Mythe poésie philosophie
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33ëé3333ëé3333ëé3333ëé3333ëé3333ëé3333Mythe, poésie,
philosophie.
Temporalité et vérité dans certaines figures de discours.
°°°°°°°°°°°°
Voici un thème, que j'ai longtemps enseigné en
philosophie, mais jamais publié. On supposera que quelque
chose comme la parole, avant d'appartenir à l'homme, s'arrache
à une toute-puissance jalouse et parcimonieuse. Cette
hypothèse a des incidences psychiatriques. Mais aussi des
incidences culturelles dont quelques unes seront notre objet.
Nous chercherons le sens temporel et historique l'on peut
donner à l'avant d'une possession externe par rapport à
l'homme et dont la parole, en tant qu'humaine, se délivrerait.
Une telle recherche implique non sans difficulté que cet
avant, bouleverse et probablement détruit l'idée d'une
temporalité continue. On supposera donc qu'il peut être
représenté ou indirectement déterminé de façons diverses,
grâce à certaines figures de discours. De quelles figures
peut-il s'agir et qu'est-ce que le discours qui leur est
commun? Nous allons voir que si la présentation d'un contenu
est ici l'élément commun de tout discours, la répétition sera
considérée comme la mesure et la source de certaines de ses
différences. En quoi peuvent donc consister de telles
différences dans le discours et de quelles façons variées mais
comparables s'y manifeste la délivrance de la parole? C'est ce
que montre exemplairement, dans la grèce ancienne, la
succession qui va du mythe, à la poésie épique, puis à la
tragédie et à la philosophie. Cette succession est exemplaire,
parce qu'elle scande d'une façon particulière et remarquable
quelques modalités primordiales d'une émergence et d'une
appartenance qui sont toujours en souffrance dans la parole
humaine. C'est pourquoi de telles modalités ne sont pas les
moments d'une histoire solidifiée, mais des échos remarquables
de la délivrance se répétant sans cesse aux sources de la
parole. Et cette seconde sorte de répétition lorsqu'on la
croise avec la première, c'est-à-dire avec celle dont il va
être question maintenant, ouvre une perspective intéressante
sur la notion de temps.
1. Le mythe chez les grecs, situe l'ensemble de notre
propos. On sait qu'il est toujours un récit d'événements et
d'actions dans lesquels les dieux sont en cause et dominent
les hommes, lorsqu'ils ne sont pas tout seuls. De tels récits
variés, trouvent dans une certaine omnipotence divine et aussi
dans les difficultés et les conflits qu'elle endure le
principe de leur succession et dans le "caractère" de chacun
des dieux, le principe de leur cohérence et de leur diversité.
C'est ce que des études commme celles d'Ottp permettent de
constater. Toutefois, la confrontation en vue d'une cohérence,
n'est pas seulement le fait d'une opération savante et
inhérente au contenu du mythe. Elle touche à la forme du
discours mythique.
En effet le mythe n'est pas un simple contenu narratif. La
parole ou la profération effectives lui sont essentiels. En
cela il est un mode de discours auquel la répétition, supposée
parfaite, est essentielle. Cette répétition d'un contenu de la
parole, par l'acte de parler, serait si parfaite dans le
mythe, qu'elle effectuerait un retour au même de ce qu'elle
dit, jusqu'au point de supprimer la différence entre le passé
qu'elle raconte et le présent. de son récit Ainsi conçue, la
répétition échapperait à la capacité de l'homme, elle serait
au pouvoir des dieux. Le discours qui la met en jeu, c'est-à-
dire le mythe, serait l'acte même de la puissance divine,
alors même que la parole, véhiculant un tel mode de discours,
se trouve proférée par un homme. Ceci veut dire que le mythe
"raconté" par un homme, est assuré par un dieu. Car c'est un
dieu qui le redit, et qui reprend à l'identique ce qui
auparavant fut dit, en assurant ainsi, grâce à cette première
identité des contenus présents et passés dans le dire, une
seconde identité, celle des contenus et des choses, à la
faveur de la différence supprimée entre le même et ce qui
n'est pas le même, entre le premier dit et sa répétition
considérée identique. De cela il résulte que l'acte de l'homme
en train de dire est anéanti dans sa particularité, tout comme
dans son intention, et que demeure la prise de parole d'un
récitant dont la réalité est inessentielle. Car si,
concrètement, la parole se profère à travers sa bouche, sa
signifiance et sa vérité ne font qu'un, en tant que cette
dernière, tout en venant d'ailleurs que de la profération du
locuteur, est immanente à son affirmation. Une telle parole se
déploie devant des auditeurs dont la croyance en la chose dite
se trouve toute entière liée à ce type de discours, mythique,
c'est-à-dire à la réunion reçue comme telle entre le passé et
le présent. Ceci entraine en cascade, la suppression du
récitant comme auteur, la position de la signifiance en face
ou au-dessus des auditeurs en tant qu'humains et
l'actualisation du récit mythique en tant que geste
surhumaine.
C'est cela qu'effectue ou que met en scène le mode de
"récitation" du mythe. Mais il faut tenir compte ici de ce
qu'un tel point de vue sur le dire, somme toute banal, pour
les "mythologues", dans la plupart des propositions qu'il
émet, comporte néanmoins de spécificité théorique. En effet,
la plupart des mythologues, parmi lesquels en particulier Lévi
Strauss, analysent les mythes comme s'il étaient des histoires
écrites dont on peut comparer les versions et scruter les
contenus afin de découvrir leur sens, comme si ce dernier
pouvait surgir à l'horizon de l'histoire mythique, plus
nettement qu'aux temps primitifs, à la faveur du décalage
temporel et méthodologique entre l'auditeur d'autrefois et
l'ethnologue d'aujourd'hui. Or c'est paradoxalement le
contraire d'un tel décalage qui est le véritable enjeu du
mythe, en tant que vivant dans sa réalité propre de discours.
En effet, on étudie aujourd'hui les mythes.du point de vue
de leurs contenus et du sens que ces derniers recèlent (cf
l'analyse de mythe d'Oedipe dans Anthropologie structurale I).
On se heurte ainsi à l'objection de M. Détienne (inL'invention
du mythe) que formulaient déjà certains auteurs anciens (cf je
crois, Horace, le poète latin, ceci à vérifer chez Détienne),
c'est que les mythes que l'on taxe de religieux, racontent des
histoires fort peu convenables (on pourrait dire cela aussi de
la Bible). Or la question n'est pas seulement de chercher un
sens de ces contenus, comme si à travers ces derniers, des
structures de la société ou de la parenté s'inscrivaient et se
transmettaient. Comme si derrière le récit explicite, résidait
dans le sens latent, la vraie valeur du mythe qui serait
simplement "technique" à la manière moderne. Mais il importe
de légitimer les opérations nécessaires à l'obtention de tels
résultats, c'est-à-dire le traitement du mythe comme un
document, sa relecture et sa comparaison avec d'autres récits.
Et pour cette légitimation essentielle, il faut tenir comte de
la façon très spécifique dont elle est obtenue dans le mythe
en tant que discours , bref, il faut aussi tenir compte du
dire. Car en ce qu'il dit mais aussi quoi qu'il dise, le mythe
est d'abord une façon de parler et d'énoncer très
caractéristique et très distincte. On y trouverait le mode de
vérité auquel il prétend dans ses divers contenus. Cette
vérité, se veut immanente au sens même, mais elle en est
distincte, car elle n'est pas seulement d'adéquation ou
d'efficacité dans l'ordre technique ou pratique. Cette valeur
d'efficacité inhérente au contenu du mythe n'est possible et
elle n'est garantie dans la pratique pédagogique ou politique
que par le côté du discours et par la vérité de répétition
qu'il produit, dans l'ordre de l'originel. Dans le mythe, les
deux aspects se rejoignent, c'est ce qui permet à Lévi
Strauss, dans un texte d'ailleurs brillant, de comparer, sans
autre forme de procès, un énoncé mythique et un énoncé
scientifique,sans tenir compte des conditions dans l'ordre du
discours, qui favorisent un tel rapprochement.
