ÉTUDE DE L'IMPACT DES STRESSEURS ORGANISATIONNELS SUR LE BIEN-ETRE ET LES COMPORTEMENTS PROSOCIAUX...

17
XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims ÉTUDE DE LIMPACT DES STRESSEURS ORGANISATIONNELS SUR LE BIEN-ETRE ET LES COMPORTEMENTS PROSOCIAUX DES SALARIES DANS UN CONTEXTE DE FLEXIBILITE Assâad EL AKREMI Université de Toulouse 1 – LIRHE Université des Sciences Sociales Place Anatole France 31042 TOULOUSE Cedex 05 61 63 38 67 [email protected] Nejla HADDAJI Institut Supérieur de Gestion de Tunis 41 rue de la Liberté 4000 Le Bardo, TUNIS [email protected] Narjes SASSI Université de Toulouse 1 – LIRHE Université des Sciences Sociales Place Anatole France 31042 TOULOUSE Cedex [email protected] Résumé : Les avantages des formes flexibles d’organisation en termes de réduction des coûts et d’augmentation de la productivité semblent être surévalués compte tenu des coûts sociaux et psychologiques qu’elles engendrent. Un contexte de flexibilité du travail s’accompagne souvent d’une accentuation des contraintes professionnelles, d’une dégradation du climat de travail et d’une fragilisation des salariés. Afin d’apporter davantage de précision concernant les coûts inhérents à la recherche de la flexibilité, notre étude a deux objectifs. Il s’agit d’abord de mettre l’accent sur la dégradation du bien-être des salariés causée par un ensemble de stresseurs organisationnels récurrents dans un contexte de flexibilité. Il s’agit ensuite de tester un modèle intégrant à la fois les causes de ce malaise et ses effets négatifs pour l’organisation. Les conséquences concernent spécifiquement la diminution des comportements prosociaux et l’augmentation de l’intention de départ. Le test du modèle de recherche est basé sur des données recueillies suite à l’administration d'un questionnaire auprès de 340 salariés tunisiens, travaillant dans un contexte de flexibilité. Les résultats obtenus ont permis de relativiser l’hypothèse d’un rôle médiateur d’un état de stress et d’usure entre les stresseurs organisationnels et les comportements et attitudes au travail. Les hypothèses relatives aux effets modérateurs de l’anxiété et des stratégies de coping sur l’accentuation versus la diminution du stress sont partiellement vérifiées dans notre échantillon d’étude. La discussion des résultats met l’accent sur le poids des facteurs de stress activés par un contexte de flexibilité qui causent non seulement la détérioration du bien-être des individus au travail mais également la fragilisation de leur rapport à l’organisation. Mots-clés : contexte de flexibilité, stress, comportements citoyens au travail, intention de quitter. 1

Transcript of ÉTUDE DE L'IMPACT DES STRESSEURS ORGANISATIONNELS SUR LE BIEN-ETRE ET LES COMPORTEMENTS PROSOCIAUX...

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

ÉTUDE DE L’IMPACT DES STRESSEURS ORGANISATIONNELS SUR LE BIEN-ETRE ET LES COMPORTEMENTS PROSOCIAUX DES SALARIES

DANS UN CONTEXTE DE FLEXIBILITE

Assâad EL AKREMI Université de Toulouse 1 – LIRHE Université des Sciences Sociales

Place Anatole France 31042 TOULOUSE Cedex

05 61 63 38 67 [email protected]

Nejla HADDAJI

Institut Supérieur de Gestion de Tunis 41 rue de la Liberté

4000 Le Bardo, TUNIS [email protected]

Narjes SASSI

Université de Toulouse 1 – LIRHE Université des Sciences Sociales

Place Anatole France 31042 TOULOUSE Cedex

[email protected] Résumé :

