Financial development, financial instability and economic growth in West African Economic and...
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1 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE
DAKAR
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
« Développement financier, instabilité financière et croissance économique
dans l’union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) »
Mamadou BAH1
1 Université Cheikh Anta Diop de DAKAR (Sénégal), e-mail : [email protected]
2 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Résumé La présente étude analyse la relation empirique entre la croissance économique et le
développement financier en prenant en compte l’instabilité financière dans l’union
économique et monétaire ouest africain (UEMOA). L’analyse est basée sur les données de
sept (7) pays de l’UEMOA et couvre la période 1980-2012. Les résultats obtenus à l’aide
d’un panel stationnaire montrent que le développement financier a un effet positif et
significatif sur la croissance économique à long terme. Nous trouvons également que
l’instabilité financière qui va de pair avec le développement financier a un effet négatif sur la
croissance économique. Cependant l’effet combiné du développement financier et de
l’instabilité financière est non significatif à long terme sur la croissance. En termes de
recommandations, nous pensons que la poursuite d’un développement du système financier
allant dans le sens de sa promotion, de sa régularisation et de sa gestion est souhaitable dans
la recherche d’une croissance économique soutenue et durable.
Mots clés : Développement Financier, Instabilité Financière et Croissance économique,
UEMOA
Codes JEL : C23, E44, G10, O16
Abstract
This paper analyses the empirical relationship between economic growth and financial
development in West African Economic and Monetary Union (WAEMU). We introduce
financial instability in our analysis. The analysis is based on dataset of seven (7) countries of
the WAEMU and span the period 1980-2012. The results based on a stationary panel show
that the financial development has a positive and a significant effect on economic growth in
the long-term. We also find that the financial instability which goes in pair with the financial
development has a negative effect on growth in the long run. However, the combined effect
of financial development and financial instability is non-significant on the growth in the long-
term. In words of recommendation we suggest that the proceeding of the development of the
financial system which is going to its promotion, regularization and management is desirable
for researching a sustained and permanent economic growth.
Keywords: Financial Development, Financial instability, Economic growth, WAEMU.
JEL Codes: C23, E44, G10, O16
3 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
INTRODUCTION
La récente crise financière mondiale a donné un regain d’intérêt sur le rôle de la stabilité
financière dans ce monde où la globalisation financière est plus poussée. En effet, l’instabilité
financière est devenue une préoccupation pour tous les acteurs du système financier. Cela se
justifie par l’interconnexion croissante des composantes du système et l’accélération de
l’innovation financière, qui s’inscrivent dans une globalisation du système financier. Tout
cela fait courir un risque de crise et de perturbation du système financière. Par ailleurs, on a
également les conséquences socio-économiques et les coûts financiers que l’instabilité
financière engendre.
Schumpeter (1912) soutenait qu’assurer les services de paiements par les intermédiaires
financiers (mobilisation de l’épargne, gestion des risques, contrôle des managers et la
facilitation des échanges) sont essentiels pour l’innovation technologique et le développement
économique. Il soutenait implicitement que la finance influence positivement la croissance
économique. Jusqu’aux années 1990, la plupart des études soutenait qu’un
approfondissement du système financier à long terme exerçait des effets positifs sur l’activité
économique et qu’un développement inadéquat du système financier constitue un obstacle à
la croissance et que sa réforme devrait être une priorité. Dans ce contexte, la libéralisation
dans le système financier devenait la voie à suivre afin de permettre au système de remplir
pleinement ses fonctions et de contribuer positivement sur l’activité économique. Cette thèse
de la libéralisation financière (McKinnon 1973 et Shaw 1973) préconise une liberté dans les
choix des banque dans la tarification de leurs services d’intermédiation. Ainsi le libre jeu du
marché est habilité à rendre efficace le système financier et la politique de libéralisation
financière se confond a celle de développement financier.
Les crises économiques et bancaires des années 80 ont poussé les pays de l’Union
Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) à l’instar de nombreux pays en
développement à libéraliser leur système financier. Cette libéralisation devrait permettre de
relancer l’activité financière par l’allocation optimale des ressources et in fine accompagner
les stratégies de croissance et de réduction de la pauvreté.
L’analyse de l’évolution des indicateurs de développement financier après la libéralisation
financière, en l’occurrence les crédits à l’économie, les crédits au secteur privé et la masse
monétaire(M2) rapporte au PIB donne des résultats mitigés. En effet, sur la période 1980-
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1989 le ratio crédit a l’économie rapporte au PIB était de 28,25% (auteur à partir de World
Development Indicators (WDI)). Sur la période 1990-2000, cet indicateur a connu une baisse
drastique s’établissant à 18,22% contre 17,51 sur la période 2000-2012. Concernant la masse
monétaire (M2) rapporte au PIB, l’indicateur est passe de 23,68% sur la période 1980-1989 à
28,03% sur la période 2000-2012 contre 22,67% sur période 1990-2000. Les crédits accorde
au secteur privé sont passe de 24,18% à 15,06% respectivement sur les périodes 1980-1989 et
1990-2000 avant de s’établir à 17,015% sur la période 2000-2012. Ces chiffres mettent en
exergue une certaine reprise à la hausse des indicateurs de développement financier après la
décennie suivant la libéralisation.
Par ailleurs, le système financier de la zone s’est doté depuis 1998 d’un marché financier
commun en élargissant la gamme des services financier dont l’objectif est d’être un
complément au système bancaire dans le financement des entreprises. La création de ce
marché commun a été motivé par la volonté des autorités de facilite les transactions
financières, la réduction du risque et de combler les lacunes tant juridiques que
règlementaires du système bancaire dans le recouvrement du crédit. Toutes ces reformes vont
dans le sens de permettre une meilleure mobilisation de l’épargne et son allocation vers les
projets les plus rentables. Le développement du système financier en permettant une
allocation optimal des ressources doit in fine stimuler l’activité économique (Levine, 1998).
Toutefois au regard de l’évolution du PIB par tête de la zone, on constate que cet agrégat est
passé de 5,263% en moyenne sur la période 1980-1989 à 5,282% sur la période 2000-2012
après avoir connu une baisse sur la période 1990-1999 (5,236%) (Nos calculs à partir de
WDI). Cette progression relativement faible du PIB par tête laisse augurer que les reformes
du système financier de la zone ont été un échec ou ont eu effet relativement très faible sur le
PIB dans le sens ou le développement du système devrait influencer positivement et
significativement la croissance. Toutefois de récents travaux empiriques ont montré que le
développement financier va de pair avec l’instabilité financière et que cette dernière aurait un
effet néfaste sur la croissance économique (Kaminsky et Reinhart, 1999 et Demirgüc-kunt
et Detragiache, 1999).
L’instabilité financière peut se manifester par une crise bancaire, une forte volatilité du prix
des actifs, un effondrement de la liquidité du marché de paiement et, enfin, une interruption
du paiement et au dérèglement du système. L’instabilité financière affecte le secteur réel à
travers le lien de celui-ci avec le secteur financier. Elle apparait ainsi comme une cause
potentielle de coûts macroéconomiques par le fait qu’elle s’interfère dans la production, la
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consommation et l’investissement, et, par conséquence met en échec l’objectif national de
croissance et de développement économique. Blejer (2006) met en exergue trois raisons
basique de l’instabilité financière dans le secteur financier. Premièrement, une sévère
instabilité financière se produit lorsqu’il y a une croissance dramatique dans le volume de
l’intermédiation financière. En second lieu, la globalisation voit le monde comme un village,
ainsi l’intégration des institutions financières augmente le risque systémique. Enfin, la
complexité des instruments financiers est aussi une raison d’instabilité financière et il n’est
pas facile de comprendre tel instrument.
Dans un tel contexte, en ce qui concerne l’UEMOA dont le système financier est en plein
expansion, on pourrait se poser la question de savoir: existe-t-il un lien entre l’instabilité
financière, le développement financier et la croissance économique dans la zone UEMOA?
La littérature économique s’est beaucoup penchée sur la relation entre la croissance et la
finance. La première étude empirique sur cette relation est celle de Godsmith (1969) qui s’est
penché sur le lien entre le PIB par tête et le développement financier. Toutefois l’étude de
Levine et King (1992) a été celle qui a permis d’installe un véritable débat sur la relation
entre la croissance économique et le système financier. Le postulat le plus rependu est celui
que le développement financier est positivement associer à la croissance économiques
(Bencivenga et Smith, 1991 ; King et Levine, 1993 ; Levine, 1997 ; Rajan et Zingales,
1998 ; Levine, Beck, Levine et Loayza,2000 ; Eggoh. C 2010; Guillaumont et Kpodar, 2004;
Enowbi et Kupukile, 2012; S.G. Cecchetti et E. Kharroubi, 2012).
Par contre, des auteurs comme Kaminsky et Reinhart (1999) et Demirgüc-kunt et
Detragiache (1999) estiment que cette relation entre ces deux variable est inexistante voire
négative. L’argument avancé serait que l’instabilité financière positivement lié au
développement financier anéantirait la croissance économique. Ainsi des récentes études
empiriques ont étudié la relation entre la croissance économique et le développement
financier en intégrant l’instabilité financière (Eggoh. C 2010; Guillaumont et Kpodar, 2004;
Enowbi et Kupukile, 2012). Toutefois rare sont les études ayant prises l’UEMOA comme
échantillon d’analyse.
L’objectif de cette étude est d’analyser la relation entre le développement financier et la
croissance économique dans les pays de l’UEMOA en prenant en compte l’impact de
l’instabilité financière dans ce lien. Plus spécifiquement, il s’agit d’analyser d’une part la
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relation entre le développement financier et la croissance économique et, d’autre part,
intégrer l’instabilité financière dans la relation entre les deux variables.
Vue les objectifs que nous nous sommes fixés nous posons comme hypothèses de recherche:
Le développement du système financier affecte positivement la croissance
économique
L’instabilité financière est néfaste à la croissance économique dans les pays de la
zone UEMOA
Cette étude présente un intérêt certain car nous pensons qu’elle permettra de mettre en
exergue les canaux par lesquels le développement financier influence la croissance
économique. En outre, le développement du système financier pourrait générer son instabilité
et nous pensons qu’il est important d’attirer l’attention des parties prenantes. Enfin sur le plan
empirique, à notre connaissance, aucune étude antérieure n’a intégré l’instabilité financière
dans l’analyse du lien entre le développement financier et la croissance économique dans la
zone UEMOA.
A l’aide des estimations sur des données de panel sur la période 1980-2012 de sept pays de
l’UEMOA, a l’exception de la Guinée-Bissau pour des raisons de disponibilité des données,
nous trouvons un lien positif entre la croissance économique et le développement financier à
long terme. L’instabilité financière affecte négativement la croissance économique dans
l’UEMOA.
Cette étude s’articulera selon le plan suivant: dans un premier chapitre nous présentons une
revue de la littérature théorique et empirique sur le lien entre croissance économique,
développement financier et instabilité financière. Ensuite une présentation des faits stylisés et
du système financier de l’UEMOA sera exposé. Le chapitre trois sera consacré aux aspects
méthodologiques et à la présentation des résultats des estimations économétriques. L’étude se
termine par la conclusion et les recommandations de politiques économiques.
