Le parler en langue est-il le signe initial du baptême dans le Saint-Esprit ?
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HISTOIRE DU PENTECÔTISME
Travail présenté à STEPHEN HERTZOG
LE SIGNE INITIAL DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT
par OLIVIER ROY
Institut Biblique du Québec
839, Lasalle, Longueuil, QC, J4K 3G6
TRIMESTRE DU PRINTEMPS 2012
TABLE DES MATIÈRESPAGE
TABLE DES MATIÈRES..................................................i
INTRODUCTION……......................................................3
1. LA THÉOLOGIE DE LUC..............................................2
1.1.L’HISTOIRE DE LA THÉOLOGIE..................................7
1.2.LA LITTÉRATION LUCANIENNES..................................7
1.3. L’INDÉPENDANCE TH.OLOGIQUE LUCANIENNE ......................................................................8
1.3.1 Théologie Charismatique dans l’Ancien-Testament ....................................................9
1.3.2 Théologie Charismatique dans la période Intertestamentaire................................... 10
1.4 CONCLUSION ....................................................................................................................................11
2. LE BAPTÊME DE L’ESPRIT..........................................13
2.1.LA PERCEPTION PENPNON PENTECÔTISTE DU BAPTÊME DANS LE SAINT-ESORIT13
2.2.LA PERCEPTION PENTECÔTISTE DU BAPTÊME DANS LE SAINT-ESPRIT 15
2.2.1. Actes 8.15..........................................17
2.2.2. Jean 20.22..........................................19
2.2.3. Actes 19.1-7 .............................................................................................................. 20
2.3 QU’ELLE EST LE RÔLE DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT DANS LA VIE DU CROYANT ..............22
2.4 CONCLUSION ........................................................................................................................ 22
3. LE SIGNE INTIAL DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT ...............................................................................24
3.1. LE SIGNE DES LANGUES .......................................................................................................24
3.2. LE FRUIT DE L’ESPRIT ...........................................................................................................27
3.3. LE SIGNE DANS L’ANCIEN TESTAMENT ................................................................................28
3.4. CONCLUSION .......................................................................................................................29
3
CONCLUSION…….......................................................30
BIBLIOGRAPHIE….....................................................ii
INTRODUCTION
Le sujet de ma recherche est le signe initial du baptême du
Saint-Esprit. Je dois avouer que ce travail fût pour moi
l’occasion d’étudier sur un sujet que je n’avais jamais
exploré auparavant. À priori, mes convictions sur le baptême
du Saint-Esprit et son signe étaient fondées sur des
enseignements que j’avais reçus et des livres que j’avais
lus, mais voici que l’herméneutique des textes et les
recherches sur le sujet furent pour moi l’occasion de faire
face à un monde d’interprétations différentes. Un des faits
les plus surprenants fût de me rendre à l’évidence que très
peu d’ouvrages furent consacrés à défendre la doctrine
pentecôtiste et qu’au contraire, beaucoup défendent des
doctrines contraires à celle-ci. Tout de même, je crois que
cette doctrine se doit d’être étudiée et que beaucoup
d’auteurs, malgré leurs bonnes intentions, rejettent trop
facilement les fondements bibliques qui la soutiennent.
Il est important de rappeler que l’effervescence qu’à
apporté le réveil d’Asuza a remis en question les dogmes et
les croyances de l’église. Toutefois, le sentiment d’urgence
5
devant la Grande commission, les manifestations
surnaturelles, ainsi que le rejet de la structure ont fait
en sorte que, pour un temps, l’expérience a prévalut sur
l’écriture. C’est ce que nous reprochent des auteurs comme
F.Legrand, ex-pentecôtiste, qui voit dans le mouvement de
pentecôte une œuvre du diable1. Selon lui, les expériences
charismatiques dans le mouvement de pentecôte peuvent être
contestées et même utilisées contre nous à certains
égards2. C’est pourquoi, afin de répondre à la question : «
est-ce que le signe initial du baptême du Saint-Esprit est le parler en langues ? »,
je porterai mes regards uniquement sur les Saintes
Écritures.
Pour ce faire, j’ai répartis mon travail en trois chapitres;
dans le premier, j’exposerai la méthodologie de Stronstad
qui consiste à voir chez Luc une théologie charismatique
indépendante de celle de Paul et des autres évangélistes
établie principalement sur les écrits de l’Ancien Testament
(LXX) et l’attente du messie dans la période
1 (F.Legrand, 1990), p.126, 179-180.2 (F.Legrand, 1990), p.8-16, 126-144.
intertestamentaire. Dans le deuxième, je tâcherai d’exposer
les interprétations pentecôtistes et non pentecôtistes
concernant le Baptême dans le Saint-Esprit pour ensuite
terminer avec un chapitre consacré au sujet du signe
initial. Je souhaite que ce travail soit pour le lecteur
l’occasion d’obtenir une perspective honnête et biblique de
ce sujet si controversé et qu’il l’aidera à mieux comprendre
les diverses interprétations qui sont données en relation
avec lui.