A la lumière ce qui vient d'être énoncé, il est
intéressant de revenir, ne serait-ce que de façon allusive,
sur l'opposition que Heidegger introduit à propos de la vérité
entre l'adéquation (ÙryvyØw) et l'ouverture (élØyeia). Comme
si cette ouverture-révélation que la question de l'être
explicite à l'origine des étants entrait en compétition avec
la conception de la vérité comme une exactitude d'ordre
technique. Et comme si cette deuxième conception de la vérité
inaugurée par Platon était postérieure à la première et
responsable de son "oubli". Or il importe de remarquer que si
l'on tient compte de la notion de discours, telle au moins
qu'on vient de la proposer, les deux côtés de la vérité, loin
de s'opposer, coexistent. En effet l'adéquation peut être
envisagée non pas seulement entre le savoir et les contenus,
dans l'ordre des essences, mais dans la répétition du dire, ce
que vise, à sa façon, le mythe sans d'ailleurs parvenir à
l'effectuer. De l'adéquation ainsi mesurée par la répétition
qui la vise et la rate, il résulte que la vérité à l'origine
du discours reste distincte de la préoccupation du sens. Ainsi
le mythe vise-t-il une répétition qu'il suppose parfaite, mais
c'est par référence à une jalousie divine et en tant que
garant d'une pure narration. Si donc Lévis Strauss, dans le
passage ci-dessus indiqué, peut comparer le mythe à la
science, c'est que l'un et l'autre impliquent la répétition
parfaite. Mais pour le premier cette répétition se situe dans
l'ordre du dire le contenu, le second dans l'ordre du contenu
tout seul et quel que soit son dire pédagogique particulier.
De ce fait et parce que le dire scientifique est à la fois
inessentiel et indispensable, la vérité inhérente à sa
répétition y est déterminée sous les espèces du manque ou du
défaut. Nous allons voir que d'autres types de discours visent
également la répétition et la ratent d'une façon chaque fois
différente et spécifique.
Quant à la façon dont elle s'exerce dans le mythe,
n'oublions pas certaines conditions matérielles qu'elle met
alors en jeu. N'oublions pas que le mythe est récité et que,
comme le souligne JP Vernant, le plus grand souci de ceux qui
l'ont véhiculé (à une époque où l'écriture n'existait pas
encore ou bien était rare, faute de supports aisément
accessibles), était celui d'une mémoire exacte, afin de
rapporter sans défauts la matérialité des paroles primitives.
Non pas pour satisfaire à des scrupules d'historien, mais pour
que, grâce à une répétition entièrement conforme,
l'aujourd'hui et l'autrefois coïncident dans un retour au même
que réaliserait l'acte de la récitation pour les auditeurs. Là
serait l'essentiel du mythe, la vérité des contenus étant à
l'épreuve de ce jeu-là
Ici il faut insister : car dans le mythe, le retour au
même n'aurait rien de comparable à celui d'une remémoration en
laquelle passé et présent sont distincts et ne coïncident que
dans la re-présentation. Précisément dans le mythe,
l'autrefois est effectivement présent, il supprime le "re" de
la re-présentation, il supprime ainsi paradoxalement la
mémoire du passé en mélangeant en lui la valeur d'un autrefois
remémoré et celle d'un modèle éternel et exemplaire. Or cette
présence du passé dans le présent (ou de l'essence dans
l'exemple comme dirait Hegel) n'a rien d'hallucinatoire car
elle est récitée. Mais en même temps elle est l'objet d'une
croyance bien plus intense ou prégnante que l'adhésion libre
du croyant monothéiste. Et s'il en est ainsi c'est que
l'énonciation caractéristique du mythe est reçue comme telle,
c'est-à-dire comme un retour au même, un tel retour au même
étant aussi essentiel dans l'énonciation que celui qu'il
entraine et qu'il garantit, dans le contenu.
Tout cela paraît bien connu. Déjà Van der Leuw, et après
lui Mircéa Eliade s'intéressent au mythe de l'éternel retour
(évoqué notamment par l'expression "en ce temps là" qui situe
la geste récitée par le mythe dans un passé exemplaire). Mais
pour autant, ils ne voient ce temps-là que comme un contenu
affirmé, un contenu caractéristique du mythe, mais considéré à
côté de plusieurs autres, et ils n'insistent ni l'un ni
l'autre, sur l'acte d'énonciation qui ici est essentiel. Car
ce qui est important dans cette affaire, c'est de situer dans
cet acte, le retour du même avant de le placer dans les
contenus au sein desquels d'ailleurs il s'immerge. Alors on
met au jour la médiation qu'implique de façon paradoxale, un
tel retour du même ainsi compris. Cette médiation met en jeu
la puissance divine. Ceci implique qu'elle se refuse en tant
que médiation et que pour cela elle anéantisse l'affirmation
de soi du locuteur humain, en faisant valoir que le dire
qu'elle supporte est paradoxalement une réitération sans
passé, et par là même une hiérophanie s'effectuant dans la
parole et grâce à elle. De cela il résulte que le contenu
raconté, n'est rien d'autre que la geste divine s'effectuant,
et qui, d'être racontée sans "recul", se trouve jouée sans
espace de jeu, de façon actuelle et comme telle sacrée. Pour
cela il faut un récitant qui, moyennant certaines épreuves
reçoit, lui seul, la collation de la parole divine.
Curieusement ceci nous amène au seuil de la cérémonie
religieuse, encore aujourd'hui et dans laquelle on trouve des
paroles comme "aujourd'hui, Christ est ressucité", ou bien "il
prit du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples
en disant : ceci est mon corps". Ce sont des paroles dans
lesquelles le récit mélange de façon explicite et thématique
d'un côté le passé en tant que révolu, d'autre part le passé
actuellement présent d'une façon sacramentelle. Car pour un
croyant, c'est aujourd'hui que le Christ est ressucité, et
c'est concrètement, du moins pour les catholiques, qu'il est
présent dans le pain consacré. Cependant, on l'a déjà indiqué,
la croyance monothéiste est différente de celle que requiert
le mythe en ce sens qu'elle est foi et qu'en cela elle exige
un acte libre de considérer le passé à la fois comme passé et
comme réellement présent dans la parole. Cet acte de foi tient
donc compte de la réalité apparente du passé en tant que
révolu et raconté et il est un regard spirituel capable de
surmonter cette apparence sensible. Bref la récitation d'un
texte comme celui de la messe catholique est double: elle
s'apparente à celle d'un événement passé. Mais elle exige en
plus un acte de foi en la présence actuelle de ce passé, cette
présence étant divine du même coup, ce qui fait que, pour les
catholiques au moins, elle équivaut à la transsubstantiation
refusée par le protestantisme. Pour ce dernier en effet, le
passé raconté n'est rien que respectable. Et de ce fait la
présence divine s'affirme dans le temps présent, d'une autre
façon que pour les catholiques. Mais de toute façon, pour les
uns comme pour les autres, cette présence spirituelle est tout
à fait distincte de la réalité historique du passé.
Or on voit par comparaison que le mythe n'est pas un récit
du passé, et qu'il n'est pas non plus une simple prière
humaine conjurant la divinité de réactualiser ce passé. En ce
sens il est un mode de discours particulier et spécifique. Il
est une façon d'assurer la vérité entière des contenus d'un
récit grâce à une certaine manière de le raconter. Tout se
passe comme si la vérité ici était celle d'une répétition qui
aurait pour vertu d'effacer la différence qu'elle provoque. Un
tel effacement, caractéristique du mythe, en tant que mode de
discours, permet d'immerger la singularité de l'acte de
raconter dans la certitude de ses contenus, et d'extirper
ainsi la parole mythique de la bouche charnelle qui la
profère, en la mettant au service d'une puissance s'affirmant
divine grâce à la répétition accomplie et supposée parfaite.
Au fond du mythe considéré comme discours, il y a l'idée de
cette répétition à ce point parfaite qu'elle se nie et se
dénie dans le surhumain de son exposition. Toute la question
est alors de savoir s'il s'agit là de la plus grande réussite
de la parole ou au contraire d'un de ses avatars primitifs. La
parole mythique est en effet supposée surhumaine, mais ainsi
elle échappe à l'homme. Plus précisément elle fait écho à une
dépossession, dans laquelle la vérité la plus absolue de son
énonciation serait à payer du prix qui fait qu'alors l'homme
ne peut en être l'auteur et que lorsqu'il prétend faire sienne
une parole quelconque, celle-ci n'est plus qu'un simple
mensonge, un sacrilège, un bafouillage. Ce sacrilège, ce
mensonge, ce bafouillage seraient le côté humain d'une parole
réputée divine, ils seraient le faux et l'envers de cette
parole vraie, l'extérieur du discours mythique à partir du
moment où on considère le mythe en tant que discours c'est-à-
dire en tant que mode de rapport à la vérité dans répétition.
