Le parler en langue est-il le signe initial du baptême dans le Saint-Esprit ?

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HISTOIRE DU PENTECÔTISME Travail présenté à STEPHEN HERTZOG LE SIGNE INITIAL DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT par OLIVIER ROY Institut Biblique du Québec 839, Lasalle, Longueuil, QC, J4K 3G6

Transcript of Le parler en langue est-il le signe initial du baptême dans le Saint-Esprit ?

HISTOIRE DU PENTECÔTISME

Travail présenté à STEPHEN HERTZOG

LE SIGNE INITIAL DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT

par OLIVIER ROY

Institut Biblique du Québec

839, Lasalle, Longueuil, QC, J4K 3G6

TRIMESTRE DU PRINTEMPS 2012

TABLE DES MATIÈRESPAGE

TABLE DES MATIÈRES..................................................i

INTRODUCTION……......................................................3

1. LA THÉOLOGIE DE LUC..............................................2

1.1.L’HISTOIRE DE LA THÉOLOGIE..................................7

1.2.LA LITTÉRATION LUCANIENNES..................................7

1.3. L’INDÉPENDANCE TH.OLOGIQUE LUCANIENNE ......................................................................8

1.3.1 Théologie Charismatique dans l’Ancien-Testament ....................................................9

1.3.2 Théologie Charismatique dans la période Intertestamentaire................................... 10

1.4 CONCLUSION ....................................................................................................................................11

2. LE BAPTÊME DE L’ESPRIT..........................................13

2.1.LA PERCEPTION PENPNON PENTECÔTISTE DU BAPTÊME DANS LE SAINT-ESORIT13

2.2.LA PERCEPTION PENTECÔTISTE DU BAPTÊME DANS LE SAINT-ESPRIT 15

2.2.1. Actes 8.15..........................................17

2.2.2. Jean 20.22..........................................19

2.2.3. Actes 19.1-7 .............................................................................................................. 20

2.3 QU’ELLE EST LE RÔLE DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT DANS LA VIE DU CROYANT ..............22

2.4 CONCLUSION ........................................................................................................................ 22

3. LE SIGNE INTIAL DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT ...............................................................................24

3.1. LE SIGNE DES LANGUES .......................................................................................................24

3.2. LE FRUIT DE L’ESPRIT ...........................................................................................................27

3.3. LE SIGNE DANS L’ANCIEN TESTAMENT ................................................................................28

3.4. CONCLUSION .......................................................................................................................29

3

CONCLUSION…….......................................................30

BIBLIOGRAPHIE….....................................................ii

INTRODUCTION

Le sujet de ma recherche est le signe initial du baptême du

Saint-Esprit. Je dois avouer que ce travail fût pour moi

l’occasion d’étudier sur un sujet que je n’avais jamais

exploré auparavant. À priori, mes convictions sur le baptême

du Saint-Esprit et son signe étaient fondées sur des

enseignements que j’avais reçus et des livres que j’avais

lus, mais voici que l’herméneutique des textes et les

recherches sur le sujet furent pour moi l’occasion de faire

face à un monde d’interprétations différentes. Un des faits

les plus surprenants fût de me rendre à l’évidence que très

peu d’ouvrages furent consacrés à défendre la doctrine

pentecôtiste et qu’au contraire, beaucoup défendent des

doctrines contraires à celle-ci. Tout de même, je crois que

cette doctrine se doit d’être étudiée et que beaucoup

d’auteurs, malgré leurs bonnes intentions, rejettent trop

facilement les fondements bibliques qui la soutiennent.

Il est important de rappeler que l’effervescence qu’à

apporté le réveil d’Asuza a remis en question les dogmes et

les croyances de l’église. Toutefois, le sentiment d’urgence

5

devant la Grande commission, les manifestations

surnaturelles, ainsi que le rejet de la structure ont fait

en sorte que, pour un temps, l’expérience a prévalut sur

l’écriture. C’est ce que nous reprochent des auteurs comme

F.Legrand, ex-pentecôtiste, qui voit dans le mouvement de

pentecôte une œuvre du diable1. Selon lui, les expériences

charismatiques dans le mouvement de pentecôte peuvent être

contestées et même utilisées contre nous à certains

égards2. C’est pourquoi, afin de répondre à la question : «

est-ce que le signe initial du baptême du Saint-Esprit est le parler en langues ? »,

je porterai mes regards uniquement sur les Saintes

Écritures.

Pour ce faire, j’ai répartis mon travail en trois chapitres;

dans le premier, j’exposerai la méthodologie de Stronstad

qui consiste à voir chez Luc une théologie charismatique

indépendante de celle de Paul et des autres évangélistes

établie principalement sur les écrits de l’Ancien Testament

(LXX) et l’attente du messie dans la période

1 (F.Legrand, 1990), p.126, 179-180.2 (F.Legrand, 1990), p.8-16, 126-144.

intertestamentaire. Dans le deuxième, je tâcherai d’exposer

les interprétations pentecôtistes et non pentecôtistes

concernant le Baptême dans le Saint-Esprit pour ensuite

terminer avec un chapitre consacré au sujet du signe

initial. Je souhaite que ce travail soit pour le lecteur

l’occasion d’obtenir une perspective honnête et biblique de

ce sujet si controversé et qu’il l’aidera à mieux comprendre

les diverses interprétations qui sont données en relation

avec lui.

