Avoir un enfant ou interrompre sa grossesse - deux choix responsables. Une question fondamentale de...

12
Le droit pour les femmes de décider de leur vie sexuelle et reproduc- tive sans être considérées comme des mineures d’âge, incapables de dire ce qui est bon pour elles, est menacé. Il est à nouveau nécessaire de défendre le droit des femmes à choisir de garder ou non une gros- sesse. Nous l’avons vu tout récemment en Espagne. Très concrète- ment, pensons à toutes celles qui sont condamnées à des souffrances inutiles dans les pays où la pénalisation de l’interruption volontaire de grossesse est encore d’application. Contexte politique aCtuel L’interruption volontaire de grossesse (IVG) refait débat un peu partout 1 . Si ce n’est en attaquant le principe même, ce peut être par le biais du refus de remboursement par la sécurité sociale ou par le droit à invoquer la clause de conscience. Cette dernière possibilité offerte au personnel soignant provoque de grandes difficultés d’accès aux droits, par exemple en Italie ou en Pologne. Que ce soit pour l’avortement ou la contraception, des prestataires de ser- vice continuent, en fonction de leurs propres représentations, de leur idée de ce que doit être un bon choix, de ce que doit être un bon comportement, 1 Voir Annexe 1 : Le Droit à l’avortement sauvé en Espagne (momentanément…) avoir un enfant ou interrompre sa grossesse, deux Choix responsables Une qUestion fondamentale de santé pUbliqUe et de droit de la personne Nicole Van Enis 2014 Présente

Transcript of Avoir un enfant ou interrompre sa grossesse - deux choix responsables. Une question fondamentale de...

Le droit pour les femmes de décider de leur vie sexuelle et reproduc-tive sans être considérées comme des mineures d’âge, incapables de dire ce qui est bon pour elles, est menacé. Il est à nouveau nécessaire de défendre le droit des femmes à choisir de garder ou non une gros-sesse. Nous l’avons vu tout récemment en Espagne. Très concrète-ment, pensons à toutes celles qui sont condamnées à des souffrances inutiles dans les pays où la pénalisation de l’interruption volontaire de grossesse est encore d’application.

Contexte politique aCtuel

L’interruption volontaire de grossesse (IVG) refait débat un peu partout 1. Si ce n’est en attaquant le principe même, ce peut être par le biais du refus de remboursement par la sécurité sociale ou par le droit à invoquer la clause de conscience. Cette dernière possibilité offerte au personnel soignant provoque de grandes difficultés d’accès aux droits, par exemple en Italie ou en Pologne. Que ce soit pour l’avortement ou la contraception, des prestataires de ser-vice continuent, en fonction de leurs propres représentations, de leur idée de ce que doit être un bon choix, de ce que doit être un bon comportement,

1 Voir Annexe 1 : Le Droit à l’avortement sauvé en Espagne (momentanément…)

avoir un enfant ou interrompre sa grossesse, deux Choix responsablesUne qUestion fondamentale de santé pUbliqUe et de droit de la personne

Nicole Van Enis 2014

Présente

à bloquer l’accès de certaines femmes à leurs droits. D’autres pays comme la Finlande ou la Suède considèrent l’IVG comme un problème de santé pu-blique majeur. L’avortement faisant partie des actes médicaux comme toute autre assistance aux patientes, le personnel médical ne peut donc invoquer l’objection de conscience.

déConstruire quelques idées reçues

Les arguments anti-IVG peuvent paraître « de bon sens » s’ils ne sont pas re-gardés de plus près ; ils ne tiennent souvent pas compte de la complexité des situations, de la vie elle-même et des différences de point de vue selon les re-présentations que l’on a de l’existence. Connaître sa propre histoire, savoir sur quels présupposés on se base et reconnaître que ce ne sont pas les mêmes pour tout le monde est essentiel pour aborder une question d’ordre éthique.

Devant les projets politiques de certains pays visant au recul des droits des femmes en matière de santé reproductive ou de blocage de toute avancée en ces domaines, il semble nécessaire de remettre en lumière des arguments qui ont emporté, depuis quelques décennies, l’adhésion des votes en faveur de la dépé-nalisation de l’avortement en France (1975) et en Belgique (1990).

