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PASICRISIE BELGE RECUEIL GENERAL DE LA JURISPRUDENCE DES COURS ET TRIBUNAUX ET DU CONSEIL D'ETAT ANNÉE 1957 lW PARTIE. - JUGEmENTS DES TRIBUNAUX TRIBUNA.L DEl OOMMEJROEJ DEl TO URN AI 19 avril 1956 OON'l'HA.T D'EJNTREJPRISEJ. - PAYE- MENT. - ÄUOUNE RÉSERVE. DIES THAVAUX. ÄGRiÉA'riON Le payem,ent complet c'i 11n entrep1·eneur co·ût des t•rava1uJJ, sans 1'éser·ve 1ii protestation, ·impliq1w 1·éception et ngréatlon, spéc-ialement po1w les dé- fa/uts appa1·ents et même po1w les dé- fn·uts cachés. n ne pent y avoü· cl'exceptio·n q·ne pou1· /.es ·v·ices q·ui sont visés à l'article 1792 rl·n Oode civil. ANONYME BONNETERIE DU 'l'OURNAISIS, 0. E. ET R. DETHOIERMAN.) ,TUGEMENT. LE 'l'RIBUNA.L; - Vu l'exploit d'assi- gnation, du 20 janvier 1956, enregistré, tendant à entendre prononcer, aux torts et griefs des cléfendeurs, la résolution clu contrat d'entreprise, intervenu entre les parties ; à entendre conclamner ceux-ci, solidaireinent, à payer à la demanderesse la somme de 12.800 francs, à titre de clommages-intérêts; Attendu que la requérante expose dans son assignation qne les défencleurs s'en- gagèrent, le 25 octobre 1954, i't repeindre la façade de son immeuble, sis rue de la gare, à lJ'rasnes; que les modalités d'exé- eution du travan étaient les suivantes : cl'nbord, un dérochage, à la brosse de fer, <k toüte la surface, en crépi, de façon à PASIC., 1957. IIIe PARTm. enlever la vieille peinture devenue fria- ble, ensuite un lavage copieux, enfin, la pose de plusiem·s couches de peinture, tel que le tout fut détaillé au devis des dé- fendeurs; que le travan ne fut pas exé- cuté conformément aux règles de l'art et IJlle la conleur se désagrège; qu'i't titre de dommages-intérêts, elle réclame le remboursement de la somme qu'elle paya aux défendeurs, soit 9.600 francs, la dif- férence représentant le coll.t de la rnajo- ration des prix à la fin de l'année 1955; A.ttendu que, subsidiairement, la de- manderesse sollicite la désignation d'un expert; A.ttendu qne les défendeurs contestent le fondement de 1' action et y opposent que la demanderesse accepta le travail en payant le prix convenu et sans expri- mer la moindre réserve; que leur respon- sabnité cesse, même pour les vices ca- chés, après la réception de l'ouvrage; fJUe la demanderesse doit clone être dé- boutée; A.ttendu que la clemanderesse reconnaît qu'elle paya le prix convenu et qu'elle ne formula alors aucune réserve; .Attendu qu'n résulte des pièces pro- duites aux débats que la demanderesse réclama pour la première fois, verbale- ment, à la fin du mois de juin 1955 et par écrit le 29 juillet suivant, par lettre re- commandée ; A.ttendu que ce tribunal a pour juris- prudence constante de décider que le payement complet des travaux, sans pro- testation ui réserve, impligue réception et agréation spécialement pour les défauts 1

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PASICRISIE BELGE RECUEIL GENERAL DE LA JURISPRUDENCE

DES COURS ET TRIBUNAUX ET DU CONSEIL D'ETAT

ANNÉE 1957

lW PARTIE. - JUGEmENTS DES TRIBUNAUX

TRIBUNA.L DEl OOMMEJROEJ DEl TO URN AI

19 avril 1956

OON'l'HA.T D'EJNTREJPRISEJ. - PAYE-MENT. - ÄUOUNE RÉSERVE. DIES THAVAUX.

ÄGRiÉA'riON

Le payem,ent complet c'i 11n entrep1·eneur cl1~ co·ût des t•rava1uJJ, sans 1'éser·ve 1ii protestation, ·impliq1w 1·éception et ngréatlon, spéc-ialement po1w les dé­fa/uts appa1·ents et même po1w les dé­fn·uts cachés.

n ne pent y avoü· cl'exceptio·n q·ne pou1· /.es ·v·ices q·ui sont visés à l'article 1792 rl·n Oode civil.

(SOCl'~~.l1É ANONYME BONNETERIE DU 'l'OURNAISIS, 0. E. ET R. DETHOIERMAN.)

,TUGEMENT.

LE 'l'RIBUNA.L; - Vu l'exploit d'assi­gnation, du 20 janvier 1956, enregistré, tendant à entendre prononcer, aux torts et griefs des cléfendeurs, la résolution clu contrat d'entreprise, intervenu entre les parties ; à entendre conclamner ceux-ci, solidaireinent, à payer à la demanderesse la somme de 12.800 francs, à titre de clommages-intérêts;

Attendu que la requérante expose dans son assignation qne les défencleurs s'en­gagèrent, le 25 octobre 1954, i't repeindre la façade de son immeuble, sis rue de la gare, à lJ'rasnes; que les modalités d'exé­eution du travan étaient les suivantes : cl'nbord, un dérochage, à la brosse de fer, <k toüte la surface, en crépi, de façon à

PASIC., 1957. IIIe PARTm.

enlever la vieille peinture devenue fria­ble, ensuite un lavage copieux, enfin, la pose de plusiem·s couches de peinture, tel que le tout fut détaillé au devis des dé­fendeurs; que le travan ne fut pas exé­cuté conformément aux règles de l'art et IJlle la conleur se désagrège; qu'i't titre de dommages-intérêts, elle réclame le remboursement de la somme qu'elle paya aux défendeurs, soit 9.600 francs, la dif­férence représentant le coll.t de la rnajo­ration des prix à la fin de l'année 1955;

A.ttendu que, subsidiairement, la de­manderesse sollicite la désignation d'un expert;

A.ttendu qne les défendeurs contestent le fondement de 1' action et y opposent que la demanderesse accepta le travail en payant le prix convenu et sans expri­mer la moindre réserve; que leur respon­sabnité cesse, même pour les vices ca­chés, après la réception de l'ouvrage; fJUe la demanderesse doit clone être dé­boutée;

A.ttendu que la clemanderesse reconnaît qu'elle paya le prix convenu et qu'elle ne formula alors aucune réserve;

.Attendu qu'n résulte des pièces pro­duites aux débats que la demanderesse réclama pour la première fois, verbale­ment, à la fin du mois de juin 1955 et par écrit le 29 juillet suivant, par lettre re­commandée ;

A.ttendu que ce tribunal a pour juris­prudence constante de décider que le payement complet des travaux, sans pro­testation ui réserve, impligue réception et agréation spécialement pour les défauts

1

2 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

apvareuts et encore pour les défauts ca­ehés;

Attenclu, sans doute, que ce principe n'est pas aclmis unanimement par la ju­risprudence; qu'il s'impose cepenclant de l'appliquer, chaque fois qu'il y eut paye­ment complet, ü moins que le proprié­taire n'ait fait cl'expresses réserves lors cl u payement; que s'il fallait en clécicler autrement, il n'y aurait plus aucune sé­curité pour l'entrepreneur qui pourrait être l'objet, à tout moment, de réclama­tions, nonobstant le payement du prix;

Attenclu qu'il ne peut y avoir cl'excep­tion que pour les vices qui sont visés à l'article 1792 clu Code ei vil;

Attenclu que la jurispruclence la plus récente évolue clans le sens incliqué snpn~ et qu'elle applique le principe clans tous les cas de réception cléfinitive (voy. Bru·­xelles, 19 janvier 1946, J. '1'., 1946, p. 71, qui clécicle que la réception cléfinitive cou­vre tous les vices, cachés ou apparents, sauf ceux qui entrament la perte par­tiene ou totale ue l'éclifice et qui sont prévus par l'article 1792 clu Code civn; eiv. Bruxelles, 12 décembre 1949, ·ibid., 1950, p. 74; Verviers, 16 clécembre 1953, dté clans une note cl'observations ü la page 64 de la J·wrispr~~clenoe lle let oo·zw de Lièae, 1953-1954; comm. Liège, 21 mai 1955, J. T., 1955, p. 713, et Jm·. Ltèae, 1955-1!:}56, p. 23 et suiv.) ;

Attendu qu'n snit de ces considérations que la demancleresse cloit être déboutée de son action;

Par ces motifs, vu les articles l;er, 9, 80, ~::2 ü 35, 37' as et 41 de la loi cl u 15 juin 1935, écartant comme clénuées cl'intérêt toutes conclusions plus amples ou con­traires, dit l'action non fonclée; en clé­boute la clemancleresse; la conclamne aux dépens envers les cléfendeurs; ordonne I 'exécution provisoil'e cl u jugement non­obstunt tous recours et sans caution.

Du 19 avril 1956. - Tribunal de com­merce de Tom·nai. - Pré8. M. Oasse, président. - Réf. M. Baland. Pl. .MM. Oh. Vanclevelde et L. Ooppens.

OONSlJ.UI; DE PRUD'HO:MMES D' APPEL DE LIÈGE

16 juin 1956

CONTRAT DE TRA V AlL. - RÉGIME DE THAVAIL A 'l'EJ\fPS RÉDUI'l'. - PRÉAVIS DONNÉ

PAR L'EMPLOYEUR. - DÉLAI DE QUA'l'OHZF: JOURS. ÛBLIGA'l'IONS DES PARTIES l'El\­

DAN'l' LE DÉLAI DE PRf.:AVIS. - SANS 1\IODI­I!'ICA'l'ION.

PeneZant le llélai cle préau·i8, qui e8t de q'ltator.'Ze jou,r8, les zmrf'te8 li ·un oontrat cle tra;vail ont le8 mêm.e8 o bz.i[;MioJt.s que 8i le préa·vi8 n' lt·tï(tit pa8 été noti­jié~· WÎ'IL8Î 'Ïl n'y ((, pa.s de 8ll8tJCn8ÎOn cl11

llélwi cle précwi8 pendant le8 :iou.rs de ohûmaae cl·u.8 ä l'OI'[/Mt•i8ation ll'·un ohO­nut[le par 1·o·u.lement on cl'·u.ne ooonzw.­tion à. ten~p8 réll'ltit~· cle ntême, le déla.I lle préa'V·is n' e8t pa8 prolonaé lorsq·u.'ü y CL étctbli88e'lnent cl'1tn ni,r;ime lle tra­t;ail ä tent.p8 rédnit.

(SOCIÉ'l'É ANONYME É'l'ABLISSEMEN'l'S JONCIGW ET RERRENS, C. J\IOREAU.)

SEN'l'ENCE.

LE OONSEIL; - Attenclu que la so­ciété anonyme Etablissements J oncker et KmTens interjette appel cl'un jugement prononcé le 9 mars 1956 par le consen llP prucl'hommes de Verviers, qui l'a con­damnée à payer ä Pierre Moreau la somme de 1.571 fr. 20, les intérèts jmli­ciaires et les clépens ;

Attendu que l'appel est régulier en la forme;

Attenclu qu'n résulte <les cléclarationB concorclantes des parties : 1 o que l'intim1~ a été engagé par l'appelante alors que celle-ci occupait son persounel i\ temp~ plein; 2° qu'au début de l'année 1955, l' appelante a, conformément au x disposi­tions de l'arrêté royal clu 9 ao11t 19ri4, régulièrement décidé de passer du réginw de travan à temps plein à un régime dt' travan à temps récluit, comportant nn chömage par roulement; 3° qu'alors que l'intimé était ainsi occupé ä temps ré­duit, l'appelante lui a, le 2 avrn 1955, notifié un préavis de quatorze jours pre­nant com·s le luncli 4 a vril ma tin ; que ce clélai de préavis a pris fin le 16 avrn1955: 4° qu'au cours de ce délai de préavis, l'intimé a été occupé i:t temps réclnit, comme n l'était au com·s des semaines qui ont précéclé la notification du préa­vis; que le salaire lui a été payé ponr les journées de travan et non pour lP~ journées chömées nu com·s du délai dt> préavis:

Attenclu que l'appelante prétenc1 nvoir rempli toutes les obligations qui résultent pour elle de la loi clu 10 mars 1900, moclî-

TRIBUNAUX 3

ftée par la loi cl u 4 mars 1954; que l'in­timé prétend de sou cöté que pour les deux semaines composant le délai de préavis, l'appelante clevait lui payer un ~alaire correspondant ä des Drestations pleines ou, encore, qu'elle devait prolon­ger le délai de préa vis de telle façon qu•n (•ompreune Je même uombre de jours de 1n·estations pleines qu'en am·ait compris nu délai de quatorze jours s•n n'y avait ~->U régime de prestations réduites ou de ehömage par roulement et réclame les sommes nécessaires pour parfaire le sa­laire qui am·ait été gagné pendant un délai de quatorze jours dans. des circon­stances normales ;

Atteudu qn•n fait valoir qu'aux termes q]e l' artiele 24q·ltater, placé dans le cha­pitre lilbis cc Des causes de suspension )>

~le la loi du 10 mars 1900, modifiée par la loi du 4 mars 1954, Ie manque de tra­van pour causes économiques suspeml simplement l'exécution du contrat sans le rompre et que les comlitions momen­tanées de cette période de suspension ne penvent servir à régler la rupture du contrat lui-même;

Attendu que les événements décrits uans les articles 28 à 28q·wi·nq·wies, com­posant Ie chapitre IIIb·is de la loi du 10 mars 1900, modifiée par la loi du 4 mars 1954, ne font que suspendre l'exé­eution clu contrat de travan et n'entraî­neut pas sa dissolution;

Attendu cependant que lorsqu•n y a manque de travan résultant de cmlSes économiques régi par l'article 24qnater, l'employeur a Ie choix entre deux solu­tions : ou bien suspendre l'exécution du eontrat complètement mais temporaire­ment et pour un maximum de quatre se­maines, ou bien instaurer un régime de travan à temps réduit faisant l'objet d'un <:ontrat à tout le moins temporaire que l'ouvrier peut accepter ou refuser;

Que ui la loi ui l' arrêté royal du 9 juin 1954 relatif à l'iudustrie textile de Ver­viers ne fixent la durée maximum du ré­gime de travan à temps réduit faisant l'objet de cette deuxième solution;

Qu'n n'est allégué par une aucune des parties que ce régime avait pris fin au moment des faits litigieux;

Attenclu qu'aucune clisposition légale n'interclit it l'employeur de notifier et de faire courir un préavis pendant une pé­riode de régime de travan à temps récluit, pt'riode pendant laquelle des obligations

contractnelles courent du conunun accord des parties ;

Attendu que pendant le clélai de préa­vis, les parties out les mêmes obligations et rien que les mêmes obligations que si le préavis n'avait pas été notifié;

Attendu qu'aucune clispositi~n légale n'éclicte que le régime de travan à temvs réduit cesse par l'effet de la notification <I'un préavis;

Attendu qu'aucune clisposition légale ne prescrit la suspension du délai de préavü; dfl soit par le patron, soit par l'ouvrier, ni de façon générale, pendant tous 1~:~::; jours de chömage justifié, ui de façon spéciale, pendant les jours de chûmagP dus à l'organisation cl'un chömage l)Hl'

roulement ou cl'une occupation it temv:-: réduit;

Attenclu qu'aucune disposition légale ne prolonge le délai de préavis dfl soit par le patron, soit par l'ouvrier lorsqu'il y a établissement d'un régime de travan à temps réduit;

Atteudu que l'appelante a rempli toutes ses obligations envers l'intimé;

Par ces motifs, constatant qu'applica­tion a été faite des articles 1er, 24, 34, 36, 37 et 41 de la loi du 15 juin 1935 sur l'emploi des langnes en matière judi­ciaire, écartant toutes autres conclusions, réforme Ie jugement .c.lont appel ; déboute l'intimé cle sou action; le condamne aux dépens des deux instances.

Du 16 juin 1956. - Consen de prud'­hommes d'appel de Liège. - Chambre pour ouvriers. - Prés . .M:. Horion, pré­sident. - Pl. MM. Massaux et Quoilin (tous deux du barreau de Verviers).

TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE NIVELLI!JS

16 décen1hre 1955

OUTRAGE PUBLIC AUX M<EURS. APPARTEMENT PRIVÉ. - TÉUOIN INVOLON­

'l'AlRE. - INFRACTION PUNISSABLE.

Le fait cl'appeler quelqt~htn clans m~ a.p­IJa.rtement pri·vé o'l'l l'on se t1'01ive com­plètement 1Hl, constU·ue ·un 01tt1·age lJU,­bUc aiWJ nuEwrs nettement ca.ractél"isé, l01'sq·ne la v·ictime i.gnore eet état de ·nndité et est blessée fl(l/ns sa. p·zHle nr.

JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

(:mNISTÈRE PUBLIC, C. L •... )

JUGEMENT.

LE TRIBUN AL; - Attenclu que le fait cl'appeler quelqu'un clans un appartement privé, lorsque l'on est complètement nu, constitue un outrage public aux mamrs nettement caractérisé, lorsque la victime ignore eet état de nudité et est blessée dans sa pudeur ;

Que, comme élément intentionnel, le dé­lit requiert seulement que dans sou oubli de lui-même et de la pudeur publigue l'inculpé ait prévu ou pu prévoir qu'elle serait ou pourrait être blessée par son acte;

Attenclu qu'aucun élément de la cause ne permet de conclure à l'irre1:1ponsabilité du prévenu; que lui-même ou sou consen ne demande d'ailleurs pas l'application de la loi de défense sociale ;

Attendu que la -prévention est établie ...

Du 16 clécembre 1955. - Tribunal cor­rectionnel de Nivelles. - 2e eh. - P1·és. M. \Vilmotte, vice-président.- Min. l)t(bl.

_ M. M. Schmitz, substitut du procureur du roi. - Pl. M. Hislaire.

'.rRIBUNAL OIVIL DE NIVELLES

ll lll~i 1955

DIVOROE. ENQUÊTE. - TÉ:M:OINS. -

DÉ'l'ECTIYE PRIVÉ AU SERVICE D'UNE PARTIE.

- ÜIIAUFFEUR DE TAXI S'É'l'ANT 1viÊLÉ AUX

IN'l'EIWEN'l'IONS DU DÉ'l'EC'fiVE. - TÉMOINS

·HEPJ\ OeilABLES.

Un aéteotive privé CMI· ser·vioe au. clema/n­(leu:r en (livo·roe a ·un ·intérêt clwns la oontesta.Uon. n en est (le même cl·n oha-u.ffe·nr cle tam·i q·wi ct concl·nit le cle­mancle·u;r et leeZit clétecUve et q·ni s' est mêlé clkectem.ent a11m ·inte·rvenUons cl·n (létective pri•1Jé. Le jtf.ge cl1t· toncl azwré­c·ie so1tve1·winement le reproche tonclé 81/!1' l'intérêt q·ue le témo-in awrwit i'L la contestntion.

(THÓNE, C. COLLART.)

JUGEMEN'l'.

LE TRIBUNAL; - Vu l'avenir donné par exploit enregistré de l'huissier Van­dermousen, de Wavre, le 20 janvier 1955;

Vu les rétroactes de la cause, et no­tamment, en expédition, Je jugement de cette chambre du 3 novembre 1953 ordon-

nant des enquêtes ainsi que, en extraits du greffe, les procès-verbaux de l'enquête directe des 26 janvier, 27 avrn et 18 mai 1954;

Ouï les conclusions des parties; Attendu que la procédure a été réguliè­

rement suivie; Sur les reproehes : Attendu que la cléfenderesse a reproché

le cinquième témoin de l'enquête, Fran­çois Orokaert, parce qu'n am·ait un inté­rêt à la cause, ayant conduit en taxi, dont il était le chauffeur, le demandeur et le témoin Marcel Peeters, détective privé, un après-midi et une soirée au cours desquels n aurait été témoin de certains faits relntifs au ménage des par­ties;

Attendu que, de la même façon, elle a reproché le septième témoin, lVInrcel Peeters, pour le motif qu'n a intérêt en la cause pour avoir été au service clu cle­mandeur en qualité de détective privé;

Attendu que le témoin Peeters, s'expli­quant sur le reproche, a reconnu qu'n est vrai qu'n a été au service clu demandeur comme détective privé et que c'est en cette qualité qu'n a connu les faits;

A ttendu que la demancleresse formule ü nouveau ces reproehes en termes de conclusions; que le demancleur prétend que cmlX-ci ne sont point fonclés;

Attendu que le juge clu fond apprécie souverainement le re])roche fonclé sur l'intérêt que le témoin aurait à la con­testation (cass., 17 mai 1883, PAsrc., 1883, I, 240; Répe1·t. prett. är. belge, vo En­q·uêtes, no 42G) ;

Attenclu, en ce qui concerne le témoin Peeters, que le re])roche formulé par la défenderesse est fonclé; qu'n résulte des explications clonnées par les parties que le clemandeur l'avait engagé à sou service comme clétective privé et qu'à trois re­prises, les 24 et 27 clécembre 1953 et le 15 janvier 1954, à la clemancle clu deman­cleur, il est interven u pour procéder à des cc constatations )) ; qu'n s'agissait de pres­tations rémunérées; qu'encore que le tri­bunal pourrait n'accorder que tel créclit que de consen ü des cléclarations rappor­tées par ce témoin, n échet de considérer que ce témoin a un intérêt elireet à la contestation;

Attendu que, quant au témoin Orokaert, il résulte des éléments de la cause que, chauffeur de taxi, n a conduit le témoin Peeters et le demandeur, le 27 clécembre 1953; qu'n ne s'est point borné à conduire

TRIBUNAUX 5

le taxi, mais s'est mêlé directement aux interventions clu sieur Peeters;

Attenclu que, clans les circonstances de la cause, il y a lieu de considérer qu'il avait également un intérêt à la contes­tation;

Attendu qu'il y a lieu d'admettre le re­proche concernant l'un et l'autre de ces témoins et de dire que leur déposition ne t'lera point lue ;

(L(t suite san8 'intérêt.) Par ces motifs, oui en son avis con­

forme M. Desmette, premier substitut du procureur du roi, statuant contradictoire­ment et en prosécution de cause, admet­tant les reproehes formés contre les té­moins, dit que la déposition des témoins reprochés ne sera point lue; déboute Ie demandeur de son action et Ie condamne aux dépens.

Du 11 mai 1955. - Tribunal civil de Nivelles. Pré8. M. Dubois, président. - Min. pnbl. M. Desmette, premier sub­stHut du procureur du roi. -Pl. MM. de Buisseret et Bertranc1.

'l'RIBUNAL OIVIL Dm TOURNAT

14 décembre 1955

OPTION D]J p A'l'RJ]J, - DÉCLARATION TARDIVE. - DÉCRÉANCE. - FAcULTÉ o'ftTRE R-ELEVÉ DE CE'l"l'E n:ÉcHÉANCE. - PoRTÉE DE L'ARTICLE 9 DE L' ARRÊ'l'É ROYAL DU 14 DÉ­CEMBRE 1932.

Les tennes cle l'ar·ticle 9 cle l'ar·rêté royal cl'U 1-4 äécemb1·e 1932 pennettent lle clé­cicler q'lte, p01/ir êtTe ·rele·ué cle la äé­chéamce ä',une opt-ion cle pat,rfe fwite np1·ès l'(îge cle v'inut et 'lUL an8_, a n'est pas requ'is qtte le cléclnntnt j nstijie avoir été empêché <Ze fni·re S(t cléclnm­Uon pen(lant tmtt le temp8 qtt'i s' est écotûé entre le Jour oit -il a atteint l'(îge rle ·vi,ngt et 'nn ans et le fo'ltr äe sa, äé­clnrntion.

Jl fattt, rnai8 il sttjjlt, q·zw l'empêchement se pro(l'/tise a·n CO'li!/'S et à, 'nn moment quelconq·ue lle cette pér'iocle et penl·nre :i'nsqtt'à l'époqtte à hf,q·uelle la cléclcwa­tion a été faite.

(DECLETY.)

,JUGEMENT.

L]J 'l'RIBUNAL; - Vu les réquisitions de l\'I. le procureur du roi près ce tri­bunai;

Attendu que l'intéressé a été dûnwnt appelé et entendu ;

Attendu qu'il résulte des faits repl'is auxdites réquisitions et reconnus con­stauts que l'intéressé est né en Belgique, de pareuts dont l'un avait eu la qualité de Beige, et qu'il a eu sa résidence habi­tuelle en Belgigue durant la période re­quise par la loi;

.Attendu que sa loi nationale, telle que l'établissent les éléments de la cause, ne lui permet pas de se faire autoriser ?t conserver sa nationalité clans Ie cas oi':t il en acquerrait une nouvelle;

.Attendu que Ie procureur clu roi a as­suré la publicité, conformément à la loi, de la déclaration d'option dont il s'agit et qu'il a dûment procédé à l'enquête prévue sur l'idonéité du déclarant; que Ie juge de paix a donné son avis et que eet avis circonstancié est favorable à l'agréation de l'option;

Attendu que l'intéressé est de bonnes vie et mcem·s et que rien dans ses agisse­ments n'empêche de présumer son loya­lisme à l'égard de la Belgigue;

.Attendu que les conditions prévues par les articles 6, 7, 8 et 10 des lois sur l'ac­quisition, la perte et Ie recouvrement de la nationalité, coordonnées par l'arrêté royal du 14 clécembre 1932, sont réunies en la cause, à l'exceptiou de celle visée par Ie 2° de I' artiele 8; qu'en effet, l'inté­ressé a fait sa cléclaration cl'option six jours après avoir accompli sa vingt-deu­xième année;

Attenclu que l'intéressé sollicite cl'être relevé de la déchéance résultant de ce re­tard, par application cle l'article 9 des­elites lois coorclonnées, et allègue avoir été empêché de faire sa déclaration clans les dernières semaines qui ont précédé ses vingt-deux ans, par des circonstances inclépendantes de sa volonté;

.Attendu que le ministère public condut à la non-agréation de l'option parce que l'intéressé ne justifierait pas, au voou de l'article 9 prémentionné, <c de l'existence d'un empêchement matériel depnis qu'il a atteint l'áge de vingt et un ans lui ayant renclu impossible de faire ladite déclaration en temps voulu )) ; que, sui­vant le ministère public, l'empêcllement cloit être un cas de force majeure, un obstacle matériel imprévisible, et doit avoir existé depnis que Ie cléclarant a vingt et un ans, en l'espèce depnis Ie 24 août 1954;

G JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

I. Quant au caractère de l'empêchement invoqué :

Attencln que le cléclarant a su!ffisam­ment justifié de la rénlité cl'événements de familie graves qui l'ont contraint de 1]uitter Je vays plusieln's sernnines avant l'expiration du délai légal; que ces cir­eonstances, imprévisibles, doivent être assimilées tt la force majeure;

II. Quant h la clnrée de l'empêchement invoqué :

Attendu que les termes de l'article 9 des lois coordonnées . permettent cl' aJffir­mer que, pour être relevé de la déchéan­ce, il n'est pas requis que le déclarant justitie avoir été empêché clurant toute l'année qui s'est écoulée entre ses vingt et un et vingt-deux ans cl'age;

Qu'il faut certes admettre que la locu­tion conjonctive employée en eet article, << depnis que )), a deux sens clifférents, pouvant anssi bien signifier «à partir du moment ou, dès le moment ou )) que << dans le temps qui s'est écoulé après le moment ou )) ; que, tout comme la prépo­sition « depnis )), clont cette locntion clé­rive ( « deimis que )) signifiant << depnis le temps que )) ) , elle éveille, clans le premier sens, l'iclée d'nn délai continu, connnencé lors de l'événement qu'elle vise, et, dans le secoud sens, une simple iclée d'antério­rité de eet événement par rapport à l'ac­tion principale;

Attendu que, pour décider quel sens doit être attrilmé à la locution « depnis que )) dans l'article en question, il échet de remarquer qu'il n'y est point parlé d'un optant empêché de faire sa déclara­tion « depnis 1' a ge de vingt et un ans )) ou << depnis qu'il a l'ftge de vingt et un ans )), mais bien, empêché de la faire « depnis qu'il a atteint l'age de vingt et un ans )) ; que l'expression d'un événe­ment instantané (le fait d'atteindre vingt et un ans) a ainsi été préférée par le législateur à celle cl'une situation conti­nue (le fait cl'avoir vingt et un ans); qu'il est logique cl'en conclure qu'on a en­tenclu donner à la locution conjonctive « depnis que )) de l'article 9 la seconde des cleux significations ci-clessus incli­quées, à savoir celle cl'une simple anté­riorité chronologique, et non pas celle clu point de départ cl'un état continu; qu'en cl'autl·es tel'lnes, l'article 9 ne fixe point la clurée minimum cle l'empêchement clont il fa ut justifier, mais seulement le délai 11endant lequel eet empêchement cloit nvoir existé;

Attendu que, clans l'hypothèse con­traire, il apparaîtrait di!fficilement expli­cable que le législateur, en imposant la justification d'un empêchement d'une clu­rée cl'un an, à l'exclusion de tout autre plus bref, ait ainsi pratiquement réduit d'une année, pour tout intéressé de prn­deuce normale, le délai fixé par l' arti­cle 8;

Attenclu qu'en toute hypothèse, l'arti­cle 9 établit une exception dont les mocla­lités doivent être interprétées stt·ioto se'nsu_;

Attenclu qu'il résulte de ces consicléra­tions que l'intéressé a dûment justifié cl'un empêchement propre à le relever de la cléehénnce encourue ;

Par ces motifs, vu les articles lie1', 9, 34, 37 et 41 de la loi du 15 juin 1935, ouï à l'auclience publique de ce jour M. le pré­sident en sou rapport et M. Mnllié, sub­stitut cl u procureur cl u roi, en ses réqui­sitions, statuant en premier ressort, pro­nonee l'agréation de l'option de nationn­lité cl' Arnaucl Declety ...

Du 14 décembre 1955. - Tribunal civil de Tonrnai. - P'rés. M. Deschamps, pré­siclent. - Min. tFnlll. l\1. 1\Iallié, snbstitut du procureur clu roi.

r.rRIBUNAL CIVIL DE BRUXELLES

3 octobre 1955

HESPONSABILITÉJ CIVILE. VOIRS PUBLieS (CO~HriUNE). - VOIRIE. -

TROT'l'OIR. - AI!'FAISSEMEN'l'. - CRU'l'E

D'UN PIÉTON. - RESPONSABILI'l'Î<: PARTAGÉE.

Lo1'sq'n'ttin affa'issement clu t,rotto'i'l' (15 CJn.) existwnt clepn,is 11m, oertnin te,mps a, zwovoqué la, ohtf,te cl'ttn P'iéton, la 1'eszJonsnllilité fle l'aflministrntion oommtt-nale e:-;t eng((,gée, cl'abonl, paroe q,u.e oelle-e'i avwit l'obUgntion de veille~, à ln SÛireté et (i la, eO'lnmodUé cltt pa.,s­sage fla,ns les r-nes, plaoes et 'VO'ies P1t-7Jliqttes et qtt'elle est restée en fléfa'ut fle sai'isfa'i1·e fi oette ollUgaUon (décrets clu 14 clécembre 1789 et dn 16-24 aoüt 1790, art. 3); ens1tUe, 1)(//roe q1te la sur­veWanoe de la 1'1te a été oonfiée à la oomm'nne et qtt'elle a laissé snbsiste,r nne sit,nat,ion 1?ÎO'ie1t,se (Code civ., arti­de 1384, al. 1 er).

n oonv'ient oepenclnnt fle mett1'e let moiUr cle8 1'e8ponsabiUtés à oha'l'ge c111 piéton

TRIBUNAUX 7

JJWisq·n'il éüliit ·in(tttentif et n'a tJas re­ma?·qué eet affaissement 1J01M'tant bien ds·ible (1) (2).

ICOUJ.HJNE DE 'l'ERNAT, 0. SOCLÉTÉ NA'l'IONALE

DES CHE~fiNS DE FER BELGES.)

VONNIS (3).

DJ<} RECHTBANK; - Gezien, in regel­matige vorm voorgebracht : 1° het vonnis waartegen beroep, op tegenspraak tussen vartijen op 20 juli 1954 door de vrede­reehtbank van het kanton Asse uitgespro­ken, vonnis waarvan geen akte van bete­kening werd voorgebracht; 2° de akte van beroep, op 27 september 1954 door de (leurwaarder Albert Van den Eynde, te Asse verbliJvende, betekend;

Gezien de schriftelijke conclusies der lwide partijen en gehoord deze partijen in hun middelen;

Overw0gende clat het l)eroep regelmatig

(1) Le ju ge de paix cl' Asse avait mis l'en­tière responsabilité à charge de la commune de •rernat.

(2) Cons. G. DoR, observations sous cass., 20 décembre 1951 (Rev. crit. ,iurispr. belge, l!l53, p. 164); M. VAN PUT, clans Rechtsk. 'l'i,id­:<chrift, 1954, n•• 3 et 4, p. 253 et suiv.; FH. VAN DER MENSBRUGGHE, obsei·vations sous cass., 17 décembre 1953 (Rev. gén. ctss. et resp., 1955, n" 55712).

(3) 'f'raduction.

LE TRIBUNAL; - Vu, procluits en forme régulière : 1 • le jugement dont appel, rendu contradictoirement entre parties, du 20 juillet 1954., par le tribun al de paix du eauton d' Ass'() et dont il ne fut pas produit d'acte de si,gnifi­eation; 2" 1' acte cl' appel signifié le 27 septem­hre 19M par l'huissier Albert Van den Eyncle, de résidence à Asse;

Vu les conclusions écrites des parties et en-1 end u celles-ei en leurs moyens;

A ttendn que l' appel est régulier en la. forme; que sa. recevabilité n'est d'ailleurs pas con­testée;

Attendu qne l'act.ion tencl à entenclre con­damner l'appelante au payement cl'une somme de 2.190 francs à. titre de clommages-intérêts en raison cl'un accident survenu à Ternat le 23 mai 1953 et clont Pauline Borremans fut yiet.ime;

Attendu que cette dernière et son époux, par acte du 26 juin 1953, out subrogé la Société nationale des chemins de fer belges dans tous les droits, moyens et actions qu'ils posséclaient à l' éga.rcl de ti ers dn chef de 1' aceielent liti­gieux;

Attenclu qu'il résulte de l'information pénale, qni fut classée sans suite, que Ie 23 mai 1953, yers 16 heures, Pauline Borremans, habit.ant

naar de vorm is; dat zijn ontvankelijk­heid overigens niet betwist wordt·

Overwegende dat de eis er toe 'strekte appellante te doen veroordelen tot de be­taling van 2.190 frank, als schadevergoe­ding ten gevolge van een ongeval, over­komen te Ternat, op 23 mei 1953, en waarvan Pauline Borremans het slacht­offer was;

Overwegende dat deze laatste en haar echtgenoot, bij akte van 26 juni 1953, de Nationale maatschappij der Belgische spoorwegen in hun plaats gesteld hebben in al de rechten, middelen en vorderin­gen welke zij bezaten tegen derden uit hoofde van bedoelel ongeval;

Overwegende dat uit het strafYooron­derzoek, dat zonder gevolg geklasseerd vvm·d, blijkt dat Pauline Borremans. wo­nende te Sint-Katharina-Lombeek; op 23 mei 1953, rond 16 uur, tot bij haar broeder, Bodegemstraat, te Ternat, ging;

Sint-Katharina-Lombeek, en se rendant chez sou père dans la Boclegemstra-at, à Ternat, fit, sur le marché de cette commune, une chute en hem·tant un clénivellement du sol cl'une pro­fandeur d'environ 15 centimètres à la suite de laquelle elle eut l'épa.ule déboîté~ et fracturée;

Attenclu que ces faits sont établis par la dé­claration de deux ouvriers qui, au moment de l'acciclent, travaillaient à l'érection d'nn kios­que sur l-a place clu Marché; qu'un des témoins ajouta que l'affaissement clu sol à l'endroit de l'acciclent existait déjà depnis tout un temps et que, quelques jours après les faits, il lui fut ordonné de le remblayer, ce qu'il fit; que les témoins ont aussi cléclaré qu' aucune mesure préalable ne fut prise pour avertir les usagers de la présence du danger et que notammenL aucun panneau de signalisation ne fut placé;

Attenclu que le bourgmestre de Ternat a dé­claré que le trottoir litigieux se trouve sur le territoire de sa commune;

A ttendu que, suivant. les prescriptions des clécrets des 14 clécen1 bre 1789 et. 16-24 aolÎt 1790, les aclminishations communales out l'obliga­tion de veiller sur tout ce qui concerne la. sécu­rité et la commoclité du passage clans les rues, chemins et places publiques; qu'il est. établi, par les considérations qui précèclent, que 1' ap­pel-ante est. restée en cléfaut de remplir cette obligation, d'a.utant plus que l'affaissement. litigieux existait déjà depnis tout un temps;

Attendu que la faute commise par l'adminis­tration communale de Ternat. et par son or­gane, le bourgmestre, est une des causes de l' accident; que, partant, la commune est res­pons-abie;

Attenclu qu' elle est en outre responsabie parce que, aya.nt la garde de la rue, elle a laissé subsister 1' état défectueux de celie-ei (Cod&e civ., art. 1384, al. 1"; voy. Bruxelles,

8 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

dat zij OD het voetpad van de markt te Ternat in een inzakking van een vijf­tiental centimeter diepte stapte en daar­tengevolge ten val kwam met de rechter­schouder op een hogeruitstekende roos­ter, waarbij haar schoudergewricht ont­"\Vricht en gebroken werd;

Overwegende dat deze feiten bewezen zijn door de verklaring van twee arbei­ders die OD het ogenblik van het ongeval bezig waren de kiosk te plaatsen te Ter­nat-Markt; clat een van deze getuigen erbij voegde dat deze inzakking reeds al geruime tijd voorkwam en dat hij enige dagen na de feiten opdracht kreeg de in­zakking, waarvan gewag, aan te vullen, waartoe hij overgegaan is; dat de getui­gen iw~gelijks verklaard hebben dat geen voorafgaanclelijke maatregelen genomen werden ten einde aan cle weggebruikers te laten kennen dat er gevaar bestond, namelijk dat geen tekens geplaatst wer­den;

Ovenvegerrele dat de heer burgemeester van Ternat verklaard heeft dat het trot­toir in kwestie op gemeentegrond berust;

Overwegende dat de gemeentebesturen de verplichting hebben, krachtens de voorschriften van de dekreten van 14 de­cember 1789 en 16-24 augustus 1790, te waken over -- en te zorgen voor al wat betreft de veiligheid en de gemakke­lijke gebruikbaarheid van de straten en openbare wegen en plaatsen; dat het be­wezen is door de hierbovengemelde be­schouwingen dat appellante in gebreke is gebleven aan deze verplichting te vol­doen, des te meer dat deze inzinking al reeds geruime tijd voorkwam;

Overwegende dat de fout, die het ge­meentebestuur van Ternat, en de burge­meester van Ternat orgaan van de ge­meente Ternat - begaan hebben, een van de oorzaken van het ongeval is; dat de gemeente daarom verantwoordelijk is;

19 mai 1954, J ourn. trib., 1954, p. 606, et VAN PUT, Rechtslc. 'l'ijclsclw., 1954, p. 253);

Attendu qu'en raison de son inattention, la victime, qui n'a pas remarqué 1' a:ffaissement du trottoir, alors qu'il était bien visible, doit supporter une partie de la responsabilité;

Attendu que, les cleux fautes ayant concom·u à provoquer 1' accident, il y a lieu de partager la responsabilité;

Attenclu qu'il n'y échet pas cl'aclmettre l'ap­pelante à faire la preuve des di:fférents faits énumérés en ses conclusions, lesclits faits étant dès à présent démontrés par les éléments de la cause;

Overwegende dat zij ook verantwoor­delijk is omdat de bewaking over de straat haar toevertrouwd werd en dat zij deze gebrekkige toestand heeft laten be­staan (Burg. Wetb., art. 1384, al. 1; zie Brussel, 19 mei 1954, J OU/JY!J. tr·-ib .1 1954, bl. 606, en VAN Pu·r, Rechtslc. 'I'ijflsollir., 1954, bl. 253) ;

Overwegende dat het slachtoffer een deel van de verantwoordelijkheid op zich draagt vermits zij onoplettend was en deze inzakking, die toch goed zichtbaar was, niet gezien heeft;

Ovenvegende dat beide fouten dt~ oor­zaken van het ongeval waren; dat er plaats grijpt de verantwoordelijkheid in twee te verdelen;

Overwegende dat er geen aanleiding is appellante toe te laten het bewijs te leve­ren van de verschillende feiten cUe zij in haar conclusies opsomt; dat inderdaad deze feiten reeds gelogenstraft worden door de elementen der zaak;

Om deze redenen, rechtdoende op tegen­spraak, in hoger beroep, gehoord de heer de Marneffe, in zijn eensluidend advies in openbare zitting gegeven, alle anclere of tegenstrijdige conclusies als ongegrond verwerpende, ontvangt het beroep; ver­klaart het gecleeltelijk gegrond; vernie­tigt het bestreden vonnis; opnieuw recht­doende : verklaart iedere partij verant­"\voordelijk voor het ongeval, ten belope van de helft; destengevolge, veroordeelt appellante de som van 1.095 frank aan geïntimeerde te lJetalen; veroordeelt ze tot de gerechtelijke interesten; veroor­deelt appellante tot de drie vierden der kosten van beide aanleggen en geïnti­meerde tot één vierde dezer kosten.

Du 8 octobre 1955. - Tribunal civil de Bruxelles. - 128 eh. Prés. 1\1. Acheroy, juge unique. - 1liin. tYnbl. l\1. Dnmon, substitut du procureur du roi. Pl. lVIl\1. Van Glabbeke et De Vis.

Par ces motifs, statuant contradictoirement et en clegré d'ap.pel, entendu en sou avis con­forme, donné en auclience publique, M. de Mar­neffe, écartant conune non fonclées toutes con­clusions au tres ou contraires, reçoit l' appel; le dit en partie fonclé; met Ie jugement entrepris à néa.nt; statuant à nouveau : dit que chacune des parties est responsabie de l'a.ccident à con­currence de la moitié; en conséquence, con~ clamne l'appelante à payer à l'intimée la sonnne de 1.095 francs; la condanme aux inté­rêts jucliciaires; condanme l'appelante aux. trois quarts des clépens des cleux instawïes. ei" l'intimée au quart restant.

'fRIBUNAUX 9

TRIBUNAL CIVIL DE NEUFCHATEAU

14, juillet 1955

DÉCHÉANCE DE LA PUISSANCE PA­TERNELLE. - AxomrAL IN'l'ERN:É. DÉBILI'l'É :MENTALE. - RECEVABILITÉ DE L·'AC'l'ION.

La àéchéance àe la pu,issance pate1·1wlle est bien 1Jltts trne ntestM'e prévenUve qtt'une sancUon. Elle est :htstifiée (lans l'intérêt des enfants, se,tll à pren(z,re en consiàération, même lo1·squ,e la carenee iles pnrents est 1)(1/ttiellement àtte à 11n

éta.t nwntnl àéficient.

(MINISTÈRE PUBLIC, C. UANAN'r.)

JUGEMEN'l'.

LE TRIBUN AL; - Attendu que la dé­fenderesse, veuve d'Emile Thill, est mère de deux enfants légitimes: Léon-Constant Thill, né à Neufcháteau le 25 mars 1941, et Bertha-Elise-Mathilde-Marie Thill, née à Neufchàteau le 12 octobre 1947;

Attendu qu'il résulte des pièces pro­duites aux débats par M. le procureur du roi que la défenderesse, maintenant internée par mesure de défense sociale, se comportait déjà longtemps avant son arrestation comme une mère particulière­ment négligente et pen soucieuse de ses devolrs d'éducatr:f'ee;

Attendu, certes, que la défenderesse est atteinte de débilité mentale;

Mais attendu que la déchéance de la puissance paternelle, instituée par la loi à seule fin de protéger les enfants vic­times de la mauvaise conduite ou de la négligence de lem·s parents, est bien plus une mesure préventive qu'une sanction; qu'elle reste, dès lors, justifiée dans l'in­térêt des enfants, seul à prendre en con­sidération, lorsque la carenee des pareuts est partiellement due à un état mental déficient ...

Du 14 juillet 1955. c- Tribunal civil de Neufchàteau. - Prés. M. Constant, juge faisant fonctions de président. - Min. publ. M. Vermer, procureur du roi. -Pl. M. J. Mignon.

TRIBUNAL CIVIL DE NEUFCHATEAU

6 décembre 1955

ASSOCIATION SANS BUT LUCRATIF. - ASSOCIATION HORS D'ÉTA'l' DE REMPLIR

LES ENllAGEMEN'l'S QU'ELLE A ASSUMÉS. -DISSOLU'l'ION A LA REQUÊ'l'E DU l\IINIS'l'ÈHK PUBLIC.

L'association snns b·u.t lncmtif qtt'Î, nprès a·z;oir contnwté à l'égnnl äe tiers des en,q(t{fenwnts pécuninkes précis, oes8e se8 pnyement8 8(L'/U-! ojJri'l' (t, 8e8 C1'éan­cier8 ln gamntie a',nn pa,trimoine actif, n'e8t pl1t8 en état cle rem.pUr le8 enga­,qement8 qn'elle n rr8snmé8 et 8(l di88n­lution peut être ponrsu,ivie l)(l'l' le mini8-tère public.

(MINI STÈRE PUBLIC, C. ASSOCIA'l'ION SANS. BUT LUCRA'l'IF C< CENTRE DE PLEIN AIR ARDEK­NAIS )). )

JUGEMENT.

LE 'l'RIBUNAL; - Attendu que, aux termes de l'article 18 de la loi du 27 juin 1921, le tribunal civil localement campé­tent peut prononcer, à la requête d'm1 associé, d'un tiers intéressé ou du minis­tère public, la dissalution de l'association sans but lucratif qui serait hors d'état de remplir les engagements qu'elle a as­sumés;

Attendu qu'est sans aucun doute hors d'état de remplir les engagements qu'elle a assumés l'association qui, après avoir contracté à l'égard de tiers des obliga­tions pécuniaires précises, cesse ses paye­ments sans offrir à ses créanciers la g·a­rantie d'un patrimoine actif;

Attendu, certes, qu'une association sans but lucratif peut vivre en réalisant par­faitement ses fins sociales, sans disposer de fonds ni posséder de lüens ; (111 'nnP association créée, comme la défenderesse, en vue d'exercer toute activité quelconque se rapportant directement ou indirecte­ment à l'organisation, à la direction on au soutien de colonies de vacances et de repos, cercles d'études, de récréation et de sport pour adolescents et jeunes genlS­débiles jnstifierait encore son existence licite en se bornant à aider par un patro­nage moral ou par le travan de ses mem­bres des ceuvres de jeunesse financées en dehors de sou intervention;

Mais attendu qu'une association de cette nature cloit éviter de s'obliger pécu­niairement ;

Attendu, en l'espèce, que l'association défenderesse a souscrit un bail, enregis­tré à Neufchàteau le 25 novembre 1949 ..... bail qui l'oblige à payer jusqu'au 1er no­vembre 1958 à la dame Van Moer ou à

10 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

ses ayants clroit un loyer annuel de 8.000 francs;

Attenclu que sou président, Auguste 'l'aillière, interrogé le 21 mai 1955 à la requête clu magistrat clemancleur par les soins de l'inspecteur Lefebvre, de la po­lice juc1iciaire, a reconnu que depnis 1950 la situation était passive et les revenus nuls;

Attenclu que cette déclaration établit à elle seule que l'association défenderesse n'est plus en état cle remplir les obliga­tions pécuniaires qu'elle avait librement eontractées et foncle ainsi ä su1ffisance de droit l'action en dissolution mue par Ie magistrat clemandeur;

Attendu qu'il ne peut être fait grief à ce magistrat, seul juge de l'opportunité tle ses poursuites, cl'avoir tardé tt provo­quer une c1issolution qu'il eût été préma­turé de postuier avant que l'insolvabilité de l'association défencleresse ne fût de­venue permanente et a11paremment irré­médiable ...

Du G décembre 1955. - Tribunal civil de Neufchàteau. - Prés. M. Constant, juge faisant fonctions de présiclent. lliin. ]Jn7Jl. l\1. Vermer, procureur du roi.

Pl. M. Rousseau.

TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE CHARLEROI

24 octobre 1955

HOULAGE. - DÉPASSEMENT PAR LA GAUCHE D'UN 'l'RA~IWAY A L'ARRÎtT. - ALLURE RÉ­DUI'l'E. - NOTION.

Le (lépnssenwnt ]Jct1' let ga-uche d'wn tram­'Wcty it l'wrrêt doU se fa-ire ä allui/·e ré­ll'ttUe, c'est-ä-d'ire ä 'nne (Ûl1t1'e comZJ'I"ÏSe en,tre l' allu/re nonnale et l' all11Te rno­äérée.

(MINISTÈRE PUBLIC, C. DELMOTTE.)

JUGEMENT.

LE T'RIBUNAL; Attenclu qu'il est établi par l'instruction faite ä l' audience r1ue l'acciclent litigieux s'est produit à 1\Iontignies-sur-Sambre, Ie 26 juillet 1954 vers midi, clans les circonstances sui­vantes :

Un véhicule sur rail venant de Fleurus et se dirigeant vers ,Charleroi, emprun­tant la voie ferrée établie sm· la chaus-

sée, effectue réglementairement, en face du dépöt des tramways électriques du Pays de Charleroi, un arrêt pour permet­tre la montée et la descente des voyn­geLU'S;

Le prévenu qui roule dans la même di­rection, au volant de sou camion automo­bile, accompagné d'un passager assis it ses cótés dans In cabine de pilotage, df'­cicle de dépasser Ie tramway arrêté en lP longeant à gauche parce qu'il a remarq111: qu'une voiture automobile en statiomw­ment encombre Ie passage à droite;

Il entreprencl cette manceuvre en ay:mt soin de limiter sa Yitesse à quelque 30 ki­lomètres à l'heure. La cal:)ine de sou Ionrel véhicule arrive à hauteur de la têü• de la motrice lorsque Delmotte s'aperçoit qu'une jeune- personne deseend par Ie coté droit de la plate-forme avant. Il s'attend tt ce que cette voyageuse gagne régulière­ment Ie trottoir de clroite situé en face d'elle mais il entend i't ce moment son passager crier : << Attention elle passe cle­vant le tram )). Aussitót il oblique à. gau­che tout en freinant et il stoppe quasi­ment sur place;

A.ttendu qu'il est constant qu'à peine descendue du convoi vicinal, Monique Balt.y s'est précipitée clevant la motrice, s'élançant soudainement ü travers la chaussée en vne d'atteindre Ie trottoir opposé;

Qu'elle a été surprise par Ie passage du camion et a instinctivement tendu les bras en avant dans un geste de parade;

Qu'elle a néanmoins heurté la face laté­rale de la carrosserie au deHt de la ca­bine et est tombée sur Ie sol;

A.ttendu qu'un des reproehes adressés au préYenu est cl'avoir effectué le dépas­sement à gauche sans que soit remplie la condition exigée par Ie Code de routp, savoir qn'il n'y ait aucun risque d'acci­dent;

A.ttendu qu'il lui est impnté eet autn· défaut de prévoyance on de précaution qui consiste à ne pas avoir fait une telle manceuvre ü allure récluite, cl' autant qm· lui incombait l'obligation de régler sa Yi­tesse clans la mesure requise par la dispo­sition des lieux, leur encombrement, le champ de visibilité, l'.état de la route et du véhicule, pour qu'elle ne puisse êtrt> ni une cause d'accic1ent ni une gêne pour la circulation;

Attenclu que s'il est vrai que Ie dépas­sement ne peut se faire à gauche que pour autant que la mancenvre soit possi-

TRIBUNAUX H

ltle sans risque cl' accident (nrr. roy. cl u ~ avril 1954, art. 23, 2), il y échet cle con­~tater que cette prescription formelle et "'xplicite vise exclusivement le clépasse­ment <les Y~hicules sur rails en mouve­ment;

Attendu que le cas des << véhicules sur :i'ails arrêté )) pour la montée ou la des­<~ente des voyageurs est expressément prévu par l' artiele 24 cle l' arrêté royal du S avril 1954 qui laisse à l'usager le choix d'en effectuer le dépassement soit i\ gau­dH", soit à droite tout en lui enjoignant formellPnH'Jlt de le longer it « allure ré­dllite )) ;

Attendu' qu'il importe de reehereher à •,Juelle vitesse concrète corresponcl l'allure r,·,duite dont parle l'article 24 précité et •îe cléterminer si, en fait, le prévenu a ob­~('l'Vé une telle allure;

Attendu que clans le cas oü un piéton '""st engagé dans un passage pour piétons il un endroit oü la circulation n'est pas réglée par un agent de police ou par des signaux lumineux de circulation, les con­·dnd:eurs ne penvent aborcler ce passage qu'« ü allure modérée )) et Ie franchir que ;-;'ilfol J)envent Ie faire sans clanger ponr lt• piéton;

Attendu que cette clisposition particu­lière permet, eu égard au rapport des vi­tPsses piétons-véhicules automoteurs, de ;,~onsülérer qu'une allure modérée ne peut ·~xcéder celle comprise entre 5 à 20 kilo­Tnètres-henre selon l'encombrement du J~nssage oü se tro1went engagés soit quel­'lnes piétous isolés ou même rassemblés, ;-,<oit des groupes serrés et compacts;

Attendu qu'une allure récluite est clone c·elle qui trouve place entre l'allure nor­male et I' allure modérée;

Atten<1u que cette notion d'-allure ré­·flnite est relative et cloit être cléterminée 1lans clmque cas particulier ü partir de la vit<"Sse normale qui est elle-même fonc­t]on des circonstances de temps, de lieux, 1lr~ visibilité, d'état des véhicules, etc. ;

Attenclu qu'eu égard tt ces différents éléments cl'appréciation, l'allure réduite }Jouvait, en l'espèce, être de l'orclre maxi­mum de 40 kilomètres-heure;

Attenclu que Delmotte n'excéclait eertai­lwment pas cette marge permise, qu'il ré­sn1te des témoignages recueillis qu'il rou­ln.it en deçà de 40 kilomètres-heure s'il ~'~st vrai que sa vitesse était néanmoins plus élevée. que 15-20 kilomètres-heure;

Attendu que reste encore à examiner la (JTH•stion de savoir si le prévenn a, de

cette façon, réglé sa vitesse ponr qu'elle ne puisse être ui une cause d'accident ni nne gêne pour lá circnlation;

Attendu qu'il est indiscntable qne rien n'empêchait Delmotte de circuler dans ces eonditions, la visibilité étant excellente, la route en parfait état, les lieux bien c1égagés, Ie véhicule en bon ordre de marche;

Attendu que sans la faute commise par la victime, l'acciclent ne se serait eertai­nement pas produit;

Qu'en décrivant brusquement nu are de cercle pour passer précipitanunent devant la motrice dont elle venait de descendr(~ à. droite et s' élaneer inconsiclérément à travers la chaussée, négligeant totalement d'assurer vers la gauche sa propre sécu­rité, au mépris des droits des usagers circulant snr la voie publique, Monique Balty - dont le père est lui-même obligé de reconnaître qu'elle est souvent dis­traite et pas tout à fait normale - a con­stitué un obstacle imprévisible que le pré­venu ne pouvait éviter;

Qu'elle avait, en effet, l'obligation de ne s'engager à travers la chaussée qu'après s'être assnrée qu'elle pouvait Ie faire sans gêner la circulation des con­ducteurs;

Attendu que ce n'est d'ailleurs pas le véhicule clu prévenu qui a choqué Mo­nique Balty mais bien cette dernière qui, dans sou aveugle précipitation, est venue se jeter contl·e le flanc droit de la car-ros­serie et est tombée snr le sol, ayant perdu l'équilibre à la suite de ce brutal contact;

Que, dès lors, les blessures dont elle fut et reste atteinte ont pour cause unique la faute lom·de qu'elle a commise et dont elles sont cl' aillenrs la conséquence di­recte et nécessaire;

Attendu qu'il se voit que la prévention mise à charge du prévenu n'est clone pas établie;

Attendu que, l'infraction reprochée au prévenu n'étant pas établie, Ie tribunal est incompétent pour connaître de la de­mande de la partie civile;

Par ces motifs ... , acquitte le prévenu et le renvoie des fins de poursuites sans frais; se déclare incompétent pour con­naître de l'action civile ...

Du 24 octobre 1955. Tribunal cm-rec-tionnel de Charleroi. Sié,g. M. Stocq, juge unique. ~ Min. zmbl. M. Gillieaux, substitut du procureur clu roi. - Pl. MM. Mondron, 'J'répant et Derijcke.

12 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

TRIBUN.AL OORREOTIONNIDL DID DIN.ANT

22 n1ars 1956

.AFFIOHÈ. - PANNEAU PUBLICITAIRE. PRO'l'ECTION DES SITES. - ÄPPLICATION DE L'ARRÊTÉ IWYAL DU J.:er MAl 1939.

Un pannewn publicitaire S'l/il' piq,uets, éta­lili su1· 'nn te,rTa.iir~; clont on est locataire, doit être considéré CO'Jnme ttne ense,ig,ne a,u, sens cle let 7égislation, S'Wt la 1J1'otec­tion fles sites, mê-me s'il n'est 1Hts ap­posé SIN' l' étublis8ernent (Ze celtti qtti tnU let 1mblicité.

(MINISTÈRE PUBLIC, 0. DEMEY.)

JUGEMENT.

I..~E TRIBUN AL;- .Attendu que Demey est poursuivi pour avoir apposé des alffi­ches ou recouru à tous autres procédés de réclame ou de publicité visuelle, en des endroits intercUts par l'arrêté royal clu J:'Or mai 1939; qu'en fait, suivant procès­verbal du 17 juillet 1955, il lui est repro­ché d'avoir monté un panneau publici­taire sur piquets, dont le texte est conçu en ces termes : << Hotel Oentral. .. )>, établi sur un terrain dont il est locataire, à l'en­trée du village et le long de la route ;

.Attenclu que le panneau clont question ne peut être considéré comme étant ap­posé sur l'établissernent clu prévenu, au­quel cas il constituerait indiscutablement une enseigne ; que le prévenu plaide que le panneau rentre néanmoins clans cette catégorie, laquelle est exclue de l'applica­tion de la loi par application de l'article 2 de l'arrêté royal du 5 mai 1936, moclifié par celui dn 30 septembre 1937;

.Attenclu qu'il se prévaut, pour le faire aclmettre, de l'attitucle acloptée par l'ad­ministration des finances qui ne lui a ja­mais réclamé la redevanee depnis l'appo­sition du panneau;

.Attendu, cependant, que cette attitude négative ne peut être considérée comme devant nécessairement s'interpréter ainsi, car l'administration n'a pas nécessaire­ment connaissance de l'existence du pan­neau et son préposé chargé d'assurer le recouvrernent des droits y afférents pou­vait s'être mépris sur l'interprétation à donner au texte de l' artiele 194, 1 o, cl u Code des taxes assimilées au timbre;

.Attendu qu'il faut bien aclmettre que les arrêtés des 6 novembre 1928, 5 mai 1936 et 1 er mai 1939 sont pris en exécution

de la loi du 24 août 1919, laquelle établit une taxe au profit de l'Etat sur les en­seignes, pancartes et autres clispositifs destinés à la publicité industrielle et eom­merciale; que le terme « enseigne )) doit a voir la même interprétation dans la loi que dans les arrêtés d'exécution ·

.Attenclu que les articles 3 et '14 de la loi de 1919 paraissent avoir été remplaeés par les articles 200, 2011 et 2012 de l'ar­rêté royal clu 2 mm·s 1927; que Parti­ele 200 dispose que le gouvernement est autorisé, en vue de sauvegarder la beauté des éclifices, monuments, sites et pay­sages, à interelire l'apposition, dans des endroits déterminés, de toutes alffiches généralement quelconques ou cl' alffiches excédant une certaine elimension; qu'il a été relevé plus haut que cette même loi (art. 194) clistingue alffiche et enseigne;

Attenclu que la loi est muette sur la clistinction existant entre les deux notions alfilche et enseigne ;

Attenclu que le Répertoi,re P'rat,iq,u,e ll11

clroU belge, yo Affiche, no 2, expose qu'on entend par enseigne l'annonce apposée par une persmme usant de sa propriété privée pour faire cmmaître au public les opérations commerciales ou autres rtui se traitent dans sou établissement;

Qu'il apparaît dans ces conditions que le prévenu n'a rien fait d'autre que d'éta­blir une enseigne sur un terrain dont il elisposnit; que, partant, la prévt~ntion

n'est pas établie; Par ces motifs, statuant contradictoire­

ment, acquitte le prévenu; le renvoie des poursuites sans frais; délaisse eenx-ei à charge de l'l:Dtat.

Du 22 mars 1956. Tribunal corr(~c-

tionnel de Dinant. f:Hég. M. Poncelet, vice-président, juge unique. JJiin. 1m,bl. M. Malaise, premier substitut du lH"Ocu­reur du roi. - Pl. M. Maroit.

TR.IBUN.AL OORREOTIONNEJL DID LIÈGE

10 février 1956

EXPERTISE. - MATIÈRE RÉPRESSIVE l\1ISSION DE L'EXPER'I'. - LHHTES.

Le jttge qtti, clésigne wn ewpert en nuY,t·ie1·e pénale cloU l'Î1n'ite1' la 1n'iss·ion äe oe àe'r­nie1' à la constatation cle fwits m.até-

TRIBUNAUX 13

:ri,els et ä de8 précis·ions teohn·iq·ues. n ne pe·nt l·ni délégtter la Jn'iss·ion cle ]nger o·t<- (le procédM· ä ttne enqnête. ·

{l\UNISTÈRE PUBLIC, 0. GIARD, :M:A'I.'TIUS,

1\UR'l'ENS ET :MU'l'UALITÉS CHRÉ'l'IENNES.)

JUGEMENT.

LE: 'J'RIBUNAI.~; - Au point de vue péna]

Attendu qu'un accident du roulage s'est 1n·oeluit le 22 mai 1954, rue cl' Amercamr it I .. iège, entre le camion conduit pa~ Giard, qui circulait en direction du centre de la ville, venant de Fléron, et la voi­ture de Martens, conduite au moment des faits par le nommé Matthis ·

Attem1u que par jugement en date du :18 février 1955, M. le président du tri-1nmal de police de Iáège a désigné en f}nalité d'expert M. Gaston Neuforge, avec ]a mission suivante : cc prendre con­naissnnee cl u dossier, répondre au x faits c1irectoires des parties, de s'entourer de tons renseignements utiles, de procéder à toutes constatations et opérations né­cessaires en vue de déterminer les causes et cireonstances de l'accident, de relever tons éléments techniques permettant d'ap­précier les responsabilités, de dire si la courbe que décrit la chaussée à l'endroit des faits litigieux doit être considérée f~ommf~ constitnant un virage mnsqué ele fixer la elistance du champ de visibllité clont uisposaient les prévenus pour s'aper­cevo]r, de dire si, en égard aux circon­stances de fait, de temps et de lieu Ie déJWHsement qu'ils ont respectivement' ac­r·omiJli présentait du dnnger, de préciser la nosition et !'emplacement snr la chaus­séc• des véhicnles conduits par les préve­nus au moment de la collision, de donner Hon a vis sur les déclara ti ons et versions des prévenus, noturnment sur la vitesse, dérapage, déportement des véhicules et sur leur camportement respectif, de tout faire rapport écrit et motivé )) ;

Attendu que s'il est pariaitement légal et hautement souhaitable que le juge s'ap­JJUie snr l'avis d'hommes de l'art pour obtenir les précisiens teelmignes qui sont indispensables ponr lui permettre de tran­eher un litige, il n'est cependant pas pos­sibie que le juge c1élègue à un expert la mission de juger, qu'en conséquence Ie juge doit veiller à limiter la mission de l'expert à l'étude et à la description de faits matériels (cf. Mercuriale de M. le procureur général de le Court et égale-

ment artiele de l\l. VoUIN, <c I.~e juge et son expert)), J. 'P., 2 octobre 1955) ·

Attendu qu'en donnant notamrn'ent ü l'expert Neuforge la mission de dire si la courbe doit. être considérée comme un vi­r~~e ma~qué, si le dépassement accompli PIesentart cl u danger et de donner son avis sur les déclarations et versions deR prévenus, le premier juge a donné à l'ex~ pert des pouvoirs, ainsi que l'a souligné la cour cl'appel de Ganc1, cc incompatibles avec la mission légale des experts, les­gneis_ sont appelés ä éclairer le juge et non a statuer sur la contestation en son lieu et place )) ;

.A.ttendu qu'en vertu de la mission qui lui était dévolue, l'expert Neuforge s'est cru autorisé à effectuer une série de re­cherches qu'il a consignées comme snit, dans son rapport daté du 18 juillet 1955, page 6 : cc Sur interpellation de notre part concernnut la positiou des roues avant du camion après l'accident, les verbalisants précisent que ces roues étaieut braquées à gauche (indication ne figurant pas au plan de la police) ... et plus loin : dans le cadre des indices à relever sur la chaus­sée à l' occasion d'un accident et sachant que le camion transportuit 6 tonnes de charbon (braisettes 5/10), tonjours sur interpellation de notre part, les verbali­sants nous déclarent qu'il y avait du charbon répandu sur la chaussée aux deux cótés du véhicule depnis l'avant jusqu'à l'arrière de la benne, du combus­tible se trouvait également sur le sol sous le véhicule sensiblement à hauteur du pont arrière. Nous prenons acte de cette déclaration enregistrée par ailleurs par tous les assistants ... )) ;

Attendu que les deux points relevés ci­dessus, et qui n'étaient pas mentionnés dans le dossier répressif, constituent non plus la recherche d'éléments techniques destinés à éclairer le juge du fond, mais apparaissent comme le résultat d'une vé­ritable enquête à laquelle l'expert se se­ruit livré sur place;

.A.ttendu que, dès lors, il y a lieu de dire nul et de nul effet le rapport de l'ex­pert N euforge;

(Le 1·este sans inté·rêt.)

Du 10 février 1956. - Trilmnal correc­tionnel de Liège. - P·ri3s. l\1. Lejeune, juge faisant fonctions de président. -Mln. pu.bl. M:. Trousse, substitut du pro­cureur du roi. - Pl. MlVI. .A.endekerk, .J.-l\1:. Delfosse. et A. Billon.

14 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

'l'RIBUNAL CIVIL DE BRUXELLES

22 février 1956

JO DIVORCE PAR CONSENTEMENT MUTUEL. - ÜONVEN'l'ION PRIÉALABLE. 0AHACTÈRE TRANSAO'l'IONNEL.

2° DIVORCE PAR OONSENTEMENT MUTUEL. - DISSIMULATION PARTIELLE DU PASSIF, PAR. L'UN DES ÉPOUX. - CONSÉ­QUENCES. - AHTICLE 2057 DU CODE OIVIL INAPPLIOABLE. - PAS DE l!'ORCLUSION OU DÉOHÉANCE LÉGALE. - PAS DE PR:ÉSO:M:PTION DE RENONCIA.TION.

3° DIVORCE PAR CONSENTEIVIENT MUTUEL. ~ AnTICLE 279 DU CODE OIVIL. - ÜHDRE PUBLIO. lMPUTATION DES DET-TES. - A CHARGE DE L'ÉPOUX QUI A DISSI­:MULÉ.

1 o Une conPention cle pa_;rtage cle la com­m·wnwnté, zwéalable wn clivo·rce par con­se·ntenwnt rntttttel, ne contenwnt attc·une clisposition génémle q·uant ä l'attrib·n­Uon cl'lt tHtssit et q·wi twit ·wn partage atJparem.ment égnl cle Pactit, ne pennet pas cle cl·ire q·n'elle entencl mettr·e ei ahM·ge cl·lt mwr·i 1m passit enao·re -ignoré a:ll moment aft la. convent·ion a été con­cl·ne.

La con·vertUon a ·nn caractère trans(W­tionnel qu:i ne taU pas pl·u.s obstaale <i 1me eaJfension cles obUga.Uons cle lu tem·me q·ue cle celles cl·u nuwi.

2° L'a/rUale 2057 cl·n Oocle ci•IJ'Ïl est clès lors InappUcable, ZJU:isq'lle les pwrUes n'ont pns trwns·igé s·zw to·utes les nf­tnires q·n'elles 1J01tva.ient n·Po'Ï·r ensem­ble.

Jl. n/y ct pns lle moUt po·u·r q·ne le pr-incipe cle l'-inwnu.tnb'ilUé cle ln co·nvenUon zyréct­l.nble wn cl'i.vorce ne znl'isse être Invoq·u.é q·zt.e pnr ·nne cles pa·rties.

A:nc·ltne to·rcl·ns·imz, n:i cléchéwnce n/est p·ré­IJ'It.e 1HM' la lo'i en ons cl' amis s'ion clnn8 let con·pent'ÏO'i!r1J'l'émte <i l'wrtiale 279 cl·u. Oocle ci·vil.

Ln cl'issimu.lat·ion s'expUq·nnnt JHt·r le clé­sir cle hlUer le cU•vor·ce o·n cl' éliminer 1tn

obstacle ci cel·u:i-ci, 'il ne pent en être (léclttit ·nne ren.oncinUon ei clemctncle'l" le re·rnbou:rsem.ent cl'·nne clette.

Le tr·-ib·ltnnl, fa/lt.te cl'élérne·nts légct·ux on convenUonnels pr·ems, Uent compte, d/ une tJnrt, cle l' esprU g éné·ml cle la législntion s1w le cl·ivor·ce par· consente­ment mttttwl, cl'n1tt·re 1Jfl'tt, cle ln volonté ·vrnisernblctble cles pctrf'ies.

3° En rwi.son cl11, ca:ractè>re cl'onl·re ZJU.blic

cle l'article 279 cl·u. Oocle c·i·vU, qu .. ;, sub­orclon·ne le cz.ivo1'ce à 'ltn ncconl pa11a:it cles t·nt·n1·s . cUvo1·cés Sll'i' le tJaTta.ge clc le1ws Mens, a y a. Ue'lt cle lnisse1· les clettes à chwrge cle ln ZJart·ie q·ui l.cs t.r trwtul·u.le·nsement cliss·irnttlées.

(VElt POORTEN, 0. l\IEGANCK.)

JUGEMENT.

LEJ TRIBUN AL; Vu l'exploit cl' ajour-nement signifié le 25 novembre 1954 pae le ministère de l'lmissier Baiwir, de rési­clence à Ixelles ;

Vu les conclusions des parties; Attendu que l'action tencl à faire con­

clamner la défencleresse au payement cl'une somme de 12.531 fr. 50;

Attenclu que cette somme représente h1 moitié du montant de trois clettes de hl communauté légale ayant existé entrf" parties, connnunauté dissou te par un di­vorce par consentement mutuel prononcé le 20 mars 1954 ;

Attenclu que les faits de la cause sont les suivants :

I.~a convention réglant les droits respec­tifs des futurs clivorcés a été conclue le 22 décembre 1952;

Cette convention ·partage la commu­nauté par moitié en attribuant à l!époux - actnel demancleur - une somme de 148.000 francs et à l'épouse - actuelle dé­fencleresse une somme de 226.500 fr., muis à charge, pour cette clernière, de payer << le passif de la communauté s'éle­vant à la somme de 78.000 francs )) ; la convention stipule expressément que cel'> attributions sont faites « transactionnel­lement )) ;

Le 27 juillet 1953, l'aclministration de.s finances réclama au clemandeur payement cl'un supplément cl'impöt d'un montant de 17.322 francs ; le demandeur rmya cette somme sans régler a vee son épouse la contribution au payement de cette dette, ni même a vertir son épouse de l' existencc• de celle-ci ;

Le 19 février 1954, fut réclamé, au cle­mandeur, payement d'une somme de 5.000 francs pour honoraires d'un den­tiste ayant soigné sou épouse;

Cette somme fut payée le 3 mai 1954 par le clemancleur clans les mêmes condi­tions de clissimulation que la somme pré­cédente;

Les 29 et 30 juin 1954 cette fois aprè.s: prononciation clu divorce - fut réclamée au clemancleur et payée par celui-ei sans

TRIBUNAUX '15

entente préalable avec la défenderesse nne somme de 2.742 francs à titre de eomplément d'impot pour l'exercice 1953;

.Attendu que la défenderesse oppose tout d'abord à la demande les termes de la convention cl u 22 décembre 1952;

.Attendu que cette convention évalue en dliffres l'actif et Ie passif de la commu­nauté, puis attribue au demandeur eer­tains objets mobUiers et une somme en espèces, ä la défenderesse également eer­tains objets mobUiers et des sonnnes en ~·spèces, enfin met à charge de la défen­aeresse une dette de 78.000 francs;

.Attendu que cette convention, qui chif­fre les parts qu'elle attribue à chacun des époux, ne contient aucune disposition générale quant à l'attribution du passif ni du reste de l'actif;

Attendu que cette convention fait un 1mrtage tout au moins apparemment égal (les seuls éléments de la communauté dont elle dispose ; que, dès lors, ses termes ne permettent pas de dire qu'elle a entendu mettre à charge du tiemandeur un passif ignoré à l'époque oü elle a été conclue;

.Attendu que la défenderesse fait valoir également que la convention du 22 décem­bre 1952 est une transaction;

Attendu que la convention a un carac­tère transactionnel en ce qui concerne ehacun des deux époux; que l'on ne. voit dès lors pas pourquoi ce caractère trans­actionnel ferait obstacle à une extension des oblig:itions de la défenderesse, mais pas h une extension de celles du deman­deur;

Attendu, au surplus, qu'à défaut dans la convention de disposition générale rela­tive au passif, le passif ignoré à l'époque ou la convention a été conclue ne fait pas robjet de la convention et, par consé­quent, de la transaction;

Attendu que l'article 20G7 du Code civil est inapplicable en l'espèce, puisque les parties li'ont pas transigé généralement sur toutes les affaires qu'elles pouvaient avoir ensemble;

1Utendu que la défenderesse invoque ~~nc01·e l'immutabilité de la convention du 22 décembre 1952;

Attendu que cette immutabilité est cer­taine; qu'U n'y se1~ait toutefois pas porté atteinte par une répartition concernant un élément du passif qui ne fait pas l'ob­jet de la convention dont l'immutabilité pst alléguée ;

Attendu, au surplus, que l'on ne voit pas pourquoi l'immutabilité de la conven-

tion ne pourrait être invoquée que par la seule défenderesse ;

Attendu que la défenderesse soutient également que le demandeur serait for­clos en son action, les droits des futurs t1ivorcés sur lem·s biens devant être inté­gralement réglés avant le prononcé dtl divorce par consentement mutuel, le de­mandeur ayant eu d'autre part la possi­bilité de demander en temps utile la con­clusion d'un complément de convention;

Attendu qu'U peut être admis en l'es­pèce que le demandeur aurait pu provo­quer en temps utUe la condusion d'un complément de convention, et ce même pour la dernière clette qui pouvait être prévue en temps utUe par le demandeur. tout au moins quant à son existence Ri pas quant ä son montant;

Attendu que, pouvant provoquer la con­dusion d'un complément de convention, le demandeur devait le faire ;

.Attendu, cependant, que la loi n'édicte­aucune forclusion ou déchéance en cas d'omission dans la convention prévue par I' artiele 279 du Code ei vil; qu'U n'y a d'autres déchéances que celles prévues par la loi;

Attendu, au surplus, qu'une forclusion ne résoudrait pas le problème, tout au moins dans toutes les circonstances dans lesquelles celui-ei peut se présenter; qu'elle rendrait même le problème inso­luble en maintenant incléfiniment une in­clivision, par exemple au cas oü nn élé­ment ilnmobilier d'actif am·ait été volon­tairement dissimulé par les deux parties;

Attendu qu'il ne peut être déclnit de la c1issimulation, sans en forcer le sens, une renonciation clu demandeur ä demander remboursement, la dissimulation pouvant pariaitement s'expliquer par d'autres mo­tifs, beaucoup plus vraisemblables, tel le désir de hiHer le divorce ou même d'éli­miner un obstacle à celui-ei; . Attendu que, lorsque, comme dans le

cas cl'espèce, la convention prévue par l'article 279 du Code civil ne contient qtw des dispositions ä objet limité, il semble vain de faire appel à cette convention, ä son caractère immuable ou éventuelle­ment transactionnel, pour échapper au pro blème posé ;

.Attendu que ce problème, qui peut avoir un intérêt pécuniaire considérable, se pose dans les faits et doit être résolu ;

Attendu que la loi ne résout pas expres­sément ce problème;

Que la solution préconisée par le de-

16 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

mandeur n'est, en effet, pas plus légale <Jue celle qui consisteruit à le débouter de sa clemande;

Attendu, en effet, qu'en matière cle di­vorce par consentement mntnel, la règle t'n ce <IUi concerne le partage des biens est la convention des parties que, dans (·e <:as spécial, la loi ne présume nulie­ment - et ne pourrait présumer sans nermettre toutes les francles - être con­forme aux règles de la clévolution légale;

Attenclu, compte tenn du silence cle la loi, qu'il y a lieu pour le tribunal de sta­tuer en tenant compte, cl'une part, de l 'esprit général de la loi, notmument de la législation sm· le divorce par consente­ment mutuel, cl'autre part, de la volonté vraisemblable des parties (DE PAGE, t. J<er, uu 214, o);

Attendu que la législation sur le clivorce var consentement mutuel est d'ordre pu­blic ; que la loi suborclonne ce divorce à un accord parfait des futm·s clivorcés sur ce'rtains points, notmument sur le partage de leurs biens ;

Attendu qu'une application automatique lt défaut de eet accord des règles légales du partage permettrait - et ce notam­ment dans le cas d'espèce - d'élucler frauduleusement la règle d'ordre public de l'article 279 du Code civil;

Attendn que lorsque, comme en l'espèce, 1' omission est volontaire, ce caractère ·ll'orclre public de la législation sur le di­vorce par consentement mutuel cloit être l'élément principal dont il y a lieu de tenir compte pour donner une solution au }Jroblème posé, la recherche cle la com­mune intention vraisemblable des parties JJI'enant sm·tout de l'importance en cas d' omission in volontaire;

Qu'en l'espèce, la mise intégrale 11 char­ge clu demancleur des dettes frauduleuse­ment clissimulées est le seul moyen cl' as­surer le respect de l' artiele 279 cl u Code dvil;

Qn'il y a dès lors lieu d'admettre que Ia contribution aux dettes litigieuses in­c·ombe uniquement au demandeur; que l'action de celui-ei doit être déclarée non Îondée;

Par ces motifs, vu les articles 4, 37, 41 ·et 42 de la loi du 15 juin 1935, entendu en son avis conforme M. Thiriar, substi­tut du procureur du roi, statuant contra­dictoirement et écartant comme non fon­~lées toutes autres conclusions, plus am­ples ou contraires ... , cüt pour droit que la contribution aux dettes litigieuses in-

combe uniquement au demandeur; déclare l'action non fondée; en déboute le cleman­deur; le conclamne aux clépens.

