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Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : [email protected] Article « Le soutien social et les conséquences psychologiques d’une agression sexuelle : synthèse des écrits » Valérie Billette, Stéphane Guay et André Marchand Santé mentale au Québec, vol. 30, n° 2, 2005, p. 101-120. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/012141ar DOI: 10.7202/012141ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Document téléchargé le 7 January 2016 08:42

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Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à

Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents

scientifiques depuis 1998.

Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : [email protected]

Article

« Le soutien social et les conséquences psychologiques d’une agression sexuelle  : synthèsedes écrits »

Valérie Billette, Stéphane Guay et André MarchandSanté mentale au Québec, vol. 30, n° 2, 2005, p. 101-120.

Pour citer cet article, utiliser l'information suivante :

URI: http://id.erudit.org/iderudit/012141ar

DOI: 10.7202/012141ar

Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.

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Le soutien social et les conséquencespsychologiques d’une agressionsexuelle : synthèse des écrits

Valérie Billette*

Stéphane Guay**

André Marchand***

L’agression sexuelle entraîne des conséquences importantes chez la victime. Un soutiensocial inadéquat peut avoir un impact sur l’état psychologique de la victime et nuire à sonajustement. Le présent article a pour but de dresser un portrait des diverses réactions desoutien liées à l’agression sexuelle et de leur impact sur l’état psychologique des victimes,les symptômes post-traumatiques et le rétablissement. L’apport particulier du conjoint chezles victimes vivant en couple est exposé. L’impact des conséquences de l’agression sexuellesur la qualité du soutien est également présenté. Suivent les implications cliniques et pistesde recherche.

L’agression sexuelle est un terme légal basé sur les valeurs et lesnormes d’une société. Elle inclut de multiples comportements allant duharcèlement au viol. Le gouvernement du Québec décrit comme victimed’agression sexuelle toute personne ayant subi contre sa volonté desgestes à connotation sexuelle avec ou sans contact physique, et ce, sansson consentement. Il s’agit d’un acte d’abus de pouvoir par l’utilisation dela force ou de la contrainte ou sous la menace implicite ou explicite quivise à assujettir une autre personne à ses propres désirs. Cette définitions’applique peu importe le sexe, l’ethnie, la culture, l’orientation sexuelle,la religion et l’âge de la victime et de l’agresseur. Elle s’applique aussi peuimporte le lieu, le type de gestes à caractère sexuel commis, le milieu devie dans lequel il a été perpétré, et quelle que soit la nature du lien entrela victime et son agresseur (Gouvernement du Québec, 2001).

Pour l’année 2003, au Canada, on dénombrait 74,1 cas d’agres-sions sexuelles pour 100 000 habitants (Statistique Canada, 2005). Au

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* Candidate au doctorat en psychologie, Université du Québec à Montréal.

** Chercheur, Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine.

*** Professeur titulaire, département de psychologie, Université du Québec à Montréal.

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Québec, 57 agressions sexuelles par 100 000 habitants ont été déclarées,soit 4 244 cas, le niveau le plus élevé depuis 1993 (ministère de laSécurité publique, 2004). Il faut toutefois noter que selon Brickman etBrière (1984), seulement une victime sur dix rapporte l’événement à lapolice. Ce taux est de 6 sur 100 selon Statistique Canada (1993).L’agression sexuelle serait l’un des actes criminels les moins rapportés.Le nombre de victimes semble donc fortement sous-estimé.

Plus de 80 % des victimes d’agression sexuelle sont des femmes(Gouvernement du Québec, 2001). Il s’agit en effet du seul crime vio-lent pour lequel elles sont plus sujettes d’être victimes que les hommes(Flannery, 1992). Les victimes sont souvent très jeunes, et, même si onretrouve des victimes dans tous les groupes d’âges, les femmes de 18 à24 ans sont les plus touchées. Les agresseurs sont connus de la victimedans 76 % des cas (Gouvernement du Québec, 2001).