Comment des grossesses « non désirées » peuvent-elles enCore se produire ?

C’est souvent uniquement à la femme que l’on retourne cette question. Pour-tant c’est à deux qu’on a des relations. Ceci dit, il est impossible de contrôler à 100 % notre fertilité biologique. Les contraceptifs sont généralement très sûrs, mais pas parfaits. Il arrive que la méthode choisie avec toutes les précautions médicales connues échoue même en cas de stérilet ou de stérilisation ou d’uti-lisation correcte de la pilule. Le site d’information Luna 2, regroupement de centres de planning familial , précise que « L’une des raisons de l’échec de la contraception réside aussi dans le fait que l’utilisation rationnelle des contra-ceptifs est contraire à l’irrationalité et à l’impulsivité des relations sexuelles. Il n’est pas rare que des risques soient pris et il faut faire de nombreux efforts, et avoir un peu de chance dans la vie pour être certaine de toujours opter pour le contraceptif adéquat ».

Notons d’emblée que certaines femmes, certains couples, ont recours à l’IVG pour une grossesse programmée… du moins au départ. En effet, le contexte peut évoluer et amener une femme à désirer un avortement alors même que la grossesse était voulue. Nous pensons par exemple aux situations de départ

2 www.abortus.be/_fr/faq/faq4.php#q3

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

2

du conjoint, de perte d’emploi ou de prise de conscience que le désir de gros-sesse ne s’accompagne pas d’un réel désir d’enfant, etc. Des professionnel-les de centres de planning témoignent également de désir – conscient ou inconscient – chez certaines femmes de savoir simplement si elles sont fécondes, capables ou non d’être enceintes, ces situations de grossesse sont suivies d’une demande d’IVG.

la dépénalisation n’enCourage pas les avortements

Contrairement à un argument anti-IVG, la dépénalisation ne semble pas faire augmenter le nombre d’avortements. Par contre il est certain qu’elle fait dimi-nuer le nombre d’avortements clandestins. La Belgique, ainsi que les Pays-Bas, la Suisse et l’Allemagne sont les pays au monde qui connaissent le plus petit nombre d’avortements (< 10 / 1 000 femmes de 15 à 44 ans 3).

Dans les pays où l’IVG est interdit il est bien entendu difficile de connaître le nombre exact d’avortements mais ce qu’il est malheureusement plus aisé de trou-ver, ce sont les chiffres de mortalité due aux pratiques clandestines. Par ailleurs, le fait d’avoir une loi permet aux centres qui pratiquent des IVG d’encadrer les femmes pour prendre leur décision, de leur donner les soins nécessaires en cas d’intervention et de recevoir les moyens financiers nécessaires à ces missions.

Parler de « banalisation » comme s’il s’agissait d’une décision non responsable révèle un recours à des références moralisatrices, sinon religieuses. Chacun-e a le droit de s’y référer mais elles ne peuvent être appliquées à tous.

dire et redire que la loi interdit de Contraindre à l’avortement !

Cela peut paraître énorme mais il faut dire et redire que personne n’est obligé d’avorter ! C’est pourtant un argument qui circule contre la dépénalisation ! Il est bien évident que c’est à la femme que revient la décision d’avorter ou non et que, quel que soit son âge, c’est un délit de l’y obliger.

la pression exerCée sur les femmes est non négligeable… sur d’autres points

Les articles scientifiques, psychologiques, ou autres nous vantent le droit au « bien-être » pour tous les individus. Il est cependant rare de respecter le choix

3 www.abortus.be/_fr/faq/faq4.php

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

3

des femmes à ne pas avoir d’enfant. Pour elles, le « bien-être » devrait passer nécessairement par la maternité. A partir d’un certain âge, variable selon les milieux, elles subissent – de manière obsessionnelles pour certaines – des inter-pellations quant à leur future procréation. Quant à l’approche de la trentaine (ou pire de la quarantaine !), elles doivent affronter avec angoisse « l’âge limite » où il « sera trop tard ».

