Un bilan historiographique en histoire locale et régionale : Sherbrooke 1850-1950

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Site stratégique, lieu de spéculations et de colonisations, Sherbrooke devient rapidement une ville à fonction industrielle avec l’injection de capitaux sous l’impulsion de la British American Land Company au tournant du 19e siècle. L’arrivée du chemin de fer, l’aménagement intensif de la rivière Magog et l’émergence d’une bourgeoisie propulse la ville au sommet des centres de production du Canada. L’histoire de Sherbrooke a généré nombre d’études pointues et même un ouvrage global. Dans ces conditions, comment peut-on renouveler l’intérêt pour la question de l’industrialisation en apportant une dimension supplémentaire? Le développement économique, les mouvements sociaux et les régulations sociales ont été les thèmes privilégiés par les auteurs ayant écrits sur Sherbrooke. L’usage exclusif des sources écrites pour la totalité de ces travaux n’est pas une limite pour la compréhension d’un objet d’étude. Néanmoins, l’introduction de la spatialité pourrait enrichir ces études et apporter des nuances supplémentaires. En effet, dans le cadre de cet essai, l’approche en système d’information géographique (SIG), le recours aux cartes d’assurances incendies de 1881, 1907 et 1951 (Sherbrooke) ainsi

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Site stratégique, lieu de spéculations et de colonisations,

Sherbrooke devient rapidement une ville à fonction industrielle

avec l’injection de capitaux sous l’impulsion de la British American

Land Company au tournant du 19e siècle. L’arrivée du chemin de

fer, l’aménagement intensif de la rivière Magog et l’émergence

d’une bourgeoisie propulse la ville au sommet des centres de

production du Canada. L’histoire de Sherbrooke a généré nombre

d’études pointues et même un ouvrage global. Dans ces conditions,

comment peut-on renouveler l’intérêt pour la question de

l’industrialisation en apportant une dimension supplémentaire? Le

développement économique, les mouvements sociaux et les

régulations sociales ont été les thèmes privilégiés par les

auteurs ayant écrits sur Sherbrooke. L’usage exclusif des sources

écrites pour la totalité de ces travaux n’est pas une limite pour

la compréhension d’un objet d’étude. Néanmoins, l’introduction de

la spatialité pourrait enrichir ces études et apporter des

nuances supplémentaires.

En effet, dans le cadre de cet essai, l’approche en système

d’information géographique (SIG), le recours aux cartes

d’assurances incendies de 1881, 1907 et 1951 (Sherbrooke) ainsi

2

que l’ajout de données géo référencées donnent la possibilité de

créer un matériel inédit pouvant illustrer l’implantation

industrielle dans le temps et l’espace. Cette réflexion se situe

dans le courant historiographique du tournant spatial tel que proposé

par Anne Kelly Knowles1 ainsi que la Social Science History Association2. Un

exemple concret de cette approche conceptuelle est bien expliqué

dans le livre Denny Regrade (1893-2008)  : A Case Study In Historial GIS3.

Pour résumé cette angle, l’auteur énonce que la question

historique fait l’objet d’une cueillette de données et de la

création d’une base de données digitales. Au travers de ce

filtre, le chercheur peut valider, interpréter et aussi créer de

nouvelles informations autrement inconnues sans le recours à la

spatialité. Ce bilan historiographique a pour objectif de faire

un inventaire des connaissances sur l’objet historique de

Sherbrooke. Nous allons mettre de l’avant l’interprétation des

auteurs et apporter une critique au besoin.

1 Anne Kelly Knowles et Amy Hillier, Placing History: How Maps, Spatial Data, and GIS are Changing Historical Scholarship, ESRI Press, 2008, 313 pages.2 SSHA, Social Science History Association, Site officiel [en ligne], Boston,MIT, http://ssha.org/networks/historical-geography3 Aaron Raymond, Denny Regrade (1893-2008): A Case Study in Historical GIS, University ofWashington, 2009, 106 pages.