La victimisation sexuelle entraîne des répercussions négativesgraves dans plusieurs sphères du fonctionnement de la victime. Lesauteurs qui se sont intéressés au phénomène ont observé chez la femmedes réactions sur le plan physiologique, sexuel, social et psychologique.Ces réactions surviennent à court, moyen et long terme (pour unerecension des écrits voir Ellis, 1983 ; Resick, 1993 ; Steketee et Foa,1987). En général, les séquelles psychologiques qui surviennent à lasuite d’une agression sexuelle sont beaucoup plus importantes et persis-tantes dans le temps que les séquelles physiques (Calhoun et Atkeson,1991). Les victimes peuvent ainsi présenter toute une gamme de symp-tômes. Malgré les variations individuelles, il est possible d’en dégagerles principales caractéristiques. Ainsi, la peur, l’anxiété, la culpabilité, lahonte, l’isolement, les difficultés d’ordre sexuel, la peur de l’intimité etl’atteinte à l’estime de soi sont des réactions prédominantes dans letableau clinique des victimes d’agression sexuelle (Foa et Rothbaum,1998). Des symptômes dépressifs ont également été observés chez denombreuses victimes, et ce plusieurs mois après l’événement (Atkesonet al., 1982 ; Frank et al., 1979 ; Kilpatrick et al., 1979). Le trouble destress post-traumatique (TSPT) est également un problème psycholo-gique fréquemment associé à l’histoire d’agression sexuelle.

Le TSPT est diagnostiqué chez l’individu qui a vécu, a été témoinou a été confronté à un ou des événements durant lesquels des individusont pu mourir, être grièvement blessés, menacés de mort ou de blessuresgraves, ou durant lesquels son intégrité physique ou celle d’autrui a puêtre menacée. La réaction émotionnelle de l’individu à l’événement setraduit par une peur intense, de l’impuissance ou de l’horreur. Pour queles critères donnant lieu à un diagnostic de TSPT soient rencontrés,

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l’individu doit également présenter certains symptômes appartenant auxtrois catégories suivantes : réexpérience du traumatisme, évitement per-sistant des stimuli liés au traumatisme et symptômes persistants d’acti-vation neurovégétative. Ces symptômes doivent être observés simul-tanément pendant plus d’un mois et la perturbation doit entraîner unesouffrance cliniquement significative ou une altération du fonction-nement dans un ou plusieurs domaines importants (APA, 1994).

De nombreuses victimes développent les symptômes du TSPT à lasuite d’une agression sexuelle. Ainsi, selon les auteurs, jusqu’à 51 %d’entre elles en présenteraient les critères diagnostiques et ce, trois moisaprès l’événement (Foa et Riggs, 1995 ; Rothbaum et al., 1992 ; Valentineret al., 1996). Des résultats similaires ont également été observés dans uneétude auprès de victimes québécoises (Brillon et Marchand, 1997). Si onles compare aux victimes d’agression non sexuelle, il semble que lesvictimes d’agression sexuelle présentent une plus grande intensité dessymptômes de TSPT (Valentiner et al., 1996). Ainsi, plusieurs donnéesindiquent qu’un nombre important de victimes d’agression sexuelle mani-festent des symptômes sévères de TSPT. De plus, malgré une certainediminution des symptômes avec le temps, plusieurs victimes rencontrentencore les critères diagnostiques de TSPT plusieurs années aprèsl’agression.

Le soutien social

Il n’existe pas de définition unique du soutien social. De façongénérale, il réfère aux comportements des proches qui sont en lien avecles besoins de l’individu qui doit composer avec une situation stressante(Cohen et Wills, 1985 ; Wills et Fegan 2001 ; Kaplan et al., 1993). Lelien entre le soutien social et la santé repose sur une littérature abon-dante tant sur le plan de la santé physique que mentale (Uchino et al.,1996 ; Coyne et Downey, 1991). Le soutien social étant un conceptmultidimensionnel, il importe toutefois d’en distinguer les différentesfacettes. Ainsi, le soutien positif (souvent appelé soutien social dans lalittérature) fait référence aux comportements ou interactions positivescomme être à l’écoute, poser des questions, donner du feedback, favo-riser les activités de détente, aider aux tâches ménagères, etc. alors quele soutien dit négatif fait référence aux comportements ou interactionsnégatives telles que s’impatienter, blâmer, éviter les discussions, rame-ner l’attention sur soi, critiquer et ridiculiser les réactions de l’autre, etc.Il importe ici de faire la distinction entre manque ou absence de soutienpositif et soutien négatif, qui ne réfère pas aux mêmes constats. Diffé-rencions également le soutien perçu du soutien reçu. Le premier réfère