à ce sujet, une initiative originale a vu le jour à Barricade. Il s’agit d’un atelier d’écriture appelé MaternanceS. L’animatrice écrit en ces termes : « Il ne s’agit ni de “militer pour” ni de prôner la non-maternité, pas plus que la maternité, mais d’ouvrir ensemble un chantier de réflexion pour faire évoluer la représentation des femmes (…) Se construire une identité féminine dissociée de la norme de la maternité, permettre à d’autres expériences de s’écrire 4 ».

la dépénalisation de l’avortement est une question de santé publique

Simone Veil 5 en 1974 dans son célèbre plaidoyer le disait déjà clairement : indépendamment de toute considération religieuse et de conception de ce qu’est la vie ou la non-vie, la santé publique nécessite la dépénalisation de l’IVG. Des milliers de femmes meurent chaque année dans les pays où il n’est pas au-torisé ou seulement sous certaines conditions. On sait que quelles que soient les conditions d’accès à l’avortement, les femmes qui le souhaitent y auront recours de manière clandestine au prix de graves problèmes de santé 6. Dans son rapport de mai 2014, l’OMS 7 précise que les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions sanitaires sont la quatrième cause directe de mortalité maternelle dans le monde. Ils représentent 13% des décès liés directement ou indirecte-ment à la grossesse. S’ensuivent, parmi d’autres, ces recommandations : « Pour éviter les décès maternels, il est primordial de prévenir les grossesses non dési-rées ou trop précoces. Toutes les femmes, y compris les adolescentes, doivent avoir accès à la contraception, à l’avortement dans de bonnes conditions de sécurité dans le plein respect du cadre législatif et à des soins de qualité qui suivent l’avortement ».

4 Voir l’article de Brigitte Liebecq, « Et toi, tu as des enfants ? », Barricade. Disponible sur www.barricade.be

5 Le 26 novembre 1974, Simone Veil, ministre de la Santé de Valéry Giscard d’Estaing, pro-nonçait un discours passionné en faveur de la dépénalisation de l’IVG devant un parterre d’hommes (481) et une poignée de femmes (9). Elle allait ainsi révolutionner le droit des femmes. Après de houleux débats, la loi a finalement été adoptée le 29 novembre 1974, par 284 voix pour et 189 contre.

6 Une émission de 30 minutes sur Arte : France, Espagne : pourquoi l’avortement refait-il débat ? www.youtube.com/watch?v=3qEzu3mqTj0

7 « Mortalité maternelle », Aide-mémoire OMS n°348, mai 2014. Voir également l’annexe 3.

4

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

exiger des Conditions entraîne les femmes vers la Clandestinité

Dans les pays où l’IVG n’est autorisée que sous certaines conditions, exiger de fournir les « bonnes raisons » entraîne les femmes vers la clandestinité et ses pratiques dangereuses pour leur vie. Pour donner un exemple, au Brésil où l’interruption volontaire de grossesse est toujours interdite sauf en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère, les IVG clandestines – près d’un million par an – sont la quatrième cause de mortalité maternelle 8. Dans de nombreux pays, le fait même d’être enceinte est encore un risque majeur de mortalité « Environ 289 000 femmes sont mortes en 2013 de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement 9». Face à cette situation, une des mesures préconisées par l’OMS est la possibilité pour toutes les femmes d’avorter dans de bonnes condi-tions d’hygiène et de soins, non de devoir justifier leur décision.

Il est inopportun, voire totalement incohérent d’exiger des justifications (d’ordre médical, économique ou autre) pour accepter de pratiquer un avortement. En demande-t-on à ceux qui font des enfants ? Cette exigence repose sur une conception du corps des femmes et de leur asservissement à la maternité contes-tée par les féministes depuis les années 70. De même que les propositions de faire intervenir un homme dans la décision d’avorter sont contestées car le corps d’une femme n’appartient qu’à elle-même. « Tout était mon corps, tout était moi. C’est bien de moi dont je disposais en décidant de bénéficier d’une IVG 10 ».

s’opposer à de nouvelles normes soCiales, un enjeu Conservateur

Partir d’une supposée égalité de tou-tes devant les situations de la vie pour imposer une vision commune nous paraît profondément injuste. Prendre en compte les différences culturelles et socio-économiques entre les personnes directement concernées et celles qui raisonnent et prennent des décisions politiques ou médicales nous paraît essentiel. Les points de vue de ces per-sonnes sur bien des questions et notamment les « choix de vie » peuvent être différents. Il semble, à l’analyse, qu’un des enjeux des activistes anti-choix est de contrer la diffusion des idées autour de nouvelles normes sociales, un enjeu profondément conservateur. Une des stratégies est d’entretenir la stigmatisation sociale autour des questions d’avortement.