Du 22 février 1956. - Tribunal civil de Bruxelles. - Siég. M. Meulemans, juge unique. - JJHn. zmbl. 1\'L Thiriar, substi­tut clu procureur clu roi. - Pl. MM. Pro­montorio et Ooruil.

'l'RIBUNAL CIVIL DE BRUXELLES

3 janvier 1956

1° CONTRAT DE TRANSPORT. - VoYA­GEuns. - ÜONCLUSION : D'ÉLIVHANCE DU ·ri­

TRE DE TRANSPORT. - EXÉCUTION. - DE­

BU'r : ACCESSION DANS LA VOITURE. - Jus­

TIFICATION. - FAUTE DE LA VIC'l'Il\IE. -

ÜAUSE !ÉTRANGÈRE.

2° CONTRAT DE TRANSPORT. VoYA-GEURS. - DÉPAR'l' DONNÉ AU CONVOl PR'ÉMA-

1'URlÉMENT. - l\IIIÉCONNAISSANCE DES OBLI­

GATIONS CONTRACTUELLES DE LA PART DU

TRANSPOHTEUll. RESPONSABILI1'É CON­

TRAOTUELLE EXOLUSIVEMENT ENGAG.ÉE.

RÉPARATION EXCLUSIVE DES DOMMAGES P.HÉ­

VUS E'l' PRÉVISIBLES LORS DE LA CONCLUSION.

3° RESPONSABILITÊ (HORS CON-TRAT). - VoYAGEURS. DÉPART DONNÉ

A U TRAIN EN DÉPIT DE LA PR!ÉSENCE D'UN

VOYAGEUlt ATTARDÉ SUR LE QUAI. - PoR­TIÈRE NON FERMJÉE AVANT LE DÉPAR'l'. -

SANS RELATION CAUSALE AVEC LE DOMMAGE

RÉSULTANT DE LA CHUTE DU VOYAC+EUR VOU­

LANT MONTER EN MARCHE.

1° Le oont,mt cle trwnspott est pa'rfaU 1Ht1' l' acq,wisUion et la cléUvrnnoe du, t'itre cle tnmsport.

8on exéc,ution est totttefo'is snspencl'ue }'nsq·u'cm moment aft le voit,urie1' pre1ul en ohn1·ge l'objet clu t1·cmspor·t. Dans le aas cln trcunsport cle pe'rsonnes, oette 1J't"ÎSe en charge, qu•i pe·nt tJréoécle·r l'acqn-i.s·iUo'n cl·u titre, clébttte par l'ac­cess·i01~ cl·n 'Voya.ge,zw clnns l'engin de trwnsport.

A pctrU'r äe eet insta-nt, le voyagen'r s'en 1·emet ntt tnmspo1·tetw tJow· la eliree­tion cle set pm·sonne et potw sa séottrUé. O'est l'abanclon, par le voya,ge'UT, cle sn UbeTté cle nwuvenwnt q·ni jusUfie la 'l'esponsnbUUé écliotée par Fa1·Uole 4 lle la lo·i fln iB5 aO'lÎt 1891.

Jl n'appM't'Îent oepenclnnt pns cm 'VOya­ge,u,r d'aggraver paT sa, senle volonté les obligaUons fl'n transporte,ur, 'IWütm-

'Î'RlBUNAUX

1ne·nt en se prJcipiürnt ·inconsiclérément dans 11 ne ·voiture en JJWII ·ve·men t, ca:r la jante rle la ·dctlme constitne essenUel­leme·nt la Clwse étranr1ère qui exonè1·e le transporteur.

2° Le llépnrt donné prénuänrément n·u con·voi ne constitue de ln pa:rt d·u tra:ns­porteu·r q·u'une ·méconna:issance de ses obUgntions contractuelles ne l'expos(J;nt qn'n11x dommnges et 1ntéréts prévus et pré·v·isilJles lans de ln conclusion lltt con­trat.

3° Q·uelle que soit ll~ te·ntaUon résttltnnt soU lle l'allure ·réclu:ite lors de l'ébran­!elnent cln convoi, soit cle ln possibilité offerte pnr ·nne portière onverte, le VOJfa.gewr (t pou:r obUgation stricte et primonliale cle t:eiller ä sn propre séctt­rité et rle s'n1Jste·1M:r, le sirmnl de clépwrt rlu convoi étant lnncé, de tante ent·re­prise clwnrwrense.

La prétenclue négli.rJCnce cl·n personnel cln tmnspoTteur ( dépwrt clon·né prémat·zwé­ment, portière lnissée o·uvwrte) est sams relntion C(tusnle n·vec Ze préjncUce sub·i par ln ·t:Ictinze.

(CAISSE COMM"UNE D'ARSURANCES «CARRIÈRES,

INDUS'l'lUES, BATLMEN'l'S l) ET S'l'EHKE:\'DRIES,

C. SOCIÎ<:'l1É NATIONALE DES CHEMINS DE FER

BELGES.)

.JUGEMENT.

LE TIUBUNAL; Attendu qu'en date du 11 février 1953, le demandeur J. Ster­kendries, ouvrier marbrier, fut victime <1'un accident de chemin de fer en gare ue Gingelom; qne eet accident entraîna l'amputation de la jambe droite de la victime;

A.ttemlu que, !'accident s'étant produit sur le chemin du travail, l'assureur-loi eut à indemniser le demandenr J. Ster­kendries; qu'étnnt subrogée anx droits de ce dernier, la caisse commune d'nssu­l:ances, codemanderesse, r>ostule rembour­sement des inclemnités décaissées par elle et payement du car>ital nécessaire à la constitution de la rente revenant à la victime, le tout évalué i\ 1 million sous réserve de majoration;

Attenclu que J. Sterkendries réclame payement de la somme de 500.000 francs pour réparation du préjudice non couvert par l' assm·ance et la clésignation d'ex­perts ponr l'appréciation clu taux d'inca­pacité;

Attenclu que les causes inscrites sulJ 1bwme1'i.~ 50967 et 50970 sont connexes; qu'il convient de les joindre;

PASIC., 1957. - IIIe PAH'l'IE.

AttPwlu tjue les <leux aetions sont ba­sées : :Jo sur lPs obligations et la respon­~ahilité clu tran~vorteur conformément à l'article 4 de la loi du 25 ao11t 1891; 2° sur les articles 1382 et suivants du Code civil;

Attemlu qu'il est imputé à faute à la défenderesse cl'avoir fait clonner -Ie signal de départ dn train avant l'embarquement tle J. Sterkendries comme cl'avoir provo­qué l'accident en laissant ouverte la porte de la voiture alors que le convoi s'était ébranlé;

Attendu que la défenderesse fait grief au demancleur J. Sterkendries d'être en­tré irrégulièrement dans la gare et d'a­voir tenté de pénétrer dans Ie train en marche;

En fait : Attenclu qu'il résulte des éléments cle

la cause, notmument de l'information ou­verte et classée sans suite par M. le pro­cureur du roi de Hasselt : 1 o que l' acci~ dent se produisit le 11 février 1953, un mercr<~di, Yers G h. G5 en gare cle Ginge­lom ou J. Sterkendries devait prendre le train 11° 4014 pour Liège afin de se rendre à son travan; 2° que I' abonnement de se­maine clont J. Sterkendries était déten­teur ne fut pas poinçonné lors de son entrée clans la gare, ce que l'intéressé explique var la circonstance qu'il ne tra­'milla pas le luncli, ui le mardi et que le vréposé n'a 1ms l'llabitude de poinçonner les abonnements de semaine autrement que le luncli; 3° qu'en gare de Gingelom quelques voyageurs senlcment deseendi­rent du train 4014 mais que quelques di­zaines de personnes, 20 à 80 voyageurs selon les dépositions du persounel de la défenderesse, prirent plaee dans le train; 4° qu'après le clépart clu convoi, J. Ster­kendries fut découvert entre le quai et le rail le plus proche, le fémur droit broyé, la jambe sectionnée sous le genou se trou­vant entre les rails de la première voie; 5° que eette découverte fut faite par les nommés Lismont, facteur de station, et Brugmans, chargeur faisant office de garde-salle, les senles persounes en ser­vice à la gare semble-t-il ä cette heure ma tinale; 6° que le persounel du train, Mottoulle, chef de convoi, et De Koninck, garde, ne s'aperçut pas de la survenanee de l'accident pas plus que le persounel de la gare; qu'il faisait encore noir et que le temps était pluvieux;

Attenclu que J. Sterkendries, entend u à trois reprises en com·s d'information,

2

18 jtJRJSPRUDÈNCE DE BELGIQtJE

fournit trois YPrsions aifférentes muis concorclantes néanmoins sur la cil·con­stance qu'il accéda régulièrement au quai de la gare et snr le fait que le train était en mon\em(:'Ilt lorsqu'il tenta de pénétrer dans une voiture tlont la porte était en­core ouverte, qu'il perdit pied sans qu'il rmisse expliquer emument;

Attenclu, d'autre part, qu'il résulte des déclarations du persounel de la gare et de celui dn train qn0 le départ en gare de Gingelom fut clonné régulièrement, ce persounel déclarant apparem.ment à tort <IUe plus personne ne se trouyait encore sur le quai; qu'aucun lH'éposé de la dé­fenderesse ne vit l'accident;

Attendu qu'il convient de retenir des clires du garele-salle Brugmans que la fa­çon dont il opéra l'entrée et la sortie des Yoyageurs exclut l'accès tarclif au quai d'un voyageur, c'est-à-dire le train étant déjà en mouvement; qu'à son avis la vic­time arriva au quai var le chemin nor­mal;

Attenclu que, selon le chef de convoi Mottoulle, le train comportait huit voi­tm·es, les quatre dernières de 3e classe étant précédées de deux yoitures mixtes, 2es et 3es, et de deux fourgons; qu 'il voya­geait dans le fourgon de tête; que de l'endroit ou il se trouYait il vit que tous les vo;yageurs étaient embarqués lorsque le garde cria réglementairement « prêt )) sm· quoi il donna, lui, le signal de dé­vart, monta dans son fourgon et provo­uua la fermeture automatique de toutes les portes à glissière clu conYoi en vres­sant le bonton nel hoc J.

Attendu qu'en condusion de sou rap­port spécial n o G adressé à son nelminis­tra ti on, 1' officier de police de la Société nationale des chemins de fer belges, M. 0Dlynus, chef de gare à Landen, qui relève du parquet de Huy en tant qu'offi­cier de police judiciaire, examinant cc les callSes et responsabilités de l'accident )) constate que : cc de la position de la vic­time et des traces de sang relevées sur les lieux, il résulte que l'accident se pro­duisit à 20 mètres, amplement, de l'en­trée-sortie de la gare; que le voyageur parvint encore à teJ;Ups sur le quai, c'est­tl-dire le train étant enc01·e à l'arrêt; que vraisemblablement il hésita par trop avant de s'embarquer et sauta finalement dans le train en marche, d'ou la chute));

Attendu que le train s'ébranla en gare de Gingelom a vee une minute de retard

(déclaration de Lismout à la gendarmerie de Borlo, procès-verbal no 51);

Attendu qu'il se décluit de la confron­tation de ces divers éléments de fait que : 1° J. Sterkendries accécla au quai ü l'heure et de façon réglementaire; 2° faute d'avoir prêté au mouvement des voyageurs une attention suffisante étant clonné les circonstances horail·es et atmo­sphériques, Je persounel clirigeant le con­voi donna le départ, .J. Sterkendries se trouvant sur le quai; ~o la victime tenta de monter dans le train en marche après que le signal clu départ fut donné, ce qui n'est nullement contesté cl'ailleurs;

Quant à la responsabilité : I. La responsalJilité contractuelle : Attendu que le contrat de transport,

consensuel, synallagmatique, commutatif et onéreux (STEVENS et HENNINGJ Le con­trnt de trnnsportJ nos 10 et suiv. et 874), est parfait par l'acquisition et la déli­vrance du titre de transport; que son exécution toutefois est suspendue jus­qu'au moment ou le voiturier prenel en charge l'objet du transport (ibicl.J n° 17);

Attendu que dans le cas du transport de persounes cette prise en charge, qui peut précéder 1' acquisition du titre de transport (tramways et vicinaux), débute par l'accession du voyageur dans l'engin de transport (ibicl.J n° 889; Bruxelles, 1er avril 1914, rapporté par GIÉRARDJ Des ncciclents S'lli/''V6n/ll8 wux person'IWSJ et les nos 202 et 203; 31 décembre 1906, P. P., 1907, 124; 6 janvier 1933, Belg. jucl.J 1933, col. 235; Liège, 13 octobre 1937, PAsrc., 1937, II, 175; 10 juillet 1942, ibicl.J 1943, II, 17) ; qu'à partir de eet instant, en effet, le voyageur s'en remet au transpor­teur pour la direction de sa personne et pour sa sécurité; que, jusque-là, le voya­geur a notamment le choix du wagon, comme ce fut le cas pour J. Sterkendries qui s'en alla chercher son compartimÉmt ä 20 mètres de l'entrée de la gare et vers l' arrière du train ;

Attenclu que 1' alJanclon par le voyageur de sa lilJerté de mouvement justiiie la responsabilité édictée par l'article 4 de la loi clu 25 août 1891 (GÉRARD, n° 200, p. 142) ;

Attenclu, cependant, qu'il n'appartient 11as au voyageur cl'aggraver par sa seule volonté les obligations clu transporteur (GÉRARD, n° 205) ; que l'on ne peut clone étenclre la garantie légale (Pnncl. belges, vo Oontmt (Ze transport [matière civile],

'fRIBtJNAUX

1i0 48bis), notamment au cas ou, mécon­naissant les règlements prescrits pour Ie transport dont ils constituent les condi­tions, Ie voyageur, au mépris des règles de la plus élémentaire 1n·udence, se pré­cipite inconsiclérément clans une voiture en mouvement, imprudence qu' augmen­tent encm·e les intempéries;

Attendu que l'article 6 de l'arrêté royal du 4 avril 1895 interdit à l'usager de monter clans les voitures lorsque Ie train e8t déjà en marche ;

Attendu que la faute de la victime con­stitue essentieHement la cause étrangère

· qui exonère Ie transporteur en applica­tion de l'article 4 de la loi du 25 août 1891 (STE\'ENS et HENNING, n° 903) ;

II. La responsabilité ew deUct,u :

Attendu que Ie demandeur J. Sterken­dries accéda régulièrement au quai de la gare; que l'explication fournie par lui quant à !'absence de poinçonnage n'a pas été contreclite; que cette absence de mar­que de contröle est pour le moins autant le fait de Brugmans, préposé de la défen­deresse, qui connaît de vue la victime à laquelle il livra l'accès du quai;

Attendu que l'accès du quai donnait au transporteur l'obligation d'exécuter Ie contrat, de transporter J. Sterkendries par le train pour lequel il se présentait et clans lequel il avait contractuellement Ie droit de s'embarquer;

Attendu que l'on pourrait imputer à faute au persounel du convoi d'avoir or­donné Ie départ avant l'embarquement du dernier voyageur on, à tout Ie mojns, de n'avoir pas exercé, conjointement avec le persounel de la gare, un contröle suffi­sanunent vigilant sur Ie quai d'embar­quement;

Attendu, toutefois, que Ie train 4014 vartit avec retard, selon déclaration non contredite du facteur de station Lismout; qu'à tort, par conséquent, Ie demandeur J. Sterkendries prétend tirer argument d'un départ prétendument prématuré; qu'en effet, l'horaire, autre condition du contrat de transport, connu clu public, a force obligatoire et s'impose pour et contre le transporteur (STEVENS et HEN­NING, U 0 880) ;

Attenclu, par ailleurs, que la prétenclue négligence clu persounel de la cléfende­resse est sans relation causale avec le préjuclice subi par la victime (Liège, 1er février 1913, Journ. tr,ib., 1913, 399); que la victime avait pour obligation

stricte et primordiale de veiller à sa pro­pre sécurité (Yoy. Bruxelles, 14 octobre 1932, cité ci-dessus), quelle que fût la tentation résultant soit de l'allure ré­duite lors de l'ébranlement du convoi, soit de la possibilité offerte par la porte ouverte, laquelle eût pu coincer brutale­ment l'imprudent ou lui faire lacher prise en se fermant; que l' accident fut produit !)ar le mauvais réfiexe de la victime et non par des circonstances extrinsèques telle la non-fenneture instantanée d'une porte à glissière inoffensi ve pour un voyageur attardé demeurant sur le quai;

Attendu que le transporteur ni ses pré­posés n'ayaient à prévoir la faute de Ia victime; que cette faute, au surplus sanc­tionnée par une disposition pénale, ne constitue millement une suite nécessaire du départ du convoi; que, le signal de départ étant lancé, J. Sterkendries avait i'.t s'abstenir de toute entrel)l'ise dange­reuse;

Attemlu, enfin et encore, que le départ intempestif ou donné prématurément n'eût constitué de la part du transpor­teur qu'une méconnaissance de ses obli­gations contractnelles ne !'exposant qu'aux dommages et intérêts prévus et prévisibles lors de la condusion du con­trat;

Attendu qu'aucune faute n'est établie dans le chef de la défenderesse;

Attendu, ainsi, que l'offre de preuve formulée var le demandeur J. Sterken­dries est superfétatoire; que le fait allé­gué n'est ni vertinent ni concluant;

Par ces motifs, rejetant toutes conclu­sions autres on contraires, statuant con­tradictoirement, vu les articles 4 et 41 de la loi du 15 juin 1935 sur l'emvloi des langnes en matière judiciaire, joint les cmlSes inscrites au röle général S'ztb n1t­meris 50967 et 50970 ; déclare les actions reeevables mais non fondées; en consé­quence, déboute les parties demande­resses de leur action; les condanme aux dépens.

Du 3 janvier 1956. - Tribunal civil de Bruxelles. 28 eh.- Prés. M. Stocquart, vice-président. - Pl. MM. Laurent-Neu­prez, Julsonnet (tous deux du barreau d'appel de Liège) et De Vis.

2o JtJkiSPRUbE:NCE DE BELGIQUE

'1'1\IBPNAL CIYH.J I>El 'J'OFRNAI

14 déce:mbre 1955

iHDCONNA!SS.ANCE DE PA'l'ERNITÉ. ~ .ANNULATION POURSU!YIE PAR LE MINIS­

T~;RE Pt:BLW. -- HEUEI'ABILlTf: DE L\\CTION.

I/nrt,icle 339 cln Oocle ci,vi,l 1·econnnU le rlroU lle conteste1· ln reconnwisswnce lle pnter'll-ité à tons eeuw q'll i, :11 ont intérêt. L'wrticZe 46 cle let lol cln 20 nvril 1810 clonne a;n 'ministère 1Jllblic le llroU cle powrSII'Î'V'I'e cl'ojjice l'ewéc11tion lles j'llge­uwnts clwns les ä·lspositions qwi inté,res­sent l'onlre 1JII1Jlic. Il }Jent agi'l' cl'ojfice po·nr mettre fin, ä cles mwnwwvres q·wi temlmient à j'cû·re pe'l'(lre to1t.fe ejjica­cité wnw }n!fements rend1t8 e·n 'lnatière lle déchéwnce äe 1JIIÏ88ance tmte•rnelle.

(PROCUREUR DU ROl, C. PUllNODI•;

ET PlE8SEVkGX.)

,JUGEMI~N'l' ..

LE TRIBUN AL; - Vu le jugement rendu sur requête le 28 juin 1955 clési­gnant l'avocat Piessevaux en qualité cle reiH'ésentant légal acl hoc de l'enfant .T enn-Pierre Purnode ;

Vu l'on1onnance <.Ie référé rem1ue le 11 juillet 19iJG ;

Vu l'ajournement Hignifié le 1er juillet 1955 ä Purnode et it l'avocat Piessevaux qulûitnte qna,·

Vu l'exploit de réassignation signifié le 11 octohre 19GiJ conformément ü l'arti­cle 153 dn Code de procéclure civile;

Vu les conclusions des parties; Attem1u que l'action tencl i'l entenclre

(lire nnlle et de nul effet la reconnais­sance par .Alfret1 Purnocle, premier défen­deur, de la paternité üe l'enfant Jean­Pierre-Am1ré-Alhert mis an mon<le it Et­terbeek le 1:1 juillet 1942 par Jenny Ros­tenue, reconnaissance actée le 12 mai 1955 var l'01fficier cle l'état civil d'Etterlleek;

Attendu qu'il n'est pns contesté que .Tenny Hostenne était célibataire à l'éDo­que; qu'ayant vn, vers le mois <1e jan­Yier 1943, <.lans un journnl nne annonce mise Dar le premier défencleur qui offrait de vren<h·e en pension tout pnfant qui lui Herait confié, elle se mit en rapport avec lui et lui confia l'enfant le 11 janvier 1943; qu'elle signa même m1 eontrat <1'almndon d'enfant;

Attendu qu'il est constant que le pre­mier défendenr, ancien cnré clans le clio-

('èse <1e Namur, était <1{ijü it cette êpoqu~ inü~r<1it de tout ponYoir var les autorités pcclésiastiques; <1ue, dans la suite sur­tout, il menn une Yie errante et pen <1igne, nun·tluée notmument par c1i verses condamnutions pour faux, escroquerie et vort illégal <.1'uniforme;

Qu 'il Yi vait et Yit eneare en compagnie d'une ft•mmc divorcéc et d'un confrère ü l'égan1 duquel les nutorités ecclésiasti­lJUes a nlient prh; des sanctions moins en raison de sa conduite personnelle qu'en raison de sou obstination ä vivre en com­pagnie du premier défendeur;

Attenc1u qu'il apparut que le milieu c·<mstitné lHil' cette étrnnge communa-nté non seult~ment n'était pas favorable à l'édnea ti on et it la formation morale du jeune .Jean-Pierre, mais qu'en outre ce liernier n'y receYait pas l'instruction qui nnrait <.lfl lui être <1onnée;

Attendu que des démarches furent alors entreprises vour mnener J enny Rostenne il retirer son enfant de la garde dn pre­mier défendenr; qu'elle s'y refusa;

Qn'en raison de ce refus, qui marquait une négligence grave dans l'accomplisse­ment <le ses obligations légales, .Jenny Hostenne fut exclue des droits de la puis­Hnnce vaternelle par jugement, aujour­d'lmi définitif, rendu le 30 avril 19G4 par le trilmnnl de première instanee de Bru­XPllPH;

Attendn que, le ~ juillet 1954, le conseil <1e famille désignn en qualité cle tutenr un Hieur .Tean-.J oseph Rostenne;

Attem1n que, dans l'exécution l1u juge­ment et de la décision du consen de fa­mille, les autorités judiciaires et ledit .J ean-.T oHeVh Hostenne se heurtèrent aux plus gramles dilfticultés nées clu refus du premier <.1éfendeur de se soumettre aux <lécisions prises à l'égard de l'enfant;

t2ue le dernier moyen employé par le 1n·emier <.léfendeur ponr faire échec aux déeisions vrises fut la reconnaissance at­taquée en la présente instanee;

I. Quant à la recevabilité de l'action : Attem1u que 1<.~ défendeur conteste au

ministère 1mhlic le droit d'agir en cantes­tntion (1'nne reconnaissance de paternité;

Qu'il se fonde sur une certaine doctrine suinmt lnquelle il s'agit là cl'une matière exclusiYement pnyee, ou sont en jeu l'honneur et le repos des familles;

.Attendu que ln loi est fort large en cette matière; que I' nrtiele 339 du Code civil reconnaît le droit de contester la

TRIBUNAUX 2'1

reconnaissance ~t tous ceux qui y ont intérêt;

Attendu que l'article 46 de la loi du 20 avril 1810 donne au ministère public Ie droit de poursuivre d'olffice l'exécution des jugements dans les <1ispositions qui intéressent l'ordre public;

Attendu que In loi clu 15 mai 1912, qui organise ln déchéance de la puissance paternelle, intéresse l'orclre ]mblic;

Attendu qu'il en n'suite <}Ue le minis­tPre public peut agir d'olffice })Our mettre fin ü des manamvres qui tench·aient à faire perdre tóute elfficacité aux juge­ments remlus en cette matière;

Que tel est bien le cns en l'esvèce; que l'action est dès lors receyable;

IT. Au fond : Attendu qu'il avpartit-nt au ministère

public de prouver que ln reconnaissance attaquée nP corrt-spmul pas à la réalité des faits;

Qne la loi n'e,xige pas de mode spécial <lP vrenve; qne cette preuve 1wut clone être apportée par toutes voies de clroit;

Attendu qu'il résulte des éléments pro­<lnits aux <lébats Pt qu'il n'est en outre pas contesté par Ie premier cléfencleur, qn'il ne connut l'existeuce de .Jenuy Ros­tenue Pt de l'enfant qu'elle avait mis au monde <]n'en jauviPr 1943, soit environ six mois a})l'ès la nnissauce tle l'enfaut;

AttPmlu que le premier défendeur sou­tient qu'il ne s'oecupa de l'enfant que pour le plnl:-l grand bien de celui-ci, qu'il lui n tonjours <lmmé lt-s soins les plus <lésintéressés Pt qu'aucun rt-proche ne pt-ut être fait quant h l'éclncation <~t l'E•n­tretien de l'pnfnnt;

Attemln qnP ces consi<lérations sont <léuuées de IH'rtineuce; qu'il n' appartient pas nu trilrnunl snisi de In présente ac­tion d'examiner si Ie jugement de dé­ehéunce prononeé contre .Jenny Rostenne fut rendu à juste titre ou non;

Attendu qu'il est constant que ce juge­ment de déchénnce est fondé sur le fait que .Jenny RostennP s'obstinait à ·laisser l'enfant entre l<'s mains clu premier dé­fPndeur;

Qne, In reconnaissnnce de paternité par Ie premier défendenr étnnt, d'une part, contraire i\ In réalité des faits, cl' nutre part:, de nature ü faire échec à ce juge­ment, il en résnlte que In présente action est fondée ;

Attendu qne le secoud défencleur qnaU­tcäe qun s'en réfère ä justice;

Par ces motifs, statnant contradictoire­ment, vu les articles 1er, 9, 34 à 37, 40 et 41 de la loi du 15 juin 19él5, écnrtant toutes autres conclusions, dit qu'est m1lle et <le nul effet la reconnnissance, par Al­fred PurnodP, de pnternité dP l'enfnnt .Jean-Pierre-André-Alhert, mis nu monde

. h Etterlleek Ie 13 juillet 1942 par .Jenny Hostenne, rf~eomwissnnce netée Ie 12 mai 1935 par l'olfficiPr <Ie l'état civil de cette c·ommune; <lit qne Ie dispositif du présent jugemPnt sera trnnscrit dans les registres elP l'état ciYil d'Etterbeek et qu'il en sera fait mention <lam; lescUts registres Pn marge de l'acte fle nnissance, dressé Ie 14 juillet 19-!2, de l'enfnnt susvisé; dit <In'il sera défendn <lésormais de délivrer eXl)éclition, extrait on copie duclit acte de naissnnce portant mention de la recon­naissanee nnnnlée; comlamne Ie premier <léft-ndPnr nnx fraiK t-t dépem; <le l'in­stnnce.

Dn 1-! décPmllre 1955. - Tribunal civil <le 'l'ournai. Prés. M. Deschamps, pré­siclEmt. - Min. JJIIbl. -:\1. Mallié, substitut <ln l)rocureur du roi. ~ Pl. Ml\1. Otte (du llarrean d'Au<1Pnnn1P) et Piessevnux.

TRIBUNAL CIVIL DE NIVELLES

27 février.l956 COMMODA'l'. - IMPENSES. - HÉPÉ'l'l'l'ION.

- CoNDI'rioNs.

L'arm.nrJement de famille }mr lequel 11n père concècle rtrntuUement 11n moulin ((, sn fille et à son ye·ndre, po11r l'lw7Ji­ter et l'exploiter, s'wnnl!Jse en un coln­moflnt et, dès lors. les impenses n)Jant le cnractère cle dépensel'! d'usa.ye 'lW

penvent f3trc répMées contrc le proprié­taire de l'Immeuble.

(KAISIN, C. !'ARTS.)

,JPGEMEN'I'.

LFJ 'l'IUBUNAL; - Vu. enregistré, 1' ajournement dn millistpre (}p l'hnissiPr Henri Georges, <lP .TO<loigne. en dntP fln 8 mars 1954, t-nst>mhle les conclusions l)l'ises et dt'Yeloppées par les parties;

Attem1n qup la ])]'o(·éclnrP PRt régu!ièrf~

en la forme c~t <JU<' l'nction Pst receYahle;

Au fona : Attemln que l'actiou tencl ü la condum-

22 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

nation du défendeur au payement d'une somme de 150.000 francs, portée en con­clusions à 200.000 françs, du chef de tra­vaux effectués par le demandeur, à titre cl'imDenses néeessaires et utiles, dans un immeuble appartenant au défendeur ;

Attendu que la situation de fait est la suhante :

Le demamleur oecupa la maison et le moulin cln défendeur en 1942, à l'époqne ou il contracta mariage avec la fille de ce dernier; la machinerie dn moulin étant vétuste, le üemancleur la remplaça; ayant quitté la maison en 1952, le demancleur réclame au üéfendeur le profit que f:e dernier en retire, en inyoqutmt la théorie des impenses;

Attendu qu'il échet, de prime abord, de déterminer la nature du contrat qui s'est formé entre parties lors de l'occupation de l'immenble par le demandeur;

Attendu que le défendeur prétenclit y voir un contrat de bail, ce qui fut for­mellement contesté par le demancleur lors d'une action introeiuite devant le juge de paix dn eauton de J odoigne, à la requête cle l' actnel défendeur, action qui tendait à faire condamner le demandeur au paye­ment d'une somme de 109.000 francs ä ti­tre de loyers échus;

Qu'en date du 16 octobre 1954, le sustlit juge de paix, consacrant la thèse du de­mandeur actuel, déclara que « les liens cle parenté unissant les parties et 1' ab­sence de toute réclnmation pendant mw clizaine cl' années font présmner 1' exis­tence d'une convention clifférente d'un bail )) ;

Attendu que le juge de pai:x n'avait I)Üint à cléterminer la nature du contrat qui liait les parties, clès l'instant ou il était saisi cl'une action en payement de loyers et que celle-ci s'avérait non fon­tlée; qu'il échet toutefois de ravpeler que l' actnel demandeur wffirma alors dans ses conclusions que son occupation trouvait son fondement juridique dans un contrat cle commodat qui lui fut consenti en rai­son de son mariage a vee 10- fille · cl u défen­cleur;

Attendu que le tribunal estime que la convention née entre parties s'identifie indubitablement avec le commodat tel qu'il est défini par l'article 1875 du Code eivil : un contrat par lequel l'une des parties livre une chose à l'autre pour s'en servir, à la charge par le preneur de la renclre après s'en être servi;

Attenclu que <<!'arrangement de fa­mille )) qui fut conclu en 1942 présente tous les caractères du contrat de commo­dat : unilatéral, réel, essentieHement gra­tuit, conclu en principe i'ntnitu personae (DE PAGE, t. V, ll0 116)' n'établissant pas une simple clétention précaire à titre de simple tolérance (iblcl._. t. V, no 115, 4°), le juge pouvant, en l'absence de terme convenu, orclonner la restitution de la chose prêtée suivant les circonstances, aux termes de l'article 1889 du Code ei vil;

Que ce dernier caractère est également conforme à l'esprit des « arrangements de famille JJ, Ie bien étant restitué - s'il y échet - « suivant les circonstances 11,

qui pe1went être la mésentente, l' ou ver­ture d'une succession, la sauvegarde cles intérêts des autres enfants, etc. ;

Attendu que, la nature de la eonvention qui s'est formée entre parties étant fi:xée, les articles 1886 et 1890 clu Code civil rè­glent la question des impenses cl'usage et des impenses uécessaires et nrgentes faites pour user cle la chose ou pour la conserver ;

Attenclu qu' aux termes cle son ajourne­ment, c'est en vue de « jouir clu bien )) suivant sa clestination que le demandeur a renouvelé le matériel; qu'il s'agit bien en l'espèce de dépenses cl'usage, les­queUes, selon le prescrit de l'article 1886 clu Cocle ei vil, ne penvent être répétéeR;

Attenclu qu'aux termes de l'article 1890 du Cod(~ ciYil, la répétition des clépenses nécessaires et urgentes n'aura lieu que si le 11rêteur n' a DU être prévenu ; que tel n'est pas Ie ens cle l'espèce puisque, selon les conclusions clu clemancleur, Ie prêteur hahitait la maison contignë au moulin;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, ouï le ministère public en son avis conforme, clonné à l' au dienee cl u 20 fé­vrier dernier par l\f. Lurquin, substitut clu procureur clu roi, écartant comme nou fondées toutes conclusions autres, plus nmples ou contraires, reçoit la clemande et la cléclare non fondée ; en cléboute le demancleur; donne acte au cléfencleur de la mise en clemeure par lui faite au de­mancleur cl' a voir à enlever le matériel placé par lui clans l'immeuble, propriété dn défendeur ; condmnne Ie clemancleur au:x clépens.

Du 27 février 1956. Tribunal civil de Nivelles. - i'l'iég. M. Semal, juge unique. - Min. publ. M. Lurquin, substitut du

TRIBUNAUX 23

procureur du roi. - Pl. 1\iM. Jeurissen et Piette (celni-ci du barretUl de Namur).

TRIBTJNAL OIYIL D'YPRES

22 septmnhre 1954

DROIT FISCAL. - CON'l'RAIN'l'E. - AB­SENCE DE SOM.MA'l'ION-CON'l'HAIN'l'E PRÉALABLE. - NULLI'l'É DE LA CON'I'HAIN'l'E E'l' DE LA SAISIE-EXÉCU'l'ION.

La. contrainte est JH!lle, de même que la saisie-emécut1on qtti Z'n su.ivi·e, si l'ad­m·inistraNon n.e prouve pns qu.'elle a Si[JIIijié préalablement une sommatiun­contra.Inte, et, si elle 11c justifie pas de l'·nl·,qe·nce.

(VAN DE Pl~T'l'E, C. RECEVEUH DES CON'l'HIRU'l'IONS DIRECTES.)

VONNIH (1).

DE RECHTDANK; - Gezien de inld­dende dagvaarding betekend door deur-

(1) 1'raduction.

LE TRIBUNAL; -Vu l'exploit introductif d'instance signifié par l'huissier Van Cappel, d'Ypres, Ie 4 janvier 1954.;

Vu les autres pièces de la procédure; Entendu les parties en leurs moyens et con­

clusions, développés en langue néerlandaise; Attendu que l'action du demandeur tend à

entendre dire pour droit que la contrainte ?~. lui signifiée Ie 1" juillet 1953 et la saisie­exécution pratiquée Ie 28 décembre 1953 à la requête d u premier défendeur sont nulles, qu'en conséquence Ie demandeur sera déchargé de la contrainte et que Ie premier défendeur sera tenu de .donner mainlevée de la saisie dans les vingt-quatre heures de la signification du jugement à intervenir, à défaut de quoi le jugemeut vaudra mainlevée; en ordre sub­sidiaire, à entendre dire pour droit qu'il ne pourra êt.re procédé à aucune mesure d'exécu­tion tant que ne sera pas intervenue une déci­sion définitive quant à la débition des sommes réclamées; en outre, à entendre condamner Ie premier défendeur à payer au demandeur, à iitre de dommages-intérêts, .la sonune de 5.000 francs, avec les intérêts judiciaires, ainsi qu' au payement des frais de l'instance, y com­pris ceux de la contrainte et de la saisie­exécution;

I. Quant à la recevabilité :

Attendu que les défendeurs soutienneut que

waarder Van Cappel te Ieper op 4 januari 1H54;

Gezien de overig!i' stukken van het ge­tUng;

Gehoord partijen in hun middelen en con­clusies, ontwikkeld in de Nederlandse taal;

Aangezien cle yor(}ering van pist>r er toe strekt tp Iloren zpggpn voor recht dat het dwangbPvel nnn verzoeker betekend ov 1 juli 1H33 Pn llPt uityoereiid be::üng gelegd op 2S december 1!15il ten verzoeke van ec~rste verwperder nietig zijn; clieiJSYol­g.pns te horen zeggPn dnt eiser van gezegd clwangbevel ontslagen is, Pn dat binnen de vier Pil twintig uren Y::maf de betekPniug nm hPt tllSHen te kennen vonnis, ePrste venveerder zal gehouden zijn het beslag op te heffpn Pll bij gebrPke hiervan lwt vonnis voor handlichting zal geldPn; in bijkonwnde ordp tP horpn zpggpn dat niet zal mogen overgegaan word-en tot enige uitvoering totdnt er cl.efinitipf en zonder verhaal een beslissing zal getroffen zijn nopens hPt werkPlijk verselluldigcl zijn Yan de gPvorderelP bedragen; daarenbo­vpn eprstP verweerder te horpn vproor­<lelen om ann eiser te betnlt>n ten titel van selwdevergoeding de som nm 5.000 frauk

l'opposition n'est. pas reeevabie parce qu'elle n'est dirigée ni contre l'Etat belge, ni contre le Ministre des finances, et que Ie premier dé­fendeur, assigné en nom propre, n'a accompli aucun acte dans la cause;

Attendu que c'est Ie receveur des contribu­tions qui est, en vertu des articles 6 et 10 de la loi du 15 mai 1846, chargé et responsabie de la perception des impóts;

Que l'action dirigée contre Ie premier défen­deur est dès lors reeevabie;

II. Au fond :

Attendu que le demandeur fait valoir que les prescriptions des art.icles 53 et suivants de l'arrêté royal du 22 septembre 1937 n'ont pas été observées, qu'il n'a pas reçu de somma­tion-contrainte, ce qui entraînerait la n.ullHé de la contrain te et de la saisie;

Attendu que Ie premier défendeur, bien qu'il soutienne qu'une sommation-contrainte fut envoyée au demandeur le 6 septembre 1949 pour l'e:x:ercice 1948, rappel de clroits de 1941 à, 1945, et Ie 6 septembre 1949 pour l'exercice 1948, n'apporte aucune preuve de cette alléga­tion; qu'il ne peut dès lors être vérifié si la sommation-coi.ltrainte fut envoyée au deman­deur dans la fm·me prévue par l'article 57 et reçue par lui;

Attendu que Ie défendeur se déclare dans l'impossibilité de produire la preuve de l'envoi reconunanclé et que la poste, en raison de la

JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

met de rechterlijke intresten en tot beta­ling der kosten van het geding met inbe­griv der kosten van het dwangbevel en uitvoereml beslag;

I. Ontvankelijkheid : 0Yenvegende cla t verweenlers orrwerven

dat hPt verzet niet ontvankelijk is daar het niet geYoer(l is tegen de Belgische Staat noch tegen de Minister van finan­c-iën en dat eerste venveerder, in eigen naam gedagTaard, ter zake geen enkele daad het•ft gesteld;

0Yenvegenc1e dat het lle ontvanger der belastingen is, die krnchtens artikelen 6 Pn 10 der wet v nn 1;3 mei 1R46, gelast is met, en yerantwoordelijk is voor hc't innen der bedragen

Dat de vordering gericht tegen eerste Yenv.eerder clerhnlve ontnmkelijk is;

I I. Ten gro11<le : ()yerwegende clnt eiser lnat gelden dat

de Yoorschriften voorzien in artikel 53 en Yolgencle nm het koninklijk besluit van 22 september Hl37 niet nageleefd zijn, dat eiser geen dwangaanmaning heeft ontvan-

destruction des archives, ne peut en donner confirmation;

Que ce soutènement ne peut être considéré conm1e sérieux et ne sublève pas le premier défendeur de la charge de prouver l'observa­tion des dispositions légales;

Attendu que ladite preuve ne pourrait ré­sulter des copies produites par le défendeur, celui-ei n'étant, en efl'et, pas autorisé à se constiluer une preuve à soi-même;

Attendu que, bien que la sommation-con­t.rainte constitue un acte purement adminis­tratif, échappant au controle du pouvoir judi­ciaire, il y a cependant lieu, pour le tribunal, de rechercher, en vue d'apprécier la validité de la contrainte, si la procédure administra­tive a été respectée;

Attendu que, sauf cas d'urgence, une con­trainte n'est valable que si elle a été précédée d'une sonnnation-contrainte (art. 59, al. 2); qu' en 1' espèce l'urgence n' est toutefois pas établie;

Attendu que la contrainte du 1"' ju_illet 1953 et la saisie-exécution du 28 décembre 1953, signifiées au demandeur, sont par conséquent irrégulières ;

Attendu que la somme de 5.000 francs, ré­clamée à titre de dommages-intérêts, ne peut être allouée, ni la mauvaise foi du premier défendeur ni l' existence d'un préjudice dans le chef du demandeur n'étant établies en l'es­pèce;

Attendu que le demandeur sollicite la sus­pension des mesures d'exécution jusqu'à ce

gen, "\Vat de nietigheid medebrengt van het l1 "\Vangbev·el en de inbeslagneming ;

Overwegende dat eerste verweerder, alhoewel hij beweert clnt een clwnngn::m­maning werd ODgestuurd aan eiser op 6 september Hl.JJl voor het dienstjaar 194R, navordering 1941 tot 1!J!5, en op 6 septem­ber HJ49 voo1· het dienstjaar Hl48, hij hiervan het be-vvij~ niet voorbrengt, zodat niet kan nagegaan worden of de chvang­aanmnning aan eiser werd toegestuurd in de vorm voorzien bij artikel :37 en door ei.ser werd ontvangen;

Overwegende cl at verweereler be"\veert (lat hij het bewijs dier aangetekende zen­ding niet kan voorleggen, en de post,· we­gen:-; vernietiging van het archief, hiervan geen bevestiging kan geYen ;

Dat deze bewPring niet als ernstig kan weerhonden worden en een~te verweerder niet ontslaat van cle bewijslast van cle na­leYing clPr wettelijke voorschl'iften ;

Overwegende dat cle voorgebrachte af­schriften het bewijs hiervan niet leYeren, (laar immer~ verweereler zich zelf geen bewijs kan verschaffen;

qu'il sera définitivement statué sur son recours conke l'imposition;

Attendu que l'art.icle 68 de l'arrêté du Ré­gent du 15 janvier 1948 dispose que l'introduc­tion d'une réclamation ne suspend pas l'exigi­bilité de l'impó [; ou des intérêts et que c' est dans des cas spéciaux seulement que le direc­teur des contributions peut faire surseoir au recouvremeut; qu' en outre, aux termes de l'article 6:3 de l'arrêté royal du 22 septembre 1937, seule une réclamation quant à la forme peut suspendre l'exécution;

Attendu qu'il . ressort de la copie, produite, de la réclamat.ion adressée au Ministre des finances le 23 juin 1954, donc en com·s d'in­stance, que cette réclamation portait sur le fondement des cotisations et ne s'appuyait partant pas sur un vice de fon;ne;

Par ces motifs, statuant contradictoirement, entendu en son avis conforme, donné en au­dience publique, M. Soenen, substitut du pro­cureur du roi, écartant toutes conclusions plus amples ou con traü·es cormne non fondées, dit pour droit que la contrainte signifiée au de­mandeur le 1" juillet 1953 est nulle et que le demaudeur en est déchargé; ordonne que mainlevée sera donnée dans les vingt-quatre hem·es de la signification du présent juge­ment, de la saisie-exécution faite le 28 décem­bre 1953 et dit pour droit qu'à défaut d'ob­tempérer cette signification vandra mainlevée; condamne le premier défendeur aux frais de l'instance, y campris ceux de la contrainte et du procès-verbal de saisie; déboute du surplus de la demancle.

'fRIBUNAUX 25

Overwegende dat, alhoewel de dwang­aanmaning een zuivere administratieve akte is, die ontsnant aan de controle van de rechterlijke macht, de rechtbank noch­tans dient na te gaan of de administra­tieve proeetluur wel'(l nageleefd om de gel­digheid van het d·wangbevel te beoordelen;

Overwegende dat het dwangbevel slechts gt'ldig is wanneer voorafgaandelijk een <lwangaanmaning ·werd gegeven, behou­<1ens hoogdringendheid (art. 59, al. 2) ; dat echter ter zake de hoogdringenheid niet is bewezen ;

Overvvegende dat derhalve hc>t dwang­hevel van 1 juli Hl,53 en het uitvoerend beslag van 2S december 1953, aan eiser betekend, onregelmatig zijn;

Overwegende clnt de gevordert1e schade­vergoPt1ing van 3.000 frank niet kan toe­gd~:elHl worden daar ter znke noch kwade trouw van eerste verweerder noch schade bev,rezen is ;

Overwegende dat eiser de opschorsing vordert der uitvoeringsmaatregelen tot ·wanneer definitief over zijn verhaal te­gt>n <h' :Hmslng znl beslist zijn;

Overwegende dat artikel 68 van het Re­gentsbesluit van 15 januari 194g bepaalt dnt het indienen vnn een bezwaarschrift c1e invorderbaarheid van de belasting en van de intresten niet sdwrst en dat alleen in bizom1ere gevallen de directeur der be­Jm;tingPn <1P h1vorderh1g mag schorsen; clat clnnrpnlJoven artikel 63 van het konink­lijk besluit van 22 september 1937 be­sdükt dat alleen een bezwaarschrift no­pens de vorm t1e tenuitvoerlegging knn schorsen ;

Overwegende t1n t het blijkt uit het voor­gebrachte afschrift van het bezwaar­schrift o]) :w juni HJ5J, dus lolwnde het geding, aan de heer Minister van finnn­cHin overgemaakt, dat het bezv1raar vnn eist>r alleen g·eriellt is tegen de grond der aanslagen en niet steunt op enig vorm­gebrek;

Om deze redenen, rechtdoende op tegen­spraak, gehoord de heer Soenen, substi­tuut-procureur des konings, in zijn eens­luidend advies, gegeven in openbare te­rechtzitting, alle yerdere en tegenstrijdige hesluiten als ongegrond verwerpende, zegt voor recht dat het chvangbevel aan Piser betekend op 1 juli 1D5X nietig is en eiser er van is ontf.üagen; beveelt de ov­he,ffing vnn het uitYoerewl beslag gelegd op 28 december Hl5i3 binnen de vier en twintig uren vanaf de betekening van dit

vonnis en, bij gebreke hieraan te voldoen, zegt voor recht dat cle betekening voor hnndliehting zal gelden; veroordeelt eer­ste venveereler tot de kosten van hl•t geding met inbegrip der kosten van het dwangbevel en vnn het proces-verbaal van inheslagne>ming; ontzegt het meergevor­derde als ongegrond.

Du 2:2 sevteml>re HlGJ. - Tribunal civil d'Ypres. - Prés. l\I. Matton, président. - Jiin. tJII7Jl. M. Biebuyck, snbstitut du procureur dn roi. -- PL MM. van der Mersch et Omnerlyn('k.

THIBUNAL OIVIL DEJ TOURNAI

22 décentbre 1955

1" DONATIONS. - DoNATION DÉGlTISÉE. HECOXNAIRSANCE D}i; DE'l''l'E DANS UN TES'l'A­MEN'l', - l'nf<;HO~IPTIOI\' DE LJBÉRALI'l'É.

2° PHEPVE. - PAPlERS DOMES'l'IQUES. MODI<; DE J>HEUVE. OONDI'I'IONS.

1 o Lorsqu' une reconnaissance de dette est consiunée (lans un testament, il y a pré-80mptfon que Ie testateu'/' a S'l>m'lllé 'U.n ncte à titre onérewn pour déguisC'/' son intention cle .rJratijier et que la llette ainsi, reconnue n 11n cn-rnctè1·e jict-if.

Oettc présomption de Ubémlité pe,nt être com7Jnttnc pnr les hèritiers à l'aide cl'élrhne-nts wutres que cewn conteiMI8 dans lc tm;tnmcnt.

~" Les pa,piers rlomestiques ne penvent Nre nelmis CO'mme nwde clc p·reu,Pe q,u'à rlewn conditions : 1° que la loi wuto,ri8e ln p rewve testiJJIO'IÛale; 2° qn'ils cmn­plète-nt '1/?W preure qui ne rés'nltcrait pas enNèremcnt (l-'nutre8 élém.ents pro­(Z,uits.

(YAL, (J, ALLAlm E'l' CONSOR'l'S.)

JUGEMENT.

LE 'rlUBUNAL; - Vu l'assignation <lonnée nux cléfendeurs var exploit enre­gistré de l'hnissier Delvigne, de Péru­welz, en date du 29 a vril 1955 ;

Vu les conclusions cles parties; Attendu que 1' action tend à entendre

(·mulamner solidairement les défendeurs ll rmyer ü la demanderesse la somme de 45.000 francs, avec les intérêts compensa­toires dermis le 6 novembre 1954, ainsi

26 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

que les intérêts judiciaires et les frais et dépens de l'instance;

Attendu que la demanderesse base son action en invoquant une reconnaissance par testament d'une dette de 45.000 fr. à son pro:fit, par feu Georges Allard, dé­cédé accidentenement le 6 novembre 1954;

Attendu qu'une disposition du testa­ment de celui-ci, daté du 25 juin 1954, porte : cc .Je dois à Lucille Val la somme de 45.000 francs que je prie la famille Allard, de Braffe, de bien vouloir rem­bourser, cel a liqÜiclant sa dette en vers moi )) ;

Attemlu que la demanderesse vrétend que cette clisvosition constitlw un legs, la prétendue clette étant :fictive; ·

Que les cléfendeurs font cl'abord remar­quer que les troisième- et quatrième dé­fenclem·s ne sont pas les héritiers du de cn.hr8; qu'ils doiYent être mis hors cause, ce qui est reconnu var la demanderesse; qu'ils préteudent en outre que la clause litigieuse clu testament constitue la re­connaissauce cl'une clette véritable, ainsi que cela résulte des annotations consi­gnées clans un agenda du cle cu,J1ts)·

Attendu que la doctrine et la jurispru­clence considèrent que, lorsqu'une recon­uaissance de dette est consignée clans un testament, il y a présomption : a) que le testateur a simulé un acte à titre onérenx pour cléguiser sou intention de grati:fier; 7J) que la dette ainsi reconnue a un carac­tère :fictif (DE PAGE, t. VIII\ n° 413; t. VIIP, no 999; civ. Bruxelles, 24 no­Yembre 1897, PASIC._, 1898, lil, 26) ;

Attendu que cette présomption de libé­ralité peut être combattue par les héri­tiers à l'aide cl'éléments antres que ceux contenus clans le testament (Pand. bel{!es) yo Reconnnisswnce de rlette) no 38; yo Legs) n° 50);

Attendu que les héritiers tentent de combattre cette présomption par la pro­duction de l'agencla clu (le C1t}'nsJ· qu'il s'agit Jà d'un papier clomestique qui ne peut être aclmis qu'à deux conditions : 1° que la loi autorise la preuve par pré­somption; 2° qu'il complète une preuve qui ne résulterait pas entièrement d'au­tres éléments produits (LAUR.ENT, t. XIX, no 348; DE PAGE, t. lil, n° 828);

Attenclu que l'agencla du (le cu,fus est le seul élément produit à l'appui de leur soutènemeut, par les défendeurs; que, partant, il est insUiffisaut;

Attenclu, clès lors, que la clause liti­gieuse clu testament doit être présumée

comme constituant une libéralité valable (Répert. prat. d1·. belge) vo DonnUons et testn·ments, n° 463, et citations; Tournai, 6 mars 1894, PASIC.J 1894, lil, 220) ;

Attendu aussi que, de par les considé­rations qui précèclent, le serment litisdé­cisoire ue peut être envisagé;

Attenclu que, comme la demande mue par l'assignation tend à entendre con­damner solidairement les défendeurs au payement de la somme de 45.000 francs, cette clemancle n'est pas reeevabie; qu'il appartieut à la clemancleresse de réclamer à l'héritier réservataire et à la légataire universene la clélivrance du legs, confor­mément aux articles 1014 et suivants du Code chil ;

Par ces motifs, vu les articles 1er, 9, 30, 32 à 35, 37, 38 et 41 de la loi clu 15 juin 1935, statuant contradictoirement, enten­du . M. lVIauroy, r>rocureur cl u roi, en son a ''iS en grande partie conforme, écartant toutes conclusions plus amples ou con­traires, cléclare la demande non reeeva­bie; en conséquence, condamne la deman­cleresse aux frais et dépens de l'instance.

Du 22 décemhre 1955. - Tribunal civil de Tournai. - F:f-ié{/. M. Glorieux, juge unique. - M·i .. n. publ. M. Mauroy, pro­cureur clu roi. Pl. l\t{me S. Baguette (dn llarreau d'appel de Bruxelles) et M. Adam.

TRIBUNAL CIVIL DEl NIVEJLLEJS

6 février 1956

1° SOCIÉTÉ. - GÉRAN'l'S ET ADMINIS'l'HA­TEUHS. - ÜRGANES. - CONDI'l'IONS.

2° RESPONSABILITÉ CIVILE. - PER­BONNE ~!ORALE. - ÜRGANE. - RESPONSA, BILITÉ DE LA PERSONNE MOHALE A L'ÉGARD DES TIERS.

3° ACCIDENT DU 'l'RA V AlL. - So­crÉ'l'É. - AcTION DE L'ORGANE EN NOM PER­SONNEL coNTRE UN PRÉPOSÉ. - Lor sun LES ACCIDEN'l'S DU TRAVAIL. - lNAPPLICA­BILITÉ.

1 o Le8 r;érnnts et a.clm·inistrate,un; rle so­ciété 8ont (les or,r;anes qu.i, a.,rtissant rlans le8 limUes cle le11'1' fonction, .<~'üf.en­

tiji.ent n.1'ec la personne m.orale. 2° L'acte accom.pli JHU' l'o·rgnne cl'une

personne 1nornle e8t ei l'égrwcl rle8 tiers l'acte rle la personne mora.le elle-même.

TRIBUNAUX 27

3° Ln clemnncle en réparnUon rZ'm~ clom­mage tonn1tlée en nam pe1·sonnel pnr nn orgnne de leL personne ·morale oontre nn préposé fle oelle-oi, se me·nt hors cln ohnntp (l'npplionUon cle ln loi s·1w les (LOOiclents cln trn·vcûl et est tonclée 8'1/'f l'artiole 1382 cl'll Oocle oiv'il.

(COLLOX, C. HUELLE E'l' GRUGIWN.)

LE TRIBUN AL; - Vu, enregistré, l'ajonrnement du ministère de l'huissier Leclercq, de Saint-Gilles, en date tln 24 mars 1952, avec sa tradnetion en lan­gue néerlandaise;

Vu les rétronctes régulièrement pro­duits, et notamment Ie jugement rendu par le tribunal de ce siège, 4e chambre, le 8 uoyemlJre 1954, ordonnant interroga­toire sur faits et articles de la partie demanderesse Marcene Collon, et le pro­cès-verbal de eet interrogatoire tenn le 21 décembre 1954;

Vu les conclusions prises et développées par les varties ;

A ttencln que la procédure est régulière en la forme et que I' action est reeevabie; que sa recevabilité n'est d'ailleurs r)oint contestée;

Au fond : Attendu que l'action teml à la condam­

nation solidaire des défendeurs Ruelle et Grugeon au pnyement des dommages su­bis par la demanderesse à la suite d'un aceielent clu roulage clont elle fut victime le 13 avril 1951, à Tnbize;

Attendu que, par jugE'ment du 17 no­vembre 1951, dn tribunal correctionnel de Nivellt~s, confirmé par arrêt de la cour cl'appel tle Bruxelles le 2 janvier 1952, Ie cléfendeur Ru~lle a été condanmé du chef de blessurE's involontaires à une peine de 200 francs cl' amende; que eet arrêt constatait notamment que << le pré­venu Ruelle - ainsi d'ailleurs que Gru­geon n' ont pas pris su1ffisamment lem·s ])récautions et ne sont pas restés maîtres de leur vitesse ll;

Attendu que sur action introduite var Rnelle, tendant à faire dire que Grugeon serait responsabie pour partie des consé­quencE's dommagenbles de 1' accident, un jugement du tribunal correctionnel de ce siège en date du 26 janvier 1953, confirmé par arrêt de la cour <'1' appel de Bruxelles du 18 noyembre 1953, décicla que l'entière

responsabilité de l'acciclent incombait à Ruelle et qu'aucune faute, même par­tielle, ne pouvait être :eetenue à charg-e de G rugeon ;

Attendu qu'il est clone définitivement jugé qu'aucune faute on infraction nn règlement sur Ie roulage ne peut être re­tenue à charge du défendeur Grugeon;

Attenclu qu'il résulte de ces décisions, coulées en force de chose jugée, que Ie défendeur Ruelle est responsabie de la collision sunenue à Tubize le 13 avril 1951 et qu'il doit seul en supporter l'en­tière responsabilité;

Attendu que Ie défencleur Ruelle, tout en ne contestant pas avoir commis une faute délictuelle qui a causé Ie clommage, prétend qne la demanderesse et lui-même étaient préposés de la société de person­nes à resvonsabilité limitée << Rati-Bloc )) et qu'en conséquence il est en droit cl'op­voser à ln clemande l'article 19, alinéa .3, de la loi du 24 décembre 1903 sur les aceieleuts dn travail; qn'en effet, cette clisposition légale n'accorde pas le re­com·s de droit commun à la victime de l' accülent lorsque l' auteur de l' accident est 1111 préposé cln même chef d'entre­prise;

Attendn qu'il ressort de l'acte consti­tutif de cette soeiété (cf. annexes cl u JJ1 o­nitewr 1Jelge clu 15 juillet 1950) que la de·· manderesse était gérante de la société de persounes ~~ responsabilité limitée << Bati-Bloc Jl à la date de I' accident; qu'elle fut réélue en cette qualité par dé­cision de !'assemblée générale des asso­ciés clu 31 mnrs 1951;

Attenclu que, eomme telle, la clemande­resse est la manclataire de la société (-'t l'org:me de cette société vis-à-vis des tiers; qu'il n'existe, en effet, pas de con­trat de louage cle services on de contrat d'emploi entre une soeiété de persounes à responsabilité limitéé et son adminis­trateur ou gérant; que ce dernier n'est f)oint lié enyers elle par un lien <1<~ subor­dination et la soeiété n'exerce pas sur celui-ei un clroit cl'autorité, de direction ou de surYeillance ;

Attendu que la doctrine et nne juris­})rudence constante considèrent les gé­rants et administrateurs de soeiété non comme des 11réposés mais comme des or­ganes qui, agissant dans les limites de leur fonction, s'iclentifient avec la per­sonne morale qu'ils représentent;

Attendn que l'acte accompli par l'or­gane . cl'une personne mor ale, clans les li-

28 .JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

mite~ de ses pouvoirs, est, à. l'égard des tiers, l'acte de la personne morale elle­même (cass., 19 féyrier 1935, Jowrn. trilJ., 195(), p, 22) ;

Attenclu qu'il imvorte pen quE\ par le fait de son atffiliation à. l'Office nationul de la sécurité sociale réYélateur d'un lien de l)l'él'osition, selon le défendenr Ruelle, la clemanderesse apparai~se

comme la préposée de la société de per­solmes à. responsabilité limitée « Bati­Bloc )) ;

Atten<ln qne l'affiliation à l'Office na­tional de sécurité sociale résulte cle la simrüe déclaration - vraie on fansse -faite par l'employeur qne telle personne est << emr1loyée )) ; (rne cette seule décla­ra ti on, qni entraîne l' admission sur les r6les des nssn,iettis, ne saurait lier le .inge quant 11 la qnnlité de prépm:;é de 1a personne assnjettie, la question [t tran­eher ressortissant nu droit ciYil;

Attendu, dès lors, qu'une des condi­tions d'application de l'nrticle 19 de la loi du 24 décem!Jre 1903 fait défnut, la demanderesse n'étant point la préposée du chef d'entre})rise, la société << Bati­Bloc )) ; que, vartant, I' action de la de­manderesse se ment hors <Je l'orbite tie la loi sm· la répnration des aecidents du traYail et est fondée snr l'artiele 1382 <1n Code ei vil;

Sur le dommage : Attencln qu'à la suite tle raceielent clont

elle fut victime, In clemnuderesse a subi diverses incavacités cle travail; qu'il s'im­pose de reeourir !t la mesure <l'expertise d-nprè~ clétermiuée;

Attencln qu'à titre d'indemnité vrovi­sionnelle, il y a lieu <l' allouer tl la th~­manderesse, tant üu chef de sou tlom­mage matériel que de sou dommage mo­ral, la somme de 30.000 francs;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, onï Ie ministère DUlJlic en ses a vis donnés aux nudiences rmbliques des 19 <lé­cembre 1955 et 1G janvier dernier, écar­tant toutes conclusions autres, plus am­ples ou contraires, reçoit la demancle; la déclare non fonclée en tant qu'elle pos­tule comlamnation ü charge du défendeur Grugeon; tlélJOute la demanderesse de la demamle tlirigée contre ce dernier et la eonclamne nux dépens, s'il en est, de Ja mise en eau se tluclit Grugeon; conclamne le défemleur Ruelle ü payer à la deman­deresse la sonune de ao.ooo francs, t1 titre provisionnel, tlu chef de dommages~inté-

rêts vom· clommages tnnt matériel que moral; le conclnmne, en outre, aux inté­rêts ,iudiciaires sur cette sonune à. dater cl u 24 mars 1952; et a vnnt de statuer sur le surplus de la clemande, dit qu'un ex­})ert, après s'être entouré de tous rensei­gnements utiles, aura pour mission cl'exn­miner la demancleresse, de décrire les lésions clont elle fut atteinte lors de l'accident litigieux, de fixer la durée et le taux des diYerses incapacités SUlJies et ü subir, et Lle dresser du tout ravport moti Yé h affirmer sous serment au vmu de la loi, DOUr, le rapport étant déposé au greffe tlu tribunal de ce siège, être par les parties conclu et plaidé et par le tribunal statué comme il appartiendra; dit qu'à défaut par les parties Collon et Ruelle d'ayoir fait choix d'un expert dans les qninze jours clu prononcé du 11résent .ingement, il sera procédé aux­tlites ODérntions par l\1. G. Kettenmeyer, mécleein légiste, rue SmFeraine, 36, à Bruxelles; réserve le survlus ainsi que les dépens et renYoie la eause en attente nu rt>le général.

Du () fénit->r 195(). - 'l'ri!Jnnal civil de Nivelles. - 8iérf. 1\i. Semal, juge. nuique. - Min. pulJl. l\1. Lurquin, substitut dn JH'ocurem· du roi. - Pl. Ml\i. Thiry (du barren u d'avpel de Bruxelles), Beauduin et Oblin (ce dernier du barren u de l\1ons).

'l'HIBUNAL CIVIL DE COURTRAT

(RÉFÉRf.;s)

14 juillet 1955

1° ItÉJF'ÉRÉS. - DEMANDE EN RÉFÉRÉ 'l'EN­DANT AUX MESGRES l'HOYISOIRES EN :MA'l'IÈRE DE DIVORCE. - EXA:àmN PRÉALABLE DE LA HECEVABILI'l'ft DE L'ACTION EN DIVORCE.

2° DIVOHCE. -- ACTION EN DIYOHCE IN'l'EN­'l'ÉE PA ll L'NE PAR'l'IE ALORS QUE L' AC'l'ION EN SÉPAR\'l'ION DE CORPS E'l' DE BIENS INTRO­DUI'l'E l'AR CETTE :MÊME DEMANDEHESSE EST ENCOHE PENDANTE. - TRHECEYABILI'l'É.

H" DÉSISTEJMEN'.r. AccEP'l'A'l'ION TA-Cl'l'E. VALIDITÉ. - HEFl'S lNHTS'l'IFIÉ. -Df:cnJ.;TE~·n;NT.

1° Le jlt[fC des réj'érés a le poltt;oi .. r d'ema­mJne1' si. la contestatio·h (/,1/ j'oncl pwmU série'U8e.

Il peut dono examiner si. l'nction au j'oncl

'fRIBUNAtJX 29

e8t rece,rnble, U'Vant de stat1wr S'n1' la, demande en référé.

2" L'nctio·n en dkorce n'est peLs 'rece,vable zo,rsq·ue l'nction en 8épnration de corps et de biens introrhtite pwr ln même pa1'­tie est e/WO're pendwnte devcmt le tri­lJH·Iuû.

èl 0 IJ'ncceptntion dil äési8tenwnt pent être tacite.

En ca8 de ref'us injnstijié, le trilJunal peut rlécréte'r le llési.8teme·nt.

(G .•. , C. N •... )

TIErELSCHRIFT (1).

DE YOOHZITTER; -. Overwegende <lat de eis strekt : 1 o tot het toestaan aan

(1) 'L'raduction.

LE PRÉSIDENT; - Attendu que l'action tend : 1" à, voir autoriser la demanderesse à prendre une résidence séparée pour la durée de la procédure en divorce introduite par elle le 4 mars 1955; 2" à obtenir, pour la même période, la garde des deux enfants mineurs conununs, Ar lette et J ean-Marie; 3• à enten­dre condamner le défendeur à payer à la de­manderesse : a) une pension alimentaire men­suelle, pour elle et ses enfants, de 4.000 fr.; b) une provision ad Utem de 3.000 francs;

At.tendu que le défendeur oppose en ordre principal l'irrecevabilité de l'action;

Attendu que, suivant le défendeur, la de­manderesse aurait introduit une action en sé­paration de corps sur le fond de laquelle i! n'aurait pas encore été statué définitivement et dont le désistement, par la demanderesse, n'a pas été accepté par le défendeur;

Attendu que la demanderesse a déposé le 8 octobre 1953, en mains de M. le président du t.ribunal de première instanee de Courtrai, une requête en divorce;

Que le 8 janvier 1954, en chambre du con­seil, elle a demandé, par l'entremise de son avoué, la conversion de sou action en divorce en une action en séparation de corps;

Que le 26 février 1954 elle a assigné son mari en séparation de corps et de biens;

Que son mari, par voie d'action reconven­tionnelle, demanda le divorce ou, subsidiaire­ment, la séparation de corps et de biens à son avantage;

At.tendu que, par jugement. du 8 octobre 1951.L, le tribunal autorisa la demanderesse à faire la preuve par témoins de ses griefs, dé­clara l'action reconventionnelle en divorce non reeevabie et, sur la den1ande subsidiaire en séparation de corps et de biens, autorisa le demandeur sur reconvention à prouver par té­moins les faits par lui invoqués;

Attendu que le 5 mars 1955, par acte d'avoué

PÎHPl'<-'S van <1<~ machtiging om afzonder­lijk te vprhli.iv<>n, staande de proeeduur in echtscheiding door haar ingesteld op 4 maart 1955, te Roeselare ... ; 2° tot het bekomen, van zelfde duur, van de bewa­king over de twee minderjarige gemeen­schappelijke kinderen, Arlette en Jean­Marie; 3° tot <le veroordeling van ver­wt>en1Pr om aan eiseres te betalen : a.) voor haar en haar kinderen, de maan­delijkse som Yan -±.000 frank, ten titel nm onclerhoudsgeld; b) de som van 3.000 frank, ten titel van provi.s,io nel litem;

Ovenvegende dat verweereler in hoofd­orele de onontrankelijkheid der vordering tegenwerpt;

Overwegem1e dat Yerweerder laat uit-

à avoué, la demanderesse G ... notifia à sou époux N... le désistement de son action en séparation de corps et de biens;

Qu'il ne fut jamais demandé au tribunal de décréter le désistement de cette action;

Attendu que, l'action en séparation et l'ac­tion en divorce s'excluant mutuelle1nent, elles ne penvent être engagées simult.anément par un même clemandeur;

Qu'une action en divorce introduite alors qu'une demande en séparation est encore pen­clante apparaît nécessairement conune non re­cevable;

Qu' est dès lors également non reeevabie une denmnde en référé tendant à obtenir des me­sures provisoires, introduite ensuite d'une telle action;

Attendu que Ie juge des référés ne peut nuire au principal et ne peut statuer au fond ou préjuger de la ca.use;

Attendu toutefois qu'il échet de distinguer entre apprécier et juger le fond de la cause (VAN LENNEP, Kortge(ling, p. 159)_;

Qu'en effet, si le président des référés peut uniquement statuer par « décision provisoire >>

ou « par provision ll, cela ne signifie nullement qu'il doive s'abstenir cl'examiner le fond de la cause et ne puisse, par conséquent, appré­cier les éléments de l'action principale, par exemple pour vérifier sa compétence, ou exa­miner la recevabilité de l'action en référé, mais uniquement que les ordonnances de référé n'ont pas d'autorité de chose jugée quant au fond de la cause et ne lient pas le juge du fond (VAN LENNEP, Kortgeding, p. 152 et 159; Répert. prat. dn dr. belge, v• Référé, n•• 268 et 269; GARSONNET et CÉZAR-BRu, Procédu1'e ci­vile, t. VIII, n• 193; Bruxelles, 27 novembre 1935, PAS1C., 1936, II, 94);

Que le juge des référés peut dès lors reeher­eher si la contestation au fond apparaît comme « sérieuse >> ;

Attendu qu' en principe le désistement cl' ac­tion doit être accepté, parce que l'action fait

30 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

sdüjnen dat eiseres een vordering in scheiding Yan tafel en bed heeft inge­tliend nopens de-welke ten gronde nog niet definitief werd beslist en waaraan de ver­zaking, door eiseres, door verweerder niet werd aanvaard;

Overwegende dat eiseres op 8 oktober 1953, in handen van de heer voorzitter van de rechtbank van eerste aanleg te Kortrijk, een verzoekschrift heeft neer­gelegd in echtscheiding;

Dat zij op 8 jánuari 195-:1: in de raad­kamer, bij monde van haar pleitbezorger, de omzetting heeft gevraagd van de vor­dering in echtscheiding in een vordering in scheiding van tafel en bed;

Dat zij op 26 februari 195-:1: haar echt­genoot in scheiding van lijf en goederen dagvanrelde;

Dat haar echtgenoot, bij "'\vedereis, de echtscheiding -rorderde, of subsidiair de scheiding van lijf en goederen in zijn voordeel;

0Yerwegenue dat de rechtbank, ]Jij von­nis del. 8 oktober 195-:1:, aan eiseres het be­"'\VIJS door getuigen van haar grieven toe­liet, de tegenvordering in echtscheiding niet ontYankelijk verklaarde, en, op de subsiuiaire vraag in scheiding van lijf en goederen, aan eiser, op tegenvordering, het lJewijs door getuigen der door hem ingeroepen feiten toeliet;

Oyerwegende dat op 5 maart 1955, bij akte nul avoué tot avoué, eiseres G ... de

naître des droits et des obligations pour les deux parties, que l'une d'elles ne peut faire cesser de sa propre autorité (VAN BAUWEL, Burgerlijk procesTecht, t. II, p. 222; Bruges, 5 mai 1936, Rechtsk. W eekbl., 1936-1937, 1670; GARSONNET et CÉzAR-BRu, PTocéclu1·e civile, L. III, p. 686) ;

Attendu que, cette acceptation ne se présu­mant pas, le silence du défendeur doit, en !'absence de désistement de la part du deman­deur, être assimilé à un refus (GARSONNET et CÉZAR-BRu, Procéd'1We civile, t. III, p. 686; cass. fr., 11 mars 1901, Dall. 1Jé1·., 1901, 1, 383);

Que la forme de l'acceptation n'est cepen­dant pas obligatoirement prescrite par la loi et que 1' acceptati_on peut même tacitement se déduire d'actes qui ne sont pas susceptibles d'être interprétés autrement (GARSONNET et CÉZAR-BRu, Procédu1·e ci,vile, t. III, p. 686);

Attendu que néanmoins le tribunal peut dé­créter l'acceptation du désistement lorsque le refus est arbitraire et s'inspire de motifs inac­ceptables (VAN BAUWEL, Hu1·gerlijk ]JTOcesTecht, t. II, p. 222; GARSONNET et CÉZAR-BRu, P1·océ­d1t1'e civile, t. II, p. 692; cass. fr. 9 mai 1900,

verzaking liet betekenen aan haar echtge­noot N ... , van haar Yordering in scheiding

, nm tafel en bed; Dat nooit aan de rechtbank gevraagd

wercl deze afstand van de rechtsvordering te decreteren;

Overwegende dat een vorelering in schei­ding van lijf en goederen, en een vorde­ring in echtscheiding, zich uitsluiten, zo­dat één zelfde eiser niet samen deze beide voreleringen mag voeren;

Dat een vorelering in echtscheiding, in­geleid terwijl nog een eis in scheiding van lijf en goederen hangend was, noodzake­lijk als niet ontvankelijk voorkomt;

Dat, derhalve, een vordering in kortge­ding, tot bekomen van voorlopige maat­regelen, op zulkdanige niet ontvankelijke eis in echtscheiding, ook niet ontvanke­lijk is;

Overwegende dat de rechter in kortge­ding geen nadeel mag doen ten principale, en niet vermag uitspraak te doen ten gronde, of vóór te vonnissen;

Overwegende echter dat een onder­scheid elient gedaan te worden tussen be­oordelen en oordelen wat de grond van de zaak betreft (VAN LENNEP, Kortge(Ung, bl. 159);

Dat inderdaad, indien de voorzitter in kortgeding alleenlijk vermag uitspraak te doen bij « voorlopige beslissing )) of « voorziening bij voorraad)), dit geens­zins betekent dat hij de grond der zaak

Si1'ey, 1901, 1, 185; cass., 25 mars 1936, PAsrc., 1936, I, 320) ;

Attendu qu'en l'espèce le défendeur sur l'ac­tion principale avait introduit une action re­conventionnelle en séparation de corps et avait obtenu un jugement l'autorisant à prouver par témoins la réalité de ses griefs en vue d'obte­nir lui-même la séparation à sou avantage;

Attendu que le défendeur peut donc avoir un intérêt à ce que la procédure sur la pre­mière action soit poursuivie;

Que le défendeur ne paraît pas avoir accom­pli des actes d' ou résulterait nécessairement l'acceptation du désistement;

Attendu que le refus du défendeur d'accep­ter le désistement n'apparaît pas de prime a bord comme arbitraire et dénué de sérieux;

Attendu qu' en ces conditions la seconde de" mande, tendant au divorce, semble ne pas être recevable;

Que, partant, l'action en référé, qui y est fondée, apparaît également comme non rece­vable;

Par ces motifs ... , disons l'action non reee­vabie; dépens à charge de la demanderesse.

'fHIBUNAUX 3l

onYei'let zou laten, zodat hij de gegeYens Yan de eis ten principale niet zou mogen beoordelen, om b.v. zijn bevoegdheid vast te stellen, of de ontvankelijkheid van de eis in kortgeding te onderzoeken, maar dit alleenlijk wil zeggen dat de b-evel­schriften in kortgeding, ten aanzien van de grond der zaak, geen gezag Yan ge­wijsde hebben en niet bindend zijn voor de rec:hter ten gronde (VAN LENNEP, J( ort­!!ecling, bl. 152 en 159; Répert. P'l'at. fl'n lll'. belge, yo Réfé,ré, nrs 268 en 269; GAR­SONNE'l' en CÉZAR-BRu, Procéfl'lWe civ'ile, bel. VIII, nr 193; Brussel, 27 november 1935, PASIC., 1936, Il, 94);

Dat derhalYe tle rechter in kortgeding mag onderzoeken of de betwisting ten gromle als << ernstig)) voorkomt;

Overwegende dat in beginsel de afstand Yan rechtsyordering moet aanyaard wor­den, daar uit de rechtsvordering voor beide partijen rechten en Yerplichtingen spruiten die een der partijen niet eigen­machtig mag doen ophouden (VAN EAu­WEL, Bwrge,rUjk procesrecht, bel. II, bl. 222; Brugge, 5 mei 1936, Rechtslc. Weekbl., 1936-1937, 1670; GARSONNE'r en OÉZAR-Bnu, Procéäu,re civile, bel. III, bl. 686);

Overwegende dat deze aanvaarding niet wordt vermoed, zodat het stilzwijgen van verweerder in afwezigheid Yan eisers af­stand moet gelijkgesteld worden met een weigering (GARSONI\'E'l' en ÜÉZAR-Bnu, Pro­céäure civ-ile, bel. III, bl. 686; verbr. Fr., 11 maart 1901, Dall. pér., 1901, 1, 383);

Dat echter de vorm van de aanvaarding niet verplichtend door de wet wordt be­paald, en deze zelfs stilzwijgend zijn kan en mag worden afgeleid uit daden die op een andere wijze niet uitlegbaar zijn (GARSONNE'l' en ÜÉZAR-Bnu, Procéfl'lwe ci­vile, bel. III, bl. 686);

Ovenvegende echter dat niettemin de rechtbank de aanvaarding van de afstand der rechtsvordering verklaren (decrete­ren) mag, wanneer de weigering wille­keurig is en ingegeven wordt door onaan­neembare beweegredenen (VAN BAUWEL, B nmerli)lv p'l'oces,reoht, bd. II, bl. 222; GARSONNE'l' en ÜÉZAR-Bnu, P1·ooéd'n1'e ci­vile, bel. II, bl. 692; verbr. Fr., 9 mei 1900, Rirey, 1901, 1, 185; verbr., 25 maart 1936, PASIC., 1936, I, 320);

Overwegende dat, ter zake, verweerder een tegenvordering op de hoofdeis in scheiding van lijf en goederen had inge­steld en een vonnis had bekomen dat hem toeliet bij getuigen de echtheid van zijn

grieYen te bewijzen om zelf de scheiding in zijn Hlürdeel te yerkrijgen;

0Yerwegende dat verweerder er dus be­lang kan bij hebben dat de rechtspleging op de eerste vortlering zou 1vorden voort­gezet;

Dat Yenveereler geen daden schijnt ge­steld te hebben waaruit de aanvaarding 1·an de afstand noodzakelijk blijken moet;

ÓYerwegemle dat tle weigering van ver­weerder, de afstand te aanvaarden, niet Yan meet af aan als willekeurig en on­erustig Yoorkomt;

0Yenvegende dat, in die voorwaarden, de tweede vordering, strekkende tot de echtscheiding, wel niet ontvankelijk schijnt te zijn;

Dat de eis in kortgeding, erop gegrond, dus ook als niet ontvankelijk voorkomt;

Om deze redenen ... , yerklaren de eis niet ontvankeliJk; kosten ten laste van eiseres.

Du 14 juillet 1951:J. - Tribunal civil de Oom·trai (référés).- Hiég. l\1. de Necker, présülent. - Pl. MM. De Hennauit (du balTeau de Charleroi) et A .. Joiris (du barreau cl'appel de Liège).

'.rRIBUNAL CIVIL DE TOURNAI

14 décembre 1955

INHUMATlû.0;'. - ENFAN'l'. - ÜHOIX DU LIEU PAR CJDL1'I DES PAREN'l'S QUI A LE DROl'!' DE ClA!lDE.

Le ohoim lle la sépnltu.re d'm~ enfant ap­JHtrt-ient, en p1'incipe, à oel1ti des pwrents qui nvnit ln yarde cle l'enjant.

(FIÉVEZ, C. BRIXY.)

JUClEMEN'l'.

