux mois à deux ans et d'une amende de cinquante francs à deux cents francs.

Le coutpable sera puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de cent francs à cinq .cents francs, s'il a agi avec prémé­ditation.

ARTICLE 400.

Les peines seront un emprisonnement de deux ans à cinq ans et une amende de deux cents francs à cinq cents francs, s'il est résulté des coups ou ,des blessures, soit une malmlie paraissant incurable, soit une inca­pacité permanent_e de travail personnel, soit la perte de l'usage absolu d'un organe, soit une mutilation grave.

La peine sera celle de la rulU8ion; s'il y a eu préml,ditation.

ARTICLE 401.

Lorsque les coups portés ou les blessures faites oolontairement, mai& Mns intention de donner la mort, l'ont pourtant causée, le coutpable sera puni de la réclusion.

Il sera puni des travaux forcé8 de dix ans à quinze ans, s'il a commis ces actes de violence avec préméditation. '

ARTICLE 40lbis.

[Sera puni des peines porties tpar les articles 398 et 401, et suivant les distinctions y établies, -quiconque aura volontairement privé d'ali­ments ou de soins, au point de compromettre sa santi, un enfant au-dessOU8 de l'âge de seize ans ou une personne qui, à raison de son état physique ou mental, n'était pas ·à même de pourooir à son entretien. - Loi du 15 mai 1912, art. 58.)

ARTICLE 402.

Sera puni d'un emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de cinquante francs à cinq cents francs, quiconque aura causé à autrui une malmlie ou incapacité de travail personnel; en lui adminis­trant vowntairement, mais sans intention de tuer, des substances qui peuvent donner la mort, ou des substances qui, sans être de nature t.i donner la mort, peuvent cependant altérer gravement la santi.

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i32 ARTICL'.ES 398 A 410

ARTICLE 403.

La peine sera la réclu.sion, lorsque ces substances auront cau.sé, soit une maladie paraissant incurable, soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte de l'u.sage absolu d'un organe.

ARTICLE 404.

Si les substances administrées volontairement, mais sans intention de donner la mort, l'ont pourtant cau.sée, le coupable sera puni des travaux forcés de quinze ans à vingt ans.

ARTICLE 405.

La tentat ·ve d'administrer à autrui, sans intention de donner la mort, des substances de la nature de celles mentionnées à l'article 402, sera punie d'un emprisonnement d'un mois à trois ans et d'une amende de vingt-six francs à trois cents francs.

ARTICLE 406.

Sera puni de la réclusion celui qui aura volontairement entravé la circulation d'un convoi sur un chemin de fer, en y déposant des objets quelconques, en dérangeant les rails ou leurs supports, en enlevant les chevilles ou clavettes, ou en employant tout autre moyen de nature à arrêter le convoi ou à le faire sortir des rails.

ARTICLE 407.

Si le fait a cau.sé des blessures de la nature de celles prévues par l'article 399, le coupable sera condamné aux travaux forcés de dix ans à quinze ans. Il sera condamné aux travaux forcés de .quinze ans à vingt ans,si les blessures sont de la nature de celles qui sont prévues par l'article 400.

ARTICLE 408.

Si le fait a causé la mort d'une personne, le coupable sera puni des travaux forcés à perpétuité.

ARTICLE 409 (1).

ARTICLE 410.

Dans les cas mentionnés aux articles 398 à 405, si le coupable a

(1) Sont abrogées les dispositions du Code pénal concernant la mise sous la surveil­lance spéciale de la police. - Loi de défense sociale du 9 avril 1930, article 31 •

ARTIOLES 398 A 410

commis le crime ou le délit envers ses père et mère légitimes, naturels ou adoptifs, ou envers ses ascendants légitimes, le minimum des peines porté,es par ces articles sera élevé conformément J l'article 266.

[Il en sera de même si le crime ou le de1,it a été commis envers un enfant au-dessous de l'âge de seize ans accomplis ou envers une personne qui, a raison de son état physique ou mental, n'était pas à même de pourvoir à son entretien, par ses père et mère légitimes, naturels ou adoptifs, ou par toute autre personne ayant autorité, sur l'enfant ou sur l'incapable ou en ayant la garde. - Loi du 15 mai 1912, art. 59.]

Notiona générales. 2404. - Objet des articles 398 et suivants du Code pénal. 2405. - Intitulé de la section. - Portée pratique. 2406. - Lésions corporelles. - Lésions internes. 2407. - Modalités des actes de violences prévus par les articles 398 à 410. 2408. - Violences légères. - Code pénal, article 563, 3°. 2409. - Modalités de la répression. 2410. - Suites civiles. - Compétence des juridictions répressives.

Des coups et bleBBUres volontàires. 2411. - Code pénal, article 398. 2412. - Toutes lésions causées par des violences.

J 2413. - Application~. 2414. - Elément intentionnel. 2415. - Correction corporelle. 2416. - Usage d'un droit. - Perturbateur expùlsé. 2417. - Sports violents. - Boxe. 2418. - Circonstances aggravantes. - Renvoi. 2419. - Délit contraventionnalisé. - Maximum de l'amende applicable.

Des coupB et blessures qualifiéa. 2420. - Code pénal, article 399. 2421. - Incapacité de travail personnel: 2422. - Appréciation au point de vue des pénalités. 2423. - Appréciation au point de vue des dommages-intérêts. 2424. - Elément intentionnel. 2425. - Coauteurs et complices. 2426. - Circonstances aggravantes. - Peines accessoires. 2427. - Maladie incurable. - Incapacité permanente. - Article 400. 2428. - Maladie paraissant incurable.

-2429. - Incapacité de travail personnel. - Renvoi. 2430. - Perte de l'usage absolu d'un organe. 2431. - Mutilation grave. 2432. - Mort de la victime. - Article 401. - Elément intentionnel. 2433. - Décès causé par blessure sans intention de donner la mort. 2434. - Dol indéterminé. 2435. - Elément matériel. 2436. - Décès survenu en cours d'instance. 2437. - La mort est une circonstance aggravante des violences. 2438. - Article 40lbis du Code pénal. 2439. - Application et portée de cette disposition.

CirconBtances aggravantes. - Pénalitéa accessoirea. 2440. - a) Préméditation. 2441. --, b) Père et mère légitimes, naturels, adoptifs.

As11endants légitimes. Article 59, loi du 15 mai 1912.

2442. - Parents naturels. - Allié,. - Renvoi. 2443. - Taux de l'aggravation des peines. 2444. - c) Surveillance spéciale de la police (abrogée).

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1.34 ARTICLES 398 â 410

.Atlminiatration de aubataneea nmsibles et de poisons. 2446. - Article 402 du Code péna,I. 2446. - Incapacité de travail personnel. - Renvoi. 2447. - Intention. - :Mobile. 2448. - Préméditation non requise. 2449. - Absence d'intention de tuer. 2460. - Substances susceptibles de donner la mort ou d'altérer gravement la santé. 2461. - Controverse au sujet de la portée des derniers mots de l'article 402 du Code

pénal. 2462. - Article 403 du Code pénal. 2463. - Portée des termes de cette disposition. - RmtJoi. 2464. - Article 404 du Code pénal. 2465. - Tentative visée à l'article· 406. 2466. - Droit commun. - Différence avec tentative d'empoisonnement. 2467. - Parents, ascendants, etc. - Renvoi. 2458. - Ivresse provoquée entraînant incapacité ou mort de la victime.

Entraves à la circulation d'un convoi sur chemin de fer. 2459. - Code pénal, .article 406. - Blessures simples. 2460. - Blessures qualifiées. - Renvoi. 2461. - Suites mortelles. ·

Notions générales.

2404. - Les articles 398 et suivants du_ Code pénal traitent, sui-vant l'intitulé même de la présente section :

1 ° De l'homicide volontaire non qualifié meurtre ; 2° Des lésions corporelles volontaires.

2405. - D'après NYPELS-SEJl.VAIS; t. III, note page 1, la rubrique formant le titre de cette section (!St défectueuse. Il aurait suffi de dire: Du lésions corporelles volontaires. « En tout cas le qualificatif volon­taire ajouté au mot homicide est impropre ».

Il est bien certain que la rédàction adoptée par les auteurs du Code est sujette à critique parce qu'elle pourrait faire naître une confusion aveè les dispositions légales relatives au meurtre. Mais si nous con­sacrons quelques lignes à ce que d'aucuns considéreront comme une querelle de mots, c'est parce que ces termes, tels qu'ils sont, soulignent sur un point important l'interprétation à donner à certains articles du Code pénal où il s'agit d'infractions consistant à avoir causé la mort sans intention de la donner {art. 401 et 404). On pourrait croire, à première vue, qu'il s'agit là de faits où la peine du Code est fixée 'U/(1,iquement à, raison des conséquences de l'infraction. Il n'en est rien. Pour que l'agent soit responsable de la mort, résultat de son acte, il faut :

a) Que la blessure ait été la cause immédiate de la mort, que par elle-même elle fût mortelle ou qu'elle soit devenue mortelle par des causes accidentelles, comme la constitution de la victime. En d'autres termes, il faut que la mort soit le résultat immédiat des blessures ou qu'elle doive être attribuée à des causes accessoires produites ou mises en mouvement par la lésion. Il ne suffl.rait pas que la bles-

ARTICLES 398 A 410 135

sure fût devenue mortelle par des circonstances .ultérieures, indépen­dantes de la lésion, telles l'imprudence de la victime ou la maladresse d'un tiers;

b) Que l'agent ait prévu ce résultat comme possible, ou qu'il l'ait pu prévoir, sans pourtant l'avoir voulu.

S'il n'a pu prévoir ce résultat, l'homicide est casuel et l'agent n'est responsable qu'à raison de coups et blessures volontaires. - Ex'J)Osé des motifs, II, n08 39 à 41; NYPELS et SERVAIS, art. 401, n° 3.

L'intitulé de notre section donne l'appui d'un argument de texte à cette opinion exprimée dans les travaux préparatoires et consacrée par la doctrine.

2406. - Nos articles sont relatifs, en second lieu, aux 'lésions <XYr'f)O'l'elles volontaires.

Par lésions cor'f)O'l'elles les auteurs du Code ont entendu; non seule­ment des blessures et les coups, mais toutes les atteintes portées à la santé d'une personne sans intention de lui donner la mort. - Exposé des motifs, II, n°8 3 et 29. ·

Sous l'empire du Code pénal de 1867, il y a lieu d'admettre, comme il était admis sous l'empire du Code pénal de 1810, qu'une lésion corporelle caractérisée par la déchirure, même interne, d'un organe constitue une blessure au sens des textes des deux Codes sur la matière. En édictant les articles 398 et suivants du Code pénal, le législateur de 1867 a voulu réprimer, comme l'avait fait le législateur de 1810, par des dispositions analogues, tout attentat contre la personne. En érigeant en délit spécial distinct désormais du délit de coups et bles­sures, le fait d'administrer des substances propres à altérer la santé, en soustrayant ce fait à l'application des articles 398, 418 et 420 du Code nouveau, le législateur n'a pas entendu restreindre autrement la portée de ces textes et écarter désormais leur application aux lésions internes. - Cass., 27 février 1933; Pas., 1933, I, 146.

Jugé que constitue incontestablement une blessure, toute lésion interne ou externe du corps humain résultant de l'action exercée au dehors du corps de l'homme par une cause qui agit mécaniquement ou chimiquement sur les diverses parties de l'économie. - Cass .. , 5 février 1935, Pas., 1935, I, 144.

2407. - Le Code pénal prévoyait trois modalités de lésions corpo­relles volontaires, suivant qu'elles sont causées :

a) Par des actes de violences. - Art. 398 à 401; b) Par l'administration de substances empoisonnées ou nuisibles.

- Art. 402 à 405; c) Par le déraillement d'un convoi de chemin de fer (art. 406

à 408): Dans cette dernière catégorie de cas, le fait seul d'avoir entravé la circulation d'un convoi sur chemin de fer, de l'une des manières

.. 136 ARTICLES 398 A 410

prévues par l'article 406, est punissable sans même que des blessures en aient été le ·résultat. La lésion possible est donc ici érigée en crime;

d) A ces trois ordres de faits, l'article 58 de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance en a ajouté un quatrième, un délit d'omission consistant à avoir volontairement privé d'aliments ou de soins, au point de compromettre sa santé; un enfant au-dessous de l'âge de seize ans ou une personne qui, à raison de son état physique ou mental, n'était pas à même de pourvoir à son entretien. - Code pénal, art. 40lbis.

2408. - Les violences légères dont il s'agit à l'article 563, 3°, du Code pénal, ne sont pas comprises dans la présente section. -NYPELS-SERVAIS, t. III, p. 2, n° 4 . .

2409. - La gravité des peines frappant l'auteur des lésions corpo­relles dépend :

a) Des conséquences dommageables subies par la victime : inca­pacité de travail, maladie; mutilation, mort ;

b) Elle varie souvent suivant que l'agent a agi simplement d'une manière volontaire ou avec préméditation;

c) Enfin, en vertu de l'article 410 du Code pénal complété par l'article 59 de la loi du 15 mai 1912, les peines sont aggravées si la victime est un ascendant du coupable, un enfant de moins de seize ans, ou un incapable soit physique, soit mental.

Nous aurons à revenir de plus près sur ces diverses notions en examinant une à une les diverses catégories de lésions dont il s'agit aux articles 398 et suivants du Code pénal. C'est à cet examen que nous allons procéder dans les alinéas suivants de notre ouvrage. -Infra, n°8 2411 et suivants.

2410. - Si la juridiction répressive ne peut connaître de l'action civile qu'à la condition qu'elle tende à la réparation du dommage causé par une infraction, il n'en résulte pas que la demande de la partie civile doive se borner à solliciter la réparation de lésions de ses droits prévus comme éléments de la prévention. En effet, l'action civile ayant pour fondement légal l'article 1382 du Code civil, peut s'étendre à tous les dommages même indirects causés par le délit.

Le juge saisi d'une poursuite du chef de coups et blessures sur le pied des articles 398 et 399 du Code pénal est donc compétent pour accorder à la partie civile l'indemnisation de tout le préjudice qu'elle a subi, y compris celui qui est résulté pour elle de ce que son inca­pacité de travail causée par l'infraction est devenue permanente. -Cass., 5 juillet 1937, Pas., 1937, I, ~11; adde: cass., 23 janvier 1922, Pas., 1922, 1, 139; 5 janvier 1925, Pas., 1925, I, 95; supra, n° 327.

ARTICLES 398 A 410 137

Des coups et blessures volontaires.

2411. - L'article 398 du Code pénal punit quiconque aura volon­tairement fait des blessures ou porté des coups.

La relation de cause à effet entre des coups volontaires et les con­séquences de ces coups est une question de fait. En conséquence ne peut avoir violé notamment les dispositions des artiéles 398 et 399 du Code pénal, l'arrêt qui décide que les violences exercées par le prévenu ont causé la chute de la partie civile et l'incapacité de travail qu'elle a subie. - Cass., 7 mai 1923, Pas., 1923, I, 300.

2412. - A l'exception des violences légères (supra; n° 2408), cette disposition comprend toutes les lésions volontaires causées par ·des actes de violence. - Exposé des motifs, II, n° 29.

Les auteurs du Code se sont volontairement abstenus de déter­miner quelles sont les voies de fait qui constituent des coups ou des blessures. La solution de cette question est abandonnée dans chaque cas particulier à l'appréciation du juge. - Exposé des motifs, Il, n° 34.

Quant à la portée du terme «lésions», cf. supra, n° 2406. La loi n'ayant pas défini les blessures et les coups; on envisage

surtout, pour les premièresy le résultat obtenu; pour les seconds, on considère Je moyen employé.

Les blessures se manifestent par une trace matérielle. Il suffit d'une cause qui agisse mécaniquement ou chimiquement sur le corps humain. Il importe peu que le résultat ait été atteint par des coups ou par des violences légères. On considère comme blessures : les plaies, les déchirures, les contusions, les ecchymoses, les excoriations, les fractures; les luxations, les brûlures. - ScHUIND, 2e édit., t. Jer, p. 213. - Quant aux lésions internes, cf. supra, n° 2406.

Quant aux coups, l'idée générale qui prédomine, c'est le rappro­chement violent entre le corps humain et un autre objet physique, avec un corps dur. - Cass., 28 novembre 1932, Pas., 1933; I, 31. Mais il ne faudrait pas exagérer la portée de cette définition qui serait à la fois trop large et trop étroite. La notion de « coups ~ s'oppose à celle de violences légères (secouer quelqu'un sans le faire tomber) et à celle du jet de choses pouvant incommoder ou souiller (Code pén., art. 563; 3°). - ScHUIND, 28 édit., t. Jer, p. 214.

Jugé que l'absence de dommage réel; moral ou physique, éprouvé par la victime est indépendant de l'existençe de l'infraction pénale de coups. - Cass., 28 novembre 1932, Pas., 1933, I, 31.

2413. - Signalons quelques applications pratiques : Un seul coup suffit pour constituer le délit. Inoculer une maladie à un enfant pour essayer un remède à cette

maladie. Frapper, donner un coup, un soufflet.

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138 ARTICLES 398 A 410

Heurter quelqu'un de manière à le faire tomber. Jeter une personne à terre; la terrasser. Jeter un corps dur sur quelqu'un. - NYPELS-SERVAIS, art. 398,

nos 6 et suivants. · Mais tirer un coup de feu dans la direction d'une personne sans

l'atteindre et sans vouloir l'atteindre, uniquement pour l'effrayer, constitue non le délit de coups et blessures mais une menace par geste. - Ibid., n° 14; Code pén., art. 329.

On considère généralement en Belgique que celui qui arrache des cheveux se rend coupable de violences légères. En France, un tel fait est tenu pour un coup.

Le juge déclarant établis à charge d'un prévenu certains actes de violence, condamne légalement sur pied de l'article 398 du Code pénal; lorsque le contexte de sa décision indique clairement que ces actes constituent des coups et non des violences légères visées à l'article 563, 3°, du même Code. - Cass., 1er juin 1938, Pa8., 1938, I, 190.

2414. - La.volonté qu'exige l'article 398, comme aussi les disposi­tions suivantes du Code pénal, n'est ni la volonté de tuer; ni la volonté déterminée de produire le mal qui est résulté des coups et blessures. C'est la volonté indéterminée de nuire, la volonté de faire du mal. Si une personne est sur le point d'être écrasée par un véhicule et qu'un tiers, témoin du danger, saisit violemment cette personne pour l'em­pêcher d'être écrasée et lui cause même une blessure, il n'y a pas d'infraction parce que ce tiers n'a pas voulu faire le mal; au con­traire, il a tâché d'éviter un accident. On peut raisonner de la même manière à propos des opérations chirurgicales faites par un médecin pour empêcher un mal plus grand. - NYPELS-SERVAIS, art. 398, n° 3.

Pour l'application des articles 398 et suivants du Code pénal, l'élément intentionnel est une condition essentielle de l'infraction. L'arrêt qui s'abstient de· constater cet élément essentiel constitutif de l'infraction, ne justifie pas légalement la condamnation pro­noncée à charge de l'inculpé. - Cass., 6 novembre 1933, Pand. pér., 1933, 388.

2415: - C'est également par l'absence d'intention de mal faire, qu'on justifie, au point de vue du droit pénal, l'usage modéré de la correction corporelle par les parents et même par les maîtres d'école quand ce mode de coërcition ne leur est pas interdit (NYPELS­

SERVAIS, art. 398, n°s 17 et 18). En fait, la correction corporelle est très fréquemment l'assouvissement de l'impatience ou de la colère de celui qui y a recours.

2416. - L'intention de mal faire est exclue par l'usage d'un

ARTICLJ!:S 398 .A 410 139

droit. Ainsi a-t-il été décidé qu'un débitant de boissons ,a le droit d'expulser de son établissement un consommateur qui trouble l'ordre et refuse à la fois de sortir et de se tenir tranquille. Le tenancier agira prudemment en faisant intervenir la police, si cela lui est possible. Mais, tout au moins, en attendant l'arrivée de celle-ci, il peut empê­cher lui-même les scènes de désordres. Il ne peut employer la violence que dans la mesure indispensable à l'expulsion du perturbateur et il doit éviter de lui occasionner des blessures par la manière dont il procède à cette expulsion. - Pol. Diest, 1er octobre 1&80, CL. et BoNJ., t. XXX, p. 391 et la note du recueil.

2417. - En principe, les coups échangés dans un assaut de boxe ne sont point des actes de violence, mais constituent un jeu qui tient à l'adresse et à l'exercice du corps et que la loi voit avec faveur. Il en est autrement des coups capables de provoquer des blessures, des lésions, des fractures. '

Lorsque la lésion, la blessure ou la fracture doit êtr4:1 envisagée par les boxeurs, non comme un pur accident dépassant les prévi­sions normales; mais comme l'effet possible des coups qu'ils se portent volontairement, ces coups reprennent leur nature de violence et résultent d'un dol, à tout le moins indéterminé ou éventuel. Un règlement convenu entre boxeurs ne peut faire disparaître ce dol. -Gand, 8 juillet 1927, Belg. jud., 1927, 634; Pas., 1927, II, 171.

2418. - Nous étudierons plus loin les circonstances aggravantes communes à toutes les infractions prévues par les articles 398 et suivants du Code pénal : préméditation; ascendants, etc ... - Infra, nos 2440 et suivants.

2419. - Lorsqu'un délit de coups volontaires a été renvoyé devant le tribunal de police par admission de circonstances atténuantes, ni le tribunal de police, ni le tribunal correctionnel statuant en degré d'appel; ne peuvent infliger une amende supérieure à 25 francs (Code pén., art. 38, 85 et 398). - Cass., 4 juillet 1938, Pas., 1938, I, 250.

Des coups et blessures qualifiés.

2420. - Si les coups ou les blessures ont causé une maladie ou une incapacité de travail personnel, le coupable encourt les peines prévues à l'article 399 du Code.

2421. - D'après l'article 309 du Code de 1810, l'incapacité de travail n'était prise en considération que si elle avait une durée, de vingt jours au moins. Le, Code de 1867 ne contient plus cette distinction. L'incapacité de travail doit cependant être sérieuse; il faut qu'elle existe réellement et pendant un certain temps. On ne peut pas dire' que celui qui a reçu un coup et qui le lendemain

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140 ARTICLES 398 .A 410

n'en éprouve qu'une gêne l'empêchant de se livrer avec autant de . facilité que d'ordinaire à ses occupations, a subi une incapacité de travail (Dise. Sénat, VII, n° 5; NYPELS-SERVAIS, art. 399, n° 4). Il n'est point requis qu'il y ait une incapacité complète et absolue de tout travail quelconque. - Exposé des motifs, II, n° 37 ; Rapp. Chambre, Ill; n° Il; NYPELS-SERVAIS, art. 399, n° 6.

2422. - L'incapacité de travail à prendre en considération au point de vue du taux de l,a peine se détermine par l'intensité ou la gravité intrinsèque des blessures, par l'incapacité plus ou moins prolongée de la victime de se livrer à un travail corporel. Si, dans la fixation de la~ peine, la loi prenait en considéra:.tion l'incapacité du travail habituel, le délit puiserait sa qualification, non dans la gravité des blessures, mais dans la position sociale de la victime, dans ses habitudes; dans son genre de vie, c'est-à-dire dans des circonstances purement accidentelles qui pourraient imprimer à l'action un carac­tère de gravité qu'elle n'aurait point par elle-même; qui modi­fieraient la matérialité du fait sans augmenter la culpabilité de l'agent, car celui-ci peut les avoir ignorées. Une blessure au doigt est une blessure légère en elle-même ; ma,is cette blessure peut rendre un musicien incapable pendant des semaines de jouer du violon tandis qu'elle n'empêcherait pas un maçon, un charpentier, un culti­vateur, de vaquer à ses travaux habituels. D'ailleurs, si la loi avait pris comme base l'incapacité du travail habituel, la circonstance aggravante ne serait pas applicable en cas de coups et blessures portés à ceux qui habituellement n'exercent aucune profession. -Exposé des motifs, Il, n° 36; NYPELS-SERVAIS; art. 399, n° 5; Bru­xelles, 18 janvier 1916; Pas., 1918, Il, 168.

2423. - Quand il s'agit au contraire d'évaluer les dommages­intérêts revenant à la victime, les tribunaux tiendront compte des occupations professionnelles. Si les violences exercées sur un homme de lettres l'avaient rendu pendant quelque temps incapable de reprendre ses études habituelles, le juge ne pourrait lui refuser des indemnités de ce chef sous le prétexte que ces violences n'étaient pas de nature à l'empêcher de scier du bois ou de bêcher la terre. -Exposé des motifs, Il, n° 36; NYPELS-SERV.AIS, art. 399, n° 5; Bru­xelles, 18 janvier 1916, Pas., 1918, Il, 168.

2424. - Les articles 399 et suivants du Code pénal n'exigent pas que l'auteur des violences prévues par ces dispositions ait spécialement voulu les conséquences qui donnent lieu à leur application; il suffit qu'il ait agi volontairement. --- Liège, 19 novembre 1907; PaM. pér., 1908, n° 444.

2425. - Il s'ensuit que les divers prévenus qui ont participé à l'infraction tombent, en principe, sous le coup de la même disposi-

ARTICLES 398 A 410 141

tion pénale. - Liège, 19 novembre 1907, Pand. pér., 1908, n° 444; supra, nos 568 et suivants.

2426. - Préméditation. - Ascendants.·- Enfants en dessous de seize ans, etc ... Surveillance spéciale de la police. - Cf. infra, n°s 2440 et suiv., 2444.

2427. - Le taux des peines va encore en augmentant s'il est résulté des coups et blessures soit une maladie paraissant incurable, soit une incapacité permanente de travail personnel; soit la perte de l'usage absolu d'un organe, soit une mutilation grave. - Code pénal, art. 400.

/

2428. - Par les mots « maladie paraissant incurable))' il faut entendre une maladie qui, de l'avis des médecins, est incurable ou, tout au in.oins, pour laquelle il y a grande probabilité que le malade n'en guérira point. - Exposé des rrwtifs, II, n° 38; NYP:ELS-SERVAIS, art. 400; nos 2 et 3.

2429. - Nous avons indiqué (supra, n°s 2421 et suiv.) ce qu'il faut entendre par une incapacité de travail personnel. L'article 400 ne diffère à cet égard de l'article 399 qu'en ce que l'incapacité dont il s'agit ici est permanente.

2430. - L'article 400 prévoit ensuite les coups et blessures par l'effet desquels la personne maltraitée a perdu l'usage abolu d'un organe tel que celui de la vue, de l'ouïe, de la parole. - Exposé des motifs, II, n° 38.

2431. - Cette disposition s'applique enfin aux violences qui ont causé la mutilation grave de quelque partie du corps. Il y a mutilation grave lorsque la victime a perdu le nez, un œil; un bras, une main, une jambe, un pied, lorsqu'elle a été absolument privée de l'usage d'un de ces membres, ou lorsqu'elle est demeurée boiteuse. Parmi les mutilations graves il faut compter la castration.

Mais la perte d'une phalange ou d'un doigt ne serait pas une muti­lation grave. - Exposé des rrwtifs, Il; n° 38; cass., 19 mars 1900, Pas., 1900, I, 186.

2432. - Les· violences volontaires ayant entraîné la mort de la victime sans intention de tuer celle-ci, sont réprimées par l'article 401 du Code pénal.

Pour les délits de coups et blessures dont il s'agit aux articles 398 à 400, nous avons vu qu'il est indifférent que l'agent ait spécialemem voulu les conséquences de son acte. - Supra, n° 24:24.

Pour l'infraction réprimée par l'article 401, il est essentiel que le résultat; à savoir la mort, n'ait pas été voulu, sans quoi cet homicide deviendrait un meurtre ou un assassinat.

i42 ARTIOLES 398 A 410

· Et cependant, ce résultat ne peut pas avoir été purement casuel. Il faut que, sans avoir été voulue par le délinquant, cette suite a été prévue comme possible ou qu'il l'ait pu prévoir comme telle. -Swpra, n° 2405.

2433. - Lorsqu'il y a un rapport de causalité entre le coup porté à la victime et le décès de celle-ci, l'existence de l'infraction de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner doit ~tre admise. Il n'y a pas lieu de distinguer si la lésion était mortelle par elle-même ou si elle l'est. devenue par suite de circonstances accidentelles qui ont accompagné le fait, ni si la lésion devait inévi­tablement amener la mort ou si celle-ci. pouvait être prévenue par les secours de l'art appliqués à temps; ni enfin si la mort a été le résultat immédiat de la blessure ou si elle doit être attribuée à des causes accessoires ptoduites et mises en activité par la lésion. Il n'en serait

' autrement que si la plaie consécutive au coup avait été infectée, soit par suite d'un manque de précaution, soit par suite d'une imprudence de la victime.

Si un prévenu n'a pas prévu que le coup devait entraîner la mort, il serait néanmoins coupable de l'infraction prévue pàr l'article 401 du Code pénal, s'il devait ou pouvait le prévoir éventuellement, étant donné l'instrument dont il s'est servi et la violence avec laquelle il s'en est servi. - Corr. Liège, 10 octobre 1931, Pas., 1932, III, 48. Adde : swpra; n° 2354. Voir aussi corr. Huy, 14 décembre 1939; Pas., 1940, III, 38.

Jugé qu'en exigeant que les coups ou les blessures aient causé la mort de la victime, l'article 401 du Code pénal suppose nécessairement que la mort a été déterminée soit par la lésion, soit par une cause qui est née de la lésion, et non point par mie circonstance accidentelle n'ayant avec celle-ci aucun lien de causalité. - Cass., 23 avril 1934, Pas.; 1934, I, 253. · Cet arrêt à cassé une décision qui avait condamné un prévenu du chef de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner parce que l'attentat avait eu lieu sur un chemin public parcouru par un tramway. La mort avait été la suite de l'écrasement de la victime par un tram entre les rails duquel elle était tombée par suite de l'agression.

Nous pensons que l'article 401 du Code pénal eût été applicable si, d'après les circonstances concrètes de la cause, l'auteur de l'infrac­tion, sans vouloir faire écraser la victime par le tramway, avait néanmoins pu prévoir cette conséquence des coups et blessures dont il se rendait coupable.

2434. - Si le prévenu n'avait pas précisément la volonté de commettre un homicide; mais que sa volonté, dans sa généralité, comprenait toutes les conséquences nuisibles que son action était

de nature à produire, le dol est indéterminé. Au . cas où des violences commises dans ces conditions entraîneraient la mort; on applique­rait l'adage Dolus indeterminatus eventu determinatur. Il y aurait donc culpabilité d'homicide sans intention de donner la mort. -Exposé des motifs, II, n° 39.

2435. - Il va sans dire qu'à côté de cet élément moral de l'infrac­tion, eelle-ci suppose l'existence de rélément matériel consistant en ce que les violences ont été la cause de la mort. - Supra, n° 2405.

2436. - La rédaction finale du Code pénal de 1867 n'a pas main­tenu la disposition suivant laquelle la mort serait présumée n'avoir pas été causée par les violences si elle survenait après un délai déter­miné. Ceci est donc une pure question de fait.

S'il -advient que, postérieurement à un jugement statuant sur une prévention de coups et blessures volontaires ayant occasionné une maladie ou une incapacité de travail personnel, la victime est décédée des suites desdits coups et blessures, le tribunal correctionnel, à .défaut d'une ordonnance correctionnalisant le crime visé à l'arti­cle 401 du Code pénal, advient s'être trouvé -sans compétence pour juger la prévention, laquelle, par là même; échappe à la juridiction

· de la cour d'appel. - Liège, 16 décembre 1925, Jur. Liège, 1926, 25; Rec. somm., 1926, n° 1313. · ·

2437. - La mort qui est la suite des coups et blessures est une circonstance aggravante de ces violences. Une question spéciale doit donc être posée à ce sujet au jury, qui la résout définitivement à la simple majorité. - NYP'.ELS-SERVAIS, art. 401, n° 5; cass., 22 sep­tembre 1874, Pas., 1874, 1, 344.

2438. - Sera puni des peines portées aux articles 398 et 401, {lt suivant les distinctions y établies, quiconque aura volontaire­ment privé d'aliments ou de soins, au point de compromettre sa santé, un enfant au-dessous de l'âge de seize ans ou une personne qui, à raison de son état physique ou mental, n'était pas à même de pourvoir à son entretien. - Code pén., art. 40lbis; loi du 15 mai 1912, art. 58. ·

Le mot «volontairement» figurant à l'article 40lbis du Code pénal, n'implique pas la nécessité d'un dol spécial. Il s'agit du dol simple, c'est-à-dire de la volonté d'accomplir le fait et de réaliser ses conséquences. C'est le fait volontaire opposé à la négligence dont il s'agit à l'article 420bis du Code pénal. - SCHUIND, op. cit., p. 216.

2439. - En vertu de la disposition de l'article 40lbis, le fait qu'elle incrimine sera puni de la peine des coups simples o:u de la peine de l'homicide ayant entraîné la mort sans intention de la donner, suivant que le manque volontaire de soins ou d'aliments aura ou non

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causé la mort de l'enfant ou de l'incapable. Dans chacune des deux oatégories de cas la peine varie suivant qu'il y a eu ou qu'il n'y a pas eu préméditation.

M. le procureur général Servais, dans son discours prononcé à l'a:udience de rentrée de la cour d'appel de Bruxelles du 15 septem­bre 1927, a émis l'avis que cette disposition légale serait à t.out le moins applicable au cas d'une mère qui verrait une tierce pe,rsonne étouffer son enfant nouveau-né entre deux matelas, en sa présence et de son consentement, alors que la mère n'aurait qu'un geste à faire pour arracher l'enfant à la mort. Ce geste, elle ne le fait pas; elle reste spectatrice inerte et satisfaite de l'infanticide. - Belg. jud., 1927, 610.

Circonstances aggravantes. - Pénalités· accessoires.

2440. - a) Dans toutes les dispositions des articles 398 à 40lbis qui ont été étudiées jusqu'ici, la peine est majorée lorsque les violences ou les faits assimilés aux violences par l'article 40lbis ont été com­mises avec préméditation.

Quant à la notion légale de la préméditation, of. supra, n° 2370.

2441. - b) Dans les cas mentionnés aux articles 398 à 405, si le coupable a commis le crime ou le délit envers :

a) Ses père et mère légitimes, naturels ou adoptifs ; b) Ou envers ses ascendants légitimes, .le minimum des peines

portées par ces articles sera élevé conformément à l'article 266 du Code pénal. - Code pén., art. 410.

Un inculpé condamné pour une infraction unique de coups volon­taires à sa mère et à deux personnes non visées à l'article 410 du Code pénal, peut alléguer, à l'appui d'une demande en revision, des faits nouveaux établissant qu'il n'a pas eu l'intention d'atteindre sa mère mais seulement les deux personnes qui accompagnaient celle-ci. Cette demande tend en effet à faire écarter en ce cas la cir­constance aggravante qui a pu avoir pour effet la condamnation, prononcée dans une espèce, de trois mois d'emprisonnement, o'est­à-dire à une peine supérieure au maximum de huit jours de prison prévu à l'article 398 du Code pénal.

Pareille demande est recevable au regard de l'article 443, alinéa 7, du Code d'instruction criminelle. Elle vise l'infraction entière mais unique de coups portés aux trois personnes qui ont été frappées. -C.ass., 22 juin 1936, Pand. pér., 1936, 249.

L'article 410 du Code pénal est également applicable si le crime ou le délit a été commis :

a) Envers un enfant en dessous de l'âge de seize ans accomplis

ARTICU:S 398 A 410 145

ou envers une personne qui, à raison de son état physique ou mental, n'était pas à même de pourvoir à son entretien;

b) Par ses père et mère légitimes, naturels ou adoptifs; ou par toute autre personne ayant autorité sur l'enfant ou sur l'incapable ou en ayant la garde. - Loi du 15 mai 1912, art. 59.

2442. - Nous avons vu antérieurement que la parenté naturelle u'existe, au regard de la loi pénale; que moyennant la reconnaissance légale volontaire ou judiciaire (supra, n°8 2379 et 2384) et que les ascendants légitimes ne comprennent pas les parents par alliance. -~rupra, n° 2378.

2443. - En vertu de l'article 266 du Code pénal, dont il est fait mention à l'article 410 (supra, n° 2441), le minimum des peines est é.oublé s'il s'agit de l'emprisonnement et élevé de deux ans, s'il s'agit éie la réclusion; de la détention ou des travaux forcés à temps.

2444. - c) La peine du renvoi sous la surveillance spéciale de la police a été abrogée par l'article 31 de la loi de défense sociale du il avril 1930.

Administration de substances nuisibles et de poisons.

2445. - L'article 402 du Code pénal est relatif au fait de celui qui aura causé à autrui une maladie ou une incapacité de travail personnel, en lui administrant volontairement, mais sans intention de tuer, des substances qui peuvent donner la mort, ou des substances qui, sans être de nature à donner la mort; peuvent cep~ndant grave­ment altérer la santé.

2446. - Nous avons vu plus haut ce qu'il faut entendre par une incapacité de travail personnel. - Supra; n°8 2421 et suivants.

2447. - Comme élément intentionnel, il faut que l'agent ait eu ]a volonté de faire du mal à la victime. Il n'est pas nécessaire qu'il ait spécialement voulu tel mal déterminé.

Le mobile de l'agent est indifférent. L'infraction existe, encore que l'intention ait été de faire une mauvaise plaisanterie en causant une maladie passagère à la victime (NYPELS-SERVAIS, art. 402, n° 4; oass.; 21 décembre 1885, Pas., 1886; I, 26). Dans cette espèce il était oonstaté en fait que lè prévenu avait, dans un but de coupable plai­!1anterie et à dessein de nuire; fait prendre à deux personnes du genièvre, auquel il avait mélangé de la teinture de jalap et de l'huile ile croton. L'absorption de ce mélange avait provoqué chez l'une iles victimes une maladie passagère et chez l'autre une maladie paraissant incurable.

2448. - Dans les articles 402 et suivants du Code pénal, il n'est

fr

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146 ARTICLES 398 A 410

plus établi une échelle différente des pénalités selon que l'agent a prémédité ou n'a point prémédité son acte. Le motif en est que les peines ont déjà été aggravées, par rapport aµx peines correspon­dantes des infractions de coups et blessures, parce qu'on a estimé que les crimes et les délits prévus par nos articles sont particulière­ment dangereux et qu'ils dénotent, en général, une perversité spé­ciale. - EX1)08é deB motifB, II, n° 44.

2449. - Ce qui caractérise les infractions que nous envisageons actuellement et ce qui les différencie nettement de l'empoisonne­ment (Code pén.; art. 397), c'est l'absence de l'intention de donner la mort.

Voir cependant (infra, n° 2451) l'exposé d'une controverse sur la portée des derniers mots de l'article 402. ·

2450. - La matérialité de l'infraction consiste à administrer; sans intention de tuer, des substances susceptibles de donner la mort ou des substances qui, sans être de nature à donner la mort, peuvent altérer gravement la santé.

Cet élément de l'infraction doit être apprécié in concreto; d'après les circonstances de la cause.

Tel _produit est dangereux de sa nature. Mais la dose à laquelle il est administré détermine s'il peut donner la mort ou provoquer une maladie grave. Encore faut-il distinguer suivant la personne à laquelle on fait prendre telle dose de tel produit : enfants, vieillards·, personnes débiles ou· malades, femmes en couches, etc... On doit rechercher si ce qui· a été administré, en fait, pouvait, dans ·tes circonstances de la

. cause; soit provoquer la mort, soit altérer gravement la santé (ExpoBé de8 motifB; II, 45). Jugé que quelque abominable qu'ait été la conduite de la prévenue, aucune peine ne peut être appliquée à une femme qui aurait voulu faire prendre par son mari environ trois milligrammes de strychnine, alors qu'aux dires du médecin-expert il aurait fallu une quantité de ce poison dix fois plus forte pour produire une alté­ration grave de la santé. - Corr. Liège, 23 janvier 1920; Pa8., 1921, III, Ill. .

2451. - Le texte de l'article 402 portait primitivement « ••. en administrant volontairement, mais sans intention de donner la mort, des substances qui sont de nature à donner la mort ou à altérer gravement la santé... » •

.Lors de la discussion à la Chambre, le Ministre de la justice, d'accord avec le rapporteur, fit adopter un amendement qui changeait nota­blement la portée du texte légal, changement qui fut d'ailleurs souligné par son auteur. L'article devint alors « ••• en lui administrant volon­tairement, mais sans intention de tuer; .des substances qui peuvent donner la mort ou en lui administrant des substances qui, sans être

ARTIOL)!:S 398 À 410 147

de nature à donner la mort, peuvent cependant altérer gravement la santé». - Dise. Chambre, IV, n° 12.

Le texte ainsi amendé vise très nettement deux hypothèses. Dans la première; il s'agit de celui qui; sans vouloir tuer, a employé des moyens susceptibles de provoquer le décès. La seconde vise le cas de celui qui a voulu empoissonner mais qui n'a employé que des moyens capables seulement d'altérer gravement la santé.

C'est dans ces termes que l'article fut voté par le Sénat. La Com­mission de la Chambre proposa de « simplifier la rédaction de l'ar­ticle » et lui donna sa forme actuelle qui fut admise sans observations par la Chambre, puis par le Sénat. - Rapp. Chambre, VIII, n° 2 ; Discussion Chambre, IX, n° 2 ; Rapp. Sénat, Xi n° 2 ; Sénat, XI.

Le Parlement n'a donc pas voulu exp~ssément revenir sur la portée de l'amendement que la Ch~mbre avait adopté en premier lieu. Mais en modifiant le texte, dans un but de simplification, il · a changé; sans le vouloir, la règle inscrite dans le texte de la loi.

D'après le texte, dans sa forme actuelle, il est certain que l'amen~ dement ne subsiste pas. Il ne semble pas non plus qu'en « simplifiant • la rédaction, on se soit souvenu de la portée du texte voté en premier lieu·. Nous croyons donc que le législateur n'a même pas persisté dans ce qui a été un moment sa pensée (contra: NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 402, n° 6). Cet auteur fait valoir que, d'après l'exposé des motifs, le texte du projet primitif visait déjà le fait de celui qui, sans intention de tuer, a administré des substances de nature à donner la mort et le fait de celui qui, volontairement, avec ou sans intention de tuer, aura administré des substances qui, sans être de nature à donner la mort, peuvent cependant altérer gravement la santé . .:.... Exposé des motifs, II, n° 44, in fine.

Il est; en effet; bien exact que l'exposé des motifs énonce pareille opinion. Mais le texte primitif qµe noµs avons reproduit plus haut ne sanctionnait pas plus cette opinion que le texte actuel. La preuve en est que lors de la discussion à la Chambre, le Ministre de la justice estima nécessaire de proposer l'amendement dont nous avons exposé le sort. Surtout en droit pénal, nous estimons que la volonté, d'ail­leurs incertaine, du législateur ne peut point prévaloir contre un texte clair et précis par lui-même.

2452. - En vertu de l'article 403 du Code pénal, la peine appli­cable à celui qui aura volontairement administré à autrui, mais sans intention de tuer, des substances qui peuvent donner la mort ou, tout au moins, altérer gravement la santé, sera la réclusion lorsque ces substances auront causé soit une maladie paraissant incurable, soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte­de l'usage absolu d'un organe.

2453. - Quant à la' portée des termes : maladie paraissant incu-

148 ARTICLES 398 A, 410

rable, incapacité permanente de travail personnel, perte de, l'usage absolu d'un organe; voir supra, n°s 2421, 2427; 2428, 2430 et suivants.

De même, pour les (<substances>> visées par l'article 403, cf. supra, n° 2450.

2454. - Si les substances administrées volontairement, mais sans intention de donner la mort, l'ont pourtant causée, la peine appli­cable est celle déterminée par l'article 404 du Code pénal.

2455. - Celui qui tente d'administrer à autrui, sans intention de .donner la mort, des substances de la nature de celles mentionnées à l'article 402 (supra, n° 2450), est passible des peines prévues à l'arti­cle 405 du Code pénal.

2456. - Cette tentative est régie par toutes · les règles du droit commun (voir Code pén., art. 51). Elle se différencie de la tentative d'empoisonnement en ce que la volonté de l'agent n'est pas de donner la mort, mais simplement de nuire à autrui.

2457. - L'article 410 du Code pénal (supra, n°s 2441 et suiv.) est applicable aux infractions prévues par les articles 402 à 405 du même Code.

2458. - Est puni d'un emprisonnement de huit jours à deux ans et d'une amende de 26 francs à 500 francs ou d'une de ces peines seulement, quiconque a intentionnellement amené l'ivresse d'autrui, lorsque l'ivresse aura eu pour conséquence une maladie entraînant incapacité de travail personnel.

Si la mort s'ensuit, la peine est de cinq à dix ans de réclusion et de 250 à 5.000 francs d'amende. - Arr.-loi du 14 novembre 1939 relatif à la répression de l'ivresse, art. 8.

Entraves à la circulation d'un convoi sur chemin de fer.

2459. - Sera puni de la réclusion; celui qui aura volontairement entravé la circulation d'un convoi sur chemin de fer, en y déposant des objets quelconques, en dérangeant les rails ou leurs supports, en enlevant les chevilles ou clavettes, ou en employant tout autre moyen de nature à arrêter le convoi ou à le faire sortir des rails (Code pén., art. 406). Cette disposition serait applicable encore que le fait ait entraîné des blessures simples. - NYPELs-S:ERVAIS, art. 406, n° 4.

2460. - L'article 407 du Code prévoit le cas où ce fait a causé des blessures de la nature de celles dont il s'agit à l'article 399 (supra, n°s 2420 et suiv.) ou à l'article 400 (supra, n°s 2427 et suiv.).

2461. - Si le fait a causé la mort d'une personne, le coupable sera puni des travaux forcés à perpétuité. - Code pén., art. 408.

ARTICLES 411 A 415

SECTION III. - DE L'HOMICIDE, DES BLESSURES ET DES COUPS EXCUSABLES.

ARTICLE 411.

149

L'homici,de, les blessures et les coups sont excusables, s'ils ont ét,é immédiatement provoqués par des violences graves envers les personnes.

ARTICLE 412.

Les crimes et les délits mentionnés au précé,dent article sont également excusables; s'ils ont ét,é commis en repoussant, pendant le jour, l'esca­lade ou l'effraction des clôtures, murs ou entrées d'une maison ou d'un appartement habit,é ou de leurs dépendances, à moins qu'il soit établi que l'agent n'a pas pu croire à un attentat contre les personnes, soit comme but direct de celui qui tente l'escalade ou l'effraction, soit comme consé,quence de la résistance que rencontreraient les desseins de celui-ci.

ARTICLE 413.

L'homicide, les blessures et les coups sont excusables, wrsque le crime ou le délit est commis par l'un des époux sur l'autre époux et son complice, à l'instant où il les surprend en flagrant délit d'adultère.

ARTICLE 414.

Lorsque le fait d'excuse sera prouvé : S'il s'agit d'un crime emportant la peine de mort, ou celle des

travaux forcés à perpétuit,é, la peine sera ré4uite à un . emprisonnement d'un an à cinq ans et à une amende de 100 francs à 500 francs;

S'il s'agit de tout autre crime, elle sera ré4uite à un emprisonnement de six mois à deux ans et à une amende de 50 francs à 200 francs;

S'il s'agit d'un délit, la peine sera ré,duite à un emprisonnement de huit jours à trois mois et à une amende de 26 francs à 100 francs.

ARTICLE 415.

Les excuses énumérées dans la présente section ne sont pas admis­sibles, si le coupable a commis le crime ou le délit envers ses père, mère ou autres ascendants légitimes, ou envers ses pire et mère naturels.

Violences graves envers les personnes. 2462. - Excuse et cause de justification. 2463. - Meurtre et homicide. 2464. - Meurtre prémédité. 2465. - Personnes e:i:CUBables. 2466. - Coauteurs-complices. 2467. - Militaires. 2468. - &ceptions prévues par l'article 415.

150 ABTICL.BS 411 A 415

2469. - .Ascendants légitimes, etc. - Rent/Oi. 2470. - Conditions de l'excuse légale, article Hl. 2471. - • Immédiatement provoqués•· 2472. - Violences envers les persot\nes. 2478. - Tierces personnes. 2474. - Violences inf'UBteB. 2475. - Qwid des délits dits involontaires P 2476. - Violences graves. 2477. - Nature des violences. 2478. -- Mena.ces par gestes. 2470. - Violences morales. 2480. - Violences émana.nt d'un tiers autre que la victime des faits excusés.

Attaques repO'UBBées pendant le fcrur. 2481. - Appréciation critique de l'article 412. 2482. - Exposé du système légal. 2488. - Repcrusser l'escalade ou l'effraction. 2484. - Pendant le jcrur. 2485. - Escala.de, effraction, maison ha.bitée, etc. 2486. - Maison habitée. Mena.ce contre les personnes. 2487. - Attaque injuste. 2488. - Personnes excusables.

EzCUBe résultant de l'adultère. 2489. - Code pénal, article 418. 2490. - Meurtre prémédité. 2491. - Flagrant délit.

Pénaiités des infractions ezcusées. 2492. - Article 414 du Code pénal. 2498. - Infraction excusée et circonstances atténuantes. 2494. - Crime atténué et excuse légale.

Homiciàes et lésions non ezcusables. 2495. - Article 415 du Code pénal. - Renvoi.

Violences graves envers les personnes.

2462. - L'homicide, les blessures et les coups sont excusables dans les cas prévus aux articles 411 et suivants.

Nos articles ne dérogent évidemment en rien à la cause de justi~ fi.cation inscrite dans l'article 71 du Code et qui demeure applicable dans les_ cas où les faits de provocation, ou même tous autres faits quelconques, auraient supprimé la responsabilité pénale du prévenu. - Liège, 5 octobre 1926, Pas., 1927, Il, 124.

L'homicide excusable se différencie essentiellement de l'homicide justifié. Dans ce dernier cas la force déployée apparaît comme une nécessité de la conservation personnelle de celui qui y a recours. L'homicide excusable est un acte de force provoqué par des violences physiques sinon simultanées tout au moins tellement proches que les émotions violentes dont elles sont la cause o~t perduré. - Corr. Mons, 14 novembre 1931, Pand. pér., 1932, 81.

2463. - L'excuse dont il s'agit à l'article 411 du Code pénal s'applique à l'homicide volontaire commis avec ou sans intention de donner la mort. - Exposé des motifs, Il, n° 55.

La doctrine étant unanime à cet égard et le texte, tel qu'il est

ARTièLES 411 .A. 415 1 151

rédigé, ayant cette portée, nous n'examinerons pas si les premiers mots de l'article 411 du Code pénal ne devraient pas être« le meurtre» au lieu de « l'homicide ».

2464. - L'homicide volontaire, même commis avec préméditation, peut éventuellement être excusable. Ce sera le cas, par exemple, de celui qui, de dessein prémédité, aura repoussé d'une façon exces­sive et illégale les violences dirigées contre lui (cass., 15 mars 1897, Pas., 1897, I, 116). La même solution a été admise en cas de tentative d'assassinat. - Bruxelles, 31 mars 1920, Pas., 1920, Ir, 204.

Cette jurisprudence, et la doctrine dans le même sens (NYPELS­SERVAIS, art. 41J, n° 3), étant conformes à la lettre même du texte légal, lequel ne contient aucune distinction ni aucune restriction, nous nous bornons à signaler què certains passages des travaux prépara­toires contenaient une opinion contraire. - Exposé des motifs; II, n° 58.

2465. - Toutes personnes quelconques ayant subi la provocation, peuvent se prévaloir de l'excuse légale.

Les auteurs du Code pénal de 1867 ont supprimé la restriction que contenait, à cet égard, entre époux, l'article 324 du Code de 1810. Ils ont seulement maintenu la seule catégorie d'exceptions dont il s'agit à l'article 415. - Infra, n° 2468.

2466. - Nous disons toutes personnes qui ont subi la provocation. L'excuse leur est évidemment personnelle et le bénéfice ne s'en étendrait pas aux coauteurs ou complices qui n'auraient point subi la provocation. - NYPELS-SERVAIS, art. 411, n° 16; cass., 14 mars 1892, Pas., 1892, I, 127.

2467. - L'excuse de la provocation peut être invoquée par les militaires qui ont commis les crimes ou délits mentionnés dans l'arti­cle 411 envers leurs supérieurs. L'article 58 du Code pénal militaire rend applicable aux infractions militaires l'article 78 du Code ordi­naire. Or; cette disposition porte que les infractions ne peuvent être excusées que dans les cas prévus par la loi. Elles peuvent donc l'être dans ces cas. Ceci rend les articles 411 et suivants applicables aux délits militaires. - NYPELS-SERVAIS, art. 411; n° 15.

2468. - En vertu de l'article 415 du Code, il existe une seule catégorie d'exceptions à la généralité du champ d'application des excuses dont il s'agit aux articles 411 et suivants. Cette disposition porte, en effet, que les excuses énumérées dans la présente section ne sont pas admissibles, si le coupable a commis le crime ou le délit envers ses père, mère ou autres ascendants légitimes ou envers ses père ou mère naturels.

152 ARTICLES 411 A 415

2469. - Nous avons déjà déterminé antérieurement la portée de ces derniers termes. - Supa, n°8 2376, 2378, 2979, 2383 et 2384.

2470. - Pour què l'homicide, les coups et les blessures soient excusés, il faut qu'ils aient été immédwtement 'JYl'OVOqués par des violences graves envers les personnes. - Code pén., art. 411.

Jugé que la simple constatation qu'il y a eu provocation ne jus,. tifie pas l'application de l'article 4ll. du Code pénal. Le texte de cet article porte, en effet, que l'homicide; les blessures et les coups sont excusables s'ils ont été « immédiatement » provoqués par des violences graves envers les personnes. - Cass., 22 septembre H)30, Pas., 1930, I, 310, 9° (N. R.).

· 2471. - Les mots îmmédwtement povoqués ne doivent pas être pris dans un sens par trop restrictif. La provocation continue d'être une cause d'excuse tant que dure l'émotion violente dont elle a été la cause. L'excuse vient à cesser lorsque la provocation\ et le crime sont séparés par un intervalle suffisant pour que la réflexion ait pu surgir. - Exposé des motifs, II, n° 58; NYPELS-SERVAIS, art. 41-1, n° 2.

2472. - La provocation, source de l'excuse légale, doit consister en des violences graves envers les personnes.

Les violences exercées sur des animaux ou les dégradations des propriétés mobilières ou immobilières ne sont pas constitutives d'une cause d'excuse. - Exposi des motifs, II, n° 61.

Jugé que les violences exercées envers des animaux ne peuvent pas constituer la cause d'excuse prévue par l'article 4ll du Code pénal, lequel ne vise que les violences graves à l'égard des personnes. - Gand, 4 avril 1935, Rechtsk. Weekbl., 20 octobre 1935, 170.

Si le juge du fond constate que le prévenu a été, jusqu'à un certain point, excité par l'attitude agressive de la victime et qu'il estime cependant que les violences exercées vis-à-vis de l'inculpé n'ont pas le caractère de gravité requis par l'article 4ll du Code pénal, son appréciation à cet égard est souveraine. -, Cass., 12 octobre 1936, Pas., 1936, I, 382.

2473. - Mais le texte ne restreint pas les violences à celles exer­cées sur l'auteur même du crime ou du délit. L'excuse existe soit que l'auteur de l'infraction ait été lui-même maltraité, soit que les violences aient été exercées contre des proches ou même contre des tiers qui lui sont inconnus et pour lesquels il aurait pris fait et cause. - Exposé des motifs, II, n° 61 ; Rapp. Chambrti; III, n° 25.

2474. - Il faut qu'il s'agisse de violences injustes. Si l'auteur des violences avait le droit de les exercer, celui qui en a été l'objet

ARTICLES 411 A., 415 153

avait le devoir de les subir. - Ex'J)Osé des motifs, II, n° 63; Rapp. Chambre, III, n° 25; NYPELS-S:ERVAIS, art. 411, n° 14.

2475. - Un arrêt de la cour d'appel de Liège a décidé que l'excuse de l'article 411 du Code pénal suppose l'existence de coups ou de violences volont,aires; que son fondement réside dans l'irritabilité légitime suscitée par une attaque injuste ; que les termes « provoqués » et « violences » impliquent nettement la nécessité d'une agression qui excuse les représailles de celui qui en est l'objet; qu'en con­séquence l'homicide et les blessures par imprudence ne peuvent constituer la provocation en faveur des proches de la victime. -Liège; 5 octobre 1926; Pas., 1927, II, 124.

Dans cette espèce, conformément aux conclusions du ministère public; la cour d'appel a estimé qu'il n'y avait aucune infraction parce qu'à raison des circonstances particulièrement douloureuses et dramatiques du fait, l'accusé fut jugé avoir agi sans aucune respon­sabilité pénale.

Mais, en supposant que ces circonstances tout à fait spéciales n'aient pas existé, nous ne saurions, en principe, nous rallier à la doctrine qui vient d'être exposée. L'excuse de l'article 411, c'est, en quelque sorte, une circonstance atténuante inscrite dans la loi elle-même et qui fait bénéficier le prévenu de l'émotion profonde que peuvent lui faire ressentir un homicide ou des violences exercées sur les personnes. Il n'est dit nulle part dans la loi que ces violences doivent avoir été volontaires. Supposons que cela soit. Même alors, il conviendrait de se rappeler que les délits commis par imprudence exigent un fait volontaire dont seules les conséquences n'ont pas été voulues par leur auteur.

2476. - Que faut-il entendre par violences graves? La gravité des violences dépend bien plus du sentiment d'irri­

tation qu'elles produisent normalement que de leur gravité matérielle. Un soufflet est un coup léger. Néanmoins, dans l'état de nos mœurs, on admet que c'est là la provocation la plus énergique, l'insulte la plus grave.

Mais l'appréciation de cette gravité doit être faite en se réglant sur le niveau commun des hommes et non point sur des dispositions purement personnelles et subjectives de l'agent.

Il faut, mais il suffit, que les violences soient de nature à faire impression sur une personne raisonnable, de manière à lui ôter la · réflexion. - NYPELS-SERVAIS, art. 411; n° 9.

2477. - Quant à leur nature intrinsèque, tout le monde admet que les violences peuvent consister en toutes voies de fait, pourvu d'ailleurs qu'elles aient le caractère de gravité requis pour constituer

/

ABTICLJJS 411 A 415

la provocation. Un crachat lancé à la figure peut avoir ce caractère. - NYPELS-SERVAIS, art. 411, n° 6.

2478. - La même solution est enseignée en ce qui concerne la menace par gestes ou voies de fait, tels qu'on peut croire à son exécu­tion immédiate. Ici, ce serait même, éventuellement la légitime défense qui pourrait être invoquée. -NYl.>ELs-SERVAIS, art. 411, n° 7.

2479. - L'unanimité cesse d'être aussi complète lorsqu'il s'agit de violences morales.

Seules, les violences physiques devraient être retenues. Les injures verbales, les outrages par paroles, par gestes, par écrits, les împuta­tions calomnieuses ou difiamatoires ne pourraient constituer• des causes légales de provocation. - NYPELS-SERVAIS, art. 411, n° 6; Ex'f)OIJé des motifs, II, n° 60 ; Rapp. Chambre, III, n° 25.

Mais déjà dans le rapport au Sénat, il a été soutenu que l'excuse puise sa raison d'être dans l'impression sous laquelle l'agent s'est trouvé et qui a momentanément obscurci ses facultés: Les violences morales peuvent donc, aussi bien que les violences physiques, con­stituer une excuse. - Rapp. Sénat, VI, n° 12.

Cette opinion a été suivie dans deux études parues dans la Revue de droit belge, 1906-1910, page 34, sous la signature de Léon Cornil, et page 175, sous la signature S ...

Un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles du 31 mars 1920 (Pas., 1920, II, 204) a adopté cette doctrine.

Nous pensons que cette doctrine et cette jurisprudence sont entière­ment conformes à ce que comporte la nature de l'excuse légale, établie

, par l'article 411 du Code pénal.

2480. - Les violences doivent-elles, pour constituer une cause d'excuse, émaner nécessairement de la personne qui a été tuée ou blessée 1 Une solution négative a été envisagée au cours des travaux préparatoires du Code. Si l'auteur des violences est, en quelque sorte, l'exécuteur des volontés d'un tiers, on admet que le prévenu peut invoquer l'excuse visée par l'article 411 pour les délits d'homicide ou de violences qu'il commettrait contre ce tiers et non contre celui qui n'a été que l'instrument de ce tiers. - Ex'f)OIJé des motifs, Il, n° 63; NYPELS-SERVAIS, art. 411, n° 13.

Attaques repoussées pendant le jour.

2481. - ~a disposition de l'article 412 et celle correspondante de l'article 417, relative aux attaques repoussées la nuit; sont assez théoriques. Ce système légal aurait sans doute dû être remanié depuis longtemps si, d'une part, il n'avait pas été partiellement corrigé par une interprétation bienveillante en faveur des honnêtes gens qui

ARTICLES 411 .A. , 415 155,

repoussent les incursions de Messieurs les voleurs et si, d'autre part, · les deux articles dont il s'agit n'étaient point, 1,e plus souvent, complè­tement inutiles en fait.

Dans la réalité, en effet, comment les choses se passent-elles presque toujours î

Lorsque des brigands visitent un immeuble et qu'ils rencontrent une résistance incontestablement légitime, ou bien ils prennent la. fuite, ou bien ils attaquent ou se préparent à attaquer les habitants.

Dans le premier cas, la seule infraction à juger est généralement celle commise par les voleurs, à savoir le vol qualifié ou la tentative

· de vol qualifié. Si le propriétaire ou toute autre personne s'efforce d'arrêter les brigands surpris en flagrant délit, ils ont le droit d'opposer la force à. celle dont les malfaiteurs feraient usage pour tenter de se soustraire à l'arrestation. - Exposé des motifs, Il, n° 65.

Dans le second cas, les habitants et ceux qui leur prêteraient main­forte sont évidemment en état de légitime défense, dans une lutte où ils n'ont malheureusement pas toujours le dessus, car elle n'est généralement engagée que quand . les assaillants ont au moins pu croire qu'ils avaient pour eux la force du nombre et celle de l'arme­ment, voire ces ,deux supériorités réunies.

2482. - Voici quel est en substance le système de la loi : 1 ° Si des individus pénètrent la nuit par escalade ou avec effrac­

tion dans une habitation ou dans ses dépendances, on présume furis tantum que les assaillis étaient en état de légitime défense. - Code pénal, art. 417.

2° Si le même fait se présente pendant le jour, les habitants, s'ils ont repoussé l'attaque avec violence, doivent établir qu'ils étaient en état de légitime défense.

A défaut de pouvoir administrer cette preuve, la loi présume, mais toujours juris tantum, que les habitants ont pu croire à une attaque contre les personnes. Néanmoins, on ne présume pas qu'ils sont en état de légitime défense. A moins qu'ils ne fassent la preuve de celle-ci, l'homicide; les blessures et les coups dont ils se rendraient coupables envers les voleurs sont simplement excusés. En vertu de la connexité des infractions, rien ne s'opposerait à ce.qu'éventuellement ils puis­sent partager les honneurs de la cour d'assises, sur le banc des accusés, avec les voleurs.

2483. - Quelques-uns des termes de notre article 412 appellent quelques mots de commentaire. '

En repoussant l'escalade ou l'effraction. On admet que l'excuse s'applique alors que l'attaque n'était encore qu'im.minente (Exposé des motifs, II, n° 65). Elle serait encore applicable après l'escalade

),

156 ARTICLES 411 A 415

ou l'effraction, alors que les aggresseurs sont déjà dans la maison. -NYPELS-SERVAIS, art. 412, n° 3. ·

L'infraction est seulement excusée lorsque les prompts secours sur lesquels l'habitant pouvait compter rendaient l'emploi de la force inutile. Mais si l'impossibilité d'obtenir immédiatement du secours plaçait le m,aître de la maison dans la nécessité de repousser les assaillants, l'homicide ne constituerait ni crime, ni délit. - Exposé des motifs, II; n°s 66 et 67.

2484. - Pendant le jour, c'est-à-dire entre le lever et le coucher du soleil. - NYPELS-SERVAIS, art. 412, n° 6.

Un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles, en date du 22 juillet 1898, a cependant considéré comme commis pendant le jour un fait prévu par l'article 412 du Code pénal, commis le 30 décembre, à 17 h. 30, alors que l'heure officielle du coucher du soleil était, à cette date, 15 h. 44. Sur pourvoi; la cour de cassation a décidé que, faute de détermination légale, ce point était souverainement décidé en fait et que la définition donnée par l'article 478 du Code n'était appli­cable qu'aux vols. - Cass., 7 novembre 1898, Pas., 1899, I, 11.

2485. - Nonobstant les motifs qui ont fait adopter cette dernière décision, nous pensons qu'on peut tout au moins s'inspirer des disposi­tions des articles 479 et suivants du Code pénal pour déterminer la notion de certains termes employés dans l'article 412 du Code pénal.

- Escalade, article 486. - Effraction, article 484. - Maison ou appartement habité, article 479. - Dépendances d'une maison habitée, article 480. - NYPELS-

SERVAIS, art. 412, n°s 5 et 8.

2486. - L'excuse de l'article 412 suppose qu'il s'agissait d'une maison habitée (Exposé des motifs, II, n° 64); il faut de plus que l'attaque de la maison soit de nature à faire craindre une attaque contre les personnes.

L'escalade ou l'effraction doivent menacer les personnes et non seulement les propriétés. La loi présume le danger jusqu'à preuve contraire. L'excuse cesserait d'être admissible, si l'accusation prouve que l'accusé n'avait aucun motif de croire que l'attaque était dirigée contre les personnes; par exemple qu'il savait qu'en tentant de s'introduire dans son enclos, la victime de l'homicide avait pour but de voler des fruits ou de rechercher un animal domestique qui s'était échappé. - Exposé des motifs; II, n° 67.

2487. - Il faut que l'attaque soit injuste. L'excuse de l'article 412 ne peut donc être invoquée dans le cas où la loi permet de s'introduire dans le domicile d'une personne, sans le consentement de celle-ci. - Exposé des motifs, II, n° 68.

ARTICLES 411 A 415

2488. - Le bénéfice de cette excuse, étant inhérent au fait, peut être invoqué non seulement par celui qui est attaqué dans son domi­cile; mais aussi par les autres habitants de la maison et même par des personnes étrangères qui ont porté secours et ont concouru à repousser l'attaque. - Exposé des rrwtifs, H, n° 68.

Excuse résultant de l'adultère.

2489. - L'homicide, les blessures et les coups sont excusables lorsque le crime ou le délit est commis par l'un des époux sur l'autre époux et son complice, à l'instant où il les surprend en flagrant délit d'adultère. - Code pén., art. 413.

2490. - Le mot homicide peut comprendre le meurtre prémédité. En fait, la préméditation exclura souvent l'excuse; en droit rien ne s'oppose à leur coexistence (NYPELS-SERVAIS, art. 413, n°8 1 à 5). D'après le système légal, l'excuse existe dès qu'une personne a agi, dans les circonstances indiquées, sous une impression qui a momen­tanément obscurci ses facultés. - Supa, n° 2479.

2491. - Le flagrant délit n'a pas ici la signification étendue que comprend la disposition de l'article 41 du Code d'instruction crimi­nelle. D'autre part, il est incontestable qu'il y a flagrant délit lorsque les amants sont surpris au moment où le fait vient de se commettre. - NYPELS-SERVAIS, art. 413, n° 6.

La cour d'appel de Bruxelles (chambre des mises en accusation), par arrêt du 22 décembre 1899, a admis l'existence de l'excuse légale de la provocation en faveur d'un mari qui avait tenté de tuer l'amant de sa femme au moment où il venait de le trouver avec celle-ci, dans un lieu isolé, mais en dehors des conditions spéciales prévues par l'article 413 du Code pénal.- Rev. dr. belge, 1906-1910, p. 46, note 1.

Pénalités des infractions excusées.

2492. - Lorsque le fait d'excuse sera prouvé : S'il s'agit d'un crime emportant la peine de mort ou celle des

travaux forcés à perpétuité, la peine sera réduite à un emprisonne­ment d'un an à cinq ans et à une amende de 100 francs à 500 francs;

S'il s'agit de tout autre crime, elle sera réduite à un emprisonne-ment de six mois à deux ans et à une amende de 50 francs à 200 francs ;

S'il s'agit d'un délit, la peine sera réduite à un emprisonnement de huit jours à trois mois et à une amende de 26 francs à 100 francs. -Code pén., art. 414.

2493. - La peine réduite par l'effet de l'excuse légale peut encore être diminuée par l'admission de circonstances atténuantes. -NYPELS-. SERVAIS, art. 414, no 2.

;/

168 ARTICLES 411 A 415. - ARTICLES 416 ET 417

2494. - Lorsque la oorrectionnalisation d'un crime a été motivée par l'admission de circonstances atténuantes, si la juridiction de jugement constate, en outre, l'existence d'une cause d'excuse, le maximum de la peine qui puisse être prononcée est celle énoncée dans l'alinéa final de l'article 414 . ..:__ Cass., 23 octobre 1916; Pas., 1917, I, 289.

Homicides et lésions non excusables.

2495. - Nous avons mentionné supra, ri0 2462, la disposition de l'article 415 du Code pénal, aux termes de laquelle l'auteur de l'homicide ou des coups et blessures ne peut invoquer les excuses prévues par la présente section, lorsque le crilµ.e ou le délit a été commis envers les père et mère légitimes ou naturels ou envers les autres ascendànts légitimes du coupable. - Adde : supra, n° 2469.

SECTION IV. - DE L'HOMICIDE, DES BLESSURES . ET DES COUPS JUSTIFiltS.

ARTICLE 416.

Il n'y a ni crime ni de'lit, lorsquè l'homicide, les blessures et les wups étaient commandés par "la nécessité actuell,e de "la légitime défeme de soi-même ou d'autrui.

ARTICLE 417.

Sont compris, dans les cas de nécessité actuelk de la défeme; les deux cas fflivants :

Si l'homicide a été commis, si les blessures ont été faites, si les coups ont été portés en repou8sant, pendant la nuit, Z'escalade ou l'effraction des­clôtures, murs ou entrées d'une maison ou d'un appartement habité ou de kurs dépendances, à moins qu'il soit établi que l'agent n'a pas pu croire à un attentat contre les personnes, soit comme but direct de celui qui tente l'escalade ou l'effraction, soit comme conséquence de la résis­tance que rencontreraient les desseins de celui-ci;

Si l,e fait a eu lieu en se défendant contre les auteurs de vol ou de pil-lage, exécutés avec vioknce envers les personnes.

2496. - Code pénal, article 416. 2497. - Remarque. 2498. - Attaque imminente ou actuelle. 2499. - Attaque injuste. 2500. - Non provoquée. 2501. - Attaque contre soi-même ou autrui. 2502. - Défense proportionnée à l'attaque. 2503. - Présomption de nécessité de la défense. - Article 417 du Code pénal. 2504. - Intégrité physique.

.ARTICLES 416 ET 417

2505. -:- Intégrité morale. Liberté, etc. 2506. - Viol, attentats à la pudeur avec violence. 2507. - Epoux sùrpris en flagrant délit d'adultètt. . 2508. - Usage exagéré de la défense. - Provocation. 2509. - Attaque contre les propriétés. 2510. - Vol avec violences contre les personnes. 2511. - Extorsion avec violences. 2512. - Effraction ou· escalade nocturne.

l59

2496. - Il n'y a ni crime ni délit, lorsque l'homicide, les blessures et les coups étaient commandés par la nécessité actuelle de la légi­time défense de soi-même ou d'autrui. - Code pén., art. 416.

Le juge du fond apprécie souverainement la valeur des têmoi­gnages produits et l'existence ou l'absence des éléments de fait de la cause de justification de légitime défense. - Cass., 9 février 1937 Pas., 1937, I, 49; A, 10 (N. R.).

2497. - Les débats d'une affaire qui passa par les divers degrés de juridiction, y compris renvoi après cassation, ont prouvé à la fois que les principes en matière de légitime défense sont très clairs mais aussi que leur application peut être diversement appréciée en fait. Il va sans dire que si nous retenons ces diverses décisions de jurispru­dence, c'est uniquement au point de vue des principes, en quoi elles étaient unanimes, et que nous n'entendons émettre aucune apprécia­tion sur l'application pratique de ces principes, en quoi seulement il y eu,t des divergences.entre ces différents jugements et arrêts. Nous parlons ici de l'affaire Deman, définitivement jugée par l'arrêt de la cour d'appel de Gand du 27 juillet 1925 (Pas., 1925, II, 144), après cassation le 25 mai 1925 (Pas., 1925, I, 259).

2498. - La légitime défense, c'est-à-dire le droit de se défendre soi-même par la violence contre la violence, suppose d'abord une attaque actuelle ou tout au moins imminente.

Tant que le danger n'existe pas comme une menace immédiate, il n'y a pas de légitime défense.

Le danger immédiat passé, on ne peut plus se faire justice à soi­même. - NYPELS-SERVAIS, art. 416, n° 7.

Lorsqu'un prévenu n'avait à redouter aucune violence de la partie civile et devait comprendre que celle-ci voulait seulement l'empêcher de maltraiter autrui, il ne peut être question de légitime défense. -Cass., 20 juin 1934, Pand. pér., 1934, 289~

Jugé que n'est pas légalement motivé, l'arrêt qui, pour condamner du chef de coups et blessures volontaires, s'est borné à dire que la prévention est demeurée établie, alors que le prévenu avait pris des conclusions dans lesquelles il soutenait qu'il avait été l'objet d'une agression contre laquelle il n'avait fait que se défendre. - Cass., 24 septembre 1934, Pas., 1934, I, 383; sic cass., 19 mai 1930, Pas., 1930, I, 229; cass., 16 juin 1930, Pas., 1930, I, 249.

160 ARTICL'.ES 416 ET 417

2499. - L'attaque imminente ou actuelle doit être injuste. On ne peut pas se défendre contre l'emploi de la force lorsque cet emploi est conforme à la loi.

2500. - Celui qui entend po-gvoir user de la légitime défense doit n'avoir pas provoqué lui-même l'attaque dont il va être ou dont il est l'objet.

2501. - L'attaque, ou tout au moins le danger imminent, doit être dirigée contre soi-même ou contre autrui.

2502. - La défense pour être légitime doit être ~ommandée par la nécessité ; elle doit donc être proportionnée à la gravité de l'attaque ou du danger dont on est menacé. Celui qui ne serait exposé qu'à recevoir quelques coups de canne; n'est pas autorisé, de ce chef, à tuer son agresseur. La décision du juge du fond, pour permettre à· la cour de cassation d'exercer son contrôle, doit indiquer si l'attaque obligeait le prévenu à commettre un homicide pour sa sauvegarde ou pour celle d'autrui. - Cass., 25 mai 1925, Pas., 1925, l; 259.

Le juge du fond constate souverainement, en se basant sur des considérations de fait, que l'acte de défense invoqué par le prévenu a dépassé les bornes de la nécessité et n'était pas proportionné à. la gravité du danger qu'il s'agissait d'écarter. - Cass., 24 juin 1935, Pand,. pér., 1935, 200; cass., 12 octobre 1936, Pas., 1936, I, 382.

2503. - Dans les cas prévus par l'article 417 du Code pénal, la, loi établit une présomption de nécessité de la défense, présomption qui exclut toute preuve contraire. Lorsque le juge constate l'exis­tence des conditions spécifiées par cette disposition, il n'a plus à apprécier si la défense a été proportionnelle à l'agression. - Cass.,. 3 mars 1941, Pas.; 1941, I, 61.

2504. - L'attaque doit menacer celui qui se défend ou celui qu'on défend, soit de mort, soit tout au moins d'un mal grave dans son intégrité physiq_ue, pour justifier une riposte grave. - NYPELS-SER­VAIS, art. 416, n° 8.

2505. - On peut employer la force nécessaire à protéger l'inté­grité morale de la personne attaquée, sa liberté individuelle menacée par une tentative de séquestration; d'enlèvement, de détention arbi­traire. - NYPELS-SERVAIS, art. 416, n° 9.

2506. - L'intégrité physique et l'intégrité morale de la personne sont simultanément menacées par le viol ou par l'attentat à la pudeur· avec violences. - NYPELs-SERVAIS, art. 416, n° 10.

· 2507. - Que faut-il décider de l'époux surpris avec son complice, .. par son conjoint; en flagrant délit d'adultère 1 Nous avons vu, supra, n° 2501, qu'il n'y a pas de légitime défense contre une attaque que.

ARTICLES 416 ET 417 161

l'on a provoquée. On applique quelquefois ce principe dans le cas actuellement envisagé (NYPELS-SERVAIS, art. 416, n° 15). Mais nous croyons que c'est perdre de vue que le conjoint qui s'apprête à tuer son époux qu'il surprend en flagrant délit d'adultère, s'il est excu­sable d'après l'article 413 du Code pénal, n'exerce cependant point en cela un droit. - THIRY, Droit criminel, n° 150.

2508. - Celui qui se borne à exagérer l'usage du droit de légi­time défense en dépassant les limites de la nécessité, serait excusé en vertu de l'article 411 du Code pénal puisque son acte aurait été provoqué par les violences de son agresseur.

2509. - Une attaque contre les propriétés ne peut pas, en elle­même, justifier des violences contre les personnes .. Mais, dans cer­tains cas, la perte de biens matériels peut avoir des conséquences très graves pour les personnes. De plus et surtout, celui qui prend un malfaiteur en flagrant délit de vol a le droit incontestable de l'ar­rêter et dès lors il peut opposer la violence à celle dont userait le malfaiteur pour tenter de se soustraire à l'arrestation.

Jugé que les conditions de l'existence de la légitime défense ne doivent pas être recherchées dans des cas étrangers à cette matière. Jugé qu'on ne peut dénier au propriétaire d'un fonds la faculté d'en assurer la conservation et l'intégrité par tous moyens non pro­hibés, à condition qu'ils ne portent pas atteinte à des droits auxquels des tiers peuvent légitimement prétendre. La victime est seule res­ponsable du dommage qu'elle subit en pénétrant dans un bois au mépris de la défense du propriétaire et qu'elle a été blessée par les projectiles d'un canon avertisseur dont elle avai,t provoqué le tir à son insu. Le dit bois, isolé de toute habitation, était clos d'une haie vive. L'entrée en était interdite par une porte fermée à ·clef, encore que la haie présentait quelques brèches. Des écriteaux signalaient le danger qu'il y avait de pénétrer dans le bois. - Liège, 21 novembre 1929, Pas., 1930, II, 77.

2510. - Que si le · voleur use de violences envers les personnes pour exécuter un vol ou un pillage, nous nous trouvons dans le cas de l'application littérale de l'alinéa final de l'article 417 du Code pénal, qui comprend ce èas dans la nécessité actuelle de la défense.

2511. - Le Code pénal, tout en érigeant l'extorsion en infraction distincte du vol, a néanmoins, par l'article 4 70, assimilé l'auteur d'une extorsion à l'aide de violences ou de menaces à l'auteur d'un vol commis avec les mêmes circonstances aggravantes. Cette assimilation s'impose au juge pour l'interprétation des dispositions du Code pénal sous réserve des cas où le législateur y a lui-même expressément ou implicitement dérogé. Ni le texte de la loi ni les travaux prépara-

6-11

162 ARTICJ;,ES 41& :ET 417. - ARTICLES 418 A 422

toires n'indiquent que, pour l'application de l'article 417, le législa­teur ait entendu que les auteurs d'extorsion à l'aide de violences ne fussent pas assimilés aux auteurs du vol exécuté avec la même cir­constance. - Cass., 3 mars 1941, Pas.,. 1941, 1, 61.

La victime de l'extorsion avec violences pourra donc se prévaloir de la présomption légale mentionnée ci-avant.

2512. - Ce qui concerne le second alinéa de l'article 417 du Code a été exposé ci-dessus à propos du commentaire de l'article 412 du Code pénal. La seule différence entre ces deux dispositions, c'est que l'article 417 vise les attaques nocturnes (supra, n°8 2481 et suiv.).

· A raîson de cette différence, les coups et blessures dont il s'agit à l'article 417 sont non seulement excusables, mais compris dans les cas de néeessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou d'autrui.

CHAPITRE IL - DE L'HOMICIDE ET DES LÉSIONS CORPORELLES INVOLONTAIRES.

ARTICLE 418.

Est coupable d'homicide ou de "lésion involontaires, celui qui a causé le mal par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d'attenter à la personne d'autrui.

ARTICLE 419.

Quiconque aura involontairement causé la mort d'une personne sera puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de 50 francs à 1.000 francs.

ARTICLE 420.

[S'il n'est résulté du.défaut de prévoyance ou de précaution que des coups ou des blessures, le coupable sera puni d'un emprisonnement de

· huit jours à six mois et d'une amende de 50 francs à 500 francs,ou d'une de ces peines seulement. - Loi du 31 mars 1936, art. 1er.]

ARTICLE 420bis. (Loi du 15 mai 1912, art. 61.)

[Sera puni d'un emprisonnement de huit jours à deux mois et d'une amende de 50 francs à 500 francs, ou d'une de ces peines seulement, sans préjudice, s'il y a lieu, à l'application' de dispositions pénales plus sévères, quiconque ayant la garde d'un enfant âgé de moins de seize ans ou d'une personne hors d'état de pourvoir à son entretien à raison de son état physique ou mental, aura négligé l'entretien de cet enfant ou de cette personne au point de compromettre sa santé. - Loi du 31 mars 1936, art. 2.]

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A.RTIOLl!lS 418 A' 422 163

ARTICLE 421.

Sera puni d'un emprisonnement de huit jours à un an et d'une amende de 26 francs à 200 francs, ou d'une de ces peines seulement, celui qui aura involonmirement causé à autrui une maladie OU, incapacité de travail personnel, en lui administrant des subst,ances qui sont de nature à donner la mort ou à alté,rer gravement la santé,.,

ARTICLE 422.

Lorsqu'un convoi de chemin de fer aura éprOU,Vé un accident de nature à mettre en péril les personnes qui s'y trouvaient, celui qui en aura été, involont,airement la cause sera puni d'un emprisonnement de huit jours à deux mois et d'une amende de 26 francs à 200 francs, ou d''IJlfl,e de ces peines seulement.

S'il est résulté, de l'accident des lésions corporelles, le COU,pable sera puni d'un emprisonnement d'un mois à trois ans et d'une amende de 50 francs · à 300 francs.

Si l'accident a causé la mort d'une personne, l'emprisonnement sera de six mois à cinq ans et l'amende de 100 francs à 600 francs.

Notions généraleB. 2513. - Code pénal, article 418. 2514. - Délits involontaireB. - Non intentionnels. 2515. - Réparation des dommages causés par les anormaux. ,2516. - Homicide. - Accouchement. 2517. - Lésions corporelles. 2518. - Coups involontaires sans lésions ni dommages. 2519. - Lien de causalité. 2520. - Défaut de prévoyance ou de précaution.

'2521. - Nécessité de constater que la faute constitutive du délit comportait un défaut de prévoyance ou de précaution.

2522. - Défaut de prévoyance ou de précaution par commission. 2523. - Id. par omission. 2524. - Résumé de la règle légale. 2525-2526. - Applications. - Violations de règlements. 2527. - ~ence de l'auteur non requise. 2528. - Consommation de l'infraction. 2529 • .....:. Le délit, c'est le fait culpeux. - Conséquences pratiques. 2530. - Fautes successives. 2531. - Faute de la victime. 2532. - Participation criminelle. - Pluralité d'auteurs. 2533. - Créances privilégiées des Tictimes d'accident.

l)es diverB délits non intentionnelB. 2534. - Homicide non intentionnel. 2535. - Coups et blessures. 2536. - Gardiens des enfants et des incapables. 2537. - Administration de substances nuisibles. 2538. - Incapacité de travail. 2539. - Substances nuisibles. 2540. - Accidents de chemin de fer. - Simple péril, 2541. - Accidents ayant fait des victimes. 2542. - Lésions corporelles. - Renvoi. 2543. - Personnes punissables en vertu de l'article 422,

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164 .ARTICLES 418 A 422

Notions générales.

2513. - Aux termes de l'article 418 du Code pénal, est coupa­ble d'homicide ou de lésion involontaires, celui qui a causé le mal par défaut de prévoyance ou de précaution mais sans intention d'at­tenter à la personne d'autrui.

2514. - Tous les auteurs sont d'accord pour reconnaître qu'il n'y a pas à proprement parler de délits involontaires. Celui qui, malgré lui, à raison d'un concours de circonstances malheureuses, serait la cause d'un homicide ou d'une lésion corporelle, ne commettrait aucune infraction.

Les délits dits involontaires sont, en réalité, des délits non inten­tionnels, en ce sens que l'homicide ou la lésion n'ont pas été voulus par leur auteur,mais proviennent néanmoins d'un vice de la volonté, d'un défaut de soins, d'un manque d'attention, d'une faute. - Exposé des motifs, II; n° 102; Rapp. Chambre, III, n° 33; Rapp. Sénat, VI, n° 16.

Ce qui caractérise les délits dits involontaires, c'est l'existence d'un fait imputable à son auteur, fait constitutif d'un manque de prévoyance ou de précaution, ayant pour résultat un homicide ou une lésion. Sur ce dernier point, l'alinéa premier de l'article 422 déroge à la règle générale. - Infra, n° 2540.

2515. - Lorsqu'une personne se trouvant en état de démence, ou dans un état grave de déséquilibre mental ou de débilité mentale la rendant incapable du contrôle de ses actions, cause un dommage à autrui, le juge peut la condamner à tout ou partie de la réparation à laquelle elle serait astreinte si elle avait le contrôle de ses actes.

Le juge statue selon l'équité, tenant compte des circonstances et de la situation des parties.-Loi du 16 avril 1935,art. 1er; Code civ., art. 1386bis. ·

2516. - Nous n'avons pas à définir l'homicide. Il suffit de con­stater qu'il y a homicide lorsque la mort a été donnée à un être vivant, fût-ce à l'instant même de la naissance, pendant l'accouchement. - NYPELS-SERVAIS, art. 418, n° 10.

2517. - Ainsi que nous l'avons vu ci-dessus, n° 2406, par lésions corporelles les auteurs du Code ont entendu non seulement les bles­sures et les coups, mais toutes les atteintes portées à la santé d'une personne.

D'après un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles en date du 30 juin 1934 (Rev. dr. pén., 1935, 990; Rec. somm., 1937, Infractions: famille, personnes, n° 9), le mot «blessure» s'appliquerait à toute lésion du corps humain, qu'elle se manifeste à l'extérieur ou qu'elle soit cachée.

ARTIOLES 418 .A 422 165

Il comprendrait notamment un empoisonnement provoqué par la faute d'un tiers et présentant les signes d'une intoxication arsénicale.

En signalant cette décision, nous estimons devoir ajouter que, tout au moins en règle générale, l'empoisonnement dit involontaire tom­bera le plus souvent sous l'application de l'article 421 du Code pénal plutôt que sous l'application de l'article 420 · du même Code.

Le mot «blessures>> figurant à l'article 420 du Code pénal a été interprété restrictivement comme excluant les maladies, les lésions internes, les déchirures de muscles, par un jugement du tribunal cor­rectionnel de Verviers en date du 20 février 1932 (Rev. gén. ass. resp., 1933, n° 1114). ,

Nous ne pouvons pas nous rallier à cette jurisprudence. Nous pen­sons, en effet, qu'on doit comprendre sous la dénomination de bles­sures tous les résultats possibles de l'action exercée du dehors du corps de l'homme, par une cause qui agit mécaniquement ou chimi­quement sur les diverses parties de l'économie. - NYPELS-SERV.AIS, t. III, p. 7, n° 6.

Il y a lieu de remarquer en outre que le texte de l'article 418 du Côde pénal est libellé comme suit : « Est coupable d'homicide ou de lésions involontaires celui qui a causé le mal... >>

Sic cass., 27 février 1933, Pas., 1933, I, 141 ; ScHUIND, Traité pra­tique de droit criminel, 2e éd., t. Jer, p. 220; cass., 5 février 1935, Pas., 1935, I, 144 (plaies eczémateuses provoquées par l'emploi d'une teinture par un coiffeur).

2518. - L'article 420 du Code pénal réprime non seulement les blessures causées par défaut de prévoyance ou de précaution, mais encore les coups, indépendamment de toutes blessures reçues ou de tous dommages subis par la victime.

Il importe peu que le jugement se serve alors du mot « blessures >> au lieu du mot «coups>> lorsqu'il est évident, d'après le contexte de la décision, que c'est là le résultat d'une erreur toute matérielle, qui ne peut créer un doute sur la qualification de « coups >> donnée aux faits par le juge. - Cass., 28 novembre 1932, Pas., 1933, I, 31.

2519. - Il faut en second lieu, pour l'existence µu délit, que le mal ait été causé par un défaut de prévoyance ou de précaution.

Ce lien peut être absolument direct. Tel sera le cas si le conduc­teur d'un véhicule renverse un passant.

Mais cette causalité absolument immédiate n'est pas indispensable. Dans certains cas le mal subi par la victime sera le résultat de forces produites ou mises en activité par le défaut de prévoyance ou de précaution. Nous donnerons ici, comme exemple, d'abord le cas de la déflagration d'une certaine quantité d'explosifs provoquée par l'im­prudence d'un fumeur. L'imprudence produit une force qui. tue ou

· blesse certaines personnes.

I'

1-66 ARTICL:ES 418 À; 422

Il pourra se faire enfin, que le défaut de prévoyance ou de précau­tion. ait uniquement pour effet de mettre en activité une force mal­faisante qui, sinon, n'aurait point réalisé ses effets nocifs. Un acci­dent peu grave en lui-mê;m.e, aura éventuellement des conséquences très graves à raison des prédispositions pathologiques de la victime.

En concluant de la constatation d'une faute que la prévention de coups et blessùres par imprudence est établie, le juge du fond affirme la relation de cause à effet entre la faute et le fait de l'accident. -Cass., 15 mai 1922, Pas., 1922, I, 304.

Dès qu'un arrêt relève sans équivoque qu'il existe une relation de cause à effet entre la mort d'une victime et la faute d'un prévenu, l'application à ce dernier des articles 418 et 419 du Code pénal est légalement justifiée, même si l'arrêt constate que la faute du prévenu n'a pas été la cause initiale de l'accident. - Cass., 5 février 1945, Pas., 1945, I, 104.

Nous concluons de ceci qu'on peut admettre que si la faute du prévenu, en matière de coups et blessures par imprudence, ne doit pas être la cause absolument immédiate de la blessure ou de la mort, elle ne doit pas non plus en être la cause exclusive. En terminologie phi­losophique, nous dirions qu'il ne suffirait pas que la faute du prévenu ait été la cause purement occasionnelle de l'accident, mais qu'elle doit en avoir été la cause ou une des causes efficientes.

Le juge du fond tranche souverainement la question de savoir s'il y a eu ou non une relation de cause à effet entre une contravention à la police du roulage et un accident. - Cass., 27 mars 1944, Pas., 1944, I, 278.

2520. - L'article 319 du Code de 1810 énumérait les modes sui­vant lesquels le délit non intentionnel devait avoir été commis pour être punissable : maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements.

Les auteurs du Code pénal de 1867 ont supprimé toute énuméra­tion de ce genre afin de comprendre dans le texte toutes les modalités de la faute punissable.

1° Le défaut d_e pévoyance consiste en ce que l'agent n'a point prévu le résultat nuisible de· son action ou de son omission alors qu'il pouvait et devait prévoir ce résultat;

2° Il y a défaut de pécaution, lorsque l'agent a prévu comme pos­sible ou même comme- plus ou moins probable, l'événement fâcheux qui est arrivé sans cependant l'avoir voulu; mais il devait et pouvait prévenir cet événement soit en s'abstenant d'agir, soit én prenant les précautions nécessaires pour éviter cet événement. Cette espèce

. de faute se rapproche du dol par la conscience qu'avait l'agent de la probabilité ou de la possibilité du mal qui a été produit; elle en diffère essentiellement en ce que l'auteur de ce mal n'a pas eu l'in-

ARTICLES 418 A 422 167

tention de le produire (Expisé des motifs, II, n° 105). Les auteurs du Code pénal de 1867 ont cité ici comme exemples, le fait de celui qui, déchargeant une arme à feu, en plein jour, dans une rue fré­quentée, tue un ou plusieurs passants; un cavalier parcourant la rue au galop, écrase un enfant, etc. - Exposé des motifs, loc. cit.

2521. - Pour qu'une condamnation du chef d'homicide ou de bles­sures par imprudence soit légalement justifiée; il ne suffit pas que le juge répressif se borne à constater l'existence d'une faute à charge d'un prévenu.

La cour de cassation a réformé, sur un moyen soulevé d'office, un jugement qui avait condamné un prévenu du chef de blessures par imprudence en se bornant à constater que l'inculpé a commis une faute, sans mentionner que celle-ci constitue un manque de prévoyance ou de précaution. - Cass., 30 mai 1932, Pas.; 1932, I, 176.

2522. - Une faute par commission peut constituer le délit d'ho­micide ou de blessures par imprudence.

Le fait de confier à un conducteur intempérant ou imprudent la conduite d'un véhicule automobile, peut être considéré par le juge

. comme constitutif d'un défaut de prévoyance ou de précaution; alors même que ce conducteur réunit les conditions requises au regard de la loi pour pouvoir conduire pareil véhicule. En l'espèce, d'après les témoignages, il s'agissait d'un individu qui s'adonnait à la boisson dès qu'il avait quelque argent à dépenser. - Cass., 13 juin 1938, Pas., 1938, I, 215; sie, Bruxelles, 22 décembre 1937, Pas., 1939; II, 81.

Constitue un défaut de prévoyance ou de précaution, le fait, pour des personnes à qui la conduite d'un poulain a été confiée, de se décharger sur un enfant âgé de dix ans du soin de conduire cet animal sur un chemin public. Elles répondent pénalement de la mort de l'enfant qui a été blessé par le poulain. - Liège, 13 mars 1935, Rev. gén. ass. resp., 1935, n° 1796.

Le même arrêt décide que la circonstance que la longe aurait_ été passée à l'enfant par l'un des prévenus n'exclut pas la faute punis­sable de l'autre qui, oublieux de ses devoirs de prudence, a toléré un fait qu'il eût pu et dû empêcher. - Même arrêt.

Celui qui abandonne dans un lieu public une échelle ou tout autre objet susceptible de causer un accident commet une imprudence qui le rend respons~ble des blessures dont un tiers a été victime à cause de la présence de cet objet, même si l'abandon ou le délaissement de cet objet ne constituait pas en lui-même une infraction.

En supposant que l'accident n'ait été causé qu'à la suite du dépla­cement de l'échelle par un tiers, il s'agirait là d'une éventualité que l'auteur de l'~bandon dev-ait prévoir. Il se ferait seulement que, dans cette éventualité, le prévenu et le tiers seraient tous deux les auteurs

. 1

168 ARTICLES 418 A 422

de l'infraction. Liège, 29 mai 1941, Rev. gén. ass. resp., 1941, n° 3527.

Les articles 418 et suivants du Code pénal édictent un principe général et visent tout défaut de prévoyance ou de précaution. Ils s'appliquent notamment aux agissements imprudents d'une prévenue qui devaient fatalement détourner sur elle l'attention du conducteur d'une auto et rendre de la sorte ce dernier inattentif à ce qui se·pas­sait s'ur la route. En l'espèce, cette prévenue avait reconnu qu'elle avait embrassé plusieurs fois le con,ducteur immédiatement avant l'accident. - Corr. Louvain, 5 décembre 1931, confirmé par Bruxelles, 1er mars 1932, Rev. gén. ass. resp., 1934, n° 1456.

2523. - Le délit d'homicide ou de blessures par imprudence résul-tera éventuellement d'une faute par omission. 1

Jugé que se rend coupable du délit prévu par les articles 418 et suivants du Code pénal; non seulement celui qui accomplit le fait matériel, mais encore celui qui commet l'imprudence soit par omission, soit par des ordres donnés à des tiers. - Cass., 3 mars 1924, Pas., 1924, I, 229; corr. Hasselt; 8 juillet 1933, Rechtsk. Weekbl., 15 octo­bre 1933, 70.

Jugé qu'~n ce qui concerne les fautes punissables en vertu des articles 418 et 420 du Code pénal, il n'y a pas lieu de distinguer entre la faute par omission et la faute par commission , la faute étant toute erreur de conduite que n'aurait pas commise une personne normalement avisée, douée d'une volonté et d'une conscience du devoir normales, placée dans les mêmes circonstances que l'auteur du dommage.

Si l'abstention, pour être punissable, suppose .une obligation légale d'agir, il n'est pas requis que cette obligation soit imposée par une disposition légale ou réglementaire expresse; il suffit qu'elle soit impo-. eée par l'obligation générale prévue par les articles 418 et 420 du Code pénal, obligation de ne pas porter atteinte à l'intégrité d'autrui, de faire preuve de prévoyance et de prendre des précautions suffi­santes. - Corr. Bruges, 6 mars 1937, Rev. gén. ass. resp., 1937, no 2378. ·

Pareil devoir s'impose avec une rigueur particulière aux agents du corps de la police à qui incombe l'obligation générale de veiller à la sécurité de leurs concitoyens.

Jugé que se rend coupable d'homicide par imprudence l'agent de police qui, averti de ce que deux personnes dont l'embarcation s'est retournée en mer risquent de se noyer; 'refuse de s'assurer de l'exacti- _ tude de cette information et ne donne pas immédiatement, alors qu'il en a le pouvoir, les instructions nécessaires au service de sauve­tage. - Corr. Bruges, 6 mars 1937, précité.

Est coupable d'homicide involontaire le chauffeur qui, chargé d'ef-

r_;:?\),. ,, '

ARTICL:ES 418 A 422 169

fectuer à intervalles réguliers le grahsage d'un autobus, commet une faute dans l'accomplissement de sa mission alors que cette faute a exercé nécessairement une influence sur la survenance d'un accident imputable uniquement à la défectuosité de certains organes de la direction de l'autobus. - Bruxelles, 23 décembre 1934, Rev. dr. pén., 1934, p. 1050; Rec. somm., 1937, DR. PÉN., Infractions : famille, personnes, n° 18. ·

Est également coupable d'homicide involontaire, l'exploitant d'un service d'autobus qui, chargé de la partie technique dans son asso­ciation avec un tiers, a failli à son devoir de s'assurer constamment du bon état d'entretien des autobus mis en circulation et spécialement de surveiller les organes de direction, si cette faute a été une des causes déterminantes d'un accident imputable uniquement à la défec­tuosité de certains organes de la direction d'un autobus. - Même arrêt.

L'obligation dont le non-accomplissement constitue un défaut de précaution par omission serait éventuellement une obligation volon­tairement assumée. Jugé en ce sens qu'est coupable d'homicide par imprudence celui qui, après avoir passé à son compagnon ivre une échelle pour lui permettre de rentrer à la caserne en escaladant le mur de clôture, s'est abstenu de lui porter secours quand il l'a entendu tomber dans l'eau, alors surtout qu'il s'était chargé de le reconduire à la caserne et avait ainsi assumé l'obligation de veiller sur son com­pagnon et de faire en sorte qu'il ne lui survienne pas d'accident. -Cons. de guerre Flandres, 28 février 1931, Pand. pér., 1931, 315.

Le délit de défaut de précautions n'existe que si l'inculpé pouvait et devait prévenir l'événement qui a été la cause des blessures ou de l'homicide par imprudence. ,

Jugé dans ce sens que le locataire d'un immeuble n'est pas pénalement responsable du mauvais état d'une gargouille servant à l'écoulement de l'eau dans le trottoir de la voiè publique, même s'il a omis d'aviser le propriétaire du mauvais état de la dite gargouille qui aurait pro­voqué la chute d'un passant et des blessures. - Corr. Bruxelles, 9 août 1930, Rev. ace. travail, 1930, 237; Rec. somm., 1931, 245.

2524. - Ce qui vient d'être exposé peut se résumer comme suit, selon la disposition d'un arrêt de la cour de cassation : toute faute qui a pour résultat involontaire des lésions corporelles, est érigée en délit. - Cass., 13 janvier 1927, Pas., 1927, 1; 122.

Mais, ainsi que nous le mentionnions au n° 2521 ci-dessus, il faut que le juge constate que la faute retenue à charge de l'inculpé consti­tue un manque de prévoyance ou de précaution. -Cass., 30 mai 1932, Pas., 1932, I, 176.

2525-2526. - L'application de ce principe se réalise très fréquem­ment quand une violation d'un règlement a eu pour conséquence des

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17.0- ARTICLES 418 A 422

blessures ou des homicides. Nous ne pouvons êvidemment songer à commenter en détail les multiples matières spéciales qui ont fait l'objet de réglementations particulières : roulage, navigation aérienne, chemins de fer, tramways, etc. Notons seulement; comme le faisait fort justement remarquer, M. le procureur général Leclercq dans son discours de rentrée à la cour de cassation, en date du 15 septembre 1927, qu'il ne suffit pas de la «coexistence» d'un accident et d'une infraction à un règlement pour constituer la preuve d'un délit de coups et blessures par imprudence. Il importe encore de se demander, lorsque telle précaution n'a pas été prise, si c'est ce défaut de pré­caution qui a été la cause de l'accident. - Loc. cit., p. 38 et 39.

En matière d'accidents de roulage, si la faute prévue par les arti­cles 418 et suivants du Code pénal ne constitue pas nécessairement une infraction à la police du roulage et si, inversement, toute infrac­tion à une règle du roulage n'implique pas la faute prévue par ces articles du Code pénal, il n'en est pas moins vrai qu'en matière d'ac­cidents de roulage, les dispositions réglementaires apparaissent comme des critères extrêmement sérieux auxquels, en fait sinon en droit, le tribunal peut se référer pour l'établissement de la faute, du manque de prévoyance et de précaution de droit commun. - Corr. Mons, 8 octobre 1934; Rev. gén. ass. resp., 1934, n° 1672.

Lorsqu'il y a eu à la fois contravention au règlement sui' le roulage et délit de coups et blessures involontaires, il appartient au tribu­nal, régulièrement saisi de ces deux préventions, de constater qu'il s'agissait de deux infractions distinctes et de prononcer la peine applicable à celle qu'il reconnaît avoir été commise dans son ressort. - Cass., 20 novembre 1933, Pas., 1934; I, 72.

Jugé que caractérise l'imprudence constitutive du délit de bles­sures involontaires, l'arrêt qui constate qu'un prévenu roulait à une allure excessive, lui enlevant tout contrôle de son véhicule; allure d'autant plus dangereuse que le sol était humide et glissant et que les freins de l'automobile ne fonctionnaient pas. - Cass., 11 juillet 1938, Pas., 1938, I; 270.

Commet une imprudence constitutive, le cas échéant, du délit d'homicide ou de blessures par imprudence, le conducteur d'un véhi­cule qui provoque une collision par une manœuvre brusque et anor­male, laquelle trouble un conducteur arrivant en sens opposé et fait croire à celui-ci que le passage va lui être coupé. - Cass., 21 juin 1938, Pas., 1938, I, 223.

Jugé dans un sens analogue qùe le juge du fond a pu légalement attribuer à l'hésitation et au changement de direction d'un· conduc­teur, dans un carrefour, le caractère d'une faute constitutive d'un défaut de prévoyance ou de précautions au sens de l'article 418 du Code pénal. - Cass., 17 mars 1941, Pas .. , 1941, I, 82.

ARTICLES 418 A 42~ 171

Le conducteur qui remet son véhicule en marche dans des condi­tions telles qu'il doit se rendre compte de ce qu'il va entrer en col­lision avec un autre usager de la voie publique; commet une impru­dence. La circonstance que cet autre usager, qu'il voyait arriver, commettait lui-même à ce moment une faute ou une infraction à la police du roulage, ne lui donne pas le droit d'aller le heurter. - Cass., 11 avril 1938, Pas., 1938, I, 143.

Le juge du fond qui, constatant qu'un cycliste a, à raison de la défectuosité des freins de sa bicyclette, heurté un autre cycliste qui le précédait et qui, par là, a renversé un piéton circulant légalement à cet endroit de la voie publique, rend par suite le prévenu seul res­ponsable de l'accident. Il répond ainsi au vœu de la loi aux conclu­sions de ce prévenu soutenant que la cause de la collision était due aux infractions commises par ces deux autres personnes. - Cass., 17 octobre 1938, Pas., 1938, I, 317.

Une infraction à la police du roulage n'implique pas nécessairement l'existence d'un délit de blessures par imprudence.

Jugé que · doit être cassé comme ne justifiant pas son dispositif l'arrêt qui condamne, du chef de coups et blessures involontaires, un prévenu à charge duquel il ne relève comme constitutive du défaut de prévoyance ou de précaution qu'une infraction au règlement sur la police du roulage. - Cass., 18 janvier 1937, Pas., 1937, I, 13.

Jugé de même qu'en cas d'accident de roulage, le juge peut légale­ment décider qu'up.e infraction au règlement sur la police du roulage constatée à charge d'un prévenu est sans lien de causalité avec un accident. - Cass.; 9 mai 1939, Pas., 1939, I, 235,

Réciproquement, il peut y avoir délit de blessures par imprudence sans qu'il y ait infraction à la police du roulage.

Si la violation d'un règlement sur le roulage ne constitue pas néces­sairement une faute génératrice d'une infraction d'homicide ou de blessures par imprudence, celui qui est mis en prévention d'une telle in.fraction ne peut prétendre se justifier en alléguant qu'il a ponc­tuellement observé les règles de la circulation. Le conducteur d'un véhicule est tenu non seulement d'observer ces prescriptions, mais il doit, en outre, se conformer aux règles générales de prévoyance et de précaution et de prendre les mesures que commandent les cir­constances. Les dispositions sur le roulage ne s'opposent pas à ce que de pareilles mesures soient obligatoires. Il ne se concevrait pas que la stricte observation de ces dispositions justifierait des lésions qui auraient pu être évitées. - Cass., 11 ~vril 1938, Pas.; 1938, I, 143; cass., 12 juillet 1938, Pas., 1938, I, 278; cass., 8 février 1932, Pas., 1932, I, -62; cass., 10 mai 1932, Pas., 1932, I, 166; cass., 9 juillet 1934, Pas., 1934, 1,- 162.

Le défaut de prévoyance et de précaution prévu par les.article 418

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172 ARTICLES 418 A 422

et 420 du Code péna], ne consiste pas nécessairement en une infrac­tion au Code de la route ~ême lorsqu'il s'agit d'un accident de rou­lage. - Cass., 28 mars 1939, Pas., 1939, I, 183; sic cass., 25 avril 1939, Pas., 1939, I, 212.

Jugé qu'en matière de coups et blessures et d'homicide par défaut de prudence ou de prévoyance, le juge du fond peut trouver une faute dans les circonstances de fait qui ont porté atteinte à la personne de la victimé; sans que ces circonstances de fait révèlent une infrac­tion spéciale aux lois et règlements répressifs. - Cass., 24 mai 1937, Pas., 1937, I; 155, 7°.

Lorsque le tribunal de police a condamné du chef de blessures par imprudence et _acquitté du chef d'infractions connexes à la police du roulage et à la police des chemins de. fer vicinaux, mais en décla­rant que les faits repris dans les préventions connexes constituent des causes génératrices du délit ·de blessures par imprudence dans lequel ils doivent être intégrés, le tribunal correctionnel, saisi par le seul appel des prévenus, ne peut se borner à invoquer le caractère définitif des acquittements prononcés du chef des infractions con­nexes pour affirmer devoir àcquitter du chef de blessures par impru­dence. Le juge d'appel doit examiner sans exception tous éléments de fait pouvant constituer à charge des prévenus le délit de blessures par imprudence. :_ Cass., 18 février 1935, Pas., 1935, I, 163.

2527. - Il n'est pas requis que celui qui ·a causé le mal par: son défaut de prévoyance ou de précaution, soit prés~nt au moment de l'accident (cass., 29 janvier 1923, Pas., 1923, 1, 173). Dans cette espèce il s'agissait d'un accident occasionné à des personnes habitant dans les environs d'une carrière dont les dirigeants n'avaient pas pris toutes les précautions exigées d'eux pour prémunir ces habitants contre- le danger des explosions de mines.

2528. - Le délit d'homicide ou de lésions involontaires est con­sommé dès que la faute de l'auteur a eu sa conséquence domma­geable. Jusque-là, il n'y a point d'infraction et la prescription ne

· commence à courir que depuis cet instant même si l'accident ne se produisait que de très nombreusës années après la perpétration_ de la faute qui en a été la cause. - Cass., 27 novembre 1889, Pa-s., 1900, I, 46. .

;

2529. - Mais quand l'accident se produit, c'est la faute elle-même qui, à raison de cette conséquence involontaire, devient le corpus delicti.

Cela a été jugé au point de vue de la compétence territoriale, dans un cas où des prévenus _étaient poursuivis pour avoir fait charger, sur un steamer, à Anvers, des fûts d'hydrocarbure en les déclarant faussement comme huile lourde de graissage. Cette faùsse déclaration

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ARTICLES .418 A 422 173

avait été la cause d'une explosion survenue en haute mer. La cour d'appel de Bruxelles, par son arrêt en date du 22 mars 1911, et la . cour de cassation, par arrêt du 8 mai 1911, ont décidé que l'infrac­tion c'était lâ faute commise à Anvers, faute devenue un délit à raison des blessures qui s'en étaient suivies. - Parul,. pér., 1911, nos 84 7 et 848.

Le même principe a été consacré lorsqu'il s'est agi d'apprécier quelle est l'étendue de la compétence matérielle des juridictions répres• sives pour statuer sur les suites civiles de l'infraction. Il a été décidé que cette compétence ne s'étend pas seulement au préjudice résul­tant des lésions corporelles, mais qu'elle permet au juge répressif de statuer sur toutes les suites dommageables du fait culpeux ayant motivé les poursuites répressives. - Cass., 23 janvier 1922, Pas., 1922; I, 139; cass., 5 janvier 1925, Pas., 1925, I, 95.

Ce principe a, selon nous, des conséquences civiles importantes au point de vue du calcul même des indemnités, lorsque la victime est décédée instantanément ou peu de temps après l'accident. - Voir Rev. gén. ass et resp.; 1927, n° 95.

2530. - De ce que seules constituent des délits les fautes qui sont la cause d'un accident; il résulte qu'en cas de fautes successives, non provoquées les unes par les autres, ce sera, en règle gén.érale, la der­nière faute seule qui doit être retenue au point de vue pénal. - Arg. Liège, 19 juin 1850; Pas., 1850; II; 205.

Ce principe a été justement appliqué, selon nous, dans le cas sui­vant : un patron rejoint son préposé alors que celui-ci conduisait un chariot non éclairé. Survient une collision au cours de laquelle le patron est tué et son fils blessé. La cour d'appel a estimé que la prévention d'homicide involontaire sur la personne de son patron Ernest R. et de lésions involontaires à R. fils, reprochée au conducteur, n'est pas établie. « Atttendu, en effet, porte l'arrêt, que peu de temps avant l'accident où il a trouvé.la mort, Ernest R. avait rejoint l'attelage conduit par son domestique dans les conditions antiréglementaires prérappelées. Eri ne pourvoyant pas immédiate­ment aux mesures qui s'imposaient, Ernest R. a commis une faute personnelle reprenant en quelque sorte, dès ce moment même, pour son compte la négligence commise par son préposé auquel; en fait et en droit, il se trouvait substitué. » - Liège, 19 juin 1929; Pas., 1929, II, 120.

2531. - En cas de coups et blessurer portés par défaut de pré­voyance, une faute commise par la victime elle-même ne fait pas dis­paraître la responsabilité pénale du prévenu. - Cass., 22 février 1938, Pas., 1938, I, 64; cass., 24 février 1902, Pas., 1902, I, 161.

Même s'il est établi que la victime d'un accident circulait dans des conditions contraires aux règlements sur la police du roulage, ce

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ARTIOLES 418 A 422

fait ne serait point nécessairement, par lui-même, élisif de toute res­ponsabilité pénale dans le chef d'un prévenu. - Casa., 23 juillet 1941, Pas., 1941, I; 312.

La condamnation du prévenu n'implique pas nécessairement l'ab­sence de toute faute de la part de la victime. - Cass., 22 février 1938, précité.

Mais, tout au moins au point de vue des intérêts civils, une faute légère de la victime n'atténue pas la responsabilité de l'auteur de l'infraction, lorsqu'il n'est pas démontré que cette faute a contribué à causer l'accident. - Cass.; 14 juillet 1924; Pas.; 1924; I, 474; si.c Gand, 26 avril 1930, Pas., 1930; II; 162.

La jurisprudence suivant laquelle la faute de la victime elle-même ne fait pas nécessairement disparaître la responsabilité pénale de l'auteur de cet accident, est une application du principe général sui­vant lequel le défaut de prévoyance est punissable même s'il n'est pas la cause unique de la blessure ou de l'homicide. - Corr. Gand, 24 mai 1930, Rechtsk. Weekbl., 5 mars 1933; p. 443.

Dans les cas de poursuites du chef de coups et blessures par impru­dence, ceux qui ont à répondre du décès ou de la blessure des victimes, s'efforcent très fréquemment d'attribuer à ces dernières une faute, réelle ou prétendue, qui, selon eux, serait élisive de toute responsabilité ou, tout au moins; de nature à entraîner un partage des responsabilités. Nous estimons donc qu'il y a. lieu de bien préciser les éléments des questions de cette nature; d'autant plus que si, à notre connaissance, une jurisprudence constante de la cour de cassation a fait une juste

· application des principes, ceux-ci ont quelquefois été méconnus dans un assez grand nombre de cas d'espèce.

1 ° Il est bien certain que si un automobiliste, par exemple, circule sur la voie publique dans des conditions tout à fait contraires aux règlements et qu'un autre usager ou piéton vienne se jeter inconsidéré­ment sous ou contre l'automobile, dans des conditions telles qu'il soit normalement impossible au conducteur d'éviter l'accident, le conducteur n'est évidemment pas coupable d'homicide ou de lésions involontaires.

2° Par contre, en cas de coups et blessures portés par défaut de prévoyance ou de précaution, une faute commise par la victime elle-même ne fait pas disparaître la responsabilité pénale du prévenu. - Cass., 22 février 1938, Pas., 1938; I; 64. Cet arrêt confirme l'arrêt de la cour d'appel de Bruxelles en date du 3 juillet 1937. Sic cass., 24 février 1902; Pas., 1902, I, 161; deux arrêts confirmant appel Bruxelles, 31 décembre 1901 et appel Bruxelles, 8 janvier 1902.

L'arrêt de la cour de cassation du 23 juillet 1941, rejetant le pourvoi formé contre l'arrêt de la cour d'appel de Bruxelles du 3 mai 1941, consacre les mêmes principes. Cet arrêt porte, en effet, que même dans

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ARTICLES 418 A 422 175

l'hypothèse où la partie civile aurait circulé à bicyclette dans des conditions contraires_ aux règlements sur la police du roulage, ce comportement ne serait point nécessairement par lui-même élisif de toute responsabilité pénale dans le chef du prévenu (Pas., 1941, I, 312).

Un autre arrêt, inédit, de la cour d'appel de Bruxelles a également fait une juste application des principes rappelés ci-dessus dans un cas appartenant à une espèce qui se rencontre malheureusement très fréquemment en fait, à savoir celui des piétons et autres usagers qui traversent un car efour gardé dans le sens contraire à celui dans lequel la circulation est ouverte. Dans cette espèce, il s'agissait d'un piéton écrasé par une automobile au carrefour gardé de la Porte de Namur à Bruxelles. L'automobiliste prétendait, à tort ou à raison, que la victime s'était engagée sur la chaussée après que le disque vert s'était allumé dans la direction suivie par son véhicule. La partie civile faisait valoir que même si l'allégation du prévenu était exacte, cette circonstance n'eût pas été élisive de la responsabilité pénale et civile de celui-ci. Le piéton qui s'engage devant une voiture au moment où celle-ci est autorisée à prendre le départ, ce piéton entrave éven­tuellement la circulation des véhicules. Mais les conducteurs de ceux-ci doivent néanmoins faire tout ce qui dépend d'eux pour ne pas tuer ou blesser l'usager qui aurait commis une imprudence en s'engageant sur la chaussée.

C'est cette même doctrine que consacrait l'arrêt de la cour de cassa­tion du 14 juillet 1924 (Pas., 1924, I, 474); rejetant le pourvoi contre un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles du 21 mai 1924, pour le motif que le juge du fond, tout en relevant contre la victime une faute légère, n'avait pas constaté que cette faute ait contribué à causer l'accident.

3° Sans doute, la condamnation d'un prévenu poursuivi du chef de coups et blessures par imprudence, n'implique pas nécessairement l'absence de toute faute de la part de la victime (cass., 22 fé­vrier 1938, conf. Bruxelles, 3 juillet 1937, Pas., 1938, I, 64). Mais il n'en est pas moins vrai que si la faute de la victime fût demeurée sans conséquence fâcheuse sans le défaut de prévoyance ou de pré­caution du prévenu, celui-ci doit supporter seul le dommage. -Bruxelles, 26 avril 1930, Pas., 1930, II, 162.

4° Afin de bien asseoir la comparaison entre les nombreuses déci­sions de jurisprudence invoquées ci-dessus et celles indiquées ci-après, auxquelles nous ne pouvons point nous rallier, nous pensons qu'il est utile de préciser les principes généraux dont les anêts cités ei-avant ont fait une juste application :

Un défaut de prévoy3ince ou de précaution constitue le délit d'homi­cide ou de lésion involontaires dans le chef de celui qui a « causé le

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mal 1> (Code pén., art. 418). Ce qu'il faut rechercher ici, tant au point de vue pénal qu'au point de vue civil, c'est le défaut de prévoyance ou de précaution qui a été la cause efficiente du mal. Peu importe qu'un tiers ou la victime elle-même aient été la cause occasionnelle de l'homicide-ou de la lésion. C'est ce qu'exprime, en termes juridiques, l'arrêt de la cour de cassation précité du 23 juillet 1941 (Pas., 1941, I, 312) en constatant que la faute du prévenu a été une des causes génératrices de l'accident.