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L’écriture de l’histoire de Sherbrooke 

Les balbutiements (fin 19e siècle)

L’écriture de l’histoire de Sherbrooke débute avec Mme Catherine

M. Day à l’aide d’observation de première main4 des Cantons de

l’Est. Elle publie un ouvrage en 1869 dans lequel elle aborde la

configuration de la ville de Sherbrooke. De plus, l’auteur semble

avoir un préjugé favorable pour l’avenir de la communauté5 et

fait l’éloge de la British American Land Company6 . Jean-Pierre

Kesteman, spécialiste des Cantons de l’Est du 19e siècle, déclare

au sujet de ces auteurs un certain aveuglement volontaire et une

incapacité à remettre en question l« les aspects économiques et

sociaux de l’ascension des groupes au pouvoir7».

La période canadienne-française (Première moitié du 20e

siècle)

Dans un bilan historiographique, produit lors de sa thèse de

doctorat8, au sujet de la bourgeoisie sherbrookoise, Kesteman

4 Jean-Pierre Kesteman, Une bourgeoisie et son espace: industrialisation et développement ducapitalisme dans le district de Saint-François (Québec), 1823-1879, thèse de doctorat,Montréal, UQAM, 1985, page 6.5 Catherine M. Day, History of the Eastern Township, Province of Quebec, Dominion of Canada,Civil and Descriptive in Three Part, Lovell, 1869, p. 384.6 Ibid., page 384.7 Jean-Pierre Kesteman, Une bourgeoisie et son espace, page 6.8 Jean-Pierre Kesteman, Une bourgeoisie et son espace, page 6.

4

ajoute que : « L’historiographie de langue française sur les

Cantons de l’Est a presque un siècle d’existence, puisqu’elle

remonte aux articles de l’abbé Pierre Girard sur l’histoire des

catholiques à Sherbrooke9 ». Cette écriture de l’histoire reprend

un second souffle avec l’enthousiasme d’auteurs issus du clergé

catholique dont Albert Gravel10 ainsi que Jean Mercier11 qui ont

participé à la construction d’une mémoire locale. La pratique

historienne reste à s’affranchir, comme l’exprime Kesteman : «

Cette historiographie de langue française, qui a fleuri jusqu’à

la fin des années 1960, demeure fidèle à une interprétation

catholique et nationale. Elle laisse ainsi des pans importants du

passé de la région dans l’ombre, particulièrement en ce qui a

trait aux questions sociales et économiques12 ».

La période scientifique (1967-2015)

La création d’un département d’histoire à l’université de

Sherbrooke en 1964 a été doublement bénéfique : elle a permis de

normaliser les pratiques historiennes et aussi, faire exploser

les champs de recherche. Il est possible de retracer nombre de9 Ibid., page 6.10 Albert Gravel, Vade Mecum du Sherbrookois, La tribune, 177 pages.11 Jean Mercier, L'Estrie: préface de Lionel Groulx, Québec, 1964, 264 pages.12 Jean-Pierre Kesteman, Une bourgeoisie et son espace, page 7.

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thèses sur Sherbrooke et les Cantons de l’Est dès 1967 ainsi que

la mise en valeur de l’histoire locale et régionale par l’état

québécois13 qui propulse la production historienne sherbrookoise.

Ici s’arrête le recours au bilan historiographique de Jean-Pierre

Kesteman où il l’avait laissé dans Histoire de Sherbrooke14. Nous avons

découpé la période dite scientifique en trois parties : l’intérêt

pour la période préindustrielle, l’étude de la période du

capitalisme industriel naissant ainsi que l’objet d’étude de la

période industrielle.

L’intérêt pour la période préindustrielle

La période précédant l’industrialisation de Sherbrooke a fait

l’objet d’un intérêt soutenu entre les années1977 et 2013. De

plus, la colonisation a été l’objet d’étude privilégié pour cette

période. En effet, l’auteur J.I Little a produit une thèse de

doctorat intitulée The Peaceable Conquest15 publiée en 1977 dans

laquelle il rétablit les faits concernant la reconquête des

13 Jean-Pierre Kesteman, Peter Southam et Diane St-Pierre, Histoire des Cantons del’Est, Institut québécois de recherche sur la culture, collection les régions duQuébec,Québec, 829 pages. 14 Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke, tome 1  : De l’âge de l’eau à l’ère de la vapeur(1802-1866), Sherbrooke, Édition GGC, 2000, page 2.15 J. I. Little, French Canadian Colonization in the Eastern Township during the NineteenthCentury, thèse de doctorat, Ottawa, Université d’Ottawa, 1977, 616 pages.