LE TRIBUNAL;- Vu l'exploit cl' ajour­nement signifié 1)ar l'huissier Durou, le 11 février 1955 ;

Vu les conclusions des parties; Attendu que la clemande tend à enten­

dre dire que les restes mortels de Jean­nine Fiévez, enfant issu du mariage des parties, serout transférés du cimetière de Lessines clans celui de Tournai, pour y être inhumês dans Ie caveau que se pro­pose cl'y faire éclifier le demandeur;

Attendu que, le 12 juillet 1954, le tri­bunal de ce siège, 1re chambre, a autorisé

32 JURISPRUDENCÉ1 DE BELG!QtJË

h~ <livorce entre les parties et a confié la garde de l'enfant, Jeannine, i:t la cléfende­resse; que cette enfant, née le 30 août 1946, est clécédée à 'l'ournai le 118r décem­bre 1954;

Attendu que la défenderesse la fit inhu­mer dans un ca veau nppartenant à sa fa­miUe, sis au cimetière de Lessines, dans lequel sont déjü inhumés ses grands-pa­reuts maternels;

Attendu que le demamleur soutient que les inhumations dotvent se faire dans le cimetière public communal du défunt et qu'il ne peut être clérogé ä ce principe que pour des motifs spéciaux et sérieux ou en cas cle volonté cl u défunt; que cela résulterait des termes et de l'esprit du décret clu 23 prairial an XII sur les sé­vultm·es;

Attemlu qu'aucune disposition dudit dé­cret ne permet de soutenir semblable thèse;

Attendu que le clroit de faire transpor­ter d'une localité dans une autre les corps de pareuts proches n'a jamais été con­testé; que l'autorité du lieu du décès n'a

_pas le clroit d'empêcher le transport des cadavres et cl'exiger qu'ils soient inhu­més dans le cimetière clont elle a la sur­veillance et la police ( circ. min. de l'inté­rieur clu 11 juillet 188G; GIRON, Dictionn. (le ä'I'OU (Mlnûn., t. II, yo InlliU?nation, n" 11, p. 2û3 et 264) ;

Attendu, en outre, que l'autorité pater­nelle cesse à la mort de l'enfant; qu'on ne peut clone appliquer ici les principes qui règlent cette autorité (réf. Bruxelles, G novembre 1893, Panel. lwlr;es, V 0 Hép'll7-twres, n° 19, et V 0 ]i''llné,railles, n° 36); qu'il est normal que le droit de choisir le lie,u de la sépulture appartienne ü celui des pareuts qui avait la garde de l'en­fnnt; que, si Jeannine Fiévez avait pu manifester sa volonté, elle aurait vrai­semblablement clésiré être enterrée là ou le sera sa mère, avec laquelle elle vivait et pour laquelle elle clevait a voir une nffpction spéciale;

Attendu que le lien choisi par la défen­cleresse se justitie, puisque Lessines est le lieu cl' origine de sa familie et que celie­ei y possède llll caveau; que Lessines n'est clu reste pas fort éloigné de Tour­nai, étant clans le même arrondissement jucliciaire et n'en étant distant que de 45 kilomètres ;

Attenclu que, des considérations qui précèdent, il apparaît que la défenderesse a vait le droit de choisir le lieu de l'inhu-

mation <lP Non Emfant et qu'elle avait lnt motif sérieux vonr ngir comnw elle le fit;

Attendu qne l'nction n'est clone pas fonclée;

Pa;r ces motifs, vu les articles 1~~'n·, 34, 36, 37, 40 et 41 de la loi du 15 juin 1935, stahumt contraclictoirement, écartant toutes conclusious plus amples ou con­traires, dit la demande recevable, mais non fonclée; en déboute le demandeur et eonclamne celui-ei aux dépens.

Du 14 üécembre 1955. - Tribunal civil de Tournai. - Prés. l\1. Deschamps, pré­sillent. - Pl. Ml\i. A. lviaréchal (clu bar­reau d'a11pel de Bruxelles) et Hossey.

TRIBU:l'\AL CIVIL DE NIDUFCHATEAU

24 ntai 1955

ALIMENTS. - ALIMIGN'rs RÉCLAMÉS A LA _MÈRE, AC l\'0111 DE L'ENFANT NATUHEL NON RECOI)NU. HIGCONNAISSANCE AU COURS DE L'INSTANCE. - PAS D'ALHIEN'l'S DUS POUR LA PÉRIODE AN'l'ÉRIEURE A LA llECONNAIRSANCE.

Le t,nteu1· l/(äif ne pent lJ'I'étenäre, wn nam (l',un enf(~nt nnturel non reconn·n, contrnimdre la mère, q·ni n reconn11, eet enf(tnt wn CO'lt'i'8 äe Vinstwnce, à paywr, (/, titre a'(tliments, les frwis wnté'Pie'l/ire­ment emposés po·wr son entreUen (1).

(LOCIR, C. J;;pQlJX FOR'l'EMAISON.)

,JUGEll'lENT.

LE TIUBUNAL; - Attendu que Ber_­nadette Louis est née à Rouiers le 6 dé­cembre 1949 des ceuvres de la cléfencle­resse' Maria-Marie-Thérèse Louis, alors célibataire, qui ne l'a pas reconnue comme sa fille na tm·elle ;

Attendu que son tnteur datif, le cle­mandeur, prétend en son nom contraindre ladite défencleresse h la reconnaître et it lui payer à titre d'aliments les frais ex­posés pour sou entretien deLmis le l'er juil­let 1951;

Attendu que, aux termes de ses conclu­sions d'auclience, Maria-Marie-Thérèse Louis déclare qu'elle acquiesce sans ré­serves au premier chef de la demande;

(1) Voy. R. DEKKERS, P·1·écis cle tl1'oit civi.l bel,r;e, t. I", n" 178 et 398.

TRIBUNAUX 33

Attendu que eet acquiescement vaut preuve;

Attendu, en effet, que Bernadette Louis possède l'état qu'on réclame en son nom et que son identité avec l'enfant dont Maria-Marie-Thérèse Louis a accouché résulte bien des énonciations de son acte de naissance;

Attendu que Bernadette Louis acquerra ainsi, par l'effet du présent jugement, l'état d'enfant naturel reconnu de lVIaria­Marie-Thérèse Louis ;

Attendu qu'il n'a jusqu'à présent existé entre Maria-lVIarie-Thérèse Louis et sa fille aucun lien légal de parenté généra­teur d'obligation alimentaire;

Attenclu que, reconventionnellement, Maria-:M:arie-Thérèse Louis sollicite que l'enfant clont elle est maintenant la seule garclienne légale lui soit remis par son ancien tuteur datif, Ie demandeur en principal ;

Attenclu que cette demancle reconven­tionnelle n'est pas reeevabie;

Attendu, en effet, qu'elle tend à la con­damnation personnelle d' Alfred Louis qui n'est à la cause que comme représentant légal d'une incapable, vraie demanderesse dont seuls les droits et obligations pen­vent être débattus sans nouvelle assigna­tion;

Par ces motifs, vu les articles 1er, 30 à 37 et 41 de la loi clu 15 juin 1935, sta­tuant contradictoirement, en langue fran­çaise, rejetant toutes conclusions autres, plus amples ou contraires des parties, entendu lVI. Vermer, procureur du roi, en son avis conforme, donné en français à l'audience publigue du 29 mars 1955, dit pour droit que Bernadette Louis, née à Rouiers Ie 6 décembre 1949, est la fille naturelle de la défenderesse lVIaria-lVIarie­Thérèse Louis; dit qu'elle sera, par l'effet du présent jugement, assimilée à une fille naturelle reconnue de ladite défenderesse; dit l'action principale non fondée pour Ie surplus; dit la demande reconventionnelle non reeevabie; condamne aux dépens la défenderesse au principal Maria-Marie-Thérèse Louis. ·

Du 24 mai 1955. - Tribunal civil de Neufchàteau. - Prés. :NI. Constant, juge faisant fonctions de président. - Min. p1tbL M. Vermer, procureur du roi.

PASIC., 1957. - IIIe PARTIE.

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

16 décembre 1954

DROIT SOOIAL. - OFFICE NATIONAL DE SÉ:CURITÉ SOCIALE - PERBONNEL RÉMUN:ÉRÉ AU POURBOIRE. - ARRÊ'l'É DU RÉGENT DU 28 SEP'l'EMBRE 1945. - lN'rERPR!ÉTATION.

La législation insta1M·ée en mMièrè de sécur'ité sociale par l'an·êté-loi du 28 äécembre 1944 a été rendue a.p­plicable au, personnel rém1méré au po·wrboire dans Z'-in(l1tst1··ie hotelière par l'arrêté äu, Régent du, 28 septemb1·e 1945, leq1wl a prévu, qite les cotisations senliient calculées sur base de ta'I.MJJ tor­faitai1·es äe 1·émunémtion fixés par le jji'inistre dit travaiZ et de la p1·évoyance sociale Sil1' avis des commissions pari­tai1·es compétentes.

L'a1Têté ministériel dit 30 septmnb1·e 1945 fixant ces taux tm·taitaiTes äe ré­mü.némtion est légal, le Oomité natio­nal des hotels, 1·estau.rants et äébits de boissons ayant 1'égitUèrement donné 80n avis à ce S'/.t.jet.

(SOOIÉTÉ ANONYME GESBRA, C. OFFICE NATIONAL DE SÉCURITÉ SOCIALE.)

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; -Vu les actes de la procédure, produits en forme régulière : 1 o Ie jugement dont appel, prononcé con­tradictoirement entre parties Ie 30 dé­cembre 1953 par Ie tribunal de paix du canton de Saint-Gilles-Bruxelles, ju­gement signifié à la partie société ano­nyme Gesbra, Ie 19 janvier 1954, par acte de l'huissier Emile Pétré, de résidence à Bruxelles; 2° l'acte d'appel signifié le 4 février 1954 par ministère de l'huissier Jean Baiwir, de résidence à Ixelles-Bru­xelles;

Vu les conclusions écrites des parties et entendu celles-ei en lem·s dires et moyens;

Attendu que l'appel, interjeté dans le délai légal, est régulier en la forme; que sa recevabilité n'est d'ailleurs pas con­testée;

Attendu que Ie premier juge a con­damné l'appelante au payement de 43.511 francs du chef de cötisations, ma­jorations et intérêts dus par l'appelahte tant pour sa gérante qui perçoit un traitement fixe - que pour son personnel rémunéré au pourboire;

3

34 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

Attendu que l'appelante soutient n'être tenue de payer des cotisations pour cette dernière partie de sou persolinel que de­puis Ie 1Br avril 1951, date d'entrée en vi­gueur de I' arrêté ministériel cl u 28 mars 1951, promulgué sur avis de la Commis­sion paritaire créée par arrêté du Ré­gent du 26 octobre 1948;

Attendu que l'article 2 de l'arrêté-loi du 28 décembre 1944 prévoit que la légis­lation qu'il instaure en matière de sécu­rité sociale ne sera appliquée au person­nel rémunéré au pourboire qu'après la publication d'un aiTêté royal;

Attendu qu'un arrêté du Régent du 28 septembre 1945 a effectivement rendu la sécurité sociale applicable au person­nel rémunéré au pourboire;

Attendu que l'article 2 duclit arrêté en prévoit l'application immédiate pour les travailleurs relevant de !'industrie hote­lière;

Attendu que l'article 3 précise que les cotisations serout calculées << sur base de taux forfaitaires de rémunération, fixés par Ie lVlinistre du tra vail et de la pré­voyance sociale sur a vis des commissions paritaires compétentes )) ;

Attendu qu'en application de l'arrêté du Régent précité, un arrêté ministériel du 30 septeml)re 194G a fixé les taux for­faitaires de rémunération; qu'il se réfère, à eet égard, à l'avis donné Ie 21 aoüt 1945 par le Comité national des hotels, restaurants et débits de boissons;

Attendu que l'appelante prétend que l'arrêté ministériel du 30 septembre 1945 serait illégal, le Comité national des ho­tels, restaurants et débits de boissons ne constituant pas, cl' après elle, la Commis­sion paritaire appelée à donner sou avis, aux termes de l'arOcle 3 de l'arrêté du Régent du 28 septembre 1945; que celie-ei n'aurait été créée que par arrêté du Ré­gent du 26 octobre 1948;

I. Attendu qu'il y a lieu d'observer à eet égard que Ie Comité national visé plus haut a été institué par arrêté minis­tériel du 9 février 1922; que l'article 1er de eet arrêté lui confie la mission de déli­bérer au sujet de la base des salaires et des conditions de travail dans !'industrie des hotels, restaurants et clébits de bois­sons;

II. Attendu que l'appelante objecte d'autre part que le statut des commis­sions paritaires fixé par l'arrêté-loi du 9 juin 1945, entré en vigueur le 5 juillet 1945, subordonne leur création et l'éta-

lllissement de leur règlement général à une série de formalités qui n'ont pas été accomplies en ce qui concerne le << Comité national )) créé le 9 février 1922;

Attendu que l'intimé fait pertinemnient remarquer : a) que l'arrêté-loi du 9 juin 194G n'a nullement supprimé le Comité national existant depnis 1922; b) que si l'activité du Comité a été suspendue sous l'occupation, cette circonstan,ce n'impli­que nullement sa suppression légale; que le rapport au Régent précédant l'arrêté­loi du 9 juin 1945 constate le rétablisse­ment immédiat des commissions paritai­res dans ~'indépenclance retrouvée; que le but de l'arrêté-loi du 9 juin 1945 est ma­nifestement de fa voriser la création de commissions paritaires dans les diverses branches de l'activité nationale; que ce but n'est toutefois nullement en opposi­tion, comme le souligue Ie premier juge, avec le maintien des organismes paritai­res déjà existants; c) qu'en l'espèce, le Comité national est resté légalement en activité jusqu'à la promulgation de l'ar­rêté du Régent du 26 octobre 1948; que le premier juge en voit fort justement la preuve dans l'article 5 de eet arrêté qui << rapporte l'arrêté ministériel du 9 fé­vrier 1922 )); d) que le Comité national, tout connne les commissions créées en vertu de l'arrêté-loi du 9 juin 1945, est organisé sur base paritaire; qu'ils out, de part et d'autre, pour tàche de délibé­rer au sujet des conditions de rémuné~ ration et de travail (cf. arr. min. du 9 février 1922, art. 1er, et arr.-loi du 9 juin 1945, art. 10, 1 o) ; que l'unanimité des voix est, de part et d'autre, égale­ment requise;

Attendu qu'il n'existe dès lors aucune llifft>rence essentielle entre la commission créée par application de l'arrêté-loi du 9 juin 1945 et l' organisme qui lui a suc­cédé;

III. Attenclu que vainement l'appelante objecte que certaines personnalités pré­sentes à !'assemblée tenue Ie 21 aoüt 1945 par le Comité national, quanel celui-ei a renuu sou a vis sur les taux forfaitaires de rémunération, n'étaient pas membres de eet organisme.

Attenclu que le statut du Comité pré­voit, en effet, Ie droit pour le président «de convoquer également les persounes capables d'éclairer la commission sur des points spéciaux )) (arr. min. du 9 février 1922, art. 5) ;

Attendu que l'appelante ne prouve pas,

TRIBUNAUX 35

en tout état de cause, que la composition du Comité ne serait pas paritaire;

Attendu que c'est à juste titre, dans ces conditions, que l'arrêté ministériel du 30 septembre 1945 se réfère à l'avis du Comité national comme à celui de la commission paritaire compétente;

Attendu que eet arrêté ministériel a, dès lors, une base légale et que la possi­bilité d'invoquer sa nullité se trouve ex­clue;

Attendu qu'il suit de ces considérations que l'appel est dépourvu de fondement;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, en degré d'appel, entendu M. de Wée, substitut du procureur du roi, en son avis conforme, rejetant toutes con­clusions autres, plus amples ou contrai­res, comme non fondées, reçoit l'appel; le déclare non fondé; en déboute l'appe­lante; confirme le jugement a qno; con­damne l'appelante aux dépens d'appel.

Du 16 décembre 1954. - Tribunal civil de Bruxelles. - 128 eh. - Siég. M. Col­sou, vice-président. - Min. publ. M. de Wée, substitut du procureur du roi. Pl. MM. M. Vercruysse et Mechelynck.

(1) l'1·acluction.

LE TRIBUN AL; - Vu, produits en forme I'égulière : 1 • le jugement rendu contradic­toirement entre parties, le 23 juin 1954, par le tribun.al de paix du eauton d'Uccle, dont il ne fut pas produit d'acte de signification; 2• l'acte d'appel signifié le 17 juillet 1954 par l'huissier Roger Vanderhaeghe, de résidence à Gand;

Vu les conclusions écrites des parties et en­tendu celles-ei en leurs explications;

Attendu que l'appel est régulier en la for­me et que sa recevabilité n'est d'ailleurs pas contestée; · Attendu que l'action originaire tendait à en­

tendre condamner solidairement les intimés à payer à l'appelante une somme de 2.250 fr. pour frais de séjour et de soins administrés à la première intimé.~ à l'hópital de Saint-Gil­les du 22 au 31 janvier 1948;

Attendu que l'appelante fait grief au pre­mier ju ge d' a voir déclaré que les intimés étaient en droit d'invoquer la prescription qliinquennale et de l'avoir déboutée de son action; qu' elle prétend que cette prescription a été interrompue par la reconnaissance de dette faite par la première intimée;

Attendu qu'aux termes d'une lettre du 26 août 1949, adressée par l'administration de la ville de Gand à celle de la commune de Saint-Gilles, la première intimée a déclaré à l'autorité compétente « qu'elle payerait dans les huit jours un acompte de 500 francs et dans le cours du mois suivant acquitterait le solde du montant par elle dtl »;

TRIBUNAL CIVIL DE BRUXELLES

23 décemhre 1954

1° PREUVE. - AVEU EXTRAJUDIOIAIRE. VALABLE :MÊME S'IL N'EST PAS FAIT EN PRÉ­SENCE DU CRÉANCIER.

2° PRESCRIPTION. - AVEU EXTRAJUDI­CIAIRE FAIT EN L' ABSENCE DU CRÉANCIER. - lN'l'ERRUPTION DE LA PRESCRIPTION.

1° L'avett extt·ajt(,diciaire est valable en droU, même s'il n'est pas faU en pré­sence cltt C'réancie1·.

2° L'avett ext1~a}tJ,diciaire, même s'il n'est P(M fnit en présence d11, créancie1·, in­ten·ompt la prescription.

(COMMISSION D'ASSISTANCE PUBLIQUE DE SAINT­GILLES, C. ÉPOUX WILLE-DU'l'ILLIEU.)

VONNIS (1).

DE RECHTBANK; - Gezien, in re­gelmatige vorm voorgebracht : 1° het vonnis op tegenspraak tussen partijen· uitgesproken op 23 juni 1954 door de vre-, derechtbank van het kanton Ukkel, von-

Attendu qu'à bon droit l'appelante invoque ladite déclaration comme une reconnaissance, expresse;

Attendu que sa portée n'est en rien dimi­nuée par la circonstance qu'elle n'a pas été faite en présence de la créancière (PLANIOL, t. I", n• 2964; DE PAGE, t. VIP, n• 1194; Bru­xelles, 2 juin 1903, Pand. pér., 1903, 742) ;

Attendu que la pièce susindiquée, produite par l'appelante, constitue une présomption sTdfisanunent grave et précise pour faire con­clure que la reconnaissance Jitigieuse de la dette de 2.250 francs a été effectivement et directement faite par la P.remière intimée;

Attendu que la lettre litigieuse, contraire­ment aux a:ffirmations de cette dernière, ne fut pas rédigée en termes vagues, mais avec. toute la précision voulue;

Attendu que l'appelante soutient dès lors' avec raison que la prescription a été inter­rompue en vertu de l'article 2248 du Code civil;

Attendu que c'est, partant, à tort que Ie premier juge a débouté l'appelante de son action;

Par ces motifs, statuant contradictoirement, en degré d'appel, entendu M. de Wée, sub­stitut du procureur du roi, en son avis con­forme, écartant toutes autres conclusions· comme non fondées, reçoit l'appel, le dit fondé; met le jugement . a quo à néant; émendant, condamne solidairement les intimés à payer à l'appelante la somme de 2.250 .francs, aug­mentée des intérêts judiciaires; les condanme en outre aux fraïs des deux instances. ·

UNIVERSITEIT · LEUVEN Nederlandse afdeling

RECHTSGELEERDHEID BIBLIOTHEEK

36 JURISPRUDENCE ·DE BELGIQUE

nis waarvan geen akte van betekening werd voorgebracht; 2° de akte van be­roep, op 17 juli 1954, door deurwaarder Roger Vanderhaeghe, te Gent verblij­vende, betekend;

Gezien de schriftelijke conclusies der partijen, en gehoord partijen in hun uit­leggingen;

Overwegende dat het beroep regelmatig naar vorm is; dat zijn ontvankelijkheid overigens niet betwist wordt;

Aangezien de oorspronkelijke vorde­ring ertoe strekte geïntimeerden hoofde­lijk te horen veroordelen tot de betaling· aan appellante van 2.250 frank, voor de -verblijfkosten van en de zorgen toege­eliend aan eerste beroepene in het hospi­taal van Sint-Gillis, van .22 tot 31 ja­nuari 1948;

Aangezien appellante de eerste rechter als grief aanrekent verklaard te hebben dat beroepenen gerechtigd waren de vijf­jarige verjaring in te roepen en haar van haar eis afgewezen te hebben; dat ze be­weert dat deze verjaring gestuit werd door het feit dat eerste beroepene haar schuld bekend heeft;

Aangezien luidens een brief del. 26 au­gustus 19:!9, door het gemeentebestuur -van Gent ·tot dit van Sint-Gillis gezon­den, eerste geïntimeerde aan de bevoegde overheid verklaard heeft dat zij « zou binnen de acht dagen de som -van 500 fr. afkorten en in de loop van de eerstvol­gende maand, de rest van het door haar verschuldigd bedrag vereffenen )) ;

Aangezien appellante voorgaande ver­klaring terecht als een uitdrukkelijke be­kentenis inroept;

Aangezien de omstandigheid dat ze niet in aanwezigheid van de schuldeiseres ge­daan werd haar d'raagwijdte ·hoegenaamd niet vermindert (PLANIOL, b. I, nr 2964; DE PAGE, b. VIP, nr 1194; Brussel 2 Juni 1903, Pand. pér., 1903, 742);

Aangezien het hierboven -vermeld be­scheid, door beroepster neergelegd, een vermoeden uitmaakt, dat gewichtig en nauwkeurig genoeg is om te laten beslui­ten dat vermelde schuldbekentenis van 2.250 frank degelijk en rechtstreeks door eerste geïntimeerde gedaan werd;

Aangezien de betwiste brief, in tegen­strijd met de beweringen van deze laat­ste, hoegenaamd niet in vage bewoordin­gen opgesteld is geweest, doch, integen­deel, met al de vereiste stiptheid;

Aangezien appellante derhalve met re­den staande houdt dat de verjaring

krachtens artikel 2248 van het Burgerlijk Wetboek gestuit is geweest;

Aangezien het dus ten onrechte is dat de eerste rechter appellante van haar eis afgewezen heeft;

Om deze redenen, rechtdoende op te­genspraak, in hoger beroep, gehoord dhr. de Wée, substituut-procureur des ko­nings, in zijn eensluidend advies, alle andere besluiten afwijzende als onge­grond, ontvangt het beroep; verklaart het gegrond; vernietigt het vonnis a qu,o; verbeterende, veroordeelt hoofdelijk ge­intimeer<len aan al)pellante 2.250 frank te betalen, vermeerderd met de gerechte­lijke interesten; yerwijst hen daarenbo­Yen in de kosten yan heide aanleggen.

Du 23 décembre 1954. - Tribunal civil de Bruxelles. - 12e eh. Hiér;. 1\1. Col­sou, vice-président. - ll.'Hn. pnbl. M. de Wée, substitut du procureur du roi. Pl. :MM. J. Verdoodt et De Koek.

TRIBUNAL CIVIL DE HUY

28 mars 1956

ACCIDENT DU TRA V AIL. - ÜHEMIN nu TRAVAIL. - ÜHUTE. - NÉCESSITÉ DE PROU­VER QUE LA CHUTE EST DUE A UNE CA USE EX­

TÉRIEURE ET CONSTITPE L'N RISQUE INHÉ­RENT A17 TRA,TET NORMAL.

L'ou.v'J·ie•J' qu'i a fadt ·zuze chute SIM' le chemin, à u, tra·va;il ct qu i réclame l' ap­pHca;t'ion des lo·is cuoràonnées 'relat-ives à la répara.Uon (les dommages résttl­tant cles acoi.clents du trwtxûl (loit zn·ou.­·ve1· qne cette chnte est cl'l!e à, 11n ta-it emtér.'ie·zw et à 1tn risq11e 1.nhérent a1t tra :i et no·rnutl.

(HAIDON, C. ~IUTUELLE DES SYNDICATS RÉUNIS.)

JUGE}IIEN'r.

LE TRIBUNAL; - Vu le jugement dont appel, rendu contradictoirement, le 23 novembre 1954, par M. le juge de paix du eauton de Nandrin;

Attendu que le 29 octobre 1953, vers 6 h. 50 du matin, Willy Haidon, époux de l'appelante, fut trouvé inanimé à cöté de sa moto à Olermont-sous-Huy, sur la route Liège-Huy qu'il suivait pour se ren­dre à sou travail; qu'il décéda par après

'l'RIBUNAUX 37

d'une fracture du crane sans avoir repris eonnaissance;

A.ttendu qu'il n'est pas contesté que l'accident ait eu lieu sur le chemin nor­mal du travail; que l'usage de la moto n'est pas davantage critiqué; que les par­ties sont également cl' accord pour reeon­naUre que << la victime doit prouver que l' accident est dû à un risque inhérent au trajet normal )), c'e»t-à-dire qu'il n'existe pas de présomption en faveur de la vic­time comme dans le cas de l' accident sur­venu sur les lieux mêmes du travail;

A.ttendu que les parties sont seulement en désaccord sur Ie point de savoir s'il est établi à suffisance de droit que l'aeci­dent est dû à un fait extérieur à la vk­time .. qui constitue un riH<JUe inhérent au trajet normal;

A.ttendu que l'appelante interprète ce concept de la façon la plus large, qui peut se résumer ainsi : la victime se trouvait sur le chemin normal du tra­vail; elle pouvait utiliser une moto; elle a en un accident quelconque, ce mot étant pris dans son sens le plus large; il n'en faut pas plus pour que la réparation soit due en vertu de la loi de 1903, des arrê­tés du 24 décembre 1941 et du 13 clécem­bre 1945;

Attendu qu'une interprétation aussi large du terme << accident )) ne paraît pas pouvoir être acceptée; qu'il convient de prendre ce mot dans le sens et les limi­tes que lui assignent l'économie de la loi de 1903 et la définition qni y est donnée;

A.ttendu que, dans ce sens légal, }'acci­dent cloit être notmument imputable à l'intenrention d'une force extérieure à la victime;

Attendu que la victime d'nn accident sur le chemin du travail ne bénéficie pas, quant it la preuve, de la présomption <lont bénéficie la victime d'un accident snrvenu snr le lieu même du travail; qu'il en résulte qu'il incombe à l'appe­lante d'établir, par les modes de Drenve ordinaires, notmument que l' accident est dû à un fait extérieur à la victime, inhé­rent au trajet normal;

A.ttendu que le fait même cle la chute - qui peut ne pas être une cause maïs seulement l'effet d'une autre cause -- n'implique pas à lui senl l'existence d'un accident du travail et en particu­lier d'une force extérieure; que si la vic­time est décédée à la suite d'une chute. encore faut-il établir que cette chute a été provoquée elle·même par un · autre

événement initial qui en est la cause et qui constitue Ie fait extérieur à la vic­time, et de plus le risque inhérent au trajet normal;

Attenclu que l'instruction répressive n'a pu élucider les circonstances particuliè­res et les causes de la chute de Haidon; qu'il est impossible de l'attribuer avec certitude à tel ou tel motif et de faire un choix parmi les diverses hypothèses émi­ses par les experts ou qui penvent venir à l'esprit; qu'on ne sait pas si la victi­me a été prise d;un malaise attribuable à son état de santé - auquel cas il n'y au­rait ni force extérieure ni risque inhé­rent au trajet normal -, ou si elle a fait nne fausse manceuvre due ä. l'état de la route ou à un accident mécanique :UHJne>l ea~ les conditions requises se­raü>nt réunies;

Attendn que de cette incertitucle ré­snlte nne carenee cornplète de preuves en ce qui concerne l'existence des conditions exigées ponr que l'accident subi sur Ie chemin du travan puisse ouvrir le droit tt la réparation légale.

Par ces motifs, statuant contradictoi­rement et en degré cl'appel, cUt l'appel re­eevable; ce fait, confirme le jugement clont appel; réformant quant aux clépens, con­c1amne l'intimée à tous ceux-ci.

Du 28 mars 1956. - Tribunal civil de ,Huy. - Prés. :M. Bribosia, présiclent. _:_ PL MM. Collignon et Lousbergtecqmenne (tons denx dn ba.rreau cl'appel de Liège).

TRIBUNA.L CIVIL ll.Ei MARCHE-EN-F .A::\1JjJNNE

9 juin 1956

BAli X UOMMERCIA. ux. REFUS DE RE-NOUVELLEMEN'l'. - EXERCICE ULTÉRIEUR PAR LE BAILLEUR D 'UN COMMERCE SIMILAIRE. -INDEMNI'rÉ D 'ÉVIC'l'ION. - DÉLAI D'UN AN.

PoiNT DE DÉPART. - CouMERCE SIMI­LAIRE. - N O'l'ION.

Lorsqne le retus de reno·zwellement d',un ba;il commercial, ponr occu.paUon person­nelle pnr le blLilleur, ne préciswit pas 1,e mode de cette OCCilJJa,f'ion, mnis q·ue le ba'illeur y emer·ce wn comme,rce Simi­lair·e, l'action en paueme·nt de l'indem­nUé d'éviction tondée s·zw l'nr·ticle 25, 2°, contenn dans la, loi du, 30 am·-il 1951, pe-u,f êt,re .i,ntentée penda,n,t un a,n à, par-

38 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

ti1· dt(, joiw de l'o·nve,rturë d11 comme1·ce shnilai1;e. ·

DettrJJ conwrwrces sont s'im'ilwires qtland sant ofteJ·ts à la cl·ientèle (les a1·Ucles semblables.

(GOI!'FIN, 0. DUMONT.)

JUGEMENT.

LE TRIBUN..::\..L; - Attendu que l'ac­tion intentée par Goffin, locataire d'un immenbie à destination commerciale ap­partenant à l'intimé Dumont, a pour ob­jet le payement d'une sommede 42.000 fr. à titre d'indemnité d'éviction égale à deux années de loyer;

Attenclu que l'action est basée sur le fait que Dumont, qui a refusé à Goffin le renouvellement de son bail << pour occu­per Ie bien loué personnellement et effec­tivement (art. 16, I, 1°, de la loi du 30 avril 1951) )), exerce <lans l'immeuble un commerce similaire à celui y exercé avant lui par Ie locataire;

Attendu qu'à l'action ainsi intentée Dumont objecte que la clemande n'est plus recevable, vu la forclusion, et qu'elle n'est pas fondée, son commerce n'étant pas similaire à celui exercé par Goffin;

Attendu qne le premier juge a déclaré l'action receYable; que, vour Ie fond, il a désigné un expert a vee mission de reeher­eher si les commerces exercés par Goffin et Dumont sont ou non similaires;

Quant à la forclusion : Attendu qu'à bon droit le premier juge

a déclaré l'action recevable; qu'en effet, aux termes de l'article 28 de la loi sur les baux commerciaux, le délai d'un an prévu à eet artiele prenel cours· à dater « du fait)) donnant ouverture à éviction;

Attendu que ce fait est, en l'espèce, ce­lui prévu à l' artiele 25, 2°, de la même loi, soit le fait, par le bailleur ou un des occupants énumérés dans l'article 16, I, d'exercer dans l'immeuble un commerce similaire :

Attendu qu'il s'ensnit qu'aussi long­temps qu'en fait le bailleur n'exerce pas de commerce similaire dans l'immeuble, le ûroit à l'indemnité d'éviction de ce chef ne s'ouvre pas :

Attendu qu'en l'espèce, c'est le 3 avril 1955 seulement que Dmnont installa son commerce dans l'immeuble litigieux; que l'action fut intentée par e~ploit du 6 mai (1955, après préliminaire d~ conciliation à l'audience du 3. mai, soit donç moins d'un

an à ciater du fait donnant ouverture à l'éviction;

Attendu que Dumont objecte que Goffin a connu clès son refus de renouvellement du bail son intention exacte d'exercer dans l'immeuble le même commerce qu'il ex.erçait auparavant et que Goffin quali­fie de similaire au sien;

Attendu que, comme l'a déclaré le pre­mier juge, les termes du refus rappelés ci-dessus ont été particulièrement clairs et précis; qu'il n'y est nullement ques­tion de l'exercice d'un commerce simi­laire, Dumont s'étant borné à notifier sa volonté d'occuper le bien Dersonnellement et effectivement;

Attendu que Dumont fait valoir en plus que Goffin a tellerneut bien connu son intention qu'avant la présente procé­dure, soit en septembre 1953, il l'a invité en conciliation pour accm·d sur la date de départ et sur le payement de l'indem­nité d'éviction;

Attendu que les parties sont contraires en fait sur lem·s déclarations respectives lors de leur comparution devant Ie pre­mier juge;. qu'il n'est pas prouvé à suffi­sance que Dumont y a clairement déclaré qu'il exercerait un comlllerce similaire à cel ui du preneur;

Attenclu, d'ailleurs, que ce n'est pas l'intention d'exercer un commerce simi­laire qui donne' naissance au droit à l'in­demnité, mais l'exercice clu commerce si­milaire; que si Goffin avait assigné son propriétaire en se basnut sur cette seule intention, sans attendre en fait si cette intention allait se réaliser, Dumont au­rait pu lui objecter que son action était préma turée;

Attendu, d'autre part, que les corres­pondances échangées ne penvent par el­les-mêmes faire courir Ie délai regnis pour intenter l'action alors que le légis­lateur a imposé en cette matière un for­malisme rigoureux;

Quant au fondement de la dernarrele : Attendu que Dumont conteste que son

commerce soit similaire à celui exercé par Goffin et qu'il prétend que, pour qu'il y . ait commerce similaire, il fa ut que le bailleur ou propriétaire retire en fait un profit de l'activité commerciale exercée dans l'immeuble par Ie preneur;

Attendu que c'est là ajouter à la loi; que le législateur a estimé que du· fait de l'exercice d'un commerce similaire, et par là il faut entendre vente d'articl~s s_e:r;nblables, il y avait droit à. îndemni~é,

TRIBUNAUX 39

sans reehereher s'il y a ou non profit vol1r lG l;aille~n·; . que cettt> notion de pro­fit est en soi étrangère à la notion de similitude de commerce et que I'indem­nité d'éviction est due, qu'il y ait ou non profit pour Ie builleur on le propriétaire; que même le législa teur, pour évi ter toute discussion sur le profit plus ou moins élevé réalisé par l'éviction du pre­neur, a fixé hü-même forfaitairement la hauteur du préjuclice sulli par Ie loca­taire évincé, autrement cUt, l'inclemnité d'évict1on qui revient à ce dernier;

Attendu que si le payement de l'indem­nité d'éviction était subordonné à l'exis­tence d'un profit clans le chef du baH­leur, le preneur se verrait tonjours dans l'impossibilité cl'apporter la preuve de l'existence de ce profit;

Attendu que, sans donte, la jurispru­clence trouve dans le profit réalisé par le preneur un indice ou un critère de la si­militude des commerces, mais c'est là un critère uniquement; qu'il suffit que la elientèle clu preneur soit susceptible cl'aiJ­porter une contrilmtion au dévelopl)e­ment des affaires du bailleur (cf. cass., 10 février 1955, PASIO.J 1955, I, 625);

Attendu qne la similitude des commer­ces est une question de fait à apprécier par les tribunaux; qu'en l'espèce, si l'on tient compte de la publicité faite rmr les deux parties en cause, on constate que tons deux vendent des ob:iets similaires, sott lainages, bonneteries, vêtements de travail, tissus d'ameubiement, lingerie; que cette énumération seule suffit déjà pour démontrer qu'en fait les deux com­merc:es sont similaires pour de nombreux ob jets; que cela suffit ponr que Dumont puisse retenir une partie de la clientèle de Goffin;

Attendu que Dmnont reconnaît d'ail­lem·s qu'il exerce au moins partiellement un commerce similaire à cel ui de Goffin: qu'en effet, il déclare lui-même, dans le pl'emier paragraphe des conclusions pri­ses devant le premier juge, que « de long­temps le deman<leur et le cléfenclenr exer­cent à Marche-en-Famenne des activités similaires )) ;

Attendu que la circonstanee que Du­mont exerçait .déjà auparavant le même commerce est sans influence; que Ie fait du transfert de ce commerce dans l'im­meuble ou Goffin avait exploité le sien est susceptible de retenir une partie de la clientèle de ce dernier, les artiel es vendus étant ·en bonne partie similaires;

Attendu que Ie recotn·s à une expertise n'est pas néePssaire en l'espèce;

Montant de l'indemnité : Attendu fllW la loi du 29 juin 1955, por­

tant l'in<lemnilé d'éviction à trois ans de lqyers, est applicable aux affaires pen­dantes; que l'indemnité doit clone être vortée à ü3.001J francs;

Par ces motifs, statuant. contradictoi­rement en degré d'appel, dit l'appel reee­va ble; continne le ju gement a q na en tant qu'il a dit la demande reeevabie · réformant en taut qu'il a désigné expert', et évoquant, dit 1' action fondée; con­damne l'intimé à payer à l'appelant une indemnité de 63.000 francs; le condanme aux intérêts judiciair·es et aux dépens · des deux instnnces ..

Du 9 juin 1956. - Tribunal civil de Marche-en-Famenne.- Prés. M. Degrune, présiclent. - Pl. l\1M. Hanin et Petit.

TRIBUNAL CORRECTIONNEL DEMONS

30 novemhre 1956

OPPOSITION. - MATIÈHE RÉPRESSIVE. JUGEMEN'l' DU 'rRIBUNAL CORRECTIONNEL. FORME DE L'OPPOSI'l'ION. - DÉCLARA'l'ION EN RÉPONSE AU BAS DE LJAC'l'E DE SIGNIFIUA­'l'ION PAR DÉFAU'l'. --:-- lRRECE\'ABILITÉ.

L'opposition par 'llne cléolar·ation wu. ba,s de l'acte cle s·ign,ification cl1t jugement pwr (léfnut. ]Je'rrn'ise en mat-ière cle po­lice, est proscrite en 'lnaUè-re cor'rec­tlonnelle; est seu,le reoevableJ en oe cas, lJ opposition faite par· exploit (lJhniss,ier sig,wijié au mhûstèr·e p-nbUo et. éventuellementJ nu.r nutres pa·rties en cnu8e.

(l\IINISTÈRE Pl;BLIC, C'. P .... )

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; - Oui le ministère 1mhlic sur la recevabilité de l'opposition en ses réquisitions, et le prévenu dans sa défense par lui-même;

Attendu que l'opposition· a été faite Ie 14 novembre 1956 par une déclaration du prévenu à l'huissier, en réponse au bas de l'acte de signification du jugement par défaut; · ·. ·

40 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

Que cette forme c1'opposition, permise en matière de simple police (Code d'instr. crim., art. 151), est proscrite en matière correctionnelle (art. 187) ;

Qu'il résulte, en effet, des termes de I' artiele 187, 4°, du Code d'instruction criminelle, modifié par la loi du 9 mars 1908, que seule est valable devant Ie tri­bunal correctionnel l'opposition faite par exploit d'huissier signifié au ministère public et éventuellement aux autres par­ties en cause;

Qu'à défaut de signification faite par un officier ministériel au ministère pu­blic, l'opposition ne peut être reçue;

Par ces motifs, vu les articles 1, 11, ~~~~~.~.~~~~~~ 15 juin 1935 dont il a été fait applica­tion, et en vertu des articles 186, 187, 162, 194, 195 du Code d'instruction criminelle, indiqués à l'audience par 1\1. Ie président, statuant contradictoirement, déclare l'op­position non recevable; condamne !'oppo­sant aux frais 11'opposition envers la par­tie publique.

Du 30 novembre 1956. - Tribunal cor­rectionnel de :Mons. - 68 eh. - Siég. M. Delporte, juge uniqne. - Min. publ. lVI. Yaes, substitut du procureur du roi. •

TRIBUNAL CIVIL DE BRUXELLES

22 ntars 1956

1° CO:MPÉTENCE CIYILE. - ExcEP'l'ION D'INCO:M:PÉ'l'ENCE « RATIONE MATERIAE )! DU JUGE DE PAIX SOULEVÉE POUR LA PRE-11UÈRE FOIS EN DEGRÉ D'APPEL. - RECEVA­BILITÉ.

2° CONTRATS. - VOYAGEUit DE COMMERCE CONSACRANT T011TE SON ACTIVITÉ XUX AFFAI-

(1) 'l'radllction.

LE TRIBUN AL; - Vu, produits en forme régulière : 1 o le jugement dont appel, rendu contradictoirement entre parties, le 2 novem­bre 1954, par le juge de paix du 1"' eau­ton de Bruxelles, signifié le 11 février 1955 à la partie Schoutteten par l'huissier Ad. H. Schnaphauf, de résidence à Au vers; zo l'acte d'appel, signifié le 28 février 1955 par l'huis­sier Bastiani, de résidence à Bruxelles;

Vu ·les conclusions écrites des parties et entend u celles-ei en· leurs moyens;

Attendu que l'appel, introduit dans le délai, est 'régulier quant à la forme; qu'il apparaît recevable;

RES. D'UN SEUL Ei\IPLOYEUR. - SUBORDINA­'l'ION DIRECTE. - LOUAGE DE SERVICES. -PAYEMENT SOUS FORME DE COIDHSSIONS. -lNOPÉRANCE. - COMPÉ'l'ENCE DU CONSEIL DES PR UD'HOllfl\{ES.

1° Est ·receva.ble l'exception d'incmnpé­tence ratione materiae clu j·u.ge de pwi.x sou.levée pou.r la p1·em·i.è-re to·is de­va.nt le tri.bnna.l de p'remière Mtstance siégennt en clegré cl'a.ppel.

2° Le contm.t Uwnt ttn 'VOJJagewr de eom­Jnerce èt son ernployewr, a1uv affai·res clu.­qtwl U con8a.ere tou.te son a.ctivité et wnqu.el il e8t directem.ent s·ubo1·donn<l. est un lo·nn{!e lle se·rvices et non wn 'Jn(t•Julnt; clè8 lors, c' est le consen cles pr·ncl'homrnes qu•i. est cornpétent po·ur connnître ll11 litige q·u•i l'oppose à son em.ployeu.1·.

(SCHOUT'l'ETEN, C. SOCIÉ'l'É ANONYME (( LE CON­FOH'f DU HOME E'f LES DEUX AGNEAUX RÉU­NIS )),)

VONNIS (1).

DE RECHTBANK; Gezii:m, in regel-matige vorm voorgebracht : 1° het von­nis waartegen beroep, op tegenspraak tussen partijen, op 2 november 1954, door de vrederechtbank van het 1ste kanton Brussel uitgesproken, vonnis aan partij Schoutteten op 11 februari 1955 betekend, door de deurwanr(ler Ad. H. Schnaphauf, te Antwerpen verblijvende; 2° de akte van beroep, op 28 februari 1955, door de deurwaarder .Joseph Bastiani, te Brnsspl verblijvende, betekend;

Gezien de schriftelijke conclusiën der partijen en gehoord deze partijen in hun middelen;

Overwegende dat het beroep, tijdig in­gediend, regelmatig naar de vorm is; dat het als ontvankelijk voorkomt;

Aangezien de oorspronkelijke eis in

Attendu que l'action ongmaire tendait en ordre principal à la condamnation de l'appe­lant, M. Schoutteten, au payement d'une somme de 5.342 francs ;

Attendu que ce montant représenterait le solde d'un acompte non entièrement acquitté dont un tiers - Mme Rosa Peeters - serait redevabie en raison d'une commande de mar­chandises faite à l'intervention de l'appelant;

Attendu que le premier juge a fait droit à la demande ;

Sur la compétence :

Attendu que l'appelant soutient avoir. tra­vaillé pour compte de l'intimée en ql1alité d' employé et que, partant, le présent lit,ige

TRIBUNAUX 41

hoofdorde tot de verwijzing van de heer Schoutteten, appellant, in de betaling strekte van 5.342 frank;

Aangezien dit bedrag het overschot uit­maken zou van een onvolledig vereffende afkorting die een derde - Mevr. Ros a Peeters - verschuldigd zou zijn wegens bestelling van goederen, ter tussenkomst van appellant;

Aangezien de eerste rechter de aan­vraag inwilligde;

Nopens de bevoegdheid : Aangezien appellant staande houdt dat

hij, als bediende, voor rekening van ge­ïntimeerde werkzaam zou geweest en al­dus voor huidig geding aan de werkrech­tersraad en niet aan het vredegerecht on­derhorig zou zijn;

I. Aangezien dergelijke exceptie voor het eerst voor de rechtbank zetelende in graad van beroep opgeworpen mag worden;

Aangezien voor de uitzonderingsrecht­banken - en derhalve voor de rechts­mac-hten die, in graad van beroep, van

serait de la compétence du conseil des prud'honunes et non de la justice de paix;

I. Attendu que pareille, exception peut être soulevée pour la première fois devant le t.ri­bunal siégeant en degré d'appel;

Attendu, en effet, que devant les tribunaux d'exception - et partant devant les juridic­tions appelées à cmmaître en degré d'appel des décisions rendues par ceux-ci - les règles relatives à la compét.ence conservent leur ca­ractère absolu (cf. R{'pert. pmt. du d1·. belge, v" Exceptions et fins rle non-1·ecevoi1·, n"' 83 et 84; Les Novelles, v" Pl'oCé(lure civile, t. I", n" 543);

II. Attendu qu'il se déduit notamment du cont1~at à l'essai conclu verbalement entre les parties les 7 et 8 septembre 1949 et qui, sui­vant la déclaration « expresse » faite par tou­tes deux à l'audience, régissait, selon leur volonté commune, leurs rapports juridiques à l'époque de la connnande faite par Mme Ro­sa Peeters : a) que l'appelant devait se con­former rigoureusement aux instructions de l'intlmée; b) qu'il s' engageait à consacrer son entière activité au profit de l'intimée; c) qu'il lui. était notamment interdit de conclure au­enne convention, queUe qu'elle soit, pour son compte ou pour compte de tiers, relativement à des biens rentrant dans l'activité sociale de l'intimée · Attend~ qu'il résulte des éléments qui pré­

cèdent, ainsi que de toute l'économie du can­trat litigieux, que l'appelant était directe­ment subordonné à l'intünée;

Attendu, d'ailleurs, que la· circi:mstance que

hun beslissing kennis hoeven te nemen - de bevoegdheidsregelen hun absoluut karakter inderdaad behouden (cf. Rép. prat. dr. belge, V 0 Exceptions et fins de non-recevoM·, nrs 83 en 84; Les Novelles, Procéd·ure C'it,ile, b. I, nr 543) ;

II. Aangezien uit de mondelinge proef­overeenkomst tussen partijen op 7 en 8 september 1949 gesloten en die, luidens de cc uitdrukkelijke)) verklaring door hen beiden ter zitting afgelegd, overeenkom­stig hun wederzijdse wil, hun juridische verhoudingen tijdens de bestelling van Mevr. Rosa Peeters steeds beheerste, na­melijk blijkt : ct) dat appellant zich stipt naar de onderrichtingen van geïntimeer­de schikken moest; b) dat hij zich ver­bond zijn ganse werkzaamheid ten voor­dele van geïntimeerde te wijden; c) dat het hem namelijk verboden was gelijk welke overeenkomst, voor hem zelf of voor rekening van derden, te sluiten, be­treffende goederen die het voorwerp van de maatschappelijke . bedrijvigheid van geïntimeerde uitmaken;

Aangezien uit voorgaande bestandcle-

1' appelant était rémunéré à la comm1sswn ne suffit pas, en soi, à lui conférer la qualité de représentant de commerce autonome;

Attendu, en effet, que la jurisprudence et la doctrine sont unanimes à. considérer la con­vention en vertu de laquelle un voyageur de commerce s'engage à consacrer toute son act.i­vité aux affaires d'un seul employeur plutót. comme un cantrat de louage de services que comme un mandat, quel que soit le mode de rémunération (comm. Bruxelles, 28 octobre 1910, B. J., 1911, col. 27; Bruxelles, 15 avril 1912, Jm·. comm. Bruo;., 1912, p. 416; FREDE­

RICQ, PTincipes, t. 1", p. 319); Attendu enfin, et pour autant que de be­

soin, qu'il y échet de relever que l'appelant a bénéficié d'indemnités de chómage et qu'il était inscrit à l'Office na.tional de sécurité so­ciale;

Attendu qu'il apparaît, des considérations susénoncées, que, lors de la cammande de Mm•. Rosa Peeters, l'appelant se trouvait dans les liens d'un cantrat de louage de services; que le premier juge éta.it dès lors incompé­tent pour connaître de l'action originaire;

Par ces motifs, statuant contradictoirement, entendu M. Dumont, substitut du procureur du roi, en son avis donné en audience pub1i­que, écartant toutes conclusions autres ou contraü·es comme non fondées, reçoit I' appel; le dit fondé; met le jugement a qno à néant; émendant, dit que le premier juge était in­compétent pour cmmaître de la cause; renvoie les parties pour se pourvoir comme de droit; condamne l'intimée a.ux dépens des deux in­stances.

42 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

len, alsook uit de ganse economie van het betwist contract, voortvloeit dat appel­lant rechtstreeks aan geïntimeerde onder­geschikt was;

.Aangezien de omstandigheid dat appel­lant bij middel van commissielonen ver­goed was, trouwens op zichzelf niet vol­staat om hem de hoedanigheid van onaf­hankelijke handelsvertegenwoordiger te geven;

.Aangezien rechtspraak en rechtsleer iuderelaad het eens zijn om te verklaren dat de overeenkomst bij welke een han­delsreiziger belooft zijn ganse bedrijvig­heiel aan de zaken van een enkel werkge­ver te wijden, meer als een dienstcon­tract clan als een mandaat dient aange­zien, welke de vergoedingswijze ook moge wezen (handelsrechtb. Brussel, 28 oktober 1910, Belg. juà., 1911, kol. 27; Brussel, 15 april 1912, Jwr. aonttn. Br·zt{J}., 1912, p. 416; FREDERICQ, Pr-incipes, b. I, p. 319);

.Aangezien de nadruk - eindelijk en voor zoveel nodig - dient gelegel op de omstandigheid dat appellant werkeloos­heidsvergoedingen genoten heeft en dat hij bij de Rijksdienst voor maatschap­l)elijke zekerheid ingeschreven was;

.Aangezien uit voorgaande overwegin­gen spruit dat appellant tijdens de bestel­ling van Mevr. Rosa Peeters zich in de banden van een dienstcontract bevond; dat de eerste rechter derhalve onbevoegd was om van de oorspronkelijke eis ken­nis te nemen;

Om deze redenen, rechtdoende op tegen­spraak, in hoger beroep, gehoord de heer Dumout, substituut-procureur des ko­nings, in zijn eensluidend advies, in open­bare zitting gegeven, alle andere of te­genstrijdige conclusiën als ongegrond ver­werpende, outvangt het beroep; ver­klaart het gegrond; vernietigt het vonnis a qu.o ,· verbeterende, zegt dat de eerste rechter onbevoegd was om van de zaak kennis te nemen; verzendt cl~ partijen ·om zich te voorzien als naar recht; ver­wijst geïntimeerde in de kosten van beide aanleggen.

Du 22 mars 1956. - Tribuual civil de Bruxelles. 12e eh. - S·iég. M. Colson, vice-présideut. Min. p·nbl. M. · Dumont, substitut du procureur du roi. - Pl. MM. Beduin et Duval.

TRIBUNA.L CORRECTIONNEL DE MARCHE-EN-FAlVIENNE

28 juin 1956

1° ROULAGE. - CARACTÈRE DE L'OBLIGA­TION DE CÉDER LE PASSAGE, IMPOSÉE PAR L' AHTICLE 16, 1, ALINÉA 2, DU CODE DE LA' ROUTE. PAS DE HIÉRARCHIE DES VOIES.

2° ROULAGE. - CONFLIT ENTRE LES CRI­TÈRES DE PRIORITÉ DE PASSAGE. - CARAC­TÈHE DÉROGATOIRE DE L' ALINÉA 2 DE L' AR­TICLE 16, 1, DU ÜODE DE LA ROUTE, PAR RAPPOR'l' AUX DEUX DISPOSITIONS QUI LE PRÉCÈDENT. CRI'l'ÈRE PRÉVALANT SUR CE­LUI DE LA HllÉRARCHIE DES VOIES.

3° ROULAGE. - CoNDUCTEUR DÉBOUCHANT, A UN CARREFOUR, D'UNE VOIE POURVUE D'UN TRIANGLE RENVERSÉ. - INFRACTION NON SEULEMENT A L' ARTICLE 16 MAlS AUSSI A L' ARTICLE 7, 2, DU CODE DE LA ROUTE.

1 o Une ·vo'ie p1tbUq·u.e a1c.t1·e que celles én·wmét·ées à, l'n1·Uale 16, 2, àu Ooàe de ln ro·u.te (pa1·ae que notanwnent àépout·­'V'lt.e cl·u s·ignal n° 2) ne pe1i.t être légale­'inent q'ltal'ifiée cle « vo·ie pr·ina'ipnle >>, à '1/.'n anrrefo·zw, par ntpport à u.ne vo·ie pou1·vne cl·u. tr'inngle 1·enversé, aeln en clépU cle « l'obligaUon cle aécll31' Ze pas­sage >> hnposée l't l'1tsar1er cle aette cler­ni.ère par l'(wt'iale 16, 1, aUnéa 2, cl·ndit code.

2° En aas de conflit entre les m·Uères de p·riorité cle passage résultant respecti­·vement des articles 16, 1, alinéa 1er, et 16, 2, cl'u.ne pwrt, de l'wrticle 16, 1, (Ûinéa 2, d'a1tt'i:e part, d1t Oode de la mnte, la 1·ègle, pl11s spéc'iale, de l'wrti­cle 16, 1, aUnén 2, doit p·révaloir.

En conséqu.ence, est lé(f(Û ·nn triwngle ren­·versé plncé S1tt' 1tne n1·tè1·e pourmte cl'une ·vo'ie fetTée po·zw obUgm· l'·usager de cette (trtère à céäm· le pnssage ~ l'·zusager de ln 1:o'ie nbonlée.

3o Enf'rei.nt non seulement l'nrtiale 16, mnis é,rJ(Ûement l'a:rticlc 7, 2, clu Oocle cle la 1'0'ltte, le concluateu1· qu·i clébon­che, à. 1tn carrefou.r, cl'une voie po1wmw cl'·wn trianr1le ·renversé, sa.ns céäer le J)(t.ssage à l'usage·r cle ln voie (tbordée.

(CRAHAY, C. BEHGHUYS E'l' MARSUIKER.)

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; - Vu les appels i.n­t~l:jetés le 18 mai 1956 par la prévenüe et

'rRIBUNAUX 43

le civilement resvonsable et le 19 mai 1956 par M. le procureur du roi.

Attendu que les appels sont réguliers en la fonne et qu'ils ont été interjetés dans les delais légaux; que, partant, ils sont reeevables;

Attendu, d'une part, que la voie publi­que abordée par la prévenue n'était au­enne de celles limitativement énumérées à 1' artiele 16, 2, cl u Code de la route; qu'elle ne peut clone être qualifiée de << principale )) ;

Que, par conséquent, la circulation au carrefour considéré n'était pas régie par les dispositions combinées de l'article 16, 1, alinéa 1er, et 16, 2, (lu Code de la route, comme l'avait achnis le premier juge, maintenant une qun.Ufication erro­née;

Attenclu, en revanche, que la voie pu­blique dont débouchait la prévenue était pourvue d'un signnl la, ct~ qui, aux ter­mes de l'nrticle 16, 1, alinéa 2, de l'ar­rêté royal du 8 avril 195±, modifié par arrêté royal du 15 juin 1954, obligeait cette automobiliste à « cédc~r Ie passage aux conducteurs circnlant sur la voie qu'elle allait a border )) ;

Attendu, d'autre part, qne Ie fait ma­tériel reproché à la prévenue sur pied de l' artiele 16 du Code de la route est de nature à constituer également une infrac­tion à l'arficle 7, 2, du même code;

Attendu que, pour ces deux raisons, il y a lieu de redresser et de compléter la qualification dans les t(~rnw::;; provosés par Ie ministère public;

Attenclu que les varties ont fait valoir lem·s moyens sur pied de la qualifica­tion nouvelle dont elles a vaient été régu­lièrement avisées; que les droits de la défense ont été respectés;

Attendu, quant au fond, que la pré­sence simultanée d'une voie de tram et d'nn triangle renversé sur la route dont débouchait la prévenue créait un conflit entre deux critères légaux, non de « hié­rarchie des voies )), mais bien de « prio­rité de passage));

Que la solution de ce conflit réside dans le caractère dérogatoire qu'a mani­festement, par rapport aux deux disposi­tions qui Ie précèclent, l'alinéa second ajouté par l'arrêté royal du 15 juin 1954 à l'article 16, l, de l'arrêté royal du 8 a vril 1954;

.Attendu, par conséquent, qu'est parfai­tement légal un signal n° la placé sur une voie publique, même principale par

pour obliger le c.onducteur qui y circule à céder Ie passage ä celui circu­lant sur la voie abordée:

Attendu que l'infraction à l'article 16, 1, alinéa 2, est clone établie . dans les termes ou elle a été libellée dans l' acte d'appel du ministère public;

Attenclu que, du même fait, la préve­nue a également enfreint l'article 7, 2, de l'arrêté royal du 8 avrii 1954, pour ne point s'être conformée à la signalisation établie en vue de régler la circulation, la régularité de la forme et la visibilité clu signal n'étant pas contestables en l'espèce;

Que ce même fait matériel, constituant une infraction aux articles 7, 2, et 16, 1, alinéa 2, du Code de la route, est en fait la seule cause de l'accident, et par­tant des blessures involontaires visées à la première prévention;

Qu'il y a clone lieu de ne ürononcer qu'une seule peine, en application de l'nr­ticle 65 cl u Code pénal;

Au civil : Attendu que la constitution de partie

civile est faite au nom de Crahay vère et de ses deux fils, tous trois membres d'une société de fait; qu'elle est recevable;

Attendu qu'en l'espèce Ie conducteur IJ'lammang, prévosé des varties civiles, jouissait de la priorité de rmssage;

Que rien ne permet d'affirmer qu'il ignorait sa priorité;

Que ni les traces de freinage, ni aucun autre élément de preuve n'établissent dans son chef un excès de vitesse ou un manque de précaution quelconque, compte tenu des circonstances concrètes de la cause;

Attendu, en conséquence, que la préve­nue doit être déclarée entièrement res­ponsabie des suites de !'accident;

Attendu que le montant de la réclama­tion est justifié ... ;

Par ces motifs, oui :M. de Halleux, sub~ stitut du procureur du roi, statuant con­tradictoirement et en clegré tl' appel, re­çoit les appels; au pénal : réformant le jugement dont appel, sauf en ce qui con­cerne le taux de la veine, déclare éta­blies les trois préventions telles qu'elles sont libellées suite à la disqualification proposée par le ministère public; con­damne la prévenue à une peine unique de 20 francs d'amende ... (La Stf,'Ïte sans in­téTêt.)

.Du 28 juin 1956. - Tribunal correc-

JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

tionnel de Marche-en-Famenne. - Prés. M. Degrune, président. - M·in. publ. M. de Halleux, substitut du procureur du roi. Pl. MM. G. Petit et Thiry ( celui-ei du bar-reau de Liège).

TRIBUNAL DE COMMERCE DE TOURNAI

23 octohre 1956

ROULAGE. - VÉHICULE SUR RAILS. -PARRAGE A NIVEAU NON GARDÉ. - SIGNALI­SA'l'ION RÉGLEMENTAIRE MAIS INSUFFISANTE. - RESPONSABILITÉ.

Les 'règles élémentaires de la pru.dence doi·vent to·ujott'l'S être observées par la Société nat·ionale des chemins de ter belges. Des tn·écatttions sont Mul-ispen­sables à tm passagè à n-iveatt non gwrdé, de façon qtte Z'ar'J'ivée d'·nn con·vo·i ne s1t1·prenne pas les 'ltsage·rs de la r·oute.

L'exploitant e·ngage sa responsabi-Uté s'il se borne à mettre en phwe ·une s·ignaU­satio·n conforme nn ·règlement, alors que les c'i'f·constances äe fwit exige·nt, po·ur la sécu1·ité des ·usagers, des moyens ll'avertisserne·nt plus ejJicaces.

(VERMEULEN, C. SOCIÉTÉ NATIONALE DES CHEMiNS DE FER BELGES.)

Jl~flEMENT.

LE TRIBUNAL; - Vu !'exploit d'as­signation, du 30 mars 1956, enregistré, tendant à entendre condamner la défen­deresse à payer au demandeur la somme de 43.447 francs, à titre de dommages­intérêts;

Attendu que les faits suivants sont ac­quis aux débats : 1 o Ie 20 octobre 1955, vers 9 heures, sur le territoire de la ville de Tournai, chaussée de Bruxelles, à la traversée du passage à niveau non gardé de la ligue de chemin de fer elite « Tour­nai ü Chercq )) ou (( Tournai-Allain )) , une collision survint entre un camion auto­mobile appartenant au demandeur et une locomotive conduite par un préposé de la défenderesse; 2° Ie camion du cle­mandeur venuit de Leuze et se clirigeait vers Tournai; 3° il avait traversé la plus grande partie du passage à niveau lors­qu'il fut atteint à l'arrière droit par Ie butoir avant droit du tender de la loco­motive, laquelle venait de la station de

Tournai et roulait en direction cl' Allain; 4° cette locomotive, tender en avant, cir:... culait sur la voie droite, par rapport à sa direction, c'est-à-dire sur la seconde voie qui traverse Ie passage à niveau pour les usagers venant de Leuze et al­lant à Tournai;

Attendu qu'une enquête fut faite par· la police de Tournai et que le dossier fut classé sans suite par Ie ministère public~ Ie 8 novembre 1955, les motifs étant : «!'absence de préjudice dans le chef de la Société nationale des chemins de fer belges et l'inopportunité des poursuites));

Attendu que Ie demancleur impute à la défenderesse la responsabilité totale de· !'accident; danR son assignation, il re­proche à celle-ci des fautes lourcles résul­tant spécialement d'une signalisation non conforme au règlement en vigueur et, en tout cas, absolument inopérante à l'en­,droit précité, au moment de l'approche ou du passage ü'un train;

Attendu que la défenderesse conteste le fondement de l' action; en ordre princi­pal, elle soutient qu'il n'existe pas d'obli­gation, pour un machiniste, de prendre garde à la circulation routière, lorsque son convoi traverse un passage à niveau, et ce quelle que soit l'àllure à laquelle il roule; subsidiairement, que le passage à niveau dont il s'agit est signalé confor­mément au règlement; qu'il est annoncé à !'automobiliste venant de Leuze, par un poteau . surmonté d'un triangle por­tant la silhouette d'une locomotive, iudi­quant l'approche du passage à niveau non gardé, ensuite, par trois poteaux ba­lises espacés de 50 en 50 mètres; enfin, au passage à niveau même, il y a un po­teau avec la double croix de Saint-André et deux poteaux portant des cataphotes et un feu rouge ;

Attendu que la défenderesse soutient que, l'usager de la route étant ainsi averti, il appartient à celui-ei de prendre ses précautions et de s'assurer que Ie passage est libre, sans danger; que Ie feü. rouge était allumé et que si Ie conduc­teur du camion ne s'en est pas rendu compte, c'est qu'il l'a mal observé; qu'an ·surplus, ce feu rouge était une signalisa­tion complémentaire qu'elle n'était pas -obligée de faire, en vertu du règlement; ·,que, par contre, le conducteur du véhi­-cule devait avoir son attention attirée sur le fait que des voitures étaient arrê­tées de l'autre cöté du passage à niveau,. en prévision de l'approche du train;

TRIBUNAUX 45

Attendu qu'il ne peut être contestii, :ainsi que le souligne, à juste titre, le de­maudeur, que si la signalisation du pas­sage à niveau litigieux est assurée de manière efficace pour les usagers de la route venant de Tournai et se dirigeant vers Leuze, il en est tout autrement pour ceux qui circulent en sens opposé;

Attenclu que les verbalisants, qui se sont livrés sur place à plusieurs expé­riences concluantes (voir dossier pénal), sont formels pour dire qu'il est impossi­bie aux automobilistes venant de Leuze de se rendre compte si un train arrive à ,leur droite (gare de Tournai) avant d'être engagés dans le passage à niveau; que le fait est si vrai que toutes les voi­tures venant de Leuze, sans aucune ex­ception, continuent leur route, taudis que celles qui viennent de Tonrnai s'arrêtent lorsque le fen est allumé;

Attendu que les verbaUsauts précisent que le poteau portant le fen est placé très à droite, à proximité de la maison­nette de la Société nationale des che­mins de fer belges; qu'ainsi, il n'est clone pas dans l'axe de la route suivie par les usagers venant de Leuze; que, d'autre part, la luminosité émise par le signal, par temps ensoleillé comme c'était le cas, le jour de !'accident -, n'est pas suf­fisante vonr attirer l'attention des usa­gers;

Attendn que les verbalisants écrivent textuellement dans leur procès-verbal : « De l'endroit ou nous nous trouvions, nous nous sommes posés la question : est-ce que le signal fonctionne, ou est-ce la réverbération du soleil sur le verre rouge?>>;

Attendu que la défenderesse doit ad­mettre la défectuosité de la signalisa­tion, puisqu'il résulte du dossier pénal qu'un de ses préposés avait déjà averti ses chefs de cette insuffisance, notam­ment !'inspecteur du mouvement et le piqueur; enfin, un inspecteur des voies et travaux, affecté à la gare de Tournai, questionné par les verbalisants, leur ré­pondit : <<.Je sais que par temps enso­leillé, les signaux sont difficiles à aperce­voir >>;

Attendu que, dans le présent litige, la question est clone de savoir si la signali­sation placée par la défenderesse, qu'elle soit conforme au règlement ou. qu'elle complète celui-ci, était suffisante pour prévenir les usagers venant de Leuze, et garantir leur sécurité;

Attendu que la réponse doit être néga­tive, puisque, d'une part, la signalisation lumineuse n'est presque pas visible, ainsi qu'il est démontré su,pra, et que, d'autre part, eu égard à la situation des voies et à celle de la maisonnette, à l' extrème droite, l'usager ne peut apercevoir un train que quanel il est déjà engagé sur les voies;

Attendu, enfin, que la défencleresse ne peut sérieusement prétendre que le po­teau surmonté du triangle portant le sil­houette d'une locomotive, et les trois po­teaux balises, constituent à eux seuls une signalisation suffisante sur cette chaussée qui relie Tournai à Bruxelles et qui est clone très fréquentée; en effet, si l' on en puge' d'après le croquis dessiné par les verbalisants, les poteaux sont placés et en dehors de la chaussée elle-même et en dehors de la piste cyclable, c'est-à­dire à des endroits qui sont hors de la vue des usagers venant de Leuze;

Attendu que la défenderesse commet clone une faute Ionrele en .s'obstinant dans une signalisation qui n'est pas con­venable, eu égard à la situation des lieux;

Attendu qu'elle aurait dû y suppléer par des mesures adéquates, car il n'est pas vrai, ainsi qu'elle le soutient en or­dre principal et en termes de conclusions, qu'elle jouit d'une impunité totale et que ses préposés n'ont aucune obligation à respecter lorsqu'ils traversent, avec leur couvoi, uu passage à niveau non gardé; qu'au contraire, les règles élémentaires de la prudenee doivent tonjours être ob­servées et que deux précautions sont in­dispensables : d'abord celle de signaler efficacement le passage à niveau non gardé; ens11ite celle de signaler l'arrivée du train, soit par une signalisation lumi­neuse efficace, OU sonore (bien que non imposée), soit en aménageant les abords du passage à niveau pour augmenter la visibilité (en l'espèce, la démolition de la maisonnette s'imposait), soit en prescri­vant au machiniste d'annoncer l'appro­che de son convoi par un sifflement pro­longé; que l'on doit se demander qu'elle am·ait été !'attitude de la défenderesse si !'accident litigieux, au lieu de se bor­ner à des dégats matériels, avait entraîné mort d'homme on causé des blessures à des tiers;

Attendu que la doctrine et la jurispru­dence appliquent ce principe; que VAN

RoYE, dans son récent ouvrage Le Code

46 .J URISPRUDENCE DE BELGIQUE

àe la eft·e,ulaUon (éd. 195()), rappelle, aux nos 1549 et suivants (p. 813 et suiv.), qüe les passages à niveau non munis de bar­rières dolvent être signalés de façon que !'arrivée d'un convoi ne surprenne pas les usagers de la route; que tel est d'ail­leurs l'objet de l'arrêté royal du 2() mars 193() (modifié par celui du 23 mars 1939); que, bien plus, !'exploitant engage sa responsabilitè s'il se borne à meth·e en place une signalisation conforme au rè­glement, alors que les circonstances de fait exigent, pour la sécurité des usagers, des rnayens cl'avertissement plus effica­ces;

Attenclu qu'à eet égarcl, VAN RoYE cite ; plusiem·s clécisions auxquelles Ie trilm­. nal se réfère parce qu'elles font üne ju­dicieuse application du princive énoncé ei-avant;

Attendu que, suivant un plan des lieu:x dressé par la défencleresse, !'automobi­liste se trouvant à 40 mètres clu passage peut apercevoir 20 mètres de voie ferrée; à 15 mètres, 40 mètres de voie ferrée et, à 10 mètres, 260 mètres de voie ferrée;

Attenclu qu'à supposer que ces mesu­rages soient exacts, la clh;tance à l'ap­proche du passage à niveau est eneare in­suffisante pour garantir la sécurité de l'usager, même, et c'est le cas en l'occur­rence, lorsque le convoi roule lentement; qu'il faut, en effet, à un convoi sur rails une très grande elistance puur s'arrêter après Ie freinage; qu'en l'espèce Ie ma­chiniste ne s'est même pas arrêté et a continué sa route en direction cl' Allain;

Attenclu que la cléfemleresse plaicle en­care que le conducteur clu camion aurait dl1 remarquer que plusieurs voitures étaient arrêtées de l'autre coté du pas­sage à niveau et se dire qu'un fait anor­mal clevait se produire sur la chaussée;

Attendu que eet argument manque de pertinence, car l'usager doit, en ordre principal, surveiller la partie de la route sur laquelle il circule et spécialement les véhicules qui Ie précèclent; or, précisé­ment, une voiture Ie précédait et celle-ci passa sans clifficulté, de sorte que le con­ducteur pouvait légitimement supposer que, pour lui aussi, la route était libre;

Attendu qu'il suit clone de ces considé­rations que Ie préposé du demandeur ne commit aucune faute et que la responsa­bilité entière de !'accident ·incombe à la défenderesse.

Quant aux dommages-intérêts... (Sa/ltS intérêt).

Par ces motifs, écartant, comme dé­nuées d'intérêt ou de pertinence, toutes conclusions . plus amples ou contraires. .condamne la cléfencleresse à 11ayer au ue­mandeur, la somroe de 43.447 francs, avec les intérêts compensatoires jusqu'au 29 mars 1956 et les intérêts judiciaires: la condamne aux clépens; n'accorde pas l'exécution provisoire de ce jugement.

Du 23 octobre 1956. - Tribunal de commerce de Tournai. - Prés. M. Oasse, président. - Réf. M. Balancl. - Pl. JVIlVI. De Riek, Oompagnion et Lebas (ce dernier du barreau de. Mons).

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

24 février 1955

ACCIDENT DU TRAVAIL.- lNDEMNITÉS FORFAI'fAIRES. - ETAT PATHOLOGIQUE OU PR.ÉDISPOSI'l'IONS MOlmTDES AVANT L'ACCI­DENT. - !NOPÉHANCE.

Ln loi- à·u 2-1 déeembre 1903 s·zw les aeui­àents à'll travail aywnt 1Yrém~ des in­àemnités forfaitwires, la ei·reonsta.nce qu.e ln v·ietüne att.rnit é·vent·uellement présenté avwnt l' neeielent 1tn. état patlw­logiq1te o·t~ cles p1·écUsposiUons morbiàes est swns ]JerUnence.

(SOCIÉTÉ DE PERBONNES A RESPONSABILITÉ Ll­MITÉE E'l'ABLISSEMENTS TONDELIERS FRÈRES ET SOCIÉTÉ ANONYl\ill TINION DES PROPRIÉ­TAIRES BELGES, C. WATERSCHOO'f q. q.)

JUGEAillNT.

LE TRIBUNAL; -Vu les actes de la procéclure, produits en forme régulière : 1 o le jugement clont appel, prononcé con­tradictoirement entre parties le 19 aol1t 1954 par Ie tribunal de paix du eauton cl' Anderlecht, jugement désignant un col­lège de trois ex!)ert:;;, jugement dont il n'est pas produit d'acte de signification; 2° l'acte cl'appel signifié le 9 novembre 1954 par ministère de l'huissier François . Co let, de résidence à Ixelles;

Vu les conclusions écrites des parties et entendu celles-ei en lem·s dil·es et moyens;

Attendu que l'appel est régulier en la

TRIBUNAUX

fOI•me, que sa recevabilité n'est d'ailleur's point contestée;

A.ttendu que l'action originaire tendait, en ordre principai, à entendre : 1 o dire qu'A.dolphe Chardez, sous administration provisoire de l'intimé q. q., a été victime d'un accident du travail alors qu'il était au service de la première appelante; 2° condamner les deux appelantes à ver­ser à l'intimé q. q. les indemnités annuel­les forfaitaires prévues par les lois coor­données Ie 24 décembre 1903, en ce com­pris les indemnités pour l'assistance d'une tieree personne;

A.ttendu que Ie premier juge a accueilli la demande en son premier chef;

A.ttendu qu'avant de faire droit plus avant, il a chargé trois experts de la mis­sion suivante : 1° · examiner le sieur A.dolphe Chardez. décrire les lésions qu'il a subies à la suite de !'accident dont il a été victime Ie 4 novembre 1953, détermi­ner la date de leur consolidation; 2° éva­luer, Ie cas échéant, l'incapacité de tra­van qui persiste après la consolidation, à la suite de l'accident, et, sans tenir compte d'éventuelles prédispositions con­stitutionnelles, dire si l'état du sieur Chardez nécessite absohm1ent et norma­lement l'assistance d'une autre personne;'

A.ttendu que les appelantes demandent que, dans l'énoncé de cette mission, les mots : « ... sans tenir compte d'éventuel­les prédispositions constitutionnelles )) soient remplacés par cc de dire éventuel­lement si l'accident peut avoir eu une influence sur un état pathologique ou sur des préclispositions constitutionnelles an­térieures clu sieur Chardez, clûment con­statées; de clire si cette influence est dé­finitive et persistante et influencera d'une manière permanente l'évolution de l'état antérieur clu sieur Charclez; de clire si, après consoliclation, l'état de la victime restera moclifié définitivement en raison des blessures reçu es )) ;

A.ttendu, toutefois, que, l'action tenclant au payement des indemnités forfaitaires prévues par la loi du 24 décembre 1903, la circonstance que la victime am·ait éventuellement présenté avant l'accident un état pathologique ou des prédisposi­tions morbicles avant l'accident s'avère sans pertinence;

A.ttendu, en effet, qu'en ce qui concerne la réparation des dommages résultant des aceieleuts du travail, cc il n'est pas permis de faire, entre la maladie antérieure et l'accident, une sorte de ventnation qui

mettrait à charge de chacun de ces deux facteurs qui ont aggravé l'incapacité ou entraîné la mort, une partie de la répa­ration : l'accident est seul réputé respon­sabie de tout le mal )) (DELARUWIÈRE et NAMÈCHE, 2e écl. no 78; cf. sent. arb. Charleroi, 12 juillet 1935, Btûl. ass., 1936, 611; Charleroi, 17 octobre 1935, i.b'id., 1936, 614; Bruxelles, 30 janvier 1936, 'ibifl., 1936, 637) ;

A.ttenclu que d'éventuelles infirmités · antérieures ou des prédispositions morbi­des ne penvent exercer d'influence sur l'évolution de l'incapacité résultant de !'accident, l'inclemnité forfaitaire devant être cléterminée par la valeur ouvrière de la victime au moment de l'acciclent (DE­LARUWIÈRE et NA:MÈCHE, 2° éd. p. 256; Répert. prat. du. d·r. belge, yo Acc·iflent dtl tmvail, no 119);

A.ttendu qu'il résulte des considérations qui précèdent qu'il n'y a pas lieu de mo­difier la mission des experts telle qu'elle a été énoncée par Ie premier juge;

Par ces motifs, statuant contradictoi­rement, en degré d'appel, entendu :M:. de Wée, substitut du procureur du roi, en son avis conforme, écartant toutes con­clusions autres, plus amples ou contrai­res, comme non fondées, reçoit l'appel; le déclare non fondé; confirme Ie jugement a qtw; condamne les appelantes solidaire­ment aux dépens cl'appel.

Du 24 février 1955. - Tribunal civil de Bruxelles. - 126 eh. - Siég. M. Colson, vice-présiclent. - Min. pttbl. M. de Wée, substitut du procureur clu roi. - Pl. MM. Delvosal et Tapie.

TRIBUNA.L CIVIL DE LIÈGE

17 juillet 1956

SÉCURITÉ SOCIALE. - GARDE-CHASSE ASSERMENTÉ. - NON ASSU.JETTI A L' ARRÊTÉ­LOI DU 28 DÉCE:\fBRE 19±4.

Le ganle-chasse assermenté a q·ualUé fl'ojJiC'ie1· de poUce ju.diciaire et n'est pas sou,m·is, en cette qttaUté, à l'anto­'rité fle son commettant; il n'exlste en­tre eu.x auc·u.n cantrat fle lo·nage de se·r­vice et pwrtant l!ar·rêté-loi fln 28 décem­b1·e 1944 est sans application.

n ne powrrait en être a1ä1·ement qtte si d'nntres táches étnient confiées à ce garde.

48 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

(CZAPLICKI, C. OFFICE NATIONAL DE

SÉCURITÉ SOCIALE.)