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Chapitre 1 : REVUE DE LA LITTERATURE
Schumpeter (1912) soutenait qu’assurer les services de paiements par les intermédiaires
financiers (mobilisation de l’épargne, gestion des risques, contrôle des managers et la
facilitation des échanges) sont essentiels pour l’innovation technologique et le développement
économique. Il soutient implicitement que la finance influence positivement la croissance
économique. Partant, la nature du lien entre la finance et la croissance va connaitre une riche
et controversée littérature.
La présente revue de la littérature revisitera dans un premier temps les arguments
théoriques sur le lien entre le développement financier et la croissance. Ensuite nous verrons
les études empiriques dont les résultats sont ambigus en ce qui concerne la nature du lien et le
sens de la causalité entre le développement financier et la croissance. Nous terminerons par
les travaux ayant intégrés l’instabilité financière dans l’explication de la relation.
I. REVUE THEORIQUE ENTRE LE DEVELOPPEMENT FINANCIER ET LA
CROISSANCE ECONOMIQUE
La littérature économique montre que les économistes ne sont pas unanimes quant au rôle
de la finance sur la croissance économique. L’inexistence d’une collection d’essaie sur la
finance confirme ce constat. L’histoire montre que le débat sur la relation entre le système
financier et la croissance remonte depuis les travaux pionniers de Schumpeter (1912). Il
soutenait qu’assurer les services de paiement par les intermédiaires financiers (mobilisation
de l’épargne, gestion des risques, gestion des managers et la facilitation des échanges) sont
essentiels pour l’innovation technologique et le développement économique.
L’épargne et l’investissement sont les canaux par les quels le système financier peut
influencer le secteur réel. Des modèles théoriques ont tenté d’expliquer les mécanismes par
lesquels le développement du secteur financier peut influencer les décisions d’investissement
et le comportement d’épargne des agents économiques. Ainsi les modèles de la croissance
endogène ont souligné l’importance du développement financier dans la croissance. Nous
représentons ici les études de Greenwood et Jovanovic (1990), Bencivenga et Smith (1991),
Pagano (1993), Berthélemy et Varoudakis (1995) et l’approche fonctionnelle développée par
Levine (1997).
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Dans le modèle de Greenwood et Jovanovic (1990), l’impact du système financier sur le
secteur réel se réalise à travers la mobilisation de l’épargne, l’acquisition de l’information et
l’allocation de l’épargne vers les investissements productifs. Ainsi pour eux le
développement du système financier permet une meilleure gestion du risque inhérent aux
projets d’investissement.
Dans une perspective de croissance endogène, Bencivenga et Smith (1991) ont construit un
modèle dans lequel le comportement d’équilibre des intermédiaires (Banques) affecte
l’allocation des ressources en matière d’investissement dans le sens d’avoir des implications
sur taux de croissance réel. L’industrie d’intermédiation permet à l’économie de réduire la
fraction de l’épargne tenue sous forme d’actifs liquides improductifs, et de prévenir la
mauvaise allocation du capital investi. Ainsi les intermédiaires peuvent tendre à altérer la
composition de l’épargne dans le sens à favoriser l’accumulation du capital. Partant, si la
composition de l’épargne affecte le taux de croissance réel, alors les intermédiaires tendrons à
promouvoir la croissance.
Le modèle de Pagano est très illustratif sur la manière dont le système financier influence la
croissance. Afin de capter les effets potentiels du développement financier sur la croissance,
il considère le modèle de croissance endogène « AK » dans lequel l’agrégat de production est
une fonction linéaire de l’agrégat du stock de capital. Il suppose que la population est
stationnaire, un seul bien est produit pouvant être consommé ou investi et l’économie est
fermée sans Etat. Partant, le modèle montre que le développement financier peut influencer le
taux de croissance de trois manières que sont: i) l’amélioration de l’allocation du capital par
une augmentation de la productivité marginale sociale du capital; ii) la canalisation des fonds
aux entreprise par l’augmentation de la proportion d’épargne allouée à l’investissement et iii)
l’influence du taux d’épargne. Toutefois pour ce dernier la nature de l’influence est ambiguë.
Quant à Varoudakis et Berthélemy (1994), ils supposent dans leur modèle de croissance
endogène que le secteur financier opère dans des conditions monopolistiques. Le rôle de ce
dernier est la collecte de l’information et l’allocation efficace de l’épargne à l’investissement.
Le modèle suggère également que le secteur financier exerce une externalité technologique
sur le secteur réel. Dans ces conditions le modèle esquisse l’existence d’équilibres multiples
de croissance endogène associé à différents niveaux de développement à long terme du
secteur financier. L’existence d’équilibres multiples montre que lorsqu’on se trouve dans une
situation d’équilibre haut, le développement financier s’accompagne d’une forte croissance
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suite à l’augmentation de l’épargne. Par ailleurs, l’existence d’équilibres multiples permet
d’expliquer alors pourquoi dans certains cas le développement financier apparait neutre vis-à-
vis du secteur réel et dans d’autres cas il exerce une influence positive.
Levine (1997) a développé une approche fonctionnelle pour comprendre la relation entre le
système financier et la croissance économique. Levine (1997) suggère que les marchés
financiers et les institutions émergent comme le résultat des couts de transaction et
d’information. En aidant à réduire aussi les couts, le système financier accompli cinq fonction
centrale que sont: l’allocation des ressources; l’amélioration du risque; l’effort de control
d’entreprise; la mobilisation de l’épargne et la facilitation des échanges. Tout système
financier qui accompli bien ces fonctions fera que les couts de transaction et d’information
sont faibles et conséquemment, cela conduira à augmenter l’épargne et l’investissement
efficace et finalement le taux de croissance économique. Dans un contexte de croissance
endogène, Levine montra qu’à travers l’accomplissement de ces cinq fonctions le système
financier affecte la croissance économique à travers deux canaux: l’accumulation du capital
et l’innovation technologique.
II. REVUE EMPIRIQUE SUR LE LIEN ENTRE CROISSANCE ECONOMIQUE
ET DEVELOPPEMENT FINANCIER
La plupart des études théoriques sont en faveur de l’hypothèse selon laquelle le
développement financier a une influence positive sur la croissance. En fait dans ces études, le
développement du secteur financier peut stimuler la croissance économique à travers la
fourniture des fonctions financières cité plus haut (Levine 1997). Toutefois la réalisation de
ces fonctions peut être entravée par l’existence d’asymétrie d’information et des couts de
transaction qui dissuaderaient les intermédiaires de jouer pleinement leur rôle. En outre, les
travaux de Varoudakis et Berthélemy montrent qu’en admettant l’existence d’externalité
technologique du secteur financier sur le secteur réel, on peut observer des situations
d’équilibres multiples. Ainsi le développement du secteur financier doit atteindre un certain
seuil pour influencer positivement la croissance. En deçà de ce seuil, l’économie reste
bloquée dans un piège à pauvreté. Ainsi la prise en compte de ces éléments pourrait remettre
en cause les assertions théoriques.
10 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Partant, plusieurs travaux ont tenté de tester la validité empirique de la théorie en spécifiant
des équations de la croissance intégrant des indicateurs de développement financier. Dans
l’analyse de la nature de la relation entre la finance et la croissance économique, on remarque
qu’il y a un courant d’auteurs validant le lien positif entre ces deux variables. Par contre
d’autres trouvent que ce lien est inexistant voir négatif. Nous nous proposons de revisité ces
résultats contradictoires selon les approches économétriques utilisées dans les travaux (études
en cross-country, en panel et en coupe inter-sectorielle)
A. Lien positif entre le développement financier et la croissance
En Cross-country
Pour Levine (2005) Goldsmith (1969) a été le premier a testé empiriquement le lien entre la
finance et la croissance économique en cross- country. Son étude portait sur 35 pays sur la
période 1860-1963. Il a régressé la croissance moyenne sur le développement financier,
défini par la taille du secteur d’intermédiation financière (mesurée par la part de ses actifs sur
le PIB). Il trouve une corrélation positive entre le développement financier et la croissance.
La principale motivation de Goldsmith (1969) a été de voir les effets de la structure
financière et du développement financier sur la croissance économique. Cette étude
comportent des limites que sont la taille de l’échantillon (seulement 35 pays), insuffisance de
variables explicatives et de variables de contrôles et l’étude ne permet pas de savoir si le
développement financier est associé à la croissance de la productivité ou à l’accumulation du
capital.
Ceci va amener d’autres chercheurs à approfondir la question, via l’élargissement de
l’échantillon et des variables explicatives et de contrôles.
Les travaux de King et Levine lèvent ces limites dans leur étude pionnière de 1993 et
marquent véritablement le point de départ de l’essor de la littérature empirique entre la
finance et la croissance. King et Levine (1993) étudient un échantillon de 77 pays sur la
période 1960-1989 en intégrant des variables de contrôles qui jouent sur la croissance de la
productivité et l’accumulation du capital. Ils cherchent à savoir si le niveau de développement
financier prédit la croissance économique à long terme, l’accumulation du capital et la
croissance de la productivité. Ils utilisent quatre mesures du niveau du développement
financier pour plus de précision dans la mesure du fonctionnement du système financier. Ces
travaux montrent qu’il existe effectivement une forte relation positive entre les indicateurs de
développement financier et ceux de la croissance. En outre, l’étude suggère que le niveau
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initial de développement financier est un bon indicateur du taux de croissance des trente
prochaines années.
Levine (1997) et Levine, Loayza et Beck (2000) incorporent dans son étude les indicateurs
du système légal de La Porta et al. (1998) comme variables instrumentales afin de régler le
problème d’endogénéité entre les indicateurs de développement financier. Ils concluent une
causalité positive des banques vers la croissance de près de 30%.
Toutefois l’étude de Levine, Boeck et Loayza (2000) nous a parut très convaincante dans
l’analyse du lien entre le développement financier et la croissance sur un échantillon de 74
pays développés et en développement. Ces auteurs utilisent deux méthodes économétriques
(cross-country et panel dynamique) pour tenir compte de l’endogénéité des indicateurs de
développement financier. L’analyse en coupe transversale s’est faite sur 74 pays sur la
période 1960-1995 en instrumentant le développement financier par l’origine anglo-saxon,
germanique, française et scandinave du droit. Les résultats montrent une liaison
statistiquement forte entre les composantes exogènes du développement de l’intermédiation
financière et le taux de croissance à long terme.
Données de panel
L’usage des données de panel dans les études comporte un certain nombre d’avantages
comparés à ceux utilisant les données en cross-country. En premier, les panels permettent de
voir comment le développement financier à travers le temps à l’intérieur d’un pays peut avoir
un effet sur la performance de la croissance du pays. Deuxièmement, le panel permet de
contrôler les effets pays spécifiques inobservés et ainsi réduire les biais dans les coefficients
estimés. Enfin, l’analyse en panel permet de contrôler l’endogénéité potentielle de toutes les
variables explicatives alors qu’avec les coupes transversales on ne peut contrôler que
l’endogénéité du développement financier.