De ce point de vue, la parole fausse serait simplement
profane, c'est-à-dire l'expression de remarques perceptives et
personnelles.
Cette alternative entre parole sacrée et parole sensée,
dont la vérité est le pivot, annonce le personnage de Socrate,
avec l'accusation d'impiété dont il fut l'objet. Cette
alternative s'éclaire d'un nouveau jour si on projette sur
elle la double lumière de la répétition et de la dépossession.
Chez Platon en effet l'enjeu de la vérité est celui de la
répétition ou du retour du même mais sans la dépossession qui
s'ensuit dans le mythe. C'est bien pourquoi, Platon accepte
l'affirmation par Protagoras de l'homme-mesure de toutes
choses, tout en critiquant la doja, c'est-à-dire la perte de
la répétition qui chez les sophistes en est inséparable. C'est
qu'en effet les sophistes, tout en affirmant le non-
conformisme de l'opinion, restent tributaires de l'ordre
ancien, auquel ils ne s'opposent que de façon "subjective",
sans parvenir à le remplacer. La nouveauté du moment
platonicien exige par rapport aux sophistes et par rapport à
l'ordre ancien une autre figure dudiscours , c'est-à-dire une
autre espèce de répétition. Mais pour apprécier et mesurer une
telle nouveauté, il est utile de voir comment cette répétition
peut se transformer dans des figures de discours
intermédiaires entre mythe et philosophie.
Remarquons donc maintenant un caractère du génie grec
dans la ressemblance, et dans la succession, du mythe à la
poésie épique. On trouve en effet, dans le poème épique,
autant que dans le mythe la même identité visée et supposée
atteinte par la répétition. Et cette identité, encore une
fois, est double. Elle est d'abord au plan des contenus, dans
tous les gestes du héros. Car ce qui caractérise le héros
épique, chez les grecs tout spécialement, et d'une autre façon
que dans le romantisme, c'est la simplicité familière et
quotidienne de tous ses comportements, jusque dans la guerre,
dans la mort et dans le courage qu'elles exigent. Le héros
grec accomplit les mêmes gestes que les autres humains, sans
différence aucune. Mais ce qui le distingue en tant que héros,
c'est la manière parfaitement exemplaire dont il les
accomplit. Ceci ne veut pas dire qu'il soit un modèle, au sens
axiologique ou éthique de ce terme. Bien au contraire, ses
gestes restent quotidiens. Et leur exemplarité a quelque chose
qui nous échappe, à nous qui ne savons la penser qu'en termes
d'idéal ou d'essence. Car dans le héros, cette exemplarité
est, sans intériorité ni différence, immanente à son
personnage tel qu'il apparaît, en chair et en os. Et si la
beauté alors a l'importance que l'on sait, c'est parce
qu'elle est, de façon politique, éthique et sensorielle, cette
parfaite immanence de l'universel dans le singulier dont nous
avons perdu aujourd'hui la mesure, et à laquelle Jacques Lacan
fait écho, quand il parle de l'éclat antique de l'adolescence.
Nous découvrons dans le poème épique, cette immanence de
l'exemplarité grâce à l'identité sereine que produit la
répétition des gestes quotidiens, loin que celle-ci la
détruise. Il s'agit évidemment là d'une esthétique opposée à
la nôtre pour qui la répétition, devenue mécanique, banalise
l'exemplarité esthétique de l'oeuvre d'art, en détruisant le
merveilleux de son immanence ou de sa différence en tant que
supprimée.
Si donc l'exemplarité de la geste épique a quelque
ressemblance avec celle des mythes, c'est pour autant que dans
sa valeur de modèle pratique, elle est esthétique. Elle
consiste dans ce qu'elle montre, ou dans l'immanence dont on
vient d'esquisser le dessin et dont la répétition est le
ressort. Cette répétition dans les contenus se redouble d'une
autre moins apparente, mais qui en est la source et la
condition. Elle appartient à la parole en tant que véhicule
des contenus, elle est de l'ordre du dire, ou de l'acte de
dire, lequel étant multiple, en tant que répété, s'affirme
néanmoins identique ou égal à lui-même, sans différence
aucune, dans une transparence et simultanément dans une vérité
et une beauté qui transparaissent au sein des gestes héroïques
les plus simples.
Sur cette transparence épique, Hegel et Nietzsche, chacun
de façon différente, avaient insisté, le premier en marquant
dans les contenus et en imputant au savoir, l'immanence dont
on vient de parler, le second en soulignant, du côté de la
forme, l'apollinisme du poème. Mais du point de vue qui est le
nôtre, cette transparence apparaît liée, comme à sa source, à
l'acte de dire et à la figure de la répétition dans laquelle
il est engagé. Dans cette figure, l'acte de dire, grâce à une
répétition supposée parfaite, coïncide avec lui-même ou avec
son passé. Cette coïncidence s'impose à lui, et elle échappe à
son pouvoir, comme dans le mythe, car elle ne dépend pas du
rhéteur ou du poète. Ceux-ci ne sont que les intermédiaires du
poème venu d'ailleurs et qui, dans sa transparence, dépend des
dieux comme dans le cas du mythe. C'est ce qu'exige la
répétition considérée à son origine.
Faut-il donc en conclure que du point de vue du dire, il
n'y a pas de différence entre le mythe et le poème épique et
que tout le contraste revient au fait que le héros épique
prend la place du dieu dans la mise en scène, ce qui
opposerait au point de vue qui est le nôtre une sorte de
démenti? Cette différence, bien au contraire, est expliquée
par le dire et par la figure de sa répétition, précisément
parce que, dans le mythe, comme dans le poème épique, cette
répétition est supposée parfaite. Où donc se trouve alors la
différence ? Pour en rendre compte et pour éliminer ce qui
peut ressembler ici à une inconséquence, il suffit d'écouter
la voix du récitant dans l'un et l'autre cas. Du côté du mythe
en effet, le récitant ne fait que se préter à un dieu qui
parle à travers sa bouche, tandis que du côté du poème épique,
celui qui parle est un homme, et si la perfection de ce qu'il
redit ne lui appartient toujours pas, c'est pourtant lui qui
prend le risque de s'en faire l'interprète. Ainsi sans doute,
il est inspiré, et au début de l'Iliade notamment, il invoque
la déesse pour obtenirs cette inspiration. Mais une différence
décisive s'est introduite entre ces deux figures de la
répétition pourtant supposée parfaite aussi bien dans le mythe
que dans le poème épique. Car, dans le second cas, l'homme
s'est emparé de cette parole qui ne lui appartient pas dans le
mythe, et il s'efforce par ses propres moyens de la rendre
conforme à l'intention du dieu. Cette prise de parole est
essentielle: elle définit l'essence même de l'esprit épique, à
la fois humain et conforme à la volonté du dieu, ou à la fois
singulier et exemplaire.
Ce qui favorise entre mythe et poème épique, une telle
ressemblance, mais également une différence aussi essentielle,
c'est que les mythes chez les grecs soient devenus la geste de
divinités très semblables aux hommes. De cette façon peut-
être, la poésie a pris le pas sur le mythe. Cette succession
fait penser à celle dont parle notamment Otto, qui aboutit à
la victoire des Olympiens sur les dieux d'en-bas. C'est ainsi
que la loi de Zeus ordonnateur de toutes choses prend le pas
celle des Erynies qui vengent le sang par le sang.
Cependant on ne doit pas s'en tenir à cette généalogie
paresseuse. Car elle dépend de ses conditions dans l'ordre du
discours lesquelles on aperçoit mieux aujourd'hui, nous
verrons pourquoi. Redisons donc une fois encore que du mythe à
la poésie, la parole dont les dieux sont effectivement les
auteurs quand c'est un récitant qui profère le mythe, devient
une parole humaine mais inspirée des dieux, dans la poésie
épique. Ce passage dans l'ordre du discours, rend possible ou
du moins accompagne celui qui va des divinités jalouses, à la
sérénité des Olympiens. On veut dire par là que la vengeance
pratiquée sous le nom de justice, par les divinités mythiques,
correspond très exactement au mode de la parole et à la figure
de sa répétition qui préside au mythe considéré comme
discours. Elle correspond à cette sorte de jalousie divine qui
ne laisse pas aux humains la maîtrise de leur parler, sinon
sous l'aspect de l'erreur. Il s'agit d'une erreur qui
paradoxalement se fonde sur l'observation individuelle des
phénomènes obervables et qui, sous le nom de parole profane,
se juxtapose à l'unicité de la parole sacrée et
traditionnelle.