1) LA THÉOLOGIE DE LUC
Les livres de Luc et Actes sont très importants lorsqu’il
s’agit de faire une étude sur le baptême du Saint-Esprit et
le parler en langues. Pourtant, la majorité des théologiens7
les considèrent comme étant seulement historiques et leurs
accordent que peu d’intérêt lorsqu’il s’agit d’établir des
doctrines ou des enseignements théologiques. Dans son livre
Le Saint-Esprit, Vérité et Puissance, Jean-Jacques Dubois nous dit
croire que ce sont exclusivement les enseignements de Jésus,
les sermons et les écrits des apôtres qui possèdent une
valeur didactique pour les chrétiens d’aujourd’hui:
«La révélation du plan de Dieu se trouve dans la portion
didactique des écritures (l’enseignement de Jésus, les
sermons et les écrits des apôtres) et non dans la partie
historique (livre des Actes.) La portion didactique du
Nouveau Testament est la norme qui permet de fixer ce que
doivent être le contenu et la nature des expériences
spirituelles, et, par conséquent, de vérifier leur
authenticité. En promettant à ses disciples que l’Esprit de
vérité les conduirait dans toute la vérité (Jean 16 :12-13),
le Seigneur pensait au corps de doctrine des Épîtres ainsi
qu’aux révélations prophétiques.»3
Cependant, il existe plusieurs raisons qui permettent de
croire que Luc est un théologien et qu’il possède une
3 (Dubois, 1978), p.46
théologie de l’Esprit propre à lui. Je tâcherai donc de vous
donner les arguments majeurs qui soutiennent cette idée4.
1.1 L’HISTOIRE ET LA THÉOLOGIE
Paul dira, concernant l’Ancien Testament : «que toute écriture est
utile pour enseigner ou instruire» (2 Tim.3.16-17 – Romains 15.14).
D’ailleurs, il dira de la désobéissance d’Israël dans le
désert qu’elle a servit à titre d’exemple et d’instruction
pour les chrétiens parvenus à la fin des siècles (1 Cor
10.6, 11). L’histoire selon Paul, n’est donc pas sans but
didactique, de ce fait, Luc pourrait avoir voulu transmettre
des enseignements par l’entremise de ses écrits historico-
narratif.
1.2 LA LITTÉRATURE LUCANIENNE
Aussi, nous pouvons voir chez Luc un style littéraire très
semblable à celui de l’Ancien Testament et plus
4 Mon argumentation provient majoritairement du Livre, La Théologie Charismatique de St-Luc, de Stronstad.
9
particulièrement celui de la Septante5. Il utilise les mêmes
mots et les mêmes terminologies que celle-ci pour exprimer
l’action de l’Esprit dans ses écrits6. Nous pouvons
discerner aussi que Luc a sélectionné ses histoires et ses
passages de façon logique et intentionnelle car il utilise
quatre procédés narratifs qui demandent de la sélection; le
procédé épisodique, narratif, programmatique et
paradigmatique7. Un exemple d’un texte programmatique serait
la promesse faite par Jésus avant son ascension vers le Père
(Ac. 1.8). Celle-ci trouve son accomplissement tout au long
du livre des Actes (Ac.2.4, 8.17, 10.44, 19.6). De plus,
lors de sa rédaction, Luc a choisit de ne pas informer
Théophile au sujet du ministère de plusieurs apôtres tel que
Thomas, Matthieu, André, Jude, Barthélemy et autres. Il semble
5 (Stronstad, 2006) Basé sur les écrits de Martin Hengel
6 (Stronstad, 2006), p.26, 45, 103 et 104.
7 «En Général, tous les récits historiques sont épisodiques. En plus de cela, une narration typologique est celle qui considère un épisode historique analogue et pertinent appartenant déjà au passé, soit dans Luc et Actes, soit dans L’Ancien testament. À la différence du récit typologique, l’essence de la narration programmatique semble indiquer l’accomplissement d’événements futurs. Pour finir, le récit paradigmatique est celui qui contient des caractéristiques normatives pour la mission et le caractère du peuple de Dieu qui vit dans les derniers jours.» (Stronstad, 2006) p.11
qu’un historien de l’envergure de Luc n’aurait pas omis de
tels renseignements si son intention était purement
historique. Nous pouvons donc constater que Luc a choisit sa
terminologie, sélectionné ses histoires et travaillé ses
textes de façon à laisser des instructions et de
l’enseignement aux chrétiens de l’époque. Ainsi, nous
pouvons reconnaître chez Luc non seulement la plume d’un
historien mais aussi celle d’un théologien.
1.3 L’INDÉPENDANCE THÉOLOGIQUE LUCANIENNE
Néanmoins, cette théologie chez Luc possède une intention
différente que celle de Paul et des autres évangélistes.
Selon Stronstad, trop souvent les écrits de Luc sont
interprétés à la lumières des épîtres de Paul8. Nous pouvons
voir cette réalité dans le commentaire que fait Kuen sur le
passage d’Actes 2.1-4 :
Le seul passage des écrits didactiques du NT, c.à-d. des épîtres,
qui parle du baptême du Saint-Esprit est 1 Cor 12.13 : Nous
8 (Stronstad, 2006) p.1311
avons tous été baptisés dans un seul et même Esprit pour
former un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes
libres». (...) le baptême de l’Esprit a eu lieu en même
temps que leur conversion, leur salut, leur nouvelle
naissance. Nulle part, dans les épîtres, nous ne trouvons
d’exhortation à rechercher le baptême de l’Esprit. (Gras et
Italique ajoutés)9.
La méthodologie que Stronstad nous propose est tout autre.
Selon lui, il faut interpréter les écrits lucaniens, non pas
à partir des épîtres et des évangiles mais à partir de la
Septante et de la période Intertestamentaire. Si nous
adoptons cette méthodologie d’interprétation nous pouvons
percevoir deux théologies distinctes en ce qui concerne
l’Esprit chez Luc et chez Paul10. Paul utiliserait
l’expression «baptême du Saint-Esprit» (1 Cor 12.13) dans le sens
de nouvelle naissance et de réception de l’Esprit pour la
conversion tandis que Luc l’utiliserait dans un sens de
puissance pour le service et le témoignage (Ac.1.5, 8)11.
