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LéGIFéRER SuR L’IMMIGRATION FRANçAISE DANS LE SuD DES PAyS-bAS MéRIDIONAuX : LOGIquES SOuVERAINES ET TRADITIONS D’AuTONOMIE (XVIIE S.) marie Kervyn université libre de bruxelles - f. n. r. s. INTRODuCTION Le sud des pays-bas méridionaux, bien que zone relativement restreinte à pFKHOOH GX FRQWLQHQW HVW GHYHQX DX ÀO GH OD FRQVWUXFWLRQ WHUULWRULDOH HW SROLWLTXH des Xv e , XvI e et XvII e siècles, le front entre les plus grandes puissances d’europe RFFLGHQWDOH ,O YLW SOHLQHPHQW OD GLYLVLRQ FRQIHVVLRQQHOOH HW O·DX[ GH SRSXOD- tions qu’elle entraîne. et pendant que la maison de habsbourg manifeste une SHXU MXVWLÀpH GH O·HQQHPL IUDQoDLV FKHUFKH j LPSRVHU VHV ORJLTXHV HQWUHWLHQW OD vision de la frontière comme un front de protection et développe des disposi- tifs de contrôle et de défense, le tissu socio-économique de cohabitation et de voisinage induit une porosité quotidienne de cette même limite et trouve son empreinte dans des sociétés généralement ouvertes et intégratrices. dès lors, eu égard à la place des pays-bas au sein de l’empire et à ses conséquences en termes de droit 1 TXHOV VRQW OHV HQMHX[ ORFDX[ HW JOREDX[ GH OD TXHVWLRQ GH GpÀQLWLRQ juridique et de l’attribution des statuts de naturel, de bourgeois ou d’étranger aux migrants venus du royaume de france? dans quels espaces institutionnels et quelles conjonctures sociales et économiques s’élaborent les normes du contrôle des migrants français? m. bertrand et n. planas ont posé il y a peu la question de savoir si les marges étaient le lieu d’un ordre social embryonnaire à peine lié à l’etat, ou plutôt un 1 ruIz Ibañez, 2012. aussi, esteban estríngana, 2005.

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LéGIFéRER SuR L’IMMIGRATION FRANçAISE DANS LE SuD DES PAyS-bAS MéRIDIONAuX :

LOGIquES SOuVERAINES ET TRADITIONS D’AuTONOMIE (XVIIE S.)

marie Kervynuniversité libre de bruxelles - f. n. r. s.

INTRODuCTION

Le sud des pays-bas méridionaux, bien que zone relativement restreinte à pFKHOOH�GX�FRQWLQHQW��HVW�GHYHQX��DX�ÀO�GH�OD�FRQVWUXFWLRQ�WHUULWRULDOH�HW�SROLWLTXH�des Xve, XvIe et XvIIe siècles, le front entre les plus grandes puissances d’europe RFFLGHQWDOH�� ,O�YLW�SOHLQHPHQW� OD�GLYLVLRQ� FRQIHVVLRQQHOOH� HW� O·DX[�GH�SRSXOD-tions qu’elle entraîne. et pendant que la maison de habsbourg manifeste une SHXU�MXVWLÀpH�GH�O·HQQHPL�IUDQoDLV��FKHUFKH�j�LPSRVHU�VHV�ORJLTXHV��HQWUHWLHQW�OD�vision de la frontière comme un front de protection et développe des disposi-tifs de contrôle et de défense, le tissu socio-économique de cohabitation et de voisinage induit une porosité quotidienne de cette même limite et trouve son empreinte dans des sociétés généralement ouvertes et intégratrices. dès lors, eu égard à la place des pays-bas au sein de l’empire et à ses conséquences en termes de droit1�� TXHOV� VRQW� OHV� HQMHX[� ORFDX[� HW� JOREDX[�GH� OD�TXHVWLRQ�GH�GpÀQLWLRQ�juridique et de l’attribution des statuts de naturel, de bourgeois ou d’étranger aux migrants venus du royaume de france? dans quels espaces institutionnels et quelles conjonctures sociales et économiques s’élaborent les normes du contrôle des migrants français?

m. bertrand et n. planas ont posé il y a peu la question de savoir si les marges étaient le lieu d’un ordre social embryonnaire à peine lié à l’etat, ou plutôt un

1 ruIz Ibañez, 2012. aussi, esteban estríngana, 2005.

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lieu d’accommodation sans cesse renouvelé entre les contraintes issues de l’allé-geance au prince et à la communication avec l’ennemi. dans leur ouvrage consa-FUp� DX[�©6RFLpWpV�GH�)URQWLqUHVª�� LOV� RͿUHQW�XQH� FRQFOXVLRQ�DOODQW�GDQV� OH� VHQV�de la deuxième hypothèse, à savoir la frontière comme lieu de négociation où OHV�SROLWLTXHV�pWDWLTXHV�D\DQW�SRXU�ÀQDOLWp�GH�UHFRQÀJXUHU�OHV�IURQWLqUHV�GRLYHQW�tenir compte des réalités propres à cet espace2. mais, s’il y a eu des approches renouvelées sur la frontière, la révolte3, les refuges4 ou l’histoire militaire5 des pays-bas espagnols, les historiographies belge, française et espagnole sont res-tées longtemps muettes sur la circulation des personnes en tant que telle. ce n’est G·DLOOHXUV�TXH�UpFHPPHQW�TXH�OD�TXHVWLRQ�GH�OD�UpJXODWLRQ�GHV�ÁX[�PLJUDWRLUHV�HW�FHOOH�GHV�LQWHUDFWLRQV�FRPSOH[HV�HQWUH�DFWHXUV��FRQÁLWV�HW�QpJRFLDWLRQV�D�pWp�SOD-cée au centre du débat, dans le cadre de l’ouvrage codirigé par b. de munck et a. Winter, Gated Communities6.�,OV�\�DWWLUHQW�O·DWWHQWLRQ�VXU�OHV�GLͿpUHQWHV�IRUPHV�d’intervention des autorités urbaines et des institutions de plusieurs villes euro-péennes modernes en vue de stimuler, canaliser et contrôler les mouvements et les activités des nouveaux arrivants.