1) LA THÉOLOGIE DE LUC

Les livres de Luc et Actes sont très importants lorsqu’il

s’agit de faire une étude sur le baptême du Saint-Esprit et

le parler en langues. Pourtant, la majorité des théologiens7

les considèrent comme étant seulement historiques et leurs

accordent que peu d’intérêt lorsqu’il s’agit d’établir des

doctrines ou des enseignements théologiques. Dans son livre

Le Saint-Esprit, Vérité et Puissance, Jean-Jacques Dubois nous dit

croire que ce sont exclusivement les enseignements de Jésus,

les sermons et les écrits des apôtres qui possèdent une

valeur didactique pour les chrétiens d’aujourd’hui:

«La révélation du plan de Dieu se trouve dans la portion

didactique des écritures (l’enseignement de Jésus, les

sermons et les écrits des apôtres) et non dans la partie

historique (livre des Actes.) La portion didactique du

Nouveau Testament est la norme qui permet de fixer ce que

doivent être le contenu et la nature des expériences

spirituelles, et, par conséquent, de vérifier leur

authenticité. En promettant à ses disciples que l’Esprit de

vérité les conduirait dans toute la vérité (Jean 16 :12-13),

le Seigneur pensait au corps de doctrine des Épîtres ainsi

qu’aux révélations prophétiques.»3

Cependant, il existe plusieurs raisons qui permettent de

croire que Luc est un théologien et qu’il possède une

3 (Dubois, 1978), p.46

théologie de l’Esprit propre à lui. Je tâcherai donc de vous

donner les arguments majeurs qui soutiennent cette idée4.

1.1 L’HISTOIRE ET LA THÉOLOGIE

Paul dira, concernant l’Ancien Testament : «que toute écriture est

utile pour enseigner ou instruire» (2 Tim.3.16-17 – Romains 15.14).

D’ailleurs, il dira de la désobéissance d’Israël dans le

désert qu’elle a servit à titre d’exemple et d’instruction

pour les chrétiens parvenus à la fin des siècles (1 Cor

10.6, 11). L’histoire selon Paul, n’est donc pas sans but

didactique, de ce fait, Luc pourrait avoir voulu transmettre

des enseignements par l’entremise de ses écrits historico-

narratif.

1.2 LA LITTÉRATURE LUCANIENNE

Aussi, nous pouvons voir chez Luc un style littéraire très

semblable à celui de l’Ancien Testament et plus

4 Mon argumentation provient majoritairement du Livre, La Théologie Charismatique de St-Luc, de Stronstad.

9

particulièrement celui de la Septante5. Il utilise les mêmes

mots et les mêmes terminologies que celle-ci pour exprimer

l’action de l’Esprit dans ses écrits6. Nous pouvons

discerner aussi que Luc a sélectionné ses histoires et ses

passages de façon logique et intentionnelle car il utilise

quatre procédés narratifs qui demandent de la sélection; le

procédé épisodique, narratif, programmatique et

paradigmatique7. Un exemple d’un texte programmatique serait

la promesse faite par Jésus avant son ascension vers le Père

(Ac. 1.8). Celle-ci trouve son accomplissement tout au long

du livre des Actes (Ac.2.4, 8.17, 10.44, 19.6). De plus,

lors de sa rédaction, Luc a choisit de ne pas informer

Théophile au sujet du ministère de plusieurs apôtres tel que

Thomas, Matthieu, André, Jude, Barthélemy et autres. Il semble

5 (Stronstad, 2006) Basé sur les écrits de Martin Hengel

6 (Stronstad, 2006), p.26, 45, 103 et 104.

7 «En Général, tous les récits historiques sont épisodiques. En plus de cela, une narration typologique est celle qui considère un épisode historique analogue et pertinent appartenant déjà au passé, soit dans Luc et Actes, soit dans L’Ancien testament. À la différence du récit typologique, l’essence de la narration programmatique semble indiquer l’accomplissement d’événements futurs. Pour finir, le récit paradigmatique est celui qui contient des caractéristiques normatives pour la mission et le caractère du peuple de Dieu qui vit dans les derniers jours.» (Stronstad, 2006) p.11

qu’un historien de l’envergure de Luc n’aurait pas omis de

tels renseignements si son intention était purement

historique. Nous pouvons donc constater que Luc a choisit sa

terminologie, sélectionné ses histoires et travaillé ses

textes de façon à laisser des instructions et de

l’enseignement aux chrétiens de l’époque. Ainsi, nous

pouvons reconnaître chez Luc non seulement la plume d’un

historien mais aussi celle d’un théologien.

1.3 L’INDÉPENDANCE THÉOLOGIQUE LUCANIENNE

Néanmoins, cette théologie chez Luc possède une intention

différente que celle de Paul et des autres évangélistes.

Selon Stronstad, trop souvent les écrits de Luc sont

interprétés à la lumières des épîtres de Paul8. Nous pouvons

voir cette réalité dans le commentaire que fait Kuen sur le

passage d’Actes 2.1-4 :

Le seul passage des écrits didactiques du NT, c.à-d. des épîtres,

qui parle du baptême du Saint-Esprit est 1 Cor 12.13 : Nous

8 (Stronstad, 2006) p.1311

avons tous été baptisés dans un seul et même Esprit pour

former un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes

libres». (...) le baptême de l’Esprit a eu lieu en même

temps que leur conversion, leur salut, leur nouvelle

naissance. Nulle part, dans les épîtres, nous ne trouvons

d’exhortation à rechercher le baptême de l’Esprit. (Gras et

Italique ajoutés)9.

La méthodologie que Stronstad nous propose est tout autre.