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à la perception du soutien qui pourrait être disponible si le besoin s’enressentait, alors que le deuxième implique du soutien effectivementreçu. Il est également important de distinguer le soutien fonctionnel dusoutien structurel. Le soutien structurel réfère au nombre de personnesressources et à la fréquence des interactions avec ces dernières. C’est laquantité des contacts sociaux réguliers qui devient importante (Wills etFegan, 2001). Le soutien social fonctionnel quant à lui réfère à la qualitédes ressources disponibles et tout particulièrement aux perceptions del’individu en ce qui concerne l’accomplissement de certaines fonctions(écoute, conseils, aide matérielle, détente, etc.) par ses proches (Wills etFegan, 2001). La littérature indique clairement que ces types distincts desoutien sont liés différemment à la détresse, au TSPT et aurétablissement suite à un événement traumatique comme une agressionsexuelle (Barrera, 1986 ; King et al., 1999 ; Ullman, 1999).

Le soutien social chez les victimes d’agression sexuelle

Il semble que plusieurs victimes d’agression sexuelle (65.2 %-87 %) dévoilent l’agression (Golding et al., 1989 ; Ullman et Filipas,2001b). Toutefois, les victimes agressées par un étranger sontsignificativement plus à même de le faire (Golding et al., 1989). Or, peude victimes dévoilent l’agression aux institutions telles que la police(10,5 %-26,4 %), le clergé (3,9 %-7,6 %) et les centres d’aide auxvictimes d’agression sexuelle (1,9 %-14,1 %) (Golding et al., 1989 ;Ullman et Filipas, 2001b). En effet, la majorité d’entre elles se tournevers leurs amis et leur famille (59,3 %-94,2 %) (Golding et al., 1989 ;Ullman et Filipas, 2001b). Notons, malgré tout, qu’un nombre nonnégligeable de victimes ne parle pas du tout de l’agression. Ainsi, selonles auteurs, de 13 % à 35 % des victimes restent dans le silence(Brickman et Brière, 1984 ; Golding et al., 1989 ; Ullman et Filipas,2001b) et de celles qui se confient, 60 % ne discutent plus de l’agressionaprès trois mois (Popiel et Susskind, 1985).

Dans une étude effectuée auprès de 323 adultes victimesd’agression sexuelle, Filipas et Ullman (2001) ont observé que laplupart des victimes perçoivent des réactions positives (97.1 %) etnégatives (98.2 %) suite au dévoilement. Il semble que les réactions lesplus fréquemment perçues comme négatives soient des réponsesstigmatisant la victime et perpétuant les mythes (attitudes et croyancesfausses et stéréotypées) concernant l’agression sexuelle (par exemple, ilne s’agit pas d’une agression sexuelle si aucune arme n’est utilisée ; laviolence et la force sont stimulantes pour une femme ; elle s’est misedans une situation risquée en marchant seule la nuit ou en s’habillant

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ainsi). Ainsi, pour plusieurs individus, l’agression classique serait com-mise par un étranger qui utilise une arme et qui agresse avec beaucoupde violence, à l’extérieur, dans une ruelle sombre, avec beaucoup derésistance de la part de la victime et résultant en des signes perceptiblesde lutte. Toutefois, pour la majorité des victimes, ces éléments sontabsents (Lonsway et Fitzgerald, 1994).

La majorité des femmes interrogées perçoivent également avoir étéblâmées, condamnées et découragées de parler de l’agression. De plus,la plupart des femmes auraient souhaité recevoir davantage de soutienémotionnel (réassurance, écoute, empathie, etc.), de validation (feed-back, normalisation des émotions, etc.) et d’aide tangible (être conduiteà l’hôpital, être hébergée, etc.) (Filipas et Ullman 2001).

Le degré de soutien est également associé à la sévérité de l’agres-sion. Les agressions plus sévères, avec pénétration par exemple, sont liéesà un soutien plus faible, ainsi qu’à moins de réactions positives et plus deréactions négatives (Golding et al., 2002 ; Ullman et Filipas, 2001a). Lesagressions perpétrées par un étranger pour leur part génèrent plus desoutien émotionnel (Golding et al., 2002), ce qui pourrait s’expliquer parle fait que ce type d’agression fait davantage référence aux mythesadoptés par les aidants, entraînant ainsi plus de sympathie de leur part. Caren dépit des données suggérant que l’agresseur s’avère être une connais-sance de la victime dans la plupart des cas, il semble que l’attitude desautres à l’égard de la victime soit plus négative lorsque l’agression estperpétrée par une connaissance, contrairement à l’agression par unétranger qui serait perçue comme un crime plus sérieux (Tetreault etBarnett, 1987). Les agressions impliquant de l’alcool (chez la victime,l’agresseur ou les deux) sont également davantage associées à des réac-tions négatives de la part des aidants que celles n’en impliquant pas(Ullman et Filipas, 2001b). De plus, il semble que les victimes d’agres-sion sexuelle, comparées à des individus n’ayant pas été agressés, soientmoins sujettes à être mariées et rapportent moins de contact avec des amisou des proches. Elles obtiennent également moins de soutien émotionnelde la part des amis, des proches et des époux (Golding et al., 2002).