1. VERS uN RENFORCEMENT DES LIENS juRIDIquES ENTRE LE SOu-VERAIN ET LES MIGRANTS

La question des statuts juridiques des étrangers, les non-natifs du territoire, aux XvIe et XvIIe�VLqFOHV�V·DUWLFXOH�SDUWLHOOHPHQW�DXWRXU�GHV�SULQFLSHV�GH�GpÀQL-tion a contrario et d’incapacité juridique. parmi les non droits les plus notables, l’exclusion des étrangers (à la principauté) de la majorité des fonctions publiques GH�OD�SURYLQFH�GHSXLV�O·RFWURL�GHV�©JUDQGHV�FKDUWHV�GH�SD\Vª�HW�OD�-R\HXVH�(QWUpH�brabançonne7 ou l’interdiction de tester et d’hériter sont connues. cette entrave successorale se manifeste à travers le droit d’aubaine, permettant au souverain de recueillir la succession de l’étranger décédé dans ses états8. d’après les cou-tumes de hainaut, sont aubains ceux qui sont nés hors de l’empire, c’est-à-dire en france, en artois et en flandre impériale et le droit n’appartient pas au comte de hainaut mais au seigneur haut-justicier de la principale résidence de l’aubain. Il s’applique sur les biens meubles et acquêts immeubles, l’aubain étant admis

2 bertrand, pLanas, 2011, 2-8. 3 verbaan, 2011 ; WeIs, 2010.4 ruIz Ibañez, descImon, 2005.5 parKer, 2006.6 ashgate, 2012.7 dans sa première version de 1356, la Joyeuse entrée des ducs de brabant consacre le

principe en n’admettant au conseil que les conseillers nés en brabant. cette règle se retrouve dans WRXWHV�OHV�FRQÀUPDWLRQV�XOWpULHXUHV�MXVTX·DX�;9,,,H�VLqFOH� gILIssen, 1962, 236.

�� �*,/,66(1������������������$�VXEVLVWp�HQ�+DLQDXW�MXVTX·j�OD�ÀQ�GH�O·$QFLHQ�5pJLPH��SRXU�WRXV�OHV�JHQV�©QH]�qV�SDUWLHV�GH�O·REH\VVDQFH�GH�)UDQFHª��)$,'(5��������&RXWXPH�������FKDS�������DUW��11.

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à racheter le droit depuis la coutume de 16169. À partir du XvIe siècle, ce droit peut être abrogé par des traités conclus entre deux puissances souveraines, c’est le cas du roi de france et des princes des pays-bas, dont le premier arrangement daterait du traité de cambrai (1529) entre françois Ier et charles v10. mais dans la pratique, l’observation de ces principes n’est pas toujours respectée. du côté des pays-bas espagnols, le hainaut s’évertue ainsi à appliquer le droit d’aubaine aux )UDQoDLV�HW�OD�FRXWXPH�UpGLJpH�HQ������LQFOXW�VSpFLÀTXHPHQW�XQH�FODXVH�FRQFHU-nant le droit à percevoir au décès des étrangers nés en france11. La question est ÀQDOHPHQW�UpJOpH�VRXV�0DULH�7KpUqVH���GqV�TX·XQ�)UDQoDLV�GpFqGp�VDQV�KpULWLHUV�RX�VDQV�GLVSRVLWLRQV�YDODEOHV�DX[�3D\V�%DV��OHV�FRQVHLOOHUV�ÀVFDX[�GHV�FRQVHLOV�GH�justice doivent saisir les biens et les faire adjurer au domaine, sous réserve que quelqu’un se présente par la suite et requière la mainlevée12.

mais, alors que la province joue dans un premier temps le rôle d’intermédiaire, le processus centralisé de naturalisation devient l’outil de l’intégration politique des migrants à la communauté des sujets du roi d’espagne au tournant des XvIe et XvIIe siècles. bien sur, la pratique de la naturalisation au sens juridique du terme est un procédé plus ancien et a pu être accordée au titre de la province (à un indigène d’une autre province ou à un étranger des pays-bas). gilissen en relevait trois types pour le brabant : du premier, celles accordées par le conseil de %UDEDQW�DX[�QRQ�%UDEDQoRQV��PR\HQQDQW�SUHVWDWLRQ�GH�VHUPHQW�GH�ÀGpOLWp�HW�UHQ-dant les étrangers aptes à jouir des droits et privilèges des brabançons (excepté celui d’exercer une charge publique) ; du second, les « lettres de brabantisation ª�DFFRUGpHV�SDU�OH�PrPH�FRQVHLO�DYHF�FRQVHQWHPHQW�GHV�WURLV�PHPEUHV�GHV�(WDWV�de brabant pour un étranger voulant occuper une fonction publique et, du troi-VLqPH��OHV�©�OHWWUHV�GH�QDWXUDOLWp�ª�DFFRUGpHV�DX[�HFFOpVLDVWLTXHV�pWUDQJHUV13. c’est ensuite, à la création par charles quint du cercle de bourgogne (1548) qui donne une identité juridique propre aux territoires des pays-bas et de la franche-comté et entraîne une nouvelle procédure à l’adresse des étrangers souhaitant s’y ratta-cher durablement, qu’apparaît la naturalisation d’état. Le principe de la « natio-QDOLWp�ª�FRPPH�SURFHVVXV�G·DVVLPLODWLRQ�GHYLHQW�GqV�ORUV�DSSUpKHQVLEOH�PDOJUp�les réserves de certains qui voudraient interdire de l’envisager pour les périodes antérieures à la formation des etats nés des révolutions du XIXe, à cause des hiérarchies corporatives, de la fragmentation du territoire ou du pouvoir de la

9 coutume 1616, chap 127 art 8 et 9. gILIssen, 1962, 274, 276.10 dans une bien moindre mesure, avec les provinces unies (1712), l’espagne (1725) ou la

russie (1785). gILIssen, 1962, 280. L’exemption réciproque est réitérée, par entre autres les traités de crépy (1544), de cateau-cambrésis (1559), de vervins (1598), des pyrénées (1659), d’aix-la-chapelle (1668), de nimègue (1678), de bade (1714) et d’aix-la-chapelle (1748).

11 verrIest, 1917. plus tard, en 1736, alors que le gouverneur général des pays-bas proposera la suppression de ce droit en conformité aux traités signés, les etats de hainaut s’opposeront à la promulgation de l’édit. gILIssen, 1962, 282.

12 Reccueil des Ordonnances des Pays-Bas, 3e série, t. vI, p. 36. 13 gILIssen, 1962, 253-254.

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personne du roi 14. car il s’agit bien d’un processus, échelonné de situations inter-médiaires, que présente tamar herzog quand elle investigue le sens, l’utilisation HW�O·H[WHQVLRQ�GHV�FRQFHSWV�GH�©�QDWXUHOV�ª�HW�G·©�pWUDQJHUV�ª�HQ�(VSDJQH�SpQLQVX-laire et en Ibéro-amérique15. dans le cas des pays-bas espagnols, contrairement à l’empereur (ou le roi) en qui réside la maiestas et qui est règnicole de chacun des règnes composant la monarchie, les critères d’ascendance, de naissance, de domi-FLOH�RX�G·RFFXSDWLRQ�VRQW�FUXFLDX[�SRXU�GpWHUPLQHU�O·LGHQWLWp�©QDWLRQDOHª�HW�HQWp-riner les liens que le prince entretient avec ses sujets. deux éléments doivent être soulignés ici : premièrement, que la relation d’intérêt (religion, service, activité, etc.) est aussi décisive que les liens de sang dans la construction de la naturalité comme catégorie d’appartenance. deuxièmement, que les naturels des pays-bas ne sont pas naturels des autres nations composant la monarchie du roi catho-lique, clé de voûte de l’empire autour de laquelle tous les sujets, peu importe le règne ou le territoire auxquels ils se rattachent, se trouvent associés en un “corps mystique”16.