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; - Vu, en expédition conforme, le jugement rendu par M. le juge de paix du canton de Louveigné le 15 décembre 1955;

Attendu que l'action tend à voir con­damner l'appelant au payement de coti­sations que seraient dues à l'Office national de sécurité sociale en raison du fait que l'appelant a engagé à son ser­vice un garde-chasse assermenté;

Attendu que l'appelant fait observer que, son garde-chasse ayant qualité d'of­ficier de police judiciaire, ses fonctions n'ont rien de commun avec les presta­tions d'une personne engagée dans les liens d'un contrat de louage de services et que, partant, les conditions légales prévues par l'article 2 de l'arrêté-loi du 28 décembre 1944 ne sont pas réunies en l'espèce pour qu'il y ait assujettissement à ses dispositions;

Attendu que le statut du garde-chasse assermenté a été défini par deux arrêts de la cour de cassation, des 5 novembre 19.'36 (Pas., 1936, I, 406) et 23 février 1939 (Pas., 1939, I, 91); que ce garde, officier de police judiciaire, a pour mission de constater les délits de chasse portant at­teinte au droit du titulaire de la chasse qu'il surveille et d'en dresser procès-ver­bal; qu'en cette qualité il n'est pas sou­mis à l'autorité de son commettant et n'en est pas le subordonné;·

Attendu que la surveillance de la chasse relève de l'activité propre de !'of­fiCier de police judiciaire et échappe clone à la notion d'un contrat . de louage de services;

Attendu qu'il est toutefois possible qu'en dehors de sa mission d'officier de police judiciaire, un garde assermenté exécute pour son commettant des taches qui y sont étrangères et qui apparaî­traient comme l'accomplissement cl'nn louage de services;

Attendu que l'appelant dénie avoir donné à son garde des attributions de cette nature;

Attendu que l'intimé n'apporte pas la preuve du contraire et ne demancle même pas à être autorisé à apporter cette preuve;

Attendu qu'il doit clone échouer dans sou action.

Par ces motifs, statuant contradictoi­rement et en degré d' appel, rejetant comme non fondées toutes autres conclu­sions des parties en cause, reçoit l'appel et le déclare fondé; réformant le juge­ment dont appel, dit l'intimé non fondé en son action; l'en déboute et le con­damne aux dépens des deux instances.

Du 17 juillet 1956. - Tribunal civil de Liège. - Prés. l\L Thisquen, président: - Pl. MM. Blaise et Hody.

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

24 février 1955

ALLOOATIONS FAMILIALES. - OoM­MISSAIRE DE SOCIÉ'l'ÉS COMMERCIALES. -

ÜOMPTABLE. - PROFESSlONS NE S'IDENTI­

FIANT PAS. - ÜOTISATIONS DUES MÊME SI

LES FONCTIONS SONT EXERCÉES PENDANT

MOINS DE DIX-HUI'l' JOUHS PAR AN E'l' MÊM::ID

SI LES MANDATS DE C011fMISSAIRE NE SONT

PAS HÉMUNÉRÉS.

Le travail et les -responsnbilités dn com­m·issa·i1'e d'wne société oommerciale 8e d·itférencient de ce1u» d'1/.n e1nployé chad·gé de contróler la comptabUUé des soc·iétés clientes de son employe·u,.r.

Les cotisations po·u.r alloeaUons fam~il·ia­les sont clu.es pa1· u,n commissai•re de société comnw·rcüûe, q·u.elle qu.e soit l'·impo1·tance cles p·restations tourn·ies et le nw;nclnt t·zU-il g1·nt1rit.

(CAISSE MU'l'UELLE AUXILIAIRE DE L'ETA'l' POUR

ALLOCATIONS FAMILIALES, C. BRUNARD.)

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; -Vu les actes de la procédure, produits en forme régulière : 1° le jugement dont appel, prononcé con­tradictoirement entre parties le 13 juillet 1954: par le tribunal de paix du eauton d' Anderlecht, jugement dont il n'est pas produit d'acte de signification; 2° l'acte d'appel signifié le 13 octobre 1954 par mi­nistère de l'huissier Jean' Leclercq, de ré­sidence à Saint-Gilles-Bruxelles;

Entemlu l'appelante en ses conclusions verbales; vu les conclusions écrites de l'intimé; entend u les deux parties en leurs dires et moyens;

Attendu que l'appel est régulier en la forme; que sa recevabilité n'est d'ail­lem·s point contestée;

TRIBUNAUX 49

Attendu que l'action originaire, mue ä la requête de l'appelante, tendait, en or­dre principal, à entendr;e condamner l'in­timé au payement de 8.289 francs, à titre de cotisations afférentes au:x e:xercices de 1949 à 1953 inclus;

Attendu que l'appelante fonde sa de­mande sur le fait, non contesté, que l'in­timè a été, pendant cette périocle, com­missaii·e de diverses sociétés;

Attendu qu'elle soutient qu'en cette qualité, l'intimé tombe, en vertu des ar­ticles 3 et 23 de l'arrêté royal organique du 22 clécembre 1938, sous 1' application de la loi du 10 juin 1937 sur les alloca­tions familiales au bénéfice des travail­leurs inclépeudants;

Attendu que le premier juge a débouté l'appelante de sou action;

I. Attendu qu'il est constant que l'in­timé, comptable it la société de persounes ü responsabilité limitée << Le Fiduciaire de Bruxelles)), a été invité par sou em­ployeur à e:xercer les fonctions de com­missaire clans certaines sociétés dont il avait, de par son emploi, à contróler la eomptabilité;

Attemlu qu'il soutient : 1 o que ses fonctions Lle commissaire s'identifieraient il celles qu'il rempUt comme comptable (sa táche consistant à contróler la comp­tabilité de firmes clientes de sou em­ployeur); 2° que l'e:xercice de ses man­dats de commissaire ne serait, clès lors, pas effectif;

Attendn que l'intimé observe à eet égard que Ie rapport au Roi précéclant l'arrêté du 22 décembre 1938 spécifie pré­cisément que, pour qu'une cotisation puisse être pen;n<c~ ü charge du travan­leur indépendant ou de celui qui lui est légalement assimilé, il faut que l'exer­cice de la profession ne constitne pas lUl

simulacre; Attendu que, tel étant, selon lui, préci­

sément Ie cas en l'espèce, pour Ie motif indiqué plus haut, et une cotisation étant, d'autre part, payée par lui en tant qu'appointé, il en conclut n'être pas rede­vabie du montant réclamé par l'appe­lante;

Attendu qu'il convient toutefois de re­matquer : (l) que la loi sur les sociétés commerciales ignore Ie mandat de com­missaire qui ne serait e:xercé que par « sirnulacre )) ; b) que l'investissement des fonctions de commissaire implique le travan et les responsabilités y afférentes, quel que soit le motif pour lequel l'inté-

PAsrc., 1957. - IIIe PARTIE.

ressé a été mandaté; a) que Ie travail et, davantage encore, les responsabilités du commissaire se différencient, quoi qu'allègue l'intimé, de ceux d'un em­ployé chargé de controler la comptabilité des sociétés clientes de son employeur;

II. Attendu que l'intimé invoque d'au­tre part l'alinéa 2 de l'article 3 de l'ar­rêté royal du 22 décembre 1938, qui dis­pose notamment que Ie « travailleur in­·~lépendant )) n'est assujetti audit arrêté que s'il e:xerce sa profession pendant di:x­huit jours au moins par au; qu'il sou­tient que la durée de ses activités en tuut que commissaire n' atteinclrait pas ce terme;

Attendu, cepeudant, que si la loi assi­mile le cas de l'intimé en tant que coru­missaire de société ü celui du travailleur iudépendant, c'est en fondant toutefois le critère d'assujettissement sur une au­tre base;

Atteudu, en effet, que l'arrêté vise, en qualité de travuilleur indépendant pro­prement dit (art. 3, al. 1er), cc quiconqne exerce, à titre e:xclusif, principal ou ac­cessoire, une profession en travaillant pour sou propre compte, lorsqu'il n'oc­cupe personne au travail en .vertu d'un contrat de louage de services)), en spé­cifiant (art. 3, al. 2) que cc l'e:xercice de la profession dans les conditions énon­cées ci-dessus doit normalement avoir lieu en Belgique et s'étendre snr di:x-huit jours au moins par au)); qu'il considère d'autre part conune étant assimilées au:x travailleurs indépendants (art. 23) les versounes investies << d'un mandat d'ad­ministrateur ou d'administrateur. délé­gué )) ainsi que celles qui << sont chargées de surveiller - i\ titre de commissaire ou sous une dénomination analogue - soit une des collectivités énoncées ci-dessus, soit une société de persounes à responsa­bilité limitée )) ;

Attendu qu'il résulte de la comparai­son de ces te:xtes que, pour le cas de l'in­timé, la base de l'assu:iettissement n'est pas, cmmne pour le travaiUeur indépen­dant proprement dit, la durée de l'exer­cice de la profession, mais celle du man­dat, queUe que soit l'importance des pres­tations fournies en e:xécution de ce man­dat;

Attendu qu'il est constant que la durée des mandats dont a été revêtu l'intimé a dépassé le terme minimum 11révu par la loi;

III. Atteudu que l'intimé e:xcipe enfin

4

50 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

de ce que ses manclats de commissaire ne seraient pas rémunérés;

.Attendu qu'à bon droit l'appelante : 1° objecte que l'article 2:3 de l'arrêté or­ganique du 22 décembre 1938 ne distingue pas entre les commissaires investis cl'un mandat i1 titre gratuit et ceux qui sont rémunérés; 2° invoque le rapport au Roi précédant leclit arrêté, qui souligue que eet artiele s'applique alors même que le mandat se justitie par le fait que norma­lement les administrateurs et les com­missail·es o.nt des intérêts clans la col­lectivité;

.Attenclu qu'il ne suit nullement de ces considérations - qui démontrent que Ie législateur a envisagé le cas de la gra­tuité du mandat que les administra­telu·s et les commissaires seraient, clans cette éventualité, dispensés de payer leur cotisation à l'appelante;

.Attendu qu'il résulte de !'ensemble des considérations qui précèclent que l' action originaire est fondée .:

.Attenclu que l'appel apparaît, clès lors, justifié.

Par ces motifs, statuant contraclictoi­rement, en degré d'appel, entendu M. de W ée, substitut du procureur du roi, en son avis conforme, écartant toutes con­clusions autres, plus amples ou contrai­res, comme non fondées, reçoit l'appel; le déclare ;fondé; infirme le jugement (L q'llo ,· émendant, reçoit l'action originaire; la déclare fondée; condanme l'intimé au payement de 8.289 francs, majorés des intérêts judiciaires; le condanme en ou­tre au dépens des cleux instances.

Du 24 février 1955. - Tribunal civil de Bruxelles. 12° eh. - Prés. M. Colson, vice-président. - .M~·in. pu1Jl. M. de ""\Vée, substitut clu procureui· du roi. - Pl. l\1. Y. Rousseaux.

TRIBUN.AL CORRECTIONNEL DE NIVELLES

16 février 1956 POLIGE DU COMMERCE. - OUVERTURE,

AGRANDISSEMEN'l', EXTENSION D'ÉTABLlSSE­l\fENTS DE VENTE AU liÉ'l'AlL. LOI DU 3 MARS 1954. - APPLICABILITÉ.

La con·vention pM' luq·uelle ·nn gt·urul nUt­gasin s'engage ((, fott1"1Û1', à titTe ewclu­sif, l'approvision-rwment àtt magasin

d''nn con&1nerçwnt établi (Znns ·nne corn­nwne corntJtunt ·moins rle 50.000 habi­tants, constit·ne ·nne 'inf·raction au,w ar·~ ticles 1<er et -1 cle la lO'i. (ln 3 nw.rs 1954.

(PROCUREUR DU ROI, C. PIRMEZ, FABROT E'l' DRAGUE'l'.)

,JUGEMENT.

LE TRIBUN AL; - .Attendu que ie pre­mier prévenu fait cléfaut quoique dflment cité;

.Attendu que par con vention intervemie le 8 janvier 1955 entre la Société anonyme beige des magasins Prisunic, Uniprix et Priba, d'une part, et les époux Drugnet­Desmet dénommés <<Ie elient )), tl'autre part, il a été entendu notammeilt {;e qui suit :

1 o Priba s'engage it fournir au elient toutes les marchandises nécessaires :'t 1' approvisionnement de son magasin et corrélativement Ie elient s'engage à réser­ver à Priba l'exclusivité de l'approvision­nement de son magasin en marchandises tant de son assortiment actnel que de tout assortiment futur (art. )'er) ;

2° Les marchàndises commandées par le elient lui serout livrées par Priba au prix de vente que cette dernière pratique clans ses propres magasins et tels · qu'ils figurent sur les listes de 1n·ix eommuni­quées au elient (art. :3) ;

3° Le elient s'engage, sauf circonstances exceptionnelles nées cl'une concurrence lo­cale momentanée et dûment justifiée, à pratiquer les rnêmes prix de vente qm~ Priba (art. 4) ;

4° Ce n'est qu'avec l'autorisation de Priba que Ie dient pourra procéder à des achats directs avantageux on d'intérêt local (art. 5) ;

5° Priba s'engage it mettre tout en ceu­vre pour aicler Ie elient à clévelopper ses affaires au maximum (art. 7) ;

.Attendu qu'il ne peut, dès lors, être contesté que l:;t société Priba participe à la gestion du commerce des époux Dra­guet; que la fixation des prix appartient exclusivement à Priba et que, dans ces conditions, la situation de Draguet à l'égard de Priba ne peut en rien être assinülée au cas cl'un clétaillant tiui se fournit chez un grossiste;

.Attendu que Ie deuxième prévenu exer­ce la profession de secrétaire général, di­recteur de la Société anonyme Prisunic,

TRIBUNAUX 5'1

Uniprix et Pribn; qu'entendu par la po­lice judiciail·e de Nivelles Ie 18 août 1955 (procès-verbal n° 1085), il a cléclaré que c'était èn collaboration avec l\1:. Pirmez qu'il avait élaboré Ie contrat de fom·ni­ture de marchandises à M. Draguet;

Attendu que s'il est vrai que la préven­tion II ne peut être commise que par celui qui exerce personnellement un com­merce, il résulte toutefois des éléments de la cause que les époux Draguet exer­cent personnellement Ie commerce avec la participation illicite de Priba;

Attendu que les préventions sont éta­blies;

Par ces motifs, statuant par défaut à l'égard du premier prévenu et contradic­toirement à l'égard des autres prévenus, déclare les prévenus coupables des délits précités et punis par les articles 110r et 4 de la loi clu 3 mars 1954, ler et 3 de l'ar­rêté royal clu 26 février 1935, et 9 de la loi du 20 mai 1846 ... ; condamne : 1 o cha­cun des prévenus du chef de la préven­tion I i'l une amende de 10.000 francs; 2° Ie troisième prévenu, en outre, du chef de la prévention II, ü une amende de 50 francs ; condanme solidairement les trois prévenus aux quatr·e cinquièmes des frais, en raison de ce qu'ils sont condam­nés pour un même fait, et Ie troisième prévenu, en outre, divisément au cin­quième restant descUts frais; dit qu'à dé­faut de payement dans Ie délai de la loi les amendes pourront être remplacées par un emprisonnement de trois mois pour ehacune de celles de 10.000 francs et de quinze jours pour celle de 50 francs; dit que par application de la loi du 5 mars

(1) :Z'radtwtion.

LE TRIBUNAL; - Attendu que l'action tend : 1 • à faire donner acte au demandeur de son offre de lever l'option d'achat à lui accordée sur un terrain à bàtir situé à Ware­gem, Churchill-laan, innnatriculé au cadastre section B, partie de n• 298/d, d'une super­ficie de 30 a. 4 ca., et, en conséquence, à en­tendre déclarer que la vente était parfaite entre parties dès la signification de cette offre, et à faire confirmer la ven te; 2· pour le cas ou les défendeurs négligeraient de désigner un expert, dans les conditions convenues entre parties, à déterminer le prix de ven te;

I. En fait : Attendu que, par acte du notaire Frans De

Groote, de Waregem, du 26 février 1946, Gen­tiel Van Eeckhoutte, Adriana Van Eeckhoutte et Eleonora Van Eeckhoutte ont procédé au

1952 (art. 18r) leselites amendes sont ma­jorées de 190 déCimes et portées respecti­vement à 200.000 et 1.000 francs; ordonne la fermeture des installations de vente mises illégalement en exploitation; pro­nonee la confiscation des marchandises mises en vente en solde et dont question en la prévention II ;

(Le 'i'este swns intérêt.)

Du 16 février 1956. Tribunal cmTec-tionnel de Nivelles. - Prés. lVI. vVilmotte, vice-président. JJi,in. tJ'ltbl. M. Van Drooghenbroeck, substitut du procureur du roi. - Pl. 1\ifl\f. Terfve, Léonard (tous deux du barren u cl' appel de Bruxelles) et Gillis.

TRIBUNAL OIVIL DE COURTHAI

14 juillet 1955 VEN'l'E. - PA01'E DE PRÉFÉRENCE. - ÜBLI­

GA'l'ION DE NE PAS FAIRE.

A l'encontre de la tJTonwsse de vente, q·ui, m·ée 1uw obligaUon de fai,re, le zJacte de préférence fait naUre 'ltne obldf!at-ion (le ne pas fai,re.

(VAN EECKHOU'l"l'E, C. VAN EECKI-IOU'l'TE.)

VONNIS (1),

DE RlDOHtrBANK; Overwegende dat de vordering strekt : 1 o tot het horen zeggen voor recht dat akte aan eiser

partage des biens demeurés indivis provenant de la connnunauté et de la succession de leurs parents, les époux Van Eeckhoutte-De Rycke;

Que dans ces biens était compris un immeu­bie situé à Ware gem, composé d' une maison d'habitation avec atelier et cour, d'un terrain à bàtir et d'une parcelle de tmTe, qui fut di­visé en quatre lots;

Attendu que l'acte de partage amiable con­tient la clause suivante : « Option d'achat. Les comparantes M11

" Adriana Van Eeckhoutte et Mm" Demeester-Van Eeckhoutte, celle-ci as­sistée par son époux comme dit ci-dessus, dé­clarent par la présente aceorder à leur frère Gentiel Van Eeckhoutte préférence pour l'.achat des biens à elles attribués par le présent par­tage pour le cas ou elles les vendraient en tout ou en partie, et ce pour un prix qui sera fixé par deux experts à désigner réciproque­ment par les parties »;

Attendu que le demandeur soutient que les

52 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

wordt gegeven van zijn aanbod en ak­koord, het hem toegekend recht van optie te willen uitoefenen, betreffende de aan­koop van het perceel bouwgrond, gelegen te Waregem, Clmrchill-laau, bekend ten kadaster, sectie B, deel van nr 298/ä, groot 30 a. 4 ca., en dat derhalve de koov tussen partijen werd gesloten op het ogen­blik der betekening van deze akte en tot de bestatiging van de koop; 2° uij nala­tigheid door verweerders een deskundige aan te stellen, in de voorwaarden bedon­gen onder partijen, tot bel)aling van de koopprijs;

I. In feite :

Overwegende dut bij akte van notaris }i'rans De Groote, te ·waregem, del. 26 fe­bruari 1946, Gentiel Van Eeckhoutte, Adriaua Van Eeckhoutte en Eleonoru Van li]eckhoutte overgegaan zijn tot de verdeling der onverdeelcl gebleven goede­ren van de huwgmneenschav en van de~

nalatenschalJ van hun ouders, de echtge­noten Van Eeckhoutte-De Rycke;

Dat in die goederen begrepen was een onroerend goed, gelegen te 'Varegem, lle-

défendeurs out mis en vente la parcelle tombée dans leur lot, en l' offrant à des tiers et en apposant sur le terrain une pancarte annon­çant qu'il était à vendre;

II. En droit :

Attenclu que le clemancleur prétencl que par le seul fait cl'une offre de vente à des tiers de la parcelle sur laquelle une option d'achat lui avaü été accordée et de la notification aux vendeurs de sa volonté de lever cette option, la vente est opérée de plein droit à son profit avec transfert de propriété et que, partant, le trihunal n'a qu'à constater l'achat par le de­mandeur;

Que les défendeurs cambattent cette thèse en droit et soutienneut en fait qu'ils n'ont jamais eu réellemellt l'intention de vendre leur hien à des tiers;

Atteudu que 1' acl1at unilatéral ou promesse de vente est un cantrat préalahle par lequel une des parties se déclare d'accord pour ven­dre ou acheter la chose à un prix déterminé au cas ou le cocontractant se dira prêt à ache­ter ou vendre la chose (KLUYSKENS, Bu1'ge1'lijk 1·echt, t. IV, Contracten, p. 167; JoSSERAND, Droit ci·vil, t. II, p. 636);

Atteudu que, dans le cas de promesse unila­térale de contrat, le promettant seul s'engage définitivement, au profit du bénéficiaire, rela­t.ivement à une opération juridique à conclure dans l'avenir (DE PAGE, D7'oit ávil, t. II, p. 439; DEMOGUE, Droit civil, t. II, 11° 469);

Attenclu que le pacte de préférence est une

staande uit woonhuis met werkhuis en koer, perceel bouwgrond en bouwland, hetwelk verdeeld werd in vier kavels;

Ovenvegende dat de akte van minne­lijke verdeling volgend beding inhoudt : « Optie 'i'an aankoop. De verschijners, Mej. Adriaua Van Eeckhoutte en Me­vrouw Derneester-Van Eeckhoutte, daar­toe bijgestaan door haren echtgenoot, als hierboven gezegd, verklaren bij deze aan hunnen broeder Gentiel Van Eeckhoutte, voorkeur van aankoop te geven op de hun bij deze aanbedeelde goedereu en voor het geval zij deze goederen geheel of gedeeltelijk zouden verkopen aan eeneri vrijs die zal vastgesteld worden door twee deskundigen, door vartijen weder­zijds aan te stellen )) ;

Overwegende dat eiser beweert dat ver­weerders het perceel dat hun toebehoort te koop hebben gesteld, cloor het aan te bieden aan derden, en het aanbrengen op de grond, van een paneel, de tekoopstel­ling aanmeldende;

II. In rechte

Ovenvegende dat eiser beweert dat

convention unilatérale par laquelle une partie s'engage unilatéralement à l'égard d'une au­tre, pour le cas ou le promettant conclm·ait un cantrat déterminé, à donner, à conditions égales, la préférence à celle-ci (DE VrsscHER, Pacte de préfénnce, p. 6) ;

Attendu que la promesse cl'achat ou de vente fait naître une ohligation de faire dans le chef du promettant (KLUYSKENS, Hwrge1·lijk recht, t. IV, Contracten, p. 18; G. VANDENBOSSCHE, Rel'. pra.t. nat., 20 mars 1908; R. DEFAYE, Les zn·omesses 1tnilaténtles de ven te, P· 78; DE PAGE, Droit cioil, t. IV, p. 263), taudis que Ie pacte de préférence crée une obligation de ne pas faire à charge du promettant (DE Vrs­SCHER, Pactc cle préférence_, p. 75; JoSSERAND, Droit civil, t. II) ;

Que, par conséquent, celui au profit de qui un pacte de préférence a été stipulé devient uniquement créancier d'une obligation de ne pas faire (DE VrsscHER, Pcwte de 1n·éjérence, p. 75);

Qu'en effet la seule obligation du promettant consiste à s'interdire de contraeter avec des tiers ·

Attendu que, dans le cas de l'espèce, les dé­fendeurs ont accordé au demandeur « préfé­rence pour l'achat » «des hiens à eux attri­bués pour le cas ou ils les vendraient en tout ou en partie » ;

Que cette clause ne constitue pas une option d'achat, mais Ull pacte de préférence;

Attendu que toute obligation de faire ou de.

'fRIBUNAUX 53

door het enkel feit van het stellen van een aanbod van verkoop aan derden, van het perceel grond waarop hem een voor­keur van aankoop werd verleend, en de tJetekening aan:. verkopers van zijn wil te willen genieten van dit voorkeurrecht, de verkoop te zijnen voordele van rechts­wege geschied is, met overdracht van eigendom, zodat de rechtbank de aankoop door eiser alleenlijk elient te bestatigen;

Dat daartegenover verweerders deze stelling betwisten in rechte en in feite beweren dat zij nooit het werkelijk in­zicht hadden hun goed te verkopen aan derden;

Overwegende dat de eenzijdige aankoop, of verkoopbelofte, een voorkontrakt is waarbij één der partijen verklaart bereid te zijn om de zaak voor een bepaalde prijs te verkopen of aan te kopen, ingeval de tegenpartij bereid is de zaak te kopen of te verkopen (KLUYSKENS, B1trge·rlijlc recht, bd. IV, Contracten, bl. 167; JossE­RAND, DroU civ'il, bd. II, bl. 636) ;

Overwegende dat, ingeval van eenzij­dige belofte van kontrakt, promettant al­leen zich definitief verbindt in het voor­deel van genieter betreffende een in de

ne pas faire se résout en dommages et inté-1·êts, en cas d'inexécution de la part du débi­teur (Code civ., art. 1142), sous réserve, toute­fois, du droit pour Ie créancier de faire exé­cuter lui-même l'obligation aux dépens du débiteur, si sa nature s'y prête (Code civ., art. 1144);

Attendu qu'en cas de manifestation de vo­lonté irrévocable et définitive, du promettant, de vendre la chose, lè créancier a Ie droit de faire connaître sa volonté d'exercer son droit de préférence (DE VrssCHER, Pacte de préfé­rence, p. 83);

Attendu qu'en l'espèce les défendeurs n'ont pas failli à leur obligation de ne pas faire;

Attendu, en effet, que Ie bien litigieux fut attribué à Eleonora Van Eeckhoutte sous Ie lot 2, étant Ie terrain à bàtir et la parcelle de terre immatriculés au cadastre section B, partie du n• 298/d, d'une contenance de 30 a. 8 ca., alors que c'est à Adriana Van Eeck­houtte que fut attribué Ie lot 3, étant un ter­rain à bàtir et une pareene de terre imma­triculés au cadastre section B, partie du n• 298/d, d'une contenance de 30 a. 4 ca., et que c'est eette dernière pareene qui est indi­quée dans l' assignation;

Attendu qu'il apparaît de la constatation faite par Albert Barbe, Ie géomètre qui effec­tua, le 10 avril 1946, le lotissement de la pro­priété Van Eeckhoutte-De Ryqke à Waregem, section B, n• 298/IZ, · que la pancarte d'offre en vente d'un terrain à bàtir se trouvait entière-

toekomst af te sluiten juridische verrich­ting (DE PAGE, Droit civU, bd. II, bl. 439; DEMOGUE, Droit civil, bel. li, nr 469);

Overwegende dat het voorkeurpakt (pacte de préférence) een eenzijdige over­eenkomst is waarbij een partij zich een­zijdig verbindt tegenover een andere pal'-

voor het geval dat promettant een be­paald contract· zou afsluiten, dit bij voor­keur aan te gaan met de tegenpartij, in gelijkwaardige voorwaarden (DE VIs­SCIIER, P(tcte (le p•J'éférence, bl. 6);

Overwegende dat door de belofte van aankoop of verkoop een verbintenis van iets te doen tot stand komt, in hoofde van promettant (KLUYSKENS, Bu.1·gerlijk recht, bd. IV, Contracten, bl. 18; G. VAN­DENBosscnE, Rev. pra.t. ·not., 20 maart 1908; R. DEFAYE, Les ]J'I'omes.rses unilaté1·ales de vente, bl. 78; DE PAGE, Droit civil, bd. IV, bl. 263), terwijl het voorkeurpakt in hoof­de van promettant een verbintenis om iets te laten doet ontstaan (DE VIsscHER, Pacte de préférence, bi. 75; JossERAND, D·roU civil, bel. II) ;

Dat derhalve de genieter ten wiens voordeel een voorkeurpakt toegestaan werd, alleenlijk schuldeiser wordt van

ment à l'intérieur des hornes du lot 2 attribué à M"'" Demeester-Van Eeckhoutte, et que rien n'indique que la parcelle attenante fût égale­ment offerte en ven te;

Attendu qu'en fait les défendeurs n'onl; d'ailleurs pas vendu le bien sur lequel le de­mandeur possédait un dToit · de préférence;

Attendu qu'ils n'ont pas davantage mani­festé leur volonté irrévocable et définitive de se défaire du bien et de le vendre;

Que, même si les défendeurs avaient placé sur la parcelle litigieuse une pancarte annon­çant qu'elle était à vendre - ce qui est con­testé -, cette offre, ne faisant aucune mention du prix, n'eût pu lier les défendeurs puis­qu'elle n'avait pas un caractère irrévocable et définitif;

Que les défeudeurs auraient pu agir de la s01·te en vue de se former une idée de la va­leur du bien d'après les offres reçues, de ma­nière à pouvoir prendre une décisiou définitive suivant qu'ils estimaient cette valeur suffisante ou non~

Que de telles données, même en cas de vente au demandeur, coustituaieut des élémeuts pou­vant être communiqués aux experts chargés de déterminer le prix;

Attendu que l'action apparaît dès lors de prime a bord non fondée;

Par ces motifs, écartant toutes autres con­clusions, donne acte au demaudeur de son éva­luation du litige; rejette I' action connne non fondée; condamne le demaudeur aux dépens.

54 .JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

een verbintenis om niet te doen (DE Vrs­SCHER, .Pncte de préférence,. bl.. 75);

Dat inderçlaad de enige verplichting van promettant hierin bestaat dat hij niet contracteren mag met derden;

Overwegende dat, in onderhavig geval, verweerders aan eiser cc voorkeur van aankoop )) hebben gegeven cc op de hen aanbedeelde goederen en voor het geval zij deze goederen geheel of gedeeltelijk zouden verkopen )) ;

Dat clit beding geen optie van aankoop, maar wel een voorkeursbeding daarstelt;

Overwegende dat, ingeval de schulcle­na;:tr de verbintenis niet nakomt; de ver­bint~nis om iets te doen of niet te doen opgelost wordt in schadevergoeding (Bur­gerlijk "\Vetb., art. 1142), onder voorbe­houd van het recht voor schuldeiser om z~lf . de verbintenis te doen uitvoeren op kosten van de schuldenaar, indien de aard der verbintenis clit toelaat (Burg. Wetb., ar.t. 1144) ;

Overwegende dat, ingeyal van onher­roepelijke en definitieve wilsuiting van promettant, de zaak te verkopen, schuld­eiser het recht heeft zijn wil te laten kennen. van zijn voorkeurrecht te genie­ten (DE Vrssmmn, Pncte de préférence, bl. 83);

Overwegende dat, in onderhavig geval, ver'\Yeerders niet te kort gekomen zijn aan hun verplichting van iliet te doen;

Overwegende dat inderdaad aan Eleo­nora Van Eeckhoutte het goed toebedeeld werd onder kavel 2, zijnde het perceel grond en bouwland bekend bij kadaster sectie B,. deel van 1F' 298/cl, inhoudende een oppervlakte van 30 a. 8 ca., clan wan­neer het aan Adriana Van Eeckhoutte is dat kavel 3 werd toebedeeld, zijnde pei·­ceèl grond en bouwland, bekend ten ka­daster sectie B, deel ' 7 all nr 298/ cl .. inhou­clendè een oppervlakte van 30 a. 4 ca., en het dit laatste perceel is dat in de <lag­vaal'ding vermeld staat;

Overwegende dat blijkt· uit de bestati­ging gedaan door Albei·t Barbe, de lt1nd­meter clie op 10 april 191:1:6 de verkaveling uitvoerde van de eigendom Van Eeck­houtte-De Rycke, te 'Waregem, sectie B, fir 298/<Z, dat het bordje met vermelding << Te koop - Bouwgrond )) volleelig binnen cle valen staat van lot 2, toegewezen aan Mevrouw Demeester-Van Eeckhoutte, en geen enkele aanduiding 0rop wijst dat het· aanpalend lot eveneens zou te koop geboden worden;

Overwegende dat daarenboven verweer·-

ders inderdaad het goed >vmtrop eiser een voorkeurrecht van aankoop had, niet heb­ben -verkocht;

Overwegende dat zij ook niet hun on­herroepelijke en definitieve wil hebben laten kennen zich van het goed te out­maken en het te verkopen;

Dat, hadden verweerders nog een pu­bliciteitspaneel meldend dat het goed te verkopen was, op het kwestig perceel grond geplaatst, hetgeen betwist wordt, zulk aanbod, zonder de minste melding van prijs, verweerders niet kon binden en geen onherroepelijk en definitief ka­rakter had;

Dat verweerders zulk bord hadden kun­nen plaatsen, alleenlijk om kennis te heb­ben, volgens de aangeboden prijzen, van de waarde van het goed, zodat zij zich dan, naargelang zij deze waarde voldoen­de achtten clan niet, een definitieve be­slissing konden nemen;

Dat zulke gegevens, zelfs in geval van verkoop aan eiser, elementen waren die aan de deskundigen, gelast met het vast­stellen van de prijs, konden voorgelegd worden om deze in te lichten;

Overwegende dat de eis dus van meet af aan ongegrond voorkomt;

Om deze redenen, alle verdere besluiten verwerpende, verleent akte aan eiser van zijn raming der vordering; verwerpt de eis als ongegrond; verwijst eiser in de kosten.

Du 14 juillet 1955. 'l'rilmnal civil de CourtraL - Pré8 . .i\1. de Necker, prési­dent. - Pl. MM. S. Van Overmeire et P. Van de Casteele (tons cleux du barreau cl'appel de Gand).

TRIBUNAI.~ CIVIL DE NIVEI1LES

13 juin 1956

REJSPONS.ABILITÉ DU F AlT DES CHOSES. -. CONDUIT A GA'Z. - VICE DE LA CHOSE. - FORCE MAJEURE.

Les cle·mancle·wr8 étcûJUs8ent à 8U,f]i8ance Ze v·ice cle ln cho8e en JYI'O'IIiNtnt : Jo qu.e la tnywnte'l'ie e8t vét1f.8te, c'esi~à~cli.'i·e se trowvaAt clan8 nn. étnt tel q'/l.'elle pu.t êt·re wi8èm.en,t ji.881Wée J. P2° q·ne Ze tnywn étni.t en 'J'éaJUé /i8811'1'é, Ze 1'óle nor·11w,1. cl-'1f.n concl1r.i.t ((. rta.z éta,nt non geniement cl'a.mener le rta.z· à l'end·roU oif. U cloU

TRIBUNAUX 55

êt~re 'UtiliséJ ma-is eneare de le conteni'l' et 'àe lJempêcher de sJéchapper.

La, force rna;ie1tre m·éatr·ice cl'lt vice nJea:o­nère mtllement le gareZien cle la choseJ la fa'ute consistant à, conswrver ·une oho.Çe 'l''iC'ie1tse (1).

(CHRÉTIEN E'l' CONSORTSJ C. SOOIJÉTÉ

PROVINCIALE DU GAZ.)

JUGE:MENT.

LE TRIBUN AL; Vu, enregistré, l'ajournement du ministère de l'huissier Ousters, d'Ixelles, en date du 4 novem­bre 1955, ensemble les conclusions prises et développées par les parties ;

Áttendu que la procédure est régulière en la forme et que I' action est reeevabie;

Au fond : Attendu que l'action tencl à entenclre

condamner la société défencleresse à payer à chacun des demandeurs les som­mes de 40.000 francs, 50.000 francs et 200.000 francs, à titre de réparation clu préjudice matériel et moral subi par ces deruiers à la suite du décès de leurs pa­rents dft à une asphyxie par le gaz causée par Ie vice d'une canalisation dont ladite société est propriétaire et exploitante;

Attendu qu'il est constant que, le 7 fé­lrrier 1954, les pareuts des demandeurs, les époux Chrétien-Scourneau, furent vic­times d'une intoxication mortene par Ie gaz due à des émanations provenant de la conduite extérieure enfouie clans le sol du bQulevard des Arbalétriers, à Nivelles, et ayant pénétré dans une pièce voisine de la chmnbre des époux Chrétien-Scour­neau à travers les pavés disjoints;

Attendu qu'à la suite de. eet accident, qui entraîna la mort d'Emile Chrétien le jour même et celle de son épouse Ie 11 fé­~rrier suivant, M. le procureur clu roi fit ouvrir une · enquête à charge cl'inconnu du chef d'avoir par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d'attenter à la personne d'autrui, invo­lontair·ement causé la mort cl'Emile. Chré­tien et de Jeanne Scourneau;

Attendu qu'à la suite de cette instruc­tion, M. Albert Laclrière, ingénieur civil i't Néthen, fut désigné en qualité cl'ex­pert; qu'il ressort. du rapport de eet ex­pert 9ue le gaz s'était échappé de la ca-

(1) Cons. cass., 22 octobre 1954 (PAsrc., 1954., I, 149) et les notes 1 et 2 p. 150.

nalisation· à la suite de la ru!)tnre du bout fileté d'une tige-siphon qui fut ainsi arrachée du mamelon de récluction sur lequel elle était fixée et par lequel elle était rattachée au sipbon plongeur, lui­même fixé par son autre extrémité à la conduite principale;

Qu'il fut constaté que le bout fileté de la tige-siphon portait des traces d'une cassure aucienne et d'une cassure ré­cente, la cassure ancienne s'étendant aux trois quarts de la circonférence de la tige et la cassure récente à un quart de cette circonférence; que I' expert attrilmait comme cause il la cassure ancienne, en­tièrement colmatée, la vétusté et les gels antérieurs et la cassure nouvelle, Ie gel sévissant au moment des faits litigieux;

Attendu que les demandeurs basent leur action sur la responsabilité édictée par l'article 1384 tlu Code ei vil;

Attendu que la responsabilité du dom~ mage causé par la chose que l'on a sous sa garde est encourue sans qu'il soit né­cessaire de prouver l'existence de la faute du garclien; qu'il y a présomption de faute et obligation de réparer clès que I' accident a été provoqué par un vice de la chose (cass., 25 nutrs 1920, PAsrc.J 1920, I, 110);

'Attendu que, la société défencleresse ne contestant pas que les époux Chrétien ont été asphyxiés par le gaz qu'elle dis­triblle et reconnaissant qu'elle a la garde du gaz et de son système de distribution, il sulflit aux demandeurs de prouver, pour établir la responsabilité de la défende­resse, que la canalisation dont la cléfen­cleresse avait la garde était affectée d'un vice ayant engendré l' accident;

Attenclu que Ie role normal cl'un con­duit à gaz est non seulement d'amener le gaz ä l'enclroit ou il doit être utilisé, mais encore de Ie contenir et de l'empê­cher de s'échapper; que, dès lors, doit être réputé atteint d'un vice le conduit qui, par suite d'une rupture, laisse le gaz s'échapper (Liège, 15 novembre 1949, PASIC.J 1950, II, 85) ;

Attenclu qu'il est établi, en l'espèce, qu'au point cl'échappement clu gaz la tuyauterie était vicieuse pour plusieurs raisons : la vétusté, une première fissure ancienne et colmatée par la terre et l'oxydation, une seconde fissure et, enfin, le bout fileté de la tig·e-siphon remontant à la rue, cassé;

Attenclu qu'est ainsi prouvé l'état vi­deux de fissuration de la canalisation;

56 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

Attendu que, la preuve étant faite du dommage, de sa cause, de la garde et du vice de la chose, du lien de cause à effet entre le vice et le dommage, la défende­resse est présumée avoir commis la faute de garder une chose vicieuse sans que les demandeurs aient à justifier aucune faute dans le chef du gardien;

Attendu que, dans le but de s'exonérer de la responsabilité qui lui est imputée comme gardien de la chose, la défende­resse invoque la force majeure et la faute des victimes;

Attendu que la défenderesse excipe de la force majeure, le tuyau ayant été, selon elle, rompu par le gel;

Attendu que, ce que la défenderesse doit démontrer en ce domaine, ce n'est pas la force majeure relativement au vice, mais bien la cause étrangère relati­vement à l'accident, la faute consistant à garder une chose vicieuse, peu importe I' origine de ce vice; qu'en effet, la force majeure, créatrice du vice, n'exonère nul­Jement le gardien de la chose (civ. Bru­xelles, 13 décembre 1950, B,ull. ass ., 1951, 84) ; que le gardien reste responsable, peu importe que le vice lui-même ait été l'effet d'une force majeure, du fait d'un tiers ou même, du moins partiellement, du fait de la victime (DABIN, Rev. crit. de j1wispr. belge, 3° trim. 1955, p. 241, n° 56);

Attendu que la défenderesse impute en­core l'ent\ère responsabilité de !'accident aux victimes et aux époux Werner Ohré­tien qu'i,, ayant ressenti de forts maux de tête et ayant perçu une odeur de gaz dans la maison, n'ont pas inunédiatement averti la défenderesse et se sont bornés, par mesure de sécurité, à fermer Ie comp­teur;

Attendu qu'aucune imprudence ne peut être reprochée aux victimes ni aux époux Werner Ohrétien ; que pour prévenir les services de la défenderesse il eût au moins fallu que l'un ou les habitants de l'immeuble se cloutassent de l'existence d'émanations de gaz proverrunt des cana­lisations extérieures, et autres que celles contrölées par le compteur dudit immen­bie·

Qu'une émanation de gaz ayant été perçue~ dans la maison, Werner Ohrétien examina l'installation intérieure, décela l'existence d'une légère fuite dans la maison et << par mesure de précaution, dit-il, ferma le compteur se trotwant dans la cave >);

Attendu qu'au cours de la nuit, les époux Werner Ohrétien, souffrant de maux de tête, se levèrent; ils ne sen­tirent aucune odeur de gaz et, attribuant lem·s maux de tête ü une grippe, absor­bèrent des cachets cl' aspirine ; qu'il en résulte qu'à aucun momEmt ils ne se sont doutés de l'existence d'une fuite de gaz; que l'im,prudence ne peut se concevoir qu'à raison d'un pél'il ou d'un danger prévisibles;

Attendu, d'une part, que, les deman­dem·s ayant à slllffisance établi le vice de la chose, à savoir : 1° qu'à l'endroit oil le gaz s'échappait, la tuyauterie était vétuste, c'est-à-dire se trotiVait dans l'état d'être aisément fissurée, et 2° que le tuyau était en réalité fissuré, d'autre part, que, la défenderesse n'établissant pas la cause étrangère de nature à l'exo­nérer de sa responsabilité, l'action appa­raît fondée;

Sur le dommage :

Dommage maté1·iel :

Attendu que les demandeurs subve­naient tous les trois à lem·s besoins ; qu'ils n'établissent pas le moindre préju­dice de ce chef et ne justifient d'ailleurs pas des revenus professionnels de leur père;

Dommage moral ex herede : Attendu que si la preuve de grave~

souffrances physiques et morales n'est pas apportée dans le chef des deux vic­times, il semble qu'il y uit lieu de pen­ser, avec la défenderesse d'ailleurs, que les victimes ont dû rapidement perdre conscience, comme c'est généralement le cas d'une intoxication due à des émana­tions de gaz; que Ie dommage résultant de ces souffrances peut être estimé, ainsi que l'évalue très raisonnablement la défencleresse, à 15.000 francs pour chacune des victimes; que, celles-ei !ais­sant pour seuls héritiers et ayants qroit lem·s trois enfants, demandeurs à la cause, il y a lieu d'allouer à chacun des

enfants la somme de

10.000 francs;

Domnwge moral :

15.000 + 15.000 ------OU

•l i)

Attendu que la mort quasi simultanée des père et mère des demandeurs, la bru­talité des circonstances qui ont entouré ces décès prématurés, à l'áge de soixante­quatl·e et cinquante-sept ans, les émotions

TRIBUNAUX 57

et peines ressenties par les demandeurs et plus particulièrement par Werner Chrétien qui habitait avec son épouse dans le même immeuble qu'eux et qui vécut, du décès de sou père jusqu'h celui de sa mère, dans une angoisse incommen­surable, incite le tribunal à allouer à ce dernier, du chef de dommage mm·al pour la perte de ses père et mère, Ja somme de 120.000 francs et it chacune des deu­xième et troisième demanderesses la som­me de 80.000 francs;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, oui le ministère public en sou avis conforme donné à l'audience publique du 14 mai dernier par M. Lurquin, substitut du procureur du roi, écartant toutes con­clusions autres, plus amples ou con­traires, reçoit la demande et la déclar1~

fondée dans les limites ei-après fixées; eondamne la défenderesse à payer : 1 o au demandeur W erner Chrétien, les sommes de 10.000 francs et de 120.000 francs, soit 130.000 francs; 2° à la demanderesse J acqueline Chrétien, les sommes de 10.000 francs et 80.000 francs, soit 90.000 francs ; 3° à la demanderesse Betty Chré­tien, les sommes de 10.000 francs et de 80.000 francs, soit 90.000 francs; dit que ces sommes sont majorées des intérêts compensatoires h 4,5 p. c. depnis le 11 f.é­vrier 1954, des intérêts judiciaires depnis le 4 novembre 1955, date de la demande; condamne, en outre, la défenderesse aux dépens.

Du 13 JUlll 1956. - Tribunal civil de Nivelles. - Siég. M. Semal, juge unique. - Min. pu.bl. M. Lurquin, substitut du procureur du roi. - Pl. MM. Ch. Mahieu (du barreau d'appel de Bruxelles) et De­clercq.

TRIBUNAL DE COMMERCE DE TOURNAI

4 octohre 1956

F AILLITE. - REVENDIOATION SUR. PR.IVI­LÈGE.

Oe q11,i est p1·otégé par la tmnscTiptio·n (le l'acte constatant la vente d'u.ne ·rna­chine, ce n'est pas la machine, l'ap­pwreil ind'llstrieZ comme tel, mais la créance déclarée dans l·'acte, celle des

i.ntérêts et des charges (J,Ccessoii·es irn­posées à l'acheteur.

(OOSTHOEK, C. MM08 MARIAGE, Dl<:GHOY E'r PARIS_, q. q.)

JUGEM:ENT.

LE TRI'BUNAL; - Vu l'exploit d'assi­gnation du 23 juillet 195fi, enregistré~ tendant à entemh·e dire pour droit que­le requéraut est fondé à revendiquer con­tre les défeudeurs q·ualitate q·u.a une ma­chine de presse hydraulique Dania, avee moteur et accessoires, et celle mieux spé­cifiée dans la facture transcrite au gre:ITe du tribunal de commerce de Tournai, sous le numéro 1781; conséquenunent, il entendre autoriser le requérant à repren­dre les machines dont il s'agit, dans les­vingt-quatre hem·es du jugement à intel·­venir;

Oui, avant toute plaidoirie, à l'au­dience du 20 septembre 1956, M. le juge­commissaire Lefebvre, en son rapport~ conformément à la loi ;

Entendu, en sa plaidoirie et ses conclu­sions verbales, Me De Beus, consen du demandeur ;

Eutendu Me Deghoy et Me Paris, en leur plaidoirie et lem·s conclusions ver­bales tendant au débouté de I' action;

Attendu que par jugement du 5 avril 1956, enregistré, la société en commanditP simple Debay et Cie, à Péruwelz, et ses associés commandités, les époux Lam·ent­Debay, furent déclarés en état de fail­lite;

Attendu que par jugement du 4 avril 1956, prononcé par le tribunal de com­merce de Bruxelles, la société préquali­fiée fut condamnée à payer au requérant la somme de 59.099 francs, représentant le solde d'une factm·e relative à la vente de la machine dénommée su.pra ainsi que d'une machine à remplier, avec table d moteur;

Attendu que les curateurs refusent de· les restituer au requérant;

Attendu qu'en fondant sa demande de revendicatiou sur Ie privilège à lui re­conuu par l'article 546 de la loi sur les faillites et par l' artiele 20, 5°, de la loi sur les privilèges, le clemandeur confond ce privilège avec un prétendu droit de propriété sur l'objet vendu;

Atteudu que, ce qui est protégé par la transcription de l'acte constatant la ven­te, ce n'est pas la machine et l'appareil

58 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

industriels comme tèls, mais bien la (•réance cléclarée dans l'acte, c'est-à-dire la créance du prix, celle des intérêts et des charges accessoires imposées ä l'ache­ümr; que la revendication n'est possible que dans les conditions très strictes énon­eE~es au § 5 du 5° de l'article 20 de la loi, conditions qui n'existent pas en l'occur­rence;

Attendu que la doctrine est formelle (voy. DE PAC~E, t. VIP, édit. 1943, n° 222 : (( seule, la créance cléclarée dans l'acte transcrit sera privilégiée )) ; R. PIRET .. Le . äroit (un 1J1'kc, au. ·vencleu;r cle meubles eorporels. n o 40, 6°, p. 89) ;

A ttendu que l\'I. Ie conseiller Piret pré­cise encore : « L'omission d'une partie de Ja créance, des intérêts et des charges accessoires, empêchera Ie créancier de se prévaloir de son droit dans la mesure de l'omissimi, ce qui impligue qu'il s'agit non d'un droit de revenclication d'un appareil mais d'un privilège sur une créance )) ;

Attendu qu'il snit de ces considérations que, si le tribunal doit clire que la créan­ee est privilégiée ce qui est du reste admis par les curateurs -, il constate par contre que la présente action n'est 1 ms fondée ;

Par ces motifs, vu les articles 1er, 9, BO, B2 à 35, 37, 38 et 41 de la loi du 15 · juin 1935, dit l' action en revenclication non fondée, en cléboute Ie demancleur et laisse ä sa charge les frais par lui expo­sés; Ie conclmnne aux dépens envers les défencleurs q·nalUnte q·nn .... : accorclo l'exécution provisoire du jugement non­obstant tous recours et sans caution.

Du 4 octobre 1956. - Trilmnal de com­merce de Tournai. - Prés. l\1. A. De lVI.eire, juge faisant fonctions de prési­dent. - Réf. l\'I. Baland.

TR.IBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

16 février 1956 MANDAT. - Ü'FFICE DES CHÈQUES POS­

TAUX. !NDICATION ERRONÉE PAR LE MANDANT, SUR LA FORMULE DU VIEEMENT, DU COMPTE A CRÉDITER. - ÛPÉEA'l'ION FAITE PAE L'ÜFFICE DES CHÈQUES POS'l'AUX MAL­<mÉ LA DISOORDANCE DE DÉNOl\HNA'l'ION. PAETAGE DES RESPONSABILITÉS.

L/0./Ji.ce cles chèqu.es postawE con11nwt ·u;n.e fwnte en sa q·tutHté cle nut;Julatai•re,

en, ne ·ref·nsant pas ·un ·v·irem.ent doms leq·nel le '/Mtméro cl·n com.pte li cr·éditer . ne correspond pas ei la dénominaUon au. t'it·nladre üuliq·u.é s·m· le vi1·èment; Incr;is. le nwnclctnt étant égnlem.ent en fwu.te en rai.son cle son C'f'J'e1w, l'éten­flu,e cle la réparaUon clne pa1· Z'Oi/i.ae cles chèques postawx: cloU être 1'écl·ztite.

(ÉTAT BELGE, C. SOCIÉTÉ DE PERSOl\'NES A

R.ESPONSABILI'l'É LUIITÉE SEGERS ET AERNOUTS.)

,JUGEMENT .

LE TRIBUNAL; Vu les actes de la procédure, procluits en forme régulière : 1 o le jugement dont appel, prononcé con­tradictoirement entre parties le 18 juin 1954 par le tribunal de paix du 2e eauton de Bruxelles, jugement dont il n'est nas produit cl'acte de signification; 2° l'acte cl' appel signifié le 23 juillet 1954 par Ie ministère de l'huissier Charles Mertens, de résidence à Anvers;

Vu les conclusions écrites des parties et entend u celles-ei en lem·s · dires et moyens;

Attenclu que l' appel est régulier en la forme; qu'il apparaît recevable; que sa recevabilité n'est, au surplus, point con­testée;

Attenclu qu'il résulte des éléments de la cause : 1° que l'intimée a émis le 10 ju in 1953 un virement de 7.105 francs au bénéfice de la société de persounes ~l responsabilité limitée << Oourtimex )), Bor­zestraat, 15, à Anvers; 2° qu'elle a, par erreur, imliqué sur la formule de vire­ment le 11° 2721.81 comme étant celui du compte ä créditer; 3° que ce compte est ouvert au nom de << Import-Orient )), rue de Laeken, à Bruxelles, celui de la so­dété de persounes ä responsabilité limi­tée cc Oourtimex )) portant le n o 2721.87; 4° qu'en dépit de la discorelance de déno­mination, le virement a été exécuté par les services de l'appelant; 5° que le sieur Samuel Zukerman, propriétaire de la firme « Import-Orient )), a disposé le 13 juin 1953, pm~ chèque au porteur, de 7.120 francs, ne laissant à son compt<~ que 29,45 francs; 6° que tous efforts en vue de récupérer la sonnne indûment per­~ue se sont a vérés vains;

Attenclu que l'action originaire tendait it la condamnation de l'appelant à payer ä l'intimée 7.105 francs en principal;

Attendu que le premier juge a accueilli la demande;

Attendu que · l'ordre donné par l'inti-

TRIBUNAUX

mée ~A l'appelant de virer Ie montant liti­gieux a u profit de la société de person­'nes à responsabilité limitée << Courtimex )} ~·analyse juricliquement en un mandat de payement (Rép. prat. (l'/t dmi.t belge, v 0 Ohèq·ue_. nos 2, 19, 23 et suiv.); DE PAGE, t. III, n° 611);

Attenclu qu'en renseignant inexacte­ment ]'appelant, son mandataire, quant au numéro du compte bénéficiaire, l'in­timée a commis une faute;

Attendu qu'il api)artenait d'autre part 11 I'appelant d'exercer son mandat avec la prudenee et la vigilance requises;

Attendu qu'en ne reponssant pas Ie vi­]·ement dont litige pour discorelance de dénomination - comme le prescrivent eependant les instructions au person­nel -, l'appelant s'est incontestablement renàu coupable d'impéritie et de négli­gence;

Attendu que la circonstance que le per­sounel de l'Office des chèques postmix ne suffirait pas à la táche qui lui est impar­tie ne serait, en tout état de cause, pas <le nature ü dégager l'appelant de sa res­}Jonsabnité; qu'il appartiendrait à ce dernier, en effet, d' augmenter éventuelle­ment ses effectifs d' employés;

Attendu qu'est étranger à la présente instanee Ie point de savoir si l'appelant serait ou non fondé à réclamer aux mem­l>res de son persounel le remboursement partie] ou entier d'un virement exécuté par erreur;

Attendu qu'il est généralement aàmis, \~n doctrine et en jurisprudence, que l'étendne de la réparation due par le mandataire à la suite de ses fautes peut être réduite si le mandant est, comme en respèce, lui-même en faute (Rép. pnä. <l'U. dr. belr;e, Y 0 Jlia•Julat, nos 490 et 1·éférences) ;

Attendn qu'il apparaît des considéra­tiom:: t.rni précèdent que la responsabilité du dommage encourn par l'intimée par Hnite dE• l'exécution du chèque litigieux doit être supportée pour moitié par cha­que partie;

Par ces motifs, statuant contrac1ictoi­rement, E~n degré d'appel, entendu l\f. Du­mont, substitut du procureur du roi, en son avis conforme, donné en audience publique, rejetant, comme non fondées, toutes eonclusions autres, plus amples ou contraires, reçoit l'appel; le déclare fondé; infirme Ie jugernent dont appel; émendant, dit que l'action n'est fonclée qu'à concurrence de la moitié du mon­tunt r\"C'lamé, soit 3.552 fr. 50; condamne

l'appelant tl payer ce mont::mt à l'inti~ mée; déboute celle-ci du surplus de sa demande; délaisse à chacune des parties respectivement la rnoitié des dépens des deux instances.

Du 16 février 1956. - Tribunal civil de Bruxelles. - 12° eh. - B-iég. ;i\1:. Colson, vice-président. - _J1i·n. ptlbl. l\1. Dumont, substitut du procureur du roi. - Pl. :MM. R. De Smet et J. Collarcl (celui-ci du barreau d' Anvers).

TRIBUNAL CIVII, DE BRUXET_.~LES

18 mai 1955

1° APPEL EN MATIÈRE CIVILE. AcQUIESCEMEN'l'. JUGEMENT NON EXÉCU-'l'OIRE NONOBS'l'ANT APPEL. PAYEMENT DE LA TOTALITÉ DES DÉPENS. - R'ÉSERVES FOR­:àfULÉES PAR L' APPELANT LORS DU PAYEMEN'l' DE CEUX-OI QUAN'l' A L'UNE DES CON­DAMNATIONS. - INEXÉCUTION DE CET'l'E CON­DAM;NATION. - ABSENCE D'ACQUIESCEMENT QUAN'r A CELLE-CI. - APPEL RECEVABLE SUR CE POINT.

2° RESPONSABILITÉ (HORS CON­TRAT). - ACTION TENDAN'l' A FAIRE RÉPA­RER DES DÉGATS CAUSÉS PAR UN U.H.fEUBLE VOISIN. - THAVAUX A EX'ÉCUTEH A LA PHO­PHIÉ'l'É DE CELUI QUI A CAUSÉ LES DÉGA'rS; - VEN'l'E DE LADITE PROPRIÉ'rÉ A UN TIERS. - PÈHTE DU DHOI'r DE FAIRE EXÉCU'l'EH LES 'l'RAVAUX, A J/ÉGAHD DE L'ANCIEN PROPRif.;­TAIRE.

1° Le payement äe let totcLlUé äes dépens ne constitne pas u,ne p·re·wve de l-'ac­qn·iescernent, m.ême lorsqn''il s-'a.git ä'u,n :i'/.t.,qe-ment non exéc·u.toire nonobstant nppel, s·i l' appelwnt a formnlé cl es •rése·r­ves (tn sn.fet cl'nne cles conclamnat-ions.

2° Lorsq-ne cel-ni. q-n-i., par Ze matt.va-is en­tret-ien de son immenble, a ca·u.sé des clégfUs ä l((, propriété voisine, ·vend l'i1n­·me·uble, le ·vo-is·i·n ·n-'est pl·u.s en d·roit de tJonrsu•im·e contre l·ni l'exécu.tion rle tra:Panx clwns ln p·rotwiété vendtt.e.

(SERGI.JSELS, C. VAN DE WEHVE DE SCHILDE.)

JUGE:IIIENT.

LE TRIBUNAL; - Vu les actes de la procédure, produits en forme régulière : 1 o le jugement prononcé contradictoire­ment entre parties le 13 octobre 1.954 par

60 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

Ie tribunal de paix du 1er canton de Schaerbeek, jugement signifié à l'actuei appelant le 10 janvier 1955 par acte de l'huissier Cyrille De Meerleer, de rési:. deuce à Bruxelles; 2° l'acte d'appel, signifié le 7. février 1955 par le ministère de l'huissier Jean Baiwir, de résidence à Ixelles-Bru;_xelles;

Vu ··les cönclusions écrites des parties et entendu celles-ei en lem·s dires et moyens;

Attendu que l'appel, introduit dans Ie délai légal, est régulier en la forme; que sa recevabillté est némunoins contestée par l'intimé;

Attenclu que l'action originaire tendait, en ordre prindpal, h entenure condamner l'appelant : 1° à faire exêcuter, dans son appartement, situé au quatorzième étage d'un immeuble sis à Schaerbeek, rue du Noyer, 282, les travaux nécessaires pour mettre fin à des infiltrations cl'eau dans cel ui de l'intinié situé au treizième; 2° à payer à l'intimé 100.000 francs à titre d'indemnité pour Ie préjudice subi par ce dernier;

Attendu que le tribunal de paix, par jugement interlocutoire du 28 octobre 1953, a désigné !'expert Van Haelen aux fins de <lécrire les déga ts occasionnes dans !'appartement de l'intimé, d'en indi­quer les cau:;;es, ainsi que les travaux nécessaires pour y remédier, et d'indi­quer Ie montant du préjudice subi par I 'intimé;

Attendu que Ie 30 juin 1954 !'apparte­ment a été vendu pour moitié à la dame Bossu; que celle-d est devenue de ce fait voisine cl u dessus, de l 'intimé;

Attendu que par décision du 13 octobre 1954, Ie premier juge a condamné l'appe­lant : a) à payer à l'intimé 6.880 francs de dommages et intérêts; b) 1 o à faire rendre étanches les baquets à fleurs; 2o à faire pratiquer une gargouille à la· terrasse et à faire revêtir celle-d d'un matériau dur et imperméable;

Attendu que l'appelant demande l'in­iirmation du jugement entrepris en tant qu'il Ie condamne ü exécuter certains travaux;

Attendu que, par voie de demande nou­velle, il postule la condamnation de l'in­timé : 1° à 3.000 francs de dommages-in­térêts pour action téméraire et vexa­toire; 2° aux frais de la signification <ln jugement a q·no ~·

Attendu qu'à titre subsidiaire il pos­tule : a) l'infirmation complète du juge­ment o. q1w~· b) la condamnation de l'in-

timé aux frais de significa ti on; a) le rem­boursement de sommes qu'il a acqulttées en exécution partielle da jugement a qu.o;

Attendu que l'intimé demande la eon­damnation de l'appelant au payement (:Ie 3.000 francs de donuuages et intérêts du chef d'appel téméraire et vexatoire;

Sur la recevabilité : Attendu que l'intimé soutient que l'ap­

pelant am·ait acquiescé au jugement fJ.

q·no; que l'appel serait, partant, irreceva­ble;

A. Attendu qu'il est constant : 1° qut­l'appelant a versé Ie montant des condam­nations pécumaues prononcées contrt• lui, et ce sans farmuier de réserves: 2° qu'il a effectué ce payement bien que Ie jugement n'eût pas été déclaré exé­cutoire nonobstant appel et qu'il n'eût pas encore été signifié;

Attendu qu'il en résulte que l'appelant a acquiescé au jugement en ce qui con­cerne les condamnations pécuniaires;

B. Attendu que si l'appelant a payé également, comme l'observe l'intimé, la totalité des dépens, il appert toutefois de la correspondance versée aux débats, et noturnment de sa lettl·e du 26 novembre 1954, qu'il ne l'a fait que sous réserve d'exécution des travaux litigieux par li;. nouvel acquéreur de !'appartement;

Attenclu que s'il a, cl'autre part, in­formé l'intimé, par lettre clu 23 octobre 1954, qu'il ne comptait pas relever appel de la décision du premier juge, . il ré­sulte clu contexte que cette intention était, cle même, suborclonnée ü la prise en charge des travaux par l'acheteuse;

Attendu que l'exécution d'une condam­nation ne va ut acquiescement que po u r autant que la partie qui paye entend ma­nifester par là qu'elle se soumet défini­tivement à cette clécision;

Attenclu qu'en l'espèce il n'est pas établi à suffisance de droit, ainsi qu'il appert des éléments qui précèdent1 que l'appelant ait acquiescé à la dédsion en­treprise pour ce qui est des travaux liti­gieux;

Au fond: Attendu qu'il est constant que l'appe­

lant a, depnis Ie 30 juin 1954, perdu la qualité de propriétaire de !'appartement dominant cel ui de l'intimé;

Attendu que cette modification a altéré les liens juridiques unissant les partieR;

Attendu que l'intimé demeure, certes. en clroit cle poursuivre l'action en ce qui

TRIBUNAUX 61

concerne la réparation des dégàts occa­flionnés par suite du mauvais état de }'appartement supérieur au sien, à l'épo­que ou l'àppelant en était propriétaire;

Attendu qu'il n'est, par contre, plus en droH, depnis le transfert de propriété -enc01·e que celui-ei soit intervenu en cours d'instance de poursuivre l'action con­tre l'appelant dans la mesure ou elle tend i\ l'exécntion des travaux litigieux;

Attendu qne la circonstance que l'appe­lant n'a pas interjeté a1Jpel contre le jugement interlocutoire du 28 octobre 1950, par lequel le premier juge a prescrit une exp(~rtise, est sans incidence sur les eonsequences de la vente de !'apparte­ment <JUi n'a en lieu qne le 30 juin 1954;

Sur la demande reconventionnelle : Attendu que, la demande en payement

de 3.000 francs pour procès téméraire et vexatoire constituant une demande JlOuvene, il n'y a pas lieu de la rece­voir;

Sur la demande de dommages et inté­Têts du chef cl'appel téméraire :

Attendu que, l'appel interjeté par le tléfendeur originaire étant justifié clans la mesure ei-après cléterminée, la de­mande de dommnges et intérêts formn­lée par l'intimé apparaît non fondée;

Par ces motifs, statmmt contraclictoi­rement .. en tlegré d'appel, entenclu M. Du­mont, substitnt du vrocureur du roi, en son avis conforme, écartant toutes con­dnsions autres, plus nmples ou contrai­l'es, comme non fondées, reçoit l'appel; le décJ are fondé; infirme le jugement a q·u o en tant (ju'il condmnne l'appelant à effec­tuer Jes travaux indiqués plus haut; con­firme Ie jngement a q·no pour le surplus; sur ]::~ demande reconventionnelle pour JH'ocès téméraire et vexatoire : la dé­dare ]rrecevable; en déboute l'appelant; sur la tiemande de dommages-intérêts pour appel téméraire et vexatoire : la clé­dare non fondée; en cléboute l'intimé; le {~ondanme aux clépens d'appel et h ceux de Ja signification (111 jngement n qno.

Du 18 mai 1955. Tribunal civil de Bruxelles. - 12° eh. Si.érf. M. Colson, vice-président. 1J1Fin. JYitbl. M. Dumont, substitnt du procureur du roi. - Pl. i\1. J. van Bastelaer.

TRIBUNAL CIVIL DE BRUXIDI~LES

14 juillet 1955

ALIMENTS. - RECOUVREMEN'l' DES l!'HAIS D'ASSIS'l'ANCE A CHARGE DES Df:Bl'l'EURS D''ALIMEN'l'S. - DROI'I' DIHEC'l', NON HUBRO­GA'l'OIRE AUX DROI'l'S DE LA PERSONNE SECOU­RUE. - DÉBI'l'EURs D' ALIMENTS. - ENI!'ANT EN f:TA'l' DE 'l'RAVAILLEH .MAlS INDIGEN'l' PAR HUI'l'E DE SON OISIVETÉ ET DE SON INCON­DUITE. MÈRE NON TENUE AUX ALIMEN'l'S.

ÜOMM:ISSION D' AS SI STANCE PUBLIQUE SANS RECOURS CON'l'RE LA MÈRE.

La, mè·re d'u.ne pe1·sonne q·wi est en étnt cle tm/vaUler et clont l'état äe beso·i·n tro·nve son o·rioi·ne clnns son ois·iveté et son inco·nrl'ltite n'est pas clébUrice cl'nli­·ments,· clès lors., la, comnl!issi.on cl'a,ssi8-ta.nce JYilbliq'lle n'est pas en cl·roU de récnpérer à cha;rae cle la. mère les fra·is cl'hospi.taUsnUo·n exposés pa1· elle pour l'enfant.

(COMl\HSSION D' ASSIS'l'ANCE PUBLIQUE DE SAIN'l'-GILLES-BRUXELLES, C. ,JENNAHD.)

JUGEAillNT.

LE TRIBUNAI.1; - Vu les actes de la procéclure, procluits en forme régulière, et notumment : 1 o le jugement dont ap­pel, prononcé contradictoirement entre parties le 22 décembre 1954 par le tribn­nal de paix du eauton de Saint-Gilles­Bruxelles, jugement dont il n'est pas pro­duit cl' acte de significa ti on; 2° 1' acte tl' appel, signifié le 24 février 1955 par le ministère de l'huissier Jean Leclercq, de résidence à Saint-Gilles-Bruxelles;

Vu les conclusions écrites .des parti<.~s

et entendu celles-ei en leurs uires et moyens;

Attenclu que l'avpel est régulier en la forme; que sa recevabilité n'est d'ailleurs point contestée;

Attendu que J'action originaire tenduit ü la condamnation de l'intimée ü rem­bourser 2.085 fr.. représentant les frais d'hospitalisation .exposés par l'appelante pour la fille de celle-ci, Mlle Yvonne Renotte, du 30 décembre 195i:l au 9 jan-vier 1954; ·

Attendu que Ie premier juge a écarté la demande;

Attendu que, conformément à l'arti­cle 30 de la loi clu 27 novembre 1891, le recouvrement des frais d'nssistance aux

62 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

indigents peut être poursuivi à charge de ceux qui leur dolvent des aliments;

.Attendu qu'il n'est pas contesté : 1 o que, bien que jouissant d'une santé florissante, et agée seulement de vingt ans, la fille de l'intimée s'abstenait jus­qu'à ces deruiers temps de se livrer à un quelconque travail; 2° qu'elle menait, cl'autre part, une vie dépourvue de mora­lité et a en trois enfants naturels de pè­res clifférents; 3° que les frais d'hospita­lisation litigieux out été exposés polÜ' enrayer une fausse couche dont était me­nacée l'intéressée;

Attendu que l'état de besoin dans le­quel elle se trouvait lors de sou hospita­lisation, et qu'elle connaît encore, bien qu'elle travaille présentement ä la jour­née, a clone pour origine sou oisiveté et son inconcluite;

.Attendu que c'est à bon droit, dès lors, que l'intimée estime ne pas être tenue de fournir des aliments à sa fille (DE PAGE, t. Ier, n° 550bis);

Attemlu qu'il convient d'observer, sura­bondamment et pour autant que de be­soin : 1 o que l'intimée exerce le métier de servante; 2° qu'elle promérite en cette qualité un salaire de 2.500 francs par mois; 3° que sa situation pécuniaire est précaire; qu'elle a di} contraeter en 1948 et en 1949 un emprunt de 15.000 francs; 4° qu'étant d'un àge mi'n·, elle est obligée de se constituer des réserves afin de pou­voir subvenir sans trop de difficultés à ses besoins dans ses vieux jours;

Attendu que l'appelante invoque, il est vrai, la circonstance que l'article 30 de la loi du 27 novembre 1891 lui alloue nn droit direct contre les « débiteurs d'aliments )), non subrogatoire aux droits de la personne secourue;

.Attendu qu'elle prétend en déduire qu'elle seralt habilitée à poursuivre le remboursement de sa créance sans de­voir prouver que les conditions d'octroi d'nne pension alimentaire seraient réali­sées;

Attendu que le droit précité s'exerce notaroment comme dit plus haut -, aux termes de la disposition invoquée, à l'égard des << débiteurs d'aliments )) ;

.Attendu qu'il résulte clairement des éléments rappelés plus haut que l'inti­mée n'est pas << débitrice cl'aliments )) vis-à-vis de sa fille;

.Attendu que c'est à tort, dans ces con­ditions, que ·r appelante soutient être dis­pensée deprouver que les conditions d'oc-

troi d'une pension alimentaire seraient réalisées;

Attendu qu'il appert de ces considéru­tions que l'action n'est pas fondée; que l'appel est dès lors injustifié.

Par ces motifs, statuant contradïctoi­rement, en degré d'appel, entendu M .. Vos­sen, substitut du procureur clu rol, en son avis conforme, donné en atldience publique, écartant toutes conclusions au­tres, plus amples ou contraires, .eomme non fondées, reçolt l'appel; le déclare non fondé; confirme la décision entre­prise; condamne l'apvelante aux liépem; d'appel.

Du 14 juillet 1955. - Trib1mal cfvil de Bruxelles. - 128 eh. 8-iért. l\1. Oolson, vice-président. - Min. tmbl. M. Vossen, substitut du procureur du roi. Pl. l\1. P.-P. Hamesse et S. Haquez .

TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE NEUFOHATEAU

7 décemhre 1956

ANI:MAUX. - TUBERCULOSE BOVINE. BÉTAIL INFECTÉ. - NO'l'ION.

Le bétaa infecté, ·visé à l'([;rt'icle 13 cle l·'aT'têté royal cltt 20 :i·nin, 1955, est oelwi clont l'mw O'zt l'a-ttt1·e bête a, 'l'éag'i posi­tivernent c1 la tube,rc·nUnatfon. Dès lo'ns, ne pettt êt-re co,nsülé-rée omnme indernne q'IW l'exploUatfon clont wuc,wne bête n'n réag·i zo,rs cle la, cle,rniè,re t·nbe,rcu,lina­t-ion générnle (1).

(MINIS'l'ÈRE PUBLIC, C. liiAZAY.)

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; - Attendu que ~e cité est prévenu d'avoir, à Offagne, en juHlet, août, septembre et octobre 1956 : A) con­trevenu aux articles 1er et 13 cle l'arrêté royal clu 20 juin 1955 qui prescrivent : « Dans cette même partie clu pays - pro­vinee du Luxembourg, partie de la pro­vinee de Naruur située sur la rive droite de la Meuse, province de Limbourg et arronclissement judiciaire cl' .Anvers Ie bétail des exploitations non indemnes de tuberculose ne peut être mis en prairie

(1) Jugement frappé d'appe1.

TRIBUNAUX 63

lorsque celie-ei est adjacente à une prai­rie à pàturer appartenant à autrui, à moins qu'une clöture établie par le pro­priétaire du bétail infecté, à deux mètres au moins de la ligue séparative, n'em­pêche le contact avec le bétail pàturant sur la prairie adjacente)); B) contrevenu à l'article 12 de l'arrêté royal du 20 juin 1955, qui prescrit : << L'accès aux abreu­voirs publies et aux pàtures communes situées dans cette partie du pays - pro­vinee de Luxembourg, partie de la pro­vinee de Namur située sur la rive clroïte de la lVIeuse, province de Limbourg et ar­rondissement jucliciaire cl' Anvers - est interdit à partir de 1956, à tout Ie bétail des exploitations non inclemnes de tuber­culose));

Attendu qu'il est constant et non con­testé que parmi Ie cheptel du prévenu plusieurs bêtes bovines avaient réagi po­sitivement à l'épreuve de l'intrndermo­tuberculination en février 1956;

Qu'il est établi que, nonobstant cette circonstance, Ie prévenu a mis sou bétail clans une prairie adjacente à une prairie à pàturer appartenant à autrui et ce sans avoir établi à deux mètres au moins de la ligue séparative une clöture empê­chant Ie contact avec Ie bétail pàtm·ant sm· la prairie adjacente;

Qu'il est également établi que Ie bétail du prévenu a fréquenté l'abreuvoir pu­blic;

Attendu que Ie prévenu conteste Ie bien-fondé des préventions, en invoquant divers arguments tirés de l'interpréta­tion de l' artiele 13 de l' arrêté royal cl u 20 juin 1955 incriminé;

Attendu que Ie prévenu invoque deux décisions, l'une du tribunal cl' Arlon, en date du 15 octobre 1956, et une autre, du tribunal de Dinant, en date du 8 novem­bre 1956, toutes deux actneHement en in­stance d'appel;

Attendu que la clécision cl' Arlon vise le cas d'un marchand de bestiaux et que ce jugement, comme celui de Dinant, ne précise pas que le cheptel incrimme comprenait certains bovidés ayaut réagi à l'épreuve de la tuberculination;

Qu'on ne peut dès lors en inférer des similitucles;

Que l'on ne peut en cléduire la bonne foi du pl'évenu auquel les agents de l'au­to:r.ité- ont clispensé de multiples avertis­sements;

Attendu que Ie prévenu prétencl établir une distinction dans l'interprétation des termes repris dans la prévention, sui-

vant qu'ils se trouvent dans l'un ou l'au­tre des arrêtés royaux visant la lutte contre la tuberculose, visant les mesure~o; spéciales de cette lutte ou concernant l'abattage par orclre des bêtes bovines a ttein tes de tuberculose clinique;

Attemlu que le prévenu prétend qu'en !'absence de précisions suffisantes de la loi, il doit béné:ficier du doute;

Attenclu qu'il convient d'épuiser lf~s ressources de l'interprétation des textes en question et que ce n'est qu'au cas oir le sens de la loi reste douteux qu'il con­vient cl'adopter une interprétation favo­rable au prévenu;

Attendu que pour l'interprétation des termes repris à la prévention il faut, à défaut de travaux parlementaires, re­prendre !'ensemble des dispositions qui se rapportent à la législation sur la luttP contre la tuberculose bovine et les mesu­res édictées clans eet ordre cl'idées, a:fin de déceler la pensée et la volonté du lé­,gislateur, l'objet qu'il a voulu protéger et Ie but propre qu'il a poursuivi et voulu atteindre; '

Attendu r1u'il est incóntestable que le 'législateur vent, par les mesm·es édic­tées en matière de hitte contl·e la tubel'­culose bovine, arriver à supprimer radi­calement ce fléau qui, ainsi que l'expé­rience l'a démontré, offre de graves dan­gers de contamination même pour l'hom­me;

Attendu que la méthode la plus efficaee résiderait dans l'élimination hfttive et to­tale de tout le cheptel tuberculeux, mais que des contingenees économiques im­posent de procéder par paliers;

Que ces considérations expliquent que le législateur a édicté des mesures visant, dès à présent, un double objet : 1° proté­ger le cl1eptel des étables inclemnes; 2° épurer les foyers infectés;

Attendu que la tuberculose est la ma­ladie produite par un bacille spécifique dit bacille de Koch;

Qu'il s'agit d'une maladie contagieuse; Que doit être considérée comme << tn­

fectée )) toute bête bovine souillée par des germes infectieux ou pathogènes qui al­tèrent !'organisme et que les bacilles de Koch constituent de tels gennes infee­tieux;

Que l'intradermotuberculination, opé­rée dans des conditions normales, c'est-à­dire l'injection cutanée de tuberculine, est un procédé scienti:fique qui a pour effet de provoquer cliez les bovidés une réaction révélatrice de la maladie, et

JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

non de simples incHces comme l'affirme Ie prévenu;

Que, dès lors, tont bovidé qui, dans ces <:onditions, réagit positivement à cette épreuve doit, aux yeux de la médecine vétérinaire comme de la législation en vigueur, être con$icléré connne infecté de tuberculose et, vartant, l'exploitation comprenant des bêtPs infectées doit être réputée non indemne·;

(îne ces bovidés ayant réagi ü lacHte <'~rm~uve présentent des risques de con­tamination pour les autres bovidés;

Qu'eu égarcl aux dangers de contami­nation, doivent être considérés comme ~uspects les bovidés qui ont fait partie cln clwptel de l'exploitation infectée, et ce aussi longtemps qu'une nouvelle tu­llereulination n'a pas révélé leur état indemne;

(}u'en outre doit être considérée com­me suspecte d'être atteinte de tubercu­lose tlinique toute bête bovine qui pré­sente des symptómes faisant soupçonner rmr Ie clocteur en méclecine vétérinaire l'existencf~ de tuberculose clinique, aux tt'rmes de l'article 1€r de l'arrêté royal <ln 20 juin 1955 (concernant l'abattage par ordre des bêtes bovines atteintes de tn bereulose clinique) ;

Qu'enfin doit être considérée comme nt­teinte de tuberculose clinique toute bête llovine qui présente des symptómes eer­tains de tuberculose de la mamene ou d'un autre organe ou dans le lait ou les sécrétions de laqneüe le laboratoil·e de dingnostic et de recherches vétérinaires de l'Etnt a constaté la présence de ba­dlles de Koch (art. 1er de l'arr. roy. sus­visé);

Que telle est bien la pensée du légis­lateur qui, aux termes de l'article 2 de l'arrêté royal du 31 mai 1951 relatif aux Yices réclhibitoires, s'exprime en ces ter­mes : <( Pour l'application du présent ar­rêté, sont consiclérées comme atteintes de tuberculose les bêtPs bovines qui présen­tent les symptómes certains de cette ma­laclie et celles qui ont une réaction posi­tive ü l'oceulo-tuberculinntion on ü l'in­tnulermotn berculina ti on )) ;

Que ce critère, qui ne fait que consn­('rer en termes <:•mployés dans un sens usuPl et normal une règle cl'orclre scien­tifique, est encore visé clans l'article 10 de l'arrêté royal du 20 juin 1955 qui pré­voit : << que pour 1' application de cette disposition l'animal est réputé atteint de tuberculose à la date du transfert lors-4'1Ue la réaction ü la tuberculination se

produit ou que des signes eliniqués de la tubei·culose apparaissent au plus tarcl le quinzième jour qui snit cette cleruière date));

Attendu que, sans tomber clans les ex­cès de l'interprétatiou analogique, on peut, sans dépasser le sens strict et lit­téral des termes employés, clire sans ris­que d'erreur que le bétail (( infecté )) visé à l'article 13, base de la prévention, est celui dont l'une ou l'autre bête a réagi positivement à la tuberculination, sans qu'il soit inclispensable de se livrer aux mesm·es prévues par les nrticles 5, 6 et 7 de l'arrêté royal ineriminé, et que ne peut être consiclérée comme inclemne q1w l'exploitation clont aucune bête n'a réagi lors de la dernière tuberculination géné­rale; qu'il ne })ent y avoir d'autre inter­.1_)rétation;

Que pareille interprétation, qui n'est en rien en contracUetion avec le texte lé­gal, est fonclée sur la volonté du législa­teur qui vise en l'occurrence à préserver le llétail clu contact clangereux, au point ~le vue contagion, du bétail cln proprié­taire cl'une exploitation infectée, c'est-à­clire clont l'une ou l'autre bête a réagi et présente des risques graves de contagion;

Qu'après avoir cléfini ainsi clans clenx arrêtés royaux ce qu'il fallait entenclre par bêtes atteintes de tuberculose, il RP­

rnit superfétatoire de reprendre ces tté­finitions dans les arrêtés subséquents;

Que la circonstance que le prévenn n' aurait au enne confinnee clans les mé­tllücles de hltte contl·e la tuberculose in­staurées par le gouvernement est sans re­levance, l'obligation de se conformer ä la législation étant de stricte observance;

Attenclu que le prévenu prétencl qne lP bétail ne pouvait être réputé infecté que pour autant que eet état résulte non sen­Iement de l'épreuve de la tuberculina­tion, mais en outre des mesures prévues par les articles 5, 6 et 7 de l'nrrêté roynl incriminé du 20 juin 1955;

Attenclu que ces mesures tl'examen cli­nique et cl'analyse n'ont ponr effet qT1e de reehereher la gravité de l'infection déjà relevée par l'épreuve de l'intracler­motu berculina ti on;

Qu'il convient, à eet égard, de distin­guer avec le législateur la tuberculos~~ simple de la tuberculose clinique, tuber­culose plus évoluée et présentant des dangers encm·e plus considérables qui justifient les mesm·es cl'almttage immé­diat prévues par l'arrêté royal du 20 juin 1955 sur l'abattage par ordre des

'rRIBUNAUX 65

bêtes bovilres atteintes de tuberculose clinique;

Attendu qu'il est :hors de doute que le législateur a visé à enrayer la propaga­tion de la tuberculose bovine en suppri­mant, dans toute la mesure du possible, tout contact èntre des animaux d'une exploitation infectée et les animaux des autres exploitations; · Qu'ainsi qu'il a été dit ci-dessus, les

bovins reconnus atteints de tuberculose à la s;üte de l'intradermotuberculination, dotvent incontestablement être cönsidérés comme infectés, sans que pour cela leur affection tuberculeuse doive avoir été re­conmre de caractère (( clinique ll;

Attendu qu'au surplus, si l'on admet­tait la thèse développée par le prévenn, les mesures cle prophy laxie imposées de­meurenlient lettre morte, ce qui revien­clrait à ruiner l'économie de la législa­tion en vigueur, en rendant ces prescrip­tions vaines;

Que l'arrêté royal visé à la préventiun ne sort nullement du cadre d' application de la loi de 1882 sur la pollee sanitaire des animaux domestiques, et que destruc­tion obligatoire ne peut être assimilée h nne expropriation forcée;

Attendu que les éléments des préven­tions se trouvent réunis et établis à. suf­fisance et qu'il n'y a pas lieu de faire droit à la demande d'enquête et d'exper­tise formulée à titre subsidiaire par Ie prévenu;

Par ces motifs, vu les articles ... ; con­<-lamne le prévenu ...