L’impact sur le rétablissement des victimesLes victimes d’agression sexuelle rapportent différentes réactions,

positives ou négatives, suite à l’événement. Les réactions négatives ontun effet déplorable sur l’état psychologique des victimes.

Les résultats présentés par Ullman (1999) dans une recension desécrits portant sur l’impact du soutien social sur l’ajustement des vic-times d’agression sexuelle vont dans ce sens. Ainsi, malgré que

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certaines études semblent établir un lien entre le manque de soutienpositif et la détresse (Burgess et Holmstrom, 1978 ; Ullman et Siegel,1995), de plus en plus d’études indiquent que la fréquence des réactionsnégatives a un impact plus important sur la détresse des victimes que lafréquence des interactions positives (Davis et Brickman, 1996 ; Ullman,1996a). Ainsi, lorsque mesurés simultanément, les comportements desoutien négatif sont davantage prédicteurs de la sévérité des réactionssuite à l’agression sexuelle (et des symptômes du TSPT) que lescomportements de soutien positif (Zoellner et al., 1999).

Ainsi, les résultats obtenus par Davis et ses collaborateurs (1991)auprès de 105 femmes victimes d’agression sexuelle démontrent que lescomportements de soutien négatifs sont associés à un ajustement pluspauvre suite à une agression sexuelle. Ullman (1996a) ajoute que lesréactions négatives sont liées de façon significative aux symptômespsychologiques et à un faible rétablissement. D’autres études, n’ayantpas été recensées par Ullman (1999), tirent la même conclusion. Ainsi,Resick et al. (1981) rapportent que, suite à l’agression, l’ajustementsocial des femmes est altéré. Resick (1988) a également observé qu’unsoutien plus pauvre est lié à une plus grande détresse chez les victimesd’agressions sexuelles. Brewin et al. (1989) ont pour leur part examinéla relation entre les processus d’attribution suite à un événementstressant et la recherche de soutien. Leurs résultats indiquent que plusles victimes se blâment pour leurs actions inadéquates plus elles seretirent socialement et conséquemment, moins elles font appel à leursproches pour gérer leur détresse. De plus, il semble que les femmesrecevant des réponses de blâmes en lien avec l’agression rapportent uneplus faible estime de soi que les femmes n’ayant pas été blâmées(Filipas et Ullman, 2001).

Joseph et al. (1997) suggèrent quant à eux que les points de vuedes proches peuvent avoir un impact sur les victimes en influençant,positivement ou négativement, leurs interprétations des événements. Parexemple, si une victime d’agression sexuelle perçoit qu’elle a mal agidurant l’événement, il est possible qu’elle interprète ses actions commeétant moins inappropriées si un proche l’informe qu’il aurait agi de lamême manière. Notons également que les femmes ayant vécu uneagression sans violence physique sont plus affectées sur le planpsychologique, ce qui semble attribuable au fait qu’elles soient plus àrisques que leur crédibilité et leur honnêteté soient mises en doute parleur entourage (Thornhill et Thornhill, 1990).

Campbell et al. (2001) ont étudié l’impact des réactions socialessur l’ajustement de victimes en tenant compte de la perception de la

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victime de ce qui est aidant ou non. Il semble en effet que les victimespeuvent recevoir des réponses positives et négatives mais qu’elles ne lesperçoivent pas toutes de la même façon. Ainsi, certains comportementsqui étaient au préalable considérés comme négatifs par les chercheursont été étudiés comme comportements positifs après avoir été qualifiésd’aidants par les victimes. Les résultats indiquent que selon laperception des victimes, un comportement peut ou non avoir un impactsur le rétablissement. Par exemple, les victimes qui rapportent quel’aidant désire se venger de l’agresseur et qui perçoivent ce compor-tement comme non-aidant rapportent davantage de symptômes dépres-sifs, traumatiques et physiques que celles percevant ce comportementcomme aidant et celles n’ayant pas connu cette réaction. Des résultatssemblables ont été observés pour les comportements « vous a dit depoursuivre votre vie » et « a essayé de contrôler vos décisions ». Lesauteurs ajoutent que le fait de ne pas recevoir de soutien peut être moinsdommageable que de recevoir un soutien que l’on considère commeinadéquat.

