L’impossible internationalisme : les expériences interrompues de Démocratie chrétienne...

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1 L’impossible internationalisme: les expériences interrompues de Démocratie chrétienne derrière le Rideau de fer Mon intervention concerne une période importante dans l’histoire d’après- guerre de l’Europe de l’Est qui est lié à l’étape des démocratie populaires et à l’interruption de l’expérience démocratique parlementaire du développement à la suite de l’installation du rideau de fer. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale en l’Europe de l’Est quelques partis d’inspiration démocrate-chrétienne existaient. Les uns ont eu leurs origines dans le système politique d’avant -guerre (comme en Tchécoslovaquie et en Pologne), les autres sont nés pendant la guerre (comme en Hongrie). Cependant, à la difference des partis socialistes et communistes leur coopération dans la cadre de la région et dans l’ensemble de l’Europe dépendait de la particularité du développement d’après-guerre. Dans la première partie de mon intervention je voudrais décrire les conditions politiques générales de la situation en l’Europe de l’Est d’après-guerre qui avaient une influence directe sur les destins des partis politiques d’inspiration chrétienne. La première particularité à laquelle je voudrais attirer votre attention c’est l’expérience très courte de la démocratie parlementaire interrompue avant la deuxième guerre mondiale à la suite de mise en place des régimes autoritaires dans la plupart des pays de l’Europe de l’Est. Le parlementarisme qui est l’une des caractéristiques importantes de la démocratie chrétienne a été liquidé . Après la guerre la grande partie de la société en rompant avec le fascisme et les régimes autoritaires a lié son destin à la démocratie. Trois pôles d’attraction ont existés: la démocratie libérale; la social-démocratie et les partis communistes agissant au nom de la classe ouvrière; le mouvement paysan organisé. Durant les années 1945–1947 les régimes des démocraties populaires se sont établis dans les pays de l’Europe de l’Est. Le rétablissement de la souveraineté nationale, l’affirmation de la démocratie économique et sociale, l’aspiration à éviter des conflits sociaux aigus, la coalition à la base parlementaire, l’antifascisme étaient des facteurs de l’unification pour l es differentes forces politiques. «La démocratie à l’accord» entre les forces politiques principales est née. Mais dans les années 1947–1948 l’évolution des démocraties populaires en voie de la soviétisation met fin au multipartisme. La démocratie acquiert le caractère «de façade» mais dans certains pays disparait du tout (en Yougoslavie, en Albanie, en Hongrie). Malgré des limites du nouveau système dans les certains pays de l’Europe de l’Est on maintient la difference des formes de la propriété, l’influence de l’Église catholique, les différentes orientations politiques de la population, le manque du monopole total du marxisme. La deuxième particularité consiste à la présence de la concurrence très forte du côté des communistes et des sociaux-démocrates et à l’appel de programme. Initialement, un systéme de coalition du pouvoir avec la condition impérative de la participation des communistes a été formé. Au fond, l’existence des Fronts nationaux ou populaires qui réunissaient les forces politiques principales faisait impossible toute alternative hors de ces Fronts. La plupart des partis droits se sont

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L’impossible internationalisme: les expériences interrompues de

Démocratie chrétienne derrière le Rideau de fer

Mon intervention concerne une période importante dans l’histoire d’après-

guerre de l’Europe de l’Est qui est lié à l’étape des démocratie populaires et à

l’interruption de l’expérience démocratique parlementaire du développement à la

suite de l’installation du rideau de fer.

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale en l’Europe de l’Est quelques

partis d’inspiration démocrate-chrétienne existaient. Les uns ont eu leurs origines

dans le système politique d’avant-guerre (comme en Tchécoslovaquie et en

Pologne), les autres sont nés pendant la guerre (comme en Hongrie). Cependant, à

la difference des partis socialistes et communistes leur coopération dans la cadre de

la région et dans l’ensemble de l’Europe dépendait de la particularité du

développement d’après-guerre.

Dans la première partie de mon intervention je voudrais décrire les conditions

politiques générales de la situation en l’Europe de l’Est d’après-guerre qui avaient

une influence directe sur les destins des partis politiques d’inspiration chrétienne.

La première particularité à laquelle je voudrais attirer votre attention c’est

l’expérience très courte de la démocratie parlementaire interrompue avant la

deuxième guerre mondiale à la suite de mise en place des régimes autoritaires dans

la plupart des pays de l’Europe de l’Est. Le parlementarisme qui est l’une des

caractéristiques importantes de la démocratie chrétienne a été liquidé. Après la

guerre la grande partie de la société en rompant avec le fascisme et les régimes

autoritaires a lié son destin à la démocratie. Trois pôles d’attraction ont existés: la

démocratie libérale; la social-démocratie et les partis communistes agissant au nom

de la classe ouvrière; le mouvement paysan organisé.

Durant les années 1945–1947 les régimes des démocraties populaires se sont

établis dans les pays de l’Europe de l’Est. Le rétablissement de la souveraineté

nationale, l’affirmation de la démocratie économique et sociale, l’aspiration à

éviter des conflits sociaux aigus, la coalition à la base parlementaire, l’antifascisme

étaient des facteurs de l’unification pour les differentes forces politiques. «La

démocratie à l’accord» entre les forces politiques principales est née. Mais dans les

années 1947–1948 l’évolution des démocraties populaires en voie de la

soviétisation met fin au multipartisme. La démocratie acquiert le caractère «de

façade» mais dans certains pays disparait du tout (en Yougoslavie, en Albanie, en

Hongrie). Malgré des limites du nouveau système dans les certains pays de

l’Europe de l’Est on maintient la difference des formes de la propriété, l’influence

de l’Église catholique, les différentes orientations politiques de la population, le

manque du monopole total du marxisme.

La deuxième particularité consiste à la présence de la concurrence très forte

du côté des communistes et des sociaux-démocrates et à l’appel de programme.

Initialement, un systéme de coalition du pouvoir avec la condition impérative de la

participation des communistes a été formé. Au fond, l’existence des Fronts

nationaux ou populaires qui réunissaient les forces politiques principales faisait

impossible toute alternative hors de ces Fronts. La plupart des partis droits se sont

2

tachés du soutien des régimes autoritaires et du collaborationisme. Donc ils ont été

écartés d’un nouveau système politique. L’influence de l’Église sur la société et la

vie politique se soumet aussi à la révision serieuse. En l’absence de l’alternative

évidente la lutte principale se déploie entre les partis participant aux Fronts

nationaux. Dans ce contexte le destin des partis non-communistes est soumis à la

logique de cette opposition dont le bilan est devenu l’établissement du monopole

des communistes et leurs alliés sur le pouvoir.