Les avantages des formes flexibles d’organisation en termes de réduction des coûts et d’augmentation de la productivité semblent être surévalués compte tenu des coûts sociaux et psychologiques qu’elles engendrent. Un contexte de flexibilité du travail s’accompagne souvent d’une accentuation des contraintes professionnelles, d’une dégradation du climat de travail et d’une fragilisation des salariés. Afin d’apporter davantage de précision concernant les coûts inhérents à la recherche de la flexibilité, notre étude a deux objectifs. Il s’agit d’abord de mettre l’accent sur la dégradation du bien-être des salariés causée par un ensemble de stresseurs organisationnels récurrents dans un contexte de flexibilité. Il s’agit ensuite de tester un modèle intégrant à la fois les causes de ce malaise et ses effets négatifs pour l’organisation. Les conséquences concernent spécifiquement la diminution des comportements prosociaux et l’augmentation de l’intention de départ. Le test du modèle de recherche est basé sur des données recueillies suite à l’administration d'un questionnaire auprès de 340 salariés tunisiens, travaillant dans un contexte de flexibilité. Les résultats obtenus ont permis de relativiser l’hypothèse d’un rôle médiateur d’un état de stress et d’usure entre les stresseurs organisationnels et les comportements et attitudes au travail. Les hypothèses relatives aux effets modérateurs de l’anxiété et des stratégies de coping sur l’accentuation versus la diminution du stress sont partiellement vérifiées dans notre échantillon d’étude. La discussion des résultats met l’accent sur le poids des facteurs de stress activés par un contexte de flexibilité qui causent non seulement la détérioration du bien-être des individus au travail mais également la fragilisation de leur rapport à l’organisation. Mots-clés : contexte de flexibilité, stress, comportements citoyens au travail, intention de quitter.

1

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Les transformations des configurations organisationnelles sont marquées par le recours accru à la flexibilité. Les avantages en termes de réduction des coûts et d’augmentation de la productivité sont considérés comme une source de création de valeur et d’avantage compétitif pour l’entreprise (Almer et Kaplan, 2002 ; Li et Li, 2000 ; Sanchez, 2002 ; Sparrow, 1998 ; Zhang, Vonderembse et Lim, 2003). Régie par une double préoccupation, souvent difficile à concilier, la recherche de flexibilité a pour vocation de faciliter des ajustements permanents à un contexte économique instable, et d’assurer la mobilisation d’une main-d’œuvre qualifiée, loyale et fiable. Dans ce contexte, le salarié est tenu de s’investir et d’investir de ses ressources pour s’adapter aux conditions de travail. Toutefois, face à une différenciation des relations salariales, à l’intensification des contraintes et au transfert des risques économiques aux travailleurs, la situation du salarié n’est pas toujours avantageuse (De Zanet et Vandenberghe, 2005). Un contexte de flexibilité organisationnelle peut ainsi devenir la source de certaines menaces professionnelles, de vulnérabilité et de précarité salariale (De Nanteuil et El Akremi, 2005 ; Jenkins, 1998 ; Saundry, 1998 ; Wilthagen, 2002).

L’objectif de cette recherche est double. Il s’agit d’abord de mettre l’accent sur la menace du bien-être des salariés exercée par un ensemble de stresseurs organisationnels dans un contexte de flexibilité. Il s’agit ensuite de tester un modèle intégrant à la fois les causes de ce malaise et ses effets négatifs pour l’organisation. L’analyse des conséquences concerne spécifiquement la diminution de l’attachement des salariés à l’organisation et de leurs comportements prosociaux (Schultz, McClain et Thomas, 2003 ; Cropanzano, Rupp et Byrne, 2003). Afin de répondre à ces objectifs, nous présenterons d’abord le cadre théorique basé sur l’analyse des facteurs d’altération du bien-être des salariés dans un contexte de flexibilité organisationnelle (De Nanteuil et El Akremi, 2005 ; Everaere, 1999) et sur la théorie de la conservation des ressources du stress (Hobfoll, 1989, 2001a, 2001b ; Hobfoll et Freedy, 1993 ; Wright et Hobfoll, 2004). L’étude empirique est réalisée par un questionnaire administré à 340 salariés tunisiens. Nous discuterons enfin les implications qui permettraient d’identifier les stresseurs organisationnels dans un contexte de flexibilité accrue afin de minimiser leurs impacts négatifs sur les comportements prosociaux et de concilier la performance économique de l’entreprise avec la conservation du bien-être des salariés.