9 (Kuen, 2003)10 (Stronstad, 2006), 14.15.11 Ibid, p.17.
Les deux ne se contredisent pas mais se complète l’un et
l’autre.
1.3.1 La Théologie Charismatique dans l’Ancien Testament
Dans L’Ancien Testament, l’Esprit descend sur un individu ou
un groupe de personnes soit pour les consacrer (1 Sa 10.1-
10; 16.13) ou pour les équiper en vu d’une tâche ou d’une
fonction particulière (Ex 28.3; 31.3; 35.31, Jug 3.10; 6.34;
11.29; 13.25; 14.6, 9; 15.14; No 11.17-25 ; 1 Sa 19.20)12.
C’est dans cette même pensée que l’Esprit est donné aux
disciples dans Actes 1.8 alors que Jésus dit : «vous
recevrez une puissance (...) et vous serez mes témoins». La
puissance ici est donnée pour le témoignage de la même façon
qu’elle était donnée à des hommes dans l’Ancien Testament
pour le service de l’Éternel13. Nous reviendrons sur ce
point dans le deuxième chapitre.
12Ibid, p. 22-24, 34.
13 (Stronstad, 2006), p..40,41, 42, 102.13
1.3.2 La Théologie Charismatique dans les écrits
Intertestamentaire
Durant la période intertestamentaire, l’attente d’un messie
(oint) grandit dans le cœur du peuple. Comme nous le
montrent certains textes apocryphes et rabbiniques de
l’époque14, la croyance populaire était que l’Esprit de Dieu
avait cessé toutes activités après les derniers prophètes,
soit Aggée, Zacharie et Malachie. Compte tenu de la
situation, les juifs tournèrent leur regard vers l’avenir;
les Hasmonéens mirent leur foi dans l’attente d’un messie
roi, sacrificateur et prophète, la communauté de Qmran,
elle, mit son espérance dans l’attente de deux hommes, le
messie sacrificateur-roi et le prophète comme Moïse (Deut.
18.18-19)15, et les Pharisiens eux, mirent leurs espérances
dans l’attente d’un roi davidique-charismatique (1 Sam 10.10
; 16.13)16 qui les délivreraient de la main de leurs
14 Ibid, p.40.15Ibid, p.41.16 Ibid, p.44.
ennemis. Bien que certains de ces groupes aient proclamé
avoir vu le messie ou avoir connu un renouveau
charismatique17, cette période de l’histoire est reconnue
comme étant 400 ans de silence Divin18. Le messie était
attendu comme celui qui, briserait ce silence en ramenant
l’activité prophétique de l’Esprit en Israël19.
1.4 CONCLUSION
Cette nouvelle méthodologie de recherche consistant à voir
le livre de Luc et Actes comme étant didactique et
indépendant de la théologie Paulinienne et des autres
évangélistes nous apporte une meilleur compréhension et
vision du travail de l’Esprit dans les écrits de Luc. C’est
ce que nous dit Stronstad dans son livre, La théologie
Charismatique de St-Luc: «Ainsi, quand Luc est interprété selon
le programme méthodologique que nous avons présenté, nous
17 Ibid, p.43.18 Ibid 42.19 Ibid p.53.
15
découvrons que sa théologie du Saint-Esprit est plus
charismatique que sotériologique...20». Nous avons vu
ensemble trois arguments qui nous permettre de croire que
Luc est un théologien possédant sa propre théologie
charismatique; premièrement, nous avons vu que contrairement
à ce que pensent plusieurs théologiens, l’histoire peut être
utilisée pour instruire et enseigner le peuple de Dieu,
deuxièmement; nous avons vu que Luc a choisit ses mots et
ses textes lors de sa rédaction de façon à passer un message
et troisièmement nous avons vu que la théologie
charismatique de Luc possède une grande influence de la LXX
et de la période intertestamentaire.
20 Ibid, p.17.
2) LE BAPTÊME DE L’ESPRIT
Lorsqu’il s’agit de vouloir déterminer qu’elle est le signe
initial du Baptême dans le Saint-Esprit, il faut
premièrement définir ce que consiste le fait d’être baptisé.
Dans son livre, Le Miracle de l’Esprit, Shallis dit croire que «
l’évidence du baptême de l’Esprit, c’est la nouvelle
naissance»21. Selon lui «c’est un évènement unique, alors
21 (Shallis, 1981), p.266.17
que la plénitude est à renouveler constamment22». Si on en
croit ce qu’il dit, il est normal d’exprimer l’idée selon
laquelle il n’existe aucun signe extérieur à la nouvelle
naissance, cependant, si l’expérience du Baptême dans le
Saint-Esprit consiste en un revêtement de puissance, un
signe initial pourrait être nécessaire. Il est intéressant
de voir que plusieurs auteurs tels que Kuen, Dubois, Legrand
et Stott croient la même chose que Shallis. Bien que leurs
différentes interprétations proviennent de la méthodologie
qu’ils utilisent, je crois qu’il est juste et équitable de
tout de même considérer ce que ces auteurs ont écrit. Je
tâcherai donc dans le présent chapitre de mon travail, de
donner les différentes interprétations pentecôtistes et non-
pentecôtistes au sujet du baptême dans le Saint-Esprit.
2.1 LA PERCEPTION NON PENCONTISTE DU BAPTÊME DAMS LE SAINT-
ESPRIT
22 Ibid, p.266.
Selon Stott, les passages ci-dessous sont très utiles pour
la compréhension du baptême du Saint-Esprit. Le premier
passage nous parle d’une naissance de L’Esprit (la venue de
L’Esprit en l’homme) et le deuxième nous montre que cela se
fera seulement après que le Christ soit glorifié23.