La troisième particularité comprend le «facteur soviétique» dans la vie

d’après-guerre des pays de l’Europe de l’Est. Le rôle du «facteur soviétique»

résulte de la situation militaire, stratégique et politique qui s’est formé en Europe,

des aspirations d’empire de l’URSS et les États-Unis, du début de la guerre froide

et dans une grande mesure de la présence soviètique dans les pays de l’Europe de

l’Est. Cette présence est observé dans quelques domaines où elle trouvait

l’expression précise: le fondement du système de pouvoir d’État, la formation des

cadres, la monopolisation des médias, les épurations et les répressions politiques

des forces NKVD, l’institut des conseillers soviètiques, les commandanturs

soviètiques, l’activité des missions diplomatiques soviètiques. À la suite de la

croissance des états d’esprit radicaux dans la population de l’Europe de l’Est

l’URSS a été considérée comme l’arbitre dans la décision des contradictions.

Les composantes militaires, politiques et idéologiques du «facteur soviétique»

se renforcent à partir de l’été 1947 avec l’accroissement des divergences entre les

anciens Alliés sur les questions de l’avenir de l’Allemagne et du monde d’après-

guerre. Le refus de la participation au «plan Marshall» amène à l’isolement

économique de l’Europe de l’Est. En 1947 Andreï Jdanov dans son discours a

divisé le monde en deux camps: antidémocratique (impérialiste) et démocratique

(anti-impérialiste) s’opposant à la réaction internationale, des «fauteurs de la

guerre». Alors l’URSS a crée les limites d’auto-isolement des régimes politiques

des pays de l’Est européen et de la réduction de la coopération avec l’Ouest. La

création du Kominform et le conflit entre l’URSS et l’Yougoslavie sont des

éléments importants de la consolidation autour de l’Union Soviètique des pays de

l’Europe de l’Est, du fondement du bloc communiste et de la formation des

nouveaux régimes autoritaires.

Enfin, la quatrième particularité consiste à la formation de nouvelles

relations entre l’État communiste et l’Église catholique qui était toujours un

élément important de la politique et de la société. On peut dire que le déstin de la

démocratie chrétienne dans l’Europe de l’Est dépendait des positions de l’Église et

de son soutien. Cette circonstance amenait souvent à l’effacement de la borne dans

ces pays entre les mouvements proprement catholiques et les partis démocrates-

chrétiens.

Pendant la guerre l’Église catholique de la Pologne et de la Tchèque se

trouvait sur les positions patriotiques. En Hongrie, en Slovaquie et en Croatie

l’Église au contraire se produisait comme l’élément actif anti-démocratique des

régimes autoritaires étant au fond de leur appui. Durant l’existence des démocraties

populaires c’est l’Église catholique qui résistait notamment au régime de la

dictature du Parti et de l’État. Dans cette confrontation les partis gouvernants

3

disposaient du soutien des masses travailleuses et de l’appareil d’État. La force de

l’Église était dans les traditions séculaires de cet institut comme le porteur de la

conscience nationale. C’est le catholicisme politique et la position de l’Hiérarchie

que servent du pôle d’attraction de la grande partie de la société.

Ainsi, la réalité de l’alternative démocrate-chrétienne dépendait directement

du rôle que était préparé pour l’Église dans les nouvelles conditions. Les partis de

la démocratie chrétienne en s’appuyant sur le soutien de l’Église se produisaient

comme une force politique opposant au mouvements gauches et à la laïcisation

excessive de la société. En acceptant la necessité de grandes réformes de structure

et de la modernisation des rapports sociaux ils se rapportaient prudemment aux

questions de la séparation de l’Église et de l’État, au réforme d’école, à la

rédistribution de la propriété, à la réduction de l’influence de l’Église sur la société

et le système politique.

Il est important de noter que le changement des relations des partis

gouvernants avec l’Église après la deuxième guerre mondiale se produit comme le

facteur de l’évolution intérieure des pays de l’Europe de l’Est. Car, comme en

temoignent les archives russe, malgré la complexité des rélations entre l’URSS et

le Vatican Moscou jusqu’en 1949 accorde la moindre attention aux problèmes

confessionnels dans les pays de l’Est européen.

*****

Dans la deuxième partie de mon intervention je voudrais parler des destins

des partis démocrates-chrétiens dans quelques pays de l’Europe de l’Est.

La Tchécoslovaquie. En automne de 1918 le Parti populaire de la Tchèque

sous la direction de Jan Šrámek (1870–1956) et le Parti populaire de la Slovaquie

d’Andrej Hlinka sont nés. Les deus partis ont participés activement à la vie

politique du pays et ont recrutés les partisans parmi les catholiques urbains et

ruraux, les représentants des groupes sociaux différents (surtout des classes

moyennes) ainsi que ils ont eu les réseaux des organisations professionnelles (les

syndicats ouvriers, les organisations de femmes, les mouvements sportifs et

d’autres). Pendant les années de la guerre mondiale J. Šrámek est devenue premier

ministre du gouvernement en exil.

Le lendemain de la libération, au printemps de 1945, le Parti populaire est

entré dans le Front national et a été présenté dans le nouveau gouvernement par

trois ministres. À coté de J. Šrámek des leaders du parti étaient František Hala

(1893–1952), Adolf Prochazka (1900–1970) et Helena Koželugová (1907–1967).

En entrant dans le Front national le Parti populaire a du accepter le refus du

catholicisme politique et l’insertion de l’Église au nouveau système des partis.

Cette position a demandée des corrections de son programme. Nous y trouvons le

point spécial que le Parti populaire ne se présentera pas comme le parti catholique

mais il deviendra simplement le parti chrétien. Cependant, J. Šrámek et F. Hala

considéraient ce point comme la condition formelle de l’entrée de leur parti dans le

Front national et la garantie de sa présence sur la scène politique.