Du 7 décembre 195(3. - Tribunal cor-rectionnel de Neufcháteau. Siég. .M:. Constant, juge unique. J11·in. zmb·z. l\1. Capelle, substitut clu procureur du roi.

.JUSTICE DE PAIX DE HANNUT

20 novembre 1956

ACCIDENT DU TRA VAIL. - INCAPACITÉ DE TRAYAIL. - NOTION.

L'InaapaoUé clo·nn(lnt clToU à inclemnUé, en O(lS cl'aoaiclent cl1t tT(lV(lil, est 1me inaapcwUé non poi·nt se1ûement physio­log·iq1te ma-i.s nne ·ino(lp(laité cle tm­V(lil.

PASIC., 1957. ~ Ill6 PARTIE,

(ROYAL EXCHANGE ASSURANCE, C. COLLIN.)

,JUOEMENT.

Attendu que l'expert conclut qu'il sub­siste chez la défenderesse une séquelle anatomiqne osseuse qni amène à admet­tre que les séquelles subjectives dont se plaint la victime doivent être prises en considération et qu'il évalue à 1 p. c. l'invalidité permanente partielle;

Attendu qu'il est indiscutable que cette incapacité très minime est accordée pour léger désaxage de la main gauche sans conséquence sur les mouvements du poi­gnet, eenx-ei se faisant tonjours de fa­çon complète et égale aux deux poignets, sans troubles trophiques et sans atrophie spéciale cles masses musculaires de l'avant-bras;

Attenclu que l'expert ne dit pas que cette invalidité de 1 p. c. constitue une incapacité de travail ayant une réper­cussion sur la valeur économique de ln cléfenderesse;

Attendu qu'on ne peut se prévaloir du clroit aux indemnités légales que si la lésion exerce une infiuence sur la capa­cité ouvrière de la victime; qu'il ne fa ut pas confondre l'importance de l'incapa­cité dont la loi n'exclut pas la plus mi­nime et la nature de l'incapacité que le texte qualifie non de physiologique muis cle travail (civ. Liège, 29 mars 1956, Bull. (lSS ., 1956, p. 355; J. de P. Schaer­beek, 2 avril 1954, ibül., 1954, p. 232);

Attenclu, d'ailleurs, qu'en l'espèce Ia uéfencleresse, étant ágée d'une septan­taine d'années, n'exerce plus aucun métier et ne sera plus appelée à en exercer; que, par conséquent, le léger clésaxage de la main gauche entraînant une invalidité physiologique de 1 p. c. ne peut être con­sidéré comme emportant une climinution de la capacité ouvrière et ne peut justi­fier l'octroi d'une indemnité;

Par ces motifs, ... , statuant contra­c1ictoirement et en premier ressort, vi­dant notre interlocutoire du 13 mars 1956, disons qu'il y a lieu à revision de l'ac­cord homologué le 20 janvier 1953 devant nous; disons qu'il ne subsiste aucune incapacité de travail aya:tit une répercus­sion sur la valeur économique de la dé­fenderesse; laissons les dépens · à charge de la demanderesse.

Du 20 novembre 1956. - Justice de paix de Hannut. - Sfég. lVI. Nagels, juge de

5

66 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

paix. - Pl. _Mme Houffy (cln lmrrpau d'ap­ppl de Bruxelles).

r.rHIBUNAI~ CIVIL DE BRUXELLES

22 décembre 1955

OONTRAT DE TRANSPORT. lVIALLE

ÜSTENDE-DOUVRES. - DÉGNl'S A UNE VOI­

'l'URE 'l'RANSPOH'l'ÉE. - APPLICA'l'ION DE LA

UON\'E.N'l'ION IN'l'EHNATIONALE DU 23 NOVE:M:­

BRE 1933 APPROUVÉE PAR LA LOI BELGE DU

6 1\fAI 1936. - RÉCI~P'l'ION. - DÉBARQUE­

:t\fEN'l' DE LA \'OI'l'URE SANS PROTESTATION. -

RÉCLAMATION UI:rJi;RIEFHE. - lRRECEVABI­

LITÉ.

Ln convention i,n.ternntio·nnle (l·u 23 no­·rem bre 1933 concernwnt le tnmsport des ·va uar;e·zws et cl es ba.ga.ges pwr che­min de fer P.tant (tpplicnble ä ln lir;ne ré!flllière cle na·vigaUon (le l'Etat Ostelule-Douv·J·es, qni est le complé­ment cle cU·ve·rs pa.rcowrs pn1· t'oie fer­rëe, et l'wrticle 44, § ter, cle la(Ute con­Pention stipulwnt q·u.e la •/'écept1.on fles bngages éteint contre le chem.in cle fer tentte action ]YI'O·vennnt cl·n co·ntrat de tra.nsport, le clébwrque·ment cl'une voi­ttt re wutomobile sans protestntion ·rend iJTcce·z;nble toute réclwma.tion nltéri.e1we.

(PARIDAENS, C. É'l'A'l' BELOE.)

,J UOEMI~N'l'.

LE THIBUNAL; - Vu les actes de la procédure, produits en forme régulière .: 1° le jugement clont aPlîel, prononcé con­traclietoirement ent.re parties le 15 féYrier 193iJ par le tribunal de paix clu 2e canton de Bruxelles, jugement dont il n'est pas pro cl uit cl' acte cle significa ti on; 2° l' acte <l' appel, signifié le 14 mars 1955 par le ministère de l'huissier Olément :M:ellaerts, <le résidence à Bruxelles;

Vu les conclusions écrites des parties et eutenclu celles-ei en lmu·s clires et moyens;

Attenclu que l'appel est régulier en la forme; que sn recevnbilité n 'est d'ailleurs point contestée;

Attendu qn'il est constant : n) que l'nppelant a confié à l'administration lle la marine le transport de sa voiture par ln malle Ostende-Douvres, le 12 avril 1954; b) que, la voiture ayant été clébar­quée, l'al)pelant l'a conduite à la douane

à qnelque 200 mètres du lieu de dél>ar­quemeut, ou il a constaté que le flanc droit était endouunagé; c) qu'après les formalit(Ós douanières, il s'en est re­tourné au qüai de clélJarquement pour y faire constater les dégflts par l'adminis­tration compétente;

Atteudu · qu'il ressort d'un extrait du rapport tlu JJagagiste dn navire transpor­teur : 1° que l'appelant a effectiYement déposé plainte entre seH mnius, 20 minu­tes environ après le déllarquement; 2° que ui l'apvelant, ni le bagagiste n'ont con­staté toutefois de <lonnnage lors clu Llé­harquement;

Attemlu que l'aetion originaire tendait it entPIHli'P eon<lmnuer l'intimé i.t payer 3.21:3 francs, majorés des intérêts mora­toires depnis la date cl(~ la facture, du dwf du préjudice qu'uurait subi l'aPlîP­lnut, lors clu transport de sa voiture à honl <Ie ln malle Ostencle-Douvres;

Attendu que le premier juge a déllouté l'ap}îE\lant de sa <lemaude;

Att<:'mlu qu'il a estimé, se fondant Hnr l'article 44, § 1 er, de la convention inter­nationale du 23 novembre 1933, appron­,·ée par la loi du (i mai 1936, concernnut le transport des voyageurs et des bagages par chemins de fer, qn'ayant pris livrai­son de sou vélücule au clébarquement, snus faire constater les clég-ats à ce mo­ment vrétis, l'appelant ne pouvait }îré­temh·e à a ncnn dédommagement;

Attendu que la disposition ci-clessus dispose notanuneut, en effet, que « la ré­ception des bagages éteint eoutre le che­miu de fer toute action provennut dn contrat de transport )) ;

Atteudu que l'nvpelant conteste, il est nai, qne la conventimi internationale du 23 noveml>re 1933 soit applicable au pré­Rent litige;

Attendu qu'il allègue, à l'appui de sa thèse, que le véhicnle clont litige a été embarqué i'l Ostemle et clélmrtjué à Don­vres;

Attenclu qu'ü bon droit l'intimé objecte qu'aux termes de l'article 2, * 1er, de la convention internationale clu 23 novembre 1933, celle-ci est applicable notmument « a nx lignes régulières de na viga ti on. complétaut des parcours par voie fer­rée ));

Atteuclu qu'il 3' a lieu cl'obsener, à eet égarcl, que la ligue régulière de navi­gation de l'IDtat OstenclL~-Douvres consti­tue le complément de elivers parcours par voie ferrée;

TRIBUNAUX 67

Attendu que Yainement l'appelant sou­tient que, Ie transfert de sa voiture s'étant accompli uniquement par mer, il ne vourrait s'agir d'un transport combiné du type prévu ci-dessus;

A ttendu que la clisposition repraduite plus haut n'exige nullement, toutefois, que les marchandises aient effectué un voyage par voie ferrée ayant leur débar­quement on qu'elles en effectneut un par après;

Attendu que c'est à bon droit, dès lors, que Ie premier juge a estimé que la con­vention internationale du 23 novembre 1933 était d'application;

Attendu que l'appelant sontient, il est vrai, que l'intimé il'aurait exercé aucune surveillance au moment clu débarque­ment, quant aux dégàts éventuel~? qu'au­raient pu présenter les véhicules trans­portés;

Attendu qu'il y voit la cause de l'ab­sence de procès-verbal de constat que l'in­timé était tenu de dresser en vertu de l'article 43 de la convention internatio­nale, en cas cl' a varie des marchandises débarquées;

Attendu qu'il est permis de. souligner it eet égard que Ie rapport établi par le bagagiste, relativement à la plainte <lé­posée par 1' appelant après sou retour de la douane, environ 20 minutes après ::.·é­ception dn véhicule, n'a, en tout état cle cause, et quoi qu'on puisse alléguer, rien de comlllun avec le procès-verbal de con­stat prévu par l'artkle 43 de la conven­tion internationale du 213 novelllbre 1933;

Attenclu que l'appelant conclut, de cette absence de procès-verbal de constat, qu'en vertu de l'article 44, § 2, 3°, b, de la convention internationale ci-dessus vi­sée, sou action en déclollllllagement ne se­rait pas éteinte;

Attenclu que l'intilllé soutient forlllel­lement, toutefois, qu'un controle sérieux était exercé, au lllOlllent du débarque­lllent, par un préposé de la malle, flan­qué d'un fonctionnaire des chemins de fer britanniques;

Attendu que l' appelant n' apporte pas la preuve de la déficience qu'il invoque;

Attendu que l'appelant allègue d'autre part que la précipitation des préposés de l'intilllé l'aurait empêché de faire toutes constatations utiles concernant l'état de sou véhicule; qu'ils l'auraient contraint à quitter les lieux en toute hàte pour l)erlllettre Ie débarquement des autres vé­hicules;

Attendu qu'il offre la preuve, par ton­tes voies de clroit, de cette circonstance qui constituerait, selon lui, une faute lourde, assilllilable au dol et elllpêchant, aux terllles de l'article 44, § 2, 1°, de Ja convention du 23 novembre 1933, l'extinc­tion de l' action en dédollllllagelllent;

Attenclu, toutefois, que la Drécipitation qui, selon l' appelant, lui aurait été im­posée et qui, en cas d'encolllbrelllent ex­cessif, pouvait se justifier, ne le disl)en­sait et ne l'elllpêchait nullelllent de se livrer à un bref examen de sa voiture;

Attemlu que, ce fait n'étant, dès lors, ui concluant ui pertinent, il ne sied pas d'autoriser l'apl)elant à en apporter la preuYe;

Attendn que les faits suivants, cotés sub nis 2, 3 et 4, que l'appelant offre tl'établir, ne sont pas davantage perti­nents; qu'ils ne sont pas de nature à dé­lllontrer, en effet, soit qu'un controle effi­cace n'aurait pas été exercé au débarque­ment, soit que l'appelant aurait formulé une quelconque protestation au moment tle la réception de sou véhicule, soit qu'il aurait été elllpêché de le faire;

Attendu qu'il n'y a clone pas lieu d'ad­lllettre l'appelant à établir ces faits par tout es voies de droit;

Attendu qu'il n'y a pas davantage lieu d'autoriser l'appelant à fournir la preuve du cinquième fait coté, la récep­tion du véhicule litigieux par 1' appelant sans protestation étant juridiquement ac­quise et l'action en dédommagement étant dès lors éteinte;

Attendu qu'il est perlllis d'observer sur­aboudalllment qu'une enquête tenue en 1956, relativement à uu incident aussi infillle que celui dont il s'agit et datnut de 1954, s' avérerait tardive;

Attendu qu'il snit de ces considéra­tions, et des divers éléments de la cause, que le prelllier juge a déclaré avec raison l' action originaire injustifiée.

Par ces motifs, statuant contradictoi­relllent, en degré d' appel, entend u M. Du­lllont, substitut du procureur du roi, en sou avis conforme, donné en audience publique, écartant toutes conclusions au­tres, plus amples ou contraires, reçoit 1' appel; le déclare non fondé; confirme la décision entreprise; condanme 1' appelant aux dépens cl'appel.

Du 22 <lécembre 1955. - Tribunal civil de Bruxelles. - 12e eh. - Siég. M. Col-

68 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

son, yice-président. - Mln. ]Jnbl. M. Du­mont, Fmhstitut du procureur du roi. Pl. M.M. G. Cassart et R. De Smet.

'l'RIBGNAL CIVIL DID BRUXELLES

23 février 1956

1° PRESURIPTION. -· A.R'l'ICLE 2271 DU CODE CIYJL. - I'RÉSOMP'l'ION DE PAYE:MENT.

SILENCE CllWONSTANCIÉ DU DÉBI'l'EUR V ALANT AVEU TACI'l'E. P RÉSOMP'l'ION DE PAYEMEN'l' RENYERSÉE,

2° GESTION D'AFFAIRES. VEU\'E FAISAN'l' 'l'HA YAlLLER DES OUVRIERS DU << DE CU,JUS )) PENDANT QUELQUES SEMAINES APRÈS LE DÉCÎi:S. - SALAIHEI::l. - DÉPENSE FAI'l'E PAR LA \'EU\'E DANS L'IN'l'ÉRÊ'l' DES BIENS SUCCESSORAFX. - DET'l'E POSTHUl>IE.

:1o PRESCRIP'l'ION. - ARTICLE 2271 DU CODE CIVIL, - I'HÉSO~IP'l'ION DE PAYE:NIEN'l'. - PRI'i;SOMP'l'ION RENVEHSÉE PAH L'ATTI'l'UDE DU DÉBI'l'EUR QUI PRÉTEND QrE LA CRÉANCE N'A ,JA:NIAIS ÉTÉ DUE.

1° Le silence ciirconstctncié cln clébite·wr, qui. éq·wi·ca.ut à. un a.·veu. tacite, ,.re1we·rse ln prés:om.ptlo·n de tJa.yem.ent 81M" ln­quelle est fonclée ln p·resc·r·iption étn­blie par l-'wrticle 2271 cl·n Oocle c·iv'il.

2° Il lf n gestion cl' nffa1.res clans l'Mtté­ri':t cles biens snccessonHMJJ lorsqu.e la ·ve wve la.isse t·ra .. va.iller cles 01lvriers äe son cléfunt ·mari., pe·nclcmt q'llelq1t.es se­nuûnes nprè8 Ze clécès cle cel·u.i-ci.; a s' en8·wit que le8 8a.lwiii'C8 p1·omé·rité8 constituent ·ll'ne clette 1J08tll•ll'lll e co·m­pri8e clwn8 la. ·nw88C lHtssive.

go Bi lc débtte·ur nie a"oir :ic[l)nWÎ8 été clé­blteur cl'unc dette, cette nttitncle ren­·ver8e la lJ'I'ésomption de pnyem.ent q·u.i est à. l'orirtine cle ln pre8cr1.ption prémte pwr l'article 2271 au. Oocle ci·vil.

(YANDE 'IVALLE, C. LE,JEUNE ET CONSOR'l'S.)

,JUGE~lE:-1'1'.

LE 'l'RIBUNAL; - Vu les actes de la vrocédure, vrocluits en forrne régulière : 1° le jugernent clont appel, prononcé con­traclictoirernent entre varties le 22 juin 1955 par le tribunal de paix du eauton de Saint-Gilles-Bruxelles, jugernent dont il n'est pas produit d'acte de significa­tion; 2° l'acte d'appel, signifié le 9 juil­let 1955 par le ministère de l'huissier

.Jean Baiwir, de résidence à Ixelles-Bru­xelles;

Vu les conclusions écrites des parties et entendu celles-ei en lmu·s dires et moyens;

Attendu que l'appel est régulier en la forrne; qu'il apparaît reeevabie;

.A.ttendu qu'il est constant et non con­testé : n) que Georges Lejeune, auteur des intimés, actneHement clécéclé, a été au serYice de Louis Varrele vYalle, père de 1' appelant, en qualité cl' ouvrier; b) que Louis Yande vYalle est clécédé le 1G rnai 1951; o) que Georges Lejeune a terrniné eertuines communeles au COlU'S de la seconde quinzaine de ma i;

Attenclu que les intimés soutienneut que la SUccession de Louis Yande vValle leur serait reelevabie : 1 o du chef de sa­laire promérité par leur père pour la première quinzaine de rnai, de 3.229 fr. 50; 2° <ln chef de salaire promérité par leur père pour la seconde quinzaine de rnai, nu cours de laquelle il a achevé eertuines cmiunandes, cle 3.223 francs; 3° clu chef de payement de fournitures de plàtre pour cornpte du père de l'appelant, de 712 francs, soit au total 7.165 francs;

AttenclU que le premier juge a con­clamné chacun des <léfendeurs originaires au l)ayement de ce montant pour leur part et portion, soit la veuve Vande 'Valle i\ 1.792 francs et l'appelant à G.373 francs en principal;

A. Quant au salaire relatif à la pre­mière qninzaine de mai .1951 :

.A.ttendu que, sans en apporter la preuve, l'appelant soutient que l'auteur des intimés aurait perçu le montant de son salaire pour cette période;

Attendu qu'en tout état de cause, il oppose la prescription prévue par l'arti­cle 2271 du Code civil;

Attendu que les intimés observent tou­tefois : 1 o que leur auteur a, sur de­mande clu notail·e Olm·a, chargé de liqui­der et de partager les biens dépendant de la succession Vande vValle, communi­qué le rnontant de sa créance le 6 juillet 1951; 2° que depnis cette date l'appelant n' a émis aucune protestation;

.A.ttendu qu'il n'est effectivement pas démontré, voire allégué, que ni avant, ni après la clöture des opérations de ligui­dation et de partage, l'appelant ait noti­fié son désaccord aux intimés ou à leur auteur, quant au rnontant réclamé;

Attendu qu'il n'est pas contesté que ce

TRIBUNAUX

n'est qu'en 1955 que l'appelant a refusé de payer les salaires réclamés;

Attendu que, parallèlement, les intimés souligneut: 1 o que l'employeur est décédé le 16 mai 1951; qu'il pouvait, clès lors, ne pas a vöir eucore payé à ses ouvriers les salaires de la quinzaine écoulée; 2° qu'il n'est pas contesté que l'auteur des inti­més a tra vaillé la seconde quinzaine de mai 1951 et n'u pas été payé pour ses prestations; 3° que la dame Brawers, Yeuve Louis Vande vValle, a reconnu sa clette, pour ses part et portion, clevant le premier juge et a payé sa quote-part après la condamuation; 4° qu'il est signi­ficatif que le notaire chargé de liquicler la succession de Louis Vande Walle ait <lemandé à l' auteur des intimés de lui incliquer le montant de sa créance;

Attenclu qu'à la lmnière des éléments qui précèdent, 1<-~ silence de l'appelant a pu eréer un apvarence, dans le chef (]p

ee dernier, de nature à tromper invind­lllement les intimés ou leur auteur quant it ses intentious;

Atteudu que ce silenee drcoustaneié a pu, dès lors, être tenu par les iutimés ou leur auteur comme un aveu tacite de la part de l'appelaut (DE PAGE, t. III, 11° 1012; t. II, 11° 544; LAlTREN'r, t. XV, n° -±RB l;

AttPnclu que eet aveu tacite suffit it renvE>rser la présomption légale de paye­nwnt résn ltant de la prescription oppo­sée })nr l'nVI)elant (DE PAnE, t. VIP, n° 1354);

Attendu que l'aetion originaire s'avère, <lès lors, fondée clans In mesure ou ellf~ t<•ml au payement dn salaire relatif à la période envümgée;

B. Quant au ~mlnire de la seconde quin­znine de mni :

Attemlu qne, tont en ne contestant pas qne l'auteur des intimés a effectué des trantnx au eonrs de la seconde quiu­zaine <le mai 1951, l'ap})elant soutient ne p<mvoir être teuu cle payer le salaire ré­elamé de ce ehef;

A ttendn qn'il foncle son point de vue :;;ur la cireonstance qu'il n' a pas parti­dpé à la gestion de l' affaire pendant la période ci-clessus;

A ttendu qn 'il en déduit que seule la <lame Braw0rs, venve Louis Vancle WallE', qni auruit, selon lui, liquidé l'affaire conunereiale, ponrrait éveutuellement être rPd(~nthle de sa1nires dus pour ce laps <-le temps.

Atteudu qu'il résulte toutefois des élé­ments de la cause que le salaire promérité par l'auteur des intimés coustituait une dépense nécessaire faite par l'épouse du défunt dans l'intérêt des biens successo­raux;

Attendu qu'il y a clone lieu, en prin­cipe, de l'inclure parmi les üettes posthu­mes comprises clans la masse passi ve (Rép. pra.t. cln rlr. bel[Je, yo S'l/ccessions, nos 1373 et suiv.);

Attemlu que, d'autre vart, Ie système de défeuse de l'appelant relatif à ce point implique le nou-pnyement du mon­tnnt réclamé;

Atteudu que c'est vailwmeut, dès lors, que l' appelant oppose la prescription de l'article 2271 du Code eivil (cass., 10 <-lé­cemhre 1885, Pas., 1886, I, 17; 16 juin 1896, Dnll. pér., 1897, I, 459; Rr5p. prnt. rln (l/". 7Jel[le. Y" Pre:scription en matièrc civile, 11° 788; DE PAGE, t. VIP, 11° 1354, 0);

AttelHlu <]n'il snit de ct-~s eonsi<lératious que l'appelant est tenu de vayer áux in­timés le snlnire promérité par leur au­Ü-'111' vour la seconde quiuzaiue de mai;

Attendu q1w, d'autre part, l'appelant n'ayaut formulé cl'ohjectiou avant 1955, ni quant nu prineipe de sa dette, ni quant ü sou moutant, il Pst censé, en tout état de eause, et comiJte teuu de eirconstances <liYerses rappe1ées vlus haut, avoir agréé taeitenwnt ce derniPr;

Attendü qu'à l'aVImi <-Ie ses eontesta­tions, qnant an moutant, il se horue, au demeurant, ü produire des états de sa­laire c1e délmt 1950, nu lieu d'en présen­ter coucerun ut l' époque précédant immé­<-lia tement l (~ décès de Louis Vande vV alle;

Atteudu que, d'nutre 1mrt, 1e montant réelamé dans la citatiou et aecordé par le premü~r juge - pour ce secoud poste est de 3.223 francs, alors que celui clout fait état la letb·e · clu 6 juillet 1951 est inférieur de 100 francs;

a. Quant au vayement üe fournitures de plátre :

Atteudu que les intimés n'établissent pas que fpn Georges Lejeune aurait effec­tué un queleonque Yersement pour compte de la Succession Vancle vValle, du chef de fourni tm·(~ de ]Jlfttre;

Atteudu qu'il n'est, au demeurant, pas fnit état de pareille dépeuse dans la let­tre du 6 juillet 1951;

Attendu que les intimés offrent, il est

70 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

vrai, de pro u ver la réalité de ce délJours par toutes voies de droit, témoignages eompris;

Attenclu, toutefois, qu'en raison de l'an­cienneté du fait allégué et de la circon­stance qu'il n'a pas été invoqué anté­rieurement, il n'y a pas lieu de prescrire la mesure d'instruction postulée;

Attendu que la demancle orrgmaire s'avère, dès lors, non fondée quant à ce point;

Attend\1 qu'il appert des consiclérations qui précèdent que l'appel est fondé clans la mesure ei-après déterminée;

Par ces motifs, statuant contraclictoi­rement, en degré d'appel, entendu M. Du­mont, substitut du procureur du roi, en son avis conforme, donné en audie11ce J)U­

blique, rejeta11t comme 11011 fondées tou­tes conclusions autres, plus amples ou contraires, reçoit l'appel; Ie déclare par­tieHement fondé; infirme Ie jugement en­trepris, en tant qu'il condamne l'appelant à payer aux intimés 5.373 francs, majo­rés des i11térêts judiciaires; émendant, condamne l'appelant à payer aux intimés les trois quarts de 6.352 francs, soit 4.764 francs, majorés des i11térêts judi­ciaires; dit la demande originaire non fondée pour Ie surplus; en déboute les intimés; con<lamne eenx-ei à un cinquiè­me et l' appelant aux quatl·e cinquièmes des dépens d'appel.

Du 2i:l février 1956. - Tribunal civil de Bruxelles. - 1re eh. - S·iég. M. Oolson, vice-président. JJ{'i;n. '[mbl. M. Dumont, substitut du procureur du roi. Pl. l\1M. Libouton et Van Nienwenhuyze.

r.rRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

12 avril 1956

PROOÉDURE CIVILE. - RESSORT. ACOIDEN'I' DU TRAVAIL. - ACTION DE NA­'l'URE A ftTRE ÉVALUÉE D' APRÈS DES BASES LÉGALES. - DÉFAUT o'ÉVALL'A'riON. - DER­NIER RESSORT.

L'rwUon tendwnt à l'obtention des in­de·mnUés prémt.es J)(l.!l' la lo·i cl·u 24 dé­cembre 1903 s·zw les ncc·idents d'lt t1·a­vail étant de nntu•te à être évalttée d'azyrès des bctses légales, le j·z.tgement est rend11, en, dern·ier 1·essort en l'ab-

sence de déte·rmina,tion cl·n montwnt cle la cleman,cle.

(BHASSEUH, C. MUTCELLE DES SYNDICA'I'S RÉUNIS.)

JUGEMEN'I'.

LE TRIBUNAL; - Vu les actes de la procédure, procluits en forme régulière : 1 o la sentence dont appel, prononcée con­tradictoirement entre parties Ie 30 juin 1955 par la commission arbitrale de la Mutuelle des syndicats réunis, senterree signifiée à l'actnel appelant Ie 23 juillet 1955 par l'lmissier Georges Vandenbos­sche, de résidence à Ixelles-Bruxelles; 2° l'acte d'appel, signifié Ie 23 juillet 1955 par Ie ministère de l'hnissier Victor Hochart, de résiclence à Saint~Gilles­Bruxelles;

Vu les conclusions éerites des parties et entendu celles-ei en lem·s tlires et moyens;

Attenclu qne l'appel est régulier en la forme; qu'il a été interjeté dans Ie dé­lai légal; que sa recevabilité est néan­moins contestée par l'intimée;

Attenclu qu'il est constant que l'appe­lant a été victime, Ie 23 janvier 1954, d'un accident clu travail au com·s duquel il a reçu un éclat de bois dans l'ceil gau­che;

Attenclu qu'il soutient que l'accident a causé la perte totale de la faculté vi­snelle de celni-ci;

Attencln que le premier juge constab? que cette faeulté était déjà abolie avant l'acciclent; qu'il déclare, de plus, qu'en inclemnisant l'appelant jusqu'à la date de la consoliclation, l'intimée a rempli ses obligations à son égarcl;

Attencln qne Ie premier juge a dé­claré que sa sentence était rendue en dernier ressort;

Sur Je ressort : Attenclu qn'il appert de la sentence en­

treprise qne Ie premier juge a estimé, avec raison, que l'actio11 avait pratiqne­ment ponr objet la reconnaissancè d'un droit : celui cl'obtenir des indenmités en vertu de la loi cl u 2-1 décem 1Jre 1903;

A.ttenclu qu'on concevrait difficilement cl'ailleurs qu'il ait été mentionné au pro­cès-verbal de comparution des parties que celles-ei étaient cl' accord quant au montant dn salaire de la victime et de la date de consolidation, si la demande n'avait .pas en un tel objet;

TRIBUN AUX

Attendu que pareil litige est de nature à être évalué d' après des bases légales;

Attendu que la loi sur la réparation des accidents du travan indique, en ef­fet, avec précision la façon de détermi­ner, selon les cas, les indemnités aux­quelles out droit les victimes;

Attendu que l'avpelant n'était donc pas fondé à y procéder lui-même, selon 1' artiele 33 de la loi du 25 mars 1876;

Attendu qu'en l'espèce l'appelant a omis d'indiquer les éléments permettant d'établir, d'après les bases fixées par la loi, les indemnités postulées;

Attendu, d'autre part, que le LWemier .iuge ne les a pas recherchées;

Attendu que, dans ces conditions, Je montant de la demande, tout en étant déterminable, est resté inconnu; qu'on ne peut dire, dès lors, s'il excède ou non le taux du dernier ressort;

Attendu que la décision du premier juge doit donc être considérée comme rendue en dernier ressort (ca ss., 17 juin 1937, PASIO., 1937, I, 192; 2-! février 1916, i biel., 1917, I, 39).

Attendu que !'appel s'avère, dans ces conditions, irrecevable.

Par ces motifs, stahumt contradictoi­rement, en degré d' appel, entend u M. Dumont. substitut du procureur du roi, en son avis conforme, donné en au­dience 1mblique, écartant, comme non fondées, toutes conclnsions autres, plus amples ou contraires, déclare l'appel ir­recevable; condamne l'appelant aux <lé­pens d'appel.

Du 12 avril 1956. - 'rribunal civil de Bruxelles. 12e eh. - Siég. M. Oolson, vice-président. - JJ1i,n. publ. l\i. Dumont, substitut du procureur du roi. - Pl. lVIM. A. Jacobs et Muûls.

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXEIJLES

20 avril 1956

PREHJVE. - SERMENT Ll'l'ISDÉCISOIRE.

DÉLI'l'. - lRRECEVABILI'I'É.

E::;t irrecenr7Jle le serment litisdécisoi,re port([!nt s1tr un clélit, une fJ((!rtie ne pon,vnnt être placée entre sa conscience et le rlésllonneur 1'ésHltamt de pourswi­tes répre8si,res.

(RILLAER'l'S, C. THIELEMAl'\S.)

\'ONNIS (1).

DE RIDCHTBANK; Gezien, in re-gelmatige vorm voorgehraeht : 1 o het vonnis waartegen beroep, op tegens!)raak tussen Dartijen, op 30 juni 1955, door de vrederechtbank van het kanton Vil­voorde uitgesproken, vonnis waarvan geen akte Yan betekening werd Yom·ge­hracht; 2° de akte van beroep, op 8 juli 1955, door de dem·"'\vttarder Omer Biesemans, te VilYoorcle verblijvende. betekend; ,

Gezien de schriftelijke conclusiën dPr partijen, en gehoord deze partijen in hun middelen;

Overwegende dat het 1Jeroep regelmil­tig naar de vorm is, en als ontvankelijk voorkomt;

Aangezien de oorspronkelijke eis voor doel had de heer Rillaerts, appellant, tot de betaling van 3.000 frank te horen ver­oordelen, als schadevergoeding wegen:;; het wegnemen van een voort die geïnti­meerde toebehoren zou, en die een uit­weg afsloot, die tle eerste over het goed Yan de tweede genoot;

Aangezien geïntimeerde aan appellant de hierna bepaalde gedingbeslissende eed opgedragen heeft : <<Ik zweer de poort die mijn goed afsluit van dit van eiser niet te hebben weggenomen in de nacht van 16 op 17 januari 1955. Zo helpe mij God));

Aangezien tle eerste rechter het opdra­gen van voormelde eed bevolen heeft;

A.angezien npvellant : 1 o de vernieti­ging van het vonnis n q 110 vraagt; 2° de rechtlJank Yerzoekt, de zaak aan zicl1 trekkende n) te zeggen dut het af-

(1) 'i'Nuluction.

LE TRIBUN AL; - Vu, produits en forme régulière; 1 • le jugement dont appel, rendu contradictoirement entre parties, le 30 juin 1955, par le tribunal de paix du eauton de Vilvorde et dont il ne fut pas produit d'acte de signification; z· l'acte d'appel, signifié le 8 juillet 1955 par l'huissier Omer Biesemans, de résidence à Vilvorde;

Vu les conclusions écrites des parties et en­tendu celles-ei en leurs moyens;

Attendu que l'appel est régulier en la forme et apparaît recevable;

Attendu que l'action originaire tendait à entendre condamner M. Rillaerts, appelant, au payement de :3.000 francs, à titre de dom­mages et intérêts du chef de l'enlèvement d'une porte clöturant un passage dont il

72 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

schrift van het strafbundel uit de debat­ten zou geweerd worden; b) de oorspron­kelijke eis als ongegrond te verwerpen;

Aangezien geïntimeerde, bij wijze van nieuwe eis, de veroordeling van appel­lant vraagt tot de betaling van 1.000 fr. wegens tergend en roekeloos geding;

Aangezien appellant niet betwist dat hij voor de eerste rechter : 1 o bekend heeft dat de poort geïntimeerde toebe­hoorde; 2° verklaard te hebben dat hij haar niet weggenomen zou hebben;

Aangezien hieruit elient afgeleid dat -­zoals door appellant trouwens opgemerkt -- het feit nopens hetwelk de gedingbe­slissende eed door geïntimeerde opgedra­gen wordt een wanbedrijf uitmaakt;

Aangezien de gedingbeslissende eed, in dergelijk ge:val, niet opgedragen elient te worden; dat het inderdaad niet opgaat een partij voor de keus te stellen tussen de oneer van een strafvervolging en haar geweten (DE PAGE, b. lil, nr 1043; Ver­viers, 7 februari 1900, PASIC., 1900, III, 245; Brussel, 15 juli 1954, Rev. gén. nss. et resp., 1954, 5434);

Aangezien het beroep derhalve als ge­rechtvaardigd voorkomt, voor zoveel het ertoe strekte te horen zeggen dat voor­melde eed niet opgedragen dient te wor­den;

jouissait sur la propriété de l'intimé et qui appartiendrait à celui-ei;

Attendu que l'intimé a déféré à l'appela.nt le serment litisdécisoire que voici : « Je jure ne pas avoir enlevé dans la nuit du 16 au 17 janvier 1955 la porte de clöture qui sépare ma propriété de celle cl u demandeur. A in si m' ai de Die u » ;

Attendu que le premier juge a orclonné la délation du serment susénoncé;

Attendu que l'appelant : 1 o demancle l'<m­nulation cl u jugement a qno; 2o invite le tri­bunal à évoquer la cause et : a) à dire que la copie du dossier répressif sera éliminée des clébats; b) à rejeter 1' action originaire conune non fonclée;

Attendu que l'intimé, par voie de demande nouvelle, réclame la con damnation de l' appe­lant au payement d'une somme de 1.000 fr. du chef cl' action téméraire et vexatoire;

Attendu que l'appelant ne conteste pas qu'il a, devant le premier juge : 1 o reemum que la porte appartenait à l'intimé; 2" déclaré ne pas l'avoir enlevée;

Attendu qu'il doit en être déduit que -ainsi que l'a d'ailleurs fait observer l'appelant - le fait- sur lequel le serment litisdécisoire est déféré par l'intimé constitue un délit;

Attendu qu' en pareil cas le serment litis­décisoire - ne peut être déféré; qu' on ne peut, en effet, mettre une partie devant le

Aangezien deze omstandigheid echter voor de rechtbank geen voldoende reden uitmaakt om de zaak aan zich te trek­ken.

Nopens de nieuwe eis Aangezien uit voorgaande bestanelde­

len voortvloeit dat de eis strekkende tot de veroordeling van appellant tot 1.000 frank wegens tergend en roekeloos beroep als ongegrond voorkomt;

Om deze redenen, rechtdoende op te­genspraak, in hoger beroep, gehoord de heer Dumont, substituut-procureur des konings, in zijn eensluidend advies, in openbare zitting gegeven, alle andere of tegenstrijdige conclusiën, als ongegrond, verwerpende, ontvangt het beroep; ver­klaart het gegrond; vernietigt het vonnis n q·tw ,· zegt dat de hierboven gemelde eed niet opgedragen zal worden; zegt dat er voor de rechtbank geen aanlei­ding bestaat om de zaak aan zich te trekken; yerwerpt de nieuwe eis als on­gegrond; venvijst geïntimeerde in de kosten van het vonnis n qno en van be­roep.

Du 20 a vril 1956. - Trilmnal ei vil de Bruxelles. - 8-iég. M. Oolson, vice-pré­sident. - M·in. pnbl. M. Dumont, substi-

choix entre une poursuite répressive et sa conscience (DE PAGE, t. III, n o 1043; Verviers, 7 février 1900, PAsrc., 1900, III, 245; Bru­xelles, 15 juillet 1954, Reo. gén. nss. et ·resp., 1954, 5434);

Attendu que l'appel apparaît dès lors justi­fié en ce qu'il tend à faire clécider que le prédit serment ne sera pas cléféré;

Attendu que cette circonstance n'est cepen­clant pas, pour le tribunal, une raison suffi­sante pour évoquer la cause;

Quant à la clemande nouvelle : Attendu qu'il résulte des éléments qui pré­

cèdent que la clemande tenclant à la condam­nation de l'appelant au payement de 1.000 fr. clu chef cl'action téméraire et vexatoire appa­raîb non fondée;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, en clegré d'appel, entendu M. Dumont, substitut du procureur du roi, en son avis conforme, clonné en audience publique, écar­tant comme non fonclées toutes conclusions autres ou contraires, reçoit l'appel; le dit fondé; met le jugement a quo à néant; dit que le serment ci-dessus énoncé ne sera pas déféré; dit qu'il n'y a pas lieu, pour le tribu­nal, cl' évoquer la cause; rejette la demande nouvelle comine non fondée; condamne l'in­timé aux dépeus clu jugement a quo et de l'appel.

TRIBUNAUX 73

tut du procureur du roi. Pl. MM. J. Vandervondelen et G. Mommens.

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

17 juillet 1956

1° OO.MPÉTENOE EN MATIÈRE CI­VILE. - ACTION 'l'ENDAN'l' AU PAYEMEN'l' D'UNE SOMME DE 2.500 FRANCS REPRÉSEN­'l'AN'l' L'IN'l'ÉRÊT D'UN PRÊT DE 50.000 FR. -ÜON'l'ESTA'l'ION SUR LE REMBOURSEMENT DU PRÊ'l'. - lNCOMPÉTENCE DU ,JUGE DE PAIX.

2° CONTRATS. - REMBOURSEMEN'l' D'UN PHÊ'l' ET DES IN'l'ÉRÊ'l'S DE CELUI-Cl A r/ÉPOUSE DU PRÊTEUR. VALIDI'l'É. -MANDAT 'I'ACI'l'E. - RÉVOCA'l'ION DE CE MAN­DA'I' NON POR'l'ÉE A LA CONNAISSANCE DE L'EMPRUN'l'EUR.

1 o Le :i u ge cle tHtix n' est pns compétent po u r stat·uer s·ur nne a.ction tenclctnt au pa.yement cl'·une somme cle 2.500 tntnes représentwnt, su i·va.nt le clemanclen·r, l'intèrêt wnnnel rl'un prêt cle 50.000 f·r., lorsq·ue le äéfenclell'l' sontient q·u.e le prêt (L été ·rembo1rrsé.

2° Le rem.bou'/'sem.ènt ä'un prêt et fles i.n­térêts cle celui-ei à. l'épo·use cln p·rêten·r est vnlnble s'Il appwmU des ci•rcon­stwnces cle ln cnnse que cel·u.i-ci n·vnit (lormé tnoitement ·11n ma.nclat à. son épou.se cle perce·voi;r ces sommes et qne ln ·ré·vocnUon, de ce ·mnnclnt n/a été po·r­tée q n'u.ltérieu·reJnent à. la conna.is­swnce cle l'empr'lf·nte·ur.

(ROUX, 0. ÉPOUX HAES,\ERTS ET ELSEN.)

YONNIS (1).

DE RECHTBANK; - Gezien, in regel­matige Yorm voorgebracht : 1 o het von­nis waartegen ueroep, op tegenspraak tussen partijen, op 6 juni 1955, door de vrederechtbank van het kanton Sint­.Tans-Molenbeek uitgesproken, vonnis

(1) Tnuluctio n.

LE TRIBUNAL; - Vu, produits en forme régulière : 1 • le jugement dont appel, rendu contradictoirement entre parties, le 6 juin 1955, par le tribunal de paix du canton de Molen­beek-Sain t-J ean, et dont il ne fut pas produit d'acte de signification; 2" l'acte d'appel,

waarvan geen akte vm1 betekening werd voorgebracht; 2° de akte van beroep, op 13 juli 1955, door de deurwaarder Léon Eeckhaut, te Leuven verblijYende, bete­kend;

Gezien de schriftelijke conclusiën der ])artijen en gehoord deze partijen in hun middelen;

Overwegende dat het beroep regelmatig naar de vorm is; dat het als ontvanke­lijk voorkomt;

Aangezien eerste geïntimeerde op 1 juni 1947 aan a!)pellant 150.000 frank geleend heeft mits interesten tegen 5 t. h. 's jaars, terugbetaalbaar binnen tien jaar;

Aangezien het vaststaat dat appellant nmaf 19-!8 tot 1953 een bedrag van 100.000 frank terugbetaald heeft, alsook de vervallen interesten;

Aangezien de oorspronkelijke eis, door eerste geïntimeerde ingesteld, ertoe strekte am1ellant tot de betaling te ho­ren veroordelen van 2.500 frank, welke de jaarlijkse interesten uitmaken van het saldo nm 50.000 frank dat appellant nog· aan geïntimeerde schuldig zon zijn;

Aangezien appellant Flore Eisen, echt­genote Haesaerts, tweede geïntimeerde, in vrijwaring geroepen heeft;

Aangezien de eerste rechter de oor­spronkelijke eis evenals de oproep in vrijwaring gegrond verklaard heeft;

Aangezien avpellant, oorspronkelijke venveercler, staande houdt dat hij op 9 april 195-! aan Fiore Eisen, tweede ge­ïntimeerde, echtgenote van eerste geïnti­meerde, het saldo Yan 50.000 frank, als­ook 2.500 frank interesten, betaald zon hebben;

Aangezien hij, tot sta ving van zijn be­wering, de omstandigheid inroept dat tweede geïntimeerde hem kwijting van alle rekeningen gegeven heeft;

Aangezien eerste geïntimeenle op­werpt dat zijn echtgenote - in elke stanel van zake - nooit opdracht noch toelating zou gekregen hebben om voor­melde sommen in de plaats van haar echtgenoot te innen;

Armgezien het clerhalye hier niet alleen

signifié le 13 juillet 1955 par l'huissier Léon Eeckhaut, de résidence à Louvain;

Vu les conclusions écrites des parties et. entend u celles-ei en leurs moyens;

Attendu que l'appel est régulier quant à la forme; qu'il apparaît reeevabie;

Attendu que le premier intüné a prêté à

74 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

gaat om te weten of de aangm~raagde 2.500 frank gelelig terugbetaald zouden zijn, doch ook, in feite, of voormeld saldo van 50.000 frank het zou zijn; met andere woorden, of het op 9 april 1954 verleende kwijtschrift, een totaal bedrag Yan 52.500 frank betreffende, tegen eerste g-e­ïntimeerde ingeroepen mag worden;

Aangezien het, in deze voorwaarden, niet alleen de thans vereiste interesten zijn, die de bevoegdheid en de aanleg elienen te bepalen, doch insgelijks, oyer­eenkomstig artikel 24 van de wet op de bevoegdheid, het bedrag van het betwiste saldo (cf. Luik, 3 januari 1936, PAsiC., 1937, II, 42; verbr., 17 juli 1919, UJiä., 1919, I, 193; Brussel 3 december 1952, J. T., 1953, 523; Les No,velles, Procéd,nre ci,v'ile, b. I, nrs 899 en 900; Rép. p'rat. dn (l'J'. belge, v 0 Oompétence, nrs 998 en 1017; Braas, uitgave 1934, p. 300);

Aangezien, het totaal van deze beide sommen de bevoegdhetcl ratione Sll'mmne Yan de eerste rechter overtreffende, deze laatste niet gerechtigd was van de zaak kennis te nemen;

Aangezien het de rechtbank derhalvP, krachtens artikel 473 van het Wetboek van burgerlijke rechtspleging, toebehoort de zaak aan zich te trekken;

l'appelant,, le 1" juin 1947, 150.000 francs, remboursables en dix ans moyennant un inté­rêt de 5 p. c. l'an;

Attendu qu'il est établi que, de 1948 à 1953, l' appelant a remboursé un montant de 100.000 francs ainsi que les intérêts échus;

Attendu que l'action originaire, intraduite par le premier intimé, tendait à entendre condamner l'appelant au payement de 2.500 francs représentant l'intérêt annuel du solde de 50.000 francs dont celui-ei resterait redevabie en vers l'intimé;

Attendu que l'appelant a appelé en garan­tie la seconde intimée, Flore Eisen, épouse Haesaerts;

Attendu que le premier juge a déclaré fon­dés l'action originaire ainsi que l'appel En garantie;

Attendu que l'appelant, défendeur origi­naire, soutient avoir acquitté le 9 avril 1954. en mains de Flore Eisen, seconde intimée, épouse du premier inthné, le solde de 50.000 francs ainsi que 2.500 francs d'inté­rêts;

Attendu qu'à l'appui de son soutèneme1~t il invoque la circonstance que la seconde inti­mée lui a donné acquit pour solde de tout compte;

Attendu que le premier intimé abjecte que son épouse n'aurait, en tout état de cause, jamais reçu mandat ni autorisation de per-

Aangezien het door eerste geïntimeerde niet betwist wordt : 1° dat voor de ach­tereenvolgende betalingen, de laatste uit­gezonderd, de kwijtingen geldig door zijn echtgenote gegeven zijn geworden; 2° dat, bij brief del. 3 mei 195-!, aan ap­pellant gericht, geïntimeerde dezelve at­teut gemaakt heeft op het feit dat zijn echtgenote hem verlaten had; dat hij aan appellant tevens gevraagd heeft hem de overblijvende schuld persoonlijk en niet aan deze laatste te betalen;

Aangezien eerste geïntimeerde beweel't, weliswaar, dat voorgaande achtereenvol­gende betalingen steeels in zijn aanwezig­heiel zouden verricht geweest zijn;

Aangezien hij echter in gebreke blijft zijn bewering te bewijzen;

Aangezien voorgaande bestaneldelen een geheel nm gewichtige, nauwkeurige en oYereeustemmende vermoetlens uitma­ken, waaruit redelijk afgeleid elient te worden : 1° dat tweede geïntimeerde door haar echtgenoot stilzwijgend ge­mandateerd is ge-vvonlen om de geleende sommen en de interesten voor zijn rekP­ning te innen en er kwijting nm te ge­ven; 2° dat apl)ellant slechts door elP brief van geïntimeerde del. 3 mei 195-1-

cevoir les prédites sommes en lieu et place de sou mari ;

Attendu, dès lors, qu'il s'agit en l'espèce non seulement de savoir si les 2.500 francs réclamés ont été valablement remboursés, mais aussi, en fait, si le solde prédit de 50.000 francs l'a été; en d'autres termes, si la quittance dounée le 9 avril 1954, portant sur m1 montant total de 52.500 francs, est opposable au premier intimé;

Attendu que, dans ces conditions, ce ne sont pas seulement les intérêts actneHement l'éclamés qui doivent déterminer la campé­tenee et le ressort, mais également, confor­mément à l' artiele 24 de la loi sur la compé­tence, le montant du solde litigieux (cf. Liège, 3 janvier 1936, PASIC., 1937, II, 42; cass., 17 juillet 1919, ibicl., 1919, I, 193; Bru­xelles, 3 décembre 1952, .!. T., 1953, 523; Le.~ Nouelles, Procérl1we évile, t. 1", n" 899 et 900; Rf:pert. prat. du dr. bel(JP, v" CmnzN''­tence, n"' 998 et 1017; BRAAS, éd. 1984, p. 300);

Attendu que, le total de ces deux sommes excédant la compétence näione swnmae du premier juge, cc dernier n' était pas autorisé à colmaître de la cause;

Attendu qu'il appartient dès lors au tri­bunal, en vertu de l'article 473 du Code de procédure civile, d'évoquer la cause;

Attendu qu'il n'est pas coutesté par Je pl·e­mier intimé : 1" que pour les payements suc-

TRIBUNAUX 75

verwittigd is geworden dat dit mandaat teruggetrokken was;

Aangezien wat eerste geïntimeerde er ook van moge zeggen - het bedrag van een rechtsyerrichting anderzijds geen criterium uitmaakt om vast te stel­len of een stilzwijgend mandaat al dan niet bestaan zou;

Aangezien de omstan<ligheid dat de be­twiste betaling niet op 1 juni, zoals de andere jaren, doch reeds op 9 april 193-± verricht is geworden, niet Yan aard is om haar ongel<lig te maken;

Aangezien het trouwens niet betwist wordt dat appellant van meet af zijn inzicht had laten kennen zijn schuld zo noeg mogelijk te vereffenen;

Aangezien bovendien hoegenaamd niet bewezen wordt dat appellant op voor­hand zou geweten hebben dat tweede ge­ïntimeerde zinneus was haar echtgenoot te yerlaten;

Aangezien de eerste rechter aldus ten onrechte de betaling van 9 april 1954 on­geldig verklaard heeft;

Aangezien, de oorspronkelijke eis on­gegrond zijnde, de oproeping in vrijwa­ring tegen tweede geïntimeerde als zon­der voorwerD voorkomt;

cessifs, à l'exception du dernier, les quittan­ces out été données valablement par sou épouse; 2' que, par lettre du 3 mai 19M, adressée à l'appelant, l'intimé a attiré l'at­tention de celui-ei sur Je fait que sa femme l'avait quitté; qu'il a demandé à l'appelant en même temps de verser Ie solde de la dette en ses mains propres et non à cette dernière ·

Attendu que si le premier intimé prétend que les payements antérieurs out tous été effectués en sa présence, il reste toutefois en défaut de prouver cette allégation;

Attendu que les éléments qui précèdelit constituent un ensemble de présomptions gra­ves, précises et concordantes dont il doit rai­sonnablement être déduit : 1 o que la seconde intimée a été tacitement mandatée par ~on mari en vue de percevoir pour son compte les sommes prêtées et les intérêts et d' en donner quittance; 2' que c' est seulement par la lettre de l'intimé du 3 mai 1954 que 1' ap­pelant a été informé de la révocation de ce mandat;

Attendu - quoi qu'en dise Ie premier in­timé que le montant d'un acte juridique ne constitue, par ailleurs, pas un critère per­mettant de déterminer qu'un mandat tacite existe ou non;

Attendu que la circonstance que Je p.a~e­ment litigieux a eu lieu, non le 1" JUlll, comme ce fut Ie cas pour les années précé-

Om deze redenen, rechtdoende op te­genspraak, in hoger beroep, gehoord de heer Dumont, substituut-procureur des konings, in zijn eensluidend advies, in openbare zitting gegeven, alle andere of tegenstrijdige conclusiën, als ongegrond, verwerpende, ontvangt het beroep; ver­klaart het gegrond; vernietigt het von­nis a, qno~· verbeterende, zegt dat de eei·­ste rechter onbevoegd was om van de zaak kennis te nemen; en, de zaak tot zich trekkende op grond van artikel 473 van het Wetboek van burgerlijke rechts­pleging, verklaart de oorspronkelijke eis ongegrond; wij st eerste geïntimeerde er­van af; Yerklaart de oproeping in vrij­waring tegen tweede geïntimeerde zon­der voorwerp; venvijst eerste geïnti­meerde, oorspronkelijke aanlegger, in al de kosten van beide aanleggen.

Du 17 juillet 1956. Trilmnal ciYil de Bruxelles. - 128 eh. - 8iég. M. Colson, vice-président. - Min. P'lllil. M. de Thi­bault de Boesinghe, premier substitut du procureur du roi. - Pl. MM. Rogi­val, Chr. V anderveeren et Fr. Thiele­mans (ce dernier du ban·eau de Lou­vain).

dentes, mais le 9 avril 1954, n' est pas de nature à l'invalider;

Attendu qu'il n'est d'ailleurs pas contesté que 1' appelant a, de prime a bord, manifesté sou intention de s' acquitter le plus vite pos­sibie de sa dette;

Attendu qu'en outre il n'est nullement éta­bli que l'appelant a connu à, ]'avance l'inten­tion de la seconde intimée de quitter son mari;

Attendu, en conséquence, qu'à tort Ie pre­mier juge a invalidé Ie payement du 9 avril 1954;

Attendu que, l'action ol'lgmaire étant 11011

fondée, l'appel en garantie dirigé contre la seconde intimée devient sans ob jet;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, en degré d'appel, entendu M. Dumont, substitut du procureur du roi, en sou avis conforme, donné en audience publique, écar­tant conune non fondées toutes conclusions autres ou contraires, reçoit l'appel; Ie dé­clare fondé; met le jugement a quo à néan t; émendant, dit que Ie premier juge était in­compétent pour cmmaître de la cause; et, évoquant en vertu de l'article 473 du Code de procédure civile, dit l'action originaire non fondée; en déboute le premier intimé; dit l'appel en garantie dirigé contre la se­conde intimée sans objet; condamne Ie pre­mier intimé, demandeur originaire, à la totit­lité des dépens des deux instances.

76 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

14 janvier 1956

1° PRÉNOl\1. - S'l'ATU'l' PERSONNEL. Acne DE NAISSANCE DRESSÉ A L'É'l'RANGER. - PRÉNOM:S AD11HS PAI1 LA LOl DU PAYS D'ORIGINE.

2° PRÉNül\i. -- PRÉNOM A CONSONNANCE ÉTRANGÈRE. LÉGALI'l'É. r..~or DES 11-21 GERM:INAL AN XI, AR'l'ICLE 1er. PAS D'ORDRE PUBLIC INTERNA'riONAL BELGE.

3° NATIONALITÉ. - NA'l'URALISATION. ABSENCE D'EFFE'l' RÉ'rROAC'l'IF.

1 o Le p·1·énom est ·un élément cln statut tJe'/'80nnel ,· 'Îl s'en8Uit (j'/le l'rwte (le nai8-8W/WC cl'ressé clc"ns Ze pa;ys cl' o·rigine cle l'éh·a,nger cloU conteni,l' ln ment·ion cles prén01ns Mlm:is JHL'r ln lol cln pnys cl' orirtine.

2° L'rwUele Jer rlc ln loi rle8 _U-21 [fe·rmi-1UÛ nn XI qwi 1'mpose n·ux officie·J·s cle l'étnt eivU belges cle ne ·reeevo'i·r eomme prénmns. sur les reg'ist1·es cle l' état eivil clestinés à eo·nstater ln nwissnnee des enfnnts, que les p·réno-ms q·wi sant en usn{fe clnn8 le8 cUffére·nts ealend·rie·r8 et ee1un fles person1wges eon·nus cle l'h·is­toire wnc·ienne, n'est pas cl'oräre pn1JUe internntionnl belae ,· 'il n'y n, rlès lo•J'8, pa,s lie·n ä mocUfienUon cl'un twénom, ä oonsonnnce étrnn"r1ère ré,qHUè·rem.ent mentionné clwns ·un ncte ae netissnnee d'll'n étranger né ä l'étrnnger.

3° Ln 1udu1'fûi8nti.on n'n pns cl'cffet re­tronetif; il en ré8ultc q-nc po·u·r nppré­cie·r la légaJité cle8 prénom.s donnA8 awn8 8on, aete de ·JUuis8wnee ä 'l/!/~ étrwn­[/e'l' qni a, bénéjieié cle ze~, nnt·wmli8aUon, a fnnt eonsiclére·r ln nat-ionnlité (le ce­lui-ei lo·rs cle S(t na:is8a;Jwe.

(SAGAL.)

,JU GEMENT

LID TRIBUNAL; - Vu la requête ci­annexée et l'avis écrit clu ministère pu­blic;

Vu les articles 4 et 9 cle la loi clu 15 ju in 1935 ;

Attenclu qu'aux termes cle l'article Jer du décret clu 6 fructidor an II, aucun citoyen ne peut porter cle nom ni cle pré­noms mltres que ceux qui sont exprimés dans son acte cle naissance; que la fixité clu prénom est aussi forte que celle du nom; que si l'on vent changer de pré­nom, il faut suivre la même procéclure

que pour le changement cle nom et que clès lors les tribunaux sont sans campé­tenee à eet égarü (DE PAGE, t. Ier, ll0 287; Bruxelles, 27 janvier 1844, PAsrc., 1844, II, 254; .Rép. 1J'I'at. cln cl'l'. belge, yo Nam, n° 280);

Attenclu toutefois que le requérant pré­tend que les prénoms qui lui out été conférés ne sont pas autorisés par la loi et que clès lors la procédure de rectifica­tion judiciaire prévue par 1' artiele 3 de la loi cles 11-21 germinal an XI est appli­cable en l'espèce;

Attendu que le tribunal est compétent pour stahwr sur la requête ainsi préci­sée;

Attenclu que l'nrticle 1er de la loi pré­citée sti1mle que les noms en usage clans les clifférents calenclriers et ceux cles per­sannages connus cle l'histoire ancienne pourront seuls être re~us comme pré­noms sur les registres cle l'état civil cles­tinés à constater la naissance des en­fants;

Attendu que les actes de l'état civil clont le requérant sollicite la rectification, à savoir l'acte de transcription de l'acte cle naturalisation, l'acte de mariage, les actes cle naissan<.:e de ses filles et celui par lequel son épouse a <léclnré vouloir conserver la nationalité belge, out été établis en application de l'article 1er du décret du 6 fructiclor an II, sur base. des prénoms du requérant tels qu'ils étaient mentionnés dans 1' acte de naissance;

Attendu que celui-ei n'a pas été établi en Belgique mais en Pologne; qu'il s'en­snit que l'article 1er cle la loi cles 11-21 germinal an XI, qui impose aux ofticiers de l'état civil belges cle ne rece­voir comme prénoms sur les registres de l'état civil clestinés à constater la nais­sance cles enfants que les noms qui sont en usage dans les clifférents calendriers et ceux des persannages connus de l'his­toire ancienne, n'est pas applicable Pll

l'espèce; Attendu, d' autre part, que le requé­

rant n'allègue pas que ses prénoms lui out été donnés en contravention à la loi <lu pnys ou l'actt~ cle naissance a été vassé ni tl celle qui était sa loi nationale au moment ou ledit acte a été établi;

Attenclu que senles ces cleux législu­tions sont applicables <>n l'espèce, sons réserve de l'ordre public international llelge;

Attemlu, en effet : 1° que le vrénom est un élément de statut Dersonnel; que

TRIBUNAUX 77

l'aete de naissance devait donc contenir la mention des prénoms · :ulmis par la loi du pays d' origine; zo que dans la mesure ou la requête est fondée sur le fait que les prénoms sont critiqués parce qu'ils sont écrits en langne étran~·ère (vraiseml>lablement en langne polonarse), il échet d'observer qne l'emploi des lan­gnes dans un acte est une question de forme et que dès lors c'est la loi du pays ou l'acte fut passé, c'est-à-clire la loi polonaise, qui était applicable;

Attemln qu'il n'apparaît donc pas que l'acte de naissance fut établi en contra­vention aux règles clu droit international privé en vigueur en Belgique;

Attendu que la naturalisation ordi­naire dont le demandeur a bénéficié n'a pas d'effet rétroactif et n'est dès lors pas de nature it rendre sujet ä rectifica­tion l'acte de naissance régulièrement passé antérieurement;

Qu'il s'ensnit qu'il n'y a pas lieu de faire rectifier les autres actes, eenx-ei de­vant, par application de l'article 1er du décret du 6 fructiclor an II, reprendre les mentions de I' acte de naissance;

Attendu que si l'on peut admettre qu'il est d'ordre public beige que les prénoms autres que ceux qui sont préyus par l'ar­ticle :ter de la loi des 11-21 germinal an XI ne peuyent être reçus dans les actes de naissance par les officiers de l'état civil en Belgique, on ne peut consi­dérer cette disposition comme étant d'or­clre public international belge; qu'en effet l'orclre public international belge ne s'oppose pas ä ce que des étrangers, même devenus belges par naturalisation, portent en Belgique des prénoms affec­tant une forme étrangère; qu' au contraire cette disposition cloit fléchir clevant celle du décret clu 6 fructiclor an II qui a pour but d'éviter qu'une même personne soit i<lentifiée clifféremment dans les divers actes de l'état civil;

Attenclu qu'il résulte de l'ensemble des consiclérations ci-dessus exposées que la requête manque de fondement!·

Par ees motifs, dit la requête non fon­dée; en déboute le requérant; met les clé­Dens ä sa charge.

Du 14 janYier 1956. - Tribunal civil de Bruxelles. - 96 eh. - Siég. M. Ache­roy, juge unique. - .Min. P'nbl. M. Tol­lebeeck, substitut du procureur du roi.

TRIBUNAL DE COMMERCE DE TOURNAI

29 novembre 1956

1o LETTRE DE CHANGE. - Lor ou 10 AOÛT 1953. - lNSER'I'lON DE LA DÉNO­

MINATION cc LE'l"l'RE DE CHANGE)), - EJN­

'l'HÉE EN VIGUEUH.

2o LETTRE DE CHANGE A VUE. -lNOBSERVA'l'ION DU DÉLAl FIXf.; PAR L' AHTI­

CLE 34 DES LOIS COORDONNÉES LE 31 DÉCEllf­

BRE 1955. DÉCHÉANCE DU PORTEUR, SAUF

A L'ÉGARD DE L' ACCEP'l'EUR E'l' DU DONNEUH

D'AVAL.

3° LET'.fRE DE CHANGE. - AvAL. -SENS DES TERM:ES CC L'AVAL ES'l' FOURNI PAR

UN 'l'IEHS OU MÊME PAR UN SIGNA'l'AIRE DE

LA LETTRE ll (LOIS COOHD. LE 31 DÉCEMBRE

1955, ART, 30, AL. 2). ÜBLIGA'l'IONS DU

TIREUR, CAU'l'lONNANT I/ENOAGEMENT DE L·'AC­

CEPTEUl{,

4° LETTRE DE CHANGE. - PRo•rÇ;T. - lNOBSERYATION DE L 'ARTICLE 45 DES LOIS

COORDONNÉES LE 31 DÉCEMBHE 1955. -­AVIS DONNÉ 'l'ARDIVEMEN'l'. - CONSÉQUENCE.

- RESPONSABILI'l'É MAlS PAS DE DÉCHÉANOE.

1 o L(t loi fln 10 août 1953 est ent,rée en 'Vigneur le 15 septemb1·e 1953)· si l'(LJ't-i­cle 2 prévoit la suspension pou'r Zes effets créés sim mo,is · (L'/L nwins ap'i'és l'entrée en, 'VÏ-[J'lle'l/'1' cle lCL loi, 'Ïl ne s'en­Sifit pas qn'il JJ n S'USpension, penclnnt oe ten1ps, cle la fMmaUté essentielle clont U s'agi,t ä l'(urticle 34 fles lois coorclonnées le 31 cléce,mbre 1955)· l'n1·­tlcle 2 'lW vise qne l'obUga,Uon cl'in­sérer ln riénom inntion cc lettre de change ll.

2o Jl n'Jj CL pas cle rléchéwnce cln lJO'I'teÜ'/' cl',nne lettre lle clwnge à mte, n'i à l'ér;nnl de l'accepteu,r, '1Û ä l'éga1·cZ cl'lt flonne1w cl'nvnl, lorsque le cléla'i fiwé à l'nrUcle 34 cles lois coorclonnées le 31 flé­cemJJre 19/55 n'(t pn8 été Tespecté)· le clon­nenr cl' (tvnl est tenn cle ln 1nênw mn­'nière qu.e cel,u'i dont U s'est porté ua­'I'Wnt.

3o La législCLtion 'IW'ztvelle n nûs ji.n ä la contro,uerse née cle l'appUcaUon, cle Ffw­Ucle 32 cle ln loi lln 20 mai 1872 J. GiUW

termes lle l'nTUcle 30, nlinéa 2, cle8 loi.s coonlonnées le 31 clécen~,b'l'e 1955, l' nvnl est cc fou,nti pnr 1m tleTs on 1nême pnr '1/n signntaiTe cle ln lettre ll.

Le th·eu1·, en cwnt-ionnnnt l'engagement cle l'ncceptenr, angnwnte ses obUgn­tions.

78 JURISPRUDENCE DE BELGJQUE

4° Oel·n'i q·wi n'((; pns (lonné, clwns le (lélai jixé, l'((;vis prévn p((;r l'wrUcle 45 lles lo·is coonlon·nées su'r la letf'i·e cle chwn[lé, n'e·nco·urt ]J((;S cle cléchéwnce; U est seu­le·ment 1'espons((;ble lZH clomm((;ge C((;·nsé pwr 8((; né[!Ur;ence.

(SOOIÉ'I'É ANONYME LES ASSUHANCES DU CHÉ­

DIT, C. VANDERKERKOVE ET CONSORTS.)

JUGEMEN'l'.

LE TRIBUNAL; - Attenclu que l'ac­tion tencl, après autorisation rnaritale ou de justice accordée à l'épouse lVIassin, à entendre conclamner solidairement les défencleurs à payer à la requérante : 1° la somme cle 25.949 francs, étant le solde restant dû sur le montant d'une lettre de change acceptée par la première défencleresse, tirée par le deuxième dé­fendeur et ayalisée par les deuxième et troisième défendeurs; 2° celle de 264 fr. 50 pour ·frais de protêt, frais de retour et frais divers, soit au total 26.213 fr. 50;

Attendu que la requérante agit, en la présente action, en qualité de subrogée aux droits de la société anonyme Sofi­cosa, à Tournai, tiers porteur de la let­tre de change acceptée;

Attendu que la preuve de cette subro­gation et celle du payement à l'assurée Soficosa sont rapportées aux débats;

Attendu que la lettre de change liti­gieuse est un effet de commerce payable à vue, tiré et accepté le 17 septembre 1953; à charge de la première défende­resse, elle fut protestée le 18 ao1'1t 1955; à charge_ des cleuxième et troisième dé­fendeurs, elle fut protestée le 25 aoüt 1955;

Attendu que, contrairement à ce qui fut dit au com·s des débats, seul le deuxième défendeur est cité en sa donbie qualité de tireur et d'avaliste;

Attendu que son épouse n'a pas tiré la traite avec lui et qu'elle est clone au procès en qualité d'avaliste uniquement;

Attendu qu'en ce qui concerne la pre­mière défenderesse, 1' action est incontes­tablement fonclée, puisque celle-ci ne con­teste pas avoir accepté la traite liti­gieuse;

Attendu que les deuxième et troisième défendeurs concluent au débouté de l'ac­tion en se fondant sur les articles 34 et 45 de la loi uniforme sur la lettre de change;

Attendu qu'·une remarque préliminaire

s'impose : la loi uniforme est applicable au présent litige; en effet, la loi du 10 aoflt 1953, publiée au JJi onite·u·r dn 5 septembre suivant, est d'application depnis le 15 septembre 1953 (article 4 des dispositions particulières des lois coordonnées [31 décembre 1955]; pour la jurisprudence conforme, yoyez comm. Anvers, 5 mai 1955, J. 'T. du 30 octobre 1955, p. 605, n o 4080; comm. Bruxelles, 2-± novembre 1955, J. T. 1956, p. 28, n° 4090, et J·t.w. com. Br·u.x., 1956, p. 14);

Attendu, cl'autre part, que la traite a été tirée et acceptée le 17 septembre 1953; que l'article 2 de la loi de 1953, qui p1·évoit une suspension pour les ef­fets créés six mois au moins après l'en­trée en vigueur de la loi, vise l'obligation d'insérer la <lénomination « lettre cle change )) mais n' a pas suspendu pendant le même temvs, contrairement à ce que prétend la demanderesse, 1' accomplisse­ment de la formalité essentielle dont il s' a git à l' artiele 34 des lois coordonnées (loi du 31 décembre 1955);

Attendu que les époux lVIassin plaident qu'nux termes de l'article 34, une lettre de change à vue est vayable à sa présen­tation et cloit être présentée au paye­ment dans le clélai cl'un an à partir de sa cl a te; qu' a ins i la traite li tigieuse de­vait être présentée au plus tarcl le 17 septembre 1954; or, elle le fut senie­ment à la tirée le 18 ao11t 1955 et à eux­mêmes, le 25 du même mois; que, consé­quemment, la présentation au rmyement se fit hors du clélai légal; ·

Attenclu qu'ils soutienneut ensulte qu'aux termes de l'article 45, ils de­Yaient être avertis clu défaut de paye­ment clans les quatre jours ouvrables qui sulvent le jour clu protêt; or, ils ne le furent que sept jours après; qu'ainsi, la présente action n'est pas recevable, en tant qu'elle est dirigée contre eux, par suite de la forclusion du demandeur;

Attendu qu'il est acquis aux débats que le deuxième défendeur avait fait provision '(:m qualité de tireur;

Attendu qu'aux termes de l'article 53, faute de présentation en temps, le por­teur est clécllu de ses droits contre les endosseurs, contre le tireur. et contre les autres obligés, à l'exception cle l'accep­teur;

Attendu qu'à l'égard du donneur d'aval il n'y a pas de déchéance non vlus en vertu de 1' artiele 32, qui énonce que le donneur d'aval est tenu de la même ma-

TRIBUNAUX /9

nière que celui dont il s'est porté ga­rant (YOy. FREDERICQ, t. X, n° 131);

Attendu que les défendeurs objectent qu'ils ne penvent être à la fois tireurs et avalistes, puisque le donneur cl'aval doit être un tiers qui n'est pas encore inter­venu à la lettl·e tle change;

Attendu que eet argument ne peut, en tout hypothèse, être invoqué par l'épouse Massin qui, elle, est au procès en bH

seule qualité d'avaliste, ainsi qu'il a été cUt Sl!pm,·

Attentlu que la loi du 20 mai 1872, en sou artiele 32, spécifiait que la garantie « était fournie par un ti ers »;

Attendu que la nouvelle législation a mis fin à la controverse découlant du fait que di verses décisions rejetaient l'interprétation littérale du texte précité, et tenaient pour valable et efiicace l'aval d'un obligé cambiaire s'il en résultait nne augmentation des engagements du signataire de la traite;

Attendu, en effet, qu'aux termes du se­cond alinéa de l'article 30, l'aval est << fourni par un tiers ou même par un signa taire de la lettre )) ;

Attendu qu'ainsi le tireur, en caution­nant l'engagement de l'accepteur, aug­meute ses obligations, puisqu'il ne ponrra opposer au porteur sa négligence; ainsi qu'il a été démontré sup,ra, aux termes des articles 32 et 53 combinés, <'e dernier n'encourt pas de déchéance, ni à l'égard de l'accepteur, ni à l'égard du donneur cl' a val (voy. encore lJ..,REDERICQ, t. X, 11° 122, p. 317, et no 125, p. 330 et suiv.);

Attendu que le deuxième défendeur t~st clone tenu, en sa qualité d'avaliste et de signataire de la lettre, au même titre que la première défenderesse;

Attendu que sou épouse est, elle, tenue en sa seule qualité d'avaliste, ayant ainsi engagé ses biens propres pour ga­rantir l'engagement du tireur; qu'il s'en­snit que leur premier moyen manque de fondement;

Attendu que le secoud moyen, fondé sur 1' artiele 45, ne peut, non plus, être accueilli; qu'en effet, le dernier alinéa dudit artiele énonce que celui qui ue donne pas l'avis dans le délai fixé n'en­court pas de déchéance, il est seulement responsabie du dommage causé par sa négligence (E'REDEHICQ, t. X, no 169 In fine, p. 454);

Attendu qu'en l'espèce, aucun préju­dice n'est ni allégué ui prouvé;

Par ces motifs, vu les articles 1er, 9, 30, 32 à 35, 37, 38 et 41 de la loi du 15 juin 1935, écartant comme dénuées d'intérêt ou de pertinence toutes conclu­sions plus amples on contraires, après avoir pris acte que l'épouse Massin a l'autorisation maritale d'ester en juge­ment, dit l'action reeevabie et fondée contre les trois défendeurs; condamne solidairement les défendeurs à payer à la demancleresse la somme de 26.213 fr. 50 a vee les intérêts judiciaires; les con­clamne aux (lépens; ordonne l'exécution provisoire du jugement nonobstant tous recours et sans· caution.

Du 29 novembre 1956. - Tribunal de commerce de Tournai. - Prés. M. De Meire, juge faisant fonctions de prési­dent. - Réf. :M:. Baland. - Pl. MM. Hos­sey et Lachapelle (celui-ci dn barreau de Mons).

THIBUNAL CIVIL DE BRUXELLES

21 avril 1956

.iHAHIAGE. - MARlAGE CON'l'RAOTÉ ENTHE APA'l'RIDES DE RELIGION ISRAÉLITE DEV AX'l' LE RAllBIN. - NULLITÉ. - BONNE FOT. -MARIA GE PU'l'A'l'IF.

Bien qne le mJt'l'iage relig·ie'uw doive être consicléré comme nul a-n point ·de vue lln droit ci·vil, les éLJO'll!lJ apat1·ides q1t'i ont contrncté un ·nw1·iage religie1tw fle­·vnnt 1/in rnbbin et q'lli sant de bonne foi, (tinsi que les enjants, peu,vent bénéjic·ie1· (les efjets dn maringe ]J1ttatij, tels q1t'ils sant p·révns pwr la loi,; ninsi, notam­ment, les enjants ont le sta,tu,t d'en­fwnts lérti,Ume8.

(BAUFELD, 0. PIRSON.)