Levine, Loayza et Beck (2000) construisent un panel de données de 77 pays sur la période
1960-1995. Les résultats en panel disent la même chose que l’étude en coupe transversale: les
composantes exogènes du développement financier sont positivement liées à la croissance
économique; spécifiquement l’importance du lien positif entre le développement financier et
la croissance n’est seulement due au biais potentiel provoqué par les variables omises ou le
biais de simultanéité ou la causalité inversée. Beck, Levine et Loayza (1999) examine la
relation entre le développement de l’intermédiation financière et les sources de la croissance,
i.e. la croissance de la productivité, l’accumulation du capital physique et l’épargne. Ils
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examinent une série d’indicateur de développement de l’intermédiation financière et une
variété d’information pour évaluer la robustesse des résultats. Les résultats indiquent une
relation positive entre les composantes exogènes du développement financier et la croissance
économique, la croissance de la productivité et l’accumulation du capital.
Rancière et Loayza (2005) ont spécifié un modèle en panel dynamique afin de faire une
différence entre le court terme et le long terme du lien entre. L’étude portait sur un
échantillon de 75 pays sur la période 1960-2000. Les estimations en Pooled Mean Group
(PMG) montrent que la croissance économique est positivement et significativement liée aux
mesures de l’intermédiation financière à long terme. Ces effets sont économiquement
significatifs dans la mesure où ils montrent que si un pays approfondit son marché financier
pour le déplacer du 25ème
au 50ème
centile de la distribution mondiale des crédits privés/PIB
(de 15,4% à 26%), il augmentera son taux de croissance du PIB par tête de 1,45 point de
base.
Kpodar (2004) a mené une étude sur le lien entre le développement financier et la
croissance dans les pays en développement en tenant en compte de la spécificité des pays
d’Afrique subsaharienne. Son échantillon portait sur 71 pays en développement (PVD) (dont
28 d’Afrique subsaharienne) au cours de la période 1968-1997. Les résultats sur un modèle
de panel dynamique indiquent que le développement financier a un impact marginal plus
faible sur la croissance en Afrique subsaharienne que dans les autres PVD. Il montre à l’aide
d’un indice composite du développement financier, une augmentation d’un point de base du
développement financier stimule la croissance de 0,51 point de pourcentage dans les PVD,
contre 0,19 point de pourcentage seulement dans les pays africains, soit une baisse de 63%
par rapport au PVD.
Keho (2012) s’est intéressé à l’impact des institutions sur le développement financier et la
croissance dans les pays de l’UEMOA. L’étude adopte une approche non-linéaire de la
relation entre le développement financier, les institutions et la croissance économique. Les
estimations en donnée de panel à l’aide des Pool Mean Group (PMG) montrent que le
développement économique stimule la demande des financiers qui se traduit par une hausse
de l’épargne et du crédit. En outre, pour un niveau donné de la qualité institutionnelle, une
hausse du niveau de développement financier d’un point d’écart type entrainerait une hausse
de 3,3% du PIB réel.
Donnée en coupe inter-sectorielle
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Pour mieux comprendre le lien entre le développement financier et la croissance, les
chercheurs ont étudié plus finement cette relation au niveau microéconomique.
Rajan et Zingales (1998) ont abordé la question de la relation entre la finance et la croissance
à partir de données microéconomique au niveau des industries en cross-country. Ils utilisent
un échantillon couvrant 32 secteurs dans 42 pays. Ils trouvent que le développement financier
à une influence positive importante sur le taux de croissance économique et cela, au moins en
partie, par la réduction des couts de financement externe aux entreprise dépendantes
financièrement. Les industries qui se financent par le biais du financement externe pourraient
bénéficier de façon disproportionnée d’un meilleur développement financier que les autres
industries.
B. Des résultats controversés sur le lien entre la croissance et le développement
financier
Un grand nombre de travaux empirique valident l’assertion selon laquelle le développement
financier influence positivement la croissance économique. Toutefois un certain nombre
d’études ont démontré le contraire. En effet selon des chercheurs la relation entre le
développement financier et la croissance serait inexistante voire négative (De Gregorio et
Guidotti(1995) ; Berthélemy et Varoudakis (1998) ; Loayza et Rancière (2005) ; Cecchetti et
Kharroubi (2012). Toutes les études qui suivent ont utilisées des modèles sur des données de
panel pour la régression.
Données de panel
Les travaux de De Gregorio et Guidotti (1995) portaient sur échantillon 100 pays sur la
période 1960-1985. En effectuant une régression en données de panel sur 12 pays
d’Amérique Latine, ils trouvent que les périodes 70 et 80 ont été marquées par une relation
négative entre le développement financier et la croissance.
Berthélemy et Varoudakis (1998) ont examiné la contribution du développement du
système financier à la croissance économique sur un échantillon de 82 pays sur la période
1960-1990. Les résultats sur des données de panel ne confirment pas la relation positive entre
le développement du système financier et la croissance économique que ce soit par le biais de
la mobilisation de l’épargne ou par celui de la qualité de son affectation. Ils expliquent ce
résultat par une représentation du rôle du développement financier sous forme d’effets de
seuil associé à des équilibres multiples.
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Sur un échantillon de 75 pays en données de panel au cours de la période 1960-2000,
Loayza et Rancière (2005), en utilisant la méthode Pooled Mean Group (PMG) ayant
l’avantage de prendre en compte à court terme des spécificités de chaque pays, trouvent que
l’intermédiation financière a des effets fortement négatifs sur la croissance à court terme mais
que cette relation est positive à long terme. Ils expliquent cette variation de la relation entre le
court et le long terme par la fragilité du système financier qu’ils mesurent par la récurrence
des crises financières (nombre de crises que connait chaque pays sur la période 1960-2000 et
la volatilité des indicateurs de développement financier.
Joseph et al. (1998) se sont intéressés aux pays de l’UEMOA sur la période 1970-1995. Les
estimations en données de panel conduisent à rejeter toute influence de l’approfondissement
du système financier sur le taux de croissance. Ces résultats s’expliquent selon ces auteurs
par la détresse du système bancaire des pays de la zone sur la période considérée.
S.G Cecchetti et E. Kharroubi (2012) ont réévalué l’impact de la finance sur la croissance
économique sur un échantillon de 50 pays développés et émergents sur des données de panel.
D’une part, ils trouvent qu’à un niveau faible, un système financier grand va de pair avec une
croissance élevé de la productivité. Mais il y a un point (lequel plusieurs pays avancés ont
déjà atteint depuis) où plus d'opérations bancaires et plus de crédit sont associés avec une
croissance faible. D’autre part, une croissance rapide dans la finance est mauvaise pour la
croissance réelle agrégée. L'une des interprétations est que les booms financiers sont
indissociablement mauvais pour la tendance de la croissance. Ces auteurs trouvent que
lorsque les crédits privés croissent jusqu'au point où il excède le PIB, ils deviennent une
entrave à la croissance de la productivité. En outre, ils trouvent que lorsque le secteur
financier représente plus que 30% du total des emplois, une augmentation de plus de la taille
du secteur financier tend à être défavorable à la croissance. Cecchetti et Kharroubi (2012)
concluent que les effets de la taille du système financier sur la croissance ont la forme d’un
« U » renversé. Ils concluent que plus de finance n’est pas définitivement meilleure.
On constate que la plupart des études empiriques conforte la relation positive entre le
développement financier et la croissance économique. Toutefois cette relation est parfois
négative voire inexistante. En effet, certains auteurs estiment que la relation entre le
développement financier est non-linéaire, hypothèse ignorée par la plupart des études, et cela
s’accompagne d’effet de seuil avec des équilibres multiples dans l’économie. En outre
certains estiment qu’il existe un point au-delà duquel tout développement financier est
15 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
nuisible à la croissance. Enfin certains auteurs estiment que l’instabilité financière pourrait
expliquer la relation non positive entre les deux variables.
Ainsi nous nous proposons de développer dans ce qui suit les travaux ayant pris en compte
l’instabilité financière dans l’analyse de la relation entre la finance et lé croissance
économique.
C. L’effet de l’instabilité financière dans la relation entre le développement
financier et la croissance économique.
De nombreux auteurs identifient l’instabilité financière comme principale source de la
relation défavorable parfois observée entre la croissance et le développement financier. Plus
précisément certaines études établissent le lien indéniable entre le développement financier et
l’instabilité financier (Demirgüç-kunt et Detragiache, 1999 et; Kaminsky et Reinhart, 1999).
En effet, pour eux le développement financier va de pair avec l’instabilité financière, puisque
cette dernière est néfaste à la croissance économique, on peut conclure que le développement
financier pénaliserait la croissance. Il faut noter que peu d’études ont intégré l’instabilité
financière dans l’analyse du lien entre le développement financier et la croissance
économique (Loayza et Rancière ,2006 et Guillaumont et Kpodar, 2006 ; Eggot, 2009 et
Kupukile et Enowbi, 2012). Nous nous proposons alors d’apporter une lumière à ce concept
avant de voir les travaux l’ayant intégré dans l’analyse du lien entre le développement
financier et la croissance économique.
a. Définition de l’instabilité financière
La littérature économique ne nous procure pas une définition explicite de l’instabilité
financière. Toutefois on rencontre deux courants qui s’opposent pour expliciter ce concept.
Certains préfèrent définir la stabilité financière et d’autres l’instabilité financière quoique l’un
est l’opposé de l’autre.
Minsky (1992) s’est intéressé au système de financement dans une économie capitaliste
afin d’analyser l’équilibre du système financier. Il a ainsi distingué la fiance par Hedge, la
finance Ponzi et la finance spéculative. Il montre que si la finance par Hedge domine,
l’économie pourrait bien être à un équilibre recherché et renfermant le système. A contrario,
plus grand est le poids de la finance Ponzi et la finance spéculative, plus grande est la
probabilité que l’économie soit une amplification de la déviation du système. Partant il
élucide deux théorèmes d’hypothèse de l’instabilité financière. Le premier théorème
16 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
d’hypothèse de l’instabilité financière stipule que l’économie a un régime de financement
sous lequel elle est stable; et un régime de financement sous lequel elle est instable.
Le deuxième théorème d’hypothèse d’instabilité financière soutient qu’au delà des périodes
de prospérité prolongées, l’économie transite des relations financières conduisant vers un
système stable aux relations financières conduisant vers un système instable. Partant,
l’instabilité serait intrinsèquement liée à l’évolution de l’économie capitaliste et à la nature de
finance qui domine dans l’économie.
Selon Miskin (1999), l’instabilité financière arrive quand des chocs au système financier
interfèrent avec le flux d’information afin que le système financier ne puisse faire
durablement son travail en canalisant les fonds vers ceux avec des opportunités
d’investissement productives. Cette définition met l’accent sur le rôle d’intermédiation du
système financier en fournissant des crédits au secteur réel et insiste sur le rôle central de
l’asymétrie d’information en occasionnant l’instabilité financière. Il souligne quatre facteurs
pouvant conduire à augmenter le problème d’asymétrie d’information et donc à l’instabilité
financière: la détérioration du bilan du secteur financier; augmentation des taux d’intérêts;
augmentation de l’incertitude; et la détérioration du bilan exigible des firmes non financières.
Patat (2000) se propose de définir le concept de stabilité financière en ces termes: « le
concept de stabilité financière couvre un concept multidimensionnel qui pourrait être exprimé
comme une situation dans laquelle les opérations des différentes composantes du système
financier et spécialement leurs interrelations se produisent dans une voie saine et sans
perturbations soudaines ».