Selon lui, il faut interpréter les écrits lucaniens, non pas

à partir des épîtres et des évangiles mais à partir de la

Septante et de la période Intertestamentaire. Si nous

adoptons cette méthodologie d’interprétation nous pouvons

percevoir deux théologies distinctes en ce qui concerne

l’Esprit chez Luc et chez Paul10. Paul utiliserait

l’expression «baptême du Saint-Esprit» (1 Cor 12.13) dans le sens

de nouvelle naissance et de réception de l’Esprit pour la

conversion tandis que Luc l’utiliserait dans un sens de

puissance pour le service et le témoignage (Ac.1.5, 8)11.

9 (Kuen, 2003)10 (Stronstad, 2006), 14.15.11 Ibid, p.17.

Les deux ne se contredisent pas mais se complète l’un et

l’autre.

1.3.1 La Théologie Charismatique dans l’Ancien Testament

Dans L’Ancien Testament, l’Esprit descend sur un individu ou

un groupe de personnes soit pour les consacrer (1 Sa 10.1-

10; 16.13) ou pour les équiper en vu d’une tâche ou d’une

fonction particulière (Ex 28.3; 31.3; 35.31, Jug 3.10; 6.34;

11.29; 13.25; 14.6, 9; 15.14; No 11.17-25 ; 1 Sa 19.20)12.

C’est dans cette même pensée que l’Esprit est donné aux

disciples dans Actes 1.8 alors que Jésus dit : «vous

recevrez une puissance (...) et vous serez mes témoins». La

puissance ici est donnée pour le témoignage de la même façon

qu’elle était donnée à des hommes dans l’Ancien Testament

pour le service de l’Éternel13. Nous reviendrons sur ce

point dans le deuxième chapitre.

12Ibid, p. 22-24, 34.

13 (Stronstad, 2006), p..40,41, 42, 102.13

1.3.2 La Théologie Charismatique dans les écrits

Intertestamentaire

Durant la période intertestamentaire, l’attente d’un messie

(oint) grandit dans le cœur du peuple. Comme nous le

montrent certains textes apocryphes et rabbiniques de

l’époque14, la croyance populaire était que l’Esprit de Dieu

avait cessé toutes activités après les derniers prophètes,

soit Aggée, Zacharie et Malachie. Compte tenu de la

situation, les juifs tournèrent leur regard vers l’avenir;

les Hasmonéens mirent leur foi dans l’attente d’un messie

roi, sacrificateur et prophète, la communauté de Qmran,

elle, mit son espérance dans l’attente de deux hommes, le

messie sacrificateur-roi et le prophète comme Moïse (Deut.

18.18-19)15, et les Pharisiens eux, mirent leurs espérances

dans l’attente d’un roi davidique-charismatique (1 Sam 10.10

; 16.13)16 qui les délivreraient de la main de leurs

14 Ibid, p.40.15Ibid, p.41.16 Ibid, p.44.

ennemis. Bien que certains de ces groupes aient proclamé

avoir vu le messie ou avoir connu un renouveau

charismatique17, cette période de l’histoire est reconnue

comme étant 400 ans de silence Divin18. Le messie était

attendu comme celui qui, briserait ce silence en ramenant

l’activité prophétique de l’Esprit en Israël19.

1.4 CONCLUSION

Cette nouvelle méthodologie de recherche consistant à voir

le livre de Luc et Actes comme étant didactique et

indépendant de la théologie Paulinienne et des autres

évangélistes nous apporte une meilleur compréhension et

vision du travail de l’Esprit dans les écrits de Luc. C’est

ce que nous dit Stronstad dans son livre, La théologie

Charismatique de St-Luc: «Ainsi, quand Luc est interprété selon

le programme méthodologique que nous avons présenté, nous

17 Ibid, p.43.18 Ibid 42.19 Ibid p.53.

15

découvrons que sa théologie du Saint-Esprit est plus

charismatique que sotériologique...20». Nous avons vu

ensemble trois arguments qui nous permettre de croire que

Luc est un théologien possédant sa propre théologie

charismatique; premièrement, nous avons vu que contrairement

à ce que pensent plusieurs théologiens, l’histoire peut être

utilisée pour instruire et enseigner le peuple de Dieu,

deuxièmement; nous avons vu que Luc a choisit ses mots et

ses textes lors de sa rédaction de façon à passer un message

et troisièmement nous avons vu que la théologie

charismatique de Luc possède une grande influence de la LXX

et de la période intertestamentaire.

20 Ibid, p.17.

2) LE BAPTÊME DE L’ESPRIT

Lorsqu’il s’agit de vouloir déterminer qu’elle est le signe

initial du Baptême dans le Saint-Esprit, il faut

premièrement définir ce que consiste le fait d’être baptisé.

Dans son livre, Le Miracle de l’Esprit, Shallis dit croire que «

l’évidence du baptême de l’Esprit, c’est la nouvelle

naissance»21. Selon lui «c’est un évènement unique, alors

21 (Shallis, 1981), p.266.17

que la plénitude est à renouveler constamment22». Si on en

croit ce qu’il dit, il est normal d’exprimer l’idée selon

laquelle il n’existe aucun signe extérieur à la nouvelle

naissance, cependant, si l’expérience du Baptême dans le

Saint-Esprit consiste en un revêtement de puissance, un

signe initial pourrait être nécessaire. Il est intéressant

de voir que plusieurs auteurs tels que Kuen, Dubois, Legrand

et Stott croient la même chose que Shallis. Bien que leurs

différentes interprétations proviennent de la méthodologie

qu’ils utilisent, je crois qu’il est juste et équitable de

tout de même considérer ce que ces auteurs ont écrit. Je

tâcherai donc dans le présent chapitre de mon travail, de

donner les différentes interprétations pentecôtistes et non-

pentecôtistes au sujet du baptême dans le Saint-Esprit.