5° Si l'on tient compte des principes dont nous croyons avoir démontré l'exactitude ci-dessus, nous pensons qu'on ne pourra pas approuver, tout au moins au point de vue des intérêts civils, des décisions telles que celles analysées ci-après :

a) L'arrêt de la cour d'appel de Liège en date du 5 novembre 1945 (Pas., 1945, II, 41), part du principe qu'une des parties, connaissant le danger que constituait un pont détruit, avait pour devoir de faire en sorte que, chaque jour, à la tombée de la nuit, le passage soit empêché par une clôture continue ou, tout au moins, qu'un dispositif de signalisation y soit établi. D'après l'arrêt, la responsabilité de la victime aurait été non moins évidente. Instruite par l'usage des lieux qu'elle traversait chaque jour, elle devait veiller à sa propre sécurité et faire preuve d'attention.

Nous estimons que dans un cas comme celui de cette espèce, la responsabilité, tant civile que pénale, devait être entière de l'un ou de l'autre côté. En effet, admettons que l'absence de clôture ou d'un dispositif de signalisation ait constitué une faute et que soit survenu un passant qui, non averti, ait ignoré le danger. Dans ce cas; la« cause génératrice » de l'accident était évidemment l'absence d'une clôture ou d'un dispositif de signalisation.

Mais; in casu, la victime était instruite du danger par l'usage des lieux qu'elle traversait chaque jour et elle aurait négligé de veiller à sa propre sécurité et de faire preuve d'attention. C'est, dès lors, évidemment cette faute de la victime elle-même qui a causé l'accident.

b) Dans le même sens, nous ne pouvons nous rallier à la manière de voir adoptée (en l'espèce, au point de vue des intérêts civils) par cet autre arrêt de la cour d'appel de Liège du 8 janvier 1946 (Journ. trib., 17 février 1946, p. 83). Dans cette espèce, quelqu'un avait détenu sans autorisation des explosifs dans le grenier d'un immeuble délabré, les laissant ainsi exposés à des vols p}évisibles. Des voleurs s'emparèrent de détonateurs et les abandonnèrent sur la voie publique où u,n enfant, jugé capable de discernement, s'en était emparé et fut blessé à la suite de l'explosion. Nous admettons volontiers que dans des cas comme celui de cette espèce, il y a une série de fautes successives. Mais si l'enfant victime était réellement capable de discernement, nous pensons que c'est le défaut de pré-

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ARTICLES 418 A 422 J:77

voyance ou de précaution de cet enfant qui a causé la lésion invo­lontaire. Supposons, au contraire, que la victime n'ait pas été capable de discernement. Ce serait alors l'abandon des détonateurs dans un lieu public par les voleurs qui aurait été la cause génératrice de l'accident.

60 Nous pensons que tant au point de vue civil qu'au point de vue pénal, la question dont on doit rechercher la solution est celle de savoir quel est celui qui a causé l'homicide ou la lésion involontaires par défaut de prévoyance ou de précaution et qu'il n'y a pas lieu de tenir compte des fautes antérieures, à moins qu'il ne s'agisse de f~utes successives provoquées les unes par les autres. C'est ainsi que nous estimons pouvoir nous rallier à la doctrine appliquée par l'arrêt de la cour d'appel de Liège du 19 juin 1929 (Pas., 1929; II; 120), lequel, avec raison, selon nous, n'a retenu que la dernière faute d'une série constatfe. ~

S'il s'agit d'un accident causé par la coexistence de deux ou plusieurs fautes distinctes, mais simultanées, et si la victime est un tiers étranger · à ces fautes, la jurisprudence décide que chacun des auteurs <lesdites fautes est civilement responsable pour le tout envers la victime (cass., 22 octobre 1906, Pas., 1907, I, 24) (1). Dans cette espèce, il s'agissait d'une collision entre deux véhicules dans des conditions constitutives de fautes pour les deux conducteurs. Le choc avait provoqué la chute d'une caisse contenant des bouteilles qui, en retom­bant, avait causé des lésions graves à un tiers. Supposons que la victime ait été un des deux conducteurs en faute. Cette circonstance ne suppri­merait pas la responsabilité pénale de l'autre conducteur fautif (cf. supra, 2°) et un partage des responsabilités civiles serait, en prin­-0ipe, justifié.

Envisageons enfin l'hypothèse dans laquelle l'homicide ou la lésion involontaires ont été causés par une faute unique, commune à la fois à la victime et à un ou plusieurs tiers. Dans ce cas aussi, la responsa­bilité pénale de l'auteur ou des auteurs de l'accident sera incontestable, et si la victime a été elle-même une des personnes qui ont coopéré à cette faute commune, un partage des responsabilités civiles sera également justifié.

7° En résumé, nous pensons qu'une faute commise par la victime -elle-même sera tout au moins généralement sans influence quant à la responsabilité pénale de ceux qui ont causé l'homicide ou les lésions par défaut de prévoyance ou de précaution. ·

Quant au point de vue civil, il n'y aura lieu d'admettre un partage . ·des responsabilités que dans l'un des cas suivants : ·

a) L'accident a été causé à la suite d'une série de fautes successives

(1) Adde: les décisions de jurisprudence analysées dans notre Traité des indemnités .au:i: victimes d'accidents, n°• 269 et suivr,nts. ·

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178 ARTICLES 418 A 422

provoquées les unes par les autres et dont l'une au moins a été commise par la victime ;

b) Dans le cas d'un accident causé par la coexistence de fautes simultanées distinctes, il faut que l'une au moins de ces fautes ait été commise par la victime elle-même.

c) Enfin, dans le cas d'un accident causé par la participation de plusieurs personnes à une faute unique génératrice de l'accident, il faut que la victime elle-même ait été parmi les participants à cette faute unique.

2532. - Nous avons vu antérieurement que les délits intention­nels ne comportent pas de participation criminelle proprement dite, puisqu'il ne saurait exister de concours de volontés coupables lorsque l'auteur principal lui-même n'a pas voulu le mal qu'il a causé. Mais plusieurs personnes peuvent être simultanément les auteurs d'une même infraction du genre de celles que nous étudions actuellement. - Supa, n°8 580 et suivants.

Jugé que manque en fait le moyen fondé sur ce que le prévenu aurait été condamné comme complice d'un délit de blessures par imprudence, alors qu'il résulte de la décision attaquée qu'il a été condamné en raison de sa propre imprudence. - Cass.; 8 février 1932, Pas., 1932; I, 62, N. R, 1°.

2533. - Rappelons (supra; n° 333) qu'aux termes de l'article 1er de la loi du 24 mai 1937 créant un privilège au profit des personnes accidentées; les créances nées d'un accident au profit d'un tiers lésé par cet accident ou de ses ayants droit sont privilégiées sur l'indem­nité que l'assureur de la responsabilité civile doit à raison de la con­vention d'assurance.

Aucun payement à l'assuré ne sera libératoire tant que les créan­ciers privilégiés n'auront pas ·été désintéressés. - Loi du 24 mai 1937, article l er.

Des divers délits non intentionnels.

2534. - Ayant ainsi indiqué les notions générales relatives à tou­tes· les infractions prévues par les articles 418 et suivants du Code pénal, il nous reste à exposer quelques observations propres aux diverses dispositions légales dont il s'agit. .

Celui qui aura involontairement causé la mort d'une personne est passible des peines prévues par l'article 419 du Code pénal.

2535. - Des peines moindres; quoique majorées par l'article 1er de la loi du 31 mars 1936, sont prévues par l'article 420 lorsqu'il n'est résulté du défaut de prévoyance ou de précaution que des coups ou des blessures.

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ARTIOLES 418 A 422 179

L'incapacité de travail ne change pas la nature du délit de bles­sures par imprudence, sauf pour ce qui concerne l'infraction visée à l'article 42lbis. - Infra, n° 2537; cass., 14 juillet 1902, Pas., 1902, I, 311.

2536. - En vertu de l'article 420bis, inséré dans le Code pénal par l'article 61 de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance et modifié par l'article 2 de la loi du 31 mars 1936, sera punie d'un emprisonnement de huit jours à deux mois, sans préjudice, s'il y a lieu; à l'application, de dispositions pénales plus sévères, quiconque ayant l,a garde d'un enfant, âgé de moins de seize ans ou d'une per­sonne hors d'état de pourvoir à son entretien,, à raison de son état physique ou mental, aura négligé l'entretien de cet enfant ou de cette personne au point de compromettre sa santé.

Cette disposition est; en quelque sorte; le pendant de l'article 40lbis du Code pénal dont nous avons donné le commentaire ci-des­sus, n°8 2438 et 2439, avec cette différence importante que l'arti­ticle 420bis est relatif àr la négligence coupable et non au fait vown­t,aire.

2537. - L'article 421 du Code pénal réprime le fait de celui qui aura involontairement causé à autrui une maladie ou une incapacité de travail personnel en lui administrant des substances qui sont de nature à donner la mort ou à altérer gravement la santé.

Le mot administrer, employé dans cet article, signifie faire prendre ou faire absorber une substance par quelque mode que ce soit, mais il implique une action volontaire (cass., 6 mai 1901; Pas.;_ 1901, I, 226; cass., 24 octobre 1938; Pas., 1938, I; 333). On a surtout visé dans cette disposition la négligence ou l'inattention des médecins et des pharmaciens. - Exposé des motifs, II, n° 108.

Mais si l'administration des substances doit avoir été volontaire, il importe que l'agent n'ait point voulu la conséquence dom­mageable, sans quoi le cas serait régi par les articles 402 et suivants du Code. - Supra, n°8 2445 et suivants.

2538. - La définition pénale de l'incapacité de travail personnel a été donnée ci-~essus, n°s 2421 et suivants.

2539. - Quant à la portée des termes subst,ances qui sont de nature .à donner l,a mort ou à altérer gravement la santé, voir supra, n°8 2450 et suivants.

2540. - Par une dérogation aux . règles générales en matière de délits de coups et blessures par imprudence, l'alinéa 1er de l'article 422 punit celui qui aura été involontairement la cause d'un accident de chemin de fer, dès l'instant où cet accident aura été de nature à mettre en péril les personnes qui se trouvaient dans le convoi acci-

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180 ARTICLES 418 A 422. - ARTICLES 423 A 433

denté. Il suffit donc que ces personnes aient couru un danger, san~ qu'il soit nécessaire qu'il y ait eu des tués ou des blessés.

2541. - Les deux alinéas suivants de l'article 422 majorent le taux des pénalités si l'accident a occasionné la mort d'une personne ou des lésions corporelles.

2542. - Nous avons rappelé supra, n° 2517, la notion, en droit pénal, des termes Usions corporelles.

2543. - L'article 422 du Code pénal s'applique non seulement aux employés des chemins de fer; mais à toutes personnes quelconques qui auraient commis les faits prévus par cette disposition (NYP:ELS­SERVAIS, art. 422, n° 5). Au cours des travaux préparatoires on a envisagé notamment le cas d'un fumeur qui, par son imprudence, mettrait le feu à une voiture de chemin de fer. - Exposé des motifs, II, 11° 109.

CHAPITRE III. - DU DUEL.

ARTICLE 423.

La provocation en duel sera punie d'un emprisonnement de quinze jours à trois mois et d'une amende de 100 francs à 500 francs.

ARTICLE 424.

Seront punis des mêmes peines, ceux qui auront décrié publiquement ou injurié une personne pour avoir refusé un duel.

ARTICLE 425.

Celui qui, par 1tne injure quelconque, aura donné lieu à la provo­cation, sera puni d'un emprisonnement d'un mois à six mois et d'une amende de 100 francs à 1.000 francs.

ARTICLE 426.

Celui qui, dans un duel, aura fait usage de ses armes contre son adver­saire, sans qu'il soit résulté du combat ni homicide ni blessure, sera puni d'un emprisonnement d'un mois à six mois et d'une amende de 200 francs: à 1.000 francs.

Celui qui n'aura pas fait usage de ses armes sera puni conformément à l'article 423.

ARTICLE 427.

Celui qui, dans un duel, aura blessé son adversaire, sera puni d'un,

ARTICLES 423 A 433 181

emprisonnement de deux mois à un an et d'une amende de 300 francs à 1.500 francs.

ARTICLE 428.

Si les blessures ont causé une maladie ou une incapacité de travail personnel, le coupable sera puni d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de 500 francs à 2.000 francs.

ARTICLE 429.

L'emprisonnement sera de six mois à trois ans et l'amende de 1.000 francs à 3.000 francs, si les blessures résultant du duel ont causé, soit une maladie paraissant incurable, soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte de l'usage absolu d'un organe, soit une mutilation grave.

ARTICLE 430.

Celui qui, dans un duel, aura donné la mort à son adversaire, sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 2.000 francs à 10.000 francs.

ARTICLE 431.

Ceux qui, d'une manière quelconque, auront excité au duel, seront punis des mêmes peines que les auteurs. .

Dans le cas où le duel n'aurait pas eu lieu, ils encourront un emprisonnement d'un mois à un an et une amende de 100 francs à 1.000 francs.

ARTICLE 432.

Dans le cas prévus par les articles 427, 428, 429 et 430, les témoins seront punis d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 100 francs à 1.000 francs.

ARTICLE 433. ,

Les coupables condamnés en vertu des articles 423 et suivants seront, en cas de nouveaux délits de même nature commis dans le de'lai fixé par l'article 56, condamnés au maximum des peines portées par ces arti­cles, et ces peines pourront être élevées au double.

2544. - Duel. - Notion. 2545. - Tous modes de combats en duel. 2546. - Abrogation de diverses dispositions de la loi du 8 janvier 1841. 2547. - Division du présent chapitre. 2548. - Provocation en duel. 2549. - Provocation par voie de la presse. 2550. - Excitation au duel. 2551. - Injure causànt la provocation en duel.

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182 ARTICLES 423 A 433

2552. - Décrier publiquement ou injurier quelqu'un pour refus de duel. 2553. - Décrier publiquement. 2554. - Injures. 2555. - Délit de presse. 2556. - Duel engagé. - a) Absence de blessu1'e8 ou d'homicide. 2557. - Témoins non punissables. :2558. - b) Homicide ou blessures en duel. 2559. - Blessures simples. 2560. - Maladie ou incapacité de travail personnel •. 2561. - Maladie paraissant incurable, incapacité permanente, etc. - Décès. 2562. - Duel déloyal ou sans témoins. 2563. - Témoins. - Notion. 2564 •. - Témoins punissables. 2565. - Peines des témoins en cas de duel déloyal. 2566. - Récidive. - Article 433 du Code pénal. 2567. - Infractions de même nature. 2568. - Aggravation des peines.

2544. - Le législateur s'est intentionnellement abstenu de défi­nir le duel afin de ne pas fournir aux délinquants des moyens faciles d'éluder la loi (Exposé des rrwtifs, II, n° llO). On s'en est référé à la notion traditionnelle du duel : un combat entre deux personnes, -engagé généralement « pour trancher une question d'honneur», sans cependant. que cette dernière condition soit essentielle pour l'exis­tence des infractions prévues par les articles 423 et suivants du Code pénal. - NYPELS-SERVAIS, t. III, p. 127 et 128.

Quant au duel déloyal ou sans témoins, voir infra, n° 2562.

2545. - En s'abstenant de définir le duel, le législateur a expres­sément entendu ménager la possibilité de la répression de tous· les modes. de combats en duel : combat au bâton, duel à coups de pier­res, etc. - Exposé des motifs, II, n° llO; NYPELS-SERVAIS, loc. cit.

2546. - Les articles 423 et suivants du Code pénal ont abrogé la plupart des dispositions de la loi du 8 janvier 1841. Les dispositions -de cette loi qui sont encore en vigueur ne concernent pas notre matière. - Voir Pand. belges, v0 Duel, n°8 89 et suivants:

2547. - Les dispositions du Code pénal relatives au. duel peuvent .se grouper en quelques catégories suivant la nature des· infractions qu'elles prévoient :

a) Provocation au duel;· etc. (art. 423, 431, 425 et 424); b) Le fait même du duel y compris la participation des témoins

(art. 426 à 430 et 432) ; c) Disposition spéciale quant à la récidive (art. 433).

2548. - La provocation en duel proprement dite, dont il s'agit en l'article 423 du Code, s'entend de tout propos, de toute conduite, -de toute attitude, de tous faits qui tendent évidemment à amener l'adversaire sur le terrain.

La provocation doit être prise dans un sens très large. Il n'est point requis qu'elle soit directe. Elle peut résulter d'un ensemble de

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propos offensants. - Rapp. Chambre, III, n° 39 ; Rapp. Sénat, VI, n° 19.

2549. - Même commise par la voie de la presse, la provocation en duel n'est pas un délit de pre~se. La provocation en duel dans un article de journal ne peut, en effet, être considérée comme étant la manifestation d'une opinion, d'une doctrine ou d'une idée dont il faudrait apprécier la portée pour savoir si elle excède ou non les limites de la liberté garantie par la Constitution. - NYPELS-SERVAIS,. art. 423, n° 3; Bruxelles, 4 juin 1870, Pas., 1870, Il, 265; adde: swpra, Appendice, n°8 126 et suivants.

2550. - L'article 431 du Code pénal punit le fait de ceux qui d'une manière quelconque auront excité au duel, alors même que .cette excitation n'aurait pas été suivie d'effet.

Exciter au duel, c'est provoquer un tiers à se battre en duel. -NYPELS-SERVAIS, art. 431, n° 1.

Il faut que les moyens de provocation soient de nature à déter- , miner la volonté du provoqué. L'article 431 s'applique non seule­ment à ceux qui ont excité les parties ou l'une d'elles à se battre en duel; mais encore aux personnes, et spécialement aux témoins; qui les ont excitées à poursuivre le combat. - Exposé des motifs, Il, no 124.

2551. - Celui qui ·par une injure quelconque aura âonné lieu à la provocation en duel, est passible des peines prévues par l'article 425 du Code pénal.

L'injure quelconque, c'est l'offense par injure proprement dite; par diffamatipn ou calomnie. Cette infraction conserve sa nature propre. Si elle a effectivement eu pour résultat une provocation en duel; la peine ordinaire est remplacée par celle de 'l'article 425 du Code sous réserve de l'application éventuelle de l'article 65 du même Code. -NYPELS-SERVAIS; art. 425, n° 1. ·

Le texte même de notre article 425 indique nettement que l'injure doit avoir eu comme résultat une provocation en duel; pour que, cette disposition soit applicable.

2552. - Enfin, en vertu de l'article 424; les peines prévues à l'ar­ticle 423 sont applicables à ceux qui auront décrié publiquement ou injurié une personne à raison du fait que celle-ci aurait refusé un duel.

2553. - Décrier publiquement. Décrier, c'est ôter par des cris, par des paroles, l'estime, la considération dont jouit une personne, Ja ridiculiser. - NYPELS-SERVAIS, art. 424, n° 2.

L'action de décrier doit avoir été commise publiquement. La publi­cité dont il s'agit ici est celle définie à l'article 444 du Code pénal. ~ Exposé des motifs, Il, n° 118; NYPELS-SERVAIS, loc. cit.

184 ARTICLES 423 A 433

Le commentaire de l'article 444 est donné ci-dessous, n08 2613 et suivants.

2554. - La loi punit ensuite ceux qui ont injurié une personne pour avoir refusé un duel. AucuneJmblicité n'est requise. Toute injure fondée sur le refus de se battre en duel est punissable, dans quelque lieu et de quelque manière qu'elle ait été commise. - Exposé des motifs, II, n° 114; NYPELS-SERVAIS, art. 424, n° 3.

2555. - Le décri d'une personne ou l'injure qu'on lui adresse pour avoir refusé un duel, est un délit de presse si l'infraction est commise par la voie de la presse. Contrairement à ce qui se présente pour la provocation par la voie de la presse (supra, n° 2549); il s'agit ici de la manifestation d'une opinion relative à la personne à laquelle on reproche de n'avoir pas accepté le combat en duel. - NYP'.ELS­SERVAIS, art. 424, n° 4; cass., 17 juin 1867, Pas., 1868, I, 465; adde : supra, n°8 126 et suivants.

2556. - Le duel étant engagé, plusieurs hypothèses peuvent se présenter :

a) Aucun des deux adversaires n'est tué, ni blessé. L'infraction est néanmoins consommée et les peines prévues par l'article 426 sont applicables.

Le second alinéa de cette disposition vise le cas où l'un des com­battants n'aurait point fait usage de ses armes. Ce cas peut se réa­liser dans un duel au revolver. Et même dans un duel à l'épée, ils est possible qu'un des deux adversaires se borne manifestement à se défendré. Il ne tombe pas sous l'application du 1er alinéa de l'arti­cle 426, qui ne vise que le cas de celui qui aura fait usage de ses armes contre son adversaire. - NYPELS-S:ERVAIS, art. 426, n° 2.

2557. - Dans le cas où le duel n'a eu aucun résultat funeste, les témoins ne sont point punissables. - Code pén., art. 432.

2558. - b) Si le duel a eu pour conséquence la blessure ou la mort d'un des adversaires, celui qui a causé cette blessure ou l'homi­cide est punissable suivant les distinctions établjes aux articles 427 à 430 du Code pénal.

Le combattant qui n'a pas lui-même blessé ou tué son adversaire n'est passible d'aucune peine. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 427, n° 2.

2559. - L'article 427 est relatif au fait de celui qui a occasionné à son adversaire des blessures simples.

2560. - Nous avons défini antérieurement les termes maladie ou inca'[Xl,cité de travail personnel; qui figurent à l'article 428. - Supra, nos 2421 et suivants.

ÀRTICL;ES 423 A 433 185

" 1561. - Maladie paraissant incurable, incapacité permanente de tra­vail personnel, perte de l'usage absolu d'un organe, mutilation grave.

Ces circonstances aggravantes mentionnées à l'article 429 du Code pénal, ont été définies supra; n°8 2427 et suivants.

L'article 430 du Code pénal édicte une peine particulièrement grave à charge de celui qui, dans un duel, aura donné la mort à son adver­saire.

2561. - Si une personne a tué ou blessé un adversaire avec dé­loyauté, ou dans un duel sans témoins, le droit commun reprend son empire. - Rapp. Sénat, VI, n° 20; NYPELS-SERVAIS, art. 432, n° 4; Bruxelles, 14 juillet 1889, Pas., 1889, II, 405.

1563. - Les témoins d'un duel sont les personnes qui sont choi­sies par les parties pour régler les conditions du combat et en surveiller l'exécution. Cette dénomination ne comprend pas les autres personnes invitées à assister au duel, tel, par exemple le maître d'armes appelé à servir d'arbitre en cas de contestation sur la loyauté des coups. -NYPELS-SERVAIS, art. 432, n° 3.

1564. - Dès qu'un des adversaires a été blessé ou tué, tous ]es témoins de l'une et de l'autre partie encourent les peines prévues à l'article 432 du Code pénal. - NYPELS-SERVAIS, art. 432, n° 2 ..

1565. - Si un des combattants a blessé ou tué son adversaire avec déloyauté (supra, n° 2562), le témoin qui n·a point participé à cette déloyauté reste passible de la peine édictée par l'article 432: Le témoin qui aurait participé à cette déloyauté devient le coauteur ou le complice d'un crime ou d'un délit de droit commun. - Exposé de.s motifs, II, n° 127, in fine.

1566. - Les coupables condamnés en vertu des articles 423 et suivants du Code pénal, en cas de nouveaux délits de même natmie commis avant l'expiration d'un délai de cinq ans depuis qu'ils ont subi ou prescrit leur peine, seront condamnés au maximum des peines portées par ces articles. Ces peines pourront être élevées au double. - Code pén., art. 433.

1567. - La récidive ne suppose ici d'autre condition que la répé­tition d'une infraction de même nature dans le délai imparti par la loi. Il ne faut pas que la condamnation antérieure soit relative. au même fait. La récidive existerait, par exemple en cas d'une infrac­tion de duel proprement dite après une condamnation antérieure pour provocation en duel. - NYPELS-SERVAIS, art. 433, n° 2.

2568. - Ainsi qu'il résulte du texte même de la loi; le maximum de la peine doit être prononcé pour la seconde infraction et la peine peut même être doublée.

......

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l 86 AltTICL:ES 423. A 433. -,- ARTICL:ES 434 A 442

Ce que la loi détermine ainsi, c'est la peine in abstracto. Aucune disposition légale n'interdit l'admission de circonstances atténuantes même en faveur des récidivistes visés à l'article 433 du Code pénal.

CHAPITRE IV. - DES ATTENTATS A LA LIBERTÉ INDI­VIDUELLE ET A L'INVIOLABILITÉ DU DOMICILE, COMMIS PAR DES PARTICULIERS.

ARTICLE 434.

, Seront punis d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de 26 francs à 200 francs, ceux qui; sans ordre des autorités constituées et hors les cas où la loi permet ou ordonne l'arrestation ou l,a détention des particuliers, auront arrêté où fait arrêter, détenu ou fait détenir une personne quelconque.

ARTICLE 435.

L'emprisonnement sera de six mois à trois ans et l'amende de 50 francs à 300 francs, si la détention illégale et arbitraire a duré plus de dix jours.

ARTICLE 436.

Si la détention illégale et arbitraire a duré plus d'un mois, le coit­pable sera éondamné à un emprisonnement d'un an à cinq ans et à une amende de 100 francs à 500 francs.

ARTICLE 437.

La peine de la réclusion sera prononcée, si l'arrestation a été exécu­"tée, soit sur un faux ordre de l'autorité publique, soit avec le costume O'U sous le nom d'un de ses agents, ou si la personne arrêtée ou détenue .à été menacée de mort.

ARTICLE 438.

Lorsque la personne arrêtée ou détenue aura été soumise à des tor­tures corporelles, le coupable sera puni des travaux forcés de dix ans. à quinze ans.

La peine sera celle des travaux forcés de quinze ans à vingt ans; s'il est résulté des tortures soit une maladie paraissant incurable, soit une inca­pacité permanente de travail personnel; soit la perte de l'usage absolu d'un organe, soit une 'l'f!,Utilation grave.

Si les tortures ont causé la mort; le coupable sera condamné aux tra­vaux forcés à perpétuité.

ARTICLES 434 A 442 187!'

ARTICLE 439.

Sera puni d'un emprisonnement de quinze jours à deux ans et ·d'une amende de 26 francs à 300 francs, celui qui, sans ordre de l'autorit,é et hors les cas où la loi pe,rmet d'entrer dans le domicile des particuliers contre leur volon-té, se sera introduit dans une maison, un ap'f)O,rtement, une chambre ou un logement habi-tés par autrui, ou leurs dépendances, soit à l'aide de menaces ou de violences contre· les personnes, soit au. moyen d'effraction, d'escalade ou de fausses clefs.

ARTICLE 440.

L'emprisonnement sera de six mois à cinq ans et l'amende de 100 francs à 500 francs, si le fait a é-té commis, soit sur. un faux ordre de l'autori-té. publique, soit avec le costume, soit sous le nom d'un de ses agents, soit avec la réunion des trois circonstânces suivantes :

Si le fait a été exécu-té la nuit; S'il a été exécu-té par deux ou plusieurs personnes; Si les coupables ou l'un d'eux étaient porteurs d'armes. Les coupables pourront, en outre, être condamnés à l'interdiction, con­

' formément à l'article 33 (1).

ARTICLE 441.

La tentative du délit prévu par l'article précé,dent sera punie d'un­emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 50 francs à 300 francs.

ARTICLE 442 .

.Sera puni d'un emprisonnement de quinze jours à deux ans et d'une amende de 26 francs à 300 francs; celui qui se sera introduit, sans le· consentement du propriétaire ou du locataire, dans les lieux désignés: à l'article 439, et y aura été trouvé la nuit.

A'1'1'estation et détention ülégale8 et arbitraire11. 2569. - Objet des articles 484 à 488 du Code pénal. 2570. - Elément matériel. 2571. ·- Elément moral. 2572. - Tout attentat volontaire et conscient contre la liberté individuelle. 2578. - Fait arrêter, fait détenir. 2574. - .Arrestation ordonnée ou autorisée. - Détention. 2575. - Séquestration. 2576. - Détention arbitraire. - Délit continu. 2577. - Plus de dix jours. - Plus d'un mois. 2578. -,- Calcul des délais. 2579. - Faux ordre de l'autorité; costume ou nom d'un agent de l'autorité. -

Menaces de mort. 2580. - Tortures corporelles. 2581. - Maladie paraissant incurable, incapacité permanente, etc.

(1) La peine de la mise sous la surveillance spéciale de la police a été abrogée par l'ar­ticle 31 de la. loi de défense s_ociale du 9 avril 1980.

188 ARTICLES 434 A 442

2582. - Mort causée par les tortures. 2588. - Cal'actère objectif des circonstances aggravantes. - Fait de tiers.

Violation de domicile. 2584. - Objet des articles 489 à 442 du Code p~nal. 2585. - Article 442. - Individu trouvé la nuit. 2586. - Habitation ou résidence réelle. 2587. - Habitation, appartement, etc. 2588~ - Délit prévu par l'article 489. 2589. - Contre la .volonté. 2590. - Propriétaire et locataire. 2591. - Menaces, violences, effraction, escalade, fausses clefs. 2592. - Violences ou menaces concomitantes. 2593. - Fausse1 clefs. - Ancien habitant. 2594. - Délit prévu par l'article 440. 2595. - Tentative de ce délit.

Arrestation et détention illégales et arbitraires.

2569. - Le.s articles 434 à 438 du Code pénal punissent le fait ,des particuliers qui; sans ordre des autorités constituées et hors les cas où la loi permet ou ordonne l'arrestation ou la détention, auront .arrêté ou fait arrêter, détenu ou fait détenir une personne quelqonque.

Le même fait commis par des foncti~nnaires; des çfficiers pu­blics, etc., est réprimé par l'article 147 du Code pénal - Supra, n°8 1113 et suivants.

2570. - L'élément matériel des infractions dont il s'agit dans les dispositions des articles 434 et suivants du Code pénal, consiste à arrêter une personne ou à la détenir.

La détention est ordinairement la suite d'une arrestation. Il peut se faire cependant que l'infraction consiste directement dans une ,détention, par exemple si on enferme une personne pendant un cer­tain temps, dans la maison où elle réside.

2571. - L'élément moral de ces mêmes infractions suppose que l'arrestation ou la détention soit non seulement illégale, mais encore arbitraire. Il faut donc que l'agent ait connu l'illégalité de son acte

·et qu'il ait néanmoins voulu le commettre. - NYPELS-SERVAIS, art. 434, no 1:

2572. - Les articles 434 et suivants du Code pénal; visant le délit ,d'arrestation et de détention illégale et arbitraire; répriment tout attentat volontaire et conscient contre la liberté individuelle. L'in­fraction existe dès qu'une personne a été privée par une contrainte quelconque de la faculté d'aller et de venir à son gré, quelle que soit d'ailleurs la durée de cette privation de libertê. - Liège, 11 mars 1925, Jur. Liège, 1925, p. 138; Rec. somm., 1925, n° 2140.

2573. - Nos dispositions concernent le cas de celui qui a arrêté -0u détenu et de celui qui a fait arrêter ou fait détenir. Le législateur

1 .

1

ARTICLES 434 A 442 189

de 1867 a voulu rendre par là punissable, comme auteur, même celui qui, sans recourir à des dons, promesses; menaces, à l'abus d'autorité ou de pouvoir ou à des machinations ou artifices coupables, a pro­voqué au crime ou au délit par un simple mandat; c'est-à-dire par la proposition faite et acceptée de commettre l'infraction. Cette déro­gation aux règles ordùiaires de la provocation punissable n'empêche pas qu'il faille, dans le cas de l'article 434 comme dans celui de l'arti­cle 66 du Code pénal, une résolution criminelle concertée, commune au provocateur et à l'auteur matériél de l'arrestation ou de la déten­tion. - Cass., 16 mars 1920, Pas.; 1920, I, 90.

2574. - Pour qu'il puisse y avoir détention illégale et arbitraire, il faut que l'agent ait agi « sans ordre des autorités constituées et hors les cas où la loi permet ou ordonne l'arrestation ou la détention des particuliers». - Code pén.; art. 434.

Nous n'examinerons pas dans cet ouvrage quelles sont les autorités qui peuvent ordonner l'arrestation d'un particulier. Cette question relève exclusivement de la procédure pénale.

On considère que la loi permet la détention; à titre d'un exercice modéré du droit de corrèction, aux parents, aux tuteuri:i et aux maîtres à l'égard des enfants.

Les particuliers peuvent saisir les fous et les furieux et les garder jusqu'à ce qu'ils soient placés, par ordre de l'autorité compétente, dans un hospice ou une maison d'aliénés (Exposé des motifs, II, n° 134). Mais le fait de détenir un parent en état d'aliénation mentale, sans l'observation des formalités prescrites par les lois du 18 juin 1850 et du 28 décembre 1873, constitue une infraction prév;ue par l'article 38 de la première de ces lois. - Cass.; 13 décembre 1897; Pas., 1898, I, 35.

Le mari n'a pas le droit de détenir sa femme, n'ayant pas sur elle un pouvoir de correction. - NYPELS-SERVAIS, art. 434, n° 4.

Enfin la loi ordonne à toute personne de saisir le prévenu surpris en flagrant délit ou dans les cas assimilés au flagrant délit, si l'in­fraction comporte une peine criminelle. - Code d'instr. crim., art. 106 et 41.

2575. - Le Code pénal de 1867 n'a pas reproduit la séquestration dans l'énumération des faits tombant sous l'application des articles 434 et suivants, parce que la loi qui punit la détention punit par cela même la séquestration (Exposé des motifs; II, n° 133). De même nos articles ne visent plus expressément le fait de celui qui a fourni un local pour la détention, puisque les règles générales de la participa­tion criminelle sont suffisantes à cet égard. - Exposé des motifs, II, n° 132.

2576. - La détention arbitraire est un délit continu qui dure

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190 AR'l'I0LES 4~4 A 442

aussi longtèmps que la détention illégale se prolonge. La prescription ne commence donc à courir qu'à dater du jour où le fait délictueux a pris fin. - Rapp. Chambre, III, n° 53.

2577~ ~ Les peines de l'article 434 sont majoréès conformément à l'article 435 si la détention illégale et arbitraire a duré plus de dix jours. L'article 436 prévoit le cas où elle a duré plus d'un mois.

2578. - D'après l'exposé des motifs, on ne devrait compter dans la durée de la détention ni le jour où elle a commencé, ni celui où elle a cessé. De plus, pour que la détention tombe sous l'application de l'article 436 du Code, elle devrait avoir duré plus d'un mois, c'est-à­dire plus de trente jours, donc au moins trente et un jours. - Exposé des motifs, Il, n° 135.

La doctrine repousse cette indication des travaux préparatoires quant à la computation des délais. Ces règles, dit-on, sont appli­cables en matière de procédure civile, mais il n'est point permis de les étendre au droit pénal. - NYPELS-S:ERVAIS, art. 434-438, n° 13; Pand. belges, v0 Arrestation illégale et arbitraire, n° 58.

Nous considérons qu'on doit se borner à constater que le texte légal ne contient aucune disposition qui permette de faire admettre l'opinion émise par l'auteur de l'exposé des motifs. L'interprétation littérale du texte du Code ne consacre pas cette manière de voir. Toutefois, celle-ci n'ayant pas été contestée au cours de l'élaboration du Code, ce passage des travaux préparatoires est certainement.revêtu d'une grande autorité. Nous nous demandons dès lors s'il n'y aurait point lieu d'appliquer ici le principe suivant lequel le doute doit, le cas échéant, profiter au prévenu. Un passage des documents par­lementaires ne peut certainement point prévaloir contre le texte d'une loi répressive, surtout lorsqu'il s'agit d'établir ou d'aggraver une péna­lité. Mais dans les cas actuels; il s'agit de rechercher quelle est la portée que le· législateur a voulu assigner aux termes dont il s'est

· servi et l'adage Nulla poena sine lege ne s'oppose pas à ce qu'on suive l'interprétation qui est très probablement celle des auteurs du Code.

2579. - En vertu de l'article 437 du Code pénal, le fait est pas­sible de la réclusion si l'arrestation a été exécutée; soit sur ûn faux ordre de l'autorité publique, soit avec le costume ou sous le nom d'un de ses agents, ou si la personne arrêtée ou détenue a été menacée de mort.

On a entendu établir cette circonstance aggravante à charge de celui qui aura voulu faire croire qu'il agissait comme agent de l'au­torité publique. Le projet primitif portait « so~ le faux nom » d'un agent de l'autorité, afin d'atteindrè ainsi à la fois celui qui aurait pris soit le noll1ï; soit la qualité du fonctionnaire (Exposé des motifs, II, n° 136). La_ commission du Sénat n'a vu là qu'une impropriété

ARTICLES 434 A 442 191

de terminologie et a fait adopter la rédaction actuelle qui ntVvise plùs que le fait de celui qui a pris le nom d'un agent de l'autorité. - Rapp. Sénat, VI, n° 26 ; Dise. Sénat, VII, n° 28.

Les menaces de mort sont une cause d'aggravation de la peine, qu'elles aient été faites au moment de l'arrestation ou pendant la détention. La loi n'imprime pas ce caractère aux autres menaces. -Exposé des motifs; Il, n° 136.

2580. - L'article 438 du Code vise les cas où la personne arrêtée ou détenue aura été soumise à des tortures corporelles, c'est-à-dire à des violences très graves (Exposé des motifs; Il; n° 137; NYPELS­SERVAIS; art. 434-438, n° 16). D'après ce dernier traité; on doit con­sidérer comme des tortures corporelles notamment la privation d'ali- · ments, de coucher, de vêtements, qui, en se prolongeant, deviendrait, intolérable.

2581. - Le second alinéa de l'article 438 est relatif au cas où les tortures corporelles ont provoqué une maladie paraissant incurable, une incapacité permanente de travail personnel; la perte de l'usage absolu d'un organe, ou une mutilation grave.

La portée de ces divers termes a été indiquée supra, n°s 2427 et suivants.

2582. - Si les tortures corporelles ont causé la mort, le coupable sera condamné aux travaux forcés à perpétuité (Code pén., art. 438, al. 3). Il est évident que si l'auteur des tortures a eu l'intention de causer la mort de la victime, il sera passible des peines qui frappent l'assassinat ou la tentative d'assassinat.

2583. - Toutes les circonstances aggravantes prévues par les arti­cles 435 à 438 du Code pénal sont inhérentes aux infractions elles­mêmes; elles sont donc- applicables à l'égard de tous les coauteurs ou complices. - NYPELS-SERVAIS, art. 434-438; n° 20; supra, n° 579.

Il est à peine besoin de dire que si les tortures étaient le fait d'un tiers qui ne soit ni le coauteur, ni le complice de l'auteur de l'arres­tation ou de la détention illégales, chacun des délinquants devrait répondre séparément des infractions qu'il aurait commises. - Dise. Sénat, VII, n° 70; NYPELS-SERVAIS, art. 434-438, n° 19.

Violation de domicile.

2584. - Les articles 439 à 442 du Code pénal sont relatifs à la violation de domicile commise par des particuliers. Le même délit commis par des fonctionnaires de l'ordre administratif ou judi­ciaire, etc., tombe soug_ l'application de l'article 148 du Code. -Supra, n°s 1119 et suivants.

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192 ARTICLES 434 .A 442

2585. - La violation de domicile prévue par l'article 442 du Code­pénal existe dès qu'un individu s'est introduit, fût-ce même pendant le jour, sans le consentement du propriétaire ou de ceux qui pou­vaient donner son consentement à sa place, dans une maison, un appartement, une chambre ou un logement habités par autrui ou leurs dépendances, et qui y aura été trouvé la nuit. - NYPELS­

SERV .AIS, art. 442, n°s 2 et 3.

2586. - La violation d'un domicile suppose l'existence d'un en­droit servant d'habitation ou de résidence réelle à un citoyen. Il importe peu :

a) Que cette résidence soit momentanée ou temporaire ; b) Que quelqu'un se trouve ou non dan:s l'habitation au moment

du. fait. - SCHUIND, op. cit., p. 222.

2587. - Pour la portée des termes habitation, appartement, ... dépendances, les auteurs du Code pénal s'en sont référés aux défi­nitions contenues dans les articles 479, 480 et 481 du Code. - Exposé des motifs, Il, n° 140; NYPELS-SERV.AIS, art. 439 et HO, n° 8.

2588. - La violation de domicile est punissable, même sans que l'auteur y ait été trouvé la nuit, s'il s'est introduit dans une maison, un appartement, une chambre ou un logement habités pa.r autrui ou leurs dépendances, soit :

1 ° A l'aide de menaces ou de violènces contre les personnes ; 2° Au moyen d'effraction; d'escalade ou de fausses clefs, hors

les cas où la loi permet d'entrer dans le domicile des particuliers contre leur volonté. - Code pén.; art. 439.

2589. - La première condition de l'infraction est que l'agent ait pénétré dans le domicile d'un particulier contre sa volonté.

L'autorisation peut être tacite. Tel sera le cas; par exemple, dé celui qui s'introduit dans une maison pour porter secours à l'habi­tant de celle-ci (inondations, incendie; etc.). - NYPELS-SERVAIS,

art. 439 et 440, n° 2. Pour qu'il y ait consentement tacite il suffit qu'il n'y ait pas oppo­

sition à l'entrée. - ScHUIND, Droit criminel, 2e éd., t. Jer, p. 222. L'opposition de l'habitant ne doit pas .être nécessairement violente.

Il suffit qu'il y ait une protestation verbale de l'habitant, une décla­ration qu'il s'oppose à l'entrée. Au surplus, cette opposition peut, elle aussi, être expresse ou tacite. Elle peut dériver des. faits eux­mêm.es. Il doit être entendu que l'entrée dans une habitation; faite à l'aide d'escalade, d'effraction ou de fausses clefs, se commet en prin­êipe contre le gré de l'habitant sans qu'une opposition formelle soit nécessaire au moment de l'entrée. L'emploi de ces moyens indique

' . ARTICLES 434 A 442. - ARTICLES 443 A 453' 193

à suffisance que l'auteur a conscience de cette oppositiôn. ~ ScHUIND, op. et loc. ~it.

Est punissable l'homme qui s'introduit par escalade dans la cham­bre d'une jeune fille contre la volonté des parents de celle-ci chez qui elle demeure. - Scm:r;t:ND, loc. cit.

2590. - Le propriétaire qui s'introduit chez son locataire par effraction, escalade, etc., tombe sous l'application de l'article 439 du Code pénal. - NYPELS-SERVAIS, art. 439 et 440, n° 2.

2591. - Le délit prévu par l'article 439 n'est punissable que si la violation du domicile a eu lieu à l'aide de menaces ou ·de violences contre les personnes, soit au moyen d'effraction, d'escalade ou de fausses clefs. - Voir Code pén., art. 483, 484; 486 et 487; Exposé des motifs, II, n° 140; NYPELS-SERVAIS; art. 439 et 440, n° 9.

2592. - Les violences ou les menaces, éléments constitutifs du délit de violation de domicile, ne doivent pas nécessairement pré­céder l'introduction dans le domicil,e d'autrui ; elles peuvent être con­comitantes. - Cass., 28 avril 1913, Pas., 1913, I, 296.

2593. - Ne commet pas le délit de violation de domicile; l'indi­vidu qui pénètre dans son ancien domicile, à l'aide d'une clef qu'il aurait conservée, alors même qu'il aurait agi avec une intention mal­veillante. - NYPELS-8:ERVAIS, art. 439 et 440, n° 10.

2594. - L'article 440 prévoit des peines spéciales et notamment la faculté de prononcer l'interdiction, si le fait de violation de domi­cile a été commis soit sur un faux ordre de l'autorité publique, soit avec le costume, soit sous le nom d'un de ses agents, soit avec la. • réunion des trois conditions suivantes : le fait a été exécuté : a) la nuit ; b) par deux ou plusieurs personnes ; c) alors que les coupables ou l'un d'eux étaient porteurs d'armes. - Code pén., art. 44Q.

Il importe peu que les armes fussent apparentes ou cachées. Le Sénat a supprimé ces derniers mots, mais sans' entendre modifier par là la portée du texte. -:- Dise. Sénat, VII, n° 30.

2~95. - La tentative du délit prévu par l'article 440 est punis­sable. - Code pén., art. 441.

CHAPITRE V. - DES ATTEINTES PORTÉES A L'HONNEUR

OU A LA CONSIDÉRATION DES PERSONNES.

ARTICLE 443.

Celui qui, dans les cas ci-aprè,s indiqués, a méchamment imputé à 11,ne personne un fait précis qui est de nature à porter atteinte à l'hon-

7-II

'.I

ARTICLES 443 A 453

mur de cette personnè ou à l'exposer au mépris public, et dont la preuve légale n'est pas rapportée, est courpable de calomnie lorsque la l,oi admet la preuve du fait imputé, et de diffamation lorsque la loi n'admet rpas cette preuve.

[Lorsque le fait imputé sera d'avoir, au cours des hostilités, rpactisé avec l'ennemi, soit en lui fourni88ant des secours en soùlats, hommes, argent, ?!ivres, armes, munitions ou matériaux quelconques, soit en lui procurant ou en lui facilitant rpar un moyen quelconque l'entrée, le main­tien ou le séjour sur le territoire, sans y avoir été contraint ou requis, la preuve en sera toujours recevable et elle pourra se faire rpar tous les moyens de droit.

Si cette preuve est rapportée à suffesance, l'imputation ne donnera lieu à aucune poursuite répressive. - Loi du 11 octob~e 1919.]

ARTICLE 444.

Le courpable sera puni d'un emprisonnement de huit jours à un an et d'une amende de 26 francs à 200 francs, lorsque les imputations auront été faites :

Soit· dans des réunions ou lieux publics; Soit en présence de plusieurs individus, dans un lieu non public,

mais ouvert à un certain nombre de personnes ayant le droit de s'y assembler ou de le fréq_uenter;

Soit dans un lieu quelconque, en présence de la personne offensée et devant témoins;

Soit rpar des écrits imprimés ou non, des images ou des embl,èmes affi,ckés, distribués ou vendus, mis en vente ou exposés aux regards du public;

So.it enfin rpar des écrits non rendus publics, mais adressés ou com­muniqués à plusieurs personnes.

ARTICLE 445.

Sera puni d'un emprisonnement de quinze jours à six mois et d'une amende de 50 francs à 1.000 francs :

Celui qui aura fait rpar écrit à l'autorité une dénonciation calomnieuse; Celui qui aura adressé rpar écrit à une personne des imputatiqns

calomnieuses contre son subordonné.

ARTICLE 446.

La calomnie et la diffamation envers tout corps constitué seront punies de la même manière que la calomnie ou la diffamation dirigée contre les individus.

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ARTICL.ES 443 A 453 195

ARTICLE 447.

Le 'f!l'évenu d'un délit de calomnie pour imJ)'IJ,tatW11,8 dirigée8, à raisCY& des faits relatifs à leurs f0'1i,CtioM, soit contre les dépositaires ou agents de l'autorité ou contre toute personne ayant un caractère public, soit contre tout corps constitué, sera admis à faire, par toutes les voies ordi­naires, la preuve des faits imputés, sauf la 'J!l'euve contraire par les mêmes voies.

S'il s'agit d'un fait qui rentre dans la vie privée, l'auteur de l'impu­tation ne pourra faire valoir, pour sa défeMe, aucune autre preuve que celle qui résulte d'un jugement oû de tout autre acte authenti<[ue.

Si le fait imputé est l'objet d'une poursuite répressive ou d'une dénon­ciation sur laquelle il n'a pas été statué, l'action en calomnie sera SUB­pendue jusqu'au jugement définitif, O'II, jusqu'à la décision définitive de l'autorité compétente. ·

ARTICLE 448.

Quiconque aura injurié une personne soit par des faits, soit par de& écrits, images oo emblèmes, dans l'une des circonstances indiquée8 -~ l'article 444, sera puni d'un emprisonnement de huit jours à deux mois et d'une amende de 26 francs à 500 francs, ou d'une de ces peines seu­lement.

[Sera puni des mêmes peines quiconque; daM l'une des cirCO'fl,8ta1t,cu indiquées à l'article 444, aura injurié par paroles, en sa qualité ou en raison de ses fonctioM, une personne dépositaire de l'autorité ou de la force publique, ou ayant un caractère public. - Loi du 27 juillet 1934, art. 3.]

ARTICLE 449.

Lorsqu'il existe au moment du délit une preuve légale des faits i11J,W­tés, s'il est établi que le prévenu a fait l'imputation saM aucun motif· d'intérêt public ou privé et dans l'unique but de nuire, il sera puni, comme coupable de divulgation méchante; d'un emprisonnement de huit jours à deux mois et d'une amende de 26 francs à 400 francs, ou d'um de ces peines seulement.

ARTICLE 450.

Les délits pré?YUB par le présent chapitre, commis envers des particu­liers, à l'exception de la dénonciation calomnieuse, ne pourront être poursuivis que sur la plainte de la personne qui se prétendra offensée.

Si la personne est décédée sans avoir porté plainte ou sans y avoir renoncé, ou si la calomnie ou la diffamation a été dirigée contre une personne après son décès, la poursuite ne pourra avoir lieu que sur la plainte de son conjoint, de ses desçendants ou héritiers légaux jusqu'au troisième degré inclusivement.

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196 ARTICLES 443 A 453

ARTICLE 451.

Nul ne pourra atléguer comme cause de justification ou d'excuse, que les écrits, impimés, images ou emblèmes qui font l'objet de la pour8'Uit,e ne sont que la repoduction de publications faites er,, Belgique ou er,, pays étrar,,gers.

ARTICLE •452.

Ne dor,,r,,eront lieu à aucur,,e pour8'Uite répressive les discours po­~ ou les écrits poduits devar,,t les tribur,,aux, lorsque ces discours ou ces écrits sont relatifs à la cause•ou aux parties.

N é,anmoi'Tl,8, les juges pourront, soit d'office, soit sur la demande de l'une des parties, pm,,oncer la suwession des écrits calomnieux, inju­rieux ou diffamatoires.

Les juges pourront aussi, dans le même cas, faire des injonctiona a'UX œvocats et officiers ministériels, ou même ordon~er des poursuites disci­plinaires.

Les imputatiO'T/,8 ou les iniures étrangères à la cause ou aux parties tpO'l.lh'r'ont donner lieu soit à l'action pubJique, soit à l'action civile des f'(l,rties ou des tiers.

Disposition particulière.

ARTICLE 453.

Sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende d,e, 26 francs à 200 francs, q-uiconque se sera rendu coupable de viola­tion de tombeaux ou de sépulture.

2596. - Notions généralea. De la calomnie et de la dit}amation. /2597. - Définitions usuelles.

2598. - Définitions en droit pénal positif. 2599. - Calomnie. ' 2600. - Diffamation.

• 2601. - a) Intention méchante. 2602. - b) Imputation d'un fait précis. 2603. - Fait positif ou négatif. 2604. - Modalités de l'imputation. 2605. - Fait. précis.

c) A une personne déterminée. - COTPB constitués. - Sociétés. 2.606. - Personne déterminée. 2607. - Corps constitués. 2608. - Personnes morales de droit privé. 2609. - Collectivités non personnalisées.

d) Fait précis de nature à porter atteinte à l'honneur d'une perBonne ou à l'ewposer au mépris pùblic.

2610. - Origine de ces termes légaux. ,2611. - Atteinte à l'honneur. 2612. - Mépris public.

e) Publicité de l'imputation. 2613. - 1 ° Ritunions ou lieux publics.

ARTICL:ES 443 A 453 197

2614. - 2° Présence de plusieurs individus dans un lieu non public, mais ouvert à un certain nombre de personnes ayant le droit de s'y assembler ou de le fréquenter.

2615. - 3° Lieu quelconque en présence de la personne offensée et devant témoins. 2616. - 4° Ecrits imprimés ou non, images, emblèmes, affichés, distribués ou vendus,

mis en vente ou exposés aua: rtgards du public. 2617. - 5° Ecrits non rendus publics mais adressés ou communiqués à plu~rs per-

sonnes. 2618. - Carte postale. - Adresse d'une lettre. 2619. - Fait direct de l'auteur non requis. 2620. - Dépêche télégraphique.

f) Absence de preuve légale du fait imputé. • 1° Aide à l'ennemi.

Loi du 11 octobre 1919. 2621. 2622. Etendue de la portée de cette loi. 2623. - Modes de preuves recevables.

• 2° Di(Jamation. 2624. - Code pénal, article 447, alinéa 2. 2625. - Acte authentique. 2626. - Jugement. - Le jugement doit-il exister au moment de la diffama.tion? 2627. - Preuve par jugement impossible. 2628. - Code pénal, article 447, alinéa 3. 2629. - Sursis obligatoire. - Tribunal étranger. 2630. - Tribunaux civils. · 2631. - Refus de poursuite. 2632. - Dénonciation en tout état de cause. 2633. - Fin du sursiB. - Jugement définitif. 2634. - Non-lieu. 2635. - Sans-suite de l'auditeur militaire. 2636. - Décision du procureur général. 2637. Décision de l'autorité compétente. 2638. Preuve du fait tel qu'il a, été imputé. 2639. Interdiction de prouver indirectement le fait imputé.

• 3° Calomnie. 2640. - Fait des fonctions. - Preuves recevables. 2641. - Lois sur les sociétés, article 186. 2642. - Dépositaires ou agents de l'autorité, etc. - Corps constitués. 2643. - Fait de la vie privée.

Dimilgation méchante. 2644. - But de l'article 440 du Code pénal. 2645. - Fait légalement établi lors de l'imputation. 2646. - Elément intentionnel. 264 7. - Particuliers et fonctionnaires.

Dénonciation calomnieuse. - Imf>Utations écrites à charge de subordonnés. 2648. - Article 445 du Code pénal.

a) Dénonciation calomnieuse. 2649. - Dénonciation écrite. 2650. Signature et formes non requises. 2651. - Dénonciation à l'autorité. 2652. - Députation permanente. 2653. - Pouvoir de fait. - Occupation ennemie. 2654. - Autorité ecclésiastique P 2655. - Dénonciation adressée à l'autorité sous le couvert d'un particulier. 2656. - Dénonciation spontanée.

'2657. - Intention méchante. 2658. - Dénonciation d'une personne désignée ou indiquée. 2659. - Articulation d'un fait non précis. 2660, - Possibilité de préjudice. 2661. - Fait vrai dénoncé à charge d'un non-coupable. - Fait altéré. 2662. Question préjudicielle : fausseté du fait. 2663. - Inaction de l'autorité compétente.

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198 .ARTICLES 443 A 453

b) Imputation contre un subordonnll. 2664. - Article 445 du Code pénal, alinéa final, 2665. - Fait vrai. 2666. - Nature des imputations. 2667. - Subordination de la personne calomniée.

Des injures dlllictuelleB, 2668. - Notion de l'injure en général. 2669. - À.nimm injuriandi. 2670. - Injures-délits. 2671. - Délit prévu par l'article 3 de la loi du 27 juillet 1934 (art. 448, al. 2, du Code

pén.). - Prescription. 2672. - Publicité. 2673. - Corps constitués. 2674. - Fonètionnaires, etc., prescription. 2675. - Injures verbales à des dépositairee de l'autorité ou de la force publique, etc.

- Article 448, alinéa 2.

D!BPOBitionB dit1erBee. a) Poursuite des infractionB.

2676. - Nécessité d'une plainte. - Limit;ils de cette règle. 2677. - Motifs de cette règle. 2678. - Formes de la plainte. 2679. - Existence de lt plainte non constatée par le jugement. 2680. - Femme mariée. 2681. - Enfants mineurs. 2682. - Désistement. - Effets. 2683. - Per80'1l,ne dllclldée. 2684. - Délits susceptibles de poursuite. 2685. - Qualité des parents. - Enfants naturels. 2686. - Fonctionnaires décédés.

b) Re'f)roducti<ma d' écritB, images, etc. 2687. - Code pénal, article 451. 2688. - Fondement de cette disposition. 2689. - Editeurs, imprimeurs, distributeurs.

c) EcritB et discours judiciaires. 2690. - Code pénal, article 45~, alinéa 1 ••. 2691. - Publicité en dehors des débats. 2692. - Dommages-intérêts. 2693. - Suppression des écrits calomnieux. 2694. - Injonctions. - Poursuites disciplinaires. 2695. - Imputations ou injures étrangères à la cause ou aux parties. 2696. - OutrageB envers le ministère public.

V iolationB de tombeawi: et de Bépultures. 2697. - Code pénal, article 453. 2698. - Elément intentionnel 2699. - Début de la protection légale. 2700. - Exhumations non autorisées. 2701, - Opérations césariennes.

Notions générales.

2596.--:-- L'injure, en général, c'est ce qui est fait contrairement au droit d'une personne. Ce terme n'a cependant que rarement toute la portée que lui donne son origine étymologique. Injurier quelqu'un, suivant le sens habituel de cette expression, c'est attenter à la per­sonnalité morale, à la dignité ou à la considération de celui qui est ainsi offensé.

ARTICLES 443 A 453 199

Certaines lois. spéciales sont relatives aux offen1Je,s envers le Roi (loi du 6 avril 1847 apportant des modifications au décret du 20 juil­let 1831 sur la presse) - ou envers les chefs des gouvernements étran­gers (loi du 20 décembre 1852). Les outrage,s adressés, à raison de leu:Fs fonctions, aux agents diplomatiques accrédités près le gouvernement belge, sont réprimés en vertu de la loi du 12 mars 1858. - Voir la législation reproduite en tête du chapitre Jer, titre Jer, livre II du Code pénal.

Nous avons vu que le Code pénal traite des outrage,s envers les Ministres, les membres des Chambres législatives, les dépositaires de l'autorité ou de la force publique, en ses articles 275 et suivants. -Voir aussi article 145: outrages envers un ministre du culte dans l'exer--cice de son ministère ; article 282 : outrages envers les témoins.

Le présent chapitre du Code pénal définit et réprime certaines catégories d'injures :

Calomnie et diffamation. Divulgation méchante. Dénonciation calomnieuse. Injures par faits, écrits, images, emblèmes. Enfin, l'article 561; 7°, du Code pénal érige en contravention le

fait de ceux qui auront dirigé, contre des c~rps constitués ou des particuliers, des injures autres que celles prévues au chapitre V, titre VIII, livre II du Code pénal; c'est-à-dire par le chapitre actuel­lement à l'étude.

De la calomnie et de la diffamation.

2597. - La oolomnie, au sens usuel de ce mot, c'est toute fa'Utsse imputation portant atteinte à la réputation ou à l'honneur d'une personne. Elle se différencie de la mldisance en ce que celle-ci con­siste à répandre des indications vraies défavorables à autrui. Nous rappelons ici ces notions de langage ordinaire uniquement pour dire qu'elles ne correspondent nullement aux notions, à première vue analogues, du droit pénal.

259K - La calomnie et la diffamation, d'après le droit pénal posi­tif, consistent toutes de~x à imputer méchamment à une autre per­sonne, dans certaines conditions de publicité qui seront examinées plus loin (infra, n°8 2613 et suivants), un fait de nature à porter atteinte à l'honneur de cette personne ou à l'exposer au mépris public; il faut de plus que la preuve légale de la véracité de ce fait ne sojt pas rapportée.

2599. - Ces deux infractions se différencient en ce sens qu'il y aura délit de calomnie si l'auteur de l'imputation, quoique autorisé

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200 ARTICLES 443 A 453

par la loi à faire la preuve du fait imputé, n'administre pas cette preuve.

2600. - Pour qu'il y ait diffamation il faut que le fait imputé ne soit pas légalement prouvé et qu'il soit de ceux pour lesquels l'au­teur de l'imputation n'est pas autorisé à faire la preuve de la véra­cité de ce fait.

Tel sera le cas, par exemple si une personne impute à une autre, sous les conditions générales rappelées ci-dessus, n° 2598, un fait dont la preuve ne peut pas être faite par toutes voies de droit pàrce qu'il rentre dans la vie privée du fonctionnaire diffamé ; la preuve légale résultant d'un jugement (Code pén., art. 447, al. 2) n'est pas possible parce que le fait n'est pas une infraction, ou parce que l'infraction est prescrite ou parce qu'elle ne peut être poursuivie, comme l'adultère, que sur la plainte de personnes déterminées, lesquelles n'ont pas estimé devoir agir. - Voir infra, n°8 2626 et suivants.

2601. - Ayant ainsi indiqué les notions essentielles qui caracté­risent la calomnie et la diffamation, nous pouvons passer successi­vement en revue les conditions requises pour l'existence de l'une et l'autre de ces infractions. -

a) J ntention mé,ckante.

L'auteur doit avoir agi mé,ckamment, c'est-à-dire avec la volonté déterminée de nuire à la personne calomniée ou diffamée, ou de l'offenser.

l,.'e~tence de ce dol spécial est un élément essentiel du délit (Rapp. Sénat, VI, n° 29); par conséquent, si, tout en nuisant sciem­ment à la personn.e faisant l'objet dè ses imputations, l'agent avait accompli un acte qui lui était imposé par la nature de ses fonctions ou de ses devoirs, ou s'il avait cru poursuivre un but utile, par exem­ple celui d;éclairer le corps électoral sur la personnalité d'un can­didat, ou un but scientifique, le délit n'existerait pas. Il importe évi­demment pour le juge de rechercher si la poursuite d'un but utile et honnête n'a pas été une simple apparence destinée à cacher l'assou­vissement d'une haine personnelle. - NYP:ELS-8:ERVAIS, art. 443, n° 23.

Jugé que les propos tenus par un député à une réunion de son groupe politique à la Chambre des représentants, ne sont pas couverts par l'immunité parlementaire établie par l'article 14 de la Constitution.

Mais pour que les paroles prononcées .à une pareille réunion puis­sent avoir un caractère délictueux, il faut qu'il soit prouvé que l'in­téressé a agi dans une intention calomnieuse ou injurieuse. - Bru­xelles, 2 février 1938, Pas., 1938, II, 7.

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ARTIOL)i1S 443 A 453 201

b) lmput,ation d'un fait précis.

2602. - Le délit de calomnie ou de diffamation requiert en second lieu que l'auteur ait imputé un fait précis à la personne calomniée ou diffamée.

Par fait précis, on entend le fait dont la véracité ou la fausseté peuvent faire l'objet d'une preuve directe et d'une preuve contraire. Imputer pareil fait à une personne, c'est affirmer qu'elle en est l'au­teur. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 443, n° 2.

N'est pas légalement motivé l'arrêt qui condamne du chef de calom­nie ou de diffamation sans rencontrer les conclusions dans lesquelles le prévenu dénie aux imputations le caractère précis requis par la loi. - Cass., 17 septembre 1945, Pas., 1945, I, 218.

2603. - La loi ne distingue pas entre le fait positif et le fait néga­tif. Il importerait donc peu que le fait imputé à une personne soit un fait positif ou négatif. Dire de quelqu'un qu'il a volontairement laissé mourir ses parents de misère, c'est imputer un fait précis. -NYPELS-SERVAIS, art. 443, n° 5.

2604. - Il n'y a pas lieu d'avoir égard à la forme dans laquelle l'imputation a été faite. Dire de quelqu'un : « Si un tel possède un million, c'est qu'il l'a volé», ce sera éventuellement vne imputation purement hypothétique. Mais si l'on sait que la personne dont il s'agit possède réellement un milllion, ces paroles ont, en réalité, le sens suivant : X ... a volé ·1a fortune qu'il possède.

2605. - Le fait cesserait d'être précis, si on se , bornait à dire qu'un tel est un voleur, un assassin, un faussaire, sans spécifier qu'il a commis tel vol, tel assassinat, tel faux ; pareille imputation serait une injure, mais non une calomnie, ni une diffamation. - NYPELS­SERVAIS, art. 443, n° 7.

Jugé que les mots de « faussaires et lâches» ne peuvent constituer une calomnie à défaut de contenir l'imputation d'un fait précis. -Corr. Bruges, 30 juin .1932, Re,chtsk. Weekbl., 26 février 1933, 419.

c) A une personne déterminée. - Corps constitués. - Sociétés.

2606. - Ainsi que cela résulte du texte même de l'article 443 du Code pénal l'imputation c.alomnieuse ou diffamatoire doit se rap-porter à une personne déterminée.

La désignation de cette personne ne doit pas être expresse. Mais il faut que, suivant les circonstances de la cause, il soit possible de voir qui a été visé par le propos incriminé. - Pand. belges, vO Oawm­nie et diffamàtion, n° l 70quater.

Quant à la forme de l'imputation, il peut se faire notamment qu'une imputation soit, en apparence, dirigée contre un fils, mais que, d'après

202 ARTICLES 443 A 453

les circonstances de la cause, elle vise à att.eindre le père. - Cass., 3 juin 1935, Pas., 1935, I, 272, N. R., 100.

En règle générale, quand une calomnie contre une personne déter­minée entraîne une offense contre un tiers, par exemple le mari de la femme calomniée, ce tiers est également victime du délit et est recevable à porter plainte. - SCHUIND, Droit criminel, 28 éd., t. Jer, p. 231; sic corr. TongreE!, 9 janvier 1935, Re,cktsk. Weekbl., 5 mai 1935, p. 1161. .

2607. - En vertù de l'article 446 du Code pénal, la calomnie et la diffamation envers tout corps constitué seront punies de la même manière que la calomnie ou la diffamation envers des individus.

On entend par corps constitués certaines réunions de fonctionnaires ou de personnes· accomplissant un mandat ou un service public, lorsque ces réunions sont, èomme telles, reconnues par la loi : les Chambres législatives, les cours, les tribunaux, les régiments de l'armée (NYPllLS-SERVAIS, art. 446, n° 4). L'application de l'article 446 n'exige pas que le corps constitué jouisse, comme tel, de la person­nalité civile. - Cass., 5 février 1900, Pas., 1900, I; 141.

2608. - L'arrêt qui vient d'être cité décide que les imputations diffamatoires dirigées contre des personnes morales de droit privé, telles les sociétés commerciales jouissant de la personnalité civile, tombent sous l'application de l'article 443 du Code pénal. Le mot personne employé dans cette disposition ne fait l'objet d'aucune res­triction dans le texte légal. - Cass., 5 février 1900, Pas., 1900, I, 141.

En fait, d'ailleurs, càlomnier ou diffamer une société, ce sera presque néce~sairement calomnier ou difiamer ses membres ou ses dirigeants.

2609. - Si on a dirigé des imputations calomniatrices ou diffama­toires contre une collectivité non douée de la personnalité civile, la question se pose de savoir si les membres de cette collectivité sont suffisamment désignés pour que tous ou quelques-uns d·entre eux puissent agir ut singuli. - Pand. belges, VO Calomnie et diffamation, nos 77, 78 et 453.

Un jugement du tribunal correctionnel d'Anvers du 30 novembre 1933 a jugé que sont seules punissables les diffamations contre des personnes déterminées ou contre des corps constitués et qu'en consé­quence une diffamation contre ùne famille ne tombe pas sous l'appli­cation de la loi pénale. - Corr. Anvers, 30 novembre 1933, Recktsk. Weekbl., 13 janvier 1935, 558.

Nous estimons que pareille jurisprudence ne peut être admise en principe général. En cas de diffamation contre une famille, il y a lieu de rechercher si, en' fait, les personnes composant cette famille ou, tout au moins, certaines d'entre elles sont atteintes par les allégations diffamatoires.

ARTICLl!JS 443 A 453

d) Fait 'JYl'écia de Mture à porter atteinte à l'konne:ur d'une personne

ou à l'exposer au mé'fYl'iS public.

203

· ~-~~ ~ Le fait imputé doit être de n~ture à por!:,er atteinte à l'honneur d'une personne ou à l'exposer au mépris public.

L'adoption de ces termes a été précédée de nombreux amende~ ments et de discussions touffues au cours des travaux préparatoires du Code. D'après· la Commission du Sénat, l'article 494 du projet (443 du Code) était libellé comme suit: « Est qualifiée calomnie; l'im­putation d'un fait précis de nature à porter atteinte à l'honneur ou à la considération de la personne ... >>. - NYP:ELS, Ug. crim., t. HI, p. 377.

Le Rapport au Sénat (VI, n° 29) commentait ainsi cette disposi­tion : l'honneur tient surtout à la probité, à la loyauté, à ces vertus que possède et doit posséder toute personne quelconque. La consi­dération s'entend particulièrement de l'estime que chacun peut avoir acquise dans l'état qu'il exerce, estime qui est pour lui une propriété précieuse ... on peut être homme d'honneur, n'être pas diffamé comme tel et l'être, par exemple, dans les autres qualités qui font un bon négo­ciant, un bon avocat, un bon médecin;

A la séance du Sénat du 10 mars 1865, le Ministre de la justice combattit cet amendement, en faisant valoir qu'il serait ·tr:op rigou­

-reux de punir quelqu'un comme calomniateur, par exemple pour avoir dit que dans telle cause tel avocat a mal plaidé; que c'est un mauvais jurisconsulte. - Dise. Sénat, VII, n° 33.

En seconde lecture; le Sénat eut ainsi à statuer sur un texte où les termes « atteinte à la considération >> étaient remplacés par ceux : un fait précis digne du mépris public.

Le Ministre de la justice proposa alors, à titre de rédaction « plus concise et plus correcte )), la rédaction actuelle de notre article 443, qui fut adoptée sans observations. - Dise. Sénat, VII, n° 72.

Ces commentaires du Code indiquent la pensée qui a présidé à, la confection du texte de notre article 443. Ils ne donnent pas des indi­cations positives sur la portée exacte des termes de la loi.

L'arrêt de la cour de cassation du 17 septembre 1945 (Pas., 1945, I, 218), cité ci-dessus, n° 2162, --a également proclamé que n'est pas légalement motivé l'arrêt qui n'a pas adéquatement rencontré les conclusions d'un prévenu condamné soit pour calomnie, soit pour diffamation, dans lesquelles l'inculpé déniait aux imputations le carac­tère . outrageant requis par la loi.

2611. - On admet, à titre de directives, qu'il faut considérer comme des imputations portant atteinte à l'honneur, des imputa­tions de faits d'improbité et de lâcheté. - Pand. belges, v0 Oal,omnie et diffamation, n° 180. ·

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204 ARTICLES 443 A 453

A défaut de conclusions sur ce point, le juge n'est pas légalement tenu de préciser l'objet des imputations calomnieuses. -Cass., 23 sep­tembre 1942, Pas., 1942, I, 203.

2612. - Quant aux imputations de faits, de nature à exposer au mépris public, il nous paraît impossible de donner une indication plus claire que celle que fournissent les termes mêmes de la loi en y ajoutant le commentaire des travaux préparatoires résumés ci-dessus, n° 2610 : une simple atteinte à la considération a été jugée insuffi-sante pour constituer le délit. -

Le texte ne porte plus faits dignes du mépris public ; ceci appel­lerait une interprétation objective. Au contraire, des faits qui ne seraient point dignes du mépris public peuvent cependant avoir pour conséquence, à raison, par exemple; de préjugés populaires; d'exposer la personne auxquels on les impute au mépris public. C'est ainsi qu'on a considéré comme une diffamation punissable, l'imputation, faite méchamment, d'avoir ensorcelé et par là fait périr les porcs d'autrui. - Pand. belges, v° Calomnie et diffamation, n°s 208 et 209.

e) Publi_cité de l'imputation.

2613. - Pour qu'il puisse y avoir délit de calomnie ou de diffa­mation, il faut que l'imputation méchante d'un fait précis de nature à porter atteinte à l'honneur ou d'exposer au mépris public ait eu lieu dans les conditions de publicité requises par l'article 444 du Code pénal. A défaut de cette publicité, il y aurait éventuellement une injure simple. - Pand, belges, v° Calomnie et diffamation, n°s 221 et suivants.

Le jugement de condamnation doit préciser lequel des modes de publicité prévus par l'article 444 a été réalisé. - Cass., 4 juillet 1927, Pas., 1927, I, 282, 8°; cass., 22 octobre 1941, Pas., 1941, I, 393.

1 ° Réunions ou lieux publics. La publicité du lieu n'entraîne pas nécessairement la publicité de

la calomnie ou de la diffamation. Il faut une pubJicité réelle, effective et immédiate ; elle implique non seulement la présence du public, mais aussi et principalement la communication au public. - NYPELS­SERVAIS, art. 444, n° 4; Exposé des motifs, II, n° 161; Rapp. Cham­bre, III, n° 65 ; Rapp. Sénat, VI, n° 30 ; Bruxelles, 17 mars 1877, Pas., 1877, II, 172; Pand. belges, v° Calomnie et diffamation, n° 226.

Quant à leur nature, il faut considérer comme réunions et lieux publics « tout ce qui n'est pas domicile privé ou résidence particu­lière ».-,- NYPELS-SERVAIS, art. 444, n° 5; cass., _16 mars 1842, Pas., 1842, I, 158.

2614. - 2° Présence de plusieurs individus dans un lieu non public,

ARTICLES 443 A 453 205

mais ouvert à un certain nombre de tpersonnes ayant 1,e droit de s'y assembler ou de 1,e fréquenter.

Quand la calomnie a été proférée en présence de plusieurs individus, dans des lieux ouverts à un certain nombre de personnes, elle est em­preinte du caractère de publicité propre à porter atteinte à l'honneur ou à la considération de la personne offensée. Celle-ci est placée, au point de vue de l'outrage et de ses conséquences nuisibles, dans la même position que si l'imputation avait été proférée dans un lieu public. - Rapp. Chambre, Ill, n° 67.

Les termes légaux comprennent toutes les sociétés particulières, casinos, cercles, sociétés d'art, de littérature, d'agrément; les réunions des conseils d'administration, les assemblées générales d'actionnai­res; les réunions de créanciers; en un mot, les réunions n'ayant pas un caractère purement privé ou de famille. - Pand. belges, v° Calom­nie et diffamation, n° 256.

Jugé qu'aux termes de l'article 444, al. 3, du Code pénal la publicité requise par la loi existe toutes les fois qu'en présence de plusieurs individus les imputations ont été faites dans un lieu non public, mais ouvert à certaines personnes ayant le droit de le fréquenter ou de s'y assembler. Suivant l'exposé des motifs, cette définition com­prend, à la seule exception des maisons des particuliers, tout local quelconque, toute réunion, quel que soit son objet, même celle d'un corps dont les séances ne sont pas publiques, en l'espèce, une séance du conseil d'administration d'une société siégeant en comité secretL - Cass., 12 décembre 1881, Pas.; 1882, I, 10.

Doivent être considérées comme proférées publiquement ou tout• au moins dans un lieu non public mais ouvert à un certain nombre, de personnes _ayant le droit de s'y assembler ou de le fréquenter~ les imputations calomnieuses proférées à haute et intelligible voix' devant une fenêtre intentionnellement ouverte afin que les paroles soient entendues des voisins. - Casa., 23 avril 1934, Pas., 1934, I, 252; Bruxelles, 17 janvier 1934, Recktsk. Weekbl., 21 janvier 1934, 349.

2615. - 3° Lieu quelconq_ue en présence de la personne offensée el devant témoins.

Lorsque la personne offensée est présente, les termes clairs et pré­cis de la loi n'exigent d'autre condition de publicité que la présence de témoins. Peu importe que ce « lieu quelconque » fût- une réunion purement privée, comme celle tenue dans un salon privé. Peu importe encore que ces témoins soient ou non des parents de la personne offen­sée. - NYPELS-SERVAIS, art. 444, n 08 8, 9 et 10.

Les mots « en présence de la personne offensée >> visent toute situa­tion dans laquelle la personne offensée perçoit ou peut percevoir à l'audition les paroles qui lui sont adressées. - Cass., 15 janvier 1912, Pand. pér., 1912, n° 1332.

2Q6 ARTICLES 443 A 453

L'application de l'alinéa 4 de l'artiole 444 du Code pénal n'est pas subordonnée à la circonstance que la personne offensée a vu que les témoins avaient entendu l'imputation méchante. - Cass., 22 octo­bre 1945, Pas., 1945, I, 250.,

2616. - 4° Ecrits imprimés ou non, images, emblèmes affecMs; dis­tribués ou veM'US, mis en vente ou ex'f)Osés aux regards du public.

La publicité antérieurement décrite visait des calomnies ou des diffamations orales. Ici, au contraire, il s'agit d'écrits, d'images ou d'emblèmes. La loi n'exige nullement que les écrits soient signés ;

fies écrits anonymes ne sont donc pas exclus de son application. La publicité, par un des modes prévus par la loi, doit être le fait

de l'auteur de la calomnie ou de la diffamation. - Pand. belges, v0 Oawmnk et diffamatîon, n° 274. Adde : infra, n° 2619.

On a considéré qu'il pouvait y avoir distribution alors qu'il s'agis­sait d'un seul écrit, en un seul exemplaire, remis à une seule personne (NYPELS-8:ERVAIS, art. 444, n° 12 et aut. citées). Mais cette doctrine est rejetée par les auteurs des Pandectes belges (v0 Oal,omnie et diffama­tion, n° 272). Nous croyons également que cette opinion est en contra­diction avec les termes mêmes de la loi et avec son esprit qui exige une publicité réelle et effective (supra, n° 2613). Nous n'apercevons pas plus de raison d'admettre pareille publicité, contrairement au texte du Code, que lorsqu'il s'agit de l'imputation verbale en présence d'une àeùle personne.

Par contre, il nous paraît tout à fait exact de dire que la vente ou la distribution constituent en elles-mêmes la publicité requise, sans qu'il faille exiger, en outre, que cette vente ou cette distribution aient eu lieu publiquement· - NYP:ELS-8:ERVAIS, art. 444, n° 12. ,

Jugé que constitue un délit de presse qui, selon l'article 98 de la Constitution, doit être soumis au jury, le fait d'avoir, par des écrits imprimés, affichés, distribués ou exposés aux regards du public, mé­chamment imputé à une personne un fait précis de nature à porter atteinte à son honneur ou à l'exposer au mépris public et dont la preuve légale n'est pas rapportée. - Gand, 6 janvier 1928, Pas., 1929, II, 74.

2617. ~ 5° Ecrits non rend'US publics mais adressés ou communi­qués à plusieurs personnes.

Les écrits dont il s'agit dans cet alinéa de l'article 444 comprennent­ils les imprimés 1 On a soutenu que ce serait étendre analogiquement le texte légal (Pand. belges; v0 Oal,omnie et diffamation, n° 281). Nous ne partageons point cette opinion. Un -imprimé est un écrit :

Il importe peu que l'écrit diffamatoire soit imprimé ou non, signé ou anonyme . ...:...... Ex'f)Osé des motifs, Il, n° 162.

Mais on ne peut appliq1,1.er le mot é,crits aux images ou aux emblè­mes. - CRAHAY, Comraventions, 26 éd., n° 6~0.

ARTICLll:8 443 A 453 207

2618. - On a considéré comme constituant la communication d'un 1écrit à plusieurs personnes; l'envoi d'une carte postale diffamatoire. - Cass., Il novembre 1912, Pas., 1912, I, 442.

Au même titre que le contenu d'une carte postale, l'adresse d'une lettre confiée à la poste est un écrit communiqué à plusieurs personnes. - Corr. Bruxelles, 19 octobre 1910; Pand. pér., 19ll, n° 849.

,. Jugé également que tombait sous l'application de l'article 444, alinéa 6, , du Code pénal l'envoi par la poste, à un tiers, d'une carte de visite mise sous enveloppe ouverte et portant des accusations calomnieuses

- contre une personne. - Bruxelles, 15 décembre 1934, Rev. dr. pén., 1935, p. 288; Rec. somm., 1937, DROIT PÉNAL, Infractions: famille, personnes, 8.

. 2619. - La publicité nécessaire à l'existence de la calomnie ne doit 7' pas résulter du fait direct de l'auteur de l'écrit calomnieux; il suffit

que cette publicité soit la conséquence nécessaire de l'envoi de l'écrit au destinataire, ce qui implique qu'elle a été voulue par l'agent. -Cass., 23 octobre 1916, Pas., 1917, I, 290.

2620. - Par application de l'article 444 (et 448) du Code pénal, on a décidé que la dépêche télégraphique devait être considérée comme un écrit communiqué à plusieurs personnes (NYP:ELS-8:ERVAIS, art. 444, n° 22; Courtrai, 30 avril 1890, CL. et BoNJ., t. XXXVIII, p. 44 7 et la note de ce recueil). On a combattu cette opinion en se basa.nt sur le devoir du secret professionnel des télégraphistes. Mais ceci n'empêche pas que le contenu d'un télégramme ne soit nécessaire­ment connu de plusieurs personnes : l'employé transmetteur, l'em­ployé récepteur et le destinataire. Seulement, nous croyons que cette doctrine n'en étend pas moins abusivement la portée de l'alinéa final de l'article 444 du Code, lequel ne vise que l'écrit communiqué à plusieurs personnes. Or, ce que le télégraphe transmet, ce n'est pas l'écrit, mais seulement le contenu du message minuté par l'expé­diteur. Pour que l'article 444, alinéa 6, du Code pénal puisse être appli­cable, il faudrait, selon nous, qu'il soit démontré que cette minute a nécessairement dû être communiquée à plusieurs personnes et que l'agent connaissait cette circonstance. - Su'fll'a, n° 2619.

f) Absence de preuve légale du fait imputé.

1° Aide à l'ennemi.

2621. - La loi du-Il octobre 1919 a ét~bli une exception nouvelle en matière de poursuites pour calomnie ou diffamation : lorsque le fait imputé est d'avoir; au cours des hostilités, pactisé avec l'ennemi soit en lui fournissant des secours en st>ldats, hommes, argent; vivres, armes, munitions ou matériaux quelconques, soit en lui procurant ou en lui facilitant par un moyen quelconque l'entrée, le maintien ou

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208 ARTICLES 443 A 453

le séjour sur le territoire, sans y avoir été contraint ou requis, la preuve en sera toujours recevable et elle pourra se faire par tous les moyens de droit. Si cette preuve est rapportée à suffisance, l'impu­tation ne donnera lieu à aucune poursuite répressive.

2622. - Jugé que cette loi n'est pas seulement applicable aux tra­fiquants, mais à tous ceux auxquels on reproche d'avoir porté une ~iatance .à l'ennemi ; que tel est incontestablement le cas de celui qui· aurait spontanément · dévoilé à l'ennemi le système de rensei­gnements des alliés et lui aurait révélé les noms de personnes colla­borant à ce service. - Liège, 24 décembre 1920, Pas., 1921, Il, 50.

2623. - La preuve étant recevable par tous les moyens de droit, . les présomptions peuvent être reçues. Elle pourra résulter également d'expéditions régulières ou de simples copies d'actes authentiques ou de jugements émanant de la juridiction militaire allemande, du mo­ment que les parties sont d'accord sur le texte de -ces documents. Ceux-ci peuvent, en tout cas, être admis à titre de présomptions de fait laissées à l'appréciation des juges. - Liège, 24 décembre 1920, précité. ·

2<> Di fjamation.

2624. - Si le fait imputé a été attribué à un particulier ou s'il rentre dans la vie privée d'un fonctionnaire, le prévenu du délit de diffamation ne peut se justifier, quant à la véracité de ce fait, que par la preuve résultant soit d'un jugement, soit d'un acte authen­tique. - Code pén., art. 447, al. 2.

2625. - Comme preuve à résulter d'un acte authentique, on n'aper­çoit guère que le cas où il aurait été imputé à une fille d'avoir mis au monde un enfant naturel. Un acte de naissance de cet enfant,

\a-t-on dit, serait l'acte authentique qui pourrait mettre obstacle à la condamnation du chef de diffamation (Pand. belges, v0 Oawmnie et

~

ifjamation, n° 320). Nous pensons que l'acte authentique à produire ; evrait, en outre, prouver la filiation de l'enfant naturel par la recon-

a.issance de celui-ci.

2626. - En dehors du cas où la preuve du fait imputé résulte­rait d'un acte authentique, la Joi admet encore celle qui résulte d'un jugement. - Code pén., art. 447, al. 2.

Exiate-t-il, à cet égard, une différence entre le délit de diffamation· et le délit de calomnie 1

On a enseigné que s'il s'agit d'un délit de diffamation, la preuve du fait imputé doit exister conformément à la loi, c'est-à-dire résul­ter d'un jugement ou d'un acte authentique, au moment même de l'imputation diffamatoire. Ce ne serait que pour la calomnie qu'il

ARTICLES 443 A 453 209

pourrait être question du sursis prévu par l'article 447, alinéa 2. ~ ,NYPELS-SERVAIS, art. 447, n° 29.

Cette opinion a pour elle un argument de texte, quoiqu'~lle doive, elle aussi, combiner deux dispositions, celle de l'article 443 et celle de l'article 447, alinéa 2, dont l'une, littéralement, ne s'applique qu'au délit de calomnie.

Les textes n'étant point clairs par eux-mêmes, il y a donc lieu de les interpréter à la fois par leur rapprochement et par les travaux préparatoires.

Or, quel est incontestablement le système de la loi 1 S'il s'agit d'un fait imputé à un particulier ou s'il s'agit d'un fait relatif à la vie privée d'un fonctionnaire, la loi n'admet d'autre preuve que celle résultant d'un acte authentique ou d'un jugement. Au cas où pareille preuve n'est pas rapportée, il demeure incertain si l'imputation est une calomnie. Pour ne pas condamner comme calomniateur celui qui a peut-être dit la vérité, on le punira comme diffamateur.

« Lorsque le fait imputé est un délit qu'on ne peut plus poursuivre parce que la prescription le couvre, ou un acte de la vie privée qui ne constitue pas une infraction, aucune espèce de preuve ne peut être faite ; le doute absolu plane sur la vérité ou la fausseté de l'imputation ; la présomption d'innocence milite à la fois pour la partie lésée et pour le prévenu., Dans ce doute, il est sage de s'abstenir de juger la nature du délit, lorsque les lumières légales cessent de l'éclairer. Votre Commission propose d'adopter pour ces cas la qualification de diffamation » (Rapp. complémentaire Chambre, IV, n° 83). · Au contraire, lorsqu'une imputation a été dirigée contre un fonc­tioIUJ,aire, à raison de ses fonctions, la preuve peut être librement administrée et alors on punit comme calomniateur celui qui ne rap­porte pas cette preuve.

On voit que d'après le passage même qui vient d'être cité, la dif­famation existe non pas quand la preuve légale fait défaut, mais lorsqu'on ne peut plus l'administrer. Par conséquent, s'il est encore possible de l'administrer, on peut encore le faire, même pour'la dif­famation. Ceci dit, quant à la pensée du législateur, remarquons que pour appliquer les termes « dont l,a tpreuve légale n'est pas rapportée», qui :figurent dans le texte de l'article 443 du Code, il faut combiner cette disposition avec le texte de l'article 447 du même Code, ali-· néa 2. • Ce dernier alinéa se combine à son tour avec l'alinéa suivant du même article 447 lorsqu'il s'agit d'imputations dirigées contre un fonctionnaire à raison de faits qui rentrent dans la vie privée de ce~~- ,

S'il s'agit, au contraire, d'imputations diffamatoires dirigées cont~

' ..

ARTICLES 443 .A 453

un particulier; les mêmes motüs qui font combiner l'article 443 ave~ l'article 447; alinéa 2, font admettre qu'on combine également- l'ar­ticle 443 avec l'alinéa 3 de cet article 447. Il serait certes à souhaiter que le texte légal fût clair par lui-même. Mais puisqu'il n'en est pas' ainsi, il ne reste d'autre ressource que de s'en rapporter aux travaux préparatoires. Encore n'admettrions-nous pas cette méthode s'il s'agissait de créer une pénalité 'qui n'aurait pas sa base formelle dans le -texte même de la loi. Mais tel n'est pas le cas en l'espèce.

Le système que nous combattons aboutit d'ailleurs à cette consé­quence qui, d'après nous, le condamne d'une manière définitive :

On impute à quelqu'un d'avoir volé un cheval. Si ce quelqu'un est un particulier, il faudrait que la preuve par jugement de ce vol existe au moment de l'imput1;1,tion.

Au contraire, si on impute le même fait à un fonctionnaire pour lequel pareil acte ne serait pas un fait de ses fonctions, l'auteur de l'imputation pourrait encore demander, en vertu de l'article 447, alinéa 3, que le vol soit judiciairement établi.

En résumé; notre thèse est la suivante : a} Si on impute méchamment à quelqu'un d'avoir volé un cheval,

que ce soit un particulier ou un fonctionnaire qui aurait agi à titre· privé, 8'il avait commiB le fait imputé, dans l'un et dans l'autre cas, il y aura diffamation si le fait n'est pas prouvé ou ne vient pas à être prouvé par un jugement. Que si la preuve par jugement de ce vol vient à être administrée, il ne restera plus qu'à examiner s'il n'y a pas eu divulgation méchante aux termes de l'article 449 du Code pénal;

b} Si l'on accuse méchamment un fonctionnaire d'avoir abusé de_ ses fonctions pour s'approprier frauduleusement un cheval, l'auteur de cette imputation sera poursuivi pour calomnie et condamné comme tel s'il ne rapporte pas la preuve de son allégation; preuve admise ici par toutes voies de _droit.

Notre système, il est vrai, suppose une combinaison des textes légaux. Mais tous les systèmes doivent en faire autant. Nous croyons de plus pouvoir invoquer en faveur de notre thèse qu'elle est logique, dans le système légal, et appuyée précisément par le passage des travaux préparatoires qui a souligné l'insertion du mot diffamation dans la terminologie du Code.

2627. - Nous admettons donc que même le prévenu de diffa­mation peut provoquer un jugement destiné à établir le fait qu'il a imputé. · ··

Il faut évidemment pour cela que le fait soit susceptible de faire l'objet d'une poursuite répressive. Cette condition ·ferait défaut si pe

fait n'était pas une infraction ou si l'infraction alléguée était, en tout cas; prescrite ou amnistiée.

ARTIOl&S 443 A 453 211

La preuve par jugement serait encore impossible s'il s'agissait de délits qui ne peuvent être poursuivis, tel l'adultère, qu'à la requête d,e certaines personnes déterminées.

C'est pour ces cas que la Commission de la Chambre a proposé la qualification de diffamation; ainsi que nous l'avons vu plus haut. -Su']Yf'a, n° 2626.

2628. - Puisque nous considérons le sursis applicable même au délit de diffamation; rappelons le texte de l'article 447; alinéa 3, du .Code pénal avant d'examiner plus avant la portée des termes de cette disposition : si le fait imputé est l'objet d'une dénonciation sur laquelle il n'a pas été statué ou d'une poursuite répressive, l'ac­tion en calomnie sera suspendue jusqu'au jugement définitif ou jus­qu'à la décision définitive de l'autorité compétente.

2629. - Le sursis ainsi édicté par la loi n'est pas une simple faculté'. Il doit être prononcé (NYPELS-SERVAIS, art. 447, n° 23) même si c'est devant un tribunal étranger que les faits imputés sont l'objet d'une poursuite en cours. - Parul belges, v° Calomnie et diffamation, n° 331. ·

L'article 447, alinéa 3, du Code pénal, dont le principe doit être appliqué à l'action en calomnie portée devant la juridiction civile, n'exige nullement que la poursuite répressive, ayant pour effet de suspendre l'action en calomnie, soit dirigée contre une individualité déterminée. Cette disposition se borne à viser une poursuite répres­sivé portant sur le fait imputé.

La surséance édictée par l'article 447; alinéa 3, du Code pénal est d'ordre public. Elle doit donc au besoin être prononcée d'office concernant les faits imputés faisant l'objet d'une instruction répres­sive. La surséance doit toutefois se limiter dans la mesure où la juridiction répressive restera saisie de ces faits. - Bruxelles, 2 décembre 1936, Pas., 1936, II, 167.

2630. - Cette obligation existe, au même titre, pour les tribunaux répressifs et pour les tribunaux civils lorsque ces derniers sont saisis d'une demande en dommages-intérêts à raison de la diffamation. -NYPELS-SERVAIS, art. 447; n° 28.

2631. - Si le procureur du roi refusait de donner suite à la plainte du prévenu de calomnie, l'action en calomnie resterait suspendue puisque cette décision du Parquet ne constitue pas un jugement ni une décision définitive de l'autorité compétente. - ÜRAHAY, Con­traventions, 28 éd., n° 607; cass., 1er juin 1909, Pas., 1909, I, 283.

2632. - Le texte de l'article 447 ne spécifie pas à quel moment la dénonciation doit être faite. Elle peut donc être formée en tout état de oa'use, même en degré d'appel. - NYPELS-SERVAIS, art. 447, n° 27.

...

212 ARTICLES 443 A 453'

2633. - Il est mis fin au sursis par un jugement définitif.

2634. - On reconnaît le même effet au non-lieu. Sans être abso­lument irrévocable, pareille décision est définitive tant qu'il n'{)xiste pas de charges nouvelles. - NYPELS-SERVAIS, art. 447, n° 33; sic Liège, 10 juillet 1935, Jur. Liège, 1936, 26; Rec. somm., DROIT PÉNAL, Infractions, famille, personnes, 12.

2635. - La décision de l'auditeur militaire décidant qu'il n'y a pas lieu de poursuivre un prévenu militaire, est considérée comme définitive dans le sens de l'article 447 du Code pénal, si les autorités appelées à la contrôler et, le cas échéant, à la faire rapporter n'ont pas exercé cette attribution. - Liège, 28 juillet 1887, Pand. pér., 1888, n° 190; Liège, 19 octobre 1903, Pand. pér., 1904, n° 802; cass., 22 mars 1897, Pas., 1897, I, 127; Bruxelles, 24 avril 1946, Journ. trib., 1946, 488.

2636. - La décision du procureur général que les faits énoncés à charge d'un juge sont inexistants et qu'en conséquence aucune mesure disciplinaire ne serait provoquée contre lui, ne peut être assimilée à la décision de l'autorité individuelle ou collectice à laquelle la répres-. sion disciplinaire des fautes professionnelles commises par les juges a été confiée par la loi, ni, partant, constater complètement la faus­seté des faits imputés. - Trib. Bruxelles., 15 juin, 1927, Journ. trib., 1927, n° 466.

2637. - Les termes décision de l'autorité compétente de l'article 447, alinéa 3, visent d'ailleurs; en général, la décision des autorités disci­plinaires comme celle des autorités judiciaires mutandis mutatis lorsque le fait est punissable disciplinairement (arg. cass., 22 mars 1897, Pas., 1897, I, 127). Nous ne pouvons évidemment songer à déterminer ici quelles sont les autorités compétentes pour toutes les catégories de personnes soumises à une discipline professionnelle.

Notons cependant ce qui suit : Le tribunal de commerce, et non le Conseil de l'Ordre des avocats,

est l'autorité compétente pour se prononcer sur la vérité ou la faus­seté d'une dénonciation imputant à un avocat des manquements dans la gestion d'une curatelle de faillite.

Un écrit adressé au juge d'instruction par le président du tribunal de commerce, dans lequel celui-ci déclare qu'il ne lui est pas possible de provoquer une délibération du tribunal de commerce attestant qu'un curateur de faillite << n'a commis aucune faute dans l'exercice de sa mission de curateur, le juge commissaire à la faillite étant décédé depuis longtemps et le tribunal tel qu'il était actuellement composé ne pouvant émettre d'appréciation sur une gestion dont il n'avait pas eu connaissance i>, équivaut à la décision par laquelle l'autorité com-

ARTICLES 443 A 453 213

pétente, statuant suivant les prévisions de l'article 447, alinéa 3, du Code pénal, écarte comme non fondée une dénonciation de prétendus manquements dans la gestion de ce curateur. - Cass., 5 mars 1928, Pas., 1928, I, 99.

Aucune disposition légale n'attribue au refus d'un agent de l'admi­nistration d'exercer des poursuites en raison d'une "infraction à la loi pénale qui lui est dénoncée, le caractère d'une ordonnance de non-lieu, c'est-à-dire d'une décision judiciaire; ni celui d'une décision définitive de l'autorité compétente au sens de l'article 447, alinéa 3, du Code pénal. - Cass., 9 octobre 1944, Pas., 1945, I, 9.

1 2638. - La preuve qui doit éventuellement résulter du jugement, •·

c'est celle du fait tel qu'il a été imputé. Ainsi, si on impute à une per­sonne d'avoir frauduleusement détourné des deniers qui lui avaient été confiés dans un but déterminé, il ne suffira pas que le prévenu rapporte un jugement constatant que les deniers n'ont pas reçu la destination qu'ils devaient recevoir ; il faut de plus que le jugement ait constaté que le détournement a eu le caractère frauduleux que le \ 1

prévenu lui avait attribué. -'ÜRAHAY~ Contraventions, 28 éd., n° 609. _,.J1

2639. - En dehors de la preuve par jugement ou par acte authen­tique, le prévenu de diffamation peut prouver par toutes voies de droit qu'il n'a pas commis le délit pour lequel il est poursuivi. Il prou­vera éventuellement qu'il n'a pas agi dans une intention méchante. Mais, sous le prétexte de faire cette preuve permise, il ne peut pas tendre à prouver par témoins la réalité du fait imputé. Ceci ne serait pas un moyen de défe11se à la prévention de diffamation puisque le délit existerait encore, même si le fait était vrai, dès lors qu'il a été imputé sans que la seule preuve légale puisse être rapportée.

3° Calomnie.

2640. - Le prévenu d'un délit de calomnie pour imputations diri­gées, à raison de faits relatifs à leurs fonctions, contre les dépositaires ou agents de l'autorité ou contre toute personne ayant un caractère public, soit contre tout corps constitué, ~:r;~ admis à faù:~,.__.:gar._tou.tes. voies ordinaires, la preuve des faits imputés, sauf la preuve contraire par les mêmes voies. - Code pén., art. 447, al. 1er.

Celui qui impute à autrui d'avoir falsifié un écrit déterminé, sans dire en quoi cette falsification a consisté et sans autres précisions, n'énonce pas nécessairement, à charge de la personne qu'il vise, un fait suffisamment caractérisé pour autoriser la preuve contraire. Le juge du fond peut alors rejeter, pour défaut de précision, la préten­tion de celui qui demandait à être admis à la preuve de l'imputa­tion. - Cass., 19 janvier 1931, Pas., 1931, I, 42; Pand. pér., 1931, 8.

N'est pas motivé au vœu de la loi l'arrêt qui condamne une personne prévenue de calomnie ou de diffamation, sans préciser laquelle de

214 .ARTIOL)C8 443. A 453

ces deux qualifications il retient, alors que la prescription de l'action publique serait acquise si c'est la prévention de èalomnie qui devait être jugée. - Décret du 20 juillet 1831, art. 4 et 12; cass., 9 octo-bre 1933, Pas., 1934, I, 19. ·

2641. - Une disposition analogue à celle de l'article 447 est con­tenue dans l'article 211 des lois coordonnées sur les sociétés commer­ciales quant à la preuve des imputations dirigées, à raison de faits relatifs à leur gestion ou à la surveillance; contre les gérants, adminis­trateurs et commissaires des sociétés en commandite par actions, des sociétés anonymes et des sociétés coopératives.

La calomnie par imputations dirigées, à raison de faits relatifs à leur gestion ou à la surveillance, contre les gérants, administrateurs et commiss~ires des sociétés en commandite par actions, des sociétés de personnes à responsabilité limitée et des sociétés coopératives, est soumise à la prescription ordinaire de trois ans. L'article 211 (nou­veau) des lois coordonnées sur les sociétés ne contient aucun ·renvoi à l'article 12 du décret du 20 juillet 1831. - Cass., 19 décembre 1938, Pas.; 1938, I, 385.

2642~.- Nous avons vu antérieurement ce qu.'il faut entendre par des dépositaires ou agents de l'autorité et par les personnes ayant un caractère public (supra, n~.J.'.!!5 et ! 726J de même que par les corps constitués (8Upra, n° 2607).

La poursuite de la calomnie ou de l'injure envers des fonctionnaires publics est prescrite lorsqu'il s'est écoulé plus d'un an à partir du jour où ces délits ont été commis. - Décret du 20 juillet 1831, arti­cles 4 et 12; loi du 17 avril 1878, art. 28, al. 2; cass., 12 décem­bre 1927, Pas., 1928, I, 46.

Des propos caJomnieux proférés en présence d'un fonctionnaire peuvent constituer tantôt un outrage, tantôt une calomnie, suivant les circonstances de la cause. - Cass., 15 mars 1938, Pas., 1938, I, · 90.

Un curé n'étant ni fonctionnaire, ni agent de l'autorité, celui qui lui impute des sentiments de haine et des manquements pastoraux né peut être admis à la preuve de ces faits. - Corr. Tongres, 17 mars 1933, Pas., 1933, III, 212.

Nous avons vu également (supra; n° 1734) que la jurisprudence ne considère pas les suisses des églises comme des personne-s revêtues d'un caractère public. ·

2643. - S'il s'agit d'un fait qui rentre dans la vie privée des dépo­sitaires ou agents de l'autorité, nous retombons .dans l'application des règles qui ont été exposées ci-dessus quant à la seule preuve légale admise, à savoir ceHe qui résulte d'un jugement ou d'un acte authentique. - Supra, n08 2625 et suivants.

Nous avons vu aussi que si le fait imputé est l'objet d'une pour-

ARTICLES 443 A 453 215

suite répressive ou d'une dénonciation sur laquelle il n'a pas été sta­tué, l'action en calomnie est suspendue jusqu'au jugement définitif ou jusqu'à la décision définitive de l'autorité compétente. - Supa, n08 2628 et suivants.

Divul~ation méchante.

2644. _: Lorsqu'un fait est établi soit par jugement ou par un acte authentique s'il s'agit de diffamation, soit par toutes voies de droit s'il s'agit de la calomnie, celui qui impute ce fait ne peut plus être condamné comme calomniateur ou comme diffamateur.

Les auteurs du Code ont cependant jugé qu'il ne serait pas opportun qu'on pût; dans tous les cas, impunément rappeler leur passé notam­ment aux anciens condamnés. - Ex'JK)sé des motifs, Il, n° 152; Rapp. Sénat; VI, ·n° 36.

C'est cette pensée qui est l'origine de notre article 449.

2645. - Le premier élément du délit prévu par cette disposition, c'est l'existence d'un fait légalement établi au moment où il est imputé. Nous venons de voir qu'on a surtout songé aux anciennes condamnations encourues par une personne.

2646. - Il faut ensuite qu'il soit établi que le prévenu a_ imputé ce fait sans aucun motif d'intérêt public ou privé et dans l'unique but de nuire, c'est-à-dire par pure méchanceté. - NYP:ELS-8:ERVAIS, art. 449, n° 5. '

2647. - Les termes de l'article 449 ne font aucune distinction suivant que la personne, objet de la divulgation méchante, serait un particulier ou un fonctionnaire public.

Dénonciation calomnieuse. - Imputations écrites à charge de subordonnés.

2648. - L'article 445 du Code pénal prévoit deux faits distincts : a) Faire par écrit à l'autorité une dénonciation calomnieuse; b) Adresser par écrit à une personne des imputations calomnieuses

contre le subordonné de cette personne.

a) Dénonciation calomnieuse.

2649. - La dénonciation calomnieuse suppose tout d'abord une dénonciation faite par écrit. Peu importe que cet écrit soit manuscrit ou imprimé.

Il n'est pas nécessaire que l'écrit manuscrit soit de la main du dénonciateur. - NYP:ELS-8:ERVAIS, art. 445, n° 9.

216 ARTIOLJllS 443 A 453

2650. - Ni la signature, ni aucune condition de forme ile sont ~xigées pour l'existence du délit (Exposé des motifs, Il, n° 163; NYPELS~ SERVAIS, art. 445, n° 12). Une citation directe devant un tribunal répressif a le caractère de la dénonciation pouvant servir de base à l'application éventuelle de notre article 445. - NYPELS-SERVAIS, .article 445, n° 9.

2651. - La dénonciation écrite doit avoir été adressée à l'autorité. L'article 373 du Code pénal de 1810 prévoyait la dénonciation calom­nieuse faite aux officiers de justice ou de police administrative ou judiciaire. Notre texte est intentionnellement beaucoup plus large.·

Les auteurs du Code pénal de 1867 n'ont pas eu seulement en vue la dénonciation dont il s'agit dans le Code d'instruction criminelle. L'article 445 punit toute dénonciation calomnieuse faite par écrit à une autorité quelconque civile ou militaire (Ex]>Osé de,s motifs, Il, n° 163; Rapp. Sénat, VI, n° 31). Il suffit que cette autorité ait le pouvoir soit d'intenter, d'ordonner, de provoquer des poursuites, ou une enquête à raison des faits dénoncés, soit d'infliger au dénoncé des peines disciplinaires, soit enfin de le priver d'un avantage quelconque sur lequel il croyait pouvoir compter. - Exposé de,s motifs, Il, no 163.

2652. - Il a été jugé qu'est faite à l'autorité dans le sens de l'arti­cle 445 du Code pénal, une dénonciation contre un conseil communal, adressée à la députation permanente du conseil provincial. - Cass., 21 avril 1887, Pas., 1887, I, 196.

2653. - L'autorité peut êt~ éventuellement un pouvoir de fait. Ainsi en a-t-il été jugé à propos des dénonciations faites à l'autorité occupante pendant la guerre 1914-1918. - Cass., 29 novembre 1915, Pas., 1915-1916, I, 207; cass.; 12 novembre 1917, Pas., 1918, I, 129 .

. 2654. - L'Exposé des motifs cite parmi les autorités visées dans l'article 445 du Code pénal, l'autorité ecclésiastique (Exposé de,s mo­tifs, Il, n° 163). Mais on a fait valoir à l'encontre de cette opinion que les ministres des cultes ne sont pas les représentants d'une auto­rité proprement dite. - NYPELS-SERVAIS, art. 445; n° 14; Rapp. Sénat, VI, n° 31.

2655. - Doit être considérée comme adressée à l'autorité, la dénonciation calomnieuse adressée, ·dans la forme, à un particulier, mais destinée, en réalité, à une autorité à laquelle elle est parvenue. - Cass., 29 octobre 1917, Pas., 1918, I, 123.

Si le texte de la loi n'exige pas que la dénonciation soit adressée directement à l'autorité, encore faut-il qu'elle parvienne à celle-ci par un acte du dénonciateur. - Bruxelles, 22 février 1928, Pand., pér., 1928, 60.

ARTICLES 443 A 453 217

2656. - Pour constituer le délit prévu par l'article 445 du Code pénal, la dénonciation calomnieuse doit être sponf,anée. Cette dispo­sition n'est pas applicable lorsque l'auteur des déclarations incrimi­nées ne les a formulées que sur les sollicitations d'une autorité déjà saisie. - Cass., 10 janvier 1910, Pand. pér., 1910, n° 1215.

Une déclaration faite sur interpellation d'un officier de police est dépourvue de la spontanéité qui est une condition du délit de dénonciation calomnieuse. - Bruxelles, 22 février 1928, Pand. pér., 1928, 60.

Un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles en date du 15 juin 1935-a estimé qu'une déclaration faite devant un juge d'instruction devait. être considérée comme suffisamment spontanée vu l'insistance mise par le magistrat instructeur à connaître la vérité. - Bruxélles, 15 juin 1935, Rev. dr. pén., 1935, 995; Rec. somm., 1937, DROIT PÉNAL, Infrac­tions: famille, personnes, 13.

Nous mentionnons cette décision sous les plus absolues réserves. En l'espèce, il était constaté que le juge d'instruction avait spéciale­ment attiré l'attention du dénonciateur sur la gravité de la plainte.

2657. - Un élément essentiel du délit, c'est l'intention méchante,. le dessein de nuire, quoique la constatation de cet élément puisse seulement n'être qu'implicite. --,- Cass., 21 avril 1887, Pas., 1887, 1, .

. 196; sic Bruxelles, 3 avril 1929, Pand. pér., 1930, 8.

2658. - La dénonciation doit désigner la personne dénoncée ou tout au moins l'indiquer de manière qu'elle puisse être identifiée .. - NYPJ!lLS-8:ERVAIS, art. 445, n° 5.

2659. - Il faut qu'à charge de cette personne le dénonciateur· articule un fait. Mais pour la dénonciation calomnieuse il n'est point requis que ce fait soit un fait précis. - Cass., 21 avril 1887, P<U., 1887, 1, 196.

2660. - Le fait imputé ne doit pas nécessairement être un crime ou un délit, ni même· un acte de nature à porter atteinte à l'honneur· de la personne dénoncée. Il suffit qu'il y ait imputation méchante d'un fait qui peut porter préjudice à celui contre qui l'imputation est dirigée (cass., 12 novembre 1917, Pas., 1918, 1, 129). La dénon­ciation calomnieuse n'exige pas que le fait soit susceptible d'être puni,. fût-ce disciplinairement, ni même qu'un préjudice ait été subi ; la. possibilité d'un préjudice suffit. - Cass., 29 octobre 1917, Pas., 1918,. 1

1, 123; cass., 28 avril 1915, Pas., 1915-1916, 1, 263.

2661. - La dénonciation est punissable quand le fait imputé est vrai, si on l'a imputé méchamment à une personne que l'on savait. n'en être pas coupable, ou si, malgré l'exactitude matérielle du fait dénoncé, la calomnie ressort de l'altération morale dont il a été

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218 AR'rlCLES 443 A 453

l'objet dans la dénonciation. Le caractère calomnieux de la dénon­ciation peut, en effet, consister dans la manière de présenter les faits sous une couleur fausse et nuisible. -NYPELS-SERVAIS; art. 445, n° 27.

2662. - A moins qu'il ne s'agisse ainsi de faits vrais, calomnieu­sement déformés dans la dénonciation, celle-ci n'est punissable qu'après qu'il a été constaté que les faits imputés sont faux.

La constatation de la fausseté ou de la vérité du fait imputé forme une question préjudicielle qui ne peut être tranchée que par l'auto­rité dans les attributions de laquelle rentre la connaissance de ces faits. Le tribunal correctionnel ne pourrait passer outre au jugement en se basant sur une prétendue notoriété publique de la vérité du fait imputé, à moins que cette vérité ne soit reconnue par l'inculpé. S'il y a plusieurs prévenus de la dénonciation, la question préjudicielle continuerait à se poser vis-à-vis de ceux qui ne sont pas en aveu à cet égard. - NYPELS-SERVAIS, art. 445, n°8 20 à 22.

Lorsque les faits énoncés dans une dénonciation calomnieuse ont fait l'objet d'une information terminée par une ordonnance du pre­mier président de la cour d'appel, suivant laquelle « il n'y a aucune suite à donner, en matière discipinaire, à charge de M. le juge sup­pléant X ... ; dont la conduite ne peut être l'objet de la moindre cri­tique», cette décision constitue la reconnaissance par l'autorité com- · pétente de la fausseté des faits dénoncés. Cette reconnaissance est nécessaire pour justifier la condamnation du chef de dénonciation calomnieuse et elle enlève aux juridictions répressives le droit de discuter les faits dénoncés. - Cass., 8 juin 1938, Pas.,' 1938, I, 201.

La décision ministérielle qui a décidé que les griefs formulés contre un fonc.tionnaire paraissant inspirés surtout par des ressentiments politiques, il y avait lieu de laisser l'affaire sans suite en ce qui con­cerne l'action disciplinaire, lie le pouvoir judiciaire, qui ne pourrait, sans sortir de ses attributions, considérer comme vrais des faits non admis comme tels par l'administration agissant elle~même dans la sphère de sa compétence. - Liège, 29 mars 1929, Pand. pér., 1929, 90.

Cette décision cite : Gand, 9 décembre 1857, Pas., 1858, II, 367; BELTJENS, art. 447, n° 36; Gand, 14 mars 1885, Pas., 1885, II, 176.

L'ordre du jour par lequel la Chambre des représentants proteste contre les insinuations calomnieuses produites par un député contre le Premier Ministre, ne présente pas les caractères d'une décision de l'autorité compétente au sens de l'article 447 du Code pénal, alors qu'il ne ressort par des débats que la Chambre ait voulu se prononcer sur une demande de poursuites à charge du Premier Ministre.

Cet ordre du jour ne constitue pas davantage une décision disci­plinaire prise par la Chambre à l'égard du député, auteur des impu­tations, lorsqu'il n'implique aucune des mesures prévues par le règle-

ARTIOLES 443 A 453 219

ment de la Chambre, en matière disciplinaire. - Brnxelles, 12 fé~ vrier 1938, Pas.; 1938, II, 7.

Une condamnation du chef de dénonciation calomnieuse·ne peut être prononcée quand le fait dénoncé a été l'objet d'une poursuite contre la personne dénoncée et que celle-ci a été déclarée coupable de ce fait et condamnée pour l'avoir commis; par une décision cou­lée en force de chose jugée et qui n'a point fait l'objet d'une procé­dure en revision. - Cass., 9 janvier 1933; Pas., 1933, I; 63; sic cass., 17 juin 1929, Pas., 1929, I, 248.

Il n'appartient pas à la juridiction de jugement saisie d'une pour­suite en dénonciation calomnieuse de surseoir au jugement du dénon­ciateur s'il n'y a pas eu, préalablement; dans les formes tracées par la loi (art. 247 et 248 du Code· d'instruction criminelle), reprise d'in­struction contre le dénoncé I La juridiction de jugement- ne peut en effet se substituer ni au ministère public pour provoquer une reprise d'instruction, ni à la chambre du conseil ou. des mises en accusation, pour examiner s'il y a des charges nouvelles. Il importe peu que, dans une espèce determinée; la cour d'appel, saisie de l'action en dénon­ciation calomnieuse après arrêt de non-lieu, ait cru devoir examiner s'il y avait des charges nouvelles contre le dénoncé - question qu'elle a résolue négativement - puisqu'à défaut d'instrnction reprise, la cour d'appel devait, en toute hypothèse, statuer au fond. - Cass.,. 10 décembre 1934, Pas., 1935, I, 77.

2663. - Qu'adviendrait-il si l'autorité compétente pour statuer sur la fausseté du fait imputé, s'obstinait à ne point se prononcer 1 Ce cas a été examiné par le rapporteur au Sénat. Celui-ci a émis l'avis que dans de telles circonstances il ne pourrait être fait application au prévenu de la peine de la dénonciation calomnieuse. Il serait poursuivi, le cas échéant, du chef de diffamation ou de tout autre délit que sa conduite impliquerait. A défaut de quoi il ne resterait. qu'une action civile en dommages-intérêts. - Rapp. Sénat, VI, n° 31..

On a cité deux cas où il a été passé outre par les tribunaux répres­sifs français, dans des circonstances où l'autorité administrative avait refusé, la première fois, d'accorder le droit de suivre contre un fonc­tionnaire dénoncé, la seconde fois, de se prononcer sur des actes jugés étrangers aux fonction~. - NYPELS-SERVAIS, art. 445, n° 23~

b) lmpumtion contre un subordonné.

2664. - L'alinéa final de l'artfole 445 réprime le fait d'adresser par écrit à une personne des imputations calomnieuses contre le subordonné de cette personne ..

Il s'agit, dans cette disposition; d'une calomnie ordinaire; réalisée par une imputation écritf3 (voir supa, n°8 2649 et suiv.), niais qut

220 AR'l'ICUlS 443 À 453

est rendue punissable sans qu'elle soit subordonnée aux conditions de publicité définies dans l'article 444 du Code. La circonstance seule que l'imputation est faite auprès d'un supérieur contre son subor­donné suffit polir qu'une peine soit prononcée à charge du calomnia­teur. Sa conduite montre; en effet, un esprit de malveillance plus caractérisée que celle du calomniateur ordinaire. - Rapp'. Sénat, VI, n° 32.

2665. - La disposition s'applique à l'imputation d'un fait vrai aussi bien qu'à Imputation d'un fait faux, à condition que l'auteur ait agi méchamment. - Diso. Chambre, IV, n° 86.

2666. - Quant à la nature des imputations calomnieuses, celles-ci comprennent toutes les imputations quelconques de nature à porter atteinte à l'honneur ou à la délicatesse, fussent-elles simplement dif­famatoires, c'est-à-dire celles dont la loi n'admet pas la preuve. -NYPELS-SERVAIS, art. 445, n° 30. ·

2667. - Entre la personne calQmniée et celle à laquelle on a adressé l'écrit contenant l'imputation calomnieuse, il doit exister un rapport de subordination effective comme, par exemple, la hiérarchie ecclésiastique. Pareil rapport n'existe pas entre un père de famille et ses enfants majeurs. - NYPELS-SERVAIS, art. 445, n08 31 et 32.

Des injures délictuelles.

2668. - L'injure, en général, consiste dans toute atteinte à l'hon­neur ou à la considération d'une personne,- sans que cette atteinte comporte l'imputation d'un fait. - Rapp. Sénat, VI, n° 37.

A été déclaré passible des peines prévues par l'article 448 du Code pénal; pour avoir injurié par écrit, celui qui inscrit à la chaux le mot «assassin» sur le trottoir devant la maison habitée par la per­sonne injuriée. Le terme « écrit » a le sens de << toute chose écrite ».

- .Corr. Tongres, 15 février 1939, Pas.; 1939, III, 140. La décision ana~ysée ci-dessus précise la portée du terme «écrit». Ainsi que le fait ~bserver l'annotateur de la.décision dans la Pasi­

crisie, il semblerait que l'inscription litigieuse constituait, dans les circonstances du cas d'espèce, une diffamàtion plutôt qu'une injure.

2669. - L'intention d'offenser est l'élément moral requis pour l'existence de l'infraction. -· Rapp. Sénat, VI, n° 37 ; cass., 12 octo-bre 1909, Pand. pér., 1910, n° 825. .

2670. - Toute les injures ne sont pas des délits. L'injure par paroles ne tombe jamais sous l'application de l'article 448 du Code.

ARTICLES 443 A 453 221

Sauf si elle caractérise un «outrage» prévu, par exemple, par les articles 275 et suivants du Code, l'injure verbale ne peut jamais constituer que la contravention réprimée par l'article 561, 7°, du Code pénal.

2671. - La loi du 27 juillet 1934 a, par son article 3 (Code pén., art. 448, al. 2), créé un délit nouveau, celui d'avoir injurié par paroles, en sa qualité ou en raison de ses fonctions, une personne dépositaire de l'autorité ou de la force publique ou ayant un caractère public.

Ce délit; distinct de la contravention d'injures verbales, visée aux articles 4 du décret du 20 juillet 1831 sur la presse et 561, 7°, du Code pénal, ne . tombe pas sous la prescription de trois mois instituée par l'article 12 du décret de 1831 pour la poursuite des délits dont il s'agit aux articles 2, 3 et 4 du décret.

n La prescription de ce délit est donc soumise au droit commun. -;ÎCass., 19 décembre 1938, Pas., 1938, I, 385. .

2672. - Les injures par faits, images ou emblèmes sont passibles des peines édictées par l'article 448 du Code, si elles se produisent dans les conditions de publicité indiquées à l'article 444 du même Code. - Su'JYfa, n 08 2613 et suivants.

2673. - L'article 448 du Code ne vise que les injures envers les personnes et non celles envers les corps constitués.