Partant de ces définitions on peut comprendre que l’instabilité financière se produit lorsque
système financier n’arrive pas a assuré de manière durable sa principale fonction qui est
l’allocation optimale des ressources des agents à capacité de financement vers ceux à besoin
de financement. Ainsi l’instabilité financière peut se manifester par une crise bancaire, une
forte volatilité du prix des actifs, un effondrement de la liquidité du marché de paiement et,
enfin, une interruption du paiement et au dérèglement du système. Elle affecte par conséquent
le secteur réel à travers le lien de celui-ci avec le secteur financier. Elle apparait ainsi comme
une cause potentielle de couts macroéconomiques par le fait qu’elle s’interfère dans la
production, la consommation et l’investissement, et, par conséquence met en échec l’objectif
national de croissance et de développement économique.
17 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Blejer (2006) met en exergue trois causes de l’instabilité financière dans le secteur
financier. Premièrement, l’instabilité financière sévère se produit quand il y a une croissance
dramatique du volume d’intermédiation financière. Deuxièmement, la globalisation voit le
monde comme un village, ainsi l’intégration des institutions financières semble augmenter le
risque systémique. La complexité des instruments financiers est aussi une raison de
l’instabilité financière et il n’est pas aussi facile de comprendre tellement d’instruments.
b. Travaux empiriques ayant intégrés l’instabilité financière
Au regard de la littérature empirique peu de travaux (Loayza et Rancière, 2006 et
Guillaumont et Kpodar, 2006; Eggot. C, 2009 et Kupukile et Enowbi 2012) se sont intéressé
au rôle de l’instabilité financière dans la relation entre le développement financier et la
croissance économique.
Kpodar (2004) a mené une étude sur le lien entre le développement financier et son
instabilité ainsi que leur impact sur la croissance économique. L’étude portait sur un
échantillon de pays en développement et des périodes de sept ans de 1966 à 2000. Les
estimations économétriques sur des données de panel à l’aide de la Méthode des Moments
Généralisé (MMG) et les Moindre carrés Ordinaires (MCO) ont permis de mettre en évidence
une relation positive entre le développement financier et son instabilité, celle-ci étant
déterminée simultanément par les chocs internes et externes auxquels sont soumises les
économies. Cette relation positive entre le niveau et l’irrégularité du développement financier
est apparue lorsque celui-ci est mesuré par le ratio crédit au secteur privé ou par le ratio M3
sur PIB. Il a ensuite montré que l’effet bénéfique du développement financier sur la
croissance n’en demeure pas moins, mais qu’il est sensiblement atténué en raison de
l’instabilité financière qu’il induit. Celle-ci est apparue, à côté de l’instabilité des
exportations, comme une source d’instabilité du taux d’investissement et du taux de change
réel qui l’une et l’autre réduisent la croissance de la productivité globale des facteurs.
J. C. Eggoh (2010) a mené une étude similaire portant sur le lien éventuel entre instabilité
financière, développement financier et croissance économique sur un échantillon de 71 pays
sur la période 1960-2004. Les résultats obtenus à l’aide d’une analyse en coupe transversale
et sur panel dynamique laissent apparaitre un lien positif entre le développement financier et
la croissance économique à court terme. L’instabilité financière est sans incidence sur la
croissance économique et sur le lien entre cette dernière et le développement financier à long
terme. Par contre, à court terme, l’instabilité financière a un effet négatif sur le taux de
18 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
croissance économique et la relation entre la croissance et le développement financier. Ces
études utilisent séparément les indicateurs de développement financier dans l’analyse.
Kupukile et Enowbi (2012) se sont intéressé à l’impact de l’instabilité financière sur la
croissance économique en prenant en compte le développement et la libéralisation financière.
Cette étude porte sur un échantillon de 41 pays d’Afrique sur la période 1985-2010 en
utilisant un modèle de panel dynamique. Ils construisent un indice de développement
financier et d’instabilité financière à l’aide d’une Analyse en Composante Principale (ACP).
Les résultats montrent premièrement que l’instabilité financière a des effets néfastes sur la
croissance économique dans les pays africains. Deuxièmement, ils trouvent que le
développement financier et la libéralisation financière conduisent typiquement à l’instabilité
financière, et troisièmement, ils trouvent que les effets de l’instabilité financière sur le
développement financière et la croissance est moins évidente dans la période post
libéralisation.
Il serait intéressant de rappeler que la littérature empirique entre le développement financier
et la croissance économique ne se limite pas au courant de pensée évoqué précédemment.
Dans le développement récent sur le sujet, des études ont intégrées le rôle des institutions
dans l’analyse de la relation entre les deux variables (Keho, 2012). Pour notre part, nous
intéressons à la relation entre le développement financier et la croissance économique dans la
zone UEMOA en prenant en compte l’instabilité financière.
19 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Chapitre 2 : FAITS STYLISES
I. DEFINITION DU CONCEPT DE DEVELOPPEMENT FINANCIER ET DE
L’INSTABILITE FINANCIERE
A. Le développement financier
Le concept de développement financier a connu une évolution dans le temps. Shaw (1973)
le définissait comme « l’accumulation d’actifs financiers à un rythme plus rapide que
l’accumulation d’actifs non financiers ». Turunc (1999) estime qu’un un système financier est
dit développé si et seulement si, il assure le fonctionnement d’un système de paiement
efficace et évolutif, mobilise l’épargne et améliore son affectation à l’investissement.
C’est Levine (2005) qui a donné une définition plus complète en ces termes « Il y a
développement financier lorsque les instruments financiers, les marchés et les intermédiaires
financiers réduisent, sans nécessairement les éliminer, les coûts d’obtention de l’information,
les coûts d’exécution des contrats et les coûts de transaction et par conséquent, font un
meilleur travail en offrant cinq fonctions financières ». Les cinq fonctions centrale d’un
système financier dont mentionne Levine (2005) sont : l’allocation des ressources;
l’amélioration du risque; l’effort de control des entreprises; la mobilisation de l’épargne et la
facilitation des échanges. Le développement financier peut entendu comme un processus par
lequel un système financier gagne en profondeur, en rentabilité, en accessibilité, en efficacité,
en stabilité et en ouverture internationale (Meisel N. et Mvogo J. P., 2007). Toutefois
certains auteurs estiment que le développement du système financier est source de son
instabilité.
B. L’instabilité financière
La littérature économique ne nous procure pas une définition explicite de l’instabilité
financière. Toutefois on rencontre deux courants qui s’opposent pour expliciter ce concept.
Certains préfèrent définir la stabilité financière et d’autres l’instabilité financière quoique l’un
est l’opposé de l’autre.
Minsky (1992) s’est intéressé au système de financement dans une économie capitaliste
afin d’analyser l’équilibre du système financier. Il a ainsi distingué la finance par Hedge, la
finance Ponzi et la finance spéculative. Il montre que si la finance par Hedge domine,
l’économie pourrait bien être à un équilibre recherché et renfermant le système. A contrario,
20 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
plus grand est le poids de la finance Ponzi et la finance spéculative, plus grande est la
probabilité que l’économie soit une amplification de la déviation du système. Partant il
élucide deux théorèmes d’hypothèse de l’instabilité financière. Le premier théorème
d’hypothèse de l’instabilité financière stipule que l’économie a un régime de financement
sous lequel elle est stable; et un régime de financement sous lequel elle est instable.
Le deuxième théorème d’hypothèse d’instabilité financière soutient qu’au delà des périodes
de prospérité prolongées, l’économie transite des relations financières conduisant vers un
système stable aux relations financières conduisant vers un système instable. Partant,
l’instabilité serait intrinsèquement liée à l’évolution de l’économie capitaliste et à la nature de
finance qui domine dans l’économie.
Selon Miskin (1999), l’instabilité financière arrive quand des chocs au système financier
interfèrent avec le flux d’information afin que le système financier ne puisse faire
durablement son travail en canalisant les fonds vers ceux avec des opportunités
d’investissement productives. Cette définition met l’accent sur le rôle d’intermédiation du
système financier en fournissant des crédits au secteur réel et insiste sur le rôle central de
l’asymétrie d’information en occasionnant l’instabilité financière. Il souligne quatre facteurs
pouvant conduire à augmenter le problème d’asymétrie d’information et donc à l’instabilité
financière: la détérioration du bilan du secteur financier; augmentation des taux d’intérêts;
augmentation de l’incertitude; et la détérioration du bilan exigible des firmes non financières.
Patat (2000) se propose de définir le concept de stabilité financière en ces termes: « le
concept de stabilité financière couvre un concept multidimensionnel qui pourrait être exprimé
comme une situation dans laquelle les opérations des différentes composantes du système
financier et spécialement leurs interrelations se produisent dans une voie saine et sans
perturbations soudaines ». Ainsi l’instabilité financière apparaitrait en cas de perturbation du
fonctionnement sain du système.
Partant de ces définitions on peut comprendre que l’instabilité financière se produit lorsque
système financier n’arrive pas a assuré de manière durable sa principale fonction qui est
l’allocation optimale des ressources des agents à capacité de financement vers ceux à besoin
de financement. Ainsi l’instabilité financière peut se manifester par une crise bancaire, une
forte volatilité du prix des actifs, un effondrement de la liquidité du marché de paiement et,
enfin, une interruption du paiement et au dérèglement du système. Elle affecte par conséquent
le secteur réel à travers le lien de celui-ci avec le secteur financier. Elle apparait ainsi comme
21 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
une cause potentielle de couts macroéconomiques par le fait qu’elle s’interfère dans la
production, la consommation et l’investissement, et, par conséquence met en échec l’objectif
national de croissance et de développement économique. La présente étude appréhende
l’instabilité financière comme étant la volatilité des indicateurs de développement financier.
II. PRESENTATION DU SYSTEME FINANCIER DE L’UEMOA
Le système financier de l’UEMOA est composé de la Banque Centrale des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui est l’institut d’émission commun des huit pays membres,
de Banques et d’établissements financiers qui sont les vecteurs de transmission de la politique
monétaire de la BCEAO. La banque centrale est l’institution en charge de la politique
monétaire de la zone. Les banques de second rang et les intermédiaires financiers canalisent
l’épargne auprès des épargnants et assurent son allocation vers les projets d’investissement.
L’UEMOA dispose d’un marché financier et un marché monétaire. Sur le marché monétaire
sont échangés des titres de créances négociables. Le marché financier connait un
développement significatif depuis sa création grâce au dynamisme de la Bourse régionale des
valeurs Mobilières (BRVM).
Tableau 1 : Evolution des banques et établissement financier dans l’UEMOA
UEMOA 2011 2012 2013 Variation 2012-
2013
Absolue En %
Nombre d’établissement agrées 121 119 127 8 6,7%
Banques
Etablissement financier
107 106 114 8 7,5%
14 13 13 - -
Nombre d’établissements de crédit en activité 116 118 121 3 2,5%
Banque généralistes
Banques spécialistes
Etablissement financiers à caractère bancaire
84 85 96 11 12,9%
19 20 12 -8 -40%
13 13 13 - -
Source : rapport annuel commission bancaire de l’UEMOA 2014
22 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Le nombre d’établissement de crédit agrées a progressé de huit (8) unités pour s’établir à cent
vingt-sept (127), contre cent dix-neuf (119) en 2012. La zone comptait cent-vingt et un
(121) établissements de crédit en activité contre 118 en 2012 soit une progression de 2,5%.