2.1 LA PERCEPTION NON PENCONTISTE DU BAPTÊME DAMS LE SAINT-

ESPRIT

22 Ibid, p.266.

Selon Stott, les passages ci-dessous sont très utiles pour

la compréhension du baptême du Saint-Esprit. Le premier

passage nous parle d’une naissance de L’Esprit (la venue de

L’Esprit en l’homme) et le deuxième nous montre que cela se

fera seulement après que le Christ soit glorifié23.

Jean 3.3 : «En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et

d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.»

Jean 7.38-39 : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de

son sein, comme dit l’Écriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui

croiraient en lui; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas

encore été glorifié.»

Selon Kuen, les passages ci-haut, les chapitres 14 à 16 de

l’épître de Jean ainsi que les passages suivants des épîtres

; «Ro 8.9; 1 Co 2.12; 3.16; 6.19; Ep.1.13» sont la preuve

que l’Esprit au jour de la pentecôte a été donné pour la

conversion24. Il voit dans l’amour entre les disciples

(Ac.2.44-46; 4.32; 6.1...) la paix et la joie, même dans les

persécutions (5.41; 7.59-60), la bonté envers les malheureux

(3.6; 5.15) la fidélité à Christ (4.19, 29, 31; 5.29), la

23 (Stott, 1975), p.53,54.24 (Kuen, 1976), p.42.

19

douceur (6.15) et la maîtrise de soi (4.8-13) l’évidence de

la transformation et le fruit de l’Esprit se trouvant dans

la vie des disciples après la pentecôte, soit les signes de

leur conversion25.

Legrand lui, donne l’argument selon lequel le baptême de

l’Esprit est toujours en lien avec le fait de faire partie

du corps de Christ (1 Co 12.13; Ep. 2.11; 3.6, 8-9)26. Selon

lui, ce qui ressort de l’ensemble du Nouveau-Testament c’est

l’idée qu’un jour, des gens de toutes langues, toutes tribus

et toutes nations seront greffées au Corps de Christ, c’est

dans ce contexte qu’il interprète les passages des Actes.

2.2 LA PERCEPTION PENTECÔTISTE DU BAPTÊME DANS LE SAINT-

ESPRIT

Comme nous l’avons vu précédemment dans le premier chapitre,

Luc a écrit son épître dans la même mentalité que celle de

la Septante et des écrits Intertestamentaires. Il est très

25 Ibid 42.4326 (F.Legrand, 1990), p.113-114.

fort probable que Luc ait eu une intention différente que

celle de Paul ou des autres apôtres lorsqu’il écrivit ses

deux livres.

Premièrement, regardons ensemble les promesses de Jésus

faites à ses disciples avant son ascension vers le Père dans

Luc-Actes:

Luc 24.46-49 :«Et voici, j’enverrai sur vous ce que mon Père à promis; mais

vous, restez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en

haut.»

Actes 1.8 : Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur

vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la

Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.

Dans ces deux cas il est question de puissance, le mot

Dunamis (puissance) ici, fait référence selon Strong27, à la

force, le pouvoir(miraculeux) ou l’habileté. Il est donc

question ici de Jésus qui dit, vous serez revêtus/vous

recevrez la force, le pouvoir, l’habileté d’être des témoins

efficaces pour le Royaume. Il est donc évident que pour Luc,

c’est la puissance que les disciples devaient attendre. Nous

27 (James Strong, 1984) g1410.21

pouvons le voir dans le mot que Luc utilise le jour de la

pentecôte :

Actes 2.4 : «Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler

en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer.»

Ici le mot rempli est le même que celui utilisé dans la

Septante pour dire que quelqu’un reçoit l’habileté pour

faire une tâche ou accomplir quelque chose28.

Exode 31.3-4 : «Je l’ai rempli de l’Esprit de Dieu, de sagesse,

d’intelligence, et de savoir pour toutes sortes d’ouvrages, je l’ai rendu

capable de faire des inventions...»

Aussi, il existe des parallèles étonnants entre Actes 2.4 et

Nombres 11.25 qui sont un point essentiel pour la

compréhension de la théologie Lucanienne, voyons ensemble ce

passage :

Nombres 11.25 : «L’Éternel descendit dans la nuée, et parla à Moïse; il

prit de l’esprit qui était sur lui, et le mit sur les soixante-dix anciens. Et dès

que l’esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent; mais ils ne continuèrent

pas.»

28 (Stronstad, 2006), p.26

Dans le contexte du livre des Nombres, l’Esprit est donné

aux anciens afin qu’ils puissent aider Moïse dans son

leadership sur le peuple d’Israël29, Celui-ci leur est donné

pour qu’ils aient les capacités nécessaires pour le faire.

Tout comme Dieu prit de l’Esprit qui était sur Moïse pour

consacrer et équiper les soixante-dix anciens (No 11.16, 18-

19), Dieu répand l’Esprit de Christ afin de consacrer et

équiper son peuple pour être des témoins sur toute la

surface de la terre.

Un autre fait important est celui de l’attente Messianique

de la période intertestamentaire. Comme nous l’avons vu

précédemment, le Messie serait celui qui posséderait

l’Esprit et qui le répandrait ensuite à tous le peuple30.