8 Chantal Rayes, « L’excommunication qui choque le Brésil », Libération, 11 mars 2009, www.liberation.fr/monde/2009/03/11/l-excommunication-qui-choque-le-bresil_544161

9 OMS, « Dix faits sur la santé maternelle », mai 2014. www.who.int/features/factfiles/maternal_health/fr/

10 Site où l’on trouve de nombreux témoignages : www.madmoizelle.com/avortement-appris-temoignage-302034

5

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

une sexualité déConneCtée des enjeux reproduCtifs

Les discours qui tendent à restreindre ou à supprimer le droit des femmes de choisir ce qui est bon pour elles reviennent finalement à sanctionner celles qui sortent de leur rôle social biologique. Alors que dans les normes dominantes on accepte parfaitement que la sexualité des hommes soit totalement déconnectée des enjeux reproductifs, on sanctionne la sexualité non reproductive chez les femmes. On comprend dès lors que la question de l’IVG soit une revendication essentielle du mouvement des femmes : la liberté de disposer de son propre corps, en ce compris l’accès à la contraception et à l’avortement libre et gratuit. Allant dans cette direction, le Luxembourg vient d’introduire un projet de loi qui vise à sortir totalement l’IVG du code pénal, ce qui est une revendication des féministes des années 70.

refuser une grossesse est un aCte responsable

Ne pas vouloir d’enfant est une option qui ne doit pas se justifier. « Si c’est pour leur confort, c’est inacceptable » entend-on. Au contraire, si la personne n’a pas de place dans sa vie pour un projet d’enfant, quelle qu’en soit la raison, pourquoi vouloir le lui imposer ? C’est justement parce qu’avoir un enfant est une grande responsabilité - plus qu’un « désir » mais un réel « projet » - que re-fuser une grossesse est un acte responsable et – dans certains cas – courageux.

6

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

Pour certaines personnes, les convictions et références religieuses amènent (ou ajoutent) des souffrances face à cette option alors qu’en tant qu’être humain conscient des enjeux que cela implique, elles choisissent de renoncer – parfois momentanément – à la maternité. Cependant, si les pressions morales sur les femmes pour mener une grossesse à terme sont bien présentes dans les mi-lieux religieux, on en trouve également dans tous les milieux philosophiques. Ces pressions et ces positions anti-avortement proviennent de personnes igno-rant réellement ou voulant ignorer (par choix politique ou religieux) les consé-quences de la pénalisation pour ces femmes qui font tout – y compris mettre leur santé et leur vie en danger – pour ne pas garder une grossesse.

à l’opposé d’un acte « égoïste » ou de « confort » comme en sont parfois accu-sées les femmes, nous pensons au contraire qu’il s’agit d’un choix éminemment respectable et responsable.

la possibilité d’avorter permet de transformer une grossesse non désirée en Choix réel !

Cela peut sembler paradoxal mais l’existence même de la possibilité d’avorter transforme une non-programmation de maternité en choix réel.

Lorsque le choix n’existe pas ou est inenvisageable, la maternité non désirée est souvent vécue comme une fatalité à assumer. Par contre, la question de l’IVG posée et la réponse apportée permettent de transformer en choix réel une situa-tion imposée par la biologie.

Grâce à la dépénalisation de l’avortement, dans une société où l’épanouisse-ment des femmes comme des enfants est – à juste raison – souhaité, un enfant non programmé devient un enfant désiré ! Le projet d’enfant peut se construire et être vécu alors pleinement.

ConClusions

Les humains sont, par la culture, amenés à combiner les contraintes biologiques et les aspirations légitimes vers plus d’humanité : vaste sujet que les féministes ont amplement contribué à mettre sur la place publique et débattu. Le « privé est politique » lançaient les militantes des années 70 11.

Et c’est bien le cas de l’IVG, elle touche aux droits de la personne et c’est éga-lement une question de santé publique.