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Cantons de l’Est telle que proposé par les clercs dans les années

1960.

D’abord, en 1980, Michel Morin produit une biographie, de type

socioreligieuse, dont le protagoniste Calixte Marquis se mesure à

région difficile d’accès, en proie aux spéculateurs et sans

encadrement16. Cette thèse semble s’apparente aux ouvrages

pédagogiques des clercs et semble inspirée par le travail de

Little. De plus, Morin indique qu’un arbitrage était nécessaire

pour protéger les squatters17 et les coupes de bois illégales18.

Étant donné que les occupants illégaux étant pour la plupart

francophone, il aurait été intéressant de connaître la version

des grands propriétaires terriens dans ce litige. Ensuite, J. I.

Little, publie un autre ouvrage dans lequel il met en relief la

convergence d’intérêt entre l’Église catholique et l’entreprise

privée. Cette aide mutuelle est sans équivoque : le parasitage

des spéculateurs doit prendre fin pour laisser place au

développement. L’accès routier durable représente la

16 Michel Morin, Calixte Marquis, colonisateur des Cantons de l’Est, 1850-1870, mémoire demaîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1980, page 53.17 Michel Morin, Calixte Marquis, colonisateur des Cantons de l’Est, 1850-1870, p. 66.18 Ibid., page 66.

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participation de l’État19 pour achever l’hégémonie de l’industrie

ligneuse dans la région. L’intervention concertée, d’une Église

en crise et d’une entreprise privée qui a faim de nouveaux

ouvriers, est motivée par l’exode vers les USA. Le résultat de

cet arrangement porte fruit. La prise de possession de la BALC

sur la région pose les bases pour un mode d’exploitation du

territoire plus intensif. Dans le même ordre d’idée de la

colonisation, Gilles Parent, ajoute l’indifférence de la

métropole20 ainsi que le gaspillage des terres21 malgré un exode

massif des francophones vers les USA. Il conclut à un propos

similaire à Little : la BALC22 a un rôle majeur pour briser le

verrou de la spéculation foncière. L’auteur ne semble pas

questionner le fait que la BALC devient un propriétaire

gargantuesque dont les dirigeants sont pour la plupart à Londres.

L’objet de la colonisation glisse vers le développement d’une

conscience locale dans State and Society in Transition, 1835-185223 de J. I.

Little. En effet, au lendemain de la révolte patriote, les19 Ibid., page 80.20 Gilles Parent, Deux efforts de colonisation française dans les Cantons de l’Est, 1848 et 1851, mémoire de maîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1990, page 11.21 Ibid., page 12.22 Ibid., page 12.23 Jack. I. Little, State and Society in Transition, the Politics of Institutional reform in the EasternTownship, 1835-1852, Montreal & Kingston, McGill-Queen’s Press, 1997, 320 pages.

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Cantons de l’Est sont en quête pour sortir de l’isolement.

L’enjeu des voies de communication durable a été moteur d’une

prise de conscience régionale. Cette étude culturelle apporte un

argument intéressant : l’intervention de l’État est exigée par

des instances locales conservatrices. Cette dynamique qui émerge

lentement est en opposition avec la thèse de J.M.S Careless dans

Frontier and Metropolis24 qui privilégie une compréhension

d’exploitation métropolitaine entre les grands centres et les

régions.

L’initiative régionale, nouveau cheval de bataille, fait l’objet

d’un ambitieux projet25 en histoire socioéconomique. En effet,

Jean-Pierre Kesteman dans son ouvrage Histoire de Sherbrooke (en

quatre tomes) démontre la proactivité d’un milieu. Ces livres

font suite à la thèse de doctorat Une bourgeoisie et son espace parue

en 1985 du même auteur. De plus, Kesteman perpétue en quelque

sorte l’œuvre d’Albert Gravel avec son Vade Mécum du Sherbrookois

dans l’objectif commun de vulgariser l’histoire de Sherbrooke.

Cependant, l’auteur apporte une couche supplémentaire dans la24 J.M.S Careless, Frontier and Metropolis: Region, Cities, and Identities in Canada before 1914,Toronto, Université de Toronto, 1991, 132 pages.25 Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke, Tome 1 : De l’âge de l’eau à l’ère de la vapeur(1802-1866), Sherbrooke, Production GGC, 2000, 353 pages.