Cette attente était fondé sur la prière de Moïse en Nombres

11.29 : «Puisse tout le peuple de l’Éternel être composés de prophètes ; et

veuille l’Éternel mettre son esprit sur eux !» C’est Jésus qui accomplit

cette prophétie selon Pierre comme nous pouvons le voir dans

le passage de Joël qu’il cite le jour de la pentecôte :

29 Ibid, p.33.30 Voir p.6-7.

23

«Dans ces jours là je répandrai de mon Esprit; et ils prophétiseront (Ac 2.18)». Il

dira aussi concernant Jésus qu’«Élevé par la droite de Dieu, il a reçu

du Père le Saint-Esprit qui avait été promis, et il l’a répandu... (Ac 2.33). En

effet, Jésus fût conçu par le Saint-Esprit (Lc 1.35), Il le

reçu à son baptême (3.22), Il en fût rempli avant son entrer

dans le désert (4.1) et revêtus par celui-ci à sa sortie

(4.14) pour ensuite le répandre au jour de la pentecôte31.

2.2.1 Actes 8.15

L‘un des passages les plus utilisés chez les pentecôtistes

pour promouvoir l’idée du baptême du Saint-Esprit comme

deuxième expérience après la conversion est celui d’Actes

8.15. Dans ce texte, Luc nous rapporte l’histoire d’un

groupe de Samaritains qui se font baptiser d’eau après avoir

cru au message de la bonne nouvelle mais qui reçoivent

l’Esprit qu’au moment où Pierre et Jean leur imposent les

mains.

31 (Stronstad, 2006), p.50-63.

L’explication la plus plausible selon Kuen, Stott, Legrand

et Dubois est le fait qu’ils voient dans cette situation un

évènement anormal. Pour eux, ils ne nient pas le fait qu’il

y ait deux expériences distinctes32, par contre, ils voient

dans ce passage un évènement unique qui n’est retrouvé nulle

part ailleurs dans les Actes33. Voici un bon résumé de leurs

argumentations :

«Dans le cas présent, certaines preuves spéciales ont pu être nécessaires

«pour assurer aux Samaritains, habitués à être méprisés par les gens de

Jérusalem comme des outsiders, qu’ils étaient pleinement incorporés dans

la nouvelle communauté du peuple de Dieu» (F.F Bruce Acts p.182). «

L’unité de l’Église primitive était en jeu. D’après le récit, Dieu a suspendu le

don de l’Esprit (pour la nouvelle naissance) à l’intervention des deux

grands apôtres de Jérusalem pour garantir l’unité du peuple nouveau,

pour empêcher la création d’une communauté samaritaine dissidente» (H.

Blocher). Il fallait «établir la continuité avec Jérusalem avant que la

Samarie ne devienne le noyau d’une nouvelle expansion» (G.H Lampe).34»

(Texte entre parenthèse ajouté)

32 (Stronstad, 2006), p.662.33 (Kuen, 2003), p.663.34 Ibid, p.664, 665.

25

Selon eux, Pierre est présent à la première entrée des

Samaritains dans le corps du Christ comme il la été pour les

premiers juifs (Ac 2) et les premiers païens (Ac 10). C’est

lui qui est utilisé par Dieu pour leurs ouvrir les portes du

Royaume des cieux (Mt. 16.18-19).

Les pentecôtistes eux, voient dans ces évènements la preuve

qu’il existe deux expériences distinctes entre la conversion

et le baptême du Saint-Esprit. Stronstad voit dans les

interprétations des théologiens non pentecôtistes un

problème de présupposition (l’Esprit pour la conversion),

selon lui, la réception de puissance après la conversion est

en accord avec la pensée globale de Luc (Ac 8.12; 19.2)35.

Tout simplement ici, les Samaritains se sont convertis, née

de nouveau, pour recevoir ensuite la puissance par

l’entremise des mains des apôtres.

2.2.2 Jean 20.22

35 (Stronstad, 2006), p.87-88.

Un passage utilisé par les pentecôtistes pour démontrer que

les disciples étaient déjà nés de nouveau avant le jour de

la pentecôte est le passage de Jean 20.22 où Jésus souffla

sur ses disciples, et leur dit : «Recevez le Saint-Esprit.». Pour

les théologiens non pentecôtistes et même certains qui le

sont36, cette action de Jésus est une prophétie de ce qui

arriva au jour de la pentecôte37 alors qu’il est dit qu’«il vint

du ciel un bruit comme un vent impétueux, (qui) remplit toute la maison où ils

(les 120 dans la chambre haute) étaient assis.» Advenant que les

disciples soient nés de nouveau à ce moment, des questions

se soulèvent dans ma pensée : Pourquoi l’expérience de la

nouvelle naissance aurait elle été aussi caché et faible en

comparaison avec le baptême de puissance au jour de la

pentecôte alors que tous le Nouveau-Testament est centré sur

la mort et de la résurrection de Christ qui sauve les

pécheurs ? Est-ce que Jésus était plus concerné par la

puissance que le salut ? Qu’en est-il de Thomas et des 120

36 (F.Legrand, 1990), p.106, 107.37 Ibid, p.106.

27

disciples qui ne se trouvaient pas dans la pièce, quand ont-

ils reçu l’Esprit ?

Il existe aucun passage dans le Nouveau-Testament qui nous

permettrait de croire que les disciples avaient connu la

nouvelle naissance. Peut-être l’auraient-ils été pendant les

jours passés avec Jésus avant son ascension ? Quoi qu’il en

soit, ce passage ne constitue pas une preuve irréfutable.

2.2.3 Actes 19.-1-7

Un autre argument apporté par les pentecôtistes pour

démontrer qu’il existe deux expériences distinctes, est le

passage d’Actes 19.1-7. Dans ce texte, nous pouvons voir que

Paul arrive à Éphèse où il trouve des disciples de Jean qui

n’ont pas reçu l’Esprit. Il leur expliqua que celui en qui

il devait croire était Jésus, il les baptisa en son nom et

après leur avoir imposé les mains, ils reçurent le Saint-

Esprit. Selon Kuen ce passage n’est pas un bon argument en

ce qui concerne l’idée d’une deuxième expérience puisque ces

hommes n’étaient pas des chrétiens mais des disciples de

Jean. Ils ne pouvaient donc pas avoir l’Esprit de Christ en

eux38.