Le Parti populaire soulignait sa nature démocrate-chrétienne. Il interprétait la

démocratie chrétienne comme «la démocratie fondée sur les principes moraux et

l’égalité des gens au sens de la doctrine chrétienne». Dans son programme on a

4

introduit les exigences du moment. Le Parti populaire a reconnu la possibilité de la

construction du socialisme avec «le caractère purement tchécoslovaque» que sous-

entendait l’approbation des réformes de structure et la conservation du régime

parlementaire. Le Parti a soutenu la nationalisation des industries-clés et des

grandes banques mais principalement celles qui appartenaient aux Allemands ainsi

que l’introduction de la gestion d’État dans l’économie dans les intérêts du

développement de la société. Le parti se prononcait pour l’unité des Tchèques et

des Slovaques dans le cadre d’une Nation et d’un État1.

Quant au Parti populaire de la Slovaquie il a soutenu le régime autoritaire de

Josef Tiso. Ensuite il est entré dans le Parti démocrate qui a regroupé la plupart des

catholiques et des luthériens de la Slovaquie et qui a influencé les régions rurales.

Le catholicisme politique slovaque personnifié par le parti de Hlinka dans les

nouvelles conditions était exclu de la vie politique. L’idéologie du Parti démocrate

présentait le mélange de la doctrine du christianisme social, du nationalisme

slovaque et de la voie agraire du développement en rejetant le socialisme dans

toutes ses formes. Son électorat était très différent.

En janvier de 1946 la direction du Front national a pris la décision sur les

élections à l’Assemblée nationale constituante. Ces élections ont passés le 26 mai

1946. Le Parti populaire a reçu 15,6% des voix et 46 mandats dans l’Assemblée.

Le Parti démocrate a reçu 62% en Slovaquie (14% dans tout le pays) et 43 mandats

au parlement2. Le 2 juin a été formé le gouvernement de K. Gottwald. Le

lendemain des élections le parlement a voté le plan de deux ans de la

reconstruction économique du pays.

Le Parti populaire, en se solidarisant avec les autres forces non-communistes,

a obtenu des corrections dans le plan de la reconstruction en limitant la

nationalisation des industries-clés. Il a obtenu le maintien officiel de l’économie à

secteurs multiples et il a déposé d’amendement concernant de la protection de la

propriété privée. Mais le changement de la situation dans la vie politique de

Tchècoslovaquie met fin à l’activité du Parti populaire.

Dès la fin de 1945 à l’initiative des communistes on a fermé sa revue

«Obzory» à cause de «l’ésprit fasciste et réactionnaire». En même temps on a

commencé la pression sur les représentants du parti dans les comités locaux

tchèques. Au sein du Front national leur position se soumettait des attaques des

communistes et leurs alliés. À la fin de 1946 le Parti populaire et les communistes

partageaient leurs opinions seulement sur l’attitude du séparatisme slovaque.

En juillet de 1946 dans la note d’information le sécretaire général du Parti

communiste de Tchècoslovaquie Rudolf Slánský constatait:

«À présent dans le Parti populaire on observe une certaine crise. La partie

démocratique de la direction du Parti populaire avec du président du parti Šrámek

1 Lidové demokracie. 1945. 10 cervenec.

2 L’épiscopat slovaque et les intellectuels catholiques ont refusé à la création du parti

chrétien et ils ont signés le 30 mars 1946 l’accord avec les leaders du Parti démocrate de leur

soutien sur les élections prochaines. L’accord garantissait l’admission des représentants des

cercles catholiques aux administrations locales de la Slovaquie. Ce qui permet le vote consolidé

pour ce parti. Mais cette victoire locale a prédéterminée au fond l’échec final du Parti démocrate.

5

à la tête a exclue du parti la députée Koželugová, la représentante de la partie la

plus réactionnaire. Ces éléments réactionnaires ont voulu prendre dans leurs

mains la direction du Parti populaire pour qu’elle tente de changer la politique du

Front national. Ils ont demandé la convocation du congrès extraordinaire du Parti

populaire où ils voulaient obtenir l’élection des réactionnaires sur les postes

responsables dans la direction du parti (entre autres, ils voulaient obtenir

l’exclusion de Šrámek de la direction du parti) mais aussi le changement de la

politique du parti dans l’ésprit réactionnaire. L’exclusion de Koželugová

consolidera les forces démocratiques au sein du Parti populaire»3.

À cette période le Parti populaire essaye trouver le soutien non seulement

dans son pays mais aussi à l’étranger. Ses représentants – J. Šrámek, F. Hala et Ivo

Duchacek – participaient aux négociations avec Georges Bidault sur la conclusion

du pacte franco-tchècoslovaque concernant l’assistance mutuelle. Ils vont au

congrès du MRP et accueillent F. Gay à Prague.

Cependant dès l’été de 1947 la situation internationale s’aggrave. Sous la

pression de l’Union Soviètique la Tchècoslovaquie refuse la participation au «plan

Marshall». Les négociations sur la conclusion du pacte franco-tchècoslovaque

n’ont pas abouti. En Tchècoslovaquie les communistes commencent à réprimer

plus activement ses adversaires. En automne de 1947 ils ont porté le coup au Parti

démocrate slovaque. Ses dirigeants – J. Ursíny, J. Kempný, M. Bugár – ont été

accusés du complot contre d’État4. Dès la fin de 1947 en Tchècoslovaquie la crise

aiguë s’est deroulé. L’apogée de cette crise on devenu le coup d’État à Prague en

février de 1948.

En même temps la direction communiste a initié soi-disant «l’action

catholique» qui devait résulter l’éloignement de l’Église catholique de la

Tchécoslovaquie et de Vatican et la coopération l’Église renouvelée avec le

pouvoir communiste («février» pour l’Église d’après K. Gottwald). L’essentiel de

l’action consistait à créer le mouvement «des catholiques progressistes» qui sont

prêts à coopérer avec les communistes et des «comités catholiques de l’action» en

Slovaquie. L’action a touché de larges couches des croyants et de la clergé de base.

Elle était résulté de nombreux appels avec les signatures, de la clôture des éditions

catholiques et des sociétés de bienfaisance se trouvant sous le patronage de

l’Église, de l’isolement des évêques, du renforcement des positions de l’Église

ortodoxe, de l’introduction de l’office sur les langues tchèque et slovaque, du

contrôle total des écoles catholiques et des facultés théologiques, de la liquidation

des syndicats chrétiens. Malgré les résultats ambigus la réalisation de «l’action

catholique» a exercé une influence sur les positions du Parti populaire.