Cadre théorique

La recherche de flexibilité est généralement régie par une vision purement économique, où l’organisation vise à minimiser ses coûts en faisant varier soit son effectif, soit les heures de travail (De Nanteuil et El Akremi, 2005 ; Everaere, 1999). Les avantages économiques de telles pratiques ont souvent été démontrés (Almer et Kaplan, 2002 ; Kara, Kayis et O’Kane, 2002). Elles permettent notamment de « réduire le coût marginal de l’emploi, d’éviter les coûts de recrutement et de licenciement des salariés permanents et de bénéficier d’une disponibilité presque instantanée de la main-d’œuvre » (Devos et El Akremi, 2005, p. 207). Cependant, de plus en plus de chercheurs s’interrogent sur les dilemmes et les limites des formes flexibles de travail (Almer, Cohen et Single, 2004 ; Cohen et Single, 2001 ; Foote, 2001 ; Saundry, 1998). Dans un contexte de flexibilité, les avantages économiques semblent être surévalués par rapport aux coûts sociaux et psychologiques (Schultz et al., 2003 ; De Nanteuil et El Akremi, 2005). Les salariés sont les premiers à en subir les conséquences. Les plus vulnérables d’entre eux sont ainsi victimes d’une précarisation des rapports salariaux (Everaere, 1997, 1999), d’une individualisation démesurée des pratiques de GRH (Everaere, 1997), d’une intensification du travail (Simpson, 1998) et d’un déséquilibre entre les responsabilités familiales et celles professionnelles (Bruck, Allen et Spector, 2002 ; Demerouti, Bakker et Bulters, 2004).

2

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

La recherche de flexibilité organisationnelle peut générer des nuisances pour les salariés en s’accompagnant de facteurs de stress au travail qui altèrent leur bien-être et affectent leurs attitudes et comportements (Almer et al., 2004 ; Aubert et Pagès, 1989 ; Chanlat, 1990; Cohen et Single, 2001 ; Schabracq et Cooper, 1997). Dans ce contexte, l’état de tension est généré par une menace des ressources que l’individu valorise, telles que son statut, sa stabilité, son temps, son énergie, sa santé, sa famille et son revenu. En focalisant sur la notion de ressource, nous retenons comme cadre d’analyse du stress professionnel, la théorie de la conservation des ressources (COR) de Hobfoll (1989). Selon cette théorie, le stress et l’usure résultent principalement d’une érosion des ressources de l’individu (Dierendonck, Schaufeli et Buunk, 2001 ; Hatinen, Kinnunen, Pekkonen et Aro, 2004 ; Grandey et Cropanzano, 1999). Les ressources correspondent à des objets, des caractéristiques personnelles, des facteurs ou une énergie quelconque que l'individu valorise ou qui est susceptible d'apporter ou de préserver une autre ressource de valeur supérieure (Hobfoll, 1989, 2001b). La tension de stress adviendrait dans trois cas de figure : lorsque la ressource est menacée, lorsqu’elle est perdue ou lorsque l’individu a investi une ressource et n’a pas reçu la contrepartie à laquelle il s’attendait.