Pour Yongi Cho, l’état de faiblesse et d’impuissance des

disciples que voyait Paul l’inspira à poser cette question:«

Avez-vous reçu l’Esprit lorsque vous avez cru». Selon lui,

Paul les considéraient comme des chrétiens qui n’avaient pas

reçu la puissance.39 Stronstad croit que les disciples

étaient des chrétiens malgré le contenu limité de leur

foi40, de la même manière que Cho, Paul voulait savoir s’ils

avaient reçu la puissance. Selon moi, il n’est pas clair

qu’ils étaient des chrétiens nés de nouveau, car je crois

qu’il est impossible d’être né de nouveau sans reconnaître

Jésus comme le Fils de Dieu. Voici ma proposition : Les

disciples, une fois après s’être convertis et être nés de

nouveau, reçurent la puissance pour être des témoins par

l’entremise des mains de Paul. Ce pourrait être la même

chose qui s’est produite pour les Samaritains en Actes 8

38 (Kuen, 2003), p.721, 722.39 (Cho, 1993), p.105.40 (Stronstad, 2006), p.92.

29

alors que Pierre et Jean sont venus pour leur donner le don

du Saint-Esprit après qu’ils aient cru et furent baptisés.

2.3 QU’ELLE EST LE RÔLE DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT DANS LA

VIE DU CROYANT ?

Selon Donald Gee, il existe une différence majeure entre la

conversion et le baptême du Saint-Esprit. Il reconnait qu’il

est navrant de voir beaucoup d’hommes exercer la puissance

sans avoir le fruit de l’Esprit dans leurs vies41. C’est

d’ailleurs ce que nous reproche la majorité des non

pentecôtistes qui voit dans ce baptême de puissance une

anomalie. Encore ici, il s’agit de l’interprétation qu’il

donne à ce baptême, rappelons-nous qu’ils voient dans cette

expérience la nouvelle naissance, ils ne peuvent donc pas

concevoir que la venue de l’Esprit dans le cœur d’un homme

ne produise pas le fruit de l’Esprit en retour42, ils

41 (Gee, 1996), p. 80-82.42 (F.Legrand, 1990)

associent inévitablement l’Esprit aux fruits. Donald Gee,

dira que le baptême de l’Esprit est uniquement en lien avec

la puissance, il ne touche pas ce qui a trait à la sainteté

et à la sanctification43. Pour lui, la sainteté s’obtient

uniquement par la communion avec Christ et la marche dans

l’Esprit, alors que le Baptême du Saint-Esprit est uniquement en

termes de puissance. Cela expliquerait le fait que les

Corinthiens avaient la puissance et les dons malgré leurs

comportements charnels.

2.4 CONCLUSION

Faute de pouvoir exposer tous les arguments concernant le

sujet, les différentes interprétations que nous venons de

voir nous donne un bon aperçu des débats qui existent entre

les pentecôtistes et les non pentecôtistes. Les uns

interprètent les écrits de Luc à la lumière de l’Ancien

Testament et de la période Intertestamentaire; les autres à

la lumière de tous le Nouveau-Testament, les uns voient la

43 (Gee, 1996), p.82,87.31

puissance promis et donné aux disciples pour la mission et

le service; les autres l’adhésion au corps de Christ. C’est

soit blanc ou noir. Je dois avouer que je suis très partagé

en ce qui concerne le rôle de l’Esprit dans les Actes. D’un

côté, je vois chez Luc l’Esprit donné pour la puissance, nul

doute que les disciples l’aient reçu, de l’autre, je vois la

possibilité qu’ils viennent établir sa demeure dans le

croyant. Jean et Luc parle du même Esprit, pourtant

l’attente de Jean est celle de l’Esprit qui vient faire sa

demeure en l’homme et celle de Luc, l’Esprit qui vient

équiper son peuple pour l’œuvre missionnaire. Cependant,

bien que nous puissions trouver dans les évangiles l’attente

de l’Esprit pour la conversion, ce n’est pas le même sens

que Luc lui donne. Dans Luc et Actes, il est réellement

question d’attendre pour un revêtement de puissance. Dans

son livre, Ce que la Bible enseigne, R.A Torrey écrit au sujet de

l’attente des disciples : Jésus-Christ a commandé à ses disciples de ne

pas s’engager dans le travail auquel Il les avait Lui-même appelés, avant d’avoir

été baptisés du Saint-Esprit44.» Si nous voulons voir dans les Actes

44 (Torrey, 1979), p.278.

l’attente de la nouvelle naissance, ce n’est pas l’intention

première de l’auteur.

3) LE SIGNE INITIAL

Nous en venons donc à notre question finale : Est-ce que le signe

initial du baptême du Saint-Esprit est le parler en langues ? Pour y

répondre, nous regarderons uniquement aux Actes des Apôtres

et à l’Ancien Testament. J’ai choisis de ne pas utiliser les

écrits de Paul au sujet des langues (12-14) parce que je ne

l’ai pas fait concernant le baptême dans le Saint-Esprit.

L’argument donné était que Paul avait une théologie

différente de celle de Luc, si j’en venais donc à utiliser

les textes de Paul pour ce qui concerne le signe initial ce

serait pour moi de l’incohérence. Voici les interprétations

pentecôtistes et non pentecôtistes concernant le signe

initial du baptême dans le Saint-Esprit.