Or c'est précisément une maîtrise humaine du parler qui
apparaît dans le poème épique. Elle correspond à une
indifférence des dieux qui remplace leur omnipotence jalouse,
et qui se traduit esthétiquement chez les grecs (jusque dans
l'épicurisme) par la sérénité. Cette sérénité épique est
incarnée par le héros, non pas du point de vue de ses
comportements, (car ceux-ci sont agités par les passions),
mais dans la forme. Elle est une manière d'être exemplaire qui
se traduit notamment par une valeur métaphysique de la lumière
et qui consiste, comme on l'a déjà indiqué, dans la
coïncidence tranquille du singulier et de l'universel. Le
héros grec est en effet l'homme ou la femme de tous les jours,
mais dont les gestes les plus humbles ont encore pour nous
aujourd'hui et malgré la différence des "valeurs" et des modes
de vie, quelque chose d'une essence incarnée. Or la source de
cette immanence dont la luminosité se perçoit concrètement à
la manière d'une croyance en la vérité épique, se trouve dans
la coïncidence du présent et du passé, avec la médiation
qu'elle implique d'une inspiration divine, que le poète (cf le
début de l'Iliade ), ne se borne pas à invoquer au
commencement du poème, mais qui est immanente à l'acte de son
dire, et qui produit ou garantit cette coïncidence admirée par
les auditeurs entre son dire d'aujourd'hui est le passé qu'il
réévoque. Ici la rédaction du récit épique et sa récitation ne
font qu'un, idéalement tout au moins, dans une unité inspirée
entre l'acte de dire et ce qu'il sait. L'inspiration ici est
vraiment une invocation, ce qui fait du poème une parole
encore "sacrée", mais néanmoins, entièrement humaine.Celle-ci,
on l'a vu, ne se donne pas comme un modèle éthique, mais comme
une représentation esthétique dont l'immanence va des dieux
aux hommes, en s'incarnant dans le héros. Or cette exemplarité
là exige un certain mode de discours, elle s'exerce dans la
figure proprement épique de la répétition, c'est-à-dire
lorsque le passé et le présent y sont simultanés non plus de
façon dogmatique comme dans le discours du mythe, mais grâce à
une supercherie esthétique que garantit l'inspiration divine,
lorsqu'elle séduit et ravit à la fois le récitant et ses
auditeurs (ainsi parle l'Ion de Platon)..C'est très
exactement de la même façon exemplaire et grâce à la
persuasion qui utilise les poèmes comme un modèle, que
s'exerce dans la politique et dans l'éducation, la Dikh de
Zeus Olympien. Et de même que le dieu assure cette
simultanéité du présent et du passé dans le discours épique en
inspirant le poète, de même il protège le chef et le guerrier
qui imitent le modèle exemplaire et le reproduisent en eux-
mêmes et dans leur commandement, selon une symétrie dont
Platon se souviendra. En effet, cette reproduction-imitation
qui caractérise l'esthétique du poème épique, est à la source
de la notion antique de fusiw, moyennant quelques différences
dans la répétition et dans le discours, comme on le verra.
Revenons auparavant sur la supercherie esthétique qui
sous le nom d'inspiration divine, constitue le discours
épique. C'est elle, nous l'avons dit, qui dans le poème,
assure la simultanéité du présent et du passé, et dans les
gestes de la vie civique, l'immanence exemplaire du héros.
Cette supercherie permet à la parole de se déplacer vers
l'homme, tout en sauvegardant à la vérité qui est la sienne,
sa place antérieure et qui convenait au mythe. En effet si
cette vérité est immanente au discours épique, ce n'est plus
grâce à une profération divine comme dans le mythe, mais grâce
à une inspiration venue des dieux. Elle n'en est pas moins
immuable, et cette immutabilité considérée dans les dieux a
déjà une valeur logique en ce sens qu'elle garantit du côté du
discours et de la répétition de ses énoncés, la stabilité qui
s'affirme dans les contenus et qui est celle du monde épique.
Il y a là un point essentiel. Car ainsi désormais, la vérité
est au dessus des significations du dire, elle en est
distincte, et ceci veut dire que par delà les significations
elle fait valoir l'existence qui leur correspond et dont le
locuteur ne peut répondre. En cela consiste la luminosité du
monde épique dont le poète avoue la provenance comme une
supercherie esthétique, lorsqu'il invoque l'inspiration
divine. Par cet aveu, il permet au mensonge d'affleurer, non
plus comme une parole profane à l'extérieur du mythe, mais
comme une authentique tromperie dont l'Odyssée ne cesse de
faire état du côté des dieux, à l'occasion de la mort du héros
et de sa gloire prétendue, mais aussi du côté de l'homme, en
mettant en scène le personnage d'Ulysse comme celui dont les
ruses ne cessent de tromper les dieux..
Walter F. Otto Les dieux de la grèce trad. Grimbert et
Morgant Payot 1981
Lévi Strauss La pensée sauvage. Plon
Heidegger La doctrine de Platon sur la vérité (1940) trad.
par A. Préau in Questions II Gall. 1968.
Affirmation qui fait au moins indirectement écho à ce que dit
Foucault sur la mort en tant que condition du discours
clinique et plus généralement du discours positif des sciences
humaines in La Naissance de la clinique 1963 4° ed. Puf, cf
notamment pp. 169 et 170.
Vernant J.P. Mythe et pensée chez les grecs.
Hegel Phénoménologie de l'Esprit (Section conscience: la
certitude sensible).
Van der Leuw L'homme primitif et la religion.
Mircéa Eliade Le mythe de l'éternel retour.
dans le Séminaire sur le transfert, p.
W. F. Otto Les dieux de la grèce, 19.. trad. ..ed Petite
biblioth Payot p. 40.
C'est un nom que lui donne notamment Mircea Eliade dans
Bernard PUEL. O5. 07. 95.
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catholiques. Néanmoins et quoi qu'il en soit,, pour les uns
comme pour les autres,
Il y aurait beaucoup à dire, comme le fait d'ailleur
Hölderlin, sur la poésie considérée comme un effort pour
revenir vers la parole mythique, et aussi comme l'acceptation,
véritablement I¿É
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tragique (au sens du mot de tragédie chez Hölderlin), de
l'impossibilité d'un tel retour.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191.savante mais ons dans l'ordre du
discours l'
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191. Le sacré et le profane 1957. Gall.
1965.
Il manque ici le passage par le tragique, puis l'accès à
la philosophie, en suivant le fil conducteur de la répétition.
Noter que dans le tragique, comme le soulignerait une étude
sur la conception lacanienne du tragique, c'est le regard
divin, celui qui aveugle Oedipe et que la catharsis dénoue,
qui assure la répétition. Elle devient structurelle et au delà
de l'histoire tragique en tant qu'anecdote, déjà "historique".
Signe qu'avec la métamorphose de la répétition, c'est la
liberté de l'homme qui pas à pas s'affirme.
Il faudrait montrer, en passant par la réminiscence
platonicienne, en soulignant la diversité des figures de la
mort, qui toutes, jusqu'à nos jours, mesure la finitude
humaine, par référence à un au delà, jusqu'à la conception
moderne de la mort de Dieu, et de la mort de l'homme, laquelle
chez M. Foucault, brise la répétition et la remplace par le
pur discontinu au quel répond, la notion même de discours, en
tant qu'elle est inséparable de la notion d'événement pur,
c'est-à-dire d'un événement comparable à celui de la mort,
laquelle échappe à toute saisie et s'arrache en tant
qu'événement à la suite des causes et du temps à laquelle elle
appartient en tant qu'effet. Le discours, comme chez Lacan
d'ailleurs est ce qui actualise le vide qui remplace le retour
au même et à l'origine dans la répétition.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191. Le sacré et le profane 1957. Gall.
1965.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191. Le sacré et le profane 1957. Gall.
1965.
. Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991
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6464646Mythe, poésie, philosophie.
Temporalité et vérité dans certaines figures de discours.
°°°°°°°°°°°°
Voici un thème, que j'ai longtemps enseigné en
philosophie, mais jamais publié. On supposera que quelque
chose comme la parole, avant d'appartenir à l'homme, s'arrache
à une toute-puissance jalouse et parcimonieuse. Cette
hypothèse a des incidences psychiatriques. Mais aussi des
incidences culturelles dont quelques unes seront notre objet.
Nous chercherons le sens temporel et historique l'on peut
donner à l'avant d'une possession externe par rapport à
l'homme et dont la parole, en tant qu'humaine, se délivrerait.
Une telle recherche implique non sans difficulté que cet
avant, bouleverse et probablement détruit l'idée d'une
temporalité continue. On supposera donc qu'il peut être
représenté ou indirectement déterminé de façons diverses,
grâce à certaines figures de discours. De quelles figures
peut-il s'agir et qu'est-ce que le discours qui leur est
commun? Nous allons voir que si la présentation d'un contenu
est ici l'élément commun de tout discours, la répétition sera
considérée comme la mesure et la source de certaines de ses
différences. En quoi peuvent donc consister de telles
différences dans le discours et de quelles façons variées mais
comparables s'y manifeste la délivrance de la parole? C'est ce
que montre exemplairement, dans la grèce ancienne, la
succession qui va du mythe, à la poésie épique, puis à la
tragédie et à la philosophie. Cette succession est exemplaire,
parce qu'elle scande d'une façon particulière et remarquable
quelques modalités primordiales d'une émergence et d'une
appartenance qui sont toujours en souffrance dans la parole
humaine. C'est pourquoi de telles modalités ne sont pas les
moments d'une histoire solidifiée, mais des échos remarquables
de la délivrance se répétant sans cesse aux sources de la
parole. Et cette seconde sorte de répétition lorsqu'on la
croise avec la première, c'est-à-dire avec celle dont il va
être question maintenant, ouvre une perspective intéressante
sur la notion de temps.
1. Le mythe chez les grecs, situe l'ensemble de notre
propos. On sait qu'il est toujours un récit d'événements et
d'actions dans lesquels les dieux sont en cause et dominent
les hommes, lorsqu'ils ne sont pas tout seuls. De tels récits
variés, trouvent dans une certaine omnipotence divine et aussi
dans les difficultés et les conflits qu'elle endure le
principe de leur succession et dans le "caractère" de chacun
des dieux, le principe de leur cohérence et de leur diversité.
C'est ce que des études commme celles d'Ottp permettent de
constater. Toutefois, la confrontation en vue d'une cohérence,
n'est pas seulement le fait d'une opération savante et
inhérente au contenu du mythe. Elle touche à la forme du
discours mythique.
En effet le mythe n'est pas un simple contenu narratif. La
parole ou la profération effectives lui sont essentiels. En
cela il est un mode de discours auquel la répétition, supposée
parfaite, est essentielle. Cette répétition d'un contenu de la
parole, par l'acte de parler, serait si parfaite dans le
mythe, qu'elle effectuerait un retour au même de ce qu'elle
dit, jusqu'au point de supprimer la différence entre le passé
qu'elle raconte et le présent. de son récit Ainsi conçue, la
répétition échapperait à la capacité de l'homme, elle serait
au pouvoir des dieux. Le discours qui la met en jeu, c'est-à-
dire le mythe, serait l'acte même de la puissance divine,
alors même que la parole, véhiculant un tel mode de discours,
se trouve proférée par un homme. Ceci veut dire que le mythe
"raconté" par un homme, est assuré par un dieu. Car c'est un
dieu qui le redit, et qui reprend à l'identique ce qui
auparavant fut dit, en assurant ainsi, grâce à cette première
identité des contenus présents et passés dans le dire, une
seconde identité, celle des contenus et des choses, à la
faveur de la différence supprimée entre le même et ce qui
n'est pas le même, entre le premier dit et sa répétition
considérée identique. De cela il résulte que l'acte de l'homme
en train de dire est anéanti dans sa particularité, tout comme
dans son intention, et que demeure la prise de parole d'un
récitant dont la réalité est inessentielle. Car si,
concrètement, la parole se profère à travers sa bouche, sa
signifiance et sa vérité ne font qu'un, en tant que cette
dernière, tout en venant d'ailleurs que de la profération du
locuteur, est immanente à son affirmation. Une telle parole se
déploie devant des auditeurs dont la croyance en la chose dite
se trouve toute entière liée à ce type de discours, mythique,
c'est-à-dire à la réunion reçue comme telle entre le passé et
le présent. Ceci entraine en cascade, la suppression du
récitant comme auteur, la position de la signifiance en face
ou au-dessus des auditeurs en tant qu'humains et
l'actualisation du récit mythique en tant que geste
surhumaine.
C'est cela qu'effectue ou que met en scène le mode de
"récitation" du mythe. Mais il faut tenir compte ici de ce
qu'un tel point de vue sur le dire, somme toute banal, pour
les "mythologues", dans la plupart des propositions qu'il
émet, comporte néanmoins de spécificité théorique. En effet,
la plupart des mythologues, parmi lesquels en particulier Lévi
Strauss, analysent les mythes comme s'il étaient des histoires
écrites dont on peut comparer les versions et scruter les
contenus afin de découvrir leur sens, comme si ce dernier
pouvait surgir à l'horizon de l'histoire mythique, plus
nettement qu'aux temps primitifs, à la faveur du décalage
temporel et méthodologique entre l'auditeur d'autrefois et
l'ethnologue d'aujourd'hui. Or c'est paradoxalement le
contraire d'un tel décalage qui est le véritable enjeu du
mythe, en tant que vivant dans sa réalité propre de discours.
En effet, on étudie aujourd'hui les mythes.du point de vue
de leurs contenus et du sens que ces derniers recèlent (cf
l'analyse de mythe d'Oedipe dans Anthropologie structurale I).
On se heurte ainsi à l'objection de M. Détienne (inL'invention
du mythe) que formulaient déjà certains auteurs anciens (cf je
crois, Horace, le poète latin, ceci à vérifer chez Détienne),
c'est que les mythes que l'on taxe de religieux, racontent des
histoires fort peu convenables (on pourrait dire cela aussi de
la Bible). Or la question n'est pas seulement de chercher un
sens de ces contenus, comme si à travers ces derniers, des
structures de la société ou de la parenté s'inscrivaient et se
transmettaient. Comme si derrière le récit explicite, résidait
dans le sens latent, la vraie valeur du mythe qui serait
simplement "technique" à la manière moderne. Mais il importe
de légitimer les opérations nécessaires à l'obtention de tels
résultats, c'est-à-dire le traitement du mythe comme un
document, sa relecture et sa comparaison avec d'autres récits.
Et pour cette légitimation essentielle, il faut tenir comte de
la façon très spécifique dont elle est obtenue dans le mythe
en tant que discours , bref, il faut aussi tenir compte du
dire. Car en ce qu'il dit mais aussi quoi qu'il dise, le mythe
est d'abord une façon de parler et d'énoncer très
caractéristique et très distincte. On y trouverait le mode de
vérité auquel il prétend dans ses divers contenus. Cette
vérité, se veut immanente au sens même, mais elle en est
distincte, car elle n'est pas seulement d'adéquation ou
d'efficacité dans l'ordre technique ou pratique. Cette valeur
d'efficacité inhérente au contenu du mythe n'est possible et
elle n'est garantie dans la pratique pédagogique ou politique
que par le côté du discours et par la vérité de répétition
qu'il produit, dans l'ordre de l'originel. Dans le mythe, les
deux aspects se rejoignent, c'est ce qui permet à Lévi
Strauss, dans un texte d'ailleurs brillant, de comparer, sans
autre forme de procès, un énoncé mythique et un énoncé
scientifique,sans tenir compte des conditions dans l'ordre du
discours, qui favorisent un tel rapprochement.