Au sein du Parti populaire qui a été victime du coup d’État (ses ministres ont

été démissionnés par la solidarité et ont été exclus du gouvernement) a lieu la

3 L’information de Rudolf Slánský à OVP du Comité central PCP(b) sur la situation dans

la Tchécoslovaquie après les élections à l’Assemblée nationale // RGASPI. F.17. I.128. A.104.

p.15-20. 4 En 1949–1950 le Parti slovaque de la liberté interprétant les intérêts des artisans, des

employés et des intellectuels et le Parti de la renaissance slovaque prétendant à l’influence parmi

les ouvriers et les paysans sont apparus sur les ruines du Parti démocrate.

6

scission et le remplacement de la direction. Malgré la volonté des membres du

parti le vice-président de l’Assemblée nationale Alois Petr et le député-prêtre Josef

Plojhar sont entrés dans le nouveau gouvernement de K. Gottwald5. Au sein du

parti a passé l’épuration. Ses leaders – J. Šrámek, F. Hala et I. Duchacek – ont

quitté le pays ou ont interné6. A. Petr est devenu nouveau président du parti, J.

Plojhar et E. Vojanets ont nommés leur adjoints, A. Pospišil a élu sécretaire

général. Ils ont exprimé la volonté de la coopération avec le pouvoir communiste.

Le rôle du parti «renouvelé» est caractérisé assez bien par les communistes

eux-mêmes. Par exemple, en octobre 1949 l’adjoint du rédacteur en chef du journal

communiste «Rudé právo» M. Karný a noté que le Parti populaire «ne joue aucun

rôle. Il nous est nécessaire provisoirement aussi que le parti socialiste. Ensuite,

quand nous n’en aurons plus besoin nous l’éliminerons certes»7.

Dans la note d’information adressée à Staline en septembre de 1950 par le

responsable soviètique V.G. Grigorian on constatait qu’après les événements de

février le Parti populaire «réalise l’activité sous le contrôle du Comité central de

l’action du Front national qui a le droit valider leur programme et leur statut, les

nominations personnelles des dirigeants de ce parti ainsi que contrôler leur

activité sur les questions les plus importantes de la politique interieure et

extèrieure». Le corps social du parti a été présenté la population rurale de la classe

moyenne, les couches catholiques des artisans, des ouvriers et des intellectuels

dans les villes. L’idéologie du parti est le socialisme chrétien. Un des

fonctionnaires du parti Dionysius Polanský a déclaré que «la voie du Front

national vers le socialisme est la voie du parti catholique». La plupart des

organisations régionales du parti ne fonctionnait pas. Les réunions des réseaux

locaux ne se convoquent pas. Son budget se couvre des moyens du Front national.

Les effectifs du parti comptent à peu près de 30-32 mille membres8.

La personnalité du président de parti d’A. Petr provoque des reproches. M.

Karný déjà cité a donné la caractéristique positive du ministre de la santé publique

J. Plojhar mais au contraire a caractérisé du président de parti A. Petr comme un

homme réserve avec l’arrière-pensée en marquant qu’avant la guerre Petr a été

exclu du parti pour le gaspillage de l’argent du parti9. Un des fonctionnaires du

5 J. Plojhar jusqu’en 1968 entrait dans les gouvernements de la Tchécoslovaquie.

6 J. Šrámek et F. Hala sont arrêtés et internés. Stanislav Broj (1901–1950) – qui a été le

premier député-agraire – a devenu de victime de tribunal communiste. Il a exécuté en 1950. 7 Du journal du deuxième secrétaire de l’ambassade de l’URSS en Tchécoslovaquie de

P.G. Krekotegne. L’inscription de la conversation avec l’adjoint du rédacteur en chef du journal

«Rudé právo» M. Karný sur les états d’esprit du clergé, des perspectives de l’organisation des

kolkhozes, de l’activité des certaines ministres, etc. (le 29 octobre 1949) // AVP RF. F.0138.

I.30. P.160. A.8. p.91-94. 8 La note d’information de V.G. Grigorian adressée à Staline sur la situation au seine des

partis socialiste et catholique de la Tchécoslovaquie (le 11 septembre 1950) // AVP RF. F.3. I.66.

A.804. p.84-92. 9 AVP RF. F.0138. I.30. P.160. A.8. p.91-94.

7

parti D. Polanský a exprimé la même opinion caractérisant Petr comme un

dictateur, l’alcoolique et le débauché10

.

Ainsi, le Parti populaire a été privé de l’indépendance. Il est devenu

d’exécutant docile de la volonté du régime communiste. Cependant, les

nombreuses partisans restent dans le parti exprimant le protestation silensieuse

contre la domination communiste.

En Hongrie à la différence de la Tchécoslovaquie d’avant-guerre les

traditions stables de la démocratie parlementaire et de la démocratie chrétienne

n’existaient pas11

. En outre, le «facteur soviétique» et l’occupation du pays par

l’Armée Rouge exercaient une influence sur les processus politiques d’après-

guerre.

Le 13 octobre 1943 dans la clandestinité les catholiques sociaux ont fondé le

Parti populaire démocrate-chrétien qui en 1945 a été rebaptisé au Parti démocrate

populaire (PDP). Ses fondateurs étaient l’évêque Vilmos Apor, le président de

l’Université Kolozsvár Béla Kovrig, László Varga, le général József Pálffy,

l’ethnographe Sándor Bálint et le journaliste István Barankovics. Au début de 1945

István Barankovics (1906–1974) est devenu sécretaire général du parti.

Les idées principales de ce parti tournaient autour des demandes de l’unité de

la nation hongroise, de la protection de la propriété privée, du refus de la

nationalisation, de la politique fondée sur les principes de la morale chrétienne, de

l’égalité civile. Le parti se profitait du soutien de l’Église catholique et du cardinal

József Mindszenty12

. Par exemple, le leader des communistes hongrois Mátyás

Rákosi caractérisait le PDP comme «le parti de l’Église catholique» et marquait

que «la grande partie de l’Église catholique le soutient»13

.

En décembre de 1944 le Parti démocrate populaire se soit prononcé pour la

création du Front hongrois de l’indépendance nationale. Mais il se trouvait à

l’opposition à cause de son programme, de son catholicisme et de son

anticommunisme. Il n’était pas présenté dans les structures du Front. En octobre de

1945 il a participé aux élections municipales à Budapest dans le bloc avec le Parti

des petits agriculteurs qui a obtenu 51,1% des voix.