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compréhension des enjeux du développement : la fin de l’emprise

des spéculateurs ne met pas fin aux monopoles fonciers26. Si

Kesteman promeut le dynamisme régional, J. I. Little vise plus

haut avec le développement de l’identité nationale tributaire des

Cantons de l’Est. Borderland Religion27 est une thèse originale, en

histoire socioreligieuse et des phénomènes identitaires, qui

suggère rien de moins que la région des Cantons de l’Est est un

creuset de l’identité canadienne. Il suggère que la métamorphose

confessionnelle vécue à Sherbrooke, à la moitié du 19e siècle,

entre les émigrants nouvellement installés et une Église

méthodiste bien organisée, a une part majeure dans la définition

de la culture canadienne naissante. En parallèle du débat de la

colonisation et du développement d’une identité, nous retrouvons

une thèse en histoire rurale de Rémi Soullière sur le moulin

d’Ulverton. Celui-ci pose le problème des rapports économiques

dans l’environnement du moulin. L’auteur émet l’hypothèse d’une

double identité au moulin : producteur et commerçant-créditeur28.

26 Ibid., page 84. 27 Jack I. Little, Borderland Religion. The Emergence of English Canadian Identity, 1792-1852,Toronto, University of Toronto Press, 2004, 386 pages.28 Rémi Soullière, Les activités économiques au moulin de George Henry Goddard, manufacturierde laine et marchand, mémoire de maîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke,2010, page 2.

10

L’étude d’un seul moulin est une limite que l’auteur aurait pu

combler dans une étude comparée. En contrepartie, le

développement d’une économie régionale est repris plus en détail

dans le dernier livre de Jean-Pierre Kesteman La laine de nos moutons:

l’industrie lainière traditionnelle en Estrie paru en 2013. En effet, Kesteman

fait un inventaire des méthodes de production, une liste des

établissements et donne des explications sur l’économie

informelle qui se développe de part et d’autres des Cantons de

l’Est.

En résumé, les angles conceptuels privilégiés pour la période

couvrant l’ère préindustrielle de Sherbrooke et des Cantons de

l’Est ont été la colonisation, l’identité locale et dans une

moindre mesure, l’industrie lainière. On constate que le thème du

développement engage les auteurs couvrant cette période. Les

champs historiographiques sollicités ont été l’histoire

socioreligieuse, les identités, l’histoire socioéconomique, les

mentalités, les phénomènes identitaires ainsi que l’histoire

rurale. La plupart des liens de ces différents ouvrages sont en

amont de mon objet d’étude sauf le chapitre 7 d’Histoire de

11

Sherbrooke de Jean-Pierre Kesteman qui propose une carte des

barrages et manufactures de la rivière Magog29.

L’étude de la période du capitalisme industriel naissant

L’intérêt de l’initiative locale est lancé par Ronald Rudin dans

The Development of Four Quebec Town, 1840-191430 dans cette période du

démarrage industriel qui a servi de trame de fond pour plusieurs

auteurs de 1978 jusqu’à 2013. En premier lieu, une consultante

et historienne auprès d’organisation non gouvernementale,

Charlotte Thibault a écrit en 1978, une thèse de maîtrise de type

biographique sur Samuel Brooks, un homme impliqué dans

l’implantation de la BALC, la promotion du chemin de fer ainsi

que dans la politique canadienne.

La transition d’une élite anglophone à une bourgeoisie

canadienne-française fait l’objet d’un article scientifique de

Ronald Rudin portant sur la banque des Cantons de l’Est, une des

banques les plus dynamiques du Canada développé par la communauté

primordiale de Sherbrooke. Rudin se questionne sur le lent déclin

de cette communauté; il appert que le changement de natures des

29 Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke, page 164.30 Ronald Rudin, The Development of Four Quebec Town, 1840-1914, thèse de doctorat, Toronto, Université York, 1977, 310 pages.