Mais l'article 4 du décret du 20 juillet 1831 sur la presse, assimile l'injure dirigée contre les corps constitués à celle dirigée contre un particulier.

Quant à la notion des corps constitués, voir su'JYfa, n° 2607.

2674. - L'injure envers des fonctionnaires publics ou envers des corps dépositaires ou agents de l'autorité publique ou envers tout autre corps constitué se prescrit par le délai de trois mois, à partir du jour où le délit a été commis ou de celui du dernier acte judiciaire. - Décret du 20 juillet 183_1 sur la presse; art. 12. ·

2675. - En vertu de l'article 3 de la loi du 27 juillet 1934, l'arti­cle 448 du Code pénal a été complété par un alinéa aux termes du­quel sera puni des peines prévues par l'article 448 ancien du Code pénal quiconque, dans l'une des circonstances indiquées à l'article 444 de ce Code, aura injurié par paroles, en sa qualité ou en raison de ses fonctions, une personne· dépositaire de l'autorité ou de la force publique, ou ayant un caractère public.

Quant à la portée des termes « dépositaire de l'autorité ou de la force publique \>, voir SU'JYfa; n° 1725.

(( Personnes ayant un caractère public », voir SU'JYfa, !1° 1726.

J.

222 ARTICL'.ES 443 A 453

Dispositions diverses

a) Poursuite des infractions.

2676. - En vertu de l'article 450 du Code pénal, les délits prévus par le présent chapitre, commis envers des particuliers, à l'exception de la dénonciation calomnieuse, ne pourront être poursgivis que sur la plainte de la personne offensée.

Il ne peut donc y avoir de poursuite d'office que : 1° Si le délit a été _commis envers un fonctionnaire public; 20 Ou si l'infraction est une dénonciation calomnieuse. En vertu de l'article 450 du Code pénal la plainte peut émaner de

toute personne qui se prétend offensée, bien qu'il puisse se faire que plusieurs personnes se jugent atteintes par une même diffamation. - Corr. Tongres, 9 janvier 1935, Recktsk. Weekbl., 5 mai 1935, ll6I.

2677. - Le motif de la règle légale indiquée au n° 2676 ci-avant est que l'action en calomnie, en diffamation, pour divulgation mé­chante ou du chef d'injures, peut avoir pour effet de causer plus de mal à la personne offensée que l'impunité du coupable.

Le législateur a jugé que ce motif n'existait point polir la dénon­ciation calomnieuse parce que, dans ces poursuites, la fausseté du

_ fait imputé est résolue préju~ciellement (NYPELS-S:ERVAIS, art. 450, n° 4). Aussi l'exception n'existe-t-elle pas pour l'imputation dont il s'agit dans l'alinéa final de l'article 445. - NYPELS-S:ERVAIS, art. 450, n° 5.

~ La plainte requise par l'article 450 du Code pénal ne doit pas nécessairement être rédigée suivant les formes tracées par les articles 31 et 65 du Code de procédure pénale. Constitue une plainte régulière, aux fins dont il s'agit; la volonté clairement manifestée de mettre en mouvement l'action publique. - Cass., 3 mars 1890, Pa8., 1890, I, 103; cass., 24 avril 19ll, Pas., 19ll, I, 210.

2679. - En l'absence de contestation sur ce point; devant le juge du fond, celui-ci n'est pas tenu de constater l'existence d'une plainte régulière préalable à la poursuite. Un moyen soulevé à cet égard pour la première fois devant la cour de cassation, est nouveau et partant non recevable. - Cass., 15 février 1926; Pas., 1926, I, 242; sic cass., 22 janvier 1944, Pas.; 1944, I, 139.

~- Le mari n'est pas recevable à porter plainte du chef de c~s dirigées contre la personne de sa femme, lorsqu'il n'est pas lui-même personnellement offensé. - Cass.; 9 février 1875, Pas., 1875, I, Ill.

2681. - C'est à tort que la validité de la plainte du père agissant

, ;

ARTICLES 443 .A. 453 223

en nom personnel, à raison d'imputations adressées à son fils mineur, a été contestée. Sauf le cas d'une exception formulée expressément par la loi; le père ou le tuteur est le représentant légal du mineur, pour tous les actes de la vie civile. - NYPlilLS-S:ERVAIS, art. 450, n° 9.

2682. ~ Lorsque la loi subordonne l'exercice de l'action publique à la plainte de la partie lésée, le désistement de cette partie, avant tout acte de poursuite, arrête la procédure. - Loi du 17 avril 1878, art. 2.

2683. - Si la personne est décédée, sans avoir porté plainte, ou sans y avoir renoncé, ou si la calomnie ou la diffamation a été diri­gée contre une personne après son décès, la poursuite ne pourra avoir lieu que sur la plainte de son conjoint, de ses descendants ou héri­tiers légaux jusqu'au troisième degré inclusivement. - Code pén., art. 450, al. 2.

2684. - Ainsi qu'il résulte du texte même de la loi, la plainte des héritiers ne peut mettre en mouvement l'action publique que s'il s'agit de calomnie ou de diffamation. Notamment pour l'injure oontre une personne décédée; les ayants droit du défunt doivent se borner à demander, au civil, la réparation du préjudice qu'ils subis­sent personnellement, .à raison de l'atteinte portée à leur légitime affection, par un fait-dommageable. - Cass., 19 décembre 1912, Pas., 1913, I, 37.

2685. - Les personnes autorisées à mettre l'action publique en mouvement; agissent · comme parents et non pas comme héritièrs. Il n'est donc pas nécessaire qu'ils aient accepté la succession du défunt, ni même qu'ils soient les plus proches parents.

Les enfants naturels reconnus peuvent agir comme les enfants légitimes. - NYPELS-SERVAIS, art. 450, n° 14.

2686. - Est punissable, la calomnie envers un fonctionnaire dé­cédé, même lorsque l'imputation vise un fait relatif à ses fonctions. Mais à raison de la généralité du texte de l'article 450, alinéa 2, du Code la poursuite ne peut être exercée qu'à la suite d'une plainte des personnes qualifiées à cet effet. -NYPELS-S:ERVAIS, art. 450, n° 16.

b) Reproductions d'écrits, d'images, etc.

2687. - Aux termes de l'article 451 du Code pénal, nul ne pourra alléguer comme cause de justification ou d'excuse que les écrits, imprimés; images ou emblèmes qui font l'objet de la poursuite ne sont que la reproduction de publications faites en Belgique ou à l'étranger.

2688. - Comme l'a fait remarquer le rapporteur à, la Chambre des

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224 ARTICLES 443 A 453

représentants, cette disposition résulte de la nature même des choses. Celui qui donne une publicité nouvelle à des écrits calomnieux, com­met un délit qui; certes, ne peut être justifié par cette circonstance qu'un fait délictueux de mênie nature aurait été commis antérieure­ment (Rapp. Chambre, III, n° 74). Répéter ou reproduire une impu­tation calomnieuse ou injurieuse est une manière de commettre le délit, si les autres conditions sont réunies, notamment la malveil­lance et le dessein de nuire. - Rapp. Sénat, VI, n° 40.

2689. - L'immunité de l'éditeur, de l'imprimeur ou dq distribu­teur d'un écrit, dont l'auteur est connu et domicilié en Belgique (Constit., art. 18), n'existe que pour le cas où, accédant à la volonté manifestée par l'auteur, ces auxiliaires se bornent à lui prêter le con­cours de leur industrie.

La règle générale de la responsabilité personnelle redevient appli­cable lorsque, sortant des opérations matérielles de son art, faisant sienne l'œuvre intellectuelle de !'écrivain, l'imprimeur, de son propre mouvement et sans la coopération de l'auteur, reproduit un li~lle que cet auteur avait une première fois fait imprimer. On ne peut admettre que celui qui porte atteinte à la considération des personnes ou au bon ordre, dans un journal, donc avec une publicité limitée, doive par cela même et sans autre preuve être considéré comme ayant entendu livrer son œuvre à tous les organes de la presse pério­dique et assumer ainsi, tant au point de vue pénal que civil, la res­ponsabilité d'une publicité illimitée. - Cass., 9 décembre 1869, Pas .• 1870, I; 124.

c) Ecrits et discours judiciaires.

2690. - Les discours prononcés et les écrits produits devant les tribunaux ne donnent lieu à aucune poursuite répressive, lorsque ces discours ou ces écrits sont relatifs à la cause ou aux parties. - Code pén., art. 452, al. 1er.

La question de savoir si les propos tenus au cours d'une instance judiciaire sont ou non relatifs à la cause ou aux parties est une question de fait dont l'appréciation relève du pouvoir souverain du juge du fond. - Cass., 10 juillet 1944, Pas., 1944, I, 431.

2691. - La loi vise ici les discours des défenseurs, des avocats. des avoués, même les déclarations des témoins (NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 452, n° 5); pour autant qu'ils soient prononcés devant les tribu­naux, pendant les débats d'une affaire. La disposition légale ne couvrirait pas non plus les écrits, tels les mémoires, qui seraient publiés en dehors des débats. ---:- NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 452, n° 12.

2692. - L'immunité dont il s'agit ne concerne d'ailleurs que les poursuites répressives. Ceux qui s'estimeraient lésés par ces écrits ou

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ARTICLES 443 A 453 225

par oes discours conservent le droit de réclamer des dommages-inté­rêts. - Rapp. Sénat, VI, n° 41.

2693. - Les juges peuvent, soit d'office, soit sur la demande dès parties, prononcer la suppression des écrits càlom.nieux, injurieux· ou diffamatoires. - Code pén., art. 452, al. 2.

2694. - Ils peuvent aussi prononcer contre les avocats et les o:ffi~ ciers ministériels l'injonction d'être plus circonspects et même ordon­ner des poursuites disciplinaires devant l'autorité compétente. -Code pén., art. 452, al. 3.

2695. - Les imputations ou les injures étrangères à la cause ou aux parties restent soumises au droit commun. - Code pén., art. 452, al. 4.

2696. - L'immunité consacrée par l'article 452 ne s'étend pas aux outrages dont les avocats, les parties ou les témoins se rendraient coupables envers le ministère public. - NYPELS-SERVAIS, art. 452, n° 15.

Violations de tombeaux et de sépultures.

2697. - L'article 315 du Code pénal contient la sanction des règles relatives à la police des inhumations. La destruction des tombeaux est prévue par l'article 526. Dans l'article 453, il s'agit de la violation de tombeaux ou de sépultures, c'est-à-dire des atteintes matérielles portées à la cendre des morts ou des actes qui tendent directement à violer le respect qui leur est dû. - NYPELS-SERVAIS, art. 453, n° 1.

2698. - Violer une sépulture ou un tombeau, c'est outrager le défunt dans ses restes mortels ou dans la tombe qui les contient ; l'infractio:g, existe dès que le fait matériel a été accompli volontaire­ment; sans qu'il y ait lieu d'avoir égard au but poursuivi par l'auteur, ni au mobile qui l'a fait agir. - Cass., 29 juin 1926, Pas., 1927, I, 32.

2699. - La sépulture que la loi protège co:µtre toute profanation commence dès la mis~ en bière (cass., 29 juin 1926, Pas., 1927, I, 32). Le fait d'exercer une violence matérielle contre le cercueil non encore descendu en terre, tombe donc sous l'application de l'article 453. -NYPELS-SERVAIS, art. 453, n° 4.

2700. - Une exhumation effectuée sans autorisation préalable de l'autorité compétente serait une violation de sépulture (Gand, 4 décembre 1920, et réq. de M. l'avocat général de Ryckere, précé­dant cet arrêt, B. J., 1921, 97 et suiv). On en a décidé de mêtne pour l'exhumation non autorisée d'un enfant mort-né qui avait été régulièrement inhumé. - NYPELS-SERVAIS, art. 453, n° 7.

8-11

ARTICLES -443 A 453. - ARTICLES 454 A 460bis

Selon nous, · une exhumation irrégulière peut être une violation de sépulture. Mais nous estimons què ce sera plus généralement une infraction à la police des inhumations, prévue par l'article 315 du Code. .

2701.-,- L'opération césarienne n'est pas une violation de sépul- · t~. - Cass., 2 novembre 1868, Pas., 1869, I, 7.

CHAPITRE VI. - DE QUELQUES AUTRES DÉLITS CONTRE LES PERSONNES.

ARTICLE 454.

Celui qui aura mêU ou fait mêler, soit à des comestibles ou des bois­sons, soit à des substances ou denrées alimentaires quelconques, destinés à être vendus ou débités, des matières qui sont de nature à donner la mort ou à aUérer gravement la santé, sera puni d'un emprisonnement de six mois 4 cinq ans et d'une amende de 200 francs à 2.000 francs.

ARTICLE 455.

Sera puni des peines portées à l'artick précédent : Celui qui vendra, débitera ou exposera en vente des comestibles, bois­

i,ons, substances ou denrées alimentaires quelconques, sachant qu'ils contiennent des matières. de nature à à,Ôri,ner la mort ou à altérer grave­ment la santé;

Celui qui aura vendu ou procuré ces matières, sachant qu'elles devaient servir à falsifier des substances ou denrées alimentaires.

ARTICLE 456 .

. Sera. puni d'un emprisonnement de trois mois à trois ans et d'une amende de 100 francs à 1.000 francs, celui qui aura dans son magasin, sa boutique ou en tout autre lieu, des comestibles, boissons, denrées ou substances alimentaires, destinés à être vendus ou débités, sachant qu'ils contiennent des matières de nature à donner la mort ou à altérer grave­ment la santé.

ARTICLE 457.

Les comestibles, boissons, denrées ou substances alimentaires mé/,an­gées, seront saisis, confisqués et mis hors d'usage.

La patente du coupable lui sera retirée,· il ne pourra en obtenir une autre pendant la durée de son emprisonnement.

Il pourra, de plus, être condamné à l'interdiction, conformément à l'articl,e 33.

Le tribunal ordonnera que le jugement soit affiché dans les lieux

I

ARTIOL.'ES 454 .A 460bis 221

qu'il désignera et inséré en entier ou par extrai,t dans les jou_rnàux qu'il indiquera; le tout aux frais du condamné. ·

ARTICLE 458.

Les médecîns, chirurgiens, offeciers de sanU, pharmaciens, sages­femmes et toutes autres personnes dépositaires; par état ou par pro­fession, des secrets qu'on leur confie, qui, hors le cas où ils sont appel,éa à rendre témoignage en justice et celui où la loi les oblige à faire con- · naUre ces secrets; les auront révéUs, seront punis d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende de 100 francs à 500 francs.

ARTICLE 459.

Seront punis des mêmes peines les employés et agents du mont­de-piéU; qui auron{ révélé à d'autres qu'aux offeciers de police ou• à l'autoriU judiciaire le nom des personnes qui. ont déposé ou fait déposer des objets à l'établissement. ·

ARTICLE 460.

Quiconque sera convaincu d'avoir supprimé une lettre confiée à 'la poste,ou de l'avoir ouverte pour en violer le secret; sera puni d'un empri .. sonnement de huit jours à un mois et d'une amende de 26 francs à 200 francs, ou d'une de ces peines seulement, sans préjudice des peines plus fortes, si le coupable est un fonctionnaire ou un agent du gouverne­ment ou de l'administration des postes.

ARTICLE 460bis.

[Sera puni des mêmes peines, celui qui aura supprimé une copie d'exploit dont il était détenteur par application de l'article 68bis du Gode de procé<lure civile ou qui' aura ouvert, pour en violer le . secrel, l'enveloppe contenant cette copie, à moins, dans ce dernier cas, qu'il s'agisse du père ou de la mère d'un enfant mineur, ou du conjoint, du tuteur, de l'administrateur, du curateur ou du conseil judiciaire de là personne inûtressée. - Loi du 14 janvier 1928, art. 4.)

Fa.lsi fication nocive de produits alimentaiTes. 2702. - Législation. 2703. - Alimentation humaine. 2704. - Faits matériels prévus par les articles 454 et suivants. 2705. - Elément intentionnel. 2706. - Dosage nocif. 2707. - Confiscation.

Violation du secTet pTofesswnnel. 2708. - Les deux questions. 2709. - Code pénal, article 458. 2710. - Médecins, chirurgiens, etc. 2711. - Magistrats, avocats, prêta'es.

)

t

!28 ARTICLES 454 A 460bis

2712. - Inspecteurs de la sftreté, droguistes. - Journalistes. - A.gents fiscau:x, .2713. - Secrétaires, dactylographes, éditeurs, imprimeurs. '2714. - Inopérance du mobile. - Dol général. 2715. - Dispense du secret • .2716. - Déposition en justice. '2717. - Obligation légale. 2718. - Agents des monts-de-piété •

.Suppression et violation du secret des lettres et des copies d'ea:ploits. 2719. - Code pénal, articles 149 et 460,

. .2720. - Code pénal, article 460bis.

Falsüication nocive de produits alimentaires.

2702. - Le Code pénal a traité de l'empoisonnement aux arti­cles 397; 402, 403 et 404.

Les articles 500 à 503 du même Code sont relatifs à des falsifica­tiqns de produits alimentaires dans le sens d'une tromperie au pré­judice des acheteurs.

Les infractions dont il s'agit aùx articles 454 à 457 du Code con­cernent les faits de falsification, mais avec la circonstance aggravante que l'ingrédient ajouté au produit alimentaire est une substance de nature à donner la mort ou à altérer gravement la santé.

2703. - Les délits dont il s'agit dans nos articles concernent exclusivement la falsification de produits destinés aux êtres humains. L'intitulé même du chapitre tranche cette question par le texte même de la loi. - NYPELS-SERVAIS, art. 454, n° 5.

2704. - La matérialité des délits consiste dans le fait : 1 ° De vendre ou de procurer les substances nocives. - Code pénal,

art. 455, in -fine ; 2° De les mêler ou de les faire mêler aux aliments, comestibles,

boissons. - Code pén., art. 454 . . , · Cette disposition déroge à l'article 66 du Code pénal. Le fait de

Jaire mêler... est puni dès que ce mode de provocation a été suivi d'effet, s,ti,ns qu'il soit nécessaire que le provocateur ait eu recours à, des dons, promesses, menaces, abus d'autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices coupables ;

3° De détenir dans un magasin, une boutique ou en tout autre lieu, des comestibles; boissons, denrées ou substances alimentaires, destinés à être vendus ou débités, contenant des matières de nature à donner la mort ou à altérer gravement la santé. - Code pén., art. 456;

4° De vendre; débiter ou exposer en vente de pareils comestibles, boissons, etc .... - Code pén.; art. 455.

2705. - L'élément intentionnel commun à toutes ces infractions et absolument essentiel à leur existence, c'est que l'agent ait su que les ingrédients devaient servir à falsifier des produits alimentaires

ARTICLES 454 A 460bia 229 ·

ou que ceux-ci contenaient les substances de nature à donner la mort ou à altérer gravement la santé. - NYPELS-SERVAIS, art. 454, n° 3.

2706. - On a enseigné qu'il n'est pas nécessaire pour l'existence du délit que la dose de substance mêlée aux aliments soit suffisan~ pour amener les conséquences graves que prévoit notre texte; il suffirait· qu'on y ait mêlé une quantité quelconque de la substance. - NYPELS-SERVAIS, art. 454; n° 8.

Tel n'est point notre avis. L'article 318 du Code de 1810 punissait la falsification de produits alimentaires par l'addition de substances nuisibles à la santé. Les auteurs du Code de 1867 ont intentionnelle• ment visé les substances de nature à altérer gravement la santé pour exclure l'application des dispositions nouvelles aux mixtions qui ne causent que des indispositions légères et momentanées. - Exposé des motifs, II, n° 180, in fine ..

A plus forte raison, pensons-nous qu'une substance cesse géné­ralement de pouvoir altérer gravement la santé lorsque le dosage est infime. Selon nous, il ne faut rien exagérer, ni dans un sens; ni dans un autre. Tout produit quelconque, même l'eau naturelle, devient susceptible de donner la mort lorsqu'on en absorbe une quantité trop considérable. En sens inverse, il appartient aux hommes de l'art de dire, par exemple, si le fait de manger habituellement du pain contenant telle dose de tel produit peut altérer gravement la santé. Dans l'affirmative, il y aura infraction.

2707. - La confiscation prévue par l'article 457 doit être pro­noncée même en cas d;acquittement ou d'extinction de l'action publique, par le décès du prévenu. - Supra, n°8 278 et suivants.

Violation du secret professionnel.

2708. - On traite quelquefois deux questions différentes lors­qu'on étudie le secret professionnel :

1 ° Quelles sont les personnes qui .ont le droit de refuser, même lorsqu'elles sont appelées à témoigner en justice, la révélation des secrets qui leur ont été confiés 1

2° Quelles sont les personnes qui sont pénalement punissables lorsqu'elles révèlent les secrets qui leur ont été con:6.és 1

Nous n'examinerons que la seconde de ces deux questions, la seule qui se rapporte au droit pénal proprement dit. - Voir cepen-dant infra, n° 2716. ·

2709. - Lorsque le débat est ainsi mis au point, la solution de cette question nous paraît très simple :

Sont tenues au secret professionnel, toutes les personnes qui sont

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230 .A.RTICLJCS ' 454 A 460bi&

dépositaires, par état ou par profession, des secrets qu'on leur confie. - Co4e pén., art. 458. . ·

Le droit au secret et l'obligation du secret ne coïnèident pas néces­sairement dans tous les cas (Pand. belges, v<> Secret professionnel, n° 125). On ne précise donc pas nécessairement la portée_ de l'arti­cle 458 du Code pénal en indiquant teUe ou telle décisions de juris­prudence, qui ont cru devoir condamner une personne pour refus de témoignage.

2710. - Doivent garder les secrets qu'on leur confie; les méde­cins, chirurgiens; officiers de santé, pharmaciens, sages-femmes. -Code pén.; art. 458.

Jugé que même lorsqu'un fait est plus ou moins connu publique­ment, il n'est jamais indifférent qu'un médecin vienne révéler à l'appui de cette connaissance des détails précis qu'il ne possède que grâce à l'exercice de sa profession.

Ce n'est pas le préjudice subi éventuellement par le malade qui constitue le fondement de l'obligation du secret, mais bien l'intérêt du public, en général, à voir ce secret garanti de façon absolue.

Par conséquent, même si un fait est connu par témoignages ou par le rapport de médecins-experts; le médecin traitant qui a reçu les confidences du malade n'est pas relevé de son secret. Il en est ainsi a fortiori lorsque le rapport d'expertise n'est pas déposé. - Corr. Liège, 27 octobre 1938, Pas., 1939, Ill, 45.

2711. - Sont dépositaires, par état ou par profession, des secrets qu'on leur confie; les magistrats, officiers ministériels, avocats, greffiers ; les prêtres sont dépositaires par état ·ou par profession des secrets qu'on leur confie, même en dehors de la confession.

2712. - On cite encore comme tels : - Les inspecteurs de la sûreté. - Pand. belges, v0 Secret profes-

sionnel, n° 28 ; - Les infirmiers et les gardes-malades. - Ibid., n° 39 ; - Le dentiste. - Ibid., n° 17; - Le droguiste, en tant que débitant de drogues ou de médi-

caments simples. - Ibid,., n° 18. On a décidé parfois que le journaliste n'a pas le droit de se refuser

à témoigner en justice. Nous n'examinerons point cette question. Mais, selon :p.ous, c'est en tout cas à tort qu'on déduit de là que l'in­discrétion d'un journaliste ne tomberait pas sous l'application de l'article 458 du Code pénal, s'il s'agit de la violation d'un secret qui lui a été confié à raison de sa profession. - Voir dans le sens de la thèse opposée, NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 458, n° 4; Pand. belges, verbo cit., n° 174.

L'article 76 des lois coordonnées relatives aux impôts sur les revenus,

ARTICJLES 454 A 460bis 231

rend l'article 458 du Code pénal appliQable à toutes personnes qui ont à intervenir pour l'application des lois fiscales et qui violeraient le secret le plus absolu au sujet des bénéfices des redevables lorsqu'elles en ont eu connaissance par suite de l'exécution de ces lois .

. 2713 . ....:.:. Selon nous, de même qu'on considère comme tenu au secret professionnel le greffier du juge d'instruction, .il y a lieu de faire application de l'article 458 à tous les collaborateurs profes~ sionnels des personnes tenues au secret professionnel : secrétaires, dactylographes, etc ...

La question de savoir quelles sont les personnes dépositaires, par état ou par profession, des secrets qu'on leur confie, est avant tout une question de fait. ·

L'auteur qui remet un manusorit à un éditeur ou à un imprimeur sait que, d'après l'usage constant de ces professions, il peut être assuré que la publication de son ouvrage ne sera point divulguée avant qu'il le juge lui-même à propos.

Toutes ces solutions pourraient être critiquées à juste titre, si elles ajoutaient quoi que ce soit au texte de la loi. Il nous semble que nous nous bornons à en invoquer la lettre purement et simple­ment.

Un arrêt de la cour de cassation de .France du 14 janvier 1933 (Pand. pér., 1933, 450) porte que la révélation, par les personnes énumérées en l'article 378 (article 458 du Code pénal belge), des secrets qui leur sont confiés n'est punissable qu'à la condition que· ceux-ci soient parvenus à leur connaissance en raison de leur état ou de leur profession. L'énumération. de cet article, quoique simple­ment• énonciatrice, ne peut pas être étendue aux personnes n'ayant pas aux yeux de la loi une situation qui les désigne aux tiers comme des confidents nécessaires de leurs secrets et qui sont des mandataires ordinaires. En conséquence, d'après l'arrêt que nous citons, l'expert­comptable ne commettrait pas le délit de violation du secret pro­fessionnel si; chargé par un industriel de dresser sa comptabilité, il communique à un tiers des renseignements parvenus à sa connais­sance dans l'exercice de ses fonctions. En effet, les comptables, simples mandataires de leurs employeurs, n'exercent pas une profession aux actes de laquelle la loi, dans un intérêt général et d'ordre public, a imprimé le caractère confidentiel et secret.

Cette jurisprudence ne nous paraît pas justifiée. Sans doute, ne peut-on pas solliciter les termes d'un texte pénal pour tâcher d'en étendre la portée à ce qui n'y- est pas compris. Mais la loi vise expres­sément . « toute personne dépositaire, par état ou par profession, des secrets qu'on leur confie». Il nous paraît incontestable que' tel est le cas notamment des nombreux experts-comptables qui vont tenir à domicile les comptabilités de divers industriels. S'il devait être

232 ARTICLllS 454 A 460bis

admis que ces experts-comptables peuvent impunément transporter de porte en porte les secrets de chacune des maisons où ils travail­lent, il serait bien à craindre, pour le plus grand préjudice des inté­ressés eux-mêmes, qu'on finisse par supprimer ou, tout au moins, par restreindre considérablement les missions de ce genre.

Dans le sens restrictif de la portée des termes « toutes autres per­sonnes dépositaires, par état ou par profession, des secrets qu'on leur confie», citons l'arrêt de la cour d'appel de Bruxelles en date du_ 2 décembre 1942 (Pas., 1944; II, 16). D'après cet arrêt le législateur n'a pas entendu réprimer pénalement toute indiscrétion quelconque, mais il a entendu réserver ses rigueurs à des indiscrétions particu­lièrement préjudiciables à l'ordre public ou à l'ordre social du fait qu'elles avaient pour auteurs les titulaires de ces professions que les lois, les mœurs ou la tradition mettent en rapport avec le public mais dont les relations n'évoquent plus l'idée de commettant à commis au sens habituel des termes parce qu'elle serait incompatible avec la nature des fonctions ou professions envisagées.

Suivant cet arrêt, la sanction pénale du secret professionnel n'exis­terait pas en ce qui concerne ·les rapports de patron et employé et notamment aux indiscrétions d'un employé comptable du chef de divulgation à des tiers de certains renseignements d'ordre commer­cial connus par lui à la faveur de ses travaux de comptabilité.

Nous persistons à estimer que ces distinctions sont en contradic­tion avec les termes clairs, nets et précis de l'article 458 du Code pénal.

2714. - Le mobile du délinquant : méchanceté, cupidité, etc., est sans influence sur l'existence même de l'infraction. Le dol est nécessaire, mais le dol général suffit. Il consiste dans la volonté con­sciente d'enfreindre la prohibition édictée par la loi pénale. - Ex'J)Osé des motifs, II, n° 181.

Il n'èst pas requis, pour l'existence du délit, que le prévenu ait agi dans une intention m_échante. - Corr. Liège, 27 octobre 1938, Pas., 1939, III, 45.

2715. - L'autorisation émanée du maître du secret est élisive de l'infraction. - Pand. belges, v0 Secret pofessionnel, n° 9i; NYPELS­SERVAIS, art. 458, n° 14.

Le certificat délivré par un médecin aux parents' d'un écolier pour justifier la cause d'excuse prévue à l'article 5 de la loi sur l'enseigne­ment primaire, est sollicité par eux. Par conséquent, il n'y a aucune objection à ce que le médecin précise dans ce certificat qui lui est demandé, des circonstances déterminantes d'une exemption scolaire, à défaut de quoi le certificat est sans efficacité. - Corr. Dinant, 12 ayril 1932, Pas., 1933, III, 55.

ARTICLES 454 A 460bis

X 2716. - Dans le cas où les dépositaires du secret sont appelés à témoigner en justice, ils ne commettent pas de délit en révélant ce qui leur a été confié (Code pén., art. 458). Mais ils n'y sont point tenus s'ils se croient, èn conscience, obligés de garder le secret. - Cass., 22 mars 1926, Pas., 1926, 1, 310.

Adde : corr. Liège, 19 août 1935, confirmé par Liège, 6 septem­bre i935, Pand. pér., 1935, 241; outre cass., 22 mars 1926; précité, on peut consulter dans le même sens les autorités citées dans la note d'observations, Pand. pér., 1935, 241.

2717. - Il n'y à pas non plus d'infraction à l'article 458 du Code pénal, si le dépositaire du secret divulgue celui-ci dans les cas q,ù la loi l'oblige à faire connaître ce secret.

On connaît la controverse qu'a soulevée. l'application de l'arti­cle 361 du Code pénal; lorsque des médecins se refusaient à déclarer certaines naissances (supra, n° 2073). Au point de vue de l'applica­tion de l'article 458 du Code, ces cas ne soulèvent aucune difficulté : le médecin qui fait la déclaration ne commet pas le délit de violation du secret professionnel.

2718. - Les considérations qui précèdent s'appliquent mutandis mutatis aux agents des monts-de-piété. - Code pén., art. 459.

Suppression et violation du secret des lettres et des copies d'exploits.

2719. - La suppression des lettres et la violation du secret des lettres est réprimé par l'article 149 du Code-pénal; en ce qui concerne les agents des postes. Ce sont ces mêmes faits, commis par des parti­culiers, qui sont régis par l'article 460. Le taux des pénalités étant différent, le Sénat a cru devoir maintenir; dans cette disposition, la mention de l'article 149 du Code. - Discussion Sénat; VII, n° 47.

Ainsi qu'il résulte des termes mêmes de l'article 460 du Code pénal, cette disposition est applicable à quiconque aura supprimé la lettre confiée à la poste ou l'aura ouverte pour en violer le secret, même si l'auteur est un simple particulier. Le Code de 1810 ne punissait que les fonctionnaires et agents du gouvernement et de l'administration des postes. Le texte ancien a été modifié à dessein en vue de lui donner la portée actuelle. - Cass., 12 mai 1930, Pas., 1930; I, 209.

Ne commet pas le délit prévu par l'article 460 du Code pénal, celui qui ouvre une lettre destinée à un tiers, déposée à son domicile par suite d'une erreur du facteur des postes. En effet; la lettre ne peut plus être considérée comme « confiée à la poste >> dès l'instant où le facteur s'en est dessaisi. - Liège, 9 juillet 1930, Pas., 1931, Il, 101.

;.

234 ARTICLES 454 A 460bi8

2720. - Voir en tête du présent chapitre le texte de l'article 460bis du Code pénal (loi du 14 janvier 1928, art. 4) réprimant le fait de celui qui aura supprimé une copie d'exploit dont il était détenteur en vertu de l'article 68bis du Code de procédure civile.

Il s'agit ici des personnes, autres que les signifiés eux-mêmes, auxquelles ~ huissier a confié une copie d'exploit sous pli fermé.

Le nouvel article 460bis réprime également le f~it de ceux qui, sans en avoir le droit et pour en violer le secret, auront ouvert l'enve­loppe contenant la copie d'exploit d'huissier.

ARTICLES 4~1 ET 462- 235

TITRE IX

Crimes et délits contre les' propriétés.·

CHAPITRE PREMIER. - DES VOLS ET DES EXTORSIONS.

ARTICLE 461.

Quiconque a soustrait fraiululeusernent une chose qui ne lui appar-tient pas, est coupable de vol. ·

ARTICLE 462.

Ne donneront lieu qu'à des réparations civiles, les vols commis par des époux au préjiulice de leurs conjoints; par un veuf ou une veuve, quant aux choses qui avaient appartenu à l'époux décédé; par des des­cen<lants au préjiulice de leurs ascendants, par des ascen<lants au préju­dice de leurs descendants, ou par des alliés aux mêmes degrés.

Toute autre personne qui aura participé à ces vols ou recélé tout ou partie des objets volés sera punie comme si la disposition gui précè,de n'existait pas. ·

Arrêté-loi du 13 mai.1940.

ART. 1er. - J.,orsqu'en temps de guerre, tel qu'il est déterminé par l'article 58 de la loi du 15 juin 1899, des vols, des destructions ou dété­riorations de propriétés mobilières d'autrui auront été commis soit en des lieux évacués par les habitants en raison d'événements de guerre, soit pendant l'occultation des lumières dans les endroits où celle-ci a été ord,<mnée par l'autorité compétente, les peines portées contre les auteurs de ces faits par le chapitre 1er et par la section IV du chapitre Ill du titre IX du livre Il du Code pénal, sont remplacées :

L'emprisonnement par les tra'vaux forcés de dix à quinze ans; La réclusion par les travaux forcés de quinze à vingt ans; Les trœ1Jaux forcés de dix ans à quinze ans par les travaux forcés

à perpétuité,· Les travaux forcés de quinze à vingt ans et les travaux forcés à per­

pétuité par la mort.

ART. 2. - La juridiction militaire· connaît des infractions prévues par le présent arrêté-loi.

.,

. t

236 ARTICLES 461.ET 462

I. Remarque, 2721. - Objet du titre IX. 2722. - Arrêté-loi du 13 mai 1040,

II. Du rol, 1

2723, - Définition légale du vol. 2724. - Extorsion, 2725. - a.) SOUBtraction. 2726. - Elément matériel, 2727. - Elément intentionnel. 2728. - Elément intentionnel. - Prise en gage, 2729. - Elément intentionnel. - Créancier se payant lui-même. 2730. - Elément intentionnel, - Usage temporaire illicite d'un véhicule. 2731. - Elément intentionnel, - Usage de documents. 2732. - Contre le gré du propriétaire. - Autorisation. - Déments. 2733. - Copropriétaire. 2734. - Remise volontaire par erreur. 2735. - Choses • communiquées •· 2736. - Fonds confiés à un domestique. 2737. - Copropriétaire. - Cohéritier. 2738, - Meubles loués. 2739. - Suppression et vol de lettres missives.

b) Intention frauduleuse. 2740. - Dol spécial 2741. - Avantage illicite. 2742. - Ava.nta.ge illicite d'un tiers. 2743. - Absence de bénéfice actuel. 2744. - Non-réalisation du profit escompté. 2745. - Intention de nuire. 2746, - Bonne foi.

·:1•747;·"}_ Choses litigieuses. 2748; - Se faire justice à soi-même. 2749. - Etat de nécessité, 2750. - Cleptomanie. - Grands magasins.

c))Clwses mobilwres. 2751. - Biens meubles. 2752. - • Choses •· - Eau, gaz, électricité.

d)' Clwses appartenant à autrui. 2753. - :atens sans maitre. 2754. - Propriétaire inconnu. 2755. - Vente. - Translation de propriété.

III. Ea:cuae péremptoire de l'article 462 du Code pénal. :3756. - Article 462, alinéa. 1 ••, du Code pénal • 2757. - Parenté naturelle, adoptive.· 2758. - Alliés au même degré. 2759. - Exclusion des collatéraux. 2760. - Vols qualifiés. 2761. - Délits indépendants. 2762. - • Au préjudice de ... •• 2763, - Extorsion. - Recel. 2764. - Le délit subsiste. - Prescription. 2765. - Coauteurs, complices, recéleqrs.

I. - Remarque.

2721. - Le titre IX du Code pénal traitant des crimes et délits contre ·les propriétés, est divisé en trois chapitres.

Le premier chapitre concerne les vols et les extor8ions. Ce sont les

ARTICLES 461 ET 462

actes par lesquels l'agent s'approprie frauduleusement la chose d'au­trui à l'insu ou contre le gré du propriétaire.

Les fraudes dont il s'agit au second chapitre sont les actes au moyen desquels l'auteur obtient frauduleusement la remise de l'objet con­voité ou fait; de cet objet remis, un abus coupable.

Enfin, le troisième chapitre vise les faits de destruction de la chose d'autrui. - Rapp. Sénat, VI, n° I.

2722. - Un arrêté-loi du 13 mai 1940, dont le texte est reproduit ci-dessus en tête du présent chapitre, renforce la répression de certains faits commis en temps de guerre et en attribue la connaissance à la juridiction militaire. · -

L'arrêté-loi du 13 mai 1940 renforçant Ill répression de certains faits commis en temps de guerre, est applicable aux tentatives des vols visés au chapitre premier du titre IX du livre II du Code pénal. - Cass., 5 février 1945, Pas., 1945, I, 109; cass., 26 décembre 1944, PaB., 1945, I, 74; oass., 24 aolÎt 1944, Pas., 1944, I, 457.

II. - Du vol. 2723. - Le vol, en général, est défini par l'article 461 du Code

pénal dans les termes suivants : Quiconque a soustrait frauduleuse­ment une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol.

Il n'est pas toujours possible et il n'est d'ailleurs pas indispensable de déterminer avec précision la quantité et la valeur des objets volés. :_ Cass., 13 mai 1941, Pas., 1941, I, 183.

2724. - L'extorsion est traitée par le Code pénal sur le même pied que le vol commis avec violences ou menaces (Code pén., art. 470). Cette matière sera examinée dans la deuxième section du pré­sent chapitre. - Infra; n°8 2813 et suivants.

2725. - Envisageons un à un les divers éléments de la définitiOJ.). légale du vol.

a) Soustraction.

La soustraction de la chose consiste dans l'appréhension de celle.-ci par le voleur contre le gré du propriétaire.

2726. - Le vol est consommé à ce premier point de vue, dès que le voleur a pris possession de la chose d'autrui malgré le proprié­taire (invito domino). Pour qu'il y ait vol, il ne suffit pas qu'on ait déplacé ou manié la chose. Il ne faut pas non plus que le voleur l'ait emportée, qu'il se füt éloigné de l'endroit où il l'avait prise. Le vol est consommé dès que le voleur s'est emparé de la chose dans l'inten­tion de se l'approprier. - Ex'f)Osé des motifs, Lég. crim., t. Ier, p. 82, no ll9; ibid., p. 150, n° 335; NYPELS-SERVAIS, art. 466, n° 3. ·

Adde: supra, n° 647. r

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ARTIO~S 461 ET 462

. L'exécution du vol est commencée quand l'inculpé a commis un des faits compris dans la définition légale de l'infraction. - Cass., _17 décembre 1945, Pas., 1945, I, 294.

2727. - Pour qu'il y ait soustraction susceptible de constituer un vol au sens des articles 461 et suivants du Code pénal, il ne suffit pas de _l'appréhension matérielle de la chose, mais la soustraction doit avoir eu lieu avec une vue d'appropriation de la chose. ; L'intention de ne pas restituer la chose volée est un élément essen­tiel du délit de vol (cass., 23 juillet 1941, Pas., 1941, I, 313), indé­,pendamment du dol spécial requis par la loi; à savoir l'intention frau­duleuse, qui sera étudiée ci-après, n°8 2740 et suivants.

Précisons ici par quelques exemples l'intention d'appropriation qui doit avoir animé l'auteur pour qu'il soit éventuellement passible des ~notions édictées par les articles 461 et suivants du Code pénal.

· 2728. - Pour qu'il y ait soustraction frauduleuse au sens de l'ar­ticle 461 · du Code pénal, il faut que l'auteur de l'enlèvement ait eu · en vue, non point seulement de retirer l'un ou l'autre avantage de la chose erilevée et de la restituer ensuite, mais d'en disposer, d'usur­per la possession de la chose animo domini, quel que soit d'ailleurs le mode de disposition. Le dol spécial exigé par l'article 461...du Code pénal implique la volonté de s'approprier la chose. Le dol spécial .n'existe pas lorsque l'inculpé, créancier du propriétaire- de la chose, a uniquement entendu se procurer un gage; s'assurer une possession précaire, sans intention de disposer de l'objet enlevé. - Bruxelles, 4 février 1946, Journ. trib., 9 juin 1946; 301.

2729. _.:._ Par contre, l'appropriation voulue de la chose d'autrui est uri délit; fût-elle accomplie pour éteindre une créance. - Bruxelles, 4 février 1946; précité.

2730. - Si un individu prend possession d'une chose contre le gré du propriétaire, dans le seul but d'en faire un usage temporaire illi­cite, ce fait constitue-t-il un vol 1

Suivant les circonstances d'une cause, on peut éventuellement :admettre que les prévenus; pour se procurer l'usage temporaire d'une auto, ont soustrait frauduleusement ce véhicule. - Bruxelles, 24 dé­cembre 1938, Rechtsk. Weekbl., 14 mai 1939, 1378. · La décision ainsi rendue ne nous paraît pas inconciliable, en prin­cipe, avec les règles du droit pénal. Le juge du fond peut constater; le oas échéant, que des vole~s se sont frauduleusement approprié un .v6hicule uniquement dans le but de s'en servir temporairement et de l'abandonner

1ep.suite. Mais, en principe, le seul fait« d'emprunter»

momentanément un véhicule contre le gré du propriétaire ne nous paraît pas susceptible d'être considéré comme une soustraction frau­duleuse en soi. Pratiquement, lorsqu'il s'agit de défendre la société

ARTICLES 461 ET 462 239

contre des malfaiteurs, un pénaliste averti trouvera dans le droit _,pénal même et sans solliciter les textes les ressources nécessaires : il envisagera, par exempJe, l'appropriation frauduleuse de l'essence utilisée aux fins dont il s'agit.

Adde: cass., 8 janvier 1940, confirmant cour milit., 26 octobre 1939; Pas., 1940, I, 7. Voir aussi n° 2726 ci-avant.

2731. - Jugé que l'enlèvement de pièces comptables par un cou­pable, avec l'intention non douteuse de faire servir ces pièces, ne fût-ce qu'en reproduction photographique, comme documents accusa ... teurs contre son patron, constitue la soustraction frauduleuse prévue par l'article 461 du Code pénal. En effet, d'après l'arrêt, cet article se borne à exiger une simple « contrectation », une simple appréhen­sion du bien d'autrui, pourvu qu'elle soit faite dow maw, avec l'inten­tion spéciale de lucre ou, comme dans l'espèce, avec l'intention spéciale de nuire. Le délit est accompli sans que Je voleur emporte la chose· ou qu'il s'éloigne avec celle-ci, le vol est consommé dès que le voleur s'est emparé de la chose dans l'intention de se l'approprier ou dans l'intention de commettre son acte méchant ou nuisible. - Bruxelles, Il juillet 1928, Pas., 1928, Il, 255.

Cet arrêt a été cassé par oass., 4 février 1929 (Pand. pér., 1929, 34) parce que les constatations dont la cour d'appel a déduit que le pré­venu est coupable de « soustraction frauduleuse» ne permettent pas. de vérifier si les condamnations prononcées à charge du prévenu l'ont été pour des faits que prévoit le Code pénal en ses articles 461,. 463 et 464 ou pour des faits autres et qu'ainsi l'arrêt attaqué viole ces dispositions en ne mettant pas la cour de oassati<>n à. même d'exercer· son contrôle sur l'application qui en a été faite.

2732. - Les termes « contre le gré du propriétaire, malgré le pro­priétaire», qui viennent d'être employés doivent s'entendre en les considérant co~e la volonté du propriétaire telle que celle-ci existe par rapport au voleur.

Il peut arriver en effet que le propriétaire soit prévenu du vol qui va se commettre et qu'il juge à propos de laisser prendre possession; par les voleurs, des choses que ceux-ci se proposent d'enlever afin de les prendre sur le fait. Si l'événement se réalise selon les prévisions, le vol a été consommé . parce que le propriétaire ou éventuellemènt les autorités de police ont jugé utile de laisser se manifester d'une manière incontestable la résolution criminelle de l'auteur. Celui-ci ignorait que l'appréhension des choses aurait lieu en quelque sorte avec le consentement du propriétaire. Il y a donc infraction.

Le cas serait tout différent si le propriétaire, au lieu de laisser uri, vol se consommer, autorisait mi tiers à prendre possession d'une ·chose· lui appartenant. A moins que pareille autorisation n'émane d'un'

240 ARTICLES 461 ET 462

dément, incapable de donner un consentement valable, elle suppri­merait l'existence même de l'infraction. Il resterait alors à examiner si ce consentement n'a pas été déterminé, par exemple, par les manœu­vres frauduleuses constitutives du délit d'escroquerie. - Code pén., art. 496.

Nous disons : 11 A moins que pareille autorisation n'émane d'un dément ... ». En effet, au double point de vue de l'intention délic­tueuse et de la matérialité du fait; celui qui se fait remettre, par un idiot, un objet appartenant à autrui, agit tout comme .sï; ne pou­vant atteindre cet objet avec la main, il se servait, pour l'appréhen­der, d'un bâton, d'un crochet, d'une pince ou de tout autre instrument.

2733. ,- Les droits partiels ou indivis que le copropriétaire ou l'associé possède dans la chose qu'il s'est appropriée- en entier au préjudice de son coindivisaire ou son coassocié, ne forment point Qbstacle à l'existence de l'infraction prévue à l'article 461 du Code pénal. Celui qui s'est emparé d'un objet dont il n'est que partielle­ment propriétaire se rend nécessairement coupable du vol de la par­tie qui ne lui appartient point, ce dès l'instant où il est établi qu'il a agi frauduleusement. - Cass., 11 avril 1938, Pas., 1938, I, 142.

2734. - Les conditions de l'existence du vol feraient défaut même si la remise volontaire d'une chose à un tiers a été le résultat d'une etreur. Par exemple une personne remet en payement d'une dette de cinq cents francs un billet de mille francs, croyant que c'est un billet de cinq cents francs qu'elle donne à son créancier. Celui-ci s'aperçoit de l'erreur de son débiteur mais omet de la signaler et conserve le billet de mille francs. Il n'y a point vol, mais éventuel­lement un délit de cel frauduleux prévu par l'article 508 du Code pénal.

' 2735.-,- Le délit de vol existerait si la chose avait été simplement «.communiquée»' au voleur et que celui-ci se l'approprie. Ainsi au moment où le débiteur vient payer le créancier, celui-ci laisse pren­dre connaissance au débiteur de la quittance qui a été préparée. Le débiteur, ~ans effectuer le payement, s'empare de la quittance et se sauve. - NYPELS-SERVAIS, art. 461, n° 6.

2736. - En confiant à un domestique des sommes destinées aux dépenses du ménage, le maître ne conclut pas un contrat de dépôt, de mandat, de louage ou tout autre entraînant la dépossession de ces sommes ; le domestique est constitué gardien de ces sommes dont le maître garde la possession ; le domestique est surveillant ou gar­dien de ces sommes au même titre qu'il l'est pour tous les objets du ménage. Si don:c le domestique s'approprie ces sommes, il y .a de ce fait soustraction et non détournement. - Liège, 17 décembre 1921,

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ARTICLES 461 E'l 462. 241

Pand. pér., 1922, no 55; Pand. belges, v0 Abus de confiance, n°8 118 et suiv.; adde : cass., 4 juillet 1938, Pas., 1938, I, 251, analysé infra, n6 2770.

2737. - Le copropriétaire d'une op.ose indivise qui s'approprie frauduleusement la partie qui ne lui appartient pas, de même que l'héritier qui, avant le partage, soustrait frauduleusement, au préju­dice de ses cohéritiers, les effets d'une succession, commettent un vol. - Cass., 4 janvier 1909, Pand. pér., 1909, n° 128.

2738. - Le fait de vendre des meubles tenus en location a été considéré comme un vol antérieurement à la mise en vigueur du Code pénal de 1867. Il est aujourd'hui reconnu que c'est là un détour­nement éventuellement passible des pénalités de l'article 491 du Code. - Pand. belges, v 0 Soustraction frauduleuse, n° 12.

2739. - Lorsqu'il s'agit de lettres, il y a lieu de distinguer leur suppression et leur soustraction. Il y a délit de suppression, aux termes des articles 149 et 460 du Code pénal, lorsqu'on .détruit la lettre pour l'empêcher de parvenir à son destinataire. Si, au contraire, l'agent s'approprie la missive, il y a soustraction.

b) Intention frauduleuse.

2740. - Le second élément de la définition légale du vol, c'est l'existence d'un dol spécial; l'intention frauduleuse : quiconque a soustrait frauduleusement ... , porte l'article 461 du Code.

L'intention frauduleuse exigée par l'article 461 du Code pénal existe dès que celui qui soustrait la chose appartenant à autrui agît à l'insu et contre le gré du propriétaire avec le dessein de ne pas restituer la chose. - Cass., 23 juillet 1941, Pas., 1941, I, 313.

Jugé qu'en cas de condamnation d'un prévenu pour avoir, comme coauteur,« volé>> une somme d'argent, l'arrêt ainsi motivé ne constate pas l'existence de l'élément de << soustraction frauduleuse» exigé par l'article 461 du Code pénal et ne permet pas à la cour de• cassation d'exercer son contrôle sur la légalité de la condamnation. - Cass., 8 juin 1931, Pand. pér., 1931; n° 191.

2741. - L'intention frauduleuse existe incontestablement lorsque l'auteur a voulu se procurer à lui-même un avantage illicite, si son intention a été de s'enrichir sans droit aux dépens d'autrui.

2742. - C'est encore l'intention frauduleuse ainsi entendue qui anime l'agent lorsqu'il a soustrait une chose pour la donner à un tiers. - NYPELS-SERVAIS, art. 461, n° 25.

2743. - Il n'est pas nécessaire que le voleur tire un bénéfice actuel et immédiat de la chose volée. Tel serait le cas de celui qui

.ARTICLES 461 ET 462

soustrait une chose qui, par elle,-même, n'a aucune valeur mais qui pourra plus tard lui procurer un bénéfice ; par exemple une lettre dont il pourra se faire un·titre. - NYPELS-SERV.AIS, art. 461, n° 25.

Toutefois, il n'y aurait point de vol, à défaut d'intention fraudu­leuse, dans le fait de celui qui prendrait un objet sans valeur intrin­sèque, tel un copie-lettres, non point pour en priver les ayants droit. mais seulement pour pouvoir lui-même le produire en justice à l'appui d'une action civile. - Bruxelles, 16 mai 1923, Journ. trib., 27 mai i923, 361.

2744. - Peu importe que le bénéfice illicite escompté ne se réalise. point ou encore que le voleur, croyant enlever un objet prec1eux, n'a pris qu'une chose sans valeur. - NYPELS-SERVAIS, art. 461, ~M .

2745. - La soustraction est encore frauduleuse, au sens de l'arti­cle 461 du C9de pénal, lorsqu'elle a été commise dans l'intention de nuire (Rapp. Chambre, III, n° 2; Rapp. Sénat, VI, n° 3). Ces docu­ments prouvent qu'on s'en est rapporté à cet égard à l'interpréta-. tion conforme et constante de l'article 379 du Code de 1810 dont notre article 461 est la reproduction textuelle.

2746. - La bonne foi est évide~ent · élisive de toute intention frauduleuse. Tel sera le cas si l'auteur de la soustraction croyait réelleinent que le propriétaire était consentant.

2747. - Lorsque le droit à la chose esfi incertain, quand on s'em• pare d'une chose dont on se croit propriétaire, ce qui peut arriver si la chose est litigieuse, cette incertitude exclut, en général, la fraude, surtout si l'enlèvement a lieu publiquement. - NYPELS-SERVAIS, art. 461, n° 30.

2748. - Celui qui se fait justice à lui-même en prenant de force ce qui est sa propriété ou de l'argent qui lui est réellement dû, peut avoir à répondre de ces voies de fait. Mais on nè saurait dire qu'il y a eu là une soustraction frauduleuse. - NYPELS-SERVAIS, art. 461, n° 31 ; PRms, Science pénale et droit positif, n° 335. ·

2749. - L'état de nécessité exclut l'intention frauduleuse. Celui qui, dénué de ressources, pour se sauver, ou pour sauver ses proches de l'inanition, prend des vivres qui ne lui appartiennent pas, est en état de nécessité. - PRINS; Science pénale et droit positif, n° 435.

2750. - Quand il s'agit d'apprécier l'intention frauduleuse, on ne peut point perdre de vue les « ingénieuses machinations psycholo­giques » mises en œuvre par les grands magasins en vue de pousser à la consommation et qui ont développé ohez beaucoup de personnes même de la c< bonne société ,, une monomanie spéciale, la kleptomanie

ARTICLES 461 ET 462 243

(Gm:s, Eoonomie politique, p. 185). Nous estimons qu'on ne peut point trop facilement considérer comme des voleurs ceux qui suc­.combent à une tentation provoquée dans un but de lucre peu digne d'encouragements. Tant pis pour les tentateurs, si, après avoir semé le vent, ils récoltent quelqqefois la tempête.

c) Choses mobilières.

2751. - Le vol ne peut avoir pour objet qu'une chose mobilière, · c'est-à-dire des corps qui peuvent être transportés d'un lieu dans un autre. ·

Mais des choses qui sont des immeubles par destination. au sens du droit civil, sont mobilières au regard du droit pénal. · Même des choses immobilières par leur nature, telles les récoltes

·pendantes, les arbres, le sable d'une carrière, deviennent des meu­·bles a.u regard du droit pénal à raison de ce que le voleur les détache -OU fonds. ----.. NYPELS-SERVAIS, art. 461, n°s 10 et 11.

2752. - Le mot « chose » a un sens des plus large. L'eau, le gaz, l'électricité débités par des services de distribution font l'objet d'un vol lorsque quelqu'un se les approprie frauduleusement, par exemple en faisant des embranchements sur les canalisations avant les comp­teurs. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 461, n°8 13 et 14; cass. fr., 15 avril 1921, Pas. belge,. 1923, Il; 75.

La prévention de vol d'électricité est établie lorsqu'il est démontré' que le prévenu avait installé un dispositif permettant d'empêcher le compteur d'enregistrer la consommation et; d'autre part, qu'il a prélevé une quantité de courant beaucoup plus grande que celle mentionnée au disque enregistreur de la consommation. Si le dom­mage causé par cette infraction a été évalué contractuellement par une clause pénale, la partie civile peut demander devant la juri­diction répressive l'allocation du dommage ainsi estimé. -Bruxelles, 81 janvier 1931, Pas., 1933, II, 87.

En ce qui concerne le branchement d'une canalisatio,n clandestine sur une condùite d'amenée du gaz, cf., trib. Bruxelles, 27 février 1931, Pand. pér., 1931, n° 863; adde : infra, n° 2867.

d) Choses appartenant à autrui.

2753. - Il ne peut y avoir' vol dans l'appréhension d'une chose qui n'appartient à personne. La détel'IllÎll.atipn des biens sans maître appartient au droit civil.

La condition requise pour l'existence du vol, que la chose n'appar­tienne pas à celui qui l'a soustraite, est légalement tenue pour · con­stante lorsqu'il est constaté 1 ° qu'un tiers possédait cette chose a,vec toutes les conditions requises par l'article 2279 du Code civil,

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·244 :A.R'I'ICLES-461 ET 462

pour permettre l'application de l'adage«En fait de meubles, possession vaut titre», et 2°; qu'il n'est pas allégué que la chose volée serait entrée en la possession de ce tiers à la suite d'une perte oti d'un vol. - Cass., 30 septembre 1935, Pas., 1935, I, 346.

2754. - Il résulte de la définition contenue dans l'article 461 du Code pénal que la · loi ne considère que la mauyaise foi de celui qui s'approprie une chose qu'il sait ne pas lui appartenir. Dans une con­damnation pour vol, il n'est pas nécessaire de désigner la personne au préjudice de laquelle le vol a été commis ; H suffit qu'il soit constaté que la chose n'appartenait pas au prévenu et qu'elle n'était pas une chose sans maître. ~ Cass., 29 mars 1915, Pas., 1915-1916, I, 230.

Quant aux copropriétaires, voir supa, n° 2733. Pour qu'il y ait lieu à l'application de l'article 4:61 du Code pénal,

il n'est pas requis que la victime du vol soit connue et désignée, Il suffit qu'il soit constaté que le vol a eu lieu au préjudice d'autrui. - Cass.; 8 juin 1936, Pand. pér., 1936, 170; cass., 29 mai 1943, Pas., 1943, I, 218. . .

2755. - Dès que la vente est parfaite, il y a translation de propriété et_ l'acheteur qui prend possession de la marèhandise sans avoir payé le prix ne saurait commettre un vol. La question de savoir si la vente était parfaite, si, par exemple, elle n'était point subordonnée à une condition suspensive, doit être examinée d'après les particularités de chaque espèce particulière. ·

L'accord sur la chose et sur le prix ne rend toutefois la vente par­faite que lorsqu'il existe une volonté commune des parties d'acheter et de vendre. La convention peut notamment différer le transfert de propriété. Il n'existe, en ce cas; qu'une promesse unilatérale de vente. Pareille promesse de vente ne vaut vente que lorsqu'il y a accord réciproque pour vendre et pour acheter. - Cass., 7 octobre 1935, Pas., 1935; I, 355.

III. - Excuse péremptoire de l'article 462 du Code pénal.

2756. - Aux termes de l'article 462 du Code pénal, ne donneront lieu qu'à des réparations civiles, les vols commis :

a) Par des époux au préjudice de leurs conjoints; b) Par un veuf ou une veuve quant aux choses qui avaient appar-

tenu à l'époux décédé; c) Par des descendants au préjudice de leurs ascendants ; d) Par des ascendants au préjudice de leurs descendants ; e) Ou par des alliés aux mêmes degrés.

2757. - La parenté naturelle reconnue et la parenté adoptive sont assimilées à la parenté légitime pour l'application de l'article 462 du

ARTICLES 461 ET 4:62 245

Code pénal. Mais cette parenté n'existe qu'au premier degré. Notre article ne serait donc pas applicable, par exemple dans le cas d'un vol commis par un enfant naturel reconnu au préjudice de l'ascen­d&nt de ses parents naturels. -NYPELS-8:ERVAIS, art. 462, n°8 18 et 19.

Si l'adoption légale fait bénéficier !'adopté de l'excuse prévue par l'article 462 du Code pénal, il n'en est pas de même de l'adoption de fait, laquelle n'établit aucun des rapports de paternité èt de filia­tion qui résultent de l'adoption légale. - Cass., 30 septembre 1942, Pas., 1942, I, 207.

2758. - L'alliance au même degré comprend les beaux-parents, et les gendres et les brus.

Elle s'étend aux rapports entre une personne et les enfants que son conjoint a tenus d'un précédent mariage, même quand l'alliance a cessé par le décès du conjoint qui la produisait. - NYPELS-8:ERVAIS, art. 462, n° 20.

2759. - L'article 462 du Code pénal ne s'applique pas au délin­quant coupable d'un vol au préjudice d'un collatéral. C'est en vain qu'on prétendrait, en matière de successions, que pareil fait est déjà sanctionné par l'article 792 du Code civil. Cette dernière disposition règle les suites civiles du recel suc(lessoral sans exclure la sanction pénale. - Cass., 4 janvier 1909, Pand. pér., 1909, n° 128.

2760. - L'immunité pénale édictée par l'article 462 du Code com­prend les vols, donc tous les vols, même ceux qui sont commis avec des circonstances aggravantes telles l'escalade, l'effraction. -NYPELB-S:ERVAIS, art. 462, n° 5.

2761. - Mais c'est le vol, l'atteinte au droit de propriété, qui jouit seul de l'impunité. Si un des moyens employés pour accomplir . le vol, tel un faux, constitue par lui-même une infraction, celle-ci reste soumise à l'application du droit commun. Il en est de même des autres infractions qui ont accompagné le vol : violences envers les personnes, menaces, violation de domicile, etc. - Exposé des m,otifs, II, n° 4; Liège, 15 octobre 1936; Pas., 1937, II, 83.

Ces faits, qui constituent des délits distincts, doivent être punis, le cas échéant, suivant la peine qui leur est propre, abstraction faite du vol immunisé qu'ils ont accompagné. Ainsi le meurtre est pas­sible des trava.ux forcés à perpétuité en vertu de l'article 393 du Code. Au contraire, le meurtre commis pour faciliter- le vol ou l'extorsion, soit pour en assurer l'impunité, est puni de mort suivant la dispo­sition de l'article 475 du Code pénal. Si une personne a commis un meurtre pour faciliter un vol ou une extorsion, et que cette personne peut invoquer l'article 462 du Code en ce qui concerne le vol, c'est l'article 393 qui régira ce meurtre. Le vol immunisé par la loi pénale ne peut ni entraîner une condamnation, ni constituer une circonstance

" , ;

24:6 .ARTICLES 461 :B'1' 462

aggravante pour un autre crime ou un autre délit - NYPELS-SERVAIS, art. 462, nos 7 et 8.

2762. - Pour que les vols soient immunisés au point de vue de la loi pénale, il faut qu'ils aient été com.µùs par des personnes indi­quées à l'article 462 au péjudice des parents ou alliés indiqués dans Ja même disposition. · . Sur quels biens doit avoir été opérée la soustraction frauduleuse 1 Le texte de la loi résout explicitement la question. quand il s'agit d'un vol commis par un veuf ou par une veuve. Il faut que le voleur ait pris des choses qui avaient appartenu à l'époux défunt.

Une controverse a été soulevée dans d'autres cas. Un fils prend des deniers sè trouvant dans une caisse que son père tient comme comptable d'un tiers quelconque. Ici encore le text.e contient eri prin­cipe la solution. Le vol a été commis au préjudice non pas du père, mais bien de ce tiers. Peu importe qu'indirectement le père doive supporter la perte résultant de ce vol parce qu'il est. civilement res­ponsable envers son commettant des deniers qui lui ont été confiés.

Le cas serait différent si le père, dépositaire des deniers, avait con­fondu ~ux-ci avec ses deniers personnels, sauf à re&ter simplement débiteur de ces deniers envers son créancier; Mais alors nous retom­bons dans l'application littérale de l'article 462 du Code pénal, car c'est au préjudice du père que le vol a été commis.

Ces principes sont ceux qu'a admis notre cour de cassation : l'im­munité accordée par l'article 462 du Code pénal ne peut être invoquée que si le vol a été commis par l'un des époux directement au pré­judice de l'autre, c'est-à-dire si l'objet volé appartient au conjoint ; il ne suffit pas que ce dernier -éprouve un préjudice indirect à raison de la responsabilité qu'il peut encourir vis-à-vis du propriétaire de la chose volée. ·II était constaté qu'une somme de 10.000 francs,· volée par une femme, n'appartenait pas au mari de celle-ci mais avait été touchée par ce dernier pour compte de la partie civile avec obligation d'en faire un emploi déterminé. Le mari n'en avait gardé la détention dans son domicile qu'à raison d'une circonstance for­tuite, à savoir sa rentrée tardive chez lui. Aucune confusion ne s'était produite; la somme litigieuse avait été laissée dans le pli où elle était placée. La prévenue en connaissait la provenance et la destination. Dans ces conditions, c'est avec raison que le juge du fond a décidé que l'article 462 du Code pénal n'était pas applicable. Il n'y avait pas lieu de rechercher si le mari de la prévenue était l'employé, le mandataire ou le porteur de procuration de la partie civile. Les arti­cles 1993 et suivants du Code civil ne régissent que les obligations ordinaires du mandataire vis-à-vis du mandant ; ils ne font nulle­ment. obstacle à la responsabilité pénale du conjoint, qui, dans les conditions spéciales révélées par le juge du fond, s'approprie fraudu-

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ARTIOLES 461 :ET 462. - ARTICLES 463 A 467 247

leusement et in specie les sommes appartenant à autrui, détenues pro­visoirement par son mari et sur lesquelles celui-ci n'avait aucun droit. - Cass., 21 juin 1915, Pas., 1915-1916, I, 352; sic cass., 17 juillet 1916, Pas., 1917, I, 199.

2763 . ....:_ Les articles 492 et 504 du Code pénal ont rendu l'article -462 applicable aux abus de confiance, à l'escroquerie et à la trom­perie. Faut-il en conclure que l'article 462 n'est pas applicable à d'au­tres infractions 1 A première vue, la réponse affirmative s'imposerait.

'Cependant on admet que l'article 462 s'applique également : 1 ° Aux extorsions, que l'article 4 70 assimile d'ailleurs au vol avec

violences. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 462, n° 10; 20 Au recel, dans les cas où l'auteur de l'infraction eût bénéficié

de l'excuse légale s'il avait lui-même commis l'infraction par laquelle la personne préjudiciée a été dépouillée des choses recélées. - NYPELS­SERVAIS, art. 462, n° 11; cass., 23 février 1903, Pand. pér., 1903, n°587.

2764. - Nonobstant l'immunité qui les couvre au point de vue pénal, les vols prévus par l'article 462 restent des délits. Il en résulte que l'action civile intentée à raison d'un de ces vols est soumise aux règles de la prescription de l'action pénale. - Cass., 15 janvier 1885, Pas., 1885, I, 37.

2765. - D'ailleurs. l'immunité dont il s'agit est purement· person­nelle. Tous ceux qui ont participé à ces vols ou qui auront recélé tout ou en partie des objets volés seront punis comme si l'article 462, alinéa 1er, n'existait pas (Code pén., art. 462, al. 2). Les coauteurs,

· les complices et les receleurs « doivent subir la même peine·• que si l'auteur du vol était punissable ». - Rapp. Chambre, III, n° 3, in fine.

SECTION PREMIÈRE. - DES VOLS COMMIS SANS VIOLENCES NI MENACES.

ARTICLE 463.

Lu vols. non spécifi,é,& dans le présent chapitre seront punis- d'un emprisonnement d'un mois à cinq_ ans et d'une amende de 26 francs à 500 francs.

ARTICLE 464.

L'emprisonnement sera de trois mois au moins, si le voleur est un -domestique ou un homme de service à gq,ges, même lorsqu'il aura com­mis le vol envers des personnes qu'il ne servait pas, mais qui se trou­vaient soit dans ùi, maison du maître, soit dam celle où il l'accompa­gnait, ou si c'est un ouvrier, compagnon ou apprenti, dans la maison,

248 ARTICLES 463 A 467

l'atelier ou le magasin de son maUre, _ou un individu travaillant habi• tuellement dans l'habitation où il aura volé.

ARTICLE 465 (1).

Dans les cas des articles précédents, les coupables pourront, de plus, être condamnés à l'interdiction, -conformément à l'article 33.

ARTICLE 466.

Les tentatives des vols mentionnés aux articles précédents seront punies d'un emprisonnement de huit jours à trois ans et d'une amende de 26 francs à 300 francs.

ARTICLE. 467.

Le vol sera puni de la réclusion : S'il a été commis à l'aide d'effraction, d'escalade ou de fausses clefs; S'il a été commis par un fonctionnaire public·à l'aide de ses fonctions; Si les coupables ou l'un d'eux ont pris le titre ou les insignes d'un

fonctionnaire public, ou ont allégué un faux ordre de l'autorité publique.

1'u vol simple. 2766. - Code pénal, articles 463 et 465. -Pénalités. - Concours d'infractions.

-2767. - Code pénal, articles 557, 6°, et 463. - Récoltes. 2768. - Arbres coupés et enlevés. 2760; - Tentative.

Du vol domeatique. 2770. - Définition légale. 2771. :__ Maraudage qualifié. 2772. - Tentative. - Pénalités. 2773. - Circonstances atténuantes. 2774. - Domestiques. - Hommes de service à gages. 2775. - Encaisseur de banque. 2776. - Vol domestique en dehors de la maison. 2777. - Fonds confiés à un domestique. 2778. - Individu travaillant habituellement.

Des vols qualifiés commis sans violences ni menaces. 2779. - Code pénal, article 467. 2780. - Effraction, escalade, fausses clefs. 2781. - Maraudage avec escalade. 2782. - Fonctionnaires. 2783. - Faux titres, taux insignes. 2784. - Tentative. - Quand l'exécution est-elle commencée? 2785. - Peine légale de la tentative des vols prévus à l'article 467.

Du vol simple.

2766. - Nous avons indiqué ci-dessus, n°8 2723 et suivants, la définition légale du vol.

(1) Sont abrogées les dispositions du Code pénal concernant la mise sous la surveil• lance spéciale de la police. - Loi de défense sociale du _9 avril 1930, art. 31.

ARTICLES 463 A 467 ·249

L'article 463 du Code pénal, à combiner avec l'article 465 du même Code, détermine la peine de base du vol; c'est-à-dire la peine appli­cable à tous les vols pour lesquels il n'est stipulé aucune peine spé­ciale dans l'une ou l'autre des dispositions particulières du chapitre premier du titre IX. ·

Quand un prévenu est condamné à raison de diverses infractions qui constituent un même fait et que, par application de l'article 65 du Code pénal, le juge inflige à ce prévenu la peine d'emprisonnement prévue par l'article 463 du même Code, il ne peut pas lui appliquer d'autre part une peine accessoire, notamment l'incapacité définitive d'exercer des fonctions publiques, non prévue pour le vol simple. -Cass., 14-juin 1937, Pand. pér., 1937, 217.

2767. - Ceux qui auront dérobé des récoltes ou autres produc~ tions utiles de la terre qui n'étaient pas encore détachées de la terre seront éventuellement poursuivis du chef de la contravention prévue par l'article 557, 6°, du Code pénal.

Ce fait est cependant réprimé par l'article 463 du Code s'il a été commis soit pendant la nuit, soit à l'aide de voitures ou d'animaux de charge, soit par deux ou plusieurs personnes. - Code pén., art. 557 ,. 6°, al. 2.

Quand le maraudage (Code pén., art. 567, 6°) est accompagné de­circonstances aggravantes prévues par la loi, il peut devenir un vol proprement dit et même, le cas échéant, un vol qualifié ou un vol domestique.

Si le maraudage est ainsi transformé en délit, la tentative en devient punissable conformément, soit à l'article 52, soit à l'article 466 du Code pénal. - Liège; 15 mars 1944; Pas., 1944, II, 32.

2768. - Le fait de couper et d'enlever avec intention frauduleuse­des peupliers; en dehors des bois et forêts, dans une propriété rurale, tombe sous l'application de l'article 463 du Code pénal et non sous celle de l'article 90, 10°, du Code rural qui vise uniquement une espèce de maraudage consistant dans l'enlèvement de branchages et d'autres. parties de bois mort ou vif et non le fait, qui revêt une tout autre gravité, de couper et d'enlever des corps d'arbres. - Cass., 19 décem­bre 1927, Pas., 1928, I, 53.

Quant au caractère de choses mobilières d'arbres volés à raison de ce que le voleur les détache du fonds, voy. supra, n° 2751.

2769. ~ La tentative de vol simple est punissable en vertu de l'article 466 du Code pénal.

Nous avons vu ci-dessus, n° 2726, à partir de quel moment le vol est consommé.

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2{i0 ARTICLES 463 A 467

Du vol domestique.

2770. - 11 y a délit de vol domestique : a) Si le voleur est un domestique ou un homme de service à gages,

même lorsqu'il aura commis le vol au préjudice de personnes qu'il ne servait pas, mais qui se trouvaient soit dans la maison du maître, soit dans celle où il accompagnait son maître ;

b) Si le voleur est un ouvrier, compagnon ou apprenti et si le vol a été commis dans l'atelier ou dans le magasin de son maître;

c) Si le voleur est un individu travaillant habituellement dans l'ha-l>itation où il aura volé. - Code pénal, art. 464. ·

Jugé que l'article 464 du Code pénal est applicable à l'appropria­tion frauduleuse, par un homme de service à gages, de choses sous sa garde dont le maître a conservé la possession. - Cass., 18 octo­bre 1943, Pas., 1944, I, 6; sic cass., 28 février 1938; Pas., 1938, I, 72.

Statuant dans un cas analogue,.l'arrêt de la cour de cassation du 4 juillet 1938 (Pas., 1938; I, 251) a décidé que le fait litigieux consti­tuait non pas un abus de confiance, mais un vol qualifié tombant sous l'application de l'article 464 du Code pénal.

A.dde : BUpra, n° 2736. Le fait que le voleur se trouve dans la maison en qualité de maître

et copropriétaire associé, exclut l'application de la circonstance aggra­vante prévue à l'article 464 du Code pénal. - Cass., 11 avril 1938, Pas., 1938, I; 142.

2771. - Quand le maraudage est accompli dans des conditions qui le transforment en délit, il peut notamment devenir un vol domes­tique lorsqu'il a pour auteur un serviteur à gages du propriétaire. - Code pénal; art. 464.

La tentative d'un tel maraudage qualifié est éventuellement punis­sable suivant l'article 466 du Code pénal. - Liège, 15 mars 1944,

. Pas., 1944, II, 32. · ,

2772. - Les peines du vol domestique ou de la tentative de ce ·vol sont les mêmes que celles du vol simple, sauf que la peine de l'empri­sonnement du vol domestique sera de trois mois au moins. - Code pénal, art. 464 et 466.

La décision qui condamne pour vol domestique, en visant l'arti­cle 464 du Code pénal, vise à la fois le texte qui érige le fait en infrac­tion et celui qui com.mine la peine. - Cass., 11 octobre 1937, Pand. pér., 1937, 270; sic arg. · cass., 27 janvier 1930, Pas., 1930, I, 75 et note P. L.

2773. - La distinction entre le vol domestique et le vol simple n'a pas grande importance pratique sans le système du droit pénal belge puisque le maximum des peines est le même. Quant au mini-

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ARTICLES 463 A 467 251.

mum, il peut toujours être abaissé par l'effet des circonstances atté­nuantes. - NYPELS-SERVAIS, art. 464, n° 5.

2774. - Les domestiques sont les valets, les laquais, les servantes et; en général, les personnes qui sont attachées au service d'une mai­son d'une manière permanente.

L'homme de service à gages est celui qui travaille dans la maison sans en faire partie comme le domestique. - B:ELTJENS, art. 464, n° 2.

L'article 464 du Code pénal vise les vols de domestiques ou hommes. de service à gages. Cette disposition a donc été appliquée à un :mili­taire qui" a soustrait frauduleusement une machine à calculer apparte­nant au Ministère de la défense nationale. Le prévenu n'a eu ni la possession, ni la détention des objets mobiliers mis à sa disposition par .Je dit département ministériel. Le coupable, en s'appropriant la machine à c~lculer, l'a soustraite au maître qui en avait conservé la possession et la garde. - Cass., 28 février 1938, Pas., 1938, I, 72.

2775. - L'article 464 du Code pénal a aussi été appliqué dans le cas. d'un encaisseur auxiliaire d'une banque chargé de recevoir et de remettre pour elle des sommes d'argent ou autres valeurs et docu­ments. Le coupable, payé à l'heure, avait un salaire de 400 à 500 francs. pa:r; mois. Le caissier de l'agence lui avait confié une enveloppe con­tenant 125.000 francs en billets qu'il devait remettre au siège d'une société industrielle, et il s'était approprié ce pli. L'article 464 du Code pénal, porte l'arrêt de la cour de cassation, vise une appropriation illicite d'objets mis sous la garde d'un homme de service. - Cass., 4 juillet 1938, Pas., 1938, I, 251.

2776. - Quand le vol est commis au préjudice du maiître par le domestique de celui-ci, l'article 464 du Code est applicable même si la soustraction frauduleuse a.eu lieu en dehors de la maison du maître .. - NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 464, n° 11.

2777. - Quel est le caractè~ pénal de l'appropriation par un domestique de fonds qui lui ont été remis pour les besoins du ménage 1-- Supa, n° 2736.

2778. - Le: vol que commet un individu travaillant habituellement dans l'habitation où il a volé est un vol domestique encore que ce travail ne soit pas ininterrompu. La loi n'exige pas non plus que le vol ait lieu le jour même où l'individu a travaillé.

Des vols qualifiés commis sans violences ni menaces.

2779. - Le vol sera puni de la réclusion : S'il a été commis à l'aide d'effraction, d'escalade ou de fausses.

clefs.

252 ARTICLll:S 463 .A 467

S'il a été commis par un fonctionnaire public à l'aide de ses fonc­tions.

Si les coupables ou l'un d'eux ont pris le titre ou les insignes d'un fonctionnaire public ou ont allégué un faux ordre de l'autorité publi­que. - Code pénal, art. 467.

Sont assimilés au vol avec effraction, en vertu de l'article 485 du Code pénal ':

l O L'enlè-vement des meubles fermés, destinés à rester en place et à protéger les effets qu'ils renferment ;

2° Les vols commis à l'aide d'un bris de scellés.

2780. - L'effraction, l'escalade et les fausses clefs sont définies aux articles 484 à 487 du 'Code pénal, dont le commentaire sere. donné ci-après, section III du présent chapitre. - Infra; n08 2830 et suivants.

2781. - Celui qui, sans autre circonstance prévue par les wis, cueille ou mange sur le lieu même des fruits appartenant à autrui, se rend couvable de la corttravention actuellement prévue par l'article 87; 2°, du Code rural et auparavant par l'article 552, 4°, du Code pénal.

Si le prévenu s'est introduit dans le verger au moyen d'escalade, cette contravention devient le crime prévu par l'article 467 du Code! Telle est la loi (NYPELS-SERY.AIS; art. 467; n° 7). Cette sévérité extra­ordinaire du texte est act11ellement corrigée par la latitude que !Ionne au juge des enfants la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'en­fance, si les délinquants sont âgés de moins de seize ans. Au cas où les prévenus seraient d'un âge plus avancé; il y aurait encore à exa­miner, en fait, s'il y a eu vraiment une intention frauduleuse. Sum­mum jus, summa injuria.

2782. - La définition du vol commis par un fonctionnaire public à l'aide de ses fonctions a été rédigée en termes clairs et précis pour mettre fin à une controverse qu'avait suscitée un texte du Code de 1810. -- Rapp. Chambre, III, n° 7; Rapp. Sénat, VI, n° 7.

2783. - Le dernier alinéa de l'article 467 est une application de la théorie suivant laquelle les circonstances aggravantes inhérentes au fait lui-même s'appliquent à tous les participants ; même si un seul des coupables a pris le titre ou les insignes d'un fonctionnaire public, l'aggravation de peine retombe sur tous ceux qui ont participé au fait (Exposé des motifs, II, n° 7). Cela résulte d'ailleurs, en l'espèce, des termes mêmes de la loi. - Voy. supra, n°8 578 et 579.

2784. - Les vols dont il s'agit à l'article 467 étant frappés d'une peine criminelle, la tentative est toujours punissable sous les condi­tions prévues à l'article 51. On s'est demandé si l'effraction et l'esca­lade étaient des actes formant commencement d'exécution du vol qualifié ou si ce n'étaient que des actes préparatoires.

ARTICLES 463 A 467. - .ARTIOLES 468 A 476 253

Sans doute, le fait de s'introduire dâns une maison à .l'aide d'ef­fraction, d'escalade ou de fausses clefs ne prouve point par lui-même que l'intention de l'agent était de commettre un vol. L'existence de cette intention doit donc être démontrée en fait. Cela résultera sou­vent des circonstances mêmes de la cause. , Dès que cette preuve est rapportée; on admet que l'introduction dans la maison au moyen d'effraction; d'escalade ou de fausses clefs constitue un commencement d'exécution du crime de vol avec effrac­tion, escalade ou fausses clefs parce que l'un des éléments de ce crime est ainsi réalisé.

Au contraire; suivant d'aucuns, si l'entrée dans la maison n'est pas encore consommée, on en serait encore à la période des actes ·purement préparatoires (voir l'exposé des opinions en ce sens: NYPELS-SERVAIS, art. 467; n°8 8 à 12). Nous ne partageons pas ces hésitations, trop théoriques selon nous. Sans doute, on ne saurait être trop sévère quant à la nécessité de prouver la culpabilité des inculpés. Mais sup­posons qu'il soit dûment établi qu'un individu a voulu commettre, par exemple, un vol avec effraction. On le surprend au moment où il est occupé à limer un des barreaux d'une fenêtre, par où il a décidé de pénétrer dans la maison. Nous estimons que le vol avec effraction est commencé, parce qu'un premier acte de sa réalisation est posé. Prenons ici une comparaison avec un acte de la vie ordinaire. Quel­qu'un veut écrire une phrase. L'exécution de cette résoh~tion est commencée dès que cette personne a entamé le tracé de la première lettre du premier mot de la phrase qu'elle veut écrire. Il n'est pas nécessaire qu'un membre de phrase complet soit écrit.

2785. - La tentative de vol à l'aide d'effraction, d'escalade ou de fausses clefs n'est punissable que d'une peine d'emprisonnement. ' Doit être cassée; la décision qui prononce en outre, de ce chef, une peine d'amende. - Cass., 16 novembre 1920; Pas., 1921, I, 129.

SECTION II. ~ DES VOLS COMMIS A L'AIDE DE VIOLENCES OU MENACES ET DES EXTORSIONS.

ARTICLE 468.

Quiconque aura commis un vol à l'aide de violences ou de menaces sera puni de la réclusion.

ARTICLE 469.

Est assimilé au vol commis à l'aide de violences ou de menaces le cas où le voleur, surpris en fiagrant délit, a exercé des violences ou fait des menaces, soit 'J)OUr se maintenir en possession des objets soustraits, soit pour assurer sa fuite. ·

ARTICLES 468 A 476

ARTICLE 470.

Sera '[YUni des peines portées à l'artick 468, comme B'il avait commis un vol avec violences ou menaces, celui qui aura extorqué, à l'aide de vioknces ou de menaces, Boit des fond8, valeurB; objetB mobilierB, obli­gationB; bilkt8, promesBes; quittances, soit la Bignature ou la remiBe d'un document quelconque contenant ou opérant obligation, diBpoBition ou décharge.

ARTICLE 471.

Le vol commiB à l'aide de viokncM ou de menaces danB une maison habitée ou Bes dépendances, Bera 'f)'Uni des travaux forcés de dix ans à quinze ans:

S'il a été commis avec effraction, escalade ou fausBes ckfB; S'il a été commiB par un fonctionnaire public à l'aide de ses fonctions; Si les coupabks., ou l'un d'e~, ont priB 'le titre ou les inBignes d'un

fomtionnaire public ou ont allégué un faux ordre de l'autorité '[YUbliq_ue; S'il a été commiB la nuit par deux ou plusieurs perBonnes; Si des armes ont été employées ou montrées. Il sera '[YUni des travaux forcés de quinze ans à vingt anB, s'il a été

commiB avec deux des circonstances prémentionnées.

ARTICLE 472.

Le vol commiB à l'aide de violences ou de menaces dans les chemins '[YUblics emportera la peine des travaux forcés de dix ans à quinze am.

Il Bera puni deB travaux forcés de quinze ans à vingt ans, B'il a été commiB avec une des circonstances de l'article précl,dent.

ARTICLE 473.

Dans les caB prévus aux articles 468, 469, 470, 471 et 472, la peine Bera celle des travaux forcés de quinze ans à vingt ans, si les vioknces ou les menaces ont causé, Boit une maladie paraiBsant incurable, Boit une incapacité permanente de travail personnel, soit le perte de l'usage abBolu d'un organe, Boit une mutilation grave.

La même peine Bera appUquée si les malfaiteurs ont BoumiB les per­Bonne.s à des tortures corporelles.

ARTICLE 474.

Si les violences ou les menaces exercées sanB intention de donner la mort .l'ont pourtant causée, les coupables seront condamnés aux travaux forcés à perpétuité.

La même peine Bera appliquée si ceB vioknces ou ces menaces ont été commiBes la nf!,it par plusieurs individus dans une maison habitée ou Bur un chemin public.

255

ARTICLE 475.

Le meurtre commis pour faciliter le vol ou l'extorsion, soit pour ~n assurer l'impunité, sera puni de mort.

ARTICLE 476.

Les peines portées par les articles 473 et 474 seront appliquées, lms même .que la consommation du vol ou de l'extorsion aura été empêchée par des circonsw.nces indéper,,dantes de la volontl des coupables.

2786. - Remarque.

§ 1er. Des vols commis à l'aide de violences ou de menaces. 2787. - Notion 2'788. - Violences ou menaces. 2789. - Coauteurs et complices. 2790. - Code pénal, article 468. 2791. - Violences commises après le vol. - Code pénal, article 469.

M aÎBOfl, habitée. 2792. - Code pénal, article 471. 2793. - Dans la maison ou ses dépendances. 2794. - Maison habitée, dépendances, etc. ,2195. - a) Effraction, escalade, fausses clefs.

1 o Effraction. 2796. - 2° Escalade. 2797. - 30 Fausses· clefs. 2798, - b) Fonctionnaire public à l'aide de ses fonctions. 2799. - c) Usurpation de titre, d'insignes. - Faux ordre de l'autorité publique. 2800. - d) La nuit. - Plusieurs personnes. 2801. - e) Armes employées ou montrées.

Chemins publics. 2802. - Définition. - Pénalités.

M aiBon habitée ou chemin public, 2803. - Code pénal, article 474, alinéa 2.

Conséquences des violences et des menaces. 2804. - Code pénal, articles 473 à 476. 2805. - a) 1 ° Maladie paraissant incurable, incapacité permanente de travail. 2806. - 2° Tortures corporelles. 2807. - Vol non consommé. - Code pénal, article 476. 2808. - b) Mort causée non intentionnellement. 2809. - Vol non consommé. _:_ Code pénal, article 476. 2810. - c) Meurtre. 2811. - Coauteurs-complicè.S. Fait principal et fait accessoire. 2812. - Meurtre et tentative de vol.

§ 2. De l'e:i:torinon. 2813. - Code péna~, article 470. 2814. - Extorsion et escroquerie. 2815. - Menaces ou violences. 2816. -· Menaces. 2817 • ...:c. Mal imminent. 2818. - Chantage. 2819. - Divu]gation de faits. faux. 2820, - Intention frauduleuse. 2821. - Personnes morales. • 2822. - •Chose• formant l'objet de l'extorsion. 2823. - Immeubles. 2824. - Signature.

256 ARTICLES 468 A 476

2825. - Blanc-seing; actes nuls, annulables. 2826. - Tentative d'extorsion. - Pénalités. 2827. - Articles 471 et 472 non applicables à, l'extorsion. 2828. - Application des articles 473, 474, 475 et 476. 2829. - Application de l'article 462.

Remarque.

2786. - Dans les articles 468 à 476, le Code pénal s'occupe de deux catégories de faits que nous séparerons au point de vue de notre exposé :

a) Les vols commis à l'aide de violences ou de menaces; b) Les extorsions.

§ 1er.·- Des vols' commis à l'aide de violences ou de menaces.

2787. - Le vol commis à l'aide de violences ou de menaces con­siste en un vol ordinaire aggravé par la circonstance qu'il a été com­mis à l'aide de violences ou de menaces dans une maison habitée ou ses dépendances.

Sur la notion du vol, en général, voy. supra, n°s 2723 et suivants.

2788. - Les violences et les menaces sont définies par le Code pénal lui-même en son article_ 483, placé à la section III_ du présent chapitre : par violences, la· loi entend les actes de contrainte phy­sique, exercées sur les personnes.

Les menaces sont tous les moyens de contrainte morale par la crainte d'un mal imminent. - Code pénal, art. 483.

Que faut-il entendre par un mal imminent? - Voy. infra, n° 2817; adde : infra, n° 2835.

Si le vol était accompagné d'une des menaces érigées en délits par les articles 327 et suivants du Code pénal, sans qu'elle constitue la contrainte morale envisagée par l'article 483, il y aurait non pas un vol avec menaces, mais bien concours de deux infractions, vol simple et délit de menaces. - Rapp. Chambre, III, n° 22, in fine.

- 2789. - Rappelons que toutes les circonstances aggravantes inhé­rentes au fait lui-même étendent leurs effets à tous les coauteurs et complices même s'ils n'avaient point personnellement participé à cha­cune de ces circonstances ; il suffit que les coïnculpés aient connu la nature et le but de l'infraction, c'est-à-dire du vol, en vue duquel ils se sont unis. Il ne faut pas qu'ils aient pris part à tous les_ faits accessoires du crime; ni même qu'ils aient été informés de ces faits, pour en être pénalement responsables. - Supra, n° 579 ; sic ca.ss., 14 juillet 1924, Pas., 1924, I, 481.

Â'.RTIOL:ÊS 468 A 476 257

2790. - L'interprétation des articles 468 et suivants du Code pénal soulève peu de difficultés de principe. ·

L'article 468 du Code pénal commine la peine de la réclusion contre quiconque aura commis un vol à l'aide de violences ou de menaces;

2791. - En principe, les violences commises après la consommation du vol (supra, n° 2726) ne seraient plus pÙnissables que comme infrac~ tions distinctes-. Mais nous avons vu qu'en matière ~ vol, le lêgisla!­teur avait, à certains égards, admis une conception spéciale de la consommation de l'infraction (supra, n° 647) lorsqu'il s'agissait de la répression de la complicité. ·

C'est dans la même conception que l'article 469 dispose: Est assi• milé au vol commis à l'aide de violences ou de menaces, le cas ob le voleur, surpris en flagrant délit, a exercé des violences ou fait des menaces, soit pour se maintenir en possession des objets soustrait~, soit pour assurer sa fuite. · ·· ·

MAISON HABITÉ:E.

2792. - Le vol commis à l'aide de violences ou de menaces est, comme tel, un vol qùalifié: Des circonstances particulières peuvent encore augmenter la gravité de l'infraction.

En vertu de l'article 471 du Code, le vol à l'aide de violences ou de menaces sera puni des travaux forcés de dix à quinze ans, s'il a été commis dans une maison habitée ou ses dépendances et si, de plus; le coupable a perpétré le fait avec l'une des circonstances aggra­vantes prévues au dit article 471.

Si le vol a été commis avec deux ou plusieurs de ces circonstances mentionnées à l'article 471; la peine devient celle des travaux forcés de quinze à vingt ans. - Code pénal, art. 471, in fine; NYPELS­SERVAIS, art. 471, n° 2.

2793. - L'application de l'article 471 du Code pénal suppose tout d'abord que les violences ou les menaces se soient produites dans· la maison habitée ou ses dépendances. Tel ne -serait point le cas si un vol commis dans une maison habitée ou ses dépendances, était suivi de violences exercées ou de menaces faites en dehors de ces lieux par l'auteur de la soustraction frauduleuse. Pareille interprétation mécon~ naîtrait à la fois la lettre du texte légal et son esprit, à savoir la pro­tection spéciale à accorder aux personnes en leur domicile. - Cass., 30 novembre 1914, Pas.; 1915-1916, I; 143; cass., 8 août 1922, Pas., 1922, I, 420.

2794. - Les termes « majson habitée ou ses dépendances» sont définis par les articles 479 à 481 d~ Code pénal, placés dans la sec­tion III du présent chapitre. Ces articles sont conçus comme suit :

Art. 479., - Est réputé maison habitée, tout bâtiment, tout appar-9-II

ARTICLES 468 A 4 76

tement, tout logement, toute loge, toute cabane, même mobile, ou autre lieu servant à l'habitation.

Art. 480. - Sont réputés dépendances d'une maison habitée, les cours, basses-cours, jardins· et tous autres terrains clos, ainsi que les granges, écuries et tous autres édifices qui y sont enfermés; quel qu'en soit l'usage, quand même ils formeraient un enclos particulier dans l'enclos général. , . · Art. 481. - Les paros mobiles de.stinés à contenir du bétail dans la campagne, de quelque manière qu'ils soient faits, sont réputés dépendances de maison habitée lorsqu'ils sont établis sur une même pièce de terre, avec les cabanes ou autres abris destinés aux gar­diens. - Adde : infra, n°8 2833 et 2834.

2795. - L'article 471 mentionne d'abord parmi les circonstances aggravantes des vols commis avec violences ou menaces dans une · maison habitée :

a) Le fait que le vol aurait; en outre, été commis avec effraction, escal,o,de ou fausses clefs;

1° L'effraction consiste à forcer; rompre, dégrader, démolir ou enle­ver toute espèce de clôture extérieure ou intérieure, d'une maison, édifice; construction quelconque ou de ses dépendances; d'un bateau, d'un wagon, d'une voiture ; à forcer des armoires ou des meubles fermés, destinés à rester en place et à protéger les effets qu'ils renfer­ment. - Code pénal, art. 484.

Sont assimilés au v:ol avec effraction (Code pén., art. 485) : L'enlèvement des meubles dont il s'agit à l'article 484; Le vol commis à l'aide d'un bris de scellés. Il s'agit ici des bris

de scellés dont il est traité aux articles 283 et suivants du Code. -NYPELS-SERVAIS; art. 485, n° 15.

2796. - 20 Est qualifiée escalade, toute entrée dans les maisons, bâ.timents; cours, basses-cours, édifices qu,eloonques; jardins; paros, .enclos, exécutée par-dessus les murs, portes, toitures ou toute autre espèce de clôture ; l'entrée par une ouverture souterraine autre que celle qui a été établie pour servir d'entrée. - Code pénal, art. 486; adde : infra, n° 2838.

2797. - 3° Sont qualifiés fausses clefs (Codé pén., art. 487) : Tous crochets, rossignols, passe-partout, clefs imitées, contrefaites

ou altérées ; Les clefs qui n'ont pas été destinées par le propriétaire, locataire,

aubergiste ou logeur, aux serrures, cadenas ou aux fermetures quel­conques auxquelles le coupable les aura employées ;

Les clefs perdues, égarées ou soustraites qui auront servi à com­mettre le vol.

Toutefois l'emploi de· fausses clefs ne constituera une circonstance

ARTIOLl!lS 468 A 4 76 259

aggravante que s'il a eu lieu pour ouvrir des objets dont l'effraction eût entraîné une aggravation de peine.

2798. - b) S'il a été commis par un fonctionnaire public, à l'aide de ses fonctions. - Supra, n° 2782.

2799. - c) Si les coupables ou l'un d'eux ont pris le titre ou les insignes d'un fonctionnaire public ou ont allégué un faux ordre de l'autorité publique. - Supra, n° 2783.

2800. - d) S'il a été commis la nuit par deux ou plusieurs per­sonnes.

Le vol commis pendant ]a nuit est celui qui a été commis plus d'une heure avant et plùs d'une heure après le coucher du soleil (Code pén., art. 478). Cette définition ile s'applique à la circonstance aggravante de nuit que dans les cas où elle est relevée par le présent chapitre. - Cass., 9 novembre 1898, Pae., 1899, I, Il.

2801. - e) Si des armes ont été employées ou montrées. Sont compris dans le mot armes; tous les objets désignés à l'arti.:

(lle 135 du Code. - Code pénal, art. 482.

ÜHl!:MINS PUBLICS.

2802. - Les vols commis à l'aide de violences ou de menaces dam, les chemins publics sont passibles des travaux forcés de dix ans à quinze ans ou des travaux forcés de quinze ans à vingt ans, suivant la distinction établie par rarticle 472 du Code. pénal.

Aux termes de l'article 477 de ce même Code; les chemins publics sont ceux dont l'usage est public. Toutefois, au point de vue de l'app!­cation du Code pénal, cette dénomination ne comprend ni l'espace des chemins publics qui est bordé de maisons, ni les chemins de fer. - Code pénal, art. 477, al. 2; adde : infra, n° 2831.

MAISON HABITÉE OU CHEMIN PUBLIO.

2803. - Le vol avec violences ou menaces est passible des tra­vaux forcés à perpétuité, si ces violences ou ces menaces ont été com­mises :

a) La nuit; b) Par plusieurs individus ; c) Dans une maison habitée ou sur un chemin public;

_d) Si ces violences ont causé la mort sans intention de la donner. - Code pénal, art. 474, al. 2.

Cette interprétation de cet alinéa résulte du texte même de la loi ; les mots « ces violences» de l'alinéa ·2 renvoyent évidemment à l'ali­néa précédent. Cette interprétation est de plus ccm:firmée par les tra-

.,

ARTIC~· 46S A 476.

v.a,ux préparatoires du Code. - NYPELS-SERVAIS, art. 474, n° 3 et ,les passages des travaux préparatoires reproduits par cet auteur.

Nous nous bornons à mentionner ceci, car, en vertu de l'alinéa 1er de l'article 474, les violences ou les menaces exercées sans intention ,de donner la mort, mais qui l'ont pourtant causée, suffisent, par elles­mêmes, pour entraîner la peine des travaux forcés à perpétuité. Le .second alinéa n'avait plus de raison d'être, à partir du moment où l'on y substituait la peine des travaux forcés à perpétuité à la peine de mort. - NYPELS-SERVAIS, art. 474, n° 3, in fine.

ÜONSÉQUENCES DES VIOLENCES ET DES MENACES.

2804. - Les circonstances aggravantes du vol avec violences ou menaces qui ont été étudiées jusqu'ici se rapportaient avant tout aux circonstances de temps ou de lieu où le vol a été consommé : lç1, nuit, maison habitée, chemin public.

Il s'agjssait encore d'autres modalités de la soustraction fraudu­leuse. elle-même : effraction, escalade, faux ordre de l'autorité publi­que, etc.

Dans les articles 473 à 476, il s'agit des conséquences que les vio­lences ou les menaces ont eues pour les personnes.

2805. - a) Les vols avec violences ou menaces, les vols assimilés au ·vol avec violences ou menaces (art. 468 et 469); les vols avec vio­lences ou menaces commis dans une maison habitée ou sur un che­min public, dans les cas visés aux articles 471 et 472, toutes ces infrac­tions deviennent indifféremment passibles de la peine des travaux forcés de quinze à vingt ans :

1 1 ° Si les violences ou les menaces ont causé soit une maladie parais­sant incurable, soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte de l'usage absolu d'un organe, soit une mutilation grave. - Code pénal, art. 473; al. 1er.

La portée de ces diverses expressions a été déterminée surrra, n°8 2420 et suivants.

2806. - 2° Si les malfaiteurs ont soumis les personnes à des tor­tures corporelles. - Supra, n° 2580; Code pénal, art. 473, al. 2.

2807. - La peine de l'article 473 est applicable, encore que le vol lui-même n'aurait pu être consommé à raison de circonstances indé­pendantes de la volonté des coupables. -c:- Code pénal, art. 476; adde: infra, n° 2809.

2808. - b) Si les violences ou les menaces exercées sans intention de donner la mort, l'ont pourtant causée, les coupables seront con­damnés aux travaux forcés à perpétuité. - Code pénal, art. 474.

A'RTICLES' 468, A 476 261

•2809.·- Dans ce.cas comme dans celui' de l'article précédent~ la peine prévue par l'article 474 est applicable même si le vol lui-même n'a pas pu être consommé par des circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur (Code pén., art. 476). Sil'agent se désistait volon­tairement de . la tentative de vol, il resterait coupable de coups ét blessures volontaires, ayant entraîné la mort sans intention de la don­ner. - Code pénal, art. 401.

2810. - c) Lê meurtre commis pour faciliter le vol ou pour en assurer l'impunité sera puni de mort. - Code pénal, art. 475.

2811. - Dans le cas de l'article 475 du Code pénal, le vol est le fait principal et le meurtre une circonstance aggravante et intrin­sèque du vol. Cette circonstance aggravante pèse donc sur tous ceux qui ont coopéré au vol. - Cass.,. 14 juillet 1924, Pas., 1924, I, 481; supra, n° 2789. .

Il importe de rémarquer que dans l'espèce jugée par l'arrêt du .li: juil-:­let 1924, la réponse du jury avait été négative sur la participation au meurtre, mais affirmative sur la corrélation entre le vol et le meurtre. Une solution différente a été admise par la cour de cassa­tion, dans un cas où le jury n'avait pas été appelé à se prononcer sur l'existence de cette corrélation. La réponse négative sur la parti­cipation au meurtre et affirmative uniquement sur la question de complicité de vol ne permettait point dès lors l'application de l'arti'­cle 475. - Cass., 25 novembre 1907, Pand. pér., 1908, n° 353.

Sur le libellé des questions à poser au jury, voy. cass., Il mai 1909, Pas., 1909, I; 232.

2812. - Il a été décidé que la peine prévue par l'article 475 du Code pénal s'appliquerait au meurtre commis pour faciliter la tenta­tive de vol ou pour assurer l'impunité de pareille tentative. Ce serait par un simple oubli du législateur que l'article 476 du Code pénal ne mentionnerait point l'article 475. - BELTJENS; art. 475, n° 2.

Si même pareil oubli avait réellement été commis, il n'appartien­drait pas au juge de combler cette lacune évidenté du texte légal. - NYPELS-SERVAIS, art. 475, n° 4.

§ 2. - De l'extorsion.

2813. - Aux termes de l'article 470 du Code pénal, sera puni des peines portées à l'article 468, comme s'il avait commis un vol avec violences ou menaces, celui qui aura extorqué à l'aide de violences ou de menaces; soit des fonds; valeurs, objets mobiliers, obligations, billets, promesses, quittances, soit la signature ou la remise d'un docu­ment quelconque, contenant ou opérant obligation, disposition ou décharge.

1.

262 AR'l'ICL'ES 468 A 476

2814. - L'article 4:70 du Code pénal a reçu sa forme et sa portée définitives à la suite d'un amendement émanant de la Commission du Sénat. Le rapporteur a défini comme suit la notion de l'extorsion : il y a deux manièrea de s'approprier le bien d'autrui. S'en emparer ou se le faire remettre par le possesseur. Cette dernière constitue l'extorsion ou l'escroquerie selon que l'agent emploie i'intimidation ou la fraude. - Rapp. Sénat, VI, n° 13.

2815. - Il y a extorsion lorsqu'une personne est dépouillée de la chose (nous préciserons ultérieurement ce qu'il faut entendre par« la chose», infra, n°8 2822 et suiv.), de sa propre main, sous l'empire d'une crainte sérieuse. - Rapp. Sénat, VI; n° 13.

L'agent doit atteindre ce résultat par l'emploi de violences ou de menaces. Le texte même de l'article 470 prouve qu'il n'est pas néces­saire qu'il y ait. à la fois emploi de violences et de menaces.

Mais s'il n'y a eu ni violences ni menaces, il ne peut y avoir extor­sion (NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 470, n° 4; cass., 29 octqbre 1917, Pas., 1918, I; 121). La remise volontaire d'une chose par-une personne capa­ble de donner un consentement valable, n'est pas même un vol simple. - Su,1pra, n°8 2732 et 2734.

2816. - Il l'!"ntre dans la mission exclusive du juge du fond d'ap­précier la nature et la gravité de la contrainte mors.lé constitutive de l'extorsion par menaces. - Cass., 2 mars 1914, Pas., 1914, I, 129.

La menace; élément constitutif de l'extorsion, doit s'entendre de tout moyen de contrainte morale par la crainte d'un mal imminent ; il y a lieu de considérer comme tel le mal contre lequel, tout au moins dans la pensée de la personne menacée, celle-ci ne peut se pré­munir. - Cass.; 29 octobre 1917, Pas., 1918; I, 121.

2817. - Le texte soumis à la Chambre des représentants définis­sait les menaces « tous moyens de contrainte morale par la crainte d'un mal immé,di,at ». On substitue au mot immédiat le mot imminent, afin de bien marquer qu'on entendait comprendre dans la définition légale toutes menaces qui ont pour effet de placer une personne dans une situation telle que, raisonnablement, humainement parlant, elle perde son libre arbitre, sa liberté d'action, de pensée, et cède à cette domination. - Dise. Chambre, IV; n°8 17; 18d et 63.

Il a été jugé, en conséquence, que les menaces par lettres peuvent éventuellement faire naître la crainte d'un danger imminent au sens légal de ce mot. - Cass., 13 mai 1878, Pas., 1878, I, 342.

Dans cette espèce,' il était constaté en fait qu'un individu avait adressé de Bruxelles, au Ministre des affaires étrangères de Berlin, une lettre qui renfermait la menace non déguisée de répandre dans l'empire allemand des écrits hostiles et dangereux pour ce gouverne­ment, diffamatoires pour !'Empereur et le Ministre des affaires étran-

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ARTICLES 468 A 476 263

gères, si, dans le plus bref délai possible, certaines isommes d'argent et d'autres avantages ne lui étaient pas alloués. - Voir l'arrêt a quo: Bruxelles, 11 mars 1878, Pas., 1878, II, 126.

2818. - Le chantage est un genre d'extorsion qui se pratique par les menaces· de révélations compromettantes ou d'imputations diffa­matoires. Il est passible des peines édictées par l'article 470 du Code pénal. - Pand. belges, v° Ckf:,,ntage, n°s 1 et suivants ; 46 et suivants ; -NYPELS-SERVAIS, art. 470, n° 7; cass., 13 mai 1878, P':"8., 1878, I, 342.

2819. - La menace de divulguer des faits faux peut être consti­tutive du chantage. On abuse ainsi de la faiblesse de personnes timo­réefil qui redoutent la calomnie, surtout lorsque les circonstances don­nent une certaine vraisemblance à ces insinuations mensongères. -Pand. belges, v° Chantage, n° 11.

2820. - Nous avons vu, 8Upra; n° 2814, que l'extorsion est une ma­nière de se faire remettre le bien d'autrui. Il faut donc que l'auteur ait été de mauvaise foi, qu'il ait poursuivi la réalisation d'un but ou d'un gain illégitime. Cet élément de fraude ferait défaut si le prévenu n'avait eu en vue que d'obtenir le payement ou la reconnaissance d'une dette qui lui était due ou qu'il pouvait croire sincèrement lui être due. Même en ce cas, le recours à la menace ou à la violence serait encore un procédé illicite, voire pénalement répréhensible. Mais il n'y aurait plus d'extorsion. - Liège, 22 mai 1909, Pand. 'J)ér., 1909, n° 1030; Pand. belges, Vo Chantage, n°s 116, 130 et 131; v0 Extorsion, n° 56.

Un des éléments constitutifs du crime d'extorsion, et même l'élé­ment fondamental de ce crime; est la poursuite d'un gain ou avantage illégitime, tout comme dans le vol et l'escroquerie. L'intention frau­duleuse est un élément essentiel commun au vol, à l'escroquerie et à l'extorsion. - Cass., 3 juin 1942, Pas., 1942, I, 140.

L'appropriation illicite; à défaut de laquelle il n'y a pas d'extor­sion, est établie dès que l'auteur de l'infraction exige et obtient; à l'aide de violences ou de menaces, plus qu'il ne lui revient. - Cass., 29 octobre 1917, Pas., 1918; I, 121.

2821. - Les personnes morales; a-t-on dit, ont leur volonté se manifestant par l'organe de leurs représentants, personnes physiques, susceptibles de subir l'influence de la contrainte. Les personnes mora-_ les peuvent donc être victimes d'une extorsion, comme elles peuvent être victimes d'un vol. - Cass., 13 mai 1878, Pas., 1878, I, 342; NYPELS-SERVAIS; art. 4701 n° 8;

On pourrait examiner la question de savoir si l'extorsion commise au préjudice d'une personne morale n'est pas toujours commise, en réalité; au préjudice de personnes physiques collectivement représen-

264 ARTICLES 468 A 476

tées, à l'égard des tiers, par l'organisme doué de l'existence juridique en vertu de la loi. Quoi qu'il en soit, au point de vue du droit pénal positü, la solution qui vient d'être indiquée peut être suivie telle qu'elle a été formulée.

2822. - La chose extorquée doit consister, soit dans des fonds, valeurs, objets mobiliers; obligations, billets, promesses, quittances, soit dans la signature ou la remise d'un document quelconque; con­

,tenant ou opérant_ obligation, disposition ou décharge. - Code pénal, art. 470.

2823. - On remarquera que l'énumération de la loi ne comprend, quant aux objets, que les objets mobiliers. Mais l'extorsion de la signa­ture d'un acte translatif de droits réels immobiliers; tels la propriété d'un immeuble, serait comprise dans la seconde partie de l'énumé­ration légale.

2824. - Quand une signature a été extorquée, il est nécessaire que celle-ci soit l'œuvre de la victime elle-même. Il importerait peu que le corps de l'acte soit rédigé par cette dernière ou par toute autre personne. - NYP:ELS-S:ERVAIS; art. 470, n° 6.

2825. - Que faut-il décider de l'extorsion d'un blanc-seing, de la signature d'un acte nul ou annulable ?

.Selon nous, la solution de toutes ces questions est aisée si l'on s'en rapporte à la solution de principe que nous avons indiquée ci-dessus, n° 2820. L'extorsion suppose que l'agent ait agi dans une intention frauduleuse, c'est-à-dire pour se procurer à soi-même ou à autrui un avantage illicite. On sait aussi que la simple possibilité d'un préju­dice suffit pour caractériser l'intention frauduleuse. - Supra, n°8 1262 et suivants.

En général, celui qui fait donner une signature en blanc; agit dans une intention frauduleuse. Donc, en général, il y aura extorsion si · les autres conditions sont réunies. Les auteurs des Pandectes belges ont envisagé la cas où la signature ne devrait être précédée que du texte d'une pétition (v° Chantage, n° 171). Même alors, il resterait à déterminer, en fait, s'il n'y a pas eu la recherche d'un avantage illicite pour l'auteur et la possibilité d'un préjudice pour la victime. Nous croyons que notre critère permet de résoudre les ca,s d'application tels qu'ils seront établis en fait. De même, si l'on a extorqué la signa­ture d'un acte radicalement nul et non susceptible d'êtr~ validé par des mentions complémentaires, ajoutées après coup, si en fait, toute possibilité de préjudice doit être écartée, il n'y aura point d'extor­sion. - NYF:ELS-S:ERVAIS, art. 470, n° 1011

2826. - Par la combinaison des articles 468, 4 70, 52, 80 et 25 du Code pénal,' la tentative d'extorsion est passible d'.un emprisonnement

1

ARTICLES 468 À 476. - ARTICLES 477 A 488 265

pouvant s'élever jusqu'à cinq ans. Le maximum de trois ans d'em­prisonnement établi par l'article 466 du Code pour la répression de la tentative de vols délictuels, n'est pas applicable à la tentative de crimef'! de vols ou assimilés aux vols. - Cass., 22 juillet 1924, Pas., 1924, I, 510. .

Le juge- peut, sans faire une déclaration contradictoire, décider que les faits retenus par lui constituent à la fois le délit de concussion et la tentative d'extorsion ; cette tentative peut être, en effet; le moyen de commettre l'infraction prévue aux articles 243 et 244 du Codé pénal ; les deux infractions peuvent donc coexister. C'est alors le cas d'ap­pliquer l'article 65 du Code pénal. - Cass., 29 novembre 1927, Pas., 1928, I, 22.

2827. - Dans le silence de la loi, on ne peut appliquer aux extor­sions les circonstances aggravantes dont il s'agit aux articles 471 et 472 du Code pénal. - NYPELS-SERV,AIS, art. 470, n° 9; cass., 2 octo­bre 1886, Pas., 1886, I, 332; cass., 28 décembre 1886, Pas., 1887, I, 77.

• 2828. - Les articles 473, 475 et 476, dont nous avons donné le commentaire ci~dessus, n°8 2804 et suivants, mentionnent expressé­ment l'extorsion.

Quant à l'article 474, son texte même prouve qu'il est applicable aux extorsions .parce qu'il est la suite de l'article 473. - NYPELS­

SERVAIS, art. 4 70, n° 9.

2829. - L'excuse dont il s'agit à l'article 462 du Code pénal (supra, n° 2756 et suivants) est applicable à la matière des extorsions. - Ex'f)Osé des motifs, II, n° 14; Rapp. Chambre; III, n° 13; NYPEI.S­

SERVAIS, art. 470, n° 12.

SECTION III. - DE LA SIGNIFICATION DES TERMES EMPLOYÉS DANS LE PRÉSENT CHAPITRE.

ARTICLE 4 77.

Les chemins publics sont ceux dont l'usage est public. Néanmoins, cette dénomination ne comprend ni l' estpace des chemins

qui est bordé de maisons, ni les chemins de fer.

ARTICLE 4 78.

Le vol commis pendant ùi, nuit 'est le vol commis plus d'une heure avant le lever et plus d'une heure après le coucher du soleil.

ARTICLE 4 79.

Est réputé maison habitée, tout bdtiment, tout appartement, tout loge-

ARTICLBS 477 A 488

ment, toute 1,oge, toute cabane;· même mobile, ou.· tout autre lieu servant à l'habitation.

ARTICLE 480.

Sont réput,és déperul,a,nces d'une maison habitée, les C<YUrs, basses­cours, jardins et tous autres terrains cl,os; ~insi que les granges, écuries et tous au,tres édifices qui y sont enfermé,s, quel qu'en soit l'usage, qoond même ils formeraient un enclos particulier dans l'enclos général.

ARTICLE 481.

Le,s parcs mobiles destinés à contenir du bétail dans la campagne, de que'lque manière qu'ils soient faits, sont réputés dépendances de mai­son habitée lorsqu'ils sont établis 8Ur' une même pièce de terre, avec les cabanes mobiles ou autres abris destinés aux gardiens.

ARTICLE 482.

Sont compris dans le mot armes, les objets désignés à l'article 135 du présent Gode.

ARTICLE 483.

Par· violences la loi entend les actes de contrainte physique exercés sur les personnes.

Par menaces la 1,oi entend tous les moyens de contrainte morale par la crainte d'un mal imminent.

ARTICLE 484.

L'effraction consiste à forcer, rompre, dégrader, démolir ou enlever toute espèce de clôture extérieure ou intérieure d'une maison, édifice, construction quelconque ou de ses déperul,a,nces, d'un bateau, d'un wagon, d'une voiture; à forcer des armoires ou des meubles fermés, destinés à rester en place et à protéger les effets qu'ils renferment.

ARTICLE 485.

Sont assimilés au vol avec effraction : L'enlèvement des meubles dont il est parlé à l'article précédent; Le vol commis à l'aide d'un bris de scellés.

ARTICLE 486. Est qoolifiée escalade : Toute entrée dans les maisons, bâtiments, cours, basses-cours, édifices

quelconques, jardins, parcs, encl,os, exécutée par-dessus les murs, portes, · toitures ou toute autre espèce de ·clôture;

ARTICLES 4 77 A 488 267

L'entrée par une ouverture_aootermine autre que celle qui a été établie 'J)OfJ,r Bervir d'entrée.

ARTICLE 487.

Sont qualifiés fa'U88e8 clefB : TOU8 crocheta, r088Îgnol8, paBSe-parto'Ut, clef8 imitéeB, oontrefaite8 <>'li,

altéréea; -Lea clefs qui n'ont pas été destinéea par le propriétaire, 'lor,ataire,

aubergiate ou logeur, aux serrurea, cadeM8 oo aux fermet'Urea quel­CO'IUJ'Ue8 a'IJ,X(Juellea le coupable les aura employéea;

Lea clefs perduea; égàrées ou soustraite8 qui auront servi à commettre le vol.

Toutefois l'emploi de faUBses clefs ne constituera une circonBtance aggravante que s'il a eu lieu pour ouvrir dea objets dont l'effraction eat enwatné une aggravation de peine.

Disposition particûlière.

ARTICLE 488.

Quiconque aura frauduleusement contrefait ou altéré des clefs Bera condamné à un emprisonnement de trois mois à deux ans et à une amende de 26 francs à 200 francs.

Si le coupable est serrurier de profeasion, il sera puni d'un empri­sonnement de deux anB à ci'IU] anB et d'une amende de 200 francs à 1.000 francs.

2830. - Remarque. . 2831. - Chemins publics. 2832. - Nuit. 2833. - Maison habitée. 2834. - Parcs mobiles. 2835. - Violences et menaces. 2836. - Effraction. - Oopropriétaire, associé. 2837. - Vol avec bris de scellés. 2838. ~ Escalade. 2839. - Fausses clefs, etc.

· 2830. - Dans la troisième section du chapitre Jer, livre II, titre IX, le Code pénal indique la définition légale des termes employés dans ce chapitre.

Pout le commentaire de ces articles, généralement clairs par eux­mêmes, nous nous bornerons à quelques brèves remarques rappelant, en -outre, les considérations déjà émises à ce sujet dans. le cours de notre exposé.

2831. - Chemins publics (art. 477). L'espace des chemins bordés de maisoqs, suivant la lettre même

du texte, ne comprend pas l'espace d'un chemin où il n'existerait

268 ARTICU:S 4 77 A 488

qu'une maison isolée. ,_... Contra : Ex'f}Osé des motifs, II; n° 17; sic Rapp. Chambre, III, n° 16; NYP:ELS-SERVAIS, art. 477; n° 4. · ·

2832. - Vol commis pendant l,a nuit (art. 478). - Supra, n° 2800.

2833. - Maison habitée (art. 479). Les · termes « maison habitée » sont encore précisés par ceux :

« servant à l'habitation ».

Il n'est point nécessaire que des personnes soient présentes lors de l'infraction. - Rapp. Sénat, VI, n° 14 .

. 2834. - Parcs mobiles (art. 481 ). _ De quelque manière qu'ils soient faits. Le mot manière aurait

.été pris par erreur pour le mot matière. Tous les textes officiels con­tiennent cette erreur. - NYPELS-SERVAIS, art. 481, n° 1.

2835. - Violences et menaces (art. 483). ---'- Voy. supra, n° 2817. Pour les menaces qui ne touchent pas directement la personne

menacée, on distingue souvent si c'est un proche parent qui est menacé du mal imminent (NYPELS-SERVA:IS, art. 483, n° 3). Nous pensons que la question gît en fait. Dans certains cas et pour certaines per­sonnes, la menace d'un mal qui frappera, par exemple, un ami intime peut constituer une contrainte morale.

2836.---'- En c~ qui concerne la circonstance aggravante d'e:ff~ac­tion, il y a lieu de noter que le fait que le voleur se trouve dans la mai­son en qualité de maître et copropriétaire associé, n'implique pas la reconnaiss~nce dans le chef du voleur du droit de forcer, rompre, dégrader, <;lémolir ou enlever toute espèce de clôture intérieure de cette maison, d'y forcer les armoires et les meubles fermés destinés à rester en place et à protéger les effets qu'ils renferment. - Cass., Il avril 1938, Pas., 1938, I, 142.