Jean 3.3 : «En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et
d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.»
Jean 7.38-39 : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de
son sein, comme dit l’Écriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui
croiraient en lui; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas
encore été glorifié.»
Selon Kuen, les passages ci-haut, les chapitres 14 à 16 de
l’épître de Jean ainsi que les passages suivants des épîtres
; «Ro 8.9; 1 Co 2.12; 3.16; 6.19; Ep.1.13» sont la preuve
que l’Esprit au jour de la pentecôte a été donné pour la
conversion24. Il voit dans l’amour entre les disciples
(Ac.2.44-46; 4.32; 6.1...) la paix et la joie, même dans les
persécutions (5.41; 7.59-60), la bonté envers les malheureux
(3.6; 5.15) la fidélité à Christ (4.19, 29, 31; 5.29), la
23 (Stott, 1975), p.53,54.24 (Kuen, 1976), p.42.
19
douceur (6.15) et la maîtrise de soi (4.8-13) l’évidence de
la transformation et le fruit de l’Esprit se trouvant dans
la vie des disciples après la pentecôte, soit les signes de
leur conversion25.
Legrand lui, donne l’argument selon lequel le baptême de
l’Esprit est toujours en lien avec le fait de faire partie
du corps de Christ (1 Co 12.13; Ep. 2.11; 3.6, 8-9)26. Selon
lui, ce qui ressort de l’ensemble du Nouveau-Testament c’est
l’idée qu’un jour, des gens de toutes langues, toutes tribus
et toutes nations seront greffées au Corps de Christ, c’est
dans ce contexte qu’il interprète les passages des Actes.
2.2 LA PERCEPTION PENTECÔTISTE DU BAPTÊME DANS LE SAINT-
ESPRIT
Comme nous l’avons vu précédemment dans le premier chapitre,
Luc a écrit son épître dans la même mentalité que celle de
la Septante et des écrits Intertestamentaires. Il est très
25 Ibid 42.4326 (F.Legrand, 1990), p.113-114.
fort probable que Luc ait eu une intention différente que
celle de Paul ou des autres apôtres lorsqu’il écrivit ses
deux livres.
Premièrement, regardons ensemble les promesses de Jésus
faites à ses disciples avant son ascension vers le Père dans
Luc-Actes:
Luc 24.46-49 :«Et voici, j’enverrai sur vous ce que mon Père à promis; mais
vous, restez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en
haut.»
Actes 1.8 : Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur
vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la
Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.
Dans ces deux cas il est question de puissance, le mot
Dunamis (puissance) ici, fait référence selon Strong27, à la
force, le pouvoir(miraculeux) ou l’habileté. Il est donc
question ici de Jésus qui dit, vous serez revêtus/vous
recevrez la force, le pouvoir, l’habileté d’être des témoins
efficaces pour le Royaume. Il est donc évident que pour Luc,
c’est la puissance que les disciples devaient attendre. Nous
27 (James Strong, 1984) g1410.21
pouvons le voir dans le mot que Luc utilise le jour de la
pentecôte :
Actes 2.4 : «Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler
en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer.»
Ici le mot rempli est le même que celui utilisé dans la
Septante pour dire que quelqu’un reçoit l’habileté pour
faire une tâche ou accomplir quelque chose28.
Exode 31.3-4 : «Je l’ai rempli de l’Esprit de Dieu, de sagesse,
d’intelligence, et de savoir pour toutes sortes d’ouvrages, je l’ai rendu
capable de faire des inventions...»
Aussi, il existe des parallèles étonnants entre Actes 2.4 et
Nombres 11.25 qui sont un point essentiel pour la
compréhension de la théologie Lucanienne, voyons ensemble ce
passage :
Nombres 11.25 : «L’Éternel descendit dans la nuée, et parla à Moïse; il
prit de l’esprit qui était sur lui, et le mit sur les soixante-dix anciens. Et dès
que l’esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent; mais ils ne continuèrent
pas.»
28 (Stronstad, 2006), p.26
Dans le contexte du livre des Nombres, l’Esprit est donné
aux anciens afin qu’ils puissent aider Moïse dans son
leadership sur le peuple d’Israël29, Celui-ci leur est donné
pour qu’ils aient les capacités nécessaires pour le faire.
Tout comme Dieu prit de l’Esprit qui était sur Moïse pour
consacrer et équiper les soixante-dix anciens (No 11.16, 18-
19), Dieu répand l’Esprit de Christ afin de consacrer et
équiper son peuple pour être des témoins sur toute la
surface de la terre.
Un autre fait important est celui de l’attente Messianique
de la période intertestamentaire. Comme nous l’avons vu
précédemment, le Messie serait celui qui posséderait
l’Esprit et qui le répandrait ensuite à tous le peuple30.
Cette attente était fondé sur la prière de Moïse en Nombres
11.29 : «Puisse tout le peuple de l’Éternel être composés de prophètes ; et
veuille l’Éternel mettre son esprit sur eux !» C’est Jésus qui accomplit
cette prophétie selon Pierre comme nous pouvons le voir dans
le passage de Joël qu’il cite le jour de la pentecôte :
29 Ibid, p.33.30 Voir p.6-7.
23
«Dans ces jours là je répandrai de mon Esprit; et ils prophétiseront (Ac 2.18)». Il
dira aussi concernant Jésus qu’«Élevé par la droite de Dieu, il a reçu
du Père le Saint-Esprit qui avait été promis, et il l’a répandu... (Ac 2.33). En
effet, Jésus fût conçu par le Saint-Esprit (Lc 1.35), Il le
reçu à son baptême (3.22), Il en fût rempli avant son entrer
dans le désert (4.1) et revêtus par celui-ci à sa sortie
(4.14) pour ensuite le répandre au jour de la pentecôte31.