Ces situations de déséquilibre se fondent sur un principe élémentaire, celui de la primauté du sentiment de perte (Hobfoll, 1989, 2001a, 2001b ; Hobfoll et Freedy, 1993 ; Wright et Hobfoll, 2004). L’importance attribuée à la ressource conditionne l’intensité de l’attachement à celle-ci et la valeur que l’individu lui accorde ; la moindre perte ou menace la concernant est provocatrice d’un déséquilibre. Pour faire face à une perte de ressources, l’individu est obligé d’en investir d’autres. Investir sans l’attente d’un gain, ou sans la probabilité d’accroître ses ressources actuelles, serait une source de stress ainsi qu’une cause du burnout (Hobfoll et Freedy, 1993 ; Maslach et Schaufeli, 1993). S’agissant d’un contexte de flexibilité, les ressources potentiellement en danger relèveraient du travail lui-même (en termes de stabilité, de statut et de mode d’organisation), du bien-être et de la santé des salariés ainsi que des sphères valorisées de la vie, essentiellement, la sphère familiale vers laquelle l’individu se replie et qui est souvent la première à subir les déboires de la vie professionnelle. La menace des ressources de l’individu semble être centrale pour expliquer le stress professionnel et ses conséquences en termes de diminution des comportements prosociaux des salariés.

Hypothèses et modèle de recherche

Notre modèle de recherche étudie la détérioration du bien-être des salariés occasionnée par les facteurs de stress les plus récurrents dans un contexte de flexibilité. Le sentiment d’insécurité du travail figure parmi les facteurs majeurs caractérisant ce mode d’organisation (Klein, Hesselink et Vuuren, 1999). Ce sentiment naît de la levée des obstacles juridiques et administratifs en matière d’emploi et des incertitudes qui l’accompagnent (Atkinson, 1985 ; Everaere, 1997). Il correspond globalement à un sentiment d’impuissance à maintenir et à préserver son emploi en raison de la présence et/ou de la perception d’une situation menaçante (Ashford, Lee et Bobko, 1989 ; Greenhalgh et Rosenblatt, 1984). Cette perception d’insécurité aurait deux causes principales. Il s’agit d’abord de la menace de perdre la totalité de son travail ou même une caractéristique de ce dernier. Les trajectoires professionnelles semblent alors aléatoires et le sentiment permanent d’incertitude devient délétère et oppressif. Le second facteur résulte de l’impuissance des salariés face à une telle insécurité, puisqu’ils ne disposent pas de pouvoir d’action sur cette menace. Selon plusieurs recherches, la perception de l’insécurité du travail parait particulièrement inhérente à un contexte de flexibilité (Klein et al., 1999) et elle est souvent retenue comme un facteur important du stress professionnel (De Witte, 1999 ; Sverke et Hellgren, 2002).

3

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Hypothèse 1a. Dans un contexte de flexibilité, la perception de l’insécurité du travail influence positivement la tension de stress.

La recherche de flexibilité va de pair avec l’intensification des contraintes et l’augmentation de la charge quantitative du travail (Schabracq et Cooper, 1997, 2000 ; Simpson, 1998). Les nouvelles cadences et rythmes de travail imposés par les restructurations des modes opératoires constituent alors une importante source de stress et de nuisance psychologique (Greenglass, Burke et Moore, 2003 ; Schabracq et Cooper, 2000). Des difficultés liées à l’accomplissement des rôles paraissent également associées à ce contexte. Ainsi, l’urgence et l’imprévisibilité afférentes génèrent l’absence d’informations précises et clairement communiquées aux salariés, ainsi que des conflits naissant de l’empiètement des rôles des uns sur ceux des autres. L’ambiguïté et les conflits de rôle semblent alors être accentués dans un contexte de flexibilité et ces facteurs favorisent la manifestation d’un état de stress au travail (Rizzo, House et Lirtzman, 1970 ; Toppinen-Tanner, Kalimo et Mutanen, 2002).

Hypothèse 1b. Dans un contexte de flexibilité, la charge quantitative de travail influence positivement la tension de stress.

Hypothèse 1c. Dans un contexte de flexibilité, l’ambiguïté de rôle influence positivement la tension de stress.