Le soutien social aurait également un impact sur les symptômesphysiques observés chez les victimes d’agression sexuelle. Les résultatsd’une étude de Kimerling et Calhoun (1994) indiquent en effet que lesvictimes qui ont la possibilité de se confier à quelques proches oumembres de la famille manifestent moins de symptômes somatiques destress (maux de dos et de tête, nausées, palpitations, problèmes depeau, etc).

On remarque ici tout l’impact de la qualité du soutien perçu oureçu sur le rétablissement des victimes. La victimisation sexuelle engen-drant énormément de stigmatisation, les victimes d’agression sexuellerisquent d’être exposées à des réactions nuisibles à leur ajustement.Notons que la victime d’agression sexuelle est souvent blâmée pour lecrime commis par un tiers contrairement aux victimes d’autresévénements traumatiques. De plus, la honte et la stigmatisation peuventengendrer la diminution de la recherche d’aide et les sentiments de lavictime peuvent à leur tour être exacerbés par les attitudes négatives desproches (Fontana et al., 1997). Ullman (1999) rappelle donc l’impor-tance d’évaluer les réactions des proches pour ensuite permettre l’amé-lioration des interactions favorisant la réhabilitation plutôt qu’uneseconde victimisation.

L’apport particulier du conjoint

À la suite d’un événement traumatique comme une agressionsexuelle, le conjoint devient généralement la principale source de

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soutien pour une victime vivant en couple (Barker et al., 1990 ; Coyneet Fiske, 1992 ; Halford et Bouma, 1997 ; Primomo et al., 1990) et ledegré de bien-être ultérieur de la victime est davantage lié à saperception du soutien reçu par son partenaire que par d’autres membresde son réseau social (Denkers, 1999 ; Winefield et al., 1992). Cela faitdu conjoint un agent de récupération important. Le soutien provenantd’une autre source ne peut en effet compenser un manque de soutienprovenant du conjoint (Coyne et DeLongis, 1986 ; Cutrona et Surh,1992). Ainsi, ce dernier peut, par des comportements de soutien adé-quats, contribuer à la réhabilitation de la victime en l’aidant à analyserl’événement différemment, à organiser ses pensées en l’amenant àmieux gérer son stress ou même à trouver un sens positif ou desbénéfices à son expérience (Clark, 1993 ; Manne et al., 1999 ; Tait etSilver, 1989). À l’opposé, il peut avoir, tel que mentionné précédem-ment, un impact négatif sur l’ajustement, la détresse et les symptômespsychologiques de la victime en ayant par exemple tendance à l’isoler,à éviter de parler de l’agression, à nier l’importance des symptômes et àmodifier l’environnement dans le but de la protéger (Mio et Foster,1991).

Ageton (1983) a pour sa part observé que les conjoints desvictimes d’agression sexuelle ont des réactions variables. Ainsi, lamajorité d’entre eux semblent impliqués, soutenants et ressentent de lacolère envers l’agresseur et plus de la moitié sont inquiets pour lavictime. Toutefois, 17 % blâment la victime et 25 % se disent en colèrecontre elle. Il semble également important de mentionner que, si leconjoint s’avère soutenant dans les semaines suivant l’agression, il atendance à s’impatienter, à se décourager, à manquer d’empathie et àdevenir plus exigeant lorsque les symptômes persistent (Moss et al.,1990). Certains conjoints ressentent également de la jalousie et sesentent menacés en rapport avec leur performance sur le plan sexuel. Ilsont alors tendance à questionner leur partenaire sur l’événement et àinsister pour avoir une relation sexuelle. Il peut aussi arriver que leconjoint, par crainte de devenir lui-même agresseur, fuit les contactssexuels (Bateman et Mendelson, 1989 ; Foley, 1982).