2.2.1 Actes 8.15
L‘un des passages les plus utilisés chez les pentecôtistes
pour promouvoir l’idée du baptême du Saint-Esprit comme
deuxième expérience après la conversion est celui d’Actes
8.15. Dans ce texte, Luc nous rapporte l’histoire d’un
groupe de Samaritains qui se font baptiser d’eau après avoir
cru au message de la bonne nouvelle mais qui reçoivent
l’Esprit qu’au moment où Pierre et Jean leur imposent les
mains.
31 (Stronstad, 2006), p.50-63.
L’explication la plus plausible selon Kuen, Stott, Legrand
et Dubois est le fait qu’ils voient dans cette situation un
évènement anormal. Pour eux, ils ne nient pas le fait qu’il
y ait deux expériences distinctes32, par contre, ils voient
dans ce passage un évènement unique qui n’est retrouvé nulle
part ailleurs dans les Actes33. Voici un bon résumé de leurs
argumentations :
«Dans le cas présent, certaines preuves spéciales ont pu être nécessaires
«pour assurer aux Samaritains, habitués à être méprisés par les gens de
Jérusalem comme des outsiders, qu’ils étaient pleinement incorporés dans
la nouvelle communauté du peuple de Dieu» (F.F Bruce Acts p.182). «
L’unité de l’Église primitive était en jeu. D’après le récit, Dieu a suspendu le
don de l’Esprit (pour la nouvelle naissance) à l’intervention des deux
grands apôtres de Jérusalem pour garantir l’unité du peuple nouveau,
pour empêcher la création d’une communauté samaritaine dissidente» (H.
Blocher). Il fallait «établir la continuité avec Jérusalem avant que la
Samarie ne devienne le noyau d’une nouvelle expansion» (G.H Lampe).34»
(Texte entre parenthèse ajouté)
32 (Stronstad, 2006), p.662.33 (Kuen, 2003), p.663.34 Ibid, p.664, 665.
25
Selon eux, Pierre est présent à la première entrée des
Samaritains dans le corps du Christ comme il la été pour les
premiers juifs (Ac 2) et les premiers païens (Ac 10). C’est
lui qui est utilisé par Dieu pour leurs ouvrir les portes du
Royaume des cieux (Mt. 16.18-19).
Les pentecôtistes eux, voient dans ces évènements la preuve
qu’il existe deux expériences distinctes entre la conversion
et le baptême du Saint-Esprit. Stronstad voit dans les
interprétations des théologiens non pentecôtistes un
problème de présupposition (l’Esprit pour la conversion),
selon lui, la réception de puissance après la conversion est
en accord avec la pensée globale de Luc (Ac 8.12; 19.2)35.
Tout simplement ici, les Samaritains se sont convertis, née
de nouveau, pour recevoir ensuite la puissance par
l’entremise des mains des apôtres.
2.2.2 Jean 20.22
35 (Stronstad, 2006), p.87-88.
Un passage utilisé par les pentecôtistes pour démontrer que
les disciples étaient déjà nés de nouveau avant le jour de
la pentecôte est le passage de Jean 20.22 où Jésus souffla
sur ses disciples, et leur dit : «Recevez le Saint-Esprit.». Pour
les théologiens non pentecôtistes et même certains qui le
sont36, cette action de Jésus est une prophétie de ce qui
arriva au jour de la pentecôte37 alors qu’il est dit qu’«il vint
du ciel un bruit comme un vent impétueux, (qui) remplit toute la maison où ils
(les 120 dans la chambre haute) étaient assis.» Advenant que les
disciples soient nés de nouveau à ce moment, des questions
se soulèvent dans ma pensée : Pourquoi l’expérience de la
nouvelle naissance aurait elle été aussi caché et faible en
comparaison avec le baptême de puissance au jour de la
pentecôte alors que tous le Nouveau-Testament est centré sur
la mort et de la résurrection de Christ qui sauve les
pécheurs ? Est-ce que Jésus était plus concerné par la
puissance que le salut ? Qu’en est-il de Thomas et des 120
36 (F.Legrand, 1990), p.106, 107.37 Ibid, p.106.
27
disciples qui ne se trouvaient pas dans la pièce, quand ont-
ils reçu l’Esprit ?
Il existe aucun passage dans le Nouveau-Testament qui nous
permettrait de croire que les disciples avaient connu la
nouvelle naissance. Peut-être l’auraient-ils été pendant les
jours passés avec Jésus avant son ascension ? Quoi qu’il en
soit, ce passage ne constitue pas une preuve irréfutable.
2.2.3 Actes 19.-1-7
Un autre argument apporté par les pentecôtistes pour
démontrer qu’il existe deux expériences distinctes, est le
passage d’Actes 19.1-7. Dans ce texte, nous pouvons voir que
Paul arrive à Éphèse où il trouve des disciples de Jean qui
n’ont pas reçu l’Esprit. Il leur expliqua que celui en qui
il devait croire était Jésus, il les baptisa en son nom et
après leur avoir imposé les mains, ils reçurent le Saint-
Esprit. Selon Kuen ce passage n’est pas un bon argument en
ce qui concerne l’idée d’une deuxième expérience puisque ces
hommes n’étaient pas des chrétiens mais des disciples de
Jean. Ils ne pouvaient donc pas avoir l’Esprit de Christ en
eux38.