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; - Attendu que la défenderesse, bien que régulièrement ns­signée, n' a pas constitué avoué;

Attendu que la demanderesse expose : 1° qu'elle a contracté mariage suivant les préceptes de la religion juive Je 28 clécembre 1941 à Anvers devant le rabbin avec Manfred-Israel Stargardter, né à Berlin le 21 mai 1920; que tous deux étaient, à l'époque, apatrides et israé­lites; 2° qu'elle a mis au monde à Ixelles, le 5 aotît 1942, un enfant du

80 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

sexe rnasculin prénomrné Thornas-Mi­chael, enfant qu'elle a reconnu par acte clu 20 juillet 1954; que eet enfant est né de leur union; 3° que le sieur Stargard­ter a été cléporté en Allernagne par 1' au­torité occupante et y est clécéclé en capti­vité en 1943; 4° qu'en raison de l'occupR­tion allemande il a été irnvossible aux intéressés de contraeter un mariage ei­vil prescrit par la loi, les orclonnances allemandes interelisant aux persounes -israélites de se mmier; 5° qu'en faisant célébrer le mariage religieux ils ont for­mellernent marqué leur ~~olonté cl'être unis, et ce cle la façon clont les circon­stances clu moment leur permettaient de le faire; 6° qu'il s'ensnit que l'enfant doit être réputé légitirne; qu'en tout cas il doit bénéficier des effets du mariage putatif; 7° qu'en ordre plus subsidiaire elle offre cl'établir par toutes voies de clroit, témoignages compris, que clepuiR le 28 clécembre 19-±1 à 1943 elle-même et le sieur Stargardter se sont comportés et ont vécu conune mari et femrne de la façon clont les eirconstances clu moment le perrnettaient;

En droit : Attendu que, les époux et l'enfant

étant apatrides, la loi belge leur est ap­vlicable;

Attendu que le mariage religieux célé­bré devant le rabbin ne constitue pas le mariage tel qu'il est institué par le Code civil; qu'il importe de constater qu'au regarcl de la loi belge, ce rnariage est nul, noturnment en raison de l'incompé­tence clu rabbin, celui-ei n'ayant pas la qualité d'officier de l'état civil;

Qu'à eet égard il suffit de constater, queUes qu'en soient les raisons, que le mariage n'a pas été célébré devant nn officier de l'état eivil;

Attendu, toutefois, que les nullités les plus graves sont couvertes, au titre de mariage putatif, par la bonne foi; que celle-ei est aclmise, même en cas de pré­tendu rnariage inexistant; que le rna­riage contracté clevant un prêtre on un notaire peut donner ouverture au rna­riage putatif (DE PAGE, Dr. O'iv., t. Ier, n o 675; note PIRET sous Liège 19 février 1953, Rev. c1'U. j'l!ii"ÏSZJ'I'. 1Jelge, 1953, p, 253);

Attenclu qu'il ne peut y avoir de ma­riage putatif que si les époux on l'un d'eux étaient de bonne foi lors de la cé­lébration;

Attendu que, si la doctrine et la juris-

prudenee françaises consiclèrent que la bonne foi est présurnée conformément aux principes généraux du droit, la ju­risprudence belge et les auteurs estiment avec raison que, le mariage putatif étant une dérogation au droit commun, la concUtion essentielle exigée par le lé­gislateur pour son existence, c'est-à­dire la bonne foi, cloit être prouvée, mais ils achnettent celle-ei dans les conditions les plus larges et ils manifestent eet es­prit dans toutes les directions (voyez les références ei tées ei-dessus et note P. DE VrsscHER sous Bruxelles, 17 novembre 194.3, J. '1'. 1946, p. 115); qu'ainsi la com de cassation de Franee a reconnu les effets du rnariage pntatif à l'échange de consentements reçu en Algérie par llll

rabbin (eass., 5 janvier 1910, Sirey, 1912, I, 249), et la cour d'appel de Liège (cité ci-clessus) et celle de Bordeaux (16 juin 1937, D. H., 1939, 5.39) ont nelmis le ma­riage putatif en cas de mariages célébrés de'mnt un prêtre catholique;

lDn fait : Attenclu qu'il résulte de l'acte dressé

par le rabbin à Anvers, avec traduetion eertitiée conforme par le rabbin de Bru­xelles, ainsi que de l'acte de clécès du sieur Manfred Stargardter, que le 28 clé­cem!Jre 1941 ledit Stargardter et la de­manderesse contractèrent mariage selon les prescriptions religieuses ju i ves de­vant le rabbin cl' Anvers en présence de deux témoins;

Attendu qu'il résulte de l'acte de nais­sance que le 5 août 1942 la demanderesse mit au monde à Ixelles l'enfant Thornas­Michael;

Qu'il résulte enfin de l'acte de décès de la commune de St-Josse-ten-Noode, que durant le quntrième trimestre de l'an­née 1943 «est décédé en captivité au camp d'extermination cl' Auschwitz, Man­fred-Israel Stargardter, célibataire oe­vant la loi belge, quoique ayant épousé suivant les prescriptions · religieuses jui­ves Klm·a-Sara Baufeld )) ;

Attendu qu'il résulte des éléments de la cause qu'ils ont vécu cornme mari et femme notarument en 1942; qu' à eet égard il est syrnptomatique de constater que lorsque le 27 avril 1942, fut réuni Je conseil de famille devant clélibérer sur la tutene de l'enfant ce fut Manfred Stargardter qui fut le premier varent de la ligne paternelle et la demanderesse le premier parent de la ligue ma ternelle; qu'il est établi que les israélites étaient

'l'RlBUNAUX 81

persécutés par l'autorité occupante et avaient constamment à craindre pour leur vie, et que pratiquement il ne leur était pas possible de contraeter mariage <levant l'ofticier de l'état civil belge, con­formément à la loi;

Attendu que dans ces conditions et te­nant compte de ce qu'il s'agit en l'es­pèce d'étrangers non familiarisés avec les lois belges et le droit belge et que leur instruction était rudimentaire (Star­gardter exerçait la profession de méca­nicien d'autos) et qu'ils avaient peu d'expérience de la vie (Stargardter était àgé de 21 ans et Baufeld de 22 aris lors de leur mariage), on peut considérer que le mariage célébré selon le rite israélite a pu créer dans !'esprit de la demande­resse et de feu Stargardter la conviction qu'il était régulier au point de vue de la loi beige ou tout au moins serait tenu pour tel au cas ou la mort de l'un d'eux les empêcherait d'accomplir les formali­tés légales;

Qu'il importe d'observer qu'ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour don­ner à leur union le caractère d'un ma­riage et qu'ils n'ont été empêchés d'ae­complir les formalités légales que par la mort de l'un d'eux;

Attendu que l'action est donc fondée dans la mesure ou elle tend à faire re­connaître au fils de la demanderesse ies effets du mariage putatif et par consé­quent le caractère d'enfant légitime et le droit de porter le nom de son père, droits qu'il a acquis dès sa naissance (DE PAGE, t. Ier, U 08 678 et 679);

Attendu que la demanderesse est reee­vabie en son action, vu qu'elle y a au moins un intérêt moral, et que, s'agis­sant d'une matière d'ordre public dans laquelle le ministère public a un röle prépondérant, il importe peu que Jes parties aient toutes deux les mêmes inté­rêts (voyez DE PAGE, t. Ier, ll0 677, qui prévoit la possibilité pour les enfants <1' assigner leurs pareuts à cette fin) ;

Par ces motifs, vu les articles 4, 37 et 41 de la loi du 15 JUlll 1935, ouï M. Tollebeeck, substitut du procureur du roi, en son avis conforme, sta­tuant par défaut, déclare nul le ma­riage célébré devant le rabbin d'Anvers le 28 décembre 1941 et contracté par Manfred-Israel Stargardter, né à Ber­lin (Allemagne) le 21 mai 1920, et Klara­Sara Baufeld, née à Berlin (Allemagne) le 6 mars 1919; dit toutefois que l'enfant

PASIC., 1957. ~ !Il8 PARTIE.

Thomas-Michael Baufeld, né à Ixelles le 5 août 1942 de leur union, bénéficiera des effets du mariage putatif; qu'il est dès lors un enfant légitime et portera en conséquence le nom de Stargardter; dit que le dispositif du présent jugement sera transcrit dans les registres de l'état civil d'Ixelles pour l'année courante aussi­tüt que l'expédition en aura été trans­mise on signifiée à l'otlicier de l'état civil compétent et que mention en sera faite en marge de l'acte de naissance no 844 de 19±~ de la commune d'Ixelles dudit Thomas-Michael Baufeld; déboute la demanderesse du surplus de son action; condamne chacune des parties à la moi­tié des dépens; dit n'y avoir lieu de dé­clarer le présent jugement exécutoire par provision nonobstant tous recours et sans caution.

Du 21 avril 1956. - Tribunal civil de Bruxelles. - 98 eh. - f:Jiég. l\1. Acheroy, juge unique. - Min. ]J'ltbl. M. Tollebeeck, substitut du procureur du roi.

TRIBUNAL CIVIL DE MONS

9 mars 1956

lü EXEQUATUR. - JUGEl\fENT DE DIVORCE PRONONCÉ AUX PA.YS-BAS. - CoNDITIONS IMPOSÉES AUX TRIRCNAUX BELGES PAR L' AR-1'ICLE 10, ALINÉA 2, DE LA LOl DU 25 MARS 1876 E1' PAR LA CONVENTION HOLLANDO-BELGE DU 28 MARS 1925, NOTAMMENT QUANT AU RESPECT DE L'ORDRE PUBLIC BELGE ET. DES RÈGLES DE COlV1PÉTENCE 'rERRITORIALE FI­XÉES DANS CHACUN DES DEUX ETATS PAR SA LÉGISLA'l'ION.

2° DIVOROE. - CoLLUSION DES PARTIES POUR DISSHt:ULER UN DIVORCE PAR CONSEN­TE1\1ENT MU'l'UEL. - ÜRDRE PUBLIC BELGE. - VroLA1'ION.

3° COMPÉTENCE TERRITORIALE. -­DrroRCE. - ARTICLE 262 Du CoDE crvrL NÉERLANDAIS. - ÜOMPÉTENCE DU TRIBUNAL D' ARRONDISSEMEN'l' DU LIEU DE LA RÉSI­DENCE RÉELLE DU MARl. - DISPOSIT10N D'ORDRE PUBLIC NÉERLANDAIS. - PREUVE DE CETTE RÉSIDENCE.

1 o La valicUté d'un .i1t.gement prononcé (L1M1! Pays-Bas se äéte1·mine po1w les trib1manx belges, a1t point cle v1te de l'exeqttattl1', s·wivant les règles énon­oées èt l'ar-ticle 10, alinéa 2, de la lo·i dtt 25 mars 1876 et les clattses de la

6

82 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

co?M;ention cle Bruxelles à'lt 28 rnars 1925, appro'n'!:ée pwr ln loi cln 16 août 19:26, äisposi.tior/,s léunles cttt,r·iuunnt anx tri-lJunwnx uelues let connwissance cles tlécisions ci/ctles née'l'lanclaises mals U­mitwnt leur excunen ä eerta/ins points, '/Wtamment a,n respect de l'o,rà1'e pubZie belge et à, cel'lli cles règles cle campé­tenee territoriale.

2° Let colMtsion cles parties, njin cle à'iss'i­mnler sous une tJ'I'OCéàwre cle ài'voroe pour cause clétenn·inée 'll'n àivo'l'ce lHM'

cunsente·rnent m·nt·uel, co'nstUue wne nt­teinte ä l'orclre p·nbUc belge.

3° 1Z est cl'orcl'te pubUc néerlanclais qne l'(tetion en cl'i'vo·rce soU intentée de­'Uant le tribunnl cl'a1TO'/'i,d·issement thl

Zien O'it le rnwri c~J sa 1'és'ille·nce princi­pnle on tout wn nwins mw résülence 1·éelle.

(x ... , C. Y ... ET :i\L .. OFFlCIEll DE

L'J!;TAT OIYIL DE Z .... )

,JUGK~illNT.

I1E TRIBUNAL; - Vu l'assignation enregistrée clu 1-! juillet 1955, les conclu­~;ions cléposées par les parties et visées il l'auclience clu 22 octobre 1955 et l'avis donné par :M. le procureur clu roi à l'au­clience cl u 19 novembre sui vant;

Attenclu que par jugement rendu le 2:J avril 1952 par le tribunal de l'arron­tlissement de La Haye a été prononcé le divorce entre le défencleur Y ... et la de­mnnderesse X ... ; que ce jugement, régu­lièrement procluit, est coulé en force de chose jugée et a été transcrit sur les registres de l'état civil de La Haye Je 21 mai 1952;

A ttenclu que la clemancleresse a assigné le défencleur Y... et l'officier de l'état <'iYil de Z ... aux fins d'obtenir !'exequa­tur du jugement prévanté ou tout au moins son inscription en marge de l'acte de mariage reçu le 23 a vril 1932;

Attenclu que la compétence clu tribu­nal de ce siège pour statuer sur la ue­manue n'est pas contestée, l'exécutiou cludit jugement clevant se poursuivre dans l'arrondissement judiciaire de Z ... ;

Attendn que les parties sont également d'accord pour admettre la nécessité de la formalité de l'exequatur pour donner au jugement de divorce force exécutoire en Belgique et pour permettre ainsi à la demancleresse d'obtenir la liquidation de la communauté ayant existé entre elle et sou ex-conjoint;

Attendu que, le jugement dont s'agit ayant été prononcé en Hollande, sa vali­dité se détermine suivant les règles énon­cées à l' artiele 10, alinéa 2, de la loi du :25 mars 1876 et nussi d'après les clauses de la convention de Bruxelles •lu 28 mars 1925 (loi du 16 août 1926) entre la Belgique et la Hollande sur ln comvé­tence jucliciaire territoriale;

Qu'il ressort de ces clispositions légales que nos tribunaux de première instanee connaissent des décisiom; rendues par les juridictions hollandaises en matière ei­Yile, mais que leur examen ne peut por­ter que sur certains points déterminés dont deux seulement présentent de l'in­térêt pour la solution du présent litige; il faut que les décisions ne contienneut rien de contraire à l'ordre public belge ni aux principes de droit public belge, et il faut que les règles de compétence ter­ritoriale établies par la convention de 1925 n' ai ent pas été méconnues;

Attendu que les faits de la cause se résument comme suit : la demanderesBe X... et le défendeur Y... sont belges; la demande de divorce, émanant du défen­deur et basée sur l'adultère de la dame X ... , devait normalement, et aux termes de l'article 23-! du Code civil, être formée au tribunal de l'arromlisse­ment dans lequel les époux avaient leur domicile commun, en l'espèce le tribu­nal de Z ... ; le défendeur déclare avoir introduit son action devant le tribunal de La Haye parce qu'il avait dès le 15 septembre 19:1:9 transféré sou domicile dans cette dernière ville et qu'en vertu de l'article 262 du Code civil néerlandais la demande de divorce doit être portée dans le tribunal de !'arrondissement sur le territoire cluquel le mari a sn rési­dance principale ou tout au moins une résidence réelle; cette disposition, sui­vant une jurisprudence constante en Hollande, est d'ordre public; la dame X ... n comvaru et a été représentée par avoué; elle n'a pas contesté la comp~­tence ratione loci du tribunal de I1n Haye qui a statué en faisant droit à Ja demande; or il est allégué que le défen­deur Y ... n'a jamais eu à La Haye ni domicile ni résidence principale ni même résidence réelle; il produit uniquement, pour établir le contraire, un passeport mentionnant des autorisations de rési­dence à La Haye, émanant de la police de cette ville, et se renouvelant sans in­terruption du 7 juillet 19:1:9 au 13 mars 1955; mais la demanderesse, elle, joint

TRIBUNAUX 83

à son dossier un certificat délivré 1e 10 mars 1952 par les autorités commu­nales de La Haye attestant que Y ... , à cette date, était inscrit sur le registre de la population de cette ville depnis le 17 décembre 1949; or M. le procureur du roi signale que ledit défendeur s'était fait rayer de. N ... pour Z ... le 15 octobre 1919 et s'est fait réinscrire à N... le 3 avril 1952 au moment ou la procédure de divorce venait d'être engagée devant le tribunal hollandais;

D'autre part, devant le tribunal de La Haye, la demanderesse avait d'abord contesté s'être rendue coupable d'infi­délité conjugale; Y ... , pour établir celle­ci, avait produit des photocopies d'un journal tenu par le sieur A., Ie prétendu complice de l'adultère, document dont il disait détenir l'original, et il s'était of­fert, en cas de persistance de dénégation de son épouse, à démontrer l' authenticité de eet écrit par des lettres émanant d'elle, d'un mandataire d'elle et du sieur A. et enfin avait manifesté sa vo­lonté de citer éventuellement le sieur A. comme témoin; la dame X ... , devant cette attitude, avait admis la réalité des faits invoqués par Y ... et s'en était réfé­rée à la sagesse du tribunal;

Attendu qu'en matière de divoree l'aveu judiciaire ne fait pas pleine foi;

Attendu que les cireonstances dans lesquelles s'est déroulé le litige sont étranges;

Qu'elles permettent de croire qu'il peut y avoir eu collusion des parties aux fins de dissimuler, sous une procé­dure de divorce pour cause déterminée, un divoree par consentement mutuel, dont les parties se seraient accordées à éviter les conséquences, notarument celle indiquée à l'article 305 du Code civil;

Attendu, en effet, qu'ainsi qu'il a été dit devant le tribunal de La Haye, le demandeur en divoree s'est borné à pro­duire des photocopies d'un écrit d'un tiers; qu'il ne lui a été demanclé et qu'il n'a fourni aucune explication sur les conditions clans lesquelles il était entré en possession de ce document dont l'ori­ginal ne fut pas versé aux débats; qu'il en a été de même pour les autres pièces dont il déclarait pouvoir se prévaloir, et qui devaient se trouver normalement en rnains de la défenderesse, d'un neven de celle-ci et d'un notaire; qu'il ne se con­çoit pas que la dame X... ait tielmis sa culpabilité sur la seule production des photocopies prérappelées et sur la sim-

ple menace de son mari de faire usage d'autres correspondances, et de faire procéder à une enquête au cours de Ja­queUe serait entend u le sieur A.; que si l'on s'en tient aux termes clu jugement de La Haye, les doeurneuts que Y ... envi­sageait de produire n'avaient pas de réelle valeur proban te; et quant à la menace d'appeler en témoignage le sieur A., elle paraissait pen sérieuse, étant donné, d'une part, l'ignorance ou l'on était des explications que pourrait fqurnir ce dernier au sujet du journal invoqué, et, d'autre part, le clésir mani­feste des parties d'éviter toutes difficul­tés et tout retard dans Ia procédure, puisque le litige avait été entamé clevant une juridiction hollandaise et que la dé­fenderesse au procès n'avait pas soulevé 'in lün'ine lUis l' exception d'incompé­tenee territoriale, qui avait à première vue un caractère péremptoire, ainsi quïl sera expliqué ei-après;

Attendu que, si la collusion des par­ties était démontrée, elle constituerait en toute évidenee une atteinte à l'ordre public belge, et elle justifierait le rejet de la demande actuelle en raison de la règle F'·ra1ts omn'ia cm·r1tmpU ~·

Attendu que la question se pose encore de savoir si l'autorité du jugement de divorce prononcé par le tribunal de La Haye ne doit pas, en vertu de l'arti­cle II, 5°, de la convention de Bruxelles du 28 mars 1925, être rejetée en Belgigue pour méconnaissance des règles de procé­dure territoriale établies par cette con­vention (art. 1er et 10), et suivant les­queUes la compétence territoriale est, dans un cas tel que celui-ci, fixée dans chaque Etat par la législation qui lui est propre et s'applique dans les Pays-Bas aussi bien aux Belges qu'aux nationaux;

Que le fait que le défendeur Y ... af­firme avoir transféré son domicile à La Haye en septembre 1949, mais ne justitie pas avoir rempli la formalité prévue à l' artiele 104: du Code ei vil, pour faire constater ce transfert, et qu'il ne fournit à eet égard aueune explication, même sur les affaires qui l'am·aient déterminé à instaHer à La Haye sou principal éta­blissemeut, d' autre part les circoustan­ces invoquées par M. le procureur du roi, circonstances dont, à la vérité, la preuve n'est pas apportée, mais qui n'ont pas jusqu'ici donné lieu à contestations des parties intéressées, enfin les men­tions mêmes clu passeport, dont le défen­deur se prévaut et d'après lesqueUes ce-

JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

lui-ei n'aurait, contre toute vraisem­blance, effectué de septemlJre 1949 à 1955 d'autres déplacements à l'étranger qu'en Hollamle, sont des éléments de nature à mettre en doute la sincérité de ses allé­gations relatives à la réalité de son éta­blissement tl La Haye .au jour de l'inten­tement de sou action en divorce;

Attendu qu'en pareille occurrence il échet d'ordonner la réouverture des dé­bats et d'inviter : 1° les parties à pro­duire tous doeurneuts ou éléments non­veaux de nature à clémontrer l'absence de collusion entre elles; 2° le cléfendeur Y... à apporter la preuye de ce qu'il avait, lors de l'instance précitée, sou do­micile ou sa résidence principale ou tout au moins une résidence réelle à La Haye et non pas à Z ... ou à N ... ;

Par ces motifs, vu les articles 1€r, 34 à 37 et 41 de la loi du 15 juin 1935, dont il a été fait application, ouï l\1. Hambye, substitut du vrocureur du roi, en son a vis, donnant acte aux parties de leurs déclarations, conclusions et réserv•3S, écartant toutes conclusions plus amples ou contraires, ordonne la réouverture des débats et renvoie la cause au role général.

Du 9 mars 1956. - Tribunal civil de Mons. 1re eh. - Prés. M. vVayeu:,;, vice-président. - JJi·in. p·ubl. M. Hambye, substitut du procureur du roi. - .l!t. M.M. Guislain, Reumout et Eickhoff (le premier et le dernier du barreau d'appel de Bruxelles) .

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

15 juin 1954

1° ORDRE PUBLIO. - ÜOMPÉ'l'ENCE «RA­'l'IONE MATÉHIAE )). - l\1A'l'IÈHE CIVILE. -TlUBUNAL D'EXCEPTION NE POUYANT SE SAI­SIE D'UNE CAUSE DE LA CO:MPÉTENCE DU TRI­BUNAL DE P REMIÈHE INS'l'ANCE. - RÈGLE D'ORDRE PUBLIC.

2° OOMPÉTENOE. l\1l'l'OYENNETÉ. -JUGE DE PAIX. - ÜBLIGATIONS RÉSULTAN'l' D'UNE CONVENTION. - lNCOMPÉTENCE SI LA VALEUB. DU LITIGE ES'l' SUPÉRIEUHE A 10.000 FRANCS.

3° APPEL. - TRIBUNAL DE PREMIÈRE IN­STANCE. - APPEL D'UN JUGEMENT DE JUS-

(1) Cass., 1"' mars 1957 (Bull. et PAsrc., 1957, I, 785).

TICE DE PAIX. - LITIGE DE LA COMPÉTENCE DU 'l'B.IBUNAL DE PREMIÈRE INS'l'ANCE. -ÜBLIGATION POUR LE TRIBUNAL DE STATDER AU FOND, MÊME EN CAS DE CONFIRMATION D'UN ,JUGE~I:ENT D'INCO:MPÉTENCE B.ENDU PAR LE JUGE DE PAIX. AvouÉs. - PAs D'OBLIGA­TION DE RECOUB.IR A LEUR MINISTÈRE. HESSORT.

1° Est cl'onlre pubZie le règle léga..le q-u'u.n tr·ib·u.nctl cl'except-ion, notwntment le j·uge cle pnix, ne peut co·nnnître cl'tme cat!.se ressortisswnt à. ln compétence cl·n t·ribu­nnl cle première instnnce (1).

2° Les contestc~t-ions 1'ela.ti·ves ntlilJ o bUgn­Umz,s qu.'·une co'!wention impose atlilJ p·ro­priéta.ires de tonels oont-igtrs éohappent ä Ze~ compétenoe cl·u jtrge cle pwix, s·i ln 'IHLlenr cln Uiige exoècle 10.000 trnncs.

3° Saisi cle l'ctppel cl'·un j·ugement cle j·u.s­Uoe cle pwix, le t·r-ib·u.nnl cle prwmiè1'e ·instwnoe est temr cle stnt·u.e-r au foncl s' il estinw que oel·wi-oi relève cle sn oompétence, solt q·u''il confirrne le :i ugenwnt clu. ju.ge de pct-ix q·zli s'est clé­clwré inoompétent, soit qtt'il Vinfinne s'll s'est cléoln1·é ä tart oompétent (2). (Code de procédure civile, art. 473.)

En pwre-i.l ons la, p·rocécl·wre clevnnt le t'l'ibmutl cle 1Jremiè1·e instanee se potlr­su.U sans le 1n-inistère cles avoués.

La ocmse est j·llgée tJn1' le trib·unnl cle pre­mière 'in.stctnce en pTern·ier otl en cler­nier resso1·t, s·uivwnt q·u'elle excècle ou, non 25.000 trwnos.

(DE WEYNGAER'l', C. LOISON E'l' CONSOB.'l'S.)

JUUEMENT.

LE TRIBUNAL; -a.) Attendu que les appelm1ts De 'Yeyngaert-lVIeerts, pro­vriétaires de l'immeul.Jle sis à Ander­lecht, rue Louis Van Beethoven, 89, ont ncquis de l'intimé R. Loison, proprié­taire de l'immeuble contigu au leur et portant le n° 91, la copropriété de la mi­toyenneté du mur pignon de ce bien;

Attendu que, se plaignant d'un mouve­ment de cléversement qui s'est produit clans le mur devenu mitoyen, vers le n o 91, et des conséquences préjudiciables qui en ont été la suite, les appelants out intenté à leur voisin une action tendant à le faire condamner à reconstruire à ses frais le mur séparatif des propriétés

(2) Cass., 24 février 1949 (B,ull. et PAsic., 1!Hû, I, 164).

TRIBUNAUX 85

respectives des parties, à réparer les dé­gats dus au déversement du mur, et à payer aux appelants différentes indem­nités en réparation du préjudice subi par eux;

7J) Attendu que la partie ainsi assignée n appelé en intervention et garantie ;m procès la pnrtie René Landsvreugd, qu'elle tenait pour responsabie de l'état de choses dont se plaignaient les con­sorts De Weyngaert-Meerts, en al1é­gnant qne Ie mouvement de déversement était dû à l'insuffisance des fondations de l'immeuble portant le n° 93 et pro­priété de l'appelé en sous-garantie;

Qn'en outre, Loison réclamait à Lands­Yreugd une inclemnisation du chef de In clépréciation que Ie déversement avait causé à l'immeuble n° 91;

o) Attendu qu'ultérieurement, l'appelé en garantie Landsvrengd a lui-même cité en intervention et en garantie les frères Niels et la partie Meunier, contre les­quels il exerce ce recours en se fondant sur leur responsabilité d'entrepreneurs, pour ce qui regarde les frères Niels, et d'architecte, IJ01U' ce qui regarde Men­nier;

Procédure et jugement n q'IIO :

Attendu que Ie premier jnge a orclonné nne mesure à'instruction, désignant conune expert l\1. !'architecte Ooteur, aYec la mission de reehereher les causes et l'impntahilité du déversement clu mnr mito~ren, de déterminer les travanx né­('essaires ponr y remédier et pour donner son aYis snr les dOlnmages allégués; qne !'expertise fut rendue contradictoire à l'égarà des parties Niels et Meunier, après la mise en cause de celles-ci, f•t que l'objet de !'expertise fut étendu à la recherche de la responsabilité éven­tnel1e de ces parties;

Attenclu qu'après le dépot du rapport de l'expert Ooteur, la cause fut ramenée deYant Ie premier juge; que celui-ci, par le jugement frappé d'appel, s'est déclaré incompétent ,rntione mnter,iae ponr con­naître de l'action originaire et, par voie de conséquence, des a1wels en garantie;

Discussion :

I. Quant à la compétence : Attendn qn'il conyient tout d'abord de

Rouligner que si, en ordonnant une me­sure d'instruction, le premier juge s'est, à l'origine, implicitement reconnu com­pétent pour colmaître du litige, sa déci-

sion de caractère interlocutoire ne le liait pas et n'était clone pas susceptible de constituer un préjugé de sa compé­tence;

Attendn que la question de la compé­tence rntione 11wterine cl'une juric1iction d'exception reJèye d'ailleurs de l'ordre public; qu'elle pent être souleyée en tont état de eau se; qu'il ne peut être fait grief au premier juge de l'avoir résolue, en déclinant sa compétence, même posté­rienrement au jugement interlocutoire;

Attendn que l'action mne à la reqnêtP des appelants De Weyngaert-Meerts ten­dnit, certes, à la condamnation de leur voisin u reconstruire Ie mur mitoyen ~:é­paratif de lem·s immenbles respectifs; qne pareil objet donne à. penser, au pre­mier abord, qne l'action est relative anx oblig-ations qne la loi impose aux pro­priétaires de fonds contigns et tomhe comme tPlle sous In compétence spéchl1e déYolue nn juge de paix par l'article 3, 3°, de In 1oi du 2!) mars 1876, modifiép par l'arrêté royal du 13 janvier 1935;

Attendu, toutefois, qne les appelants n'ont pas assigné ces obligations léga1es comme cause à leur action; qn'au con­traire, ils ont fondé celie-ei sur la vente que leur avait consentie l'intimé Loison de la mitoyenneté du mur, et sur les obligations inhérentes à cette vente et pesant snr Ie yendeur, qui est tenu de garantir l'acquéreur contre l'éviction et les Yices cnchés de la chose vendue;

Attendu que cela est si vrai qu'en lem·s conclusions développées devant Je premier juge les appelants ont déclaré expressément que la cause de leur action gisait dans la vente du mur mitoyen, faisant écho ainsi aux énonciations de leur exploit introdnctif d'instance, oi't ils en appelaient aux obligations assu­mées par le cité (( en sa qualité de ven­deur amiable )) ;

Attendu qu'à bon droit Ie prc~mier juge a constaté que, telle qu'elle était causée, l'action tombait en dehors de la sphère de sa compétence spéciale et restrictive découlant de I' actnel artiele 3, 3°, de la loi;

Attendu que les ap11e1ants invoquent à tort que la décision àu premier juge in­troduit de cette manjère dans Ie texte légal une distinction qui ne s'y trouvP pas, et qu'à. vouloir interpréter restricti­vement la compétence du magistrat can­torral en 1a matière, on va à. l'encontre du vam du législatenr qui, en 1935, a en-

86 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

tendu étendre et généraliser la campé­tenee des ju ges de paix;

Attendu que s'il est exact que la légis­lation de 1935 a été extensive de cette compétence, elle n'a point cherché à ren­dre celle-ci illimitée, et est restée fidèle au principe traditionnel du caractère res­trictif de la compétence de toutes les juridictions cl'exception, taudis qu'elle généralisa au contraire la compétence des tribunaux de première instance;

Attendu qu'il était clone inutile de pré­ciser dans la loi la distinction que criti­quent les appelants; que l'on doit se borner à constater que la compétence flu juge de paix a été limitée aux contesta­tions ayant pour objet les obligations que la loi impose mu propriétaires de fonds contigus et que, partant, cette compétence spéciale n'existe pas dès lors qu'il s'agit cl'obligations incombant aux propriétaires de fonds contigus maïs trouvant leur souree dans une con­vention;

Attendu que, clans cette dernière hypo­thèse, les règles organisant la campé­tenee générale des juges de paix penvent senles trouver leur application;

Attenclu qu'en espèce les appelants ont évalué leur action à plus de 10.000 francs en chacun de ses chefs; que les condam­nations et les sommes qu'ils ont postn­lées révèlent que cette évaluation n'est vas exagérée; qu'eu égard à sa valeur, le litige échappait à la compétence clu juge de paix, et que les appelants sont sans grief contre le jugement par lequel il a proclamé son incompétence 1·aUone materiae,·

II. Quant à l'évocation : Attendu que, subsidiairement, les ap­

pelants concluent à l'évocation de la cause 11ar Ie tribunal; que la partie Landsvreugd conteste que les conditions requises par la loi soient réunies ponr que l'évocation soit ordonnée, et qu'en termes de plaicloiries elle fait valoir qu'en cas d'évocation les parties au pro­cès devraient constituer avoué;

Attendu que l'article 473 du Code de procédure civile, tel qu'il est modifié à présent par l'article 13 de· la loi dn 15 mars 1932, contient en son alinéa 3 une disposition propre au tribunal de première instance, et qui ne constitue clone pas, comme l'a soutenu la partie Landsvreugd, une simple amplification de l' alinéa 2 cl u même artiele;

Attendu que cette disposition falt trne

obligation au tribunal siégeant en degré cl'appel de statuer au fond lorsqu'il estime que le litige était de sa compé­tence;

Attenclu qu'en cette hypothèse l'évoca­tion n'est pas facultative et qu'elle doit avoir lieu, sans égard aux conditions re­prises dans l'alinéa 1er de l'article 473, clès que le tribunal estime que le litige était de sa compétence, soit qu'il con­firme le jugement du juge de paix qui s'est cléclaré incompétent, soit qu'il in­firme Ie jugement par lequel le juge de paix se serait à tort cléclaré compétent (BRAAS, Proc. civ., t. II, nos 1372 et suiv.);

Attenclu qu'en clépit de sa compétence initiale, le tribunal est néanmoins saisi de la cause uniquement par la voie de l'appel d'un jugement de justice de paix, procéclure qui ne requiert plus comme jaclis la constitution d'avoué par les parties; que l'objection soulevée à eet égard par la partie Lanclsvreugd appa­raît sans pertinence; que la constitution d'avoué demeure facultative;

Attendu qu'il y a lieu, en conséquence, à évocation; que Ie présent jugement vandra comme décision renclue en pre­mier ou en dernier ressort, selon les règles orclinaires en la matière (BRAAS. ·i b-iel.) ; qu'il convient de donner acte aux appelants qu'en le1n·s conclusions actnel­les ils évaluent leur action en chacnn de ses chefs à plus de 25.000 francs; que les parties Niels font implicitement une même évaluation en conclnant à ce que Ie présent jugement soit prononcé en premier ressort.

(Le s1wplus sans intérêt.)

Du 15 juin 1954. - Tribunal civil de Bruxelles. - 126 eh. - Siég. M. Emond, juge unique. - JJ1in. ZJ1t.bl. M. Dumont, substitut du procureur du roi. - Pl. Ml\1. F. Moreau, Dirickx, Malherbe, Vanden Eynde et G. Duval.

TRIBUNAL DE COMMERCE DE LIÈGE

l 0 nove1nbre 19 56

1° CONOORDAT JUDIOIAIRE. -AJüUl~­NEMENT DE L' ASSEMBLÉE DES CRÉANCIERS. -

DÉLAI MAXIMUM DE QUINZE .TouRs. - FoR­

MALTrÉ NON SUBSTANTIELLE. - VIOL;\'l'ION

TRIBUNAUX 87

N'EN'l'RAÎNAN'l' PAS NÉCESSAIREMEN'l' LA NUL­Ll'l'É DE LA PROCÉDURE.

2° CONGORDAT .JUDICIAIRE. Cox-ooRDAT VOTÉ PAR UNE IMPOR'l'ANTE MAJORITÉ DE CRÉANCIERS. - REFUS DE L'HOMOLOGA­'l'JON DEVANT Ê'l'HE FONDÉ SUTI DES RAISONS PA H'l'ICDLIÈHEMEN'l' GRAVES.

1 o Panni les formalités légnles p1·esorites J)(W les lo·is ooonlonnées snr Ze oonoo·r­rlat juäiciaire. les unes sant substan­tielies et en.traînent néoessairement la. nullité de la, p·J·ooéclure, cl'autTes ne ]Jeii1Jent être trne cnnse cle nullité q1te si leur vlolation a été préjlldioütble wu d él>ite·u r o·1t a·u x erénnoicrs.

Rcntrc clnns cette clernière oatégoric la règle p1·escrivant que l'a,journernent de la clélibénttion cles oréanoiers, ne pent nvoir Ueu, au plus tarcl, q11c dans la qn1.nzaine de sa. rlntc. (Lois coordon­nées du 25 septembre 1!H6, nrt. 16.)

2° Le tribunal nc pent refnser l'homolo­rJation d'ttn oonoorclat ·voté par ·une très importante ma:io1·ité cle créanO'iers q11.e pottr des raisons pctrtionlièrenwnt r1mves. (Lois coordonnées du 25 sep­tembre 1946, nrt. 23.)

(SOCJf.;'l'É ANONYME ANClENS ETABLISSEMENTB E. DENIS, C. SOCif.;'l'É ANONYME BEL::\fA.)

,JU( lE!IIEN'l'.

LID 'l'RIBUNAI~; - Attendu que la so­f'iété nnonyme Belma, établie et ayant son siège à r,onein, 148, rue Emile Vander­velde, a déposé une demnnde de concor­dat judiciaire le 2 jnin 1956; qu'après nvoir procédé aux formalités requises par Jn loi, ]'assemblée des créanciers fut fixée au 5 septembre snivant, date à laquelle elle fut ajonrnée au 10 octobre 1956;

Attendu que la débitrice contesta, lors­qn'elle fut inten1ellée à cette fin, les créances procluites par les simn's Bastin, Lamy, Depaire, ViTillnerts et par la so­eiété Siclef;

Attendu que, sanf Willaerts, les autres créanciers n'ont pas justifié clu bien-fondé de lem·s productions;

Qu'en ce qui concerne Willaerts, qui a ramené ses prétentions à la somme de 186.fl80 francs et qui a justifié à suffi­snnce pour Je cnlcul des majorités le mon­tant de sa créance à concurrence de cette somme, il y a lien de l'admettre dans eette limi te ;

Attendn que, compte tenu de ces obser-

vations, le montant total des créances vn­lablement cléclarées et nelmises s'élève à ln somme de 2.198.416 frnncs; que les deux tiers se montent à 1.-±65.608 francs et (}Ue les n dhérents rPprésentent 1.910.0+7 francs;

Attendu que le nombre des votnnts est de 96; la majorité de 49 et les ndhérents de 91;

Attenclu que le jnge clélégué a, dans son ra11port fait ä l'auclience avant tous dé­bats, conclu h l'homologation du concor­dat;

Attendu, cepenclant, qu'une créancière nynnt comparn et voté négativement, In société anonyme Anciens Etablissements Flmile Denis s'est présentée à l'nudience Pt a conclu au rejet du concordat parcc qu'une formalité prévue 11ar l'article 16 de la loi de 1946 n'nvnit pas été respectéE~ et ensuite pnrce qu'elle PRtimnit que la <léllitriee n'étnit pas de bonne foi;

Quant an moyen de procédure : Attendu que la société opposnnte fnit

Yaloir qu'aux termt's de l'article Hl de In loi de 1946 le juge clélégué peut ajourner la délihération des créanciers, mais de telle manière que l'assemblée suivante nit lieu au plus tnl'(1 dans la quinzaine ä partir dn jour (1e l'njonrnement, et qu'en l'espèce elle l'a été à 11lus d'un mois; qu'en conséquence, 11nr application de l'article 23 de la même loi qui prévoit qu'en cas d'inobservation des clispositions qni précèdent le trilmnal « refusera )) l'homologation, relui-ei est lié par les termes impératifs du texte et cloit rejeter la clemande, sans :woir une possibilité cl'appréciation quelconque;

A ttendu que, malgré la portée des tex­tes légaux des lois de procédure prescri­vant le respect cle certaines formalités, les auteurs, les com·s et tribunaux ont tonjours fait, h jnste titre, une discrimi­nation entre les formalités légales essen­tielles, ordonnées à peine de nullité, et celles qui n'ont rien d'obligatoire et dont l'absence ou l'application erronée n'a pas nécessairement pour effet de causer un préjudice (FREDEHICQ, t. VIII, p. 948, no 710; Répe1·t. prat. dr. bel,qe, yo Oon­cordat fJ1'é1;enti.f, n° 276; Panel. belaes, yo Oonoorrlat Jll'ét·enUf, 11° 130, et FREDE­TIICQ, t. VII, 11° 279);

Attenclu qn'il s'ensnit clone qne, ponr entra'îner le refus de l'homologation, il .faut que la formalité qni a été émise soit essenti(~11e, presrrite i'1 pPine de nnl­lité parce qne son ahsence a en l)our ré-

88 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

sultat de v1c1er la convention concorda­taire, comme, par exemple, la non-convo­cation de créanciers connus, la tenue de !'assemblée à un autre jour que celui qui a été :fixé, 1' absence de rapport du juge clélégué, etc.;

Que lorsque la formalité non accomplie on accomplie autrement que ne le prévoit la loi est subsidiaire et que le non-respect de la loi n' a pu être préjudiciable à qui que ce soit, cette infraction aux textes doit rester sans effet et ne peut être sanc­tionnée par la nullité de la procédure;

Attendu qu'en l'espèce le doublement cln délai imposé n'a pu compromettre en rien les intérêts, ni de la débitrice, ni des créanciers on de l'un cl'entre eux; qu'au contraire, cette décision a été prise parce qu'à la première assemblée le représen­tant cl'un créancier important avait lais­sé espérer que son mandant étuclierait la reprise des affaires de la concordataire, ce qui eût été une aubaine pour les créan­ciers, mais que l'étucle de ce plan ne pou­vait être réalisée en quinze jours et qu'il faudrait au rnoins un mois pour y par­venir;

Attendu que l'assemblée avait été una­nime à a ccepter cette façon de voir et qu'à ce moment la société, achwEement opposante, n'avait fait aucune objection à eet aceroe prétenclu au texte de l'arti­cle 16;

Attendu, d'autre part, qu'il est bon de fail·e remarquer que Ie juge aurait pn ajourner l'assemblée clans le clélai de quinzaine requis, puis, à cette nouvelle assemblée, la proroger à nouveau à la date qui lui eût paru favorable, puisque, en ce qui concerne la prorogation, aucun délai n'est imparti au juge clélégué (FRE-

• DERICQJ t. VIII, n° 683); que si cela eût été peut-être plus légal, cela eût été cer­tainement inutile;

Attenclu qu'il résulte de ces consicléra­tions que l'absence de respect dn clé1ai :fixé par la loi n'a pas été préjucliciable à la créancière opposante; que, cette pre­scription n'étant pas essentielle, sa mé­connaissance ne peut entraîner la nullité de la procéclure et le refus d'homologa­tion;

Quant au moyen de fond : Attendu que la société opposante tente

alors de démontrer que pour des motifs soit d'intérêt public, soit de l'intérêt des créanciers, le tribunal doit refuser l'ho­mologation du concorclat sollicité; que, d'après elle, trois faits indiquent notam-

ment que la débitrice n'est pas malheu­reuse et de bonne foi; qu'en effet, la SD­

ciété Belma avait démnrré avec des ca­pitmix insuffisants et trop lentement; qu'ayant perclu une partie de son capita1, elle aurait dû proposer à l'assemblée gé­nérale sa liquidation, et enfin qu'elle au­rait camouflé une perte par la réévalua­tion cl'un immenbie;

Attenclu qu'il convient de rappeler que 91 créanciers représentant 1.910.047 francs de créances ont voté en faveur du con­corclat, contl·e 5 créanciers représentant 288.369 francs;

Que s'il est exact que le tribunal a le pouvoir cl' apprécier librement s'il existe des motifs suffisants pour s'opposer à l'homologation, senles des raisons parti­culièrement graves doivent l'inciter à substituer son appréciation à celle de la très grosse majorité des créanciers (Gand, 28 février 1920, PASIO.J 1920, II, 76; FRE­

DERICQ, t. VII, 11° 279, et t. VIII, no 712); Qu'il en sera ainsi, notamment, lors­

que Ie débiteur est de moralité mauvaise, lorsqu'il propose le payement de elivielen­des insuffismits ou n'offre aucune garan­tie cl'exécuter ses promesses, quanel la minorité est manifestement lésée ou sou­vent quanel il est établi que Ie concorda­taire a concéclé des hypothèques sur ses biens quelque temps avant la date du dé­pót de la clemande, parce que, dans cette dernière hypothèse, Ie refus clu concor­clat permet de reporter la date de la ces­sation des payements à six mois avant celle clu dépót et de renclre ainsi libres des immenbles grevés;

Attenclu qu'en l'espèce la débitrice ap­paraît, comme 1' a constaté le juge délé­gué en son rapport clu 6 juillet 1956, non seulement malheureuse mais aussi de bonne foi, ayant tenu une comptabilité ré­gulière concordant parfaitement avec les pièces justificatives; qu'elle a, en outre, déposé sa demancle clès qu'elle a constaté que ses efforts de redressement avaient été vains;

(L(~ su,Ue snns IntéTêt.)

Par ces motifs, ouï M. Joseph Henrion, juge délégué, en son rapport fait à l'au­clience avant tous débats, statuant en langue française, homologue le conc01·clat sollicité par la société anonyme Belma précitée.

Du 10 novembre 1956. - Tribunal de commerce de Liège. - Prrés. M. Henrion,

TRIBUNAUX 89

ju ge faisant fonctions de président. - Réf, 1\i. Henry. - Pl. MlVI. Bersou (du bar­reau d'appel de Bruxelles) et Lam·ent­Neuprez.

TRIBUNAL OIVIL DE MAROHE-EN-FAMENNE

(SIÉGEANT CONSULAIREMEN'I')

19 janvier 1957

PRFJUVEJ. - l\iATIÈRE CIVILE. - FACTURIDS. - MENTJONA MARGINALER. - OoNDI'l'IONS DE YALIDITÉ.

La tacture fait pre1t,ve, ent·re commer­çants, des mentions qni en constitnent le corps mênte et sant relatives à, l'olJ­_jet vend1f., èt la quantité et a·n prim. n v a Ue11. d'appréC'ier dans chaqu.e espèce si les a1ltres cla1lses, imprimées, sant opposables ä l'acheteur.

(SOCIÉ'l'É MAISON JOS. DETROZ, C. ROUSSIAUX.)

,JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; - Attendu que l'ac­tion de la société demanderesse tend à ob­tenir payement : 1 o d'nne somme de 13.538 francs, soit le montant de quatre factures pour fournitures de marchan­dises en date, les deux premières, du 31 janvier 1956, la troisième du 31 mars et la quatrième clu 30 avril de la même année; 2° d'une somme de 416 fr. 55 à ti­tre d'intérêts de retard au tanx de 6 p. c.; 3° d'une somme de 2.030 fr. 35, représen­tant une indemnité forfaitaire de 15 p. c.;

Attendu que la première somme n'est pas contestée; que la seule question qui se pose est celle de savoir si le défendenr est malheureux et de bonne foi et si, en conséquence, il échet de lui aceorder des délais de payement;

Attendu que tel est le cas en l'espèce; qu'il y a lieu d'autoriser le défendeur à se libérer comme il sera dit ei-après;

Attendu, pour le surplus, que la société demanderesse fonde sa demande sur ses conditions générales de vente imprimées sur ses correspondances et sur ses factu­res, lesqueUes sont libellées comme suit :

cc Art.. 14. r_.es intérêts de retard au taux de 6 p. c. l'an courent de plein droit

sans arn>el ni mise en demeure sur toute somme non réglée dans les trente jours de la facture, et ce à partir du trente et unième jour )) ;

<<Art. 20. Au cas ou le payement donne lieu à une action judiciaire, son montant sera majoré d'une indemnité forfaitaire de 15 p. c. a vee minimum de 250 francs Jl;

Attendu que le défendeur se refuse au payement de ces sommes; qu'il fait va-1oir qu'il n'a jamais marqué son accord sur ces clauses, ni formellement, ni même implicitement;

Attendu qu'ainsi se pose une fois de plus la question de saYoir si les clauses imprimées sur les correspondances et fac­tures des vendeurs ont valeur de conven­tion faisant dèR lors la loi des parties;

A ttendu que la question reste discutée; qu'à lire ces clallSes on constate qu'elles tendent toutes cleux à obtenir des dom­mages-intérêts fondés soit sur le retard de payement, soit sur la nécessité de re­courir à l'exécution forcée par action en justice;

Attendu qu'il s'agit là en réalité de cla11Ses pénales déroge:mt à l'article 1153 du Code civil suivant lequel, cc dans les obligations qui se bornent au payement d'une certaine somme Jl, et c'est Ie cas en l'esDèce, cc les dommages et intérêts ré­sultant du retard dans l'exécution ne con­sistent jamais que clans les intérêts lé­gaux, sauf les exceptions établies par la loi ));

Attendu que si eet artiele 1153 n'est pas d'ordre public et si les conventions contrail·es sont permises, il faut se mon­trer prudent lorsqn'il s'agit d'apprécier si de simples cla11Ses imprimées dolvent être considérées comme de telles conyen­tions contrail·es;

Attendu qu'à eet égard de nombreux tribunaux admettent que Ie seul fait d'ac­cepter nne facture sans protestation vaut convention;

Attendu qu'il faut certes admettre cette thèse lorsqu'il s'agit des mentions consti­tuant Ie corps même de la facture, savoir l'objet Yendu, la quantité et Ie prix; qu'en ce cas les parties sont présumées en avoir discuté et s'être mises d'accord;

Attendu que cette présomption ne peut avoir le même fondement lorsqu'il s' agit de simples clauses imprimées; qu'il révèle en effet clans la pratique que la facture n'est remise le plus souvent qu'après l'achat; qu'il est clone difficile d'admet-

90 JU RISPRUDENCE DE BELGIQUE

tre que par son seul silence l'acheteur est présumé a voir marqué son accord sur des clauses qu'il n'a pas connues;

Attendu, dès lors, qu'il y a lieu de ne nas éc1icter, dans ce domaine, des règles générales et qu'il est préférable d'appré­cier dans chaque cas la portée du silence de l'acheteur; qu'en conséquence, la ques­tion qu'il importe avant tout de réson­dre est ceUe de savoir comment s'e~t

noué entre parties Ie contrat de ven te; que le point de savoir si les conditions générales du vendeur régissent, ou non, ce marché dépend de la solution donnée ~l cette question;

Attendu qu'en l'esDèce les relations en­tre parties out commencé par une simple comnnmication téléphonique émanant clu cléfendeur et con:firmée par écrit par le demandeur dans les termes ei-après : « N ons vous con:firmons notre entretien téléphonique de ce jour pour la com­mande (snit l'indication de l'objet com­mandé) au prix de ... (snit l'inclication du prix) )) ;

Attendu que, clans cette con:firmation, la clemancleresse ne se réfère nullement à ses conditions de ven te;

Attendu que par la suite, dans tout Ie courrier a-clressé, la demanderesse ne s'y réfère pas davantage; que, bien plus, clans les relevés de compte qu'elle envoie eUe ne porte pas les intérêts et n'y fait m1llement allusion;

Attendu que, dans ces conditions, il est difficile cl' admettre que le défendeur a, Dar sou seul silence, accepté les concli­tions auxquelles la demanderesse ne s'est même pas référée;

Attendu que ce n'est que le 2 juin 1956, alors que les relations d'affaires ont com­mencé entre parties le 24 janvier précé­dent, que la demanderesse écrit : « Si vous n'avez pas tout payé pour le 10 juin, nous serons forcés de remettre cette af­faire à notre société de recouvrement et vous auriez à payer tous les frais que vous nous occasionnerez )) ;

Attendu que si cette lettre peut être considérée comme mise en demeure fai­sant courir les intérêts légaux, elle ne peut être interprétée comme mise en de­meure formelle donnant lieu à l' applica­tion des clauses y imprimées auxquelles elle ne se réfère pas encore et sur les­queUes eUe n'attire pas de façon exl)licite l'attention dn débiteur;

Attendu que s'il faUait, en l'espècé, ad-

mettre que les clauses imprimées ont va­lablement formé convention entre parties, qtrocl nonJ encore faudrait-il rappeler que ces clatlSes sont des clauses pénales et que, comme telles, eUes sont soumises à toutes les règles juridiques qui fixent les conditions dans lesqueUes une indemnisa­tion peut être due (DE PAGEJ t. III, n° 123), c'est-à-dire que la clemanderesse n'est pas dispensée de prouver qu'il y a eu inexécution fautive de la part de son débiteur;

Attendu qu'un débiteur qui éprouve des difficultés de payement n'est pus en faute et que rien ne lui interdit de se laisser assigner devant les tribunaux pour en obtenir des délais de payement;

Qu'en ce cas les clauses Dénales ne sont pas applicables (cf. cormn. Liège, 8 octo­bre 1956, Jur. LiègeJ 1956-1957, p. 45);

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, siégeant consulairement, dit la de­mande receYable et fondée en partie; con­damne Ie défendeur à payer à la deman­deresse la somme de 13.538 francs, majo­rée des intérêts légaux depnis Ie 2 mai 1956; la condamne aux intérêts judiciai­res et a u x dépens; l' a u torise à se li bérer des condamnations ci-dessus par verse­meuts mensuels de 2.000 francs à dater du 1er février 1957; dit qu'à cléfaut cl'nn seul payement à l'échéance, le solde res­tant elft sera immédiatement exigible; cleboute la demancleresse du surplus de sa demancle.

Du 19 janvier 1957. Trilmnal civil de Marche-en-Famenne (siégeant consulaire­ment). - P'rés. l\1. Degrune, président. --­Pl. Ml\1. LnroncleUe et De Halleux.

TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE CHARLEROI

13 juillet 1956

PROCÉDURE PÉNALID. PRESCRIP'l'ION. lNFHAC'l'TON COMliUSE A L·'É'l'RANGER.

- AC'l'ES D'INS'l'HUC'l'ION FAITS A LJÉTR,\N­GER PAR LTN :MAGIS'l'RA'l' É'l'RANGER AYAN'l' L'AVIS OFFICIEL DONNÉ AUX AU'l'ORITÉS BEL­GES. - lNTERRUP'l'IOX DE LA PRESCIUPTION.

Ln pre8cription de T'aotion publiquo) jon-

TRIBUNAUX 91

äée snr une infnwtion cmnmise à l' étntnue·r, est 11tilement inte1T01np'lle ZJar l'a.udUion cle témo·ins JHlil' un nwrtis­trnt étranuer, 1nê1ne wvant l'aFis ojJioiel äonné nux n1t.to1·ités 7Jelges (1).

(PROClTREUR DU ROI, C. STIENLET.)

,JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; - ... Sur l'exception de prescription de l'action publigue :

Attendu que le prévenu, de nationalité belge, entend exciper de ce que les faits repris au réquisitoire de M. le procureur du roi, par lui commis en France, se si­tuent du 4 février au 12 avril 1952, sont des délits prescriptibles par l'écoulement d'un délai de trois ans et n'ont fait l'ob­jet d'aucun acte d'instruction ou de pour­suite utile à interrompre le cours de ce délai de prescription, et plus spéciale­ment de ce que l'audition de témoins par un magistrat instructeur français n'a pu valablement interrompre la lirescription

(1) Le jugement annoté n' est pas conforme à la jurisprudence.

Lorsque la loi subordonne l'exercice de l'ac­tion publique à une plainte, les actes d'inshuc­tion ou de poursuite antérieurs à celle-ci n'in­terrompent pas la prescription de l' action publique (cass., 2 septembre 1952, PAsiC., 1952, I, 766; 20 juillet 1896, ibid., 1896, I, 248) ; ces actes sont nuls et ne penvent être validés par une plainte ultérieure à 1111 moment ou, l' action publique étant prescrite, il n' existe plus de délit et devenir ainsi interruptifs d'une prescription définitivement acquise au prévenu (cass., 20 juillet 1896, précité).

L'avis officiel donné aux autorités belges par les autorités étrangères a pour objet de leur donner connaissance de l'existence d'un crime ou d'un délit commis à l'étranger, et si les autorüés étrangères transmettent un dossier d'instruction aux autorités belges, il appartient à la justice beige d'instruire à nouveau sur toutes les infractions révélées par le dossier constitué par l'autorité étrangère et de pour­suivre Ie prévenu conformément aux lois belges (cass., 24 juin 1895, PAsrc., 1895, I, 226).

L'article 14 de la loi du 17 avril 1878 dispose que l'inculpé sera poursuivi et jugé d'après les lois belges.

Les disnositions du Code d'instruction crimi­nene et des lois complémentaires, spécialement celles de la loi du 17 avril 1878, s' appliquent à la fois à la recherche et à la poursuite des infractions prévues par le Code pénal et par les diverses législations particulières, sauf déro-

au regarcl de l'action publigue exercée par l'Etat beige dont il est le ressortis­sant;

Attendu gu'il est de principe gue I' action publigue naît de la seule perpétration du fait culpeux érigée en infraction punis­sable par la loi pénale du corps social in­téressé à sa repression; que seuls sa mise en mouvement et son exercice penvent être conditionnés par des événements ex­trinsègues tels gue plainte de la partie lésée ou dénonciation par l'autorité étrangère;

Attendu, dès lors, gue, du seul fait de la commission des infractions par le pré­venn, l'action publigue prit à la fois nais­sance nu profit de l'Etat français, sur Ie sol duguel elles étaient commises et gui, directenwnt intéressé au maintien de l'or­dre public, en entama la répression, et au profit <Ie l'Etat beige, également intéressé à leur répression, mais sous la réserve qne lu juridiction nntimmle ne Dent l'exercer effectbrement que sur dénoncia­tion par l'Etat étranger;

Attendu gu'il est de doctrine que les

gations portées dans ces dernières lois (BRAAS, t. I"', n• 7).

Nos lois de procédure péna..le ne donneut pas compétence aux magistrats étrangers pour exercer l' action publique ni pour instruire; eenx­ei ne tienneut pas leurs pouvoirs de l'autorité beige, sauf en cas de commission rogatoire à. la requête d'un magistrat beige, et ne font pas part.ie du pouvoir judiciah·e belge. Leurs juge­ments n'ont pas, du moins en matière pénale, l'autorité de la chose jugée en Belgique, et s'il en est tenu compte dans certains cas, ce n'est qu'à titre exceptionnel (loi du 17 avril 1878, art. 13).

L'acte de poursuite doit, pour pouvoir inter­rompre la prescription, émaner d'une personne ayant qualité pour exercer l'action publigue (NovELLES, P'/'océdure pénale, v• Prescription, n• 44) et, quant à l'acte d'instruction, il doit, pour avoir eet effet, émaner d'une personne ayant qualité pour instruire.

Les actes de poursuite et d'instruction faits par les autorités étrangères avant 1' avis officie! donné à la Belgique ou avant la plainte de 1' étranger offensé ou de sa familie sont donc légalement ignorés par les autorités belges et l'on peut dire qu'à leur égard ils sont nuls, de telle sm·te qu'ils ne penvent interrompre la prescription d'une action répressive int.roduite devant les juridictions belges.

La règle suivant laquelle la prescription et l'interruption de la prescription agissent in re1n ne change rien à ces considérations : il importe, en effet, d'observer que s'il est vra.i

92 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

actes judiciaires des rnagistrats et offi­ciers ayant gualité pour instruire ou poursuivre puisent leur valeur en ce qu'ils sont faits in rem au regard du fait cul­peux et indépendamment de la personne clu délinguant ou de la juricliction appe­lée à en connaître par la suite;

Attenclu gue la juricliction nationale, dont Ie pmwoir de répression était en fait suspendu en raison des poursuites exer­cées à l'étranger, se trouve, ensuite de la dénonciation des faits, dûment en mesure de l'exercer ~ffectivement;

Attendu gu'il imDorte, en effet, de con­sidérer qne l'avis officiel de l'Etat gui commença la poursuite et ne la continne pas ne pent avoir pour effet de donner naissance à l'action publigue de la juri­diction nationale, mais bien de la mettre en mouvement à son profit et de lui en permettl·e dorénavant l'exercice efficace;

Attendu gu'est produit aux clébats l'avis officiel de M. Ie Procureur de la Républi­que près Ie tribunal de première instanee de Saint-Nazaire à La Baule dn 1er sep­tembre 1955, constitnant l'avis clonné à l'autorité beige par l'antorité dn pays ou l'infraction a été commise;

Attendn gue la prescription de l'action

que les actes judiciah·es sont faits indépendam­ment des persounes poursuivies et de la judclic­tion appelée à en conna1tre par la suite, ce ne peut être que dans la mesure ou il s'agit de juriclictions nationales.

En l'espèce les délits étaient déjà prese1·its lorsque l'avis officiel fut clonné aux autorités belges et les crimes Ie devinrent par suite de l' ordonnance de correctionnalisation.

La prescription court, en e:ffet, à partir du jour ou les faits out été commis, même s'ils n'étaient pas connus des autorités compétentes (NovELLES, Prochl-u1'e ]Jéncûe, v• Prescription, 11° 13).

Dans llll des motifs du jugement annoté, il est fait allusion 8. la suspension de la prescrip­tion, ou, plus exactement, à la circonstance que Ie pouvoir de répression de la juridiction belge étaii; en fait suspendu en raison des poursuites exercées à l'étranger.

Peut,-on affirmer que l' existence de ces pour­suites constituait un obstacle légal ayant mis le ministère public belge clans l'impossibilité cl'agir?

En principe, il n'est pas défendu aux auto­rités belges cl'exercer des poursuites en Bel­gique en même temps que des poursuites sont exercées à l'étranger par des autorités étran­gères. L' artiele 13 de la loi du 17 avril 1878 prévoit, ce cas.

Toutefois, en l'espèce, il n'était pas possible

publigue a été ntilement interrompue pour !'ensemble des faits des préventions par I' audition de témoins par Ie juge d'instruction français Guilloux en date cl u ter octo bre 1953 ;

Au fond

Attendu gue Ie prévenu est en aveu cl'avoir commis les faits des préventions libellées à sa charge;

Attendu gue, partant, il y a lieu de clire les préventions établies;

Attendu gu'en raison de l'unité d'inten­tion délictueuse, les faits ayant été com­mis dans un court laps de temps, il y a lieu de prononeer une seule peine de leurs chefs confondus, la plus forte;

Par ces motifs ... , statuant contradictoi­rement, condamne Ie préYenu, du chef des préventions reprises sous A-I, A-TI et B confondues, à une peine unigue de six mois de prison; Ie condamne en outre aux frais envers l'Etat.

Du 13 juillet 1956. - Trilmnal correc­tionnel de Charleroi. - 9e eh. - Siég. M. Diricg, juge nnigue. - jJfin. p1(,bl. M. Guillaume, substitut du procureur du roi.

au x a,utorités belges cl' ex er eer 1' action publi­que, à défaut de plainte de l'étranger o:ffensé ou de sa familie ou d'avis officiel donné par l'autorité étrangère (loi du 17 avril 1878, arti­ele 8).

I/absence de plainte ne peut, être considórée connne une cause de suspension de l'act.ion publique.

Il en est de même lorsque le délit, pour une cause quelconque, reste inconnu des autorités.

Il s'agit d'un obstacle de fait, de l'exercice des poursuites.

Sans avis officie!, les autorités sont censées ignorer les faits c1élictueux (cass., 24 juin 1895, ei té plus ha ut) et la prescription court même si 1 es faits ne sont pas cmmus des autorités compétentes.

S'il devait être achnis que l'absence de plainte ou d'avis officie! const,itue une cause de suspen­sion de la prescription, on clevrait déclarer reeevables des poursuites intentées plusimus dizaines cl' années après la perpétration des clélits, au cas ou la plainte n'est déposée qu'après plusieurs lustres, ce qui est contraire à Ja vo1onté du législateur.

I1 n'est pas sans intérêt de souligner que les arrêts des 20 juillet 1896 et, 2 septembre 1952, ci-clessus cités, ont implicitement rejeté la thèse cle la suspension de la prescription, en ne soulevant pas cl'offire ce moyen, qui est cl'orclre public. R. 0.

TRIBUNAUX 93

TRIBUNAL CIVIL DE NIVELLES

(8lÉGEAN'l' OONSULAIREMEN'l')

5 janvier 1957

1 o RESPONSABILITÉ CIVILE. - Cm~:­PÉ'l'ENOE.

2° ACTION CIVILE. - PRESORIP'l.'ION.

1 o Lorsqn 'un quas'i-cléUt commerc,ial en­gendre en mê1ne temps ~m dommaf!e (LilX perso'nnes et 1m dommage a'll!E biens, le tJ"ibm~al de comJneTce est oom­pétent si le clemandetw ne pou,rs'nit q~te la répctrat'ion d'll clomnwge (L'llX Mens.

:2° Un fnit cnlpe'llX génémtetw de clom­mw;e a"ux personnes et ntlx biens se prescrit pwr t1·ois nns.

(CARLIER, 0. DEMEUNIER.)

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL;- ... Attendu que l'ac­tion tend à la réparation du préjudice su­ui par le demandeur à la suite d'une col­lision survenue à Nivelles le 20 mars 1955 entre la camionnette conduite par le :fils du demandeur, Jean-Marie Car­lier, et un camion, propriété du défen­deur;

Sur la compétence Attendu qu'à la suite de l'accident,

Emile Wargnies, passager de la camion­nette, a été blessé;

Attendu qu'il n'est pas contesté que le défendeur est commerçant;

Attendu que lorsqu'un quasi-délit com­cercial a engendré en même temps un dommage aux persounes et un dommage à la chose, le tribunal civil n'est compé­tent pour conuaître des deux actions que dans le cas ou celles-ei appartiennent a ux mêmes parties;

Attendu que le demandeur ne polll'suit que la réparation du dommage à son vé­llicule automobile; que, dès lors, le tri­bunal de commerce est compétent (cass., 17 novembre 1904, Pns., 1905, I, 36);

Sur la recevabilité : Attendu qu'Emile Wurgnies a été blessé

à la suite de l'accident; Attendu que le défeudeur soutient que

les fautes qui pourraient lui être repro­chées seraieut constitutives d'infractions au règlement sur le roulage et que ces in­fractions seraient prescrites à la date de l'assignation, le 22 mars 1956;

Attendu qu'il ne se conçoit pas qu'un fait culpeux, générateur de dommages à la fois aux persounes et aux biens, en­gendre deux actions civiles totalement différentes, soumises, l'une, à la pre­scription en matière de délits et, l'autre, à la prescription en matière de contra­ventions (cass., 17 septembre 1936, PASIC., 1936, I, 358) ;

Attendu que l'action civile résultant du délit de blessures involontaires est prescrite après trois années révolues (loi du 17 avril 1878, art. 22); que l'action civile tendant ä la réparation du dom­mage aux biens est dès lors également prescri te après trois années révolues;

Attendu que, l'accident s'étant produit le 20 mars 1955, 1' action civile du deman­deur, intentée le 22 mars 1956, n'est pas prescri te; ...

Du 5 janvier 1957. - Tribunal civil de Ni velles (siégeant consulairement). Prés. l\1. Semal, juge faisant fonctions de président. -Pl. M.M. Gourdin et Bras­SOUl'.

TRIBUNAL CIVIL DE DINANT

5 décemhre 1956

SÉPARATION DE CORPS. - PREUVE. - LETTRES MISSIYES. - POSSESSION RÉ­GULIÈRE DE CES LETTHES. LE'l''l'RES POU­YAN'l' SERVIR D'ÉLÉMEN'l'S DE PREUVE.

La, pnrtie demnncleresse en sépnrntion de co1·ps pe'ut prodn'i,re, à l'appu,I de son action, des lettres 1n'issives révélant des relntions cottpnbles ent1·e ln pnrtie clé­fende,resse et ttn tie,J·s, lo1·sque ces let­t,res ont été tront:ées pa1· h(tSCLNl, lHL'f alle, nu (lonliicile conju,g(Ll (1).

Oette npp,ropr,intion ne constittte pas 'Wn cel frn,udu,le'ltx, e'n l'nbsence de recher­che cl' 1fn en'richissenwnt ott cl' 11-n p'rojit quelconque wux dépens dn conjo,int.

(P ... , 0. D .... )

JUGEMEN'l'.

LE TRIBUNAL; - ... Au fond

Attendu que la demande est basée sur des faits d'injures graves consistant dans

(1) Cons. cass., 28 mai 1953 (PAsrc., 1953, I, 750).

94 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

des menaces de mort et des actes de vio­lence ainsi que dans l'inconduite du üé­fendeur;

Attendu qu'il n'est pas suffisamment vrouvé que le cléfendeur s'est livré à des menaces de mort on tt des violences sur la personne de sou épouse; que, par con­tre, le défendeur a formellement reconnu, au com·s de sou interrogatoire par la gendarmerie d'Yvoir du 13 février 1956, avoir pour maîtresse une femme lVIarthe F ... , épouse D ... ;

Attendu que eet aveu est corroboré par des lettres échangées entre D... et .Marthe F ... , lettres qui ne laissent aucun doute sur les relations entre les intéres­sés;

Attendu que le cléfendeur ne conteste pas la réalité des faits d'inconduite qui lui sont reprochés, mais qu'il prétend voir rejeter des débats tant lesdits écrits que l'information de la gendarmerie; que, selon lui, la demanderes:se se serait ap­proprié les lettres vantées par le moyen d'un fait délictueux ou, à tout le moim;, illicite et que l'information serait elle­même entachée d'un vice, et partant nullé, puisque fondée ou appuyée sur ces écrits;

Attendu que, sans doute, le juge ne peut avoir égard à une lettre, lorsque sa détention résulte d'un fait délictueux, car un fait défendu par la loi ne peut servir de base à un droit (Rép. prat. d·r. belge, yo Divaree et sépuration de co·rps, n° 337);

Qu'il échet, dès lors, d'examiner si le fait pour l'épouse cl'avoir trouvé par ha­sard chez elle les lettres incriminées -comme elle le reconnaît et comme le dé­fendeur ne le conteste pas -, de se les être appropriées et de les avoir remises à la gendarmerie à l'appui de sa plainte constitue le cel frauduleux visé à l'ar­ticle 508, alinéa 2, du Code pénal;

Attendu que ce délit suppose le dol spé­cial, I' intention frauduleuse; que, par in­tention frauduleuse, il faut entendre, sui­vant les travaux préparatoires, l'inten­tion de s'enrichir aux dépens d'autrui (cf. NYPELS et SERVAlS, Code pénal, sous art. 508) ; que, !)ar arrêt du 30 novembre 1939 (PAsrc., 1939, I, 444), la cour de cas­sation a dé:f:ini l'intention frauduleuse de l'article 508 : «la recherche d'un enri­chissement ou d'un pro:f:it, sans distinc­tion entre les profits cl' ordre politique -cas de l'espèce - et ceux d'une autre na­ture )) ; que la doctrine admet que l'in­tention frauduleuse visée en eet artiele

est l'intention de se procm·er ou de pro­cm·er à un tiers un béné:f:ice quelconque, matériel ou moral, aux dépens d'autrni (CONSTANT, éd. 1949, ll0 1219);

Attendu que, sous quelque angle que l'on envisage l'intention frauduleuse de l'ar­ticle 508 du Code pénal, elle ne se ren­contre aucunement en l'espèce; qu'en s'appropriant les lettres incriminées et en les remettant à la gendarmerie à l'appui de sa plainte, la demanderesse n' a pas eu l'intention de recueillir un enrichisse­ment ou un profit quelconque aux dépeus de son conjoint, mais uniquement celle de voir sanctionner par l'autorité légi­time l'atteinte portée par son mari à la foi conjugale et consacrer un droit que la loi lui reconnaît en ce cas, à savoir la séparation de corps et les conséquences qui en découlent, telle que l' allocation éventuelle d'une pension alimentaire;

Que, partant, l'acte de la demanderesse n'est pas délictueux ui même illicite;

Attendu que, si même il fallait trouver une certaine incorrection dans l'usage que la demanderesse a fait des écrits trouvés - q·nod non, -, encore, comme l'a fait observer la cour de Gand, en une espèce quelque peu similaire, « cette in­correction devrait-elle céder devant la gra vité du désordre mor al révélé et ne Deut faire échapper celui-ei aux sanctions légales )) (Gand, 15 janvier 1930, PAsrc., 1930, II, 65);

Attendu qu'il snit de ce qui précède que l'information de la gendarmerie n'est pas vicieuse, mais parfaitement régu­lière;

Attendu que la demande est 'fondée; Par ces motifs, vu les articles 1er, 6,

30, 34, 35, 37, 40, 41 de la loi du 15 juin 1935 sur l'emploi des langnes en matière judiciaire, statuant contradictoirement, ouï :M. Deloge, substitut du procureur du roi, en sou a vis conforme, rejetant comme non fondées toutes autres conclusions, pronorree la séparation de corps entre parties, aux torts et griefs du défen­deur; ...

Du 5 décembre 1956. - Tribunal civil de Dinant. - Prés. M. Thirionnet, juge faisant fonctions de président. - M·in. p·ubl. NI. Deloge, substitut du procureur du roi. - Pl. NIM. Coulonvaux et Gof­fart.

TRIBUN AUX 95

'J'RIBUNAL OIVIL DE LIÈGE

(OHAAIBHE DU OONSEIL)

25 juillet 1956

PHOCJ~DURE PÉNALE. ARRÊ'r DE (( PLUS AMPLE INFORMÉ )) RENDU PAR LA OHAMBRE DES MISES EN AOOUSA'riON. ÜHAMBHE DU OONSEIL INOOMPÉTENTE PO UR S'rATUER APRÈS QUE LES NOUVEAUX DEVOIHS PRESOlUTS ONT ÉTÉ ACOOMPLIS PAR LE MA­GISTHAT INSTRUOTEUl{,

Lorsqne, sm· opposUion faite pa1· la par­tie civile à ·une ordonnance de non-lieu, lit chambre des mises en acc·usation n rencln un arrêt de « pltts antple infor­mé )), ht chambre d·n conseU est incom­pétente ponr ·régler ln pmcéd1t1·e aprè8 l'exécution, pnr Ze magistrat instruc­teiiJ\ iles clevoid'8 prescrUs.

(BARE'l'TE, 0. GASNASANSOHI.)

OIWONNANOE.

... Attenclu que, par ordonnance du 26 novembre 1955, la chambre du consen du tribunal de première instanee de Liège a décidé qu'n n'y avait pas lieu de suivre à charge du préYenu Gasnasan­schi, clu chef des préventions reprises au réquisitoire de :M:. le procureur du roi de Liège en date du 7 octobre 1955;

Attendu que la partie civile Barette tit opposition à cette ordonnance en date clu :!G novembre 1955;

Attenclu que la chambre des mises en accusation de la cour cl'appel de Liège, par arrêt du 26 décembre 1955, décida que l'instruction à charge de Gasnasanschi était incomplète, et prescri vit au juge u'instruction saisi une série de devoirs;

Attendu que, ces devoirs ayant été exé­cutés, M. le juge d'instruction transmit Ie dossier à M. le procureur du roi de Liège qui saisit à nouveau, par son réqui­sitoire du 23 juin 1956, la chambre du conseil;

Attendu que la chambre du consen doit se déclarer incompétente;

Attendu, en effet, qu'n y a lieu à appli­cation du principe général contenu à l'ar­ticle 235 du Code d'instruction crimi­nene; que l' arrêt de la chambre des mi­ses en accusation susvanté du 26 décem­bre 1955 est un arrêt préparatoire appelé cc de plus ample informé )) ; que la cham­bre des mises en accusation n'a pas sta-

tué de façon définitive et n'a pas vidé sa compétence; qu'elle reste saisie, en vertu de l'opposition formée par la par­tie civile Barette en date du 26 novembre 1955, et que l'instance à laquelle cette opposition a donné naissance est tonjours en cours (voir Rép. pmt. dr. belge, v 0 Procédtwe pénnle, nos 463 à 465; BRAAS, Précis de p1·océd·U1'e pénale, t. Ier, nos 501 et suivants; J. OoNS'l'ANT, Les mises en accu.sation, nos 126, 131, 137, 138, 148 et 149);

Par ces motifs, la chambre du consen se déclare incompétente.

Du 25 juillet 1956. - Tribunal civil de Liège. - Oh. du conseil. - Siég. M. Fié­vet, juge unique. - JJiin. p1tbl. 1\II. Fran­cotte, premier substitut du procureur du roi. - Pl . .M:M. Ausselet (du barreau de Charleroi) et Sherrington.

OONSEIL DE PRUD'HOMMES

D'APPEL DE LIÈGE

9 février 1957

ÛONTRAT DE TRA VAIL. - DURÉE INDÉ­TERMINÉE. - l\1ISE EN OHÜ111AUE SIX ;JOURS PAR SE111:AINE SANS EN PRÉOISER LA DURÉE ET REMISE D'UN OERTIFIOA'l' DESTINÉ A L'ÜFFIOE NA'l'IONAL DU PLAOEMEN'l' ET DU CHÛMAGE. RUP'l'URE DF CON'rRA'r DE TRAVAIL,

Il v n, non snspension, nwis ntpt·1we rht cont·mt de trnvail, lorsq1te le mnît·re fnit con·rwître ä l' Ol/V1''ier·, engngé ponr nne durée indéte,nrdnée, q1t'il cesse im­méiliatement de le faire travwille·r pen­ilwnt six jottrs par semwine, c'est-à-dire complètement, lui 1·emet un eertijiaat <lestiné ä l'Oj]ice naUonnl iln placement et lln chómnge, sur 7equel U lléclar·e q1te le manq·ue de tr(//VCtil entrafne un chó­mnge cle six jou·rs par· semwine, et s'ab­stient de préC'ise·r combien de temtJs rlllJ'ent ln mise en chómnge.

(LOISEAU, C. STRUOKMEYEI{.)

SEN'l'ENOE.

LE OONSEIL; - Attendu que Jean Loiseau a fait citer Guillaume Struck­meyer à cmuparaître devant le conseil de vrud'hommes de Liège pour s'entendre condamner à lui payer la somme de 3.024 francs à titre d'indemnité compen-

96 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

satoire de préavis, les intérêts légaux et les dépens;

Que, par jugement prononcé le 16 no­vembre 1956, · le conseil de prud'hommes de Liège a débouté Loiseau des fins cle son action; que Loiseau interjette appel de ce jugement; que l 'ap])el est régulier en la forme;

Attendu qu'il résulte des explications concül'dantes des parties : 1 o que Loiseau a été engagé par Struckmeyer en qualité d'ouvrier mécanicien le 10 septembre 1955 pour une durée indéterminée; 2° que le 7 août 1956, Struckmeyer a fait connaî­tre à Loiseau qu'il cessait immédiatement de le faire travailler pour manque de travail; 3° qu'il lui a remis un certificat sur modèle ofiiciel destiné à l'Office natio­nal cl u placement et cl u chómage; 4° que, sur ce document, Struckmeyer a précisé que le manque de travail entraînait un chómage de six jours par semaine; que, par contre, il n'a précisé ni clans ce do­cument, ni cl'aucune autre manière, com­bien de temps clurerait cette mise en chél­mage;

Attenclu que le litige porte sur le point de savoir si, par cette mise en chómage survenue clans les circonstances ci-clessus clécrites, Struckmeyer a rompu le contrat de travail, ainsi que Loiseau le prétencl, ou .a simplement suspendu momentané­ment l'exécution du contrat de travail, comme Struckmeyer le soutient;

Attenclu qu'aux termes de l'article 11 de la loi clu 10 mars 1900, le chef cl'en­treprise a l'obligation de faire travailler l'ouvrier clans les conclitions, au temps et au lieu convenus;

Attendu qu'en faisant connaître à l'ou­vrier que, désormais, il s'abstenait (six jours par semaine, c'est-à-clire complète­ment) de le faire travailler, sans préciser que cette al>Stention n'était que momen­tanée et combien de temps elle durerait, le chef d'entreprise a mis fin à l'exécu­tion du contrat et a manifesté sa volonté de le rompre en invitant l'ouvrier à s'adresser à l'administration du chómage pour une période incléterminée;

Attendu que Struckmeyer fait valoir que, dans son esprit, il s'agissait d'une simple suspension momentanée de l'exé­cution du contrat, mais que, ce qui est pertinent en vue de la solution du litige, ce n'est pas ce qui s'est passé dans son esprit, sans aucune extériorisation adé­quate, mais bien ce qu'il a notifié à Loi­seau;

Attendu qu'il fait valoir que l'arti-

cle 28qt~ater, ajouté à la loi du 10 mars 1900 par la loi clu 4 mars 1954, décide que le manque de travan total ou partiel per­met, moyennant notification aux ouvriers au moins sept jours à l'avance, la sus­pension totale de l'exécution clu contrat pendant quatre semaines au maximum;

Attendu que la portée de cette nou­velle disposition légale est de dispenser, .en dehors d'un événement de force ma­jeure clûment qualifié, le chef d'entre­prise de son obligation de faire travail­ler l'ouvrier;

Que cette dispense est subordonnée aux deux conditions : 1° que le chef d'entre­prise notitie à l'ouvrier qu'il y a suspen­sion de l'exécution clu contrat pendant la clurée ou, tout au moins, la durée ma­ximum qu'il indique et qui ne peut être supérieure ä quatl·e semaines; 2° que cette notification ait eu lieu au moins sept jours avant de produire ses effets;

Attendu que Struckmeyer, n'ayant rem­pli aucune de ces deux conditions, ne peut se prévaloir de la préclite disposi­tion;

Attenclu que Struckmeyer prétend néan­moins qu'il s'est conformé à l'arti­cle 28q'nate1· parce que, s'il n'a pas pré­'Cisé au moment de la mise en chómage de Loiseau que cette mise en chómage était limitée à quatre semaines au maximum, il 1' a, par lettre recomrnanclée du 24 aoüt 1956, c'est-ä-dire avant l'expiration du dé­lai de quatl·e semaines, invité ä repren­dre immédiatement le travail;

Attenclu que cette dernière invitation est sans aucun effet; qu'elle n'empêche !Pas qu' au moment de la mise en chömage, Struckmeyer n'a pas précisé qu'il s'agis­sait cl'une simple suspension momenta­née, limitée à quatre semaines au maxi­mum;

Que le soutènement de Struckmeyer au­rait pour conséquence d'obliger l'ouvrier d'attenclre quatre semaines avant de se rendre compte si la mise en chómage cor­respondait à une rupture du contrat ou constituait la simple suspension momen­tanée de son exécution, ce que le légis­lateur n'a certainement pas voulu;

Attenclu que Struckmeyer ne prouve ni n'offre de prouver qu'il a donné un préa­vis quelconque;

Attendu que la rupture du contrat, consommée le 7 août 1956, n'a été justi­fiée par aucun motif grave et que les in­demnités réclamées ne font, quant à leur montant, l'objet d'aucune contestation;

TRLBUNAUX

Par ces motifs, constatant qu'applica­tion a été faite des articles 1er, 24, 34, 36 et 41 de la loi du 15 juin 1935 sur l'emploi des langnes en matière judi­ciaire, réformant le jugement dont appel, condamne Struckmeyer à payer à Loi­seau la somme de 3.024 francs, les inté­rêts légaux et les dépens des deux in­stances.