Moss et al. (1990) ont observé auprès de victimes d’agressionsexuelle que les femmes mariées recevant un soutien négatif du conjointdéveloppent davantage de symptômes psychologiques que celles dont lesoutien du conjoint s’avère positif. White et Rollins (1981) rapportentque l’adhésion du partenaire aux mythes concernant les agressionssexuelles influencera grandement la façon dont il conçoit l’agressionainsi que l’importance des changements qui y sont liés. Plus le conjoint

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adhère aux mythes, plus il aurait tendance à blâmer et à responsabilisersa partenaire pour l’agression. La façon dont le conjoint perçoitl’agression serait également un élément des plus important en ce quiconcerne sa réaction à l’événement. Ainsi, ce dernier offrirait davantagede soutien à la victime s’il considère l’agression comme un acte deviolence plutôt qu’un acte sexuel (Ullman, 1996b).

L’impact sur les symptômes de TSPT

Les données citées précédemment nous indiquant la forteprévalence de symptômes traumatiques chez les victimes d’agressionsexuelle, ce facteur se doit d’être considéré. Ainsi, les résultats de deuxméta-analyses récentes (Brewin et al., 2000 ; Ozer et al., 2003) révèlentque parmi un ensemble de facteurs, la qualité du soutien des prochesressort comme un des plus importants facteurs de risque du TSPT (ES=.40; ES =.28). De nombreuses études démontrent également que lesoutien social est une variable pouvant contribuer au développement et aumaintien du TSPT ainsi qu’à la réhabilitation d’une victime d’événementtraumatique (Andrews et al., 2003 ; Andrykowsky et Cordova, 1998 ;Kimerling et Calhoun, 1994 ; King et al., 1998 ; Zoellner et al., 1999 ;Guay et al., 2002).

Zoellner et al. (1999), dans une étude longitudinale auprès devictimes d’agression sexuelle et non sexuelle, ont observé que lesconflits avec les proches peu après l’agression permettent de prédire lasévérité des symptômes de TSPT trois mois après l’agression (Zoellneret al., 1999). Ullman et Filipas (2001a) se sont pour leur part intéresséesà la façon dont les réactions sociales peuvent influencer la sévérité dessymptômes de TSPT chez les femmes victimes d’agression sexuelle.Selon eux, le fait d’être traité différemment prédit de façon significativela sévérité des symptômes de TSPT. La victime se sentant différente etpercevant l’événement comme l’ayant transformée définitivement peutprésenter plus de symptômes. Il semble que les tentatives de distractionprovenant des proches (et donc l’entrave à l’expression des émotions quien découle) soient également liées positivement à la sévérité dessymptômes.

Les données précédentes démontrent clairement l’impact dusoutien social sur l’état psychologique et la détresse liés à l’agressionsexuelle et au TSPT. Notons également l’impact des conséquences del’agression sexuelle sur la qualité du soutien. La section suivante en faitmention.

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L’impact des conséquences de l’agression sexuelle sur le soutiensocial

L’agression sexuelle peut avoir un impact important non seulementsur la victime mais également sur son conjoint et sur la relation decouple et par conséquent, sur la qualité du soutien disponible. Khouzamet Marchand (1998), dans une recension des écrits portant sur lesconséquences d’une agression sexuelle sur le couple, rapportent que leconjoint de la victime vit des sentiments d’impuissance, de choc et derage similaire à ceux de la victime. Ainsi, il est important de noter queles conjoints, qui ne sont pas davantage préparés que la victime,réagissent également au dévoilement. Par conséquent, la victime, enplus d’avoir à gérer ses symptômes, se voit confrontée aux réactions deson conjoint. N’en comprenant pas toujours le sens, elle peut hésiter àparler de l’agression et des difficultés qui y sont liées (Golding et al.,1989).

Plusieurs auteurs ont également identifié des difficultés decommunication (Miller et al., 1982 ; Moss et al., 1990) et des problèmessexuels (Holmstrom et Burgess, 1979 ; Miller et al., 1982) chez lescouples dont la femme a été victime d’une agression sexuelle. Ces con-séquences de l’agression peuvent avoir un impact négatif sur le soutienprovenant du conjoint. Miller et al. (1982) ajoutent que l’agressionsexuelle affecte les aspects déjà vulnérables de la relation de couple enagissant comme facteur supplémentaire de stress. Ainsi, l’événementperturbe sérieusement les relations interpersonnelles et intensifie ladétresse. Cela aurait pour conséquence d’ébranler le niveau d’attache-ment qui permet de faire face aux difficultés rencontrées. La rupturedans le processus de communication en serait la conséquence la plussérieuse. Enfin, notons l’impact de l’agression sexuelle sur la séparation.À cet effet, une étude de Moss et al. (1990) démontre que 37 % desfemmes victime d’agression sexuelle ont vécu une séparation et que31 % l’envisagent. Les demandes insistantes du conjoint pour des rela-tions sexuelles auraient ici un impact important.