2837. - Les bris de scellés dont il s'agit à l'article 485 du Code pénal sont ceux dont il est traité aux articles 283 e_t suivants du même Code. - NYPELS-SERVAIS, art. 485, n° 15; supra, n°8 1754 et suivants.

2838. - Escal,ade (art. 486). L'escalade suppose le {ait de ·celui .qu~ vient du dehors et qui entre

dans les maisons, cours, etc. Ne commet pas un vol avec escalade celui qui s'est borné à grim­

per sur un mur et de là, restant à califourchon sur le mur, a accompli le vol. - BELTJENS, art. 486, n° 2. .

Un ruisseau pris par la glace cesse d'être une clôture. - NYPELS­SERVAIS, art. 486, n° 8.

2839. - Fausses clefs, contrèfaçon ou altération de clefs.~ Voy. le texte des articles 487 et 488.

Adde : supra, n° 580.

.ARTICLES '489 ET 490

\ CHAPITRE II. -·DES FRAUDES.

SECTION PREMIÈRE; - DE LA BANQUEROUTE.

ARTICLE 489.

Ceux qui, dans les cas 'Jfl'évus par le Gode de commerce, seront dtclarés œupables de banqueroute seront condamnés :

Les banqueroutiers simples, à un em'JYl'isonnement d'un mois à deux ans;

Les banqueroutiers frauduleux; à l,a réclusion.

ARTICLE 490.

Seront condamnés à un em'JYl'isonnement d'un mois à deux ans tt à une amende de 100 francs à 3.000 francs :

Ceux qui, dans l'intérêt du failli, auront soustrait, dissimulé ou recélé tout ou partie de ses biens meubles ou _immeubles;

Ceux qui auront frauduleusement 'Jfl'ésenté dans la faillite et affermé, soit en leur nom, soit par interposition de personnes, des créances 8Up­posées ou exagérées ;

Le créancier qui aura stipulé, soit avec le failli, soit avec toutes autres personnes, des avantages particuliers à raison de son vote dans les déli­bérations relatives à la faillite, ou qui aura fait un traité particulier d_uquel résulterait, en sa faveur, un avantage à la charge de l'actif du failli;

Le curateur qui se sera rendu coupable de malversation dans sa gestion.

Banqueroute. 2840. - Banqueroute simple ou frauduleuse. 2841. - Banqueroute simple. - Pénalité. 2842. - Banqueroute simple. - Participatimi criminelle. 2843. - Sociétés. · - Administrateurs. - Directeurs. 2844. - ·Banqueroute frauduleuse. - Participation criminelle. 2845. - Tentative punissable. 2846. - Publication des jugements. 2847. - Indépendance de l'action publique,

Faits incriminés par l'article _490 du Code pénal. 2848. - Soustractions, etc., dans l'intérêt du failli. 2849. - Fausses créances. - Tribunal compétent. - Formes de la poursuite. 2850. - Vente d'un vote. - Traités particuliers. 2851. - Malversation du curateur.

· Banqueroute.

2840. - Le Code de commerce, revisé par la loi du 18 avril 1851, détermine les cas où la faillite prend le caractère d'une banqueroute simple ou d'une banqueroute frauduleuse. - Voy. Code de coin-

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ARTIOL:BS 489 :B'r 49()

merce, art. 573, 574; 576, 577 et 578; art. 31 de la. loi du 29 juin 18'87 sur le concordat préventif de la. faillite.

2841. - Nous n'entreprendrons pas dans ce commentaire du Code pénal, l'étude des dispositions du Code de ·commerce relatives à la faillire; à la banqueroute simple et à la. banqueroure frauduleuse. Ce serait évidemment sortir du cadre de notre travail. .

Celui qui; dans les cas prévus par le Code de commerce, sera déclaré coupable de ba.nqueroure simple; est passible d'un emprisonnement ~•un mois à deux ans. - Code pénal, art. 489. · Bien que le ·délit de banqueroute simple puisse résulter de cir~n­stances diverses et même non connexes par leur nature, ces circon­stances, prises soit isolément; soit cumulativement, ne constituent jamais qu'un seul fait de banqqeroute simple. Il s'ensuit que le pré­venu acqùitté à la suite d'une première poursuite du chef de banque­roure simple, ne peut être cité de nouveau devant la juridiction répres­sive du chef du même délit basé sur une circonstance non visée dans la procédure antérieure. - Bruxelles; 11 juillet 1934, Pas., 1935, Il, 9 et note du recueil.

Dans notre pratique professionnelle, il nous est arrivé de soutenir et de voir admettre par la cour d'appel de Bruxelles que certains faits d'escroquerie, se rattachant à un simili-négoce de prévenu, anté­rieurs à une poursuite du chef de banqueroute, étaient couverts par la condamnation prononcée à raison de la banqueroure.

Il ressort de la nature même des faits constitutifs de la banque­route frauduleuse que ceux-ci ne doivent pas et même, dans la plu­part des cas, ne peuvent pas être postérieurs à la faillite ; certains

Jles actes constituant ce délit sont en général des faits licires en eux­mêmes qui ne deviennent culpeux que par la survenance de la fail­litïe. La condition nécessaire et suffisante pour la dérermination du caractère délictuel des acres incriminés est la. constatation du lien de causalité existant entre l'accomplissement de l'acre et la survenance ultérieure de la faillite ; la loi ne fixe aucun délai limitant les pouvoirs d'appréciation du juge quant à la constatation du dit lien. - Corr. · Brnxelles; 13 janvier 1938, Pas., 1938, III, 91.

Le prévenu condamné du chef de banqueroute simple, pour s'être livré à des dépenses excessives et s'être abstenu de t,enir les livres exigés par la loi, est sans intérêt à se prévaloir de ce que le juge du fond a déclaré que ces deux éléments matériels, non constitutifs d'in­fractions distinctes, résultaient d'une seule et même inrention délic­tueuse, le dispositif de condamnation à une peine unique demeura:n.t justifié. - Ca.sa., 4 mai 1936, Pas.; 1936; I, 243.

Lorsqu'un prévenu a été condamné du chef de banqueroure à rai­!Wn de plusieurs manquements à la loi, est non recevable, comme <l.énùé d'intérêt; le moyen de cassation qui ne vise qu'un de ces man-

ARTIOLll:S 489 ET 490

quements et qui, à le supposer fondé, laisserait la condamnation jus~ tifiée. - Cass., 18 février 1935, Pas., 1935, I, 165, N. R.; 90_

2842. - Si les éléments du délit de banqueroute sont déterminés par le Code de commerce, c'est le Code pénal qui établit l'infractio1' et qui fixe la peine. Dès-lors les dispositions du livre Jer de. ce Code, et notamment celles des articles 66 et 67, lui sont applicables, le cas échéant. ~s dispositions s'étendent, en effet, à tous les délits prévus par le Code pénal et aucune exception n'est établie en ce qui concerne la banqueroute.

Parmi les faits constitutifs de la banqueroute simple, il en est, comme celui prévu par le n° 3 de l'article 573 du Code de commerce,' qui supposent l'existence d'une intention doleuse et rendent consé.:. quemment admissible, pour l'exécution de l'infraction, un concert dè volontés coupables.

S'il est constaté que les prévenus ont coopéré directement au délit imputé au banqueroutier pour s'être, de concert avec celui-ci, comme ses mandataires ou ses préposés, et dans l'intention de retarder sa fail-; lite, livrés à des circulations d'effets, moyen ruineux de lui procurer des fonds, ces constatations impliquent de la part des inculpés un~ participation doleuse au délit de banqueroute simple. - Cass., 13 juin 1904, Pas., 1904i I, 259; adde : cass., 7 septembre 1877, Pas., 1877, I, 392; cass., 16 novembre 1886, Pas., 1886, I, 414; cass:, 27 jùin 1892, Pas., 1892, I, 308.

2843. - Une société, être moral, n'est point passible d'une peine (supra, n° 549). Mais la banqueroute frauduleuse ou simple d'une. société anonyme peut avoir comme auteur pénalement responsable l'administrateur-délégué de cette société, même non commerçant._:._ Cass.; 26 février 1934, Pas., 1934, I, 180.

Le directeur d'une société coopérative est éventuellement passible d'une condamnation du chef de banqueroute. - Cass.; 8 mars 1938; Pas., 1938, I, 83.

Les poursuites du chef de banqueroute sont recevables à charge_ d'un administrateur de société, encore qu'il lui était interdit de rem-;, plir lesdites fonctions par application de l'arrêté royal n° 22 du 24 octo­bre 1934, parce qu'il avait encouru une condamnation à trois mois. d'emprisonnement du chef d'abus de confiance. - Corr. Bruxelles, 14 juille~ 1939, P<UJ., 1941, III, 51.

2844. - Les règles ordinaires de la participation criminelle sont' incontestablement applicables au crime de banqµeroute frauduleuse passible de la réclusion en vertu de l'article 489 du Code pénal.

La circonstance que le crime de banqueroute frauduleuse exige que l'auteur soit un négociant en état. de faillite, ne fait pas obstacle à' l'existence de coauteurs. Si cette condition est essentielle quant à

ARTIOL:ES · 489 ;ET 490

/

!!auteur principal; il n'en est pas de même à l'égard des coauteurs qui ne font que coopérer à l'exécution. - Cass.; 5 juin 1876, Pas., 1876; 11 :lOO.

Condamné à une peine unique pour détournement, faux et ban­quer~ute frauduleuse; le prévenu est sans intérêt à faire valoir que la prévention de banqueroute frauduleuse a été illégàlement déclarée éta,bJie, le dispositif de l'arrêt demeurant justifié. - Cass., 29 juin 1936, Pas., 1936; I, 323; N. R., 4°. ,•

2845. - L'article 489 du Code pénal ne déroge pas aux règles géné­rales relatives à la tentative punissable, inscrites dans les articles 51 et suivants du Code. Par identité de motifs avec ceux admis par la jurisprudence en matière de participation criminelle aux infractions de banqueroute, nous admettons donc que la tentative de banque~ route frauduléuse est susceptible d'entraîner une condamnation pénale.

2846. - Si la publication des jugements qui condamnent du chef de banqueroute n'a pas le caractère d'une peine, elle n'en est pas moins une suite obligatoire de la condamnation d'après les prescriptions de l'article 583 de la loi du 18 avril 1851. Cette publication doit être ordonnée par l'arrêt ou par le jugement de condamnation. - Cass., 28 janvier 1907, Pas., 1907, I, 103.

2847. - L'action publique du chef de banqueroute est indépen­dante de toute déclarati(?n de faillite par la juridiction commerciale. La justice. répressive a qualité et compétence à l'effet de constater l'état de cessation des payements et l'ébranlement du crédit d'un commerçant prévenu du délit de banqueroute. - Cass., 1er octobre 1880, Pas., 1880, I, 292.

Pour la déterminaition de l'état de faillite, les juridictions répres­sives doivent se conformer, comme la juridiction commerciale, aux dispositions de la loi du 18 avril 1851. - Gand, 3 juillet 1938, Rechtsk. Weekbl., 11 juin 1939, 1551.

Si les règles légales relatives à la faillite s'imposent au juge répres­sif qui statue sur une prévention de banqueroute, les règles de tprocé­dure contenues dans la loi sur les faillites sont

1

étrangères à l'action publique en matière de banqueroute, régie uniquement par le Code d'instruction criminelle. - Cass., 25 janvier 1932, Pas., 1932, I, 44.

Du principe de l'indépendance de l'action publique du chef de ban­queroute par rapport à l'action commerciale de mise en faillite, on a déduit les conséquences suivantes :

1° Que le. tribunal de répression peut être utilement saisi d'une prévention de banqueroute :

a) Non seulement· quand il n'y· a pas de déclaration de faillite, mais aussi quandle tribunal de commerce a déclaré que le commerçant n'est pas en état de faillite;

ARTICLES 489 ET 490 273

·b) Quand le tribunal de commerce a rapporté le jugement déclara­tif de faillite ;

c) Quand le tribunal de commerce a homologué le concordat et déclaré le failli excusable:

d) Dans le cas où il n'a pas été donné suite à la faillite déclarée par le tribunal de commerce ;

2° Que le tribunal de répression peut assigner à l'ouverture <le la faillite une date différente de celle que le tribunal de commerce lui avait donné ;

30 Que le jugement du tribunal de commerce qui déclare un indi­vidu en faillite ne fait point obstacle à ce que la qualité de commer­çant soit de nouveau mise en question devant la juridiction répres­sive. - NYPELS-SERVAIS, art. 489, n° 8.

Jugé que pour la constatation des éléments de la banqueroute, les juridictions répressives ne peuvent être liées par la décision du tribu­nal de commerce concernant l'état de faillite. Il s'ensuit qu'une déci­sion peut légalement constater qu'une société se trouvait de fait en pareil état à une époque antérieure à celle fixée dans le jugement déclaratif de faillite. - Cass., 19 janvier 1937; Pas., 1937, I, 20.

Un jugement du tribunal de commerce n'a pas autorité de chose jugée à l'égard de la juridiction répressive pour ce qui concerne l'état de faillite. - Corr. Bruges, 2 mai 1935, Rechtsk. Weekbl., 24 janvier 1937, 772 et note du recueil.

S'il y a indépendance entre l'action répressive et l'action commer­ciale en faillite, il n'en est pas moins vrai que les peines édictées par l'article 489 du Code pénal ne peuvent frapper que ceux qui, dans les cas prévus par le Gode de commerce, seront déclarés coupables de ban­queroute.

On a donc ,décidé, avec raison, selon nous, que ne peut être pour­suivi du chef de banqueroute, le commerçant dont la cessation de payement remonte à une date de plus de six mois antérieure à l'in­troduction des poursuites ou l'ex-commerçant qui a cessé ses paye­ments après avoir cessé depuis plus de six mois d'exercer le commerce. - NYPELS-SERVAIS, art. 489, n° 8, 2°, note 5; Gand, 21 novembre 1888, Pas., 1889, II; 168; Bruxelles, 13 avril 1932 (inédit).

En sens contraire, il a été jugé que le juge répressif ayant à juger une prévention de banqueroute doit être en mesure de déterminer et de situer en toute liberté l'élément constitutif de ce délit, à savoir l'état légal de faillite. Sa liberté d'appréciation ne peut être jugulée par les délais stipulés par le Code de commerce, qui ont pour objet, en restreignant dans le temps les effets civils de la faillite; de limiter les perturbations que cet état entraîne dans les relations sociales ; les décisions pénales n'entraînant aucune de ces conséquences; il n'y a pas lieu de limiter son action par des prescriptions qui, dans . son

274 ARTICLES 489 :ET 490

domaine, n'ont pas leur raison d'être (cass., 1er octobre 1880, Pas .• 1880, I, 292 et suiv.; Il décembre 1933, Rev. dr. pén., 1934; p~ 55; 19 janvier 1937; Rev. dr. pén., 1937; p. 223 et suiv.). Au surplus, l'application des délais spéciau:x prévus par le Code de commerce à. la matière pénale aurait pour résultat d'instaurer implicitement une prescription particulière pour le délit de banqueroute; ce à l'encontre du prescrit de l'article 489 du Code pénal. .

En résumé; pour apprécier l'existence du délit de banqueroute; le tribunal répressif aurait pour unique tâche de rechercher si les éléments de la faillite virtuelle coïncident avec les éléments particuliers de la . banqueroute. Le jugement cite: cass., 25 juin 1928, Pas., 1928, I, 201; cass., 14 octobre 1929, Rev. dr. pén., 1929, p. 1016; cass:, 14 décem­bre 1927 (\isez 14 février 1927), Rev. dr. pén., 1927, p. 397; case., 25 janvier 1932, Pas., 1932, I, 44; corr. Bruxelles, 13 janvier 1938, publié avant appel Bruxelles, 28 avril 1938, Pas., 1938, II, 91.

Malgré les nombreuses autorités citées par le jugement analysé ci-dessus, nous ne pouvons nous rallier à la jurisprudence qu'il consacre :

1° Dans leur ensemble tout au moins, les arrêts de la cour de cas­sation invoqués ne nous paraissent nullement avoir la portée qui leur est attribuée. L'arrêt de la cour de cassation du 1er octobre 1880 (Pas., 1880, I, 292) proclame le principe et l'indépendance de l'action publique. Il reconnaît aussi au juge répressif compétence pour tran­cher la question préjudicielle de faillite sans que le tribunal de com­merce ait dû préalablement statuer à cet égard. Cela est indiscutable, mais ce n'est pas notre question. Il en est de même de l'arrêt de la cour de cassation du 14 octobre 1929 (Pas., 1929; I, 330). L'arrêt du 25 juin 1928 (Pas., 1928; I, 201) tranche une question-de prescrip-:­tion. D'après l'arrêt du 25 janvier 1932 (Pas., 1932; I; 44), les règks de procé,dure contenues dans la loi sur les faillites sont étrangères à l'action publique en matière de banqueroute, laquelle est régie unique.: ment par le Code· d'instruction criminelle. La notice de l'arrêt de la cour de cassation du 19 janvier 1937 vise l'article 442 de la loi sur les faillites. Mais l'arrêt (Pas., 1937, I, 20) rappelle l'indépendance des deux juridictions pour en conclure que le juge répressif a pu con­stater un état de faillite à une époque antérieure à celle fixée dans le jugement déclaratif de faillite ;

2° Ces quelques exemples suffiront sans doute à prouver que les citations de la jurisprudence de la cour de cassation invoquée ne sont nullement péremptoires ;

3° Supposons cependant que la jurisprudence de la cour de cassa­tion soit absolument constante dans le sens qu'on lui attribue.

Même dans ce cas, nous estimerions encore qu'il n'y a pas lieu de la considérer comme fondée :

a) L'article 489 du Code pénal vise expressément, non la pompé-

ARTICLES 489 ET 490 275

tenoo oomm.eroiale (question .pré.judicielle), ni la procédure oomm.er­oiale, mais « les cas prévus par le Code de oomm.erce >>,

Hors de ces «cas», il ne peut donc pas y avoir de prévention de banqueroute ;

b) Les articles 573 et suivants de la loi sur les faillites visent tous les cas de commerçants faillis qui sont, en outre, banqueroutiers à raison de certainês circonstances particulières.

La banqueroute est, en quelque sorte, une faillite qualifiée. Or, en vertu de l'article 442 de la loi sur les faillites; le délai de six

mois est décisif; c) C'est une erreur de dire que le système auquel nous nous rallions

crée une cause spéciale de prescription. Le système contraire orée une infraction à l'encontre des termes

forméls de l'article 489 du Code pénal. Celui-ci vise les cas prévus par le Code de commerce. D'après ce Code; il ne peut y avoir banque­route que s'il y a faillite. Et d'après le même Code, l'état de faillite ne peut plus être constaté après le délai de six mois dont il s'agit à l'article 442 du Code commercial.

Pour qu'il pajsse y avoir une cause de prescription, il faut d'abord qu'il y ait une cause d'infraction. Or, il ne peut pas y avoir d'infrac­tion dans un cas non prévu par la loi pénale.

Les travaux préparatoires du Code pénal ne commentent que très sobrement l'article 489 de ce code.

On lit, dans l'exposé des motifs àu rapport fait au nom de la Com­miBsion du gouvernement par M. J. HA.us :

Section première. ~ De la banqueroute.

N° 29. - Art: 573 (489 du Code). Le Code de commerce, revisé par la loi belge du 18 avril 1851, détermine les cas où la faillite prend lê caractère d'une banqueroute simple ou d'une banqueroute fraudu­leuse. - NYPELS, Législ. crim., t. III, p. 496.

Le rapport à la Chambre des représentants par M. E, PmMEZ s'exprime comme suit :

Section première. - De la banqueroute.

N° 27. - Art. 573 (489 du Code). Notre législation sur les fail­lites et les banqueroutes a été revisée ; elle contient la détermination des délits spéciaux que cette position des commerçants peut amener. Le Code pénal n'a qu'à édicter les peines contre les fàits indiqués dans la législation commerciale. - NYPELS, Législ. crim., t.· III, p. 544.

Ces passages des travaux préparatoires, en concordance avec le teite même de l'article 489 du Code pénal, ne laissent aucun doute,

276 ARTICLES 489 · ET 490

selon nous, sur le bien-fondé de la thèse consacrée notamment par l'arrêt précité de la cour d'appel de Gand du 21 novembre 1888 (Pas., 1889, II, 168). Il ne peut y avoir banqueroute ou banqueroute frauduleuse lorsqu'il ne peut pas y avoir faillite d'après la législation commerciale.

Faits incriminés par l'article 490 du Code pénal.

2848. - L'article 490 du Code pénal prévoit d'abord le fait de ceux qÙi, dans l'intérêt du failli, auront soustrait, di~simulé ou recélé tout ou partie de ses biens meubles ou immeubles. ·

Une condition essentielle de l'existence de cette infraction est que l'agent ait commis le fait dans l'intérêt du failli. A défaut de cette condition, par exemple · si le prévenu avait agi dans son propre inté­rêt, il y aurait éventuellement un vol ou un détournement. - NYPELS­SERVAIS, art. 490, n° 3.

2849. - Le tribunal correctionnel saisi du délit consistant à avoir fràuduleusement présenté dans une faillite et affirmé des créances supposées, peut statuer à toutes fins, suivant les formes ordinaires de la procédure pénale, sans devoir attendre une décision du tribu­nal de commerce sur la réalité des créances. Les dépositions du cura­teur et du failli peuvent être reçues dans l'instruction répressive. -Cass., 21 novembre 1870, Pas., 1871, I, 59.

2850. - L'alinéa 4. de l'article 490 du Code pénal punit deux espèces de faits différents :

a) La vente d'un vote dans les délibérations de la faillite. Le texte est général. Il s'applique à tôutes les délibérations relatives à la fail­lite. Il est indifférent par qui le prix est payé;

b) Tout· traité particulier duquel résulterait, en faveur d'un créan,­cier; un avantage à la charge de l'actif du failli. Il importe peu que la masse ne soit grevée que d'une manière indirecte. Le traité peut être punissable encore que l'avantage soit à la charge d'un tiers et non du failli lui-même. C'est ce qui aura lieu, par exemple, si ce tiers, après avoir payé, doit avoir un recours contre le failli. - NYPELS~ SERVAIS, art. 490, n° 8.

2851. - La malversation du curateur dont il s'agit au dernier ali­néa de l'article 490 n'est pas définie par la loi. Le point de savoir quand elle existe est, dès lors, abandonné à l'appréciation du juge du fait. - Cass., 6 octobre 1882; Pas., 1882, I, 345.

Nous pensons cependant que la cour de cassation serait éventuel­lement compétente pour apprécier si le juge du fond a donné aux termes de la loi leur portée normale. La cour de cassation a rendu plusieurs arrêts en ce sens en d'autres matières. - Casa., 17 mars 1930, Pas., 1930, I, 164; cass., 12 mai 1930, Pas., 1930, I, 208.

ARTIOLES . 491 A 495 277

SECTION II. - DES ABUS DE CONFIANCE.

ARTICLE 491.

Qûiconque aura fraudul,eusement soit détourné, soit dissipé au pré­judice d'autrui, des effets, deniers, marchandises, billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant obligation ou décharge et qui lui avaient été remis à 1,a condition de les rendre ou d'en faire un usage ou un empl,oi déterminé, sera puni d'un emprisonnement d'un mois à cinq ans et d'une amende de 26 francs à 500 francs.

Le coupable pourra, de plus, être condamné à l'interdiction, conformé- , ment à l'articl,e 33.

ARTICLE 492.

La disposition de l'article 462 sera applicabl,e au délit prévu par l'ar­ticl,e précédent.

ARTICLE 493.

Sera puni d'un emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de 26 francs à 500 francs, celui qui aura abusé des besoins, des faiblesses, des passions ou de l'ignorance (arrêté royal du 18 mars 1935, art. 1er) d'un mineur pour lui faire souscrire, à son préjudice, des obli­gations; quittances, décharges, effets de commerce ou tous autres effets obligatoires, sous queÙjue forme que cette négociation ait été faite ou déguisée;

Le coupabl,e pourra être, de plus, condamné à l'interdiction, conformé­ment à l'article 33.

ARTICLE 494.

[Est puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et à une amende · de 1.000 francs à 10.000 francs ou d'une de ces peines seulement, cel'Ui qui, abusant habituellement des faiblesses ou des passions de l'emprun­teur, se fait, en raison d'un prêt d'une somme d'argent, contracté sous queÙjue forme que ce soit, promettre, pour lui ou pour autrui, un inté­rêt ou d'autres avantages excéd,ant l'intérêt légal.

Est puni des mêmes peines, celui qui, abusant habituellement des besoins ou de l'ignorance de l'emprunteur, se fait, en raison d'un prêt d'une somme d'argent, contracté, sous queÙjue forme que ce soit, pro­mettre, pour lui ou pour autrui, un intérêt ou d'autres avantages excé­<lant manifestement l'intérêt normal et la couverture des risques de èe 'Jfl'êt.

Dans les cas prévus au présent artick, le juge, à la demande de toute partie lésée, réduit ses obligations conformément à l'articl,e 190'lter du Code civil.~ Arr. roy. n° 148 du 18 mars 1935, art. 2.]

ARTICLE 495.

Celui qui, après avoir produit, <lans une contestation judiciaire, quel-

J

278 ARTICLES 491 A 495

qut titre, pièce ou mémoire; l'aura détourn.i méchamment ou frauduleu­sement, de qu,e'lque manière que ce soit, sera '[YUni d'une amende de 26 fra'fl,C8 à 300 fra'Tl,C8.

Oette peim sera prononcée par le tribunal saisi de la contestation.

2852. - Remarque,

De l'abua de ,xm'fùmce ou détou.mement fraudulew:. 2853. - Code pénal, article 491. 2854. - Code pénal, article 240. 2855. - Pénalités principales. 2856. - Peine accessoire, 2857, - Application de i'article 462. 2858. - Vol, escroquerie, détournement. 2859. - Intention frauduleuse. 2860. - Préjudice d'autrui. 2861. - Matérialité de l'infraction. 2862. - Simple retard d'exécution. 2863. - Utilisation momentanée de la chose. 2864, - Comptable avec cautionnement. 2865, - Mise en gage de titres dépo$és. - Affectation hypothécaire de biens appor-

tés à une société. 2866. -:-- Abus de l'usage • .2867. - Objets de l'infraction. 2868. - Remis à condition de ... 2869. - Remise volontaire, contractuelle, - Domestiques. 2870. - Titre de la remise. 2871. - Tradition de la chose non requise. 2872. - Communication d'une chose. 2873. - Objets enfermés à clef. 2874. - Obligation de rendre, etc., née après la remise, 2875. - Location-vente. 2876. - Preuve du contrat civil. 2877. - Aveu. 2878. - Absence de conclusions du prévenu. - Preuve d'un mandat. 2879. - Commencements de preuve par écrit. 2880. - Impoesibilité de preuve écrite. 2881. - Consommation de l'infraction.

Délita prévua par lu artiel68 493 à 496 du Code péRal. 2882. - a) Abus des passions, des faiblesses ou de l'ignorance des mineurs. 2883. - Habitude non requise, 2884. - b) Délits prévus par l'article 494 nouveau du Code péual. 2885. - Intérêt normal. 2886. - Couverture des risques du prêt. 2887. - Réduction des obligations de l'emprunteur. 2888, - Abus habituel. 2889. - c) Détournement prévu par l'article 495. 2890. - Preùve testimoniale. 2891. - Tribunaux compétents.

Remarque. -....__ 2852. - Dans ces articles 491 et suivants, le Code pénal traite

d'abord de l'abus de confiance proprement dit (art. 491 et 492). Puis viennent plusieurs dispositions qui visent des faits de toute autre nature : abus des besoins, des faiblesses, des passions ou de l'ignorance

'{

ARTICL'.ES 491 A .495 279

d'un mineur (art. 493) ; délit d'usure habituelle (art. 494) ; détourne­ment des pièces produites dans une contestation judiciaire (art. 495).

Nous examinerons d'abord quelle est la portée de l'article 491 du Code pénal, où ils'agit de l'abus de confiance proprement dit. Il nous restera ensuite à présenter quelques observations relatives aux faits incriminés par les articles 493 à 495 du Code.

De l'abus de confiance ou détournement frauduleux.

2853. - L'article 491 du Code pénal prévoit l'infraction commise par quiconque aura frauduleusement soit détourné, soit dissipé au pré­judice d'autrui, des effets, deniers, marchandises, billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant obligation ou décharge et qui lui avaient été remis à la condition de les rendre ou d'en faire un usage ou un emploi déterminé.

Le délit prévu à l'article 491 ne peut juridiquement se concevoir de la part de celui au profit de qui il y a eu, non point transfert d'une possession précaire, mais transfert de propriété. - Bruxelles, 28 juil­let 1946, Journ. trib., 9 juin 1946, 301.

Dans cette espèce il s'agissait du cas de négociants en charbons, av~c lesquels certaines communes, au lieu de constituer ces négo­ciants en qualité de mandataires ou de ~ommissionnaires, ou de con­clure avec eux des contrats de. louage en les chargeant de la manu­tention et du transport du combustible, leur avaient vendu celui-ci avec obligation pour eux de le céder aux consommateurs dans les conditions légales et notamment aux prix imposés. ( _________ _

Nous pensons que c'est avec raison que l'arrêt a décidé que, dans ---~---: · ,-·: . \

ces conditions, il ne pouvait pas y avoir matière -au délit d'abus de confiance puisque l'article 491 du Code pénal prévoit le détournement de choses qui ont été remises et non point vendues à l'inculpé.

Cette manière de voir est implicitement confirmée par l'arrêt de la cour de cassation du 22 octobre 1945 (Pas.; 1945, I, 253). Dans cette espèce, le demandeur en cassation prétendait qu'il y avait eu accord sur la chose et sur le prix et que c'est donc à tort qu'on l'avait con­damné en vertu de l'article 491 du Code pénal, puisqu'il y avait eu, d'après lui, accord sur la chose et sur le prix et qu'il avait agi sans dol spécial. La cour de cassation déclare que le moyen se heurte en chacune de ses branches aux constatations du juge du fond et rejette, en conséquence, le pourvoi.

2854. - Nous avons donné au chapitre III; titre IV, livre Il, le commentaire de l'article 240 du Code pénal relatif aux détournements commis par tout fonctionnaire ou officier public et par toute personne chargée d'un service public qui aura détourné des deniers publics ou

' ,

280 ARTICLES 491 A 495

privés, des effets en tenant lieu, des pièces, titres; actes, effets mobi­liers qui étaient entre ses mains soit en vertu, soit'à raison de sa charge.

2855. - L'abus de confiance commis par des particuliers est pas­sible des mêmes peines que le vol simple : emprisonnement correc-tionnel, amende. ·

2856. - L'auteur du détournement peut être frappé de la peine d'interdiction des droits conformément à l'article 33 du Code. -Code pénal, art. 491.

2857. - La disposition de l'article 462 du Code pénal est applicable au délit prévu par l'article 491. - Cf. supra, n°8 2756 et suiv. et art. 492 du Code pénal.

Si le prévenu est le grand-père légitime des enfants mineurs dont il aurait détourné l'avoir, il échappe nécessairement aux sanctions répressives de l'article 491 du Code pénal en vertu de l'article 492 du même Code. - Bruxelles, 10 avril 1935, Pand. pér., 1935, 237.

,, 2858)- La différence qui existe entre le vol, l'escroquerie et le dêfournement consiste essentiellement en ceci :

1° Le voleur prend la chose d'autrui contre le gré du propriétaire; 2° L'escroc se fait remettre volontairement la chose d'autrui. Mais

œ consentement de la personne lésée a été obtenu par l'effet de ma­nœuvres frauduleuses ;

3° Dans le détournement, l'auteur a été mis normalement en pos­session de la chose d'autrui. L'agent, au lieu de rendre la chose ou au lieu d'en faire l'usage ou l'emploi convenus, la détourne ou la dis­sipe frauduleusement au préjudice d'autrui.

2859)- L'intention frauduleuse est un élément essentiel du délit d'abus de confiance. Le dol spécial, l'intention perverse que la loi a voulu atteindre n'est exprimé ni par le mot« détournement» ni par celui «sciemment». - Cass., 14 juin 1926, Pas., 1927, I, 18.

L'intention frauduleuse requise par la loi comme condition du délit de détournement existe dès qu'à l'instant du délit l'auteur a pu ou a dû prévoir que son acte d'appropriation sur la chose possédée à titre précaire causera ou pourra causer préjudice. - Corr. Bruxelles, 7 mars 1928, Pas., 1928, III, 140.

L'intention frauduleuse existe ~ême si le prévenu n'a pas retiré l'avantage qu'il escomptait de l'appropriation animo domini d'un livre qu'il ne détenait qu'à titre précaire et à condition de le rendre. - Cass., 11 juillet 1938, Pas., 1938, I, 266.

Le délit d'abus de confiance n'exige point que l'intèntion de l'au­teur de s'approprier un_e chose appartenant à autrui soit acquise par la résistance du prévenu à une mise en demeure, ou qu'il ait pris la

ARTICLES 491 A 495 281

fuite ou qu'il se soit rendu insolvable. Il importe peu également qu'une transaction soit intervenue aux fins d'indemniser la victime avant. toute mise en demeure ou réclamation de restituer les valeurs, si l'in­tention de se les approprier définitivement existe au moment dn détournement. - Cass., 1er février 1932, Pand. pér., 1932, 56.

L'intention frauduleuse, élément de l'abus de confiance; est suffi­samment constatée lorsque le juge du fond relève que le détournement , a eu lieu à une époque où le prévenu ne pouvait; en raison du dés­ordre de ses affaires, ignorer qu'il serait incapable de rembourser ce qu'il détournait. - Cass., 16 avril 1934, Pas., 1934, I,_ 244.

2860. - D'une manière générale, l'intention frauduleuse consiste à vouloir se procurer à soi-même ou à av.trui un avantage illicite. La loi ne requiert habituellement que la possibilité d'un préjudice. En matière d'abus de confiance, le texte légal exige l'existence d'un pré­judice pour autrui. Mais le texte ne précise pas qu'un préjudice maté­riel soit nécessaire ; un préjudice moral serait donc éventuellement suffisant.

Pour apprécier l'existence d'un préjudice, il faut d'ailleurs se pla­cer au moment où l'infraction est commise. Ainsi on a pu valable­ment condamner du chef de détournement celui qui avait disposé frauduleusement de certains titres pour cautionner 1'engagement d'un tiers, encore que ces titres aient été restitués dans la suite. Le préju­dice existait par suite d~ l'affectation de ces titres au cautionnement du tiers. La restitution ultérieure des titres ne pouvait pas rétroac­tivement ôter au fait délictueux consommé son caractère punissable .. - Cass., 22 juin 1903, Pas., 1903, I, 309.

2861. - L'élément matériel de l'infraction consiste à détourner ou à dissiper l'objet que l'agent devait rendre ou dont il devait faire soit un emploi; soit un usage déterminés.

Il ressort des termes précis de la disposition de l'article 491 du Code pénal, qu'elle sanctionne l'inobservation frauduleuse de certaines obli­gations, à savoir celles de rendre ou de faire un usage ou un emploi déterminés des biens ou valeurs qu'elle énumère.

L'énumération des biens ou valeurs susceptibles d'être détournés. ou dissipés au préjudice d'autrui montre qu'ils peuvent être soit des choses fongibles, telles que des deniers, des billets au porteur ou des

' marchandises déterminées par leur espèce et quantité, soit des corps certains et déterminés. - Cass., 18 mars 1940, Pas., 1940; I, 94.

Détourner la chose, c'est en disposer en maître. Le détournement suffit à constituer le délit si l'intention frauduleuse existe dans le chef de l'agent.

La dissipation implique nécessairement le détournement. Celui qui dissipe l'argent qui lui a été confié, l'a d'abord détourné à son profit._

' 282 ARTICLES 491 A 495

Bornons-nous ici à un exemple caractéristique : un individu reçoit le mandat de toucher une somme d'argent qu'il devait remettre. au mandant à une époque déterminée. Le mandataire, au lieu de remettre la somme d'argent, s'embarque pour Hambourg: C'est le détourne­ment. Arrivé à destination, il dépense la somme au jeu. C'est la dis­sipation. - NYPELS-SERVAIS, art. 491, n° 5.

L'intention frauduleuse et l'e~stence d'un préjudice ne suffisent -pas à l'existenèe de délit de détournement.

Pour qu'il y ait abus de confiance, il faut : 1° L'exis~nce d'un contrat sur pied duquel la chose a été remise

au prévenu; 2° L'inversion frauduleuse du titre de posseE!Sion transformant frau­

duleusement une possession précaire en une possession animo domini par un fait de détournement ou de dissipation de la chose remise. - · Bruxelles; 31 janvier 1934, Rechtsk. Weekbl., 22 ayril 1934, 621.

L'abus de confiance ne comporte pas nécessairement, à titre d'élé­ment constitutif, l'appropriation personnelle par le prévenu des choses détournées ou dissipées. A défaut de conclusions sur ce point, le juge du fond n'a pas à s'expliquer à ce sujet. - Cass., 13 novembre 1933, Pas., 1934, I; 61.

Le fait que le prévenu d'un abus de confiance a pris vis-à-vis de la, victime l'engagement de la dédommager et d'avoir effectué des ver­sements en exécution de cet engagement, n'empêche pas le délit d'être punissable. - Cass., 17 février 1936, Pas., 1936, I, 155, ' N. R., .4°; Rev: gén. ass. resp., 1936, n° 2140.

· De même l'offre de restituer à la barre les choses détournées et rachetées après la consommation de l'infraction, n'est pas élisive du délit. - Cass., 27 avril 1936, Pas., 1936, I, 219.

Le délit de détournement consommé par l'acte de disposition com­mis avec intention frauduleuse ne peut disparaître par le fait de la restitution opérée plus tard par un tiers, notamment le curateur à une faillite. - Corr. Bruxelles, 7 mars 1928, Pas., 1928, III, 140.

Le juge du fond doit cependant rencontrer, le cas échéant, les con­clusions prises par le prévenu d'après lesquelles les titres formant · l'objet de l'infraction étant reproduits à l'audience, le délit de détour­nement serait inexistant à défaut d'élément matériel. - Cass., 18 mars 1935, Pas., 1935, I, 194, N. R., 4°·; sic cass., 8 novembre' 1937, Pas., 1937, I, 332.

Si la restitution des choses détournées ne peut pas faire disparaître l'infraction consommée d'abus de confiance, la non-restitution n'est pas à elle seule constitutive du délit.

Le détournement ou la dissipation des choses remises est un élé­ment essentiel de l'abus de confiance. Il ne suffit donc pas, pour que le juge puisse condamner du chef de cette infraction, qu'il constate

ÀRTICLES 491 A 495 283

la non-restitution des choses. - Cass., 23 juillet 1934, Pas., 1934-; I> 36~. ,

Des abus de confiance commis par l'administrateur-délégué d'une société ne sont point· justifiés par la circonstance que ces infractions constitueraient l'exécution des décisions prises par le conseil d'admi­nistration. - Cass., 19 janvier 1937, Pas., 1937, I, 20.

Pour qu'il y ait délit de détournement, il faut que le prévenu ait .. effectivement donné à la chose d'autrui une destination autre que, celle en vue de laquelle elle lui avait été remise et qu'il ait accompli cet acte dans une intention de fraude.

La cour de cassation a été appelée à statuer dans une espèce danS' laquelle l'un des deux copropriétaires d'un billet gagnant de loterie avait encaissé le montant de ce billet conformément à l'accord de son indivisaire. Le délit n'eût existé que si le prévenu, après avoir­touché les fonds, en avait frauduleusement détourné la moitié. Mais ceci n'était pas constaté en l'espèce et la prévention ne portait d'ail­leurs que sur le détournement du billet de loterie lui-même. - Cass.,. 29 avril 1935, Pas., 1935, I, 226.

2862. - Supposons le cas d'un mandataire qui ne s'est pas appro­prié une somme d'argent qui lui a été confiée en vue de la rendre. Il a uniquement mis quelque retard à la remettre à son mandant. Ce fait ne constitue pas un détournement. De plus, il n'y a pas eu d'intention frauduleuse.

2863. - Si le mandataire avait utilisé momentanément pour lui­même la somme perçue, avec la ferme résolution d'accomplir pro­chainement son mandat, s'il n'était pas insolvable et s'il pouvait se croire parfaitement en état d'accomplir son mandat, il y aurait détour-­nement mais non point infraction, faute d'intention frauduleuse. Nous raisonnons dans un cas comme celui où le mandataire aurait reçu les fonds, par exemple; après 1'heure de la fermeture d'une banque où il sait avoir, en disponible, de quoi recevoir immédiatement le ' lendemain matin les fonds nécessaires à l'accomplissement de son man­dat. Le cas serait tout différent, si le mandataire escomptait des dis­ponibilités plus ou moins aléatoires pour le remboursement du prêt qu'il se serait consenti à lui-même.

2864. - On s'est demandé si le comptable qui dispose de sommes inférieures à son cautionnement, peut se rendre coupable d'un détour-­nement. La solution affirmative a été admise par le législateur dans le second alinéa de l'article 240 du Code pénal.

A défaut de disposition correspondante dans l'article 491 du Code, nous estimons que chaque cas d'espèce doit s'apprécier individuelle­ment. Ce qui est certain, c'est qu'en principe tout au moins, celui qui a remis un cautionnement pour garantie de sa gestion n'a pas le-

284 ARTIOLES 491 A 495

droit. de reprendre anticipativement ce cautionnement même par la voie indirecte d'une appropriation de fonds. Pour que cet acte illicite devienne un délit passible des peines de l'article 491, il est nécessaire, selon nous, que l'agent ait agi frauduleusement au préjudice de son employeur. Ce préjudice résultera éventuellement de ce que le cau­tionnement a été entamé indirectement avant terme.

2865. - Commet un détournement frauduleux, le dépositaire de titres au porteur qui les a mis en gage pour garan~ir ses propres enga­gements. Le gage emporte, en effet, constitution d'un droit réel au profit du créancier gagiste et constitue, par conséquent, un acte de disposition. - Corr. Bruxelles, 7 mars 1928, Pas., 1928, III, 140; corr. Liège, 11 avril 1935, Rev. prat. soc., 1935, 291.

La loi sur le crédit professionnel du 25 octobre 1919 a créé un gage d'une nature spéciale : le débiteur gagiste reste en possession du gage comme dépositaire du créancier.

Jugé que le débiteur gagiste, resté en possession du gage dans les conditions prévues par ladite loi sur le crédit professionnel et qui l'aliène frauduleusement, commet un abus de confiance. - Cass., 9, avril 1934, Pas., 1934, I, .231.

Par contre il a été jugé à bon droit qu'il n'y avait point de détour­nement dans le cas suivant :

Un associé a fait apport de biens immobiliers dans une société. Il affecte ces mêmes biens en garantie d'une ouverture de crédit à son profit persomiel. Cet associé a diminué l'actif de la société, mais

/ non point par une dissipation ou par un détournement directs d'ar­gent. Il ne tombe pas sous l'application de l'article 491 du Code pénal qui est exclusivement applicable lorsque des objets mobiliers, confiés au prévenu sous condition de les rendre ou d'en faire un usage déter­miné, ont été frauduleusement détournés ou dissipés. - Corr. Gand, 22 mars 1934, Rechtsk. Weekbl., 3 juin 1934, 730.

2866. - Ce qui est puni, c'est le détournement ou la dissipation, mais non le simple abus de l'usage d'une chose. Le locataire, le man­dataire, le dépositaire, etc., qui emploie la chose pour sa propre uti­lité, sans en dénaturer la substance et sans transfert de propriété, en la faisant servir à un usage autre que celui auquel elle est destinée, ne commet pas le délit d'abus de confiance; il ne pourrait être pas­sible que d'une action civile en dommages-intérêts. - NYPELS­

SERVAIS, art. 491, n° 6.

2867. - L'objet du détou:rnement punissable, ce sont les effets, deniers, marohandises, billets, quittances, écrits de toute nature con­tenant ou opérant obligation ou décharge.

Cette énumération légale est très large. Une lettre missive ne pour­rait cependant faire l'objet du délit d'abus de confiance que pour

ARTICLES 491 A 495

autant qu'elle contienne ou opère obligation ou décharge. - NYPELS­SERVAIS, art. 491, n° 10.

Une chose déterminée quant à son espèce seulement et détermi­nable en quotité (courant électrique) peut faire l'objet d'une conven­tion.

Ne viole aucune disposition légale l'arrêt suivant lequel le dol cri­minel inhérent au délit d'abus de confiance; dont il constate l'exis­tence chez le prévenu, a empêché une vente de devenir parfaite et d'opérer un transfert de propriété.

Le 1juge du fond décide souverainement que le courant électrique est une<< marchandise» au sens de l'article 491 du Code pénal, pourvu que son appréciation ne soit. pas contraire à la notion qu'y implique ce terme.

Dans l'espèce que nous analysons actuellement, la condamnation du chef de détournement a été basée sur ce que le courant électrique avait été fourni au prévenu à la condition de le faire jauger par un compteur approprié avant son utilisation. L'inculpé l'avait fait passer, au contraire, par un compteur pour courant de force motrice. -Cass., 20 juin 1934, Pas., 1934, I, 332.

Nous avons vu antérieurement que des faits identiques ou analo­gues avaient été considérés comme des vols. - Supra; n° 2752.

Bien que l'énumération de l'article 491 du Code pénal soit très large, elle est cependant limitative. Il faut que des effets, deniers, marchandises, billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant obligation ou décharge, fassent l'objet du détournement ou de la dissipation. Des recettes de teinturerie sont susceptibles d'être l'objet d'un abus de confiance.

Mais il est nécessaire qu'il y ait eu remise translative de la posses­sion précaire au prévenu. Cette condition fait défaut si c'est le prévenu qui a établi les formules des recettes et en ·a toujours eu la possession. - Corr. Courtrai; 16 février 1936, Pand. pér., 1936, 233.

2868. - Les objets doivent avoir été remis à l'inculpé à la condi­tion de les rendre ou d'en faire un usage ou un emploi déterminés.

Il est indifférent que les sommes ou objets détournés aient été remis au prévenu par le préjudicié lui-même ou qu'elles l'aient été pour son compte et par son ordre et avec la mission déterminée de négocier une transaction en son nom. - Cass., 25 novembre 1935, Pas., 1936, I, 60; cass., 6 avril 1936, Pas., 1936, I, 214; sic cass., 14 mars 1938, Pas., 1938, I, 85.

Ne commet pas le délit de détournement frauduleux, l'employeur qui a négligé de verser à un. organisme assureur les prélèvements opé­rés, conformément à la législation relative à l'assurance en vue de la vieillesse, sur les salaires payés à ses ouvriers, même s'il a agi frau­duleusement. Il n'y a pas eu de« remise» par les ouvriers à l'employeur,

286 ARTICLES 491 A 495 '

des sommes à verser à l'assurance. L'ouvrier n'est pas un déposant mais un créancier garanti par le privilège spécial institué par l'arti­cle 9 de la loi du 14 juillet 1930. - Cass., 26 octobre 1936, Pas., 1936, I, 395; Liège, 7 juin 1935; Pas., 1936, II, 65.

Le juge du fond constate souverainement que la convention qui existait à la base de la prévention de détournement était un prêt à usage et non, comme le prétend le prévenu; un prêt de consommation. Recevant des titres avec autorisation de les déposer en garantie; le prévenu n'avait pas nécessairement le droit de les vendre vokmtai­rement. Pareille vente volontaire n'était pas une suite naturelle et prévue du nantissement, à la différence d'une réalisation fixée qui aurait été la conséquence de poursuites exercées par le créancier nanti. - Cass., 7 octobre 1935; Pas., 1935, I; 349.

Est également souveraine la décision du juge du fond qui constate qu'une convention est un prêt de consommation; que les parties n'ont pas entendu subordonner le tr_!l,nsfert de propriété des fonds à la réa­lisation de certain projet (acquisition d'un local) et que, partant; l'em­prunteur n'a pas commis d'abus de confiance en affectant à d'autres fins la somme qui lui avait été remise en toute propriété. - Cass., 8 novembre 1937, Pas., 1937, I, 331.

Le donataire qui utilise la somme faisant l'objet du don à d'autres fins que celles prétendûment indiquées par le donateur, ne se rend pas coupable de détournement. Un des éléments constitutifs du délit ,d'abus de confiance est, en effet, que les deniers ou marchandises aient été remis au prévenu à titre précaire. Cette condition n'est pas remplie en cas de donation, même s'il est légalement démontré (sans qu'on ait voulu éventuellement prouver outre ou contre le contenu d'un écrit) que la donation est faite avec charge ou sous condition. La donation a pour conséquence essentielle de transférer au dona­taire ]a propriété de la chose donnée. - Liège, 19 octobre 1934, Pas., 1935, II, 49.

Lorsque; après avoµ- relevé l'existence de l'abus de confiance dans les termes de la loi, le juge du fond ajoute qu'il est constant que la plaignante n'avait confié les choses au prévenu qu'à la condition que ce dernier les lui remette à sa première demande et que le prévenu, sciemment et frauduleusement, a fait de ces choses un usage ou un emploi qu'il savait le mettre dans l'impossibilité de faire cette resti­tution, l'arrêt corrobore ainsi sa constatation initiale sans la contre­dire ou l'énerver et il est légalement motivé. - Cass., 13 novembre 1933, Pas., 1934, I, 61.

L'arrêt qui condamne un prévenu du chef de « détournement frau­duleux» sans constater que les objets détournés lui avaient été remis à condition de les rendre ou d'en faire un usage ou un emploi détemi.i­nés et qui condamne ensuite un second prévenu du chef d'avoir frau­duleusement recelé les objets obtenus par le délit commis par le pre-

ARTICLES 491 A 495 287

mier inculpé, met la cour de cassation dans l'impossibilité d'exercer son contrôle sur la légalité des condamnations prononcées et doit par conséquent être cassé pour défaut de motifs. - Cass.; 5 janvier 1931, Pas., 1931, 1, 30; sic cass., 2 mars 1932, Pas., 1932; 1, 142.

2869. - Il faut une remise volontaire, contractuelle, faisant passer la possession de la chose au détenteur. C'est parce que cette dernière condition fait défaut que le fait du domestique qui dispose des deniers du ménage est considéré comme un vol et non comme un abus de con­fiance. - Surpra, n° 2736.

2870. - A raison de la généralité des termes de notre article 491, intentionnellement substitués à l'énumération de l'article 408 du Code pénal de 1810, il importe peu à quel titre (mandat, dépôt, louage, etc.) les objets- ont été remis au prévenu et le jugement ne doit donc pas spécifier ce titre (cass., 10 janvier 1927, Pas., 1927, 1, 122), tout au moins à défaut de conclusions du prévenu à cet égard. - Cass., 11 décembre 1933, Pas., 1934, 1, 99.

Le contrat emportant « remise » de la chose peut être purement tacite.

Un prévenu avait conclu à l'absence de remise et, partant, de détour­nement, en invoquant la circonstànce « que tous les étudiants pou­vaient disposer des livres de la bibliothèque et les emporter sans aucune autorisation ni formalité ».

Il a été jugé à bon droit, selon nous, que pareille pratique équivaut à la remise effective des volumes aux étudiants par le bibliothé­caire ou son préposé. Notamment il n'y a pas lieu de considérer l'absence d'inscription dans un registre ad hoc lorsqµe l'omission de cette formalité est habituellement tolérée. Le contrat d~ prêt s'est établi entre l'Université et le prévenu et celui-ci a été mis régulière­ment en possession du livre détourné par cela seul qu'il l'a emporté, sans qu'il fût besoin qu'il le_ reçût du bibliothécaire, ni même qu'il en mentionnât la sortie dans le registre destiné à oet effet.- Cass., 23 jan­vier 1939, Pas., 1939, 1, 39.

2871. - En généra], ia remise suppose une tradition. Mais cela n'est pas indispensable. Un propriétaire vend sa maison aveo les meu­bles qu'elle contient. Il.continue à occuper temporairement son immeu­ble à titre de locataire. Il y a remise sans tradition.

Mais une remise est indispensable. Le fermier entrant reçoit les pailles et les engrais à condition de laisser ceux qui existeront à sa sortie. S'il s'abstient de ce faire; lors de sa sortie, il ne saurait y avoir détournement puisque les pailles et engrais qui existent à ce moment­là n'ont jamais été remis au fermier. - NYPELS-SERVAIS, art. 491, n°8 19 et 20.

2872. - La simple « communication » n'équivaut pas à une remise.

(,

28-8 AR'l'ICU:S 49} A 495

Celui qui s'empare d'une chose communiquée se repd coupable de vol et non de détournement. - Supa, n° 2735.

2873. - li n'y a pas davantage remise quand on confie une chose à quelqu'un sans lui en donner la disposition. Si, par exemple, une personne remet à une autre une malle ou un meuble fermés à clef, les objets contenus dans cette malle ou dans ce meuble ne sont pas (<remis» au gardien. Si celui-ci prend, par effraction, les objets qui sont contenus dans la malle, il y a vol et non détournement.

La solution serait la même si quelqu'un, partant en voyage, remet les clefs de son habitation à un tiers pour que celui-ci prenne soin de la maison. Les meubles qui garnissent la maison ne sont point par là (<remis» à ce tiers. Il n'en a point reçu la possession. Et s'il venait à soustraire des objets contenus dans la maison, il y aurait également vol et non pas détournement.

2874. - L'article 491 du Code pénal n'exige pas en 'termes for­mels que l'obligation de rendre ou d'un usage déterminé ait été imposée et acceptée au moment de la remise de l'objet; cette obligation peut naître ou se modifier ultérieurement, alors que celui qui a remis la chose et qui a le droit de rentrer en possession de celle-ci, la laisse au possesseur pour une nouvelle destination. Cela a été jugé par la cour de cassation dans l'espèce suivante : un débiteur paye son créancier. Celui-ci propose de ne pas donner quittance, mais il s'engage à détruire le titre de la créance qui lui est laissé à cette fin. Au lieu de quoi, le créancier s'abstient de détruire le titre de la créance remboursée et tâche d'en faire payer une seconde fois le montant. - Cass., 26 fé­vrier 1906, Pand.; pér., 1906, n° 714.

2875. - Nous ne pouvons songer_à analyser les très multiples déci­sions de jurisprudence rendues en matière d'abus de confiance. Exa­minons cependant, en substance, une catégorie de cas assez fréquents en pratique et sur lesquels il y a controverse; il s'agit des contrats dits de(< location-vente i>. On sait en quoi consistent ces contrats: une per­sonne confie un objet à une autre moyennant mi certain « loyer » annuel. Il est entendu entre parties que lÔrsque les «- loyers ii ainsi payés auront, au total, atteint telle somme, l'objet deviendra la pro-priété du « locataire ». ,

Que si le locataire vend la chose avant qu'elle soit devenue sa propriété conformément à la lettre du contrat, y a-t-il vente de la chose d'autrui reçue en location? Ou bien, ne peut-il y avoir détour­nement frauduleux parce que, dès le principe, la convention était une vente translative de propriété nonobstant l'appellation de« location» qui lui a été donnée ?

C'est cette dernière solution qui a été admise par plusiers .décisions de jurisprudence (Liège, 29 octobre 1890, Pas., 1891, II, 64; Charleroi,

""--- ,-.

ARTICLJ!:S 491 A 495 289

25 juillet 1896, P(J,IJ., 1896, III, 332; Liège, 27 décembre 1902j Pànd. tpér., 1903; n°8 1048 et 1049); la vente, dit-on,\ est translative de pro.:. priété dès qu'il y a accord sur le prix et sur la chose ; celui qui cède à un tiers une machine à coudre prétendûment louée, mais en réalité vendue à raison de 10 francs par mois, vend donc sa chose et ne sau­rait être puni du chef d'abus de confiance.

En sens opposé, il a été jugé que : la clause portant que le vendeur restera propriétaire de la chose tant que le prix ne sera pas payé est pleinement valable ; dans cette hypothèse, la chose vendue ne sort du patrimoine du vendeur qu'au moment du payement. - Trib., Gand, 23 mai 1923, Journ. trib., 15 juillet 1923, 490; Gand,' 16 avril 1926, Rev. prat. 1Wt., 1927, 325; Gand, 16 n6vembre 1926, Pas., 1927, II, 20.

Jugé de même que lorsqù'une vente à tempérament a été conclue avec réserve de propriété jusqu'à complet payement du prix et que l'acheteur n'a pas payé le pri;, le vendeur peut se constituer partie civile contre .l'acheteur poursuiyi du chef d'abus de confiance et lui réclamer ainsi restitution des choses vendues :rµême s'il a obtenu anté­rieurement du tribunal de commerce un jugement condamnant l'achè­teur au payement du prix. - Cass., 1er octobre 1934, Pas., 1934, I; 399.

Si le vendeur à tempérament avec réserve de transfert de propriété · jusqu'à complet payement du prix, obtient du tribunal de commerce un jugement condamnant l'acheteur au payement du prix, cette pro­cédure ne fait pas disparaître l'abus de confiance que l'acheteur avait commis antérieurement en vendant et en_livrant l'objet à un tiers. - Cass., 3 mai 1938, Pas., 1938, I, 151.

Celui qui achète et prend livraison d'un objet que son vendeur avait acheté lui-même à tempérament et avec suspension du transfert de propriété jusqu'à complet payement du prix, est légalement condamné du chef de participation principale au délit de détournement com­mis par son vendeur, lorsqu'il est constaté que le prévenu connaissait cette situation de droit et savait que le prix n'avait pas été intégrale­ment payé au vendeur primitif. - Cass., 3 mars 1938, Pas._, 1938, I, 151.

Nous croyons ·qu'il faut admettre avec un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles que les effets d'une convention sont déterminés par l'objet et la nature des engagements respectifs plutôt que par la qualification que les parties lui ont donn~ ou prétendent lui donner ; toutes les réserves et protestations formulées par celles-ci ne peuvent prévaloir contre les faits et agissements qui forn1ent Ja base de leur convention. Si un loyer annuel de 42.993 francs a été stipulé pour la location-vente de trois machines-outils valant ensemble 43.000 francs, il y a vente et non pas location (Bruxelles, 6 décembre 1924, Rev. prat. not., 1926, 679). Cela nous paraît tout à fait exact. La première opinion a été

10-II

2-90 AR'l'IOLES 491 A 495

quelqu~fois soutenue lorsque . des malheureux étaient traqués. par des usuriers. Il suffisait alors de constater que si quelqu'un vend un objet shus la poussée d'une noire misère, il n'y a pas d'intention fraudu­leuse chez le prévenu et que pareille intention n'existe, en l'espèce, que chez la prétendue « victime » de la soi-disant infraction.

Mais tous les commerçants qui vendent à crédit ne sont pas d'in­fâmes exploiteurs, tant s'en faut. Il semble donc utile, même pour les .bénéficiaires des contrats dont il s'agit, de ne pas ériger en principes ;généraux des considérations qui peuvent être vraies dans certains cas mais qui ailleurs seraient invoquées par 'des acheteurs peu intéressants.

Nous pensons qu'il faut voir la nature réelle du contrat. Si celui-ci apparaît, d'après son véritable objet, comme une location-vente, on décidera que le détournement frauduleux de la chose tombe sous l'ap­plication de l'article 491 du Code pénal.

2876. - Le délit de détournement frauduleux se rattache toujours à l'exécution d'un contrat. Si l'existence de celui-ci ,est déniée ou si son interprétation est contestée, le juge de répression, en statuant sur l'existence de ce contrat ou sur son exécution, se conforme aux règles du droit civil. .

' Si l'admissibilité de la preuve testimoniale dépend d'un écrit désa­·voué. par celui auquel on l'oppose, la vérification en sera ordonnée devant les juges civils compétents. - Loi du 17 avril 1878, art. 16.

Jugé que lorsqu'un prévenu a été condamné à une peine unique du .chef de plusieurs abus de confiance, il est sans intérêt à se préva­loir, comme moyen.de cassation, de ce que la preuve du contrat se trouvant à la base d'un seul de ces abus de confiance n'avait pas été , légalement rapportée. - Cass., 8 juillet 1935, Pas., 1935, I, 318.

_Cette jurisprudence nous paraît tout au moins fort contestable. -. Supposons; par exemple, que trois détournements peu importants soient légalement prouvés et que la condamnation porte également sur un quatri~me 9-étournement pour lequel la preuve légale faisait défaut. Il a très bien pu se faire que les peines appliquées à raison de ces divers délits, éventuellement réduites dans les limites fixées

· par l'article 60 du Code pénal, aient été influenèées par le fait que le , juge a considéré qu'un quatrième détournement a été coin.mis par

l'inculpé. Nous pensons donc que dès qu'il y a eu une violation cer­. taine.de la loi; ne fût-ce que dans l'une des bases d'une condamnation, • celle-ci doit être réformée. ·

La règle de la nécessité d'une preuve écrite du contrat servant de base à l'infraction de détournement a fait l'objet de l'intéressante application suivante :

Un piano mécanique a été donné en location, en· 1928, suivant un bail écrit. En 1931, ce piano est restitué au bailleur qui le remplace

-par un autre piano mécanique sans qu'un nouvel écrit ait été rédigé.

.ARTIOLES- 491 A 495 291_

Ce second piano est détourné. L'écrit dressé en 1928 peut-il servir de preuve à la location du piano remis en 1931 '?

La cour de cassation a décidé à cet égard qu'il ne résulte pas néces­sairement de la substitution d'un piano à un autre qu'un· nouveall lien de droit a été créé en remplacement du premier, en manière telle que ce dernier ait cessé de régir les rapports des parties. Il est pro­bable que le premier contrat a continué ses effets. A défaut d'établir la volonté des parties à cet égard, le pourvoi manque de base _en fait.

,_ Cass., 7 septembre 1938, Pas., 1938, I, 287. Bien que la règle soit que la preuve des contrats servant de base

au délit de détournement doive être administrée conformément au~ prescriptions du droit civil (cass., 5 juillet 1937, Pas., 1937, I, 213), il a été jugé avec raison que, suivant le texte même de l'article t6 de la loi du 17 avril 1878, cette disposition ne vise que les cas « où l'in­fraction se rattache à l'exécution d'un contrat». Cette disposition n.e saurait être d'application lorsque l'infraction poursuivie, bien loin de consister dans la violation d'une convention préexistante, résfde dans: le fait même de la conclusion d'un contrat. -Cass., 2 décembre 1935, Pas., 1936, I, 72.

Si le prévenu défère le serment à la partie civile sur la sincérité d-q contrat dont l'infraction qui lui est imputée constituerait la violation, le juge répref!sif ne peut déclarer non recevable en principe la déla~ tion de ce serment. Il n'en serait autrement que si le serment portait sur l'existence même de l'infraction, mais non si le contrat litigie11x n'est pas l'élément constitutif de l'infraction et qu'il n'en est que la condition préalable et nécessaire.---:-- Cass., 11 février 1935, Pas., 1935, I, 147. -

Mais la partie civile n'est pas recevablè à déférer le serment litis­décisoire au prévenu sur l'existence d'un dépôt qui constitue un des éléments de ~ prévention. Pareille délation de serment équivaudrait, en effet, à demander au prévenu de reconnaître ou de dénier sous ser­ment sa culpabilité, ce qui serait contraire à l'ordre public. - Bru­xelles, 11 juin 1930, Rev. gén. ass. resp., 1931, 724.

Les mots « règles du droit civil» contenus dans l'article 16 de la loi du 17 avril 1878 sont employés par opposition aux règles du droit criminel.

S'il s'agit d'obligations commerciales, les règles du droit commeréial sont applicables à la preuve du contrat servant de base à la préven­tion de détournement. Sauf les cas formellement exceptés par la loi, en matière commerciale, les juges peuvent puiser les éléments de preuve dans les faits et circonstances dont l'appréciation leur appar­tient, même pour prouver outre et contre le contenu des actes. -Cass., 8 décembre 1936, Pas., 1936, I, 444.

2877. - Jugé que la preuve d'un dépôt dont la violation sert de

\ ,

292 ARTICLES 491 A 495

base à une prévention de détournement frauduleux se fait confor­mément aux règles du droit civil. Si celui auquel est opposé un aveu indivisible a le droit; lorsqu'il s'agit d'un aveu complexe, de produ:u-e, en dehors des termes de l'aveu, la preuve de la fausseté de telle ou telle partie de celui-ci; il ne peut néanmoins, dans le cas où la valeur de la chose excède 1.500 francs (1) et est de nature civile, fournir cette preuve contrairement aux prescriptions de l'article 1341 du Code civil, à moins qu'il ne soit établi qu'il se trouve dans un des cas d'exception formulés par la loi. L'arrêt qui omet de spécifier le mode de preuve adopté par lui et le caractère civil ou commercial de l'obligation du prévenu, ne met point la cour de cassation à même d'exercer son con­trôle au sujet de la légalité de la preuve admise en la cause . ..:__ Cass., 22 juin 1920; Pas., 1921; I, 23.

'Un arrêt condamne légalement du chef d'abus de confiance celui qui se prétend propriétaire de marchandises détournées, lorsqu'il con­state qu'il résulte des aveux du prévenu que ces objets lui avaient été confiés à titre de dépôt et que, de plus; l'intention frauduleuse requise par la loi existe dans son chef.-Cass., 9 mars 1936, Pas., 1936, I, 184.

Jugé que sur la prévention de détournement frauduleux d'une chose valant plus de 150 francs (actuellement plus de 3.000 francs. - Loi du 20 mars 1948), le juge du fond se conforme à l'article 16 de la loi du 17 avril 1878, lorsqù'il tient pour faite la preuve préalable requise par cette disposition, par l'aveu du prévenu, que Ja chose lui a été remise avec mission de la vendre pour compte du plaignant. Il èst indifférent, dans ce cas, que le plaignant ait soutenu qu'il avait remis la chose à titre de prêt puisque l'aveu du prévenu impliquait en tout cas l'interdiction pour lui de s'approprier le prix de la chose. - Cass., 17 juin 1935, Pas., 1935, I, 286, N. R., 2°.

Nous signalons cette décision à titre documentaire. Eventuellement nous estimons qu'il y aurait lieu de rechercher si le prêt allégué par le plaignant n'était pas un prêt de consommation ou toute autre con­vention permettant !'.appropriation de la chose par le prévenu à charge de rendre une chose semblable ou sa contre-valeur.

Mais si un prévenu reconnaît avoir reçu certains objets et qu'il a.joute les avoir tous restitués, l'article 1356 du Code civil s'oppose à ce que l'aveu judiciaire soit divisé contre celui qui l'a fait.

L'obligation pour le juge de se éonformer aux règles établies par le . droit civil au sujet de l'existence ou de l'interprétation d'un contrat, à l'exécution duquel se rattache un détournement frauduleux, est d'ordre public. Le cas échéant, le moyen est soulevé d'office par la cour .de cassation. - Cass., 28 mars 1939, Pas., 1939, I, 180.

Adde, dans un sens analogue, cass., 19 décembre 1932, Pas., 1933, I, 55.

(1) Le chiffre de 1.500 francs figurant notamment à l'article 1341 du Code civil est actuellement remplacé par le chiffre de 3.000 francs. - Loi du 20 mars 1948, article 1•'•

.ARTICLES 491 A 495 293

2878. - Il a été admis qu'en l'absence de conclusions du prévenu sur le mode de prouver le mandat qu'il est accusé d'avoir violé, le juge qui condamne du chef d'abus de confiance par violation de man­dat, n'a pas à préciser comment la preuve du mandat a été rapportée. - Cass., 16 octobre 1916, Pas., 1917, I, 283.

2879. - La déclaration contenue dans l'interrogatoire subi et signé par le prévenu devant le juge d'instruction constitue un commence­ment de preuve par écrit et permet la preuve testimoniale de tout contrat même si la valeur en excède 1.500 francs (1). - Liège, 31 mars 1922; Journ. trib., 1922, col. 607.

La preuve de la violation d'un dépôt dont la valeur excède la somme au delà de ,laquelle la preuve testimoniale n'est pas recevable, ne doit pas résulter d'un aveu judiciaire indivisible des prévenus. Elle peut résulter d'un commencement de preuve · par écrit émanant d'eux, complété par des présomptions tirées de dépositions de témoins et de la manière dont les prévenus tenaient leur comptabilité. - Cass., 20 juin 1934, Pas., 1934; I, 328.

Concernant la preuve léga]e du dépôt formant la base d'un délit de détournement, il est de jurisprudence que Ja règle écrite- à l'arti­cle 1924 du Code civil n'est qu'une application du principe énoncé aux articles 1341 et suivants du même Code. Cette règle reçoit excep­tion· lorsqu'il existe un commencement de preuve par écrit.

Le juge du fond apprécie souverainement quels actes constituent un commencement de preuve par écrit. Il peut notamment attribuer ce caractère aux interrogatoires signés par le prévenu.~ Cass., 21 décem­bre 1891, Pas., 1892, I, 58; corr. Liège, 4 novembre 1933, confirmé par Liège, 3 mai 1934, Pas., 1935, III, 73.

Le mandat donné au prévenu est légalement prouvé par la recon­naissance que celui-ci en a faite, sous sa signature, au cours de l'in­struction. La portée de cette reconnaissance gît en fait et échappe au contrôle de la cour de cassation. Le juge du fond peut apprécier sou­verainement qu'une reconnaissance signée par le prévenu constitue non seulement_ un commencement de preuve, mais la preuve par écrit du mandat discuté. - Cass., 25 novembre 1935, Pas., 1936, I, 60.

Les déclarations faites devant le juge d'instruction qui apparaissent émaillées de contradictions et de digressions, doivent être rejetées comme aveu judiciaire. Jugé que ce sont néanmoins des commence­ments de preuve par écrit.

Dans ce cas, l'indivisibilité de l'aveu ne peut pas être invoquée, car le principe de cette indivisibilité (Code civ., art. 1356) est unique~ ment applicable quand le juge trouve une preuve complète dans un aveu judiciaire. - Bruxelles, 25 avril 1934, Rechtsk. Weekbl., 20 mai 1934, 687.

(1) .Actuellement 8.000 francs. - Loi du-20 mars 1948, article 1er,

294 AR'rICLES 491 .A 495

2880. ,.- Dans tous les cas où il y a impossibilité de se procurer une preuve par écrit du contrat qui s~rt de base à la poursuite pour abus de confiance, la preuve peut être faite par témoins ou par pré­somptions. Le juge du fond constate souverainement que cette impos­sibilité résulte des circonstances de la cause. L'article 1348 du . Code -

-civil contient une exception de caractère général à l'interdiction de la preuve testimoniale et les cas qu'il énumère ne sont pas limitatifs. - Cass., 23 novembre 1920, Pas., 1921, I, 144.

L'impossibilité pour le créancier d'avoir pu se procurer une preuve écrite doit, le cas échéant, être relevée par le juge du fond d'une manière telle qu'il n'y ait pas de doute que les circonstances invoquées à l'ap­pui de cette impossibilité aient vinculé réellement la liberté du créan­cier. Cette condition n'est pas remplie lorsqu'il s'agit de simples rai­sons de délic~tesse, de convenance ou de confiance exagérée du dépo­sant envers le "dépositaire. Il ne suffit pas que l'arrêt attaqué se borne à déclarer qu'il y a eu dans l'espèce impossibilité morale d'exiger une preuve écrite, sans en donner d'ailleurs aucune précision, « étant donné les liens de parenté étroits 1:ixistant entre les parties, les cir­constances dans lesql!_elles le dépôt a été effectué et le but auquel il tendait »~ - Cass., 3 juin 1935, Pas., 1935, I, 270.

2881. - Dans l'abus de confiance, l'agent a acquis la possession de la chose par une voie légitime. Le délit n'existe donc que depuis le moment où le prévenu a frauduleusement violé le contrat en vertu duquel la chose lui a été remise. L'intention frauduleuse peut exister · au moment où a lieu le détournement. Mais il est possible que cet élément intentionnel ne vienne à exister que postérieurement au détournement. Il y aura donc des cas où il sera difficile de préciser, en fait, l'instant où tous les éléments du délit ont existé, quoique la question ne soit aucunement douteuse en droit.

Le délit de détournement frauduleux est une infraction instantanée et non pas un délit successif. -NYPELS-SERVAIS, art. 491, n°8 31 et 36.

La détermination du moment où le délit de détournement est con­sommé dépend de l'instant où est née, dans le chef du prévenu, l'in­tention de s'approprier la chose.

Ce point de fait est apprécié so1,1verainement par le juge du fond. -Cass., 6 mars 1939, Pas., 1939, I, 112. _

Le délit d'abus de confiance est co:p.sommé par le refus de restitu­tion ou par l'aveu de l'impossibilité de restitution ou par la réclama­tion de restitution non suivie d'effet. Tél est le point de départ de la prescription; -~Bruxelles, 2 avril 1935, Rechtsk. Weekbl., 19 mai 1935, 1225.

Au point de vue de la prescription d'un délit de détournement de titres remis en garantie d'un bail, il avait été décidé que le délit d'abus de confiance, même quand il porte sur des choses certaines et déter-

f

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ARTICL:ES 491 A 495· 295

minées, ne serait consommé que le jour où les objets dissipés pouvaient être réclamés par leur propriétaire. Réformant cette décision, la cour de cassation décide qu'il n'en est ainsi que si la date de la dissipation effective ne peut pas être établie. - Cass., 9 juillet 1934, Pas., 1934, 1, 357.

~s prévus par les articles 493 à 495 du Code pénal (1).

2882. - a) L'art;icle 493 du Code pénal, modifié par l'article 1er de l'arrêté royal n° 148 du 18 mars 1935, réprime le fait de celui qui aura abusé des besoins, des faiblesses, des passions ou de l'ignorance d'un mineur pour lui faire souscrire, à son préjudice, des obligations, quittances, décharges, effets de commerce ou tous autres effets obli­gatoires, sous quelque forme que cette négociation ait été faite ou déguisée.

Sans doute, les mineurs sont frappés, dans leur intérêt, d'une inca­pacité générale de contracter. La loi a voulu empêcher qu'on ne cherche à éluder cette incapacité, soit par des fraudes à ]a loi civile, soit en spé­culant sur la répugnance naturelle que l'on éprouve à faire rescinder

. des actes même consentis pendant la minorité. - Rapp. Chambre, III, n° 35.

2883. - L'abus des besoins, des· faiblesses ou des passions du mi­neur est le fondement de l'infraction. Le fait, même isolé; causant un simple préjudice constitue le délit. - Rapp. Chambre, Ill, _n° 35.

2884. - b) Le délit prévu par l'article 494 nouveau du Code pénal existe :

1° En cas d'abus habituel des faiblesses ou des passions de l'em­prunteur, si le taux d'intérêt stipul~ excède le taux de l'intérêt Ugal.

Ce taux de l'intérêt légal est fixé à 4 1/2 p. c. en matière civile et à 5 1/2 p. c. en matière commerciale. par un arrêté du 18 mars 1935;

2° En cas d'abus habituel des besoins ou de l'ignorance de l'em­prunteur, si le taux de l'intérêt stipulé excède l'intérêt normal et la couverture des risques du prêt,

2885. - D'après le rapport au Roi précédant l'arrêté royal n° 148 du 18 mars 1935, le taux normal de l'intérêt dont il s'agit ici, c'est le taux qui correspond, au moment du prêt, à la valeur de la jouissance du capital. Les taux d'intérêts perçus ·par la Banque Nationale et par la Caisse générale d'épargne et de retraite sont indiqués comme de précieux éléments d'appréciation.

(1) Nous avons consacré une étude approfondie à la répression de l'usure dans le Traité des Pandectes bel,ges, v 0 Uaure. Dans notre présent travail, nous avons lùnité nos obser­vations au commentaire des articles 493 et 494 du Code pénal tels qu'ils ont été modi­fiés par les articles 1er et 2 de l'arrêté royal n° 148 du 18 mars 1935. '

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296 .ARTICLES 491 A 495

2886. - Le rapport au Roi précise d'autre part que la couverture des risques du prêt doit s'entendre des risques d'insolvabilité de l'emprunteur que le prêteur peut légitimement couvrir par une majo­ration du taux de l'intérêt. La nouvelle disposition légale « ne fera obstacle à la conclusion d'aucun contrat de prêt consenti par un prê­teur honnête soucieux de sauvegarder son intérêt mais so'uci~ux du bien d'autrui ».

2887. - En vertu de l'alinéa final de l'article 494 nouveau du Code pénal (arrêté royal n° 148 du 18 mars 1935), le juge, à la demande de toute partie lésée, réduit ses obligations conformément à l'article 1907ter du Code civil, c'est-à-dire, sans préjudice de l'application des dispositions protectrices des incapables ou relatives à la validité des conventions, au remboursement du capital prêté et au payement de l'intérêt légal.

2888. - Si un fait isolé d'usure au préjudice d'un mineur (Code pén., art. 493) est punissable, l'infraction commise au préjudice des majeurs (Code pén., art. 494) n'existe·qu'en cas d'abus habituel des faiblesses, des passions, des besoins ou de l'ignorance de l'emprun-teur. ·

En général, on considère qu'il faut trois faits pour constituer l'ha­bitude. Mais pareille directive n'a rien d'absolu. - NYPELS-SERVAIS, art. 494, n° 7; cass., 17 février Î873, Pas., 1873, I, 116.

L'usure sanctionnée par l'article 494 nouveau du Code pénal, étant un délit d'habitude, ne se trouve définitivement consommée qu'à la date oh est accompli le dernier des faits qui constituent cette infrac­tion. La prescription de ce délit ne commence donc à courir qu'à la date de ce dernier fait. - Cass.; 17 novembre 1941, Pas., 1941, I, 431.

2889. - c) L'article 495 du Code pénal prévoit un fait assez dif­ficile à classer au point de vue pénal: celui qui, après avoir produit dans une contestation judiciaire quelque titre, pièce ou mémoire, l'aura détourné méchamment ou frauduleusement, de quelque manière que ce soit, est passible d'une amende de 26 francs à 300 francs.

En fait, cette infraction consiste dans l'acte de celui qui, après avoir communiqué une pièce dans un procès, la détourne lui-même méchamment ou frauduleusement et manque ainsi à la bonne foi qui doit régner dans le débat.

Le même fait commis par l'adversaire ou par un tiers quelconque serait une infraction ordinaire de vol ou de détournement.

2890. - Puisqu'il s'agit de prouver un fait et non une convention, la preuve testimoniale est toujours recevable. - NYPELS-SERVAIS, art. 495, no 6.

2891. - Suivant les termes impératifs de l'alinéa 2 de l'article 495, l'infraction « sera » jugée par le tribunal saisi du procès dans lequel

ARTICLES 491 A 495. - ARTICLES 496 A 504 297

1~ pièœ a été détournée. Tous les tribunaux, même les tribunaux de commerce, peuvent prononcer l'arnende dont il s'agit. Le tribunal saisi de la contestation est seul compétent. Une action séparée ne pourrait pas être formée devant un autre tribunal correctionnel.

Notons que l'incapacité des tribunaux militaires de prononcer des peines · pécuniaires, à laquelle il est fait allusion dans l'E:x:posé des motifs (Il, n° 38), n'existe plus aujourd'hui. - NYPELS-SERVAIS,

art. 495, n°8 7 et 8.

SECTION III. - DE L'ESCROQUERIE ET DE LA TROMPERIE.

ARTICLE 496.

Quicon<Jue, dans le but de s'approprier.une clwse appartenant à autrui, se sera fait remettre ou de7ivrer des fonds, meubles, obligations, quit­tances, décharges, soit en faisant usage de faux noms ou de fausses qua­liu!s, soit en employant des manœuvres frauduleuses 'JKYll,r persuader l'ex1,stence de fausses entreprises, d'un pouvoir ou d'un cré,dit imagi­navre, pour faire naître l'espérance ou l,a crainte d'un succès, d'un acci­dent ou de tout autre événement chimérique, ou pour abuser autrement de l,a confiance ou de l,a créÂulité, sera puni d'un emprisonnement d'un mois à cin<J ans et d'une amende de 26 francs à 3.000 francs.

Le coupable pourra, de plus, être condamné à l'interdiction, conformé­ment à. l'article 33.

ARTICLE 497.

· Seront punis d'un emprisonnement de huit jours à trois ans et d'une amende de 50 francs à 5000 francs :

[Ceux qui auront, dans une intention frauduleuse, donné ou tenté de donner à une monnaie ayant cours légal en Belgique ou à l'étranger l'apparence d'une monnaie de valeur supérieure;

Ceux qui auront émis ou tenté d'émettre des monnaies auxquelles on a donné l'apparence de monnaies d'une valeur supérieure ou qui, dans le but de les mettre en circul,ation, les auront introduites dans le pays ou tenté de les y introduire. - Loi du 12 juillet 1932, art. 1er, 120.J

Ceux qui auront émis ou tenté d'émettre pour des pièces de monnaies des morceaux de métal ne portant aucune empreinte monétaire.

ARTICLE 497bis.

[ Seront punis d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende de 26 francs à 500 francs, ceux qui, dans le but de les mettre en circul,ation, auront reçu ou se seront procuré des monnaies auxquelles on a donné l'apparence de monnaies d'une valeur supérieure.

La tentative sera punie d'un emprisonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 26 francs à 1.000 francs. - Loi du 12 juillet 1932, art. Ier, 13°.J

I'

298 ARTICLES 496 A 504

ARTICLE 498.

Sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 50 francs à 1.000 francs ou d'une de ces peines seulement, celui qui aura trompé l'acheteur : ·

Sur l'identiM de la chose vendue, en livrant fraudule'USement une chose autre que l'objet déterminé sur lequel a porM la transaction;

Sur 1o, nature ou l'origine de la chose vendue en vendant ou en livrant une chose semblable en apparence à celle qu'il a acheMe ou qu'il a cru acheter.

Arrêté royal du 31 mai 1933 concernant les déclarations à faire en . matière de subventions, indemnités et allocations de toute nature,

qui sont, en tout ou en partie, à charge de l'Etat.

ART. 1er. - Toute déclaration faite .à l'occasion d'une demande ten­dant à obtenir ou à conserver une subvention, indemniM ou allocation qui est, en tout ou en ,partie, à charge de l'Etat, doit être terminée' par les mots .-- « J'affirme sur l'honneur que la présente déclaration est sin­cère et compl,ète ».

Si le déclarant ne sa.it ou ne peut signer, l'affirmation est faite par lui verbalement soit devant le fonctionnaire qui re,çoit la déclaration, 80Ït devant le bourgmestre ou son déUgué.

Est puni d'un emprisonnement de huit jours à un an, celui qui fait sciemment une déclaration fa'USse ou incompl,ète.

Si, ensuite d'une telle déclaration, il re,çoit une subvention, indemniM Où allocation à laquelle il n'a pas droit ou à laquelle il n'a droit q'l.f,e partiellement, il est puni des peines prévues à l'article 496 du Gode pénal.

ART. 2. - Toute personne qui sait n'avoir plus droit à l'inMgraliM d'une subvention, indemniM ou allocation prévue à l'article Jer est tenue d'en faire la déclaration.

Celui qui, n'ayant pas fait cette déclaration, accepte une subvention, indemniM ou allocation, ou partie d'une subvention, indemniM ou allo~ cation, sachant qu'il n'y a pl'US droit, est puni des peines prévues à l'article 508 du Gode pénal. ·

ART. 3. - La restitution des sommes indament payées est ordonnée d'office par le tribunal saisi de la poursuite.

ART. 4. - Toutes les dispositions du livre Jer du Gode pénal sont applicables aux infractions prévues par les articles préœdents.

ARTICLE 499.

[Seront condamnés à un emprisonnement de huit jours à un an et à

ARTICLES 496 A 504 299

une amende de 26 jranc8 à 1.000 francs ou à une de ces peines seule­ment, ceux qui, par des manœuvres frauduleuses, auront trompé :

1° L'acheteur ou le vendeur sur la quantité des choses venduù; 20 Les parties engagées dans un contrat de louage d'ouvrage ou l'une

d'elles, soit sur la quantité, soit sur la qualité d'ouvrage fourni, lorsque, dans ce second cas, la détermination de la qualité d'ouvrage doit serv~r pour fixer le montant du salaire. - Loi du 17 juin 1896.]

ARTICLE 500.

Seront punis d'un emprisonnement de huit jours à un an et d'une amende de 50 francs à 1.000 francs, ou d'une de ces peines seulement :

Ceux qui auront falsifié ou fait falsifier de,s denrées ou boissons pro­pres à l'alimentation, et destinées à être vendues ou débitées,·

Ceux qui auront vendu, débité ou exposé en vente ces objets, sachant qu'ils étaient falsifiés; ·

Ceux qui, par affiches ou par avis, imprimé& ou non, auront mécham­ment ou frauduleusement propagé ou réveU des procédés de falsification de Ces mêmes objets.

ARTICLE 501. . .

Sera puni d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende de 26 francs à 500 francs, ou d'une de ces peines seulement,

· celui chez lequel seront trouvées des denrées ou boissons propres à l'ali­mentation et destinées à être vendues ou débitées, et qui sait qu'elles sont falsifiées.

ARTICLE 502.

Dans les cas prévus par les deux articles précédents, le tribunal pourra ordonner que 'le jugement soit affiché dans les lieux qu'il dé8ignera et inséré, en entier oit par extrait, dans les journaux qu'il indiquera; le tout aux frais du condamné.

Si le coupable est condamné à un emprisonnement d'au rnoins six mois, la patente lui sera retirée et il ne pourra en obtenir une autre pendant la durée de sa peine.

ARTICLE 503.

Les denrées alimentaires ou boissôns falsifiées trouvées en la posses­sion du coupab'le seront saisies et confisquées.

Si elles peuvent servir à un usage alimentaire, elles seront mises à la disposition de la commune où le délit aura été commis, avec charge de les remettre aux hospices ou au bureau de bienfaisance, selon les besoins de ces établissements; dans le cas contraire, les objets saisis seront mis hors d'usage.

ARTICLE 504.

La disposition de l'artic'le 462 sera applicable aux délits prévus tpar les articles 496, 498 et 499.

300 .ARTICLES 496 ,.A 504

2892. - Remarque. § 1••. De l'esm-oquerie.

2893. - Définition de l'escroquerie. 2894. - Vol, détournement, escroquerie. 2895. - Loi sur les sociétés commercia.les, article 177. 2896. - Application de l'article 462 du Code pénal.

I. But de s'approprier la chose d'autrui. 2897. - Caractère essentiel de cet élément intentionnel. 2898. - Payement d'une dette réelle. 2899. - Coauteurs et complices.

II. Remise 01/, délivrance de la chose. 2900. - Enumération de l'article 496. 2901. - Droits immobiliers. 2902. - Remise ou délivrance. 2908. - Intermédiaire d'un tiers. 2904. - Remise du titre. 2905. .:._ Consommation de · l'infraction.

III. .Remise obtenue par l'un des modes incriminés par la loi. 2906. - Chèque non provisionné. 2907. - a) Usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité. 2908. - b) Emploi de manœuvres fraudulelllles. 2909. - But du législateur dans la rédaction adoptée. 2910. - Auteur principal et participants. 2911. - Manœuvres. - Notion. 2912. - Manœuvres frauduleuses. 2918. - Exemples. 2914. - Appréciation souveraine du juge du fond. 2915. - Détournement ou escroquerie. 2916. - Appréciation critique. - Mauvaise foi. - Hanœuvres frauduleuses. 2917. - Tentative d'escroquerie.

IV. Subventions, indemnitéB, allocations indament perçues. 2918. - Subventions, indemnités, etc. - Arrêté royal du 81 mai 1988.

Remarque.

2892. - La présente section comprend le commentaire des arti­cles 496 à 504 du Code pénal.

Pour la clarté de l'exposé, nous diviserons cette matière en qµatre 'paragraphes :

§ 1er. De l'escroquerie ; § 2. Fraudes monétaires; § 3. De la tromperie ; § 4. Falsification de denrées.

§ 1er. - De l'escroquerie.

2893. - Le délit d'escroquerie dont il s'agit dans l'article 496 du Code pénal, comprend une série d'éléments qu'il convient tout d'abord d'indiquer avant de les examiner un à un.

Commet le délit d'escroquerie : I. - Quiconque, dans le but de s'approprier une chose appartenant

à autrui. ·

ARTICLES · 4:96 A 504: 301

. II. - Se .sera fait remettre ou délivrer des fonds, meubles, obliga-

tions, quittances, décharges. Ill. - Soit a) en faisant usage de faux noms ou de fausses qualité.!,;" - Soit b) en employant des manœuv-res fra'fJ,dukuses. l O Pour persuader l'existence de fausses entreprises, d'un pouvoir

ou d'un crédit imaginaire ; 2° Pour faire naître l'espérance ou la crainte d'un succès, d'un

accident ou de tout autre événement chimérique ; 3° Ou pour abuser autrement de la confiance ou de la crédulité. En résumé, il faut : 1. - Que l'auteur ait eu pour but de s'approprier la chose d'au­

trui; II. - Que dans ce but, il se soit fait remettre ou délivrer cette

chose; III. - Que la remise ou la délivrance ait eu lieu par l'effet: - Soit de l'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité ; - Soit de manœuvres frauduleuses, tendant à l'une des fins indi-

quées par le texte légal. Heureuêement pour les honnêtes gèns, victimes éventuelles des

escrocs, que les derniers termes de la définition légale sont fort largee, En fait, dans ses résultats pratiques; cette définition revient à peu près à ceci : est coupable d'escroquerie, quiconque, dans le but de s'approprier une chose appartenant à autrui, s'est fait remettre ou délivrer une chose appartenant à autrui, s'est fait remettre ou déli­vrer cette chose, soit par l'usage de faux noms où de fausses qualités, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses.

2894. - La différence essentielle entre le vol et l'escroquerie con­siste dans ce que le voleur prend la ch~e, tandis que l'escroc se ]a fait délivrer ou remettre par la victime I de l'infraction.

Dans l'abus de contiance; l'agent est ~n possession de la chose à titre précaire. Il se l'approprie frauduleusement en la détournant ou en la dissipant.

2895. - En vertu de l'article 2()2 des lois coordonnées sur les socié­tés commerciales, seront considérés comme coupable d'escroquerie et punis des· peines portées par le Code pénal, ceux qui ont · provoqué, soit des· souscriptions ou des versements, soit des achats d'actions, d'obligations ou d'autres titres de sociétés :

Par simulation de souscriptions ou de versements à une société ; Par la publication de souscriptions ou de versements qu'ils savent

ne pas exister ;- · Par la publication de noms de personnes désignées comme étant ou

devant être attachées à la société à un titre quelconque, alors qu'ils savent que ces désignations sont contraires à la vérité ; · ·

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302 ÀRTICL:ES 496 A 504

· · Par la publication de tous autres faits qu'ils savent faux. Jugé que l'exhibition à une seule pers0nne d'un document fau:x ne

peut être considérée comme une publication de faits faux entraînant l'application de l'article 496 du Code pénal dans les conditions prévues à l'article 202 des lois coordonnées sur les sociétés commerciales. -Cass., 24 mai 1938; Pas., 1938, I, 185.

Les escroqueries commises par l'administrateur-délégué d'une société anonyme ne sont point justifiées par la circonstance que ces infrac­tions constituent l'exécution de décisions du conseil d'administration. - Cass., 19 janvier 1937, Pas.; 1937, I, 20.

2896. - La disposition de l'article 462 est applicable aux délits prévus par l'article 496. - Code pénal, art. 504; supa, n°8 2756 et suivants.

I. - But de s'appopier 'la chose d'autrui.

2897. - La première condition de l'existence du délit d'escroque­rie, c'est que l'auteur ait eu le but de s'approprier une chose apparte­nant à autrui, C'est là un élément :moral constitutif du délit d'escro­querie dont l'existence doit être vérifiée par le juge du fond lorsqu'il prononce une condamnation de ce chef et dont l'énonèé ne saurait être remplacé par la dénomination générique de l'infraction. A défaut de cette constatation, la cour de cassation est mise dans l'impossibi­lité de contrôler ce que le juge du fond entend par l'infraction qu'il nomme et de vérifier s'il n'a pas condamné pour des faits autres que ceux que la loi punit. - Cass., 8 juin 1925, Pas., 1925, I, 277.

2898. - Il n'y a pas d'escroquerie, faute de l'intention de s'.appro­prjer la chose d'autrui, lorsqu'une personne qui est en compte avec un tiers a recours à certaines manœuvres pour se faire payer une partie des sommes qui lui sont dues et dont elle a vainement réclamé le remboursement à diverses reprises. -NYPELS-SERVAIS, art. 496, n° 6.

2899. - L'intention de s'approprier la chose d'autrui, de même d'ailleurs que l'usage des manœuvres fraqduleuses, doit exister chez l'agent principal du délit. La loi pénale n'exige pas cette condition en ce qui concerne ceux qui ont participé à l'infraction. - Cass., 31 mai 1897, Pas., 1897, I, 212.

II.,,-- Remise ou délivrance de 'la chose.

2900. - La seconde condition de l'infraction, c'est que l'agent se soit fait remettre ou délivrer des fonds, meubles, obligations, quit­tances, décharges.

Cette énumération, a-t-on dit, n'est pas limitative. L'escroquerie se • constitue par la remise de toutes choses pourvu que êette remise ou

ARTICLES 496 A 504 303

-cette délivrance puisse avoir pour résultat de causer . un préjudice, même si l'objet escroqué n'a aucune valeu11 vénale (NYPELS-SERVAIS)

art. 496, n° 11). Cette énumération de la loi est, en tout cas, très lai;ge et il ne semble pas qu'elle ait à être étendue davantage pour répondre à toutes les nécessités de la pratique.

2901. - Les droits immobiliers ne sont pas copipris parmi les choses formant l'objet possible d'une escroquerie. Mais pareille défense n'est pas soulevée à juste titre lorsque le juge du fond a constaté que les escroqueri~s commises par le prévenu ont eu pour objet l'ap:­propriation de titres contenant obligation de sommes d'argent. -:-: Cass., 22 mars 1915, Pas., 1915-1916; I, 225.

2902. - Les mots remise ou délivrance ne sont point définis dans le Code pénal. Il en résulte qu'ils doivent être pris dans leur sens naturel et juridique.

Le mot remise implique l'idée d'une tradition réelle. Mais le moi de'livrance comporte dans le langage des lois civiles et commerciales; dans celui du négoce et des affaires; une portée et une signification plus étendues. En cas de vente, la délivrance des objets mobiliers s''opère par d'autres modes encore que la mainmise de l'acheteur sui.­la chose vendue. Elle doit se faire, sauf convention contraire, au moment de la vente et, par suite, il est de principe que lorsque celle-ci a lieu sur commande et que le vendeur et l'acheteur habitent des localités différentes, l'expédition vaut livraison. Il suffit qu'une remise ait lieu entre les mains d'uil intermédiaire, chargé de recevoir pour ]es acheteurs, par un inandat exprès ou tacite de ceux-ci.

L'acheteur est investi de la possession par cela' seul que le voitu­rier accepte le'transport. La marchandise voyage aux risques et périls de cet acheteur et elle est si bien mise à sa disposition qu'il peut la transmettre à un tiers avant l'arrivée à destination (cass., 4 mai 1880, Pas., 1880, I, 156). Dans cette espèce, les vendeurs s'étaient aperçus de la fraude après l'expédition de la inarchandise, mais avant son arrivée à destination. A raison de ce fait, ils étaient rentrés en pos­session de l'objet de leur .envoi. na été décidé que le délit d'escro­querie était consommé. - Sic NYPELS-SERVAIS, art. 496, n° 8.

Dans une autre espèce, il a été décidé qu'il y avait escroquerie, encore qu'aucune délivrance des marchandises n'ait eu lieu. Mais· 1e contrat d'achat, revêtu de toutes les formalités pour engager le signa­taire, avait été remis à l'escroc. C'était là la remise d'une obligation au sens de l'article 496 du Code pénal. - Cass., 23 septembre 1907, Pand. pér., 1908, n° 311.

2903. - Il est sans importance, au point de vue de l'existence du délit d'escroquerie, que le prévenu ait reçu directement de la personn.e préjudiciée ou des mains d'un ti~rs les fonds qu'il s'est fait re~ettj,e

304 ARTIOL)lJS 496 A 504

, ·,,y,:.,-., ! • ~....;.

ou délivrer, dans le but de se les approprier, par le recours à l'emploi des manœuvres frauduleuses visées à l'article 496 du Code pénal. -Oass., 22 mai 1922~ Pas., 1922; I, 317.

La re:niise des fonds ou valeurs entre les mains d'un tiers et non directement à l'escroc peut constituer la matérialité du délit d'escro­querie, même si finalement l'inculpé n'a pas bénéficié de ce dépôt. ~ NYPELS-8:ERVAIS, art. 496, n° 9. · ·

2904. - Constituerait encore la remise ou la délivrance dont il s'agit à l'article 496, la remise du titre ou d'un document dont la possession permet de se faire délivrer la chose, tel un connaissement. - NYPELS-SERVAIS, art. 496, n° 9.

2905. - C'est la délivrance de la chose obtenue dans les condi­tions prévues à l'article 496 du Code pénal, qui consomme l'infrac­tion d'escroquerie. - Cass., 23 septembre 1907, Parul. pér., 1908, n° 311.

Il importe peu que les manœuvres frauduleuses qui ont été, confor­mément à l'intention de leur auteur, la cause de Ja remise des fonds par le préjudicié, aient été employées soit vis-à-vis de la victime elle­même, soit vis-à-vis du conseiller ou du mandataire de préjudicié. __, Cass., 15 novembre 1937, Pas., 1937, I, 341.

III. - Remise obtenue par l'un des modes incriminés par ln, loi.

2906. - La chose que l'agent a voulu s'approprier et dont il a reçu la remise ou la délivrance, il doit l'a.voir obtenue par l'un des modes incriminés par la loi. Ainsi a-t-il été iugé que le fait d'avoir remis en payement d'une dette un chèque non provisionné et de s'être fait remettre, contre ce chèque, une quittance de la dette, constitue non l'escroquerie, mais le délit prévu par l'article 509 du Code pénal. - Cass., 21 mars 1927, Pas., 1927, I, 185.

i

2907. - a) L'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité suffit, indépendamment dt3/ toute manœuvre frauduleuse, pour constituer un des modes d'obtention de la chose incriminés par l'article 496 du Code pénal. Cela résulte du texte même de cette disposition.

« Quiconque, dans le but de s'approprier une chosè appartenant à autrui, se sera fait remettre ou délivrer des fonds... soit en faisant usage de faux noms ou de fausses qualités», porte le texte de l'ar­ticle ; il faut donc que ce soit cet usage qui a déterminé la délivrance ou la remise de la chose escroquée. - NYPELS-SERVAIS, art. 496, nos 15 et 16.

Commet le délit d'escroquerie celui qui prend faussement la qualité d'invalide civil pour se faire remettre des indemnités par l'Etat. -Corr. Bruges, 18 février 1933, Rechtsk. Weekbl.,· 30 avril 1933, 575;

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2908. - b) « Soit en employant des manœuvres frauduleuses : 11 1 o Pour persuader l'existence de fausses entreprises, d'un pou­

voir ou d'un crédit imaginaire ; , Pour faire naîtré l'espérance ou la crainte d'un succès, d'un acci­

dent ou de tout autre événement chimérique ; 11 30 Ou pour abuser autrement de la confiance ou de la crédulité. »

2909. - Le législateur a estimé que l'expression manœuvres frau­duleuses, sans être mieux précisée, serait trop générale et trop vague et qu'il fallait donc indiquer le but dans lequel ces manœuvres ont été employées. - Exposé des motifs, II; n° 39.

Nous croyons qu'en fait, l'indication contenue dans la loi ne précise absolument Tien et que tous ces mots pourraient être remplacés par ceux-ci; « soit en abusant d'une manière quelconque de la confiance ou de la crédulité par l'emploi de manœuvres frauduleuses ».

Cela était utile à dire : il ne suffira point que la victime se soit laissé persuader par de simples paroles trompeuses. Il faut, de plus, que l'escroc ait eu recours à des manœuvres frauduleuses.

2910. - Avant de dé.finir plus avant ce qu'il faut entendre par manœuvres frauduleuses, notons que celles-ci doivent avoir été accom­plies par l'auteur principal; il n'est pas nécessaire que les coauteurs ou complices y aient participé, pourvu bien entendu qu'ils aient pris part à l'infraction par l'un des modes prévus par les articles 66 et suivants du Code pénal. - Cass., 31 -mai 1897, Pas., 1897, I, 212.

2911. - Nous croyons qu'on peut définir les manœuvres en disant qu'elles doivent consister dans des actes, des faits, et non pas seule­ment dans des dires.

Il a été jugé que des allégations mensongères peuvent être des manœuvres lorsqu'elles sont accompagnées d'une mise en scène des­tinée à leur donner du crédit (cass., 23 septembre 1907, Pand. pér., 1908, n° 311). De même un simple geste ne saurait constituer une manœuvre ; il en est autrement lorsque ce geste corrobore un ensem­ble de faits de nature à persuader de l'existence d'un crédit imagi­naire (cass. fr., 27 novembre 1925, Pas. belge, 1927, II, 46). Dans cette dernière espèce, le prévenu faisait semblant de vouloir retirer de son portefeuille un chèque de 50.000 francs, que la victime y avait vu pla­cer mais qui, en réalité, ne se trouvait plus dans ce portefeuille.

Il est de jurisprudence qu'une simple allégation mensongère, fût­elle faite par écrit, mais non appuyée d'un document prétendûment probant,'ne peut constituer une manœuvre au sens de l'article 496 du Code pénal. - Cass., 3 février 1936, Pas.; 1936, I, 142.

Par contre, lorsqu'une déclaration mensongère a été faite dans un écrit de nature, par sa forme -extérieure, à inspirer confiance, cette

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déclaration constitue la manœuvre frauduleuse prévue par Îa lot ,-Cass.; 26 mai 1936, Pas., 1936, I, 270. ,

Un prévenu se prévaut en vain de ce qu'il aurait été fait à tort application de l'article 496 du Code pénal parce que les affaires incri­minées seraient de nature exclusivement commerciale. Aucune immu­nité n'est assurée à celui qui, dans l'exercice de son commerce, se rend coupable d'une infraction. - Cass., 22 mai 1933, Pas., 1933, I, 247 •.

Il importe peu· que certaines manœuvres frauduleuses aient eu lieu après la remise des choses_ escroquées, si cette. remise a eu lieu à. raison d'autres manœuvres frauduleuses antérieures à la remise de ces cho­ses. - Cass., 25 septembre 1939, Pas., 1939, I, 387.

Manque en fait le moyen qui accuse un arrêt d'avoir considéré une affirmation mensongère comme constituant une manœuvre fraudu­leuse, alors que- le prévènu a été condamné pour s'être, dans le but de · s'approprier une chose appartenant à autrui, fait remettre par celui-ci une somme de 245.180 francs, en faisant usage de la fausse qualité de propriétaire d'un stock de 1. 724 kilogrammes de laine. -Cass., 12 juin 1944, Pas., 1944; I, 378.

2912. - Ce que la loi réprime, c'est l'emploi de manœuvres frau­dukuses, c'est-à-dire celles dont il est fait usage dans l'intention de dépouiller la victime de la chose lui appartenant pour procurer un avantage illicite à l'auteur lui-même ou à un tiers.

Un individu se fait remettre des fonds en vue de ]a mise au point d'une invention, dans laquelle il a lui-même confiance. Les démon­strations, les essais auxquels il est procédé devant le bailleur de fonds sont des moyens de gagner la confiance de celui-ci. Si l'inventeur est de bonne foi, il ne saurait y avoir là des manœuvres frauduleuses, même si l'invention n'est pas susceptible de rémunérer l'auteur et ceux qui l'ont aidé dans ses recherches.

2913. - L'ingéniosité des escrocs est· aussi étendue que la naïveté obstinée des victimes.

L'escroquerie au cautionnement, procédé ultra-connu, sévit tou­jours avec succès malgré tous les avertissements donnés au public par la presse quotidienne.

Nous croyons tout à fait superflu de vouloir donner ici l'analyse de tous les modes d'escroquerie dont tous les recueils de jurisprudence contiennent d'innombrables exemples. Bornons-nous à quelques cas­types :

1° Un individu, non commerçant, se donne, dans sa correspondance, les apparences d'un commerçant en commandant, à de courts inter­valles, de nombreuses marchandises, par lettres et par télégrammes, de manière à persuader son vendeur qu'il est un commerçant sérieux, ayant une clientèle suivie. - NYPELS-SERVAIS, art. 496, n° 18.

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2° La mise en scène par laquelle un des prévenus se don.ne ficti­vement comme acheteur, au nom de son comparse, et la simulation d'un marché réellement inexistant peuvent être considérés par le juge du fond comme constituant les manœuvres nécessaires pour qu'il y ait escroquerie. - Cass., 12 novembre 1917, Pas., 1918, I, 127

3° Jugé que le fait de se faire délivrer une chose pour se l'appro­prier, en employant des manœuvres frauduleuses destinées à faire croire qu'elle est délivrée en exécution d'un contrat de vente, consti­tue une escroquerie. _.:_ Cass., 26 mai 1924, Pas., 1924, I, 361.

4° Constitue une escroquerie, le fait de présenter à l'échange un billet de mille francs, en y substituant, pendant l'échange, un billet de cent francs. - Cass. fr., 3 juillet 1920, Pas. belge, 1922, Il, 48.

5° La tromperie ou la tricherie au jeu sera presque toujours, sinon toujours, une escroquerie, les manœuvres frauduleuses consistant ici dans les moyens mis en œuvre par le tricheur pour abuser de la con­fiance de son adversaire. - NYPELS-SERVAIS, art. 496, n° 33.

6° Comment faut-il apprécier, en droit, le mode d'escroquerie vul­gairement appelé carambolage 1 Soit le cas d'un individu qui se fait délivrer une voiture automobile d'un prix de 60.000 francs; en annon­çant qu'il la payera le lendemain. Aussitôt en possession de la machine, il va la liquider, grand comptant, pour 20.000 francs.

On a dit que dans des cas de ce genre la poursuite-s'impose par raisons d'opportunité. Mais, dit-on, en droit strict, cet individu est devenu propriétaire de la voiture par son achat et il pouvait immédia­tement en faire ce qu'il voulait.

Nous estimons que dans des cas de ce genre la poursuite et la con­damnation sont parfaitement justifiées à la fois en fait et en droit. En réalité, le prétendu acheteur a simulé un achat pour se faire remettre une chose dont il a fait immédiatement argent. Mais il n'est pas devenu propriétaire parce qu'il n'y a pas eu réellement ni vente ni achat. Pour qu'il y ait eu vente, il faudrait qu'il y ait accord de volontés sur une chose et sur un prix. Or, pareil concours de consen­tements n'a jamais existé dans les cas du genre dont il s'agit. Le pseudo-acheteur n'était évidemment pas d'accord sur un prix puis­qu'il était bien décidé ab initio à ne jamais payer la somme que le vendeur désirait encaisser. Quant au vendeur, il a accepté, comme toutes les victimes d'escroqueries, de transférer ,la détention de la chose. Mais il est bien certain que son consentement n'a jamais porté sur l'opération telle qu'elle s'est effectivement réalisée. Une condi­tion essentielle de son consentement a donc fait défaut. Par conséqu~nt, le remise de la chose n'a été décidée qu'à la suite d'un simulacre de vente. Par suite, il n'y a pas eu de transfert de propriété. ·

Nous estimons qu'en faveur de notre thèse en droit on peut invo­quer notamment : cass., 12 novembre 1917, Pas., 1918, I, 127; sic

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arg. cass., 20 juin ·1031, Pas., 1934,I, 332. Cet arrêt décide, en matière de détournement, que ne viole aucune disposition légale l'arrêt déci­dant que le dol criminel inhérent au délit d'abus de confiance, dont il constate l'existence chez le prévenu, a empêché une vente de deve­nir parfaite et d'opérer un transfert de propriété.

Quant à la consommation de l'infraction, il importe de remarquer que l'escroquerie existe non pas à partir du moment où l'escroc liquide l'objet, mais bien dès le moment où il se le fait remettre. -Supa, n° 2905; adde : supa; n° 2913, 2° et 3°.

7° La « gratte » prélevée par certains agents de change peu scru -puleux induit le client en erreur à raison des cours d'achat ou de vente inexacts indiqués dans les bordereaux. La jurisprudence considère, à juste titre, cet usage comme constitutif d'escroquerie à raison de l'abus de la confiance et de la crédulité d'autrui. - Corr. Bruxelles, 6 janvier 1933, Pand. pér., 1933, 220; Bruxelles, 12 avril 1933, men-

. tionné dans la note sous le jugement préindiqué. 8° Celui qui se présente à ses clients comme intermédiaire pour

l'exécution d'ordres de bourse, alors qu'en réalité il s'est porté contre­partie,- et qui, en cette fausse qualité d'intermédiaire, a adressé à ses clients des avis d'exécution d'ordres et des bordereaux relatant les opérations soi-disant faites pour leur compte et a ainsi réussi à se faire remettre certaines sommes d'argent et notamment des frais de cour­tage, se rend coupable du délit d'escroquerie. Un tel délit ne se trouve consommé que par la remise des fonds obtenus à l'aide $le la fausse qualité . ou des manœuvres frauduleuses.

Au cas où le client est en compte courant, l'inscription au débit du compte du client des sommes escroquées constitue la remise des fonds. - Appel Nancy, 8 juin 1933; Pand. pér., 1934, n° 33.

9° Comment faut-il apprécier le fait des individus qui se font remettre des sommes ou valeurs en simulant certains sentiments ?

Les décisions, généralement non motivées en droit; punissent à juste titre les délits appelés escroqueries au mari,age. On sait que dans les cas de ce genre l'auteur de l'infraction simule un sentiment d'amour pour une femme plus ou moins simplotte et mieux munie de richesses que de jugement. Cette mise en scène dure généralement jusqu'à ce que l'individu se soit fait confier la dot. Dès que ce résultat est obtenu, le simili-amoureux se sauve avec les fonds qu'il s'est frauduleusement fait remettre. Il est évident que des agissements de ce genre réunissent tous les éléments juridiques de l'escroquerie. L'auteur de l'infraction se fait remettre une chose en abusant de la confiance et de la crédu­lité de la victime par une manœuvre consistant dans la simulation d'un sentiment d'amour et d'une intention de mariage.

10° Il va sans dire que l'escroquerie au mariage ne doit pas être confondue notamment avec les agissèments de certains jeunes gens

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qui rendent à certaines _vieilles coquettes les services que celles-ci attendent d'eux moyennant certains avantages matériels plu~ ou moins importants. Dans ces cas, il y a un marché dont nous n'avons évidemment pas à apprécier ni la dignité ni la moralité, mais qui ne con­stitue pas un délit d'escroquerie. La coquette ne se fait généralement pas d'illusions sur les sentiments intimes de son cavalier. Elle paye les «caresses» qu'elle achète à un prix qu'elle juge proportionné aux satisfactions qu'elle y trouve. Des arrangements de ce genre devien­nent odieusement criminels lorsque le cavalier pousse les choses jus­qu'à tuer la coquette dans le désir de s'approprier en une fois son capital, ses fourrures, ses vêtements et même, comme dans certaine affaire qui fut célèbre, les chemises et les bas de la morte.

Il O Partant de la tendance que nous examinerons plus loin (infra, n° 2916); suivant laquelle on admet souvent trop facilement la mau­vaise foi du prévenu, tout en restreignant avec excès la notion de « manœuvres frauduleuses », la cour d'appel de Bruxelles, dans un arrêt inédit, a refusé de considérer comme escroc un couple qui s'était introduit chez une vieille rentière sous couleur d'amitié et de soins à lui don:g.er à raison de son état maladif. Le manège avait duré jusqu'.à ce que le couple soit parvenu à se faire remettre à peu près tout l'avoir de la vieille dame.

Sans doute, n'y a-t-il pas lieu de considérer comme escroc celui qui se fait donner un cadeau plus ou moins important à l'aide d'une flatterie. Ne sont pas non plus des escrocs ceux qui s'attirent les bonnes grâces d'un oncle à héritage par mille et une prévenances. Il n'y a pas davantage escroquerie, par exemple, dans le fait de la gou­

. vernante, ménagère d'un monsieur âgé, qui est aux petits soins pour celui-ci sa vie durant et qui recueille finalement ainsi un legs impor­tant,· voire toute sa succession. Dans tous les cas de ce genre il n'y a pas de manœuvres frauduleuses parce que, s'il y a éventuellement enrichissement aux dépens des héritiers, on ne dépouille pas le de cujus ou le donataire de son avoir par une manœuvre fraudulèuse. Bien des oncles à héritage notamment ne se font guère d'illusions sur la sincérité des sentiments de ceux qui escomptent leur héritage. Mais ils trouvent normal que leurs biens aillent; de préférence, . à ceux de leurs parents qui ont été aimables pour eùx. De même, celui dont la vieillesse a été bien soignée par une gouvernante est le premier à désirer que cette personne, quels qu'aient été les sentiments vrais de celle-ci, ait sa subsistance· assurée lorsque ses fonctions au;ront pris fin. Cette intention se révèle très souvent par les termes mêmes du testament : « Si une telle est encore à mon service à l'époque de mon décès, je lui lègue ... )),

Dans tous les cas de ce genre, il y a lieu de faire la discrimination, parfois assez délicate, entre la poudre aux yeux et l'escroquerie. S'il

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y a eu, en fait, un dévouement au moins matérieJlement réel et plus ou moins intéressé, il n'y a pas de délit. Mais la comédie d'un amour (escroquerie au mariage) ou d'un dévouement (infirmière volontaire) qui ne vise qu'à dépouiller une personne de son avoir est nécessaire­ment une odieuse simulation constitutive des manœuvres frauduleuses requises par la loi. Dans une catégorie de cas on achète des bonnes grâces, dans l'autre catégorie on tend à se faire remettre le bien d'au­trui par l'emploi de manœuvres frauduleuses, tout comme dans l'es­croquerie au mariage (8Upra, n° 2913, 9°) et tout comme dans le cas examiné ci-après.

12° Jugé que relève tous les éléments requis pour l'existence du délit d'escroquerie, l'arrêt qui constate que le prévenu s'est fait remettre par la partie civile des titres en échange d'autres titres d'une valeur beaucoup moindre, si la partie civile n'a adhéré à cette opé­ration que grâce aux manœuvres persuasives, visites réitérées et assu­rances fallacieuf!es de bénéfices importants prétendûment démontrés par la production de multiples circulaires et si ces machinations ont été pratiquées envers un homme ignorant des affaires financières et boursières. - Cass., 14 octobre 1935, Pas., 1935, I, 365. .

13° Les peines de· l'escroquerie ont été appliquées à bon droit, selon nous, au fait de deux individus dont le premier s'était fait passer pour l'employeur du second et avait fait à une caisse de compensation pour allocations familiales les versements devant permettre à ce der­nier de percevoir des subsides auxquels il n'avait point droit. - Cass., 28 juin 1937, Pas., 1937, I, 203; adde : infra, n° 2918.

14° Chaque fois que le devin a trompé sciemment ceux qui venaient le consulter, chaque fois qu'il a cherché à inspirer à autrui une con­fiance qu'il n'avait pas lui-même, il se rend coupable d'escroquerie.

S'il croit à la réalité du pouvoir qu'il s'attribue ou lorsque, n'y croyant pas, il donne son procédé pour ce qu'il vaut, sans l'affirmer tout-puiss1:tnt, il y a lieu à application de l'article 563 du Code pénal. - Liège, 30 juin 1938, Pas., 1939, II, 60.

2914. - La cour de cassation a décidé autrefois qu'il lui appar­tenait d'exercer son contrôle sut le point de savoir si tel fait déclaré constant par le juge du fond est en réalité une manœuvre fraudu­leuse (cass., 20 octobre_ 1868, Pas., 1869, I, 19; cass., 8 mars 1869 Pas., 1869, I, 280). Mais depuis l'arrêt du 1er février 1886 (Pas., 1886, I, 69), la jurisprudence constante de la cour de cassation était que, la loi ne définissant pas ce qu'il faut entendre par manœuvres frauduleuses en matière d'escroquerie, le juge du fond décide souve­rainement que certains actes qu'il relève dans le chef du prévenu constituent des manœuvres frauduleuses (cass., 15 mars 1921, Pas., 1921, I, 292), pourvu qu'il n'y ait pas contradiction directe entre

AR'rICLES 496 A ·504 311

les faits relevés et la qualification donnée à ceux-ci. - Cass., 2 juillet 1917, Pas., 1918; I, 51.

Dans la première édition du présent travail nous avons émis l'avis que lorsqu'il s'agit d'apprécier si un fait constant tombe sous l'appli­cation d'une loi déterminée, le litige est en droit et qu'il est donc de la compétence de la cour de cassation à laquelle ii appartient de vérifier si le juge du fond a donné aux termes de la loi ou, le cas échéant, d'une convention, leur sens normal. - Comp. cass., 9 octobre 1922, Pas., 1923, 1, 8; cass., 3 mars 1924, Pas., 1924, I, 229; a<lde : cass., 4 novembre 1912, Pas., 1913, I, 7 (cel frauduleux); infra, n° 2997.

Par son arrêt analysé ci-dessous, la cour de cassation avait encore proclamé que la loi ne définit pas ce qu'il faut entendre par manœu­vres frauduleuses ; qu'il appartient, dès lors, au juge du fond de qua­lifier les manœuvres dont il constate l'existence ; que sa décision, à cet égard, est souveraine. - Cass., 29 octobre 1928, Pas., 1928, I, 258.

La note parue sous cet arrêt dans la Pasicrisie a signalé diverses opinions de doctrine contraires à cette jurisprudence.

Postérieurement à son arrêt précité du 29 octobre 1928, la cour de cassation a admis, d'une manière générale, soit explicitement, soit implicitement; que, quand la loi ne définit pas un terme légal, il doit être pris dans son sens ordinaire et que la cour de cassation a compé­tence pour apprécier s'il s'applique au fait décrit par le juge du fond. -Cass., 17 mars 1930, Pas., 1930, I, 164, et note P. L.; cass., 12 mai· 1930, Pas., 1930, I, 208:

Actuellement la jurisprudence de la cour de cassation est constante en ce sens qu'il lui appartient d'apprécier si le juge du fond n;a pas dénaturé les faits constatés par lui. - Cass., 20 novembre 1933, Pand. pér., 1933, 397; cass., 25 mars 1935, Pas., 1935, I, 198; cass., 3 février 1936, Pas., 1936; I, 142; cass., 24 mai 1938, Pas., 1938, I, 185; cass., 25 septembre 1939,. Pas., 1939, I, 387 et autorités citées dans la note du recueil.