33

3.1 LE SIGNE DES LANGUES

La question du signe est très importante pour les

pentecôtistes, selon eux c’est le parler en langues qui est

la preuve de la réception de l’Esprit. Leur théologie est

fondée sur quatre passages des Actes.

(2.4;8.18;10.44;19.22)45. Le signe des langues ne se trouve

pas implicite en Actes 8.18. Par contre, il est dit que

Simon vit que le Saint-Esprit était donné par l’imposition

des mains. Il y avait donc un signe apparent, quelque chose

de visible ou de compréhensible qui permettaient à Simon de

connaître cette information. Kuen lui croit qu’il ne

s’agissait pas du parler en langues, voici sa réflexion:

« Le texte ne dit rien d’un parler en langues, alors qu’il le mentionne bien

dans le cas de Corneille et des Éphésiens. Simon a vu les apôtres imposer

les mains et il a entendu de leur bouche qu’ils le faisaient pour que les

Samaritains reçoivent le Saint-Esprit, cela suffit à justifier le v.18.46»

45 Bible Esprit et Vie – Page 1768-69.46 (Kuen, 2003), p.662.

Mise à part le texte d’Actes 8, les trois autres passages

sont tous caractérisé par la même expérience de la

glossolalie (parler en langues); Actes 10.46 ajoute qu’ils

glorifiaient Dieu et Actes 19.6 qu’ils prophétisaient. Dans

Actes 2, ce sont les 120 disciples qui ont parlés en langues

(v.4), les langues qu’ils disaient étaient compréhensible

par des hommes (v.6), étaient pour les hommes (v.11),

n’avaient pas besoin d’interprétations et proclamaient les

merveilles de Dieu (v.11)47. En Actes 19, les 12 disciples

parlèrent en langues et prophétisèrent (v.6). En Actes 10,

ce sont tous ceux qui entendirent la parole de Pierre qui

reçurent le Saint-Esprit, parlèrent en langues et

glorifièrent Dieu (v.44). Il ne pourrait s’agir ici d’un

parler en langues différent que celui de la pentecôte

puisque selon Pierre, ils ont reçu le même don que celui des

120 à Jérusalem (Ac.10.47; cf. 11.15, 17)48. De plus, notez

bien qu’on ne peut pas faire dire au texte ici, comme

certains pentecôtistes le font, que les langues dans Actes

47 (Kuen, 2003), p.630.48Ibid, 676,677.

35

10 servent à Glorifier Dieu et qu’en Actes 2, ils servent à

parler à des hommes des merveilles de Dieu. Il s’agit de

deux choses séparées, autant la prophétie est séparé des

langues en Actes 19, autant l’action de Glorifier Dieu est

une chose différente que la glossolalie dans ce passage49.

Nous pouvons donc observer que le seul texte qui est plus

descriptif concernant les langues est celui d’Actes 2.

Bien que je ne sois pas en accord avec Shallis sur sa vision

de la glossolalie, ce qu’il dit à propos des trois contextes

où le phénomène s’est produit est fort intéressant;

premièrement, à Jérusalem il y avait des centaines de juifs

de la diaspora qui parlaient toutes sortes de langues

différentes; deuxièmement, dans la maison de Corneille,

plusieurs serviteurs et personnes travaillant pour lui

pouvaient être de différentes nationalités comme c’était la

coutume pour les Centenier Romains en ces temps-là et

troisièmement, Éphèse était une ville multiethnique et

commercial où toutes sortes de gens parlaient différents

49 Ibid, 676, 677.

langages50. Nous pourrions donc émettre l’hypothèse que les

langues auraient pu être manifestées dans des buts précis,

en publique, afin qu’elles servent de signes aux apôtres

juifs et aux païens que le Saint-Esprit était répandu sur

tout hommes, sans acceptation de personne. (Ac.11.18)

Un autre fait intéressant est le fait que Pierre associe

l’expérience des païens à la première expérience de

pentecôte (11.15). Il semble avoir oublié la Parole de Jésus

qui disait : «Jean a baptisé d’eau, mais vous dans peu de jours vous serez

Baptisé du Saint-Esprit» (v.16). Dans ce contexte, 10 ans le

séparaient déjà de l’effusion de la pentecôte. Selon Kuen51,

ceci est la preuve qu’il ni eu aucun Baptême semblable à

celui reçu à Jérusalem durant toutes ces années. Sinon

pourquoi Pierre aurait-il dit : « je me souvins de cette parole du

Seigneur» si le baptême du Saint-Esprit était aussi important

pour lui, et pourquoi aurait-il fait référence à leur

première expérience si celles-ci étaient chose courante à

son époque ?

50 (Shallis, 1981), p.270-27351 (Kuen, 2003), p.675,676.

37

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas oublier que seulement

trois passages des Actes nous parlent de la glossolalie. À

chaque fois il s’agit d’un parler en langues

compréhensibles, où tout de moins, rien ne nous dit qu’il

s’agissait d’un langage incompréhensible ou spirituel.

D’ailleurs dans les trois cas, le même mot grec est utilisé

pour parler des langues (glossolalie).

3.2 LE FRUIT DE L’ESPRIT

Lorsqu’il s’agit de donner un signe, Stott dans son livre,

Du Baptême à la Plénitude, voit comme signe la transformation

intérieure morale de l’homme :

«La plénitude de l’Esprit se traduit beaucoup moins par une expérience

mystique, de caractère personnel, que par des relations avec Dieu et avec

nos semblables, qui sont de nature morale et pratique52»

L’idée selon laquelle le signe du baptême dans le Saint-

Esprit serait le fruit de l’Esprit dans la vie d’une

52 (Stott, 1975), p.58.

personne provient encore une fois du fait que les

théologiens non-pentecôtistes associent le baptême de

l’Esprit à la nouvelle naissance. Il est vrai que nous

pouvons voir le fruit de l’Esprit dans la vie de Pierre53.