Le TSPT peut lui aussi avoir un impact qui va au-delà de la victimeet perturber les relations intimes, et par le fait même avoir un impact surla qualité du soutien. Riggs et al. (1998) ont observé que les individusqui ont développé un TSPT rapportent davantage de détresse conjugale,de difficultés au niveau de l’intimité et des problèmes dans leursrelations comparativement à ceux sans TSPT. Riggs et al. (1998) notentégalement que les symptômes d’évitement, et tout particulièrement lessymptômes d’émoussement émotionnel, sont fortement liés à la qualitéde la relation. Les symptômes d’hyperactivité neurovégétative, tels que

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l’irritabilité et les difficultés de concentration, peuvent également teinternégativement les échanges entre les partenaires et en retour, contribuerau maintien des difficultés. Ces symptômes peuvent amener les victimesà répondre négativement aux offres d’aide des proches et consé-quemment à augmenter la probabilité d’une réponse négative ou d’uneabsence de réponse à leur égard (Foy et al., 1987). La nature même dessymptômes du TSPT peut donc avoir un impact négatif sur les relationsinterpersonnelles et l’intimité, et par conséquent sur le soutien dispo-nible.

Ainsi, les proches peuvent éprouver des difficultés à gérer leschangements et les difficultés qu’entraînent les conséquences d’uneagression sexuelle et le TSPT, et avoir de la difficulté à fournir unsoutien adéquat. L’inquiétude ressentie pour la victime, les attentes del’entourage quant au soutien offert ainsi que les nombreux stresseurspeuvent également affecter le fonctionnement psychologique et socialde l’aidant (Pynoos et al., 1993).

D’autre part, il est possible que les réactions négatives des prochessoient liées à la sévérité de l’événement parce qu’ils éprouvent desdifficultés à gérer leur propre détresse, lorsque les victimes dévoilent lesdétails de ce qu’elles ont vécu (Ullman et Filipas, 2001a). Lescomportements négatifs qui peuvent en découler (critiques négatives,évitement, invalidation émotionnelle, etc.) risquent d’influencer lavictime et contribuer au développement ou au maintien des symptômesdu TSPT, et avoir un impact sur l’ajustement à l’agression. Ils peuventmême l’amener à adopter des comportements contre-productifs si lavictime se trouve actuellement en traitement pour ses difficultés (Foa etRothbaum, 1998).

Ces recherches font ressortir la possibilité d’une hypothèsealternative selon laquelle le TSPT et autres conséquences de l’agressionsexuelle seraient précurseurs de l’augmentation des interactionsnégatives ou de la diminution du soutien social. Ainsi, un événementtraumatique tel que l’agression sexuelle peut affecter les proches desvictimes et avoir un impact négatif sur les relations interpersonnelles. Lesoutien provenant des proches s’avérant des plus important dans lerétablissement, cela s’avère d’autant plus pertinent à considérer.

Les implications cliniques et pistes de rechercheLes éléments recensés démontrent clairement que le soutien des

proches peut influencer positivement ou négativement l’état de lavictime suite à une agression sexuelle. Les comportements du conjointétant liés aux processus d’adaptation au stress et aux symptômes

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psychologiques et celui-ci étant habituellement la source de soutienprincipale pour les victimes vivant en couple, il s’avère un aidant desplus importants.

Ainsi, un traitement intégrant un proche significatif tel que leconjoint et favorisant un soutien adéquat de la part de ce dernier pourraits’avérer plus efficace qu’un traitement traditionnel. Une étude pilote deGuay et al. (2004) évaluant l’efficacité d’une thérapie cognitive-comportementale impliquant le conjoint auprès d’individus ayant déve-loppé un TSPT (mais n’incluant toutefois pas de victime d’agressionsexuelle), indique en ce sens que les participants ayant reçu le traitementavec la participation du conjoint ont un niveau de symptômes de TSPTmoins élevé au post-test, que ceux dont le conjoint ne participe pas autraitement. Ils perçoivent également plus d’amélioration dans leursrapports de soutien avec ce dernier.