une étude de la naturalité dans les pays-bas espagnols est rendue possible grâce à l’analyse d’un corpus constitué de quelques centaines de «lettres de natu-UDOLWpVª��DFWHV�GH�GURLW�DGPLQLVWUDWLI�SOXV�RX�PRLQV�VWpUpRW\SpV�HW�PpFDQLTXHV�TXL�ODLVVHQW� WUDQVSDUDvWUH� HQ�ÀOLJUDQHV�DXWDQW�GH�SDUFRXUV�HW�GH� UpFLWV�GH�PLJUDQWV�français17. une partie d’entre eux est constituée de soldats et de serviteurs des DUPpHV�TXL��DX�WHUPH�G·XQ�VHUYLFH�DX[�3D\V�%DV�HW�G·XQ�VDFULÀFH�SHUVRQQHO�LPSOL-FLWH��HVSqUHQW�GHYHQLU�GH�©YUDLVª�VXMHWV�GH�OD�FRPPXQDXWp�GX�URL�G·(VSDJQH��&HU-tains jouissent d’un prestige important grâce à leur grade ou leur visibilité, mais le service des soldats de rang plus modeste n’est jamais dévalorisé pour autant HW� OH� VDFULÀFH� SK\VLTXH� HVW� H[WUrPHPHQW�PpULWRLUH�� WRXW� FRPPH� OH� IDLW� G·DYRLU�renoncé à son pays d’origine pour s’établir et se mettre en ménage dans les pays-bas. ce principe de naturalité « en tant que catégorie générale d’appartenance LPSOLTXDQW�OH�GURLW�HW�OH�GHYRLU�GH�VH�VDFULÀHU�SRXU�OH�ELHQ�SXEOLF�ª�VH�UHWURXYH�SDU�ailleurs chez les Ligueurs et les autres français réfugiés pour cause de religion 18. Les ouvriers spécialisés constituent une troisième catégorie, dans la mesure où OHXU�SUpVHQFH�HVW�DXVVL�VRXKDLWDEOH�©�SRXU�OH�ELHQ�SXEOLFT�ª��/HV�TXDOLÀFDWLRQV�GX�

14 sahLIns, 2000, 1081. 15 herzog, «naturales y extranjeros : sobre la construcción de categorías en el mundo

KLVSiQLFRª��&XDGHUQRV�GH�+LVWRULD�PRGHUQD��������;��SS��������16 garcía garcía, 2004, 30.17 Les migrants originaires de france sont les plus largement représentés du corpus, soit 513

cas sur 567 demandes recencées.18 sahLIns, 2000, 1091. ruIz Ibañez, descImon, 2005. Il peut cependant arriver que

l’argument d’appartenance à la Ligue joue en défaveur du remontrant qui devient, par le fait même de ce lien, une menace pour la sécurité publique des pays-bas. antoinette de moreul, veuve de Jehan de rivery, essuie un refus par le conseil d’artois «pour sa qualite qu’elle pourroit en temps de guerre ressentir beaucoup de choses et les communiquer puis aprez a merci ses amis, bien aise avecq tel moien de descouvir quelques fois nos suretez internes au reste quelle sest pendant longtems FRPSRUWH�FDWKROLTXHPHQWª24. bruxelles, agr, cpe, 1414 (29 mars 1586)

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faiseur de papier angoumoisin pierre gauthier lui permettent par exemple de faire venir avec lui des maîtres charpentiers et des ouvriers, après avoir obtenu un octroi exclusif en 1664, avec franchises, privilèges et promesse de voir exclure des pays-bas « tous papiers estrangers lorsque (sa) manufacture pourroit four-QLU�D�VXVDQFH�ª��$X�PRPHQW�G·DSSX\HU�VD�GHPDQGH�GH�QDWXUDOLVDWLRQ�HW�GH�VH�soustraire aux ordres de sortie des français dix ans plus tard, il mettra en avant OH�EpQpÀFH�HQJHQGUp�SDU�VRQ�©H[WUDRUGLQDLUH�VHFUHW�GH�IDLUH�OH�ÀQ�SDSLHU�D�HFULUH�HW�D�LPSULPHU�HW�DXWUHV�VHPEODEOHV�TXL�QH�VH�IDLVRLHQW�HQ�DXOFXQ�OLHX�GH�FHV�SD\V�ª19.

La naturalisation n’est cependant pas une condition sine qua non à l’exercice d’une fonction et les candidats pratiquent généralement depuis plusieurs années avant de s’adresser au conseil privé. elle répond le plus souvent à un besoin de régularisation pour des français de naissance établis aux pays-bas. certains GRLYHQW�RFLDOLVHU�OHXU�VLWXDWLRQ�SRXU�JDUDQWLU�OHXU�DFFqV�j�XQH�FKDUJH�FLYLOH��GH�notaires ou d’huissiers20) ou ecclésiastique (le gouvernement central ayant inter-dit l’exercice de fonctions ecclésiastiques par des étrangers dès le XvIe siècle21), XQ�EpQpÀFH�RX�XQH�PDvWULVH 22. d’autres y ont recours en suite des déclarations de guerre et des ordres de sortie des français, alors qu’ils pratiquent leur profes-sion sans remous et ont fondé une famille sur les terres habsbourgeoises. marand guerlin y est ainsi venu à l’âge de 10 ans, vers 1573, et réside depuis à bouvy (comté de saint-pol) avec la femme qu’il y a épousée et leurs enfants. Il vit de la PDUFKDQGLVH�GH�EHVWLDX[�©�FRPPH�ÀGqOH�VXMHW�ª�PDLV�GRLW�pPHWWUH�XQH�UHTXrWH�HQ�1595 au lancement des recensements des français établis dans les pays-bas car LO�HVW�©�PROHVWp�SDU�OD�JHQGDUPHULH�SDUFH�TXH�QDWLI�GH�)UDQFH�ª23. en 1615, alors qu’il s’est établi à arras pendant la Ligue, ville dans laquelle il a ensuite résidé HW�©�IDLW�OH�JXHW�HW�JDUGH�RUGLQDLUH�FRPPH�OHV�DXWUHV�ERXUJHRLV��FRPSRUWp�ÀGqOH-PHQW�HW�KRQQHVWHPHQW�ª�SXLV�VHUYL�GH�FDQQRQLHU�DX�VLqJH�GH�&DPEUDL��1LFRODV�armeur est dans l’obligation de se faire naturaliser24��(Q�SpULRGH�GH�FRQÁLW�� OH�procédé peut même faire l’objet de demandes collectives. quinze français de SURIHVVLRQV�GLͿpUHQWHV� �GRQW�XQ�FKLUXUJLHQ��XQ�FRUGRQQLHU��XQ�FKDUUHWLHU�HW�XQ�brasseur) établis à auxi en artois reçoivent un avis favorable à leur sollicitation commune grâce au fait que leur conduite a toujours été irréprochable, « dans fort bonne réputation parmi leur petit négoce, le tout à satisfaction du pasteur, EDLOO\�HW�OLHXWHQDQW�GX�ERXUJ�ª 25. finalement, et outre le besoin d’échapper aux PHVXUHV�GH�GURLW�GH�JXHUUH��OHV�FRQÁLWV�LQFLWHQW�DXVVL�j�OD�QDWXUDOLVDWLRQ�SRXU�GHV�

19 agr, cpe, 1416 (16 mars 1674) 20 voir le cas de Jehan bardot, naturalisé en novembre 1623 après avoir vécu 25 ans dans les

pays-bas espagnols. agr, cpe, 1415. 21 bulle de Léon X, 5 juillet 1515. de moreau, 1949, 175.22 voir le cas de Jacques bogart, chirurgien pratiquant à saint-omer. Il demande à être

naturalisé en 1673 parce que les doyens et maîtres chirurgiens se sont opposés à sa maîtrise «sous SUpWH[WH�HW�DOOHJDWLRQ�TX·LO�HVWRLW�IUDoRLVª��$*5��&3(�����������MXLOOHW������

23 agr, cpe, 1414 (20 janvier 1595)24 agr, cpe, 1414 (29 janvier 1616)25 agr, cpe, 1415 (8 mai 1657)

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naturels de france établis dans les pays-bas qui y cherchent abri et protection au même titre que les règnicoles. étonnamment, comme si l’octroi ne conférait en pratique pas l’égalité à tous, ce privilège est susceptible de faire l’objet d’une exception : pierre Louchiet et denis sergeant sont naturalisés et respectivement établis à bléquin et à bergues depuis dix ans mais un article de leurs cartes leur GpIHQG�VSpFLÀTXHPHQW�GH�UHQWUHU�GDQV� OHV�YLOOHV�FODXVHV�GH� O·REpLVVDQFH�GX�URL�d’espagne pendant la guerre26.

Les lettres de naturalisation sont ainsi commodément octroyées à ceux qui représentent un capital humain ou économique et traduisent le fait que « par VHPEODEOHV�DWWDFKHPHQWV�LOV�VRQW�SOXV�HQJDJpV�G·DͿHFWLRQ�DX�ELHQ�GH�FRQVHUYD-tion de la province, dont ils accommodent les sujets, par leurs enfans y estant nés, et élevés, prennent facilement les inclinaisons des antiens habitans au service GH�6D�0DMHVWp�ª27. elles répondent donc à un objectif de fabrication de nouveaux sujets et, à supposer qu’ils aient été archivés avec les octrois, les refus constituent des exceptions.

Les demandes se font au moyen d’un texte formaté. on ignore si les secré-taires travaillaient avec des formulaires, mais les faibles variations entre les cen-taines de demandes ne permettent pas d’écarter cette éventualité. et comme que l’expose p. sahlins dans son étude du cas français, les suppliques parlent à deux voix : celle du secrétaire qui répond directement aux normes juridiques et celle des étrangers qui postulent28. Il est fait état de l’identité du requérant (son âge, son origine géographique, son occupation et son lieu d’installation) puis, cer-taines s’attardent à développer de manière plus précise son parcours en vue de susciter la compassion du prince. ce glissement, dit salhins, suggère comment une certaine idée de la nationalité - à la fois statut légal, appartenance sociale et religieuse, et même identité culturelle - s’impose dans la lettre de naturalité. Il FRQÀUPH�FH�TXH�QRXV�REVHUYRQV�GDQV�O·pWXGH�GX�FDV�GHV�3D\V�%DV���OHV�)UDQoDLV�LPPLJUpV�VH�YRLHQW�FRQWUDLQWV��SRXU�MXVWLÀHU�OHXU�SUpVHQFH�HW�DVVXUHU�XQH�UpSRQVH�positive à leur demande, de satisfaire à certaines exigences. dans presque tous les cas, l’argument du service rendu (si pas directement au souverain, au moins à OD�FRPPXQDXWp��HVW�RPQLSUpVHQW�SRXU�MXVWLÀHU�OH�ELHQIRQGp�G·XQ�SRWHQWLHO�RFWURL��La conception romaine classique de la citoyenneté en tant qu’honneur spécial conféré aux étrangers apparaît de la sorte de manière récurrente29.

un deuxième argument repose sur le fait d’avoir manifesté un attachement important envers le modèle familial. Les requérants exposent sans ménagement OH�SDUFRXUV�TXL�OHXU�D�SHUPLV�G·pSRXVHU�XQH�ÀOOH�QDWXUHOOH�GHV�3D\V�%DV�HW�IRQW�SDUW�de leur souhait de s’y établir durablement avec leur descendance. charles caron, sr d’amery, est naturalisé en mars 1603 pour avoir commandé une compagnie au

26 Il leur est ensuite autorisé à entrer dans la ville à charge de prêter à nouveau serment entre les mains du gouverneur général à saint-omer. agr, cpe, 1416 (26 septembre 1658)

27 agr, cpe 1414, Louis toisson, 1660.28 sahLIns, 2000, 1087. 29 sahLIns, 2000, 1088.

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service du roi. Le fait d’avoir fondé une famille constitue une valeur ajoutée pour le duc de croÿ et le conseil provincial à mons, qui avisent que « lui pourront ac-FRUGHU�OD�QDWXUDOLWp�TX·LO�UHFTXLHUW��OHTXHO�EHQHÀFH�QH�SHXW�SUHMXGLFLHU�D�FH�SD\V��veu que lon doit desirer que tels personnages de services y prennent habitation HW�UHVLGHQFH�SRXU�FRQVHUYDWLRQ�HW�DXJPHQWDWLRQ�G·LFHOOX\�ª30. ce contrat « famille-¶eWDW·�ª�Q·HVW�JXqUH�VXUSUHQDQW��GDQV�OD�PHVXUH�R��O·XQ�GHV�REMHFWLIV�SULQFLSDX[�de la naturalisation sous l’ancien régime est bien d’assurer la transmission du patrimoine par lignée patrilinéaire31. cette logique est exprimée par charles Le Josne qui, après une enfance chez son oncle à douai, « retourne a paris pour ses SDUHQV�ª�R�� LO�FRQWLQXH�VHV�pWXGHV��0DLV�QH�GpVLUDQW�HQVXLWH�SOXV�GHPHXUHU�HQ�france, il appuie explicitement sa demande au conseil à tournai par le fait qu’il HVW�©�ÀOV�GH� -HKDQ��QDWLI�GH�YRWUH�YLOOH�GH�+HVGLQ�RX�JLW� VRQ�SDWULPRLQH�ª32. Le sentiment d’appartenance aux pays-bas espagnols et l’allégeance au souverain apparaissent comme un prolongement naturel de l’attachement inculqué par la cellule familiale et la communauté locale, l’argumentaire biologique venant en contrepied du fait d’être né hors du royaume.