A la lumière ce qui vient d'être énoncé, il est
intéressant de revenir, ne serait-ce que de façon allusive,
sur l'opposition que Heidegger introduit à propos de la vérité
entre l'adéquation (ÙryvyØw) et l'ouverture (élØyeia). Comme
si cette ouverture-révélation que la question de l'être
explicite à l'origine des étants entrait en compétition avec
la conception de la vérité comme une exactitude d'ordre
technique. Et comme si cette deuxième conception de la vérité
inaugurée par Platon était postérieure à la première et
responsable de son "oubli". Or il importe de remarquer que si
l'on tient compte de la notion de discours, telle au moins
qu'on vient de la proposer, les deux côtés de la vérité, loin
de s'opposer, coexistent. En effet l'adéquation peut être
envisagée non pas seulement entre le savoir et les contenus,
dans l'ordre des essences, mais dans la répétition du dire, ce
que vise, à sa façon, le mythe sans d'ailleurs parvenir à
l'effectuer. De l'adéquation ainsi mesurée par la répétition
qui la vise et la rate, il résulte que la vérité à l'origine
du discours reste distincte de la préoccupation du sens. Ainsi
le mythe vise-t-il une répétition qu'il suppose parfaite, mais
c'est par référence à une jalousie divine et en tant que
garant d'une pure narration. Si donc Lévis Strauss, dans le
passage ci-dessus indiqué, peut comparer le mythe à la
science, c'est que l'un et l'autre impliquent la répétition
parfaite. Mais pour le premier cette répétition se situe dans
l'ordre du dire le contenu, le second dans l'ordre du contenu
tout seul et quel que soit son dire pédagogique particulier.
De ce fait et parce que le dire scientifique est à la fois
inessentiel et indispensable, la vérité inhérente à sa
répétition y est déterminée sous les espèces du manque ou du
défaut. Nous allons voir que d'autres types de discours visent
également la répétition et la ratent d'une façon chaque fois
différente et spécifique.
Quant à la façon dont elle s'exerce dans le mythe,
n'oublions pas certaines conditions matérielles qu'elle met
alors en jeu. N'oublions pas que le mythe est récité et que,
comme le souligne JP Vernant, le plus grand souci de ceux qui
l'ont véhiculé (à une époque où l'écriture n'existait pas
encore ou bien était rare, faute de supports aisément
accessibles), était celui d'une mémoire exacte, afin de
rapporter sans défauts la matérialité des paroles primitives.
Non pas pour satisfaire à des scrupules d'historien, mais pour
que, grâce à une répétition entièrement conforme,
l'aujourd'hui et l'autrefois coïncident dans un retour au même
que réaliserait l'acte de la récitation pour les auditeurs. Là
serait l'essentiel du mythe, la vérité des contenus étant à
l'épreuve de ce jeu-là
Ici il faut insister : car dans le mythe, le retour au
même n'aurait rien de comparable à celui d'une remémoration en
laquelle passé et présent sont distincts et ne coïncident que
dans la re-présentation. Précisément dans le mythe,
l'autrefois est effectivement présent, il supprime le "re" de
la re-présentation, il supprime ainsi paradoxalement la
mémoire du passé en mélangeant en lui la valeur d'un autrefois
remémoré et celle d'un modèle éternel et exemplaire. Or cette
présence du passé dans le présent (ou de l'essence dans
l'exemple comme dirait Hegel) n'a rien d'hallucinatoire car
elle est récitée. Mais en même temps elle est l'objet d'une
croyance bien plus intense ou prégnante que l'adhésion libre
du croyant monothéiste. Et s'il en est ainsi c'est que
l'énonciation caractéristique du mythe est reçue comme telle,
c'est-à-dire comme un retour au même, un tel retour au même
étant aussi essentiel dans l'énonciation que celui qu'il
entraine et qu'il garantit, dans le contenu.
Tout cela paraît bien connu. Déjà Van der Leuw, et après
lui Mircéa Eliade s'intéressent au mythe de l'éternel retour
(évoqué notamment par l'expression "en ce temps là" qui situe
la geste récitée par le mythe dans un passé exemplaire). Mais
pour autant, ils ne voient ce temps-là que comme un contenu
affirmé, un contenu caractéristique du mythe, mais considéré à
côté de plusieurs autres, et ils n'insistent ni l'un ni
l'autre, sur l'acte d'énonciation qui ici est essentiel. Car
ce qui est important dans cette affaire, c'est de situer dans
cet acte, le retour du même avant de le placer dans les
contenus au sein desquels d'ailleurs il s'immerge. Alors on
met au jour la médiation qu'implique de façon paradoxale, un
tel retour du même ainsi compris. Cette médiation met en jeu
la puissance divine. Ceci implique qu'elle se refuse en tant
que médiation et que pour cela elle anéantisse l'affirmation
de soi du locuteur humain, en faisant valoir que le dire
qu'elle supporte est paradoxalement une réitération sans
passé, et par là même une hiérophanie s'effectuant dans la
parole et grâce à elle. De cela il résulte que le contenu
raconté, n'est rien d'autre que la geste divine s'effectuant,
et qui, d'être racontée sans "recul", se trouve jouée sans
espace de jeu, de façon actuelle et comme telle sacrée. Pour
cela il faut un récitant qui, moyennant certaines épreuves
reçoit, lui seul, la collation de la parole divine.
Curieusement ceci nous amène au seuil de la cérémonie
religieuse, encore aujourd'hui et dans laquelle on trouve des
paroles comme "aujourd'hui, Christ est ressucité", ou bien "il
prit du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples
en disant : ceci est mon corps". Ce sont des paroles dans
lesquelles le récit mélange de façon explicite et thématique
d'un côté le passé en tant que révolu, d'autre part le passé
actuellement présent d'une façon sacramentelle. Car pour un
croyant, c'est aujourd'hui que le Christ est ressucité, et
c'est concrètement, du moins pour les catholiques, qu'il est
présent dans le pain consacré. Cependant, on l'a déjà indiqué,
la croyance monothéiste est différente de celle que requiert
le mythe en ce sens qu'elle est foi et qu'en cela elle exige
un acte libre de considérer le passé à la fois comme passé et
comme réellement présent dans la parole. Cet acte de foi tient
donc compte de la réalité apparente du passé en tant que
révolu et raconté et il est un regard spirituel capable de
surmonter cette apparence sensible. Bref la récitation d'un
texte comme celui de la messe catholique est double: elle
s'apparente à celle d'un événement passé. Mais elle exige en
plus un acte de foi en la présence actuelle de ce passé, cette
présence étant divine du même coup, ce qui fait que, pour les
catholiques au moins, elle équivaut à la transsubstantiation
refusée par le protestantisme. Pour ce dernier en effet, le
passé raconté n'est rien que respectable. Et de ce fait la
présence divine s'affirme dans le temps présent, d'une autre
façon que pour les catholiques. Mais de toute façon, pour les
uns comme pour les autres, cette présence spirituelle est tout
à fait distincte de la réalité historique du passé.
Or on voit par comparaison que le mythe n'est pas un récit
du passé, et qu'il n'est pas non plus une simple prière
humaine conjurant la divinité de réactualiser ce passé. En ce
sens il est un mode de discours particulier et spécifique. Il
est une façon d'assurer la vérité entière des contenus d'un
récit grâce à une certaine manière de le raconter. Tout se
passe comme si la vérité ici était celle d'une répétition qui
aurait pour vertu d'effacer la différence qu'elle provoque. Un
tel effacement, caractéristique du mythe, en tant que mode de
discours, permet d'immerger la singularité de l'acte de
raconter dans la certitude de ses contenus, et d'extirper
ainsi la parole mythique de la bouche charnelle qui la
profère, en la mettant au service d'une puissance s'affirmant
divine grâce à la répétition accomplie et supposée parfaite.
Au fond du mythe considéré comme discours, il y a l'idée de
cette répétition à ce point parfaite qu'elle se nie et se
dénie dans le surhumain de son exposition. Toute la question
est alors de savoir s'il s'agit là de la plus grande réussite
de la parole ou au contraire d'un de ses avatars primitifs. La
parole mythique est en effet supposée surhumaine, mais ainsi
elle échappe à l'homme. Plus précisément elle fait écho à une
dépossession, dans laquelle la vérité la plus absolue de son
énonciation serait à payer du prix qui fait qu'alors l'homme
ne peut en être l'auteur et que lorsqu'il prétend faire sienne
une parole quelconque, celle-ci n'est plus qu'un simple
mensonge, un sacrilège, un bafouillage. Ce sacrilège, ce
mensonge, ce bafouillage seraient le côté humain d'une parole
réputée divine, ils seraient le faux et l'envers de cette
parole vraie, l'extérieur du discours mythique à partir du
moment où on considère le mythe en tant que discours c'est-à-
dire en tant que mode de rapport à la vérité dans répétition.