10

Du journal de P.G. Krekotegne. L’inscription de la conversation avec le membre de la

direction du Parti populaire de D. Polanský sur la situation du parti // AVP RF. F.0138. I.32.

P.179. A.14. p.61-65. 11

À la limite des années 20 le Parti chrétien national unifié présidé par Karolý Huszár a

existé. Mais il a été écarté assez rapide de la scène politique par les partisans de Miklós Horthy. 12

J. Mindszenty est devenu cardinal et primat de l’Église catholique hongroise en mars de

1945. Il était politique extrêmement conservateur et monarchiste, mais il n’a pas accepté le

régime pro-allemande de F. Salasi en automne de 1944. Il a été arrêté et était acquis de la gloire

de l’antifasciste. Cependant, J. Mindszenty a refusé de la coopération avec la coalition

antifasciste et il a fait serment de fidélité des Habsbourgs en signe de protestation contre nouveau

régime. En novembre de 1945 à la veille des élections législatives il a appelé les catholiques à

voter au PPA qu’on a provoqué la réaction négative tous les partis du Front hongrois de

l’indépendance nationale, y compris PPA, qui n’étaient pas intéressés à la sortie sur la scéne

publique du catholicisme politique comme le facteur décisif. 13

La lettre de Mátyás Rákosi aux membres du gouvernement de l’URSS sur la campagne

électorale en Hongrie (le 13 août 1947) // RGASPI. F.17. I.128. A.1090. p.71-74.

8

Cependant, la croissance rapide des effectifs du Parti des petits agriculteurs et

de leur popularité (les Hongrois le consideraient du rempart réel contre le

communisme) mais aussi son réfus à la tactique du bloc anticommuniste commun

ont amenés à l’absorption de ce parti par les autres forces d’opposition. Ce fait a

influencé les bilans des élections législatives en novembre de 1945 quand le Parti

des petits agriculteurs a obtenu 57% des voix et a reçu 243 mandats sur 420 (en

comparaison des communistes qui ont obtenu 17% et avaient 70 mandats). Dans

ces circonstances les positions du PDP se sont trouvés plus droites que les

positions du Front national et du Parti des petits agriculteurs. Cette situation a

rejetée le PDP à l’opposition intransigeante. Il a été exclu du processus de la

reconstruction de l’État.

Deux fractions existent au sein du PDP. L’une c’est la fraction conservative et

droite de József Pálffy qui était soutenu par le cardinal Mindszenty; l’autre c’est la

fraction d’István Barankovics qui est prêt faire des concessions aux communistes.

Le 8 mai 1945 pendant la séance des dirigeants du parti Barankovics a battu Pálffy

et il a été élu le président du parti.

À cause de l’échec des communistes aux élections législatives l’intervention

des pouvoirs soviètiques d’occupation dans la vie politique de la Hongrie a

augmentée. Ils utilisaient la pression directe sur les adversiares politiques, les

contradictions dans la coalition gouvernementale, le discrédit des leaders non-

communistes et la falsification des résultats des nouvelles élections législatives en

1947, la campagne contre l’Église. En utilisant du soutien soviètique et de

l’indifférence des pays occidentaux par rapport du destin de la démocratie

hongroise la direction du parti communiste avec Mátyás Rákosi à la tête s’est

orienté vers l’établissement de la domination totale.

Aux élections législatives du 31 août 1947 l’Église catholique a maintenu

trois partis – PDP, le Parti de l’indépendance hongroise et l’Union catholique des

femmes – et a organisé de grandes manifestations. Finalement, ces partis ont reçu

106 mandats sur 413 tandis que le parti communiste et ses alliés ont obtenu 271

mandats.

L’ambassade soviétique en Hongrie dans son rapport de 1947 constatait:

«Le succès du parti Barankovics a témoigné de la force politique de l’Église

catholique hongroise. Il a aussi temoigné du retard politique de la grande partie

d’électorat, des femmes en particulier. Pour elles étaient suffisant de recevoir les

indications des prêtres pour rendre ses voix du parti Barankovics peu connu dans

le pays... Les partis politiques d’opposition soutenu par l’Église apparaitront

jusqu’à ce que l’influence de l’Église sur la vie politique existe en Hongrie»14

.

Après les élections législatives les pouvoirs hongrois ont menés grande

campagne contre les positions politiques de l’Église à partir de la nationalisation

des écoles jusqu’à l’arrestation du cardinal Mindszenty. Mátyás Rákosi a demandé

à István Barankovics de donner les témoignages contre Mindszenty. Barankovics a

refusé et a émigré en Autriche à la fin de 1948. Au début du février 1949 la

direction du parti a déclaré l’autodissolution. Au prentemps de la même année

14

AVP RF. F.077. I.28. P.125. A.10. p.59.

9

l’Union catholique des femmes de Margit Slachta a été dissous. En été 1950 les

arrestations parmi les anciens membres du Parti démocrate populaire et d’autres

partis d’opposition (l’affaire soi-disante sur le complot contre gouvernement avec

les sociaux-démocrates à la tête) se sont passés. L’une partie des détenus a été

condamnée à la prison, l’autre partie a été internée.

Quant à la Pologne nous y observons aussi une forte influence politique de

l’Église catholique polonaise et la tentative de la reconstitution de la démocratie

chrétienne. Mais en 1945 le nouveau pouvoir a reprimé les tentatives de

reconstituer le parti droite Stronnictwo Ludowe (SL) soutenu activement par

l’épiscopat polonais. En même temps en 1946 on n’a pas reussi la restitution de la

Démocratie chrétienne (Chrześcijańska demokracja ou chadecja) qui est aussi

exprimé les intérêts de l’épiscopat et l’Église. En fin de compte la niche de la

démocratie chrétienne a été occupée par le Parti du travail (Stronnictwo Pracy, SP).

Le Parti du travail a été créé par les adversaires de «l’assainissement»15

en

octobre de 1937. Il a uni quelques organisations d’inspiration démocrate-

chrétienne (le Parti national ouvrier, le Parti polonais de la démocratie chrétienne

et les autres). Le parti s’appuyait aux industriels et aux entrepreneurs polonais, aux

intellectuels, aux artisans et à la classe ouvrière, unis par l’idée de la solidarité des

classes. Pendant la guerre le Parti du travail a passé à la clandestinité et soutenait

«le camp de Londres» de la Résistance.