Hypothèse 1d. Dans un contexte de flexibilité, les conflits de rôle influencent positivement la tension de stress.

Les conflits naissant de l’interférence négative entre la sphère professionnelle et celle familiale sont également à prendre en considération lorsqu’il s’agit d’analyser les différents facteurs de stress professionnel dans un contexte de flexibilité. L’interférence entre les deux sphères professionnelle et familiale peut être abordée selon une logique interactive et circulaire. D’une part, les contraintes vécues au travail provoqueraient une détérioration de l’équilibre familial, et d’autre part les difficultés familiales fragiliseraient l’individu face aux contraintes vécues au travail (Stoeva, Chiu et Greenhaus, 2002 ; Wayne, Musisca et Fleeson, 2004). Dans cette étude, l’accent est mis sur les exigences de l’emploi, le temps consacré pour sa réalisation et la tension créée par les caractéristiques du travail flexible qui entraveraient l’accomplissement des responsabilités familiales (Netemeyer, Boles et McMurrian, 1996 ; Stoeva et al., 2002 ; Carlson et Kacmar, 2000). La recherche d’un certain équilibre travail/famille demeure l’un des objectifs visés par l’instauration des horaires et arrangements flexibles (Anderson, Coffey et Byerly, 2002 ; Jamal, 2004 ; Kossek, Lautsch et Eaton, in press). Cependant, l’échec de telles politiques prend toute son ampleur lorsque ces arrangements contribuent à la désynchronisation des employés par rapport à certains temps sociaux (Aryee, Srinivas et Tan, 2005 ; Ashforth, Kreiner et Fugate, 2000 ; Jamal, 2004) ou lorsque ces arrangements ne sont ni demandés ni consentis par les salariés eux-mêmes. Le stress professionnel serait ainsi conséquent à un empiètement des exigences du travail sur la réalisation des responsabilités familiales (Demerouti et al., 2004 ; Frone, 2003 ; Frone, Russel et Cooper, 1992 ; Greenhaus, Parasuraman et Collins, 2001).

Hypothèse 1e. Les conflits induits par le travail sur le domaine de la famille influencent positivement le stress professionnel.

La sensibilité des individus aux facteurs de stress dans un contexte de flexibilité diffère selon le profil psychologique et affectif de la personne (Anson, Bernstein et Hobfoll, 1984 ; Wofford, Goodwin et Daly, 1999). La nature anxieuse de certains individus aurait par exemple un effet d’intensification de la tension de stress (Bruck et Allen, 2003 ; Spielberger et Reheiser, 1995). Ce trait de la personnalité caractérise les personnes qui se sentent très fréquemment menacées par un danger potentiel imminent alors qu’en réalité ce danger n’est

4

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

que le fait de leur évaluation amplifiée des choses (Doby et Caplan, 1995). L’introduction dans notre modèle de recherche de ce trait de personnalité nous permet de mettre l’accent sur les différences interindividuelles par rapport à la sensibilité et à la perception négative des facteurs de stress qui menacent les ressources que l’individu valorise. Plusieurs recherches ont montré l’impact de l’anxiété sur l’accentuation de l’effet des stresseurs organisationnels sur les manifestations somatiques de stress et sur l’irritabilité des individus (Lee, Ashforth et Jamieson, 1993 ; Spielberger et Reheiser, 1995).

Hypothèse 2. L’anxiété intensifie la sensibilité aux facteurs de stress au travail.