Parmi ces établissements de crédit en activité on distingue quatre-vingt-seize (96) banques
généralistes, douze (12) banques spécialistes et treize (13) établissements financiers à
caractère bancaire.
Tableau 2 : Répartition des établissements de crédit en activité par pays
Pays Nombre d’établissements
Banques et
succursales
Etablissement financiers Total
Benin 12 - 12
Burkina 12 5 17
Cote d’ivoire 24 1 25
Guinée-Bissau 4 - 4
Mali 13 2 15
Niger 11 1 12
Sénégal 20 2 22
Togo 12 2 14
UEMOA 108 13 121
Source : rapport annuel commission bancaire de l’UEMOA 2014
La répartition des établissements de crédit en activité selon les pays (tableau) montre que la
Cote d’ivoire et le Sénégal occupent le peloton de tête avec respectivement 25 et 22
établissements. Ensuite le Burkina, le Mali et le Togo suivent avec respectivement dix sep
(17), quinze (15) et quatorze (14) établissements.
23 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
III. DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS
L’UEMOA : ANALYSE COMPARATIVE
L’étude de McKinnon (1969) a relancé le débat sur le plan empirique entre la finance et la
croissance économique. Depuis la structure financière devient un élément de la stratégie de
développement économique (King et Levine 1992, 1993 ; McKinnon 1973 ; Shaw 1973 ;
Greenwood et Jovanovic 1990 ; Smith et Bencivenga, 1991 ; Pagano, 1993. Dans toutes ces
études on retrouve l’idée selon laquelle un système financier efficient active le
développement économique. Le développement du système financier favorise la croissance
économique à travers la facilitation des échanges, la réduction des couts de transaction,
l’allocation des ressources vers les investissements les plus rentables. Pour apprécier le
développement du système financier, le ratio de masse monétaire par le PIB, le ratio des
crédits à l’économie par le PIB et les crédits au secteur privé sont généralement utilisé. Le
tableau ci-dessous nous donne l’évolution de ces indicateurs.
Tableau 3 : Evolution des indicateurs de développement financier dans l’UEMOA
Source: calcul de l’auteur
Sur la période 1980-1989, le volume des crédits à l’économie représente en moyenne
28,25% du PIB dans l’UEMOA. Ce ratio atteint 44,22% et 41,22% respectivement en Côte
crdeco_pib crdpriv_pib m2_pib Devfin
80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12
Sénégal 41.22 26.08 24.80 31.60 19.74 22.85 23.85 22.01 33.66 1.37 0.17 0.58
C. I 44.88 33.07 21.59 38.14 23.40 15.87 28.56 25.60 29.06 1.96 0.70 -0.02
Benin 27.37 10.83 12.52 27.73 10.39 17.73 22.31 24.87 31.97 0.63 -0.80 -0.18
Burkina 12.06 9.61 14.89 13.96 10.35 16.16 15.14 20.96 23.64 -0.82 -0.94 -0.38
Mali 27.50 12.94 15.32 17.11 13.17 18.36 20.10 22.50 28.16 0.03 -0.64 -0.14
Niger 18.54 11.61 9.98 16.40 7.39 8.73 16.26 14.16 15.25 -0.43 -1.20 -1.16
Togo 26.22 23.41 23.48 24.32 20.99 19.40 39.52 28.62 34.47 0.85 0.30 0.37
UEMOA 28.25 18.22 17.51 24.18 15.06 17.01 23.68 22.67 28.03 0.52 -0.34 -0.13
24 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
d’Ivoire et au Sénégal qui représentent tous les deux un poids relatif très important dans le
système financier de la zone. Ensuite on constate que ce ratio connait une baisse drastique sur
la période 1990-2000. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées au Benin (-
16,53%), au Sénégal (-15,14%), au Mali (-14,57%) et en Côte d’Ivoire (-11,80). La période
2000-2012 est marquée par une reprise du crédit au Mali, au Burkina et au Benin. La reprise
est très faible au Niger (+ 0,07%). Le crédit a continué à plomber en Côte d’Ivoire à cause de
la crise politique. Le ratio des crédits au secteur privé rapporté au PIB, le ratio M2 rapporté
au PIB suivent également des évolutions similaires. Toutefois sur la période 2000-2012 le
ratio M2/PIB a connu une reprise pour tous les pays de l’échantillon.
Le comportement quasi identique des indicateurs de développement financier pourrait se
justifier par le rôle de surveillance et de contrôle des banques que joue la commission
bancaire de l’UEMOA.
Sur la base des indicateurs de développement financier qui permettent de caractériser
l’architecture financière, Levine, 1997 ; Beck et al., 1999, et Allen et al. (2010) montrent que
le secteur financier reste sous-développé dans la plupart des pays de l’Afrique Sub-
Saharienne, comparé à d’autres pays en développement (confère table 1). D’une part, le
passif liquide du système financier est en moyenne de 30% du PIB en 2007 alors qu’il excède
50% dans l’Est et le Sud Asiatiques, en Amérique Latine, au Moyen Orient et en Afrique du
Nord. D’autre part, le volume de crédit au secteur privé y est en moyenne de 16,6% du PIB
alors qu’il se situe entre 32,5% et 43,9% dans les pays comparateurs. En particulier, les
deux indicateurs sont encore inférieurs dans l’espace UEMOA avec des disparités sévères
suivant les pays de l’union, stigmatisant un niveau de développement financier
relativement faible dans les pays membres. La Cote d’ivoire et le Sénégal sont les deux pays
qui ont dégagent les indicateurs de développement financier les plus élevés de la zone (Allen
et al. 2010) conformément à nos calculs.
25 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Tableau 4 : Evolution des indicateurs de développement financier de l’UEMOA et d’autres régions
Pays et Régions Indicateurs de développement financier (%)
Ratio Passif liquide/PIB Ratio Crédit*/PIB
1995 2000 2005 2007 1995 2000 2005 2007
Benin 23,2 25,7 24,9 27,9 7,2 10,6 15,1 16,4
Burkina Faso 19,6 20,4 19,2 20,1 5,7 11 14,3 15,8
Cote d'Ivoire 27,4 22,3 23,5 25,8 18,9 14,9 13,7 14,1
Guinee Biseau 8,1 36 29,7 32,9 3,9 7,5 1,7 4,4
Mali 18,7 20,2 29,3 26,5 8,1 14,9 18,8 16
Niger 14,1 8,4 14 15 6,1 4,7 6,5 8,2
Senegal 20 22,5 32,5 33,1 14,6 16,5 20,5 20,8
Togo 23,5 24,5 28,5 33,3 15 15,7 16,9 18
UEMOA 19,3 22,5 25,2 26,8 9,9 12 13,4 14,2
Afrique Sub-saharienne 24,4 25,5 30,9 29,7 12,1 13,9 30,7 33,6
Pays en développement 34,5 37,9 43,2 46,8 22,3 25,2 27,5 32,5
Asie du sud Est et du Pacifique 43,7 49 49,6 58,2 34,4 34,5 36,1 42,5
Europe et Asie Centrale 28,4 30,5 40,3 42,8 19,6 18,2 27,8 37
Amerique Latine et Caraibes 40,1 47 49,2 54,1 29,9 37,9 33,4 40,1
Moyen Orient et Afrique du
Nord
56,7 59,1 70,3 71,5 28,6 36,7 44,5 43,9
Source : Allen et al. (2010)
Le développement financier s’apprécie à travers l’évolution de ses indicateurs. De ce qui
précède on constate que les indicateurs dans leur ensemble ont connu une progression. Cette
progression ne saurait s’apprécier en ignorant celle de la croissance économique qui est
l’objectif visé à terme. Cela nous amène à comparer l’évolution des indicateurs de
26 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
développement financier et le PIB par tête. Tableau Evolution des indicateurs de
développement financier et du PIB par tête.
Tableau 5 : Comparaison des indicateurs de développement financier et du PB par tête en termes
d’évolution
Source: calcul de l’auteur
L’évolution du PIB par tête de la zone montre que cet indicateur est de 5,263% en moyenne
sur la période 1980-1989 contre 5,282% sur la période 2000-2012 après avoir connu une
baisse sur la période 1990-1999 (5,236%). Cette evolution est quasi similaire a celle des
indicateurs de développement financiers. En effet, les indicateurs de développement
financier ont connu une baisse sur la période 1990-1999 avant de connaitre une reprise sur la
période 2000-2012.
crdeco_pib crdpriv_pib m2_pib pib_tete
80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12
Sénégal 41.22 26.08 24.80 31.60 19.74 22.85 23.85 22.01 33.66 5.528 5.495 5.555
C. I 44.88 33.07 21.59 38.14 23.40 15.87 28.56 25.60 29.06 5.714 5.625 5.592
Benin 27.37 10.83 12.52 27.73 10.39 17.73 22.31 24.87 31.97 5.020 5.029 5.087
Burkina 12.06 9.61 14.89 13.96 10.35 16.16 15.14 20.96 23.64 5.099 5.149 5.290
Mali 27.50 12.94 15.32 17.11 13.17 18.36 20.10 22.50 28.16 4.906 4.927 5.047
Niger 18.54 11.61 9.98 16.40 7.39 8.73 16.26 14.16 15.25 5.257 5.163 5.149
Togo 26.22 23.41 23.48 24.32 20.99 19.40 39.52 28.62 34.47 5.316 5.261 5.256
Panel 28.25 18.22 17.51 24.18 15.06 17.01 23.68 22.67 28.03 5.263 5.236 5.282
27 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Chapitre 3 : ASPECT METHODOLOGIQUE ET RESULTATS EMPIRIQUES
I. DONNEES ET SPECIFICATION DU MODELE EMPIRIQUE
A. Données
La présente étude couvre la période 1985 à 2012 et porte sur un panel constitué de 7 pays
de l’UEMOA. Les données sont issues de la base « World Development Indicators » de la
Banque Mondiale 2013 et de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO),
la base de Barro et Lee(2013)
B. Spécification du modèle
Notre modèle s’inspire de celui de J. Egoh (2009), Guillaumont et Kpodar (2004) et
Kapukile et Enowbi (2012) qui ont étudié le lien entre le développement financier et la
croissance économique en prenant en compte l’instabilité financière. Ainsi notre modèle est
un panel stationnaire et se présente comme suit:
𝒚𝒊,𝒕 = 𝜶𝒐 + 𝜶𝒊𝒅𝒆𝒗𝒇𝒊;𝒕 + Ʃ𝒌𝝀𝒌𝑿𝒊;𝒕;𝒌 + ɛ𝒊,𝒕 (𝟏)
𝒚𝒊,𝒕 = 𝜶𝒐 + 𝜶𝒊𝒅𝒆𝒗𝒇𝒊𝒏𝒊;𝒕 + 𝜷𝒊𝒊𝒏𝒔𝒇𝒊𝒏𝒊,𝒕 + Ʃ𝒌𝝀𝒌𝑿𝒊;𝒕;𝒌 + ɛ𝒊,𝒕 (𝟐)
avec i et t représentant respectivement le pays et la période. 𝑦𝑖,𝑡 est le PIB par tête, 𝑑𝑒𝑣𝑓𝑖;𝑡
est l’indice de développement financier, 𝑖𝑛𝑠𝑓𝑖𝑛𝑖,𝑡 est l’indicateur d’instabilité financière,
𝑋𝑖;𝑡;𝑘 est un vecteur de variables de contrôles composées de du taux d’inflation, le ratio des
dépense publiques sur le PIB, l’ouverture commerciale mesuré par le ratio de la somme des
exportations et des importations par le PIB, le taux moyen de scolarisation au secondaire des
15 et plus, et ɛ𝑖,𝑡 est le terme d’erreur.