Pour Yongi Cho, l’état de faiblesse et d’impuissance des
disciples que voyait Paul l’inspira à poser cette question:«
Avez-vous reçu l’Esprit lorsque vous avez cru». Selon lui,
Paul les considéraient comme des chrétiens qui n’avaient pas
reçu la puissance.39 Stronstad croit que les disciples
étaient des chrétiens malgré le contenu limité de leur
foi40, de la même manière que Cho, Paul voulait savoir s’ils
avaient reçu la puissance. Selon moi, il n’est pas clair
qu’ils étaient des chrétiens nés de nouveau, car je crois
qu’il est impossible d’être né de nouveau sans reconnaître
Jésus comme le Fils de Dieu. Voici ma proposition : Les
disciples, une fois après s’être convertis et être nés de
nouveau, reçurent la puissance pour être des témoins par
l’entremise des mains de Paul. Ce pourrait être la même
chose qui s’est produite pour les Samaritains en Actes 8
38 (Kuen, 2003), p.721, 722.39 (Cho, 1993), p.105.40 (Stronstad, 2006), p.92.
29
alors que Pierre et Jean sont venus pour leur donner le don
du Saint-Esprit après qu’ils aient cru et furent baptisés.
2.3 QU’ELLE EST LE RÔLE DU BAPTÊME DU SAINT-ESPRIT DANS LA
VIE DU CROYANT ?
Selon Donald Gee, il existe une différence majeure entre la
conversion et le baptême du Saint-Esprit. Il reconnait qu’il
est navrant de voir beaucoup d’hommes exercer la puissance
sans avoir le fruit de l’Esprit dans leurs vies41. C’est
d’ailleurs ce que nous reproche la majorité des non
pentecôtistes qui voit dans ce baptême de puissance une
anomalie. Encore ici, il s’agit de l’interprétation qu’il
donne à ce baptême, rappelons-nous qu’ils voient dans cette
expérience la nouvelle naissance, ils ne peuvent donc pas
concevoir que la venue de l’Esprit dans le cœur d’un homme
ne produise pas le fruit de l’Esprit en retour42, ils
41 (Gee, 1996), p. 80-82.42 (F.Legrand, 1990)
associent inévitablement l’Esprit aux fruits. Donald Gee,
dira que le baptême de l’Esprit est uniquement en lien avec
la puissance, il ne touche pas ce qui a trait à la sainteté
et à la sanctification43. Pour lui, la sainteté s’obtient
uniquement par la communion avec Christ et la marche dans
l’Esprit, alors que le Baptême du Saint-Esprit est uniquement en
termes de puissance. Cela expliquerait le fait que les
Corinthiens avaient la puissance et les dons malgré leurs
comportements charnels.
2.4 CONCLUSION
Faute de pouvoir exposer tous les arguments concernant le
sujet, les différentes interprétations que nous venons de
voir nous donne un bon aperçu des débats qui existent entre
les pentecôtistes et les non pentecôtistes. Les uns
interprètent les écrits de Luc à la lumière de l’Ancien
Testament et de la période Intertestamentaire; les autres à
la lumière de tous le Nouveau-Testament, les uns voient la
43 (Gee, 1996), p.82,87.31
puissance promis et donné aux disciples pour la mission et
le service; les autres l’adhésion au corps de Christ. C’est
soit blanc ou noir. Je dois avouer que je suis très partagé
en ce qui concerne le rôle de l’Esprit dans les Actes. D’un
côté, je vois chez Luc l’Esprit donné pour la puissance, nul
doute que les disciples l’aient reçu, de l’autre, je vois la
possibilité qu’ils viennent établir sa demeure dans le
croyant. Jean et Luc parle du même Esprit, pourtant
l’attente de Jean est celle de l’Esprit qui vient faire sa
demeure en l’homme et celle de Luc, l’Esprit qui vient
équiper son peuple pour l’œuvre missionnaire. Cependant,
bien que nous puissions trouver dans les évangiles l’attente
de l’Esprit pour la conversion, ce n’est pas le même sens
que Luc lui donne. Dans Luc et Actes, il est réellement
question d’attendre pour un revêtement de puissance. Dans
son livre, Ce que la Bible enseigne, R.A Torrey écrit au sujet de
l’attente des disciples : Jésus-Christ a commandé à ses disciples de ne
pas s’engager dans le travail auquel Il les avait Lui-même appelés, avant d’avoir
été baptisés du Saint-Esprit44.» Si nous voulons voir dans les Actes
44 (Torrey, 1979), p.278.
l’attente de la nouvelle naissance, ce n’est pas l’intention
première de l’auteur.
3) LE SIGNE INITIAL
Nous en venons donc à notre question finale : Est-ce que le signe
initial du baptême du Saint-Esprit est le parler en langues ? Pour y
répondre, nous regarderons uniquement aux Actes des Apôtres
et à l’Ancien Testament. J’ai choisis de ne pas utiliser les
écrits de Paul au sujet des langues (12-14) parce que je ne
l’ai pas fait concernant le baptême dans le Saint-Esprit.
L’argument donné était que Paul avait une théologie
différente de celle de Luc, si j’en venais donc à utiliser
les textes de Paul pour ce qui concerne le signe initial ce
serait pour moi de l’incohérence. Voici les interprétations
pentecôtistes et non pentecôtistes concernant le signe
initial du baptême dans le Saint-Esprit.
33
3.1 LE SIGNE DES LANGUES
La question du signe est très importante pour les
pentecôtistes, selon eux c’est le parler en langues qui est
la preuve de la réception de l’Esprit. Leur théologie est
fondée sur quatre passages des Actes.