Lorsqu'un prévenu dénie, devant la cour d'appel, l'existence de manœuvres frauduleuses constitutives de l'escroquerie et qu'il con­teste que « les faits lui imputés par les plaignants » eussent le carac­tère de pareilles manœuvres, l'arrêt qui attribue ce caraetère à des agissements dont il n'indique aucunement la consistance, ne permet pas .à la cour de cassation d'exercer son contrôle et n'est pas motivé au vœu de la loi. - Cass., 6 novembre 1939, Pas., 1939, I; 458.

A défaut de conclusion,s, le juge .du fond motive et justifie suffi­samment une condamnation du chef d'escroquerie en constatant l'existence des éléments constitutifs de l'infraction dans les termes de la loi. - Cass., 13 juin 1933, Pas., 1933, I, 263; sic cass., 23 avril 1934, Pas., 1934, I, 254; cass., 11 mars 1935, Pas., 1935, I, 189; cass., 23 septembre 1942, Pas., 1942, I, 198. ·

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En constatant souverainement les éléments de fait du délit d'es­croquerie, le juge du fond rejétte implicitement comme controuvée ou sans pertinence la demande d'acte formulée pour contester en fait l'existence du délit. - Cass., 9 janvier 1939, Pas., 1939, I, 2.

2915. - Il a été jugé qu'en cas de condamnation du chef d'escro­querie, le condamné est non recevable, à défaut d'intérêt, à se pour.voir en cassation en prétendant qu'il eût dû être condamné du chef de détournement frauduleux. - Cass., 5 octobre 1931, Pand. pér., 1931, 288.

La note du recueil fait observer avec raison que cette jurisprudence serait fondée si le juge avait déclaré constants des faits de détourne­ment et s'il avait visé par erreur l'article 496 du Code pénal au lieu de mentionner l'article 491 du Code. Mais ]a loi n'a pas voulu refuser tout intérêt au condamné qui se voit déclaré escroc quand il prétend n'avoir commis que ]a défaillance constituée par l'abus de confiance. La situation serait analogue si un individu condamné pour outrage aux mœurs soutenait n'être coupable que dè coups.

2916. - Dans la poursuite des affaires d'escroquerie on rencontre assez fréquemment une double tendance, à laquelle nous ne pouvons souscrire :

1° Il arrive qu'on admette trop facilement, selon nous, la mau­vaise foi du prévenu. Une personne a monté une affaire. Elle ne réussit pas à la faire prospérer, éventuellement parce qu'elle n'a pas les capacités requises. Un tiers qui a «pesé>> l'affàire porte plainte au Parquet du èhef d'escroquerie. L'affaire est mise complètement à terre. Le tiers la rachète à vil prix. Condamnation du chef d'escro­querie. L'apport d'une concession non exploitée paraît si facilement exagéré. Après le jugement, le tiers remet l'affaire d'aplomb. Il connaît la fortun~, les honneurs. Pendant ce temps, l'honnête homme qui a découvert cette affaire mais qui n'a point su la faire prospérer est en prison.

· 2°. Par contre, dans certains cas, où l'on a affaire à de véritables filous, la doctrine et la jurisprudence sont parfois, selon nous, trop scrupuleux sur la portée à donner aux termes « manœuvres fraudu­leuses>>. Ainsi l'individu qui se fait servir un repas dans un restau­rant, alors qu'il sait ne pas pouvoir le payer, ne serait pas un escroc, à moins, dit-on, qu'il n'ait employé des manœuvres frauduleuses pour abuser de la confiance du restaurateur (NYPELS-SERVAIS, art. 496, n° 36). Ne parlons pas ici du malheureux pressé par la faim, qui serait en état de nécessité et qui n'agirait pas dans une intention fraudu­leuse (supra, n° 2749). Mais il est incontestable que l'individu qui se fait servir un repas plus ou moins luxueux, alors qu'il ne pourra point

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Je payer, commet une escroquerie (1). Où sont les manœuvres frau­duleuses 1 demandera-t-on. Raisonnons par analogie. On admet que le faux commerçant qui se fait dé1ivrer, des marchandises est un escroc (supra, n° 2913; premier exemple). De même, dans le cas actuel, les manœuvres · frauduleuses consisteront précisément à se ·comporter comme un consommateur ordinaire; c'est-à-dire comme un client à même de solder l'addition. Il va sàns dire que nous ne considérerions. pas comme un escroc celui qui, à la fin du repas, s'apercevrait qu'il a oublié son portefeuille chez lui. - Adiie : infra, n° 2922.

2917. - Comme nous l'avons fait remarquer antérieurement (supra,. n°413),nous estimons que la tentative d'escroquerie devrait être sanc­tionnée d'une peine. Le Parquet serait ainsi armé pour sévir notam­ment contre toute la publicité qui vise à réaliser l'escroquerie au cau­tionneµient. Les observations présentées au cours des travaux pré-. paratoires (Ex'J)Osé des mQtifs, Il, n° 39 ; Rapp. Chambre, III, n° 39). ne nous paraissent nullement décisives. La matière est délicate sans. doute. Mais il n'est pas impossible au législateur de donner une règle. bien établie, ni aux tribunaux et aux parquets de l'appliquer avec, prudence. Une solution consisterait éventuellement à ne réprimer que, le délit manqué, à l'exclusion de la tentative suspendue.

IV. - Subventions, indemnités, allocation8 indûment per<;ue-S.

2918. - Nous avons reproduit en tête du présent chapitre le texte, de l'arrêté royal du 31 mai 1933 punissant des peines de l'escroquerie,. celui qui, à la suite d'une déclaration sciemment fausse ou incomplète,. reçoit une subvention, une indemnité ou une allocation; en tout ou en partie à charge de l'Etat, à laqueJle il n'a pas droit ou à Jaquelle iJ n'a droit que partiellement. - ;Adde: infra, n° 3002; voy. aussi supra, n° 2913, 130.

§ 2. - Fraudes monétaires.

2919. - Faux monnayage, etc. - Renvoi. 2920. - Maquillage ou .tentative de maquillage de pièces de monnaie. 2921. - Emission eu tentative d'émission. - Importation ou tentative d'importatio•,

de monnaies maquillées. 2922. - Morceaux de métal sans empreinte monétaire. 2923. - Emission de monnaies non maquillées ayant l'apparence de pièces d'or. 2924,. - Réception consciente de pièces pour une valeur inférieure à leur valeur réelle •. 2925. - Recevoir ou se procurer des monnaies maquillées. 2926. - Tentative du délit précédent.

~919. - Divers crimes et délits peuvent être commis par la fabri-

(1) On a estimé devoir ériger les faits de ce genre en délit spécial de grivèlerie. v'oir·. plus loin le commentaire de l'article 508biB du Code pénal (loi du 23 mars 1936), - Iafra,._ n•• 3003 et suivants.

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catiôn ou l'émission de fausse monnaie. - Voir supra, n°s 1154 et suivants (contrefaçon de monnaies, etc.); n°s 1182 et suivants (faux bipets de banque).

2920. - L'article 497 du Code pénal, modifié par l'article 1er, 12°, de la loi du 12 juillet 1932, réprime tout d'abord le fait de ceux qui auront, dans une pensée frauduleuse, donné ou tenté de donner à une monnaie ayant cours légal en Belgique ou à l'étranger l'apparence d'une monnaie de valeur supérieure.

Antérieurement à la loi du 12 juillet 1932; le maquillage d'une-pièce de monnaie ne suffisait pas à constituer l'infraction prévue par l'ar­ticle 497 du Code pénal. Il fallait qu'il y ait eu à la fois :

1° Maquillage d'une pièce de monnaie; -2° Emission ou tout au moins tentative d'émission de la pièce

maquillée. Actuellement le maquillage ou la tentative de maquillage consti­

tuent par eux-mêmes le délit si le fait a été commis dans une pensée frauduleuse.

2921. - L'alinéa 3<de l'article 497 nouveau du Code pénal réprime: 1° L'émission ou la tentative d'émission de la pièce de monnaie

maquillée; 2° L'introduction ou la tentative d'introduction dans le pays de

monnaies maquillées dans le but de les mettre en circulation.

2922. - L'alinéa final de Varticle 497 nouveau du Code pénal pré­voit le fait d'émettre ou de tenter d'émettre pour des pièces de mon­naie des morceaux de métal ne portant aucune empreinte monétaire.

Ce fait a été considéré comme une tromperie frauduleuse. - Rap­port complémentaire Chambre, VIII, n° 3.

2923~ - L'émission, pour une pièce d"or, d'une pièce qui a par elle-même l'apparence d'une pièce d'or, par exemple une pièce de deux centimes neuve, ne tomberait sous l'application d'aucune loi pénale, si l'agent n'a employé aucune manœuvre frauduleuse pour faire passer cette pièce. - NYPELSaSERVAIS, art. 497, :µ0 4; cass., 22 septembre 1865, Pas., 1865, I, 373.

D'après nous; cette doctrine est une manifestation de la tendance signalée ci-dessus, n° 2916, et à laquelle nous estimons ne pas pouvoir nous rallier. Certes, la mauvaise foi ne peut pas se présumer. Nous avons connu le cas d'une personne qui avait rangé soigneusement dans. deux poches difJérentes de ses vêtements; d'une part, des pièces de cinq francs destinées à solder divers achats et, d'autre part, des pièces n'ayant que l'apparence de pièces de cinq francs, qu'elle se pro­posait de liquider pour leur valeur réelle. Après avoir fait divers achats, elle s'aperçut qu'en toute bonne foi elle avait écoulé les pièces

.ARTICLES 496 A 504 3f5

fausses dont elle allà d'ailleurs vainement demander la restitution. Tous ceux qui les avaient reçues les avaient à leur tour écoulées, de bonne ou de mauvaise foi. Supposons; au contraire; qu'il soit démontré que cette personne avait agi frauduleusement. Le fait de s'être fait délivrer des marchandises en échange des pièces fausses serait incon­testablement selon nous une escroquerie, les manœuvres frauduleuses ayant consisté, en l'espèce, à abuser de la. confiance ou de la crédu­lité des marchands en · feignant de les payer au moyen de · pièces véritables.

2924. - Celui qui reçoit sciemment une pièce qui lui a été donnée par erreur pour une pièce de moindre valeur, encourt éventuellement les peines du cel frauduleux. - Code pénal, art. 508; infra, n° 2995,

2925. - Le fait de recevoir ou de se procurer, dans le but de les mettre en circulation, des monnaies maquillées a été érigé en délit par l'article 497bis du Code pénal.

Cette disposition a été ajoutée au Code pénal par l'article 1er, 13°, de la loi du 12 juillet 1932.

2926. --:- La tentative de ce délit a été rendue punissable par l'ar­ticle 497 bis, al. 2, du Code.

§ 3. - De la tromperie.

2927. - a) Tromperie SUI' l'identité de .la chose vendue. 2928. - Intention frauduleuse. 2929. - b) Tromperie sur la nature ou l'origine. 2930. - Intention frauduleuse. 2931. -- Tromperie sur la qualité? 2982. - Vente sous condition d'agréation. 2933. - Fausses antiquités. 2934. - Tromperie sur l'origine. 2935. - Consommation des infractions. 2936. - Tromperies lors d'un échange. 2937. - c) Tromperies sur la quantité. 2938. - Acheteur et vendeur. 2939. - Louage d'ouvrage. 2940. - Louage d'ouvrage. - Tromperie sur la qualiU d'ouvrage fourni. 2941. - Application de l'article 462 du Code pénal. 294lbis. - Indication de l'arrêté ministériel du 30 avril 1948 destiné à asl!urer la.

loyauté des transactions commerciales.

2927. - Les articles 498 et 499, ce dernier modifié par la loi du 17 juin 1896, répriment la tromperie.

Il s'agit dans ces dispositions du fait : tz) Ile celui qui aura trompé l'acheteur sur l'identité de la chose

vendue en livrant frauduleusement une chose autre que l'objet déter­miné sur lequel a porté la transaction.

L'existence -de ce délit suppose un marché conclu in specie, portant sur un objet déterminé dans son individualité (Bruxelles, 26 février-

316 ARTICLES 496 A 504

1930, Pand. tpér., 1930, n° 204). Cet objet est donc devenu la propriété de l'acheteur, par l'effet de la vente, et le vendeur n'en est plus qu'un dépositaire, à titre précaire, à charge de livrer cet objet à son client.

Au lieu de quoi, le marchand s'approprie cet objet et il livre frau­duleusement une chose autre que celle qu'il devait livrer. Cette infraction constitue à la fois un abus de confiance et une tromperie. Elle intervient dans la délivrance et non dans le contrat. - Extp0sé des motifs, Il, n° 42; Rapp. Chambre, III, n° 42.

2928. - Le texte de la loi spécifie expressément que cette·trom­perie exige l'intention frauduleuse, c'est-à-dire le dessein de se pro­curer à soi-même ou à autrui un avantage illicite.

, 2929. - b) Le second fait de tromperie prévu par le texte de l'ar­ticle 498 se réalise soit dans le contrat de vente même, soit dans la livraison : le vendeur trompe l'acheteur sur la nature ou l'origine de la chose vendue, en vendant ou en livrant une chose semblable en apparence à celle qu'il a achetée ou qu'il a cru acheter.

Jugé que celui qui vend sous un nom propre déternµné un vin qu'il a acheté sous un autre nom, se rend coupable de tromperie sur ·la nature ou l'origine de la marchandise vendue. - Bruxelles, 31 janvier 1929; Pand. tpér., 1929, n° 147.

Dans cette espèce le tribunal de première instance avait acquitté le prévenu en faisant valoir que si l'acheteur connaissait la valeur du vin qu'on déclarait lui vendre et s'il voulait réellement acheter ce vin, le prix relativement minime payé par lui lui prouvait que le vin acheté n'était pas de la nature indiquée sur l'étiquette.

Pareille appréciation relève évidemment des éléments particuliers des divers cas d'espèce. En droit, les deux décisions ne sont pas con­tradictoires.

Le fait de remplir avec de l'eau de ville additionnée d'acide carbo­nique des bouteilles revêtues d'une étiquette servant à distinguer une source déterminée et de mettre ces bouteilles en vente est constitutif de tromperie sur la nature et sur l'origine de la chose vendue. - Bru-xelles, 26 février 1930, Pand. pér., 1930, n° 204. .

Jugé que n'est pas motivé au vœu de la loi l'arrêt qui, condamnant du chef d'avoir trompé l'acheteur sur la nature ou l'origine de la chose vendue, n'énonce pas avec précision le fait qui entraîne la condam­nation et ne permet pas au condamné de le discerner à défaut d'indi­cation du nom du préjudicié ou de. la date précise de sa perpétration. Si la citation et le jugement ne doivent pas comprendre, en matière répressive, l'exposé détaillé des faits invoqués et retenus contre le prévenu, tout au moins faut-il que leur énonciation permette à ce dernier de savoir de quels actes il a à répondre et de vérifier si c'est à raison de ces actes qu'il a été condamné. Si l'on peut admettre que la défense au fond par le prévenu sans protestation ni réserve, couvre

ARTICLES 496 A 504 317

la nullité tirée de l'imprécision de la citation, il faut en tout cas que le jugement ou l'arrêt énonce exactement le fait qui a entraîné la con­damnation. - Cass., 15 octobre 1934, Pas., 1935, I, 17.

2930. - Le second délit de tromperie exige, tout comme le précé­dent, l'intention frauduleuse. Le texte qui a fait l'objet des discussions parlementaires a toujours mentionné l'existence de cette condition, jusqu'à la rédaction finale adoptée par la ·Chambre des représentants (Dise. Chambre; IX, n° 8). Ce n'est que par une erreur manifeste que le texte du Code ne contient plus le mot « frauduleusement >) qui a été adopté dans toutes les rédactions successives de l'article (NYP:ELS­SERVAIS, art. 498; n° 3). D'ailleurs la notion même de la tromperie inclut la fraude et l'intitulé du chapitre II est précisément- « Des fraudes 1>.

Jugé qu'en exigeant l'intention frauduleuse pour l'existence du délit; l'article 498 entend par là l'esprit de lucre. Le vendeur a l'es­prit de lucre lorsqu'il recherche aux dépens d'autrui un profit, quel qu'en soit le montant, qu'il n'aurait pas obtenu de l'acheteur s'il n'avait pas trompé celui-ci sur la nature ou l'origine de la chose ven­due. - Cass., 7 février 1944, Pas., 1944, I, 192.

2931. - La tromperie sur la nature de la chose vendue comprend­elle la tromperie sur la qualité de l'objet de la vente 1 Il y a eu à cet égard une divergence entre la Chambre et le · Sénat.

La première de ces deux assemblées voulait exclure la tromperie sur les qualités de la chose vendue; afin d'éviter une trop grande immixtion de la loi pénale dans les transactions civiles. On voulait empêcher par là que puisse être réprimée une tromperie telle que l'acheteur n'avait qu'à regarder pour ne pas se méprendre (Rapp. Chambre, III, n° 42). Le Sénat voulait, au contraire, que la bonne foi demeurât l'âme du commerce et sa Commission inséra dans le texte la mention de la tromperie sur les qoolités essentielles de la chose. - Rapp. Sénat; VI, n° 27. ·

Ni ces termes, ni aucun de ceux qui y furent substitués, ne furent maintenus dans la rédaction finale. La tromperie sur les qualités de la chose n'est donc punissable que si elle affecte la nature même de la chose. Tel serait le cas, si on vendàit du fumier pour de la paille. - NYPELS-SERVAIS, art. 498, n° 8.

2932. - La répression de la tromperie sur la nature de la chose vendue ne s'étend pas à toute atteinte à la probité. En cas de vente sous condition suspensive d'agréation par l'acheteur, celui-ci pourra encore; nonobstant son agréation, invoquer l'article 498 du Code pénal si la vraie nature de la chose vendue a été dissimulée sous des dehors trompeurs ou si l'emploi des modes ordinaires de vérification ne pou­vait, au moment de l'agréation, faire découvrir le vice de la marchan-

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818 - ARTICLES 496 A 504

dise. Celui qui est VÏ(}time de sa propre négligence ne peut invoquer l'article 498 du Code pénal. - Cass., 8 juin 1926, Pas., 1927, I, 10.

2933. - On a considéré comme une tromperie sur la nature de la chose, la vente d'un objet imité d'ancien comme une antiquité véri­table. - NYPELS-SERVAIS, art. 498, n° 13.

Se rend coupable de tromperie sur l'origine de la chose vendue celui qui fait vendre publiquement une statue dont il est proprié­taire, en tolérant qu'elle soit annoncée comme étant une œuvre pri­mordiale de l'art belge du XIVe siècle, bien qu'il ait été averti à diverses reprises de son défaut d'authenticité. - Bruxelles, 1er mars 1939, Pas., 1939, II, 101.

2934. - L'alinéa final de l'article 498 vise la tromperie sur l'ot"i­gine de la chose. Cette disposition du projet avait été supprimée par la Commi,ssion de la Chambre des représentants. Elle fut rétablie par la Commission du Sénat. De ée que la tromperie suppose l'inten­tion frauduleuse, il faut conclure que cette tromperie sur l'origine doit avoir une importance pratique. « En abusant de celui-ci (l'ache­teur}, en lui faisant accepter ce qu'il aurait décliné ou du moins payé à un prix inférieur si l'affaire avait été traitée loyalement, le mar­chand commet un acte de mauvaise foi. » - Rapp. Sénat, VI, n° 27.

2935. - Contrairement à ce qui serait le cas_pour la tromperie sur l'identité de la chose vendue (supra, n° 2927), l'infraction prévue par l'alinéa final de l'article 498 peut être consommée dès que la vente doleuse est parfaite, abstraction faite de toute livraison effectuée. -Cass., 4 mai 1925, Pas., 1925, I, 232.

2936. - On a admis que l'article 498 du Code pénal pourrait s'ap­pliquer aux tromperies commises lors d'un échange (NYPELS-SERVAIS, ·art. 498, n° 10). Cette opinion nous paraît en contradiction formelle avec les termes de la loi. L'échange, ~t-on, est une vente réciproque. En droit civil pareille argumentation serait admissible. Mais lorsqu'il s'agit d'établir une incrimination pénale, nous considérons qu'un tel mode d'interprétation du texte ne se justifie point.

2937. - c) La tromperie sur la quantif,é est prévue par l'article 499 du Code pénal. Cette disposition exige que la tromperie ait eu lieu par l'emploi de manœuvres frauduleuses. - Voir ci-dessus, n.0 2912.

L'emploi de manœuvres frauduleuses est un élément constitutif de Tinfraction prévue par l'article 499 du Code pénal. - Cass., 6 mai 1946, Pas., 1946, I, 176.

2938. - La tromperie est punissable, en matière de vente, à la fois dans le chef du vendeur et de l'acheteur. - Code pénal, art; 499, 1 °.

N'est pas légalement motivé l'arrêt qui s'abstient de rencontrer des

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conclusions régulièrement déposées, lorsque celles-ci contestent en droit l'existence du contrat d'une vente qui a· 1e caractère d'élément constitutif de l'infraction, et qu'elles déduisent cette contestation d'éléments de fait circonstanciés sur lesquels le juge ne s'explique pas tout en affirmant qu'il y a eu vente. - Cass.; 10 février 1930, Pas., 1930, I, ll0.

Jugé que viole l'article 97 de la Constitution l'arrêt qui se borne à dire 1< il est constant que l'inculpé a vendu du charbon à B. .. » sans rencontrer les faits invoqués dans les conclusions de la défense ten­dant à démontrer, en droit, qu'on ne pouvait attribuer au prévenu' la qualité de vendeur, mais exclusivement celle de transporteur. -Cass., 10 février 1930, Pand,. pér., 1930, n° 109.

2939. - L'article 499 du Code pénal prévoit aussi la tromperie par emploi de manœuvres frauduleuses (supra, n° 29ll), dans le chef de ceux qui auront trompé les parties engagées dans un contrat de louage d'ouvrage ou l'une d'elles sur la quantité d'ouvrage fournie.

2940. - La même disposition s'applique, toujours moyennant l'em­ploi de manœuvres frauduleuses; en cas de tromperie sur la qualité de l'ouvrage ·fourni, lorsque la déterinination de la qualité d'ouvrage doit servir pour fixer le montant du salaire.

2941. - La disposition de l'article 462 (supra, n°8 2756 et suiv.) est applicable aux délits prévus ,par les articles 498 et 499. -' Code pénal, art. 504.

2941bis. - A titre documentaire, nous croyons utile de signaler, dans le domaine d'application de l'article 499 du Code pénal, l'arrêté ministériel du 30 avrµ 1948 (Moniteur du 12 mai 1948) destiné à assurer la loyauté des transactions commerciales.

Cet arrêté mentionne dans son texte les· dispositions légales et réglementaires dont il fait application et aussi les textes qui sont abrogés. ·

En vertu de l'article 1er de l'arrêté du 30 avril 1948, sans préju­dice notamment aux dispositions de l'article 499 du Code pénal, les commerçants qui offrent directement en vente des denrées et mar­chandises aux consommateurs, sont tenus d'assurer la publicité des prix de celles-ci d'une façon apparente et non équivoque.

Nous renvoyons, pour le surplus, aux autres dispositions de l'arrêté ministériel du 30 avril 1948 pour ce qui concerne l'indication de l'UI!,ité de base adoptée pour l'établissement des prix, les indications de poids net, du volume, du métrage ou du nombre de pièces conte­nues dans les emballages ou les récipients.

L'arrêté du 30 avril 1948 impose aussi à quiconque effectue des prestations sur la voie publique, de mettre à la disposition du public

, une liste indiquant les prix de ces prestations.

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Les obligations imposées aux commerçants ambulants quant à li mise à la disposition de la clientèle d'une liste des prix des denrées et des marchandises offertes en vente, font l'objet de l'article 8 de l'arrêté du 30 avril 1948.

§ 4. - Falsification de denrées.

2942, - Code pénal, articles 454 à 457 et 500 à 508. 2948. - Faits prévus par les articles 500 à 508. 2944. - Notion de la falsification. 2945. - Falsification par BOustraction. - Ecrémer du lait. 2946. - Non-èxtraction des matières étrangères, 2947. - Beurre. - Falsification. - Tromperie. 2948. - Affichage et publication des jugements. 2949. - Confiscation.

2942. - Nous avons donné ci-dessus, n°8 2702 et suivants, le com­mentaire des articles 454 à 457 du Code pénal visant la falsification

·des produits· alimentaires par l'addition de substances de nature à donner la mort ou à altérer gravement la santé.

Dans les articles 500 à 503, le Code s'occupe de la « falsification­tromperie »; c'est la falsification au moyen de substances inoffen­sives ~n elles-mêmes, dans le but exclusif de se procurer un bénéfice illégitime.

2943. - Nos articles répriment : 1° La falsification de denrées ou boissons propres à l'alimentation

et destinées à être vendues ou débitées ; 20 L'action de faire falsifier les mêmes denrées ou boissons. Il s'.agit

ici d'une dérogation à la règle générale de l'article 66 du Code pénal en ce que la participation criminelle est punissable sans que la provo­cation ait eu lieu par _dons, promesses, menaces, abus d'autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices coupables ;

3° Le fait de celui qui, par affiches ou par 'avis, imprimés ou non, aura méc}W,mment ou frauduleusement propagé ou révélé des procédés de falsifièation de ces mêmes denrées ou boissons ;

4° Le fait de détenir des denrées ou boissons propres à l'alimenta­tion, destinées à être vendues ou débitées, sac}W,nt qu'elles sont fal­sifiées. - Code pénal, art. 501;

· 5° Le fait d'exposer en vente, de vendre ou de· débiter ces denrées ou boissons sachant qu'elle sont falsifiées. - Code pénal, art. 500.

Les dispositions des articles 500, 501 et 502 dû Code pénal ont été rendues applicables à la falsification des médicaments et des sub­stances médicamenteuses. - Loi du 4 août 1890, art. 4.

2944. - La loi ne définit pas la falsification. Cette expression com­prend toute altération qu'on fait subir aux boissons ou aux aliments,

ARTICLES 496 A 504

tout.e addition ou mélange au produit d'une substance étrangère, pourvu que cett.e addition ou ce mélange soit opéré dans une pensée de fraude. - NYPELS-SERVAIS, art. 500; n° 3.

Jugé que l'article 500 du Code pénal punit toute falsification des denrées propres à l'alimentation et destinées à être débitées, sans dis­tinction entre le cas où les denrées ou boissons alimentaires sont débi­tées t.elles que le falsificat.eur les a livrées et celui où un débitant procède lui-même à lllle manipulation nouvelle des denrées ou bois­sons falsifiées. - Cass., 3 avril 1944, Pas., 1944; I, 287.

A défaut d'int.ention frauduleuse, voir Code pénal, art. 561, al. 2. Il y a falsification punissable, non seulement lorsqu'on mélange à

une marchandise une substance étrangère, mais aussi lorsque, dans l'int.ention ae tromperJ'achet.eur, on y ajout.e une substance de même nature, mais inférieure en qualité, si cett.e addition a pour résultat de donner au mélange une valeur de beaucoup imérieure à celle qui est annoncée par le nom de la marchandise et par le prix qui en est demandé. - Cass., 7 avril 1930, Pas., 1930, I, 185; sic casa., 7 juil­let 1930, Pas., 1930, I, 290; sic cass., 18 noveID:bre 1940; Pas.; 1940, I, 298.

Jugé que c'est au moment où une viande préparée est livrée à ~a consommation, et non au moment. de sa fabrication, que sa compo­sition doit être envisagée au point de vue de sa conformité aux exi­

. gences légales, en vue de l'application éventuelle de l'article 500 du Code pénal. - Cass., 18 octobre 1938, Pas., 1938, I, 324.

2945. - Une falsification peut avoir lieu par soustraction. Jugé que les arrêtés royaux pris en exécution de la loi du 4 août 1890, qui autorise le Gouvernement à réglement.er le commerce des denrées dans le but d'empêcher les tromperies et les falsifications, n'ont pas eu pour effet de restreindre la portée des articles 500 et suivants du Code pénal.

Ecrémer du lait en vue de le vendre comme lait non écrémé consti­tue la falsification prévue par l'article 500 dudit Code. - Cass., 5 décembre 1921, Pas., 1922, I, 90; cass.; 3 juillet 1922, Pas., 1922, I, 381.

Jugé que n'est pas motivé au vœu de l'article 97 de la Constitution, l'arrêt d'une cour d'appel lorsque, statuant sur une poursuit.e basée sur l'article 500 du Code pénal, la décision laisse incertain le point de savoir si, dans la pensée de la cour d'appel, la connaissance de la composition du produit vendu (lait écrémé) qu'auraient à la fois le vendeur et l'achet.eur n'est pas exclusive de l'int.ention de, tromper ou si le simple fait matériel de l'exist.ence dans le produit vendu d'une quantité considérable d'eau, suffisait à démontrer l'int.ention de trom­per dans le chef du vendeur.-Cass., 14février 1939; Pas., 1939, I, 175,

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82-2 ARTICLES 496 .A 504

La, falsification de denrées alimentaires au sens de l'article· 500 du ()ode pénai peut avoir lieu soit par l'appauvrissement de la matière, ;soit par l'addition de substances d'une qualité moindre, soit par la

· ;soustraction d'un produit intéressant. - Corr. Gand, 28 novembre 1935, Bechtsk. Weelcbl., 22 mars 1936, 1043.

2946. __:_ La falsification de denrées existe par cela se~l que le fabri­cant a · négligé de séparer de la denrée ,des matières étrangères qui· y étaient adhérentes. - NYPELS-SJrnV.AIS, art. 500, n° 4.

Mais le fait d'avoir laissé une quantité infime d'eau au cours des opérations de malaxage de divers beurres étrangers ne. constitue pas mie falsification au sens de l'article 500 du Code pénal, à défaut d'in­tention frauduleuse. - Liège, 20 novembre 1933, Pas., 1934, II, 105. 'Le juge dû fond qui, d'une part, cons~te en fait l'existence des

éléments constitutifs de l'infraction, d'autre part, apprécie en droit, par des considérations spéciales, la notion légale de cette infraction, permet"à la cour de cassation d'exercer son contrôle et motive sa ~écision àu vœu de la loi. - Cass., 7 avril Î930, Pas., 1930, 1, 185.

2947. - Les arrêtés royaux pris en exécution des lois (12 août 1903) sur la répression des fraudes commises dans le commerce du beurre au moyen de margarine, n'ont pa.s abrogé l'article 500 du Code pénal. - Cass., 27 mars 1911, Pas.; 1911, I, 192. 1 1

Ajouter de la margarine à du beurre constitue une falsification. Mais vendre de la margarine pour du beurre est une tromperie pré­vue par l'article 498 du Code pénal. -NYPELS-SERV.AIS, art. 498, n° 6.

2948. - Dans les cas prévus par les articles 500 et 501 .du Code pénal, le tribunal peut ordonner que le jugement sera affiché dans les lieux qu'il désignera et inséré; en entier ou par extrait, dans lés jour­naux qu'il indiquera ; le tout aux frais du condamné. - Code pénal, art. 502.

2949. - L'article 503 ordonne la confiscàtion des denrées alimen­taires ou des boissons falsifiées trouvées en la possession du coupable.

Si ces denrées ou boissons peuvent servir à un usage alimentaire, elles seront mises à la disposition de la commune où le délit aura été commis, avec charge de les remettre aux hospices ou au bureau de bienfaisance (actuellement ·Tu, Commission d'assistance publique: loi du 10 mars 1925); dans le cas contraire, lés denrées ou boissons sai­.sies seront mises hors d'usage .. - Code pénal, art. 503.

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ARTIOLl!lS 505 ET . 506

SECTION IV. -:- DU REC:tLEMENT DES OBJETS OBTENUS A L'AIDE D'UN CRIME OU D'UN DgLIT. ~

ARTICLE 505.

Ceux qui auront recél,é, en tout ou en partie, les choses enlevées, détot!,r­nées ou. obtenues à l'aide d'un crime ou d'un délit, serom '[YU,nis d'un emprisonnement de quinze jours à cinq ans, et d'une amende de 26 francs à 600 francs.

Ils pourront, de plus, être condamnés à l'interdiction, conformément à l'article 33, et placés sous la surveillance spéciale de la police pendant deux ans au moins et cinq ans au plus (1). . ·

ARTICLE 506. \

Dans le cas où ÙJ, peine appUcqble aux auteurs du crime serà celle de ,n,qrt ou. des travaux f ore,és à perpétuité; les receleurs désignés · dans l'article préddent seront condamnés à ù,, réclusion, s'ils sont convainciu d'avoir eu, au temps du recel, connaissance des circonstances auxquelles· w loi attache soit w peine de mort, soit celle des travaux forcés· i perpétuité.

Loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance.

ART. 46. - Quiconque aura recélé en tout ou en partie les ch<Mes obtenues par un enfant de moins de seize ans, à l'aide d'un fait qualifié contravention, sera pwn,i d'un emprisonnement de un à sept j<YI.IA's . it d'une amende de 1 à 26 francs, ou d'une de ces peines seulement.

Dé'/initi<m du recel. 2950. - Oode pénal, article 505. 2951, - Nature du fait punissable. 2952. - Inopérance de la forme.

Conditiona de l'int,aoUon. a) Origine déliotuewe des objets recélés,

2958. - Choses obtenues à. l'aide d'un crime ou d'un délit quelconques. 2954. - Infractions commises par un tiers. 2955. - Du recel-contravention. 2956. - Recel du prix des choses fra.uduleW18ID.ent obtenues. 2957. - Dissipation de ce prix avec le voleur. 2958, - Recel en Belgique de choses volées à. l'étranger.

Défifl,itilm du recel. 2959. - Origine délictueuse certaine. 2960. - Preuve de cetf.e origine. 2961. - Auteur de la soustraction non poursuivi. 2962. - Article 462 du Code pénal applicable à cet auteur. 2963. - Article 462 du Oode pénal applicable au receleur. 2964. - Constatation obligatoire de l'existence de cette première condition,

b) OonnaiBBanœ de l'origi:ne déliotuet.ule des objei,s recélés. 2965. - Connaissance par le receleur de l'origine des choses recéléœ. 2966. - · Doctrine. - Jurisprudence.

(1) Sont abrogées les dispositions du Code pénal concernant la peine du renvoi 8(j1J8 .la surveillance spéciale de la police. - Loi de défense sociale du 9 avril 1930, article 81.

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324 ARTICLES 505 ET 506

j!IJ67. -. Epoque où cette connaissance doit exister. c) Intention frœud:uleuse.

:2968. - Intention frauduleuse requise. :2969. - Parents, conjoints, etc.

Vonaommation du délit et remarques diver888. 2970. - Délit instantané. - Consommation de l'infraction •

• 2971. - Participation criminelle. _ 2972. - Changement de la qualification légale des fàits de la prévention. 2973. ~ Recel. - Complicité.

· i974, - Délit distinct. - Frais judiciaires. 2975. - Réparations civiles in aoUdum. 2976. - Article 2280 du Code civil non applicable.

Peinl!B du .,.eoeZ. 2977. - Peines délictuelles. 2978. - Recel-contravention • .2979. - Voleur passible de la peine de mort ou des travaux forcés à perpétuité.

Définition du recel.

2950. - Sont punissables comme receleurs, aux termes de )'arti­cle 505 du Code pénal, ceux qui auront recélé, en tout ou en partie, les choses enlevées, détournées ou obtenues à l'aide d'un crime ou d'un délit.

2951. - Ce que la loi punit, c'est le fait de soustraire aux recher­ches de la justice des choses qui proviennent d'un délit. Il n'est pas nécessaire que l'auteur les cache. La seule détention ou possession peut constituer la matérialité de l'infraction moyennant la réunion des autres conditions qui seront envisagées ci-après. - NYPELS-8ERVAIS, art. 505, n° 6.

2952. - Peu importe sous quelle forme l'infraction se commet dépôt, achat, échange, etc. - NYPELS-SERVAIS, art. 505, n° 6.

Conditions de l'infraction.

a) Origine délictueuse des objets recélés.

2953. - L'existence du délit de recel exige comme première con­dition que les choses recélées aient été enlevées, détournées ou obtenues à l'aide d'un crime ou d'un délit.

Le recel se pratique le plus fréquemment par ~apport à des objets provenant d'un vol. Mais le Code pénal ne 110streint nullement la répression à ce seul cas. Il suffit que les choses recélées proviennent d'un crime ou d'un délit. - Cass., 11 octobre 1943, Pas., 1943; I, 387.

Si l'on peut admettre que l'application de l'article 505 du Code pénal ne se limite pas aux recels des objets provenant d'un vol, mais qu'elle s'étend aux choses provenant d'un délit quelconque, il y a cependant lieu de noter, avec un jugement du tribunal correctionnel de Liège en date du 4 décembre 1941 (Pas., 1942, Ill, 81), que l'arti-

ARTICLES 505 ET 506 325

cle 505 du Code pénal a été placé sous la rubrique des crimes et des déJits contre la propriété. Ce jugement conclut que le recel ne pour­rait pas s'appliquer à la détention des choses obtenues par des ïnfrac­tions à des lois ou à des règlements inspirés par des motifs :fiscaux, économiques ou de salubrité publique. La décision remarque à ce sujet qu'il en est si bien ainsi que l'acheteur du gibier braconné ou d'ar­mes non immatriculées n'est jamais poursuivi pour recel et que les textes spéciaux frappent de peines spéciales ceux qui se sont rendus acquéreurs de marchandises fraudées en douane.

2954. - La détention des choses volées ou détournées par l'au­teur du vol ou du détournement ne constituerait cependant pas un . recel. Le saisi qui détourne et cache les objets dont il est proprié­taire, ne peut être poursuivi comme receleur. -Pand. belgea; v0 Recel, n° 73; corr. Termonde, 19 janvier 1899, Pand. pér., 1900, n° 904; cass., 2 aoû~ 1880, Pas., 1880, I, 284; cass., 30 janvier 1911; Pas., 1911; I, 114.

2955. - En vertu de l'article 46 de la loï du li} mai 1912 sur la protection de l'enfance, qui reproduit à peu près textuellement la dis­position de la loi du 15 février 1897, quiconque aura recélé en tout ou en partie les choses obtenues par un enfant de moins dé seize ans, i l'aide d'un fait qualifié contravention, sera puni d'un emprisonne­ment de un à sept jours et d'une amende de 1 à 25 francs ou d'une de ces peines seulement.

2956. - Le Code pénal ne vise pas seulement les choses obtenues par un crime ou un délit, mais à F aide d'un crime ou d'un délit. L'in­fraction ne consiste donc pas seulement à recevoir la chose même qui a fait l'objet d'un crime ou d'un délit, majs encore les choses qui en proviennent, comme, par exemple l'argent provenant de la vente des choses volées. - NYPELS-SERV.AIS, art. 505, n° 5; cass., 28 décembre 1891, Pas., 1892, I, 68.

2957; - Mais n'est point receleur celui qui a simplement dissipé avec le voleur une partie de l'argent provenant de la vente des objets volés. - Pand. belgea, v0 Recel, n° 34; Gand, 27 ja,_nvier 1886, Pas., 1886, II, 127. .

2958. - Le recel commis en Belgique et par des Belges de choses obtenues à l'~tranger à l'aide d'un fait punissable dans les deux pays, tel un abus de confiance, peut être poursuivi et puni en Belgique. -'- NYPELS-SERVAIS, art. 505, n° 10, 4°.

2959. - L'origine délictueuse des choses recélées doit être certaine. Il ne suffit donc pas d'une simple hypothèse, comme celle suivant laquelle, les choses trouvées en possession du prévenu « n'étant pas

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326 ARTICLES 505 ET 506

dans le commerce, ceux qui lui ont liv\ré ces objets ont dû nécessaire­ment les voler ou en a.cquérir la possession par quelque autre délit )).

Pareille appréciation ne reposant pas sur une constatation de fait mais se trouvant' déduite d'un raisonnement en droit, il appartient à la cour de cassation d'en contrôler le fondement. Des munitions de guerre ne -sont pas d'une nature telle qu'en trafiquer légalement soit nécessairement impossible et que leur possession ne puisse être acquise que par un délit. - Cass., 8 mars 1926, Pas., 1926, I, 283; cass., 15 mars 1926, Pas., 1926; I, 294.

Par son arrêt du 9 juin 1947 (Pas., 1947, I, 263), la cour de cassa­tion a décidé que le délit de recel, prévu par l'article 505 du Code pénal, est un délit de conséquence dépendant èssentiellement de l'existence d'une action prin,cipale punissable. Ce délit n'existe que pour autant que soit rapportée la preuve d'un crime ou d'un délit par lesquels la chose présumée recélée a été enlevée ou, détournée ou à l'aide desquels ~Ile a été ,obtenue. En conséq:uence une condam­nation du chef de recel ne peut être prononcée que lorsque la déci­sion judiciaire constate de façon légale et certaine que la chose pré­sumée. recélée trouve réellement son origine dans un fait qualifié crime ou délit par la loi. Le fait que des animaux transpo11és ne sont pas accompagnés de docu.ments légaux qui en justifient la possession, n'est érigé, par aucune disposition de la loi, en présomption légale de l'origine délictueuse de ces animaux. ,

Il ne suffit pas, pour l'existence du délit de recel, que le prévenu ait acheté une chose dans des conditions anormales et à un prix qui paraît inférieur à la valeur réelle. L'origine délictueuse de la chose recélée doit être établie d'une façon certaine. Il ne suffit pas qu'un doute puisse être émis sur sa provenance. - Bruxelles, 27 décem-

:bre 1946, Journ. trib., 23 février 1947, 117.

2960. - La constatation nécessaire du fait de la provenance délic­tuelle ou criminelle des objets recélés n'est cependant soumise à aucun mode de preuve spécial (cass., 29 juillet 1919; Pas., 1919, I, 208). Le délit qui a dépouillé le propriétaire peut avoir été commis par un tiers demeuré inconnu ou non compris dans la poursuite. - Cass., 30 mars 1914,, Pas., 1914, I, 161; cass., 21 octobre 1935, Pas., 1936, I, 11. .

2961. - Même si l'auteur du délit d'où proviennent les choses recé­lées n'était point poursuivi, par exemple parce qu'il serait venu à mourir avant l'engagement des poursuites, le receleur pourrait néan­moins être condamné. - NYPELS-SERVAIS, art. 505, n° 12; addè : cass., 21 octobre 1935, Pas., 1936, I, 11.

2962. - La situation serait analogue à celle qui vient d'être indi­quée si l'auteur du premier délit pouvait invoquer, en ce qui le con-

ARTICLES 505· ET 506 327

oorne, l'excuse péremptoire établie par l'article 462 du Code pénal. , Nous avons vu (supra, n°8 2764 et 2765) que cette excuse ne sup­

primait point l'infraction, notamment à l'égard des receleurs. -Adde: cass., 21 octobre 1935, Pas., 1936, I, 11.

2963. - Ce cas ne doit pas être confondu avec celui où le receleur lui-même aurait le droit d'invoquer l'article 462 du Code pénal pour échapper à la peine encourue par son délit. - Supra, n° 2763.

Jugé que l'immunité pénale édictée en matière de vol par l'article 462 du Code pénal, s'étend aux infractions de recel dont il s'agit à l'article 505 du même Code. - Cass., 23 février 1903, Pand. pér., 1903, n° 587; Bruxelles, 15 février 1940, Rechtsk. Weekbl., 10 mars 1940, 943; sic NYPELS-SERVAIS, art. 462, n° 11.

2964. - L'origine délictueuse de la chose recélée est un élément essentiel du délit de recel. L'existence de cette condition doit donc être expressément constatée par le juge du fond. Il ne suffit pas que le prévenu soit déclaré coupable de« recel,) (cass., 21 septembre 1923, Pas., 1923, I, 471; cass., 24 décembre 1923, Pas., 1924, I, 96; cass., 21 décembre 1925, Pas., 1926; I, 136). La constatation par le- juge du fond i:lu délit de recel dans les termes de la loi suppose toujours la .réception par son auteur des choses recélées et la co.rµiàissance par ce dernier de l'origine délictueuse de ces mêmes choses. - Cass., 10 mai 1926, Pas., 1926, I, 371 ; cass., 13 février 1933, Pas., 193.3, I, 126.

Une condamnation dans les termes mêmes de la loi relève_ tous les éléments constitutifs du délit de recel et notamment l'existence de l'origine délictueuse des objets trouvés en la possession du prévenu. En l'absence de conclusions, le juge du fond n'est pas tenu de préciser autrement cette origine délictueuse. - Cass., 24 décembre 1941, Pq,s., 1941, I, 469; cass., 20 janvier 1943; Pas., 1943, I, 25.

b) Connaissance de l'origine délictueuae des objets recélés.

2965. - La deuxième condition requise pour l'existence du délit de recel est que l'auteur connaissait l'origine délictuelle des objets recélés.

Le projet du Code pénal portait sciemment recélé. La Commission de la Chambre· proposa la suppression de ce mot parce qu'il est de droit qu'il n'y a pas de culpabilité sans la connaissance des faits constitutifs de l'infraction (Rapp. Chambre, III; n° 50). On a estimé qu'il eût été utile de maintenir cette expression dans la loi (NYPELS­SERVAIS, art. 505, n° 7). Ce n'est pas notre avis. Le recel n'existe que si les objets recélés ;proviennent dlun crime ou d'un délit. Nous croyons donc qu'il serait impossible d'enfreindre volontairement la loi pénale sans connaître cette origine criminelle ou délictueuse.

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ARTIOL:ÉS . 505 ET 50,6

Dans le système de la Commission de la Chambre, a-t-on ajouté, le mot frauduleusement serait inutile dans la définition du vol. -NYPELS-SERVAIS, art. 505, n° 7, note 2.

Selon nous, les situations ne sont point pareilles. Si le mot fraudu­leusement ne figurait pas dans le texte de l'article 461, on pourrait soutenir que la simple appréhension de la chose d'autrui est un vol sans qu'il soit nécessaire que l'auteur ait voulu se procurer à lui-même ou procurer à autrui un bénéfice illicite.

2966. - Quoi qu'il en soit de cette controversê, ce qui est certain c'est que .la doctrine et la jurisprudence admettent unanimement que le receleur doit avoir eu connaissance de la provenance crimi­nelle ou délictueuse des objets recélés. - NYPELS-SERVAIS, art. 505, n° 7; Pand. belges, VO Recel, n°8 48 et suiv. ; cass., 2 août 1880, Pas., 1880, I, 284; cass., 30 janvier 1911, Pas., 1911, I, 114; cass., 12 no­vembre 1928, Pas., 1929, I; 10; cass., 7 juin 1943, Pas., 1943, I, 233; cass., 4 octobre 1943, Pas., 1943, I, 273; cass., 19 juin 1944, Pas., 1944, I, 395. .

Jugé que le mot« recéler», dans le langage ordinaire comme dans le langage du Code, impliquant chez le receleur la connaissance de l'origine délictueuse des objets trouvé,;; en sa possession, la culpabilité de l'agent est suffisamment constatée lorsqu'il est jugé que le recè­lement est établi. - Cass., 5 déceµibre 1932, Journ. trib., 25 décem­bre 1932, 736; Pas.; 1933, I, 44, N. R., 4°; cass., 19 mai 1941, Pas., 1941, I, 195; cass., 3 mars 1943, Pas., 1943, I, 74; sic cass., 13 dé­cembre 1943; Pas., 1944, I; 105.

N'est cependant pas légalement motivé, l'arrêt qui condamne du chef de recel sans rencontrer les conclusions dans lesquelles le prévenu soutenait qu'il avait ignoré l'origine délictueuse de l'objet qu'il était accusé d'avoir recélé. - Cass., 7 juin 1943, Pas., 1943; I, 233.

2967. - La connaissance de l'origine délic~ueuse des objets doit être préexistante ou concomitante à la prise de possession de ces objets par le prévenu (cass., 30 janvier 1911, Pas., 1911, I, 114). Si, après avoir acquis la possession d'une chose,. le détenteur apprend qu'elle a été obtenue à l'aide d'un crime ou d'un délit, la conservation de cet objet est un acte de mauvaise foi, mais il ne constitue point le délit de recel, - NYPELS-SERVAIS, art. 505, n° 8; Pand. belges, v0 Recel, n° 48.

La cour de cassation a décidé qu'est motivé au vœu de la loi, con­cernant l'élément de connaissance de la provenance délictueuse des objets recélés; l'arrêt qui constate que les titres, valeurs ou argent qui se sont trouvés ~n la possession dtl prévenu provenaient d'un vol et qu'il n'a pu en ignorer l'origine au moment où ils lui ont ét,é remis et où il en a conservé une partie. - Cass., 9 juin 1936, Pas., 1936,. I, 286,

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ARTICLES 505 ET 506 329

·Jugé que le recel implique la possession ou la détention d'un objet obtenu à l'aide d'un crime ou d'un délit commis par un tiers et la con­naissance préexistante ou concomitante de l'origine illicite de cet objet. Avoir à sa disposition un objet provenant d'un crime ou d'un délit, et pouvoir éventuellement en disposer, n'est pas nécessairement le «détenir» comme receleur. -Cass., 25 février 1929, Pas., 1929, I, 102.

c) Intention fraurluleuse.

2968. - Pour être coupable de recèlement, il ne suffit pas d'avoir reçu sciemment des choses obtenues à l'aide d'un crime ou d'un délit. Il faut de plus que l'auteur les ait reçues dans l'intention soit d'en profiter lui-même, soit d'aider les auteurs ou compli~s du crime ou du délit à en recueillir les avantages. - Pand. belges, v0 Recel, n° 55.

2969. - La connaissance du vice de la chose impliquera le plus souvent, en fait, l'intention frauduleuse du receleur. Mais cette règle n'est pas absolue. Le prévenu qui aurait recélé dans une intention désintéressée, par un sentiment de devoir, des choses volées par son père ou par son conjoint, ne serait pas coupable du délit de recel (Pand. belges, v 0 Recel, n° 55; Exposé des motifs, Lég. crim., t. ,Jer, p. 162, n° 388). Mais cette opinion a été combattue. - Rapp. Chambre, t. III, n° 50; sic NYPELS-SERVAIS, art. 505, u.0 14.

Consommation du délit et remarques diverses.

2970. - L'infraction de recel est consommée dès que le receleur a reçu sciemment la chose volée, obtenue ou détournée frauduleuse­ment. Dès ce moment il a ni.is obstacle au:1r recherches que le proprié­taire pourrait tenter pour réparer le. préjudice qui lui a été causé et à l'action judiciaire qu'il pourrait intenter pour se faire restituer ce qui lui a été enlevé. On ne peut soutenir que le recel est une infraction qui se continue aussi longtemps que le receleur garde la chose recélée. La rétention frauduleuse de la chose d'autrui n'est pas plus un ,élé­ment C{),ractéristique du recel que la conservation de la chose enMvée n'est un élément du délit dans le vol, l'escroquerie ou l'abus de con­fiance. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 505, n° 9; cass., 2 août 1880, Pas., 1880, I, 284.

2971. - Les règles de la participation criminelle édictée~ par les articles 66 et 67 du Code pénal, sont applicables au recel. - NYPELS­

SERVAIS, art. 505, n° 13. La répression du recel n'.exige pas, en cas de participation directe

de plusieurs auteurs à cette infraction, que chacun d'eux ait été matériellement en possession des objets recélés. - Cass., 17 novem­bre 1924, Pas., 1925, I, 22.

330 ARTICI..JES 505 ET 506

2972. - Le recel, sous l'empire du Code de 1867, n'est plus, comme dans le Code de 1810; considéré comme un acte de compli­cité, mais comme un délit spécial, distinct du vol. Malgré la faculté qu'ont les juges de changer la qualification des faits dont· ils sont saisis, celui qui est prévenu du chef de vol ne peut donc pas être condamné pour recel, à moins qu'il n'ait accepté le débat sur ce point. - Cass., 30 juin 1902, Pand. pér., 1903, n° 5; sic cass., 7 novembre 1927, Pas., 1927, I; 322.

2973. - Le recel pourrait néanmoins constituer un acte de com­plicité s'il a été concerté d'avance avec l'auteur du vol, du détour­nement ou de l'escroquerie. Ce serait alors la promesse, le concert. antérieur au crime, qui rendrait le receleur complice de l'action. -Exposé des motifs, Lég. crim., t. Jer, p. 160, n° 382.

Cette manière de voir a été contestée (NYPELS-SERVAIS, art; 505, n° 2). Nous croyons cependant qu'elle peut être exacte dans certains cas d'espèce. - Cass., 3 septembre 1915, Pas., 1915-1916, I, 446.

2974. - Nous reconnaissons cependant qu'en soi le recel est hn délit distinct de celui qui a fait obtenir la chose. En règle génér-ale, le voleur et le receleur ne peuvent donc être condamnés solidairement aux frais. - Su'[Yf'a, n° 351.

2975. - · Qua.nt aux réparations civiles, une condamnation in spli­dum peut être prononcée si chacun des délinquants a causé l'entiè­reté du préjudice sans qu'il soit possible de déterminer les parts res­pectives du voleur et du receleur dans ce résultat. - Su'[Yf'a, n° 34 7.

2976. - Aux termes de l'article 2280 du Code civil, si le posses­seur actuel de la chose perdue ou volée l'a achetée dans une foire ou dans un marché, ou dans une vente publique ou d'un marchand ven­dant des choses pareilles; le propriétaire originaire ne peut se la faire rendre qu'en remboursant au possesseur le prix qu'elle lui a coûté.

Jugé que cette disposition du Code civil tend à assurer, dans l'inté­rêt du commerce, la sécurité des transactions qui se font en foire ou marché et à empêcher qu'en ce cas.l'acheteur ne soit victime de sa bonne foi, quand sa confiance a été trompée par rapport à la provenance légitime de la chose exposée publiquement en vente. Cette disposi­-tfon ne saurait être applicable quand l'achfilteur se procure des choses qu'il sait avoir été volées et qu'il commet, par conséquent, le délit de recel. - Cass., 12 dé~mbre 1921, Pas., 1922, I, 98.

Peines du recel.

2977. - Les peines du recel sont déterminées par l'article 505 du Code pénal : emprisonnement et amende avec faculté pour le juge

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' ARTICJL.ÉS 505 ET 506. - Al\TICL:ES 507 A 509bis . 331

d'y ajouter une peine d'interdiction des droits et, autrefois, le renvoi sous la surveillance spéciale de la police, aujourd'hui abrogé par l'ar­ticle 31 de la loi du 9 avril 1930.

2978. - Des peines de simple police sont prévues pour les cas dont il s'agit à l'article 46 de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance. - Supa, n° 2955.

2979. - Si, d'autre part; la peine applicable au voleur était la· peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité, les receleurs dont il s'agit à l'article 505 seront condamnés à la réclusion, s~ils sont cqnvaincus d'avoir eu, au temps du recel, connaissance des circonstances auxquelles la loi attache soit la peine de mort, soit celle des travaux forcés à perpétuité (Code pén., art. 506). On sait' que cette situation. ne peut jamais exister en ce qui concerne l'abus de confiance, ni l'escroquerie.

SECTION V. - DE QUELQUES AUTRES FRAUDES .

. ARTICLE 507.

Seront punis d'un empiaonnement de huit jours à deux ans et d'une amende de 26 francs à 500 francs, le saisi et tous ceux qui auront frau­dulewement détruit ou détourné; dans son intérêt, des objets saiaia sur lui,

ARTICLE 508.

Seront punis d'un emprisonnement de kuit jours à deux ans et d'une ' amende de 26 francs à 500 francs :

Ceux qui; ayant trouvé une chose mobilière appartenant à autrui ou en ayant obtenu par hasard la possession, l'auront fraudulewement celée ou livrée à des tiers;

Ceux qui, ayant découvert un trésor, se le seront appropié au péju­• dice des personnes auxquelles la loi en attribue une paryie.

ARTICLE 508bis.

[Sera puni d'un empisonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 200 à 1.500 francs, ou d'une de ces peines seulement, celui qui, sachant qu'il est dans l'impossibilité absolue de payer, se sera fait servir, dans un établissement à ce destiné, des boissons ou des ali­ments qu'il y aura consommés en tout ou en partie, se sera fait donner un logement dans un Mtel de voyageurs ou une auberge, ou; aura pris en location une voiture de louage.

En cas de récidive, les peines pourront être doublées. Les délits prévus aux alinéas pécé,d~nts ne pourront être poursuivis

que sur la plainte de la partie lésée. Le payement du pix et, éventuelle-

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' ARTICLES 507 A 509bis

ment, des frais. de justice avàncés par. la partie plaignante, ou le, désis­tement de celle-ci éteindra l'action publique. ,- Loi du 23 mars 1936, article unique.]

ARTICLE 509.

Sera puni d'un emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 26 francs à 3.000 francs, celui qui se sera frauduleusement procuré des fonds, valeurs ou décharges au moyen d'un effet tiré sur une per­sonne qui n'existe pas ou qu'il savait n~ pas être sa débitrice ou ne pas devoir l'être à l'éché,ance, et qui ne l'avait pas autorisé à tirer sur elle.

Toutefois, les 'f)OUrsuites ne 'f)OUrront avoir lieu, ou cesseront, si l'effet a été payé, ou si les fonds 0'11,t été faits au moment où la fraude a été découverte, à moins que le tiré n'ait 'f)Orté plainte.

Dans ce cas, le coupable sera condamné à un emprisO'l'l,nement de quinze jours à trois mois et à une amende de 26 francs à 300. francs, ou à une de ces peines seulement.

ARTICLE 509bis.

[Est puni d'un emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 26 à 3.000 francs :

1 ° Oelui qui sciemment émet sans provision suffesante, préalable et dis'f)Onible, un. ckè,que ou ûfut autre titre à un payement au comptant et à vue sur /®dB disponibles;

20 Oelui qui cè.de un de ces titres, sachant que la provisiO'l'I, n'est pas suffisante et dis'f)Onible;

3° Le tireur qui sciemment retire tout ou partie de la provision d'un de ces titres dans les trois mois de. son émission; _

4° Le tireur qui, dans une intention frauiluleuse ou à dessein de nuire, rend indis'f)Onible toutou partie de la provision d'un de ces titres. -Loi du 25 mars 1929; art. 1er.]

Détoo,rnem,ent fraudul~ d'objets saiaiB. 2980. - Article 507 du Code pénal. 2981. - Distinction du vol et de l'abus de confiance. - Portée de l'article 507. 2982. - Toutes les saisies civiles. · 2983. - Saisies de procédure pénale. 2984. - Appréciation critique. 2985. - Dépossession sans déplacement. 2986. - Destruction d'immeubles saisis. 2987. - Immeubles par destination. 2988. - Notification non requise ni validité dë la saisie. - Saisie inexistante. -

Nullité non prononcée de la saisie. 2989. - Détournement, destructions. - Articles 462-492 non applicables. 2990. - IntentioR frauduleuse.

Du cel fraud'lde:ux. ' 2991. - Article 508 du Code pénal. 2992. - Chose appartenant à autrui. - Choses abandonnées. 2993. - Aye.nt trouvé une chose. . 2994, - Chose abandonnée paraissant perdue. 2995. - Possession acquise par hasard.

·_ ':..'~-·-~"•l:~·.· ·:~y~~~··.'.:· ~,~,\~-.----·-~~·T-.,, ~--·-~ .. 1 t>..,\,: r ,\. ~ · ...

ARTICLES 507 A 509bis

2996, - Céler frauduleusement. 2997, :,_ Contrôle de la cour de cassation. 2998. - Ll.vrer frauduleusement à des tiers. 2999. - Découverte· d'un trésœ.-. 3000. - Code civil, article 716. 3001. - Délit instantané. 3002. - Arrêté royal du 31 mai 1933, article 2.

De la (11'ivèlerie. 3003. - Cette infraction n'était-elle pas punissa.ble collllI!,e escroquerie? 3004. - Elément intP.ntionnel. 3005. - Elément matériel. 3006. - Occ;upa.tion du logement requise. 3007. - Un parcours de la voiture louée serait :requis. 3008. - Véhicule servant au transport de personnes. 3009. - Véhicule avec ou sa.ne chauffeur. 3010. - Pénalitds. - Récidive. 3011. - Procedure • ......, a) Nécessité d'une plainte. 3012. - Procédure. - b) Extinction de l'action publique.

1 ° Réparation du préjudice. 20 Désistement.

Emission d'effets tirés en l'air. 3013. - Code pénal, article 509, alinéa l••. 3014. - Autorisa.tion. - Acceptation. 3015. - • Va.leurs •· 8016. - Chèque non provisionné. 3017. - Loi du 20 juin 1873, article 5. 3018. - Code pénal, a.rtiele 509, alinéas 2 et S. 3019. - Désistement du plaigna.nt.

Emission de chèques sans provision. 3020. - Faits prévus par l'article 509bi.B du Code pénal. 3021. - Dénomination de l'effet. - lnopéra.nce. 3022. - Mandat de virement postal. 3023. -,-- Mandat de virement non à ordre ni au porteur. 3024. - Titre préparé et remis d'avance au porteur. 3025. - Chèque au porteur. 3026. - Dol ordinaire seul requis, sa.uf article 509Ws, 4°. 3027. - Rentrées de fonds escomptées. 3028. - Manque de provision connu par le porteur. - Inopérance. 3029. - Chèque non présenté au banquier. 3030. - Infraction par un prévenu mineur. soin. - Dommage causé par l'infraction.

Détournement fr~uduleux d,objets saisis.

333

2980. - L'article 507 du Code pénal établit une pénalité correc­tionnelle à charge du saisi ou de tous ceux qui auront, dans l'intérêt de celui-ci, frauduleusement détruit ou détourné des objets saisis sur lui.

2981. - Le saisi qui détourne des objets confiés à sa garde ou à la garde d'un tiers ne commet pas un vol, car le vol est la soustrac­tion frauduleuse de la chose d'autrui. Or, la saisie n'anéantit pas le droit de propriété sur la chose saisie. On ne peut non plus considérer ce fait comme un abus de confiance et moins encore comme un enlè­vement d'effets remis à un dépositaire public. Ce détournement n'était donc prévu par aucun article du Code pénal de 1810. Il en

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AMIOLlilS 507. A 509bis

était de même de la destruction des objets saisis, dans le cas où le saisi lui-même était l'auteur de cette destruction (Exposé des motifs, II, n° 53). L'article 600 du Code de procédure civile portant que ceux qui « enlèveraient ou détourneraient des effets saisis, seront pour­suivis 'conformément au Code criminel», était donc. pratiquement dépourvu de sanction. C'est cette lacune que les auteurs du Code. pénal de 18.67 ont voulu combler. - Exposé des motifs, Il, n° 53.

Le Rapport à la Chambre (III, n° 52) souligne également la même intention : « Si la saisie n'enlève pas la propriété, elle place si direc­tement la chose qu'elle frappe sous l'action des créanciers, elle doit si prochainement leur en attribuer le prix, qu'eux seuls, dans. la plupart des cas, ont intérêt à la conservation de cette chose ».

Jugé en conséquence que l'article 507 du Code pénal est exclusi­vement applicable aux saisies pour dettes et non en cas de main­mise de l'autorité administrative sur les bestiaux, en exécution de dispositions légales relatives soit aux impositions; soit à la police sani­taire des animaux. - Corr. Termonde, 19 janvier 1899, Pana. pér., ·1900, n° 904. OonfJra : n°8 2982 et suivants ci-après.

2982. - On a néanmoins considéré que, la disposition de l'article 507 étant conçue en termes généraux, elle s'applique au détournement et à la destruction de tous les objets saisis, c'est-à-dire frappés d'un acte ou voie d'exécution forcée qui les met sous la main de la justice, quel que soit d'ailleurs le caractère de la procédure de saisie. Le texte est formel. Quant aux motifs qui ont înspiré le législateur, ils existent non seulement pour la saisie-arrêt, la sa:isie-gagerie, la saisie-brandon, mais encore pour la saisie-revendication . .:._ Pana. belges, v0 Déwur­nements et destruction d'objets saisis, n° 23; Bruges, 26 juin 1884, Pas., 1884, III, 295.

L'infraction de détournement d'objets saisis ne suppose pas néces­sairement l'existence d'un droit de propriété du saisi sur lesdits objets, Le saisi peut avoir intérêt à l'enlèvement des objets sàisis même· quand il ne jouit pas sur ceux-ci d'1i1n droit de propriété. -Cass., 22 septembre 1941, Pas., 1941, I, 350.

2983. - S'appuyant sur la lettre du texte, certaines décisions de jurisprudence ont appliqué l'article 507 du Code pénal même aux saisies faites, conformément aux règles de la procédure pénale, en vue de réaliser les restitutions, les confiscations et les destructions édictées par les lois de l'ordre répressif. - Liège, 28 décembre 1910, Pand. tpér., 1911, n° 705.

Dans une autre espèce, des chevaux avaient été saisis à charge d'un individu surpris en flagrant délit de transport d'objets volés qu'il véhiculait au moyen de son attelage. Les chevaux furent remis en la possession du prévenu, après notification de la saisie, par la pollce locale. On soutena~t notamment que l'article 507 du Code pénal

.ARTICLES, 507 A· 509bis .

n'était plus applioable parce qµ'à raison de la oon:fisoation, les èhe­vaux n'étai~nt plus la propriété du saisi. La cour d'appel de Gand a repoussé ce moyen par les motifs suivants : « Il est inexact de pré~ tendre que la saisie co:rrectionnelle ne peut frapper que des objets détenus· par leur propriétaire ; l'article 507 du Code pénal jmposait au prévenu l'obligation de garder les chevaux en sa possession, soit jusqu'au jour où il aurait été décidé que la prévention n'était pas établie, soit, comme dans l'espèce, la prévention ayant été déclarée fondée par le tribunal et la confiscation prononcée, jusqu'au moment de l'exécution de la saisie; au surplus, le détournement a été e:ffectu6 après le jugement prononçant la confiscation ». - Gand, 26 janvier 1923, Pas., 1924, II, 17.

2984. -L'arrêt de la cour d'appel de Liège précité ne fait même aucune mention des travaux préparatoires rapportés supra, n° 2981, , suivant lesquels le but du législateur a été de donner une sanction pénale à l'article 600 du Code de procédure civile dans l'intérêt des créanciers saisissants. L'arrêt de la cour d'appel de Gand en date d:n 26 j1mvier 1923 proclame avec raison qu'il est inexact de prétendre qu'une saisie ne peut frapper que des objets détenus par leur proprié­taire (sic·_. supra, n° 2982). Mais la question est précisément de savoir si l'article 507 du Code pénal concerne · 1a « saisie correctionnelle ». A cet égard, ainsi que nous venons de le rappeler, les travaux prépa-ratoires de l'article 507 prouvent nettement que le but du législateur , , a été tout autre lorsqu'il a promulgué le dit article 507. Or, il est incontestable que l'interprétation d'une loi pénale ne peut pas étendre la portée de ses termes au delà de la volonté clairement exprimée de ses auteurs.

Signalons toutefois que par son arrêt du Il juin 1947 (Pas., 1947~ I, 277), la oour de cassation a proclamé l'applicabilité de l'article 507 du Code pénal dans le cas d'une saisie pratiquée par le procureur du roi en vertu de l'article · 35 du Code d'instruction criminelle.

2985. - L'existence de l'infraction prévue à l'article 507 du Code pénal n'est pas subordonnée au déplacement des objets. Il suffit qµe le débiteur se soit dépouillé de leur possession, enlevant ainsi à ses créanciers la sûreté que leur procurait la saisie pour le recouvrement de leurs créances. La cession d'un fonds de commerce comportant remise des objets saisis équivaut à un détournement et tombe sous l'application de l'article 507 si elle a lieu de mauvaise foi. - Cass., 27 juin 1939, Pas., 1939, I~ 337.

2986. - L'article 507 ne s'applique certainement pas aux destruc• tions, par le propriétaire, de tout ou partie d'immeuble& saisis. -Pana. belgu, \'0 Détournement et dutruction d'objets saisis, n°8 24 et suivants. '

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ARTICLES 507 A 509bis

·2987. - Mais cette disposition régirait éventuellement la destruc­tion ou le détournement d'accessoires d'un immeuble saisi, quoi­qu'ils soient réputés immeubles par destination, par exemple l'ex­traction des souches d'un bois. - NYPELS-SERVAIS, art. 507, n° 6.

· 2988. - L'existence du délit n'est pas subordonnée à la notification de la saisie au prévenu, si celui-ci en avait connaissance.

La validité de la saisie n'est pas non plus une condition de l'in­fraction, si le fait pr~vu par la loi a été posé avant que la nullité de la saisie ait éventuellement été prononcée. - NYPELS-SERVAIS, art. 507, n°8 7 et 8; Parul. belges, verbo cit., n° 12; cass. fr., 4 novempre 1921, Pas. belge, 1923, II, 176.

Quant à l'inopérance de la nullité de la saisie tant que cette nullité n'a pas été judiciairement prononcée, adde: cass., 18 novembre 1942, Pas., 1942, I, 290; Bruxelles, 8 juin 1932, Recktsk. Weekbl., 11 juin 1933, 662.

Jugé qu'il est sans relevance que la saisie soit ultérieurement décla­rée nulle, soit en raison d'un vice de procédure, soit en raison du fait que.l'autorité y a procédé dans un cas où elle ne pouvait légale­ment être faite. - Cass., 16 juin 1947, Pas., 1947, I, 277.

L'arrêt de la cour d'appel de Bruxelles du 26 mars 1942 (Pas., 1942, II, 83) admet implicitement que l'article 507 puisse concerner la saisie correctionnelle (voir en sens contraire : su'{Yf'a, n° 2984). Mais cet arrêt refuse d'appliquer l'article 507 du Code pénal parce que, en l'espèce, la saisie était illégale et n'a pu avoir pour effet de mettre l'objet litigieux sous la main de l'autorité publique. Ici l'arrêt paraît être en contradiction avec ce que nous venons de dire concer­nant l'inopérance de la nullité de la saisie. Nous pensons cependant q1Je ce n'est là qu'une apparence et que l'arrêt actuellement analysé pro­clame, en réalité, un principe incontestable. En l'espèce, la prétendue saisie avait été pratiquée par les gendarmes verbalisàntg qui étaient sans droit pour procéder à la saisie litigieuse. Si la nullité d'une saisie est inopérante, on ne peut cependant pas dire que l'article 507 du Code pénal sanctionnerait n'importe quelle mainmise, fût-elle prati­quée par un auteur sans aucun pouvoir. S'il fallait· aller jusquè-là, l'article 507 du Code pénal serait applicable même en cas d'une pré­tendue saisie faite par un simple particulier. Nous concluons donc que l'article 507 est applicable même si la saisie est entachée de l'un ou de l'autre vice qui pourrait en provoquer l'annulation, tant que cette annulation n'a pas été prononcée. Mais encore faut-il que les éléments essentiels d'une saisie soient réunis pour qu'il puisse être question d'appliquer l'article 507 du Code pénal.

2989. - La matérialité de l'infraction dont il s'agit à l'article 507 ëOnsiste dans le fait du saisi qui a détourné ou détruit frauduleuse­ment des objets saisis sur lui.

ARTICLES 507 A 509bis 337

Sont également punissables, tous ceux qui ont commis le même fait dans l'intérêt du saisi. Les travaux préparatoires prouvent que les termes et tous ceux qui ont été introduits dans le texte pour qu'on ne puisse même pas. supposer un instant que la peine de l'article serait éventuellement applicable aux personnes visées à l'article 462 du Code pénal. Tant que les objets appartiennent au saisi, quoique le détournement ne se fasse pas à son préjudice mais dans son intérêt, on aurait pu se demander si ce fait n'était pas prévu par l'article 491 et donc excusé par l'article 492 du Code. Si peu fondée qu'eût été pareille argumentation, les auteurs du Code ont tenu àrla rencontrer d'avance dans leur rédaction. - Exposé des motifs, II, n° 53 ; Rapp. Chambre, III, n° 53 ; Rapp. Sénat, VI, n° 32 ; Dise. Sénat, VII, n° 39.

Jugé que l'exonération de pénalité prévue par les articles 462, 492 et 504 dU: Code pénal n'est pas applicable au délit de détournement d'objets saisis dont il s'agit à l'article 507 du même Code. -Bruxelles, 6 décembre 1932, Rechtsk. Weekbl., 22 janvier 1933, 341.

, 2990. - L'intention frauduleuse, élément essentiel du délit, con­sistera, pour le saisi, à vouloir se procurer à lui-même ou à des tiers un avantage illicite. ·

De la part des autr~s personnes, la fraude requise, c'est l'intention de vouloir illégalement favoriser le saisi. - NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 507, n° 5.

Quant à la destruction frauduleuse d'objets saisis, nous pensons qu'en général il faudra· entendre par là la destruction commise dans une intention méchante, avec la volonté de nuire au saisissant. Ainsi que nous l'avons vu supa, n° 2745, l'intention frauduleuse en matière de vol comprend l'intention de nuire.

Du cel frauduleux.

2991. - L'article 508 du Code pénal commine une peine d'em­prisonnement de huit jours à deux ans et une amende de 26 francs à 500 francs, à charge :

a) De ceux qui, ayant trouvé une chose mobilière appartenant à autrui, ou en ayant obtenu par hasard la possession, l'auront frau­duleusement celée ou livrée à des tiers.

2992. - Il faut qu'il s'agisse d'une chose appartenant à autrui. Une chose abandonnée par son propriétaire ne pourrait donc faire l'objet d'un cel frauduleux. Mais dès qu'il est certain que la chose a un propriétaire; il importe peu que l'identité de celui-ci n'ait pu être constatée. - Cass., 18 janvier 1909, Pand. tpér., 1909, no 1153.

La nature même de l'objet et l'état dans lequel il se trouve indi­quera très souvent s'il s'agit d'un objet abandonné ou d'un objet

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.ARTICLES 507 A 50Qbi8

perdu. Si un billet de I.000 franos était trouvé dans une poubelle, il est au moins probable qu'il n'y a pas été jeté volontairement. Par contre, il peut y avoir dans ces récipients certains déchets de carton, de tissu, etc., sans valeur pour le particulier, Jll!l,is qu'un chiffonnier aura éventuellement 'intérêt à recueillir.

2993. - « Ayant trouvé une chose ». C'est la première hypotMse que rencontre notre disposition. Trouver une chose suppose qu'elle a été perdue par le propriétaire. On a soutenu que la situation serait la même si la chose était égarée ou déplacée (NYPELS-SERV.Als, art. 508, n° 3) .. L'exposé des motifs du Code pénal distingue cependant entre ces deux situations : « Le domestique qui découvre dans une maison un objet égaré, une bague par exemple; et qui la ramasse, est évidemment un voleur si, au lieu de la remettre immédiatement à, son maître, il la cache; car cette chose n'était point perdue; le

· propriétaire n'avait point cessé de la posséder, quoiqu'il ignorait momen­tanément où elle se trouvait. - Extp0sé des motifs, Il, n° 54.

Statuant au civil dans une affaire de validation de saisie, la cour d'appel de Bruxelles a appliqué les principes du cel frauduleux dans l'espèce suivante :· un créancier trouve des valeurs appartenant à son débiteur. Lorsque celui-ci en réclame la restitution, le créancier savait que ces valeurs étaient la propriété de son débiteur. Il refuse néanmoins de les lui rendre jusqu'à ce. qu'il -ait pu faire pratiquer une saisie sur ces valeurs. Cette détention est illégitime, porte l'arrêt, depuis le moment où le débiteur a vainement demandé la restitution des choses trouvées .. Le cel frauduleux existe dès le moment où l'in­venteur, même sans dissimuler sa détention, conserve la chose trou­vée nonob1:1tant la réclamation du propriétaire. - Bruxelles, 23 dé­cembre 1935, Pand. pér., 1936, 128.

Nous n'avons pas à examiner le point de savoir si è'est à tort ou à raison qu'une saisie-arrêt. a été invalidée. Mais un moyen, même illé­gitime, de se procurer un payement ne comportera généralement pas l'intention frauduleuse, c'est-à-dire la volonté de s'enrichir aux dépens d'autrui.

2994. - Il n'y a pas de délit lorsque, dans l'intention de se l'ap­proprier, ,on ramasse une chose que l'on croyait perdue par le pro-· priétaire et que celui-ci avait, en réalité, abandonnée. - Exposé des motifs, Il, n° 54.

2995. - La seconde modalité de l'infraction existe lorsqu'on a acquis par hasard la possession d'une chose appartenant à autrui : un livreur remet dans une maison une commande destinée à une autre maison, le facteur des postes se trompe de destinataire d'une lettre, ùn billet de banque de 50 francs est, par erreur, remis en pa,ye­ment pour un billet de 20 francs. - Adde :. S'lllpl'a, n° 2924.

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Il ne peut être question d'un cel fra,.uduleux lorsqu'un acompte a · été volontairement remis à un marchand et que celui-ci nie l'avoir reçu. - NYPELS-SERVA,.IS, art. 508, n° 7.

Jugé que viole l'article 508 du Code pénal; comme faussant le sens légal des mots « par hasard», l'arrêt qui déclare coupable d'avoir frauduleusement celé une somme d'argent dont il avait obtenu « par hasard » la possession, un prévenu à . charge duquel il a constaté qu'une somme d'argent lui avait été remise en payement d'un loyer qui lui était dû et qu'au lieu de libeller régulièrement la quittance destinée à servir de preuve du payement effectué, il a frauduleusement fait' une fausse quittance pour acompte et qu'ainsi il s'est approprié une partie de la somme versée sans qu'elle vienne en déduction de la' dette du débiteur. - Cass., 20 avril 19311 Pas., 1931, I, 140. ·

Jugé encore qu'est illégale la décision qui~ pour déclarer un prévenu coupable d'avoir frauduleusement celé une somme qu'il avait trouvée ou dont il avait par hasard obtenu la possession, se fonde sur la con-

. statation qu'une personrie avait par erreur remis à ce prévenu le montant total d'une facture de travaux, ignorant qu'un tiers en avait déjà acquitté une partie pour elle; cette constatation impliquant que la somme prétendûment celée était une somme que n'avait point trouvée le prévenu, dont il n'avait point non plus· obtenu par hasard la possession, mais qui faisait partie d'une somme plus forte qui lui a,vait été payée consciemment et volontairement. - Càss., 25 avril 1932, Pa8., 1932, I, 134, N. R., 3°.

2996. - L'infraction prévue à l'article 508 existe lorsque celui qui a ainsi trouvé une chose appartenant à autrui ou en a obtenu par hasard la posse~ion, l'a frauduleusement celée ou livrée à des tiers.

Celer frauduleusement la cho!'!e, c'est la garder pour se l'appro­prier (cass., 12 janvier 1925, Pas., 1925, I, 105). Cette intention frau­duleuse est un élément constitutif de l'infraction. La preuve de son existence résultera souvent des circonstances mêmes du fait.

Par exemple celui qui a trouvé la chose nie l'avoir découverte; ou encore, celui à qui la chose à été remise par erreur nie l'avoir reçue. Si pareille dénégation apportera souvent là preuve du cel frauduleux, elle n'en est cependant point un élément essentiel pas plus que le fait _de cacher la chose trouvée aux regards. Ces formes fréquentes de l'in­fraotion n'en sont nullement une condition essentielle. - . Cass., • novembre 1912, Pas., i913, I, 7.

L'intention frauduleuse requise par l'article 508 du Code pénal est la recherche d'un enrichissement ou d'un profit, sans distinction entre les profits ou avantages d'ordre politique et ceux d'une autre nature. - Cass., 30 octobre 1939; Pas., 1939, I, 444.

2997. - En déclarant que le cèlement a consisté dans le fait d'of­frir en vente un tapis, en se faisant passer pour le propriétaire qe cet

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340 ARTICLES 507 A 509bis _,

, objet que le prévenu s'était approprié, le juge du fond ne commet , aucune erreur sur le sens et la portée de l'expression légale qu'il emploie. - Cass., 4 novembre 1912, Pas., 1913, I, 7.

Cette décision est à comparer avec celles rendues par la cot.:.r de cassation, quant à la définition des manœuvres frauduleuses en matière d'escroquerie. - Supra, ~0 2914.

2998 .. - Livrer frauduleusement la chose à des tiers, c'est ]à vendre, la donner en gage, en prêt, etc., dans l'intention d'en dépouil­ler le propriétaire. - NYPELS-SERVAIS, art. 508, n° 10,

2999. - b) Est également passible des peines prévues à l'article 508 du Code pénal, celui qui, ayant découvert un trésor, se le sera approprié au préjudice des personnes auxquelles la loi en .attribue une partie. - Code pénal., art. 508, al. 3.

3000. - Aux termes de l'article 716 du Code civil, le trésor ~st toute chose cachée ou enfouie, sur laquelle personne ne peut justi­fier sa propriété et qui est découverte. par le pur effet du hasard. ' La propriété du trésor appartient à celui qui le trouve dans

son propre fonds; si le trésor est trouvé dans le fonds d'autrui, il appartient pour moitié à celui qui l'a découvert et pour l'autre moi­tié au propriétaire du fonds. - Code civil, art. 716.

3001. - Le délit de cel frauduleux consiste dans le fait de s'ap­proprier frauduleusement une chose trouvée et non dans la détention illégale de cette chose ; par suite, le délit est pleinement consommé et la prescription commence à courir du jour où l'appropriation a eu lieu. -;- NYPELS-SERVAIS, art. 508, n° 11.

3002. - Aux termes de l'article~ de l'arrêté royal du 31 mai 1933 concernant les déclarations à faire en matière de subventions, indem­nités et allocations de toute nature qui sont; en· tout ou en partie, à charge de l'Etat, toute personne qui sait n'avoir plus droit à l'inté­gralité d'une subvention, indemnité ou allocation prévue à l'arti­cle 1er du même arrêté est tenue d'en faire la déclaration. Celui qui, n'ayant pas· fait cette déclaration, accepte une subvention, indem­nité ou allocation; ou partie d'une subvention, indemnité ou alloca­tion, sachant qu'il n'y a plus droit, est punissable des peines prévues à l'article 508 du Code pénal. - Voir le texte complet de cet arrêté royal du 31 mai 1933, ci-dessus, sous le texte de l'article 496 du Code pénal; adde : supra, n° 2918.

De la grivèlerie.

3003. - Le délit de grivèleri~ a été ,érigé en infraction par la loi du 23 mars 1936 (Code pén., art. 508bis). Cette matière a fait l'objet

ARTICLES ·, 50 7 A . 509bis 341

notamment des excellents commentaires de M. Jean Constant, sub­stitut du procureur général près la cour d'appel de Liège, et de M. Her­mès Hoomaert; avocat de Tournai.

Ces deux auteurs estiment que la grivèlerie n'est point punissable sur le pied des dispositions légales relatives à l'escroquerie. Quoique cette opinion soit dominante en doctrine, nous ne la partageons pas, Celui qui prend un taxi ou qui se fait servir un repas dans un res­taurant, alors qu'il sait qu'il se trouve dans l'impossibilité absolue de .,. payer la course ou la consommation, celui-là« manœuvre » de manière à faire croire qu'il pourra payer son dû. S'il y a, de plus, une intention frauduleuse, nous persistons à croire que l'auteur de ces faits commet une escroquerie tout comme celui qui, frauduleusement, se fait héber­ger dans un hôtel en inspirant confiance par la production d'une valise d'aspect plus ou moins luxueux et ne contenant que des vieux journaux ou autres non-valeurs. - Cf. supa, n° 2916.

La grivèlerie étant actuellement érigée en délit, nous donnons ci-après un bref commentaire de l'article 508bis du Code pénal. Il nous paraît incontestable que cette matière eût été mieux classée dans le Code pénal à la suite de l'article 496.

El.ément intentionnel.

3004. - Il faut que l'auteur de l'infraction ait su qu'il se trouvait dans l'impossibilité absolue de payer. L'existence de cet élément intentionnel doit être établie par la partie poursuivante. - HooRNAERT, op. cit., p. 22.

L'élément intentionnel fait évidemment défaut chez celui qui s'aper­çoit, lors de la présentation de l'addition, qu'il a soit oublié, soit perdu son portefeuille ou son porte-monnaie.

L'impossibilité de payer doit être absolue. Le refus de payement par celui qui peut payer n'est pas constitutif de l'infraction de gri­vèlerie. - Corr. Gand, 16 novembre 1938, Recktsk. Weekbl., 25 dé­cembre 1938, 597, et Recktsk. Weekbl., 19 février 1939, 889.

El.ément matériel.

3005. - La matérialité de l'infraction consiste : a) A se faire servir, dans un établissement à ce destiné, des bois­

sons ou .des aliments que le délinquant y aura cons~mm.é en tout ou en partie. _

Ainsi que le porte le texte légal, il faut que le prévenu se soit « fait servir ». L'infraction n'existe pas s'il n'est pas établi que le prévenu a demandé ·les boissons ou les aliments (corr. Bruxelles, 15 février 1940, Pas., 1941; III, 63). Dans cette espèce, il s'agissait non pas d'un « client » de passage mais, suivant les termes mêmes de la plainte,

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34:2 ART1Ctl!:S 507 A 509b~

1 d'un «pensionnaire», appellation qui s'applique à celui qui, moyen-nant un prix convenu, loge dans un hôtel et y est nourri ;

b) Soit à se faire donner un logement dans un hôtel de voyageurs ou dans une auberge.

De la façon dont la loi s'exprime il faut écarter de son application le cas du particulier dont le séjour dans un hôtel dit de voyageurs emporte l'idée que le prévenu entend y demeurer d'une manière constante. Il en est ainsi lorsque le soi-disant voyageur a été qua­lifié de locataire par le plaignant chez lequel il était installé depuis près de neuf mois. Le terme « voyageur » désigne une personne dont , le domicile :réel est distinct de l'hôtel où elle descend à l'occasion de ses déplacements. - Corr. Bruxelles, 15 février 1940, Pas., 1941, III, 63; .

c) Soit à prendre en location une voiture de louage.

3006. - La tentative dù délit de grivèlerie n'étant pas punissable, le logement dans l'hôtel ou dans l'auberge doit avoir été occupé ne fût-ce qu'un instant. Mais il n'est pas nécessaire que le délinquant y ait passé une nuit. - CONSTANT, op. cit.; p. 20.

3007. - On enseigne que la prise en location délictueuse d'une voiture de louage requiert qu'un parcours ait été effectué. -CONSTANT, op. cit., p. 21.

Cette opinion est basée sur ce que la tentative n'est pas punissable. Nous pensons qu'elle restreint trop la portée des termes du texte

• légal. On peut très bien concevoir, par exemple, qu'un filou se fasse servir des consommations dans un établissement à ce destiné et que; pour inspirer d'autant plus confiance, il co~ande en même temps un véhicule de louage qu'il laisse· stationner devant la porte.

3008. - D'après M. CONSTANT (op. cit., p. 22) la grivèlerie de trans­port ne s'appliquerait qu'au transport de personnes. Il convient de noter que le texte de l'article 5086is ne contient point pareille res­triction.

3009. - Pour la grivèlerie de transport, il n'y a pas lieu de distin­guer si le véhicule pris en location est livré avec ou sans chauffeur. - ÜONST~NT, op., cit., p. 22.

Pénalités.

3010. - En cas de récidive, le juge a la faculté de doubler les péna­lités prévues par l'article 508bis.

Les éléments de cette récidive n'ayant pas été déterminés par la loi du 23 mars 1936, il s'ensuit qu'il y a récidive dès qu'il y a réitéra­tion d'une infraction à la même loi, sans limitation de délai, pourvu que le nouveau· fait soit postérieur au moment où la QOndamnation prononcée du chef du fait antérieur a acquis l'autorité de chose jugée. - CONSTANT, op. cit., p. 24.

Procl,dure. ·

3011. - L'article 508bis du Code pénal contient deux dispositions quant à la procédure :

a} Les délits de grivèlerie ne pourront être poursuivis que sur la. plainte de la partie lésée.

3012. - b} L'action publique sera éteinte 1 ° Par le payement du prix et, éventuellement, des frais de jus­

tice exposés par la partie plaignante. En ce qui concerne l'excuse de la réparation préconisée par la

doctrine, voir supra, n° 728. Il a été jugé que la cour de cassation n'a pas égard à l'indemnisa­

tion des parties lésées alors qu'aucun élément de la procédure n'éta­blit la réalité de cette indemnisation avant la date de l'arrêt contre lequel le pourvoi est dirigé (cass., 4 novembre 1942,, Pas., 1942, I,

· 271). On en a déduit que l'indemnisation de la victime d'un délit de grivèlerie pendant l'instance en cassation introduite par le condamné est sans effet sur la légalité de la condamnation prononcée.

Nous ne pouvons pas nous rallier à cette jurisprudence. L'action publique n'est pas éteinte avant que l'arrêt de condamnation soit coulé en force de chose jugée. Suivant les termes de l'article 508bis, alinéa 3, du Code pénal, l'indemnisation de la victime éteint l'action publique. En matière d'adultère, nous avons indiqué (supra, n° 2313} plusieurs arrêts de la cour de cassation suivant lesquels la transcription du divorce pendant l'instance en cassation rend le pourvoi sans objet. D'après ces décisions, la cour de cassation peut donc avoir égard à des faits qui se sont produits pendant l'instance en cassation ;

2° Par le désistement de cette partie. L'article 508bis du Code pénal ne s'oppose nullement à ce que le

désistement d'une plainte du chef de grivèlerie dépende de la réa­lisation de certaines conditions, notamment du payement partiel du prix dû, la partie plaignante demeurant maîtresse de ses droits jus­qu'à réparation intégrale, y compris les frais. - Cass., 6 janvier 1941, Pas., 1941, I, 3.

Emission d'effets tirés en l'air.

3013. - L'article 509, alinéa 1er, du Code pénal prévoit le fait de celui qui se sera frauduleusement procuré ,des fonds, valeurs ou décharges, au moyen d'u~ effet tiré:

a} Sur une personne inexistante ; b} Sur une personne que le tireur savait n'être 'pas sa débitrice ou

ne pas devoir l'être à l'échéance et qui ne l'avait pas autorisé à tirer sur elle.

. . /

344/ ARTICLES 507 A 509bi8

Le délit est consommé quand, à l'échéance, l'effet n'est point payé ou que les fonds n'ont point été faits. Peu importe qu'il soit payé plus tard (cass., 23 mars 1903, Pas., 1903, I, 141). L'action en ce cas

. n'est subordonnée à aucune plainte. - Même arrêt ..

3014. - Il y a lieu de bien remarquer que l'infraction n'existe point, par exemple si un banquier a autorisé quelqu'un à tirer des effets sur lui quoique en réalité il ne doive rien au tireur. L'article 509 ne saurait être appliqué si l'effet a été accepté, mais le fait de l'inscription au registre des protêts ne suffit pas à prouver cette accep­tation. - Cass., 23 mars 1903, Pas., 1903, I, 141 et réquisitoire pré­cédant l'arrêt. ,

3015. - Le mot « valeurs » comprend les marchandises aussi bien que les fonds proprement dits. ~ NYPELS-SERVAIS; art. 509, n° 4.

3016. :.__ Constitue le délit prévu par l'article 509 et non l'escro­querie, le fait consistant à se faire remettre une quittance du prix d'un achat, en donnant en payement un chèque non provisionné. -Cass., 21 mars.1927, Pas., 1927, I, 185; voir infra~ n°s 3020 et suiv., le commentaire de l'article 509bis du Code pénal relatif à la répression de l'émission de chèques sans provision.

3017. - Celui qui dispose sans provision préalable, est passible d'une amende égale à un dixième de la somme exprimée, sans pré­judice de l'application des lois pénales (art. 509), s'il y a lieu. -Loi du 20 juin 1873, art. 5; adde : 'infra, n°s 3020 et suivants.

3018. - En vertu du second alinéa de l'article 509, les poursuites ne pourront avoir lieu, ou elles I cesseront, si l'effet a été payé, ou si les fonds ont été faits au moment où la fraude a été découverte, à moins que le tiré n'ait porté plainte. ·

Dans ce dernier cas, encore que l'effet ait été payé ou que les fonds aient été faits au moment où la fraude a été découverte, le coupable encourra la peine réduite, prévue par l'alinéa final de l'article 509.

3019. - Rappelons qu'en vertu de l'article 2 de la- loi du 17 avril 1878; contenant le titre préliminaire du Code de procédure pénale, lorsque la loi subordonne l'exercice de l'action publique à la plainte de la partie lésée, le désistement de cette partie, avant fout acte de poursuite, arrête la procédure.

Emissiôn de chèques sans provision.

3020. - L'article 509bis du Code pénal1 ajouté au Code par l'arti­cle 1er de la loi du 25 mars 1929, réprime les faits suivants :

1 ° Emettre sciemment sans provision suffisante, préalable .et dispo-

i~,'.'✓~l~~~·j ·_1'l;!~;Z-~·~ :, ~t ·x·•i . ·Y.~.c';;,{~'1+~~~(•,~> -f·~, ~--<,} ~t~. ~\ ,~ ·•.1:1·•t[' ~~fl~~~::~:•>~0~;'~ .. .',~ ✓ , .• '. ·•:~, ·.· .. •·, / ·'•·';{r; '-\ .. :~,->.:

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.ARTICL)!)S 507 ·A 509bis 345

n,ible, un chèque ou tout autre titre à un payement comptant et à vue sur fonds disponibles ;

20 La cession d'un de ces titres, sachant que la provision n'est pas suffisante et disponible ;

3° Le fait du tireur qui sciemment retire tout ou partie de la pro­vision d'un de ces titres dans les trois mois de son émission;

4° Le fait du tireur qui, dans une intention fraudukuse ou à dessein de nuire, rend indisponible tout ou partie de la provision d'un de ces titres.

3021. - Le dénomination donnée aux effets importe·peu pour l'ap~ plicatiori de l'article 509bis du Code pénal. Il suffit, pour qU:e cette disposition soit applicable, que les effets réunissent tous les é]éments constitutifs du chèque. - Gand, 9 avril 1932, Pas., 19:l:!, II, 182 ..

· 3022. - Jugé que tombe sous l'application de l'article 509bis du Code pénal la remise en payement à un tiers d'un mandat de vire­ment postal, alors qu'à la connaissance de l'émetteur, le compte de celui-ci à l'Office des chèques postaux n'était pas suffisamment provi­sionné pour permettre l'exécution de ce virement.

Il importe peu, en cette matière, que le titre soit nominatif. Aucune distinction n'a été faite ni dans le texte de la loi ni dans les travaux préparatoires entre les titres, instruments de payement, qui sont au porteur ou à ordre et ceux qui sont nominatifs. Le législateur n'a pas voulu notamment excepter de la loi nouvelle les mandats de vire­ment, tels qu'ils étaient pratiqués en 1929. Il a, au contraire, voulu édicter un texte général pouvant s'appliquer à tous les instruments de payement assimilables au chèque existant au moment de l'entrée en vigueur de la loi ou qui pourraient être créés dans la suite. -Bruxelles, 9 mai 1934, Pand. pér., 1934, 268. Voir le n° 3023 ci-après.

3023. - Le mandat de virement, simplement nominatif, non à ordre ni au porteur, n'étant point susceptible de circulation ni de causer la perturbation sociale qu'un titre non provisionné peut engen­drer par sa mise en çirculation, ne tombe pas sous l'application de l'article 509bis du Code pénal. - Corr. Nivelles, 17 février 1934, Pand. pér., 1934, 162.

Nous pensons que cette dernière jurisprudence est fondée. Il résulte manifestement des travaux préparatoires de la loi du 25 mars 1929, reproduits notamment; à leur date, à la Pasinomie, que le législateur a voulu étendre les règlements par chèques en favorisant la confiance que ces documents donneraient à ceux qui les reçoivent en payement. Néanmoins, si le document remis au créancier est un « chèque ou tout autre titre à un payement au comptant et à vue sur fonds disponi­bles», l'article 509bis du Code pénal serait applicable suivant la lettre, du texte légal.

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346 ARTICLES 5()J A 509bis

3024. - La loi <1:u 25 mars 1929 (Code pén., art. 5_99bis) s'applique à l'émission, dans les conditions qu'elle prévoit, de tout titre à un payement au comptant et à vue sur fonds disponibles, sans exclure le cas où le titre a, en fait, été préparé et remis d'avance au porteur avant la date de l'émission p~oprement dite. - Cass., 21 mars 1932, Pas., 1932, I, 114.

3025. "-- Lorsque le prévenu a contesté en conclusions 1a validité d'un bhèque dont la mention« à l'ordre de ... » n'a pas été remplie et dont la mention« au porteur» n'a pas été biffée, le juge répond au vœu de la loi à ces conclusions en déclarant cet effet légalement payable au porteur. - Cass., 13 décembre 1938, Pas., 1938, I; 376.

3026. - La proposition de loi qui devint la loi du 25 mars 1929 exigeait le dol spécial, à savoir le dessein de nuire, pour la répression de tous les faits que cette proposition envisageait.

Le comité permanent• du Conseil de législation compléta la série des faits réprimés et préconisa de n'exiger, en général, que le dol ordinaire. A la suite des travaux préparatoires de la loi (Pasinomie, 1929, p. 141 et suiv.), le législateur se rallia à cette suggestion. Le dol ordinaire suffit pour l'existence des trois premières infractions. C'est ce que le texte légal exprime par les mots « Celui qui sciemment émet sans provision suffisante ... Celui qui cède un de ces titres, sachant que la provision n'est pas suffisante et disponible ... Le tireur qui sciemment retire tout ou partie ... ». . '

Le dol spécial est requis pour que soit punissable le tireur qui, dans une intention fraud'lile'U8e ou à dessein de nuire, rend indispo­nible tout ou partie de la provision. - Code. pénal, art. 509bis, 4°:

Quant à la notion de l'intention frauduleuse ou du dessein de nuire, voy. SU'JYl'a, n°8 663 et suiv., 1252 et suivants.

3027. - Il n'y a de délit d'émission de chèque sans provision que si, au moment de la ·remise du chèque', l'émetteur savait qu'il ne serait pas provfaionné à l'échéance. Il n'y a pas d'infraction lors­qu'au moment de la remise du chèque, à une date antérieure à celle de son échéance, l'émetteur était en droit de compter sur des rentrées de fonds suffisantes pour faire face au payement et que c'est par des circonstances indépendantes de sa volonté que la provision escomptée a fait défaut. - Bruxelles, Il juillet 1934, Pas., 1935,, II, 9.

3028. - La circonstance que le porteur d'un chèque sait que celui-ci est 1non provisionné ne fait pas disparaître l'infraction, car il subsiste ainsi la possibilité de préjudice causé à des tiers. - Corr. Anvers, 17 mai 1935, Recktsk. Weekbl., 6 octobre 1935; arg. concl. sous cass., 21 mars 1932, fas., 1932, I, U4; corr. Anvers, 7 juin 1935, Reck.tsk. Weekbl., 27 octobre 1935, 211.

. ARTICU:S 507 A 509bis. ___:. AR'tIOLl!lS. 510 A 520 347

3029. - Le défaut de présentation d'un chèque au banquier n'im­pêche pas l'existerice de tous les éléments constitutifs du délit d'émis­sion sans provision suffisante, préalable et disponible d'un titre de p~yement au comptant et à vue de fonds disponibles. - Cass., 13 dé­cembre 1938, Pas.; 1938, I, 376.

3030 . .- La mise en circulation d'un chèque sans provision par un m.:iµeur qui n'a pas la capacité civile pour signer valablement un chèque, mais qui est capable de· commettre une infraction à la loi pénale, tombe sous l'application de l'article 509bis du Code. - Bm­xelles, 13 novembre 1933, Re,cktsk. Weekbl., 1933, 202.

3031. - Il a été jugé qu'en cas de payement de marchandises déjà livrées par un chèque sans provision, le dommage subi par le . vendeur provient non pas de l'émission du chèque non provisionné, mais du fait de la fourniture de marchandises sans avoir exigé préa­lablement des garanties suffisantes de la part du débiteur.

En pareil cas, la victime pourrait cependant demander, par sa constitution de partie civile, la réparation d'un dommage moral. -Corr. Anvers, 24 janvier 1934, Re,chtsk. Weekbl., 25 février 1934, 459; corr. Anvers; 26 janvier 1934, Pas., 1934, III, 92.

Nous _mentionnons ces décisions à titre documentaire. Dans cer­tains cas, cette doctrine pourra être exacte. Mais nous estimons qu'en règle générale, si quelqu'un qui a reçu en payement un chèque non provisionné demeure impayé, c'est précisément parce que le chèque était sans provision.

CHAPITRE III. - DESTRUCTIONS,

DiGRADATIONS, DOMMAGES.

SECTION PREMIÈRE. - DE L'INCENDIE,

ARTICLE 510.

Seront punis des travaux forcés de quinze ans à vingt ans, ceux qui­auront mis le feu :

.A des é,difices, navires, bateaux, magasins, chantiers ou tous autres lieux quelconques servari,t à l'habitation et contenant une ou plusieurs per­sonnes au moment de l'incendie;

.A des é,difices servari,t,à des réunions de citoyens, perulant le temps de ces réunions~· ·

.A tous lieux, mê,me iri,habités, si, d'après les circonstances, l'aute'U1' a dû présumer qu'il s'y trouvait une ou plusieurs personnes au moment du crime.

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848 ABTICLll:S 510 A 520

ARTICLE 511.

Seront punis des travaux forcés de dix ans à quinze ans, ceux qui auront mis le feu soit aux objets désignés à l'article 510, mais hors les cas prévus par cet article; soit à des forêts; bois, taillis 01.I, récoltes sur pied.

T011,tefois, si ces objets appartienmnt exclusivement à ceux qui les ont incendiés, et que le feu ait été mis da'll,8 une intention méchante 01J, fraudu­leuse, les coupables seront punis d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 200 francs à 1.000 francs.

ARTICLE 512.

Seront punis de la réclusion ceux qui auront mis le feu à des récoltes C01J,pées ou à des bois abattus et mis en tas 01.I, en stères.

Si les bois abattus n'ont pas été réunis, la peine sera un emprisonne­ment d'un an à cinq ans et une amende de 50 francs à 500 francs.

Si ces récoltes 01J, ces bois appartiennent exclusivement à ceux qui les ont incendiés et que le feu ait été mis dans une intention méchant,e 01J,

frauduleuse, les pei'l/,68 seront : . Da'll,8 le premier cas prévu par le 'Jlf'ésent article, un emprisonnement

de six mois à trois ans et une amende de 50 francs à 500 francs; · Dans le second cas, un emprisonnement de trois mois à deux ans et

.ùne amende de 26 francs à 200 francs.

ARTICLE 513.

Lorsque le feu aura été mis pendant la nuit, les peines portées aux articles 510 à 512 seront remplacées :

Les travaux forcés de quinze ans à vingt ans, par les travaux forcés à perpétuité;

Les travaux forcés de dix ans à quinze anB, par les travaux forcés de quinze ans à vingt ans;

La réclusion; par les travaux forcés de dix ans à quinze ans; L'emprisonnement et l'amende, portés au § 2 de l'article 511, par la

réclusioo; L'emprisonnement et l'amende portés au § 3 de l'article IH2 : Dans le premier cas de ce paragraphe__, par un emprisonnement d'un

an à quatre ans et une amende de 100 francs à 1.000 francs; Dans le second cas, par un emprisonnement de six mois à trois a'll,8

et une amende de 50 francs à 500 francs.

ARTICLE 514.

Lorsque l'incendie emporte la peine d'emprisonnement, la tentative d'incendie sera punie d'un emprisonnement de deux mois à deux ans et d'une amende de 26 francs à 200 francs.

ARTICLES 510 .A 520 349

ARTICLE 515.

Dans les cas pévus par les articles péddents, le coupable condamné à l'empisonnement pourra, de plus, être condamné à l'interdiction, con­formément à l'article 33 .. , (1).

ARTICLE 516.

Celui qui, dans l'intention de commettre l'un des faits pévus aux articles 510, 511 et 512; aura mis le feu à des objets quelconques, placés de manière à le communiquer à la chose qu'il voulait détruire, sera puni comme s'il avait directement mis ou tenté de mettre le feu à cette dernière chose.

ARTICLE 517.

Lorsque le feu se sera communiqué de l'objet que le coupable voulait brûler à un àutre objet dont la destruction emporte une peine plus forte, cette dernière peine sera p-OnOneée, si les deux choses étaient placées de manière que l'incendie a dû nécessairement se communiquer de l'une à l'autre.

ARTICLE 518.

Lorsque l'incendie a causé des blessures à une' ou plusieurs personnes qui, à la connaissance de l'auteur, se trouvaient dans les lieux incèndiés au moment du crime ou du délit, le (X)'IJ,pable sera condamné comme

\ si' ces blessures avaient été faites avec péméditation, et la peine que la loi y attache sera appliquée au coupable si cette peine est plus forte que celle qu'il a encourue à raison de l'incendie. ,

Dans le cas contraire, cette dernière peine sera élevée de deux ans au-dessus du maximum, si elle consiste dans la réclusion ou les travaux forcés à temps. ·

Si le fait a causé la mort, la peine sera la mort.

ARTICLE 519.

Sera puni d''J.1,n empisonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 26 francs à 500 francs, ou d'une de ces peines seulement, l'incendie des popiétés mobilières ou immobilières d'autrui qui aura· été causé soit par la vétusté ou le défaut de réparation ou de nettoyage des fours, cheminées; forges, maisons ou usines pochaines, soit par des feux allumés dans les champs; à moins de cent mètres des maisons, édi­fices, forêts, bruyères, bois; vergers, plantations, haies, meules, tas de grains, pailles, foins, fourrages ou de tout autre dépôt de matières com­bustibles, soit par des feux ou lumières portés ou laissés, ou par des pièces d'artifice allumées ou tirées sans pécaution suffesam,te.

(1) La mise sous la surveillance spéciale de la police a été supprimée par l'article 31 de la loi de défense sociale du O avril 1930.

I

350 ARTICLES 510 A 520

ARTICLE 520.

Seront punis des peines 'f)QTUes par l,es articl,es 'JYf'éclilents, et d' a'JYf'ès l,es distinction8 qui y sont établies, ce'UX qui auront détroit ou tenté de détruire, par l'effet d'une explosion, des éilifie,es, navires, batep,'UX, voi­tures, wag0n8, magasin8, chantiers ou autres constructions.

ARTICLE 122.

(Voir t. Jer, p. 280.)

De l'incendie en général. 3082. - Notion de l'incendie en droit pénal, 8088. - Oonsomma.tion de l'infrac,tion. - Elément matériel. 8084. - Elément intentionnel : a) Faute. 3035. - b) Dol général ou spécial, 3036," - c) Intention de favoriser l'ennemi.

De l'incendie constituant à la foi,s un attentat contre les personnes et contre les propriétés. 3037. - Oode péna1, article 510_, alinéas 1er et 2.

· 1 o Lieux ha.bités contenant des personnes. 3038. - Lieux ha.bités. - Lieux de séjour. - Oaba.ne. 3039, - Roulottes foraines. - Voitures de chemin de ter. 3040 •. - Dépendances de maisons. 3041. - Présence dans l'habitation de personnes autres qqe l'incendia.ire. 3042. - Ignorance de l'agent à cet égard. - Inopérance. 3048. - 2° Oode pénal, article 510, alinéa 3. 30«. - Edifices servant de lieux de réunions. 3045. - 3° Lieux inhabités contenant des personnes. 3046. - · Propriété des maisons, édifices, e~. - Inopéra.nce. 8047. - Incendie par communication. - Explosion. 8048. ~ Oirconsta.nces aggravantes : nuit; blessures ; mort de personnes,

Falls d'incendie ne constituant pas un attentat contre les personnes. 8049. - Oode pénal, article 511. - Absence de personnes dans les édifices, mai-

sons, etc. 8060. - Forêts, bo~, taillis, récoltes sur pied. 3051. - Arbres isolés P 3052. - Blé en herbe. 3058. - Propriétaire des •. objets .. 8054. - Intention frauduleuse. 3055, - Intention méchante. 3056. - Préjudice simplement possible. 3057. - Récoltes coupées, bois a.battu,s. - Oode pénal, article 512, alinéa l••. 8058. - Article 512, · alinéa 2. 3059. - Propriétaire 'des • objets ,. 3060. - Incendie par communication ; explosion ; nuit.

PentaU"6 puniuable. - Peines accessoires. 8061. - Tentative. - Crimes. - Délits. 8082. - Interdiction des droits. - Surveillance spéciale · de la police.

Des circonstances aggravantes àe l'incendée. 3068. - Intention de favoriser l'ennemi. - Article 122. 3064. - Oode pénal, article 513. - • Nuit •· 3065. - Ood~ pénal, article 518. 3066. - Quià en cas d'incendie involontaire? 3067. - Oonna-issance de la présence des personnes. 3068. - Manière dont la personne a été tuée ou blessée. - Sauveteurs;

De l'incendie par communication, 3069. - Code pénal, article 516. 3070, - Oode pénal, article 517.

ARTICLES 510 A..520 ,351.

De l'incendie «dit• involontaire. 3071. - Faute volontaire. - Incendie involontaire. - Code péna.l, article 519. 3072. - Défaut d'entretien ou de réparation. 3073. - Feux a.llumés dans les champs et à proximité des bois et forêts. 3074. - Garde forestier. - Code pénal, article 260. 3075. - Feux ou lumières. - Flammèches de locomotives. 3076. - Pièces d'artifice. 3077. - Choses mobilières et immobilières d'autrui,

Deatruction par ea:plosi<m. 3078. - Code pénal, article 520. · 3079. - Volop.tairement. 3080. - Destruction partielle. 3081. - Circonstances aggravantes.

De l'incendie en général.

3032. - L'incendie, au point de vue du droit pénal, consiste dans l'action de communiquer le feu à l'un des lieux ou objets dont il s'agit aux articles 510 et suivants du 9ode. La mise à feu de toutes autres choses ou de tous autres objets serait éventuellement punis­sable, non comme incendie, mais comme une « destruction » tombant sous l'application des articles 521 et suivants du même Code.

3033. - L'incendie réprimé comme tel est tantôt un crime tantôt un délit.

·L'infraction est consommée dès que ragent a mis le feu aux objets · énumérés par la loi. La matérialité du crime ou du délit existe entiè­rement, dès que l' « objet » a commencé à brûler. Peu importe que le feu vienne à s'éteindre rapidement de lui-même.

Peu importe encore que des t~rs l'éteignent alors que les flammes n'ont encore guère pu faire de ravages. Le délit ou le crime n'en sub­sisterait pas moins, encore que l'auteur lui-même s'empresse d'arrêter les conséquences de son acte en arrêtant les effets de son méfait, fût-ce quelques instants après l'avoir accompli. Ce sera là, le cas échéant, une circonstance largement atténuante. L'infraction existe­rait cependant. La phase de la tentative punissable serait dépassée. - NYPELS-SERVAIS, art. 514, nC\ 2; Pand. belge8, v0 Incendie, n08 12 et 17; Dise. Sénat, VII, n° 38; Bruxelles, 7 janvier 1910; Pand. rpér., 1910, n° 225.

3034. - Au point de vue de l'élément moral de l'infraction, il y a lieu de distinguer trois degrés principaux :

a) L'incendie est punissable même s'il n'a été causé que par impru­dence ou par une négligence, dans les cas visés à l'article 519 du Code pénal.

3035. - b) Le second degré de la culpabilité de l'incendiaire, existe lorsque l'agent a agi; soit volontairement, soit avec une inten­tion frauduleuse ou méchante, o'est~à-dire, soit avec dol général ou

{'

352 ARTICL,ES 510 A 520

avec le dol spécial. Nous aurons à ex.poser le détail des distinetions existant à cet égard, en parcourant les diverses dispositions des arti­cles 510 à 520 du Code pénal.

3036. - c) Enfin, un dol spécial encore existe, quand l'agent a eu l'intention de provoquer un incendie pour favoriser l'ennemi. Dans ce cas, les peines de la loi sont aggravées, en vertu de l'article 122 nouveau du Code pénal. - Arr.-loi du ll octobre 1916.

De l'incendie constituant à la fois un attentat contre les personnes et contre les propriétés.

3037. - L'infraction la plus grave en matière d'incendie est celle qui menace à la fois les personnes et les biens. Aussi l'article 510 punit-il des travaux forcés de quinze ans à vingt ans ceux qui auront mis le feu :

1° A des édifices, navires, etc., et tous autres lieux quelconques, servant à l'habitation et contenant une ou plusieurs personnes.

L'énumération légale n'a pas à être commentée puisqu'elle se ter­mine par ces mots : tous autres lieux servant à l'habitation.

Jugé que l'édifice ou le magasin, lorsqu'il sert à l'habitation, est prévu par le § l er de l'article 510 du Code pénal, et qu'il rentre dans les prévisions du § 3 dudit article, même. Jorsqu'il est inhabité. -Cass., 20 juin 1934, Pand. pér., 1934, 257.

3038. - Il s'agit, dans cette première disposition, de lieux servant à l'habitation.

Ne sont pas à considérer comme tels, les lieux où l'on ne fait que séjourner même pour une occupation prolongée, comme la cabane d'un gardien. L'incendie de pareille cabane serait une « destruction »

,tombant sous l'application de l'article 536 du Code. - NYPELS-

SERVAIS, art. 510, n° 5; Pand. belges, v0 Incendie, n° 29.

3039. - Les rouloUes foraines sont des lieux servant à l'habitation. Mais il n'en .est pas de ~ême des autres voitures, telles les voitures de cMmin de fer (NYPELS-SERVAIS, art. 510; n° 12; Pand. belges, vo Incendie, n°8 30 et 38). Dans l'état actuel de la législation, l'incen­die d'une voiture de chemin de fer tomberait éventuellement sous le coup de }?alinéa final de l'article 510. - NYPELS-SERVAIS; art. 510, n° 12, in fine.

3040. - Les dépendances d'une maison, telles les granges, écuries. hangars, etc., sont assimilées aux maisons habitées, en matière de vol (Code pén., art. 471). Cette assimilation ne peut être étendue par analogie. - Pand. belges, v0 Incendie, n° 32.

3041. - La seconde condition de l'application de l'alinéa 2 de

.. ·.J

ARTICLES ,no A 520

l'article 510, c'est que les lieux habités contenaient une ou plusieurs personnes, au moment de l'incendie. Cette condition ne serait pas accomplie si l'incendiaire seul se trouvait lui-même dans l'habitation. - Pand. belges, v0 Incendie, n° 31.

3042. - Dès qu'il est établi que les lieux habités contenaient une ou plusieurs personnes lors de l'incendie, il ne doit pas être prouvé que l'incendiaire savait qu'il en était ainsi. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 510, n° 9; Pand. belges, v0 Incendie, n° 43.

3043. - 20 Sont également passibles des peines de l'article 510 ceux qui auront mis le feu à des édifices servant à des réunions de citoyens, pendant le temps de ces réunions.

3044. - L'expression« édifices servant de réunions à des citgyens » est générale. Sa portée n'est pas restreinte aux seules réunions offi­cielles et légales. Elle comprend notamment les lieux de réunions, telles les églises, les écoles, les théâtres. Si la réunion était illégale, on pouvait la faire disperser. Mais cette circonstance ne ferait pas obstacle à l'application de l'article 510 du Code pénal. - NYP:ELS­S:ERVAIS, art. 510, n° 10.

3045. - 3° L'article 510 s'applique enfin à ceux qui ont mis le feu à tous lieux, mêmes inhabités, si, d'après les circonstances, l'auteur a dû présumer qu'il s'y trouvait une ou plusieurs personnes au moment du crime.

Celui qui met le feu à des lieux· inhabités a pu supposer qu'ils étaient déserts. Si des personnes s'y trouvent, le danger que l'incendie leur fait courir ne sera imputé à son auteur que dans le cas où des circonstances particulières lui ont appris ce que la nature des choses ne lui a pas révélé. - Rapp. Chambre, III, n° 59.

3046. - Pour toutes les infractions prévues par l'article 510, il n'y a aucune distinction à faire suivant que l'incendiaire était ou non le propriétaire de l'immeuble auquel il a mis le feu.

3047. - Les peines de l'article 510 pourraient encore être encou­rues. en cas d'incendie par communication. - Code pén.; art. 516 et 517 ; infra, n°8 3069 et 3070.

Ou si un des lieux visés dans ledit article 510 avait été détruit par l'effet d'une explosion. - Code pén., art. 520; infra, n°e ~078 et suivants.

3048. - Les peines établies par cette disposition seraient éventuel­lement aggravées dans les cas où l'incendie aurait été commis la nuit (Code pén., art. 513; infra, n° 3064).ou lorsque l'incendie a causé des blessures ou la mort d'une ou de plusieurs personnes. - Code pén., art. 518; infra n°8 3065 et suivants.

12-11 /

354: .ARTICLES 510 A 520

Faits _d'incendie ne constituant pas un attentat contre les personnes.

3049. - Seront punis des travaux forcés de dix ans à quinze ans, ceux qui auront mis le feu aux «objets>> désignés à l'article 510, mais hors les cas prévus à cet article, o'est-à-dire :

1 ° Lorsque les lieux habités ne oontenaient auoune personne lors de l'incendie ;

2° Lorsqu'on a incendié les édifices servant à des réunions de oitoyéns, mais en dehors du temps des réunions ; . . · 3° Lorsqu'on a mis le feu à des. lieux inhabités dans des oiroon­stanoes telles que l'auteur n'avait pas à présumer qu'il s'y trouvait une ou plusieurs personnes au moment du orime. - Adde : 81.llpra, n° 3041.

3050. - La peine de l'article 511 est également applicable à ceux qui auront mis le feu à des forêts, bois, taillis ou récoltes sur pied.

3051.-:- Les expressions « forêts, bois, taillis», exoluent l'applioa­tion de notre disposition à des arbres isolés ou à des petits groupes formés de quelques arbres. L'article vise uniquement le fait d~incen­die lorsqu'il est susceptible d'occasionner un dommage oonsidérable. - NYPELS-8:ERVAIS, art. 511, n° 2.

3052. - Dans les réooltes sur pied on ne peut évidemment pas oomprendre le blé en herbe. C'est le dommage ou la possibilité d'un dommage qui, ioi enoore, caraotérise la matérialité de l'infraotion. -- NYPELS-SERVAIS, art. 511, n° 3.