Dans l’équation (1) nous nous intéressons au lien entre la croissance économique et le
développement financier dans la zone UEMOA. Dans l’équation (2), nous nous intéressons à
l’effet de la prise en compte de l’instabilité financière dans la relation entre la croissance
économique et le développement financier.
28 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
II. CHOIX DES VARIABLES
L’étude porte sur des données annuelles sur la période 1980-2012. Les données concernent
les 7 pays de l’UEMOA. Nous avons retenu comme variables : le Produit intérieur brut par
habitant (pib_tete) ; l’indicateur de développement financier (devfin), l’instabilité financière
(insfin), le taux d’ouverture mesuré par le ratio de la valeur totale des échanges
commerciaux (exportations plus importations) sur le PIB ( trade), le taux d’inflation (infla)
et le ratio des dépenses publiques sur le PIB (depub). La variable capital humain qui est
évaluée par le nombre moyen d’année de scolarisation de la population de 15 ans et plus
(educ). Le taux d’inflation est mesuré sur la base de l’indice des prix à la consommation.
La variable endogène pib_tete2 a été obtenue en faisant la moyenne sur cinq années du
logarithme du PIB par tête dans chaque pays et nous avons répété cette moyenne sur ces cinq
années (Stephen G Cecchetti and Enisse Kharroubi, 2012). La variable pib_tete nous permet
de mesurer la performance économique.
Tableau 6 : Evolution de la variable pib_tete
Pib_tete
80-89 90-99 00-12
Sénégal 5.528 5.495 5.555
Cote d’Ivoire 5.714 5.625 5.592
Benin 5.020 5.029 5.087
Burkina 5.099 5.149 5.290
Mali 4.906 4.927 5.047
Niger 5.257 5.163 5.149
Togo 5.316 5.261 5.256
Panel 5.263 5.236 5.282
Source: calcul de l’auteur
2 Le PIB par tête utilisé dans la régression est une moyenne arithmétique sur cinq années successives. Nous
avons subdivisé notre période 1980-2012 en six sous période de cinq et une sous période de de trois pour les trois dernières années. Les moyennes de chaque sous période a été répété pour année de la sous période. (Stephen G Cecchetti and Enisse Kharroubi, 2012)
29 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Nous constatons sur la période 1980-1989, le PIB par tête moyen dans la zone est de 5,263 ;
seuls la Cote d’Ivoire, le Sénégal et le Togo ont dépassé ce moyenne avec respectivement
5.714, 5.528 et 5.316. Le Mali a enregistré le PIB par tête le plus faible avec 4.906. Sur les
deux périodes suivantes, le PIB par tête n’a pas subi un changement significatif avec une
moyenne de 5.236 et 5.282
Indicateurs de développement financiers
Il n’existe pas dans la littérature empirique un indicateur unique de mesure du niveau du
développement financier. Divers indicateurs sont utilisés pour rendre compte autant que
possible le degré d’approfondissement du système financier. En partant de la littérature
empirique sur la mesure du développement financier, dans la présente étude nous retiendront
les indicateurs suivants: le ratio des crédits nominaux au secteur privé sur le PIB nominal, le
ratio des crédits domestiques octroyés par le secteur bancaire au PIB nominal, le ratio
monnaie et quasi-monnaie (M2/PIB) et la capitalisation financière.
Le ratio monnaie et quasi-monnaie au PIB (M2/PIB) est considéré comme un indicateur
standard de mesure du développement financier. Cependant, ce ratio mesure plus l’ampleur
de la monétarisation de l’économie que le développement financier. Dans les pays en
développement, un ratio de la monnaie au PIB plus élevé ne reflète pas nécessairement une
augmentation de la profondeur financière puisque la monnaie est utilisée comme une réserve
de valeur en l’absence d’autres alternatives plus attractives.
Le ratio des crédits nominaux au secteur privé sur le PIB, l’hypothèse souligné par cette
mesure est que le système financier qui alloue davantage de crédits aux entreprises privées est
plus enclin à l’exercice du contrôle, à la fourniture de service de risk management, à la
mobilisation de l’épargne et à l’intermédiation traditionnelle, que les systèmes financiers
reposant uniquement sur le financement du gouvernement ou des entreprises publiques
(Levine 2004). Cet indicateur isole les crédits émis dans le secteur privé, puisque opposé aux
crédits émis aux Etat et aux entreprises publiques. Il exclue également les crédits émis par la
Banque Centrale. Il met en évidence la voie par laquelle l’épargne est acheminée vers les
projets d’investissement privés. Cet indicateur permet de mesurer la profondeur du système
financier et du développement bancaire. Nous interprétons un niveau élevé de cet indicateur
comme indiquant un niveau élevé des services financiers et par conséquent un plus grand
développement de l’intermédiation financière.
30 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Le ratio des crédits domestiques octroyés par le secteur bancaire (crédit à l’économie), il
représente les avoirs et créances des banques sur l’économie rapporté au PIB. Il représente
l’importance des services financiers fournis par les banques de dépôts à l’ensemble des
agents économiques.
Tableau 7: Statistiques descriptives des indicateurs de développement financier
Variable Obs Mean Std. Dev. Min Max
crdco_pib 231 20.982 10.493 4.355 51.260
crdpriv_pib 231 18.594 8.110 3.302 42.264
m2_pib 231 25.088 7.878 6.546 47.654
Source: calcul de l’auteur
Comment mesurer le développement financier?
Un grand nombre de travaux utilise alternativement les indicateurs de développement
financier dans les régressions entre la croissance économique et le développement financier
(King et Levine 1993; King, Levine et Beck 2000, Berthelemy et Varoudakis, 1998). Utiliser
alternativement ces indicateurs peut entrainer des biais d’omission. Utiliser également tous
les indicateurs peut engendrer un problème de multicollinéarité car ces variables pourraient
être fortement corrélées. Une solution consisterait à combiner ces variables en un indicateur
unique avec des poids spécifiques (Keho, 2012; Kapukile et Enowbi, 2012). Pour ce faire,
l’Analyse en Composante Principale (ACP) permet de régler les problèmes de multi
colinéarité. Elle permet également de disposer des poids spécifiques de chacune des variables
dans la composition d’indicateur. Il s’agira de « laisser parler les données ». Dans notre
étude nous allons dans le même sens que ces auteurs en construisant un indicateur de
développement financier à partir des différentes variables de développement financier à l’aide
d’une Analyse en Composante Principale (ACP). La méthode permet la description des
observations d’un ensemble de données multivariées en utilisant un nombre réduit de
dimensions, non corrélées entre elles, et dont chacune est une combinaison linéaire des
données originales. Le choix des composantes est fait de sorte à maximiser la variance
expliquée par les nouvelles variables, en minimisant la perte d’informations. L’analyse
simplifie ainsi la lecture d’une masse de données en réduisant le nombre de dimensions
initialement utilisées. L’ACP se fera sur les données centrées et réduites.
31 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Tableau 8: Résultats de l’analyse en composantes principales
Valeurs propres
Composante Valeur propre Difference Proportion Cumul
Axe 1 2.192 1.477 0.731 0.731
Axe 2 0.715 0.623 0.238 0.969
Axe 3 0.092 0 0.031 1
Vecteurs propres
Variable Axe 1 Axe 2 Axe 3
crdco_pib 0.617 -0.417 0.667
crdpriv_pib 0.647 -0.214 -0.732
m2_pib 0.448 0.883 0.138
Coordonnées des variables actives
Variable Axe 1 Axe 2 Axe 3
crdco_pib -0.91 0.35 -0.20
crdpriv_pib -0.96 0.18 0.22
m2_pib -0.66 -0.75 -0.04
Source: calcul de l’auteur
L’analyse en composante principale indique la première composante principale extrait
73,09 % de la variance totale initiale ; la seconde extrait 23, 85% de la variance totale initiale
et ainsi de suite. Nous retiendrons la première composante principale pour la pondération
notre indice. Nous retenons la règle de Kaiser pour le choix du nombre d’axe à retenir.
Kaiser3 conseil de ne retenir que les valeurs propres supérieures à 1. A partir de cette règle
3 La règle de Kaiser est une méthode empirique permettant de choisir le nombre d’axes à retenir pour l’analyse
des données. Cette règle conseil de ne retenir que les valeurs propres supérieures à 1
32 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
nous retenons l’axe 1 dont la valeur propre vaut 2, 193 pour déterminer le poids de chaque
variable dans la construction de notre indicateur de développement financier. Le poids d’une
variable nous est donné par sa contribution dans la formation de l’axe factoriel. La
contribution est égale au rapport de la coordonnée au carré de la variable par la valeur propre
de l’axe.
Tableau 9: Contribution des variables dans la formation de l’axe factoriel
Contribution Axe 1
crdeco_pib 0.3806238
crdpriv_pib 0.4187064
m2_pib 0.2006828
Source: calculs de l’auteur
L’indice de développement financier est obtenu par la formule suivante:
𝑑𝑒𝑣𝑓𝑖𝑛𝑡 = ∑ 𝑤𝑗 ∗ (𝑍𝑗,𝑡−𝐸(𝑍𝑗)
𝜎𝑍𝑗
)3𝑗=1
𝑑𝑒𝑣𝑓𝑖𝑛𝑡 est l’indice de développement financier à l’année 𝑡 qui est une combinaison linéaire
des 𝑘 variables de développement financier centrées et réduite pondérées par leur
contribution 𝑤𝑗 à la formation de l’axe factoriel. 𝐸 𝑒𝑡 𝜎 sont respectivement des opérateurs
de moyenne et d’écart type.
Comme la valeur moyenne a été standardisée à zéro, les indices positifs indiquent les
pays dont le niveau de développement financier est supérieur à la moyenne, c'est-à-dire les
systèmes les plus développés. Les valeurs négatives classent les secteurs financiers en
dessous du système standard.