11 Nicole Van Enis, Féminismes pluriels, Aden, 2012, tableau p. 29.

7

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

Nous n’avons bien entendu pas fait en ces quelques pages le tour de toutes les objections et de tous les arguments sur la question de société délicate qu’est l’IVG mais nous espérons avoir donné quelques éléments de réflexion sur un mode de fonctionnement qui permet chez nous aux femmes d’exercer leur liberté en choisissant le temps de la maternité plutôt que de la subir. Cette liberté a été conquise par les féministes, et nous est encore acquise mais restons vigilant-es !

Nicole Van Enis, décembre 2014

8

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

annexe 1

Le droit à l’avortement sauvé en Espagne (momentanément…)Source (du 24 septembre 2014) : www.50-50magazine.fr

Le projet de réforme du ministre de la Justice Alberto Ruiz-Gallardón, qui prévoyait de ne plus autoriser l’avortement qu’en cas de viol ou de grave danger pour la vie, la santé physique ou la santé psychique de la femme, vient d’être enterré par le gouvernement de Mariano Rajoy. Le même jour, le ministre de la Justice démissionne, fait tout à fait excep-tionnel en Espagne.Ce projet de loi avait provoqué de très fortes mobilisations en Espagne

et dans de nombreux pays.Le gouvernement a toutefois la volonté de modifier la loi afin que les

mineures (moins de 17 ans en Espagne) aient à nouveau besoin d’une autorisation de leurs parents pour avoir accès à une IVG. La loi actuelle, entrée en vigueur en 2010, autorise les IVG jusqu’à

14 semaines sans justification, et jusqu’à 22 semaines s’il existe un risque pour la santé de la mère ou si le fœtus présente des malformations. Voir le film El tren de la libertad qui montre les impressionnantes mobi-

lisations en Espagne et en Europe : vimeo.com/99974636

annexe 2 :

Le drame, ça n’a pas été l’avortement, mais la condamnation à vivre l’avortement comme un drame

Sabine

Quelques conseils utiles sur un site bien complet : www.svss-uspda.ch/fr/temoignages_opinions/avortement_temoignages.htm

Pour beaucoup de femmes tout est clair dès le début et elles n’ont pas de problèmes avec leur IVG. Ce ne sont pas celles, le plus souvent, qui nous écrivent, mais plutôt celles qui ont des sentiments mêlés. Leurs témoi-gnages montrent: chacune se trouve dans une situation particulière, cha-cune le vit différemment. - Certaines restent tristes, d’autres ressentent surtout un soulagement. Pour aucune femme l’interruption de grossesse n’est une expérience agréable. Mais ça ne doit pas être un drame, cela peut arriver à tout le monde. Par la suite, même si leur décision était douloureuse, la plupart des femmes trouvent qu’elle était juste. Ce qui est important :

• Ecoutez votre coeur et agissez conformément – sans pour autant perdre de vue les réalités. Ne succombez pas aux pressions d’autres

9

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

personnes - ni dans un sens ni dans l’autre ; • Il y va de votre vie. Vous avez le droit de vous décider pour vos

projets de vie. Accepter la maternité ou la refuser: assumez votre décision ;

• L’avortement n’est rien dont il faut avoir honte. Ne vous laissez pas culpabiliser – pas non plus par les sites web anti-avortement pleins de désinformations, mensonges et horreurs (ne les regardez même pas !) ;

• Il y a des médecins et du personnel soignant qui n’accueillent pas les femmes avec la circonspection et la cordialité souhaitables. D’autant plus il importe de pouvoir se confier à une personne sen-sible, le partenaire, la mère, une amie ou la conseillère auprès d’un centre de planning familial ;

• Lors de l’échographie, si vous ne désirez pas regarder l’écran, exigez qu’on détourne le moniteur.

annexe 3 :

Les chiffres de l’IVG dans le monde source du 24 septembre 2014 : www.50-50magazine.fr

• 220 millions de femmes privées d’accès aux méthodes modernes de contraception ;

• 80 millions de grossesses non désirées ;• 20 millions d’IVG non médicalisées ;• Un décès maternel sur sept causé par un avortement à risque.

Cinq États membres des Nations Unies interdisent l’IVG en toutes cir-constances, même lorsque la vie de la mère est en danger (Chili, Salvador, Nicaragua, République dominicaine, Malte) et soixante et un pays n’au-torisent l’IVG que dans certains cas.