De plus, une étude prospective de Tarrier et al. (1999) indique queles comportements de soutien négatif des proches envers la victime,mesurés avant le début d’une thérapie, sont des précurseurs de l’efficacitéde la thérapie cognitive-comportementale pour le TSPT. Les prochespeuvent donc nuire à la réhabilitation de la victime en favorisant descomportements contraires à ce qui est préconisé en thérapie (commel’évitement, l’isolement ou la culpabilisation). L’intégration d’un prochedans le traitement n’est donc pas uniquement pertinent de par les effetsbénéfiques qu’elle ajoute, mais également parce qu’elle pourrait permettred’éliminer ou de diminuer les entraves au traitement. Le thérapeute a ence sens tout avantage à faire de l’aidant un allié, et à favoriser lescomportements compatibles au bon déroulement du traitement.

Ajoutons que le trauma sexuel, de par son impact au niveau rela-tionnel, semble d’autant plus influencer la qualité du soutien disponible.Actuellement, les partenaires composent séparément avec ces diffi-cultés. Les aspects sexuels et de communication ne sont pas ou sont peuabordés. Ces conséquences auraient avantage à être abordées au sein ducouple. La participation du conjoint au traitement permettrait authérapeute d’y accéder, d’en améliorer la gestion et ainsi de favoriserl’efficacité du traitement.

L’implication du conjoint dans le traitement des victimesd’agression sexuelle ayant développé un TSPT pourrait ainsi être unesolution de choix. Cela s’avère d’autant plus important lorsque l’onconsidère que la présence du TSPT est un facteur de risque pour larevictimisation sexuelle (Acierno et al., 1999). Plusieurs auteurssuggèrent d’intervenir auprès des proches de victimes d’événements

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traumatiques (Blanchard et Hickling, 1997 ; Foa et Rothbaum, 1998 ;Foy et al., 1987 ; Keane et al., 1992 ; Tarrier et Humphreys, 2004). Or,l’effet de l’implication du conjoint des victimes d’agression sexuelledans le traitement du TSPT n’a pas encore été évalué empiriquement. Ilserait ainsi nécessaire et fort pertinent que des études futures s’yintéressent.

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ABSTRACT

Social support and psychological consequences of sexual assault :A literature review

Sexual assault results in important consequences for victims. Aninadequate social support may have an impact on the victim’spsychological condition and interfere with her adjustment. The purposeof the present article is to describe different support reactions linked tosexual assault and their impact on the psychological condition of thevictims, the posttraumatic symptoms and the recovery. The specificcontribution of the spouse living with the victim is exposed. The impactof the consequences resulting from the sexual assault on the quality ofthe support is also presented. Finally, clinical implications and researchapproach are proposed.

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RESUMEN

El apoyo social y las consecuencias psicológicas de una agresiónsexual: síntesis de escritos.

La agresión sexual acarrea consecuencias importantes en lavíctima. Un apoyo social inadecuado puede tener un impacto sobre elestado psicológico de la víctima y afectar su ajuste. El presente artículotiene por objetivo presentar una descripción de las diversas reaccionesde apoyo relacionadas con la agresión sexual y su impacto en el estadopsicológico de las víctimas, los síntomas postraumáticos y el reestable-cimiento. Se expone la aportación particular del cónyuge a las víctimasque viven en pareja. También se presenta el impacto de las conse-cuencias de la agresión sexual en la calidad del apoyo. Después siguenlas implicaciones clínicas y las pistas de investigación.

RESUMO

Apoio social e conseqüências psicológicas de uma agressão sexual:síntese da literatura

A agressão sexual leva a conseqüências importantes na vítima. Umapoio social inadequado pode ter um impacto no estado psicológico davítima e atrapalhar seu ajustamento. O presente artigo tem por objetivoapresentar um perfil das diversas reações de apoio ligadas à agressãosexual e de seu impacto no estado psicológico das vítimas, os sintomaspós-traumáticos e o restabelecimento. O artigo expõe a contribuiçãoparticular do cônjuge nas vítimas que vivem em casal. O impacto dasconseqüências da agressão sexual na qualidade do apoio é igualmenteapresentado. E finalmente, as implicações clínicas e pistas de pesquisa.

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