12

activités économiques, le besoin constant de nouvelles liquidités

et la création de nombreuses succursales bancaires vont diluer le

pouvoir des élites locales (L’approche en système d’information

géographique peut certainement apporter une nouvelle

compréhension de la dynamique démographique dans la région). En

1985, Jean-Pierre Kesteman, dans une approche socioéconomique

s’inspirant des travaux de Rudin et de Little, va produire une

thèse de doctorat s’intitulant Une bourgeoisie et son espace:

industrialisation et développement du capitalisme. Entre 1820 jusqu’à 1880,

l’auteur identifie deux phases d’exploitation (artisanale et

industrielle) séparée par l’arrivée du chemin de fer en 185131

qui seront déterminante pour le développement de l’élite locale.

En 1988, ce même auteur produit La ville électrique: Sherbrooke 1880-1988

qui appartient cependant à un registre plus politique et

technique.

Dans une optique des régulations sociales, Thierry Nootens,

spécialistes en histoire sociale et récipiendaire de plusieurs

prix, produit une thèse en 1997 portant sur la construction de la

normalité à partir de l’exclusion des malades mentaux de la

31 Jean-Pierre Kesteman, Une bourgeoisie et son espace, page 88.

13

sphère publique dans la ville de Sherbrooke lors de la période

industrielle (1886-1930) . Il avance l’hypothèse que

l’industrialisation apporte son lot de valeurs dont la

pénalisation de la folie qui ne cadre pas avec l’individu

productif32. L’asile s’ajoute à l’éventail d’infrastructure

permettant de réguler cette société en transition. Il aurait été

intéressant d’en connaitre d’avantage sur le traitement de la

folie en Nouvelle-Angleterre à titre comparatif pour tracer une

carte du transfert du savoir.

Par après, vers 1998, l’Histoire des Cantons de l’Est, un ouvrage fruit

d’un long processus participatif, sera produit par les

professeurs Jean-Pierre Kesteman, Peter Southam ainsi que Diane

St-Pierre. Cet ouvrage commandité par l’institut québécois de

recherche sur la culture met de l’avant les défis rencontrés, le

développement industriel précoce33et l’originalité de la région.

Logeant à la même enseigne de la spécificité, Jean-Pierre

Kesteman écrit le tome 2 de son Histoire de Sherbrooke qui fixe son

32 Thierry Nootens, To be quiet, ordely, obedient and industrious : la normalité dans le districtjudiciaire de Saint-François entre 1880 et 1920 d’après l’interdiction des malades mentaux, mémoirede maîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1997, page 76.33 Jean-Pierre Kesteman, Peter Southam et Diane Saint-Pierre, Histoire des Cantons de l’Est, page 274.

14

attention sur l’énergie et la municipalisation du réseau

électrique.

L’enjeu de l’émergence d’une conscience collective refait surface

avec les travaux de Sarah Geneviève Perreault. Cette étudiante en

histoire et journalisme a tenté de retracer aux travers la

littérature régionale, les origines d’une âme des Cantons de

l’Est. Il semble que l’environnement complexe, une forte

superposition culturelle ainsi que des mythes de fondation ont

aidé à forger une identité régionale atypique. L’auteure ajoute

que le développement de journaux sert de tremplin identitaire

pour une région à la frontière de plusieurs mondes.

Délaissant les champs historiographiques usuels, le chercheur

Stéphane Castonguay emprunte le chemin de l’histoire

environnementale dans un essai paru en 2007 : The Construction of

Flood as Natural Catastrophe. Castonguay démontre que durant la période

industrielle à Sherbrooke, le management du débit d’eau du réseau

hydraulique pose problème. En effet, le manque ou le surplus

d’eau menace la demande énergétique des industries locales. Les

populations riveraines doivent occasionnellement assister à un

15

spectacle de l’inondation. L’auteur conclut qu’une main humaine

est derrière ce que l’on croyait une saute d’humeur de la nature.

Dans la suite du type biographique, Karl Bourassa (consultant en

histoire ayant un intérêt dans l’histoire des Cantons de l’Est)

propose une thèse sur Charles C. Colby. Cette thèse participe au

débat de la contribution régionale dans le grand ensemble

canadien. Ainsi, l’auteur met de l’avant les stratégies d’un

homme pour s’élever dans l’échelle sociale : le recours à la

famille élargie, une forte présence ainsi que les relations

politiques vont permettent à Colby un rayonnement dépassant le

cadre de sa communauté d’adoption.

Finalement, l’environnement visuel de Sherbrooke fait l’objet

d’une étude en histoire des représentations (The Electric City, 2013).