De ce point de vue, la parole fausse serait simplement
profane, c'est-à-dire l'expression de remarques perceptives et
personnelles.
Cette alternative entre parole sacrée et parole sensée,
dont la vérité est le pivot, annonce le personnage de Socrate,
avec l'accusation d'impiété dont il fut l'objet. Cette
alternative s'éclaire d'un nouveau jour si on projette sur
elle la double lumière de la répétition et de la dépossession.
Chez Platon en effet l'enjeu de la vérité est celui de la
répétition ou du retour du même mais sans la dépossession qui
s'ensuit dans le mythe. C'est bien pourquoi, Platon accepte
l'affirmation par Protagoras de l'homme-mesure de toutes
choses, tout en critiquant la doja, c'est-à-dire la perte de
la répétition qui chez les sophistes en est inséparable. C'est
qu'en effet les sophistes, tout en affirmant le non-
conformisme de l'opinion, restent tributaires de l'ordre
ancien, auquel ils ne s'opposent que de façon "subjective",
sans parvenir à le remplacer. La nouveauté du moment
platonicien exige par rapport aux sophistes et par rapport à
l'ordre ancien une autre figure dudiscours , c'est-à-dire une
autre espèce de répétition. Mais pour apprécier et mesurer une
telle nouveauté, il est utile de voir comment cette répétition
peut se transformer dans des figures de discours
intermédiaires entre mythe et philosophie.
Remarquons donc maintenant un caractère du génie grec
dans la ressemblance, et dans la succession, du mythe à la
poésie épique. On trouve en effet, dans le poème épique,
autant que dans le mythe la même identité visée et supposée
atteinte par la répétition. Et cette identité, encore une
fois, est double. Elle est d'abord au plan des contenus, dans
tous les gestes du héros. Car ce qui caractérise le héros
épique, chez les grecs tout spécialement, et d'une autre façon
que dans le romantisme, c'est la simplicité familière et
quotidienne de tous ses comportements, jusque dans la guerre,
dans la mort et dans le courage qu'elles exigent. Le héros
grec accomplit les mêmes gestes que les autres humains, sans
différence aucune. Mais ce qui le distingue en tant que héros,
c'est la manière parfaitement exemplaire dont il les
accomplit. Ceci ne veut pas dire qu'il soit un modèle, au sens
axiologique ou éthique de ce terme. Bien au contraire, ses
gestes restent quotidiens. Et leur exemplarité a quelque chose
qui nous échappe, à nous qui ne savons la penser qu'en termes
d'idéal ou d'essence. Car dans le héros, cette exemplarité
est, sans intériorité ni différence, immanente à son
personnage tel qu'il apparaît, en chair et en os. Et si la
beauté alors a l'importance que l'on sait, c'est parce
qu'elle est, de façon politique, éthique et sensorielle, cette
parfaite immanence de l'universel dans le singulier dont nous
avons perdu aujourd'hui la mesure, et à laquelle Jacques Lacan
fait écho, quand il parle de l'éclat antique de l'adolescence.
Nous découvrons dans le poème épique, cette immanence de
l'exemplarité grâce à l'identité sereine que produit la
répétition des gestes quotidiens, loin que celle-ci la
détruise. Il s'agit évidemment là d'une esthétique opposée à
la nôtre pour qui la répétition, devenue mécanique, banalise
l'exemplarité esthétique de l'oeuvre d'art, en détruisant le
merveilleux de son immanence ou de sa différence en tant que
supprimée.
Si donc l'exemplarité de la geste épique a quelque
ressemblance avec celle des mythes, c'est pour autant que dans
sa valeur de modèle pratique, elle est esthétique. Elle
consiste dans ce qu'elle montre, ou dans l'immanence dont on
vient d'esquisser le dessin et dont la répétition est le
ressort. Cette répétition dans les contenus se redouble d'une
autre moins apparente, mais qui en est la source et la
condition. Elle appartient à la parole en tant que véhicule
des contenus, elle est de l'ordre du dire, ou de l'acte de
dire, lequel étant multiple, en tant que répété, s'affirme
néanmoins identique ou égal à lui-même, sans différence
aucune, dans une transparence et simultanément dans une vérité
et une beauté qui transparaissent au sein des gestes héroïques
les plus simples.
Sur cette transparence épique, Hegel et Nietzsche, chacun
de façon différente, avaient insisté, le premier en marquant
dans les contenus et en imputant au savoir, l'immanence dont
on vient de parler, le second en soulignant, du côté de la
forme, l'apollinisme du poème. Mais du point de vue qui est le
nôtre, cette transparence apparaît liée, comme à sa source, à
l'acte de dire et à la figure de la répétition dans laquelle
il est engagé. Dans cette figure, l'acte de dire, grâce à une
répétition supposée parfaite, coïncide avec lui-même ou avec
son passé. Cette coïncidence s'impose à lui, et elle échappe à
son pouvoir, comme dans le mythe, car elle ne dépend pas du
rhéteur ou du poète. Ceux-ci ne sont que les intermédiaires du
poème venu d'ailleurs et qui, dans sa transparence, dépend des
dieux comme dans le cas du mythe. C'est ce qu'exige la
répétition considérée à son origine.
Faut-il donc en conclure que du point de vue du dire, il
n'y a pas de différence entre le mythe et le poème épique et
que tout le contraste revient au fait que le héros épique
prend la place du dieu dans la mise en scène, ce qui
opposerait au point de vue qui est le nôtre une sorte de
démenti? Cette différence, bien au contraire, est expliquée
par le dire et par la figure de sa répétition, précisément
parce que, dans le mythe, comme dans le poème épique, cette
répétition est supposée parfaite. Où donc se trouve alors la
différence ? Pour en rendre compte et pour éliminer ce qui
peut ressembler ici à une inconséquence, il suffit d'écouter
la voix du récitant dans l'un et l'autre cas. Du côté du mythe
en effet, le récitant ne fait que se préter à un dieu qui
parle à travers sa bouche, tandis que du côté du poème épique,
celui qui parle est un homme, et si la perfection de ce qu'il
redit ne lui appartient toujours pas, c'est pourtant lui qui
prend le risque de s'en faire l'interprète. Ainsi sans doute,
il est inspiré, et au début de l'Iliade notamment, il invoque
la déesse pour obtenirs cette inspiration. Mais une différence
décisive s'est introduite entre ces deux figures de la
répétition pourtant supposée parfaite aussi bien dans le mythe
que dans le poème épique. Car, dans le second cas, l'homme
s'est emparé de cette parole qui ne lui appartient pas dans le
mythe, et il s'efforce par ses propres moyens de la rendre
conforme à l'intention du dieu. Cette prise de parole est
essentielle: elle définit l'essence même de l'esprit épique, à
la fois humain et conforme à la volonté du dieu, ou à la fois
singulier et exemplaire.
Ce qui favorise entre mythe et poème épique, une telle
ressemblance, mais également une différence aussi essentielle,
c'est que les mythes chez les grecs soient devenus la geste de
divinités très semblables aux hommes. De cette façon peut-
être, la poésie a pris le pas sur le mythe. Cette succession
fait penser à celle dont parle notamment Otto, qui aboutit à
la victoire des Olympiens sur les dieux d'en-bas. C'est ainsi
que la loi de Zeus ordonnateur de toutes choses prend le pas
celle des Erynies qui vengent le sang par le sang.
Cependant on ne doit pas s'en tenir à cette généalogie
paresseuse. Car elle dépend de ses conditions dans l'ordre du
discours lesquelles on aperçoit mieux aujourd'hui, nous
verrons pourquoi. Redisons donc une fois encore que du mythe à
la poésie, la parole dont les dieux sont effectivement les
auteurs quand c'est un récitant qui profère le mythe, devient
une parole humaine mais inspirée des dieux, dans la poésie
épique. Ce passage dans l'ordre du discours, rend possible ou
du moins accompagne celui qui va des divinités jalouses, à la
sérénité des Olympiens. On veut dire par là que la vengeance
pratiquée sous le nom de justice, par les divinités mythiques,
correspond très exactement au mode de la parole et à la figure
de sa répétition qui préside au mythe considéré comme
discours. Elle correspond à cette sorte de jalousie divine qui
ne laisse pas aux humains la maîtrise de leur parler, sinon
sous l'aspect de l'erreur. Il s'agit d'une erreur qui
paradoxalement se fonde sur l'observation individuelle des
phénomènes obervables et qui, sous le nom de parole profane,
se juxtapose à l'unicité de la parole sacrée et
traditionnelle.