Une devinette ...

Comment appelle-t-on une femme qui a avorté ?

Réponse : Soeur, fille, mère, femme, collègue...

10

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

11

pour aller plus loin

Lectures Les Filles des 343, J’ai avorté et je vais bien, merci , 2012.

« Le Droit à l’avortement en Belgique », document très complet, téléchargeable ici: www.laicite.be/images/tinymce/docs/zone05/591igv_final.pdf

Collectif, Le Procès de Bobigny – Choisir la cause des femmes, Gallimard, 2006. Avant-propos inédit de Gisèle Halimi & préface de Simone de Beauvoir.

Collectif, Les Essentiels du genre 4 – Genre et droits reproductifs, Le Monde selon les Femmes.

Obvious Child ou la question de l’avortement dans les comédies américaines. BD en ligne : www.mirionmalle.com/2014/10/obvious-child-ou-la-ques-tion-de.html

Emissions TVÉmission d’André Dartevelle & Gérard Corbiau, Une Journée d’elles, 36 min.www.rtbf.be/video/detail_archives-sonuma?id=1965937

à l’approche du 40e anniversaire de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, France 2 diffuse un numéro d’Un jour, une histoire consacré à Si-mone Veil qui, face aux insultes et aux calomnies, a défendu l’IVG sans faiblir : www.francetvinfo.fr/societe/ivg/video-il-y-a-40-ans-face-aux-insultes-et-aux-calomnies-simone-veil-defendait-l-ivg_729601.html

FilmsEl tren de la libertad, 2014. Documentaire qui montre les impressionnantes mobilisations en Espagne et en Europe : vimeo.com/99974636

If These Walls Could Talk (Si ces murs pouvaient parler), fiction, USA, 1996, 3 x 40 min, avec Cher, Demi Moore, Chloë Sevigny, Vanessa Redgrave…

Une fiction en trois volets qui nous décrit à trois époques différentes des femmes confrontées au choix de l’avortement. Toutes trois vivent dans la même maison à des époques différentes. Si les murs de cette maison pouvaient parler, ils raconteraient l’histoire de ces femmes qui affron-tent les préjugés, les tabous, les interdits et se battent pour leurs droits : avortement, choix amoureux, liberté sexuelle.

Actions Charte Abortion Right : signature de la plate-forme : www.abortionright.eu/spip.php?article601

Campagne « Je veux avorter.be » www.planningsfps.be/activites/avorte-ment/Pages/default.aspx

En 2015, la Belgique fêtera les 25 ans de la loi dépénalisant partiellement l’avortement. Le GACEHPA, LUNA et l’IPPF organisent une campagne de sen-

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...

sibilisation contre la stigmatisation de l’avortement. www.abortionlaw25.be

La stigmatisation de l’avortement peut se définir par les caractéristiques né-gatives qui sont attribuées à tout ce qui touche de près ou de loin à l’inter-ruption volontaire de grossesse. Que ce soit dans la pratique quotidienne de cet acte médical, envers les femmes qui ont eu recours à un avortement mais également envers les personnes qui travaillent dans des services où se pratiquent les avortements (médecins, accueillantes etc).

Lieu d’émancipation collective et de création d’alternatives,

Barricade expérimente dans les domaines culturels, sociaux et

économiques depuis 1996.

Barricade est engagée dans différents mouvements sociaux

et citoyens ainsi que dans le développement de projets

économiques alternatifs dont la visée commune est de promouvoir

l’égalité et la justice sociale.

Depuis 2010, nos publications s’inscrivent dans ce contexte et

sont le fruit d’une démarche de recherche-action, d’une

implication de terrain dans la transformation de la société.

Barricade est également un espace public de débat permettant la

rencontre des paroles citoyennes, militantes, syndicales, associatives,

académiques & politiques. Enfin Barricade constitue un

lieu d’accueil pour de nombreux collectifs et associations, et tout

simplement un lieu d’échanges et de convivialité.

C’est tout ça Barricade.

Toutes les analyses sur :

www.barricade.be

12

| une p

ublicatio

n ba

rr

ica

de • 2

014 • a

vo

ir un e

nfa

nt o

u int

er

ro

mp

re s

a gr

os

se

ss

e...