Rémi Guillemette pose le problème de la perception de

l’envahissement de l’électricité dans le paysage quotidien34.

L’auteur émet l’hypothèse que les individus intègrent et

interagissent de manière favorable35 envers ce que l’on

considère un progrès36. Jean-Pierre Kesteman ayant travaillé sur34 Rémi Guillemette, The Electric City, Sherbrooke et son paysage hydroélectrique (1880-1930),mémoire de maîtrise, Sherbrooke, 2013, page 2.35 Ibid., page 2.36 Ibid., page 80.

16

le passage à l’électricité, sur l’enjeu de l’énergie et sur les

aspects techniques de celle-ci, Guillemette apporte une

contribution supplémentaire au débat. Ce texte aborde aussi

l’industrialisation et identifie les barrages comme lieu de

plantage industriel.

En bref, la période du démarrage industriel a généré des

réflexions variées ayant un dénominateur commun : le

développement endémique. De plus, le spectre des champs

historiographiques s’est élargi avec l’apport de l’histoire des

régulations sociales (L’asile de Nootens) ainsi que des

représentations (The Electric City de Guillemette). Le contexte d’une

société en transition, mis de l’avant dans ces ouvrages, sont en

lien avec mon travail.

L’objet d’étude de la période industrielle

En dernier lieu, l’écriture de la période touchant une société

industrielle en plein essor s’est produite sur une vingtaine

d’année jusqu’en 2002. Tout d’abord, la condition ouvrière dans

les Cantons de l’Est a fait l’objet d’une thèse au début des

années 1970. En effet, Louise Lavoie-Brunelle, historienne

17

impliquée dans la culture et l’histoire locale et régionale,

s’est interrogé sur paupérisation et les difficultés des ouvriers

à créer des syndicats jusqu’en 1919. En hypothèse, une masse

critique de travailleurs, un activisme continu et la croissance

économique soutenue ont été nécessaire pour la création d’une

union stable : le club ouvrier de Sherbrooke. Au travers de

politiques, de club de lecture et d’un régime coopératif, le

mouvement ouvrier a pu protéger les ouvriers et même les citoyens

notamment dans la promotion d’inspection alimentaire.

Par après, nous retrouvons le mémoire de maîtrise de Jean-Pierre

Kesteman dans ses débuts à l’université de Sherbrooke après ses

études classiques en Belgique : paru en 1979, Le Progrès, fait

l’étude d’un journal sherbrookois au bord de la faillite.

Kesteman démontre que le journal du clan Bélanger s’est adapté

pour éviter la faillite : il a misé sur un discours plus

interventionniste37, se rapprochant des Libéraux de Laurier,

tout en ménageant les sensibilités de ses lecteurs en sollicitant

des publicités conservatrices.

37 Jean-Pierre Kesteman, Le Progrès 1874-1878, étude d’un journal de Sherbrooke, mémoire demaîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1979, page 117.

18

En 1987, Richard Choquette, un autre étudiant à la maîtrise de

l’université de Sherbrooke a travaillé sur l’intégration

difficile des nouveaux arrivants qui éventuellement devient un

défi pour la communauté d’accueil. L’apport des associations

volontaires a permis, selon Choquette, le développement du

pluralisme culturel sherbrookois et la création d’une

sociabilité38 communautaire. Ensuite, la grippe espagnole a été

abordée par Denise Rioux (étudiante émérite) avec l’optique

régionale : lors de l’épidémie de la grippe espagnole, après la

Première Guerre Mondiale, la communauté médicale de Sherbrooke

est prise au dépourvue. Pourtant, Sherbrooke sera la première

ville à se débarrasser de ce virus mortel. L’engagement de la

ville ainsi que les mesures sanitaires préventives39 peuvent

expliquer le succès de Sherbrooke dans la lutte contre la

contagion.

Par après, l’intérêt pour les mouvements sociaux s’amplifie avec

La mort violente à Sherbrooke (1993) ainsi que le genre de la pauvreté (1994).

D’abord Michel Sharpe (consultant en histoire) évoque les risques38 Richard Choquette, Les associations volontaires et le changement social : Sherbrooke 1855-1901, mémoire de maîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1987, page 9.39 Denise Rioux, La grippe espagnole à Sherbrooke et dans les Cantons de l’Est, mémoire de maîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1993, page 17.