(2.4;8.18;10.44;19.22)45. Le signe des langues ne se trouve
pas implicite en Actes 8.18. Par contre, il est dit que
Simon vit que le Saint-Esprit était donné par l’imposition
des mains. Il y avait donc un signe apparent, quelque chose
de visible ou de compréhensible qui permettaient à Simon de
connaître cette information. Kuen lui croit qu’il ne
s’agissait pas du parler en langues, voici sa réflexion:
« Le texte ne dit rien d’un parler en langues, alors qu’il le mentionne bien
dans le cas de Corneille et des Éphésiens. Simon a vu les apôtres imposer
les mains et il a entendu de leur bouche qu’ils le faisaient pour que les
Samaritains reçoivent le Saint-Esprit, cela suffit à justifier le v.18.46»
45 Bible Esprit et Vie – Page 1768-69.46 (Kuen, 2003), p.662.
Mise à part le texte d’Actes 8, les trois autres passages
sont tous caractérisé par la même expérience de la
glossolalie (parler en langues); Actes 10.46 ajoute qu’ils
glorifiaient Dieu et Actes 19.6 qu’ils prophétisaient. Dans
Actes 2, ce sont les 120 disciples qui ont parlés en langues
(v.4), les langues qu’ils disaient étaient compréhensible
par des hommes (v.6), étaient pour les hommes (v.11),
n’avaient pas besoin d’interprétations et proclamaient les
merveilles de Dieu (v.11)47. En Actes 19, les 12 disciples
parlèrent en langues et prophétisèrent (v.6). En Actes 10,
ce sont tous ceux qui entendirent la parole de Pierre qui
reçurent le Saint-Esprit, parlèrent en langues et
glorifièrent Dieu (v.44). Il ne pourrait s’agir ici d’un
parler en langues différent que celui de la pentecôte
puisque selon Pierre, ils ont reçu le même don que celui des
120 à Jérusalem (Ac.10.47; cf. 11.15, 17)48. De plus, notez
bien qu’on ne peut pas faire dire au texte ici, comme
certains pentecôtistes le font, que les langues dans Actes
47 (Kuen, 2003), p.630.48Ibid, 676,677.
35
10 servent à Glorifier Dieu et qu’en Actes 2, ils servent à
parler à des hommes des merveilles de Dieu. Il s’agit de
deux choses séparées, autant la prophétie est séparé des
langues en Actes 19, autant l’action de Glorifier Dieu est
une chose différente que la glossolalie dans ce passage49.
Nous pouvons donc observer que le seul texte qui est plus
descriptif concernant les langues est celui d’Actes 2.
Bien que je ne sois pas en accord avec Shallis sur sa vision
de la glossolalie, ce qu’il dit à propos des trois contextes
où le phénomène s’est produit est fort intéressant;
premièrement, à Jérusalem il y avait des centaines de juifs
de la diaspora qui parlaient toutes sortes de langues
différentes; deuxièmement, dans la maison de Corneille,
plusieurs serviteurs et personnes travaillant pour lui
pouvaient être de différentes nationalités comme c’était la
coutume pour les Centenier Romains en ces temps-là et
troisièmement, Éphèse était une ville multiethnique et
commercial où toutes sortes de gens parlaient différents
49 Ibid, 676, 677.
langages50. Nous pourrions donc émettre l’hypothèse que les
langues auraient pu être manifestées dans des buts précis,
en publique, afin qu’elles servent de signes aux apôtres
juifs et aux païens que le Saint-Esprit était répandu sur
tout hommes, sans acceptation de personne. (Ac.11.18)
Un autre fait intéressant est le fait que Pierre associe
l’expérience des païens à la première expérience de
pentecôte (11.15). Il semble avoir oublié la Parole de Jésus
qui disait : «Jean a baptisé d’eau, mais vous dans peu de jours vous serez
Baptisé du Saint-Esprit» (v.16). Dans ce contexte, 10 ans le
séparaient déjà de l’effusion de la pentecôte. Selon Kuen51,
ceci est la preuve qu’il ni eu aucun Baptême semblable à
celui reçu à Jérusalem durant toutes ces années. Sinon
pourquoi Pierre aurait-il dit : « je me souvins de cette parole du
Seigneur» si le baptême du Saint-Esprit était aussi important
pour lui, et pourquoi aurait-il fait référence à leur
première expérience si celles-ci étaient chose courante à
son époque ?
50 (Shallis, 1981), p.270-27351 (Kuen, 2003), p.675,676.
37
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas oublier que seulement
trois passages des Actes nous parlent de la glossolalie. À
chaque fois il s’agit d’un parler en langues
compréhensibles, où tout de moins, rien ne nous dit qu’il
s’agissait d’un langage incompréhensible ou spirituel.
D’ailleurs dans les trois cas, le même mot grec est utilisé
pour parler des langues (glossolalie).
3.2 LE FRUIT DE L’ESPRIT
Lorsqu’il s’agit de donner un signe, Stott dans son livre,
Du Baptême à la Plénitude, voit comme signe la transformation
intérieure morale de l’homme :
«La plénitude de l’Esprit se traduit beaucoup moins par une expérience
mystique, de caractère personnel, que par des relations avec Dieu et avec
nos semblables, qui sont de nature morale et pratique52»
L’idée selon laquelle le signe du baptême dans le Saint-
Esprit serait le fruit de l’Esprit dans la vie d’une
52 (Stott, 1975), p.58.
personne provient encore une fois du fait que les
théologiens non-pentecôtistes associent le baptême de
l’Esprit à la nouvelle naissance. Il est vrai que nous
pouvons voir le fruit de l’Esprit dans la vie de Pierre53.