En été de 1945 c’est Karol Popiel (1887–1977) étant retourné de Londres qui

a reconstitué le Parti du travail. Il a soutenu la création du gouvernement de

coalition. Du septembre 1946 au février 1947 Félix Widy-Wirski était représentant

du parti dans le gouvernement.

Le Parti du travail soutenait en général la politique menée pendant les

premières années d’après-guerre en gardant l’orientation nationaliste. Par exemple,

sa direction a réagi négativement à l’appel du pape Pie XII aux évêques allemands,

qui contenait l’appel «d’oublier et de pardonner» les crimes de guerre de

l’Allemagne et «d’aider ce pays dans l’affaire de sa reconstruction». La direction

du parti en tenant compte des états d’esprit anti-allemandes de la société polonaise

a souligné que «les catholiques polonais se guident par les principes proclamés par

l’Église catholique dans les questions religieuses. Cependant dans les questions

politiques ils seront guidé par les intérêts d’État que le gouvernement polonais

présentera»16

.

Sur le plan politique l’existence du Parti du travail qui maintenait S.

Mikolajczyk a été soumise à la logique de la confrontation entre les communistes

et PSL (Polskie Stronnictwo Ludowe). La défaite du PSL aux élections législatives

falcifiées en hiver de 1947 a entraîné la crise et le désarroi dans le Parti du travail.

15

L’assainissement c’est le régime autoritaire politique en Pologne en 1926–1939 fondé de

J. Pilsudski prévoyant un fort État centralisé avec le système présidentiel, l’enroulement des

libertés démocratiques et la liquidation des courants d’opposition. 16

AVP RF. F.56. I.14. P.295. A.86. p.78b-82, 83. Cité: Moscou et l’Europe de l’Est. Le

pouvoir et l’Église dans les conditions des transformations sociales des années 40 et 50 du XXème

siècle. Мoscou, 2008. p.522.

10

Durant 1949 les dirigeants communistes polonais (R. Zambrovsky. J.

Berman) ont examinés les lignes principales de la politique religieuse. Ils ont

formulé l’idée de la création du parti de masse à la base du Parti du travail. Ce parti

se trouvait déjà sous le contrôle des communistes. Il aurait dû défendre des intérêts

des catholiques mais s’opposer au Vatican et à l’épiscopat. Cette idée n’a pas reçu

du soutien unanime des dirigeants du Parti ouvrier unifié polonais (Polska

Zjednoczona Partia Robotnicza). Félix Widy-Wirski, l’un des dirigeants du Parti

du travail, se pronocait aussi contre cette idée. Selon lui, «un petit nombre des

cadres révolutionnaires» n’assureront pas son influence au sein de parti qui sous

l’affluence «des élements réactionnaires» deviendra un parti de masse. «De les

premiers pas il se transformera en instrument de la réaction polonaise». En somme

l’idée a été remise bien qu’elle ait provoqué l’intérêt en URSS. Cependant, la

conclusion de la direction soviétique a coïncidé avec la conclusion de Widy-

Wirski: 1) le parti catholique de masse luttera pour le pouvoir et cherchera le

soutien non chez Parti ouvrier unifié polonais mais chez l’Église catholique; 2) ces

intentions données c’est une tentative de l’Église catholique polonaise de trouver le

terrain pour la création le grand parti catholique en Pologne; ce parti à l’exemple

de MRP en France aurait pu non seulement arrêter le développement de la

démocratie populaire en voie du socialisme, mais aussi restaurer le capitalisme en

Pologne. Ainsi, l’idée de la création sur la base de Parti du travail du parti

catholique était bloquée pour les raisons politiques17

.

En juillet de 1950 le Parti du travail a annoncé l’autodissolution,

recommandant à ses membres d’adhérer dans le Parti démocrate. Ses leaders, y

compris K. Popiel, étaient obligés de quitter le pays. Les membres du parti qui ont

décidé de rester en Pologne étaient soumis aux répressions pour «l’affaire de Józef

Kwasiborski18

». Ils ont été accusés aux intentions «à changer l’ordre démocratique

de l’État polonais par la force». J. Kwasiborski a été condamné à la prison à vie,

mais il a été libéré en 1956.

Dans les annèes 40–70 quelques courants intellectuels des catholiques laïques

ont été formés en Pologne. Ces courants ont entrepris la synthèse du christianisme

et des idées socialistes et soutenaient le mouvement de la rénovation dans l’Église.

En tout cas ils étaient loyaux au pouvoir communiste, mais le critiquaient souvent

pour certaines décisions. Les partisans de ces courants se regroupaient autour des

quelques périodiques, par exemple l’hebdomadaire «Tygodnik Powszechny», la

revue «Wiez». Ils avaient aussi les structures d’organisation, par exemple

l’association «PAX» et le groupe parlementaire «ZNAK».

Après les troubles de 1956 en Pologne les anciens membres du Parti du travail

se sont réunis au Club polonais des intellectuels catholiques progressistes sous

l’égide du «ZNAK» (Kazimierz Studentowicz, Jerzy Braun, Tadeusz Mazowiecki

et d’autres). Plus tard, dès le printemps de 1960, ils ont participé à l’édition de

«Tygodnik Powszechny» et aux travaux des clubs catholiques en aspirant à les 17

Moscou et Europe de l’Est. p.618-619. 18

Józef Kwasiborski (1898–1980) – le journaliste polonais et le militant démocrate-

chrétien, un membre du Conseil national de Krajowej Rady Narodowej (1945–1946), membre du

comité de rédaction de «Tygodnik Warszawski».

11

politiser et créer le parti chrétien. Mais ils ont rencontré la résistance de la plupart

des intellectuels catholiques. En février de 1962 le conflit ouvert s’est passé.

Cependant, Jerzy Braun, un des leaders des «politiques», a émigré. Les tentatives

de la création du nouveau parti se sont réduites à néant.

En Yougoslavie qui est déchirée par les contradictions nationales et par le

séparatisme régional un grand mouvement démocrate-chrétien ne s’est pas formé

après la guerre. Les raisons de cette situation étaient la domination des

communistes dans la Résistance, les positions fortes des partis paysans en Croatie

et en Serbie qui ont présenté l’alternative agraire du développement d’après-guerre,

le dicrédit des partis droits tachés du collaborationisme et qui ont soutenu de la

monarchie, multiconfessionalité du pays. En outre, l’accord que Tito et Šubašić ont

signé en 1945 limitait l’entrée aux structures du pouvoir des autres partis

d’opposition sauf les partis sociaux-démocrates et agraires.