Du 9 février 1957. - Oonseil de prud'­hommes <l'appel de Liège. - Ohambre pour ouvriers. - Prés. M. P. Horion. Pl. MM. John Oollard et E. Fabry.

TRIBUNAL OIVIL DE LIÈGE

8 nove1nhre 1956

DROIT DE VISITE. - FONDEMENT.

GRANDS-PARENTS.

Les grands-parents ont le droit, fondé swr la nat~tre et s~w la loi, de con;naU·re et de recevo·ir le·urs peUts-enfants eneare m·ine1ws; en ons de conflit, iZ appar­tient aw» trib1t1U~1MJJ d'organiswr l'exe1·­cice de oe droit, q·wi ne pettt être vi·n­ctûé q·ue pottr des mot·ifs graves et en tenant compte de l'inté1·êt de l'enfant lwi-même (1).

(JACQUET, C. RENSON.)

JUGE.MEN1'.

LE TRIBUNAL;- ... Attendu que l'ac­tion a pour objet de permettre à la <le­manderesse de voir et recevoir chez elle son petit-:fils, An<lré, né en mai 1949;

Attendu que l'époux de la défenderesse, qui est la :fille de la demanderesse, est décédé accidentenement en 1952; que <le cette union était né un enfant, André, dont la défenderesse a la garde; que cette dernière s'est remariée, comme elle en avait le droit; qu'un enfant est issu du secoud lit; que depuis le décès du père de l'enfant André, une animosité très vive existe entre la défenderesse et la demanderesse, . celle-ci se voyant refuser obstinément le droit de recevoir chez elle son petit-:fils André;

Attendu que, suivant la doctrine et la

(1) Cass., 25 septembre 1930 (PASIC., 1930, I, 310); cass. fr., 6 juillet 1931 (Sirey, 1931, 1, 391).

PASIO., 1957. - llle PARTIE.

jurisprudence constante, les grands-pa­reuts ont Ie droit, fondé sur la nature et sur la loi, de connaître et recevoir leurs petits-enfants encore mineurs (Rép. prat. cl'r. belge yo Ptt·issance patm·nelle, nos 86 et suiv.); qu'en cas de confiit, il appar­tient aux tribunaux d'organiser l'exer­cice de ce droit, qui ne peut être vinculé que pour des motifs graves et. en tenant compte de l'intérêt de l'enfant lui-même;

Attendu qu'en l'espèce il apparaît dès l'abord que l'enfant, qui a déjà eu Ie mal­heur de perdre son père, a besoin plus qu'un autre encore de l'affection de sa grand-mère, personne agée et honorable­ment connue, contre laquelle la défende­resse ne formule du reste aucun grief précis;

Qu'elle ne s'oppose d'ailleurs pas au droit de visite de la demanderesse, auto­risant celle-ci à venir voir l'enfant chez elle, autant de fois et quand elle le veut;

Attendu que cette offre ne saurait être déclarée satisfactoire;

Qu'il est humain et légitime que la grand-mère tienne à recevoir chez elle son petit-:fils et ne puisse se contenter de le voir exclusivement chez la défende­resse, alors que celle-ci est manifestement pleine d' animosité à son égar<l;

Que cette situation, déjà très regretta­ble en soi, rend évidemment impossible toute manifestation d'affection, toute ef­fusion et tout abandon sincères et spon­tanés entre la grand-mère et son petit­enfant;

Attendu qu'à défaut par la défende­resse de justifier de motifs graves pour faire échec aux droits de la demande­resse il appartient aux tribunm1x de fixer 'les modalités des visites de 1' enfant à ses grands-pareuts;

Attendu que la défenderesse objecte, sans toutefois le prouver ni en offrir la preuve, que la présente action serait mue exclusivement par le ressentiment de la demancleresse à son égard, une même ac­tion étant introduite au même moment par les gran<ls-parents paternels;

Attendu que cette pluralité d'actions, loin de démontrer une intention purement méchante clans Ie chef de la demande­resse, laisse tout aussi bien supposer que c'est systématiquement que la cléfencle­resse entend limiter à sa seule conve­nanee les sentimeuts d' affection qui, nor­malement, animent les grands-pareuts à 1' égard de leurs petits-enfants;

Que cette circonstance devra cepenclant

7

~)8 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

être prise en eonsidération en l'espèce, afin d'éviter c1es alms et de compromettre l'intérêt de l'enfant réclamé judiciaire­ment par plusieurs versounes;

Attendu que la demanc1eresse limite ses 1n·étentions à la venue chez elle de son vetit-fils chaque jeudi après-midi, sans rien demander l)our le temps des vacan­ces;

Attendu que, pour concilier l'intérêt de l'enfant avec l'exercice de la puissance paternelle et aussi le droit de ses grancls­parents paternels et de sa grand-mère maternelle, il y a lieu de régler le drojt de visite de la demanderesse comme il est tlit au clispositif;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, écartant conune non fondées tou­tes conclusions contraires, dit la demande reeevabie et fondée; en conséquence, au­torise la tlemamleresse à recevoir sou petit-fils Amll·é les cleuxième et qua­trième jeudis de chaque mois, de 14 à 18 hem·es, à dater du prononcé clu juge­ment, à charge par elle de le prench·e ou de le faire prendre et conduire ou re­conduire au domicile de sa mère; con­damne la défenc1eresse aux dépens.

Du 8 novembre 1956. - 'l'ribunal civil de Liège. - 26 eh. - P'l'és. M. Guissart, juge faisant fonctions de président. fJl. :i\i:M. r_rrinon et De Laever.

THIBUNAL CORRECTIONNEL DE lVIONS

18 décembre 1956

1° ART DE GUÉRIR. - DROHUIS'rE. V~~NTE DE 1\IÉDICA.NIENTS. - lNFRACTION. PRODUITS U'riLISÉS A DES lJ'INS :MÉDICALES MAlS ÉGALEJ\-lENT ET CONCURREMMENT A DES FINS INDUS'l'lUELLES, MÉNAGÈRES OU DOMES­'l'IQUES. - LÉGALI'l'É.

2° OO:Ml\1ERCE-CO.MMERÇANT.- DRo­<mrsTE. - Lor DU 1cr .NIARS 1948. - DÉ­TENTION ET YENTE EN DÉ'l'AIL DE SUBS'l'ANCES QUI, BIEN QU'U'l'ILISÉES EN MÉDECINE, SONT ÉGALEJ\-IENT DÉBITÉES EN VGE D'UN USAGE IN­DGSTRIEL OU MÉNAGER BIEN ÉTABLI. - ÀB-SENCE DE RÉGLE~rEN'l'ATION, LÉGALI'l'É.

1 o Lc" ·vente des prod·wits et s·nbstanoes ä ·nsage tm·iqttement tnécUoal est exolu­siveme·nt.Téservée wu.x phannaoiens, par applioaUon des artioles 17 et 18 de la loi dtt 12 mM·s 1818,· les d1·ogttistes peu-

·vent ·ven(lre des pr·ocluits et s·ubstanoes ·ntiUsés ä cles fins mécl·ioales, mais égale­m.ent et ooncwrremment à cles fins in­rlnstJ'ielles, 1nénagè1·es ott clomestiqttes.

2° Ln clétention et la -vente a-u äétail cle ces pro(l·wits et s·nbstances ne so·nt pas réglementées, l'arrêté t·oyal prévtt par la loi a·n 1er maTs 1948 n'ayant pas été pu.bUé wn Moniteur.

(MINIS'l'ÈRE PUBLIC, 0. DEPRINS.)

JUGEMEN'l'.

LE TRIBUNAL; -En ce qui concerne la prévention ;1 :

Attendu que la Yente des produits et substances à usage uniquement médical est exclusivement réservée au phnrma­ciens par application des articles 17 et 18 de la loi dn 12 mars 1818;

Que le prévenu conteste formellement que les produits indiqués par M. !'inspec­teur des pharmacies verbalisant comme l)résentant le caractère uniquement médi­cal le possèdent en réalité;

Qu'il prétend en effet que ces prounits sont utilisés non seülement à des fins mé­dicales, mais également et concurremment it des fins industrielles, ménagères ou do­mestiques;

Qu'il échet dès lors, avant de statuer sur le bien-fondé de cette prévention, de recourir à une mesure d'exl)ertise telle qu'elle sera précisée au dispositif ei­après;

En ce qui concerne la prévention B

Attendu que le régime légal auquel se trouve présentement soumis le commer­çant clroguiste est actuellement fixé par les dispositions de la loi cl u 1 er mars 1948;

Attendu que l'article 2 de la prédite loi dispose que le Roi est autorisé à régle­menter la détention et la vente au détail des substances qui, bien qu'utilisées en médecine, sont également débitées en vue d'un usage industrie! on ménager bien établi, que de même le Roi pomTa, var arrêté royal, dresser une liste desclits pro­duits;

Attendu qu'iLi·essort des travaux pré­paratoires que l'utilité essentielle de l'ar­rêté royal à intervenir consiste à per­mettl·e cl' éta blir une nette et défini ti ve clistinction entre les prodnits po1.want être vendus librement par le commerçant <lroguiste et les prodnits faisant l'objet llu monopole de vente des pharmaciens;

TRIBUNAUX 99

Attendu que, non plus actneHement qu'à la date de constatation <les infractions reprises à charge du prévenu, l'arrêté royal établissant cette distinction discri­minatoire n'est intervenu;

Qu'en 1' absence <l'un texte légal ou ré­glementaire limitant 1' acti vité profession­nelle du commerçant droguiste ou lui in­tërclisant formellement la vente de eer­tains produits à usage mixte, il se déduit que celui-ei est, comme par le passé, habi­lité à ven<lre, ü l'exdusion des produits ü usage exclusivement médical, tous ceux qui, suscevtibles d'un usage médical, sont également et en même temps utilisables à des fins inclustrielles, ménagères ou au­tres;

Que la prévention B n'est donc pas éta­blie à charge du prévenu;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment, acquitte le prévenu du chef de la vrévention É et, avant <.Ie statuer vlus a nmt sur le fondement <.Ie la préven­tion A, désigne en qualité d'expert :M. Menneson, clocteur en sciences chimi­ques, à Jumet, a vee la mission de, ser­ment prêté, s'entourant de tous rensei­gnement utilès et notamment des éléments du dossier, prendre connaissance de la liste des produits repris à la pièce II du dossier et du procès-verbal d'audience du 27 novembre 1956 et de dire produit par produit si certains d'entre eux sont à usage exclusivement mé<lical, ou s'ils sont, en même temps que d'usage médical, vropres à être employés industrieHement ou encore à des fins domestiques ou mé­nagères; dit que l'expert dressera de ses opérations et constatations un rapport motivé et circonstancié à déposer au greffe correctionnel du tribunal de pre­mière instanee de :M:ons, pour être en­suite plaidé et statué comme il appar­tiendra; et vu l'éloignement, commet le tribunal de première instanee de Charle­roi pour recevoir la prestation de ser­ment de l'expert; réserve les dépens de 1' action publique.

Du 18 décembre 1956. - Tribunal cor­rectionnel de lVlons. - 36 eh. - Prés. lVI. Legat, juge faisant fonctions de prési­dent. - Min. p·nbl. lVl. Preud'homme, sub­stitut du procureur du roi. Pl. lVIlVI. Reumout et Ouvelier (celui-ci du barreau d'appel de Bruxelles.

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

9 juin 1956

1° FILIATION NATURELLE. - ENFAN'l' NATUREL RECONNU PAH LES PÈRE ET MÈRE, 'l'OUS DEUX É'rRANGERS E'r DE NATIONALI'rÉS DIFFÉREN'rES. - DROIT DE GARDE. - LOI NATIONALE DE L'ENFANT. - APPLICA'riON.

2° NATIONALITÉ. DROI'l' DE GAHDE. ENFAN'l' AYAN'l' U1\E DOUBLE NA'l'IONALI'rÉ. LOI APPLICABLE. - DIS'l'INCTIONS.

1 o Le Zitige relntlf wu d·roit de gn1·de, élé­ment de la, puissance paternelle, doit être 1·ésoltt en prennnt en considérntlon la, loi nntlonale de l'enfant, oe droit étnnt a,cco1·dé nvnnt tout dnns Z'·inté·rêt de celtti-oi.

2° En ons de donble nntionalité de Z'en­fwnt, dont l'11ne est oelle (les ma,gistm.ts swisis d'ttn litige relntif aill clroit de ,qwrde, c'est ln loi n,etf'iona,le cle ces der­niers qu,i, s'a,pplique; si le liUge se pro­dttit de,vnnt les tribnnamx cl'une tie1·ce pnissamce, U faut 1·eoherche1· quelle nn­tionaJité Fintéressé parnU, wntérienre­ment n11, prooès, nvoir culoptée co1nme stenne, et, s'U n'n pas nut.ni,festé de pré­fé·renoe, .il oonvient cl'nppliquer oelle des lo·ts ctttribnf'tves cle nntlonnlUé dont Te principe clireotenr se ·rnpproohe le plus de la loi natlonnle fles 1nctgistrats sa,i­sis cl'lt liUge.

(WUROEL, 0. GALAOE.)

JUGEMENT.

LE TRIBUNAL; - Attendu que l'ac­tion tend à faire dire que la garde de l'enfant naturel Henri Alain, né à Ixelles le 29 septembre 1947, sera confiée à la de­manderesse et que l'enfant portera le nom vVurcel, on à tout le moins Wurcei­Galace;

I. Les faits :

Attendu que, lors de la naissance de l'enfant, sa mère, la demanderesse, était l'épouse légitime de Kopel I.1ipszyc, res­sortissant polonais;

Que, par jugement du tribunal de ce siège en date du 8 septembre 1949, il fut déclaré que Kopel Lipszyc était décédé entrele 1er janvier 1945 et le 1er juin1945; que ce jugement fut transcrit à l'état civil de la commune de Watermael-Boitsfort le 20 septembre 1949;

100 JURlSPRUDENCE DE BELGIQUE

Qne par ade reçu par l'officier de l'état d ,.il cle la comm1me d' Ixelles le 28 août 1952, le üéfenc1eur, de na tionalité rou­mnine, reeonnut l'enfnnt, a yec l' accord et même sur les insistanl'es de la deman­deresse;

Que var jugement du tribunal de ce siège en c1ate du 2 seDtemllre 1953 il fut onlonné que l' acte de uaissance de l'en­fuut sera rectifié en ce sens que le texte cc :tils de Kopel Lipszyc et de Taulla Huchla Wurcel )) sera remplacé par cc :tils de Tauba Ruchla vVurcel, veuve de Kopel Lipszyc, décédé en Allemagne ou en Po­logne l'an 19±5 entre le 1er janvier et le 1 er juin l);

Que par acte reçu par l'officier d'état civil de la commune d'Ixelles le 4 juillet 1955, celle-ci reeonnut ä son tour l' enfant ·

Que le 3 décemllre 1954, la demande~ resse fut d'accord pour que la garde de l' enfunt fût con:tiée au défencleur; que par ordonnance clu 21 septembre 1955, M. le vrési<lent clu trillunal de ce siège siégeant en référés Llécicla que la deman­deresse exercera un droit de Yisite à l'égard cle l'enfant un 1veek-end lle congé sm· trois;

Qu' au co1u·s de la comparution person­nelle, la demanderesse déclara ne pas con­sentir à ce que l'enfant soit de nationalité roumaine;

Que la demanderesse épousa le sieur Tygier, sujet belge, et acquit la nationa­lité beige par mariage; qu'ilne s'agit pas de versounes déplacées, les parties étant en Belgique clès a yant 19±0;

II. En droit :

Attendu que le litige relatif au droit de garde, élément cle la puissance paternelle doit être résolu en prenant en consicléra~ tion la loi nationale de l'enfant ce droit étant accordé aYant tout dans l'intérêt de celui-ei; qu'il importe dès lors de reeher­eher quelle est la nationalité de l'enfant;

Attendu que si le conflit s'élève entre denx nationalités dont l'une est celle des magistrats snisis clu litige, c'est celle-ci <Ini s'appliquera; que les lois sur la na­tionalité, étant cl'ordre pulllic et de droit 1mblic, s'imposent à tous ceux qui se trouvent sur le terl'itoire (S'l'ANDAERT Ln nntion(Û'Ïté belge, n° 39 et référe~ces · PüULLET, D1'0'Ït inten~ntlona,Z tJ'I''Î'Vé, no 94) ~

Que s'il se produit sur le territoire et devant les tribunaux d'une tieree puis­sance, il arnmrtiendra au magistrat saisi clu litige de reehereher quelle nationalité l'intéressé rmraît, antérieurement au pro-

cès, avoir adoptée comme sienne, et, s'il n' a pas manifesté de préférence, il appli­quera celle des lois attributi ves de natio­nalité dont le principe directeur se rap­prachera le plus de la loi ]Jelge (PouLLE'l' Droit inte,rnation(ÛtJrivé, nos 96 et 97); '

Première question : L'enfant est-il llel­ge?

Attendu qu'au regard de la loi belge sur la nationalité (lois coordonnées du 14 décembre 1932), la nationalité s'ac­quiert en principe var le sang;

Que, toutefois, l'enfant illégitime né en Belgique est Belge nu titre d'enfant né de vareuts légalement inconnus; que sui vant les principes de nos lois, le désaveu cl'un enfant var sou vère a pour seul e:ffet de faire U.isparaître les liens légaux qui unis­sent eet enfant tt celui qui le désavoue, et les liens qui établissent la filiation mater­uene sullsistent (STANDAERT, Ln nntiona­lité belge, nos 30 et ü3; DE PAGE, t. Ier, ll 0 110±);

Que l'enfnnt né plus de trois cents jours après la dissalution du mariage de ses pa­r?nts (Code civ., art. 315) et qui, ulté­neurement, fait l'objet d'une reconnais­sanc~ de :tiliation paternelle, ne cesse pas, depms sa naissance, d'avoir une :tiliation maternelle légalement établie, et ni, par conséquent, d'avoir la nationalité de sa mère; que la reconnaissance faite par le père, laquelle rend inapplicable l'arti­cle 315 du Oocle civil (DE PAGE, t. rer, 11° 10ü9), n'a pas en pour effet de faire changer la nationalité de l'enfant, cette reconnaissance étant postérieure à la con­statntion légale de la filiation maternelle (art. 2 des lois coordonnées sur la natio­nalité du 14 décembre 1932 · PouLLET D'/'oU internlttiolutl tJ'f'ÎVé, no' 48; STAN~ DAER'r, Ln natlonnllté belge, n° 57); qu'en l'espèce la filiation maternelle résulte de l' acte de naissance et elle fut en outre constatée juclicinirement par le jugement du 2 septembre 1953;

_Que l'enfant n'est clone pas belge, étant ne de pareuts qui n'avaient pas la natio­nali té belge;

Que la circonstance que sa mère s'est remariée a vee un ressortissant belge ne lui a pas fait acquérir la nationalité belge, puisque ce n'est pas volontairement que sa mère l' a acquise (STANDAERT, n° 9:1:);

Seconde question QueUe est la natio­nalité de l'enfant ?

Attendu que, né de mère polonaise et étant en tout cas réputé enfant légale-

TRIBUN AUX 101

ment reconnu par sa mère au vam de la loi polonaise - qui prévoit que la mère, si elle est connne, est censée reconnaître sou l'enfant -, il est de nationalité polo­naise, selon la loi dudit pays;

Qne la reconnaissance faite par le dé­fencleur est valable tant au regard de la législation polonaise que de la législation ronmaine, vu que la demancleresse l'auto­risa et même insista pour qu'elle eût lieu; que l'enfant ne peut toutefois avoir ac­qnis la nationalité romnaine par suite de sa reconnaissance par le cléfendeur, la loi roumaine ne faisant prodnire eet effet clans les cas tels que celui de l'espèce, lorsque la mère naturelle n'est pas d'ac­cord snr l'acquisition par l'enfant de la nationalité roumaine.

Quant à la garde de l'enfant : Attendu que la législation polonaise ap­

plicable en l'espèce impose au juge, dans les cas de l'espèce, de s'inspirer · avant tout de l'intérêt de l'enfant; que c'est d' ailleurs également Ie critère imposé par la loi belge (DE PAGE, t. Ier, ll0 1184);

Attendu qu'il résulte des éléments de la cause que l'intérêt de l'enfant, un garçon àgé de neuf ans, exige que la garde en soit confiée à sou père; qu'il est en effet établi qne la demanderesse lui a volontai­rement confié l'enfant en décembre 1954 et qu'il l'a depnis lors pris en charge et l'a placé comme pensionnaire dans un éta­blissement d'enseignement belge;

Qn'il s'ensnit qne l'action n'est pas justifiée quant à son objet lJrincipal, et (lUe la demande reconYentionnelle tendant à faire dire qne la garde sera exercée par le demandeur sur reconvention est fon­dée;

Attendu qn'il échet de fixer le droit de visite de la clemanderesse ainsi qu'il sera précisé au dispositif ei-après;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment tant sur l'action principale que sur la demancle reconventionnelle, rejetant toutes autres conclusions comme non fon­dées, et donnant acte aux parties de leur évalnation de l'action, vu les articles 4, 37 et 41 de la loi du 15 juin 1935, ouï en son avis conforme M. Tollebeeck, sub­stitut du procureur du roi :

Sur l'action principale : la dit non fon­dée en tant qn'elle a pour objet de faire confier la garde de l'enfant à la demande­resse et de faire dire que l'enfant portera le uom 'Wnrcel on tont au moins Wurcel-

Galace; l'en déboute; dit que le droit de visite de la demanderesse sera réglé com­me snit : l'enfant passera nn congé sur deux chez sa mère ainsi que la moitié des Yacances de Nouvel-An, de Pàques et des grandes va eauces;

Sur la demande reconventionnelle : la reçoit et la dit fondée; en conséquence, dit pour droit que la garde de l'enfant Henri .Alain, né à Ixelles le 29 septembre 1947, sera confiée au demandeur sur re­convention et qne l'enfant portera le nom Galace;

Oondanme la demanderesse au princi­pal, défenderesse sur reconvention à tous les dépens; déclare le présent jugement exécutoire par provision nonobstant tous recours et sans caution, mais seulement et tant qu'il statue snr la garde de l'en­fant et sur le droit de Yisite.

Du 9 jnin 1956. - Trilnmal civil de Bruxelles. - ge eh. - Siég. l\1. Acheroy, juge unique. - Min. tJil7Jl. M. Tollebeeck, substitut du procureur dn roi. - Pl. Ml\1. Steghers et Katzenelenbogen.

TIUBUNAL OIYIL DE BRUXELLES

7 juillet 1956

MARIAGE. -- .JUGE)fEN'l' ORDONNAN'l' DE SUH­

SEOIR AU :MARIAGE. - MARlAGE CON'l'RACTÉ

EN FRkFDE A L'ÉTRANGER NONOllS'l'AN'l' CE ,JU­

GEIHENT. - ÜLANDES'l'INITÉ. - NULLITÉ.

Doit être äéclaré nul le maria.rfe attcint cl'·un ·vice ae clanäestinité et contnwté en tramde cle ln loi 7Jelge. à l'étntnger, en clépit cle l'e.nistrnce cl'nn :inocment coulé en force de chose :i1t[Jée O']'(lon­nant clc SII'J'Seoir ain ma.ria.ge.

(ÉPOUX FORTE11Ü'S,

C. DE FAYS ET FOR'l'E~IPS.)

JUGEMEN'l'.

LE TRIBUNAI_.~; - Attendu que l'ac­tion tend à faire déclarer nul de nullité absolue et à tout le moins prononeer l'an­nulation dn mariage des cléfendeurs célé­bré le 30 décembre 1955 clevant l'officier de l' état ei vil de la commune de Pad~ dington (Angleterre);

Attendn qne par assignation du 8 no­vembre 1955 les clemandenrs out exercé leur reemus contre la sommation respec-

102 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

tueuse qui leur avait été notifiée à la requête cle leur fille, la défenderesse, par le ministère de JVIe P. Hourdeau, notaire à Wavre; que le tribunal de première in­stance de Nivelles décida le 1er décembre 1955 par jugernent contradictoire, coulé en force de chose jugée, que le recours était fondé et ordonna de surseoir à la célébration du mariage;

Attendu que nonobstant cette décision les défendeurs se rendirent en Grande­Bretagne pour procéder au mariage, le­quel fut célébré le 30 décernbre 1955, soit moins d'un 1.nois après le jugement, de­vant !'officier de l'état civil de Pad­ding-ton;

Attendu qu'il est établi que ce mariage fut célébré en Grande-Bretagne en fraude à la loi belge et contrairement au juge­ment précité rendu par le tribunal de Ni­venes; que les défendeurs ont, dans le seul but d'échapper aux conséquences du recours déclaré fondé, fait célébrer leur mariage dans des conditions de publicité illusoires; qu'il s'ensnit que ce rnariage est atteint du vice de clandestinité, em­pêchement dirimant dont la violation en­traîne la nullité absolue du mariage (DE PAGE, t. Ier, n° 695; Annctles cle cl?'o'it et rle scie·nccs poUUques, t. XV, no 3 de 1955, IL 208 et 299); que les diverses con­sidérations émises en conclusions par les défendeurs manquent dès lors de perti­nence;

Par ces rnotifs, ... , déclare nul de nul­lité absolue le mariage des époux Henri de Fays, et Marie-Rose Fortemps, au­quel il a été procédé le 30 décembre 1955 devant l'officier de l'état civil de la com­mune de Paddington (Angleterre); or­donne que le clispositif du présent juge­ment sera transcrit sur les registres con­rauts de l'état civil de la commune d'Ixel­les et (lUe mention en sera faite en marge de la transcription de 1' acte de mariage; fait défense à tout dépositaire des regis­tres de délivrer désorrnais extrait, expédi­tion ou copie de ladite transcription de l'acte de mariage, sans qu'il soit tenu compte de l'annulation intervenue et ce à peine de dommages-intérêts; condamne les défendeurs aux déDens.

Du 7 juillet 1956. - Tribunal civil de Bruxelles. - 98 eh. - Siég. l\f. Acheroy, juge unique. - Min. p~~bl. l\f. Tollebeeck, substitut du l)rocurenr du roi. - Pl. l\fl\f. Leclercque et Legardien (tons deux dn barreau de Nivelles).

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

26 octohre 1956

ADOPTION. ADOPTAN'l' DE NA'l'IONALI'l'É BRI1'ANNIQUE. - ADOP'l'É DE NATIONALITÉ BELGE. - CoNFLIT DE Lors. - SoLUTION.

ÜRI1'ÈRES.

Lo'l'sq·ne l'acloptnnt et l'culopté sant de ncLtiona.lUés Mffé-rentes, U -irnpo·rte, clwns la 1'eohe1·ohe cle let loi applioable c't la ocuuse, 1Ze s'en Téférer a~~ oritère cle Vintérêt préponclèrnnt q·ne le législnte·wr CL vonlH p·rotéger; ce oritè-re ne àoU pns êt'i'e nppUq·ué cl'u.ne rnnniiwe nbsolu.e ä ?'ensemble cles cUspositions légnles q·ni régissent l'culopUon, mnis cloU l'être à. ohcwune äe ses flisposUions 111·ises en pnrtio·nUer; n·insi o' est ln la-i nntio·na.le fle l'ncloptwnt q·ui cloit être pr·ise en oon­siflération q·zwnt à, l'erûstence cl'enfa;nts lértithnes o·n nnt'llrels.

(RIOHES.)

,JUflE.llrEN'l'.

LE TRIBUNAL; - Vu la requête ci­annexée, l'acte d'adoDtion produit en forme régulière et les pièces justificati­ves;

Entendu la partie adoptante, mère de l'adopté, le père de l'adopté en chambre du conseille 5 octobre 1956 et le ministère public en chambre du consen le 12 octobre 1956;

Le père de 1' aclopté ayant été dûment convoqué;

Attendu que l'adopté est de nationalité belge;

Attendu que !'adoptant est de nationa­U té bri tanni q u e ;

Attendu que dans la recherche de la loi applicable il s'agit de s'en référer au cri­tère de l'intérêt prépondérant que le lé­gislateur belge a voulu protéger;

Que toutefois, s'il apparaît qu'il a éga­lement pris en considération l'intérêt des diverses. parties en présence, il convient d'apl)liquer la règle du cumul;

Attendu, toutefois, que le critère de l'utilité sociale, de l'intérêt prépondérant, ne doit pas être appliqué d'une manière absolue à l'ensemble des dispositions lé­gales qui régissent l'adoption rnais doit l'être à chacune de ses cUspositions prises en vartienlier (Charleroi, 30 avril 1954, J. T., 1954; p. 629; J. 0ANIVET, « Du critère de l'intérêt social )), J. T., 1956, p. 101,

TRIBUNAUX 103

plus spécialement nos 16, 17 et 18 et réfé­rences citées);

A.ttendu que !'adoptant a un enfant lé­gitime;

Attendu qu'alors que la loi belge exige de !'adoptant l'absence d'enfants ou des­cendants, cette condition ne :figure pas dans la législation 1Jritannique; ·

Attendu que, 1Jien que, prise clans son ensemble, l'institntion de l'adoption ait été créée clans l'intérêt de l'adopté, cette exigence spéciale de la loi beige a pour but de protéger surtout !'adoptant et sa familie (AuvRAY, L'adopt-ion et la t·utelle ojjic'ieuse, n° 8);

Attendu que, de même qu'il est admis, en matière de tutelle, que les ca11Ses d'ex­cuse et de dispense dotvent être celles de la loi nationale clu tuteur et non celles de la loi du mineur, de même il importe de décicler que c'est la loi nationale de !'adoptant - et non celle de l'adopté -qui doit être prise en considération quant à l'existence d'enfants légitimes on natn­rels·

A.ttendu qu'il échet donc d'appliquer la loi britannique;

Attendu que, si la loi anglaü;e renvoie à la loi dn domicile, il sied d'observer qne !'adoptant, bien que réshlant depnis assez longtemps en Belgiqne, n'y a pas son domicile au sens de la loi anglaise et de la loi llelge;

Qu'il est en effet sergent de carrière dans l'armée britanni(]ne et ne se trouve en Helgiuue qne varce qu'il y a été en­vo:n' en mis:-;ion par ses chefs hiérarchi­(JU~s; quïl avrmraît qu'il a conseryé son princival étnl>lissement en Grande-Bre­tagne;

Attemln qu'il résnlte de l'ensemble des considératiom; émises d-dessus que la cir­constanee l]ne !'adoptant était, avant l' udo11tion, père d'un enfant légitime ne eonstitue vus llll obstacle légal à l'homo­logation de l'adoption.

Par cPs motifs, YU les articles 4 et 9 de la loi du 15 .inin 1935, dit que l'adop­tion faite var :

Charles, Edwin Riches, sergent à l'ar­mée britnnnique, né dans le sous-district de Saint-Olave (Comté de Londres, A.ngle­terre) le 4 avril 1911, de nationalité an­glaise, résidant actuellement à Saint­.Tosse-ü-m-Noode, rne Bonneels, 5, divorcé en premières noces de ,Jon es l\1yfanwy et époux de secondes noces de Georgette, Eu­geme Caluwaerts, de Georges, Charles, Paul Solau, né i\ Saint-Josse-ten-Noode

le 11 avril 1949, de nationalité belge, étant l'enfant légitime des eonjoints actuelle­ment l1ivorcés Pierre Solan et Georgette, Eugénie Caluwnerts, suinmt ac-te dressé par le notaire :i\1. V nn den Bergen, <Ie ré­sidence ü Etterbeek, en date du 21 mai 1955, est homologuée; dit l]lW l'ndovté portera dorénavant le nom de Riches.

Du 26 odobre Hl56. - Trilnmal civil de Bruxelles. ge eh. - 8ié{!. 1\'I. A.cheroy, juge uniqne. - 1liin. publ. .i\1. Tollebeeek, snbstitut tln vrocureur (ln roi.

THIBUNAL CIVIL DE CHARLEROI

7 février 1956

1° BORNAGE. AC'l'ION l~N BORNAGE E'l' E~ DÉMOLI'l'ION D'CN ~IlTH. - ,JUGI<; DJ<~ PAJX. -

COl\fPÉ'l'ENCE.

2° PROPRIÉTÉ. - CoNS'l'TIUC'l'IONS ÉHI­GÉES SUR LE 'l'ERHAJN D'UN 'riEHS. BONNE; I!'OI. - DEMANDE DE SUPPRESS!ON. - RE­JE'!'.

3° ABUS DU DROIT. - USAGE DU DHOI'l' EN VUE D'UNE SA'l'ISFAO'l'lON ÉGOÏS'l'E SANS SE SOUOIER DU 'l'OH/1' ÉNORME OktTSÉ A AU­'l'ItUI.

1 o Le :iur;e de [Wim est compétent pon·r sta.tucr sw· l'acUon en bonwue et sur ln clcmwn(le de snpprcssion des con­structions é1·i,r;écs sur ln pa:rcelle entpié­téè. (Solution implieite).

2° En cas cle constructfans faJtes stw un fonds J)(tr un ticrs, le propriétaire dn fonds nc peut demanäer la suppression desdites const·ructions IJIWnd lc tie·rs est cle bonne foi. (Code ei vil, art. 555).

3° Gelui qni refuse toutc proposition ra:i­sonnable d'a,rrwnuement et cllerche clans l'·IUJCL[Je cl'un droit que ln loi lui confère ume sntisfaction éuoïste on ·intéressée, sans se sot!Cier du tart énonne qu'il ca11se à. nntrni, (].éfou·r'l'w Ze clroit qu'il prétencl exercer lle sn jinalité sociale et nbuse de son clroit (1).

(AH'l'S, C. SOOIÉ'l'É ANONYME LES FOHGF~S DE BELLE-VrE.)

,JUGEMEN'l'.

JjJJJ TIUDUNAL; A.ttendu que l'ex-

(1) Oomp. Gand, 20 novembre 1950, Rev. crit. de jnrispr. belue, 1953, p. 270 et note DE BERSAQUES.

'104 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

ploit introductif d'instance, introduit à la requête de l'actuel appelant par minis­tère de l'huissier Debraekeleer, de Jumet, le 23 juin 1951, tendait à cc entendre dire et ordonner qu'il sera procédé par M. le juge de paix avec l'assistance d'un géo­mètre qu'il désignera à eet effet, à la délimitation et au bornage de la propriété de mon requérant et de celle de la citée ... Entendre donner acte à mon requérant de ce qu'il se réserve de demander la démo­lition de tous ouvrages qui auraient été construits par la citée sur la propriété de mon requérant )) ;

.Attendu qu'il résulte du rapport établi le 23 novembre 1952 par M. Browaeys, expert commis par Ie premier juge, et de la lettre adressée Ie 26 décembre 1952 par le même expert au conseil de l'appelant, que le mur construit entre les propriétés des Darties empiète sur la propriété de l'appelant et élévation suivant un trian­gle de 10 cm de base et en fonclations de 14 cm de largeur sur toute la longueur du mur;

Qu'à l'audience du 13 décembre 1956, les PS~-rties ont, 1mr l'organe de lem·s con­sens, été c1'accord pour reconnaître que l'empiétement existe : n) en surface, sur une longueur de 22 m 19 et sur une lar­geur de 5 cm, soit sur une snperficie de 1 m 2 11; 7J) en fondation, sur une lon­gueur de 23 m 50 et une largeur de 14 cm, soit ponr nne surface de 3 m 2 29;

.Attendu qne l'expert fixe cependant la limite à l'endroit ou Ie mur a été con­struit ponr la raison que l'appelant au­rait sensiblement la conterrance à laquelle i1 a droit;

.Attendu que Ie droit de propriété dn sol emporte la propriété du dessus et du des­sous (Code civ., art. 552);

.Attendu que Ie premier juge, entérinant les conclusions du rapport d'expertise, a fixé la limite à l'endroit ou Ie mur a été construit pour la raison que cc le mur érigé par la demanderesse n'est pas un simple mur de clóture mais un mur de soutènement très important; qu'étant donné les conditions dans lesquelles il a été construit ainsi que l'époqne ou Ie tra­van a été exécuté, il n'est pas possible d'en ordonner la démolition, d'autant plus que l'empiétement est en fandation )) ;

.Attendu que l'appelant fait valoir à bon droit que c'est à tort que l'expert chargé de cc procéder à la délimitation et au bornage )) de la propriété des parties s'est fonc1é sur les contenances, alors que

Ie titre d'achat du bien de l'appelant (acte de Me Lambert, notaire à Jumet, du 5 avril 1929) et l'acte d'achat de l'au­teur de celui-ei (acte du même notaire du 5 mars 1928) disposent, suivant l'nsage d'ailleurs des actes notariés, que Ie bien est transmis C( sans garantie de conte­nanee ));

Que c'est à bon droit que l'appelant fait encore valoir à eet égard que la manière de procéder de l'expert pourrait se con­cevoir s'il ne se bornait pas à examiner la contenance dn bien du demandenr origi­naire, mais examinait aussi celle dn bien du défencleur originaire et si la comparai­son de ces contenances faisait apparaître un surcroît de contenance au profit du de­mandenr par rapport au cléfendeur lui­même:

.Attendu que c'est tonjours à bon clroit que l'appelant fait valoir en termes de conclnsions que cc la coneinsion clu sys­tème mis en avant par l'ex11ert et admis par le premier juge, amènerait à cette conséqnence que, du moment ou le con­cluant aurait approximativement la con­tenance prévue dans ses actes, l'intimée serait en droit d'opérer impunément tons les empiétements qu'elle voudrait )) ;

Sur la demande de démolWon : .Attendu qu'en conclusions, l'intimée

soutient cc qu'au moment de son édifica­tion (du mnr litigienx en 1946), le deman­cleur originaire occnpait les lieux litigieux et ne fit jamais la moindre observation ));

Que cette circonstance de fait n'est pas déniée par l'appelant;

.Attendu qne l'on peut considérer comme acquis qu'au moment de la construction du mur et jnsqn'à la naissance clu pré­sent litige, l'intimée était de parfaite bonne foi, ignorant qu'il pût y avoir em­piétement snr Ie terrain de l'appelant;

.Attendu que eet élément, tont moral qn'il soit, n'est pas étranger à la salution qu'il convient de donner en clroit au pré­sent litige;

Qu'en effet, l'article 555 clu Code civil prévoit expressément qu'en cas de con­structions faites par un tiers, le proprié­taire du fonds ne pourra demander la suppression deselites constrnctions quanel le ti ers est de bonne foi;

.Attendu, en outre, qu'en l'espèce, i1 y a disproportion flagrante entre l'intérêt de principe que peut avoir l'appelant à ren­trer en possession de ces 3 m 2 29 de terres formant en fait n"ne longue bandelette lon­geant Ie mur, et Ie dommage considérable

TRIBUNAUX 105

que subirait l'intimée en démolissant ce mnr important de sou usine;

Que 1' apDelant, en refusant toute pro­position raisonnable cl' arrangement et en cherchant dans l'usage d'nn droit que la loi lui confère nne sntisfaction égoïste ou intéressée sans se soucier du tort énorme qu'il cause à l'intimée, détonrne le clroit (lU'il prétend exercer de sa finalité so­ciale et abuse de sou clroit (cass. franç., 28 juillet 1925, PASIC., 1926, II, 11; Na­mur, 24 décembre 1905, Re'v. r;én. ass. et resp., 1937, 2-±48);

Attendu qu'il y a clone lien de clire pour droit que l'intimée n'aura pas à clémolir Ie mur, mais clevra pa~rer à l'appelant une juste indemnité ponr réparer le dommage né de l'empiétement cle sa propriété;

Attenclu qu'il convient de reehereher dès lors emument peut être équitablement réparé le préjudice éiWOUYé par l'nppe­lant;

Attendu qu'il y échet de relever à eet égarcl qu'à l'audience du 15 novembre 1956, l'intimé a, par l'organe de son con­seil, offert de payer une somme de 10.000 franes à titre d'inclemnité, l'appe­lant réclamant par l'organe de son conseil la somme de 25.000 francs;

Attenclu que, tenant compte des elivers éléments relevés ei -clessns concernnut l'importance de l'empiétement réalisé et des circonstances clans lesqueUes celui-ei s'est procluit, il y a lieu de fixer à la somme de 15.000 francs le montant de l'in­demnité à payer par l'intimée à l'aplX~­lant;

Par ces motifs, statnant contradictoire­ment et en degré cl'appel, vu les arti­cles 1er, 30, 34 à 37, 40 et 41 de la loi clu 15 juin 1935 snr l'emploi des langnes en matière judiciaire, usage de la langue française ayant été fait, rejetant comme non fondées toutes conclusions autres plus amples on contraires, reçoit l' appel { le dit fondé clans la mesure ei-après; con­tinne le jugement clont appel en ce qu'il a fixé la limite des biens des parties; dit ponr droit qu'il n'y a pas lieu cl'ordon­uer la démolition du mur litigieux; con­damne l'intimée au paiement à l'appe­lant cl'une somme de 15.000 francs à titre d'indemnisation pour l'empiétement sur la propriété de l'avpelant du mur de l'in­timée, en surface de 1 m 2 11 et en fon­tlation de 3 1112 29; conclamne l'intiméè aux frais et clépens des deux instances.

Du 7 février 1956. - Tribunal civil de Charleroi. 12e eh. Prés. l\1. Van

Drooghenbroeck, juge faisant fonctions de vrésülent. Pl. l\1::\f. 'l'assin et Dan­clois.

THIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

3 novembre 1956

1 o MARIA GE. NULLl'f~. - ÜAUSI~S. SIMULATION. - 1\iAR.IAGE 1 CONTRACTÉ Ul'\1-QUEMENT EN YCE DE RENDRE LÉGI'l'IME UN EN­FAN'l' QUI VA NAÎ'l'RE DES HELATIONS DES PAH-'l'IES. ABSENCE DE SHIULA'l'ION.

2° MARIAGE. NFLLl'fÉ. OAUSES. 0LANDES'l'Il\'l'l'Î<:. - MARlAGE CÉLÉBHÉ EN BELGlQLE DANS LE R.ESPECT DES FORMES LÎ<:­(ir\LES ET EN PRÉSENCE D'kMIS CO:l\:G\iUNS. ABSE"i'CE DE CLANDES'l'INITÉ.

1° Ln simulnUon est 11ne cnuse de nnlUté rl·n mcwiaue, p uisqn' elle clénote le clé­tnut de consentement s1rr l'obiet cl1r mn­J'ia,r;e; la lér;itimation cl'·1rn ~nfant qui '/Ja, nuître aes relntions des époux con­stitue un cle.<f efjets spéciji.ques cln mariar;e et ln recherclz e cle eet effet ea:cl1tt ln simulation.

2° Un maringe célébré pnr äes Belr;es en Belgique clwns le 'respect cles tormes lé­unles ct en présen.ce (7' amis co·mm·uns lles époum, n'est pas afjecté d·n 'Vi.ce de clanclestinité.

(s ... , c. D .... )

JUUEMEN'l'.

I1E TRIBUNAL; Attenclu qu'anx ter-mes de l'assignation, l'action tencl h faire vrononcer la nullité on l'inexistence clu prétendu mariage contracté entre parties deyant l'officier de l'état civil de Fagnol­le (province de Namur) Ie 31 mars 1955;

Qne Ie clemancleur y expose qne Ie 18 février 1955 il fut amené sous la con­trainte, en raison de circonstances exté­rieures, devant la menace de subir un in­.inste et grave préjudice tant moral qne vrofessionnel, à signer une << convention cl'honnenr ll anx termes de laquelle il con­tracternit avec la cléfenderesse, aussitot que possible, un mariage de réparation simulé civil et sans rmblicité, sans obii­gation de Yie commune, qui serait dissous par di vorce à sa première clemande, soit lWl' consentement mutuel, soit pour les ca nses cléterminées qu 'il présenterait; qu'aux termes de cette convention d'hon­neur les parties avaient convenu, volon­tairement et préalablement à la célébra-

106 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

tion de leur mariage, de déroger à tous les droits et devoirs respectifs des époux établis par les articles 212 et sut·mnts du Code civil; qu'il était prévu que le pré­tendu mariage serait purement civil et contracté, si possible, à l'étranger, qu'au­cun faire-part ne serait envoyé avant la cérémonie et que les families n'y assiste­raient pas et qu'aucune publicité ne se­rait donnée à ce prétendu mariage;

Qu'il ajoute que son consentement au mariage a été ainsi supprimé ou, à tout le moins, vicié })ar le dol et contrainte rno­rale résultant de rnanceuvres frauduleu­ses ~t de chantage;

Qu'il ajoute que les parties n'ont pas eu l'intention de contraeter un mariage ni de se considérer, tant entre elles qu'à l'égard des tiers, comme des époux, qu'elles n'ont à aucun rnoment eu la possession d'état d'époux et que, notarnment, depnis le jour rnêrne de la célébration clu mariage il n'y ent jamais, et, ce, :onventionnelle­ment et intentionnellernent, aucune coha­bitation ni relations rnatrimoniales quel­conques entre parties et que la déclara­tion apparente que celles-ei firent devant !'officier de l'état civil ne correspondait pas à leur volonté réelle; qu'il conclut qu'il a contracté contre son gré un ma­riage simulé, en exécution de ses engage­ments d'honneur, et que, les époux ayant voulu eneher leur prétendu rnariage pour éluder certaines règles de fond, nonob­stant le respect platonique des forrnes de publicité, le mariage est affecté du vice de clandestinité et dès lors entaché de nullité absolue;

Qu'en conclusions il développe les di­vers rnoyens exposés dans l'ajournernent et, en ordre subsidiaire, articule une sé­rie de 51 faits qu'il offre d'établir par toutes voies de droit, térnoins cornpris.

Attendu que le demandeur introduit clone une action en déclaration de sirnula­tion du rnariage et en nullité de celui-ei; qu'il fonde la nullité sur le dol, sur la contrainte rnorale et sur la clandestinité;

I. Quant à la sirnulation : Attendu que la doctrine et la jurispru­

dence dans leur ensernble n'admirent pas, jusqu'à ces deruiers temps, la possibilité de faire déclarer fictif un mariage; qu'el­les s'appuyaient surtout sur le fait que le rnariage n'est pas seulernent un con­trat, rnais aussi une institution cl'orclre public (trib. Bayonne, 9 avril 1936, cas identique à celui de l'espèce, Sirey, 1936, Ue partie, p. 124; PLANlOL et RIPERl',

ObUgcäions, t. rer, no 334; PLANIOL, com­plété par RIPERT et BouLANGER, éd. 1950, t. Jer, n° 755; DEM:OGUE, t. rer, n° 164), et sur le fait que le législateur a entendu préciser limitativement les causes d'une action aux conséquences sociales graves, telle que l'action en nullité de mariage (AUBRY et RAD, t. VII, n° 458; JosSERAND, t. rer, n° 787; avis du premier avocat gé­néral Terlinden précéclant ca ss., 21 mars 1910, PASIC., 1910, I, 155; Bruxelles, 17 mars 1920, PASIO., 1920, II, 78);

Qne, toutefois, la doctrine belge récen­te, à savoir MM. les professeurs Dabin et De Page (DABIN, note sous trib. Bruxelles, 7 avril 1945, Rev. c1·it. de j·wrisp. belge, p. 31; DE PAGE, t. Jer, n° 659bis), estime que le mariage est avant tout un contrat et que la sinmlation s'analyse pour le moins par une absence de consen tement; que, de même, la jurispruclence beige ré­cente déclare reeevabie l'action en simula­tion d'un mariage (trib. Bruxelles, 7 avril 1945, Rev. c·rit. àe .iurisp. belge, 1947, p. 31; J. T ... 1946, p. 403 et note HENRI PocQUE'r en sens contraire; Rev. prat. not., 1946, p. 401 et note MAYNÉ en sens contraire; Gand [réformant Oourtrai], 25 avril 1956, J. T., 1956, p. 497);

Attendu que la simulation se caracté­rise essentieHement par l'utilisation des formes clu mariage, en guise de simple expéclient pour la réalisation cl'une fin tout à fait étrangère au mariage;

Attendu qu'il résulte clairement, tant de la correspondance qui a précéclé immé­diatement et suivi (lettre du demandeur clu 17 mai 1955) la convention elite d'hon­neur, que de la convention elle-même, que le mariage constitue une réparation tendant à faire en sorte que l'enfant con­çu des rapports entre parties naisse légi­time et que la défenderesse ait la qualité non de mère naturelle mais légitime;

Qu'il échet d'observer qu'il n'est nulie­ment précisé clans la convention que Ie mariage est simulé ou fictif;

Attenclu que la légitimation d'un enfant naturel constitue un des effets spécifiques clu mariage; que c'est si vrai que le ma­riage ·in ext·remiiS qui ne conserve plus cl'utilité que pour légitimer des enfants déjà nés ou pour donner le titl'e d'épouse à une concubine ou à une fiancée est auto­risé par la loi;

Qu'en effet Ie légüllateur tient compte de la multiplicité des effets juridiques du mariage et il lui pantît suffisant que l'un de ces effets - telle la légitimation

TRIBUNAUX 107

d'un enfant- puisse -dans des cas tels que Ie mariage in extrernis -être obtenu pour motiver la célébration d'un mariage (PLANIOL, complété par RIPERT et BOULAN­GER, éd. 1950, t. Jer, n° 8 753 et 754);

Attendu qu'il s'ensnit qu'il y eut en l'espèce utilisation des formes du ma­riage pour la réalisation, non d'une fin tout à fait étrangère au mariage, mais au contraire d'une des fins du mariage;

Attendu, au surplus, que la convention dite d'honneur ne prévoit pas la possibi­lité pour les parties de demander la nul­lité du mariage pour cause de simulation mais celle d'y mettre fin par Ie divorce;

Attendu qu'il snit de !'ensemble des considérations qui précèdent qu'à suppo­ser même que 1' action intentée sur base de la simulation soit recevable, encore est-il qu'elle manque de fondement parce que les parties ont voulu célébrer un véri­table mariage afin d'en faire réaliser au moins un des effets sr>écifiques;

Attendu, enfin, qu'il importe de consi­dérer conune nulle la convention d'hon­neur signée par les parties, Ie 18 février 1955, cette convention étant contraire à l'ordre public; que toutefois, si tout effet juridique doit lui être dénié, son contenu 11eut permettre au tribunal de connaître l'intention des Darties en contractant ma­riage;

Attendu que cette convention révèle que 1e demandeur allait épouser la défende­resse en vue de donner à celie-ei Ie statut d'épouse et de mère légitime et à l'enfant à naître celui d'enfant légitime, mais qu'il n'acceptait pas - sans toutefois les reje­ter nettement - les autres effets du ma­riage; qu'à eet égard il n'est pas sans in­térêt d'observer que si ladite convention précise qu'aucune partie ne pourra exiger la vie commune, elle ne stipule pas que jamais une vie commune ne pourr·a être envisagée ni même exister effectivement, et que si elle prévoit que la défenderesse devra consentir, à la première demande de son époux, à m1 divorce par consente­ment mutuel, la convention n'impose pas le divorce aux deux parties, et l'on peut admettre comme plausible l'hypothèse de !'abandon par le demandeur du clroit de réclamer le divorce;

Attendu que s'il est vrai que la défen­cleresse signa cette convention qui paraît lui avoir été imposée par 'Ie deinancleur alors que celui-ei avait l'obligation mo­rale de l'épouser, il est clair que son in­tention était, ainsi que le promrent claire-

ment ses lettres de mai 1955 et de septem­bre 1955 et la lettre que lui écrivit l'oncle du demancleur Ie 19 février 1955, de con­traeter avec Ie demandeur un mariage dont tous les effets normaux seraient re­cherches; et que même plusieurs mois après la célébration du mariage elle ne désespérait pas de voir sou mari revenir à une conception normale de ses clevoirs, de père et d'é11oux à partir du jour de la naissance de l'enfant;

Attendu qu'il s'ensnit que, en tout état de cause, Ie mariage ne serait simulé que dans Ie chef d'une seule des parties, ce qui est insuflisant pour Ie faire déclarer nul;

II. Quant à la clandestinité : Attendu que tontes les conditions pre­

scrites par la loi sur la publicité du ma­riage out, de l'aveu même du clemandenr, été remplies; qu'il ne prétend pas que les 11ortes de la salle de la maison communale de Fagnolle étaient fermées lors de la célébration du mnriage ni qu'il n'y avait pas deux témoins; qu'il n'allègue pas cla­vantage que les publications n'ont pas été fnites conformement à la loi, ce qui d'ailleurs ne constitnerait qn'un empêche­ment prohibitif;

Attendu, il est vrai, que le clemandeur soutient qne les tribunnux tienneut moins compte de ln violation d'une forme déter­minée que de l'ensemble des faits et cir­constances dont il résulte que les époux ont voulu cueher leur mariage pour élu­der eertuines conclitions de fond, et qu'i1s out plus égard à l'intention réelle des éDoux qu'au respect platonique des for­mes de publicité;

Attendu qu'il s'agit en l'espèce d'un ma­riage qui a été entom·é de toutes les for­mes de publicité legale mais auquel les parties n'ont donné qu'une publieité assez restreinte, le demandeur parce qu'il dé­sirait qu'il en soit ainsi, la défenderesse parce qu'elle avait dû s'y eng·ager pour obtenir du demandeur qu'il régularisàt la situation en contractant mariage;

Attenclu qu'à eet égard il n'est pas sans intérêt d'observer : 1° que le mariage fut célébré clans une commune belge, en vré­sence t1e deux témoins, dont l'un était un mui commun des parties, et de l'épouse de celui-ei; 2° que la convention elite d'hon­neur stipule que les parties se réservent le droit de porter le mariage à la connnis­sance non seulement des membres de leurs fa milles mais aussi de leurs relations; B0 que la défenderesse a fait COllllaître à

108 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

plnsieurs persounes son mariage avec le demandeur; 4° que ce dernier adressa l)ar la DOste à la défenderesse le 17 mai 1955 une lettre dont !'enveloppe portait la suscription « Madame OL Sohier )) ; - Attendu que le moyen tiré de la clan­

destinité n'est donc pas fondé.

III. Quant au dol : Attendu que Ie dol ne constitue pas une

canse de nullité de mariage.

IV. Quant à la contrainte morale : Attendu qne Donr ponvoh· donner ouver­

ture à nullité, la violence morale doit réu­nir les quatre conditions suivantes (DE PAGE) t. Ier, n° ÖÜ); elle doit : 1° avoir été cléterminante cl u consen tement; 2° être de nature à faire impression sur une per­sonne raisonnable, ceci en ayant égard à l'àge, au sexe et à la condition des per­sounes; 3° faire naître la crainte d'un mal considérable; 4° être injuste, c'est-à­dire non motivée par l'exercice normal d'nn clroit, et non fonclée snr Ie simple fait de rapports de subordination morale ou économique normaux;

Attendu qu'en conclusions, Ie cleman­deur fait valoir qu'n fut contraint de contraeter mariage avec la défencleresse : 1 o par 1' éta t de grossesse de celie-ei et 2° par Ie chantage clont elle fit nsage pour se faire épouser;

Qu'n précise que la conception de l'en­fant fut Ie résultat cl'nne manamvre vo­lontaire de la défencleresse, laquelle en­tenclait se servir de sou état de gros­sesse pour Ie contraindre à l'épouser mal­gré sou opposition et son refus, et qu'ain­si n fut soumis à un chantage et menacé de snbir un grave et injuste préjudice mo­ral, physique, familial et professionnel, s •n ne consentait pas immédia tement à l'épouser;

Qu'à eet égard, n offre de prouver di­vers faits articulés sous les nos 3, 4 et 5 cl u dispositif de ses conclusions;

Attenclu que les faits Ba et 3c ne con­stituent pas la preuve du fait que la con­ception de l'enfant fut Ie résultat d'une ruse volontaire de la défenderesse; que Ie fait 3b n'est pas susceptible d'être prouvé par témoins; qu' aucune autre preuve n'est apportée;

Que l'on peut difficnement concevoir que Ie demandeur, clocteur en droit, esprit a ver ti, accepte, sans ~n mesurer les con­séquences, les relations sexnelles avec la demanderesse, avec laquelle, après avoir vécu pendant près de deux ans comme des

amants, n··avait, prétencl-n, rom1m cléfini­tivement tous liens; qn'il est surprenant que Ie demandeur, qui en mai et juin 1956 écrivit des lettres très clm·es pour la dé­fenderesse et nettement cléplacées, se soit abstenu de raPIIeler ces faits dans la let­tre du 4 mai 1956 adressée à la défencle­resse, ainsi crue dans l'ajournement; qu'en tout cas Ie fait de tromper Ie clemanclenr sur son état physiologique n'est pas un élément de la contrainte morale alléguée et d'ailleurs constituerait une manamvre clolosive, ce qui n'est pas une cause de nullité clu mariage;

Attenclu, · quant aux faits articulés en YUe d'établir que la cléfencleresse enten­cluit se servir de sou état de grossesse pour contrainclre Ie demancleur à l'épou­ser, qu'n importe d'observer qne ces faits ne constituent pas une réaction anormale d'nne femme enceinte des oouvres de l'homme qui refuse de régulariser la s:i­tuation par Ie mariage, et ne constituent cl' ailleurs en aucune manière des faits de contrainte morale réponclant aux quatre conclitions citées plus haut;

Attendu, enfin, qu'nn'y a pas lieu cl'acl­mettre à preuye les faits articulés sous Ie n° 5 et qui tenclent à prouver que Ie demandeur fut soumis entre Ie 10 et Ie 17 février 1955 à un chantage et menacé de subir un grave et injuste préjudice s'n ne consentuit pas à épouser immédia­tement la défenderesse;

Attenclu que ces faits peuyent se résu­mer comme snit : la défenderesse, vu Ie refus persistnut du demandeur malgré la clémarche effectuée par son avocat, se ren­cUt chez le consen cl u demandeur, lui pro­duisit leur correspondance sentimentale en antidatant les lettres ponr les besoins de ses manoouvres et ne cacha pas sa vo­lonté de faire de l' « accident )) un scan­clale public si Ie clemandeur persistuit dans sou refus; qu'en même temps elle instigua des amis communs afin d'enjoin­dre au demancleur de se marier pour évi­ter Ie scanclale; que Ie consen cl u cleman­deur convoqna à son cabinet la mère et l' oncle cl u clemanclenr, leur déclarant qu 'en cas de Dersistance de son refus, la cléfencleresse ferait en sorte que Ie sennelale l'empêche de devenir no­taire, qu'elle Ie discréditerait publi­quement ainsi que sa familie et leur fit part de · ses craintes cl'actes de violence et même de mort sm· la personne du demandeur et de certains de ses pro­ches; q•1e l'oncle dn demandeur, Ie no-

'I'RIBUNAUX 109

tnire ,V... H ... , vivement impressionné par la gravité des menaces de la <léfende­resse, enjoignit à celui-ei de l'épouser, quitte même à ne pas Yivre avec elle s'il ne le pountit supporter, afin d'éviter un scandale de nature il ruiner <léfinitive­ment et certainement sa carrière;

Attendu que les seuls faits qui émanent de la défemleresse sont les déclarations faites par elle au conseil du demandeur et la production d'une corresponclance an­tillatée, ainsi que le fait d'avoir instigué des amis communs en vue d'enjoindre au deman<leur de se marier pour éviter le scandale;

Attendu que ces faits ne réunissent pas les caractères, cités plus haut, de la vio­lence morale susceptible d'être une cause de nullité;

Attendu qu'en réalité ce qui détermina le demandeur à contraeter mariage, ce sont la contrainte sociale et le souci de légitimer sou enfant et d'alléger Ia charge que cette naissance allait faire pe­ser sur la défenderesse;

Qu'il existe en effet dans la société ac­tuelle une tradition suivant laquelle, sauf <les circonstances exceptionnelles, qui, ainsi qu'il sera expliqué plus loin, ne sont pas celles de l'espèce, l'homme est tenu d'épouser la jeune fille qu'il a ren­due enceinte, et que l'opinion publigue condamne celui qui se soustrait à cette obligation; qu'il en est d'autant plus ainsi lorsque, comme en l'espèce, les parties ap­partiennent à des familles honorables et ont reçu une instruction supérieure; que le deman<Ieur reconnaît lui-même en con­clusions l'existence de cette tradition;

Que s'il a été mü par la crainte du scanclale public et de la réprobation que son refus de contraeter mariage aurait entraîné, on ne peut y voir une contrainte morale exercée par la défenderesse; que l' on conçoit que celle-ci, mère naturelle, eüt fait connaître à tous ceux que le lui demandaient, sa situation et le nom de cel ui qui 1' a a bandonnée;

Attenclu qu'en l'espèce la correspon­dance versée aux débats révèle que déjà ü l'université il existait entre parties des relations de bonne camaraderie; que ces relations, CJUi cessèrent à la fin du mois de juillet 1951, lorsqu'elles obtinrent le c1iplûme de docteur en droit, reprirent en mai 1952 et qu'en décembre 1952 elles de­vinrent amant et maîtresse; que plusieurs lettres émanant du demandeur - notam­ment celles du 5 janvier 1953, du 22 fé-

vrier 1953, du 27 février 1953, dn (i mars 1953, contienneut la promesse <le fonder un foyer clans un avenir rapproché;

Que cette grande intimité persistera en­tre parties jusqu'en juillet 1954, les amants décidant de commun accord ue ne pas se voir pendant les vacances de 1954, c'est-à-dire jusqu'au 15 septembre 195±, date it laquelle, la défenderesse étant ma­lade, Je demamleur lui adressa des roses accompagnées d'un mot signifiant claire­ment qu'il a háte de la revoir;

Qu'en 195±, la défenderesse ayant à !'oc­casion de la fête de N oël porté des uisques au demancleur, celui-ei la remercia en lui écrivant notamment : cc Oomment l'amour, fait <le sentimeuts généreux, ne pent-il m'empêcher d'être cruel envers toi, si bonne... rnais quelle joie pourrais-je te clonner à toi, .la meilleure de nous deux )) ;

Attendu qu'il ressort en outre de cette correspondance que les parties ont connu un amour réel partagé, avoué, qui fut no­toire et qui uevait normalement, dans leur milieu social, aboutir au mariage, lequel a été envisagé, discuté et espéré;

Attenuu que les parties reconnaissent d'autre part <JUe la <léfenderesse vint de temps en temps retrouver le demandeur en cacllette entre septembre 1954 et jan­vier on février 1955 et qu'ils eurent à ces occasions u es relations intimes; qu' on conçoit clifficilement que le demandeur eüt reçu ses visites et eüt accepté u'avoir des relations sexnelles avec la défenderesse, YU Ie danger que cela présentait pour lui si vraiment il "JT a Yait eu entre eux une rupture définitiYe depnis juillet 1954; que ce n'est que vers Ie mois de février 1955 que l'attitucle du demandeur se modifia; que c'est précisérnent à cette époque que la défenderesse fit connaître au deman­deur qu'elle était enceinte;

Attendu qu'il s'agit donc bien en l'es­pèce cl'un cns oü la contrainte sociale -et c'est le sens du mot cc contraint )\ em­ployé par la défemleresse clans une de ses lettres -, imvosait au demandenr d'épou­ser la cléfenderesse;

Attendu qu' avant de pren<lre cette dé­cision, le demandeur a mürement réfié­chi, a pesé le pour et le contre et a exigé de la cléfenderesse qu'elle souscrive un en­gagement d'honneur, lequel fut conseillé et rédigé par deux avocats à la cour de cassation;

Attendu qu'il est permis de se deman­der · si la signature de laclite convention d'honnenr ne fut pas arrachée par suite

1'10 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

de violence morale à la défenderesse, étant donné que celle-ci, qui désirait un rnariage dont tous les effets seraient re­cherchés par les parties, dut se résigner à signer l'engagement d'honneur qui lui était présenté, sous la pression exercée par le dernandeur qui rnenaçait, rnalgré la contrainte sociale et malgré l'obliga­tion morale qui lui imposaient d'épouser la défenderesse, de ne pas régulariser la situation par le rnariage;

Attendu qu'il résulte de !'ensemble des considérations qui précèdent que l'action principale n'est· pas fondée;

Quant à la dernande reconventionnelle: Attendu que le demandeur, docteur en

droit, n'a pu de bonne foi se méprendre sur le bien-fonclé de son action; qu'il a notamment rendu celle-ci vexatoire et té­méraire en cotant en conclusions les faits urticulés sub 3;

Par ces motifs, statuant contradictoire­ment et rejetant toutes autres conclusions cornme non fonclées, vu les articles 4, 37 et 1±1 de la loi du 15 juin 1935, ouï, en son avis conforme, M. Tollebeeck, substitut clu procureur clu roi, reçoit les actions, tant prindpale que reconventionnelle, clé­clare non fondée la demancle principale, t1éboute la partie demanderesse et la con­clamne aux clépens de son action; dit fon­clée la demancle reconventionnelle; con­damne le défencleur sur reconvention à payer à la demanderesse sur reconven­tion, la somme de 1 franc; le condamne aux dépens de cette action.

Du 3 novembre 195G. - Tribunal civil de' Bruxelles. - ge eh. - Siég. l\1. Ache­roy, juge unique. - 1J1in. pttbl. lVl. Tolle­beeck, substitut du procureur du roi. Pl. :MlVI. Baugniet, Mayné et Rolin.

TRIBUNAL OIVIL DE BRUXELLES

3 novmnhre 1956

DÉSAVEU DE PATERNITÉ. ~ S'I'ATU1' PERSONNEL. PARTIES DE NATIONALITÉ BRI-1'ANNIQUE. - Lor ANGLAISE APPLICABLE SOUS RÉSERVE DE L'ORDHE PUBLIC INTERNATIO­NAL BELGE. - ÜAUSES DE DÉSAVEU DE PATER­NITÉ EN DROI1' ANGLAIS.

Le cZésavett cZe pate1'n'Ïté se rattaohant à la, filiation, o'est la loi nationale des pa1·ties qu,i 1·égit le l'itige, sotts 1'éserve de l'ordt·e _pttblio intet·national belge.

Dn lég·islaUon br·itwnniq,ue ne oonnaît pets cle tJ'résOJnpUon juris et de jure cle jil·ict­tion légiUme, mwis tme présO'lnption cle fwit, lnqnelle peu,t êt1'e re,wversée pnt· cl'curtres présompUons.

(BASTON, C. DE WITTE ET CONSORTS.)

JUGEli:IENT.

LE TRIBUNAL; - Attendu que l'objet de la demancle a été exposé clans les mo­tifs clu préc1it jugement clu 28 avril 195G;

Attenclu que, tant aux yeux de la loi nnglaise que de la loi belge, l'enfant est de nationalité anglt'lise;

.A.ttenclu que le demandeur est égale­ment de nationalité anglaise;

Attendu, dès lors, que c'est la loi an­glaise qui doit être appliquée;

Attendu que celle-ci ne connaît aucune présomption légale j'lWis et de i'lH'e en ce qui concerne la filiation légitime;

Attendu que l'enfant, né de pareuts en­tre lesquels les liens du mariage exis­taient, soit au moment ou il fut engen­dré, soit au moment ou il naquit, est pré­sumé être leur enfant légitime, mais qu'il s'agit, en l'espèce, d'une simple présomp­tion de fait;

Attendu que cette présomption peut être détruite par cl'autres présomptions de même nature, qui permettent de penser qu'il n'y a pas eu de rapports sexuels entre le mari et la femme au moment de la conception et que, dès lors, en fait, Ie mari n'est pas le père de l'enfant;

Attendu que l'absence de rapports sexuels est établie à suffisance de droit dans les cas suivants : 1 o en cas d'impuis­sance totale et permanente du mari; 2° en cas d'impuissance accidentelle, si celle-ci coïncide a vee la période présumée de la conception; 3° en cas d'absence de la femme pendant la période présumée de la conception; 4° en cas d'absence de rela­tion longue et continue, à la suite de ma­ladie ou pour d'autres raisons; 5° dans le cas ou, au com·s d'une procédure en di­vorce, le mari et la femme ont été sépa­rés judiciairement;

Attenclu que la preuve de l'absence de rapports sexuels sera même apportée à suffisance de droit dans le cas ou l'en­fant a été conçu avant le mariage ou est né après la dissolution de celui-ci, par la simple affirmation conjointe du mari et de la femme que le mari n'est pas le père de l'enfant;

TRIBUNAUX 111

Attendu qu'en l'espèce il est établi que ' l'enfant est né, après la dissolution du mariage, 529 jours après l'introduction de l'action en divorce (26 juillet 1951) et plus de 300 jours après le procès-verbal de non-conciliation dressé en exécution de l'article 240 du Code civil le 3 octobre 1951;

Attemlu qne l'action est donc fondée tant en vertu des dispositions de la lol anglaise que de l'article 313, alinéa 2, clu Code ei vil llelge.

Attendu que les défendeurs déclarent s'en référer it j ustice;

Par ces motifs, YU les articles 4, 37 et 41 de la loi du 15 juin 1935, entendu M. Tollebeeck, substitut du procureur au roi, en son a Yis conforme, statuant con­traüictoirement, déclare reeevabie et fon­dé le désaveu de paternité formé par le demandeur Francis, Stanley Baston, en ce qui concerne l'enfant Jean Pierre Léon Baston, né à Paddington, 'sous-dis~ trict de Paddington-Ouest (Grande-Bre­tagne), le 31 décembre 1952, mentionné en marge de la transcription de la tradue­tion de son acte de naissance dressé par l'ofiicier de l'état civil de la commune d'Etterbeek comme étant le fils légitime du demandeur Francis, Stanley Baston, et de la défenderesse Stéphanie, Simone De \Vitte, son ex-épouse; en conséquence, dit que eet enfant ne pourra porter le nom du <lemandeur qui n'est pas son père et à la familie duquel il ne peut apparte­nir; orclonne que le clispositif clu présent jugement sera transcrit sur les registres com·ants de l'état civil par l'officier de l'état civil compétent, aussitot qu'il lui aura été remis ou signifié, et que men­ticm en sera faite en marge de l' acte de transcription 11° 68 de la traduetion de l'acte de naissance dont s'agit ainsi qu'aux tables; fait défense, sous peine de dommages et intérêts, de délivrer désor­mais expéclition, extrait ou copie dudit acte sans y faire mention de la rectifica­tion intervenue; condamne la défencle­resse aux dépens; dit n'y avoir lieu à exé­cntion 11rovisoire du présent jugement.

Du 3 novemllre 1956. - Tribunal civil de Bruxelles. - 96 eh. - Prés. M. Ache­roy, juge unique. - Min. pnbl. M. Tolle­beeck, substitut du procureur clu roi. -Pl. MM. Banthier et Scoriels.

TRIBUNAL CIVIL DE BRUXELLES

20 juin 1953

1° ORDRE PUBLIC. - ACTION DU MINIS­

TÈRE PUBLIO. - LOI DU 20 AVRlL 1810, AH­

TICLE 46. ·- CoNDITION.

2° MINISTÈRE PUBLIC. - RECONNAIS­

SANCE l\1ENSONGÈRE D'UN ENFAN'l' NA'l'UREL. -

MINISTÈRE PCBLIC RECEVABLE A INTEN'l'ER

UNE ACTION EN NULLITÉ SI CE'l"l'E HECONNAIS­

SANCE A POUH EFFE'!' DE PHIVER D'EFFICACI'l'É

UNE DF:CHÉANCE DE LA PUISSAN.CE PATER-

NELLE.

3° MINISTÈRE PUBLIC. :MA'l'IÈRE CI-

VILE. - .:\iJNlS'l'ÈI{E PUBLIC AGISSAN'l' COMJ.\fE

PARTIE PRINCIPALE. - REMPLI'l' LES FONC­

'l'IONS D'AVOUÉ E'l' D·'AVOCA'l'.

-fo MINISTÈRE PUBLIC. - MA'l'IÈRE CI­

VILE. MINISTÈRE PUBLIC PAH'l'IE PRIN­

CIPALE DANS UN LI'l'IGE ET PAR'l'IE JOIN'l'E

DANS UN AU'l'HE. --,..... DHOI'l' DE PRENDHE DES

RÉQUISl'l'IONS DANS LE PREMIE!~ ET DE DON­

NER UN AYIS DANS LE SECONI.J.

1° Pour qne le ·ministère pnblic pwisse in­tcnte·r nne a.ct·ion s·ur la. base cle l' arti­ele J,G, a.linéa. 2, cle la, loi clu. 20 avril 1810, U jaut que l'exercice cle cette ac­tion soU commanclé pwr cle hnutes consi­rlérations gé-nénûes o·u socüûes.

2° Le ·mi.n·istère lJ'Ublic est recev(tble à a,gir dwns le b·ut cl'enz.pêcher qne la dé­chéwnce de leL pnissnnce paternelle, me­szwe d'o'l'dre JJ'nblic twise dnns l'intérêt cle l'enj'(tnt, ·ne soit privée cl'ejficncité pa.r S1t'Îte d'·une légi.tim.ntion cle co1nplai­sance,· il est partant recevable à inten­te1' m~e act·ion en mtllité cl'1t1W 1'econ­naisswnce entnûnwnt légi.timation cle l'enjant.

3° Lo1·sq·ue, en matiè-re civ'ile, le minis­tère pnblic a.gU comme pcwf'ie princi­pa,le, il remplU ä la fois les jonctions de l' (L'VO'Ilé et celles cle l' avocat; clès lo1·s a ne doU jamwis recou/rir ä l'1.nte1·ven­Uon cl'·un avo1té.

4° Lo·rsq·ue, en 1n(Ltiè'l'e civile, le ministère p·ztbUc est pwrf'ie p1"incipnle dans ·un li­tirJe et pa,rtie jo'inte cla,ns ttn atttre SO'll­mis en même temps wu mêm.e j11.ge, il p1·encl légalement des 1·éqwisitions dans le premier litige et clonne u.n n'vis clnns le second.

(PROCUREUR DU ROl, C. HONNE'l''l'E.)

JUGEMENT.

LE 'l'RIBUNAL; Attendu que le

'112 JURISPRUDENCE DE BELGIQtJE

üéfencleur Ronnette conteste tout cl' a bord la recevabilité de l' action directe cl u mi­nistère public;

Qn'il soutient que la Dartie clemancle­res::;e ne fait pas la preuve de ce qu'il y uit clans son chef un intérêt quelconque;

<< Qu'il n'y a certainement Das, dit-il, ll'intérêt Décuniaire et qu'en ce qui con­cerne l'intérêt moral, il apparaît comme certain qu'il serait contraire ä l'intérêt moral général que l'état cl'enfant naturel soit substitué ä l'état cl'enfant légitimé et reconnu à l'enfant qui a fait l'objet de l' acte contesté ll;

A.ttenclu que le ministère public rétor­que que, garclien de l'ordre public, il est reeevabie à agir clans le but cl'empêcher que la déchéance de la puissance pater­nelle, mesure cl' orclre public prise clans l'intérêt de l'enfant, ne soit privée d'effi­cacité suite à une légitimation de complai­sance; qu'en l'espèce, la conséquence c1i­recte de la légitimation serait que l'en­fant reprenne sa place au foyer d'une mère incligne;

A.ttenclu que 1' artiele 46 de la loi du 20 avril1810 - organique des pouvoirs d.u ministère public en matière ei vile - dis­pose : «En matière civile, le ministère vublic agit d'office clans les cas spéci:fiés var la loi.