Mais dans le cadre des Actes, ce n’est pas un signe que nous
pouvons évaluer. Il est évident que Luc ne met pas l’accent
sur ce signe dans ces écrits, car à part Pierre et Paul, la
majorité des hommes et des femmes qui ont reçu le Saint-
Esprit n’apparaissent qu’une fois dans le livre des Actes.
Cependant, bien que Paul parle véritablement de l’importance
de la sanctification et de la marche dans l’Esprit, Luc lui,
ne cherche pas à démontrer que l’évidence de la réception du
baptême du Saint-Esprit est la vie sanctifiée du croyant,
car si tel avait été son désir, il s’y serait prit
autrement.
3.3. LE SIGNE DANS L’ANCIEN TESTAMENT
53 Comme mentionné à la page 4 de mon travail39
Dans l’Ancien Testament54, le thème du signe est très
présent. À plusieurs reprises dans les écrits
vétérotestamentaire nous pouvons voir une manifestation
extérieure subséquente à l’action de L’Esprit dans la vie
des hommes, dans la majorité des cas, la prophétie est cette
manifestation (1 Sam 7.10; 2 Sam 23.2; Nom 11.25; 1 Ch
12.18; 2 Ch 15.1; 20,14; 24.20; Ez 11.5)55. Dans certain
cas, comme celui de Saül, le signe est donné pour
authentifier l’appel de Dieu devant le peuple, ce pourrait
être la même raison qui est derrière le parler en langues
dans les Actes des apôtres.
De plus, Nombres 11.25 est réellement très similaire à Actes
2. Dans ces deux passages la réception de l’Esprit est
accompagnée d’un signe extérieur évident, le premier est la
prophétie, le deuxième est les langues. Remarquez toutefois
qu’en Actes 19, la prophétie est aussi présente. Il y aurait
donc possibilité de voir ici une suite logique entre ces
54 Selon Stronstad55 (Stronstad, 2006), p.31,32.
deux passages, la réception de l’Esprit pour la puissance et
un signe extérieur pour confirmer sa réception.
3.4 CONCLUSION
En conclusion, je crois qu’il est impossible d’avoir
l’assurance que les langues étaient présentes à toutes les
réceptions de l’Esprit. Seulement trois passages nous
parlent de ce phénomène et à chaque fois, cela est fait dans
un contexte important, soit à Jérusalem, en Judée ou à
Éphèse (extrémités de la terre). De plus, les langues sont
parfois accompagnées de la prophétie ou de la Gloire donnée
à Dieu, ce qui enlève le côté unique d’un seul signe
évident. Les passages de l’Ancien Testament nous donnent un
bon aperçu des signes qui accompagnaient la venue de
l’Esprit sur l’homme, cependant, il serait peu probable que
nous puissions tirer des conclusions exactes à partir de ces
textes. L’idée du fruit de l’Esprit est aussi peu
convaincante, vu la présence quasi-inexistante
d’informations sur la vie de ceux qui reçoivent l’Esprit.
J’en conclu donc, que selon les Actes, les signes initiaux
41
possibles pourraient être, soit le parler en langues, la
Gloire donnée à Dieu ou la prophétie. Sans oublier qu’il
pourrait n’y avoir aucun signe en certaines occasions.
CONCLUSION
C’est à ce moment que nous quittons pour un temps les
écritures pour parler des expériences contemporaines. Bien
que je ne sois pas en mesure de me faire une idée claire en
ce qui concerne le baptême du Saint-Esprit et son signe
initial, je crois, contrairement à Legrand56, que les
phénomènes surnaturels qui occupent nos assemblées
proviennent d’un vrai mouvement de réveil orchestré par
Dieu. Il serait dangereux de dire que les expériences dans
nos assemblées viennent du diable puisque que, comme le dira
Jésus : «aucun Royaume ne peut subsister s’il se divise lui-même (Mc.3.23-
30)». Il serait donc étrange d’associer à Satan un mouvement
qui a redonné vigueur à l’évangélisation et qui a amené des
milliers d’âmes à Christ. Cependant, nous devons être
56 (F.Legrand, 1990), p.130, 180-182.
conscients que le diable est le Père du mensonge et qu’il aime
se déguiser en ange de lumière. Si les assemblées de pentecôte
dans lesquelles nous sommes connaissent des expériences
authentiques, il n’est pas sans dire que certaines sont
fausses. Je me joins donc à Gee lorsqu’il dit observer dans
l’église un besoin urgent du don du discernement des esprits57 et
j’ajouterais, un besoin d’examiner les expériences à la
lumière de la Parole de Dieu.
Nous en venons donc à cette conclusion, peut-être un peu
décevante, que la Parole de Dieu n’est pas clairement
explicite au sujet du signe initial accompagnant le baptême
du Saint-Esprit. Je ne peux répondre de manière catégorique
au fait que les langues pourraient être le signe. Par contre
je suis très perplexe à l’idée que cette glossolalie soit un
langage angélique ou spirituel, puisque les textes ne le
disent pas. L’expérience est souvent caractérisée par les
langues certes, mais selon moi, il est dangereux de vouloir
construire une théologie sur ce que nous vivons aujourd’hui.
57 (Gee, 1991), p.75.43
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Dubois, J.-J., 1978. Le Saint-Esprit Vérité et Puissance. Genève-Paris: Édition La Maison de la Bible.
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Bible Louis Second 1910
Bible Esprit et Vie – Pages de Commentaires
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