(QÀQ�� O·DVSHFW�PRUDO�GX�QDWXUHO� HVW� HVVHQWLHO� HW� FRQWULEXH�j� O·pODERUDWLRQ�HW�à la valorisation d’une certaine conception de l’appartenance à la communauté des sujets du roi d’espagne. Les formules des requérants font systématiquement référence à l’attachement à l’église catholique apostolique romaine, tandis qu’ils apportent un contenu vertueux et la garantie de leur bonne vie et mœurs, prou-YpH�SDU�XQH�FHUWLÀFDWLRQ�pPDQDQW�GH�OHXU�SDURLVVH�G·RULJLQH�RX�GHV�WpPRLJQDJHV�d’autorités de la localité d’établissement33. L’idéal de dévotion et de bonne inté-gration dans la collectivité vient compenser le fait de ne pas être natif des pays-%DV��/D�QXDQFH�HQWUH� OD�ÀOLDWLRQ�ELRORJLTXH�j� OD�)UDQFH�HW� OD�ÀGpOLWp�PRUDOH�DX�souverain espagnol est alors admise : un prêtre de l’abbaye de saint-claude dans le Jura dit qu’il aspire à être naturalisé « parce que sa nature l’a fait naitre vassal de sa maiesté le roy de france et [qu’il] désire suivre le reste de ses jours soubz O·REHLVVDQFH�GH�6D�0DMHVWp�FDWKROLFTXH�ª34.

2. LES éTRANGERS à LA ‘RéPubLIquE uRbAINE’

certains problèmes épistémologiques entravent une étude sur la régulation de l’immigration française en cadre urbain. canepari concluait un travail récent

30 agr, cpe, 1414 (12 mars 1603)31 sahLIns, 2000, 1094.32 agr, cpe, 1414 (7 juin 1585).33 Le seul cas contraire rencontré est celui du marchand anglais belfort Witting, établi à Lille

DSUqV�XQ�SDVVDJH�j�%UXJHV��$QJOLFDQ��LO�QH�©FDXVH�DXFXQ�VFDQGDOHª�HW�LO�\�D�©HVSpUDQFH�PrPH�GH�OD�conversion a la foy catholique de sorte toutefois que comme la matière de religion est fort a considerer OD�SOXV�LPSRUWDQWH�GH�WRXWHª��,O�HVW�QDWXUDOLVp�HQ������VRXV�FRQGLWLRQ�GH�©FRPPHWWUH�DXFXQ�VFDQGDOH�touchant la foy non pas mesme de paroles et surtout de tascher d’attirer d’aultres personnes a sa UHOLJLRQ�RX�VH�WURXYHU�GHV�FRQYHQWLFXOHV�RX�DVVHPEOpHV�VHFUHWHVª��$*5��&3(�����������DRXW�������

34 agr, cpe, 1415 (24 avril 1670)

372 Marie Kervyn

SDU�OH�IDLW�TXH�OH�FRQFHSW�GH�´PLJUDQWµ�FRPPH�FLEOH�GpÀQLH�G·XQH�SROLWLTXH�FODLUH�de régulation semble anachronique ou inopérationnel35��(Q�HͿHW��O·LPPLJUDWLRQ�est de plus en plus perçue par les historiens comme une expérience ordinaire et quotidienne. un constat évident valide ce paradigme : les villes modernes distinguent les habitants résidents des non-résidents, les bourgeois des non-ERXUJHRLV��PDLV�SDV� OHV�QDWLIV�GHV� LPPLJUpV��(OOHV�EDVHQW� OD�GLͿpUHQFLDWLRQ�GHV�SHUVRQQHV�H[RJqQHV�VXU�OHXU�XWLOLWp�VXSSRVpH�HW�LQWHUYLHQQHQW�DÀQ�GH�UpJXOHU�OHV�ressources urbaines et garantir l’ordre social en visant surtout les “vagabonds” �ODEHO�ÁRX�TXL�GpVLJQH�WRXV�OHV�pWUDQJHUV�LQVWDEOHV�RX�QRQ�UpVLGHQWV�36.

d’autre part, l’historiographie s’est déjà intéressée à certains groupes d’em-blée envisagés comme distincts, comme les huguenots fuyant les persécutions en france, et dont la réception et l’incorporation sur le marché du travail exige une législation extraordinaire37. Le cas des migrants français “en général” est autre, dans la mesure où il s’agit majoritairement d’hommes seuls ou de cellules IDPLOLDOHV�QXFOpDLUHV��,O�IDXW�DORUV�DGDSWHU�OD�JULOOH�G·DQDO\VH�SRXU�LGHQWLÀHU��GDQV�la mesure du possible, cette catégorie parmi les “estrangiers”.

0DOJUp�TXH�OHV�ÁX[�PLJUDWRLUHV�QH�VRLHQW�SDV�V\VWpPDWLTXHPHQW�GLULJpV�YHUV�les villes, ils sont d’une importance fondamentale pour le développement des centres urbains dans lesquels le lien entre économie et démographie est extrême-ment fort aux époques médiévales et modernes, et la régulation de l’immigration principalement liée à l’extension du marché38. La plupart des villes comptent sur OHV�DX[�GH�PLJUDQWV�SRXU�SDOOLHU�GHV�WDX[�GH�PRUWDOLWp�pOHYpV�HW�LO�HQ�GpFRXOH�qu’une majorité de leur population intra muros soit originaire de l’extérieur. mais, outre ces apports indispensables, les migrations sont aussi vecteurs de risques et nécessitent d’être contrôlées. La présence de migrants issus de la mobilité de réseaux interurbains du travail textile ou des migrations de plus longue distance a un impact important sur les salaires, le logement, les infrastructures et l’assis-tance. Les enjeux de la réception des étrangers pour les autorités urbaines sont donc toutes autres que pour le pouvoir souverain. en temps de paix, les bans échevinaux, ordonnances et autres textes de loi tentent d’accommoder l’arrivée HW� j� OD�SUpVHQFH�GHV�QRXYHDX[�YHQXV� VDQV� DͿDLEOLU� OD� FRKpVLRQ� VRFLDOH�� pFRQR-mique et politique locale39. ceci est rendu possible par une politique répartie sur trois axes : le maintien de l’ordre, la prise en main des pauvres et la protection du système manufacturier40.

35 caneparI, 2012, 114-115.36 Lucassen, Lucassen, 2005, page moch, 2003. 37 nIggemann, 2012, 46-60.38 boone, 2005.39 Le cas de trieste au XvIIIe siècle constitue un beau cas d’étude d’une ville en pleine

expansion, cherchant à développer son port et ses infrastructures et devant constamment adapter sa SROLWLTXH�SRXU�VXUSDVVHU�OHV�FRQWUDGLFWLRQV�HW�OHV�FRQÁLWV�UpVXOWDQW�GH�OD�SURPRWLRQ�HW�GH�OD�UpJXODWLRQ�de l’immigration. KaLc, 2012, 117-134.