3053. - L'incendie des «objets>> dont il s'agit à l'article 511 est punissable même si l'auteur est le. propriétaire desdits «objets», à la condition toutefois que ce propriétaire ait agi dans une intention frauduleuse ou méohante. Pour autant que l'auteur soit propriétaire unique des objets auxquels il a mis le feu et non point, par exemple, un copropriétaire indivis, la peine des travaux forcés est remplacée par un emprisonnement d'un an à oinq ans et une amende de 200 fr. à 1.000 francs.

Jugé qu'il résulte des termes de l'artiole 511, alinéa 2, du Code pénal que l'atténuation de peine prévue par cette disposition est applicable non seulement lorsqu'une seule personne est l'auteur de l'incendie, mais enoore en cas de pluralité d'auteurs, pourvu que l'objet incendié appartienne exclusivement à ceux-éi. - Cass., 30 octo­bre 1939, Pas., 1939, I, 440.

3054. - L'intention frauduleuse existera chez le propriétaire s'il a voulu toucher la somme pour laquelle les « objets » étaient assurés. Cet exemple n'est d'ailleurs point limitatif.

ARTIOI.,J:S · 510 A. 520

3055. - On conçoit, aussi qu'un propriétaire ait pu incendier son propre bien dans une intention méchante : causer préjudice au loca­taire, priver un créancier de son privilège, ou encore, brûlet des objets appartenant à autrui qui se trouvaient dans l'immeuble.

3056. - Il n'est pas requis que le propriétaire ait atteint le but qu'il poursuivait. Peu importe qu'il n'ait pas touché la prime d'assu­rance ou qu~aucun tiers n'ait subi un préjudice. - NYP:.il:Ls-SERVAIS, !1-rt, 5ll, n° 12.

3057. - A raison d'une moindre possibilité de préjudice, les peines de l'article 5ll sont réduites en vertu de l'article 512, si le feu a été mis à des récoltes coupées ou à des bois abattus et mis en tas ou en stères. - Code pénal, art. 512,· al. 1er.

Aucun dol spécial n'est exigé pour l'application de l'article 512, alinéa 1er, du Code pénal. Il ressort des travaux. préparatoires du Code pénal de 1867 que le législateur s'est borné à exiger le (lo1 général pour la consommation d~ l'infraction dont. il s'agit; c'est-à-dire l"' : connaissance de l'illégalité de l'acte et la volonté libre de commettre · l'fafraction. Le mot « volontairement » a été omis dans le te~ par le motif, énol).cé à la Commission de la Chambre, qu'une infraction, sauf disposition contraire, n'est punissable que quand l'agent a agi avec intention et volonté et qu'il était dès lors inutile d'exprimer cette intention. - Cass., 18 décembre 1933, Pas., 1934, I, ll2.

3058. - La peine devient une peine correctionnelle si les bois abattus. n'ont pas été réunis. - 'Code pénal, art. 512, al. 2.

3059. - L'incendie des bois abattus qui sont la propriété exclusive de l'incendiaire est réprimé par les deux derniers alinéas de l'arti­cle 512 si l'auteur a agi dans une intention méchante ou frauduleuse. - Sulpra, n08 3054 à .3056.

3060. - Pour les cas visés aux articles 511 et 512, il peut aussi y avoir :

Incendie par communication. - Code pénal, art. 616 et 517; infra, nos 3069 et 3070 ;

Destruction par explosion. - Code pénal, art. 520; infra, n°s 3075 et suivants ;

Majoration de·peine parce que l'incendie aurait été commis la nuit. - Code pénal, art. 513 ; infra, n° 3064.

TeJtative punissable. - Peines accessoires.

3061. - La tentative d'incendie réunissant les conditions prévues par l'article 51, est toujours punissable si le fait consommé est un crime. - Code pénal, art. 52.

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356 ARTICLES 5l0 A 520

Si le fait consommé est un délit, la tentative réwùssant les condi­tions requises par l'article 51 est punie des peines édictées par l'ar­ticle 514 du Code.

Rappelons qu'en matière de crime ou de délit d'incendie, l'infrac­tion est consommée dès que l'objet a commencé à brûler. - Sutpra, no 3033.

3062. - Dans les cas.prévus« par les articles précédehts », le cou­pable con.damné à l'emprisonnement pou,rra de plus être condamné à l'interdiction des droits conformément à l'article 33 et placé sous "ln, surveillance spéciale de m police pendam un terme de deux à cinq ans. - Code pénal, art. 515 (1).

Des circonstances a~~ravantes de l'incendie.

3063. - Rappelons, pour mémoire, que les peines édictées en ma­tière d'incendie sont aggravées par l'artic~e 122 (nouveau) du Code . pénal, si le fait a été commis pour favoriser l'ennemi. '

3064. - Les peines portées aux articles 510 à 512 sont rempla­cées par celles indiquées à l'article 513 << lorsque le feu a é~é mis pen-dant la nuit ». ·

Jugé que la définition que l'article 478 du Code pénal donne au mot « :n.uit » ne s'applique qu'en matière de vols. En conséquence, dans les autres matières, -le juge du fond décide souverainement si un fait a été commis le jour ou la nuit. - Cass., 7 novembre 1898, Pas., 1899; I, 11.

3065. - Lorsque J'incendie a causé des blessures à une ou plu­sieurs personnes qui, à la connaissance de l'auteur, se trouvaient dans les lieux incendiés au moment du crime ou du délit, le coupable sera condamné comme si ces blessures avaient été faites avec prémédita­tion. Ce sera alors la peine que la loi attache à ces blessures qui sera appliquée à l'incendiaire si cette peine est plus forte que celle qu'il a encourue à raison de l'incendie.

Dans le cas contraire;· cette dernière peine sera élevée de deux ans au-dessus du maximum si elle consiste dans la réclusion ou les travaux forcés à temps.

Si le fait a causé la mort, la peine sera la mort. - Code pénal, art. 518.

3066. - L'incendie dont il s'agit dans l'article 518, c'est unique­ment l'incendie volontaire. Si un incendie involontaire cause la mort ou des blessures, il y a concours des infractions prévues par ]es arti-

(1) Les dispositions du Code pénal concernant le renvoi sous la surveillance spéciale de la police ont été abrogées par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

AR'rICLES• 510 A 520

cles 519 et 418 et suivants du Code pénal. - NYPELS-SERVAIS, art, 518, n° 2-.

3067. - La connaissance qu'avait l'auteur de la présence des per­sonnes dans le lieu inèendié, est une condition essentielle de la cir~ constance aggra.vante établie par l'article 518. Les travaux prépara­toires confirment ici la portée du texte, qui est, à cet égard au moins, clair par lui-même. Il nous paraît donc inutile d'insister sur les rétroac­tes.· - Sic NYPELS-SERVAIS, art. 518, n° 3. ·

3068. - La manière dont la personne a été tuée ou blessée importe peu. L'article 518 s'appliquerait si la victime s'était blessée ou avait été tuée en sautant par une fenêtre pour échapper aux flammes. Mais il faut qu'elle se soit trouvée dans la maison au moment de l'incendie. La mort ou les blessures de ceux qui sont accourus pour éteindre le feu ne constitueraient pas la circonstance aggravante. - Pand. belges, v0 Incendie, n° 132.

De l'incendie par communication.

3069. - Celui qui, dans l'intention de commettre l'un des faits prévus aux articles 510, 511 et 512, aura mis le feu à des objets quel~ oonques, placés de manière à le communiquer à la chose qu'il voulait détruire, sera puni comme s'il avait directement mis ou tenté de mettre le feu à cette dernière chose. - Code pénal, art. 516.

Déterminons la portée de cette disposition par l'exemple suivant : un individu veut incendier une ferme. Au lieu de mettre. le feu à cette ferme il met le feu à un objet quelconque placé de manière à commu­niquer le feu à la ferme. Il sera puni comme s'il avait directement mis le feu à la ferme elle-même.

Pour que cette dernière peine puisse être appliquée, dans le cas de l'article 516, il faut que l'intention de l'agent d'incendier; dans notre exemple, la ferme, soit' établie.

3070. _:__ Poursuivons notre exemple pour préciser la portée de l'ar­ticle 517 du Code pénal. L'agent, au lielJ de mettre le feu à un objet quelconque placé de manière à communiquer l'incendie à la ferme, a allumé un objet placé d'une manière telle, par rapport à la ferme, que le feu a dû nécessairement se communiquer à cette habitation.

Dans ce cas la loi pésume que l'agent a voulu incendier non pas l'objet auquel il a mis le feu, mais bien la ferme elle-même. La peine applicable est alors celle de l'article 510 et non point celle prévue pour l'incendie de la chose à laquelle le feu a été allumé. L'intention qui. doit être prouvée dans le cas de l'article 516 est déduite, par la loi, du fait lui-même dans le cas de l'article 517.

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358 .ARTIOL)!JS .5l0 A 520

De l'incendie « dit » involontaire.

3071. - L'article 519 du Code pénal vise le cas où un incendie a été provoqué, sans que ce résultat ait été voulu, par une faute volon-taire, et donc imputable à son auteur. '

Le texte de l'article 519 du Code pénal vise toute dispersion quel­conque de feu par imprudence. - Cass.; 26 février 1934, Pas., 1934, I, 174.

Il faut de plus que cette faute rentre dans l'une des catégories de faits dont il s'agit en l'article 519.

1

3072. - La première catégorie de ces faits consiste dans le défaut d'entretien ou de réparation des fours, cheminées, forges, etc.

3073. - En second lieu, vient l'incendie causé par les feux allu­més dans les champs à moins de cent mètres des maisons, édifices, forêts, bruyères, bois ... , ou de tout autre dépôt de matières combus­tibles.

Le fait d'avoir, par des feux allumés dans un bois, causé involon­tairement l'incendie d'une propriété immobilière ne èonstitue pas l'in­fraction visée à l'article ,167 du Code forestier, mais bieu celle visée à l'article 519 du Code péna-1. L'article 167 du Code rural ne réprime que l'imprudence elle-inême consistant à allumer des feux à moins de cent mètres des bois et forêts sans qu'elle ait causé aucun incen­die involontaire, tandis que l'article 519 du Code pénal exige au moins un commencement d'incendie. - Liège; 19 février 1942, Pas., 1942, II, 67.

Bien que le délit prévu par l'article 519 du Code pénal ne comporte pas l'intention criminelle, plusieurs individus peuvent être coauteurs de l'infraction lorsqu'ils ont agi avec la volonté commune non pas de provoquer un incendie, mais d'allumer un feu dont la conséquènce prévisible 'a été un incendie. - Liège, 23 novembre 1928, Pas., 1929, II, 49.

3074. - Jugé que le garde forestier, prévenu du délit de l'article 519 du Code pénal, à la suite d'un incendie involontaire de bois provoqué par l'essertage d'une bruyère, peut se prévaloir de la cause de justi­fication de l'article 260 du même Code et échapper ainsi à toute con­damnation s'il justifie qu'en allumant un feu à moins de cent mètres de ces bois, il n'a fait qu'obéir à l'ordre d'un supérieur hiérarchique. - Gand; 22 février 1912, Pas.; 1912, II, 133.

3075. ~ « Soit par des feux ou lumières portés ou laissés sans pré­carttion suffisante. » Cette disposition a en vue tous les faits de dis­persion imprudente des feux ou des lumières portés non seulement par la main de l'homme, mais aussi à l'aide de. machines ou engins

1 1

.ARTIOU:S 510 A 520 359

-placés sous sa direction, en l'espèce une locomotive non munie d'un dispositif pour empêcher l'échappement de flammèches. - Ca.as.,· 29 janvier 1923, Pas., 1923, I, 174; sic NYPELS-SERVAIS, art. 519, n° 4.

3076. - « Par des pièces d'artifices allumées ou tirées sans précau­tions suffisantes. »

3077. - L'article 519 comprend l'incendie à la fois des choses mobilières et immobilières.

Mais il faut que ce soient les choses d'autrui. L'incendie de la 'Chose par la négligence ou l'imprudence de son propriétaire n'est donc pas susceptible d'une poursuite répressive. - NYPlllLS-SERVAIS,

art. 519, no 9.

Destruction par explosion.

3078. - Ceux qui auront détruit ou tenté de détruire, par l'effet d'une explosion, des édifices, navires, bateaux, voitures, wagons, ma­gasins, chantiers ou autres constructions seront punis des peines portées pour l'incendie ~e ces mêmes édifices, navires, etc., suivant les distinctions établies à cet égard. - Code pénal, art. 520.

3079. - Le projet du Code portait « volontairement » détruit. La Commission de la Chambre a fait disparaître cette expression parce que jugée inutile, le dol général impliquant la volonté. On n'a donc pas à craindre, disait le rapporteur, même quand la destruction ne constitue qu'un délit, que l'explosion d'une mine tombe sous le coup des articles précédents lorsque par défaut de précaution on fait sau­ter un bien quelconque. - ~app. Chambre, III, n° 69; NYPELS­

SERVAIS, art. 520, n° I. La volonté du législateur est donc certaine. Mais en l'espèce le mot

« volontairement » était d'autant plus utile que ·l'arti~e 520 fait pré­cisément suite à· l'article relatif à l'incendie causé par défaut de pré­caution.

· 3080. - Du renvoi que contient l'article 520 aux dispositions con­cernant l'incendie, il faut conclure que la destruction simplement partielle d'un édifice, à la suite d'une explosion, tombe sous le coup de cette disposition. - Cass., 24 octobre 1892, Pas., 1893, I, 5; NYPELS-SERVA.IS, art. 520, n° 4.

3081. - Il résulte du texte même de l'article 520 que toutes les circonstances aggravantes de l'incendie s'appliquent aux destructions par explosion. - NYPELS-SlllRVAIS, art. 520; n° 5.

(.

I .

ARTICLES 521 A 525

SECTION II. - DE LA DESTRUCTION DES CONSTRUCTIONS, DES MACHINES A VAPEUR ET DES APPAREILS TltLltGRA­PHIQUES.

ARTICLE 521.

Quioonq_ue aura détruit ou renversé, par quel,q_ue moyen que ce soit, en tout ou en partie, des é,d,ifices, des ponts, digues, chaussées, chemins de fer ou autres constructions appartenant à autrui, sera puni de la rfXlusion.

ARTICLE 522.

La disposition de l'article 518 sera applicable au cas prévu par l'ar­ticle prfXéÀent.

ARTICLE 523.

Quiconque aura détruit une machine à vapeur appartenant à autrui, sera condamné à un emprisonnement de quinze jours à trois ans et à une amende de 50 francB à 500 francB.

Il y a destruction dès que les effets de la machine sont empêchés en tout ou en partie, soit que le fait porte sur les appareils moteurs, soit qu'il porte sur les appareils mis en mouvement.

ARTICLE 524.

Abrogé par l'article 31 de la loi du 13 octobre 1930 coordonnant les dispositions législatives concernant la télégraphie et la téléphoni@ avec fil.

ARTICLE 525.

Lorsque les faits prévus par les deux articles précéÀents auront été commis en réunion ou en bande et à l'aide de violences, de voies de fait ou de menaces, les coupdbles seront punis de la réclusion.

Les chefs et les provocateurs seront condamnés aux travaux forcés de dix ans à quinze ans et à une amende de 500 francs à 5.000 francB.

ARTICLE 122. (Voir t. Jer, p. 280.)

Remarques générales. 3082. - Code pénal, article 521 et suivants. 3083. - Code pénal, article 122. - .Arrêté-loi du 20 août 1915.

Destructi<m des constructions. 3084. - Code pénal, article 521. 3085. - Fait prj3vu par cette disposition. 8086. - Dol général. 3087. - Explosifs. 3088. - Bll.timent en construction. 3089~ - Quid des moteurs électriques? 3090. - • Autres constructions •· - Exclusion des immeubles par destination. 3091. - Tuyaux de gouttière arrachés, .ete. 3092. - Faits prévus par d'autres dispositions légales (tombeaux, cabanes de gardien). 3093. - Blessures ; mort.

.A.RTICLES 521 A 525

DealrucUon de machines à Vapell7'.

3094. - Code péna.l, article ,523. Obatacles awi: correspondances télég7'aphiques ou téléphoniques.

3095. - Télégraphe; téléphone; T. S. F. DiapoBition commune mue a7'ticles 623 et 624 du Code pénal.

3096. - Oode pénal, article 525. Récidiwe.

3097. - Oode pénal, article 544 (abrogé).

Remarques générales.

361

3082. - Les articles 521 et suivants du Code pénal sont relatifs à une série de faits de destruction ou à des faits assimilés à des des­tructions. L'interprétation de ces dispositions soulève peu de ques­tions difficiles au point de vue des principes.

3083. - Cette matière doit être complétée par l'article 122 nou­veau du Code pénal qui élève considérablement les peines lorsque les faits de destruction ont été commis dans l'intention de favoriser l'en­nemi. - Voy. aussi l'arrêté-loi du 20 août 1915 relatif à la destruction et à la dégradation des dispositifs de défense établis par l'armée.

Destruction des constructions.

3084. - Sera puni de la réclusion quiconque aura détruit ou ren-- versé par quelque moyen que ce soit, en tout ou en partie, des ~difi­

ces, des ponts, digues, chaussées, chemins de fer ou autres construc­tions appartenant à autrui. - Code pénal, art. 521.

3085. - Le fait prévu par cette disposition, c'est la destruction ou le renversement d'une construction appartenant · à autrui.

La destruction ne doit pas avoir été totale, mais il faut cependant qu'elle soit plus qu'une dégradation. Il faut qu'il y ait une démoli­tion. - NYPELS-SERVAIS, art. 521, .n° 4.

3086. - Aucun dol spécial n'est requis par la loi. Le fait doit être volontaire en vertu des principes généraux. La volonté consciente d'enfreindre la loi pénale suppose que l'agent savait que la construc­tion appartenait à autrui, puisque cette dernière condition est un élé­ment du délit d'après le texte même de notre article.

3087. - Jugé que l'article 521 du. Code pénal vise exclusivement les moyens de destruction moins redoutables que les explosifs. L'em­ploi de ceux-ci est prévu par l'article 520. - Cass., 24 octobre 1892, Pas., 1893, I, 5.

3088. - Les constructions dont il s'agit dans l'article 521 ne doi­vent pas nécessairement être terminées pour que cette disposition soit applicable.

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362 ARTICLES 521 A 525

Se rend coupable de cette infraction celui qui renve:rse et détruit partiellement les murs d'une maison appartenant à autrui, alors que la construction se trouve seulème:rit en voie d'achèvement_ et que les murs n'atteignent qu'une hauteur d'environ deux mètres au-dessus du sol.- Corr. Audenarde, 7 décembre 1907, Pand. 'f)ér., 1908, n° 161.

3089. - Faute de pouvoir appliquer à la destruction d'un moteur électrique placé dans un établissement industriel, la disposition de l'article 523 du Code relatif aux machines à vapeur, on a réprimé pareille destruction sur le pied de l'article 521 du Code pénal (coJT. Liège, 1er juillet 1911, Pand. 'f)ér., 1912, n° 193). Cette doctrine ne nous paraît pas susceptible d'être suivie. ·

3090. - Les autres constructions visées par l'article 521 ne doivent, en effet, s'entendre que de constructions analogues à celles énumérées par cette disposition. PM! plus que les objets purement mobiliers, on ne peut y comprendre ceux qui ne sont immeubles que par destina­tion• -,- Pand. belges, v0 Destruction de constructions, n°s 31, et 32.

3091. - On peut consulter dans le même sens les arrêts de la cour de ca;ssation interprétant l'article 437 du Code de 1810 qui était pres­que textuellement identique à notre article 521, sauf, évidemment, la mention des chemins de fer. L'arrêt du 3 mars 1856 (Pas., 1856, 1,157) en a ainsi décidé pour les tuyaux _d'une gouttière d'un immeuble. Une solution identique a été _.admise en ce qui concerne la destruction partielle d'une machine immeuble par destination. - Cass., 24 ja_n­vier 1859-, Pas., 1859, I, 8;.

3092. - Ne tombent certainement pas sous l'application de l'arti­cle 521 du Code pénal, les destructions de constructions qui sont répri­mées par d'autres dispositions de la loi (tombeaux, etc., art. 526 ; cabanes de gardiens, art. 536).

3093. :__ Lorsque la destruction d'une construction a causé des bJes­sures ou la_ mort d'une ou de plusieurs personnes, qui, à la connais­sance de l'auteur, se trouvaient dans la construction détruite au moment de la destruction, la peine de l'article 521 est majorée suivant les dis­tinctions établies à l'article 518 du Code. - Code pénal, art. 522; sutpra, nos 3065 et suivants.

Destruction de machines à vapeur.

3094. - ·Ce délit est claire:rmmt défini par les termes de l'article 523 du Code pénal auquel nous nous bornons à renvoyer. Il est à noter que la destruction existe dès que la machine motrice ou les appareils mis en, mouvement par celle-ci ont été arrêtés dans leur fonctionne­ment.

.À.RTIOL:ES li21 A 525. _:__ .A.RTIOL:ES 52.6 ET 527 363

Obstacles aux correspondances télégraphiques ou téléphoniques.

3095. - L'article 524 du Code pénal réprimant le fait de ceux qui par un moyen quelconque auront empêché la corresponda,nce sur une ligne télégraphique, a été abrogé par l'article 31 de la loi du 13 octo­bre 1930.

Disposition commune aux articles 523 et 524 du Code pénal.

3096. - Lorsque les faits prévus par l'article 523 ont ét~ commis en réunion ou en bandes et à l'aide de violences, de voies de fait ou de menaces, les peines sont majorées conforméip.ent aux prescriptions de l'article 525 du Code.

La disposition de l'article 525 était autrefois commune aux articles 523 et 524. Mais, comme nous venons de le mentionner, l'article 524 est actuellement abrogé. ·

Nous avons indiqué (supra, n° 1070) ce qu'il faut entendre par une <( l;>ande ». Mais il importe de noter que l'article 525 assimile la simple réunion à la bande organisée, sauf pour les chefs. On peut concevoir qu'il existe des provocateurs même dans Ul\e simple réunion sans chefs.

Rfcidive.

3097. - L'article 544 du Code pénal donnait au juge la faculté de mettre sous la surveillance spéciale de la police les auteurs et les complices des délits prévus dans les sections II à VI du présent cha­pitre qui seraient en état de récidive pour faits de même nature.· Cette disposition a été abrogée par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

>

SECTION Ill. - DE LA DESTRUCTION OU DÉGRADATION DES TOMBEAUX, MONUMENTS, OBJETS D'ART, TITRES, DOCU­MENTS OU AUTRES PAPIERS.

ARTICLE 526.

Sera puni d'un emprisonnement de huit jours à un. an et d'une amen.de de 26 francs à 5Q0 francs, quioonque aura détruit, abattu, mutïlé ou dégradé :

Des tombeaux, signes commémoratifs ou pierres sépul,crales; Des monumem,ts, statues ou autres objets destinés à l'utilité ou à la

décoration publique et élev(!s par l'autorité compétente ou avec son. auto­risation,·

· .364 ARTICU:S 526 :ET 527 .

Des mt>'IIIUmen~, statues, t,abl,eaux ou objets d'art quilcon<jues, pmcés dans les égUses, tem,Ples ou ·autres édifices publics.

ARTICLE 527.

Quiconque aura méchamment ou frauduleusement détruit d'une rrw,­

nière quelconque des registres, minutes ou actes originaux de l.'autorité publique, <!,es titres; billets, lettres ·de change; effets de commerce ou de banque cor,,tenant ou opérant obligation, disposi,tion ou décharge, sera puni comme s'il avait soustrait les mêmes pièces et d'après les distinc­tions éwblies au premier chapitre du présent titre.

'Destructwn ou dégradatwn des tombeauai, monuments, objets d'arl. 3098. - a) Tombeaux, signes commémoratifs, pierres sépulcrales. 3099. - Fleurs placées sur une tombe. 3100. - b) Monuments, statues, autres objets. 3101. - c) Monuments, statues, etc., placés dans les. églises, temples, etc.·

Destructwn de titres, documents ou autres papiers. 3102, - Code pénal, article 527. 3103. -:- Intention méchante ou frauduleuse. - Actes reconnus sans valeur. 3104. - Pénalités. - Code pénal, article 462. · 3105. - Article 544 du Code pénal (abrogé).

Destruction ou d~~radation des tombeaux, monuments, objets d'art.

3098. - L'article 526 du Code pénal punit de peines correction­nelles quiconque aura détruit, abattu, mutilé ou dégradé :

a) Des tombeaux, signes commémoratifs ou pierres sépulcrales. Le Code pénal, en son article 3lo, sanctionne les dispositions de

police relatives aux inhumations. L'outrage aux morts est réprimé par l'article 453. Dans la disposition de l'article 526, il s'agit du fait de ceux qui

auront détruit, abattu, mutilé ou dégradé le tombeau, les signes com­mémoratifs ou les pierres sépulcrales.

Ce que la loi poursuit dans l'article 526 du Code pénal, c'est la des­truction ou mutilation de la propriété sans intention de porter atteinte à l'honneur des personnes. Dans ce dernier cas, il y aurait lieu à l'ap­plication de l'article 453 du Code pénal. - Corr. Neufchâteau, 19 mars 1941, citant Pand. belges, v0 Destruction de tombeaux, n° 18, Pas., .1944, III, 2.

Il ne peut y avoir destruction ou mutilation au sens de l'article 526 du Code pénal lorsque c'est le propriétaire lui-même qui modifie l'état de sa propriété. - Corr. Neufchâteau, 19 mars 1941, précité.

3099: - Les termes de l'article 526 sont absolument généraux. On a considéré que le fait d'arracher ou de détruire des fleurs placées

. .

ARTICL:ES.526.:ET 527 366

sur les tombes est réprimé par -l'article 526 du Code pénal protégea.nt les signes commémoratifs. - NYPELS-SÉRVAIS, art. 526, n° 2.

3100. - b) Des monuments, statues, ou autres objets destinés à l'ùtilité ou à la décoration publique et élevés par l'autorité compé­tente ou avec son autorisation.

De la généralité des termes de l'article 526 du Code pénal, on a conclu· qu'il s'appliquait au drapeau national placé en vue de la fête nationale du 21 juillet, par des préposés des douanes, en le fixant par une hampe à un arbre de la grand'route en face de leur aubette. - Cass., 15 avril 1929, Pand. pér., 1929, 178; sic Liège, 23 janvier 1929, Pand. pér., 1929, 179. ·

La destruction d'un drapeau arboré par un particulier sans l'inter­vention de l'autorité publique ne constitue point l'infraction prévue par l'article 526 du Code pénal, mais bien celle réprimée par l'arti­cle 559, 1°, du même Code.

3101. - c) Des monuments, statues, tableaux ou objets d'art quel~ conques placés dans les églises; temples ou autres édifices publics.

Le barbouillage des plaques indicatrices des noms des rues, etc., a donné lieu à de nombreuses décisions judiciaires. Citons: cass., 2 mars 1938, Rechtsk. Weekbl., 27 mars 1938, 1150; Bruxelles; 7 décembre 1937, ibm., 1152; corr. Bruxelles, 16. octobre 1937, ibm.; 1153; corr. Louvain, 13 novembre 1937, ibi,d., 1154; corr. Tongres, 26 octo­bre 1937, Rechtsk. Weekbl., 6 février 1938, 863.

L'article 526 a été déclaré non applicable à ceux qui avaient inscrit à la chaux le mot « amnistie » sur une aubette de tramway ou sur un pont de chemin de fer. - Corr. Gand, 5 octobre 1937, Rechtsk. Wetkbl., 5 décembre 1937, 506.

Diverses décisions ont proclamé qu'en cas de barbouillage de plaques indic3trioes de noms de rues; il fallait appliquer l'article 526 du Code pénal et non l'article 560, 1°, du même Code. - Corr. Anvers, 18 avril 1939, Rechtsk. Weekbl., 9 juillet 1939; 1754, et corr. Bruges, 7 juillet 1939, Rechtsk. Weekbl., 9 juillet 1939, 1753.

Destruction de titres, documents ou autres papiers.

3102. - La disposition de l'article 527 est également fort claire en elle-même. Elle assimile la destruction frauduleuse ou méchante soit de documents publics, soit de documents privés. - Adde : Code pénal, art. 241; ·

Jugé que l'article 527 du Code pénal vise la destruction méchaµte ou frauduleuse de tout écrit qui peut être la base d'un droit ou engen­drer une obligation. L'infraction ne disparaîtrait point parce que la force probante de la pièce détruite serait contestée; notamment s'il

' ,

·, ,1

366 ARTICLES IS26 :ET 527

s'agit d'un testament olographe. - Cass., 29 octobre 1906, PO,IJ., 1907, 1, 29; cass., 19 mars 1906, Pas., 1906, I; 169.

L'article 527 du Code pénal, lorsqu'il vise un titre ou billet conte­nant ou opérant obligation, disposition ou décharge, n'exige pas comme élément constitutü du délit la validité intrinsèque et inattaquable du titre détruit. Il suffit, pour que cette disposition soit applicable, qu'il s'agisse d'une pièce qui puisse être invoquée comme titre jusqu'à ce que la nullité en ait été prononcée en justice ou reconnue par les par­ties.

La lacération d'un titre, pouvant tout au moins servir de commen­cement de preuve par écrit, rend applicable la disposition légale dont il s'agit. - Cass., 20 février 1939; PO,IJ., 1939, I, 84; cass., 1er décem­bre 1930, Pas., 1931, I, 1.

Jugé de même que l'article 527 du Code pénal ne home pas sa pro­tection aux seuls titres inattaquables tant sur le rapport du fond que de la forme. Cette protection s'étend à tous écrits formant ou pouvant former preuve, fussent-ils même entachés de nullité; pourvu que celle-ci soit de nature à être couverte ou suppléée.

Il en est ainsi de l'acte contenant une convention synallagmatique rédigée en un seul exemplaire contrairement au prescrit de l'article 1325 du Code civil. Pareil acte pouvait tout au moins servir de com­mencement de preuve par écrit. - Liège, 13 juillet 1938, Pas., 1939, II, 58; sic cass., 31 mars 1930, Pas.; 1930; I; 180.

La cour de cassation a cassé, pour motüs insuffisants, un arrêt rendu dans les conditions suivantes : un prévenu soutenait qu'une destruc­tion de titre, pour être punissable, doit être consommée et que, dans l'espèce, cette destruction n'avait pas été consommée, puisque le titre se trouvait au dossier, encore qu'il eût été lacéré.

Une condamnation fut néanmoins prononcée dans les termes de la loi. L'arrêt fut cassé parce qu'il ne se prononce pas sur le point de savoir s'il admet que la destruction n'a pas été consommée en l'es­pèce et qu'il·ne statue pas davantage sur la qu~stion de savoir si en droit l'infraction existe sans que la destruction matérielle du titre s9it consommée. - Cass., 24 juin 1925; Pas., 1925, I, 199.

On peut supposer que la décision de la cour de cassation eût été différente si elle avait admis, en droit, qu'une lacération soit équiva­lente à une destruction.

Notamment par comparaison des textes des articles 526 et 527 du Çode pénal, nous pensons qu'une simple lacération ou dégradation d'un titre n'est pas une. <c destruction » tant qu'il conserve son utilité comme instrument de preuve.

3103~ ~ L'intention frauduleuse consiste dans la volonté de se pro­curer à soi-même ou de procurer à d'autres un avantage illicite.

L'intention· méchante, c'est le dessein de nuire à autrui.

ARTIOLl!JS 526 lllT 527;. ,-, ARTIOL,l!lS 528 A . 534. '6~.

La .simple possibilité d'un préjudice suffit, _ mais elle .est requise, Aussi l1a.rticle 527 du Code pénal n'est-il pas applicable quand le. prétendu titre, au moment où il est détruit, est reconnu S8,ll,S valeur parce qu'alors le corps du délit fait défaut et qu'il n'y a pas de pré~. judice possible. -Qass., 19 mars 1906, Pas., 1906,·I, 169.

3104. - La répression des délits prévus par l'article 527 est éta,.:· blie par un renvoi aux dispositions qui punissent le vol. Parmi ces dispositions, il y a -lieu de comprendre l'article 462 qui immunise dè toute peine les vols commis entre certains parents. - NYPELS-SERV AIS,

art. 527, n° 10; supra, n08 2756 et suiv.; sic oass., 1er décembre 1930, Pas.; 1931, I, l.

Mais, de même que le vol commis par un veuf, de choses qui n'au­raient pas appartenu à sa femme ne peut bénéficier de l'exemption de peine prévue par l'article 462, de même la destruction par le veuf de pièces formant titre au profit de tiers ne saurait en bénéficier davantage: - Cass., 1er décembre 1930, Pas., 1931, I; l.

Jugé qu'en ças de destruction frauduleuse de titres, registres, etc., le fait est punissable même s'il est commis par un fils relativement à des livres qui sont la propriété de sa mère, si la destruction a pour but de causer préjudice à des droits de tiers (en l'espèce le fisc). -Corr. Bruges; 2 juillet 1936, Recht,sk. Weekbl., 11 octobre 1936, 127; sic arg. _ cass., 1er ~éoembre 1930, Pas.; 1931; 1, l.

3105. - L'article 544 donnait au juge la faculté de mettre sous la surveillance spéciale de la police les auteurs et complices des délits dont il s'agit à l'article 527, en cas de récidive. Cette disposition à

été abrogée par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

SECTION IV. - DE LA DESTRUCTION OU DÉTÉRIORATION :pJ DENRÉES, MARCHANDISES OU AUTRES PROPRIÉTÉS MOBl­LIÈRES.

ARTICLE 528.

Toute destruction, tout dégdt de propriétés mobilières d'autrui exécuü! à l'ai,de de violences ou de menaces, sera puni d'un emprisonnement de huit jours à trois ans et d'une amende de 26 francs à 500 francs,oud'une de ces peines • seulement.

ARTICLE 529.

Si le fait a été commis en réunion ou en bande, la peine sera la récl'U8ion. Les chefs et les provocateurs seront punis des travaux fords de dix aM

à quinze ans. ARTICLE 530.

La destruction oo le dégdt de propriétés mobilières d'autrui, <>'J)éré à l'aide de violences oo de menaces, dans une maison habitée oo ses dépen-

368

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.ARTICLES 528 .A 534

d,a'll,Ce8, et avec l''l.ffl,t des circonatancea 'fl"étJuea à l'article 471, sera pu,ni dt,s travaux forr,u de dix a™ à tJU,ime a'll,8.

L1, peine ne sera pas inférieure à d<,,u,ze ans si le crime a éti commis ~ réunion, ou en. bande.

Les chefs et les 'fl"OVocateurs ser011,t punis des travaux forr,u de quinze ans à vingt a'll,8.

ARTICLE 531)

Si les violences ou les menaces à l'aide <lesquelles la deatructi011, ou le dégdt a éti commis ont caU8é une maladie! O'U une lésion, corporelle de la naturé de celles qui sont 'fl"évues par l'article 400, lu- cowpables seront punis de la peine immédiatement 8'Upérieure à celle qu'ils auront. encou-

. rue aux termes des deux articles 'fl"éddents.

ARTICLE 532.

Le meurtre commis; soit poor faciliter la destruction ou le dégdt, soit pot1,r en as8'Urer l'impuniti, sera puni de mort. ,

ARTICLE 533.

Quiconque aura méchamment ou f!'audukusement altiré ou détér~oré des marchandises ou des matières servant à la fabrication,, sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 26 francs œ 300 francs.

L'em'fJ"isonnement sera de six mois à trois ans et l'amende de 50 fr. à 600 francs; si le délit .a été commis par une personne employée dans la fabrique, l'atelier ou la maison de commerce.

ARTICLE 534.

Quiconque aura méchamment enlevé, courpé ou détruit les lien.s ou les obsf,acles tJU,i retiennent un bateau, un wagon ou une voiture, sera puni d'un emprisonnement de huit jours à deux ans.

D6ffl'tl,otion ou détérioration des pro'[>'l"iétéa mobilières d' au'trm œécutées à l'aide de vio-lencea ou de menacea. .

3106. - Code pénal, articles 559, 1°, et 528. 3107. - Arrêté-loi du 18 mai 1940. 8108. - Relation entre la destruction et les violences ou les mena.ces. 3109. - Code pénal, article 529. - Réunions, bandes, chefs, provocateurs. 8110. - Circonstances aggravantes. - Code pénal, articles 530 à 582. 3111. - Récidive. - Code pénal, article 544 (abrogé) •.

Altération ou détérioration méchante ou fraudule'UBe de marchandilles ou de ma«ères pre-mim-es.

3112. - Code pénal, article 588; matérialité de l'infraction. 8113. - Marchandises. - Œuvree d'art. 3114. - Matières servant à la fabrication. 3115. - Intention méchante ou frauduleuse. 8116. - Pénalités. 3117. - Récidive. - Code pénal, article 544 (abrogé).

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. , ARTICLES 528 A 534

Dea actes dom:mageables prévus par· l'a-,ticle 534 du Code pénal • . 3118. - Mtl.térialité de l'infraction. 3119. - Elément intentionnel. 3120. ~· Récidive. - Code pénal, article 544 (abrogé).

.369

Destruction ou détérioration des propriétés mobilières d'autrui exécutées à l'aide de violences ou de menaces.

3106. - Ceux qui auront volontairement endommagé ou détruit les propriétés mobilières d'autrui, sont passibles de la peine de police prévue par l'article 559, 1°, du Code pénal.

Cette contravention devient un délit si l'infraction a été commise à l'aide de violences ou de menaces. - Code pénal, art. 528.

3107. - En temps de guerre, les peines portées notamment par la section IV du chapitre III du titre IX du livre II du Code pénal (art. 528 à 534) sont remplacées par celles indiquées à l'article 1er de l'arrêté­loi du 13 mai 1940. Nous avons reproduit ledit arrêté-loi à la suite de l'article. 426, dans la législation placée en tête du chapitre 1er du titre IX, livre II du Code pénal.

3108. - Une· simple concomitance entre les dégradations et les violences ou les menaces; ne suffit pas à constituer le délit. Les vio­lences ou les menaces doivent avoir eu pour but et pour effet de causer la destruction incriminée. A défaut de quoi; il y aurait concours d'un délit, par exemple de coups, et d'une contravention de simple police. - NYPELS-SERVAIS, art. 528, n° 3.

3109. - Le délit devient un crime passible des peines de l'arti­cle 529, si le fait a été commis en réunion ou en bande.

Nous avons indiqué (supra, n° 1070), ce qu'il faut entendre par une bande. Mais ici la réunion est assimilée à la bande, sauf pour les chefs. Pratiquement, s'il est douteux qu'il y ait une bande et des chefs, il sera éventuellement établi qu'il y a eu une réunion et des provocateurs. Les deux situations sont identiques, au point de vue des pénalités.

Les instigateurs sont des prov.ocateurs au sens de notre article. -NYPELS-SERVAIS, art. 528 et 529, n° 8.

3110. - Les articles 530 à 532 prévoient certaines circonstances aggravantes dont tous les éléments ont déjà été examinés antérieu­rement.

Rappelons que les circonstances aggravantes inhérentes au fait lui­même se communiquent à tous les coauteurs et complices. - Supra, n° 579:

1° (Art. 530); destruction à l'aide de violences ou de menaces, dans une maison habitée ou ses dépendances et avec l'une des cir-

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370

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ilTIOLlilS ,528 A 5~4

constances aggravantes prévues à l'article 471 du Code pénal. Su'Jlf'a, n08 2792 et suiv11,nts ;

2° Le même fait commis en réunion ou en bande.:._ Chefs provo-cateurs. - Su'Jlf'a, n° 3109 ;

3° (Art. 531); les violences ou les menaces ont causé : a) Une maladie paraissant incurable. - Su'P'a, n° 2428 ; b) Une incapacité permanente de travail personnel. - Sutpra,

n°s 2421 et suivants ; c) La perte de l'usage absolu d'un organe ou une mutilation grave.

- Su'Jlf'a, n°s 2430 et suivants; 4° (Art. 532) ; un meurtre a été commis soit pour faciliter la des­

truction, soit pour en assurer l'impunité. - Sutpra, n°8 2806 et sui­vants.

3111. - Quant à la récidive, l'article 544 du Code pénal donnait au juge la faculté de mettre sous la surveillance spéciale de la police les auteurs et les complices des délits,_ prévus notamment dans la pré­sente section et ,qui seraient en état de récidive pour faits de même nature. Cette disposition a été abrogée par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

Altération ou détérioration méchante ou frauduleuse de marchandises ou de matières premières.

3112. - L'article 533 du Code pénal réprime l'altération ou la détérioration des marchandises.

Il n'est pas nécessaire que les marchandises aient été détruites ni même qu'elles aient perdu toute leur valeur; il suffit qu'elles aient été assez altérées pour perdre une partie de cette valeur. - Exposé des rrwtifs, Il, n° 83.

Cette disposition atteint notamment les faits frauduleux commis par les voituriers, bateliers et autres agents sur les liquides ou mar­chandises dont la garde ou le transport leur est confié. - Rapp. Sénat, VI, n° 48.

3113. - Le mot marchandises doit être pris dans son acception la plus large. On doit y comprendre notamment les œuvres d'art destinées à la vente. - NYPELS-SERVAIS, art. 533, n° 4.

3114. - Les matières servant à la fabrication, sont toutes matières premières destinées à alimenter la fabrication. - NYPELS-SERVAIS, art. 533, n° 5.. ·

3115. :-- L'auteur doit avoir agi dans une intention méchante ou frauduleuse. - Su'Jlf'a, n° 2979.

3116. - Quant aux pénalités; on remarquera l'aggravation de peine

',

ARTIOU:S 528 A 534 .. - A'.RTIOLl!lS 535 A 537 371

oomminée par le second alinéa de l'article 533, si le fait a' ~té commis par· une personne employée dans la fabrique, l'atelier ou la maison de commerce.

3117. - En cas de récidive, voy. BU'JYl'a, n° 3111.

Des actes dommageables prévus par l'article 534 du Code pénal.

3118. - L'article 534 du Code pénal a été inséré dans la loi, à l'initiative d'un membre de la Chambre des représentants. Le rap­port complémentaire sur cette proposition détermine exactement le caractère et la portée de la disposition telle qu'elle a été finalement adoptée :

« M. Savart a signalé une lacune dans _le projet de loi. Il se plaint de ce qu'aucune loi n;atteint ceux qui coupent les câbles ou lèvent les ancres qui retiennent un bateau dans le cours d'une rivière.

» En examinant cette observation, votre Commission s'est con­vaincue qu'elle s'applique encore à des faits semblables; dont les con­séquences ne sont guère moins redoutables; par exemple l'enlèvement des cales qui retiennent un wagon sur un chemin de fer en pente ou des pierres qui arrêtent une voiture sur une route montante ,>. -Dise. Chambre, IV, n° 72, c.

3119. - Quant à l'intention méchante qui doit animer l'auteur pour qu'il y ait infraction, le rapporteur a remarqué : « Il résulte suffisamment du mot méchamment employé que ces faits ne sont punis­sables que lorsqu'ils sont contraires au droit; ainsi le propriétaire qui délierait les cordes attachées à ses arbres ne pourrait évidemment tomber sous l'application de cet article». - Dise. Chambre, IV, n° 72, c.

3120. - En ce qui concerne la récidive, voy. supa, n° 3111.

SECTION V. - DESTRUCTIONS ET DÉVASTATIONS DE RÉCOL­TES, PLANTES, ARBRES, GREFFES, GRAINS ET FOURRAGES, DESTRUCTION D'INSTRUMENTS D'AGRICULTURE.

ARTICLE 535.

Sera puni d'un emprisonnement d'un mois à trois ans et d'une ame11.de de 26 francs à /jOO francs, quiconque aura mécham;ment coupé' ou dévast,é des récoltes sur pied ou des plants venus naturellement ou faits de main d'homme.

ARTICLE 536.

Sera puni d'un emprisonnement d'un-mois à deux ans et d'une ame11.de de 26 francs à 200 francs, quiconque aura méchamment ravagé un champ

/ '

372 ARTICLlllS 535 A 537

ensemencé, ré'f)(J,ndu dans un champ de ln, graine d'ivraie ou de route autre herbe ou pT,ante nuisible, rompu ou mis hors de service dès instru­ments d'agricuUure, des 'f)(J,rCS ·de bestiaux ou des cabanes de gardiens.

ARTICLE 537.

Quiconque aura méchamment abattu un ou plusieurs arbres, coupé, mutilé ou écorcé ces arbres de manière à les faire périr, ou détruit une ou plusieurs greffes, sera puni :

A raison de chaque arbre, d'un emprisonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 26 francs à 100 francs;

A raison de chaque greffe, d'un emprisonnement de huit jours à quinze jours et d'une amende de 26 francs à 50 francs, ou d'une de ces peines seulement.

Dans aucun cas ln, wtalité de f,a peine n'excédera trois ans pour l'emprisonnement, ni 500 francs pour l'amende.

3121. - Màtérialité des infractions prévues aux articles 535, 536 et 537 du Oode pénal. 3122. - Intention méchante.

Quid si intention frauduleuse? 3123. - Arbres et arbustes. 3124. - Mutilé, écorcé de manière à les faire périr. 3125. - Oumul des peines prévues par l'article 537. 3126. - Oondamnation civile globale. - Oa,ssa,tion. 3127. - Oirconstances aggravantes prévues par l'art-icle 543 du Oode pénal. 3128. - Récidive. - Oode pénal, article 544 (abrogé). ·,

3121. - La matérialité des infractions préyues par les articles 535 à 537 n'appelle que peu de commentaires.

Notons que la destruction de plants dans les bois et forêts est éventuellement prévue par les articles 154 et suivants, 162 et 163 du Code forestier.

L'infraction prévue par l'article 537 du Code pénal (abatage méchant d'arbres) suppose que l'agent n'ait pu légitimement ignorer qu'il vio­lait le droit d'autrui. L'arrêt qui constate que le prévenu « a pu et dû croire » qu'il ne lésait pas les droits d'autrui et n'excédait pas ses propres droits, justifie légalement ,sa décision d'acquittement même si, dans le raisonnement juridique dont il appuie cette décision, il avait pu commettre une erreur. - Cass., 11 mai 1937; Pas., 1937, I, 138.

Lorsque, sur une poursuite du chef de destruction d'arbres, le pré­venu a soulevé une contestation sur la propriété des arbres et a demandé son renvoi à fins civiles, qu'il lui a été opposé par la partie civile des jugements de la juridiction civile ayant prétendûment tranché cette contestation en sa faveur, n'est pas motivé l'arrêt qui accueille le moyen de chose jugée basé sur ces jugements sans ren­contrer l'exception du prévenu suivant laquelle ces jugements avaient pour objet des arbres autres que ceux visés par la prévention. -Cass., 12 mai 1936, PWJ., 1936, I, 253.

ARTICL:ES 535 A. 537 373

3122. - Dans chacun de nos articles, l'intention méchante ou le dessein de nuire est une condition essentielle du délit.

L'abatage d'arbres et leur enlèvement dans une intention fraudu­leuse serait un vol et non point le délit prévu par l'article 537 du Code pénal. - NYP:ELS-8:ElRVAIS, art. 537, n° 9.

3123. - L'article 537 du Code s'applique-t-il aux arbuste,e? Le texte légal lui-même résout la question. Un arbuste n'est pas un arbre. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 537, n° 3.

3124. - L'infraction prévue par l'article 537 suppose que l'on ait mutilé, écorcé les arbres, de manière à les faire périr. Cet élément de. la condamnation doit être constaté par le juge, afin qu'il soit pos­sible de se rendre compte si le fait ne tombe pas plutôt sous l'appli­cation de l'article 90; alinéa 9°, du Code rural; lequel érige en contra­vention de police l'action de couper ou d'écorcer en tout ou en partie les arbres d'autrui, sans les faire périr. - Cass., 9 janvier 1911, Pand. pér., 1911, n° 945.

3125. - L'article 537 du Code pénal déroge aux règles générales du cumul des peines en matières de concours de délits, inscrites dans l'article 60.

Au lieu du double du maximum, les peines se cumulent, dans le cas de l'article 537, à concurrence d'un maximum de trois ans d'em­prisonnement et de cinq cents francs d'amende.

Faut-il que ces diverses peines soient totalisées par le juge en une peine unique 1 L'affirmative a été soutenue en se basant sur les termes même de l'alinéa final de l'article 537. - NYPELS-SERVAIS, arti­cle 537, n° 8.

3126. - Il a été décidé que lorsque le juge du fond n'a condamné qu'à une somme unique à titre de réparation des diverses infractions retenues à charge d'un prévenu, la décision attaquée manque légale­ment de base prépise et que, par voie de conséquence, l'annulation de la condamnation civile doit entraîner l'annulation de l'ensemble des condamnations prononcées, le juge de renvoi ne pouvant statuer sur les réparations sans être à même d'apprécier les faits qui les moti­veraient. - Cass., 9 janvier 1911; Pand. pér.; 1911, n° 945.

3127. - Le minimum des peines prévues aux articles 535 à 53~ sera élevé conformément à l'article 266 (minimum de la prison doublé), si le fait a été· commis :

a) Soit en haine d'un fonctionnaire public et à raison de ses fonc­tions.

Comme le texte l'indique, c'est la réunion de ces deux conditions qui forme la circonstance aggravante;

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· 374· ARTICLES 535 A 537 . .:__ ARTIOLES 538 'A 542

b) Soit la.nuit. - Code pén., art. 543. La cour de cassation a décidé que la définition légale de la cir­

constance aggravante de« nuit», contenue dans l'article 478 du Code pénal ne s'applique qu'en matière de vols (oass., 9 novembre 1898, Pas., 1899, I, 11). Dans tous les autres cas; cette circonstance est donc à apprécier, en fait, par le juge. - Adde : infra; n° 3263.

3128. - En cas de récidive, l'article 544 du Code pénal donnait a.u juge la facùlté d'ordonner le renvoi sous la surveillance spéciale de la police. Cette disposition a été abrogée pb.r l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

SECTION VI. - DE LA DESTRUCTION DES ANIMAUX.

ARTICLE 538.

Quico'fl,(jue aura empoisO'll,r,,é des chevaux ou autres bêtes de voiture ou d,e charge; des . bestiaux à cornes, des mouto11,S, chèvres ou porcs, sera puni d'un emprisoonement de trois mois à deux a11,S et d'une amende de 26 francs à 300 franC8.

ARTICLE 539.

QuiCOrMJue aura jeté daM une rivière, un canal, un ruisseau; un étang, un vivier ou un réservoir, des substances de nature à détruire le poisson et (/,ans le but d'atteindre ce résultat; sera puni d'un emprisonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 26 francs à 300 francs.

ARTICLE 540.

Ceux qui, sa11,S nécessité, aur011,t tué l'un des animaux mentionnés à l'article 538, ou lui auront causé une lésiO'II, gravei, seront punis ai11,Si qu'il suit :

Si le de'lit a été commis dans les bdtiments; enclos et dépendances, ou sur les terres dont le maître de l'animal tué ou blessé était proprié­taire, locataire, colon ou fermier, la peine sera un emprisoonement d'un mois à six mois et une amende de 50 francs à 300 francs.

S'il a été commis da11,S les lieux dont le coupable était propriétaire, locataire, colon ou fermier, la peine sera un emprisoonement de huit fours à deux mois et une amende de 26 francs à 100 francs.

S'il a été commis dans tout autre lieu, l'emprisoonement sera de quinze fours à trbis mois et l'amende de 50 francs à 200 fra11,C8.

ARTICLE 541.

QuÏC011,gue aura, sans nécessité, tué un animal domestique autre que ceux qui soot menti~ dans l'article 538, ou lui aura causé une lésion

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' ABTICLES 538 A 542 375

grave, à,01ns un lieu dom celJui à qui cet ammtd appartient est proprié­mire, ~ufro,itier, 'U8ager; locamire, .co1,on ou fermier, sera puni d'un emprison,nement. de huit jours à trois mois et d'ur,,e ameooe de 26 fran.cs à. 200 fran.cs, ou d'une de ces peines seulement. 1

. Les mêmes peines seron,t portées si ces faits. on,t été, commis mécham­ment sur un animal apprivoisé ou sur un animal entretenu en capti­vité,, dans les lieuœ où ils sont' gardés, ou sur un animal domestique· au moment O'Ù il était emp1,oyé au service auquel il était destiné et dans un lieu où son, maître avait le droit de se trouver.

ARTICLE 542.

Dans les cas pré'V'U8 auœ articles précédents, s'il y a eu violation, de cMture, le minimum de la peine sera élevé conformément à l'article· 26~. Empoisonnement d'animaua:.

8129. - Empoisonnement. - Code pénal, article 588. 8180, - L'animal doit avoir été tué. 8181, - Enumération limitative. - Ohiens. 8182. ...:_ Mort volontairement donnée.

Deatruction des poiBBOnB. 8188. - Code pénal, article 589. 8184. - Eaux courantes. 8185, - But requis chez l'auteur.

Animaua: tués ou blessés. 8186. - Faits préV118 par les articles 540 et 541 ;

1 ° Tuer certains animaux ; 2° Leur causer des lésions graves. a) Animaua: mentionnés à l'article 638.

8187. - Code pénal, article 540, alinéa 1••. 8188. - Elément intentionnel. 8189. - Absence de nécessité. 8140. - Pénalités de l'article 540.

b) Autres animaua: domestiques. 8141. · - Animaux domestiques non mentionnés à. l'article 588.

c) Animaua: apprivoisés ou captifs. 8142. - Code pénal, article 541, alinéa 2.

Circonstances aggravantes des délits pr~ aua: articles 638 à 641 du C~ pénal. - Récidive. 8148. - 1 ° Violation de clôture. 8144. - 2° Haine d'un fonctionnaire, etc. 8145. - 30 Nuit. 8146. - Récidive. - Oode pénal, article 544 (abrogé).

Protection des animaua: (1).

Empoisonnement d'animaux.

3129. - En matière de destruction d'animaux, le Code réprime tout d'abord l'empoisonnement des chevaux ou autres bêtes de voi­ture ou de charge, des bestiaux à cornes, des moutons, des chèvres ou des porcs. - Code pénal, art. 538.

· (1) Voir infra, n°• 8280 et suivants, Ié'texte de la loi du 22 ma,r;. 1929 relative à. la protection des animàux. · ·

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316 ' ARTICLES 538 A 542

3130. - Pour qu'il y ait empoisonnement, il fa.ut que l'animal ait été tué par l'administration d'une substance susceptible de donner la mort. Si l'animal a seulement subi une lésion grave, le fait serait éventuellement·pré-vu par l'article 540 du Code. - NYPELB-SERVAIS, art. 538, n° 3 ; adde : infra, n° 3136.

3131. - L'énumération de l'article 538 est limitative. Un amende­ment tendant à y faire comprendre les chiens fut repoussé par la Chambre des représentants. - Dise. Chambre, IV, n° 54.

3132. - La mort par empoisonnement doit avoir été donnée volon­tairement. Le projet primitif mentionnait cette condition et l'Exposé des motifs rappelait que la simple faute ne suffit point pour rendre l'auteur passible des peines de l'article 538. - Ex'f)Osé des motifs, Il, n° 92.

Le mot vo'lontairement fut supprimé par la Commission de la Chambre qui le considérait comme inutile. - Rapp. Chambre, III, n° 57.

D'après les principes généraux du droit pénal; sauf lorsque excep­tionnellement la faute est érigée en délit comme pour les blessures par imprudence, il ne peut y avoir de délit sans la volonté consciente de poser le fait défendu par la loi pénale.

Destruction des poissons.

3133. - L'article 539 du Code pénal punit quiconque aura jeté dans une rivière, un canal, un ruisseau, un étang, un vivier ou un réservoir; des substances de nature à détruire le poisson, dans le but d'atteindre ce résultat.

3134. - En ce qui concerne les eaux courantes, l'article 539 du Code pénal est actuellement remplacé par l'article 8 de la loi du 19 janvier 1883, modifiée par celle du 5 juillet 1899.

3135. - « Dans le but d'atteindre ce résultat. » L'intention consti­tutive du délit est indiquée dans le texte de notre article 539 parce qu'il ne suffirait pas que des substances nuisibles aient été volontai­rement jetées dans un étang, par exemple pour se débarrasser d'eaux résiduaires. - Rapp. Chambre; III, n° 90.

Animaux tués ou blessés.

3136. - Les faits réprimés par les articles 540 et 541 c.onsistent : 1°· A tuer les animaux dont il s;agit dans ces dispositioO:S et dans

les conditions qu'elles déterminent. L'empoisonnell).e:µt est compris parmi ces faits; s'il ne tombe pas

sous l'application de la peine plus grave édictée par l'article 538;

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.ARTICf.ES 538 A 542 '377

2° A causer à ces animaux des « lésions graves». Ce1:1 mots furent substitués à ceux « blessés gravement » pour bien préciser par là que nos articles comprennent le cas où des animaux ont subi wie lésion grave par un empoisonnement, sans que celui-ci ait cependant pro­voqué la mort. - Rapp. Chambre, III, n° 90.

a) Animaux mentionnés à l'article 538.

3137. - L'article 540 du Code pénal vise le fait de ceux qui, sans nécessité, auront tué un des animaux mentionnés à l'articlè 538, (surwa, n° 3129), ou lui auront causé une lésion grave.

3138. - L'auteur doit avoir voulu obtenir le résultat dont il s'agi_t sans quoi le fait serait une contravention prévue par l'article 559 du Code.

3139. - Il faut de plus que cet acte volontaire ait été commis sans nécessité. La loi ne définit pas ce qu'il faut entendre par cette condition. Il y aurait évidemment nécessité, au cas où la vie de· per­sonnes serait en danger. On admet; à titre d'exemple nullement limi­tatif, qu'il y aurait nécessité s'il s'agissait de protéger des animaux domestiques qui seraient en danger par la divagation d'un animal furieux. - NYPELS-SERVAIS, art. 540, n° 2.

3140. - L'échelle des pénalités établies par l'article 540 varie d'après des distinctions que nous résumerons approximativement, en , disant :

1° L'animal a été tué chez son maître; 2° L'animal a été tué chez l'auteur du fait ; 3° L'animal a été tué en tout autre lieu. Pour le détail exact de ces distinctions, nous renvoyons au •texte

même de l'article 540. - A<lAle : infra, n°8 3143 et suivants.

b) Autres ani~ux domestiques.

3141. - L'article 541 réprime le fait d'avoir tué ou causé une lésion_ grave:

1 ° A un animal domestique autre que ceux mentionnés à l'article 538.

Les animaux domestiques sont ceux qui vivent naturellement dans la société de l'homme, donc à l'exclusion des animaux apprivoisés. - Exposé des motifs, Il, n° 95;

2° Soit dans un lieu dont celui à qui l'animal appartient est. pro­priétaire, usufruitier, usager, locataire, colon ou fermier. - Code pénal, art. 541, alinéa 1er;

Soit, alors que l'animal domestique était employé au service auquel

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·378 ARTICLJIS 538· A 54!

il était destiné et dans un lieu où son maître avait le droit de se trou­ver. - Code pénal; art. 541, alinéa 2, in fim.

En résumé, il faut que l'animal domestique autre que ceux men­tionnés à l'article 538, ait été tué ou blessé gravement;

Soit chez son maître ; Soit, alors qu'il était en service; et en tout autre endroit où son

maître avait le droit de se trouver.

c) Animaux apprivoisés ou captifs.

3142. - La mort ou la lésion grave causée à ces animaux est punissable, en vertu del'a.rticle 541, alinéa 2, mais seulement moyen­nant la réunion des deux conditions suivantes :

1° Le fait a été commis méchamment, c'est-à-dire dans l'intention de nuire;

2° Dans les lieux où ces animaux, apprivoisés ou entretenus en captivité, sont gardés.

Circ;onstances aggravantes des délits prévus aux articles 538 à 541 du Code pénal. - Récidive.

31.3. - Le minimum de la peine . prévue par les articles 538 et suivants du Code pénal; est majoré conformément à l'article 266 de :œ Code (minimum de l'emprisonnement· doublé) :

1° Si l'infraction a été commise avec viokition de c'lôture (Code pén., art. 542). Le seul fait d'ouvrir, de pousser même la porte d'une clôture, dans le but d'aller tuer des animaux que le maître retient dans son enclos, suffit à constituer la violation de clôture dont il s'agit dans cet article.

Les clôtures envisagées par cette disposition sont toutes clôtures dont la destruction serait punissable en vertu de l'article 545.du Code pénal (infra, nos 3150 et suiv.). -NYPELs-SERVAIS, art. 542, nos let 2.

3144. - 2° Si l'infraction a été commise en haine d'un fonction­naire public .et à raison de ses fonctions. - Code pénal; art. 543 ; supra, n° 3127.

3145. - 3° Si l'infraction a été commise la nuit. - Code pénal, art. 543 ; supra, n° 3127.

3146. - En cas de réci<live, l'article 544 du Code pénal permettait au juge d'ordonner le renvoi sous la surveillance spéciale de la police. Cette disposition légale a été abrogée par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

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ARTICLES 543 )l:T 544. - ARTIOI,J!lS 545 ET 546 379

SECTION VII. - DISPOSITIONS COMMUNES AUX PR.tC:ltDENTES SECTIONS.

ARTICLE 543.

Si les faits prévus dans les sections V et VI du présent chapitre ont été commis soit en haine d'un fomtionnaire public et à raison de ses fonction8, soit pendant Ù1, nuit, le minimum de Ù1, peine serq, élevé con-formément à l'article 266. •

ARTICLE 544.

(Récidive.)

Sont abrogées les dispositions du Code pénal concernant la mise sous la surveillance spéciale de là police. - Loi du 9 avril 1930, arti­cle 31.

3147. - Article 543. 3148. - Article 544 (abrogé), 3149. - Loi du 22 mars 1929, - Renvoi,

3147. - Nous avons donné le commentaire de l'article 543 du. Code pénal. -'- Supra; n° 3127.

3148. - L'article 544 du Cpde pénal (renvoi sous la surveillance spéciale de la police en cas de récidive) a été abrogé par l'article 31 de la loi de défense sociale du 9 avril 1930.

3149. - Adde : loi du 22 mars 1929 relative à la protection des animaux et abrogeant l'article 561; 5° et 6°, du Code pénal.

Voir le texte de cette loi infra, n08 3280 et suivants, au commentaire de l'article 561, 5° et 6°, du Code pénal.

SECTION VIII. - DE LA DESTRUCTION DE CLOTURES, DU DltPLACEME;NT OU DE LA SUPPRESSION DES BORNES ET PIEDS COR~IERS.

ARTICLE 545.

Sera puni d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende de 26 francs à 200 francs, ou d'une de ces peines seulement, quiconrJ.ue aura, en tout ou en 'jXJ,rtie, comblé. des fossés, cowpé ou arraché des haies vives ou sèches, détruit des clôtures rurales ou urbaines, de quelques matériaux qu'elles soient faites;dépÙl,cé ou supprimé des bornes, pieds corniers ou autres arbres pÙl,nté/J ou reconnus. pour établir les limi.­tes entre différents héritages.

ARTICLE 546.

Lorsque les faits prévus 'jXJ,r l'article préc61,ent ont été exécutés danS:

380 ARTI<JLES 545 l!lT 546

le but de commettre une usurpation de terrain, la peine sera un empri­sonnement d'un mois à un an et une amende de 50 frar,,cs à 2.000 francs.

3150. - Code pénal, article 545. Destruction, de clôtures~

3151. - Destruction partielle et dégradation. 3152. - Clôtures. - Vitres des portes et fenêtres. 3153. - Clôtures intérieures. 3154. - Faut-il que la clôture appartienne à autrui? 3155. - Grille non considérée comme clôture. 3156. - Piquets non reliés par des fils. 3157, - Echalier placé à l'extrémité d'un sentier, 3158, - Dol général. 3159. - Mobile de l'auteur. - Inopérance.

Déplacement de bornes, etc. 3160. - Bornes, pieds corniers. 3161. - Bornage légal. , 3162. - Dol général. - Revendication de propriété. 3163. - Connaissance du caractère des bornes.

Usurpation de terrain. 3164. - Code pénal, article 546.

3150. - Aux termes de l'article 545 du Code pénal, sera puni d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende de 26 fr. à 200 francs ou d'une de ces peines seulement, quiconque aura :

1 ° En tout ou en partie, comblé des fossés, coupé ou arraché des . haies vives ou sèches, détruit des clôtures rurales ou urbaines de quelques matériaux qu'elles soient faites;

2° Déplacé ou supprimé des bornes, pieds corniers ou autres arbres plantés ou reconnus pour établir les limites entre différents héritages.

Destruction de clôtures.

3151. - La matérialité de ces infractions apparàît à première lec­ture du texte. Quelques points appellent cependant l'une ou l'autre précision.

La destruction partielle d'une clôture ne comprend pas la simple · dégrad,ation (Exposé des motifs, II, n° 96). Ce dernier fait est réprimé par l'article 563, 2°, du Code pénal. Une clôture, par exemple, est partiellement détruite lorsqu'on y fait une véritable brèche permettant le passage. Elle est dégradée lorsqu'on s'est borné à en arracher quel­ques matériaux. - NYPELS-SERVAIS, art. 545, n° 3.

3152. - Le mot clôture comprend tout ouvrage fait pour empêcher qu'on ne s'introduise dans les édifices ou maisons ou pour délimiter les héritages ou les chemins publics.

Les vitres d'une porte ou d'une fenêtre sont des clôtures (NYPELS­SERVAIS, art. 545, n° 5). Nous pensons que pour que le bris d'une vitre puisse être considéré comme une destruction· partielle de clôture, il faut que le carreau ait été détruit suffisamment pour livrer passage.

ARTICLES 545 ET 546 381

Sinon, d'après nous, il n'y aurait qu'une dégradation. - Cf. 8U'JWa, n° 3151.

Jugé que le bris de clôture doit s'entendre de toute destruction · volontaire d'un ouvrage, quel qu'il soit, servant à interdire l'accès

d'une propriété. Un prévenu ne peut donc être acquitté par le seul motif que la clôture était constituée par un seul fil de fer simplement tendu entre une haie et un pieu, permettant à quiconque, bête ou gens, de passer au-dessus ou en dessous du fil suivant la hauteur à laquelle il est placé. - Cass., 12 mai 1930, Pas., 1930, I, 207.

L'article 545 du Code pénal s'applique à toute clôture établie par le propriétaire avec la volonté d'interdire l'accès de son bien.

Il n'est pas nécessaire que la clôture soit continue et entoure entiè­rement le bien clôturé. - Liège, 16 juin 1938, Pas., 1939, II, 28.

3153. - Le texte de l'article 545 ne fait aucune distinction entre les clôtures intérieures ou extérieures. - NYPELS-SERVAIS, art. 545, n° 6; Liège, 22 juin 1943, Pas., 1944, Il; 5.

Jugé que le détenu qui, en vue de s'évader, brise la fenêtre de sa cellule, se rend coupable de délit de bris de clôture, même si l'ouver­ture ainsi pratiquée à l'intérieur de la prison où le détenu se trouve retenu ne donne pas directement accès à la voirie. - Liège, 22 juin 1943; précité.

Sur la condition que la clôture soit vraiment une séparation, voy. infra, n° 3155.

3154. - En général, le bris d'une clôture n'est punissable que si celle-ci appartient à autrui au moins pour pàrtie, telle une clôture mitoyenne.

Mais ce n'est point là une condition légale de l'infraction; les ter­mes de l'article 545 sont généraux et ils ne distinguent pas si celui qui commet le fait est ou non propriétaire de. l'immeuble dont il détruit la clôture. Il a en conséquence été décidé que se rend coupable de bris de clôture; le bailleur d'une maison qui, pour contraindre son locataire à déguerpir, en fait enlever les portes extérieures. - Cass., 9 juin 1887, Pas., 1887, I, 297; NYPELS-SERVAIS, art. 545, n° 9.

Il avait été jugé que les juridictions répressives saisies d'une pré­vention de destruction de clôture n'ont généralement pas à décider si le mur dont il s'agit est mitoyen ni même s'il appartient exclusi­vement aux prévenus, lorsque ceux-ci excipent de pareilles préten­tions. Même si un prévenu est propriétaire du mur séparatif, il n'a pas le droit de pratiquer une ouverture s'il s'agit de propriétés situées dans la partie urbaine d'une ville où la clôture obligatoire prévue par l'article 663 du Code civil peut être exigée. Toute destruction de clôture urbaine est punissable dès qu'elle a été faite volontairement et qu'elle trouble le propriétaire riverain dans la libre jouissan~ de son bien. Même l'application restrictive de l'article 663 du Code civil ·

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382 ARTICLES 545. ;KT 546

n'int.erdit pas de comprendre dans la dénomination de maisons,. cours ou jardins, un chemin qui doit être considéré comme faisant partie d'une maison, d'une cour ou d'un j~rdin. - Gand, 14 juillet 1930, Pas., 1930, Il; IIO et autorités citées.

Cett.e décision a été réformée par cass., 27 avril 1931, Pas., 1931, I, 156 : la propriété d'une chose implique pour son titulaire le droit d'en disposer, à moins que ce droit ne soit restreint par les lois ou les règlements ou qu'il se trouve limité par un droit de jouissance appart.enant à autmi. Celui qui a été seul à établir une clôture sur son fonds peut la démolir sous réserve de l'application ultérieure éventuelle de l'article 663 du Code civil.

Si quelqu'un a constmit ·UJl. mur séparatif sur le terrain de son voi­sin, ce dernier n'a pas le droit de démolir ce mur de sa propre autorité. En effet, l'article 555 du Code civil donne au propriétaire sur le t.errain duquel un tiers a édifié une construction avec ses matériaux, le choix ou bien de contraindre ce tiers à enlever la construction ou bien à conserver la constmction contre payement des matériaux et des salaires. Au cas où le voisin, au lieu ~e faire valoir ses droits, détruit le mur, il y a infraction à l'article 545 de Code pénal. - Corr. Turn­hout, 16 décembre 1933; Recktsk. Weekbl., 10 juin 1934, 749.

Dans le sens de la règle générale, et sous réserve de ce qùi est dit ci-avant, n° 3154, notons qu'il a été jugé que n'est pas constitutive du délit de bris de clôture entraînant l'application de l'article 545, du. Code pénal; faute d'élément moral, la destmction d'une clôture, quand cette destmction ne port.e pas atteinte à un droit existant.

En conséquence, n'est pas punissable celui qui détruit une clôture édifiée sans droit, par un particulier, pour empêcher l'usage d'un che­min vicinal. - Corr. Tournai, 4 février 1936, .fourn. J. de P., 1936, p. 229.

3155. - La culpabilité de l'agent suppose cependant que la clô­ture soit vraiment une séparation. Jugé que lorsqu'il résulte d'un arrêt qu'une grille n'a jamais pu être considérée comme formant clôture, cette constatation justifie l'acquittement du chef de la pré­vention de bris de clôture relevée à charge de ceux qui auraient fait enlever cette grille ou auraient forcé le cadenas qui la fermait. -Cass., 8 février 1926, Pas., 1926, I; 223.

3156. - Des piquets non reliés entre eux par des· fils ne forment pas une clôture. L'enlèvement de ces piquets n'est donc pas consti­tutif de· l'infraction prévue par l'article 545 du Code pénal. - Corr. • Nivelles, 30 avril 1926; Pas., 1926, III, 149.

3157. - La loi ne définissant pas ce qu'il faut entendre par une clôture, le juge du fond constate souverainement qu'un échalier placé à_ l'extrémité d'un sentier ne pouvait, tel qu'il était établi,. constituer

1

. .ARTIO~S 545 ET 546 383

une clôture dans le sens de l'article 545 du Code pénal. - Casa., 14 janvier 1901, Pas., 1901, I, 103.

La question de savoir si un mur mitoyen est en réalité une clôture au sens de l'article 545 du Code pénal et si le vide; fenêtres ou autres ouvertures qu'un prévenu est inculpé d'y avoir pratiqué, constitue une destruction totale ou partielle de la clôture; git en fait et relève de l'appréciation souveraine du juge du fond. - Cass., 17 novembre 1930, Pas., 1930, I, 363.

3158. - Le délit de bris de clôture doit avoir été volontaire. Une infraction n'est, en, règle générale, punissable, que lorsqu'elle a été commise avec connaissance et volonté. C'est pourquoi la Commission de la Chambre a fait supprimer comme inutile la mention de cette condition dans le texte légal. - Rapp. Chambre, III, n° 57.

La bonne foi reconnue du prévenu suffit à la justifier à l'égard de la prévention de destruction de clôture. - Cass., 11 mai 1937, Pas., 1937, I, 138. .

S'il est acquis que des prévenus n'ont détruit une clôture qu'après avoir sollicité et obtenu successivement l'avis du bourgmestre et du procureur du roi et l'assistance du garde champêtre, leur bonne foi apparaît comme entière et il n'y a pas d'infraction. - Liège, 14 juil- , let 1938, Pand. pér., 1939; 85.

3159. - Jugé que le délit de destruction de clôture existe dès que le fait matériel est volontairement accompli et cause dommage à autrui, quel que soit le mobile de l'agent. Cette destruction n'est pas justifiée par la circonstance. que les clôtures porteraient obstacle à l'exercice d'un droit. L'article 545 réprime la violence par laquelle

· on se fait justice à soi-même en les détruisant. Il n"en serait autre­ment· que si le prévenu avait agi contraint par la nécessité. - Cass., 27 avril 1914, Pas., 1914, I, 203; sic cass., 16 octobre 1922, Pas., 1923, I, 15; cass., 21 février 1916, Pas., 1917; I, 35; adiie: SU'JYfa, n° 591; sic Bruxelles, 12 février 1937, Rechtsk. Weekbl., 16 mai 1937, 1450 : la destruction n'est pas justifiée par le fait que la clôture empêcherait l'exercice d'un droit de passage.

Déplacement de bornes, etc.

' 3160. - L'article 545 du Code pénal prévoit en second lieu le déplacement ou la suppression des bornes, pieds corniers ou 11,utres arbres pl1U1tés ou reconnus pour établir les limites entre différents héritages.

On appelle « bornes » tout ce qui sert à distinguer ou sé1;»arer des héritages : pierres, arbres, haies, piliers; fossés et autres choses plan­tées ou faites à cette fin,

Les « pieds corniers » sont les arbres réservés et marqués pour

'1'

384 ARTICLES 54,5. :ET 546. - ARncL]JS 54 7 A 550

servir de bornes aux héritages. La loi y assimile tous autres arbres­plantés ou reconnus pour établir les limites. - NYPELs-SERVAIS~ art. 545, n° 11.

3161. - Les bornes doivent avoir été plantées contradictoirement ou tout au moins faut-il qu'elles aient été reconnues comme limites.' par les deux voisins. - NYPELS-SERVAIS, art. 545, n° 11.

La suppression ou le déplacement d'une borne plantée par auto­rité de justice constitue le délit prévu à l'artiele 545 du Code pénal. - Cass., 22 octobre 1941, Pas., 1941, I, 390.

3162. - Le dol général suffit comme élément intentionnel de l'in­fraction sans qu'il faille avoir égard au mobile de l'agent. La cir­constance que l'auteur prétend.rait être propriétaire du terrain liti­gieux n'est pas élisive de l'infraction. - Cass., 1er juin 1909, Pas., 1909, I, 286; adde : supra, n° 666.

3163. - De ce que l'infraction suppose une violation consciente et volontaire de la loi pénale, il résulte qu'il doit être prouvé que le prévenu savait que la borne déplacée délimitait deux héritages. NYPELS-SERVAIS, art. 545, n° 11.

Usurpation de terrain.

3164. - Si le mobile de l'agent est, en général, sans influence sur­l'existence de l'infraction, il constitue, au contraire, une circonstance aggravante lorsque le but de l'auteur était de commettre une usur­pation de terrain. - Code pénal, art. 546.

SECTION IX. - DESTRUCTIONS ET DOMMAGES CAUSÉS PAR LES INONDATIONS.

ARTICLE 547.

Seront punis des travaux forcés de dix ans à quinze ans, ceux qui auront méchamment ou frauduleusement inondé tout ou partie des travaux d'une mine.

Si, d'après les circonstances, le coupable a dû présumer qu'il se trouvait dans l,a, mine U'll,e ou plusieurs personnes au moment de l'inondation, il sera condamné aux travaux forcés de quinze ans à vingt ans.

ARTICLE 548.

La disposition de l'article 518 sera applicable au fait prévu par l'ar­ticle précédent.

ARTICLE 549.

Toute personne qui aura méchamment ou frauduleusement inondé

ARTICLES 54 7 A 550 385

(

l'kérimge d'autrui, ou lui aura transmis les. eaux d'une manière dom­mageable, sera cor,,damnée à une amende de 26 franc,s à 300 franc,s.

ARTICLE 550.

Seront punis d'une amende de 50 franc,s à 500 franc,s, les proprié­mires, les fermiers ou toutes autres tpe,rsonnes jouissant de moulins, usines ou émngs, qui, par l'élévation du déversoir de leurs eaux au-dessus de la hauteur déterminée par l'autorité compétente, auront inondé les chemins ou les propriétés d'autrui.

S'il est résulté de ces faits quelques dégradations, la tpe,ine sera, outre l'amende, un emprisonnement de huit jours à un mois. Inondation des travaUII! d'une mine.

3165. - Code pénal, article 547. 3166. - Intention méchante ou frauduleuse. 3167. - Intention de favoriser l'ennemi. 3168. - Présence de personnes dans la mine. 3169. - Application de l'article 518 du Code.

Autres faits d'inondation. 3170. - Code pénal, article 549. 3171. - Code pénal, article 550.

Inondation des travaux d'une mine.

3165. - L'article 547 du Code pénal réprime le fait de ceux qui auront méchamment ou frauduleusement inondé tout ou partie des travaux d'une mine.

3166. - Nous avons rappelé ce qu'il faut entendre par l'intention méchante ou par l'intention frauduleuse. - Supra, n° 3103.

3167. - Si les faits ont été commis dans l'intention de favoriser l'ennemi, voy. art. 122 du Code pénal.

3168. - Le second alinéa de l'article 547 est une adaptation de la disposition finale de l'article 510 du Code_, - Supra, n° 3045.

3169. - L'article 518 rendu applicable aux inondations des mines par l'article 548 du Code pénal a été commenté ci•dessus, n°8 3065 et suivants.

Autres faits d'inondation.

3170. - L'article 549 est relatif au cas de toute personne qui aura méchamment ou frauduleusement (supra, n° 3103) inondé l'héritage d'autrui ou lui aura transmis les eaux d'une manière dommageable.

A défaut du dol spécial, cette infraction est prévue par l'article 88, alinéa 14°, du Code rural.

3171. - Le dol général suffit pour entraîner l'application de l'arti­cle 550 du Code pénal. Une omission volontaire peut constituer le délit, tel le fait de n'avoir pas manœuvré les vannes, par exemple lors d'une crue de la rivière. - NYP:ELS-S:ERVAIS, art. 550, n° 7.

18-II

,r

SS6 AR'rICLlllS . 551 .A 567

TITRE X

Des contraventions.

3172. - Méthode de l'exposé du présent titre. ·lH 73. - L'imputabilité morale des contra.ventions est un élément de ces infractions. 317 4. - Mineurs âgés de moins de seize ans lors de l'aocomplissement du fait. 3175. - Matières antérieurement traitées. 3176. - Auteurs des contra.ventions.

CHAPITRE 1••. - Des contraventions d,e fYFemière classe.

3177-3193. - Article 551. 3194-3198. - Article 552. 3199-3201. - Article 553, 3202-3203. - Article 554.

CHAPITRE II. - Des contraventwns de deua:ième classe.

3204-3206. - Article 555. 3207-3219. - Article 556.

'3220-3235. - Article 557 • . 3236. -'- Article 558.

CHAPITRE III. ~ Des contraventwns de troisième classe.

3237-3242, - Article 559. 3243-3257. - Article 560. 3258-3284. - Article 561. 3285. - Article 562,

CHAPITRE IV. - Des contraventions de quatrième classe.

3286-3295. - Article 563. Article 564.

DISPOSITIONS COMMUNES AUX . QUATRE CHAPITRES PRÉCÉDENTS,

Article 565 (Récidive), Article 566 ( Circonstances atténuantes),

DISPosrrioNS TRANSITOIRES.

Article 567. 3296. - Arrêté royal du 8 juin 1867.

Remarques générales.

3172. - Il est unanimement reconnu qu'il est impossible de traiter suivant une classification méthodique des contraventions de police. Suivant l'expression de l'exposé des motifs; les diverses contraven-:-

··- ·/r-,:-:,":· ·.:,, •.. ·-:ti ·- ;~~~--... ~·;·;~.:---.,,; -1

ARTIOLl!IS 551 A ;567 387

tions ne forment qu'un assemblage de faits punissables, dont chacun se rapporte à un objet différent; qui n'ont de commun entre e~ que leur peu de gravité et que l'on ne peut par conséquent classer autrement que par la peine qu'elles entraînent. - Ex'J)Osé des motifs, II, n° 2.

Ceci nous a conduit ~ adopter dans le commentaire des disposi­tions relatives aux contraventions de police, une méthode sensible­ment différente de celle quj_ a été employée jusqu'ici. Après avoir exposé quelques données communes à toute la matière, nous repro­duisons un. à un les divers alinéas des articles du Code en faisant suivre chacun de ceux-ci des observations qui les concernent.

Pour guider les .recherches, on pourra consulter la table alphabé­tique de notre ouvrage.

Pour les points de doctrine constante; nous nous limiterons, en général, à leur simple énoncé. Des indications de jurisprudence seront données lorsqu'elles fournissent réellement un point de vue nouveau ou la solution d'une controverse.

3173. - On lit dans ]'Exposé des motifs du Code pénal de 1867 : les commentateurs du Code pénal enseignent généralement que la contravention consiste daùs le fait matériel d'enfreindre les prescrip­tions d'une loi ou d'un règlement de police.

<< La loi de- police, disent CHEAUVEAU et HÉLI:E (Théorie du Gode pénal, n° 4071), ne recherche et ne voit que l'acte lui-même; elle le punit dès qu'elle le constate; elle ne s'inquiète ni des causes, ni de la volonté qui l'a dirigé. La contravention est toute matérielle.)> Cette doctrine est erronée. Toute infraction se compose de deux élé:rpents : d'un fait contraire aux prescriptions de la loi et de la culpabilité de l'agent. Un fait purement matériel, un acte qui ne peut être imputé ni au dol, ni à la faute de l'auteur; ne constitue ni crime, ni délit, ni contravention. Ce, principe est formellement reconnu par les articles 82 et 83 (70 et 71) du premier livre. Il est vrai qu'en matière de con­traventions, si la loi n'exige pas expressément une infraction volon­taire; J,\:i . faute est assimilée au dol, en ce sens que le fait est .puni alors m \ \e qu'il est le résultat d'une simple négligence, d'un défaut de prévu.; · nce ou de précaution. Mais toujours faut-il que l'agent soit coupE. 'e de faute, pour être passible d'une peine. L'infraction purement , ,1atérielle; la contravention qui n'est pas imputable à l'auteur; ne 1.onne lieu ni à une peine, ni à une obligation civile. -EX'J)OSé des rrwtifs, Il, n.0 3. ,.

La doctrine belge est. dans le même sens. Voy. ÜRAHAY (Contra­ventions, 26 éd., n° 115) et les arrêts de cassation cités par cet auteur (cass., 24 juin 1872, Pas., 1872, I, 432; cass., 20 janvier 1879, Pas., 1879, I, 70). - Sic PRINS, Science pénale et droit positif, nos 252 et suiv. ; TmRY, Droit criminel, n° 61.

388 ARTICLES 551 A 567

Nous avons vu (supra, n°s 668 et suiv.) que la jurisprudence la plus récente de la cour de cassation est conforme.

Jugé que la peine encourue par celui qui vend de bonne foi des .substances alimentaires falsifiées a pour cause la faute dont il s'est rendu coupable en négligeant de vérifier la qualité des denrées offertes en vente. Mais une simple magasinière n'est pas chargée de l'achat des marchandises et elle n'a pas le pouvoir de les faire analyser. Aucune négligence n'est d:onc imputable à celle-ci et elle n'est dès lors pas punissable d'après les principes du droit et la volonté du législa­teur telle qu'elle résulte des travaux préparatoires. - Cass., 20 jan­vier 1902, Pas., 1902, I, 122.

Si une contravention est consommée par le seul fait de la violation matérielle de la loi et sans qu'il y ait lieu de rechercher si cette con­travention a été commise sciens et volens, il est cependant requis que l'infraction à la loi soit la suite d'une volonté libre pour qu'elle soit imputable à l'auteur du fait ou de l'omission. - Corr. Malines, 29 octo­bre 1937, Recktsk. Weekbl., 2 janvier 1938, 659.

3174. - Aux termes de l'article 16 de la loi du 15 mai 1912 sur la protection de l'enfance; si un mineur âgé de moins de seize ans accomplis au moment du fait a commis un acte qualifié infraction, il sera déféré au juge des enfants et la peine sera remplacée par une mesure de garde, d'éducation ou de préservation d'après les distinc­tions établies par la susdite loi du 15 mai 1912.

Cette règle s'applique aux faits qualifiés de contravention (cass., 22 septembre 1925, · Pas., 1925; I, 338), comme d'ailleurs à toutes autres.infractions quelconques (cass., 1er décembre 1924, Pas., 1925, 1, 47).

3175. - Plusieurs règles générales relatives à la matière des con­traventions ont été exposées antérieurement dans le commentaire du premier livre du Code pénal. Rappelons ici les principaux points dont il s'agit :

1° De l'emprisonnement de police (supra, n°s 223 et suiv.). La peine de l'emprisonnement n'est jamais obligatoirement prononcée en ma­tière de contraventions, sauf pour ce qui concerne l'emprisonnement .subsidiaire à l'amende.

20 Amende et prison subsidiaire; décimes additionnels; supra, nos 257 et suiv.;

30 Confiscation: spéciale; supra, n08 276 et suiv.; .40 Restitutions; dommages-intérê9;- frais; supra, n°s 317 et suiv. ; 50 Tentative de contravention; tentative de délit correctionnalisé;

8Upra, n° 411 ; 60 La récidive est spécialement réglementée en matière de contra­

ventions; supra; n° 416, infra, n° 3202;

, r

ARTICLE 551 389

7° Concours de contraventions; supa, n°s 502 et suiv.; concours idéal; supra, n°s 501 et 533;

8° Il n'y a point de participation criminelle en matière de contra­ventions, mais une même contravention peut être commise simulta­nément par plusieurs personnes ; supa, n°s 552, 553 et 629 ;

9° Nécessité de l'imputabilité morale des contraventions; supa, n°s 668 et suiv., 3173; cause de justification d~ l'article 260; supra, no 1661 ;

10° Des circonstances atténuantes (Code pén., art. 566); supa, n° 883;

ll° Condamnation conditionnelle; supa, n° 892; 12° Extinction des peines; supa, n°s 910 et suivants.

3176. - Terminons ces considérations générales par le rappel d'un arrêt de doctrine des plus intéressants rendu par la cour de cassation :

Jugé qu'il est de principe que les peines sont personnelles et doi­vent être prononcées contre les auteurs directs et volontaires des faits constitutifs de l'infraction, si un texte de loi n'en dispose autrement. Sauf exception, la responsabilité des commettants à l'égard de leurs préposés est purement civile (cass., 14 avril 1887; Pas., 1887, I, 174).

En l'espèce la cour de cassation se fondait sur cette règle pour dire que c'était à tort qu'un individu inculpé d'avoir édifié une con­struction en contravention à un règlement provincial, avait été acquitté parce qu'en exécutant les travaux litigieux, il n'avait pas agi pour son propre compte et qu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres du proprié­taire de la maison (sic cass., 19 mai 1924, Pas., 1924, I, 352). Le con­ducteur qui, en exécutant les ordres de son maître, commet une infrac­tion à la police du roulage est personnellement responsable.

Mais, en sens inverse, nous concluons des principes posés par oés arrêts que la responsabilité pénale des contraventions se limite à ceux qui sont les auteurs directs et volontaires du fait prévu par la loi puisqu'en cette matière il ne peut y avoir vraiment une partici­pation criminelle. - Supa, n°8 552 et 553.

CHAPITRE Jer. - DES CONTRA VENTIONS DE PREMIÈRE CLASSE.

ARTICLE 551.

Seront punis d'une amende· de 1 franc à 10 francs : 1° OeÙX qui auront négligé d'entretenir, de réparer ou de nettoyer les

fours, cheminées ou usines où l'on fait usage de feu;

3177. - L'obligation dont cette disposition réprime la violation

390 ARTICL:E 551

est in.dépendante de tout règlement local sur la matière.-'-- NYPELS-, S:ERVAIS, art. 557; 1°, n° 2; ÜRAHAY;. ~ éd., n° 158.

3178. - L'infraction consiste dans la négligence d'entretien, de net­toyage, de·· réparation.

3179. - Un feu de cheminée prouve le manque de nettoyage.

3180. - Cette disposition réprime-t-elle le défaut de mettre fin à un vice de construction 1 (sic ÜRAHAY, n° 162. Contra : NYPELS­~RVAIS, art. 557, 1°, n° 4). Nous partageons cette seconde opinion : « On répare une détérioration ; on corrige un vice de construction )). Il n'est point question de cela dans le texte légal.

3181. - La responsabilité pénale incombe à celui qui a négligé d'entretenir, de réparer ou de nettoyer, donc en principe au proprié­taire, à moins que celui-ci ne prouve qu'il n'a pas commis la négli­gence parce qu'il s'était régulièrement déchargé de ce soin, par exemple sur le locataire.

20 Ceux qui, obligés à l'éclairage, l'auront négligé;

3182. - Cette disposition suppose qu'il existe un règlement pre­scrivant, par exemple, l'éclairage de certains endroits dangereux.

La négligence d'obtempérer à pareil règlement serait sanctionnée pàr notre article.

Nous supposons évidemment que le règlement en cause soit, le cas échéant, conforme à la loi.

3° Ceux qui auront négligé de nettoyer les rués ou passages d,ans les communes où ce soin est mis à la charge des habitants;

3183. - On commente quelquefois cette disposition in abstracto. Nous estimons que son texte est clair en lui-même et qu'il ne peut

-être question, dans son application; que de rechercher quelles sont · les personnes qui, tenues du soin du nettoyage des rues ou des im­passes, en vertu d'un règlement légal, auraient négligé de ce faire.

3184. - D'après ÜRAHAY (2° éd.; n° 173), Je prévenu alléguerait en vain que des ordres ont été donnés par le prévenu et que ceux-ci n'ont pas été exécutés. Tel n'est pas notre avis. Il nous paraît cer­tain que, par exemple en temps de neige, si le maître d'une maison a prescrit à son domestique de nettoyer le trottoir; il n'a rien négligé de ce qui lui incombe. Si celui. qui a été commandé pour faire ce net­toyage rentrant dans son service, néglige de le faire, c'est celui-là qui commet le fait incriminé par la loi.

4° Ceux qui, sans nécessité, ou sans permission de l'autorité compé­tente, auront embarrassé les rues, les places ou toutes autres parties de la voie publique, soit en y laissant des matériaux, des échafaud,ages ou d'autres objets quelconques, soit en y creusant des e:x;cavations;

ARTICLE 551 391

3185. - Il s'agit ici d'embaITas de la voie publique par le dépôt d'objets inanimés. - ÜRAHAY, 2e éd., n° 177.

Pour être élisive de la contravention prévue par l'article 551, 4°, du Code pénal, concernant les embarras de voirie, la nécessité doit être accidentelle, résulter d'un cas fortuit et non pas de faits succes­sifs.

Un dépôt d'arbres dans un fossé ne constitue pas l'embarras de voi­rie visé par l'article 551, 4°, du Code pénal, mais peut être considéré comme un empiétement sur la largeur d'un chemin vicinal et puni comme tel en vertu d'un règlement provincial. - Pol. Chimay, 4 dé­ceml>re 1931, Journ. des J. de P., octobre-novembre 1933, p. 390; Rec. somm., 1934, DROIT PÉNAL (contraventions), 19.

Jugé que ne constitue pas l'embarras de la voie publique réprimé par l'article 551, 4°; du Code p~nal, le fait d'avoir empêché l'accès du sentier numéro un tel, sans permission de l'autorité compétente, en y plaçant des barricades ou autres objets quelconques dans le but d'empêcher définitivement tout passage sur le sentier. - Cass., 29 avril 1929, Pas., 1929, I; 179, 3°.

3186. --L'article 551, 4°, est inapplicable lorsque le fait se carac­térise par des travaux qui entravent définitivement la circulation, tel le placement d'une clôture. Pareil fait tomberait éventuellement sous l'application de l'article 88, 9°, du Code rural. -Cass., 7 mai 1917, Pas., 1918, I, 13.

3187. - Si le prévenu prétend que l'endroit où des matériaux ont été laissés, etc., est sa propriété personnelle, on doit suivre les règles tracées par l'article 17 de la loi du 17 avril 1878, contenant le 'titre préliminaire du. Code d'instruction criminelle : au cas où le _ prévenu excipe d'un droit de proprieté ou d'un autre droit réel immo­bilier, le tribunal saisi de l'action publique statue sur l'incident en se conformant aux règles suivantes :

L'exception préjudicielle ne sera admise qu'autant qu'elle soit fon­dée sur un titre apparent ou sur des faits de possession précis. Les titres produits ou les faits articulés devront ôter au fait qui sert de base aux poursuites tout caractère d'infraction. .

Jugé que; du moment où elles ont, en fait, une destination publique ou quasi publique; les voies établies à travers les propriétés parti­culières et aboutissant à la voie publique, dans les villes ou dans les parties agglomérées des communes rurales, sont placées sous l'em­pire des règlements sur la voirie et notamment de l'article 551 du Code pénal. Ceux-ci s'appliquent aussi bien aux voies J?Ubliques dont le sol fait partie du domaine public qu'à celles établies sur des propriétés particulières. - Cass., 27 octobre 1930; Pas., 1930; I, 336.

3188. - L'article 551, 4°, du Code est une de ces dispositions à

....::=~-",:'"""'-----,----:-~----,-, .-/. '"7'"-~---,---,-,..,.,-::,-,,,;l-,. /,.....,,...~, .....,..,.•_ ,,-,..,-,~-.,,-;-"7'l"",-;, {"".•.,.......,,,...,...--...,........,..,_ --r :'"\-..:I~·-'(',r} ·, .

392 ARTICLE 551

propos desquelles on doit se rappeler que la responsabilité pénale des contraventions pèse exclusivement sur l'auteur direct du fait. Un entrepreneur qui travaille avec des ouvriers sur un chantier serait éventuellement un de ceux qui participent directement à la perpé­tration de l'infraction. Mais si-tel n'est pas le cas, il faudrait se sou­venir que même y eût-il provocation morale de la part de l'entre­preneur, cette circonstance ne suffit point pour le rendre auteur ou coauteur de la contravention telle que celle-ci est libellée dans la loi. - Supra, no 3176 ; adde : infra, n° 3190.

5° Ceux qui, en contravention aux lois et règlements, auront négligé d'écîairer les matériaux, les échafaudages ou les autres objets quelconques qu'ils ont déposés ou laissés dans les rues, places ou autres parties de la voie 'JYll,blique, ou les excavations qu'ils y ont creusées;

3189. - ÜRAHAY (36 éd., n° 182) se fonde sur une ancienne «juris­prude.nce s; antérieure au Code de 1867 pour déclarer que, malgré les termes de notre disposition, l'infraction existe même si aucun règle­ment ni aucune loi ne prescrivent l'éclairage des matériaux, écha­faudages ou autres objets.

On a remarqué à cet égard que les auteurs du Code pénal de 1867 auraient_été bien inspirés en supprimant les mots « en contravention aux lois et règlements». - NYPELS-SERVAIS, art. 551, n° 1.

Le législateur n'ayant pas eu cette bonne inspiration, l'interprète ne peut point, selon nous, transgresser ouvertement un texte formel de la loi pénale. Il nous semble d'ailleurs qu•en l'absence d'un règle­ment, le défaut d'éclairage des encombrements ou excavations con­stituera éventuellement le défaut des « signaux ordonnés_ ou d'usage >>

dont il s'agit à l'article 559, 4°, du Code pénal. Si le défaut d'éclai­rage avait occasionné des accidents de personnes, le fait serait réprimé par les articles 418 et suivants du Code pénal.

3190. - Rappelons ici l'observation que nous avons faite supra, n° 3188, au commentaire de l'article 551, 4°.

Jugé en ce sens que le propriétaire d'un véhicule laissé la nuit sur la voie publique sans être éclairé, reste pénalement responsable de la contravention prévue par l'article 551, 5°, s'il n'établit pas la culpa­bilité du tiers prétendûment tenu, à sa décharge, d'éclairer le véhi­cule. Il ne suffit pas qu'il soit simplement allégué, sans preuve, qu'un domestique avait été chargé du soin d'éclairer ce véhicule. - Cass., Il novembre 1901, Pas., 1902, I, 36.

Suivant les principes consacrés par cet arrêt de la cour de cassation, il y aurait irresponsabilité pénale, s'il avait été prouvé que pareil ordre avait été donné. Le cas serait différent si l'infraction consistait à avoir négligé de veiller à ce que les objets laissés sur la voie publique fussent éclairés.

,, \ I

ARTICLE 552 393

3191. - Sur la question préjudicielle de propriété de l'endroit où le fait a été commis, cf. supra, n° 3187.

6° Ceux qui auront négligé ou refusé d'exécuter les lois, arrêtés ou règlements concernant la petite voirie;

3192. - Nous ne considérons pas qu'il rentre dans l'objet d'un commentaire du Code pénal de définir par le détail ce qu'il faut enten­dre par la grande voirie ou par la petite voirie.

La petite voirie comprend toutes les voies de communication d'un intérêt local, c'est-à-dire les chemins vicinaux, les cours d'eau non navigables ni flottables, enfin les rues et places dans les villes et dans les parties agglomérées des bourgs et villages. - CRAHAY, 26 éd., n° 195.

7° Ceux qui auront négligé ou refusé d'obéir à la sommation faite par l'autorité administrative de réparer ou de démolir des édifices menaçant ruine.

3193. - En vertu de l'article 107 de la Constitution; les tribunaux peuvent vérifier la légalité et la régularité des actes en vertu desquels l'autorité administrative a prescrit une démolition, sans s'immiscer dans l'appréciation de l'opportunité de ces actes et sans devoir s'ar­rêter à une décision de la députation permanente qui a écarté une réclamation administrative formée par l'intéressé. - Cass., 7 avril 1876, Pas., 1876, I, 246.

ARTICLE 552.

Seront aussi punis d'une amende de 1 franc à 10 francs : 1 ° Ceux qui auront jeté, ex]X>sé ou abarul,onné sur la voie publique

des choses de nature à nuire par leur chute ou par des exhalaisons insa­lubres;

2° Ceux qui auront laissé dans les rues, chemins, places, lieux publics ou dans les champs, des coutres de charrue, pinces, barres, barreaux, échelles ou autres machines, instruments ou armes do~t puissent abuser les voleurs ou autres malfaiteurs. Seront, en outre, saisis et confisqués, les objets ci-dessus mentionnés;

30 40 ...

5° Ceux qui, imprudemment, auront jeté sur une personne une chose quelconque ]X>Uvant l'incommoder ou la souiller;

68 Ceux qui, sans en avoir le droit, seront entrés ou auront passé ou fait passer leurs chiens sur le terrain d'autrui, s'il est préparé ou ense­mencé;

70 ...

394 ARTICLE 552

3194, ,_ Les alinéas 3°, 4° et 7° de cet article ont été supprimés et remplacés par les articles 88, 1°, 87, 2° et 3°, du Code rural.

3195. - Voie publique. - Cf. SU'J>'l"a, n° 3187'. Jugé qu'il n'est pas contestable qu'en apposant, au moyen de

brosses, d'abondantes couches de lait de chaux sur le pavé, il y a toujours un risque d'éclaboussures, si minimes soient-elles; éclabous­sures qui, après une trajectoire plus ou moins prononcée, peuvent choir sur les passants. La chaux étant, certes, susceptible de salir, sinon de détériorer les vêtements sur lesquels elle rejaillirait, il y a lieu de conclure que le prévenu a utilisé une chose de nature à nuire par sa chute. La question de savoir s'il y a eu, en l'espèce, jet, expo­sition ou abandon, pourrait paraître, à première vue, plus douteuse; il y a cependant lieu de suivre l'opinion de DALLOZ (Répertoire, v° Con­travention, n° 162) et de CRAHAY (Contraventions, art. 55~, n° 213), qui enseignent que tout mode d'émission sur la voie publique doit être, au p_oint de vue de l'application de l'article 552, 1°, considéré comme un jet (voy. aussi NYPELS-SERVAIS, t. IV, p. 371). - Corr. Liège, 29 octobre 1935, Pas., 1936, III, 160.

3196. - L'article 552, 20, est une des dispositions légales où la confiscation est exceptionnellement prévue en matière de contraven­tions.

3197. - Le fait dont il s'agit dans l'â.rticle 552, 5°, doit avoir été commis par imprudence. Si la violence légère a été volontaire, l'in­fraction est prévue par l'article 563, 3°.

Jugé que, lorsqu'il n'existe aucun élément permettant de croire qu'un prévenu, conduisant un véhicule automobile, aurait intention­nellement éclaboussé les plaignantes, soit en déviant de sa voie nor­male ou en augmentant sa vitesse pour provoquer ou exagérer de quel­que façon la projection d'eau boueuse dans la direction des plai­gnantes, et qu'il est resté non établi qu'il aurait commis une impru­dence quelconque dont l'éclaboussement des plaignantes aurait été la conséquence, il n'y a lieu ni à l'application de l'article 563, 3°, ni à celle de l'article 552, 5°, du Code pénal. - Pol. <Jhimay, 6 octobre 1934, Pas., 1936; III, 38.

Pour apprécier le caractère des agissements imprudents de l'auto­mobiliste qui a éclaboussé des plaignants, il convient de préciser ce que la loi a entendu réprimer, c'est~à-dire le défaut de précaution. Or, dans ce cas, comme dit CRAHAY, la loi punit la faute la plus légère, la culpa levissima (Contraventions, art. 552, n°8 5 et 239). Sans s'en tenir à la rigidité de cette règle, il est possible de dire qu'à tout le moins, l'automobiliste sera punissable s'il est établi qu'ayant pu apercevoir, d'une part, les personnes, d'autre part, les flaques d'eau boueuse, il a roulé à une vitesse qui devait presque inévitablement

ARTIOLlll 553. - ARTIOL:E 554 395

avoir pour conséquence d'éclabousser les piétons situés à ,proximité. - Pol. Hollogne-aux-Pierres, 4 mars 1933, Rev. gén. ass. resp.; 1933, 1275.

3198. - « Chose quelconque pouvant incommoder ou souiller.» Le Code de 1810 ne visait JIUe le jet d'immondices. Il y avait là une lacune. Le jet d'un seau d'eau propre peut au moins incommoder sinon . souiller.

La simple tpossibilité d'incommoder ou de souiller suffit pour l'exis­tence de l'infraction. - ÜRAHAY, 26 éd. no 240.

Jugé que le fait d'avoir passé à pied dans une prairie naturelle des­tinée au pâturage ne tombe pas sous le coup de l'article 552, 6°, du

· Code pénal, qui ne vise que les terrains préparés ou ensemencés. -Pol. Beaumont, 28 novembre 1928, Pas., 1929, III, 141.

L'article 552, 6°, du Code pénal est àpplicable non seulement quand le terrain d'autrui est préparé ou ensemencé, mais a fortiori quand il est chargé de produits mûrs ou voisins de la maturité.

Toutefois, cet article ayant pour but la répression de tout dommage aux fruits, une condamnation ne se conçoit pas, alors que celui en faveur de qui cette prescription a été portée n'a pas défendu le passage, ne s'en est pas plaint et a déclaré n'avoir subi aucun préjudice. -Pol. Schaerbeek, 7 juin 1932, Journ. J. de P., avril 1933, p. 178; Re,e. somm., DROIT PÉNAL (contraventions), 10.

ARTICLE 553.

Seront punis d'une amende de 1 franc à 10 francs et d'un emprison­nement d'un jour à trois jours, ou d'une de ces peines seulement:

1° Ceux qui auront violé la défense de tirer, en certains lieux, des armes à feu ou des pièces d'artifice quek<>rJ,ques;

Seront, en outre, confisqué(!,8, les armes à feu et pièces d'artifice saisies; 20 ...

3199. - L'alinéa 2° de cette disposition est abrogé et remplacé par les articles 11, 87, 4°, et 88, 4°, du Code rural.

3200. - << Violer la défense de tirer. » Ces termes supposent qu'il existe un règlement dont les dispositions ont été enfreintes.

3201. :.._ La confiscation des armes se conçoit. Celle des pièces d'ar­tifice se concevrait. Mais il ne peut être question de confisquer celles qui n'auraient pas été ~irées et dont le prévenu serait simplement porteur. - NYP:ELS-8:ERVAIS, art. 553, n° 4.

ARTICLE 554.

En cas de récidive, l'emprisonnement d'un jour à trois jours pourra

' i

396 ARTICLE 5M,. - ARTICLE 555

être prononcé, indépendamment de l'amende, pour~ contraventions tpré­vues par ~ artic~ 551 et 552.

En ce qui concerne ~ contraventio™ tprévues par l'article précédent, le juge pourra, en cas de récidive, prononcer, outre l'amende, un empri­sonnement· de cinq jours au plus.

3202. - Aux termes de l'article 565, il y a récidive, dans les cas des contraventions prévues par le Code pénal, lorsque le contrevenant a déjà été condamné, dans les douze mois pré<:édents, pour la même contravention.

Il faut donc qu'une nouvelle contravention soit commise dans les douze mois qui commencent à courir du jour où la première condam­nation est devenue définitive. - NYPELS-SERVAIS, art. 565, n° 4.

3203. - Une peine de prison de un à . trois jours peut être pro­noncée dans les cas des infractions prévues aux articles 551 et 552. La durée de cet emprisonnement facultatif est de un à cinq jours dans le cas de la contravention à l'article 553.

CHAPITRE II. - DES CONTRA VENTIONS DE DEUXIÈME CLASSE.

ARTICLE 555.

L'article 555 du Code pénal a été amendé par l'arrêté-loi du 12 mai 1940 et par un arrêté du 25 mars 1941. Cette disposition est actuelle­ment remplacée par l'arrêté-loi du 31 janvier 1946 dont voici le texte.

Arrêté-loi du 31 janvier 1946 concernant le contrôle des voyageurs dans les maisons d'hébergement.

ART. 1er. - Toute personne qui couche ou passe une nuit dans une · auberge, un hôtel, une maison ou un appartement garnis, est 'tenue, dè~ son arrivée à,a,ns l'établissement, de mentionner dans un carnet à souche dont ~ feuillets auront été numérotés et qui lui sera tprésenté par le logeur, les renseignements suii,ants, à la fois sur la partie fixe et la partie détachable dudit carnet :

Ses nom et prénoms, le lieu et la date de sa naissance, sa nationalité, son domicile, sa profession, la date de son arrivée et le lieu d'où elle vient, la à,a,te tprésumée de son départ et le lieu où elle se propose de se rendre.

La partie fixe et la partie détachable du feuillet sont signées par l'in­térèssé et le logeur est tenu d'en vérifier les mentions, en se faisant pro­duire les pièces d'identité dont le voyageur doit réglementairement être

ARTICL;ill 555. ""7" A:ETICLE 556

porteur. Le logeur r,,ote cette vérification. sur ks de'UX parties du feuillet, en indiquant l,a nature et le numéro de l,a pièce d'identit,é produite.

Dans le cas oi/, l'int,éressé ne sait pas écrire, il en est fait mention. par le logeur, qui remplit lui-même le carnet et signe l,a décl,aration.

La partie détachable du feuillet est transmise par le logeur a'UX auto­rités de police locale, au plus tard le lendemain de l'arrivée du voyageur.

Au moment de son départ, ce dernier est tenu d'indiquer à l'Mtelier l'endroit où il se rend. L'hôtelier r,,otera immM:iatement cette indication et l,a date réelle du départ sur l,a partie fixe du carnet; à l'endroit réservé à cette fin, et, dans les vingt-quatre heures au plus tard, enverra le double de ces renseignements à l,a police locale.

Un arrêt,é royal réglera 1,es mesures d'application des dispositions du présent article.

ART. 2. - Toute infraction aux dispositions de l'article précéilent est punie d'un emprisonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 26 francs à 200 francs, ou d'une de ces peines seulement.

ART. 3. - Ces infractions sont de la. compétence du tribunal de police.

ART. 4. - L'article 555 du Gode pénal est abrogé.

Un arrêté du Régent du 15 février 1946 a déterminé le modèle et 1

les dimensions du carnet à souche.

3204. - Nous avons donné supra, n°8 1409 et suivants, le commen­taire de l'article 210 du Code pénal concernant le fait des aubergistes et logeurs qui auraient sciemment inscrit sur leurs registres, sous des noms faux ou supposés, les personnes logées chez eux ou qui auraient falsifié leurs registres de toute autre manière.

3205. - Les obligations légales des aubergistes et des logeurs existent à charge de tous ceux qui font profession de donner habituel­lement à loger au public.

Elles ne s'étendent pas aux particuliers qui se bornent à louer des appartements garnis ou non garnis. - ÜRAHAY, 28 éd.; n° 270; NYP:ELS-SERVAIS, art. 555, n° 1; pol. Anvers, 20 novembre 1923, Journ. trib., 1924, 473. ,

3206. - Serait illégal le règlement communal qui imposerait la. tenue d'wi registre d'hôtel à d'autres personnes, par exemple aux sages-femmes qui tiennent des pensionnaires. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 555, n° 3; corr. Bruxelles, 17 janvier 1856, CLo:Es et BoNJ., t. IV, 654.

ARTICLE 556.

Seront aussi punis d'une amende de 5 francs à 15 francs : 1 ° Ge'UX qui auront fait ou '/aissé pénétrer dans l'int,érieur d'un lieu

398 AR'l'IOLJ!l 556

habiU lelJ chevaux, bêtes de trait, de charge ou de monture confiés à leurs soins;

3207. - Une disposition correspondante du Code de 1810 (art. 475, 4°) interdisait de laisser courir, galoper les chevaux dans les endroits habités.

Telle n'est évidemment plus la portée du texte de notre Code actuel. Au Sénat, on a signalé que la rédaction actuelle paraît incom­préhensible (Dise. Sénat, VII). C'est aussi l'avis des commentateurs (ÜRAHAY, op. cit., n° 289; NYPELS-S:ERVAIS, art. 556, 1°, n° 1). C'est aussi notre opinion.

. . 20 Ceux qui auront T,aissé divaguer des fous ou des furieux étant 80U8

leur garde, ou des animaux malfaisants ou féroces;

3208. - Les mots « laissé divaguer » ont un sens large. Ils doivent s'interpréter suivant les circonstances. « Tout se réduit à savoir si le fou ou l'animal a été- gardé de telle façon qu'il se soit trouvé dans l'impossibilité de nuire au public. En cas de négative, il y a diva­gation.>> - ÜRAHAY, 28 éd., n° 296.

3° Ceux qui auront excit,é ou n'auront pas retenu leurs chiens, lors-. _qu'ils attaquent ou 'jXYUrBUivent lelJ passants, quand même il n'en serait résulU aucun mal ou dommage;

3208bis. - Laisser «divaguer» un a.ni.mal s'enten~ de l'a.bandon­ner .à lui-même, sans surveillance, dans des endroits accessibles au .public. - Gand, 7 mars 1934, Rechtsk. Weekbl., 17 juin 1934, 765.

Si le fait de laisser divaguer son chien n'exige pas la preuve d'une faute dans le chef du prévenu pour !'imputabilité de l'infraction, ce

~ dernier peut toutefois invoquer, comme cause de justification, le cas fortuit ou la force majeure. - Cass., 9 juillet 1934, Pand. pér., 1934,

'260. Le chien n'est pas compris parmi les animaux malfaisants ou féroces

dont il s'agit à l'article 556, 2°, du Code pénal, à moins qu'il ne soit démontré qu'il a coutume d'attaquer les passants. - Gand, 7 mars 1934, Rechtsk. Weekbl., 17 juin 1934, 765.

Echappent au contrôle de la cour de cassation les considérations de fait d'après lesquelles le juge du fond décide que le chien du pré­venu était malfaisant. - Cass., 7 janvier 1935; Pas., 1935, I, 95.

Jugé que l'article 556, 2°, du Code pénal n'exige pas la preuve . d'une faute dans le chef du prévenu pour !'imputabilité à ce dernier

de l'infraction dont il s'agit. Le prévenu peut invoquer pour sa justi­fication le cas fortuit ou la force majeure. Si le prévenu soutient par ses conclusions que son chien s'était échappé de sa propriété au moment des faits, qu'il en déduisait qu'aucune faute ne lui était imputable et qu'aucune infraction ne pouvait être retenue à sa charge, quelle que

'· {dt la relevance des circonstances de fait invoquées, le juge devait

AR'l'ICLJ!l 556 399.

répondre au moyen de droit présenté, à peine de violer l'article 97 de la Constittttion. ~ Cass., 9 juillet 1934, Pas., 1934, I, 360.

3209. - Si un chien mord et blesse un passant, celui qui a excité l'animal sera èoupable de coups et blessures volontaires prévus par les articles 398 et suivants du ·Code pénal.

Celui qui aura simplement laissé faire le chien sans l'exciter ni le retenir, sera tout au moins coupable de blessures par imprudence. - Code pénal, art. 418 et suivants.

Au cas où les vêtements du passant ont été déchirés, voy. Code pénal, art. 559; 1 °; infra, n° 3237.

3210: - Les « passants » sont toutes personnes qui font usage de la voie publique, soit qu'elles y circulent, soit qu'elles y stationnent. - Cass., 8 mai 1905, Pand. ,pér., 1905, n° 507.

3211. - « ·Leurs chiens. » L'infraction existerait néanmoins à charge de toute personne qui aurait excité les chiens et de tous ceux qui les ont sous leur garde s'il s'agit de ne les avoir point retenus. Le pro­priétaire ou celui qui a la garde de l'animal a seul le pouvoir de les retenir. - NYP:ELS-SERVAIS, art. 556, n° 5; ÜRAHAY, 28 éd., n° 304.

Nous ne pouvons pas nous rallier à pareilles interprétations ; elles corrigent ]a loi. Celle-ci porte « leurs » chiens ; elle ne vise donc que le maître de ces animaux.

3212. - Est pénalement responsable de n'avoir pas retenu son chien, le propriétaire de l'animal qui, absent au moment du fait, avait négligé de confier son chien à quelqu'un ou de l'attacher ou de l'enfermer. - ÜRAHAY, 28 éd., n° 304; J. de P. Fosses, 3 décembre 1924, Journ. trib., 1925, 88.

4° Ceux qui, à défaut de convention contraire, auront refusé de rece­voir les monnaies Mn fausses ni altérées, selon la valeur 'J)OUr laquelle elles ont cours légal en Belgique;

3213. - Sauf quand une loi décrète le cours forcé; on peut refuser de recevoir en payement des billets de banque. - ÜRAHA.Y;,--28 éd., no 310.

3214. - Qua.nt aux monnaies nationales, des dispositions spé­ciales décident jusqu'à quel taux chacune d'elles doit être reçue en payement. Citons, à titre d'exemple, l'article 7 de la Joi du 20 décem­bre 1860 portant que « nul n'est tenu d'accepter en payement plus de 5 francs en monnaie de nickel, ni plus de 2 francs en monnaie de cuivre». - Adàe: arrêté royal du 10 novembre 1938, art. 3,

5° Ceux qui, le 'J)OUvant, auront refusé ou nêgligé de faire les travaua:, le service, ou· de pêter le seoours dont ils auront été requis, dans les cir­constances · d'accidents, tumultes, naufrage, i'Mndation, incendie O'I.(,

400 AR'l'IOU: 556

autres calamités, ainsi que dans le cas de brigandages, piUages, fla­grant délit, clameur publique ou d'exécution judiciaire;

3215. - Il s'agit ici du refus des parliculiers. En ce qui concerne le refus d'intervention de la force publique, cf. autpra, n08 1653 et suivants. - Code pénal, art. 259.

3216. - La disposition punit le refus ou la négligence de ceux qui « le pouvant ». Ces mots visent tout empêchement physique ou moral, telle la nécessité de pourvoir au sauvetage de la famille du prévenu habitant une maison voisine de la maison incendiée. - NYPELS-

8:ERVAIS, art. 556, n° 1 ; ÜltAHAY, n° 316.

3217. - L'article 556, 5°, ne détermine pas le caractère des-per­sonnes qui ont 1e droit de requérir. Mais il résulte des termes mêmes de cette disposition que la réquisition n'est légalement faite que si elle émane du bourgmestre, ou, suivant les circonstances, d'un fonc­tionnaire ou agent de l'autorité publique chargé de prévenir ou de constater les infractions, de prévenir ou de combattre les fléaux ou les calamités et de veiller au maintien de l'ordre public. L'acquitte­ment est justifié si l'ordre a été donné au prévenu par une personne qui ne peut être comprise parmi les fonctionnaires ou agents de l'au­torité ayant le pouvoir de requérir dans les circonstances visées par la prévention. -, Cass., 25 octobre 1915, Pas., 1915-1916, I, 474.

L'article 556, 5°, du Code pénal est éventuellement applicable à celui qui refuse de donner suite à une réquisition verbale, impérative et individuelle émanant d'un gendarme verbalisant au moment où celui-ci subit un flagrant délit de rébellion de la part de l'auteur­d'une infraction au règlement sur la police du roulage. - Liège, 18 décembre 1940, Pas., 1941, II, 76. ·

6° Ceux qui, sans en avoir le droit, seront entrés sur le terrain d'au­trui et y auront passé ou fait passer leurs chiens dans le temps où ce ter­rain était chargé de grains en tuyaux, de raisins ou autres tproduits mûrs ou voisins de la maturité; ·

7° Ceux qui auront fait ou laissé passer des bestiaux; animaux de trait, de charge ou de monture, sur le terrain d'autrui, dans le temps où ce terrain était chargé de récoltes. ·

3218. - Adde : art. 87, 3°, du Code rural, ainsi conçu : Seront punis d'une amende de 1 franc à 10 francs : 3° Ceux qui auront laissé passer leurs bestiaux ou leurs bêtes de

trait, de charge ou de monture sur les prairies en état de végétation ou sur le terrain d'autrui avant l'enlèvement de la récolte.