33 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Tableau 10 : Evolution des indicateurs de développement financier et de l’indice de développement
financier
Source: calcul de l’auteur
Le tableau présente l’évolution du ratio des crédits à l’économie rapporté au PIB, du ratio
des crédits au secteur privé rapporté au PIB, du ratio M2 rapporté au PIB et de l’indice
composite de développement financier. On constate que sur la période 1980-1989, le volume
des crédits à l’économie représente en moyenne 28,25% du PIB. Ce ratio atteint 44,22% et
41,22% respectivement en Côte d’Ivoire et au Sénégal qui représentent tous les deux un poids
relatif très important dans le système financier de la zone. Ensuite on constate que ce ratio
connait une baisse drastique sur la période 1990-2000. Les baisses les plus importantes ont
été enregistrées au Benin (-16,53%), au Sénégal (-15,14%), au Mali (-14,57%) et en Côte
d’Ivoire (-11,80). La période 2000-2012 est marquée par une reprise du crédit au Mali, au
Burkina et au Benin. La reprise est très faible au Niger (+ 0,07%). Le crédit a continué à
plomber en Côte d’Ivoire à cause de la crise politique. Le ratio des crédits au secteur privé
rapporté au PIB, le ratio M2 rapporté au PIB et l’indice de développement financier suivent
également des évolutions similaires. Toutefois sur la période 2000-2012 le ratio M2/PIB a
connu une reprise pour tous les pays de l’échantillon.
crdeco_pib crdpriv_pib m2_pib devfin
80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12 80-89 90-99 00-12
Sénégal 41.22 26.08 24.80 31.60 19.74 22.85 23.85 22.01 33.66 1.37 0.17 0.58
C. I 44.88 33.07 21.59 38.14 23.40 15.87 28.56 25.60 29.06 1.96 0.70 -0.02
Benin 27.37 10.83 12.52 27.73 10.39 17.73 22.31 24.87 31.97 0.63 -0.80 -0.18
Burkina 12.06 9.61 14.89 13.96 10.35 16.16 15.14 20.96 23.64 -0.82 -0.94 -0.38
Mali 27.50 12.94 15.32 17.11 13.17 18.36 20.10 22.50 28.16 0.03 -0.64 -0.14
Niger 18.54 11.61 9.98 16.40 7.39 8.73 16.26 14.16 15.25 -0.43 -1.20 -1.16
Togo 26.22 23.41 23.48 24.32 20.99 19.40 39.52 28.62 34.47 0.85 0.30 0.37
UEMOA 28.25 18.22 17.51 24.18 15.06 17.01 23.68 22.67 28.03 0.52 -0.34 -0.13
34 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Mesure de l’instabilité financière
L’instabilité financière est prise en compte dans nos régressions. Nous supposons que le
développement financier est associé à l’instabilité financière. Mis à part les travaux qui
utilisent la récurrence des crises comme indicateurs d’instabilité financière, de récentes
études ont définie des indicateurs d’instabilité financière à partir du développement financier:
Guillaumont et Kpodar (2004), Loayza et Rancière (2006), Eggot (2009), Kapukile et
Enowbi (2012). En effet, selon Guillaumont et Kpodar (2004), l'indicateur d'instabilité
financière est calculé à partir de l'écart type du résidu de la variable de développement
financier régressée sur sa valeur retardée et une tendance, alors que Loayza et Rancière
(2006) mesurent l'instabilité financière à partir de l'écart type du taux de croissance de la
variable de développement financier. Kapukile et Enowbi (2012) construisent un indicateur
d’instabilité financière à partir de la variation des indicateurs de développement financier.
Dans notre étude, nous nous inspirons de Jude Eggot (2009) pour définir notre indicateur
d’instabilité financière. Dans son étude Eggoh mesure l’instabilité financière à travers la
composante cyclique de l’indice de développement financier. En effet, il existe une relation
forte entre les cycles économiques et l’instabilité financière; plus précisément les « peaks »
au niveau des cycles des affaires sont souvent associés à de l’instabilité financière. Un
développement financier stable serait caractérisé par une tendance cyclique qui une
variabilité faible (J. Eggot, 2009). Nous supposons alors que la forte variabilité de la
composante cyclique du développement financier est synonyme d’instabilité financière. Nous
décomposons l’indicateur de développement financier en composante cyclique et
déterministe à l’aide du filtre de Hodrick et Prescott4. L’indicateur d’instabilité financière
5
correspond à l’écart type de la composante cyclique de l’indicateur de développement
financier. Il est calculé sur la période d’étude, lorsque l’analyse est conduite en coupe
transversale, et sur des données d’amplitude septennale pour des estimations en panel
dynamique.
4 On peut utiliser un autre filtre pour extraire la composante cyclique du développement financier à savoir le
filtre de King et Baxter 5 Notre indicateur d’instabilité financière correspond à l’écart type de la composante cyclique de l’indice de
développement financier obtenu à partir du filtre de Prescott et Hodrick. Nous avons calculé l’écart type sur des périodes d’amplitude septennales. Pour notre régression nous avons répété la valeur de l’écart type sur toutes les années de la période.
35 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
III. RESULTATS DES ESTIMATIONS EMPIRIQUES
Dans cette partie, nous présentons les résultats des estimations économétriques ainsi que
leur interprétation économique en passant par une présentation des statistiques descriptives.
A. Statistiques descriptives
Tableau 11: Statistiques descriptives des variables endogènes et exogènes
Variables Obs Mean Std. Dev Min Max
pib_tete 231 5.262 0.233 4.888 5.747
Devfin 231 3.91e-08 0.884 -1.650 2.358
Instfin 231 0.241 0.111 0.079 0.615
Trade 231 1.800 0.157 1.371 2.092
Depub 231 1.156 0.177 0.586 1.651
Infla 231 0.043 0.075 -0.142 0.577
Educ 231 0.728 0.447 0.100 2.040
Source: calcul de l’auteur
Le PIB par tête est en moyenne égal à 5.262 sur la période d’étude. La différence de ses
valeurs extrêmes laisse entrevoir que cette variable est resté relativement stable. La moyenne
de l’indicateur de développement financier est presque nulle, cela est normal car les variables
ont été centrées et réduite. Cependant l’analyse des valeurs extrêmes (Minimum et
maximum) de l’indicateur de développement financier montre que ce dernier a été très
volatile sur la période considérée. L’écart type (0.884) vient confirmer ce constat ce qui
pourrait expliquer un certain dynamisme du secteur financier.
36 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Tableau 12: Corrélation des variables
Pib_tete Devfin Instfin Trade Depub Infla Educ
Pib_tete 1
Devfin 0.564*** 1
Intfin -0.136* 0.347*** 1
Trade 0.464*** 0.440*** 0.068 1
Depub 0.199*** -0.082 -0.166** 0.157** 1
Infla 0.035 0.019 -0.027 0.039 -0.102 1
Educ 0.363*** 0.307*** 0.263*** 0.336*** 0.433*** -0.029 1
Sources: calcul de l’auteur. (*) Significatif à 10%; (**) significatif à 5%; significatif à 1%.
L’analyse de la corrélation entre les variables nous permet de faire deux constats
importants, le PIB par tête est corrélé positivement à l’indicateur de développement financier
et négativement à l’indicateur d’instabilité financière au seuil de 5%. Par ailleurs l’indice de
développement financier est corrélé positivement à l’indice d’instabilité financière. Ces
constats vont dans le sens de nos attentes.
B. Test de spécification des équations
Les données de panel sont utilisées pour étudier des phénomènes dans leur diversité et leur
dynamique. Puisque nous travaillons sur des données de panel, nous commencerons par les
tests de spécification du modèle afin de savoir si nous retiendrons le modèle sans effets
individuels ou le modèle avec effets individuels.
A cet effet nous effectuons les tests de Breusch-Pagan et le test de Hausman. Le test de
Breusch-Pagan permet de faire le choix entre le modèle sans effets et le modèle à effets
aléatoires. Le second test s’applique au modèle avec effets individuels et a l’avantage de faire
un arbitrage entre le modèle à effets fixes et le modèle à effets aléatoires.
Les résultats du test de Breusch-Pagan sur l’equation1 sont consignés dans le tableau suivant:
37 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Tableau 13 : Test de Breusch-Pagan (Modèle 1)
Var Sd = sqrt (Var)
Pib_tete 0.054 0.233
E 0.002 0.042
U 0.081 0.285
Test: var (u) = 0 chibar2 = 2423.24 Prob > chibar2 = 0.000
Source: calcul de l’auteur
La probabilité associe à la statistique chibar vaut 0, donc nous n’aurons pas tort de rejeter
l’hypothèse nulle d’un modèle sans effets. Ce résultat nous conduit à effectuer le test de
Hausman consignés dans le tableau suivant:
Tableau 14 : Test de Hausman (modèle 1)
(b) Fix (B) Ran (b-B) difference
Devfin 0.O38 0.039 -0.000
Trade -0.189 -0.187 -0.002
Depub 0.141 0.140 0.001
Infla 0.053 0.054 -0.000
Educ 0.015 0.016 -0.001
Chi2 (5) =0.55 Prob > chi2 = 0.990
Source: calcul de l’auteur
Les résultats conduisent à accepter la présence d’effets aléatoires car la probabilité de la
statistique du Chi2 vaut 0.9902 et est supérieure au seuil critique (5% et 10%).
En ce qui concerne l’équation 2, le test de Breusch-Pagan conduit à ne pas rejeter l’hypothèse
nulle d’absence d’effets individuels.
38 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Tableau 15 : Test de Breusch-Pagan (modèle 2)
Var sd = sqrt (Var)
Pib_tete 0.054 0.233
E 0.002 0.040
U 0 0
Test: var (u) =0 chibar2 = 0 Prob > chibar2 = 1.000
Source: calcul de l’auteur
C. Résultats empiriques et interprétations
a. Estimation de l’équation entre la croissance économique et le développement
financier
Nous utilisons l’estimateur des Moindres Carres Généralisés pour estimer la relation de
long terme entre la croissance économique et le développement financier dans l’UEMOA. Le
tableau ci-dessous présente les résultats des estimations de la première équation.
Tableau 16 : Croissance économique et développement financier
(1)
VARIABLES pib_tete
Devfin 0.0379***
(0.00466)
Infla 0.0536
(0.0377)
Depub 0.140***
(0.0268)
Trade -0.187***
(0.0336)
Educ 0.0156
(0.0178)
Constant 5.423***
(0.123)
Observations 231
Nombre de pays 7 Source: calcul de l’auteur ; (*) significatif à 10%; (**) significatif à 5% ; (***) significatif à 1%. Les variables
entre parenthèse sont les écart-types
Les résultats font ressortir un coefficient positif et significatif de l’indicateur de
développement financier. En effet une hausse de 1% de l’indice de développement financier
39 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
entraine une hausse de la croissance de 0,038%. Une augmentation de l’indice de
développement financier peut être du soit à une hausse des crédits à l’économie qui englobe
les crédits au secteur privé, soit une hausse de la masse monétaire. Une augmentation des
crédits à l’économie ou des crédits au secteur privé permet de mettre à la disposition des
agents économiques des ressources financières destinées à l’investissement. Ces
investissements privés ont un impact positif sur la croissance. En ce qui concerne la masse
monétaire, la facilitation des transactions qui augmente en volume affecte positivement la
croissance à long terme. Ainsi le secteur financier en accomplissant ses fonctions
traditionnelles que sont la mobilisation de l’épargne, la facilitation des échange et l’allocation
des ressources affecte positivement l’activité économique (R. Levine, 1998; J. Egoh, 2009;
N. Loayza et R. Rancière, 2005). Ces résultats confirment nos hypothèses de recherches et
sont en phase avec la théorie sur le lien entre la croissance économique et le développement
financier.