40 Junot, 2012, 74 ; KaLc, 2012, 130 ; WInter, 2008.

Légiférer sur L’immigration française dans Le sud des Pays-Bas méridionaux 373

L’absorpsion dans la communauté urbaine relève également d’enjeux dis-WLQFWV��/HV�FRUSRUDWLRQV�FRQVWLWXHQW�XQH�SUHPLqUH�ÀOLqUH�GH�VRFLDOLVDWLRQ�HW��ELHQ�que l’on ne trouve que peu de traces de leurs conditions d’accès pour les villes du sud des pays-bas, il ressort que ces petites unités de production sont généra-lement ouvertes à l’innovation et aux nouveaux travailleurs même si la mobilité ne garantit pas toujours une transmission directe du savoir et savoir-faire41. Les ouvriers du dehors sont bienvenus, à condition de payer un droit d’entrée et de SUpVHQWHU�XQ�FHUWLÀFDW�G·DSSUHQWLVVDJH�LVVX�G·XQH�©YLOOH�IDPHXVH�GH�O·REpLVVDQFH�GX�5R\�ª42. Le plus important semble être la reconnaissance par l’étranger de l’autorité du corps, du respect des statuts et qu’il paie les taxes requises 43. Les métiers se montrent néanmoins généralement beaucoup plus frileux quand il s’agit de l’accès à la maîtrise. alors que Jean havart, imprimeur installé à mons, est marié à une naturelle des pays-bas, fournit ses attestations et tient déjà librai-rie, il rencontre l’opposition des autres maîtres libraires et imprimeurs jurés de la ville « a cause de la nouveauté mais aussy parce qu’elle pourroit occasioner la re-KDXVVH�GX�SUL[�GH�O·LPSUHVVLRQª44. parallèlement, l’accès à la bourgeoisie devient le mécanisme de naturalisation à la ville45. des catégories intermédiaires existent encore entre celles des bourgeois « homo politicus� ª� HW� GHV� pWUDQJHUV� �forenses), c’est le cas de celle des bourgeois forains46 et de celle des manentes (manants ou simples habitants) qui jouissent de quelques privilèges propres sans être consi-GpUpV�FRPPH�pWUDQJHUV��$X�0R\HQ�kJH��OH�IRUDLQ�TXL�VH�À[H�GDQV�OD�YLOOH�GHYLHQW�généralement manant au bout d’une période variant de quelques mois à cinq ans et est tenu, comme les bourgeois, d’accomplir le devoir de garde47. puis, des habitants des campagnes parviennent à acquérir le droit de bourgeoisie dans cer-WDLQHV�YLOOHV�HW�GHYLHQQHQW�GH�FH�IDLW�©�ERXUJHRLV�IRUDLQV�ª48��$ÀQ�GH�OLPLWHU�O·H[-tension excessive de la communauté de privilégiés, les villes instaurent au départ le principe du jus sanguinis�HW�UpVHUYHQW�VRQ�DFFqV�DX[�VHXOV�ÀOV�GH�SqUH�ERXUJHRLV��ce principe est admis dans la plupart des villes, comme à douai, Lille et saint-omer 49. elles rendent ensuite possible le principe de naturalisation en ouvrant l’accès des forains à la bourgeoisie50. Les conditions de l’admission varient d’une ville à l’autre mais, en règle générale, le forain non-règnicole peut y accéder s’il a résidé un certain temps dans la ville, en payant un droit d’entrée et, à partir de la

41 maItte, 2011.42 agr, cpe, 180/a.43 Junot, 2012, 71 ; caneparI, 2012, 109.44 agr, cpe, 1277. 24 (1628) voir aussi le cas du tailleur guillaume du val, agr, cpe, 180/a

(1679)45 praK, 1997 ; eLLIs, haLfdanarson, Isaacs, 2006, Introduction.46 personne non domiciliée dans une cité mais qui en a acquis la qualité de bourgeois.

cauchIes, 1982, 481. 47 gILIssen, 1962, 249.48 Idem, 237.49 Idem, 24950 agr, cpe, 1241.

374 Marie Kervyn

ÀQ�GX�;9,H�VLqFOH��HQ�H[KLEDQW�XQ�FHUWLÀFDW�GH�ERQQH�YLH�HW�PRHXUV��/D�VWUDWpJLH�du mariage est aussi envisageable et est clairement évoquée par l’artisan chau-dronnier claude gilliot. ses parents sont venus aux pays-bas où il aurait passé son adolescence auprès d’un chaudronnier à aire (lui-même natif de france et naturalisé quelques années auparavant dans le but d’être reçu à la bourgeoisie)51. au décès de ce dernier, il y épouse sa veuve et, rendu bourgeois par cette union, pPHW�XQH�GHPDQGH�GH�QDWXUDOLVDWLRQ�DÀQ�GH�UHSUHQGUH�OHXU�HQWUHSULVH52.

son cas illustre par ailleurs comment, au XvIIe siècle, la concession au pouvoir local de la capacité de naturaliser est ébranlée. alors que la naturalisation et le droit de bourgeoisie se juxtaposaient sans tension, c’est-à-dire avec la possibilité G·rWUH�pWUDQJHU�DX�SD\V�WRXW�HQ�\�D\DQW�XQH�DOLDWLRQ�FLYLTXH��OD�PRQDUFKLH�HVSD-JQROH�GHYLHQW�PpÀDQWH�SDU�UDSSRUW�DX[�IDFLOLWpV�MXULGLTXHV�DFFRUGpHV�DX[�)UDQ-çais. elle se superpose peu à peu à l’échelle des législations et de la « citoyenneté XUEDLQH�ª��HW�KLpUDUFKLVH� OHV�VWDWXWV�HQ�$UWRLV��'qV������DX�PRLQV�� OHV�pFKHYLQV�à arras, saint-omer ou aire-sur-la-Lys renvoient les requérants vers le conseil privé pour l’obtention de lettres de naturalité car ils ne peuvent octroyer la bour-geoisie à des naturels de france.

3. ECRASEMENT DE LA LéGISLATION PAR LE DROIT DE GuERRE

­�OD�ÀQ�GX�;9,H�HW�WRXW�DX�ORQJ�GX�;9,,H�VLqFOH��OD�FRQGLWLRQ�GHV�)UDQoDLV�HVW�GH�SOXV�HQ�SOXV�DVVXMHWWLH�j�OD�FRQMRQFWXUH�SROLWLTXH��/HV�FRQÁLWV��DX[�3D\V�%DV�HW�contre la france) et les situations d’urgence exigent logiquement l’introduction de mesures auxiliaires plus rigoureuses et de nouvelles procédures de contrôle de la mobilité. L’inquiétude prend le dessus et la politique souveraine tente de IDLUH�IDFH�DX[�GpÀV�G·XQ�eWDW�0RGHUQH�HQ�GHYHQLU��/H�SRXYRLU�FHQWUDO�UHQIRUFH�VRQ�autorité par le biais de contrôles des étrangers53, de poursuites individuelles54, de FRQÀVFDWLRQV��G·DUUHVWDWLRQV55 et de surveillance des lieux d’accueil. néanmoins, ces dispositifs cachent souvent d’autres desseins. Les ordres de sortie et les arres-tations laissent place à de nombreuses exceptions et les aménagements pour des français « qui se sont habituéz et ont acquis de longtemps droict de bourgeoisie, RX� IRQW� TXHOTXH�PHVWLHU� ������ Q·HVWDQW� VXVSHFWV� G·DXWUH� FKHI� ª56� GH� ÀGpOLVHU� GHV�individus en leur évitant des mesures « capable de leur causer de l’aversion pour OH�VHUYLFH�GX�5R\�ª57��2X��ORUV�GH�OD�UHSULVH�GHV�FRQÁLWV�HQ�������TXDQG�3KLOLSSH�,,�oblige les français présents dans les pays-bas à se déclarer aux autorités locales,

51 agr, cpe, 1415 (23 décembre 1621)52 agr, cpe, 1415 (février 1626)53 agr, ce, 22054 agr, ce, 1829, demande de surveillance pour le chevalier de solom (31 août 1689) ou un

carme de la province de namur en correspondance avec la france (décembre 1695).55 agr, cpe, 1076-9 ; 1081-4, 1086-756 agr, ce, 1829 (juin 1635)57 agr, ce, 220. voir également 129, 212, 218, 219, 1829.