3219. - Le passage d'une personne sur une prairie constitue la contravention prévue à l'article 556, 6°, du Code pénal lorsque cette prairie peut être considérée, à raison de l'état de croissance de son

ARTICLE 557 401

herbe, comme étant chargée de récolte au moment du fait incriminé. - Cass.; 19 février 1912, Pand. pér., 1912, n° 766.

L'article 556, 6°, du Code pénal ne vise que le dommage causé aux récoltes lorsqu'on traverse le terrain sur lequel elles se trouvent. Si les épis sont fauchés, réunis en gerbes et si celles-ci sont rassemblées en dizeaux, le fait de traverser le champ sur lequel ces derniers sont dressés n'est pas punissable puisqu'on ne touche pas aux récoltes. -Pol. Liège, 26 janvier 1931, Journ. J. de P., mars 1931, p. 117; Rec. somm., 1931, 1285.

ARTICLE 557.

Seront punis d'une amende de 5 francs à 15 francs et d'un empri­sonnement d'un jour à quatre jours, ou d'une de ces peines seulement:

1 ° Les conducteurs de voitur6s quel,conques ou de bêtes de charge qui ne se tiendront pas constamment à portée de leurs chevaux, bêtes de trait ou de charge ou de leurs voitures, et en état de les guider ou con­duire; qui occuperont le milieu des rues, chemins ou voies publics, quand d'autres voitures ou bêtes de charge y chemineront près d'eux; qui négligeront de se détourner ou ranger demnt toutes autres voitures ou bêtes de charge et à leur approche, et. de leur laisser libre au moins la moitié de la voie, ou qui contreviend,raient aux règlements sur ces objets;

2° Ceux qui auront contrevenu aux règlements ayant pour objet, soit la rapidité, la mauvaise direction ou le chargement des voitures ou des animaux, soit la solidité des voitures publiques, le mode de leur char­gement, le nombre et la sûreté des voyageurs;

3220. - Ces dispositions ne paraissent plus guère susceptibles d'au­cune application depuis la promulgation de la loi du 1er août 1899 modifiée par celle du 1er août 1924 sur la police du roulage et de la ci.rculation. - Voy. aussi l'arrêté royal du 26 août 1925 portant règlement général sur la police du roulage et de la circulation et les nombreuses dispositions ultérieures relatives à la matière tout à fait spéciale concernant la police du roulage.

3° Ceux qui auront établi ou tenu dans les rues, chemins, places ou lieux publics, des jeux de loterie ou d'autres jeux de hasard.

Seront, en outre, saisis et confisqués, les tables, instruments, appareils des jeux ou des loteries, ainsi que les enjeux, les fonds, denrées, objets ou lots proposés aux joueurs;

3221. - Nous avons défini la portée de cette disposition à l'occa­sion du commentaire de l'article 301 du Code pénal. - Supra; n° 1812; adde : loi du 24 octobre 1902 sur le jeu, reproduite au commentaire des articles 301 et suivants du Code pénal.

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ABTlCLli: 557

-4° Oeux qui auront jeté, d(!,8 pi,err(!,8 ou d'autr(!,8 corps durs, ou d'au-

tr(!,8 objets tp0uvant souilkr ou dégrader contre ~ voitur(!,8 suspendu(!,8, ~ maisons, é,difices et clôtur(!,8 d'autrui, ou dans l(!,8 jardins et enclos;

3222. - On a considéré que le terme jeter comprend tous modes d'émission et que l'article est applicable. à celui qui, au moyen d'un balai, barbouillerait d'ordures la porte de la maison d'autrui. NYPELS-SERVAIS, t. IV, p. 412, n° 3 ..

3223. - D'après ce niême auteur, les voitures de chemin de fer seraient comprises dans les termes « voitures suspendues.» (NYPELS­

SERVAIS, loc. cit., n° 4). Littéralement cela est exact. Mais telle ne paraissait pas être. la pensée des auteurs du Code.

« Il n'y aurait pas grand inconvénient à entendre ce mot dans son acception la plus large ; mais on pourrait restreindre la disposition aux équipages ; et, pour éviter toute équivoque, on pourrait dire : voitur(!,8 suspendu(!,8. » - Dise. Chambre, IV, n° 9, p. 790, col. 2 .

. 3224. - Les voies des chemins de fer ne sont pas des enclos, même quand elles sont longées par des haies ou d'autres plantations. -ÜRAHAY, 28 éd., n° 400.

5° Oeux qui, dans ~ lieux dont ils sont propriétaires, locatair(!,8, colons, fermiers, usufruitiers ou usagers, auront méchamment tué ou gravement b~sé, au préjudice d'autrui, un animal domestique autre que ceux mentionnés à l' artick 538;

3225. - Voir ci-dessus le commentaire des articles 538 et suivants du Code pénal. - Supra, n°8 3129 et suivants.

3226. - Adde : infra, article 563, 4°, du Cod~ pénal, n°8 3292 et suivants. ·

3227. - Est un animal domestique tout animal vivant naturelle­ment dans l'habitation de l'homme ou autour de celle-ci, servant à ses plaisirs ou· à ses besoins et appartenant à des espèces ou variétés asservies à sa domination.

Les animaux apprivoisés désignent des individus domestiqués mais appartenant à des genres ou des espèces sauvages. - Corr. Anvers, 26 janvier 1905, Pand. pér., 1905, n° 97. ·

3228. - Le pigeon messager, variété domestique du bizet, doit être classé parmi les animaux domestiques. - Même jugement; CRA.­HAY, .n° 406.

3229. - La détention de pigeons voyageurs doit faire l'objet d'une autorisation préalable du bourgmestre de la commune. Cette auto­risation doit être demandée et éventuellement accordée dans les con­ditions précisées par la loi du 24 juillet 1923.

· 3230. - Capture, destruction ou détention méchantes de pigeons militaires. - Loi du 24 juillet 1923, art. 11 et suivants.

ARTICLE 557 403

3231. - Les chats sont des animaux domestiques, à moins qu'ils n'aient abandonné la maison de leur maître pour vivre à l'état sau­vage. - ÜRAHAY; n° 405; add,e: infra; n° 3295.

3232. - Les abeilles et les vers à soie sont également à considérer comme des animaux domestiques. - CRAHAY, n° 406.

3233. - Le mot méchamment implique nécessairement une inten­tion méchante, la volonté de nuire (cass., 7 janvier 1907, Pand. pér., 1907, n° 248). L'article 557, 5°; vise les actes de cruauté grave commis sur les animaux domestiques appartenant à autrui et surtout les actes de mauvais gré par lesquels, en maltraitant ou en tuant l'animal, on cherche à causer des ennuis; du chagrin ou du dommage au pro­priétaire. - Corr. Anvers, 26 janvier 1905, Pand. pér., 1906, n° 97.

Il ne suffit point, pour qu'il y ait intention méchante, que 1'.auteut n'ait pas été contraint par la nécessité de repousser un danger réel menaçant sa personne ou ses biens et que la mort de l'animal pouvait seul prévenir (cass., 7 janvier 1907; précité), ni qu'il soit constaté que le prévenu a agi à la légère et sans nécessité. - Cass., 22 jan­vier 1923, Pas., 1923, I, 171.

Pour que l'article 557, 5°, du Code pénal soit applicable à ceJui qui a tué un animal domestique, il faut qu'il y ait eu dol spécial consistant dans l'intention de nuire. Un des éléme.nts constitutifs de cette con­travention est d'avoir tué sans nécessité. Ce n'est pas au prévenu à prouver qu'il s'est trouvé dans la nécessité d'agir comme il ra fait. Il faut, au contraire, que la partie poursuivante prouve que l'inculpé a agi sans nécessité. - Corr. Charleroi, 25 octobre 1928, Pand. pér., 1929, 27.

La contravention réprimée par l'article 557, 5°, du Code pénal exige le dol spécial; l'intention de nuire. Celle-ci fait défaut chez celui qui blesse ou tue des pigeons appartenant à autrui, qui picorent sur son champ récemment ensemencé. - Pol. Mons, 11 juin 1935, Pas., 1936, III, 93.

Jugé que ne permet pas à la cour de cassation d'exercer son contrôle, le jugement qui condamne du chef d'avoir méchamment tué un chien et qui, après avoir reconnu que le fait devait avoir été commis mécham­ment pour être punissable, décide que l'intention méchante résulte­rait de ce que le prévenu a, sans nécessité, tué l'animal alors qu'il pouvait s'en débarrasser par d'autres moyens. - Cass., 13 mars 1933, Pas., 1933, I, 164.

6° -Ceux qui auront dérobé des récoltes ou autres productions i,,tiles de la terre, qui n'étaient pas enéore détachées du sol.

Si le fait a été commis, soit pendant la nuit, soit à l'aide-de voitures ou d'animaux de charge, soit enfin par deux ou plUBieurs personnes, les coupables seront punis conformément à l'article 463.

404 ARTICLE 558. - ARTICLE 559

3234. - Cett,e disposition vise le fait appelé maraudage.

3235. - Les productions utiles de la terre sont les productions végé­tales, quelque minime que puisse être leur valeur (NYPELS-SERVAIS, t. IV, p. 418, n° 3). Lorsque ces produits sont détachés du sol, le fait devient un délit de vol si la soustraction a été frauduleuse.

ARTICLE 558.

En cas de récidive, la peine de l'emprisonnement d'un jour à quatre jours pourra être prononcée, indépenàamment de l'amende, pour les contraventions prévues par les articles 555 et 556.

En ce qui concerne les contraventions prévues par l'article précédent, le juge pourra, en cas de récidive, prononcer, outre l'amende, un empri­sonnement de sept jours au plus.

3236. - Nous avons défini supra, n° 3202, les conditions géné­rales de la récidive en matière de contraventions de police. - Code pénal, art. 565.

CHAPITRE III. - DES CONTRA VENTIONS DE TROISIÈME CLASSE.

ARTICLE 559.

S,eront punis d'une amende de 10 francs à 20 francs : 1° Ceux qui, hors les cas prévus par le chapitre Ill; titre IX; livre II

du présent Gode, auront volontairement endommagé ou détruit les pro­priétés mobilières d'autrui;

3237. - Cette contravention comprend quatre éléments : a) Il faut que l'agent ait endommagé ou détruit. A cet égard, notre disposition comprend tous les dommages depuis

les dégâts les plus légers jusqu'à la destruction complète. - NYPELS­SERVAIS, art. 559, 1°, n° 2;

. b) Volontairement. Ceci est un élément essentiel de l'infraction. Si le juge du fond n'en constate pas l'existence, le jugement de con­damnation doit être cassé. -Cass., 18 janvier 1926, Pas., 1926; I, 183;

c) La propriété mobilière d'autrui; d) Enfin il faut que ce fait ne tombe pas sous l'application d'une

autre disposition pénale. Le Code mentionne à cet égard les cas pré­vus par le chapitre III, titre IX, livre II du Code. - Voy. art. 510, 511, 512; 522; 524, 526, 527, 528, 534, 536, 540 et 541.

Il existe d'autres destructions prévues par des textes spéciaux et

ARTICLE 559 405

qui ne tombent donc pas sous le coup de notre disposition. - Voy., par exemple, Code pénal, art. 241 et 244, alinéa 2.

Jugé qu'aucun texte de loi ne permet au mari de détruire ou de détériorer méchamment les biens communs (en l'espèce, un vélo, le vélo de l'épouse). - Corr. Tournai, 10 juillet 1930, Pand. pér., 1930, n° 298; sic pol. Bruxelles, 25 janvier 1940, Pas.; 1940, III, 56.

Ce jugement a été réformé par appel Bruxelles, 29 octobre 1930, Pand. pér., 1931, 10. L'arrêt décide que l'acte de mauvais gré commis au cours d'une querelle assez violente est plutôt l'effet de l'emporte­ment et n'implique pas ·une intention précise de détruire ou de dété­riorer un objet mobilier appartenant à autrui. On peut remarquer que cette réformation est intervenue sur une question d'intention et sans infirmer les principes juridiques cons,acrés par le jugement a quo.

20 Ceux qui auront causé l,a nwrt ou la blessure grave des animaux ou bestiaux appartenant à autrui, par l'effet de l,a divagation des fous ou furieux, d'animaux malfaisants ou féroces, ou par la rapidité, la mauvaise direction ou le chargement excessif des voitures, chevaux, bêtes de trait, de charge ou de monture;

3° Ceux qui, par imprévoyance ou défaut de précaution, auront invo­lontairement causé les mêmes dommages par l'emploi ou l'usage d'ar­mes, ou par le jet de corps durs ou de substances quelconques;

4° Ceux qui auront causé les mêmes accidents, par l,a vétusté, l,a dégra­dation, le défaut de réparation ou d'entretien des maisons ou édi-fi,ces, ou par l'encombrement ou l'excavation, ou telles autres œuvres dans ou près les rues, chemins, places ou voies publiques, sans les précautions ou signaux ordonnés ou d'usage. ·

3238. - Ces dispositions sont toutes trois relatives au cas où une personne a causé la mort ou la blessure grave des animaux appar­tenant à autrui, quels que soient ces animaux ; le texte ne contient aucune distinction ni restriction à ce dernier point de vue.

L'existence de l'infraction suppose que ce résultat ait été causé : a) Par l'effet de la divagation des fous ou furieux, d'animaux mal­

faisants ou féroces. Sur le sens du terme « divagation », cf. supra, n° 3208. Jugé que les éléments de la contravention prévue à l'article 559, 2°,

du Code pénal ne sont pas réunis lorsqu'il n'est pas constant qu'un chien circulant sous les yeux de son maître soit habituellement féroce ou malfaisant et qu'il n'est pas établi que le chien ait gravement mordu des animaux. - Pol. Dour; 7 juin 1929, Rec. somm., 1930, 759.

3239. - b) Par la rapidité, la mauvaise direction ou le charge­ment excessif des voitures, chevaux, bêtes de trait, de charge ou de monture.

L'article 559; 2°, du Code pénal n'exige pas un heurt direct par le

1-

406 ARTICLE 560

véhicule mal dirigé, comme élément constitutif de la contravention. - Cass., 12 octobre 1925; Pas., 1926, I, 10.

L'existence de ]'infraction n'est pas davantage subordonnée à une contravention aux règlements sur la police du roulage. - Cass., 16 novembre 1926, Pas., 1927, I, 90.

3240. - c) A raison d'un défaut de prévoyance ou de précaution, par l'emploi ou l'usage d'armes ou par le jet de corps durs ou de substances quelconques.

3241. - d) Par la ':étusté, la dégradation, le défaut de réparation ou d'entretien des maisons ou édifices.

3242. - e) Par l'encombrement ou l'excavation ou telles autres œuvres dans ou près les rues, chemins, places ou voies publiques, sans les précautions ou signaux ordonnés ou d'usage.

Le législateur; en employant à l'article 559, 4°, du Code pénal les mots « telles autres œuvres », a entendu un acte positif exécuté par le patron prévenu.

La responsabilité pénale du propriétaire ou de son personnel n'est engagée, conformément à la disposition légale dont il s'agit, que pour autant qu'il ait donné l'autorisation expresse ou tacite de laisser cir­culer l'animal sur la propriété privée.

En cas de désarroi subit et général du servie(? téléphonique, la seule précaution d'usage est l'enlèvement le plus rapide possible dei tous les fils présentant du danger pour le public. - Corr. Charleroi, 19 octo­bre 1929, Rev. dr. pén., 1929, 1037; Rec. somm., 1930, 104.

L'article 559, 4°, punit uniquement le fait de creuser une excava­tion, et non celui de la laisser subsister. Est donc seul punissable celui qui a personnellement creusé l'excavation.

Par l'expression : « rues, chemins, places ou voies publiques», il faut entendre tout lieu banal accessible aux piétons, quand bien même il ne puisse être rangé dans la petite ou la grande voirie (dans l'espèce, une plaine de manœuvres). - Pol. Tournai; 20 octobre 1927, Rec. somm., 1928, 1671.

ARTICLE 560.

Seront aussi punis d'une amende de 10 francs à 20 francs : 1 ° Ceux qui auront méchamment enl,evé ou déchiré les affi,ches légi­

timement apposées;

3243. - Cette disposition punit ceux qui auront méchamment enlevé ou déchiré des affiches légitimement apposées.

L'affiche, au sens de notre texte, c'est tout placard, manuscrit ou imprimé, quelle qu'en soit la substance (par exemple une planche), exposé aux regards du public pour lui donner connaissance soit d'avis

ARTICLE 560 407

officiels, soit seulement d'annonces particulières . .,- CRAHAY, 2e éd., n~ 509; NYPELS-SERVAIS; art. 560; 1°, n° 2.

3244. - Méchamment. Ce terme doit s'entendre ici de la volonté · d'empêcher le public de connaître le contenu des affiches. - Exposé des motifs, II; n° 16; CRA.HAY, 2e éd.; n° 513; NYPELS-SERVAIS, art. 560, 10, n° 3. · '

Mais jugé qu.e pareille intention n'est pas la seule qui puisse être considérée comme tombant sous l'application de notre texte. Ont donc agi méchamment; au sens de la loi, les prévenus à charge des­quels il ·est constaté qu'ils ont voulu « soit empêcher que le fonction­naire puisse porter, comme il pensait devoir le faire, les deux textes (flamand et français) à la connaissance du public, soit empêcher une partie du public admis dans les gares et bureaux de poste, de con­naître le contenu des affiches n.

Si le législateur a exigé l'intention méchante, o'est qu'il a voulu éviter de punir des faits sans gravité, tel l'enlèvement d'un placard insignifiant, à moitié décollé, pour le vendre comme vieux papier. -Cass., 21 novembre 1927, Pas., 1928; I; 20.

3245. - Le juge du fond constate souverainement l'existenoe de l'intention méchante d'après les faits soumis aux débats. - Cass., 12 décembre 1910, Pand. pér., 1911, n° 906.

3246. - Il a été décidé que l'intention méchante n'existe pas si le prévenu a pour but non pas d'empêcher la publicité du cont:enu des affiches, mais, au contraire, d'obtenir que la publication exclusi­vement française, faite à Anvers, ait lieu également eu langue fla­mande. - Corr. Anvers, 15 juillet 1909, Pand. pér., 1910, n° 126.

Il a été jugé également que l'intention méchante fait défaut lorsqu'on s'est borné à arracher le texte flamand d'une affiche bilingue apposée en pays wallon. - Pol. Liège, 14 mai 1927, Journ. trib., 1927, 358.

Nous ne voudrions pas exagérer l'importance d'incidents comme ceux qui ont donné lieu à ces deux décisions judiciaires. En droit, elles nous paraissent, l'une et l'autre, .-:ionfondre la notion de « mobile n

et celle d' « intention n que nous avons tâché de distinguer. - Supra, no 666.

D'ailleurs la cour de cassation, saisie d'une affaire de ce genre, a décidé que des affiches bilingues régulièrement apposées par le chef de gare, dans une gare de chemin de fer, à Liège, et dans un bureau des post:es, par le percept:eur des postes, ne peuvent pas être consi­dérées comme illégitimement apposées. - Cass., 21 novembre 1927, Pas., 1928, I, 20.

3247. - Le même arrêt décide que pareil fait ne peut pas être considéré comme un _délit politique.

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408 ARTICLE 560

3248. - « Enlever ou déchirer. » Ces termes comprennent-ils le fait de coller une autre affiche sur celle qui est apposée 1 La solution affir­mative à cette question a été admise par un arrêt de la cour de cas­sation en date du 5 août 1879 rejetant le pourvoi formé contre un jugement du tribunal de Hasselt du 20 juin 1879 (Pas., 1879, I, 381). Mais la doctrine des auteurs a, dans sa généralité, combattu cette juris­prudence (ÜRAHAY, 2e éd., n° 512; NYPELS-SERVAIS, art. 560, 1°, n° 5; LIMELETTE, Code pénal appliqué, supplément 1881, p. 113, n°8 10 et 11). Ce dernier auteur admet que le fait dont il s'agit tomberait sous les termes de la loi, mais seulement si l'affiche consistait en une impres­sion sur la pierre, sur le ciment. Nous croyons que dans ce dernier cas, il y aurait une « inscription » et non plus une affiche et donc que, même alors, il ne pourrait être question d'appliquer l'article 560, 1°, du Code pénal.

3249. - Le fait d'enlever ou de déchirer les affiches est punissable sans distinguer si celles-ci ont été apposées à l'extérieur ou à l'inté­rieur d'un bâtiment, par exemple un cabaret, pourvu qu'elles soient exposées au, regard du public. - ÜRAHAY, 2e éd., n° 509.

3250. - L'articlè' 560, 1°, du Code pénal ne fait pas obstacle à ce que les communes prennent des règlements interdisant de salir les affiches. - Cass., 19 mai 1924, Pas., 1924, I, 350.

3251. - La troisième condition de l'infraction, c'est que l'affiche ait été légitimement apposée. Il faut entendre par là que l'apposi­tion de l'affiche n'a été une infraction; notamment aux lois sur le. timbre (poJ. Verviers, 29 décembre 1911, Pand. pér., 1912, n° 1034) ni une atteinte à un droit de propriété ou autre (ÜRAHAY, 28 éd., n° 514). E~ ce qui concerne les affiches publiques, cf. infra, n° 3254.

3252. - On avait prétendu que le fait d'apposer des affiches sur, des arbres d'une grande route de l'Etat constituait une usurpation:'

La cour de cassation relève qu'il est constaté par le juge du fond que l'arbre dont il s'agissait servait depuis longtemps de poteau d'affichage de publications de toutes espèces. On doit considérer comme légitimement apposées, dit l'arrêt, les affiches qui sont ainsi placées, sans opposition, à des endroits affectés à l'affichage par un long et constant usage; même s'ils dépendent du domaine public, pourvu que l'autorité qui a la gestion de celui-ci n'y fasse pas obsta­cle. L'apposition, dans ces conditions, ne porte atteinte ni au droit de propriété ni à la destination du domaine public. - Cass., 12 dé­cembre 1910, Pand. pér., 1911, n° 906.

3253. - Il importe d~ailleurs de noter que si le propriétaire ou celui qui a la gestion d'un bien tolère l'apposition de l'affiche; celle-ci est, par suite, légitimement apposée. Des tiers n'auraient donc pas

ABTIOLE 561 ' 409

le droit d'arracher cette affiche en prétextant du droit de propriété de quelqu'un qui seul avait qualité pour protester et s'abstient de le faire. - NYP;ELS-SERVAIS; art. 560, 1°, n° 8, in fir1,e,; ÜRAHAY, 26 éd., n° 518.

3254. - Pour les affiches des pouvoirs publics, s'il existe un règle­ment communal fixant les endroits réservés à faffichage public; ces affiches ne pourront être apposées que là. A défaut de pareil règlement. les affiches publiques peuvent être apposées sur les murs extérieurs de tous les bâtiments quelconques, soit publios, soit privés. - ÜRAHAY • ~o éd.; n° 516.

3255. - Est illégal 'un arrêt du collège échevinal en tant qu'il per­met l'apposition sur les murs d'une église d'affiches blessant les sen­timents des fidèles.,_ Pol. Saint-Gilles, 7 juin 1906, Pand. pér., 1906, n° 371; sic Pand. belges., v0 Affeche; n°8 104 et suiv., lÙ.

20 Ceux qui, daM les lieux appartenant au domaine public, de l'Etat, des provinces ou des communes, auront enlevé des gazons, terres, pierres­ou matériaux, sans y être dament autorisés;

30 ...

3256. - L'alinéa 3° est remplacé par l'article 90, 1°, du Code mral.

3257. - La disposition de l'article 560, 20, ne s'applique pas aux chemins publics, les auteurs du Code pénal ayant formellement entendu_ laisser ce point sous l'empire de la législation relative à la voirie. Exposé des motifs; II, n° 16; ÜRAHAY, 26 éd., n° 523; NYPELS-SERVAIS, art 560, 2°, n° 2; cass., 8 ju_in 1874; Pas., 1874, I, 260.

ARTICLE 561.

Seront punis d'une amende de 10 francs à 20 francs et d'un empri­sonr1,e,ment d'un jour à cinq jours, ou d'une de ces peines seulement :

1 ° Ceux qui se seront rendus coupables de bruits ou tapages noc­turnes de nature à troubler la tranquillité des h(,t,bitants;

3258. - L'objet de l'infraction prévue par l'article 561, 1°, est­complexe en ce sens que les termes de ]a définition légale doivent être déterminés à la fois en eux-mêmes et d'après les autres éléments de cette définition.

Il s'agit dans notre article de bruits et tapages nocturnes de natnre à troubler la trànqnillité des habitants.

Le roucoulement des tourterelles a été considéré comme constitutu d'u_n bruit ou d'un tapage nocturne de nature à troubler la tranquil­lité des habitants. - Pol. BruxeJles, 31 janvier 1938, Rechtsk. Weekbl., 15 mai 1938, 1467.

Pareille décision ne peut évidemment être appréciée que sous

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.:,

-410 ARTICL)il 561

réserve des particularités éventùelles du cas d'espèce. - Cf. infra, no 3264.

3259. - Un principe constant, c'est qu'il n'y a pas d'infraction lorsque le bruit ou le tapage est le résultat de l'usage légitime d'un droit, tel l'exercice normal d'une profession comme celle d'un impri­meur. - Cass., 23 mars 1903; Pand. pér., 1903,_ n° 653; cass., 29 juin 1926, Pas.; 1927, I, 29. -- Toute personne pouvant donner un bal dans son domicile, il s'ensuit que les bruits qui peuvent en résulter ne sont point punissables. - NYPELS-SERVAIS, art. 561, 1°, n° 5.

3260. - D'autre part, un bruit injurieux, tel un charivari, ne con­stituerait point la contravention prévue par l'article 561, 1°, du Code pénal, mais bien soit le délit dont il s'agit à l'article 448, soit une infraction à la disposition de l'article 561, 7°, du même Code.

3261. - Ayant ainsi écarté de notre examen les faits qui ne sont certainement pas des contraventions à l'article 561, 1°, du Code pénal, reprenons un à un les éléments de la définition légale.

« Bruits et tapages. >> Dans les limites qui ont été indiquées ci-dessus, ce sont tous bruits et tapages quelconques, suivant la portée nor­male de ces termes, à Ja condition qu'ils soient le résultat d'un fait volontaire et personnel. Le bruit occasionné par l'écroulement d'une maison ne saurait être assimilé à un tapage nocturne (ÜRAHAY; 2° éd., n° 542). De même ne pourrait être poursuivi de ce chef, à raison des aboiements d'un chien, le propriétaire de cet animal (corr. Verviers, 16 décembre 1926, Journ. trib., 1926, 747). Mais le bruit de cet aboie­ment redeviendrait, selon nous, volontaire s'il était provoqué à des­sein par les agissements d1 une personne.

3262. - Le lieu où les bruits et tapages se font importe peu. L'ar­ticle 561, 1°, serait applicable aux bruits produits à l'intérieur d'une maison particulière s'ils ont pu être entendus du.dehors au point de troubler la tranquillité des voisins. - ÜRAH.A.Y, 20 éd., n° 544.

Jugé que le détenteur d'un appareil de T. S. F. qui fait fo:µctionner entre 22 heures et minuit son appareil dans l'intérieur de sa maison, dans des conditions anormales et sans cause admissible, fenêtres ouvertes, sans aucune réserve, à maximum de puissance, se rend cou­pable de bruits ou tapages nocturnes de nature à troubler la tranquil­lité des habitants. - Pol. Paliseul, 14 octobre 1932, Rev. dr. pén., mars 1933, p. 307; Rec. somm., 1933, DROIT PÉNAL (contravention), 6.

3263. - « Bruits et tapages nocturnes. » Suffit-il que le bruit ait été pr.oduit la nuit, c'est-à-dire après le coucher du soleil 1 Rappelons, à cet égard qu'il a été décidé que la définition de la nuit contenue dans l'article 478 du Code pénal ne s'applique qu'aux vols. - Cass., 9 no­vembre 1898, Pas., 1899, I, Il.

ARTIOL)ll 561 411

· Les bruits ou tapages nocturnes sont des bruits produits pendant l'espace de temps qui suit le crépuscule réel du soir jusqu'au crépus­cule réel du matin. Le temps d'obscurité ne saurait commencer avant le coucher du soleil ni finir après le lever du soleil.

Dans ces limites, il appartient au juge du fond dè déterminer sou­verainement, dans chaque cas, l'existence de la condition d'obscurité, sans qu'il lui appartienne cependant d'écarter l'obscurité pour y sub­stituer une notion étrangère. - Cass., 12 juin 1944, Pas., 1944, 1, 385.

3264. - La suite de l'article du Code apporte ici une détermina­tion de fait. Les bruits et tapages sont punissables s'ils ont eu lieu la nuit et si, de plus, ils sont de nature à troubler la tranquillité des. habitants. On aperçoit par là que tel bruit ne sera point un tapage nocturne s'il a été produit dans une artère très animée où il est con­fondu dans les autres bruits de la circulation, tandis qu'il y aura contravention par le même fait, posé à la même heure, dans une artère paisible et endormie. ·

Ce que la loi entend punir comme bruits et tapages nocturnes, ce ,sont des bruits ou tapages dont les habitants ne peuvent, en raison de l'obscurité, apprécier la nature ou l'origine et qui peuvent créer un sentiment d'insécurité. - Casa., 12 juin 1944, Pas., 1944, I, 385.

3265. - Il n'est pas nécessaire que la tranquillité des habitants ait effectivement été troublée; il suffit que les bruits ou tapages aient été assez graves pour la troubler. Les termes de la loi ont été choisis à dessein pour fa.ire ressortir cette interprétation. - Exposé des motifs, II, n° 17; CRAHAY, ·26 éd., n° 548.

3266. - On considère généralement que des ma:q.ifestations musi­cales, telles les sérénades, ne tombent point sous l'application de l'ar­ticle 561, 1°, du Code pénal. - ÜRAHAY, 26 éd;, n° 543; NYPELS­SERVAIS, art. 561, 10, no 4.

20 [Ceux qui auront vendu, débité ou exposé- en vente des comestibles> boissons, denrées ou substances alimentaires quelconques gdtés, corrom­pus ou décl,arés nuisibles par un règlement de l'administration générale, provinciale ou communale. - Loi du 4 août 1890, art. 5.]

3° [Ceux qui, sans l'intention frauduleuse exigée rpar l'article 500, auront vendu, débité ou exposé en vente des comestibles, boissons, den­rées ou substances alimentaires quèlconques falsifiés ou contrefaits.

Les comestibles, boissons, denrées ou substances alimentaires gâtés, corrompus, nuisibles, falsifiés ou contrefaits qui. seront trouvés en la. possession du coupable seront saisis et confisqués.

S'ils peuvent servir à un usage alimentaire, ils seront mis à la dispo-. sition de la commune où le fait aura été commis, avec charge de les remettre aux hospices ou au bureau de bienfaisance, selon les besoins-

412 ARTICLE 561

de ces établissements; dans le cas contraire, les objets saisis seront mis hors d'usage. - Loi du 4 août 1890, art. 5.]

3267. - Les infractions prévues par ces deux dispositions consis­tent à exposer e'n vente, à vendre, débiter :

1° Des substances alimentaires quelconques gâtées, corrompues ou déclarées nuisibles par un règlement ;

2° Des substances alimentaires quelconques falsifiées ou contre­faites, mais, en ce cas, sans l'intention frauduleuse exigée par l'ar­ticle 500. L'article 561, 3°, du Code pénal a été rendu applicable à la falsification des médicaments ou des substances médicamenteuses par l'article 4 de la loi du 4 août 1890.

3268. - Exposer en vente, c'est tenir une marchandise à la dispo­sition des acheteurs dans un lieu accessible au public. - CRAHAY, 2° éd., n° 557.

Le juge du fond peut, sans violer la loi, décider que la viande est exposée en vente lorsqu'elle se trouvait dans une glacière dépendant du magasin où le prévenu place la viande qu'il débite et où il va la chercher au fur et à mesure des demandes des clients. L'absence du prévenu, au moment de la constatation de la contravention, n'em­pêche pas qu'il y a eu infraction. - Cass., 16 juin 1930, Pas., 1930, I, 250.

3269. - Il s'agit ici de substances propres à l'alimentation humaine. - NYPELS-SERVAIS, art. 561,. 20, n° 2.

Jugé que doit être cassé le jugement qui s'abstient de statuer sur le moyen de droit soulevé en conclusions par le prévenu et tiré non seulement de ce que la viande saisie n'aurait pas été exposée en vente,­mais, en outre, de ce que la viande était en partie destinée à la nour­riture des animaux et de ce que le fait échappait dès lors à l'appli­cation de l'article 561, 3°, du Code pénal. - Cass., 8 avril 1935, Rev. dr. pén., 1935, 687; Rec. somm., 1936, JuG:E:MllNTS ET ARRÊTS, v0 Moti­vation (matière répressive), 35.

3270. - Pour que l'exposition en vente, etc., de produits nuisi­bles, soit punissable, il faut qu'ils aient été déclarés tels par un règle­ment. - NYPELS-SERVAIS; art. 561, 20, no 5.

Dès qu'un règlement pris par l'autorité compétente a déclaré nui­&ibles des comestibles, boissons, denrées ou substances alimentaires, il résulte du texte même de l'article 561; 2°, du Code pénal, qu'il n'appartient pas au juge du fond de vérifier si les substances ainsi

. déclarées nuisibles le sont réellement, ni de charger un expert de cette vérification et de refuser, en se basant sur le résultat de son examen, de prononcer à charge des prévenus reconnus coupables la confiscation

ARTICLE 561 413

ordonnée en termes impératifs par la loi. - Cass., 9 juillet 1928, Pas., 1928, I, 223.

3271.. - L'article 561; 3°, du Code pénal s'applique aux produits alimentaires contrefaits, c'est-à-dire même à ceux qui n'ont subi aucune altération mais qui sont l'imitation d'un autre produit. - Exposé des motifs de la loi du 4 août 1890, Pasinomie, 1890, p. 269.

3272. - On dit et il a été jugé que les infractions dont il s'agit actuellement sont punissables même si l'auteur ignorait que les den­rées fussent corrompues, falsifiées, contrefaites. - CRAHAY, 20 éd., n° 552; NYP'.ELS-SERVAIS, art. 561, 2°, n° 1 ; art. 561, 3°, n° 1 ; cass., 21 décembre 1925, Pas., 1926, I, 134.

L'exposé des motifs (II, n° 20) confirme cette doctrine. Comment peut-on concilier cette opinion avec celle que le même

document parlementaire développait en parlant des contraventions en général (II, n° 3 ; supa, n° 3173)? Nous pensons qu'il y a; en effet, contradiction entre ces deux passages et que c'est le dernier qu'il y a lieu de suivre. Sans doute, aucun dol n'est généralement requis pour les contraventions. Mais le fait doit néanmoins être imputable à son auteur (voy. supa, n°8 668 et 669 et les arrêts de cassation cités en ces alinéas). Nous estimons donc qu'à moins que l'ignorance ne soit le résultat d'une faute, elle serait élisive de la responsabilité pénale. Dès qu'il existe une faute établie à charge du prévenu, il y a culpabilité, puisqu'en matière de contraventions la faute est assi­milée au dol.

Jugé que ne tombe pas sous l'application de l'article 561, 3°, du Code pénal, la fille de boutique qui vend, pour le compte de ses patrons, des substances alimentaires falsifiées, quand elle n'a pas le pouvoir de. s'assurer de la qualité véritable dé la marchandise. - Cass., 20 jan­vier 1902, Pas., 1902, I, 122.

3273. - Rappelons que la confiscation établie par mesure de police pour retirer de la circulation des objets nuisibles, doit être prononcée même en cas d'acquittement. - Supa, n°8 278 et suivants.

3274. - Les commissions des hospices et les bureaux de bien­faisance ont été fusionnés dans les commissions d'assistance sociàle en vertu de la loi du 10 mars 1925.

· 4° Ceux qui auront de faux poids, de fausses mesures ou de faux instruments de pesage dans leurs magasins, boutiques ou ateliers, ou dans les halles, foires ou marchés.

Les poids, les mesures et les instruments faux seront confisqués.

3275. - La simple détention de faux poids, de fausses mesures dans les magasins, boutiques ou ateliers, etc., constitue la contra­vention.

414 AB'I'IOLE 561

3276. ~ Les faux poids, fausses mesures, etc., sont ceux qui ont été altérés par un moyen quelconque. Ils se distinguent . des poids prohibés, c~est-à-dire des poids et mesures qui ne sont pas du type établi par la loi du 1er octobre 1855.

3277. - L'usage de faux poids et mesures serait éventuellement un délit de tromperie sur la quantité des choses ;vendues. - Code pénal, art. 499 ; supra, n°s 2937 et suivants.

3278. - On a soutenu que la détention de faux poids et mesures était une infraction de pur fait punissable même en cas d'absolue bonne foi. - CRAHAY, 26 éd., n° 567; NYPELS-SERVAIS, art. 561, 4,0, n° 2.

Nous pensons que la contravention n'existe que si lè fait est impu­table au prévenu (supra, n° 3272). En fait, la détention de faux poids constituera très fréquemment une faute.

3279. - Sur la confiscation, cf. n° 3273 ci-dessus. 50 .••

60 ..•

3280. - La loi du 22 mars 1929 (art. 9),reproduiteci-après, a abrogé les dispositions des articles 561, 5° et 6°; du Code pénal.

Voy. aussi supra, n°s 3129 et suivants, le commentaire des artiçles 538 à 542 du Code pénal relatifs à la destruction des animaux.

Loi du 22 mars 1929 relative à la protection des animaux.

ART. 1er. - Sont punis d'un emprisonnement de huit jours à un mois et d'une amende de 26 à 1.000 francs ou d'une de ces peines seu­lement :

1° Celui qui se rend coupable d'actes de cruauté ou de mauvais trai­tements excessifs envers un animal;

2° Celui qui détient un oiseau chanteur aveugU.

AR'I'. 2. - Est punï d'un emprisonnement de un à cinq jours et d'une amende de 10 à 20 francs, ou d'une de ces peines seulement, celui qui, abusivement, impose à un animal un travail douloureux ou dépas­sant manifestement ses forces. En cas de récidive dans l'année, les peines sont celles de l'article précédent. ·

ART. 3. - L'animal peut être mis en fourrière. La confiscation peut en être ordonr,,ée, s'il appartient au condamné et si une peine correction­nelle est prononcée.

S'il s'agit d'un oiseau aveuglé, il est immé<liatement détruit par l'agent qui constate l'infraction. En cas d'opposition du détenteur, l'agent en

. ARTIOL:E 561 415

réfère immé.diatement et sa™ /orm,al,ité au juge de paix, qui sf,a;f/ue sans reC<YU'l's et sa™ frais par une ordonrwlnce au bas du procès-verbtd.

ART. 4. - Sont punis d'un emprisonnement de huit jours à six mois et d'une amende de 26 à 5.000 francs ceux qui organisent des com­bats d'animaux. Le délit existe dès qu'il y a commencement d'exécution.

La confiscation des animaux, des enjeux, du produit des entrées et des ob.jets ou installations servant au combat est toujours prononèé.e.

ART. 5. - Le gouvernement règle les modes de transport et d'aba­tage du bétaiï et des bêtes de trait ou de monture. Les dispositions à prendre ne seront pas applicables à l'abatage rituel. '

Sans préjudice de l'application du 1° de l'article Jer, les contraventions aux dispositions de cet arrêté sont punies d'un emprisonnement de un à cinq jours et d'une amende de 1 à 25 francs, ou d'une de ces peines seu­lement.

ART. 6. - Les animaux confisqués sont immé.diatement détruits s'il s'agit d'animaux nuisibles qui ne peuvent servir à aucun usage ali­mentaire ou d' an.i-maux sans 't>aleur.

ART. 7. - Les expériences de vivisection poursuivies dans un but de recherche ou de démonstration de faits acquis ne pourront avoir lieu que dans des laboratoires universitaires ou· y assimilés, sous le contrôle du directeur responsable, et, sauf en cas de nécessité, sur des animaux anesthésiés. ·

La désignation de ces laboratoires assimilés se fera par arrêté royal.

ART. 8. - Les dispositions du livre Jer du Gode péna,l, sans excep­tion, sont applicables aux délits prévus par la présenie loi.

ART. 9. - Sont abrogées les dispositions des n°8 5° et 6° de l'article 561 du Gode pénal.

7° Ceux qui auront dirigé, contre des corps constitués ou des parti­culiers, des injures autres que celles prévues au chapitre V, titre VIII, livre II, du présent Gode.

3281. - L'injure, dans un sens large, c'est toute atteinte portée à l'honneur d'une personne .

.J 3282. ~ L'article 561, 7°, du Code pénal réprime les inju_res qui ne tombent pas sous l'application des articles 443 et suivants du même Code.

Pour apprécier le-caractère injurieux d'un écrit, envoyé sous pli fermé, il y a lieu, en raison de son caractère confidentiel, d'examiner les faits en fonetion du comportement oratoire habituel du .destina­taire. Celui-ci ne saurait notamment se trouver lésé par des expressions

416 ARTICL)!l 561

tirées de son propre vocabulaire ni par des critiques de ses actes, de ses idées ou de ses mobiles en tant qu'homme public ou comme jour­naliste.

Un journaliste ne saurait se plaindre à bon droit de ce que, dans une lettre fermée, une prévenue se serve contre son ancien maître des expressions apprises à son servièe. - Pol. Wavre, 5 mars 1940, Journ. trib., 17 mars 1940, 168.

Jugé qu'il appartient. au juge du fond d'apprécier si certaines expressions peuvent, suivant les circonstances, être ou non considé­rées comme injurieuses.

Les cris répétés de « a bas la calotte ! » proférés en même temps que« a bas» tel particulier bien désigné, sous les fenêtres de son habi­tation, ne peuvent pas être simplement considérés comme une mani­festation d'opinion politique, mais son nettement des expressions offensantes pour la personne visée. Ils prouvent l'intention formelle: ment arrêtée d'injurier, sans qu'il soit besoin de rechercher si d'autres propos blessants ont été lancés. Pareilles clameurs proférées à diverses reprises pendant la nuit sont de nature à troubler le repos des habi­tants et constituent dès lors des bruits et des tapages nocturnes. -Pol. Saint-Hubert, 10 février 1933, Journ. J. de P., 1933, 303; Rec. somm.; 1934; DROIT PÉNAL (contraventions); 21.

En ce qui concerne l'appréciation du tapage nocturne, la décision ci-dessus tranche une pure contestation de fait. Mais; selon nous, il sera généralement impossible de considérer comme une injure un cri exprimant une opinion politique ou philosophique.

G.Le juge de fond apprécie souverainement le caractère méchant de injure. - Cass.; 15 juin 1937, Rev. dr. 'f)én.; 1937; 869; Rec. somm.~ 939, DROIT PÉNAL, v0 Infractions : famille, personne, 83.

3283. - Aux termes de l'article 561, 7°; du Code pénal, les injures: ne sont punissables que si elles sont « dirigées'» contre les personnes. qu'elles visent. Il suit de ces termes que l'infrtiction ne reçoit un com-. mencement d'exécution que lorsque l'auteur d'un écrit injurieux se dessaisit de celui-ci. - Cass., 21 décembre 1908, Pand. 'f)ér., 1909,. n° 1151.

Jugé que l'infraction d'injure par téléphone est consommée à l'en­droit où la communication injurieuse est reçue. - Cass., 16 janvier 1933, Pand. 'f)ér., 1933, 10:,&,; Pas., 1933, I, 73.

3284. - Les termes « corps constitués » ont été· définis supra,. no 1736.

3285. - Les injures dirigées contre une association jouissant de la personnalité civile tombent sous l'application de la loi pénale (cass., 18 décembre 1899, Pas., 1900; I, 63). Ce seront, en réalité, des injures dirigées contre les membres de ces associations. Quant aux injures.

.ARTICLES 562 )ilT 563 417

dirigées contre des collectivités de fait, elles atteindront aussi, en géné­ral, les membres qui composent ces grou~ments.

ARTICLE 562.

En cas de récidive, l,a, peine d'emprisonnement pendant-cinq_ jours au plus pourra être prononcée, indépendamment de l'amende, pour l,es con­traventions prévues par les articks 559 et 560.

En ce qui concerne ks contraventions prévues par l'article précédent, le juge pourra, eiÎ cas de récidive, prononcer, outre l'amende, un empri-sonnement de neuf jours au plus. ·

3286. - Nous avons donné ci-dessus, n° 3202, le commentaire de l'article 565 du Code pénal déterminant les conditions générales de la récidive en matière des contraventions de police prévues par ce Code.

CHAPITRE IV. - DES CONTRAVENTIONS DE QUATRIÈME CLASSE.

ARTICLE 563.

Seront punis d'une amende de 15 francs à 25 francs et d'ùn empri­sonnement d'un jour à sept jours, ou d'une de ces peines seulement :

1 ° Les gens qui font métier de deviner et de pronostiquer ou d' expli­quer ks songes. Seront saisis et confisqués ks instruments, ustensiles et costumes servant ou destinés à l'exercice du métier de devin, pro'nos­tiqueur ou interprète des songes;

3287. - La disposition de l'article 563, 1°, ne punit que ceux qui font métier de deviner, pronostiquer, etc. Ceci suppose l'habitude et une rémunération. - NYPELS-SERVAIS, art. 563, 1°, n° 2; ÜRAHAY, 2e éd., n° 647.

Le fait pour une femme, en J'espace de quatorze semaines, d'avoir tiré les cartes à quatre personnes, sans réclamer aucun payement, mais en ayant accepté une somme de quatorze francs donnés par les quatre personnes et non exigés par èlle, peut être qualifié souverai­nement par le juge du fond de faire métier de deviner les songes, les deux éléments de l'infraction : 1 ° des faits répétés ; 2° un but de lucre, se trouvant réunis. - Cass., 27 avril 1931, Pand. pér., 1931, 154.

Chaque fois·que le devin croit à la réalité des pouvoirs qu'il s'at­tribue, ou lorsque, n'y croyant pas, il donne son procédé pour ce qu'il vaut, sans l'affirmer tout-puissant, il y a lieu à application de l'arti­cle 563. - Liège, 30 juin 1938, Pas., 1939, II, 60.

3288. - Si les faits dont l'agent s'était rendu coupable étaient 14-II

f

418 A.BTIOLl!l 563

constitutifs d'une véritable escroquerie, ce serait l'article 496 qui réglerait la pénalité applicable. - Code pénal, art. 65.

20 Ceux qui auront voùmtairement dégradé des clôtures urbaines ou rurales; de quelques matériaux qu'elles soient faites;

3289. - Cette disposition est analogue · à .celle de l'article 545 du Code pénal. La principale différence consiste en ce qu'il s'agit ici de la dégradation et non de la destruction totale ou partielle d'une clô­ture.

3290. - L'article 563, 2°, du Code pénal, en punissant la dégra­dation volontaire des clôtures, a manifestement prévu un fait autre et plus grave que le seul fait de déclore un champ pour y trouver passage alors que le chemin public n'était pas impraticable (Code rural, art. 88, 8°). L'infraction dont il s'agit à l'article 563; 2°, du Code pénal exige la réunion de deux éléments :

1 ° La volonté de dégrader la . clôture ; 20 Le dommage matériel causé à celle-ci. - Cass., 7 mars 1927,

Pas., 1927, I, 171. Jugé que l'infraction consistant dans la dégradation d'une clôture

existe dès qu'il y a dégr~dation volontaire, indépendamment du but visé par l'agent, celui-ci eût-il même voulu s'assurer l'exercice d'un droit qu'il prétend avoir. - Cass., 30 janvier 1928, Pas., 1928, I, 70, N. R., 9°.

3° Les auteurs de voies de fait ou violences légères, pourvu qu'ils n'aient blessé ni frappé personne, et que les voies de fait n'entrent pas dans la classe des injures; particulièrement ceux qui auront volontai­rement, mais sans intention de l'injurier, lancé sur une personne un objet quelconque de nature à l'incommoder ou à la souiller;

3291. - Le Code définit les violences légères en excluant, d'une part, les blessures et les coups et, d'autre part, les injures.

Dès qu'une personne a été frappée, fût-ce d'un coup léger, ce sont ~ les articles 398 et suivants du Code pénal qui s'appliquent. -NYPELS­

S:ERVAIS, art. 563, 3°, no 2. Comme le texte même l'indique, les faits volontaires sont seuls pas­

sibles de la peine édictée. Lorsque des violences légères ont pour conséquence, au :point de

vue moral, de laisser la victime ébranlée, sans force et d'une nervo­sité plus grande qu'antérieurement, il ne s'ensuit pas nécessairement que les violences légères aient causé une incapacité de travail. - Cass., 23 avril 1928, Pas., 1928, I, 142.

4° Celui qui aura volontairement et sans nécessité tué ou gravement blessé, soit un animal domestique autre que ceux mentionnés à l'arti­cle 538, soit un animal apprivoisé, dans un lieu autre que celui dorJ,t

ARTICLES 564 lilT 565 419

le maître de l'animal ou le coupable est propriétaire, locataire; fermier, U8u/ruitier ou usager;

3292. - La terminologie de cétte disposition a été étudiée anté­rieurement, au commentaire des articles 538 et suivants du Code pénal.

3293. - Si l'animal a été tué ou gravement blessé chez son maître, le fait dont il s'agit constitue le délit prévu à l'article 541.

Au cas où l'animal est tué ou gravement blessé caez l'auteur de l'infraction, c'est l'article 557i 5°, qui est applicable.

L'article 563, 4°, vise le cas où l'infraction a été com.niise en tout autre lieu.

3294. - Jugé que l'article 563, 4°, du Code pénal n'est pas appli­cable à un garde-chasse qui a tué un chat dans la chasse dont il a la garde, quoiqu'il ne soit qu'un préposé et non pas personnellement propriétaire, locataire ou usager du lieu où l'animal a été tué. Le chat devient un animal sauvage ou tout au moins nuisible s'il se trouve dans une chasse boisée, peuplée de lapereaux, distante de I.200 à l.500 mètres de l'habitation de son maître. -J. de P. de Pâturages, 6 mai 1927, Pas., 1927, I, 122.

3295. - Un des éléments constitutifs de l'infraction dont il s'agit en l'article 563, 4°, dù Code pénal, c'est que l'auteur ait agi sans nécessité. Ce n'est_ pas au prévenu à établir qu'il s'est trouvé dans · la nécessité d'agir comme il l'a fait. Il faut, au contraire, que la partie poursuivante prouve qu'il a agi sans nécessité. - Cass., 25 février 1907, Pand. pér., 1907; n° 250.

50, ..

3296. -,La disposition de l'article 563, 5°, du Code -pénal est abrogée par l'article 31 de la loi du 13 octobre 1930 coordonnant les différentes dispositions législatives concernant la télégraphie et la téléphonie sans fil.

ARTICLE 564.

Dans le cas de récidive, le tribunal est autorisé à prononcer, indépen­damment de l'amende, un emprisonnement pendant douze jours au plU8.

Dispositions communes aux quatre chapitres précédents.

ARTICLE 565.

(Récidive.)

[ Il y a récidive, dans les cas prév'US par les quatre chapitres qui pré­cèdent, lorsque k contrevenant a déjà été condamné, dans les douze mois précé,d,en;ts, pour la même contravention. - Arr. roy. n° 59 du 10 jan­vier 1935, art. 3.]

\

1•'

420 ARTICLES 566 ET 567

(Les mots et par le même tribunal ont été supprimés par l'art. 3 de l'arrêté royal n° 59 du 10 janvier 1935.) · Voir supra, n° 3202.

ARTICLE 566.

(Circonstances atténuantes.)

Lorsque, dam les cas prévus par les quatre chapitres qui précèdent, il existe des circonstances atténuantes; l'amende pourra être r61uite au-dessous de 5 francs, sans qu'elle puisse, en aucun cas, être inférieure â un franc.

Disposition transitoire.

ARTICLE 567.

Un arrêté royal déterminera l'époque de la mise à exécution du pré­sent Gode.

3297. - Aux termes de l'arrêté royal du 8 juin 1867, le Code pénal a été mis à exécution à partir du 15 octobre 1867.

INDEX ALPHABETIQUE

Le.;; chiffres renvoient aux numéros de l'ouvrage.

Tome I••, n°• 1 à 1954. - Tome Il, n°• 1955 à 3297,

A

Abandon d'enfants, 2042 et s. - de famille, 2326. - de famille (relations avec la mère),

2330. - d'objets sur la voie publique, 3194. Abatage d'arbres, 3121 et s. Abeilles, 3232. Aboiement (bruits et tapages noc­

turnes), 3261. Abrogation d'une loi d'abrogation, 42. - (lois abrogées par le Code pénal

de 1867), 105 et s. Abus d'autorité ou de pouvoir, 1636

et s. - - (participation criminelle),

611. - de blanc-seing, 1240, 1272, 1315,

2825. - de confiance (détournement),·2853

et s. - de confiance (preuve du contrat

civil), 2876 et s. - de l'usage, 2866. - des besoins, faiblesses, passions,

ignorance des mineurs, 2882 et s. - des besoins, faiblesses, passions,

ignorance des emprunteurs (usure habituelle), 2884 et s.

Acceptation, propositions, offres (sû­reté extérieure de l'Etat), 1008, 1025, 1034.

Accessoires d'immeubles saisis ( détour­nement), 2987.

Accidents, tumultes, naufrages, etc., 3215 et s.

Accidents de chemin de fer, 2459 et s., 2540 et S.

Accidents (coups et blessures, homi­cide involontaires), 2513 et s.

- Refus de secours requis, 3237 et s.

Accoucheurs (avortement), 2025bis, 2029.

Achat anormal (recel), 2259. Achat de reconnaissance du Mont­

de-piété, 1852. Acquisition de coins, carrés, matri-

ces, etc., 1197, 1201, 1216. -'- de fausses monnaies, Il 77. - de faux billets, 1190. - de secrets, 991 et s. Actes arbitraires et attentatoires aux

droits constitutionnels, 1111 et s. - commandés par la nécessité, 690,

700 et s. ; légitime défense, 2496 et s.

- de cruauté envers l~ animaux, 3280 et s.

- (Destruction, suppression d'), 3102 et s.

- - fonctionnaires publics, 1576 et s.

- de l'état civil inscrits sur feuille volante, 1667 et s.

- de mariage reçus en contravention de la loi, 1667 et s.

- de sociétés (faux), 1326 et s. - illégaux (Résistance aux -, rébel-

lion), 1694. - (Négligencedudépositaired'), 1578,

1585. - obscènes, 2227 et s. - préparatoires (a.ttentats), 959,

1049. Action civile (internement), 834. - hostile, 991 et s. Actions (Falsification, contrefaçon d'),

11182 et s., 1349. Activité antipatriotique, 1083. Adjudications (entraves à la liberté

des enchères), 1900 et s. - (Intérêts pris dans les), 1596

et S.

j

-~~ .,,,1,:/t"~::~::: !~~~.:~ ,;; -- -

422 INDEX ALPHABÉTIQUE

Administrateur provISoU'e (interne­ment), 833.

Administrateurs de maisons de jeux, 1840.

- de société (banqueroute), 2842. (Faux commis par), 1326

et s., 1329. (responsabilité pénale), 549. (reponsabilité pénale, colla­

boration économique avec l'ennemi), 1038.

Administration des biens de l'interdit légal, 209 et s.

- de substances nuisibles, 2445 et S.

~ de substances toxiques, 2397 et s., 2537 et S.

Adultère, 2243 et s. - (Homicide en cas de flagrant

délit d'), 2489. Affection grave (défense sociale),

733. Affichage des jugements et arrêts, 14&,

186 et S.

Affiches (Enlèvement, lacération d'), ~ 3243 et S.

Afficheur, écrits sans indication d'au­teur ou d'imprimeur, 1810.

- loteries non autorisées, 1823, 1825.

Agent communal (outrages et vio­lences), 1729.

- de change, 1324 et s. (contre-partie, escroquerie),

2913, 7°, 8°. « gratte », escroquerie ), 2913, 7°.

- de la force publique, outrages, 1707 et s.

- de la force publique, rébellion, 1683 et s.

- de la S.N.C.F.B. nors du terri­toire ( caractère public, défaut de), 1735.

- de l'autorité (calomnie), 2640. Agents coloniaux, 1630. - de maisons de jeux, 1840. - de police (dépositaire de la force

publique), 1725. - des puissances étrangères, 1612,

1630. - des tramways concédés ( caractère

public), 1728. - diplomatiques (outrages), 982, 983. - fiscaux (secret professionnel), 2712.

Aggravation des peines (fonction-naires), 1670 et s.

amendes, décimes 'addition­nels, 257. (temps de guerre), 2722.

Aide (coauteurs), 587 et s. - (complices), 643 et s. - à l'ennemi, 991 et s. - d(UlS l'exécution de l'attentat à la

pudeur et du viol, 2172 et s. - aux malfaiteurs, 648 et s., 1076,

1965. Aliénés (asile, déchéance), 153. - (divagation des fous et des furieux),

3208, 3~38. Aliments (mélanges de matières noci­

ves), 2702 et s. - (Privation d'), 2438, 2441. Alliance, alliés, abus de confiance,

2857, 3208. dépositions en justice, 1456. destruction de titres, pièces,

3104. détournement frauduleux,

2857. escroquerie, 2896. évasion de détenus, 1982. extorsion, 2763. recel, 2763. recel de cadavre, 2005. recel de criminels, 2003. tromperie, 2941. vol, 2756 et s.

Alliés de la Belgique, 996. Allocations familiales frauduleusement

obtenues, 2913, 13°. - indûment perçues, 2918, 3002. Altération de marchandises, 3112 et s. - de matières premières, 3112 et ·s. - de monnaies, 1163 et s.; maquil-

lage de monnaies, 2920 et s. - de- tailles, contre-tailles, 1241. - de la vérité (faux en écritures),

1235 et s. Ambassade, ambassadeurs, voir Agenf8

diplomatiques. Amende (Caractère personnel de l'),

200. - (Concours de l'-, frais de justice,

restitution et dommages-inté­rêts), 358.

- prévue par l'article 50 du Code civ., 3; emprisonnement subsi­diaire, 265 ; solidarité exception­nelle, 263.

INDEX .ALPHABÉTIQUE ' 423

Amendes fiscales, 139 et s. - - (sursis non applicable), 893. - pénales, 137, 255 et s.; décimes

additionnels, 258. - (Perception des), 259. - (Recouvrement des), 272. Amnistie, 910. Analogie (application analogique de la

loi pénale), 52 èt s. Animal apprivoisé blessé, 3292 et s. - domestique blessé, 3292 et s. Animaux (Actes de cruauté envers

les), 3280 et s. - apprivoisés, 3227 et s. - circulation, 3220. - combats de coqs, 3280 et s. - (Destruction d'), 3129 et s. - divagation, 3208. ~ domestiques, 3141; tués ou grave-

ment blessés, 3225 et s. - empoisonnement, 1951 et s., 3129. - épizooties, 1951 et s. - mort ou blessure, 3129 et s., 3225

et s., 3238 et s., 3287 et s. - (Protection des), 3280 et s. - (terrain d'autrui), 3218 et s. - transportés (recel), 2959. Animua injuriandi (outrages), 1708. Annexe psychiatrique ( défense sociale),

743, 836. Annonces, avis, loteries non autori-

sées, 1823. Anormaux (défense sociale), 731 et s. - (Dommages par), 835. - (responsabilité civile), 324, 835,

2515. Anticipation ou prolongation, 1662

et s. Appareils télégraphiques et télépho­

niques, correspondance empê­chée, 3095 ; dégradations et des­truction involontaire, 3296 et s.

Appel, délits contraventionnalisés, 9 et S.

- (internement), 821 et s. - (mise en observation), 779 et s. Application analogique des lois péna­

les, 52 et s. - du livre Jer du Code pénal (lois et

règlements particuliers), 950 et s. Appréciation souveraine (mise en ob­

servation), 753. Apprenti (vol domestique), 2770. Appropriation illégale d'un trésor,

2991 et s.

Arbitres (Corruption d'), 1622 et s. Arbres coupés et enlevés (vol), 2718. - destruction, 3123 et s. -Arbustes, destruction, 3123 et s. Archives (Destruction, soUstraction

d'), 1586, 1587, 3102 et s. Armée, délits des fournisseurs, 1776

et s. - étrangère non ennemie ( exterrito­

rialité), 100. - licenciée (tenue rassemblée), 1066

et S.

Armes, 1071, 1918 et s. - (Abandon d'), 3194 et s. - qe chasse, 1944 et s. - de collections, 1940. , - de défense, 1928 et s. - de guerre, 1935 et s. - de panoplies, 1940. - de sport, 1944 et s. - (Dommages causés par l'emploi d),

3238 et S.

- (Immatriculation des), 1931. - importation, 1918 et s. - montrées ou employées (vol), 2801. - portées contre la Belgique, 991 et s. - prohibées, 1921 et s. - (rébellion), 1698, 1699. - (tirs interdits), 3199 et s. - (Vagabonds et mendiants porteurs

d'), 2013, 2014. Arrestation illégale et arbitraire, 1113

et s., 2569 et s. - immédiate, cumul de peines attei­

~ant au total six mois de pri­son, 508.

Arrestation (interruption de la -pre­scription), 942.

Arrêté royal ( exécution empêchée), abus d'autorité, 1636 et s.; coalition des fonctionnaires, 1525 et S.

Art (Obje~s d' -, destruction), 3101. - de guérir (exercice illégal), 490. Artifices coupables (participation cri-

minelle), 612 et s. - (Pièces d'), 3199. Ascendant adoptif, 2330. - (corruption de la jeunesse), 2202,

2203. - de la victime (attentat à la pudeur

et viol), 2141, 2165, 2176. - légitime (coups et blessures), 2441.

( excuse de la provocation non applicable), 2468, 2495.

/

424 INDEX ALPHABÉTIQUE

Ascendant légitime (parricide), 2376. Asile fourni aux malfaiteurs, 648 et s.,

1965, 1998 et S.

- fourni aux bandes armées, 1076. Assassinat, 2369 et s. Assistance d'un conseil non obliga­

toire (mise en observation), 764. , Association (Atteinte à la liberté d')

1862 et s. - de malfaiteurs, 1955 et s. Associations non personnalisées, ca-

lomnie, diffamation, 2609 ; injures, 3285.

- personnalisées (injures), 3285. , Associés (responsabilité civile, sûreté

. extérieure de l'Etat), 1018. Attaques (rébellion), 1683 et s. - en chaire (ministre d'un culte),

1680 et S.

Atteinte à la liberté d'association, 1862 et s.

- à l'honneur ou à la considération des personnes, 2610 et s.

- (par un fonctionnaire) aux liber­tés constitutionnelles, 1111 et s.

Attentat à la liberté individuelle, llll et s.

- à la pudeur, 2137 et s. - à l'inviolabilité du domicile, 1119

et s., 2584 et s. - aux libertés constitutionnelles,

1111 et s., 2569 et s. - aux mœurs, 2132 et s; - contre la forme du gouvernement,

973 et S.

- contre le Roi, la Reine, l'héritier présomptif, le Régent, etc., 959 et S.

- contre les ministres, 966, 970. - contre les souverains étrangers,

979. - (Menace d'), 1967 et s. Attroupements (violences dans les

halles, etc.), 1894 et s. Auberge, aubergiste (registre d'hôtel),

1409, 3204 et s., voy. Grivèl,erie. Auditeur militaire (Décision de l'),

. 2635. Auteurs, coauteurs des infractions,

586 et s. Autobus (service public régulier), par­

ticipation, 556. Autorité compétente (Décision de l'),

2637.

Autorité étrangère, 1213. - publique (Exercice illégal de l'),

1662 et s. - · - (mesures illégales concertées),

1525 et s. Avantages particuliers (faillite), 2850. Aveu, 69 et s. Avocat assumé, 1623. - à la cour de cassation, 192. - - (outrages), 1722. - (immunité pénale), 2690 et s. - (secret professionnel), 27ll. Avortement, 2017 et s. Avoué, 192, 1724. - assumé, 1623.

(outrages), 1722 .

B

Baisse des prix (spéculations illicites), 1880.

Bal (bruits et tapages nocturnes), 3259.

Ban (Rupture de), 1994 et s. ; récidive, 447, 448.

Banc d'épreuve des armes à feu, 1950. Bandes armées, séditieuses, 1069 et s. - (Destructions commises en), 3096. Banqueroute, 2840. Banquier (maison de jeux), 1840 et s. Barbouillage (plaques indicatrices),

3101. Barres, barreaux (abandon dans les

rues, etc.), 3194 et s. Bateau (Destruction des liens retenant

un), 3118 et s. - destruction par explosion, 307 8 et s. - incendie, 3037 et s. - vol avec effraction, 2795. Bâtiment, destruction, 3084 et s. ;

en construction, 3088. Bénédiction nuptiale avant le mariage

civil, 1676. Besoin (Abandon d'enfant dans le),

2043 et S.

Bestiaux (terrain d'autrui), 3218 et s. - tués, blessés, 3129 et s., 3238 et s. Bête de charge, 3207. - de monture, 3207. - de trait, 3207. Beurre (margarine vendue pour du

beurre), 2947. Biens communs (destruction mé­

chante), 3237. Bigamie, 2315.

INDEX ALPHABÉTIQU:E 425

Bilan (Faux), 1330. Billard (Jeu de), 1836. Billet à ordre (Faux), 1266. Billets de banque (contrefaçon, etc.),

1182 et s. - (destruction), 3102 et s. - (imprimés ayant l'apparence de

valeurs fiduciaires), 1196. - (Refus de), 3213. - (Simili), 1193. Blanc-seing (Abus de), 1240, 1272. - (faux en écritures), 1315; extor-

sion, 2825. Blessures, animaux, 3129 et s., 3225

et s., 3238 et s., 3280 et s., 3292 et s.

- coups et blessures excusés, 2462 et s. - coups et blessures involontaires,

2513 et s. - coups et blessures justifiés, 2496

et S.

- coups et blessures volontaires, 2411 et s.

Bois, forêts, taillis (incendie), 3050 et S.

Boissons corrompues, nuisibles ou fal-sifiées, 3267 et s.

- (mélanges nocifs), 2702' et s. Bons postaux (faux intellectuel), 1232. Bornes (déplacement, suppression),

3160 et S.

Bourgmestres (Outrages aux), 1721. Brigandages (asile aux malfaiteurs),

· 648 et s., 1076, 1965, 1998 et s. - (association de malfaiteurs), 1955

et S.

- (refus de prêter main-forte à l'au-torité), 3215 et s.

Bris de clôture, 3151 et s., 3289 et s. - de prison, 1990. - de scellés, 1750 et s. - - négligence du gardien, 1751. - - vol avec bris de scellés, 2836. Brouillon (faux), 1320. Bruits et tapages nocturnes, 3258 et s. Bulletins de renseignements (force pro-

bante limitée), 889. Bureau de garantie (Marques appo­

sées par le), 1197 et !il.

C

Cabaretier (expulsion d'un perturba­teur), 2416.

Câbles coupés, 3118.

Cadavre d'une personne homicidée (recèlement), 2004 et s.

- des suppliciés, 173 et s. Calamités (refus de secours réquisi-

tionnés), 3215 et s. Cales (Enlèvement des), 3118. Calomnie, diffamation, 2597 et s. - - personnes morales, 2608. Canaux (territoire national), 72. Capitalisation (Sociétés de), 1817. Capture méchante de pigeons mili-

taires, 3230. Caractère personnel de l'amende, 260. - public (Personnes ayant un), 1726

et s. agents des tramways concé­

dés, 1726. suisse d'église, 1726.

Carambolage, 2913, 6°. Cartes de visite fausses, 1241. Cartes d'identité (falsification, etc.),

1367. Casier judiciaire (Extraits du), force

probante limitée, 889. Casier judiciaire (internement), 798. Cassation (Pourvoi en, internement),

828. - (Pourvoi en, mise en observa­

tion), 785. Causes d'excuse, 717 et s. Causes de justification, 681 et s.

contraventions, 668, 1661, 3173.

fonctionnaires, 1139, 1656. légitime défense, 2496.

Cautionnement (fonctionnaires), 1553. Cel d'objets trouvés, 2991 et s. Centre pénitentiaire (défense sociale),

743, 836. Cérémonie religieuse (troubles), 1097

et S. ,

- - bénédiction nuptiale, 1676. Certificat faux, 1378 et s. Chambre d'hôtel (domicile conjugal),

2280. Champ ensemencé (Ravage d'un), 3121. - - (passage), 3194 et s. Champs (Abandon d'objets dans les),

3194 et S.

Changement de qualification, 64. Chansons obscènes, 2217 et s. Chantage, 2818. Chantier, explosion, 3078 et s. - incendie, 3037 et s. Chargement (voitures, animaux), 3220.

/

/

426 INDEX .ALPBABÉTIQUE

Charges d'une donation {Inobservation des), 2868.

Charges suffisantes non requises (mise en observation), 767.

Charrues/(Coutres des), 3194. Chasse, délits (coopération), 557. Chats (animaux domestiques), 3231. Chauffeur et maître, 583, 584, 670. Chefs d'associations délictueuses, 1963,

1964. - (rébellion), 1706. Cheminées (défaut d'entretien ou de

réparation), 3177 et s. - (Feu de), 3179. Chemins de fer (accidents), 2540

et s. (destructions), 3084. (entrave à la circulation),

2459. - (Inondation des), 3171. - publics (Vols sur les), 2802, 2831. Chèques sans provision, 2906, 3016,

· 3020': Cheval tué, blessé, 3129 et s. Chevaux, 3207. Chèvre (tuée, blessée): 3129 et s. Chien, 3131. - attaquant ou poursuivant les pas-

sants, 3208bis. - excité, 3208bi8. - non retenu, 3208bis. - sur le terrain d'autrui, 3194, 3218

et S.

Chiffons importés (Dépôt de), 556. Chirurgiens (Avortement par des},

2025biB, 2029. - {secret professionnel), 2710. Choses mobilières (dommages), 3237. - (incendie), 3077. - (vol), 2751. Choses remises par un tiers (abus de

confiance), 2868. Cimetières, voy. lnhumationB. Circonstances aggravantes inhérentes

au fait, 578, 579, 2783, 2789, 2811.

- atténuantes, 715 et s. Circulation fausse (traites tirées en

l'air}, 3013. Clameurs publiques, refus de secours,

3215 et s. Classification des infractions, 1 et s. Clefs (fausses), violation de domicile,

2588. - - vol, 2797, 580.

Clôtures {Bris de}, 3151 et s. - dégradation, 3289. · - mitoyennes, 3154. - (violation), 3143. Coalition des fonctionnaires, 1525. Coauteurs, 586 et s. Collaboration économique avec l'en­

nemi, 1028 et s. - militaire avec l'ennemi, 994

et s. - politique· avec l'ennemi, 1023

et s. Colonie{Forcepubliquede la}, 1496bis. Colportage de billets de loterie, 1823. Colporteurs (publicité des prix},

294lbis. Combats d'animaux, 3280 et s. - de coqs, 552, 553. Comblement de fossés, 3150. Comestibles corrompus, nuisibles ou

falsifiés, 3267 et s. _;_ (mélanges nocifs), 2702 et s. Commandement militaire illégalement

pris, retenu, 1069 et s. Commerçants (publicité des prix),

294lbis. Commerce ambulant {indication des

prix), 294lbi8. - apparent (escroquerie), 2913, 1°. - d'armes, 1918 et s., 1923, 1937. - de munitions, 1918 et s. ~ suivi (entretien de concubine),

2276. Commis et préposés des fonctionnaires

publics (détournement, etc.), 1574.

Commissaire aux monnaies, 1160. - de police (Outrages envers), 1721. Commission de la bourse, 1610. Commissions auprès des annexes psy-

chiatriques ( défense sociale), 842 et s.

Communication de secrets, 991 et s. - des secrets de fabrique, 1855. - - professionnels, 2708. - du feu (incendie), 3047, 3060, 3069. - infectieuse (épizooties), 1951 et s. Communications télégraphiques et

téléphoniques (Interruption des), 3095.

Commutati~ .de peine, 926. Compétence {détournement de pièces

judiciaires), 2891. - {internement), 812. - (mise en observation), 743.

IND;EX .ALPHABÉTIQUE 427

Complicité {adultère), 2243 et s. - (délits contraventionnalisés), 11,

554. - {des infractions), 628 et s. - douanière, 630. ~ (Peines de la), 656 et s. Complot contre la sûreté extérieure de

l'Etat, 1004, 1007. Complots, 984, 1007, 1054; (révéla­

tion), 1084 et s. Concept de mesures contraires à l'exé­

cution d'une loi ou d'un arrêté, 1525 et S.

Concierge d'hôpital {caractère public), 1731.

Concordat préventif à la faillite, 556. Concours d'infractions, 483 et s.

(contraventions), 533. - - idéal, 528 et s. - - (internement), 801. Concubine {Entretien de), 2273 et s. Concurrence de l'amende, des frais de

justice, des restitutions et dom­mages-intérêts, 3/?8.

Concussion, 1588 et s. Condamnation conditionnelle, 889 et s. - - {amendes fiscales), 893. - - {contraventions), 892. Condamnations civiles, 317 et s. - - (prescription), 946. Condamnés à mort par contumace

(interdiction légale), 201 et s. - recelés, 1998 et s. Conducteurs de bêtes, 3220, 3238 et s. - de voitures, 3220, 3238 et s. Confirmation des mandats d'arrêt

(Suspension de la) (mise en ob­servation), 778.

Confiscation, 276 et s. - (concours d'infractions) (Cumul

des peines de), 525 et s. - (contraventions), 305 et s., 3196,

3201, 3273; 3279. - (délits contraventionnalisés), 307

et s. - (internement), 831. - (mesure de police), ·218 à 280. - (Objet de la), 283 et s. - obligatoire, 300 et s. - réparation civile, 277. - (sûreté extérieure de l'Etat), 1012. Congo (débauche de femmes ou de

filles), 2198. - (force publique), 1496bis. - (territorialité de la loi pénale), 73.

/

Conjoint survivant (calomnie), 2683. Connaissance de l'origine délictueuse

(recel), 2965 et s. Conseil de l'inculpé (Initiative. du)

(mise en observation), 758. Conseillers des prud'hommes (Outrage

aux), 1722. Consentement de la partie lésée,

687 et S.

Conséquences des coups volontaires, 2351.

Constructions (Destruction des), 3084 et s. ; explosion, 3078.

Consuls, 92. Continuation illégale de fonctions pu­

bliques, 1662 et s. Contrainte irrésistible, 700 et s. - par corps, 161, 361 et s.; mineurs,

370. - par menaces ou violences, 1627.­Contrariété de décisions, 70. Contraventionnalisation . de délits

(complicité), 11, 554. - - (confiscation), 307 et s. Contraventions de police, auteurs,

coauteurs, 552 et s., 3176. circonstances atténuantes,

883. concours idéal, 533. condamnation conditionnelle,

892. imputabilité morale requise,

668, 3173. récidive, 3202.

Contrefaçon de monnaies, -1158 et s.; maquillage, 2925.

- des obligations, actions, effets, etc., 1182 et S.

- des produits alimentaires, 3271. - ou altération de clefs, 580,

2839. Contre-partie, 1325. - (escroquerie); 2913, 8°. Contre-tailles (altération), 1241. Contrôle des actions (Incapacité du)

(défense sociale), 738. Contumace (interdiction légale des

condamnés à mort par contu­mace), 201 et s.

- (Mort du), condamnations civiles, 948.

- prescription des condamnations civiles, 945.

Convention (preuve partielle à l'égard des tiers), 1269; a.dde: 1320.

4-28 INDEX ALPHABÉTIQUE

Copropriétaire (Vol par un), 2733, 2836.

Coqs (Combats de), 552, 553. Corps constitués, calomnie, diffama-

tion, 2607. - - injures, 3284. - - outrages, 1736. Corps durs (Jet de), 3222, 3238. Corps militaires ( coalition des fonc-

tionnaires), 1535. Correction paternelle, 2415. Corruption de la jeunesse, 2180 et s. Corruption des fonctionnaires, 1607 et s. - des juges, 1607 et s. - des jurés, 1622. - des mineurs, 2180 et s. Costume (port illégal), 1497. Coupe d'arbres, 3121 et s. Coupons de dividendes (Simili), 1193. - d'intérêts contrefaits, 1182 et s. Coupons de transport (contrefaçon),

1207 et S.

Coups à membres des Chambres, ma­gistrats, etc., 1747.

- à ministres, témoins et jurés, 1747 et S.

- et blessures ayant causé la mort sans intention dela donner, 2432.

excusés, 2462 et s. involontaires, 2513 et s. justifiés, 2496 et s. provoqués, 2462 et s. volontaires (conséquences),

2351. Cour de cassation (Pas de mise en

observation par la), 747. Courant électrique, 2752, 2867. Cours forcé, 3213. Courses de chevaux, paris en dehors

des hippodromes, 1833 et s. - - vitesse, 556. Couteau (armes prohibées), 1921 et s. - de sport, 1946. Coutres de charrues (abandon dans

les rues, etc.), 3194. Créances fausses (faillite), 2849. Créanciers de l'Etat (faux intellectuel),

1233. Crieurs (imprimés illégaux), 1810. - (loteries), 1825. Crime et délit politiques ( défense

sociale), 469. - manqué, 397, 403. - politique antérieur (récidive), dé-

fense sociale, 464.

Crimes contre la sûreté extérieur-e de l'Etat, 959 et s., 991 et s., 1049 et s.

(ignorance élisive de l'in­fraction), 999.

(nationalité généralement in-différente), 998.

Croix apposée au pied d'un acte, 1306. Culpabilité pénale ( en général), 661 et s. - - contraventions, 668, 3173. - - matières fiscales, 674. Cultes (Entraves à la liberté des),

1088 et S.

- (Coups aux ministres d'un), 1106 et s.

- (Outrages aux ministres d'un), 1106 et s.

- (Outrages aux objets du), 1103 et s.

Cumul des peines, 483 et s. ; arresta­tion immédiate, 508 .

...::.... (internement et peines) (Absence . de), 802.

Curateur de faillite (malversation), 2851.

- de l'interdit légal, 212.

D

Débauche de mineurs, 2180 et s. Débiles mentaux (défense sociale),

responsabilité civile, 835. Débilité mentale (défense sociale),

731 et s., 803. Débit de boissons (fermeturè), 156. Décès du condamné, contumace (con­

damnations civiles), 948. - - (extinction des peines),

912 l)t S.

- du lésé (calomnie, etc.), 2683 et s. Déchéance de droits, 149.

en cas d'acquittement (sû­reté extérieure de l'Etat), 1015, 1016.

- (médecin), 152. - (pharmacien), 152. Décimes additionnels (amendes pé-

nales), 257. Décision de l'auditeur militaire, 2635. - de l'autorité compétente, 2637. - préalable du commissaire (fausses

monnaies), 1160. Décisions contradictoires, 70. Déclaration des naissances, 2067 et s. Décorations (port illégal), 1497 et s.

INDEiX ALPHABÉTIQUE ·429

Défaut de prévoyance (Mort ou bles-sures par), 2520 et s.

Défense légitime, 2496 et s. -' sociale, 461 et s., 731 et s. Dégâts (propriété mobilière d'autrui),

3237 et s. Dégradations, appareils télégraphiques

et téléphoniques, 3296. - clôtures, 3289 et s. - propriétés mobilières, 3237 et s. - tombeaux, 3098 et s. Délai d'avis au conseil et au prévenu

( défense sociale, mise en obser­vation), 760.

Délai de grâce pour indemnité, 3lll. Délaissement d'enfants, 2036 et s. Délinquants d'habitude (défense so-

ciale), 461 et s. et récidivistes (défense so­

ciale, libération judiciaire), 478.

Délit collectif, 488. - contraventionnalisé, 6 et s., 9 et 11. - - complicité, 11, 554. - - confiscation, 307 et s. - continu, 491. - de chasse (coopération), 557. - de presse, 114, 573, 1808, 2212,

2549. - - (duel), 2555. - - (internement), 812. - d'habitude, 489. - d'omission, 2359, 2363. - nouveau pendant libération à l'es-

sai (internement), 152, 153, 847.

- politique, 115 et s., appendice, 973, 3247.

(internement), 812. ou de presse (internement),

827. Délivrance de faux certificats par un

médecin, 1389. - des choses (escroquerie), 2902 et s. Démence, 694. Bémissions concertées (fonctionnaires),

1531. Démolition d'ouvrages, 159, 322. - d'édifices menaçant ruine, 3193. Déni de justice, 1650. Deniers publics (détournement), 1543

et S.

Dénonciation calomnieuse, 2649. Dénonciation (Excuse de la), 1084,

ll72, 1191, 1281, 1966, 1809.

Dénonciation méchante à l'ennemi, 1041 et s.

Denrées (altération, falsification, con­trefaçon), 2702 et s., 2942 et s., 3267 et s.

- (publicité des prix), 294lbis. - (spéculations illicites), 1880 et s. Dentiste (secret professionnel), 2712. Dépêche tél,égraphique (faux), 1413

et s. - - imprimés ayant l'apparence

de formulaires télégraphi­ques, 1196, 1423.

Dépendances du territoire national, 72.

Déplacement de bornes, 3256 et s. Dépositaires d'actes ou de titres (Né­

gligence des), 1578, 1585. - de l'autorité ou de la force publi­

ques (violences ou outrages), 1725, 1747 et s.

- publics, 1543 et s. Dépôts d'armes, de munitions, 1918 ·

et s., 1939. Déraillement d'un chemin de fer, 2459:"

et s., 2540 et s. Descendants, coups et blessures, 2441. - déposition en justice, 1456. - destruction de titres, documents,

3104. - détournement, 2857. - escroquerie, 2896. - évasion de détenus, 1982. - excuse de la provocation non ad-

mise, 2468, 2495. - parricide,. 1842 et s. - recel de cadavres, 2005. - recel de criminels, 2003. - tromperie, 2941. - vol, 2756. Déséquilibre mental (défense sociale),

731 et s., 803. Dessein de nuire, 1253 et s. Destitution (Peine de la), 148, 188 et s. Destruction d'animaux, 3129 · et s. · - d'actes et titres, 1576 et s., 3102

et S.

- d'appareils télégraphiques et télé-phoniques, 3296 et s.

- d'arbres, 3123 et s. - de clôtures, 3151 et s. - de constructions, 3078 et s., 3084

et S.

- d'édifiees, ponts, etc., 3084 et s. - de greffes (arbres), 3123 et s.

\

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! -

INDEX ALPHABÉTIQUE

Destruction de liens retenant un ba­teau, une voiture, un wagon, 3118 et s ..

- . de ma.chines à vapeur, 3095. - dans une maison habitée, 3110. - de propriétés mobilières, 3106 et

S., 3257. ,- de récoltes, plants, etc., 3121 et s. - de titres, pièces, 1576 et s., 3102

et s. - de tombeaux, 3098 et s. - d'objets mobiliers, 3237. - d'objets saisis, 2980 et s. - méchante de biens communs, 3237. - - de pigeons militaires, 3230. - par explosion, 3078 et s., 13084 et s. __ pqur favoriser l'ennemi, 3083. - (sûreté extérieure de l'Etat), 1006. - (temps de guerre), 2722. Détention à bord d'un navire belge,

. 230. - d'armes de guerre, 1939. - de denrées falsifiées, 2704, 2943. - de faux poids, fausses mesures,

3275. - de pigeons voyageurs, 3229. "".""" illégale et arbitraire, 1113 et s.,

1148 et s., 2569 et s. - méchante de pigeons militaires,

3230. - préventive ( imputation sur les

peines), 227 et s. - - (internement), non-déduc-

tion, 797. Détenus (Evasion des), 1978 et s. Détérioration (denrées, etc.), 3106 et s. - (temps de guerre), 2722. Détourneµient, abus de confiance,

2853 et s. - dans l'intérêt d'un failli, 2848. - de documents judiciaires, 2889 et s. - de femme ou de fille, 2198, 2203. - de pièces produites en justice, 2889

et s. :_. d'objets saisis, 2980 et s. - entre époux, ascendants, etc., 2857. - et usage de faux (concours d'in-

. fractions), 537. · - par fonctionnaires publics, 1543

et s., 1553. Dévastations (pillages, etc.), 1059 et s. ,- de plants, récoltes, etc., 3121 et s. Devin, 3287. ~ ·(escroquerie), 2913, \4°. Dévouement simulé, 2913, 11°.

Diffamation, 2597 e~ s. ; personnes mo­rales, 2608.

Digues (destruction), 3084 et s. Directeur de prison (arrestation illé­

gale), 1149. - de sociétés (banqueroute), 2842. Direction mauvaise des véhicules,_

3220, 3239. Discours prononcés devant les tribu-

naux, 2690. - (provocation par), 620. Distributeur, billets de loterie, 1823. - d'armes prohibées, 1940. - d'imprimés sans indication d'au-

teur ou imprimeur, 1805 et s. Divagations, animaux, 3238. - fous . furieux, 3208. Dividendes (Coupons de, Simili),

1193. Divisibilité du sursis, 904. Division des infractions, 4 et s. Divulgation méchante, 2644 et s. Documents (Destruction de), 3102 et s. Dol général, spécial, 663 et s. Domaine public ( enlèvement de gazon,

matériaux, pierres, terres), 3257. Domestique (vol domêstique), 2770

et B.

- (deniers du ménage), 2736. Domicile conjugal, 2278 et s. Domicile (Violation de), 1119 et s.,

2584 et s. Dommage consommé, 1263. - inévitable, 1263. Dommages (propriété mobilière), 3237. - par anormaux, 835. Dommages-intérêts, 323 et s., 336 et s.

(Concours des, amendes, frais de justice et restitutions), 358.

Donation à cause de mort, 210. - (Inobservation des charges d'une),

2868. Dossier à disposition du conseil de

l'inculpé (défense sociale), 760, 818.

Douane (complicité), 630 • Doute sur provenance (recel), 2959. Drapeau national ( destruction, dégra-

dation, etc.), 3100. Droguiste (secret professionnel), 2712. Droit -de grâQe, . 917 et s. ; adultère,

2255, 2890. - pénal· spécial (application du

livre Ier du Code), 950.

INDEX ALPHABÉTIQUE '431

Droits (Interdiction des), 238 et s. Duel, 2544 et s.

E

Eau (vol), 2752. Echafaudages ( embarras des rues, etc.),

3185 et S.

- :,;ion éclairés, 3189 et s. Echalier, 3157. Echantillons des monnaies (fraude

dans le choix des), 1179. Echelles (abandon dans les rues, etc.),

3194. Echevin (ingérence illégale), 1604. - ( outrages), 1721. Eclaboussures aux passants, 3197. Eclairage (Défaut d'), 3182. - (échafaudages, matériaux, etc.),

3189 et s. Ecrits, calomnieux, injurieux, 2616ets. - contraires aux bonnes mϝrs, 2206

et s. - de menaces, 1968, 1972. - outrageants, 1713. - produits en justice, 2690 et s. - provocateurs, 615 et s. - sans indication du nom et du domi-

cile de l'auteur ·ou de l'impri­meur, 1797.

Ecrou illégal, 1149. Ecurie (dépendance de maison habi­

tée), 2794. Edifices (destruction d'), 3084 et s.

(dèstruction par explosion), 3078 et s.

- incendie, 3032 et s. - (menaçant ruine), 3193. Effets (destruction), 3102 et s. - (tirés en l'air), 3013 et s. - (falsification, émission), 1182 et s. - habituellement portés pour autrui

aux Monts-de-piété, 1852. - (hausse et baisse), spéculation illi­

cite, 1880. Effraction (copropriétaire), 2836. -- repoussée (coups et blessures excu­

sés), 2481 et s. - - (coups et blessures justifiés),

2512. - (violation de domicile), 2591. - (Vol avec), 2779 et s., 2795 et s. Elections législatives (vote illégal),

124bis. Electricité (détournement), 286 7.

'Elévation des eaux (inondation), 3165 et s.

Eligibilité (interdiction des droits), 242. Embarras (voirie), 3185 et s. Emblème (gestes et emblèmes), 1974. Emissjon de chèques sans provision,

3020 et s. - de fausse monnaie, 117 5 et !!• ;

monnaie maquillée, 2925. - de fausses actions, obligations, etc.,

1182 et s. Empiétement (autorités administra­

tives et judiciaires), 1536 et s. Emploi public (interdiction deà droits),

241. - (destitution), 188 et s. Employeur (Prélèvements par), 2868. Empoisonnement des animaux, 3129

et S.

- des eaux, 3133 et s. - des personnes, 2397 et s. Emprisonnement correctionnel, 216

et S.

- illégal, 1113 et s., 2569 et s. - de police, 223 et s. - subsidiaire, 265 et s. Enchères (entraves), 1900 et s. Encombrement de la voie publique,

3185 et s. Enfant (Abandon d'), 2042. - d'un précédent mariage, 2738 .. - (Enlèvement d'), 2087 et s. -'- (exposition, délaissement), 2036

et s. - (infanticide), 2387 et s. - (recelé), 2087 et s. - (refus de représenter), 2093 et s. - (Suppression, substitution, suppo-

sition d'), 2079 et s. - (transport à un hospice), 2090. - trouvé, 2076 et s. Enlèvement d'affiches, 3243- et s. - de mineurs, 2097 et s. Ennemi commun, 997. Ennemis de l'Etat (intelligence, etc.),

991 et s. Enrôlements illégaux, 1063 et s. Entraves à la circulation des trains,

2459 et s., 2540. - aux communications télégraphiques

et téléphoniques, 3095, · 3296. - aux enchères; 1900 et s. - à l'exécution de travaux publics,

1763 et s. • - à l'exercice des cultes, 1088 et s.

432 INDEX ALPHABÉTIQUE

Entreprise (pourl'armée ou.la marine), 1776 et s.

Entretien de concubine ( commerce suivi), 2276.

Enumération des peines, 100 et s. Epizooties, 1951 et s. Epoux, abus de confiance, 2857. - dépositions en justice, 1456. - détournement frauduleux, 2857. - destruction de titres, etc., 3104. - escroquerie, 2896. - évasion de détenus, 1982. - extorsion, 2763. - recel, 2763. - recel de cadavre, 2005. - recel de criminels, 2003. - tromperie, 2941. - vol, 2756 et s. Erratum et addendum, 61. Erreur de droit ou de fait, 712. Escalade, violation de domicile, 2591;

vol avec, 2779 et s., 2795 et s., 2838 et s.

Escroquerie, 2893 et s. - (allocations familiales), 2913, 13°. - au mariage, 2913, 9° et 10°. - (commerce apparent), 2913, 1°. - (devin), 2913, 14°. - (dévouement simulé), 2913, 11°. - (marché réel simulé), 2913, 2°. - (substitution de billet pendant

l'échange), 2913, 4°. - (titres échangés), 2913, 12°. - (vente simulée), 2913, 3°. Espionnage, 1020 à 1022. Espion recelé, 1020 et s. Etang (empoisonnement des poissons),

3133 et s. t Etat civil (Délits relatifs à l'), 1667 et s. Etat de guerre, 2722. Etiage des eaux, 3165 et s. Etranger (Feuille d', falsification, etc.),

1360. Etrangers (rupture de ban d'expul­

sion), 1994. Etudes moyennes (Faux certificat d'),

· 1397. Evasion des détenus, 1978 et s.; pro-

curée ou facilitée, 1982. Evitement (véhicules), 3230 et s. Excavation non éclairées, 3189 et s. - (rues, places), 3185 et s. Excitation à la guerre civile, 1050 et s. - au duel, 2550 •

. - des mineurs à la débaùche, 2180 et s.

Excuse légale de la provocation,. 2470 et s.

- - de la réparation, 728, 3012. Excuses légales, 717 et s., 1078 et s.,

1084 et s. Exécution capitale, 164 et s. - immédiate éventuelle (défense so­

ciale, mise en observation), 776. - judiciaire (refus de secours), 3215

.et S.

Exemption de peine (évasion), parents ou alliés, 1982.

- - (recel de condamnés, parents ou alliés), 1983.

Exercice illégal de l'art de guérir, 490. - des cultes (Entraves à l'), 1097

et S.

Exhalaisons insalubres, 3194. Exhumations non autorisées, 2700. Expert (fausses déclarations), 1466

et s. - (mise en observation, loi de dé­

fense sociale), 771. - (Subornation d'), 1469. Exploit d'huissier (copie supprimée),

2720. Explosifs, 3087. Explosion (Destruction par), 3078 et s.,

3084 et s. Exposé sur la voie publique, 3194. Exposition d'un incapable, 2041. - en vente (notion), 3268. - et délaissement d'enfants, 2036 et s. - (objets contraires aux mœurs),

2219 et S.

Exterritorialité (agents diplomatiques), 89 et S.

Extinction des peines, 910 et s. Extorsion, 2813 et s. - au préjudice des personnes mo-

rales, 2821. - avec ,violences, 2511. - (légitime défense), 2511. Extraits du casier judiciaire (force pro­

bante limitée), 889.

F

Fabrication (conventions, etc.), 1311 et s.

- d'armes prohibées, 1940. Fabrique (Communication de secrets

de), 1855 et s. Facture fausse (ordonnancement),

1323.

F,;, (· \.' 1 \

1

lNDEX ALPHABÉTIQU:E 433

Faillite, 2840, 2848 et s. . - concordat préventif, 556. Fait constituant plusieurs infractions,

528. - ordonné par la loi ou par l'auto­

rité, 682 et s. Faits étrangers à la fonction, 1675. Falsification de denrées alimentaires,

2702 et s., 2942· et s., 3267 et s.

- d'obligations, coupons, etc., 1182 et S.

Famille (Abandon de), 2326. --'- des condamnés (produit du tra-

vail}, 183, 223. Famille royale (attentats), 966 et s. Fardeau de la preuve, 67. - - force majeure, 669. Fausse carte de visite, 1241. Fausse créance (faillite), 2849. - déclaration de l'expert, 1466 et s. - excuse des témoins et jurés, 113. - feuille de route, 1368 et s. - monnaie, 117 5 et s. Fausses clefs (Fabrication de), 580,

2830. - - (violation de domicile), 2591.

. - - (Vol à l'aide de), 2779, 2797. - mesures, 327 5 et s.

· Faute en droit pénal, 662. Fautes successives, 2530. « Fauteur », 553. Faux bilans, 1329. - billets de banque, 1182 et s. - certificats, 1378 et s. - (dépêches télégraphiques), 1413

et s • . - employé par un tiers, 1346.

- en écritures, 1229 et s. ; matériel, intellectuel, 1230 et s.

- instruments de pesage, 327 5 et s. - nom (Port public de}, 1300, 1516

et S.

- - (publicité relative}, 1516 et s. - - (registre d'hôtel), 1516 et s. - ordre de l'autorité publique, 2782. - passeport, port d'armes, livrets,

1354 et s. - poids et mesures, 327 5 et s. - serment, 1473. - témoignage, 1430 et s. - - (matières fiscales), 1458. - verbal, 1246. Femme enceinte (avortement), 2017. - - (exécution capitale}, 176 et s.

Femme retenue (maison de prostitu­tion), 2201 et 2202 .

Fermeture de débits de boissons, 156. Fêtes religieuses ( exécution capitale),

174. ( observation imposée ou em-

pêchée}, 1089. Feu de cheminée, 3179. - (incendie}, 3032. Feuille de route (fausse}, 1368 et s. - d'étranger (falsification, etc.}, 1360. - volante (actes de l'état civil), 1667

et S.

Fils télégraphiques et téléphoniques (destruction), 3296.

Fisc (faux témoignage), 1458. - (Secret professionnel des agents

du), 2712. Flagrant délit (adultère}, · homicide

excusé, 2489. - - (secours refusé}, 3215 et s. Flammèches (incendie), 3075. Fleurs tombales (destruction), 3099'. Fleuve (territoire national), 72. Fonctionnaires (aggravation de peines),

1670 et S.

- (cautionnement}, 1553 . - (coalition}, 1525. - coloniaux, 1630. - (concussion}, 1588. - (corruption}, 1607 et s. - (détournement), 1543. - - (prestation de serment non

requise), 1552. ...:.:.. .étrangers, 1612. - (faux commis par), 1274. - (ingérence illégale), 1596. - (ordre du supérieur), 1139, 1656

et S.

- (titres, destruction), 1576 et s. - (vol), 2779, 2798. Fonctions publiques (exercées sans

serment préalable), 1663 et s.

(Exercice des), 1738. (Illégalement exercées ou

continuées), 1662. (Immixtion dans les), 1886

et s. (usurpées), 1486 et s.

Football (pronostics sur résultats), 1835.

Force majeure (fardeau de la preuve), 669.

- - (délits fiscaux), 674.

/''

,.

434 IND)!lX ALPHABÉTIQUE

Force publique, attaque ou résistance, 1069 et s.

refus d'intervention, 1653 et s. réquisition illégale, 1636 et s. de la Colonie, 1496bis.

Forêts (incendie), 3050 et s. Formulaires imitant les télégrammes,

1196. Formules avec apparence de billets de

banque, etc., 1196. Fossé (Comblement de), 3150.

· Fou ou furieux (Divagation de), 3208, 3238.

Fournisseurs (Crimes et délits des), 1776 et S. -

- de l'Etat (faux intellectuel), 1233. Fournitures retardées, 1780. Fourrière (Mise en), 3280 et s. Fours (défaut d'entretien, etc;), 3177 ·

et s. Frais ( concours des frais, amendes, res­

titutions et dommages­intérêts ), 358.

- (Condamnation aux), 160. - (Condamnation aux -, interne-

ment), 831. - (solidarité), 348 et s. Fraude dans le choix des échantil­

lons destinés à la vérification des monnaies, 1179.

- sur la nature, la qualité ou la quantité des travaux, main­d'œuvre ou fournitures, 1792 et s.

Fraudes monétaires, 2920 et s. Frère, déposition en justice, 1456. · - évasion de détenus, 1982. - recel de cadavre, 2005. - recel de criminels, 2003. Fruits (cueillis, etc.), 3234 et s.; avec

escalade ou effraction, 2781, 2838. ,

Funérailles religieuses ( condamnés à mort), 173.

Furieux (Divagation de), 3208, 3238. Fusil pliant, 1945.

G

Garde champêtre ( dépositaire de la , force publique), 1725.

- - (rébellion), 1689. - chasse, hors de son territoire, 1738.

(rébellion, COlllIIllSSIOn irré­gulière), 1689.

Garde des enfants (soustraction de­l'enfant à la garde), 2125 et s.

- forestier ( dépositaire de la force publique), 1725.

- - (incendie), 3074. - - (rébellion), 1689. Gardien d'animaux (épizooties), 1951

et s. - de l'infirme, 2441. - d'enfants ou d'incapables (négli-

gence), 2536. - de prison (arrestation illégale).

1149. Gardien de scellés (bris volontaire),

.1757. (négligence), 1751 et s.

- des détenus (évasion), 1981 et ·s. - des fous, furieux, 3208. - du mineur, 2441. Gaz (vol), 2752. Gazon enlevé ( domaine public ),

3257. Gendarmes ( dépositaires de la force .. publique), 1725. Gouvernement (Attentats contre. la.

forme du), 973. - étranger(Attaques,offensescontre),

981 et s. - - (Réprobation de la politique

d'un), 983. Gouverneurs (outrages), 1721. Grâce (adultère), 2258, 2285. - (extinction des peines), 917. - non applicable à internement

(défense sociale), 796. Graciés (interdiction légale), 927. Grades militaires (Protection des),

1496bis. Grange (dépendance de maison habi-

tée), 2794. « Gratte» (agent de change), 2913, 7°. Gravures (fausse signature), 1243. Greffes (Destruction des), 3123. Greffiers, 1724. - (Faux commis par), 1285, 2°. - (secret professionnel), 27U. Grilles, 3155. Grivèlerie, 3003 et s. Grossesse, avortement, 2017 et s. - exécution capitale, 176. Guerre (Temps de) dégradations, etc.,

272~. . - civile, 1050 et s. - provoquée contre la Belgique,

1000.

INDEX .ALPH.A:BÉTIQUÈ 435

H

Habitation (incendie), 3032 et s. Haies (destruction, enlèvement), 3150

et s. Halles (troubles de l'ordre public),

1894 et s. l{ausse et baisse des prix (spécula­

tions illicitès), 1880 et s. Hébergement d'une association de

malfaiteurs, 1998. llerbes nuisibles répandues dans un

champ, 3121 et s. Héritier présomptif (attentats), 965. Héritiers du calomnié ou du diffamé,

2685. Homicide excusé, 2462 et i. - flagrant délit d'adultère, 2489. - involontaire, 2513 et s. - justifié, 2496 et s. - volontaire, 2350 et s. Hôtel, voir Grivèlerie. Hôtelier (registre d'hôtel), 1409 et s.,

3204. Huissier (Faux commis par), 1285,

40_ - (Immixtion dans les fonctions

de l'), 1491. - (ingérence illégale), 1604. - (Secret des actes d'), 2720. Huissiers, 1724. Hypnotisme, 703.

I

Idée de trahison, 993bi8. Identité (Carte d' -, photographie

fausse, ratures), 1367. Ignorance, 710. - élisive de l'infraction, 999. - du mineur, 2882. Images immorales, 2205 et s. - injurieuses, 2616, 2672~ Immatriculation âes armes, 1931. Immixtion dans les fonctions publi-

ques, 1486, 1490, 1495. Immunité ministérielle ou parlemen­

taire, 1150. Immunités pénales (roi, souverains

étrangers, agents. diploma­tiques), 86 et s.

discours et écrits produits en justice, 2690. ·

Importation d'armes, 1918 et s.

Impôts (abus d'autorité), 1636 et s; - (secret professionnel des agents

fiscaux), 2712. - (faux témoignage, subornation de

témoins), 1458, 1469. Imprimés ayant l'apparence des for.

mulaires télégraphiques, 1196, 1423.

- ayant l'apparence de valeurs fidu-ciàires, 1193.

- faux, 1248. - immoraux, 2205 et s. - produits en justice, 2690. -" sans nom d'auteur, d'impri-

meur, etc., 1797. Imputabilité des infractions, 661. - contraventions, 668, 3173. - délits fiscaux, 674. Imputation de la détention préven­

tive, 227 et s. Imputations calomnieuses, 2597 et s. - écrites à charge d'un subordonné,

2664 et s. Incapable délaissé en lieu solitaire,

2041, 2059, 2063. - exposé, 2041. Incapacité de disposer (interdiction

légale), 209 et s. - de travail, 2421. - (Remise des), 922. Incendie, 3032 et s. - involontaire, 3071, 3066. - par communication, 3069 et s. - (pour favoriser l'ennemi), 3063. - (sûreté extérieure de l'Etat), 1006. Indemnité indûment perçue, 2918,

3002. ~ non susceptible de la saisie spé­

ciale de l'article 123ter, 1040. Indigence (Fausse attestation d'), 1390

et s. Infanticide, 2387. Infirme (Gardien de l'), 2441. Infirmier (secret professionnel), 2712. Infirmités (faux certificats), 1382 et s. - simulées (vagabonds et mendiants),

2010. Infraction nouvelle pendant libération

à l'essai (défense sociale, .inter­nement), 847, 849 et 850.

Infractions (Classification des), 4 et s. - (causes de justification), 681 et s.,

1077, 1656, 2496. - commises en Belgique, 71. - commises à l'étranger, 101 et s.

... 436" Ili])EX ALPHABÉTIQUE

Infractions commises à l'étranger, continuées en Belgique, 99.

- (Concours d'), 483 et s. - (Division des), 4 et s. - en général, 1 et s. - fiscales, 139. - (force ml'!'jeure), 674. - susceptibles de détention préven-

tive (défense sociale), 739. - (temps de guerre), 2722. Ingérence illégale (échevin), 1604. - - (huissier), 1604. - - (notaire), 1604. Inhumations (Police des), 1905 et s. - précipitées, 1914. - des suppliciés, 173 et s. Initiative du conseil de l'inculpé (dé­

fense sociale, mise en observa­tion), 758.

Injonctions (pouvoir _des tribunaux), 2694.

Injures (contraventions), 3281 et s. - contre des particuliers, 3282. - (délits), 2668. - (personnes morales), 3285. Inondations (élévation des eaux),

3165 et S.

- (mines), 3165 et s. - (refus de secours-requis), 3215. Insertion de jugement, 1881. Insignes (port illégal), 1497 et s. Insolvabilité du contraignable par

corps, 376. Inspecteur de la sûreté (secret pro­

fessionnel), 2712. Instituteur (attentat à la pudeur, viol),

2164 et S.

- (corruption de la jeunesse), 2202. Instructions (complicité), 635. Instruments (Abandon d'), 3194. ' - d'agriculture (destruction, etc.),

3121 et s. - de pesage faux, 327 5 et s. Intelligences avec l'ennemi, 991 et s. Intention et mobile, 666. - frauduleuse, 1255 et s., 2740 et s. - méchante, 1253 et s. Intercalation d'écritures (Faux par),

1281. / Interdiction de certains droits, 162. - (sûreté extérieure de l'Etat), 1013,

1014. Interdiction des droits, 238 et s. -- (Début de l'), 251. - - facultative, 246.

Interdiction des droits obligatoire, 246.

- légale des condamnés, 199 et s. des graciés, 927.

- - (sûreté extérieure de l'Etat, violation de la -), 1016.

Intérêt dans les actes, 1600. Internement (absorption), 816. - (action civile), 834. - (administrateur provisoire), 833. - administratif des condamnés, 837.

-.- - ( déduction des peines SU•

bies), 839. (prolongation judiciaire), 838.

- (appel), 821 et s. - après peine, 800. - (cassation, pourvoi en), 828. - (compétence), 812 et s. - (concours d'infractions), 801. - (condamnations aux frais), 831. - (conditions), 803. - (conditions doivent être consta-

tées), 806 et s. - (confiscation spéciale), 831. - (délit politique ou de presse), 812. - des récidivistes (pas de cumul), 474. - - (pas de périodes successives),

473. - (détention préventive non déduite),

797. - (durée), 815. - facultatif, 810. - (grâce non applicable), 796. - immédiat, 811. - (lettre missive, pourvoi en cassa-

tion), 830. - (libérations à l'essai), 846. - (mise en liberté), 845. - (mise en observation antérieure),

805. - (morphinomanes), 804. - (pas de cumul avec peines), 803. - (pas une peine), 793. - (peine normalement applicable),

809. - (pluralité), 816. - (procédure), 817 et s. - (prorogation), 848. - (publicité du jugement), 820. - (récidive), 799. - (réintégration des libérés à l'essai),

846. - (restitutions), 831. - (stupéfiants), 804. - (sursis non applicable), 795 ..

. , INDEXi ALPHABÉTIQUE '437

Internement (témoins), 819. - (transfert, demande de), 844. Interprétation des lois pénales, 52 et s. Interrogatoire sur faits et articles,

1459. Intervention de la force publique (Re­

fus d'), 1653. Inviolabilité du domicile, 1119 et s.,

2584 et s. - parlementaire, 1150. Ivraie (graine d'ivraie répandue dans

un champ), 3121. Ivresse (cause de justification), 696. - provoquée (incapacité de travail),

2458.

J

Jardin (dépendance de maison habi­tée), 2794.

- escalade, 2796, 2838. Jet contre les voitures, édifices, etc.,

3222 et S.

- dans les eaux, 3133 et s. - de choses nuisibles sur la voie pu-

blique, 3194 et s. - de pierres, 3222. - sur la voie publique, 3194. - sur les animaux, 3238. - sur les personnes, 3194 et s., 3291. Jeu (Tromperie au -, escroquerie),

2913, 5°. Jeune âge, 776. Jeunesse (Corruption de la), 2180 et s. Jeux de hasard, 3221.

à raison des conditions de leur pratique, 1830, 1°.

( concours de pigeons voya­geurs), 1831.

et taxes fiscales, 1837. (inhabile~é des joueurs),

1830, 2°. (Maisons de), 1827 et s. pour joueurs d'adresse

moyenne, 1830, 3°. (quid purs jeux de hasard?

Quid pur amusement?), 1830, 5°.

sauf adresse extraordinaire, 1830, 4°.

sur la voie publique, 3221. Joueurs, 1842. Journal (faux), 1248. Journaliste (secret professionnel),

2712.

Jours d'emprisonrtement, 219. - de repos ( observation imposée ou

empêchée), 1089 et s. Juge assumé, 1623. Jugement (faux dans la minute d'un),

1298. Juges (corruptions), 1607. - (outrages), 1720. - (violences), 1746 et s. Jurés (Corruption de), 1622. - (Fausse excuse des), 113. - (Outrages et coups à des), 1747 et s. - (violences), 1747 et s. Justification (Causes de), 681 èt s.

L

Lacération de documents, etc., 3102. Légitime défense, 660, 2496 et s. - - (extorsion), 2511. - - présumée, 2503. Lésions corporelles, 2355, 2406. Lettres de change (destructions), 3102

et s. · - missives (abus de confiance), 2867. -

(Suppression, violation du se­cret des), 1125 et s., 2717.

véritables, reconstituées, 1236.

Levée de bandes armées, 1069 et s. - de plans, 1020 et s. - de soldats, 1063 et s. Libération des internés, 845, 846. Liberté d'association, 1864. - des cultes, 1088. - des enchères (entraves aux adiudi-

cations), 1900 et s. - du travail (Atteinte à la), 1862ets. Libertés constitutionnelles (Atteintes

aux), 1111 et s. Liens (Destruction des), 3118 et s. Lieu habité, 3207. - - (incendie), 3032 et s., 3038

'et s. - solitaire (délaissement dans un),

2059,2063. . Lignes télégraphiques et téléphoniques

(destruction), 3095 et 3296. Limites (déplacement, etc.), 3150. Littérature (faux en écritures), 1244. Livraisons de secrets, 1020 et s. - ou fournitures retardées, 1780 et s~ Livre (faux), 1248. Livre-brouillon (faux), 1320.

t

438 INDEX ALPH.A.BÉTIQVE

Livret d'étranger {falsification), 1359 et S.

Location-vente {détournement), 2875. Locomotive {Incendie provoqué par),

3075. Loge (maison habitée), 2794. Logement (maison habitée), 2794. - de bandes armées, etc., 1076. - de criminels, 1998. - de malfaiteurs, 648, 1965. Logeurs {Faux commis par les), 1409

et s. - registre d'hôtel, 3204. Loi pénale {interprétation), 52 et s. - (territorialité), 71 et s. Lois {Entraves à l'exécution des),

1536 et S.

- et règlements particuliers (appli­cation du livre Jer du Code), 950 et S.

- récidive, 452 et s. - spéciales, 105 et s., 950 et s. Loteries, 1811 et s. -,- sur la voie publique, 3221. Louage d'ouvrage {tromperie), 2939

et s. Loueurs de maisons ou d'appartements

garnis, 1409 et s., 3204.

M

Machinations ou artifices coupables, 612 et S.

- ou intelligences, 1000. Machines (abandon sur voie publi-

que, etc.), 3194 et s. - {destruction), 3094. Magasin {explosion), 3078 et s. - (incendie), 3037 et s. Magistrats de l'ordre administratif

• {outrages), 1721. - - judiciaire (outrages), 1722. - {secret professionnel), 2711. Maison habitée {Destruction dans),

3110. (vol), 2792 et s., 2803, 2833.

- de jeux de hasard, 1827. - de prêts sur gages, 1846 et s. Maître et chauffeur, 583, 584, 670. Majoration des amendes (décimes

additionnels), 257. Majoration des peines (fonctionnaires

publics), 1670 et s. Mal imminent (Menaces d'un), 2817.

Maladie contagieuse (épizooties), 1943 et s.

- paraissant incurable, 2427 et s. Malfaiteurs (Association de), 1955 et s. - {Recel de), 648 et s., 1076, 1965,

1998 et s. Malversation (curateur de faillite),

2851. Mandats d'arrêt (mise en observation),

suspension de la confirmation des, 778.

Mandats-poste (faux intellectuel), 1232.

Manifestations musicales, 3266. Manœuvres abortives provoquant

naissance, 2018. - frauduleuses (escroquerie), 2911

et s. ---: - (tromperie), 2939. Maraudage, 3234 et s. - avec escalade ou effraction, 2781,

2838. Marchandises ( altération, détériora­

tion), 3112 et s. - (publicité des prix), 294lbis. Marché réel simulé (escroquerie),

2913, 2°. Marchés (troubles de l'ordre public),

1894 et s. Margarine vendue pour du beurre,

2947. Mariage (bigamie), 2315; (célébration

illégale), 1667 et s. - (Escroquerie au), 2913, 9° et 10°. - in extre'f!l,iB, 1677. - précédent (Enfant d'un), 2738. - (ravisseur), 2116 et s. Marine (délits des fournisseurs), 1778

et s. Marques (contrefaçon, etc.), 1209 et s. - de fabrique (usurpation), 1223

et 1224. - des bureaux de garantie ( contre-

façon, transfert), 1197 et s. - forestières fausses, 1242. Massacres, pillages, 1059 et s. Masse de sortie ae prisonniers, 179,

223. Matériaux (emb~as de la voie pu­

blique), 3185. ..,,... non éclairés, 3189 et s. - (Enlèvement de), domaine public,

3257: Matières de fabrication (destruc­

tion, etc.), 3112.

INDEX .ALPHABiTIQU)l: 439

. Matières . d'or et d'argent (poinçons contrefaits), 1202.

- fiscales (défense sociale), 742. - non réglées par le Code pénal,

112 et S.

- premières (détériorations), 3114. Mauvais traitements (animaux), 3280

et s. Médecin (attentat à la pudeur, viol),

2171. - (avortement), 2025bis, 2029. ,- (déchéance), 152. · - d'état civil (outrages et violences),

1727. - (faux 'certificats), 1389. - (secret professionnel), 2073, 2710. - traitant (secret professionnel), 271 O. Médecins de l'inculpé (Avis des -,

mise en observation), 773. Médicaments (falsification), 2942 et s.,

3267. Mélange de matières nocives, 2702 et s. Membres de bandes séditieuses (re­

traite), 1069 .et s. - des Chambres (violences ou outra­

ges), 1747 et s. Menaces contre la personne du roi, de

la famille royale, 981 et s. - d'attentat, 1967 et s. - d'un mal imminent, 2817: - verbales, 1975. - (vols avec violences ou menaces),

2788, 2817, 2835. Mendiant (menace d'attentat), 1976. Mendiants en réunion, 2010. - porteurs d'armes, 2013, 2014. - travestis, 2010 •• Mendicité, 2009 et s. Mensonge dans un écrit, 1316. Mer (Haute), infraction, 75. - territoriale, 72. Mesures fausses, 327 5 et s. Meurtre, 2360 et s. - (adultère), 2489 et s. - (destruction, dégâts), 3110. - excusé, 2462 et s. - (extorsion), 2828. - justifié, 2496 et s. - par omission, 2363. - provoqué, 2462 et s. - (vol), 2810 et s. Milices privées, 1504. Militaires (Faux mandata, coupons de

service, bons ou réquisitoires remis aux), 1368.

Mines (inondations), 3165 et s. Mineur d'âge, abus des faiblesses et

des passions, 2882 et s. - attentat à la pudeur, 2137. - contravention de police, 3174. - corruption, 2180. - (Enlèvement des), 2097. - excuse du jeune âge, 725. - faux témoignage, 1455. - (Gardien du), 2441. - (Ignorl),Ilce du), 2882. - outrages aux mœurs, 2205. - protection de l'enfance, 725. Ministre du culte, attentat à la pu­

deur, 2170. caractère public ( défaut de),

1733. . corruption de la jeunesse,

2202. infraction, 1678 et s., 1680

et s. outrages et coups, 1106. viol, 2170. ·

Ministres (Attentats contre les), 966, 970.

- (violences ou outrages), 1747 et s. Minorité (contrainte par corps), 370. Minute (destruction), 3102. - d'un jugement (Faux dans la),

1298. Mise à la disposition du gouvernement,

158. (durée), 471, 472. est une peine ( défense

sociale), 461 et s. Mise d'objets en gage, 1852 et s. - en circulation (fausse monnaie),

1177. - - (titres falsifiés), 1190. - en fourrière, 3280 et s. - en liberté (internement), demande

de, 844. Mise en observation, 731 et s.

(appréciation souveraine), 753.

(compétence), 743. (durée), 788. facultative, 749. (Fin de la), 791. (procédure, pas d'office), 754

et S.

(prolongation), 790. (Réquisition de), 755. (suspension pendant l'in-

stance en cassation), 749.

440 INDEX ALPHABÉTIQUE

Mise en observation (toutes phases de la procédure), 748.

Mobile et intention, 666. Mois d'emprisonnement, 219. Monnaie fausse, 1154 et s. - maquillée, 2920.

(morceaux de métal sans empreinte monétaire), 2923.

(refus de recevoir pour leur valeur légale), 3213.

Monopoles commerciaux (étrangers), 1225.

Monts-de-piété, 1852 et s. Monuments (destruction), 3100. Mœurs (outrages publics aux), 2205

et s. Morceaux de métal sans empreinte

monétaire, 2923 et s. Morphinomanes (internement), 804. Mort causée par attentat à la pudeur,

2163. - - par avortement, 2030. - - par viol, 2163. - du condamné (extinction des pei-

nes), 912 et s. - du contumace, condamnations civi-

les, 948. - (Peine de), 164 et s. Moteur électrique (destruction), 3089. Motifs des décisions (mise en obser-

vation), 776. Moyens abortifs, 2219 et s. Moulin (inondations), 3171. Mouton (mort, blessure), 3129, 3137. Munitions, 1918 et s. Mur mitoyen, 3154, 3157. Musiqùe (faux en écritures), 1244. Mutilation, 2431.

N

Naissance (Déclarations de, omission), 2067 et s.

- provoquée par manœuvres abor­tives, 2018.

N~tionalité de l'auteur de l'infraction, 82.

Naufrage, refus de secours requis, 3215 et s.

Navires belges (détention à bord), 230. - de commerce étrangers, 77. - étrangers, 76. - incendie, 3032 et s. - nationaux, 75.

Nécessité (Actes commandés par la), 690, 700 et s.

Négligence causant perte ou destruc­tion de documents, 1020 et s.

- d'entretien d'un mineur, d'un in­firme, 2596.

- d'un dépositaire d'actes ou de titres, 1578, 1585.

Nettoyage (Défaut de), fours, chemi­nées, 3177 et s.

- - rue, passages, etc., 3177 et s., 3183.

Nom (port public de faux nom), 1300, 1516 et S.

Non-représentation d'un enfant, 15. Non-rétroactivité des lois pénales, 12

et s. (règles de procédure et rela­

tives au ressort), 23. (exceptions), 24 et s.