19

de mort violente à Sherbrooke durant l’ère industrielle. On

constate qu’il y a peu de meurtre à Sherbrooke, cependant, on

observe d’avantage de suicide et aussi des morts reliés à des

accidents de travail. De plus, l’augmentation du risque est

fortement liée à la condition sociale. Cette étude d’un phénomène

social apporte un éclairage intéressant sur les actions

rationnelles rattachées à des valeurs (Le travail vaut plus que

la vie).

Ensuite, Rachelle Pelletier, qui travaille dans le domaine des

communications, cherche à définir la pauvreté selon les genres.

L’auteure émet l’hypothèse que les femmes sont plus à risque

durant la période d’essor industrielle en raison de la fonction

maternelle et la disponibilité de revenu moindre. En réponse à la

problématique de pauvreté, l’état et les instances municipales40

vont prendre des mesures visant cette clientèle particulière.

L’action sociale catholique est mise à l’avant plan dans une

thèse socioreligieuse de Steve Roussel. Sa recherche tente de

démontrer jusqu’à quel point l’activité paroissiale influe sur la

40 Rachelle Pelletier, Le genre de la pauvreté l’assistance aux indigents à Sherbrooke de 1922 à 1940, mémoire de maîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1994, page 22.

20

vie communautaire à Sherbrooke entre 1921 à 1952. Il énonce que

l’apparition de plusieurs confréries et d’association au début

des années 1940 a facilité la rétention de la communauté et

renforcé le rôle de la paroisse comme pivot de la vie sociale.

Une foi commune, la célébration de la messe et la sociabilité ont

servi aussi de base dans la manifestation d’une élite locale41.

Un autre essai en histoire des femmes sera produit en 2000 : La

violence conjugale dans le district judiciaire de St-François entre 1866 et 1893.

Catherine Gélinas mentionne que vers la fin du 19e siècle, les

femmes victimes de violence conjugale à Sherbrooke font face à un

double défi : l’inégalité juridique ainsi que l’épreuve de la

justice42.

L’auteure pose la question de la problématique de la séparation

de corps dans une société où le droit de correction de l’époux

représente la norme. En réponse, l’auteure révèle d’abord deux

stratégies des femmes violentées face à des époux abusif : la

passivité et la résistance. Ensuite, celle-ci fait la

41 Steve Roussel, Encadrement religieux et vie associative dans une paroisse ouvrière Sainte Jeanned’Arc de Sherbrooke de 1921 à 1952, mémoire de maîtrise, Sherbrooke, Université deSherbrooke, 1998, page 26.42 Catherine Gélinas, La violence conjugale dans le district judiciaire de St-François entre 1866 et 1893 d’après les procès en séparation de corps, mémoire de maîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 2000, page 74.

21

démonstration d’une prise de risque des femmes qui osent dénoncer

et s’exposer aux jugements des pairs (La perception de la

violence et de son acceptabilité fait partie du champ des

mentalités).

Les mouvements sociaux sont repris de plus bel mais dans

l’optique de l’histoire des familles avec Les familles ouvrières œuvrant

dans le secteur du textile à Sherbrooke, 1881-1901. Philippe Allard a étudié

les impacts de l’industrialisation sur les conditions de vie des

ouvriers du textile à Sherbrooke vers la fin du 19e siècle. Il

conclut que l’industrialisation a forcé l’adaptation des ménages

(Cette thèse est similaire à Family in Transition43 de Peter Gossage

parue en 1999). Néanmoins, la position dans l’industrie ainsi que

la composition du voisinage immédiat influe sur les stratégies

d’adaptation envisagée par les familles. Les thématiques mises de

l’avant sont les transformations sociétales44 ainsi que le

changement du rôle des femmes quoique l’essai se limite à

l’industrie du textile. En dernier lieu, vers 2001, la prison

Winter a été l’objet d’une thèse en histoire des mentalités.43 Peter Gossage, Families in Transition: Industry and Population in Nineteenth-Century Saint-Hyacynthe, Montréal, McGill-Queen’s Press, 1999, 299 pages.44 Philippe Allard, Les familles ouvrières œuvrant dans le secteur du textile à Sherbrooke, 1881-1901, mémoire de maîtrise, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 2001, p. 13.