Légiférer sur L’immigration française dans Le sud des Pays-Bas méridionaux 375

j�DSSRUWHU�FHUWLÀFDWLRQ�GH�OHXU�ERQQH�YLH�HW�P±XUV�HW�GH�OHXU�YRORQWp�GH�QH�SDV�UHWRXUQHU� HQ�)UDQFH��/HV� FRQWU{OHV� UpSRQGHQW�SOXW{W� j�XQ� VRXKDLW�G·RFLDOLVD-WLRQ�SRXU�DXWDQW�GH�SRWHQWLHOV�©�ERQV�VXMHWV�ª�FDWKROLTXHV�GX�URL�G·(VSDJQH��&HV�immigrés devront ensuite prêter serment devant les autorités provinciales qui OHXU�FRQÀUPHQW�O·DXWRULVDWLRQ�GH�UpVLGHU�VRXV�OD�SURWHFWLRQ�HW�VDXYHJDUGH�GX�VRX-verain58��/HV�FRQÀVFDWLRQV�PHWWHQW�ÀQDOHPHQW�HQ�pYLGHQFH�OD�TXDQWLWp�LPSRUWDQWH�d’exploitations et de propriétés appartenant à des français qui résident sur les terres du royaume de france et délèguent la gestion de leur domaine à des pre-QHXUV�VXMHWV�GHV�3D\V�%DV��,O�V·DYqUH��GDQV�FH�FDV�GH�ÀJXUH��TXH�3KLOLSSH�,,�VH�VXEV-titue simplement aux français en tant que propriétaire et s’assure de nouveaux revenus directs et indirects59.

en milieu urbain, ce serait la mise en œuvre de la politique de réconcilia-WLRQ�TXL� ©� DPqQH�XQH� UHGpÀQLWLRQ�GHV� FDGUHV� FROOHFWLIV�GH� OD� VRFLpWp�GDQV� OHV�GHUQLqUHV� DQQpHV�GX�;9,H� VLqFOH� ª�� HW� O·RSpUDWLRQ� OHQWH� HW� VLOHQFLHXVH�GHV� pOp-ments protestants qui s’opère par le développement d’un contrôle social poin-WLOOHX[��UHSUHQDQW�HW�DQDQW�OHV�PpWKRGHV�DGPLQLVWUDWLYHV�GpMj�H[SpULPHQWpHV�avec la réglementation sur les pauvres, la salubrité publique et les épidémies, et l’accueil des étrangers60. y. Junot a ainsi récemment mis en exergue l’inté-rêt de l’étude des réponses des autorités urbaines aux migrations temporaires dans les villes manufacturières du sud des pays-bas en la relationnant avec la révolte des pays-bas (1566-1609), qui exacerbe les tensions religieuses mais sti-mule par ailleurs des circuits migratoires entre des villes de flandre wallonne, des provinces-unies et d’angleterre. mais si par peur de propagation de l’héré-sie dans les provinces impliquées dans la révolte, la surveillance exercée sur OHV�ORJHXUV�QH�IDLEOLW�SDV�DYHF�OD�SDFLÀFDWLRQ��RQ�FRQVWDWH�TX·HOOH�VH�PDLQWLHQW�GH�PDQLqUH�DUPpH�SHQGDQW� WRXW� OH�;9,,e siècle. Les autorités urbaines sont toujours vigilantes envers les ressortissants des pays et régions protestantes même s’il n’est fait que rarement explicitement mention de la menace incar-QpH�SDU� OHV�©�HVWUDQJLHUV�GH�QDWLRQ�ª�RX� OHV�)UDQoDLV�SURSUHPHQW�GLWV� 61. elles maintiennent donc les formes traditionnelles de surveillance que sont, d’une part, l’enregistrement logement et, d’autre part, la surveillance des entrées aux portes de la ville. Les logeurs et hôtes sont sommés de présenter chaque soir un billet reprenant les noms et demeures des étrangers qu’ils hébergent aux halles de la ville et de mettre leurs armes en sureté. dans le même sens, en 1674, un hôtelier qui requiert des lettres de naturalisation en 1674 essuie un refus du conseil de Luxembourg car, associés à ces lieux à risques, « ces sortes de gens,

58 agr, a 1398/7 (comté de saint-pol, bailliages d’hesdin et de pernes en artois)59 adn, série b, 7067-7078 ; 12626-860 Junot, 2012b, p. 1461 valenciennes bm, ms. 734. : 24/05/1577 (expulsion des étrangers non natifs des pays-bas

et des retournés qui ne sont pas enregistrés) am Lille, bb 11 fol°71 (1580), bb 14 fol° 31 (1614), bb 15 fol° 4 (1623), 14846 (1614) ; am saint-omer, bb 5 fol° 67, bb 6 fol°18v°, m, 48 ; bm valeciennes ms. 734 (24/05/1577)

376 Marie Kervyn

SDU�OD�FRJQRLVVDQFH�TXLOV�ÀUHQW�GHV�GLVFRXUV�GH�WRXWH�VRUWH�GH�QDWLRQ��TXDOLWH�HW�profession qui abondent chez eulx, lesquels sans cognoistre ou se mêler de leur hoste mectent en evidence entre le pot et le ver des discours, lesquelz importent GH�GHPHXUHU�VHFUHWV�HW�QH�YHQLU�D�OD�FRJQRLVVDQFH�GH�QRV�HQQHPLV�ª62.

par ailleurs, la concurrence et l’attractivité des centres urbains exerce une SUHVVLRQ�VXU�OHV�VDODLUHV�HW�LQÁXHQFH�GH�FH�IDLW�OD�PRELOLWp��/HV�EHVRLQV�XUEDLQV��HQWUHQW�DORUV�HQ�FRQÁLW�DYHF�GHV�LPSpUDWLIV�SROLWLTXHV�HW�OD�FHQWUDOLVDWLRQ63. un protectionnisme rigoureux est bel et bien nécessaire pour éviter les sorties du numéraire et préserver l’emploi de la concurrence déloyale, mais il n’est pas dans l’intérêt des autorités urbaines de maintenir un régime draconien envers les français installés au nord de la frontière. ceux-ci constituent une main-d’œuvre indispensable, telles les dizaines de familles originaires de france ins-WDOOpHV�GDQV�OD�UpJLRQ�GH�%HUJXHV�j�OD�ÀQ�GX�;9,e pour exploiter les terres lais-sées à l’abandon64. Les villes se montrent dès lors plus intégratrices envers les PDUFKDQGV�HW�OHV�WUDYDLOOHXUV�TXDOLÀpV�HW�V·LQTXLqWHQW�GDQV�XQ�GHX[LqPH�WHPSV�des directives centrales, de l’errance et du vagabondage associés aux migra-tions transitoires. Les autorités urbaines sont conscientes de leur cohabitation avec un “ennemi” avec lequel les relations économiques et les migrations n’ont jamais cessé.