Or c'est précisément une maîtrise humaine du parler qui
apparaît dans le poème épique. Elle correspond à une
indifférence des dieux qui remplace leur omnipotence jalouse,
et qui se traduit esthétiquement chez les grecs (jusque dans
l'épicurisme) par la sérénité. Cette sérénité épique est
incarnée par le héros, non pas du point de vue de ses
comportements, (car ceux-ci sont agités par les passions),
mais dans la forme. Elle est une manière d'être exemplaire qui
se traduit notamment par une valeur métaphysique de la lumière
et qui consiste, comme on l'a déjà indiqué, dans la
coïncidence tranquille du singulier et de l'universel. Le
héros grec est en effet l'homme ou la femme de tous les jours,
mais dont les gestes les plus humbles ont encore pour nous
aujourd'hui et malgré la différence des "valeurs" et des modes
de vie, quelque chose d'une essence incarnée. Or la source de
cette immanence dont la luminosité se perçoit concrètement à
la manière d'une croyance en la vérité épique, se trouve dans
la coïncidence du présent et du passé, avec la médiation
qu'elle implique d'une inspiration divine, que le poète (cf le
début de l'Iliade ), ne se borne pas à invoquer au
commencement du poème, mais qui est immanente à l'acte de son
dire, et qui produit ou garantit cette coïncidence admirée par
les auditeurs entre son dire d'aujourd'hui est le passé qu'il
réévoque. Ici la rédaction du récit épique et sa récitation ne
font qu'un, idéalement tout au moins, dans une unité inspirée
entre l'acte de dire et ce qu'il sait. L'inspiration ici est
vraiment une invocation, ce qui fait du poème une parole
encore "sacrée", mais néanmoins, entièrement humaine.Celle-ci,
on l'a vu, ne se donne pas comme un modèle éthique, mais comme
une représentation esthétique dont l'immanence va des dieux
aux hommes, en s'incarnant dans le héros. Or cette exemplarité
là exige un certain mode de discours, elle s'exerce dans la
figure proprement épique de la répétition, c'est-à-dire
lorsque le passé et le présent y sont simultanés non plus de
façon dogmatique comme dans le discours du mythe, mais grâce à
une supercherie esthétique que garantit l'inspiration divine,
lorsqu'elle séduit et ravit à la fois le récitant et ses
auditeurs (ainsi parle l'Ion de Platon)..C'est très
exactement de la même façon exemplaire et grâce à la
persuasion qui utilise les poèmes comme un modèle, que
s'exerce dans la politique et dans l'éducation, la Dikh de
Zeus Olympien. Et de même que le dieu assure cette
simultanéité du présent et du passé dans le discours épique en
inspirant le poète, de même il protège le chef et le guerrier
qui imitent le modèle exemplaire et le reproduisent en eux-
mêmes et dans leur commandement, selon une symétrie dont
Platon se souviendra. En effet, cette reproduction-imitation
qui caractérise l'esthétique du poème épique, est à la source
de la notion antique de fusiw, moyennant quelques différences
dans la répétition et dans le discours, comme on le verra.
Revenons auparavant sur la supercherie esthétique qui
sous le nom d'inspiration divine, constitue le discours
épique. C'est elle, nous l'avons dit, qui dans le poème,
assure la simultanéité du présent et du passé, et dans les
gestes de la vie civique, l'immanence exemplaire du héros.
Cette supercherie permet à la parole de se déplacer vers
l'homme, tout en sauvegardant à la vérité qui est la sienne,
sa place antérieure et qui convenait au mythe. En effet si
cette vérité est immanente au discours épique, ce n'est plus
grâce à une profération divine comme dans le mythe, mais grâce
à une inspiration venue des dieux. Elle n'en est pas moins
immuable, et cette immutabilité considérée dans les dieux a
déjà une valeur logique en ce sens qu'elle garantit du côté du
discours et de la répétition de ses énoncés, la stabilité qui
s'affirme dans les contenus et qui est celle du monde épique.
Il y a là un point essentiel. Car ainsi désormais, la vérité
est au dessus des significations du dire, elle en est
distincte, et ceci veut dire que par delà les significations
elle fait valoir l'existence qui leur correspond et dont le
locuteur ne peut répondre. En cela consiste la luminosité du
monde épique dont le poète avoue la provenance comme une
supercherie esthétique, lorsqu'il invoque l'inspiration
divine. Par cet aveu, il permet au mensonge d'affleurer, non
plus comme une parole profane à l'extérieur du mythe, mais
comme une authentique tromperie dont l'Odyssée ne cesse de
faire état du côté des dieux, à l'occasion de la mort du héros
et de sa gloire prétendue, mais aussi du côté de l'homme, en
mettant en scène le personnage d'Ulysse comme celui dont les
ruses ne cessent de tromper les dieux..
Walter F. Otto Les dieux de la grèce trad. Grimbert et
Morgant Payot 1981
Lévi Strauss La pensée sauvage. Plon
Heidegger La doctrine de Platon sur la vérité (1940) trad.
par A. Préau in Questions II Gall. 1968.
Affirmation qui fait au moins indirectement écho à ce que dit
Foucault sur la mort en tant que condition du discours
clinique et plus généralement du discours positif des sciences
humaines in La Naissance de la clinique 1963 4° ed. Puf, cf
notamment pp. 169 et 170.
Vernant J.P. Mythe et pensée chez les grecs.
Hegel Phénoménologie de l'Esprit (Section conscience: la
certitude sensible).
Van der Leuw L'homme primitif et la religion.
Mircéa Eliade Le mythe de l'éternel retour.
dans le Séminaire sur le transfert, p.
W. F. Otto Les dieux de la grèce, 19.. trad. ..ed Petite
biblioth Payot p. 40.
C'est un nom que lui donne notamment Mircea Eliade dans
Bernard PUEL. O5. 07. 95.
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catholiques. Néanmoins et quoi qu'il en soit,, pour les uns
comme pour les autres,
Il y aurait beaucoup à dire, comme le fait d'ailleur
Hölderlin, sur la poésie considérée comme un effort pour
revenir vers la parole mythique, et aussi comme l'acceptation,
véritablement I¿É
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tragique (au sens du mot de tragédie chez Hölderlin), de
l'impossibilité d'un tel retour.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191.savante mais ons dans l'ordre du
discours l'
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191. Le sacré et le profane 1957. Gall.
1965.
Il manque ici le passage par le tragique, puis l'accès à
la philosophie, en suivant le fil conducteur de la répétition.
Noter que dans le tragique, comme le soulignerait une étude
sur la conception lacanienne du tragique, c'est le regard
divin, celui qui aveugle Oedipe et que la catharsis dénoue,
qui assure la répétition. Elle devient structurelle et au delà
de l'histoire tragique en tant qu'anecdote, déjà "historique".
Signe qu'avec la métamorphose de la répétition, c'est la
liberté de l'homme qui pas à pas s'affirme.
Il faudrait montrer, en passant par la réminiscence
platonicienne, en soulignant la diversité des figures de la
mort, qui toutes, jusqu'à nos jours, mesure la finitude
humaine, par référence à un au delà, jusqu'à la conception
moderne de la mort de Dieu, et de la mort de l'homme, laquelle
chez M. Foucault, brise la répétition et la remplace par le
pur discontinu au quel répond, la notion même de discours, en
tant qu'elle est inséparable de la notion d'événement pur,
c'est-à-dire d'un événement comparable à celui de la mort,
laquelle échappe à toute saisie et s'arrache en tant
qu'événement à la suite des causes et du temps à laquelle elle
appartient en tant qu'effet. Le discours, comme chez Lacan
d'ailleurs est ce qui actualise le vide qui remplace le retour
au même et à l'origine dans la répétition.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191. Le sacré et le profane 1957. Gall.
1965.
Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991 191. Le sacré et le profane 1957. Gall.
1965.
. Je me permets de renvoyer à mon étude intitulée Rythme et
poésie d'après Hölderlin.
1960-61 Seuil 1991
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