22

François Gagnon (travailleur dans le domaine des arts) explore la

relation entre l’évolution de la population carcérale et l’essor

du capitalisme industriel à Sherbrooke vers la fin du 19e siècle.

L’auteur découvre que face à une population carcérale de plus en

plus francophone et étant victime de crime d’alcool, la

communauté prend des mesures telles que la tempérance et les

maisons de correction pour mettre un frein à l’improductivité. La

régulation sociale ainsi que la construction d’une prison moderne

sont des thèmes similaires à l’asile de Nootens qui accompagne le

capitalisme industriel en devenir.

Pour conclure sur la période de l’essor industriel; les unions,

un journal en faillite, la rétention sociale, les mesures

sanitaires, le risque de mort violente, la vulnérabilité des

femmes à la pauvreté, l’action sociale catholique, la séparation

de corps, les stratégies familiales ainsi que la régulation

sociale ont été les thématiques mise de l’avant par les auteurs.

Les mouvements sociaux et l’histoire des mentalités semblent

avoir été le champ privilégié pour cette période étudiée. Les

liens de ces essais sont en aval de mon objet d’études.

23

En conclusion

Nous avons produit un bilan historiographique couvrant

particulièrement la période 1967 à 2015. La période classique

(L’optimisme exprimé par Catherine M. Day) et la période

cléricale (Le devoir de mémoire d’Albert Gravel) étant déjà

couvert dans le bilan de Jean-Pierre Kesteman, nous avons donc

décidé de poursuivre là où il l’avait laissé.

L’histoire problème produite à la fin des années 1960 est

empreinte du développement (période pré industrielle), des

valeurs bourgeoises (période de démarrage industrielle) ainsi que

des mouvements sociaux (période industrielle). Du large éventail

des champs historiographiques retenus par les auteurs, nous

pouvons retenir une certaines préférences pour l’histoire des

identités, des mentalités et des régulations sociales. Si nous

élargissons notre lunette, nous pouvons observer de nombreuses

thèses dont celle de Patrick Houde (Le massacre de la mission de St-

François, 201245) couvrant la période britannique. Cependant, parmi

les autres travaux répertoriés, peu semble vraiment s’intéresser

45 Patrick Houde, Le massacre de la mission de Saint-François : mécanismes de domination etallégeance des Abénaquis à l'autorité coloniale britannique (1754-1814), mémoire de maîtrise,Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 2012, 152 pages.

24

à l’essor industriel en soi même si cette époque est primordiale

pour la ville de Sherbrooke. Néanmoins, notons que le 13 et 14

mai 1994, se tenait à Sherbrooke le 7e congrès de l’Association

québécoise pour le patrimoine industriel46. En clôture de

l’événement, Louise Brunelle-Lavoie énonce la nécessité de

préserver le patrimoine industriel, de relever le défi du

désengagement financier de l’état et du besoin pression de faire

des choix judicieux47.

L’angle de la reconversion du patrimoine industriel à Sherbrooke

semble la voie empruntée depuis quelques années si l’on pense à

la récupération de la Paton et de la Kayser. Si le contenant est

sauvegardé, on ne peut en dire autant du contenu qui tend à

disparaître. À la lumière de ce bilan, des interactions entre les

auteurs et des pistes de recherches déjà engagées, nous pouvons

nous poser la question : est-il possible de renouveler l’intérêt

pour l’histoire industrielle de Sherbrooke?

46 Un patrimoine industriel régional, Sherbrooke et les Cantons de l’Est, Actes du 7e congrès del’Association Québécoise pour le patrimoine industriel, Sherbrooke, 13 et 14mai, 1994, avril 1995, 80 pages.47 Un patrimoine industriel régional, page 70.

25

Mon essai en informatique appliquée en histoire veut en quelques

sortes combler cette lacune et enrichir de manière visuelle le

formidable travail de Jean-Pierre Kesteman en utilisant le

système d’information géographique (SIG). L’apport de la

spatialité n’est une nouveauté, elle a été utilisé abondamment au

département de géomatique de l’université de Sherbrooke dans

nombre de travaux originaux, mon souhait réside dans une plus

grande complémentarité entre histoire et géographie.

26

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