CONCLuSIONS

8Q�FRQVWDW��pYLGHQW��HVW�TXH�VL�OHV�DXWRULWpV�FHQWUDOHV�HW�XUEDLQHV�QH�GpÀQLVVHQW�pas précisément

l’ “ étranger ”, il n’en demeure pas moins essentiel de légiférer sur la récep-tion et l’accès aux ressources des migrants et de normaliser leur naturalisation. Il apparaît clairement que les enjeux de la question migratoire en général, et de FHOOH�GHV�VXMHWV�IUDQoDLV�HQ�SDUWLFXOLHU��VRQW�VHQVLEOHPHQW�GLͿpUHQWV�VHORQ�TXH�O·RQ�se place du point de vue du pouvoir souverain ou des autorités urbaines. ceci, FDU�OD�PHQDFH�LQFDUQpH�SDU�OHV�)UDQoDLV�GLͿqUH�SRXU�FKDFXQ�GHV�LQWHUYHQDQWV�HW�S{OHV�pPHWWHXUV�GH�WH[WHV�GH�ORL��7DQGLV�TXH�OD�GpÀQLWLRQ�GH�O·HQQHPL�HVW�VXUWRXW�politique, symbolique et morale pour le souverain qui développe parallèlement des canaux d’inclusion comme leviers à sa politique hégémonique et conçoit la ÀGpOLWp�FRPPH�XQH�REOLJDWLRQ�FRQWUDFWXHOOH��HOOH�UHQYRLH�GDYDQWDJH�j�XQ�RUGUH�économique et sécuritaire pour les autorités urbaines qui ne ciblent qu’exception-nellement les sujets venus de france.

Il en découle un empilement identitaire et une superposition des disposi-tifs et des statuts liés à ces migrants. Les princes tentent d’imposer le principe d’eius religio et aspirent à une forme de hiérarchie dans laquelle devenir sujet

62 agr, cpe, 1417 (Juillet 1674)63 WInter, 2005.64 agr, a, 1398/7.

Légiférer sur L’immigration française dans Le sud des Pays-Bas méridionaux 377

est plus important que devenir citoyen et, à l’opposé, les républiques urbaines défendent leurs intérêts et leur culture politique selon le principe du droit de UpVLVWDQFH��$ORUV� TXH� SRXU� -��)�� 6FKDXE�� OH� FRQÁLW� GH� MXULGLFWLRQ� FRQVWLWXH� OD�QRUPH�G·$QFLHQ�5pJLPH��LO�VHPEOH�LFL�TXH�OH�FRQÁLW��VRLW�LO�PLOLWDLUH�RX�G·LQWp-rêt) ouvre un espace de négociation pour toutes les parties en présence65. dans une recherche d’équilibre entre le projet monarchique, les libertés locales et les impératifs de toutes natures, le roi d’espagne, les villes et les migrants sont tous IRUFpV�GH�UHGpÀQLU�FRQVWDPPHQW�OHXUV�SRVLWLRQV�DÀQ�GH�IDFLOLWHU�OHV�LQFRUSRUD-tions66. ce principe est révélé de manière plus évidente encore en situation de guerre où des aménagements sont rendus possibles et les autorités sont ame-nées à faire preuve de pragmatisme. Localement, la tolérance est guidée par le besoin de promouvoir la croissance d’une société intrinsèquement mobile et de rechercher l’harmonie entre logique de marché et assurance de l’ordre social, militaire et sanitaire (p. e., en maintenant un équilibre entre accès à l’assistance HW� EHVRLQ� GH�PDLQ� G·±XYUH�� DORUV� TXH� OH� SRXYRLU� VRXYHUDLQ�� OXL�� DUPH� VRQ�protectorat.

(QÀQ�� OH�PDUTXHXU� UHOLJLHX[��PDJQLÀp�SRXU� OHV� pWUDQJHUV�GH� O·H[LO�� HVW� HQ�fait le même pour les autres migrants67. alors que les sources reprenant a priori OH�SOXV�ÀGqOHPHQW�OHXUV�UpFLWV�GH�YLH�pPDQHQW�GX�FDGUH�QRUPDWLI�GH�O·DXWRULWp�FHQWUDOH��OHV�)UDQoDLV�VH�YRLHQW�FRQWUDLQWV��SRXU�MXVWLÀHU�OHXU�SUpVHQFH�GDQV�OHV�pays-bas, de répondre à certaines exigences dont la plus inéluctable renvoie à l’attachement à l’église catholique apostolique romaine68. Les sources cen-trales et locales révèlent un contrôle plus religieux, fondamental pour l’iden-tité des pays-bas réconciliés, qu’une suspicion par rapport à leur naissance. L’intégration à la communauté urbaine repose autant sur une assurance de ERQQHV�P±XUV�HW�©�XQH�FDWKROLFTXH�YLH�ª�TXH�VXU�XQ�VWDWXW�SURIHVVLRQQHO�RX�GHV�FRQQH[LRQV�SHUVRQQHOOHV��/HV�IDFWHXUV�LQÁXDQW�OHV�SULVHV�GH�GpFLVLRQ�GDQV�le cadre de leurs déplacements sont pourtant multiples et s’appuient presque WRXMRXUV�VXU�XQH�JDUDQWLH�VRFLR�pFRQRPLTXH��O·DGRSWLRQ�HW�O·DFKDJH�GH�FHWWH�croyance cachant souvent des opportunités d’un autre ordre69. Leur discours sur ces décisions se trouve dès lors biaisé par la singularité du projet hégémo-nique de la monarchie70��FHOOH�G·XQ�©�HPSLUH�PRUDO�ª�YRXOX�SDU�3KLOLSSH�,,�GDQV�lequel la raison de la religion l’emporte71.

65 schaub, 2001.66 ruIz Ibañez, à paraître. 67 Junot, Kervyn, 2012. 68 agr, cpe 1415, requête d’un bourgeois de saint-omer au conseil privé contre la

demande de naturalisation de Jacques de vincq, français de nation : « telle naturalisation est dangereuse signament au regard dud. de vincq qui est frontier dud. st-omer ayans ses parents de religion contraire à la catholicque et qu’il ne procure lad. naturalisation pour aultre subject que pour OH�JDLQJ�ª�����DYULO������

69 Lucassen, Lucassen, 2005, Introduction.70 mILhou, 1998, 7-14 ; cardIm, herzog, ruIz Ibañez (dir), 2012, partie 1.71 edouard, 2005, 10-11 ; Junot, Kervyn, 2013.

378 Marie Kervyn

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