Notaire (Faux commis par), 1285, 1°. - (ingér~nce illégale), 1604. - (outrages), 1724. Nouveau-né (trouvé), 2075 et s. Nudisme, 2238. Nudité, 2210. Nuit (coups et blessures justifiées),

2512. - (incendie), 3064. - (Vol commis pendant la), 2800.

0

Obéissance hiérarchique (cause de justification), 1139, 1656 et s.

Objet de la confiscation, 283 et s. Objets abandonnés sur la voie pu­

blique, 3194 et s. - anticonceptionnels, 2219 et s. - d'art (faux en écriture), 1243.

ou d'utilité publique ( des­truction), 3098 et s.

(marchandises, détérioration), 3113.

- du culte (outrages), 1103 et s. - mobiliers (dommages, destruction),

3237. - obscènes, 2219 et s. - saisis (détournement frauduleux),

2980 et s. - trouvés (cel frauduleux), 2991 et s. Obligation alimentaire, 2043 et s. Obligations commerciales (Preuve

des), 2877.

-;.·,,

INDEX ALPHABÉTIQUE 4:41

Obligations (Fabrication de fausses}, 1311.

- (Simili), 1193. Obscénités, 2217 et s. Observation (Mise en -, défense

sociale), 731 et s. Occupation ennemie (actes accomplis

pour soutenir l'action de la résis­tance), 691.

Œuvres d'art destinés à la vente (alté­ration, etc.), 3113 et s.

Offenses (Roi, chefs des gouverne-ments étrangers, etc.), 980 et s.

Officier de l'état civil (délits), 1672 et s. - - réserve, 1496bia. - de santé (secret professionnel),

2710. - honoraire, 1496bis. - ministériel (outrages), 1724. - - (rébellion), 1689,. - - (secret professionnel), 2711. Offre de commettre certains crimes,

572. Offres, propositions, acceptations (sû­

reté extérieure de l'Etat), 1008, 10~5, 1034.

Oiseau chanteur aveuglé, 3280 et s. Omission (déclaration de naissance),

2067 et S.

- (Délit par}, 2359, 2362. Opération césarienne, 1916, 2701. Opposition (travaux publics), 1763

et s. Ordonnancement (facture fausse),

1323. Ordre de supérieur , ( cause de justifi -

cation), 1139, 1656 et s. - étranger (décoration), 1497 et s. - menace d'attentat avec ordre,

1968 et s. Ordre public (halles, marchés), 1894

et s. Ordures jetées, 3222. Organe (Perte de l'usage d'un), 2430. Orgie, 2236. Origine délictueuse (recel), (Connais­

sance de l'), 2965. - élément requis, 2953 et s.

Outrages, 1708 et s. - à la pudeur, 2227 et s. - (animus injuriandi), 1708. - aux agents diplomati'ques, 982,

983. - aux; autorités, 1708 et s. - aux corps constitués, 1736.

Outrages aux jurés, 17 4 7 et s. .,- aux ministres du culte, 1106 et s. - aux mœurs, 2205 et s. - aux objets d'un culte, 1103 et S.

- aux témoins, etc., 1743. - et diffamation, 1712. - par écrit, 1713. - (présence de la personne outragée

requise), 1716. - (publicité hOn requise), 1715. Ouverture de lettres, 2719 et s. - de maisons de prêts s.ur gage, 184&

et s. - souterraine (escalade), 2796. Ouvrage (Louage d'), tromperie, 2939. Ouvrier (liberté d'association), 1862

et s: - réquisitionné (entraves à travaux),

1763. - - (Outrages et violences à)~

1730. - (vol domestique), 2770.

p

Pamphlets obscènes, 2219 et s. Papiers (destruction de), 3102 et s. Parents légitimes, naturels, adoptifs

(abandon d'enfant dans le besoin), 2043 et s.

ou naturels (exposition ou délaissement d'enfants ou d'incapables), 2061.

Parents naturels, 2326 et s., 2379. 2442.

- - (excuse de la provocation non applicable), 2468, 2495.

- ou alliés (abus de confiance), 2857. (déposition en justice), 1456. (destruction de titres, etc.),

3104. (escroquerie), 2896. (évasion), 1982. (extorsion), 2763. (recel), 2763. (recel de cadavre), 2005. (recel de condamnés), 200~ (tromperie), 2941. (vol), 2756 et s.

Paris (concours de pigeons voyageurs), 1831.

- (jeux de hasard), 1832. Paroles obscènes, 2217 et s. Parricide, 1842 et s. Partage des responsabilités, 2531.

/

INDEX ALPlli:QÉTIQUE

Participation criminelle, 547 et s. Participatio11 illégale aux élections,

124bis. Partie civile ( défense sociale,· mise en

observation), 770. Pas d'excuse sans texte, 723. Passages (nettoyage négligé), 3183

ets. Passants, 3210. Passe-partout (fausses clefs), 2797. Passeport (faux), 1354. - (substitution de photographie),

1357 . .

Passions (abus des passions des em­prunteurs), 2882.

- (abus des passions des mineurs), 2884.

Pàyements (Délai de), 331. Pays étrangers (débauche), 2198. Peine appliquée par le jugement défi.

nitif, 5. - capitale, 23 et s., 167 et s. - - (femme enceinte), 176. - (complicité), 656 et s. - (Exemption de), évasion procurée

ou facilitée par parents ou alliés, 1982.

- inférieure aux peines légales (sû­reté extérieure de l'Etat), 1023bis.

- la plus forte, 520. -' normalement applicable pour inter-

nement, 809. _:_ (Prescription de la), 47. Peines (Enumération des), 133 et s. - (Extinction des), 910 et s. - (renforcement en temps de guerre),

2722. Pénalités (règlements), 879. - (renforcement en temps de guerre),

2722. Pension alimentaire (abandon d'en-

fant dans le besoin), 2043 et s. - - non payée, 2326. Pensionnaires, 3206. Perception des amendes, 259. Permis de libération d'un condamné

libéré conditionnel (Faux), 1370. Perquisition illégale (rébellion), 1694. Personne ayant un caractère public,

1726 et S.

- chargée d'un service public (con­cussion), 1551. ·

- - - (corruption), 1609. - outragée (présence requise), 1716.

Personnes morales, calomnie, 2608. extorsion, 2821.

- injures, 3285. pas de condamnation pénale,

261, 549. publicationsd'imprimés, 1798 ..

Perte par hasard du signe distinctif fiscal (automobiles), 669.

Petite voirie (infraction aux règle­ments), 3192.

Pharmacien (avortement), 2025bis, 2029.

- (déchéance), 152. - (falsification de produits pharma-

ceutiques), 2942 et s., 3267 et S.

- (secret professionnel), 2710. Photographie (substitution de), 1357,

1367. Pièces d'artifiçe (tirs interdits), 3199. - produites en justice, détournement,

2889. - - immunité pénale, 2690. Pied cornier (déplacement, suppres­

sion), 3150. Pierres (Enlèvement de), 3256 (do-

maine public), 3257 .. - {Jet de), 3222, 3238. - sépulcrales (destruction), 3098. Pigeons messagers, 3228. - militaires ( capture, destruction ou

détention méchantes), 3230. - voyageurs (concours), 1831. - - (Détention de), 3229. Pillage, 1059 et s. - refus de secours, 3218 et s. Pinces (Abandon de), 3194. Piquets, 3156. Place publique (abandon de maté­

riaux, etc), 3185 et s. Plj\ie simulée (vagabonds, mendiants),

2009. Plainte (adultère), 2288 et s. - du lésé (atteinte à l'honneur), 2676

et S.

- (grivèlerie), 3003 et s. - ( outrage à un membre des Cham-

bres), 1709, 1723. - (Poursuites subordonnées à la),

1723, 1791, 2288, 2676 et S.

Plans (Levée de), 1020 et s. Plantes nuisibles répandues dans un

champ, 3121 et s. Plants (destruction), 3121 et s. Plaque de vélo (Fausse), 1209.

IND,EX ALPHABÉTIQUE- 443

Plaqu«;is indicatrices (barbouillage), 3101.

Pleine mer (Infractions en), 75. Poids et mesures (Faux), détention,

3275. - - usage, 3142 et s. Poignards (armes prohibées), 1921

et S.

Poinçon (contrefaçon, etc.), 1201 et s. Poison, 2445 et s. (empoisonnement),

2397 et S.

Poisson (destruction), 3133. Politique (v. Délit politique), 115 et s. - d'un groupement étranger (répro-

bation), 893. Pont (destruction), 3084 ·et s. Porcs empoisonnés, tués, blessés, 3129

et s., 3136 et s. Port d'armes contre la Belgique, 994

et s. de chasse ou de sport, 1947. de défense, 1932. (Délivrance délictueuse de),

1354 et s. (faux), 1354 et s.

- illégal de costumes, uniformes, dé­corations, 1497 et s.

- public de faux nom, 1516, 1300. _:_ illicite de titres de noblesse, 1512

et S.

Ports (territoire national), 72. Possibilité d'un préjudice, 1262 et s. Poste (mandats postaux, faux intel•

lectuel), 1232. Poteau télégraphique et téléphonique

(destruction, dégradations), 3095, 3296.

Poursuites disciplinaires, 2694. - illégales, 1150. Prairie (passage), 3219. Précédent mariage (Enfant d'un),

2738. Préjudice moral (préjudice possible),

1265. - possible, 1262 et s. Prélèvements par employeur, 2868. Préméditation (notion), 2370.

· Préposés de maisons de jeux, 1840, 1841.

- et commis des fonctionnaires (dé­tournements), 1574.

Prescription des condamnations civiles, 946.

- des peines, 47 et s., 928 et s. Presse (v. Délit de presse), 115 et s,

Presse (Provocation par la voie de la), 573.

Prestations sur la voie publique (indi-cation des prix), 294lbis.

Prêt à usage, 2868. - de consommation, 2868. Prêts sur gages (Maisons de), 1846 et s .. - sur titres, 1848. - sur warrants, 1849. - usuràires, 2884 et s. Prêtres (secret professionnel), 2711. Preuvè (Fardeau de la), 67. - partielle à l'égard des tiers (con-

vention), 1269; adde : 1320. Prison (Bris de), 1978. Prisonnier (évasion), 1978. __: de guerre (évasion), 1986. Privation d'aliments ou de soins, 2438,

2441. . Privilège des victimes d'accident,

333, 2533. Prix (Publicité des), 294lbis. Prix anormal (recel), 2959. Procédure (internement), 817 et s. Procès-verbal judiciaire (Faux dans),

1285, 30. Productions dérobées (maraudage),

2781, 2838, 3234. - frauduleuses (faillite), 2849. Produit du travail des prisonniers,

183, 223. Produits alimentaires, pharmaceuti-

ques (contrefaçon), 3271. - falsifiés, 2702, 2942, 3267 et s. Prolongation o-q. anticipation, 1662 et s. Promesse (provocation), 608. Pronostics (Concours de), 1835. Pronostiqueurs et devins, 3287. Propagande anticonceptionnelle, 2222. - antipatriotique, 1083. Proposition de complot, 986. - de commettre certains crimes, 572. Proposition, offre, acceptation (sûreté

extérieure de l'Etat), 1008, 1025, 1034.

Propriété mobilière, dégradations, des-truction, 3106 et s., 3237 et s.

Prorogation (internement), 848. Prostitution, 2180 et s. Protection de l'enfance, 725. - des animaux, 3280. - des grades militaires, 1496bis. Provenance douteuse (recel), 2959. Provision (chèque sans), 2906. - retirée (chèque), 3020.

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444 INDEX ALPHABÉTIQUE-

Provocateurs (rébellion), 1706. Provocation à commettre des infrac-

tions, 566 et s., 603 et s. - (délits militaires), 2467. - en duel, 2548 et s. - (Excuse de la), 2470 et s. - par la voie de la presse, 573. Proxénitisme, 2201, 2203. Prud'hommes (corruption), 1622 et s. - (outrages), 1722. Pseudonyme, 1517. Publication de condamnations crimi­

nelles, 186, 187. - de secrets, 1020 et s. Publications antérieures (reproduc­

tion), 2687 et s. - obscènes, 2210 et s. Publicité (calomnie, diffamation),

2613 et s. - de la décision (mise en observa­

tion), 777. - des débats (Non-) (mise en obser-

vation), 768, 769. - des prix; 294lbi8. -;-- (outrages), non requise, 1715. Puissance paternelle (déchéance), 2176

et s., 2203. ·

Q

Qualification (Changement de), 64. Quittance (extorsion), 2813. - fiscale (automobile), perte par ha­

sard, 669.

R

Rades (territoire national), 72. Radiation d'un acte faux, 1292. Radio, 3262. Raison sociale (usurpation), 1223. Rapt de séduction, 2106 et s. - de violence, 2098 et s. Ratures sur carte d'identité, 1367. Ravages (champ), 3121 et s. Ravisseur (mariage), 2ll6 et s. Ravitaillement (Faux timbres de),

1299. - (Timbres de), 1210. Rébellion (armes), 1698, 1699. - (chefs), 1706.

(excuse, art. 134 du Code pén.), 1700.

Rébellion (provocateurs), 1706. Recel (connaissance de l'origine d~lic­

tueuse), 2965 et s. - de bandes· séditieuses, 1076. - de cadavres (parents ou alliés),

2005. - de choses obtenues à l'aide d'un

délit, 2950 et s. - de criminels, 1998. - de malfaiteurs, 648 et s., 1965. - d'enfant, 2087 et s. - d'espion, 1020 et s. - dans l'intérêt d'un failli, 2848. - (vols de famille), 2963. Receveurs de l'enregistrement (outra­

ges, violences), 1738. - des tramways concédés ( caractère

public), 1728. Récidive, 414 et s. - après condamnation militaire, 451

et s. - (biilletins de renseignements, force

probante limitée), 889. - (contraventions), 3202 et s., 3236,

3286. - (crime sur crime), 439. - (délit sur crime), 440. - (délit sur délit), 442. - et internement, 799. - (extrait du casier judiciaire, force

probante limitée), 889. - non à craindre (mise en observa­

tion), 75_2. - (rupture de ban), 447 et 448. Récidivistes (défense sociale), 461

et S.

- et délinquants d'habitude (défense sociale, libération judiciaire), 478.

Récoltes (incendie), 3050 et s., 3057. - dérobées, 3234. - (destruction), 3121 et s. Reconnaissances du Mont-de-piété,

achat habituel, 1852. cession ou achat (prêts sur

marchandises neuves), 1852.

Reconstitution de lettres véritables, 1236.

Recouvrement des amendes, 272. Réduction des peines (suppression);

185. Réformation d'un acte faux, 1292. Refus d'accepter des monnaies pour

leur valeur, 3213.

/

INDEX ALPHABÉTIQUJ!; 445

Refus de constater ou de faire cesser une détention illégale, 1148.

- de démolir, de réparer, 3193. - d'exécuter les lois et règlements

de voirie, 3192. - de faire agir la force publique, 1653. - d'obtempérer à une réquisition,

3215. - de représenter des registres d'hôtel,

3204 et s. un détenu, 1149, un registre

d'écrou, 1149. un enfant, 2093.

- de secours alimentaires, 2326. Régies étrangères, 1225. Registre des logeurs, aubergistes, 1409

et s., 3204 et s. - (destruction), 1585 et s., 3102. Registres d'écrou (non-représentation),

1149. - réglementaires (Absence de), prêts

sur gage, 1850 et s. Règlements (Pénalités des), lois 6 mars

1818 et 5 juin 1934, 879. Réhabilitation, 949. Réintégration des internés en liberté

à l'essai, 846. Remise en circulation (fausse mon­

naie), 1178. (titres falsifiés), 1190.

Remise tacite (détournement), 2870. Remise sans tradition, 28_7 l. Renforcement des peines (temps de

guerre), 2722. Renvoi sous la surveillance de la

police (abrogation), ,254. Réparation (Excuse de la), 728, 3012. Réparations civiles, 318, 945 et s., 948. - d'édifices menaçant ruine, 3193,

3241. - des fours, cheminées, etc., 3177 et s. Représentàtion d'enfant, 2093 et s. Réprimande, 157. Réprobation de la politique d'un gou­

vernement étranger, 983. Reproduction de publications anté­

rieures, 2687 et s. Requête aux fins de mise en observa­

tion, 756. Réquisition de main-forte (refus d'ob­

tempérer), 3193. Réquisition illégale de la force pu­

blique, 1636 et s. - ou requête de mise en observation,

motivée et écrite, 756.

Résista.nce actes illégaux (rébellion), 1694.

- (Actes accomplis pour soutenir la) 691.

Résolution d'attentat, 987 et s. Responsabilité atténuée, 808. - - (défense sociale), 734. - civile (anormaux), 324, &,35, 2515.

des sociétés et associés (sû­reté extérieure de l'Etàt), 1018.

- (partage), 2531. - pénale (sociétés), 549. Ressemblance avec billets et valeurs,

1193 et S.

Restaurant, voir Grivèlerie. Restitutions, 318 et s., 336. - (Concours des -, des amendes,

frais de justice et des dommages-. intérêts), 358.

- (internement), 831. Rétablissement (faux en écritures

authentiques), 1292. Retraite (malfaiteurs), 648 et s. Rétributions encaissées par une société

(sûreté extérieure de l'Etat), 1039.

- attribuées au Trésor (sûreté exté­rieure de l'Etat), 1010 et 1011.

Rétroactivité des lois pénales favora­bles, 24 et s.

Réunion (mendiants), 2010. Réunions de citoyens (Incendie des

édifices servant à des), 3043 et s., 3049.

Révélation de secrets de fabrication, 1855 et s.

- - professionnels, 2073, 2708 et s.

- d'infractions (excuse), 1084, 1172, 1191, 1228, 1809, 1966.

Revente de billets de loterie autoris sée, 1826.

Revenus de l'interdit légal, 209. Rivières (territoire national), 72. Roi, royauté (attentat), 959 et s. · Rossignol (fausse clef), 2797. Roulottes foraines (incendies), 3039. Ruban (port illégal), 1497 et s. Rues (Embarras des), 3185 et s. - (Nettoyage négligé des), 3183

et S.

Rupture de ban d'expulsion (étran­gers), 1994 et s.

- - (récidive), 447 et 448.

\

' , V

446 INDEX .ALPHABÉTIQUE

s .Sage-femme (avo:rlement), 2025bis,

2029. - - (registre d'hôtel), 3206. - - (secret professionnel), 2710. Saisie (détournement d'objets saisis),

2980 et S.

- nulle (détournement), 2988. Salaires (tromperie), 2939. Sceau de l'Etat (contrefaçon), 1198

et s. Scellés (Bris de), 17 50 et s. Secours (Refus de), 3215, 2326. Secret de fabrique (révélation), 1855. - des actes d'huissiers, 2720. - des lettres, dépêches, 1125 et s.,

2719. - intéressant la défense du territoire

où la siîreté de l'Etat, 1020 et s. - professionnel, 2073, 2708.

(agents fiscaux), 2712. - - dentiste, 2712. - - droguiste, 2712. Secrétaire de syndicat, 1877. Sédition, 973 et s., 1052. Septuagénaire (contrainte par corps),

370. Sépulture (Violation de), 2697. Séquestration, 2575. Sérénades, 3266. Serment (abus de confiance), 2876. - (déféré, référé), .1475. - (faux), 1473 et s. - (fonctionnaires), 1552. - préalable (Défaut de), 1663 et s. Serrurier (fausses clefs), 580, 2830. Service réquisitionné, 3215 et s. Serviteur de la victime (attentat à la

pudeur, viol), 2167. - ( corruption de la jeunesse), 2202. - (vol domestique), 2726, 2770. Servitude pénale (Peine de la), 890. Signature d'un tiers avec autorisation,

1238. - fausse, 1145, 1278, 1305. - surprise, 1144. Signe distinctif fiscal (automobiles),

perdu par hasard, 669. Signes commémoratifs (destruction),

3098. - distinctifs faux, 1244. Simili-billets de banque, 1193. - coupons de dividendes, 1193. - obligatio~, 1193.

Simili-télégrammes, 1196, 1423. ::- timbres postaux, 1193 • - titres de rente, 1193. - valeurs fiduciaires, 1193. Simulatîon, 1239. - (plaies, infirmités), 2010. Sociétés et personnes morales, 261;:

(injures), 3285. Sociétés, 549. - coloniales, 1333. - de capitalisation, 1817. - imputations contre (preuves), 2641. - (responsabilité civile ; sûreté exté-

rieure de l'Etat), 1018. Sœur, déposition en justice, 1456. - évasion de détenus, 1982. - recel de cadavres, 2005. - recel de criminels, 2003. Soins (Privation de), 2438, 2441. Solidarité (réparations civiles, frais)~

337 et s~ , Sommation de démolir (refus d'ob-

tempérer), 3193. Somnambulisme, 698 et 699. Songes (devins, pronostiqueurs), 3287. Souillure jetée, 3194 et s. Soumission d'adjudicataires (enchères

entravées), 1900. Souscription d'actions (escroquerie),

2895. Soustraction frauduleuse, 2725 et s. - de pièees, documents, 1585 et s. - dans l'intérêt d'un failli, 2848. Souverains étrangers (attaques, offen­

ses contre), 981 et s. - - (indemnité), 88. Spécification des causes de mise en

observation (défense sociale), 740.

Spéculations illicites, 1880 et s. Statue (destruction), 3098 et s. - (fausse signature), 1243. Stupéfiants (internement), 804. Subornation (experts, interprètes, té-

moins), 1469 et s. - de témoins (matières fiscales),

1458, 1469. Substances alimentaires (corrompues,

falsifiées), 3267 et s. - médicamenteuses (falsification),

2942 et s., 3267. - nocives (poison), 2445 et s. Substitution de billet pe~dant

l'échange (escroquerie), 2913, 4°. - d'enfant, 2079 et s.

INDEX ALPHABÉTIQUE .447

Subventions indûment perçues, 2918, 3002 .

.Suisse d'église (caractère public, dé-faut), 1734. ·

.Supérieur (Ordre d'un), 1139, 1656. Supposition d'enfant, 2079 et s. - de part, 2079 et s. - de personnes (faux), 1312. Suppression d'actes, titres, 1576. - de bornes, pieds corniers, 2706 et s. - de copies d'exploits d'huissiers,

2720. - d'enfant, 2079. - d'écrits injurieux, 2693. - de lettres, dépêches, 1125 et s.,

2719. - de pièces de procédure, 1585, 2889. Sfu-eté (Inspecteur de la), secret pro­

fessionnel, 2712. - extérieure de l'Etat (Crimes et

délits contre la), 991 et s. Sursis (non applicable aux amendes

fiscales), 893. - (Divisibilité du), 904. Surveillance de la police, 254. Suspension de fonctionnaires, etc.,

exercice illégal des fonctions, 1663 et 8.

- de la confirmation des mandats d'arrêt (défense sociale, mise en· observation), 778.

Syndicats (responsabilité), 1877.

T Tableaux (Destruction, dégradation

de), 3098. - destinés à la vente (détérioration),

3113. - statues, gravures (fausse signature),

1243. Tailles altérées, 1241. Taillis (incendie), 3050. Tapage nocturne, 3258 et s. Télégrammes faux, 1413 et s. - (Formulaires ayant l'apparence de),

1196. - (Simili), 1196, 1412. Télégraphes, téléphones ( obstacles aux

communications), 3095. Télégraphie et téléphonie sans fil, 3296. Témoins concourant à délivrance de

passeport, port d'armes, etc., 1366.

- (Fausse excuse d1,1s), 113.

Témoins (faux), 1430 et s. - (faux certificat); 1408. - (internement), 819. - (Outrages ou violences envers les),

1747 et S.

- (Subornation de), 1469. - - - (matières fiscales), 1458,

1469. Temps de guerre, 2722. Tentative punissable, 378 et s. - impossible, 392 et s. Terrain d'autrui (passage), 3194 et s.,

3218 et 8.

Terres du domaine public (~nlève-ment), 3257.

Territoire belge, 72. Territorialité de la loi pénale, 71 et s. Testament inexactement daté (Usage

de), 1344. - olographe, 1237. - - (destruction), 3102. Timbres (contrefaçon), 1201 et s.,

1218 et S.

- de ravitaillement, 1210, 1299. - postaux (Simili), 1193. Tirs interdits, 3199 et s. Titres de noblesse (usurpation), 1512

et s. - (Dépositaire de -, négligence),

1578, 1585 .• - de rente (Simili), 1193. - (Destruction de), 1576 et s., 3102

et s. - échangés (escroquerie), 2913, 12°. - étr.angers, 1514. - (Falsification de), 1182 et s. - (Prêts sur), 1848. Tombeau (Violation de), 2697 et s. - (destruction), 3098 et s. Tortures (arrestation illégale), 2580. - (vol), 2806. Tradition sans remise (àétournement),

2871. Trahison, 993 et 993bis. Traité d'alliance (Absence de), 997. Traite des blanches, 2198. Traites fictives, 3013 et s. Tramways concédés (Outrages et vio­

lences aux agents des), 1728. Transaction pénale (sûreté extérieure

de l'Etat), 1019, 1027, 1037. Transactions commerciales (Loyauté

des), 2941bis. Transfert (internement), demande de,

844.

448 INDEX ALPHABÉTIQUE

Travaux des condamnés, 221 et s. · - publics (entraves), 1763 et s. - réquisitionnés (refus ou négli-

gence), 3215 et s. - retardés, 1780 et s. Travestissement (mendiants, vaga­

bonds), 2009 et s. Trésor (appropriation illicite), 2999

et s. Tribunaux militaires (défense sociale),

65215•

Tromperie, 2927 et s. - au jeu, 2913, 5°. Trouble passager (défense sociale),

6527•

- périodique (défense sociale), 6528•

Troubles (enchères), 1900. - (exercice d'un culte), 1097 et s. - (halles et marchés), 1894 et s. Troupe de mendiants, 2010. Troupes armées (enrôlement illégal),

1063 et S.

T. S. F. (tapage nocturne), 3262. Tumulte (refus de secours), 3215

et s. Tuteur (art. 257 rion applicable),

1646. - (Immixtion dans les fonctions du),

1492. - n'est pas fonctionnaire public,

1554, 1611, 1646, 1732.

u Uniforme (port illégal), 1497 et s. Usage de faux, 1335 et s. - - et détournement (concours

d'infractions), 537. - en Belgique d'un faux commis à

l'étranger, 1339. Usage d'un organe (Perte de l'), 2430. - (Abus de l'), 2866. - (Vol de l'), 2727. Usine (défaut d'entretien), 3177

et s. Usufruit légal (déchéance), 2176 et s.,

2203. Usure habituelle, 2884 et s. Usurpation de commandement, 1066

et S.

- de fonctions, 1486 et s. - de terrains, 3164. - .de titres de noblesse, 1512 et s.

V

Vagabondage, 2009. Vagabonds porteurs d'armes, 2013

et 2014. - travestis, 2010. Valeurs fiduciaires (Simili), 1193. Véhicules (mauvaise direction), 3220,

3239. Vélo (Fausse plaque de), 1209. Vendeur (armes prohibées), 1918 et s. - (imprimés illégaux), 1810. Vente à tempérament ( détournement),

2875. Vente de comestibles corrompus, con-

trefaits, etc., 3267. - d'obscénités, 2205 et s. - (exposition en vente, notion), 3268. - simulée (escroquerie), 2913, 3°. - (tromperie), 2927. Vérité (Altération de la), 1235 et s. Vers à soie, 3232. Vieillesse (contrainte par corps), 370. Viol, 2146 et s. Violation de clôture, 3143. - de domicile, 1119 et s., 2584 et s. - de sépulture, 2697 et s. - du secret des lettres, 1125 et s.,

2719. Violences et menaces, 2783, 2835. - et outrages, 1747.

. - illégitimes, 1543 et s. - légères, 32~1. Vitesse (Courses de), 556. Vitres (destruction), 3152. Vivier (destruction du poisson), 3133. Vivisection, 3281. Voie publique (jet ou abandon d'ob-

jets), 3189, 3194, 3221. - (embarras), 3185 et s. Voies de fait légères, 3291. Voirie, 3192. Voiture, cales enlevées, 3118. - conducteur, 3220. - de louage, voir Grivèlerie. - destruction par explosion, 3078

et s. - effraction, 2795. - de chemin de fer (incendie), 3039. Vol, 2721 et s. - au préjudice de parents ou alliés,

2756. - (copropriétaire), 2733. - d'arbres coupés et enlevés, 2768. - de l'usage, 2727.

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IND;EX ALPHABÉTIQUE 449

Vol de récoltes, 2767. ' - domestique, 2770 et s. - en temps de guerre, 2722. Vote (Interdiction du droit de), 241. - illégal (élections législatives),

124bis. , Voyageurs (contrôle dans les maisons

d'hébergement), 3204 et s.

w Wagon, cales enlevées, 3118. - destruction par explosion, 3078

et s. - effraction, 2795. - incendie, 3039. Warrants (prêts sur), 1849.

TABLE ANALYTIQUE DES MATffiRES CONTENUES DANS LE TOME II.

Titre VI. - Des crimes et des délits contre la sécurité publique.

CHAP:t;TRE 1er. - DE L'ASSOCIATION FORMÉE DANS LE BUT D'ATTENTER AUX PERSONNES

OU AUX PROPRIÉTÉS.

ARTICLES 322 A 326.

1955. - Association et participation criminelle, p. 6. 1956. - Infraction consommée par l'organisation, p. 6. 1957. - Conditions de l'infraction, p. 6. 1958. - Combien d'associés? p. 6. 1959. - Délinquants primaires ou autres, p. 7. 1960. - But de l'association, p. 7.

- 1961. - Preuve du but de l'association, p. 7. 196a. - Tentative punissable, p. 7. 1968. - Provocateurs, chefs, etc., p. 7. 1964. - Simples associés, p. 8. 1965. - Pourvoyeurs et logeurs, p. 8. 1966. - Excuse de l'article 826 du Code pénal, p. 8.

CHAPITRE II. - DES MENACES D'ATTENTAT CONTRE LES PERSONNES OU CONTRE LES PROPRIÉTÉS.

ARTICLES 827 A 831.

1967. - Nature des menaces punissables, p. 9. 1968. - Menaces par écrit. - Articles 327 et 331, p. 10. 1969. - Connaissance de la menace par la personne menacée, p. 10. 1970. - Ordre ou condition, p. 10. 1971. - Attentat punissable de la peine de mort ou des travaux forcés, p. 10. 1972. - Menaces par écrit; article 330, p. 10. 1978. - Menaces par geatea ou emblèmea. - Article 829, p. 11, 1974, - Gestes ou emblèmes. - Notion, p. 11. 1975. - Menace verbale. - Article 828, p. 11. 1976. - Mendiants, p. 11. 1977. - Extorsion, p. 11.

CHAPITRE III. - DE L'ÉVASION DES DÉTENUS.

ARTICLES 382 A 387.

1978. - Nécessité d'une arrestation légale quant à la cause et quant au lieu de déten· tion, p. 18.

1979. - Détenus, p. 18. 1980. - Contrainte par corps. - Peines disciplinaires ou de :police, p. 18. 1981. - Préposés à la garde de détenus, p. 18. 1982. - Fait de tiers : a) Procuré ou facilité l'évasion. - Parenl8 et alliéB, p. 14. 1988. - b) Fourniture d'instruments ou d'armes, p. 14.

452' TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

1984. - Préposés. - Négligence, p. 14. 1985. - Préposés. - Connivence, p. 14. 1986. - Préposés. - Pénalités, p. 14. 1987. - Préposés. - Crime correctionnalisé, p. 14. 1988. - Préposés. - a) Article 336, p. 14. 1989. - Préposés. - Violences et menaces, p. 14, 1990. - Préposés. ~ Bris de prison, p. 14. 1991. - Préposés. - Gradation des peines d'après la position du détenu lors de l'éva­

sion, p. 14. 1992. - Préposés. - b) Article 337, p. 15. 1993. - Préposés. - Armes, p. 15.

CHAPITRE IV. - DE LA RUPTURE DE BAN ET DE QUELQUES RECELEMENTS.

ARTICLES 338 A 341. Rupture de ban d'expulsion. 1994. - Abrogation de l'article 338 du Code pénal. - Rupture de ban d'expulsion, p. 16. 1995. - Nationalité étrangère de l'inculpé doit être établie, p. 16. 1996. - Nationalité du prévenu. - Compétence des tribunaux répressifs, p. 16. 199'7. - Fardeau de la preuve de la culpabilité du_ prévenu, p. 16. De quelqu,és recèlements. 1998. - Dispositions légales. - Code pénal, articles 68, 324 et 339, p. 17. 1999. - Recel de criminelB. - Notion, p. 17. 2000. - Connaissance du crime, . p. 17. 2001. - Criminel pourBUivi, p. 17. 2002. - Quid en cas d'acquittement du criminel? p. 17. 2003. - Excuse péremptoire de l'article 341, p. 18. 2004. - Recel de cadavreB de personnes homicidées, p. 18. 2005. - Excuse de l'article 341. (Renvoi.), p. 18. 2006. - Matérialité de l'infraction, p. 18. 2007. - Diverses causes de l'homicide, p. 18. 2008. - Quid des auteurs et complices de l'homicide ou des blessures? p. 18.

CHAPITRE V. - DES DÉLITS CONTRE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE COMMIS PAR DES VAGABONDS OU DES MENDIANTS.

ARTICLES 342 A 347.

2009. - Des vagabonds, p. 20. 2010. - Mendicité. - L'habitude est-elle requise pour l'application des articles 342

et suivants du Code pénal ? p. 20. 2011. - Entrée dans les habitations, p. 21. 2012. - Faux certificats, etc. p. 21. 2013. - Port d'armes. - Concours d'infractions, p. 21. 2014. - Quelles armes sont visées par l'article 344? p. 21. 2015. - Violences et menaces, p. 21. 2016. - Surveillance spéciale de la police, p. 21.

Titre VII. -- Des crimes et des délits contre l'ordre des familles et contre la moralité publique.

CHAPITRE 1er, - DE L'AVORTEMENT.

ARTICLES 348 A 353.

2017. - Définition pénale de l'avortement, p. 23. 2018. - Naissance provoquée par manœuvres abortives, p. 23.

TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

2019. - Elément matériel de l'inft-actfon, p. 24. 2020. - Moyens, p. 24. 2021. - Femme enceinte, p. 24.

453

2022. - Elément intentionnel. - Avortement non prévu par la loi pénale, p. 24. 2023. - Avortement involontaire causé par des violences volontaires, p. 25. 2024. - Violences prévues par l'article 349, p. 25. 2025. - Préméditation, p. 25. 2025bis. - Majoration des peines : médecins, pharmaciens, etc., p. 25. 2026. - Défaut de prévoyance ou de précaution, p. 25. 2027. - Tentative. - Tentative impossible, p. 25. 2028. - Tentative simple non prévue par l'article 348, 2°, p. 25. 2029. - Cas visé à l'article 353. - Droit commun, p. 26. 2030. Cas visé à l'article 352, p. 26. 2031. - 1 ° Délit de .la femme avortée, p. 26. 2032. - 2° Auteurs de l'avortement, p. 26. 2033. _:_ 3° Article 349. (Renvoi.), p. 26. 2034. 4° Décès de la femme. - Articles 352, 353, p. 26. 2035. - Etendue d'appl~cation de l'article 352, p. 27.

CHAPITRE II. - DE L'EXPOSITION ET DU DÉLAISSEMENT D'ENFANTS.

ARTICLES 354 A 360bis.

2036. --Articles 354 et suivants du Code pénal. - Loi du 15 mai 1912, articles 56 et 60, p. 29.

2037. 2038. 2039.

- Exposer ou faire exposer un enfant. - Lieu non public, p. 29. - Délaisser ou faire délaisser un enfant, p. 29. - Tous faits d'exposition ou de délaissement par toutes personnes quelconques,

p. 29. 2040. - Abrogation de la condition d'âge, p. 30. 2041. - Incapables physiques ou mentaux, p. 30. 2042. Faits prévus par l'article 360bis du Code pénal, p. 30. 2043. Infractions distinctes. - Article 360bis du Code pénal, p. 30. 2044. Nécessité d'une filiation légale légitime, naturelle ou adoptive, p. 30. 2045. Extrait d'acte de naissance doit être joint au procès-veroal, p. 30. 2046. Père ou mère, p. 31. · 2047. - Abandon simultané par père et mère non requis, p. 31. 2048. - Matérialité de l'infraction. - Abandon dans le besoin, p. 31. 2049. Etat de besoin. - Constatation suffisante, p. 31. 2050. Résidence de fait de l'enfant, p. 31. 2051. Enfant placé en pension, p. 31. 2052. Refus d'entretien par le père sans impossibilité, p. 32. 2053. - Allocation antérieure importante. - Inopérance, p. 32. 2054. Offre de reprendre l'enfant et abandon antérieur, p. 32. 2055. Idem. - Motif suffisant, p. 32. 2056. Obligation légale même sans jugement, p. 32. 2057. Convocation préalable chez le juge de paix non requise, p. 32. 2058. Père divorcé. - Article 360bis non applicable, p. 33. 2059. Pénalités. - Délaissement. - Lieu solitaire ; lieu non solitaire, p. 33. 2060. Exposition et délaissement en général, p. 33. 2061. Parents légitimes ou naturels; tiers à qui l'enfant ou l'incapable a été confié,

2062. 2063. 2064. -

2065. 2066.

p. 33. Délaissement. - Infirmités, maladie, décès, p. 33. Délaissement dans un lieu solitaire, p. 33. Circonstances aggravantes : a) Parents légitimes ou naturels; tiers à qui l'enfant ou l'incapable a été

confié, p. 33. b) Infirmités, p. 33. c) Décès, p. 33.

/•

454 TABLE ANALY'l'IQUE D:ES MATIÈRES

CHAPITRE III. - DES CRIMES ET DÉLITS TENDANT A EMP);::CHER OU A DÉTRUIRE

LA PREUVE DE L'ÉTAT CIVIL DE L'ENFANT.

ARTICLES 361 A 367. Déclarations de naissance, 2067, - Article 56 du Code civil, p. 36. 2068. - Sanction pénale de cet article, p. 36.

1 ° .Accouchement au domicile, le père présent. 2069. - 2° Absence ou empêchement du père, p. 36, 2070. - 3° .Accouchement en dehors du domicile, p; 37. 2071. - Délai des déclarations de naissance, p. 37. 2072. - Enfant mort-né, p. 37. 2078. - Mentions de la déclaration. - Nom de la mère, p. 37, 2074. - Elément moral de l'infraction. - Négligence, 37.

Enfants trouvés. 2075. - Article 58 du Code civil, p. 37. 2076. - Article 362 du Code pénal, p. 87. 2077. - Négligence punissable, p. 38. 2078. - Personnes ayant recueilli l'enfant, p. 38,

Suppression, substitution, supposition d'enfants. 2079, - Suppression d'enfant. - Dol déterminé, p. 38. 2080. - Exemples, p. 38. 2081. - Caractère mixte du crime. - Compétence, p. 38. 2082. - Conséquences du dol déterminé requis par la loi, . p. 89. 2083. - Substitutil'Jn d'enfant, p. 89. 2084, - Supposition d'enfant, p. 39. :1085. - Participation criminelle; - Règle spéciale, p. 39. 2086. - Enfants légitimes ou naturels, p. 39.

Enlèvement et recèlement d'enfants. 2087. - Code pénal, articles 864 et 365, p. 39. 2088. - Conse~tement de l'enfant, p. 39. 2089. - Fait enlever, fait recéler. - Dérogation à l'article 66 du Code pénal, p. 39.

Transport à un hospice. 2090. - Code pénal, article 366, p. 40,

· 2091. - Porte ou fait porter, p. 40. · 2092, - Nature de l'infraction. - Conséquences, p. 40.

Disposition particulière. 2093. - Code pénal, article 367, p. 40. 2094. - Refus obstiné. - Suppression, 40. 2095 •. - Portée incertaine de l'article 867 du Code pénal, p. 40. 2096. - Non-application aux père et mère. - (Voir article 869bis,), p. 40.

CHAPITRE IV. - DE L'ENLt:VEMENT DES MINEURS.

ARTICLES 368 A 371.

2097. - Code pénal, articles 368 à 371, p. 43.

Rapt de vio~ce. 2098. - Code pénal, articles 868 et 369, p. 43. 2099, - • Celui ». - Quiconque, p. 43. 2100. - Père et mère, p. 48. 2101. - Enlevé, fait-enlever, p. 43. 2102. - Enlèvement. - Notion, p. 43. 2103. - Violences, menaces, ruse, p. 43.

TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

210!, - But de l'auteur, p. 44. 2105. - Mineurs des deux sexes, p. 44. 2106. - Enfants de moins de sept ans. - Renvoi, p. 44. 2107. - Mineurs émancipés par mariage, p. 44. 2108. - Ignorance de l'âge, p. 44.

Rapt de séduction. 2109, - Code pénal, article 370 (nouveau), p. 44. 2110. - Majorité ou minorité de l'auteur, p. 45. 2111. - Enlèvement, 45. · 2112. - Enlevé, fait enlever. - ·Renvoi, p. 45. 2113. - Ignorance de l'âge. - Renvoi, p. 45. 2114. - Mineurs émancipés, p. 45. 2115. - Femme mariée, p. 45.

Poursuites suspendues par le mariage. 2116. - Rapt de violence, rapt de séduction, p. 46. 2117. - Mineurs de sexe masculin, p. 46. 2118. - Annulation du mariage, p. 46. 2119. - Non-nécessité d'une plainte, p. 46. 2120. - Immunité de tous ceux qui ont participé, p. 46. 2121. - Remise du jugement, p. 46.

Délit continué en Belgique, - Prescription. 2122. - Délit continu, p. 47. 2123. - Délit continué en Belgique, p. 47. 2124. - Prescription, p. 47. _

Article 369bis du Code pénal. 2125. - Loi du 15 mai 1912, article 57, p. 47. 2126. - Loi du 20 juillet 1927. - Proposition, p. 48. 2127. - Amendement du gouvernement, p. 48. 2128. - Amendement du Sénat, p;- 48. 2129. - Tentative punissable, p. 48. 2130. - Enlèvement. - Renvoi, p. 48. 2131. - • Faire enlever ». - Renvoi, p. 48.

CHAPITRE V. - DE L'ATTENTAT A LA PUDEUR ET DU VIOL.

ARTICLES 372 A 378,

2132. - Objet des articles 372 et suivants du Code pénal, p. 51. 2133. - Attentat à la pudeur, p. 52. 2134. - Commencement d'exécution, p. 52. 2135. - Viol, p. 52. 2136. - Filiation adultérine, p. 52.

Attentat à la pudeur. 2137. - Sans violences ni menaces; article 372, p. 53. 2138. - A l'aide de la personne, p. 53. 2139. - Age; élément constitutif du crime, p. 53. 2139bis. - Faits prévus par l'article 372, alinéa 1er, p. 53. 2140. - Pénalités, p. 53. 2141. - Ascendant; mineur non émancipé par le mariage; article 372, alinéa 2, p. 54. 2142. - Attentat avec violences et menaces; article 373, p. 54. 2148. - Violences, menaces, p. 54. 2144. - Violences. - Exemples, p. 55. 2145. - Mari et femme, p. 55.

Du viol. 2146. - Définition. (Renvoi,), p. 55. 2147. - Code pénal, article 875, alinéa 1er, p. 55. 2148. - Violences, p. 55,

TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

2149. - Menaces graves, p. 55. 2150. - Ruse, p. 56. 2151. - En abusant d'une personne, p. 56. 2152. - Mineur de quatorze à seize ans, p. 56.

· 2153. - Mineur de moins de quatorze ans, p. 56. 2154. - Quid du rapprochement charnel des sexes? - Cours d'appel, p. 56. 2155. - .Jurisprudence de la cour de cassation, p. 56. 2156. - Le viol peut-il être commis par une femme? p. 57. 2157. - Actes contre nature, p. 57. 2158. - L'âge est un élément du crime, p. 57. 2159. - Mineur de moins de dix ans, p. 58. 2160. - Pas de correctionnalisation, p. 58. 2161. - Circonstances aggravantes de l'article 377. - Renvoi, p. 58. 2162. - Tentative de viol, p. 58.

Df,s,positions communes au viol et à l'attentat à la pudeur. 2163. - Mort de la victime. - Article 376, p. 58. 2164. - Code pénal, article 877, p. 58. 2165. - Ascendants, p. 59. 2166. - Instituteurs, p. 59. 2167. - Serviteurs à gages de la victime, p. 59. 2168. - Autorité sur la victime, p. 60. 2169. - Serviteurs des ascendants, etc., p. 60. 2170. - Ministres des cultes; fonctionnaires, p. 60. 2171. - Médecins, chirurgiens, etc., p. 60. 2172. - Coupable aidé dans l'exécution, p. 61. 2173. - Actes d'exécution, p. 61. 2174. - Interdiction des droits, p. 61. 2175. - Caractère obligatoire de cette peine. - Etendue, p. 61. 2176. - Père et mère, p. 61. 2177. - Parents légitimes et naturels, p. 62. 2178. - Enfants légitimés, p. 62. fl79. - Compétence respective de la cour d'assises et des tribunaux, p. 62.

CHAPITRE VI. - DE LA CORRUPTION DE LA JEUNESSE ET DE LA PROSTITUTION.

ARTICLES 379 A 882.

2180. - Loi du 26 mai 1914, p. 64. 2181. - L'habitude n'est plus requise, p. 64. 2182. - .Article 379 nouveau du Code pénal, p. 64. 2183. - Pénalités. ,- Mineur émancipé par mariage, p. 64. 2184. - Identité de la personne (),ébauchée et de celle dont on a voulu satisfaire les

passions, p. 65. 2185. - Infraction des père et mère. - Rémunération non requise, p. 65. 2186. - Location d'une chambre -par une entremetteuse, p. 65. 2187. - Connaissance de l'état de minorité, p. 65. 2188. - Intention et mobile, p. 66. 2189. - La corruption ne doit pas être réalisée, p. 66. 2190. - Proxénitisme par voie de la presse, p. 67. 2191. - Participation criminelle, p. 67. 2192. - .Article 380 nouveau. - Minorité ignorée par négligence, p. 67. 2103. - Elément constitutif de l'infraction, p. 67. 2104. - Allégations fausses, développement physique normal, p. 67. 2195. - Pénalités, p. 68. 2196. - Elévation du minimum, p. 68. 2197. - Peines accessoires, p. 68. 2198. - .Article 380bis nouveau, p. 68. 2199. - Tentative, p. 68. 2200. - Pénalités. - Renvoi, p. 68.

, TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

2201. - Article 38oter nouveau, p. 68. 2202. - Article 381, p. 68.

457

2203. - Article 382. - Interdiction. - Déchéance de la puissance paternelle. -Renvoi, p. 69.

2204. - Surveillance spéciale de la police (abrogation), p. 69.

CHAPITRE VII. - DES OUTRAGES PUBLICS AUX BONNES MŒURS.

ARTICLES 383 A 386bis.

Outrages aux mœurs prévus par l'article .383 du Code pénal. 2205. - Article 383 du Code pénal et lois complémentaires, p. 73. 2206. - Article 383, alinéa Jer, p. 73. 2207. - Exposé, exposé en vente, p. 73. 2208. - Impression d'un écrit contraire aux bonnes mœurs, p. 73 .. 2209. - Degré de publicité requis par l'article 388, p. 73. 2210. - Ecrits et images contraires aux bonnes mœurs, p. 74. 2211. - Films cinématographiques. - Ouvrages artistiques ou scientifiques, p. 74. 2212. - Délits de presse, p. 76. 2213. - Annonces relatives à des écrits obscènes, p. 76. 2214. - Ventes d'images reproduites au moyen de la presse, p. 77. 22i5. - Images accompagnées d'un texte écrit, p. 77. 2216. - Code pénal, article 386bis, et loi du 11 avril 1936, p. 77.

De l'outrage aux mœurs par paroles obscènes.

2217. - Article 383, alinéa 2. - Loi du 29 janvier 1925, article 1er, p. 78. 2218. - Outrages proférés. - Conversations particulières, p. 78.

Dispositions additionnelles à l'article 383 du Code pénal. - Article 384 nouveau.

2219. - Résumé des lois des 20 juin 1923 et 14 juin 1926. 1 ° Fabrication, déten-tion, etc ... , chansons, pamphlets, etc., p. 78.

2220. - 2° Drogues ou engins abortifs, p. 78. 2221. 3° Objets anticonceptionnels, p. 79. 2222. - 4° Propagande anticonceptionnelle. - But de lucre, p. 79. 2223. - Esprit dominant de cette législation. - Loi du 20 juin 1923, p. 79. 2224. - Travaux préparatoires de la loi du 14 juin 1926, p. 80. 2225. - Modifications à l'article 384 du Code pénal, p. 80. 2226. - Délit de presse. Renvoi, p. 80.

Des outrages publics aux mœurs par actions.

2227. - Article 385 du Code pénal, p. 80. 2228. - Présence d'un mineur de moins de seize ans, p. 80. 2229. - Elément matériel, p. 80. 2230. - Elément intentionnel, p. 80. 2231. - Actions qui blessent la pudeur, p. 81. 2232. - Publicité. - Nécessité essentielle, p. 81. 2233. - Appréciation des tribunaux. - Travaux préparatoires, p. 81. 2234. - Publicité éventuelle. - Témoin unique, p. 81. 2235. - Publicité rendue effective par le fait d'un tiers, p. 82. 2236. Orgies, p. 82. 2237. - Témoins âgés de moins de seize ans, p. 83. 2238. - Nudisme, p. 83.

Dispositions communes.

2239. - Article 386, alinéa Jer, - Loi du 29 janvier 1905, p. 86. 2240. - Article 53 de la loi du 15 mai 1912, p. 86. 2241. - Concours de ces dispositionB, p. 86. 2242. - Article 386, alinéa 2. - Interdiction des droits, p. 87.

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TABLE ANALYTIQUE :OES MATIÈRES

CHAPITRE VIII. - DE L'ADULT1!lRE ET DE LA BIGAMIE.

ARTICLES 387 A 391. Notions générales. ll243. - Adultère de l'homme et de la femme, p. 89. 2244. - Explications données de la différence de traitement pénal, p. 89. 2245. - Complice de la femme. - Complice du inari, p. 89. 2246. - Conséquences du système légal. - Séparation de corps, p. 90. 2247. - Loi du 20 mars 1927. - Code civil, article 313, p. 90.

De l'adultère de la femme. 2248. - Article 387, alinéa 1•r, du Code pénal, p. 90, 2249. - Trois conditions du délit. - 1° Union consommée des sexes, p. 90, 2250. - Preuve de cette condition, p. 90. 2251. - 2° Existence d'un mariage valable, p. 91. 2252. - Question préjudicielle, - Compétence, p. 91. 2253. - 30 Dol général, p. 92. 2254. - Délit instantané, p. 92. 2255, - Droit de grâce du mari. - Article 387, alinéa 2, p. 92. 2256. - Effets de la condamnation, p. 92. ll257. - Effets quant au c~mplice, p. 92. 2258. - Pas de condamnation solidaire aux frais, p. 92. 2259. - Mari partie civile. - Recevabilité, p. 92.

Du complice de la femme aduUère. 2260. - Code pénal, article 388, p. 93. 2261. - • Complice ». - Coauteur, p. 93, 2262. - Dol général. - Prostituées, p. 93. 2263. - Preuves envers le complice. - Constat nocturne, p. 93. 2264. - Preuve indirecte du flagrant délit, p. 94. 2265. - Preuves écrites, p. 94. 2266. - Preuve légale. - Constatation implicite, p. 96. 2267. - Grâce accordée à la femme après la condamnation définitive, p. 96. 2268, - Mariage valable. - Le complice ne peut pas demander l'annulation, p. 96. 2269, - Dissolution du mariage, p. 96. 2270 • ..,... Insertion du nom du complice dans le jugement, p. 06, 2271. - Pas de condamnation solidaire aux frais, p. 97. 2272, - Mari partie civile.:- Recevabilité, p. 07,

Entretien de concubine dans la maison conjugale. 2273. - Article 380, alinéa 1er, du Code pénal, p. 97. 2274. - Mariage valable, p. 97. · 2275. - Dol général. - Femme disparue, p. 97. 2276. - Entretien de concubines, p. 98. 2277. - Faits isolés. - Interprétation des termes de la citation, p. 98. 2278. - Maison conjugale, p. 98. 2279. - Résidence distincte de la femme, p. 99. 2280. - Loyer payé par un tiers, etc., p. 100. 2281. - Maison conjugale. - Appréciation critique de la jurisprudence, p. 100. 2282. - Séparation de corps prononcée, p. 101. 2283. - Complicité d'adultère. - Concours, p. 101. 2284. - Concubine non punissa.ble, p. 101. 2285. - Droit de grâce de la femme. - Article 389, alinéa 2, p. 101. 2286. - Délit continué après ~e première condamnation, p. 102. 2287. - Epouse partie civile. - Recevabilité, p. 102.

Dispositions communes aUaJ articles 387 à 389 du Code pénal. 2288. - Nécessité d'une plainte, p. 102. 2289. - Désistement. - Article 2. Loi du 17 avril 1878, p. 102. 2290, - Formes de la plainte. - 1° Citation directe, p. 103. 2291. - 2° Plainte, p. 103. ' 2292. - 3° Fondé de pouvoirs, p. 103.

1

1

TABLE ANALY'J'IQU;E DES MATIÈRES

2293. Destruction de la plainte, p. 103. 2294. - Prétendue irrégularité d'une seconde plainte, p. 104. 2295. - Fait antérieur à la plainte, p. 104. 2296. - Mari sous conseil judiciaire, p. 104. 2297. - Mobile du plaignant, p. 104. 2298. - Plainte contre la femme. - Effet quant au complice, p. 104. 2299. - Absence de contestation quant à la régularité de la plainte, p. 105. 2300. - Désistement, p. 105. 2301. - Désistement exprès ou tacite. - Réconciliation, p. 105. 2302. - Désistement après l'ordonnance de renvoi, p. 105. 2303. - Rétractation du désistement, p. 105. 2304. - Effet quant au complice, p. 105. 2305. - Impossibilité de scinder l'action, p. 105. 2306. - Femme graciée après la condamnation, p. 105.

459

2307. - Preuve de l'existence du fait d'adultère nonobstant le désistement, p. 106. 2308. - Désistement pendant l'instance en cassation, p. 106.

- 2309. - Autres causes d'extinction de l'action publique. - 1° Prononcé du divorce, p. 106.

2310. - 2° Décès d'un époux, p. 106. 2311. - Décès de la femme; cas article 413 du Code pénal, p. 107. 2312. - 3° Démence, interdiction du plaignant, p. 108. 2313. - Transcription du divorce pendant l'instance en cassation, p. 108. 2314. - Transcription du divorce après opposition à l'arrêt de condamnatipn, p. 108'.-

De la bigamie. 2315; - Code pénal, article 391, p. 109. 2316. - Participation criminelle, p. 109. 2317. - 1° Existence d'un précédent mariage, p. 109. 2318. - Validité contestée. - Compétence, p. 109. 2319. - Célébration du mariage contestée, p. 109. 2320. - Validité du mariage célébré, p. 109. 2321. - 2° Second mariage, p. 110. 2322. - Elément moral, p. 110. 2323. - Mariage recommencé, p. 110. 2324. Tentative punissable, p. 111. 2325. - Tentative punissable. - Vice propre du second mariage, p. 111.

CHAPITRE IX. - DE L'ABANDON DE FAMILLE.

ARTICLE 39lbis.

2326. - Origine de l'article 39lbis _du Code pénal, p. 113. 2327. - Limitation primitive des obligations sanctionnées, p. 113. 2328. - Projet de la loi du 30 mai 1931, p. 113. 2329. - Justification de l'instauration-du délit d'abandon de famille, p. 113. 2330. - Enfants légitimes et enfants naturels, p. 113. 2331. Enfants adoptés, p. 113. 2332. - Ex-époux, p. 113. 2333. - Inexécution volontaire requise, p. 114. 2334. - Absence de rapport avec la quotité saisissable du salaire, p. 114. 2335. Demande de réduction de la pension. - Inopérance, p. 114. 2336. - Diversité des moyens d'éluder la pension, p. 115. 2337. - Diversité des modalités du payement, p. 115. 2338. - Abandon par la femme de la résidence assignée, p. 115. 2339. - Payement par un séquestre après consommation du délit, p. 115. 2340. Expiration du délai de deux mois, p. 115. 2341. Rejet de la demande en divorce, p. 116. 2342. Jugement hollandais sans u:equatur, p. 116. 2343. Jurisprudence française, p. 116. 2344. - Concours d'infractions : articles 360 et 39lbis, p. 116 2345. - Transaction. - Appréciation souveraine, p. 116.

460 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES '

2346. - Insolvabilité du débiteur. - Appréciation souveraine, p. 116. 2347. - Compétence territoriale, p. 117, 2348. - Procédure, p. 117. 2349. - Quels dommages-intérêts le juge répressif peut-il allouer? p. 117.

Titre VIII. - Des crimes et des délits contre les personnes.

CHAPITRE 1er. - DE L'HOMICIDE ET DES LÉSIONS CORPORELLES VOLONTAIRES.

ARTICLE 392.

2350. - Lésions corporelles et homicide, p. 119. 2351. - Lésions volontaires, p. 119. 2352. - Notion de l'homicide, p. 119, 2353. - Notion des lésions corporelles, p. 120. 2354. - Homicide et lésions volontaires. - Dessein d'attenter à une personne, p. 120. 2355. - Dessein conditionnel, p. 120. 2356. - Erreur sur la personne, p. 120. 2357. - Aberratio ictus, p. 120. 2358. - Mobile de l'agent. Inopérance, p. 121. 2359. - Délit d'omission, p. 121.

SECTION 1re. - DU MEURTRE ET DE SES DIVERSES ESPÈCES,

ARTICLES 393 A 397. Du meurtre simple. 2360. - Meurtre simple, p. 123. 2361. - Meurtre qualifié, p. 123. 2362. - Meurtre simple. - Moyens propres à donner la mort. - Tentative impossible,

p. 123. 2363. - Meurtre par omission, p, 124. 2364. - Intention de donner la mort, p. 124. 2365. - Preuve de cette intention, p. 124. 2366. - Différence avec préméditation, p. 124. 2367. - Mobile de l'agent, p. 124. 2368. - Suicide. - Tentative. - Coopération, p. 124.

Des meurtres qualifiés. 1° De l'assassinat. 2369. - Définition, p. 124. 2370. - Préméditation, p. 125. 2371. - Critique de la notion légale, p. 125. 2372. - Conditions du meurtre. - Renvoi, p. 125. 2373. - Préméditation. - Elément constitutif du crime, p. 125.

2° Du parrioide. 2374. - Définition, p. 125. 2375. - Conditions du meurtre. - Renvoi, p. 125. 2376. - Ascendants légitimes, p. 125. 2377. - Exclusion de la parenté adoptive, p. 125. 2378. - Exclusion des ascendants par alliance, p. 125. 2379. - Parents naturels. - Enfants reconnus, p. 126. 2380. - Compétence du jury, p. 126. 2381. - Préméditation non requise, p. 126. 2382. - Excuses non applicables, p. 126. 2383. - Connaissance de la parenté, p. 126.

,.

TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

2384. - Connaissance de la reconnaissance, p. 126. 2385. - Elément constitutif du crime, p, 126. 2386. - Coauteurs et complices, p. 126.

3° De l'infanticide. 2387. - Définition, p. 127. 2388. - Origine et portée des termes légaux, p. 127. 2389. - Moment de l;accouchement, p. 127. 2390. - Immédiatement après la naissance, p. 127. 2391. - Intention de donner la mort, p. 127. 2392. - Enfant né vivant même non viable, p. 127. 2393. - Peines de l'infanticide en général, p. 127. 2394. - Mère. - Enfant illégüime, p. 128. 2395. - Enfant adultérin, p. 128. 2396. - Coauteurs ou complices de la mère, p. 128.

4° De l'empoisonnement. 2397. - Définition, p. 128. 2398. - Elément de ce crime, p. 129. 2399. - Intention: de donner la mort, p. 129. 2400. - Préméditation non requise, p. 129. 2401. - Infraction consommée par la mort, p. 129. 2402. - Substances pouvant donner la mort. - Tentative, p. 129. 2403. - Antidote administré par l'auteur, p. 130.

SECTION II. - DE L'HOMICIDE VOLONTAIRE NON QUALIFIÉ MEURTRE

ET DES LÉSIONS CORPORELLES VOLONTAIBES.

ARTICLES 398 A 410. Notions générales. 2404. - Objet des articles 398 et suivants du Code pénal, p. 134. 2405. - 'Intitulé de la section. - Portée pratique, p. 134. 2406. - Lésions corporelles. - Lésions internes, p. 135.

461

2407. - Modalités des actes de violences prévus par les articles 398 à 410, p. 135. 2408. - Violences légères. - Code pénal, article 563, 3°, p. 136. 2409. - Modalités de la répression, p. 136. 2410. - Suites civiles. - Compétence des juridictions répressives, p. 136.

Des coups et blessures volontaires. 2411. - Code pénal, article 398, p. I:n. 2412. - Toutes lésions causées par des violences, p. 137. 2413. - Applications, p. 137. 2414. - Elément intentionnel, p. 138. 2415. - Correction corporelle, p. 138. 2416. - Usage d'un droit. - Perturbateur expulsé, p. 138. 2417. - Sports violents. - Boxe, p. 139. 2418. - Circonstances aggravantes. - Renvoi, p. 139. 2419. - Délit contraventionnalisé. - Maximum de l'amende applicable, p. 139.

Des coups et blessures qualifi,és. 2420. - Code pénal, article 399, p. 139. 2421. - Incapacité de travail personnel, p. 139. 2422. - Appréciation au point de vue des pénalités, p. 140. 2423. - Appréciation au point de vue des dommages-intérêts, p. 140. 2424. Elément intentionnel, p. 140. 2425. CoauteurEO et complices, p. 140. 2426. Circonstances aggravantes. - Peines accessoires, p. 141. 2427. Maladie incurable. - Incapacité permanente. - Articles 400, p. 141. 2428. Maladie paraissant incurable, p. 141. 2429. Incapacité de travail personnel. - Renvoi, p. 141. 2430. - Perte de l'usage absolu d'un organe, p. 141. 2431. - Mutilation grave, p. 141.

j; ...

462 TABL:E ANALYTIQU:E DES MATIÈR'.ES

2482. - Mort de la victime. - Article 401. - Elément intentionnel, p. 141. 2488, - Décès oa11$é par blessure sans intention de donner la mort, p. 142. 2484. - Dol indéterminé, p. 142. 2485. - Elément matériel, p. 143. 2486. - Décès survenu en cours d'instance, p. 143. 2437. - La mort est une circonstance aggravante des violences, p. 143. 2438. - Article 40lbis du Code pénal, p. 143, 2439. - Application et portée de cette disposition, p. 143.

CirC0'118tances aggravan-tes. - Pénalités accessoires. 2440, -· a) Préméditation, p. 144. 2441. - b) Père et mère légitimes, naturels, adoptifs, p. 144.

Ascendants légitimes. Article 59, loi du 15 mai 1912.

2442. - Parents naturels. - Alliés. - Renvoi, p. 145. 2443. - Taux de l'aggravation des peines, p. 145. 2444. - c) Surveillance spéciale de la police (abrogée), p. 145.

· Administration de substances nuisibles et de poisons. 2445. - Article 402 du Code pénal, p. 145. 2446. - Incapacité de travail personnel. - Renvoi, p. 145. 2447. - Intention. - Mobile, p. 145. 2448, - Préméditation non requise, p. 145. 2449. - Absence d'intention de tuer, p. 146. 2450. · - Substances susceptibles de donner la mort ou d'altérer gravement la santé,

p. 146. 2451. - Controverse au sujet de la portée des derniers mots de l'article 402 du Code

pénal, p. 146. 2452, - Article 403 du Code pénal, p. 147. 2453. - Po:rtée des termes de cette disposition. - Renvoi, p. 147. 2454, - Article 404 du Code pénal, p. 148. 2455. - Tentative visée à l'article 405, p. 148. 2456. - Droit commun. - Différence avec tentative d'empoisonnement, p. 148. 2457. - Parents, ascendants, etc. - Renvoi, p. 148. 2458. - Ivresse provoquée entraînant incapacité ou mort de la victime, p. 148.

Entraves à la circulation d'un convoi sur chemin de fer. 2459. - Code pénal, article 406. - Blessures simples, p. 148. 2460. - Blessures qualifiées. - Renvoi, p. 148. 2461. ~ Suites mortelles, p. 148.

SECTION m. - DE L'HOMICIDE, DES BLESSURES ET DES COUPS EXCUSABLES.

ARTICLES 411 A 415.

Violences graves envers les personnes. 2462. - Excuse et cause de justification, p. 150. 2463. - Meurtre et homicide, p. 150, 2464. - Meurtre prémédité, p. 151. 2465. - Personnes wcusables, p. 151. 2466. - Coauteurs-complices, p. 151. 2467. - Militaires, p. 151. 2468. - Exceptions prévues par l'article 415, p. 151. 2469. - Ascendants légitimes, etc. - Renvoi, p. 152. 2470. - Conditions de l'excuse légale, article 411, p. 152. 2471, - « Immédia.tement provoqués », p. 152. 2472, - Violences envers les personnes, p. 152. 2473. - Tierces personnes, p. 152. 2474. - Violences injustes, p. 152. 2475. - Quid des délits dits involontaires P p. 153. 2476. - Violence!! graves, p. 153.

TABLE .ANALYTIQUE DES MATIÈRES

2477. - Nature des violences, p. 153. 2478. - Menaces par gestes, p. 154. 2479. - Violences morales, p. 154.

463

2480. - Violences émanant d'un tiers autre que la victime des faits œ.cusés, p. 154.

Attaques repoU8sées pendant le jour. 2481. - Appréciation critique de l'article 412, p. 154. 2482. - Exposé du système légal, p. 155. 2483. - RepOUBser l'escalade ou l'effraction, p. 155. 2484. - Pendant le jour, p. 156. 2485. - · Escalade, effractibn, maison habitée, etc., p. 156. 2486. - Maison habitée. Menace contre les personnes, p. 156. 2487. - Attaque injU8te, p. 156. 2488. - Personnes excusables, p. 157.

Ea:cU8e résultant de l'adultère. 2489. - Code pénal, article 413, p. 157. 2490. - Meurtre prémédité, p. 157. 2491. - Flagrant délit, p. 157.

Pénalités des infractions euusées. 2492. - Article 414 du Code pénal, p. 157. 2493. - Infraction excusée et circonstances atténuantes, p. 157. 2494. - Crime atténué et excuse légale, P'· 158.

Homicides et lésions non ea:cusables. 2495. - Article 415 du Code pénal. - Renvoi, p. 158.

SECTION IV. - DE L'HOMICIDE, DES BLESSURES ET DES COUPS JUSTIFIÉS.

ARTICLES 416 ET 417.

2496. - Code pénal, article 416, p. 159. 2497. - Remarque, p. 159. !3498. - Attaque imminente ou actuelle, p. 159. 2499. - Attaque injuste, p. 160. 2500. - Non provoquée, p. 160. 2501. - Attaque contre soi-même ou autrui, p. 160. 2502. :- Défense proportionnée à l'attaque, p. 160. 2503. - Présomption de nécessité de la défense. - Article 417 du Code pénal, p. 160. 2504. - Intégrité physique, p. 160. 2505. - Intégrité morale. Liberté, etc., p. 160. 2506. - Viol, attentats à la pudeur àvec violence, p. 160. 2507. - Epoux surpris en flagrant délit d'adultère, p. 160. 2508. - Usage exagéré de la défense. - Provocation, p. 161. 2509. - Attaque contre les propriétés, p. 161. 2510. - Vol avec violences contre les personnes, p. 161. 2511. - Extorsion avec violences, p. 161. 2512. - Effraction ou escalade nocturne, p. 162.

CHAPITRE II. - DE L'HOMICIDE ET DES LÉSIONS CORPORELLES INVOLONTAIRES.

ARTICLES 418 A 422. Notions générales. 2513. - Code pénal, article 418, p. 163. 2514. - Délits involontaires. - Non intentionnels, p. 168. 2515. - Réparation des dommages causés par les anormaux, p. 168. 2516. - Homicide. - Accouchement, p. 168. 2517. - Lésions corporelles, p. 168.

464 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

2518. - Coups involontaires sans lésions ni dommages, p. 165. 2519. - Lien de causalité, p. 165. 2520. - Défaut de prévoyance ou de précaution, p. 166. 2521. - Nécessité de constater que la faute constitutive du délit comportait un défaut

de prévoyance ou de précaution, p. 167. 2522. - Défaut de prévoyance ou de précaution par commission, p. 167. 2523. - Id. par omission:, p. 168. 2524. - Résumé de la règle légale, p. 169. 2525-2526. - Applications. - Violations de règlements, p. 169. 2527. - Présence de l'auteur non requise, p. 172. 2528. - Consommation de l'infraction, p. 172. 2529. - Le délit, c'est le fait culpeux. - Conséquences pratiques, p. 172. 2530. - Fautes successives, p. 173. 2531. - Faute de la victime, p. 173. 2532. - Participation criminelle. - Pluralité d'auteurs, p. 178. 2533. - Créances privilégiées des victimes d'accident, p. 178.

Des diverB déliœ non intentionnelB.

2534. - Homicide non intentionnel, p. 178. 2535. - Coups et blessures, p. 178. 2536. - Gardiens des enfants et des incapables, p. 179. 2537. - Administration de substances nuisibles, p. 179. 2538. - Incapacité de travail, p. 179. 2539. - Substances nuisibles, p. 179. 2540. - Accidents de chemin de fer. - Simple péril, p. 179. 2541. - Accidents ayant fait des victimes, p. 180. 2542. - Lésions corporelles. - Renvoi, p. 180. 2543. -· Personnes punissables en vertu de l'article 422, p. 180.

CHAPITRE III. - DU DUEL.

ARTICLES 423 A 433.

2544. - Duel. - Notion, p. 182. 2545. - Tous modes de combats en duel, p. 182. 2546. - Abrogation de diverses dispositions de la loi du 8 janvier 1841, p. 182. 2547. - Division du présent chapitre, p. 182. 2548. - Provocation en duel, p. 182. 2549. - Provocation par voie de la presse, p. 183. 2550. - Excitation .au duel, p. 183. 2551. - Injure causant la provocation en duel, p. 183. 2552. - Décrier publiquement ou injurier quelqu'un pour refus de duel, p. 183. 2553. - Décrier publiquement, p. 183. 2554. - Injures, p. 184. 2555. - Délit de presse, p. 184. 2556. - Duel engagé. - a) Absence de blessures ou d'homicide, p. 184. 2557. - Témoins non punissables, p. 184. 2558. - b) Homicide ou blessures en duel, p. 184. 2559. - Blessures simples, p. 184. 2560. - Maladie ou incapacité de travail personnel, p. 184. 2561. - Maladie paraissant incurable, incapacité permanente, etc. - Décès, p. 185. 2562. - Duel déloyal ou sans témoins, p. 185. 2563, - Témoins. - Notion, p. 185. 2564; - Témoins punissables, p. 185. 2565. - Peines des témoins en cas de duel déloyal, p. 185. 2566. - Récidive. - Article 433 du Code pénal, p. 185. 2567. - Infractions de même nature, p. 185. 2568. - Aggravation des peines, p. 185.

TABLE ANALYTIQU'.E DES MATIÈRES 465

CHAPITRE IV. - DES ATTENTATS A LA LIBERTÉ INDIVIDUELLE ET A L'INVIOLABILITÉ DU DOMICILE, COMMIS PAR DES PAR­TICULIERS.

ARTICLES 434 A 442.

Arrestation et détention illégales et arbitraires. 2569. - Objet des articles 434 à 438 du Code pénal, p. 188. 2570, - Elément matériel, p. 188, 2571. - Elément moral, p. 188. 2572. - Tout attentat volontaire et conscient contre la liberté individuelle, p. 188. 2573. - :Fait arrêter, fait détenir, p. 188. 2574. - .Arrestation ordonnée ou autorisée. - Détention, p. 189. 2575. - Séquestration, p. 189. 2576. - Détention arbitraire. - Délit continu, p. 189. 2577. - Plus de dix jours, - Plus d'un mois, p. 190, 2578. - Calcul des délais, p. 190. 2579. - Faux ordre de l'autorité; costume ou nom d'un agent de l'autorité. -

Menaces de mort, p. 190. 2580. - Tortures corporelles, p. 191. 2581. - Maladie paraissant incurable, incapacité permanente, etc., p. 191. 2582, - Mort causée par les tortures, p. 191. 2583. - Caractère objectif des circonstances aggravantes. - Fait de tiers, p. 191.

Violation de domicile. 2584. - Objet des articles 439 à 442 du Code pénal, p. 191. 2585. - Article 442. - Individu trouvé la nuit, p. 192. 2586. - Habitation ou résidence réelle, p. 192. 2587. - Habitation, appartement, etc., p. 192. 2588. - Délit prévu par l'article 439, p. 192.' 2589. - Contre la volonté, p. 192. 2590. - Propriétaire et locataire, p. 193. ~591. - Menaces, violences, effraction, escalade, fausses clefs, p. 193. 2592. - Violences ou menaces concomitantes, p. 193. 2593. - Fausses clefs. - Ancien habitant, p. 193. 2594. - Délit prévu par l'article 440, p. 193. 2595. - Tentative de ce délit, p. 193.

CHAPITRE V. - DES ATTEINTES PORTÉES A L'HONNEUR OU A LA CONSIDÉRATION DES PERSONNES.

ARTICLES 443 A 453.

2596. - Notions générales, p. 198.

De la calomnie et de la diffamation. 2597. - Définitions usuelles, p. 199. 2598. - Définitions en droit pénal positif, p. 199. 2599. - Calomnie, p. 199. 2600. - Diffamation, p. 200.

_ 2601. - a) Intention méchante, p. 200. 2602. - b) Imputation d'un fait précis, p. 201. 2603. - Fait positif ou négatif, p. 201. 2604. - Modalités de l'imputation, p. 201. 2605. - Fait précis, p. 201.

c) À. une personne déterminée. - Corps constitués. - Sociétés. 2606. - Personne déterminée, p. 201. 2607. - Corps constitués, p. 202. 2608. - Personnes morales de droit privé, p. 202. 2609. - Collectivités non personnalisées, p. 202.

466 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

d) Fait précis de nature à porter atteinte à l'honneur d'une per8onne ou à l'e:i;p08er au mépriB public.

2610. - Origine de ces termes légaux, p. 203. - 2611. - Atteinte à l'honneur, p. 203. 2612. - Mépris public,' p. 204.

e) Publicité de l'imputation. 2613. - 1 ° Réuniona ou lieua: publics, p. 204. 2614. - 2° Présence de plUBieurB individUB danB un lieu non public, maiB ouvert à un

certain nombre de personneB ayant le droit de s'y aasembler ou de le fréquenter. p. 204.

2615. - 3° Lieu quelconque en présence de la personne offensée et devant témoins, p. 205. 2616. - 4° Ecrits imprimés ou non, images, emblèmes, affichés, distribués ou vendue,

miB en vente ou exposés auœ regards du public, p. 206. -2617. - 5° Ecrits non rendUB publics mais adressés ou communiqués à plusieurs per-

son'IÏeB, p. 206. 2618. - Carte postale. - Adresse d'une lettre, p. 207. 2619. - Fait direct de l'auteur non requis, p. 207. 2620. - Dépêche télégraphique, p. 207.

f) Absence de preuve légale du fait imputé. 1° Aide à l'ennemi.

26.21. - Loi du 11 octobre 1919, p. 207. 2622. - Etendue_ de la portée de cette loi, p. 208. 2623. - Modes de preuves recevables, p. 208.

2° Diffamation. 2624, - Code pénal, article 447, alinéa 2, p. 208, 2625. - Acte authentique, p. 208. 2626. - Jugement. - Le jugement doit-il exister au monrent de la diffamation? p. 208. 2627, - Preuve par jugement impossible, p. 210. 2628, - Code pénal, article 447, alinéa 3, p. 211. !ii629, - Sursis obligatoire. - Tribunal étranger, p. 211. 2630, - Tribunaux civils, p. 211. 2631, - Refus de poursuite, p. 211. 2632. - Dénonciation en tout état de cause, p. 211. ?633. - Fin du sursiB. - Jugement définitif, p. 212. 2634. - Non-lieu, p. 212. 2635. - Sans-suite de l'auditeur militaire, p. 212. 2636. - Décision du procureur général, p. 212. 2637, - Décision de l'autorité compétente, p. 212.

-.2638. - Preuve du fait tel qu'il a été imputé, p. 213. 2639. - Interdiction de prouver indirectement le fait imputé, p. 21:t.

3° Calomnie. 2640. - Fait des fonctions. - Preuves recevables, p. 213. 2641. - Lois sur les sociétés, article 186, p. 214. 2642. - Dépositaires ou agents de l'autorité, etc. - Corps constitués, p. 214. 2643. - Fait de la vie privée, p. 214.

Divulgation méchante. 2644. - But de l'article 449 du Code pénal, p. 215. 2645. - Fait légalement établi lors de l'imputation, p. 215. 2646. - Elément intentionnel, p. 215. 2647. - Particuliers et fonctionnaires, p. 215. Dénonciation calomnieUBe. - Imputations écrites à charge de subordonnés. 2648, - Article 445 du Code pénal, p. 215.

a) Dénonciation calomnieuse. 2640. - Dénonciation écrite, p. 215. 2650. - Signature et formes non requises, 216. 2651. - Dénonciation à l'autorité, p. 216. 2652. - Députation permanente, p. 216. 2653. - Pouvoir de fait. - Occupation ennemie, p. 216.

TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 467

2654. - Autorité ecclésiastique P p. 216. 2655. - Dénonciation adressée à. l'autorité sous le couvert d'un particulier, p. 216. 2656. - Dénonciation spontanée, p. 217. 2657. - Intention méchante, p. 217 • .2658. - Dénonciation d'une personne désignée ou indiqu«!è, p. 217. 2659. - Articulation d'un fait non précis, p. 217. 2660. - Possibilité de préjudice, p. 217 • .2661. - Fait vrai dénoncé à charge d'un non-coupable. - Fait altéré, p. 217. 2662. - Question préjudicielle : fausseté du fait, p. 218. 2663. - Inaction de l'autorité compétente, p. 219. ' ,

b) Imputation contre un subordonné • .2664. - Article 445 du Code pénal, alinéa final, p. 219. 2665. - Fait vrai, p. 220. 2666. - Nature des imputations, p. 220. 2667. - Subordination de la personne calomniée, p. 220.

Des injureB délictuelles. _ 2668. - Notion de l'injure en général, p. 220 . .2669. - AnimUB injuriandi, p. 220. 2670. - Injures-délits, p. 220. 2671. - Délit prévu par l'article 3 de la loi du 27 juillet 1934 (art. 448, al. 2, du Code

pén.). - Prescription, p. 221. 2672. - Publicité, p. 221. .2673. - Corps constitués, p. 221. 2674. - Fonctionnaires, etc., prescription, p. 221.

· .2675. - Injures verbales à des dépositaires de l'autorité ou de la force publique, etc. - Article 448, alinéa 2, p .. 221.

DiBpoBitionB diverBes.

a) Poursuites des infractionB • .2676. - Nécessité d'une plainte. - Limites de cette règle, p. 222. 2677. - Motifs de cette règle, p. 222 • .2678. - Formes de la plainte, p. 222. 2679. - Existence de la plainte non constatée par le jugement, p. 222.

-=-2680. - Femme mariée, p. 222. 2681. - Enfants mineurs, p. 222. 2682. - Désistement. - Effets, p. 223. 2683. - Personne décédée, p. 223. 2684. - Délits susceptibles de poursuite, p. 223. 2685. - Qualité des parents. - Enfants naturels, p. 223. 2686. - Fonctionnaires décédés, p. 223.

b) ReproductionB d'écrits, images, etc . .2687. - Code pénal, article 451, p. 223 . .2688. - Fondement de cette disposition, p. 223. 2689. - Editeurs, imprimeurs, distributeurs, p. 224.

c) Ecrits et diBcours judiciaires . .2690. - Code pénal, article 452, alinéa 1er, p. 224. 2691. - Publicité en dehors des débats, p. 224 • .2692. - Dommages-intérêts, p. 224. 2693. - Suppression des écrits calomnieux, p. 225. 2694. - Injonctions. - Poursuites disciplinaires, p. 225. 2695. - Imputations ou injures étrangères à. la cause ou aux parties, p. 225. 2696. - Outrages envers le ministère public, p. 225.

Violations de tombeaux et de sépuUures.

2697. - Code pénal, article 453, p. 225 • ...--2698. - Elément intentionnel, p. 225.

2699. - Début de la protection légale, p. 225. 2700. - Exhumations non autorisées, p. 225. 2701. - Opérations césariennes, p. 226.

- I

468 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

CHAPITRE VI. - DE QUELQUES AUTRES DÉLITS CONTRE LES PERSONNES.

ARTICLES 454 A 460bis.

Falsificatiori nocive de produits alimentaires. 2702. - Législation, p. 228. 2703. - Alimentation humaine, p. 228. 2704. - Faits matériels prévus par les articles 454 et suivants, p. 228. 2705. - Elément intentionnel, p. 228. 2706. - Dosage nocif, p. 229. 2707. - Confiscation, p. 229.

Violatiort du secret professionnel.

2708. - Les deux questions, p. 229. 2709. - Code pénal, article 458, p. 229. 2710. - Médecins, chirurgiens, etc., p. 230. 2711. - Magistrats, avocats, prêtres, p. 230. 2712. - Inspecteurs de la sûreté, droguistes. - Journalistes. - Agents fiscaux, p. 230. 2713. - Secrétaires, dactylographes, éditeurs, imprimeurs, p. 231. 2714. - Inopérance du mobile. - Dol général, p. 232. 2715. - Dispense du secret, p. 232. 2716. - Déposition en justice, p. 233. 2717. - Obligation légale, p. 233. 2718. - Agents des monts-de-piété, p. 233.

Suppressiort et violation du secret des lettres et des copies d'exploits,

2719. - Code pénal, articles 149 et 460, p. 233. 2720. -- Code pénal, article 460bis, p. 234.

Titre IX. - Crimes et délits contre les propriétés.

CHAPITRE PREMIER. - DES VOLS ET DES EXTORSIONS.

ARTICLES 461 ET 462. I. Remarque. 2721. - Objet du titre IX, p. 236. 2722. - Arrêté-loi du 13 mai 1940, p. 237.

II. Du vol. 2723. -- Définition légale du vol, p. 237. 2724. - Extorsion, p. 237. 2725. - a) Soustraction, p. 237. 2726. - Elément matériel, p. 237. 2727. - Elément intentionnel, p. 238. 2728. - Elément intentionnel. - Prise en gage, p. 238. 2729. - Elément intentionnel. - Créancier se payant lui-même, p. 238. 2730. - Elément intentionnel. - Usage temporaire illicite d'un véhicule, p. 238. 2731. - Elément intentionnel. - Usage de documents, p. 239. 2732. - Contre le gré du propriétaire. - Autorisation. - Déments, p. 239. 2733. - Copropriétaire. p. 240. 2734. - Remise volontaire par erreur, p. 240. 2735. - Choses « communiquées », p. 240. 27-36. - Fonds confiés à un domestique, p. 240. 2737. - Copropriétaire. - Cohéritier, p. 241. 2738. - Meubles loués, p. 241. 2739. - Suppression et vol de lettres missives, p. 241.

·•...,..,

TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

b) Intention frauduleuse. 2740. - Dol spécial, p. 241. 2741. - ~vantage illicite, p. 241. 2742. - Avantage illicite d'un tiers, p. 241. 2743. - Absence de bénéfice actuel, p. 241. 2744. - Non-réalisation du profit escompté, p. 242. 2745. - Intention de nuire, p. 242. 2746. - Bonne foi, p. 242. 2747. - Choses litigieuses, p. 242. 2748. - Se faire justice à soi-même, p. 242. 2749, - Etat de nécessité, p. 242. 2750. - Cleptomanie. - Grands magasins, p. 242.

c) Choses mobilières. 2751. - Biens meubles, p. 243, 2752. - • Choses •· - Eau, gaz, électricité, p. 243.

d) Choses appartenant à autrui. 2753. - Biens sans maître, p. 243. 2754. - Propriétaire inconnu, p. 244. 2755. - Vente. - Translation de propriété, p. 244.

III. Excuse péremptoire de l'article 462 du Gode pénal. 2756. - Article 462, alinéa 1•r, du Code pénal, p. 244. 2757. - Parenté naturelle, adoptive, p. 244. 2758. - Alliés au même degré, p. 245. 2750, - Exclusion des collatéraux, p. 245. 2760. - Vols qualifiés, p. 245. 2761. - Délits indépendants, p. 245. 2762. - « Au préjudice de ... •• p. 246, 2763. - Extorsion. - Recel, p. 247. 2764. - Le délit subsiste. - Prescription, p. 247. 2765. - Coauteurs, complices, receleurs, p. 24 7.

469

SECTION PREMIÈRE, - DES VOLS COMMIS SANS VIOLENCES NI MENACES,

ARTICLES 463 A 467, Du vol simple. 2766. - Code pénal, articles 463 et 465. - Pénalités. - Concours d'infractions, p. 248. 2767. - Code pénal, articles 557, 6°, et 463. - Récoltes, p. 240. 2768. - Arbres coupés et enlevés, p. 240. 2769. - Tentative, p. 240.

Du vol domestique. 2770. - Définition légale, p. 250. 2771. - Maraudage qualifié, p. 250. 2772. - Tentative. - Pénalités, p. 250. 2773. - Circonstances atténuantes, p. 250, 2774. - Domestiques. - Hommes de service à gages, p. 251. 2775. - Encaisseur de banque, p. 251. 2776. - Vol domestique en dehors de la maison, p. 251. 2777. - Fonds confiés à un domestique, p. 251. 2778. - Individu travaillant habituellement, p. 251.

Des vols qualifiés commis sans violences ni menaces. 2770. - Code pénal, article 467, p. 251. 2780. - Effraction, escalade, fausses clefs, p. 252. 2781. - Maraudage avec escalade, p. 252. 2782. - Fonctionnaires, p. 252. 2783. - Faux titres, faux insignes, p. 252, 2784. - Tentative. - Quand l'exécution est-elle commencée? p. 252. 2785. - Peine légale de la tentative des vols prévus à l'article 467, p. 253.

470 TABLE ANALYTIQU~ DES MATIÈRES

SECTION II. - DES VOLS COMMIS A L'AIDE' DE VIOLENCES OU DE MENACES ET DES EXTORSIONS.

ARTICLES 468 A 4 76. 2786. - Remarque, p. 256.

§ 1•r. Des vols commis à l'aide de violences ou de menaces.

2787. - Notion, p. 256. 2788. - Violences ou menaces, p. 256. 2789. - Coauteurs et complices, p. 256. 2790. - Code pénal, article 468, p. 257. 2791. - Violences commises après le vol. - Code pénal, article 469, p. 257.

Maison habitée. 2792 •. - Code pénal, article 471, p. 257. 2793. - Dans la maison ou ses dépendances, p. 257. 2794. - Maison habitée, dépendances, etc., p. 257. 2795. - a) Effraction, escalade, fausses clefs, p. 258.

1 ° Effraction. 2796. --2° Escalade, p. 258. 2797, - 3° Fausses clefs, p. 258. 2798. - b) Fonctionnaire public à l'aide de ses fonctions, p. 259. 2799. - c) Usurpation de titre, d'insignes. - Faux ordre de l'autorité publique, p. 259 2800. - d) La nuit. - Plusieurs personnes, p. 259. 2801. - e) Armes employées ou montrées, p. 259.

Chemins publics. 2802. - Définition. - Pénalités, p. 259.

Maison habitée ou chemin public. 2803. - Code pénal, article 474, alinéa 2, p. 259.

Conséquences des violences et des menaces. 2804. - Code pénal, articles 473 à 476, p. 260. 2805 .. - a) 1° Maladie paraissant incurable, incapacité permanente de travail, p. 260, 2806. - 2° Tortures corporelles, p. 260. · 2807. - Vol non consommé, - Code pénal, article 4 76, p. 260. 2808. -- b) Mort causée non intentionnellement, p. 260. 2809. - Vol non consommé. - Code pénal, article 476, p. 261. 2810. - c) Meurtre, p. 261. 2811. - Coauteurs-complices. Fait principal et fait accessoire, p. 261. 2812. - Meurtre et tentative de vol, p. 261.

§ 2. De l'eœtorsion.

2813. - Code pénal, article 470, p. 261. 2814. - Extorsion et escroquerie, p. 262. 2815. - Menaces ou violences, p. 262. 2816. - Menaces, p. 262. 2817. - Mal imminent, p. 262. 2818. ---'-- Chantage, p. 263. 2819. - Diyulgation de faits faux, p. 263.

-2820, - Intention frauduleuse, p. 263. 2821. - Personnes morales, p. 263. 2822. - « Chose » formant l'objet de l'extorsion, p. 264. 2823. - Immeubles, p. 264 . . 2824. - Signature, p. 264. 2825. - Blanc-seing; actes nuls, annulables, p. 264. 2826. - Tentatives d'extorsion. - Pénalités, p. 264. 2827. - Articles 471 et 472 non applicables à l'extorsion, p. 265. 2828. - Application des articles 473, 474, 475 et 476, p. 265. 2829. - Application de_ l'article 462, p. 265.

TABLE ÀNALYTIQUE DES MATIÈRES

SECTION III, - DE LA SIGNIFICATION DES TERMES EMPLOYÉS

DANS LE PRÉSENT CHAPITRE.

ARTICLES 477 A 488, 2830. - Remarque, p. 267. 2831. - Chemins publics, p. 267. 2832. - Nuit, p. 268. 2833. - Maison habitée, p. 268. 2834. - Parcs mobiles, p. 268. 2835. - Violences et menaces, p. 268. 2836. - Effraction. - Copropriétaire, associé, p. 268. 28;37. - Vol avec bris de scellés, p. 268. 2838. - Escalade, p. 268. 2839. - Fausses clefs, etc., p. 268.

Banqueroute.

CHAPITRE II. - DES FRAUDES.

SECTION PREMIÈRE. - DE LA BANQUEROUTE,

ARTICLES 489 ET 490.

2840. - Banqueroute simple ou frauduleuse, p. 269. 2841. - Banqueroute simple. - Pénalité, p. 270. 2842. - Banqueroute simple. - Participation criminelle, p. 271. 2843. - Sociétés. - Administrateurs. - Directeurs, p. 271. 2844. - Banqueroute frauduleus~. - Participation criminelle, p. 271. 2845. - Tentative punissable, p. 272. 2846. - Publication des jugements, p. 272. 2847. - Indépendance de l'action publique, p. 272.

Faits incriminés par l'article 490 du Gode pénal. 2848. - Soustractions, etc., dans l'intérêt du failli, p. 276.

471

2849. - Fausses créances. - Tribunal compétent. - Formes de la poursuite, p. 276. 2850, - Vente d'un vote. -'-- Traités particuliers, p. 276. 2851. - Malversation du curateur, p. 276.

SECTION II, - DES ABUS DE CONFIANCE,

ARTICLES 491 A 495. 2852, - Remarque, p. 278.

De l'abus de confiance ou détournement frauduleuic.

2853. - Code pénàl, article 491, p. 279. 2854. - Code pénal, article 240, p. 279, 2855. - Pénalités principales, p. 280. 2856. - Peine accessoire, p. 280. 2857, - Application de l'article 462, p. 280. 2858. - Vol, escroquerie, détournement, p. 280, 2859. - Intention frauduleuse, p. 280. 2860. - Préjudice d'autrui, p. 281. 2861. - M'!,térialité de l'infraction, p. 281. 2862. - Simple retard d'exécution, p. 283. 2863. - Utilisation momentanée de la chose, p. 283. 2864. - Comptable avec cautionnement, p. 283. 2865. - Mise en gage de titres déposés. - Affectation hypothécaire de biens appor-

~ tés à une société, p. 284. 2866. - Abus de l'usage, p. 284. 2867. - Objets de l'infraction, p. 284. 2868, - Remis à condition de ... , p. 285. 2869. - Remise volontaire, contractuelle. - Domestiques, p. 287.

472 TABL'.E ANALYTIQUE DES MATIÈRES

·2870. - Titre de la remise, p. 287. 2871. - Traditlon de la chose non requise, p. 287. 2872. - Communication d'une chose, p. 287. 2873. - Objets enfermés à clef, p. 288. 2874. - Obligation de rendre, etc., née après la remise, p. 288. 2875. - Location-vente, p. 288. 2876. - Preuve du contrat civil, p. 290. 2877. - Aveu, p. 291. 2878. - Absence de conclusions du prévenu. - Preuve d'un mandat, p. 293. 2879. - Commencement de preuve par écrit, p. 293. 2880. - Impossibilité de preuve écrite, p. 294. 2881. - Consommation de l'infraction, p. 294.

Délits prévus par les ai·ticles 493 à 495 du Code pénal. 2882. - a) Abus des passions, des faiblesses ou de l'ignorance des mineurs, p. 295. 2883. - Habitude non requise, p. 295. 2884. - b) Délits prévus par l'article 494 nouveau du Code pénal, p. 295. 2885. - Intérêt normal, p. 295. 2886. - Couverture des risques du prêt, p. 296. 2887. - Réduction des obligations de l'emprunteur, p. 296. 2888. - Abus habituel, p. 296. 2889. - c) Détournement prévu par l'article 495, p. 296. 2890. - Preuve testimoniale, p. 296. 2891. - Tribunaux compétents, p. 296.

SECTION III, - DE L'ESCROQUERIE ET DE LA TROMPERIE,

ARTICLES 496 A 504.

2892. - Remarque, p. 300.

§ 1er. De l'escroquerie.

2893. - Définition de l'escroquerie, p. 300. 2894. - Vol, détournement, escroquerie, p. 301. 2895. - Loi sur les sociétés commerciales, article 177, p. 301. 2896. - Application de l'article 462 du Code pénal, p. 302.

I. But de s'app1·oprier la chose d'autrui. 2897. - Caractère essentiel de cet élément intentionnel, p. 302. 2898. - Payement d'une dette réelle, p. 302. 2899. - Coauteurs et complices, p. 302.

II. Remise ou délivrance de la chose. 2900. Enumération de l'article 496, p. 302. 2901. Droits immobiliers, p. 303. 21:102. Remise ou délivrance, p. 303. 2903. Intermédiaire d'un tiers, p. 303. 2904. Remise du titre, p. 304. 2905. Consommation de l'infraction, p. 304.

III. - Remise obtenue par l'un des modes incriminés pai· le loi. 2906. - Chèque non provisionné, p. 304. 2907. - a) Usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité, p. 304. 2908. - b) Emploi de manœuvres frauduleuses, p. 305. 2909. - But du législateur dans la rédaction adoptée, p. 305. 2910. - Auteur principal et participants, p. 305. 2911. - Manœuvres. - Notion, p. 305. 2912. - l\fanœuvres frauduleuses, p. 306. 2913. - Exemples, p. 306. 2914. - Appréciation souveraine du juge du fond, p. 310. 2915. - Détournement ou escroquerie, p. 312. 2916. - Appréciation critique. - Mauvaise foi. - Manœuvres frauduleuses, p. 312. 2917. - Tentative d'escroquerie, p. 313.

TÀBLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 473-

IV. Subventions, indemnités, allocations indûment perçues. 2918. - Subventions, indemnités, etc. - Arrêté royal du 31 mai 1933, p. 318. 1''

§ 2, Fraudes monétaires. 2919. - Faux monnayage, etc. - Renvoi, p. 318. 2920. - Maquillage ou tentative de maqûillage de pièces de monnaie, p. 314. 2921. - Emission ou tentative d'émission. - Importation ou tentative d'importation

· de monnaies maquillées, p. 314. 2922. - Morceaux de métal sans empreinte monétaire, p. 314. 2923. - Emission de monnaies non maquillées ayant l'apparence de pièces d'or, p. 314. 2924. - Réception consciente de pièces pour une valeur inférieure à leur valeur réelle,.

p. 315. 2925. - Recevoir ou se procurer des monnaies maquillées, p. 315. 2926. - Tentatives du délit précédent, p. 315.

§ 3. De la tromperie. 2927. - 'a) Tromperie sur l'idf!'Yltité de la chose vendue, p. 315. 2928. - Intention frauduleuse, p. 316. 2929. - b) Tromperie sur la nature ou l'origine, p. 316. 2930. - Intention frauduleuse, p. 317. 2931. - Tromperie sur la qualité? p. 317. 2932. - Vente sous condition d'agréation, p. 317. 2933. - Fausses antiquités, p. 318. 2934. - Tromperie sur l'origine, p. 318. 2935. - Consommation des infractions, p. 318. 2936. - Tromperies lors d'un échange, p. 318. 2937. - c) Tromperies sur la quantité, p. 318. 2938. - Acheteur et vendeur, p. 318. 2939. - Louage d'ouvrage, p. 319. 2940. - Louage d'ouvrage. - Tromperie sur la qualité d'ouvrage fourni, p. 319. 2941. - Application de l'11rticle 462 du Code pénal, p. 319. 294lbis. - Indication de l'arrêté ministériel du 30 avril 1948 destiné à assurer la..

loyauté des transactions commerciales, p. 319.

§ 4. Falsification de denrées. 2942. Code pénal, articles 454 à 457 et 500 à 503, p. 320. 2943. - Faits prévus par les articles 500 à 503, p. 320. 2944. - Notion de la falsification, p. 320. 2945. - Falsification par soustraction. - Ecrémer du lait, p. 321. 2946. - Non-extraction des matières étrangères, p. 322. 2047. - Beurre. - Falsification. - Tromperie, p. 322. 2948. - Affichage et publication des jugements, p. 322. 2949. - Confiscation, p. 322.

SECTION IV. - DU RECÈLEMENT DES OBJETS OBTENUS

A L'AIDE D'UN CRDl!lE OU D'UN DÉLIT.

ARTICLES 505 ET 506. Définition du recel. 2950. - éode pénal, article 505, p. 324. 2951. - Nature du fait punissable, p. 824. 2952. - Inopérance de la forme, p. 824.

Conditions de l'infraction. a) Origine délictueuse des objets recélés.

2953. - Choses obtenues à. l'aide d'un crime ou d'un délit quelconques, p. 324., 2954. - Infractions commises par un tiers, p. 325. 2955. - Du recel-corttravention, p. 325. 2956. - Recel du prix des choses frauduleusement obtenues, p. 325. 2957. - Dissipation de ce prix avec le voleur, p. 325. 2958. ,- Recel en Belgique de choses volées à l'étranger, p. 825.

474 TABLE ANALYTIQUE D'.ES MATIÈRES

L>éfinition du recel. 2959. - Origine délictueuse certaine, p. 325. 2960. - Preuve de cette origine, p. 326. 2961. - .Auteur de la soustraction non poursuivi, p. 326. 2962. - Article 462 du Code pénal applicable à cet auteur, p. 326. 2963. - Article 462 du Code pénal applicable au receleur, p. 327. 2964. - Constatation obligatoire de l'existence de cette première condition, p. 327.

b) Connaissance de l'origine délictueuse des objets recélés. 2965. - Connaissance par le receleur de l'origine des choses recélées, p. 327. 2966. - Doctrine. - Jurisprudence, p. 328. 2967. - Epoque où cette connaissance doit exister, p. 328.

c) Intention frauduleuse. 2968. - Intention frauduleuse requise, p. 329. 2969. - Parents, conjoints, etc., p. 329.

Consommation du délit et remarques diverses. 2970. - Délit instantané. - Consommation de l'infraction, p. 329. 2971. - Participation criminelle, p. 329. 2972. - Changement de la qualification légale des faits de la prévention, p. 330. 2973. - Recel. - Complicité, p. 330. 2974. - Délit distlnct. - Frais judiciaires, p. 330. 2975. - Réparations civiles in solidum, p. 330. 2976. - Article 2280 du Code civil non applicable, p. 330.

Peines du recel. 2977. - Peines délictuelles, p. 330. 2978. - Recel. - Contravention, p. 331. 2979. - Voleur passible de la peine de mort ou des travaux forcés à perpétuité, p. 331.

SECTION V. - DE QUELQUES AUTRES FRAUDES •

.ARTICLES 507 .A 509bis.

Détournement frauduleum d'objets saisis. 2980. - .Article 507 du Code pénal, p. 333. 2981. - Distinction du vol et de l'abus de confiance. - Portée de l'article 507, p. 333. 2982. - Toutes les saisies civiles, p. 334. 2983. - Saisies de procédure pénale, p. 334. 2984. - .Appréciation critique, p. 335 • . 2985. - Dépossession sans déplacement, p. 335. 2986. - Destruction d'immeubles saisis, p. 335. 2987. - Immeubles par destination, p. 336. 2988. - Notification non requise ni validité de la saisie. - Saisie inexistante. - Nul-

lité non prononcée de la saisie, p. 336. 2989. - Détournement, destructions. - Articles 462-492 non applicables, p. 336. 2990. - Intention frauduleuse, p. 337.

Du cel frauduleua:.

2991. - .Article 508 du Code pénal, p. 337. 2992. - Chose appartenant à autrui. - Choses abandonnées, p. 337. 2993. - .Ayant trouvé une chose, p. 338 • . 2994. - Chose abandonnée paraissant perdue, p. 338. 2995. - Possession acquise par hasard, p. 338. 2996. - Céler frauduleusement, p. 339. 2997. - Contrôle de la cour de cassation, p. 339. 2998. - Livrer frauduleusement à des tiers, p. 340. 2999. - Découverte d'un trésor, p. 340 . .3000. - Code civil, article 716, p. 340. 3001. ·_ Délit instantané, p. 340 . .3002. - .Arrêté royal du 31 mai 1933, article 2, p. 340.

TABUl ANALYTIQUE DES MATIÈRES

De la grivèlerie. 3003. - Cette infraction n'était-elle pas punissable comme escroquerie? p. 340. 3004. - Elément intentionnel, p. 341. 3005. - Elément matériel, p. 341.

• 3006. - Occupation du logement requise, p. 342. 3007. - Un parcours de la voiture louée serait requis, p. 342. 3008. - Véhicule servant au transport de personnes, p. 342. 3009. - Véhicule avec ou sans chauffeur, p. 342. 3010. - Pénalités. - Récidive, p. 342. 3011. - Procédure. - a) Nécessité d'une plainte, p. 343. 3012. - Procédure. - b) Extinction de l'action publique, p. 343.

1 ° Réparation du préjudice. 2° Désistement.

Emission d'effets tirés en l'air. 3013. - Code pénal, article 509, alinéa 1••, p. 343. 3014. -, Autorisation. - Acceptation, p. 344. 3015. - «Valeurs», p. 344. 3016. - Chèque non provisionné, p. 344. 3017. - Loi du 20 juin 1873, article 5, p. 344. 3018. - Code pénal, article 509, alinéas 2 et 3, p. 344. 3019. - Désistement du plaignant, p. 344.

Emission de chèques sans prO'lliBion. 302-0. - Faits prévus par l'article 509bis du Code pénal, p. 344. 3021. - Dénomination de l'effet. - Inopérance, p. 345. 3022. - Mandat de virement postal, p. 345. 3023. - Mandat de virement non à ordre ni au porteur, p. 345. 3024. - Titre préparé et remis d'avance .au port,eur, p. 346. 3025. - Chèque au porteur, p. 346. 3026. - Dol ordinaire seul requis, sauf article 509bis, 4°, p. 846. 3027. - Rentrées de fonds escomptées, p. 346. 3028. - Manque de provision connu par le porteur. - Inopérance, p. 346. 3029. - Chèque non présenté au banquier, p. 347. 3030. - Infraction par un prévenu mineur, p. 347. 3031. - Dommage causé par l'infraction, p. 347.

476

CHAPITRE III. - DESTRUCTIONS, DÉGRADATIONS, DOMMAGES.

SECTION PREMIÈRE, - DE L'INOENDŒ.

ARTICLES 510 A 520. De l'incendie en général. 3032. - Notion de l'incendie en droit pénal, p. 351. 3033. -, Consommation de l'infraction. - Elément matériel, p. 351. 3034. - Elément intentionnel : a) Faute, p. 351. 3035. -, b) Dol général ou spécial, p. 351. 3036. - c) Intention de favoriser l'ennemi, p. 352.

De l'incendie constituant d la fois un attentat contre les personnes et contre les propriétés. 3037. - Code pénal, article 510, alinéas 1•• ~t 2, p. 352.

1 ° Lieux habités contenant des personnes. 3038. - Lieux habités.,_ Lieux de séjour. - Cabane, p. 352. 3039. - Roulottes foraines. - Voitures de chemin de fer, p. 352. 3040. - Dépendances de maisons, p. 352. 3041. - Présence dans l'habitation de personnes autres que l'incendiaire, p. 352. 8042. - Ignorance de l'agent à cet égard. - Inopérance, p. 353. 3043. - 20 Code pénal, article 510, alinéa 3, p. 353. 3044. - Edifices servant de lieux de réunions, p. 353.

\,

476 TABL:E ANAIJYTIQUl!J DES MATIÈRES

3045. - 3° Lieux inhabités contenant des personnes, p. 353. 3046. - Propriété des maisons, édifices, etc. - Inopérance, p. 353. 3047. - Incendie par communication. - Explosion, p. 353. 3048. - Circonstances aggravantes : nuit; blessures ; mort de personnes, 353.

Faits d'incendie ne constituant pas un aUentat contre les personnes. 3049. - Code pénal, article 511. - Absence de pei:sonnes dans les édifices, mai-

. sons, etc., p. 354. 3050. - Forêts, bois, taillis, récoltes sur pied, p. 354. 3051. - Arbres isolés? p. 354. 3052. - Blé en herbe, p. 354. 3053. - Propriétaire des • objets », p. 354. 3054. · - Intention frauduleuse, p. 354. 3055. - Intention méchante, p. 355. 3056. - Préjudice simplement possible, p. 355. 3057. - Récoltes coupées, bois abattus. - Code pénal, article 512, alinéa 1•r, p. 355. 3058. - Article 512, alinéa 2, p. 355. 3050. - Propriétaire des « objets ». p. 355. 3060. - Incendie par communication; explosion; nuit, p. 355.

Tentative punissable. - Peines accessoires. 3061. - Tentative. - Crimes. - Délits, p. 355. 3062. - Interdiction des droits. - Surveillance spéciale de la police, p. 356.

Des circonstances aggravantes de l'incendie. 3063. - Intention de favoriser l'ennemi. - Article· 122, p. 356. 3064. - Code pénal, article 513. - «Nuit», p. 356. 3065. Code pénal, article 518, p. 356. 3066. - Quid en cas d.'incendie involontaire ? p. 356. 3067. - Connaissance de la présence des personnes, p. 357 . .3068. - Manière dont la personne a été tuée ou blessée. - Sauveteurs, p. 357.

De l'incendie par communication. 3069. - Code 'pénal, article 516, p. 357. 3070. - Code pénal, article 517, p. 357.

De l'incendie « dit » involontaire. 3071. - Faute volontaire. - Incendie involontaire. - Code pénal, article 519, p. 358. 3072. a-. Défaut d'entretien ou de réparation, p. 358. 3073. - Feux allumés dans les champs et à proximité des bois et forêts, p. 358. 3074. - Garde forestier. - Code pénal, article 260, p. 358. 3075. - Feux ou lumières. - Flammèches de locomotives, p. 358. 3076. - Pièces d'artifice, p. 359. 3077. - Choses mobilières et immobilières d'autrui, p. 359.

Destruction par explosion. 3078. Code pénal, article 520, p. 359. 3079. - Volontairement, p. 31>9. 3080. - Destruction partielle, p. 359. 3081. - Circonstances aggravantes, p. 359.

SECTION II, - DE LA DESTRUCTION DES CONSTRUCTIONS,

DES MACHINES A VAPEUR ET DES APPAREILS TÉLÉGRAPHIQUES.

ARTICLES 521 A 525. Remarques générales.

308l3. - Code pénal, articles 521 et suivants, p. 361. 3083. - Code pénal, article 122. - Arrêté-loi du 20 août 1915, p. 361.

Destruction des consti-uotions. 3084. - Code pénal, article 521, p. 361. 3085. - Fait prévu par cette disposition, p. 361.

TABL:E ANALYTIQUE DES MATIÈRES

~086, - Dol général, p. 361. :3087. - Explosifs, p. 361. 3088. - Bâtiment en construction, p. 361. 3089. - Quid des moteurs électriques? p. 362.

477

3090, - « Autres constructions ». - Exclusion des immeubles par destination, p. 362. 3091. - Tuyaux de gouttière arrachés, etc., p. 362. 3092. - Faits prévus par d'autres dispositions légales (tombeaux, cabanes de gar­

dien), p. 362. 3093. - Blessures; mort, p. 362.

, JJeetruction de machines à vapeur. 3094. - Code pénal, article 523, p. 362,

Obstacles aux correspondancee télégraphiques ou téléphoniques. 3095. - Télégraphe; téléphone; T.S.F., p. 363.

Disposition commune aux articles 523 et 524 du Code pénal. 3096. - Code pénal, article 525, p. 363.

Récidive. 3097. - Code pénal, article 544 (abrogé), p. 363.

SECTION III. - DE LA DESTRUCTION OU DÉGRADATION DES TOMBEAUX,

MONUMENTS, OBJETS D'ART, TITRES, DOCUMENTS OU AUTRES PAPIERS.

ARTICLES 526 ET 527.

Deetruction ou dégradation des tombeaux, monuments, objets d'art. 3098. - a) Tombeaux, signes commémoratifs, pierres sépulcrales, p. 364. 3099, - Fleurs placées sur une tombe, p. 364. 3100, - b) Monuments, statues, autres objets, p. 365. 3101. - c) Monuments, statues, etc., placés dans les églises, temP,les, etc., p. 365.

Destruction de titres, documents ou autre.s papiers. 3102. - Code pénal, article 527, p. 365. 3103. - Intention méchante ou frauduleuse. - Actes reconnus sans valeur, p. 366, 3104. - Pénalités. - Code pénal, article 462, p. 367. 3105. - Article 544 du Code pénal (abrogé), p. 367.

SECTION IV. - DE LA DESTRUCTION OU DÉTÉRIORATION DE DENRÉES,

MARCHANDISES OU AUTRES PROPRIÉTÉS MOBILIÈRES,

ARTICLES 528 A 534.

Destruction ou détérioration des propriétés mobilières d'autrui exécutées à l'aide de vio-lences ou de menaces.

3106. - Code pénal, articles 559, 1°, et 528, p. 369. 3107. - Arrêté-loi du 13 mai 1940, p. 369. 3108. - Relation entre la destruction et les violences ou les menaces, p. 369. 3109, - Code pénal, article 529. - Réunions, bandes, chefs, provocateurs, p. 369. 3110. - Circonstances aggravantes. - Code pénal, articles 530· à 532, p. 369. 3111. - Récidive. - Code pénal, article 544 (abrogé), p. 370.

Altération ou détérioration méchante ou frauduleuse de marchandises ou de matières pre• mières.

- Code pénal, article 533 ; matérialtté de l'infraction, p. 370. 3112. 3113. 3114. 3115. 3116. -3117. -

- Marchandises, - Œuvres d'art, p. 370. - Matières servant à la fabrication, p. 370,

Intention méchante ou frauduleuse, p. 370. Pénalités, p. 370. Récidive. - Code pénal, article 544 (abrogé), p. 371.

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478 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES

Des actes dommageablelf pré'IJus par l'article 634 du Code pénal. 3118. - Matérialité de l'infraction, p. 371. 3119, - Elément intentionnel, p. 371. 3120. - Récidive. - Code pénal, article 544 (abrogé), p. 371.

SECTION V, - DESTRUCTIONS ET DÉVASTATIONS DE RÉCOLTES, PLANTES, AR­

BRES, GREFFES, GRAINS ET FOU11.RAGES, DESTRUCTION D'INSTRUMENTS

D'AGRICULTURE,

ARTICLES ô35 A 537.

3121. - Matérialité des infractions prévues aux articles 53ô, 536 et 537 du Code pénal, p. 372.

8122. - Intention méchante, p. 373. Quid si intention frauduleuse?

3123. - Arbres et arbustes, p. ·373. 3124. - Mutilé, écorcé de manière à les faire périr, p. 373. 3125. - Cumul des peines prévues par l'article 537, ·p. 373. 3126. - Condamnation civile globale. - Cassation, p. l!W • 3127. - Circonstances aggravantes prévues par l'article 543 du Code pénal, p. 373. 3128. - Récidive. - Code pénal, article 544 (abrogé), p. 374.

SECTION VI. - DE LA DESTRUCTION DES ANIMAUX.

ARTICLES 538 A 542. Empoisonnement ·d'animaua:.

3129, - Empoisonnement. - Code pénal, article 538, p. 375. 3130. - L'animal doit avoir été tué, p. 376. 3131. - Enumération limitative. - Chiens, p. 376. 3132, - Mort volontairement donnée, p. 376.

Destruction des poissons.

3133. - Code pénal, article 539, p. 376. 3134. - Eaux courantes, p. 376. 3135. - But :,equis c.hez l'auteur, p. 376.

Animaua: fué8 ou blessés.

3136. - Faits prévus par les articles 540 et 541, p. 376;

1 o Tuer· certains animaux ;

20 Leur causer des lésions graves.

a) Anima= mentionnés à l'arlicle 638,

3137. - Code pénal, article 540, alinéa 1 ••, p. 377. 3138. - Elément intentionnel, p. 377. 3139. - Absence de nécessité, p. 377. 3140. - Pénalités de l'article 540, p. 377.

b) Autres animaua: domestiques.

3141, -, Animaux domestiques non mentionnés à l'article 538, p. 377.

c) Animaua: apprivoisés ou captifs.

3142, - Code pénal, article 541, alinéa 2, p. 378.

Circonstances aggravantes des délits pré'IJus aua: articles 638 à 641 du Code pénal. - Récidive.

3143. - 1 ° Violation de clôture, p. 378. 3_144. - 2° Haine d'un fonctioruill,ire, etc., p. 378. 3145. - 3° Nuit, p. 378. 3146. - Récidive. - Code pénal, article 544 (abrogé), p. 378.

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TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 479

SECTION VII. - DISPOSITIONS COMMUNES AUX PRÉCÉDENTES SECTIONS.

ARTICLES 543 ET 544.

3147. - Article 548, p. 879. 3148. - Article 544 (abrogé), p. 379. 3149. - Loi du 22. mars 1929. - Renvoi, p. 379.

SECTION VIII, - DE LA DESTRUCTION DE CLOTURES, DU DÉPLACEMENT

OU DE LA SUPPRESSION DES BORNES ET PIEDS CORNIERS.

ARTICLES 546 ET b46.

3150. - Code pénal, article 645, p. 380.

DeBtruction de clôtures. 3151. - Destruction partielle et dégradation, p. 380. • 3152. - Clôtures. - Vitres des portes et fenêtres, p. 380. 3153. - Clôtures intérieures, p. 381. 3154. - Faut-il que la clôture appartienne à autrui? p. 881.

'3155. - Grille non considérée comme clôture, p. 882. 3156. - Piquets non reliés par des fils, p. 382. 3157. - Echalier placé à l'extrémité d'un sentier, p. 382. 8158. - Dol général, p. 388. 3159. - Mobile de l'auteur. - Inopérance, p. 883.

Déplacement de bornes, etc. 3160. - Bornes, pieds corniers, p. 888. 3161. - Bornage légal, p. 384. 3162. - Dol général. - Revendication de propriété, p. 384. 3163. - Connaissance du caractère des bornes, p. 884.

Usurpation de terrain. 3164. - Code pénal, article 546, p. 884.

SECTION IX. - DESTRUCTIONS ET DOMMAGES CAUSÉS PAR LES INONDATIONS.

ARTICLES 547 A 560.

Inondation des travaua: d'une mine. 3165. - Code pénal, article 547, p. 886. 3166. - Intention méchante ou frauduleuse, p. 385. 8167. - Intention de favoriser l'ennemi, p. 385. 3168. - Présênce de personnes dans la mine, p. 385. 3169. - Application de l'article 518 du Code, p. 385.

Autres faits d'inondation. 3170. - Code pénal, article 549, p. 385. 3171. - Code pénal, article 550, p. 385.

Titre X. - Des contraventions.

ARTICLES 551 A 567.

REMARQUES GÉNÉRALES.

3172. - Méthode de l'exposé du présent titre, p. 886. 3173. - L'impu_tabilité morale des contraventions est un élément de ces infractiom,

p. 887. 3174. - Mineurs âgés de moins de seize ans lors de l'accomplissement du fait, p. 388. 3175. - Matières antérieurement traitées, p. 388. 3176. - Auteurs des contraventions, p. 389.

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480 TABLE ANALYTIQUE DÈS MATIÈR;ES

CHAPITRE Ier, - DES CONTRAVENTIONS DE PREMIERE CLASSE.

3177-3193. - Article 551, p. 389 à 393. 3194-3198. - Article 552, p. 394 à 395. 3199-3201. - Article 553, p. 395. 3202-3203. - Article 554, p. 396.

CHAPITRE II. - DES CONTRAVENTIONS DE DEUXIEME CLASSE.

3204-3206. - Article 555, p. 397. 3207-3219. - Article 556, p. 398 à 400. 3220-3235. - Article 557, p. 401 à 404. 3236. - Article 558, p. 404.

CHAPITRE III. - DES CONTRA VENTIONS DE TROISIEME CLASSE.

3237-3242. - Article 559, p. 404 à 406. 3243-3257. - Article 560, p. 406 à 409. 3258-3285. - Article 561, p. 409 à 416, 3286. - Article 562, p. 417.

CHAPITRE IV. - DES CONTRA VENTIONS DE QUATRIEME CLASSE.

3287-3296. - Article 563, p. 417 à 419. Article 564, p. 419.

DISPOSITIONS 00:MMUNES AUX QUATRE CHAPITRES PRÉCÉDENTS.

Article 565 (.Récidive), p. 419. Article 566 (Circonsl,ances atténuantes), p. 420.

DISPOSITIONS TRANSITOIRES.

Article 567, p. 420, 3297, - Arrêté royal du 8 juin 1867, p. 420.

INDEX ALPHABÉTIQUE, p. 421.

TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME Il, J:>• 4'51

ETABI,. EH. BRUYLANT, s. a., rue de la Régence, 67. - R. C. Br. 10867. Un dir. gén. : R. BRUYLANT, av. Brugmann, 421, Uccle.