Parmi les partis d’inspiration chrétienne qui ont agi dans la période courte au

lendemain de la guerre jusqu’à l’installation de la dictature du parti communiste je

voudrais marquer le Parti populaire de la Slovénie (Slovenska ljudska stranka).

Il est né en 1892 comme un parti de la bourgeoisie catholique. Le parti et son

leader Anton Korošec ont participé activement à la vie politique du pays à l’entre-

deux-guerres. Ce parti avait la représentation au parlement et au gouvernement.

Après l’installation de la dictature militaire et monarchique le parti a éprouvé la

scission. Sa direction a soutenu la dictature. Ensuite elle a collaboré avec les

occupants tandis que l’aile gauche a lutté à la Résistance et est entré au Front

populaire de la Yougoslavie. Cette scission et l’évolution politique de la

Yougoslavie sont devenus la fin du Parti populaire.

E. Kardelj, un des leaders des communistes, en novembre de 1945 après les

élections à Skupština (le Front populaire a reçu 96% des voix) a constaté:

C’est seulement le Parti communiste qui est une force réelle politique du

Front populaire. «Les autres partis adhérant formellement au Front,

premièrement, sont peu nombreux, et, deuxièmement, ne présentent pas de force

politique serieuse et n’ont pas l’appui dans les masses. Maintenant sauf les

communistes il y a quelques socialistes qui ont adhéré au Front populaire

individuellement et ne présentent aucun parti politique..., ainsi que les démocrates-

chrétiens parmi lesquels il y a beaucoup de communistes»19

.

Après les élections en novembre de 1945 le Parti populaire de la Slovénie a

disparu.

L’Allemagne de l’Est. Dans ce pays la démocratie chrétienne a été présentée

aussi et où elle a connu le même destin que dans d’autres pays de l’Europe de

l’Est.

En Allemagne de l’Est l’activité des partis antifascistes a été autorisé de

l’Administration soviètique militaire en Allemagne (SVAG) par l’ordre №2 du 10

juin 1945. En même temps les pouvoirs soviètiques d’occupation veillaient que les 19

De l’inscription de la conversation du conseiller de l’ambassade de l’URSS en

Yougoslavie de D.S. Chuvahin avec le vice-président du Conseil des ministres de la Yougoslavie

d’E.Kardelj sur la position en Slovénie et sur les principes de la formation du nouveau

gouvernement (le 29 novembre 1945) // AVP RF. F.06. I.7. P.53. A.869. p.6-11.

12

partis se soient coordonnés et s’unissent à l’union. Ainsi, il y avait un système où

les partis et les organisations démocratiques existaient et l’URSS a exercé son

influence décisive par les communistes.

À Berlin on a créé le nouveau parti l’Union démocrate-chrétienne (CDU) qui

a été ouverte aux chrétiens de tous les courants et aux laïques. Pour

l’administration soviétique d’occupation c’était inattendu puisqu’elle attendait la

reconstitution du parti du Zentrum. Un savant-agronome Andreas Hermes (1878–

1974) se trouvait en tête du groupe démocrate-chrétien. Le programme du nouveau

parti avait les points sur la création de l’État démocratique où le respect de la

personne humaine, son honneur, sa liberté et sa dignité étaient au premier plan. Il a

aussi declaré le centrisme et le multiconfessionalisme.

En automne de 1945 le CDU appuyant sur les anciens militants du «Zentrum»

comptait déjà 218 mille membres. Le CDU était seul parti légitime lié à l’Église.

Initialement, le CDU s’est prononcé pour l’entrée dans le bloc des partis

antifascistes. Mais en automne de 1945 les divergences d’idées se dessinaient entre

le CDU et le parti communistes. Ces divergences concernaient le reforme agraire

prévoyant l’expropriation violente de la grande propriété (la direction de CDU

considerait que la situation de ravitaillement s’aggravera à la suite de réforme que

s’est passé), l’élimination de l’Église des écoles et le comportement des partenaires

de coalition. En décembre de 1945 à l’initiative de G.K. Joukov Andreas Hermes

et Walther Schreiber (1884–1958) ont démissionné la direction de CDU. Dans la

lettre publiée à propos de sa démission ils ont déclaré:

«… le maréchal Joukov a perdu confiance à nous et ne peut pas plus nous

permettre de diriger la CDU. On nous a repondu à notre question sur les raisons

de démission que la ligne de CDU devient de plus en plus réactionnaire et que

dans nos interventions nous avons permis les énonciations contre les pouvoirs

soviétiques d’occupation»20

.

La position de SVAG en ce qui concerne la CDU a été résumée dans le

rapport soviètique d’octobre 1948:

«Notre ligne tactique par rapport à CDU dans son expression générale a

consisté à transformer la CDU de notre zone en tel parti qui irait solidement dans

le bloc avec d’autres partis et avant tout avec le SED [Parti socialiste unifié

d’Allemagne] sur les questions fondementales de la construction de la démocratie

dans notre zone et en toute l’Allemagne. Ce parti se pronocerait pour la nécessité

de la coopération économique et politique étroite avec les pays de la nouvelle

démocratie et avec l’Union Soviétique et plus tard pour l’orientation politique et

économique de l’Allemagne vers l’Union Soviétique. Ce parti pourrait influencer

le CDU/CSU des zones occidentales dans la direction nécessaire à nous et en cas

de nécessité s’opposer à ces partis. Concrètement, notre ligne tactique s’exprimait

dans le renforcement de l’aile démocratique et progressiste de CDU, dans le

soutien de cette aile de notre part et dans certaines manifestations politiques

20

La lettre des présidents anciens du CDU d’A. Hermes et de W. Schreiber au comité

constitutif du CDU (pas plus tard que le 19 janvier 1946) // GA RF. F.Р-7077. I.1. A.186. p.50-

51.

13

orientées vers l’indication des perspectives du développement de l’aile

progressiste de CDU. Il faut également révéler et discréditer des réactionnaires

dans la CDU et toute l’aile droite qui par la suite est devenu ouvertement une aile

proaméricain de CDU»21

.