Mais dans le cadre des Actes, ce n’est pas un signe que nous

pouvons évaluer. Il est évident que Luc ne met pas l’accent

sur ce signe dans ces écrits, car à part Pierre et Paul, la

majorité des hommes et des femmes qui ont reçu le Saint-

Esprit n’apparaissent qu’une fois dans le livre des Actes.

Cependant, bien que Paul parle véritablement de l’importance

de la sanctification et de la marche dans l’Esprit, Luc lui,

ne cherche pas à démontrer que l’évidence de la réception du

baptême du Saint-Esprit est la vie sanctifiée du croyant,

car si tel avait été son désir, il s’y serait prit

autrement.

3.3. LE SIGNE DANS L’ANCIEN TESTAMENT

53 Comme mentionné à la page 4 de mon travail39

Dans l’Ancien Testament54, le thème du signe est très

présent. À plusieurs reprises dans les écrits

vétérotestamentaire nous pouvons voir une manifestation

extérieure subséquente à l’action de L’Esprit dans la vie

des hommes, dans la majorité des cas, la prophétie est cette

manifestation (1 Sam 7.10; 2 Sam 23.2; Nom 11.25; 1 Ch

12.18; 2 Ch 15.1; 20,14; 24.20; Ez 11.5)55. Dans certain

cas, comme celui de Saül, le signe est donné pour

authentifier l’appel de Dieu devant le peuple, ce pourrait

être la même raison qui est derrière le parler en langues

dans les Actes des apôtres.

De plus, Nombres 11.25 est réellement très similaire à Actes

2. Dans ces deux passages la réception de l’Esprit est

accompagnée d’un signe extérieur évident, le premier est la

prophétie, le deuxième est les langues. Remarquez toutefois

qu’en Actes 19, la prophétie est aussi présente. Il y aurait

donc possibilité de voir ici une suite logique entre ces

54 Selon Stronstad55 (Stronstad, 2006), p.31,32.

deux passages, la réception de l’Esprit pour la puissance et

un signe extérieur pour confirmer sa réception.

3.4 CONCLUSION

En conclusion, je crois qu’il est impossible d’avoir

l’assurance que les langues étaient présentes à toutes les

réceptions de l’Esprit. Seulement trois passages nous

parlent de ce phénomène et à chaque fois, cela est fait dans

un contexte important, soit à Jérusalem, en Judée ou à

Éphèse (extrémités de la terre). De plus, les langues sont

parfois accompagnées de la prophétie ou de la Gloire donnée

à Dieu, ce qui enlève le côté unique d’un seul signe

évident. Les passages de l’Ancien Testament nous donnent un

bon aperçu des signes qui accompagnaient la venue de

l’Esprit sur l’homme, cependant, il serait peu probable que

nous puissions tirer des conclusions exactes à partir de ces

textes. L’idée du fruit de l’Esprit est aussi peu

convaincante, vu la présence quasi-inexistante

d’informations sur la vie de ceux qui reçoivent l’Esprit.

J’en conclu donc, que selon les Actes, les signes initiaux

41

possibles pourraient être, soit le parler en langues, la

Gloire donnée à Dieu ou la prophétie. Sans oublier qu’il

pourrait n’y avoir aucun signe en certaines occasions.

CONCLUSION

C’est à ce moment que nous quittons pour un temps les

écritures pour parler des expériences contemporaines. Bien

que je ne sois pas en mesure de me faire une idée claire en

ce qui concerne le baptême du Saint-Esprit et son signe

initial, je crois, contrairement à Legrand56, que les

phénomènes surnaturels qui occupent nos assemblées

proviennent d’un vrai mouvement de réveil orchestré par

Dieu. Il serait dangereux de dire que les expériences dans

nos assemblées viennent du diable puisque que, comme le dira

Jésus : «aucun Royaume ne peut subsister s’il se divise lui-même (Mc.3.23-

30)». Il serait donc étrange d’associer à Satan un mouvement

qui a redonné vigueur à l’évangélisation et qui a amené des

milliers d’âmes à Christ. Cependant, nous devons être

56 (F.Legrand, 1990), p.130, 180-182.

conscients que le diable est le Père du mensonge et qu’il aime

se déguiser en ange de lumière. Si les assemblées de pentecôte

dans lesquelles nous sommes connaissent des expériences

authentiques, il n’est pas sans dire que certaines sont

fausses. Je me joins donc à Gee lorsqu’il dit observer dans

l’église un besoin urgent du don du discernement des esprits57 et

j’ajouterais, un besoin d’examiner les expériences à la

lumière de la Parole de Dieu.

Nous en venons donc à cette conclusion, peut-être un peu

décevante, que la Parole de Dieu n’est pas clairement

explicite au sujet du signe initial accompagnant le baptême

du Saint-Esprit. Je ne peux répondre de manière catégorique

au fait que les langues pourraient être le signe. Par contre

je suis très perplexe à l’idée que cette glossolalie soit un

langage angélique ou spirituel, puisque les textes ne le

disent pas. L’expérience est souvent caractérisée par les

langues certes, mais selon moi, il est dangereux de vouloir

construire une théologie sur ce que nous vivons aujourd’hui.

57 (Gee, 1991), p.75.43

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Bible Louis Second 1910

Bible Esprit et Vie – Pages de Commentaires

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