En ce qui concerne nos variables de contrôle, seuls l’ouverture commerciale et le ratio des
dépenses publiques par le PIB sont significatifs. Le coefficient de taux d’ouverture
commerciale est négatif ce qui signifie qu’une hausse de 1% de ce taux entrainerai une baisse
de 0,187% du PIB par tête. Ces résultats vont dans le même sens que ceux de Keho, 2012,
Egoh, 2009. Ce résultat pourrait s’expliquer par la nature des échanges internationaux des
pays de la zone. En effet, les exportations de l’union sont dominées par les matières
premières à faible valeur ajoutée ce qui ne permet pas la création de richesse. En ce qui
concerne les importations, elles sont fortement composées de produits manufacturiers
destinés à la consommation finale qui est faiblement utilisé par le secteur industriel créatrice
de richesse. Par conséquent, cette situation génère un déficit permanent de la balance
commercial, donc une perte de la compétitivité des pays de la zone ce qui n’est pas favorable
à la croissance.
Le coefficient du ratio des dépenses publiques sur le PIB est apparu positifs et
statistiquement significatifs. Ainsi une hausse de 1% de ratio entrainerait une hausse du PIB
par tête de 0,14% à long terme. Ce signe positif des dépenses publiques corroborent les
travaux. L’analyse de l’évolution des dépenses en capital des pays de notre échantillon
montre une hausse de celles-ci sur la période considérée. Cette progression des dépenses
publiques pourrait expliquer le signe positif dans nos régressions.
40 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
L’inflation a un coefficient positif ce qui laisse entrevoir que cette variable aurait une
influence positive sur la croissance. Cependant le coefficient est statistiquement non
significatif. On peut interpréter cette situation par le fait la maitrise de l’inflation est l’objectif
principal de la politique monétaire de la Banque centrale. La variable éducation est apparue
non significative dans les régressions.
b. Estimation de l’équation entre la croissance économique et le développement
financier intégrant l’instabilité financière
Le test de spécification Breusch-Pagan nous a conduits à ne pas rejeter l’hypothèse
d’homogénéité du modèle. Dans ces conditions une estimation par les moindres carrés
ordinaires nous donne des estimateurs consistants et efficaces. Les résultats d’estimation sont
consignés dans le tableau suivant.
Tableau 17 : Croissance économique, développement financier et instabilité financière
(2)
VARIABLES pib_tete
Devfin 0.150***
(0.0146)
Instfin -0.813***
(0.108)
Infla 0.0660
(0.143)
Depub 0.0912
(0.0718)
Trade 0.235***
(0.0782)
Educ 0.108***
(0.0301)
Constant 4.849***
(0.157)
Observations 231
Nombre de pays 7 Source: calcul de l’auteur ; (*) significatif à 10%; (**) significatif à 5%; (***) significatif à 1%. Les variables
entre parenthèse sont les écart-types
L’introduction de l’indicateur d’instabilité financière dans les régressions montre que cette
variable donne un coefficient négatif et significatif. Ce qui laisse entendre que l’instabilité
financière, à long terme, affecterait négativement la croissance économique dans l’UEMOA.
Ces résultats corroborent ceux de Kpodar, 2004; Eggoh, 2009; Kupukile et Enowbi, 2012. En
41 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
effet, ces auteurs ont trouvé dans leurs études que l’instabilité financière a un effet négatif et
statistiquement significatif sur la croissance économique dans les pays de leur échantillon.
L’indicateur de développement financier reste toujours positif et significatif. Toutefois nos
résultats montrent que l’introduction de l’instabilité financière à augmenter le coefficient de
l’indicateur de développement financier contrairement à nos attentes. On constate également
que le coefficient de l’instabilité financière est supérieur en valeur absolue à celui du
développement financier. Cette situation pourrait s’expliquer par le fait le développement
financier entraine une augmentation du volume des transactions financière, l’allocation des
ressources vers les investissements productifs et une hausse du risque que les agents
économiques en matière d’emprunt.
Nous avons effectué également une analyse de l’effet combiné de ces deux variables sur la
croissance en croissant ces deux variables. Cependant le résultat nous a donné un coefficient
négatif statistiquement non significatif. Cela ne nous permet pas d’affirmer que les effets
positifs du développement financier sont complètement anéantis par ceux de l’instabilité
financière à long terme. Toutefois nous avons constaté que le développement financier bien
qu’ayant des effets positifs sur la croissance génèrent l’instabilité financière qui, quant à elle,
affecte négativement la croissance économique.
42 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
CONCLUSION
Dans cette étude, nous nous sommes intéressés à la relation entre la croissance économique
et le développement financier d’une part, et l’effet de la prise en compte de l’instabilité
financière dans cette relation. A cet effet, nous avons construit un indice de développement
financier à l’aide de l’Analyse en Composante Principale (ACP) en combinant trois
indicateurs de développement financier que sont le ratio des crédits à l’économie rapporté au
PIB, le ratio des crédits accordés au secteur privé rapporté au PIB et le ratio de la masse
monétaire M2 rapporté au PIB. Ensuite, nous avons construit l’indicateur d’instabilité
financière en filtrant notre indicateur de développement financier à l’aide du filtre de Hodrick
et Prescott. L’instabilité financière correspond à l’écart type de la composante cyclique de
l’indicateur de développement financier obtenu sur des périodes septennales puisque nous
travaillons sur des données de panel.
L’analyse économétrique sur la période 1980-2012 sur un panel de sept pays de l’UEMOA
nous a permis de trouver une relation positive et significative entre la croissance économique
et le développement financier. En outre, l’introduction de l’instabilité financière a permis de
montrer que celle-ci était néfaste à la croissance économique. Toutefois nous avons montré
que l’effet combiné du développement financier et de son instabilité sur la croissance n’est
pas significatif. Ainsi une politique répression financière visant à limiter le développement du
secteur financier de la zone ne saurait être justifié.
En termes de recommandations de politique économique, nos résultats nous conduisent à en
faire un certain nombre. Premièrement, nous pensons que le développement financier est
souhaitable dans la recherche d’une croissance soutenu et durable dans l’UEMOA. Cela doit
se faire dans un cadre règlementaire et juridique claire allant dans le sens de la promotion du
secteur financier. En outre, la présence de l’instabilité financière nous permet de faire savoir
que même si le développement est souhaitable, il faudrait qu’il soit plus régulier afin de
permettre un meilleur suivi du secteur financier et mieux anticiper sur les éventuelles dérives
financières.
L’une des limites de notre étude est lie aux limites des panels stationnaires. En outre, nous
avons la non-prise en compte de la capitalisation obligataire comme indicateur du
développement financier. Cet indicateur aurait permis d’affiner nos résultats vu la
progression du marché financier ces dernières années. Enfin, nous n’avons pris en compte
43 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
l’effet dynamique dans notre modélisation. Un panel dynamique nous aurait permis de
distinguer les effets à court termes des effets à long terme. Nous pensons que cette étude
pourrait être améliorée en prenant en compte les limites ci-mentionnées.
44 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
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47 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
ANNEXES
Annexe 1 Analyse en Composante Principale
Graphique 1 : Evolution des indicateurs de développement financier
m2_pib 0.4480 0.8833 0.1380 0
crdpriv_pib 0.6471 -0.2138 -0.7318 0
crdco_pib 0.6169 -0.4172 0.6674 0
Variable Comp1 Comp2 Comp3 Unexplained
Principal components (eigenvectors)
Comp3 .0918635 . 0.0306 1.0000
Comp2 .71541 .623547 0.2385 0.9694
Comp1 2.19273 1.47732 0.7309 0.7309
Component Eigenvalue Difference Proportion Cumulative
Rotation: (unrotated = principal) Rho = 1.0000
Trace = 3
Number of comp. = 3
Principal components/correlation Number of obs = 231
. pca crdco_pib crdpriv_pib m2_pib
. *ANALYSE EN COMPOSANTE PRINCIPALE
10
20
30
40
50
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
SENEGAL
10
20
30
40
50
60
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
COTE D'IVOIRE
0
10
20
30
40
50
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
BENIN
4
8
12
16
20
24
28
32
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
BURKINA FASO
0
10
20
30
40
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
MALI
0
5
10
15
20
25
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
NIGER
10
20
30
40
50
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
CREDECO CREDPRIV M2
TOGO
48 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Graphique 2: Evolution du PIB par tête
Annexe 3 : Test de Breusch-Pagan (Modèle 1)
Annexe 4 : Test de Breusch-Pagan (Modèle 2)
5.46
5.48
5.50
5.52
5.54
5.56
5.58
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
SENEGAL
5.55
5.60
5.65
5.70
5.75
5.80
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
COTE D'IVOIRE
4.98
5.00
5.02
5.04
5.06
5.08
5.10
5.12
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
BENIN
5.0
5.1
5.2
5.3
5.4
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
BURKINA FASO
4.85
4.90
4.95
5.00
5.05
5.10
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
MALI
5.10
5.15
5.20
5.25
5.30
5.35
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
NIGER
5.15
5.20
5.25
5.30
5.35
5.40
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
TOGO
Prob > chibar2 = 0.0000
chibar2(01) = 2423.24
Test: Var(u) = 0
u .081338 .2851981
e .0017873 .0422767
pib_tete .0541842 .2327751
Var sd = sqrt(Var)
Estimated results:
pib_tete[pays,t] = Xb + u[pays] + e[pays,t]
Breusch and Pagan Lagrangian multiplier test for random effects
. xttest0
. quietly xtreg pib_tete devfin trade depub infla educ,re
49 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
Annexe 5: Test de Hausman (modèle 1)
Annexe 6 : Estimation de l’équation de la croissance et du développement financier
(modèle 1)
(1)
VARIABLES pib_tete
Devfin 0.0379***
(0.00466)
infla 0.0536
(0.0377)
Prob > chibar2 = 1.0000
chibar2(01) = 0.00
Test: Var(u) = 0
u 0 0
e .001609 .040113
pib_tete .0541842 .2327751
Var sd = sqrt(Var)
Estimated results:
pib_tete[pays,t] = Xb + u[pays] + e[pays,t]
Breusch and Pagan Lagrangian multiplier test for random effects
. xttest0
. quietly xtreg pib_tete devfin instfin trade depub infla educ,re
Prob>chi2 = 0.9902
= 0.55
chi2(5) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B)
Test: Ho: difference in coefficients not systematic
B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from xtreg
b = consistent under Ho and Ha; obtained from xtreg
educ .0147718 .0155802 -.0008084 .0019989
infla .0533176 .0535672 -.0002497 .0034761
depub .1408452 .139921 .0009241 .0028305
trade -.1886432 -.1866305 -.0020127 .0034488
devfin .0376303 .0378882 -.000258 .0004681
fix ran Difference S.E.
(b) (B) (b-B) sqrt(diag(V_b-V_B))
Coefficients
. hausman fix ran
. estimate store ran
. quietly xtreg pib_tete devfin trade depub infla educ,re
. estimate store fix
. quietly xtreg pib_tete devfin trade depub infla educ ,fe
50 BAH Mamadou Master II E.B.F.Q
depub 0.140***
(0.0268)
trade -0.187***
(0.0336)
educ 0.0156
(0.0178)
Constant 5.423***
(0.123)
Observations 231
Number of pays 7
Annexe 7 : Estimation de l’équation de la croissance et le développement financier
intégrant l’instabilité financière (modèle 2)
(2)
VARIABLES pib_tete
Devfin 0.150***
(0.0146)
instfin -0.813***
(0.108)
infla 0.0660
(0.143)
depub 0.0912
(0.0718)
trade 0.235***
(0.0782)
Educ 0.108***
(0.0301)
Constant 4.849***
(0.157)
Observations 231
Number of pays 7