)) Il surveille l'exécution des lois, des arrêts et des jugements; il poursuit d'of­tice cette exécution clans les dispositions qni intéressent l'ordre public )) ;

Attendu qu'en Belgique deux ordres de conceptions ont principalement été défen­dus en vue de préciser la portée de la dis­position clont il s'agit;

Que certains juristes ont estimé que eet nrtiele clevait être entenclu dans un sens très large et même de manière extensive (Yoy. notmument la mercuriale cc De l'ac­tion clu ministère public en matière civile dans l'intérêt de l'orclre public )) de l\1. le premier avocat général Oorbisier, B. J.J 1861, col. 1140 et suiv.; l'auteur invoquait i\ l'appui de sa thèse le précepte de Ba­con : q·uanclo lex nUq'IUt 1'e·itmbUcae co'm­mocla notalJiUter et mMorem in lfnocl·mn intnet·ur et 1J1'oc·wmtJ ·intwrpretatio ej'U s extensi·uct esto et n1nplians);

Attencln toutefois que, suivant la doc­trine la plus autorisée, par orclre public nu sens de l' artiele 46, alinéa 2, de la loi du 20 avril1810, il faut entenclre les éven­tnalités clans lesqueUes l'intérêt général est vraiment en cause, ou l'intentement de l' action est indiscutablement comman-

clée par de hautes considérations généra­les ou sociales (\·oy. les conclusions de M. le procureur général P. Leclercq pré­cédant cass., 22 mars 1923, PASIO.J 1923, I, 243; voy. clans un sens analogue la mercuriale «Propos· sur le ministère pu­blic )), de .M:. le procureur général Hayoit de Termicourt, 1936, p. 25 et les référen­ces; cf. également BRAASJ Précis cle zwocé­cl·ure Ci'V'ÎleJ 28 éd., p. 60 et 61; DE PAGEJ Trwité cle clroit ci·vUJ t. rer, 1re écl., no 91, et Oo·mplément, 1951, t. Ier, no 91b·is et les références); ·

Attenclu qu'en l'espèce et sur base des critères généralement aclmis, les motifs in­voqués par le parquet apparaissent pré­senter les caractères requis pour justifier sou intervention;

Attenclu, il est vrai, que le cléfencleur se prévaut de l'orientation de la juris­prudence française en la matière et en particulier de l'arrêt très controversé de la cour de cassation de France du 17 clé­cembre 1913 (Dalloz, 1914, I, 261; Sü·ey, 1914, I, 153);

Qu'il paraît - sous réserve des obser­vations formulées ei-dessous - que, clans ses grandes lignes, la portée de eet arrêt est la suivante : 1° qu'en règle générale et suivant l'article 2 du titre VIII de la loi des 16-24 août 1790, les fonctions du mi­nistère public s'exercent, non par voie cl' action, mais seulement par voie de ré­quisition et à titre de partie jointe; 2° qu'il a été clérogé à ce principe en des matières spécialement cléterminées, pour la cléfense de certains intérêts auxquels le législateur a cru clevoir aceorder une pro­teetion particulière; que notamment la loi clu 20 avril 1810 dispose par son arti­ele 46 qu'en matière civile, le ministère public agit cl'oftice clans les cas spécifiés par la loi; 3° que toutefois le droit d'ac­tion susdit ne s'explique et ne se justitie que clans les circonstances ou l'orclre pu­blic est directement et principalement in­té:ressé, à l'occasion de faits qui y por­tent une grave atteinte, sans léser aucun intérêt rival; 4° que le clroit cl'action pré­rappelé clu parquet ne trouve pas appli­cation en ce qui concerne les reconnais­sances d'enfants naturels;

Que cette quatrième partie de l'arrêt clont il s'agit est étayée par les motifs suivants : a) l'article 339 clu Code civil vise seulement les persounes privées qui ont un intérêt pécuniaire ou moral à faire prononeer la nullité de la reconnaissance; il ne fait pas mention clu ministère pu-

TRIBUNAUX 113

blic; 7J) les questions de paternité et de filiation intéressent moins l'ordre public que l'honneur et Ie repos des families qui doiYent être protégées par la loi contre toute atteinte;

Attendu tontefois que ces raisons ne sont pas péremptoires;

Qu'en ce qui concerne Ie premier ordre de considérations, une partie de la doc­trine exprime nne opinion différente (voy. ÜOLIN et ÜAPI'l'ANT, 00'11'/'S élèmentwire cle ll'I'Oit oi·v'il ji'(L'/'U)Wis, t. Jer, p. 287 et 288); qu'au demeurant, il semble bien que la portée de l' artiele 46, alinéa 2, de la loi de 1810 soit de permettre au ministère pu­blic d'agir en l'absence de tout texte pré­cis dans tous les cas ou l'ordre public est mis gravement en péril;

Que Ie secoud motif présenté çonstate un état de choses qui se rattache au ple­rmnqne jit et ne pourrait exclure l'éven­tualité d'une coneinsion différente, lors­que l'ordre public présente in szJecie lUl

caractère prépondérant par rapport tl l'honneur et au repos des families (cons. d'ailleurs les observations reprises ü eet égard par le professeur Japiot, Rev. t1·im. cl1'. civ-il, 1915, p. 207 et suiv.);

Qu'il n'existe pas de raisons valables pour déroger de manière absolue en ce domaine aux principes nelmis en toutes autres matières du droit civil;

Attendu, au surplus, que le sens et la portée exacte de l'arrêt de 1913 ont été longuement discutés et eliversement ap­préciés et interprétés;

Que le professeur Jean Suvatier re­grette la jurisprudence en question et la trouve anachronique alors que l'Etat in­tervient de plus en plus dans la vie de familie et qu'il possède un intérêt évident ü empêcher les particuliers de se préva­loir contre lui des ava.lltages attachés à une situation de familie ne correspondant à aucune réalité (voy. << Les légitimations de complaisance )), Dalloz, 1950, Ohroni­que III, p. 11 et 12) ;

Que, pour Lucette Ranger, l'arrêt est indéniablement obscur; que la chambre ci­vile de la cour semble avoir voulu consa­crer le système restrictif rigoureux quant à l'action du ministère public, alors qu'el­le n'a jamais renoncé expressément au système extensif consacré par sou arrêt de 1856; que l'auteur observe en outre : << L'arrêt de 1913 fut d'autant plus remar­qué que ses termes équivoques laissaient le champ libre à toutes les interprétations et que pendant un certain temps la cham-

PASIC., 1957. III8 PAHTlK

bre civile n'eut pas l'occasion de préciser sn pensée, quand elle Ie fit, ce fut bien dans le sens extensif )) (cf. Des cas clans lesquels le nûn,istè're pubZie peut ngir cl'ot­jice en mntière ci·vile, Thèse, Université de Paris, 8 décembre 19±1, p. 116 à 121);

Que Francisque Goyet, de son cóté, re­lève la divergence de jurisprudence con­sacrée cl'un cóté par l'arrêt du 25 mai 1869 (Dalloz, 18ü9, I, 413) et les arrêts des 30 novembre ·1920, 9 décembre et 15 clé­cembre 192-1 et d'un autre cóté par l'ar­rêt de 1913 (Le ministère pubUc én mn­tière ci,vile et en nwtiè1'e répressi,ve et l'exe·rcice cle l'nction pu.bl-iq·ue, 2e éd., Librairie du Recueil Sirey, Paris, 1939);

Que dans une pénétrante étude parue clans la Revne trimestrielle cle cl·roU ci,vil (1915, p. 207 et suiv.), le professeur Ja­piot, après avoir fait un cc essai de résu­mé )) de l'arrêt de 1913, relève que celui-ei n'a nullement la netteté qu'on lui a par­fois attribuée; qu'il ajoute même, au cotn·s de son examen, que eet arrêt << est une merveine d'obscurité )) en ce sens que cette obscurité était voulue par la cham­bre civile et que ce désir d'obscurité lui était inspiré par des motifs louables;

Attendu que, comme le dit encore en substance M. René Japiot, l'arrêt en ques­tion introduit dans la matière du droit d' action du ministère public deux notions en quelque sorte nouvelles en raison de la forme très nette qui leur a été donnée : CL) celle de la relativité de la conception de l'ordre public, l'ordre l)Ublic n'étant qu'une question <le degré cl'importance d'un intérêt ou d'une l'ègle et l'action l)rincil)ale du parquet constituant une proteetion anormale qui tloit être ré­senée à une catégorie très limitée d'in­térêts particulièrement importants; 7J) la notion de l'importance coml)arative des intérêts en jeu; il n'y aura place pour l'action du ministère public que si l'or­dre public occupe la place principale dans les intérêts en présence qui sont : celui du respect de la loi et l'intérêt des par­ticuliers;

Attendu, par ailleurs, que l'arrêt de la cour de cassation de France de 1913 sus­cite des critignes assez vives en raison de l'interprétation restrictive qu'il donne quant à la portée de l' artiele 46 de la loi du 20 avril 1810;

Que eet arrêt condamne le droit d'ac­tion général souvent attribué au minis­tère public dans tous les cns oü l'ordre public est intéressé sur le fondement de

8

Jb:RlSPRUbENCE b:E BELGIQUE

l'alinéa 2 de l'article 46; qu'il restreint l'interYention de l'office dn parquet par yoie IH'inC'ivale anx « cas s11écifiés par la loi )) eonformément au premier alinéa de ce texte (voy. la teneur de l'arrêt et les obseryations cln professeur Binet, insérées en note au IJcûlo:z) 191-±, I, 26);

Attenclu qu'il impose ainsi au ministère publie, en plus de la comlition que l'or­dre vublic soit directement et principale­ment intéressé à son adion, la condition supplémentaire sut·mnte : que l'oflice du varquet se trouve clans un des cas prévns par la loi comme donnant ouverture tt son action;

Qu' ainsi 1' arrêt de 1913 ne paraît pas avoir fait une application rigoureuse clu texte de l'article 4ü tel que celui-ei ré­snlte de l'intention du législateur et de l'esprit qui a présidé ü l'élaboration de la loi ·

L~ttendu que, eomme le dit la cour de cussation tle Belgi<Jue, si le ministère pu­blic n'avait d'action directe que dans les cas svécifiés 11/U' ln loi, la seconde clispo­sition de l' artiele 4ü ne serait qu'une répé­tition surallOIHlante et inutile de la pre­mière (cf. nnêt dn 5 mai 1881, PAsiC._, 1881, I, 230);

Que c'est pourtant intentionnellement, afin d'éviter que la société se trouvàt sans défense devant les atteintes les plus grnYes portées ä la morale et tl l'ordre public, que le législateur du 20 avril 1810 a moclifié les articles 2 et 5 dn titre VIII c1e la loi des 16-2-l: août 1790 et a ajouté nu droit de poursuine d'office l'exécution des jugements le droit cle lJOnrsuivre d'of­fice l'exécution des lois;

Que le procureur général Merlin, qui eonnaissait excellemment les raisons cle l' a doption du texte de l' artiele 46, définit en ces termes très formels la portée de cette disposition clans l'esprit des auteurs de la réforme :

« Très certainement, la loi du 24 août 1790 leur ouvrait (aux procureurs géné­raux et aux procureur::;; du roi) la voie d'action pour faire exécuter toutes les dispositions des jugements qui intéressent l'ordre public et par cela seul qu'elle les chargeait de poursui vre cl' office leur exé­eution. Eh bien, ce que cette loi (cles 16-24 aoüt 1790) elisnit des jugements seule­ment, l'article 4ü de la loi du 20 avril 1810 le clit des lois comme des jugements et des arrêts. Elle étencl clone éviclem­ment à l'exéeution des lois, clans celles <1e lem·s dispositions qui intéressent l'or-

dre public, le clroit d'agir au civil, que ln loi de 1790 restreignait à l'exécution des jugements, aux clispositions clesquels l'or­dre public est intéressé.

)) Or cette extension, elle la vrononce indefiniment; cette extension embrasse donc toutes les lois qui intéressent l'ordre public. Les procureurs généraux et du roi ont donc la voie d'action au civil pour poursuivre l'exécution de toutes les lois )) (MERLINJ Répertoi'l'e de :ht1'isprnclence) 5e éd., Bruxelles, 1827, t. XIX, Y 0 Jlin­ringe) seetion VI, § III, p. 541; cons. aussi les eonclusions fouillées de M. le procu­reur général li'aider nrécéclant cass., 5 mai 1881, PASIC., 1881, I, 230);

Attenclu qne !'arrêt ue 1913 apparaît en réalité comme un stade clans l'évolu­tion ues conceptions de la cour cle cassa­tion de .E'rnnce relativement ü ces pro­blèmes; que eette évolution s'est poursni­Yie par les arrêts du 30 novembre 1920 (Hirey) 1921, I, 241 et la note lVIonEL), clu 9 janvier 1924 (JJnH. pér.J 1926, I, 160) et aussi var l'nrrêt cln 15 décembre 1924 (Dall. pé1·.) 1926, I, 159); que ces deruiers arrêts ont consncré en France le droit cl' action cl u ministère public dans tous les cus ou l'ordre pnblic est intéressé (eons. la teneur des arrêts et l'étude du profes­seur Solus : La ;i·nrispntclence contem­pora"i·ne et le äroit cln ministère pubUc (l\t-rJir en :insUce ((,-n service de l)onlre pn­blic varue anx <<Etudes de clroit ciyil tt la mémoire cl'Henri Capitant )), Da.llo:z) 1939, p. 769 et suiv.); que spécialement l' arrêt cl u 15 décembre 1924 se prononcP de manière formellle sm· le principe clu droit pour le ministère ·public d'agir di­reetement « dans toutes les circonstanees ou l'ordre public est intéressé )) ;

Attenclu qu'en Belgique, le droit cln ministère vublic d'agir par voie cl'assi­gnation directe devant le tribunal eivil, ehaque fois que l'ordre public est eliree­tement intéressé au respect d'une clispo­sition de droit privé, est reconnu par la doctrine (voy. les références reprises s·u­lJI'a_; voy. anssi la note clu professenr Granlich sous Liège, 10 juin 1943, Re·u. crit. :i·n·r. belg) 1949, p. 41 et 42); que pa­reil droit est en outre achnis par la ju­rispruclenee (Yoy. cass., 5 mai 1881, dé.iü cité; comp. cass., 28 clécembre 189ü, PAsro.J 1897, I, 51; cass., 11 juin 1908, PASIC., 1908, I, 246; cons. également Bru­xelles, 18 avril 1903, PAsro.J 1905, II, 161);

Attendu qne le premier <léfendeur dit encore qu'il est contraire h l'intérêt mo-

TRIBUNAUX 115

ral général qne l'état de l'enfant naturel soit substitué ä l'état cl'enfant légitime et reconnu dans le chef de l'enfant qui fait l'objet de l'acte contesté;

Que, sans doute, clans de nombreux cas, l'enfant a intérêt à bénéficier dn sta­tut d'enfant reconnu ou légitimé;

Que néanmoins l'attribution d'une fausse filiation n'est pas tonjours profi­tabie ä l'intéressé et peut lui apporter plus d'inconvénients que d'avantages (voy. PIERRE GRAULICH, « Essai sur les éléments constitutifs de la filiation légi­time )), Paris, Sü·ey, 1952, no 170); que bien souvent, suivant le professeur Jean Savatier, la contestation de reconnais­sance n'est pas en opposition avec les in­térêts bien compris de l'enfant (note sous civ. Seine, 24 novembre 1950, Ju,ris olas­setw pé'r., 1951, II, n° 6046);

Attendu qu'ainsi le ministère public est reeevabie à agir directement en ma­tière civile hors des cas spécifiés par la loi, lorsque le but de son action est de faire disparaître une situation qui met en péril l'ordre public;

Que l'action du ministère public appa­raît dès lors reeevabie;

II. Attendu que le premier défendeur prétend que le clemandeur ne rapporte pas la preuve du caractère mensonger de la reconnaissance, l'aveu fait par lui ä ce propos ne pouvant, suivant ses clires, être reten u;

Attendu qu'il est tontefois avéré que tous les modes de preuve sont admissi­bles pour contester une reconnaissance d'enfant naturel; que la présomption de sincérité accordée ü la reconnaissance n'est que j'IW'is tcmtum et sa force pro­bante, essentieHement provisoire, peut être anéantie par la preuve contraire en­tendue dans le sens le plus large, sans réserve aucune et sans qu'il soit besoin d'un adminicule quelconque (cf. DE PAGE, t. Jer, U 0 1148 et les références SOUS

la note 1; civ. Lons-le-Saunier, 5 mai 1936, Gaz. pala,is, 1936, I~, 323; civ. Seine, 28 janvier 1948, Gaz. palwis, 1948, II, table, p. 57; cass. fr., eh. des req., 8 mars 1927, Dall. hebà., 1927, p. 205 et la note; cass. fr., 4 juillet 1935, repris à la note SAVATIER, Dalloz, 1950, Chroni­que III, p. 11; voy. aussi JAN BnANs, «Twee betwistingen rond artikel 339 van het Burgerlijk Wetboek)), Reohtslc. Weelcbl., 1939-1940, col. 283);

Que Jan Brans déclare en substance dans l'étude précitée : les moyens de

pre u Ye en vue d' éta!Jlir que la reconnaü:;­sance est en contradiction avec la :tilia­tion réelle de l'enfant n'ont pas été limi­tés par la loi; des écrits, des aveux, des témoignages penvent être admis;

Que, de son cöté, le professeur Jean Savatier s'exprime en ces termes : « ... nous faisons très large la part de la li­IJerté des preuves et de l'intime convic­tion du juge en matière de filiation na­tm·elle paternelle. La reconnaissance vo­lontaire ne suffit à prouver cette filiation que sous réserve du droit, pour tout inté­ressé, de combattre la présomption qu'el­le établit par d'autres présomptions dont le juge sera libre d'apprécier la force (note sous civ. Seine, 24 novembre 1950, en cause Talleyrand-Périgorcl, Jwris olftsse,zw pé1·., 1951, II, n° 6046);

Attendu que, pour contester pareille opinion quasi unanime des auteurs, des com·s et des tribunaux, le premier défen­deur fait état du jugement rendu par le tribunal civil de Tongres le 15 juin 1933 (PAsrc., 1934, III, 82), aux termes duquel l'aveu ne pourrait constituer un mode de preuve admissible en pareille matière; que toutefois la teneur de cette décision révèle que celle-ci n' a pas la portée que le défendeur teute de lui attribuer;

Que ce jugement dit notamment : << Attendu que tous les modes de preuve

sont admissibles pour contester une re­connaissance d'enfant naturel...; que ce­pendant il serait dangereux d'admettre que la présomption de sincérité qui s'at­tache ä la reconnaissance soit anéantie par le seul aveu d'inexactitude émanant de sou auteur; que dans l'espèce, la preuve contraire cloit être d'autant plus décisive que les parties out un intérêt commun à l'annulation de la reconnais­sance fmte par le défendeur; qu'en effet, cette annulation a pour but de rendre possible le mariage de la demanderesse avec l'un des :tils que le défendeur a eus d'un précédent mariage, contracté en 1908 ));

Qu'ainsi il appert que le principe sui­vant lequel tous les modes de preuve sont admissibles en matière de contesta­tion de reconnaissance d'enfant naturel n'est pas combattu mais uien plutot con­firmé par le jugement de Tongres du 15 juin 1933 qui tranche in specie un cas bien particulier (voy. en outre les réfé­rences jurisprudentieHes reprises : PAsrc., 1934, II, 83, note 1; comp. Rép. pmt. cl1·. belge, yo Paternité et filiation, 11° 119);

ilf:i JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

Atten<lu qne les élémènts de la cause tlémontrent : a) le cnractère fictif et mensonger de la reconnaissance (Yoy. les aYenx circonstanciés du premier défen-

. deur corroborés par les déclarations de la deuxième défenderesse [procès-verbal n° 3927 du 6 jnillet 19GO de la police ju­diciaire près le parquet de Namur, p. 3 et -±]); b) que le but visé par Elisa Gof­fard, lorsqu'elle incitn son mari h recon­naître les enfants ü l'égard desgneis elle a été déchue de la puissance paternelle, était d'obtenir gue lescUts enfants re­prennent leur place au foyer (voy. pro­cès-verbal n° 39:?.7 du 6 j"nillet 1950, pré­cité, p. 5);

Attendu que les particularités de fait réYèlent le bien-fondé de l'action directe formée par le ministère public en vue d'empêcher que la déchéance de la puis­sance paternelle - mesure prise pour le bien de l'enfant Jacques - soit lettre morte par l'effet d'une .légitimation de complaisance;

Que l'intérêt supérieur de l'enfant n'est pas de l'intégrer, par l'effet d'une décla­rntion de complaisnnce, dans une familie qui n'est pas et ne peut être la si enne;

III. Attendu que le premier défendeur conteste la recevabilité de l'interyention yolontaire de Marcel Schmitter;

Attendu gu'il est nelmis que tonte per­sonne peut intervenir dans une instanee si elle y a un iutérêt légitime; que eet intérêt cloit a voir pour base un droit à fll'Otéger et être persounel à ·l'intervenant (DE PAEPE .• t. Jer, n° 4, p. 454);

Qu'il n'est pas nécessaire en première instanee que l'intervention émane d'une personne qui, si elle n'intervenait pas, pourrait faire tieree opposition (cass. fr., 10 novemhre 187-±, Dall. tJér., 1875, I, 208);

Que la doctrine et la jurisprudence ne trouvent dans la loi aucune limite nu droit d'intervenir et décident gue l'inter­vention conservatoire est reeevabie quel que soit l'iutérêt de l'intervenant, cer­tain on probable, né on à naître, futur on actnel (Rép. prnt. clr. be7-r;e, vo Inter­'Vent'ion 6'/1; JnaÛèJ'e O'Ï'Vile, n° 25 et les références) ;

Que le premier défendeur a déclaré en conclusions « que l'enfant dont la recon­naissance est critiquée vit actneHement dans des conditions qui lui sont extrême­ment préjudiciables au point de vue phy­sique et moral; gu'il est élevé <.lans un milieu malsain à tous points de vue et que

le défendeur n'est même pas admis à lui faire donner les soins méclicaux dont il n un besoin urgent ui les principes d'édu­cation qui sont les siens )) ;

A ttend u qu' ninsi le sieur Schmi tter qui, depnis treize ans, a rempli à l'égard de l'enfant des devoirs d'un père, a un intérêt légitime à intervenir dans les dé­bats ponr disenter le caractère inexact et éventnellement calomnieux des impu­taUons formulées à sou égard par le dé­fendeur Alphouse Hounette;

Que l'interyention volontaire du sieur Scllmitter est clone reeevabie;

IV. Attendu que le sieur Hounette con­teste la recevabilité de l'action directe du sieur Schmitter et soutient que le mo­tif invoqué par celui-ei « ne constitue pas l'intérêt visé par l'article 339 du Code civil pour pouvoir contester valablement une reconnaissance d'enfant )) ;

Attendu que, précisant la portée de l' artiele 339 du Code ei vil, la doctrine dé­clare : cc L'action en contestation est... ouverte de la manière la plus large. Il suffit de justifier c1'un intérêt quelconque. L'intérêt simvlement moral sera pris en considération au même titre que l'inté­rêt pécuniaire. En effet, la détermination de la filiation véritable de l'enfant et l'importance qui s'y attache, priment toute autre considération )) (DE PAGE, t. Ier, 1re écl., n° 1146; voy. cass. fr., 4 juillet 1935, Dall. hebcl., 1935, 412);

· Attendu que Marcel Schmitter s'est occupé entièrement de l'entretien de l'en­fant .Jacques depnis treize années; que le sieur Hounette n'établit ni avoir donné ni même avoir proposé à Schmitter quel­que dédommagement matériel pour les frais exposés pour l'enfant dm·ant cette longue Dériode de temps; que Marcel Sclunitter peut ainsi invoquer à son pro­fit nn intérêt pécunaire;

Qu'il peut aussi se prévaloir d'un inté­rêt moral se confondant dans une cer­taine mesure avec un intérêt sentime:O:tal et affectif; q'ne Marcel Schmitter vent en effet que l'enfant dont il n assumé la garde, l'éducation et l'entretien depnis sa naissance, ne soit pas arraché à un milieu scolaire et à un milieu familial ou se trouvent concentrées ses habitudes et ses affections;

Qu'au surplus, M. Schmitter, protu­teur de l'enfant, responsabie à ce titre de l'éducation et de l'avenir de celui-ci, a le droit de contester une reconnaissance

'TRIBUNAUX

<ln'il considère cornme gravement préju­Lliciable à l'enfuut;

Attendu que la demande formée par lliarcel Schmitter ap11araît recevable;

V. Au fond, en ce qui concerne les cau­ses reprises s1tV n·umeris 43250 et 43907 :

A. Attendu que l'intervention du sieur Schmitter dans l'instance mue à la re­quête de 1\1. le procureur du roi est justi­fiée par les insinuations mentionnées dans les conclnsions prises rmr le sieur Hou­nette;

Que ce dernier teute de jeter le dis­erédit sur la personnalité du sieur Schmitter qui, depnis plus de douze ans, a rempli i\ l'égard de l'enfant les devoirs d'un père;

Que l'intervenant est nn employé pen­sionné, sans enfants, Yivant modeste­ment et dignement avec sa femme de sa Dension et du revenu de ses économies; qu'il est prorn·iétaire d'une })etite mai­son, avec jardin, ou il mène une exis­tence régulière, consacrée i\ l'enfant qu'il a élevé, éduqué et nonrri cle})lÜS sa nais­sance; qu'il n'est pas établi que le milieu ou l'enfuut est élevé serait cc malsain ll, comme l' allègne le cléfendeur;

Qne les éléments de la cause et les do­cnments produits aux débats révèlent : a) qne les accusations formulées par le sienr Hounette constituent des alléga­tions sans fondement; V) que l'enfant est en bonne santé (voy. l'examen méclical fait l)ar Ie doctenr Enclerlé le 29 décem­bre 19G2); o) Qne l'enfuut est 1111 bon élèye; qn'il snit régnlièrement et a vee fruit les eours de la classe; qu'il reçoit l'enseignement du catéchisme et se rend Ie elimanche à la messe;

Attendu que l'interyention volontaire <le Marcel Schmitter ar)DUraît dès lors fondée;

IJ. Attendn qne les })articularités de fait démontrent : 1° que la reconnais­sance émanée de Hounette est menson­gère et préjmUciable anx intérêts de l'en­fant ,J acqnes; 2° qne l' action intentée })ar Marcel Schmitter tant en nom persounel qu'en sa qualité de protuteur dudit en­fant mineur est fondée et qu'il échet d'y faire droit;

VI. Rn ce qui concerne l'action du mi­nistère. DUblic eomme partie Drincipale dans la cause n° 40667 et eomme partie jointe dans les canses nos 43250 et 4ë1H07 :

Attt>mln qm', lorSfJne le ministère pu-

blic agit comme partie principale, il rem­pUt à la fois les fonctions de l'avoué et de l'avocat (Rép. prat. är. Velr;e, vo lJii,­·nistère pulJlic, n° 323 et les réfé"rences); qu'il porte ses actes et exploits sur pa­pier libre et eenx-ei sont Yisés sur timbre en débet;

Que le ministère pnblic, partie jointe, après aYoir assisté aux débats et après avoir exmniné le dossier, donne sou avis sous la forme dè conclusions ... avis qni ne lie en rien le tribunal (Rép. prat. clr. Velge, ·verba oit., nos 325 et 96);

Attendu qu'il est de jurisprudence qne lorsque le ministère public est partie vrincipale clans un litige et partie jointe clans un autre litige soumis en même temps au même juge, il prenel légalement des réqnisitions clans le 1)remier litige et clonne nn a vis clans le secoud (ca ss., 7 oc­tobre 19±3, PABIC., 19±3, I, 380, sur con­clusions conformes de ::i\1. l'avocat géné­ral Hayoit de Termicourt; comp. cass., 17 février 1927, PABIC., 1927, I, 162);

Par ces motifs, vu les articles 4, 37 et 41 de la loi clu 15 juin 1935, entendu M. Sasserath, premier sullstitut clu pro­reur clu roi, en ses réquisitions en ce qui concerne l'action no 40667 et en son avis conforme en ce qui eoncerne les actions n° 8 43250 et 43H07, statuant par défaut à l'égarcl de la cléfen(leresse Goffarcl et contradictoirement à l'égarcl des autres parties en canse, joint comme connexes les Ca11SeS inscrites au role général SOUS les nos 40667, 43250 et 43907; donne acte it Me Lonmaye, agissant en qualité de représentant légal rul hoc de l'enfant mineur Jacques Honnette, qu'il se réfère à justice clans les actions pendantes cle­vant le tribnnal; autorisnut d'office l'é})ouse cléfencleresse à ester en justice, dit l' action princi1mle du ministère pn­blic (cause 11° 40667) recevable; la dé­clare fondée comme il est précisé au dis­positif de ce jugement; dit l'intervention volontaire de la partie Schmitter rece­Yable (cause n° 43250); la cléclare fondée; cUt l'action de la partie Schmitter (11° 43907) recevable; la déclare fondée dans la mesure indiquée ei-après; cUt que sont nulles et de nul effet la recon­naissance par Alphonse, Charles, Julien, Marie Honnette, né à Verviers le 4 no­Yembre 1880, de la paternité de l'enfant .Jacques, .Jean, Claude, Marie, Germain, mis au monde à Bruxelles le 4 novembre 1939 pnr Elisa, Ynmne, '.rhéodorine, Dé­sirée Goffard, née à Schaerbeek, le

'118 .TURISPRUDENCE DE BELGIQUE

10 septembre 1898, et la légimitation de eet enfaut par lesclits Alphouse, Charles, Julien, lVIarie Hounette et Elisa, Yvonne, Théoclorine, Désirée Goffard; dit que le clispositif clu présent jugement sera trau­scrit claus les registres de l'état civil de Namnr et qn'il en sera fait mention clans lesdits registres en marge de l'acte de mariage Honnette-Goffarcl clu 23 septem­bre 1950 et dans les registres de l'état ei vil de Bruxelles en marge de 1' acte cle naissance de l'enfant Jacques, Jean, Olande, Marie, Germain; cUt qu'il sera défendu désormais de clélivrer expédi­tion, extrait on copie desclits actes de mariage et de naissance portant mention de la reconnaissance ou de la légitimation annulées; ... cUt n'y avoir lieu de clécla­rer Ie présent jugement exécutoire par proYision nonobstant appel et sans cau­tion.

Dn 20 juin 1953. Tribunal civil de Bruxelles 96 eh. - FHérJ. l\1:. Reyntens, juge uniqne. - Mi,n. p11bl. M. Sasserath, premier suhstitut clu procureur du roi. -Pl. MM. Roosen, Hamaiae et Loumaye.

TRIBUNAL OIVIL DE TOURNAI

4 juillet 1956

EXPROPRIATION POUR OAUSE D'UTI­LITÉ PUBLIQUE.- lNDEniNI'l'É.- ELÉ­MEN'l'S QUI LA 00~-IPENSEN'l'. VALEUH VÉ­NALE. - lNDEMNI'l'ÉS ACCESSOIHES. - FRAIS DE DÉFENSE. - lN'l'ÉRÊ'l'S SUR LA SOl\LME CONSIGNÉE. - DÉPENS.

J/inclemnité totale, revenant c"i l'eawro­prié, cloit ltti permett,re cl'êtTe replacé clans 'llne sit,uation érpui'Dalente cl celle qtw l'emp1·opriettion ltt'i fait penlreJ· elle cloit clès lo,rs co1nzn·enclre la 'Ualewr 'Dé­nale cle l'imnwuble, aiii[J111entée cles f't((,'l:s cle 1'emplo,i, l'InclemnUé représenta,nt le tronble conMnerctnl et .1e cllonucge, la somme co,nvrant les pe,rte8 et frai8 cw­ce8sot:res occasionnés temt pcw l'obUga­tion ot/, 8e trowve l'extJropJ"ié de s'instal­Ier willeurs qne par la procéclure cl'ex­p1·opriation, (1).

Le t((,WJJ cle l'i,ntérêt cles 8ornmes consi­gnée8 par Peawropriant est äe B p. c.

(1) En ce qui concerne les honoraires d'un conseiller teclmique et ceux de l'avocat de l'exproprié, voy. cass., 7 juin 1956 (PAslc., 1U56, I, 1073), ainsi que 11 avril 195() ('ibicl.,

Sauf ci-rconstances exceptionnellesJ les dé­pens cle zJ,instnnce en matrère cl'expro­prinUon 8ont à clinJ'[Je cle ln partie em­propriwnte.

(É'l'A'l' BELGE, C. SOCJÉ'l'É DE PERSONNES A RES­PONSABILI'l'É LIMITÉE BlUSSERIE DUCHA'l'ELE'l'­SALEM:BIER.)

,JUGEMEN'l'.

I~E TRIBUNAL; - Vu le jugem<::'nt rendu par Ie tribunal de paix du eauton de Templeuve, le 29 mars 1955, et les do­cuments visés à ce jugement;

Vu l'ajournement signifié Ie 9 septem­bre 1955;

Vu les conclusions des parties; Attendu que les parties s'accordent ü

dire que l'inclemnité totale revenant i'l l'expropriée doit lui permettre d'être re­placée clans une situation équivalente à celle que 1' expropriation lui fait perclre;

Que cette inclemnité doit clès lors com­prendre la valeur vénale de l'immeuble augmentée des frais de remploi; l'iudem­nité représentaut Ie trouble commercial et Ie chömage, la somme couvrant les pertes et frais accessoires occasionnés tant par l'obligation ou se trouve l'ex­JH'opriée de s'instnller aillenrs que par la proc~dure d'expropriation;

Quant ü la valeur vénale de l'immeu­ble :

Attenclu que cette valeur fut suc­cessivement fixée par l'expropriant ü 225.000 francs, par !'expertise à400.000 fr., et par Ie juge de paix qui adoptait la somme fixée par l'expert qu'il avait com­mis, à 280.000 francs;

Attendn que, parmi les notes remises par l'expropriée ü l'expert, figurait une évaluation de l'immeuble élaborée paî· l'expert De Guchteneere, commis à cette fin par l'expropriée elle-même; que eet ex11ert attribuait ü l'immeuble bati la valeur de 279.300 francs, en outre la va­leur du terrain fixée à 16.800 francs;

Qne cette somme totale de 296.100 fr. peut être consiclérée comme la valeur in­trinsèque clu bien, c'est-ü-clire sa valeur de construction diminuée du coefficient de vétusté;

Attendu que, partnut de cette base, cha­cune des parties la moditie suivant des consiclératious di Yergentes;

1956, I, 841) ; comp. la proposition de loi à la Chamhre des représentanls, Doe.

Oh. session 1957-1958, n" 829.

TIUBUNAUX 119

Qne l'exprovriant la uiminue; qu'il jus­titie cette diminution en raison du fait qne la yaleur vénale d'un immenbie est tonjours inférieur ü sa valeur intrinsè­que;

Qne l'expropriée l'augmente; qu'elle justitie cette augmentation en raison du earactère commercial de l'immeuble qui lui donne une plus-value résultant de sa situation, de l'achalandage et de sa va­leur 1mblicitaire;

Attendu que l'argumentation de l'expro­vriant n'est pas fausse; qu'il est hors de tlonte, en effet, et les exemples clonnés en font foi, que Ie prix de Yente cl'un im­meuble n'atteint pas, normalement, sa valeur intrinsèque, même lorsqu'il s'agit cl'un immenbie qui vient d'être construit clans une ville sinistrée;

Attenclu toutefois que eette règle ne <loit pas être allmise sans nuance; qu'il n'est pas juste de fixer la valeur Yénale h 75 11. c. de la Yaleur intrinsèque sans tenir <.:ompte cl'éléments qui penvent mo­<1ifier les calculs;

Attendu que c'est sur ces éléments que se fonde l'expropriée, dont l'argumenta­tion n'est clone pas fausse non plus;

Attenclu qne l'erreur de l'expropriée Yient cle ce qu'elle inYoque des considéra­tions théoriques ou du moins fort cliscuta­hles, alors que les documents apportés par elle-même permettent cl'apprécier à leur jnste valeur les éléments de nature à faire échc~c u l'application de la règle Yantée par l'expropriant;

Attenclu qu'il résulte des chiffres don­nés par l'expropriée au co1n·s des tracta­tions vréalal-lles anx clébats que la vente des bières et boissons qui étaient fournies exclusiyement var l'expropriée rappor­tait à la brasserie un bénéfice annuel net de G à 7.000 francs et que Ie bénéfice de l'exploitant était cl'environ 35.000 francs;

Attendu en outre qu'en décembre 195-1: encore, c'est-h-clire bien après l'arrêté tl'expro})riation, l'immeuble était loué -1:-1:0 francs tmr mois, plus les contribn­tions;

Attendu que les rentrées totales que l'expro})riée tiruit clone de l'immeuble ne dépassaient guère 12.000 francs par an;

A ttendn que eet immen ble ne consti­tnait pas dès lors pour les autres brasse­ries un coneurrent exceptionnel dont, en cas de Yente, elles auraient à prix d'or tenté de s'amwoprier Ie profit, ninsi qne 1<~ :-;ontient la cléfl'IHlPl'eH:sl';

Attendu qne, tenant compte de ces uiffé-

rents éléments ainsi que des points de comparaison qui ne sont cependant pas très adéquats, on })ent achneth·e que la Yaleur Yénale retenue par l'expert est un

. maximum auquel, ex aeq·uo et bono, on peut néamnoins se rallier, soit 280.000 fr.;

Quant aux inclenmités accessoires : Attenclu que la má.iorntion de 18 p. c.

sur la somme indiquée est normale et ne fait l'objet d'ancune contestation, soit 50.400 francs;

Attenclu que l'expropriée réclame la somme cle 18.000 francs en réparation de la perte de loyer, calculé à 1.000 francs par mois, pendant ce qu'elle a})pelle « le ehömage du capital )) ;

Attenclu qu'atnsi qu'il a été dit plus haut, ce loyer allégué de 1.000 francs par mois est fictif;

Attendu que le cc chömage tlu cnvital )) ne l'est pas moins; qu'avant cl'être rem­l1loyé ce cavital (de 330.400 fr.) rapportera des fruits qui atteindront sans anc1m donte Ie montant cln loyer normul qui est de 5.328 francs;

Que cette demamle doit être rejetée; Attendu que l'expropriée réclame égale­

ment l' alloention tl'unE) somme de 15.000 frnnes pour Ie manque à gagner pendant Ie temps qui s'écoulera entre la su})pression de sou eafé établi clans l'im­meuble exproprié et !'ouverture cl'un éta­blissement destiné i't Ie remplacer; qu'elle se base snr un bénéfice annuel de 10.000 fr. pendant dix-huit mois;

Attenclu que, cl'a1wès les premiers chif­fres allégnés par l'expropriée, son béné­fice annuel dans l'établissement litigieux ne dépassait pas 7.000 francs par an;

Attenclu fJUe eet établissement avait nn aspect vieillot et nn aménagement rudi­mentaire;

Que c'est la durée normale cl'installa­tion d'un café sem bla ble qui cloit être prise en considération et non pas le temps qni s'éconlera sans doute entre la date de l'exproprintion et !'ouverture du café, probablement beaucoup plus beau et plus nYenant, par legnel l'expropriée rempla­cera 1' ancien;

Attenclu qu'une durée d'un an varaî:t bien suflisante; que Ie trouble commercial de ce chef sera réparé par l'allocation de la somme de 7.000 francs;

A.ttenclu que l'expropriée réclame encore une somme de 5.000 francs clestinée à compenser la ré11ercussion qu'aura, sur ses frais généranx, la clisparition momen­tanée cln café;

120 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

Attendu que l'expropriée a fait état, en plaidoiries, des quelque deux cents dé­bits de boisson qui constituent sa clien­tèle régulière;

Attenclu que, si l'on peut admettre que la disparition momentanée d'un de ces ca­fés aura une répercussion sur l'ensemble des frais généraux, cette répercussion sera certainement minime; qu'une somme de 2.000 francs peut être attribuée de ce chef;

Attendu que l'expropriée reclame encore une somme de 20.000 francs destinée à compenser la perte qu'elle subira par suite clu manque de clientèle, au début, dans son nouveau café;

Attendu que cette demçmde ne doit pas être rejetée en principe, mais qu'elle est fort exagérée; qu'elle atteint en effet trois années de bénéfice net;

Qu'une somnie de 5.000 francs peut être fixée à eet égard;

Attendu que l'expropriée réclame enfin, au point de vue commercial, une somme de 3.000 francs destinée à la publicité qui sera nécessaire pour faire connaître sou n01weau clébit;

Que l'expropl'iant marque sou accorcl sur cette demande qui est bi en justifiée;

Attendu que, dernier poste de ses récla­mations, l'expropriée demande que lui soit octroyée une somme de 10.000 francs pour frais de défense;

Attendu que cette demande ne cloit pas non plus être rejetée en principe;

Attendu, en effet, qu'il ne s'agit pas en l'espèce d'un véritable litige ou l'une ou 1' autre des parties s'illusionne sur son droit, mais cl'une expropriation à laquelle, volens nolens, la partie défencleresse doit se soumettre;

Qu'il était normal, vour fixer la juste et préalable inclemnité qui lui revient, de faire appel au concours cl'experts, de pho­tographes ou exposer d'autres frais; que ces frais sont une conséquence directe de l'expropriation; qu'il existe entre la déci­sion de l'Etat et ces dépenses nne relation causale qni revêt un caractère de néces­sité;

Attendu que le cas présent n'offrait pas de c1ifficultés particulières, que ces frais n'ont pas dû être élevés; qu'à défaut de justification, une somme de 4.000 francs vent être fixée de ce chef;

Attendu que l'inclemnité totale revenant à la défenderesse s'élève clone à 280.000 + 50.400 + 2.000 + 5.000 + i1.000 + 4.000 351.-WO francs;

Attencln qu'à la suite lle la décision du juge de paix fixnut le montant provisoire des indemnités, l'expropriant a consigné la somme de 381.400 francs; que l'expro­priée doit clone rembourser l'excédent, soit 30.000 francs;

Attendu que l'intérêt servi par la Oah;se des dépóts et consignations étant limité à 2 p. c., il con vien t de limiter dans la même mesure l'intérêt de cette somme;

Attendu qne, hormis dans des circau­stances exceptionnelles qui n'existent })as en la cnuse, les frais de la procédnre en expropriation incombent ü la partie ex­propriante;

Attendu qu'il n'y a pas lieu cl'ordonner l'exécution provisoire cln présent juge­ment;

rnr ces motifs, vu les nrticles 1er, 34, 37, 40 et 41, de la loi clu 15 juin 1935, sta­tuant contrac1ictoirement, écartant tou­tes autres conclusions, prononce la révi­sion des indemnités provisoires afférentes tt l'expropriation de l'imm~uble sis à Ra­megnies-Ohin, cadastré section A, 11° 44b, nu lieu dit « rue de Tournai )), pour une contenance de 2 a 10 ca, ayant appartenu à la défenderesse; fixe ces indemnités à la somme de 351.400 francs; conclamne la société de persounes i\ responsabilité limi­tée Brasserie Duchatelet-Salembier à rembourser à l'Etat beige la somme de 30.000 francs; dit que cette somme devrn être augmentée des intérêts à 2 p. c. cle­puis le jour ou la partie expropriée a retiré les fonds de la Oaisse des dépóts et consignations jusqu'au jour ou le présent jugement cleviendra définitif, et les inté­rêts nu tnux légal civil à partir de ce der­nier jour; condamne l'Etat belge à tous Jes dépens.

Du 4 juillet 195G. - Tribunal civil lle Tournai. -1re eh. - Prés. M. Deschamps, présiclent. - Pl. MM. Guislain (du bar­reau cl'appel de Bruxelles) et Rysman de Lockeren te.

JUSTIOE DE P AIX DE HANNUT

8 janvier 1957

AOOIDENTS DU TRAVAIL. - EvÉNE­lVfENT ANOR:M:AL. - FAIT INTERNE A LA VlO­

TIME. EFFOTI'l'. - CoNDITION REQUISE

POUR QU'IL Y AI'l' ACCIDENT DU 'l'RAVAIL.

SI l'accident dn trwuail peut cons,ister clnns un .fnit Interne à, la 'Ulo Urne, c' est

TRIBUN AUX 121

à la conflition que celle-ci nit fait 'lln

etfort anonnal, c'est-ä-di,re äépasswnt celtt·i qtt'exi,qe l'exercice normal de sa profess·ion (1).

(CHARLES, C. cie X.)

,JUGEMEN'l'.

Vu l'exploit introcluctif cl'instance de Me Olément Mellaerts, huissier à Bru­xelles, en date du 15 septembre 1956, ·ten­c1ant à faire clire pour droit que Ie sieur Roger Riguel est décédé Ie 9 septembre 1955 des suites d'un aceielent du travail et en conséquence à condamner la défen­deresse à payer à: la demanderesse les indemnités légales calculées sur un sa­laire de base de 42.948 francs l'an, avec les dépens, Ie tout dans llll jugement exé­cutoire par provision, nonobstant tout recours et sans cautiou;

Attendu que la défenderesse demande qu'n lui soit donné acte qu'elle éva­lue Ie présent litige, tenant compte de ce que la victime était àgée de vingt-trois ans et demi et de ce que Ie salaire de base est fixé à 42.948 francs, à la somme de 250.000 francs;

Attendu que Ie 29 août 1955, vers 17 h. 30, Ie sieur Roger Riguel, ouvrier au service de M. F. Haumont-Dubois, ex­ploitant du << Moulin de la Vallée )), à Thisnes était occupé au chargement d'un eamion 'dans la cour de la ferme Libin, ü. Thisnes; qu'à un moment clonné il ti­tuba et fit une chute; que, transporté ü I1ouvain, n y décéda le 9 septembre 195G, pratiquement sans avoir repris connais­sance;

Attendu que le professeur Van Gehuch­ten, qui soigna la victime ava~t son dé­cès, et Ie docteur Joseph ·warm, de Ro­cour, qui procécla à !'autopsie, concluent que la mort de la victime a été provo-

. quée par une rupture d'anévrisme d'une artère cérébrale;

Att'endu que la demancleresse soutient que l'accident dont fut victime Roger Riguel constitue un accident du travail, alors que la défenderesse Ie conteste de la façon la plus formelle;

Attendu que celui qui invoque la loi du 24 décembre 1903 sur les aceieleuts dn travan doit fournir la preuve qu'n se tronve dans les conclitions légales pour

(1) Gons. cass., 14 janvier 1955 (Bull. et PASIC., 1955, I, 491L) et les noies 1 et 2.

jouir du bénéfice de cette loi; qu'il doit notamment prouver que !'accident sur­venu au cours de l'exécution clu contrat de travan s'est produit par Ie fait de cette exécution; qu'n existe cependant en sa faveur une présomption :izwis tan­tum que l' aceielent survenu pendant le travail est survenu par Ie fait de l'exécu­tion du travan (Oourtrai, 3 novembre 1955 BulL ass., 1956, p. 35 à 39, après cass'., 14 janvier 1955, B·nll. ass., 195G, D· 200);

Attendu que, dans ces conclitions, il faut et n suffit que la demanderesse ap­Dorte la preuve que la lésion corporelle qui entraîna la mort de Roger Rignel a été causée par uu accident;

Attendu que la cour de cassation défi­nit l'accident : « l'événement souclain, anormal, produit par l'action subite cl'une force extérieure )) ;

Attenclu que la demancleresse soutient avec raison que, pour qu'n y ait accident clu travail, il n'est pas requis que l'action soudaine d'une force extérieure soit la cause unique de l'accident; qu'il suffit, en effet, qu'il y ait entre cette action et !'accident un rapport de causalité (cass., 27 mars 1952, Bull. ass., 1952, p. 706 tl 708) · qu'une simple prédisposition au trouble peut exister (cass., 28 janvier 1909, PASIC., 1909, I, 116);

Attenclu que si !'accident du trandl peut clone consister dans un fait propre et interne au sujet, il faut cependant clé­eeler chez la victime un effort acciden­tel, c'est-à-dire anormal, c'est-à-dire qui dépasse celui qu'exige l'exercice normal de sa profession;

Attendu que Ie docteur Warin, qui a procédé à !'autopsie de la victime, con­clut que cette dernière était atteinte d'un anévrisme congénital et que la nwture d'un anévrisme congénital peut être pro­voquée par tout effort, grand ou petit, et peut même correspondre à un acte de la vie habituelle; que, tenant compte de ces considérations, la demanderesse con­clut : « Attendu que, pour lm être hu­main vorteur d'un anévrisme, tout effort peut entraîner la rupture cle eet anévris­me; que var conséquent tout effort, soit grand, soit petit, produit pendant le tra­Yail, cloit être considéré comme anormal s'il entraîne la rupture de l'anévrisme DUisqu'il impligue un manque de liaison entre l'effort proportionnel physiologique­ment normal c1él)loyé dans l'exécution (lu trantil et les réndions tle défense cle

122 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

l'organisme de la victime; qu'un tel ef­fort anormal est, dans ce cas, générateur cl'un accident du travan au sens de la loi du 24 décembre 1903 )) ;

Attendu que la thèse soutenue par la domanderesse ne peut être retenue; que l'aclmettre, ce serait littéralement vider <le son sens juriclique le terme accident, c'est-à-dire événement soudain, anormal, résultant cl'une force extérienre; que sui­vre le raisonnement de la clemancleresse nous amènerait à clire qu'il n'existe pas de clécès clrr à une cause naturelle qui n'ait été précédée par un effort minime (l'honnne est incapable de rester sans faire l'effort de respirer par exemple);

Attenclu que, .clans ces conclitions, la clemancleresse n'est pas parvenue ü. np­porter la preuve, clans le chef de la vic­time, cle l'effort anormal, élément consti­tutif de l' neeielent du tra vnil; qu' à titre Hubsicliaire elle clemnmle ü pouvoir vrou­ver par toutes voies de droit, témoins compris, certains faits;

Attendu qu'il n'y a pas lieu de faire clroit à cette demancle cl' enquêtes; qu'en effet, lors de l'instance en référé tendant à faire désigner un médecin pour procé­der à l'autopsie de la victime, la doman­deresse actuelle a vait conclu comme snit: « Attenclu que l' accident dont fen Roger Riguel fut victime le 29 aoüt 1955 n'a pas eu de témoin oculaire; qu'il est clone présomptueux cl' aftinner, comme s'il s' agissait d'un fait incontesté et incontes­table, que la Yictime fut prise d'un ma­laise, tituba et fit une chute; de même que nul ne saurait clire, en l'état actnel tle la cause, :-;i elle aYtlit fait un effort excessif ou si, au contraire, elle exer­çait sa profossion dans des conclitions normales )) ; qu'il est eertuin que, depnis qu'elle a connu le résultat de l'expertise du doetour Warin, la clemanderesse a été forcée de se rabattre sur la notion cl'ef­fort et par conséquent d'aclapter sa vor­sion des faits à sa position juriclique; qu'il y a clès lors lieu de dire que la de­mancleresse n'articule pas les faits de bon~e foi, mais qu'elle les aclapte selon sou plus grand intérêt;

Attenclu que l'action, telle qu'elle a été introduite, n'est cependant pas manifes­tement mal fonclée; que les dépens cloi­Yent dès lors rester à charge de la défen­cleresse;

Par ces motifs, ... , déclarons l' action r<~cevable, mais nulloment fomlée; en dé­boutons la clemanderesse et, comme l' ac-

tiou n'eHt vas mauifestenwnt mal fondée, mettons les dépens it charge de la cléfen­deresse ...

Du 8 janvier 1907. - .Juge de 1mix de Hannut. Slég. M. Nagels, jnge de vaix.

Pl. Ml\I. Jeurissen Pt Collignon (tous denx <1n bmTPnu d'am>el de Liège).

THIBUNAL CIVIL DID BUUXEJLLlDS

6 février 1957

ASSIS'l'ANCE PUBI...~IQUE. _:. SEUOUHH. - IlJ'l'A'l' DE BESOIN. APPHÉOIA'l'ION.

FRAIS D'HOSPITALISA'l'ION. ALnviEN'l'S.

RECOUUS. - DIWl'l' PROPHE. - l\'IARI.

lNS'l'ANCE EN DIYOHCE.

Il entre clans la mission des co1wmissions cl'nssistance pnlJUque d'ncconler cles seCO'Il'l'S en arr;cnt on en nature et ellcs sant se,nles :i'nues cle l' état cle bcsoin des pe,rsonnes 8ecom·,ne8 et cle ln néces­sité de le,ur nllouer cle8 secou";·s.

Le 'l'ecour8 exercé pnr la commz'i8S'ion cl'a.s-8'istance tHtliliq1re trou1;e .sn base clwn.s 11n clroU (/'ll i lui est per8onnellement ntt,ribué pa.:r let lo'i J. il est 'Înclépencla;nt cle l' nct,ion nlimenta:ire, 1J'llisqn'Il pent s'exerce1' èvent,uellement contt·e le C'l'énncier cl' nU:m ent8, et U n' e.st clone t)(t8 Um'ité a:n montnnt de la. oréwnce (/'1/,C ]Ct l)e'l'80'nne seOO'I/'/'1/-e JJOII1''/'({,'Ïf exer­cer oont,re le äébUe'l/'1' cl'(ûhnent.s.

!Je mari, chef de In OO'IW/Iliii1UL1tté, est te'J/,'1/ cle 1J(t;ljer à la OO//l!//Û8SÎOn cl'ns8is­tnnoe pubUq11e le coat cle l'ltoSJYita.U.<;n­tio'n cle sn temme, en fa,U sépcwée de lui pe1ulant l'i,nstnnce en cli·vorce, än nwment fJ'II'U n'éta,blit pets q'n'·il se trou·ve cla,ns l'imposslbiUté äe 7e fnü·e tn1rte rle 1'CSSOII'I'ces sujjisantes.

(DAEL.i\IAN, C. CO~IliUSSlON

D' ASSISTANCE PUBLIQUE D'IXELLES.,)

,JUGEMENT.

I...~EJ TRIBUNAI...~; - Vn, pro<.luits en forme régulière : 1° l'expéclition clu juge­ment clont appel, prononcé contradictoi­rement entre parties le 16 mars 1955 Dar le tribun al de paix du cant on <.l'U ccle; 2° l'acte d'nppel signifié le 22 aYril 19öiJ JHH' l'huissier FJ. Vnn Horen, de Saint­.Josse-t<m-Noo<le;

Entendu ks purtieH <~n lem·H <lireH et

TRIBUNAUX 123

moyens Pt n1 leln's condusions écrites; Attendu que l'appel, interjeté dans les

délais légaux, est régulier en la forme et que sa recevabilité n'est d'ailleurs Das contestée;

Attendu que l'action tend à obtenir Ie remboursement de la somme de 6.121 fr. exposée par l'intimée, demanderesse ori­ginaire, à concurrence de 5.657 francs pour assurer les frais tl'hospitalisation ä l'Institut Médico-Ohirnrgkal d'Ixelles du 2R décembre 1951 au 23 janvier 1952 et pour Ie restant ä titre de secours pécn­niaire en fnYe1n· de la dame Zulma Oham­bart dont l' appelant est clivorcé depnis Ie mois cle noYembre 195-1:;

Attenclu que le premier juge a con­damné l'appelant et la clame Zulma Ohambart, chacun pour Ie tout, à payer à l'intimée la somme qu'elle réclamait;

Attendu que Ie tribunal est uniquement saisi de l'appel du sieur Daelman qui tencl en ordre Drincipal à entendre dé­bouter l'intimée de sa demande et en or­dre subsidiaire à la réduction de la de­mande ü la somme de 5.407 francs paya­ble à raison de 300 francs par mois;

I. Secotn·s pécuniaire de 71-± francs : A.ttenclu que 1' appelant allègue qu'il ne

vent être tenu à rembourser à l'intimée un prêt consenti par celie-ei à la dame Zulma Ohambart dont il était déjà sé­paré à ce moment;

Attenclu qu'il entre clans la mission des commissions d' assistance publique cl' ac­corder des secours en nrgent ou en na­tnre et qu'elles sont senles juges de l'état de besoin des persounes secourues et de la nécessité de leur allouer des secmu·s;

Attendu qu'en vertu de l'article 30 de la loi du 27 novembre 1891 sur l'assis­tance publique, Ie remboursement des frais d'assistance faits en exécntion de cette loi est poursuivi, soit à charge des versounes secourues, soit à charge de ceux que leur doivent des aliments; qu'au moment oii ces frais furent expo­sés, l'aDDelant devait des aliments à la dame Ohambart en vertu de l'article 212 du Code civil;

Qn'il résulte de la mention figurant au dos du coupon de versement postal effec­tué par l'apvelant le 17 septembre 1952 que eet acompte devait être imputé sm· le compte n° 3713, c'est-à-clire celui rela­tif au secours en espèces de 714 francs; que c'est clone avec raison que l'intimée réclame sPnl<'nwilt 1<~ remboursement dn solde <le ce comvte, soit -!64 franes;

IT. Frais (}'hosilitalü;ation : Attendu que l'intimée soutient que l'ar­

tiele 30 <le la loi du 27 novembre 1891 im­vlique que 1' appelnut devait <les aliments à la dame Ohambart;

Que l'apvelant prétend qn'il n'e~:::t pas tenu au payement de ces frais : 1 o parce quo Ie mari qni s'est acquitté envers sa femme de SPS obligations ile peut être tenu responsabie des engagements qu'elle nurait pu contraeter avec des tiers; :2° parce que la dame Ohambart a aban­donné sa clemande de pension alimentaire h la suite du rapport d'expertise du doc­teur Enderlé dn 25 avril 1952 qui condut qu'elle est en étnt de travailler pour sub­venir ü ses besoins; que cette situation ne peut mettre l'aDr)elant clans une situa­tion plus défavorable; 3° parce qne la désignntion cl'une résidence sévarée im­plique la révocation dn mandat tacite qni peut rendre le mari responsabie de~ dépenses faites par son épouse; L1° parce que les maladies dont la dame Ohambart était atteinte sont les conséquences de la Yie tléréglée qn'elle menait;

Attencln qn'il résulte en réalité dn texte de l'article 30 cle la loi clu 27 no­Yembre 1891 que Ie reconrs exercé par la c·ommission cl' assistance rmblique tron­ye sa base dans un clroit qni lui est per­souneHement attrilmé par In loi; que ce reconrs est incléDenclant cle l'action ali­mentaire, pnisqu'H pent s'exercer éven­tuellement contre la personne secourue, c'est-à-t1ire contre le crénncier d'ali­ments; qu'il s'ensnit qne ce recülus di­rigé contre le clébiteur cl' aliments ne se tronn~ pas limité au montant de la créance qne pourrait pxercer coutre lui la IJPrsonne seconrue;

Attendn que le mari, chef de la com­munauté, est tenu de payer à l'assistance DUblique le co1î.t de l'llospitalisation c1e sa femme, en fait séparée de lui pendant 1 'instanee en divorce, du moment qu'il n'établit pas qu 'il se trouYe dans l'impos-, sibilité de le faire faute de ressources suffisantes (civ. Lièg'e, 17 mars 1955, Jur. Lièae, 195-1:-1955, D· 278);

Qn'il est constant que les frais récla­més ont été exposés var l'intimée avant la iranscription dn di vorce de 1' apvelaut <l'avec la dame Chambart; que ce chef de la demam1e est donc fondé dans sou en­tièreté et non pas h concurrence de 5.407 francs senlement, connne Ie pré­tPn<1 1'aD}lP1fmt, lHlisqn'il a lni-même im­vnté ~on versement t1e 250 frmH.'~ tln

12<± JURISPRUDENGE DE BELGIQUE

17 septembre 1952 ainsi qu'il a été dit ci­dessus;

III. Demande de termes et délais Attendu qu'en ordre tout à fait subsi­

t1iaire, l' appelant c1emanc1e, par al)plica­tion de l'article 1244 du Code civil, à pou­voir s'acquitter du montant des condam­nations à concurrence de 300 francs par mois;

A ttendu qne cette clemande de termes et délais paraît justifiée en égarcl aux tirconstances propres à la cause et que la partie intimée ne fait pas valoir des arguments de nature à la faire rejeter;

Par ces motifs, vu les articles 4, 24, 40 et 41 de la loi du 15 juin 1935, statuant contradictoirement, en clegré cl' appel et dans les limites de 1' appel, entend u M. Peereboom, premier substitut clu pro­cureur du roi, en son avis conforme, re­jetant comme non fondées toutes conclu­sions plus amples, antres on contraires, tUt l' appel reeevabie et en Dartie fondé; confirme le jugement a qno sous la seule émendation que l'appelnnt est nutorisé à se libérer du montant des condamna­tions en principal, intérêts et cléDens par versements mensuels de 300 francs; fixe rm 15 février 1957 le premier des verse­meuts ü intervenir; dit qu'ü défaut de se libérer clans les 48 heures de la date à l'une quelconque des échéances ci-dessus inc1iquées, le solde encore dû sera immé­diatement exigible sans mise en clemeure vréalable; conclamne l'appelant aux dé­vens d' appel.

Du (j février 1957. - Tribunal civil de Bruxelles. 126 eh. - 8iég. M. Vroo­mans, juge unique. - Jl11n. publ. l\1. Pee­rebocnn, premier substitut cln procureur cln roi. - Pl. MM. L. \Vouters et R. Frère.

TIUBUNAL CIVIL DE COURTRAl

20 déce:mbre 1956

SAISIE-EXÉCUTION. - Df.:CISION DE LA

DÉPU'l'A'l'ION PEH:M:ANEN'l'E DU CONSEIL PRO-

(1) 'l'nulnction.

LE TRIBUN AL; Attendu que la partie Van Iseghem fait opposition à la .saisie-ex~­cution opérée sur ses meubles et ob]ets mobl­liers par procès-verbal clu 24 décembre 19.53, de l;huissier Messely, ainsi qu'à la sommation

VINCIAL RELA'l'IVE AUX SOJ\filiEi::i DUES PAit LE

RECEVEUR DE LA CO:M:liHSSION D'ASSIS'l'ANCE

PUBLIQUE D'UNE C011IMUNE A LADI'l'E COMMIS­

SION, A LA SUITE DE SA· GESTION. - TITRE

EXÉCU'l'OIRE. - lNCOliiPÉ'l'ENCE DU 'l'RIBUNAL

OIVIL POUR EXAMINER SI LES SO:Wri\ffiS SON'l'

DUES. - COMPÉTENCE DU 'l'IUBUNAL POUR

EXAMINER LA VALIDITÉ DE. LA SAISIE.

La déci8ion cle In clép u tntion per'mnnente 8tatuwnt 81W le8 CO'lnpte8 cl,n 'l'eceve'll'l' communcû a la vcûe'/l'l' cl'un :i'ltgement définitif et con8t'it-ue 'lln Ut1·e PO'Ilil' ln oomJn'une; Il en e8t cle même en oe qui oonoe,rne le8 compte8 cl'lt rece·ve'l/.'J' cle la COJ1L'!JliÏ88io'n cl'a88'i8tnnoe pnblique)· rlè8 lo·rs le trib·nnal e8t incompétent tJOUi/' exnmine'l' le foncle,ment 0'1/ le montant ae la clette cln receceur)· il e8t toutefoi8 oonzpétent pour ewaim iner 8i let 8Cl/Ï8ie­exéontion, qui ct été prnUquée, e8t régu-7ière.

(YAN ISElUIEllf, C. COl\IliUSSION D'ASSIS'l'ANCI~

PUBLIQl'E D'EMELGE11L)

YONNIS (1).

DE RECHTBANK; Qyerwegencle dat partij Van Iseghem Yerzet aantekent tE~gen het executoriaal heslag gelegel op zijn meubelen en roerende goederen, llij proces-verbaal Ynn deurwanreler Messely, del. 2± december 1953, alsook tegen de sommatie om aanwezig te zijn op de op~:~n­bnre verkoping betekend op 22 april 1954, en tegen cle Ynststelling van de verkoping OIJ 8 mei 1954., alsook tegen alle verdere datlen van uitvoering bij rechtsmacht, gestt~ld op verzoele Yan de commissie Yan ovenbare onderstanel van de gemeente Emelgem, om tot <le llt~tnling te komen nm een inschuld vastgesteld bij eindreke­ning voor het dienstjaar 1952, betreffende yerzetters beheer in hoedanigheid Ynn ontyanger Yan de commissie van openbare onderstanel;

I. In feite : Overwegem1e dat blijkt, uit een uit­

treksel van het register der beraadslagin­gen van de commissie van openbare on-

cl'être présente à la vente publique, à elle si­gnifiée le 22 avril Hl54, à la fixation de cette vente au 8 mai 1954 et à tous actes cl'exécu­tion jucliciail·e accomplis à la requête de la commission cl'assistance publique cl'Emelgem aux fins cl'obtenir payement d'une cleLte adive conslaLée dans. le clécompLe fin al pour l' ex er-

TRIBUNAUX

detstand te Emelgem, dat in geheime zit­ting del. 8 februari 19±5, ue heer Van Iseghem verkozen 1vercl tot secretaris-ont­Ynnger Yan de commissie van openbare onderstand met een jaarlijkse wedde van 2.GOO frank;

Dat deze beslissing goedgekeurd· werd in zitting van de gemeenteraad del. 17 fe­lmwri 1945;

0Yerwegende dat verzetter afgesteld werd uit zijn ambt, op schrijven van de heer arrondissementscommissaris van 'l'ielt dat in de vervanging van de heer Van Iseghem moest worden voorzien;

01erwegende dat verzetter meermaals aangezocht werd, over te gaan tot de eindrekening van zijn beheer als secreta­ris-ontvanger van de commissie yan open­lmre onderstand te Emelgem;

Overwegende dat de rekening van klerk tot meester betreffende het beheer van verzetter als aftredend ontvanger der commissie van openbare onderstand te Emelgem, tegenover de dienstdoende ont­nmger de heer Hoet, in afwezigheid van verzetter, die geen gevolg aan de aanma­ning had gegeven, opgemaakt en afgeslo­ten werd door de heer Van Haecke, daar­toe door de commissie van openbare on­derstand aangestelel;

cice 1952 de la gestion de l'opposant en qua­lité de receveur de la cmnmission d' assistance publique;

I. En fait : Attendu qu'il ressort d'un extrait du regis­

tre aux délibérations de la cammission d'as­sistance publique d'Emelgem qu'en sa séanèe secrète du 8 février 1945 Van Iseghem fut nommé secrétaire-receveur de la cammission d'assistance publique au traitement annuel de 2.500 francs;

Que cette décision fut approuvée par Ie conseil connnunal le 17 février suivant;

Attendu que l'opposant fut démis de ses fonctions à la suite d'une lettre du commis­saire d'arrondissement de Tielt informant la commune qu' elle avait à pourvoir au rempla­cement de Van Iseghem;

Attendu que !'opposant fut invité à plusieurs reprises à rendre Ie compte de clerc à maître de sa gestion en tant que secrétaire-receveur de la cammission d' assistance d'Emelgem;

Attendu que ledit compte fut établi à l'en­contre de M. Roet, receveur faisant fonctions, en !'absence de l'opposant qui n'avait pas donné suite à la sommation, par M. Van Haecke, à ce désigné par la cammission d'as­sistance publique;

Que ce compte fut reçu par ledit HoetJ suc­cesseur de l'opposant, et approuvé par la com-

Dat deze rekening aangenomen werd door de op1·olger, de heer K. Hoet,· en goedgekeurd werd door de commissie van openbare onderstanel te Emelgem op G juni 1952 en door de gemeenteraad op ~1 juni 1952;

Dat, bij besluit del. 17 october 1952, de bestendige deputatie van de provinciale raad van \Vest-Vlaanderen de rekening vaststelde in algemene ontvangsten op 799.160 fr. 52 en in algemene uitgaven op 144.552 fr. 53, een batig saldo latend van 654.607 fr. 99;

Overwegende dat in kas 627.962 fr. 29 aanwezig waren, zodat een tekort bleek Yan 26.645 fr. 70;

Overwegende dat, bij exploot van 24 de­cember 1952, aan Ierzetter bevel betekend werd cUt bedrag te betalen;

Dat bij exploot van het ambt van deur­waarder Messely te Izegem, del. 26 decem­ber 1953, herhaald bevel werd betekend en, gezien de weigering, overgegaan werd tot uitvoerend beslag op meubelen en mo­bilaire voorwerpen;

Dat op 22 april 1954 verzetter gesom­meerd werd om aanwezig te zijn op de openbare verkoping bij rechtsmacht van de in beslag genomen meubelen, en hem

mission d' assistance publigue d'Emelgem le 6 juin 1952 et par Ie conseil communal Ie 21 juin suivant;

Que, par arrêté du 17 octobre 1952, la dépu­tation permanente du conseil provincial de la Flandre occidentale arrêta le compte en recettes générales à 799.160 fr. 52 et en dé­penses générales à 144.552 fr. 53, laissant un solde bénéficiaire de 654.607 fr. 99;

Attendu que, 627.962 fr. 29 étant en caisse, il apparut un déficit de 26.645 fr. 70;

Attendu que par exploit du 24 décembre 1952 sommation d' acquitter ce montant fut faite à I' opposant;

Qu'itératif cammandement lui fut signifié par exploit du ministère de l'huissier Messely, du 26 décembre 1953, et que, devant l'inaction de 1' opposant, saisie-exécution fut pratiquée sur ses menbles et effets mobiliers;

Que Ie 22 avril 1954 l'opposant fut mis en demeure d'être présent à la vente publique judiciaire des menbles saisis et qu'il lui fut notifié que cette vente était fixée au 8 mai 1954;

II. En droit : Attendu que I' opposant sou ti ent qu'il ne

peut être exécuté sur ses biens sur la base d'un compte de clerc à maître dont il résulte que sa gestion laisse un déficit de 26.645 fr. 70;

Qu'en effet, un compte suivant pareille pro-

'126 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

helwmlgemnakt werd dat de Yerkoop ge­stel<l was op 8 mei 1954;

II. In rechte : Overwegemle dat Yerzetter beweert dat

ov basis Yan de rekening Yan klerk tot meester, ·waaruit een tekort blijkt in zijn beheer van 26.645 fr. 70, verzetter niet kan nitgeYoerd worden op zijn goe­deren;

Dat, inderclaad, de afrekening volgens zulke proceclunr, gesteund op het besluit van de Staatsraad dd. 4 thermidor, jaar X, het advies van de Staatsraad d<l. 16 thermidor, jaar XII, het keizerlijk decreet van 27 februari 1811 en artikel 141 van de gemeentewet, van hem alleenlijk kon geëist worclen in zijn hoedanigheid vm1 ontvanger der commissie van open­hare onderstanel en bij zijn aftreden;

Dat ofwel zijn benoeming onregelmatig geweest is en hij dus moet geacht worden nooit ontvanger geweest te ZlJn en afrekening enkel kan gevorderd worden Yolgens tle regelen van het gemeen recht, ofwel zijn benoeming regelmatig is, maar

cédure, fondée sur l' arrêté du Conseil d'Etat du 4 thermidor an X, l'avis du Conseil d'Etat du 16 thermidor an XII, le décret impérial du 27 février 1811 et l'article 141. de la loi com­munale, ne pouvait être exigé de lui qu'en sa qualité de 1:eceveur de la commission d'as­sistance publique et au moment de sa sortie de charge;

Qu'ou bien sa nomination fut irrégulière et il doit être réputé n'avoir jamais été investi de la fonction de receveur et ne peut être as­signé en reddition de compte que sur la base du droit connnun, ou bien sa nomination fut régulière, auquel cas il ne lJeut être considéré conune démissionnaire, n'ayant jamais donné sa démission ;

Attenclu que l'opposant fait valoir en outre qu'en l'absence de comptahilité répondant ~tux prescriptions légales, il était impossible de clresser un compte de clerc à nnître;

Qu'enfin il soutient ne pas être déhiteur clu manquant de 26.645 fr. 70, possédant lui-même sur la commission d'assistance une créance d'un montant élevé;

Attendu que la défencleresse oppose l'incom­pétence clu tribunal, même pour statuer sur la validité de la procédure d' exécution;

Attendu que les thèsès des parties apparais­sent toutes deux inexactes;

Attendu, en effet, qu'il est généralement ad­mis que les principes régissant l'organisation intérieure cl u pouvoir communal s' appliquent à celle de la co1mnission cl' assistance puhlique toutes les fois que le législateur ne l'a pas réglée par des clispositions particulières (GLr­NEUR et ROCHE'l', G·uide pTatiq1te de l' adminis-

hij dan niet als aftredend mag beschouwd worden, dnar hij nooit ontslag heeft ge­nomen;

Overwegende dat verzetter laat gelden dat bovendien geen rekening van klerk tot meester kon worden opgemaakt in af­lvezigheid van boekhoucling volgens de voorgeschreven wettelijke regelen;

Overwegende dn t verzetter eindelijk voorhoudt dat hij het tekort van 26.645 fl~. 70 niet Yerschuldigd is, daar hij zelf een schuldvorelering op de commissie vnn openbare onclerstnnd bezit voor een groot l1edrag;

Overwegende dat verweerster beweert dat de rechtbank onbeyoegd is om uit­spraak te doen, ook wat betreft de geldig­heid der uitvoeringsproceduur;

0Yerwegende dat beide stelsels onjuist voorkomen;

Overwegende, inderdaad, dat algemeen aangenomen wordt dat de princiepen toe­vnsselijk op de innerlijke inrichting van de gemeentelijke macht, op de innerlijke inrichting van de commissie van open­bare onderstand toepasselijk zijn telken-

trat,ion cles oommisst:ons d'assistanoe zmbliq ue, 11° 76);

Attendu, en l'espèce, qu'en l'absence de clispositions dérogatoires clans la loi du 10 mars 1925 sur l'assistance puhlique, les rè­gles en vigueur concernant le compte de sor­tie à rendre par le receveur communal démis­sionnaire s' appliquent à son successeur;

Attenclu qu'à sa sortie de charge le receveur conununal ou ses héritiers sont tenus cl'éta­blir un compte de clerc à maître et qu'en cas de refus ou de retard ce compte est, après mise en demeure, dressé d'office par le conseil communal avec l'aicle d'une personne qu'il clé­signe;

At.tenclu que le compte ainsi établi est sou­mis pendant un temps Sltffisamment long au receveur ou à ses hérit.iers aux fins d'appro­bation;

Attendu qu'ensuite il est transmis à la dé­putation permanente du conseil provincial qui 1' arrête définitivement aux fins d' exécution;

Attenclu que les contestations surgissant à cette occasion entre le receveur et la commune au sujet de compte sont déférées à la députa­tion permanente, seule compétente pour en co1maître (DE BRoucKÈRE et TIELEMANS, RézJe1'­toire cle l'administmtion, t. V, 271, et t. VI, 433; MoNTIGNY, Principes de finanoes ooJmn-u­ncûes, p. 153; VAUTHIER, D1·oit administratij, p. 413; BRANTS, Belgisch Gemeenterecht, p. 328);

Attenclu que la décision de la cléputation permanente sur ces contestations a un carac­tère juriclictionnel et peut être comparée à un jugement cléfi~ütif (Malines, 12 avril 1948,

TRIBUNAUX

male de wetgever get-n bijzondere rege­ling getroffen heeft (GLlNEUR en ROCHET,

Guicle pnllique äe l'a(l'fninistration äes commissions cl'assistance publiqne, nr 76);

0Yerwegende dat, ter zake, in afwezig­heid yan afwijkende beschikking in tle wet van 10 maart 1925, op tle openbare onderstand, de vigerende regelen met be­trek op de eindrekening van zijn beheer te verlenen door tle uittreelende gemeen­teontvanger, ov zijn ovvolger van toepas­sing zijn;

0Yerwegende dat, op het eimle van zijn beheer, de gemeenteontvanger of zijn erf­genmmm een rekening van klerk tot mees­ter moet opmaken en, in geval yau wei­gering of Yertraging, deze rekening, na hlYertoefstelling·, ambtshalYe opgemaakt wortlt door de gemeenteraad, met behulp van een aangestel<le persoon;

Over·wegende dat deze rekening tot goedkeuring aan de gemeenteontvanger of aan zijn erfgenamen oudenvarpen ·worllt geeluremie een voldoende tijtl; On~nvegende dat daarna de rekening

overgemaakt wordt aan de bestendige de­rmtatie van de provinciale raad, welke tleze vaststelt, ten einde uitvoering;

Ovenvegende dat de geschillen te dièr gelegenheid gerezen tussen de gemeente­ontnmger en de gemeente, ten aanzien nm de eindafrekening, onderworpen \vor­tlen aan de bestendige deputatie, welke daartoe uitsluitend bevoegd is (DE BRODC­

KÈRE en TIELEMANS, Répertoire de l'aä­ministration, bel. V, 271, en bel. VI, 433; lVION'l'H1NY, Princfpes äe fi'nances comrn·u­n([,les, blz. 153; VAD'l'HJER, D·roit (uzm"inis-

'l'ijdsckrijt toor bestwn1·swetensclwppen, pa­ge 175);

Attendu que le compte, une fois arrêté par la députation permanente, constitue un titre en vertu duquel la commune peut niettre en branie con tre le receveur ou ses héritiers la procédure d'exécution;

Attendu que les juridictions civiles ne sont pas habilitées à intervenir autrement dans les litiges relatifs au compte du receveur; qu' en conséquence, lorsque la députatiön permanente [1 reconnu la créance, la juridiction civile ne peut plus statuer. sur le fondement ou le mon­Lant de celle-ci;

Attendu que, à défaut de procédure spé­eiale prévue, la commune exécute sou titre contre le receveur ou ses héritiers suivant les règles du droit commun;

Attendu, toutefois, que lorsque la commune procède à la saisie-exécution des meubles de son débiteur en vue d'obtenir payement de

tr(f,Uf, blz. 413; BRANTSJ Bdgisch Gemeen­terecht, blz. 328);

0Yerwegenüe dat de uitspraak van de bestendige deputatie nopens deze geschil­len van juridictionele aard is en te ver­gelijken is met een definitief vonnis (Mechelen, 12 april 19-:18, 'P-ij clsclwift 1.:001'

bestuuirswetensclwppen, blz. 175);

0Yerwegemle dat de rekening, eens vastgesteld door de bestendige deputatie een titel vormt Yoor de gemeente, welk~ de uitvoeringsproceduur tot inning vnn haar tegoed tegen de gemeenteontvanger of zijn erfgenamen instellen kan;

0Yerwegende dat de burgerlijke rechts­macht onbevoegd is om verder tussen tt..~ komen in de geschillen betreffende de af­rekening Yan de gemeenteontvano·er ·

Dat dus, zo cle schuld blijkt ult de be­slissing van de bestendige deputatie, noch omvang noch bestaan van die schuhl nog mogen onderzocht worden door de bur­gerlijke rechtsmacht;

Overwegende dat de gemeente haar ti­tel uitvoert tegen de gemeenteontvanger of zijn erfgenamen volgens cle regelen van het gemeen recht, daar geen bijzon­dere uitvoeringsproceduur dienaangaande bestaat;

On~rwegende dat, wanneer door de ge­meente uitvoerend beslag gelegd wordt op (}(~ meubelen, om tot betaling te geraken van haar schuldvordering, de gewone rechtbanken wel bevoegd zijn om te be­slissen oyer de geldigheid van clit beslag;

Overwegende dat al deze regelen mnta­tis mntanclis toepasselijk zijn op de out-

sa eréance, les tribunaux ordinaires sont com­pétents pour colmaître de la valiclité de cetto saisie;

Attendu que, comme il a été dit, les règles qui vielment d'être exposées s'appliquent, nw­tatis mntandis, au receveur de la oommission d'assistance publique;

Attendu qu' en l' espèce l' opposant n'invoque aucune nullité ni vice de forme dont la procé­dure de saisie serait affectée;

Qu'il conteste cependant l'existence et Ie montant cle la dette en soutenant que la dé­eision cle la députation permanente est irrégu­lière;

AUendu que c'est devant la députation per­manente qu'il eût clü faire valoir ses argn­ments relatifs à ces contestations;

Qu'il a négligé de le faire; Par ces motifs, écartant toutes autres con­

clusions, rejette l' opposition comme non fon­dée; condamne ]'opposant aux dépeus.

128 JURISPRUDENCE DE BELGIQUE

vanger van de commissie van openbare onderstanel zoals hoger uiteengezet;

Overwegende dat, ter zake, verzetter geen enkele nietigheid of vormgebrek, met betrek op de inbeslagleggingsproce­cluur, inroept;

Dat hij wel het bestaan en de omvang Yan de schuld betwist;

Dat hij, inderdaad, de regelmatigheid Yan de beslissing van de bestendige de­lm ta tie betwist;

0Yerwegencle dat hij de redenen aan

de grond Yan cUe betwistingen had moe­ten laten gelden bij de bestendige deputa­tie;

Dat hij zulks verwaarloosd heeft; Om deze redenen, alle verdere besluiten

van de hand wijzende, verwerpt het ver­zet, als zijnde ongegrond; verwijst ver­zetter in de kosten.

Du 20 décembre 195ü. - Tribunal civil de Oourtrai. - 1re eh. - Prés. lVI. de Nec­ker, président. - Pl. MM. Beele et Mal­fait.

ETABLISSEMBNTS EMILE BRUYLANT, soc. an., Bruxelles

Un dir. gén. : R. Bruylant, av. BrYgmann, 421, Uccle