Jacob Kaiser (1888–1961) et Ernst Lemmer (1898–1970) sont devenus des

nouveaux dirigeants de CDU. Les deux étaient leaders du syndicat et anciens

membres du Reichstag dans la République de Weimar. J. Kaiser aspirait à l’accord

avec la SVAG, s’inspirait à la théorie «du socialisme chrétien» et voulait faire

l’Allemagne «en pont pour l’Est». Il considérait que le CDU devait «parti de la

synthèse» entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest.

En automne de 1946 la CDU a obtenu 24,5% aux élections parlementaires

locales (les plus grands succès a été remporté à Mecklembourg – 34,1% et à

Brandebourg – 30,6%). À Berlin la CDU a dépassée les communistes avec 22,2%

des voix contre 19,8% et elle est venue à la deuxième place après les sociaux-

démocrates. Cette victoire était très importante en vue de la pression directe de

SVAG (l’interdiction des tracts et des publications, les dissolutions des réunions et

des organisations locales, l’intervention dans les questions de cadres, la tentative

de diviser la CDU d’après les confessions).

Après les élections SVAG a continué à considerer la CDU comme

l’adversaire important, mais prenant en compte ses résultats, elle était obligée de

coopérer. L’administration soviétique a réussi à apporter la scission dans les

relations entre CDU et l’Hiérarchie et à concentrer les relations avec l’Église dans

les mains des communistes.

En février de 1947 un comité interzonal des CDU/CSU a été formé dont J.

Kaiser et E. Lemmer sont devenus membres. Initialement, son activité a trouvé un

appui de SVAG dans le cadre de la politique générale orientée vers l’unité de

l’Allemagne. Mais dès l’été la situation a changé. Le 12 juillet 1947 J. Kaiser

pendant la séance élargie du conseil central du CDU s’est prononcé pour le soutien

«du plan Marshall» et il a critiqué le développement politique de la zone soviétique

d’occupation.

Cette intervention est devenue le signal pour le début de la campagne de la

persécution et du discrédit de J. Kaiser. Le département de la propagande de

SVAG a declaré le slogan «Kaiser est l’ennemi de l’unité de l’Allemagne». Le

rapport que J. Kaiser a fait au deuxième congrès du CDU à Berlin en septembre de

1947 était estimé par SVAG comme un rapport «antisoviétique et

anticommuniste». Ensuite, pendant la séance de la direction de CDU à Berlin le 11

décembre 1947 J. Kaiser se pronocait catégoriquement contre le congrès allemand

et la participation des répresentants du CDU. Mais il n’a pas reçu du soutien

unanime. De plus, la position de Kaiser sur cette question a provoqué la critique d’

Otto Nuschke (1883–1957), un des dirigeants de CDU, qui a lui proposé à

21

De l’information du chef du département de l’information de SVAG de S.I.Tulpanov

«L’expérience de travail de trois ans de la dapartement de l’information de SVAG (de l’octobre

1945 à l’octobre 1948)» // GA RF. F.Р-7317. I.19. A.1. p.70-71.

14

démissionner. L’initiative de Nuschke a été soutenue par tous les présidents des

conseils locaux du CDU.

Après cela, le 19 décembre 1947 le colonel S.I. Tulpanov, chef du

département de l’information de SVAG, a appelé publiquement J. Kaiser «l’agent

américain». Le 20 décembre J. Kaiser et E. Lemmer ont été destitués des postes

des présidents de CDU. L’ancienne direction de CDU de zone orientale s’est

installée à Berlin de l’Ouest et a fondé le «CDU à l’émigration» (près de 600

membres de l’échelon moyen ont quitté la zone soviètique).

O. Nuschke est devenu nouveau président du CDU. Il a été loyal par rapport

aux pouvoirs soviètiques. En Allemagne on le considerait comme politicien de

gauche. Il a participé à la création du CDU et il a travaillé comme redacteur en

chef de «Neue Zeit» qui étaient le quotidien principal de CDU de l’Est. Il se

prononcait pour la coopération avec le nouveau pouvoir et il était prêt à

compromis. Il a exprimé son point de vue par rapport à un nouveau régime: «Pour

les Allemands dans la zone soviétique d’occupation il y a seulement trois

possibilités: soit vous vous suicidez, soit vous partez vers l’ouest, soit si vous ne

voulez pas, vous devez s’accorder avec le pouvoir».

Dans les années qui suivent il y avait l’épuration massive des organisations

locales du parti des partisans de l’ancienne direction. Par exemple, l’ober-

bourgmestre de Potsdam et membre de la direction de CDU et sa femme étaient

condamné à la peine de mort par la cour martiale soviétique. Ils sont mis à mort à

Moscou en 1951. Georg Dertinger (1902–1968), premier ministre des affaires

étrangères de la RDA qui a été de 1946 jusqu’en 1949 secrétaire général de CDU

de l’Est, a été condamné en 1954 par la Cour suprême de la RDA à 15 ans de la

prison pour l’espionnage. Il a été amnistié seulement en 1964. Le CDU a perdu la

plupart des effectifs du parti et restait peu nombreux (près de 60-70 mille

personnes). L’union est devenue principalement l’organisation de masse bien

qu’elle soit présenté dans la Chambre du peuple de la RDA.

*****

Ainsi, la démocratie chrétienne en Europe de l’Est n’a pas connu autant de

succès qu’en France, en Allemagne et en Italie. Par les raisons différentes elle n’est

pas devenue la ligne de force du développement politique. Son influence spirituelle

et idéologique a été limitée à cause de la rupture de la tradition et l’isolement

derrière le rideau de fer.

La bibliographie

Les documents :

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1945–1949. М, 2006.

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1953. Moscou-Novossibirsk, 1997, 1998.

Le pouvoir et l’Église en Europe de l’Est. 1944–1953. Les documents des archives russes.

2 vols. Т.1. 1944–1948. Т. 2. 1949–1953. Мoscou, 2009.

15

Les études :

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et l’Église durant des transformations sociales des années 40 et 50 du XX siècle: les essais de

l’histoire. Мoscou, 2008.

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1953. Les essais de l’histoire. Мoscou, 2002.

L’Europe centrale et orientale dans la deuxième moitié du XX siècle. Tom 1. Le devenir

«du socialisme réel» (1945–1965). Мoscou, 2000.