L’exposition chronique aux stresseurs organisationnels véhiculés par un contexte de flexibilité peut être à la base de la manifestation d’un état de burnout chez les salariés (Cordes et Dougherty, 1993 ; Halbesleben et Buckley, 2004 ; Maslach et Schaufeli, 1993). Ce processus en trois phases est surtout révélateur de l’érosion des ressources émotionnelles du salarié, de la distance qu’il crée et maintient avec son travail et de son cynisme grandissant lorsqu’il doit faire face à des menaces continues des ressources qu’il valorise (Hobfoll, 2001a ; Wright et Hobfoll, 2004). Face à cette menace, l’individu déploie des mécanismes psychologiques, cognitifs et comportementaux afin de retrouver son équilibre et son bien-être psychologiques. Il fait appel à ses ressources adaptatives et ses stratégies de coping (Lazarus et Folkman, 1984) qui lui permettent de préserver la ressource “bien-être”. Les ressources mobilisées pour faire face à la menace génératrice de stress sont de deux natures : individuelles et collectives. Celles individuelles correspondent à des énergies personnelles qui permettent de contrecarrer l’effet négatif de la menace qui plane sur le bien-être (Lazarus et Folkman, 1984 ; Endler et Parker, 1990 ; Parker, Endler et Bagby, 1994). Celles collectives nécessitent de faire appel au soutien social qui émane de la famille, des collègues, des supérieurs hiérarchiques ou des amis et qui permet d’avoir une assistance émotionnelle, psychologique et informationnelle pour faire face à la situation de déséquilibre (Bliese et Britt, 2001 ; Carlson et Perrewé, 1999). Pour notre modèle d’étude, il s’agit d’examiner le rôle modérateur des ressources adaptatives ou stratégies de coping dans l’atténuation ou l’évacuation de la tension de stress.

Hypothèse 3. Les stratégies de coping ont un rôle modérateur entre la tension de stress et le burnout.

Le développement de comportements de performance contextuelle est un des objectifs des stratégies de flexibilité. C’est un ensemble de comportements citoyens que l’entreprise cherche à développer ; comportements qui sont non reconnus par le système formel mais qui favorisent le fonctionnement efficient de l’organisation (Moorman, Blakely et Niehoff, 1998 ; Organ, 1988 ; Williams et Anderson, 1991). Cependant, et en conformité avec notre analyse des stresseurs organisationnels dans un contexte de flexibilité, les salariés souffrent d’un état d’épuisement qui fragilise leur engagement et leur attachement au travail (Demerouti, Bakker, Nachreiner et Ebbinghaus, 2002 ; Schaufeli et Bakker, 2004). Les coûts individuels en termes de détresse psychologique et d’érosion des ressources émotionnelles ont également une contrepartie négative que l’entreprise, rendue responsable de cet état, doit supporter (Cropanzano et al., 2003). D’abord, les employés épuisés auraient tendance à se limiter à leur rôle formel au travail. Ils sont alors loin de manifester des comportements de citoyenneté organisationnelle. Ensuite, l’exposition chronique à des situations de stress se traduit par une dégradation de la qualité de vie au travail qui peut favoriser l’intention de départ. Celle-ci correspond à un stade de cognition qui précède l’action de quitter l’entreprise (Jackson, Schwab et Schuler, 1986 ; Weiseberg et Sagie, 1999). Vulnérabilisés, les salariés stressés et épuisés seraient moins disposés à ressentir un attachement à l’organisation et à agir de manière prosociale.

5

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Hypothèse 4. Dans un contexte de flexibilité, le burnout influence négativement les comportements de citoyenneté organisationnelle.

Hypothèse 5. Dans un contexte de flexibilité, le burnout influence positivement l’intention de quitter l'entreprise.

La figure 1 résume l’ensemble des relations de médiations et de modérations qui fondent nos hypothèses de recherche et notre modèle d’analyse.

Figure 1 : Modèle théorique sur l’impact des facteurs de stress sur le bien-être et les comportements de citoyenneté organisationnelle et sur l’intention de départ dans un

contexte de flexibilité

Intention de départ de l'entreprise

Comportements de citoyenneté

organisationnelle

Stratégies de coping

Burnout Stress

Anxiété

Insécurité du travail

Surcharge de travail

Conflits de rôle

Interférence vie privée / vie

professionnelle

Ambiguïté de rôle

Méthodologie et étude empirique

Contexte et échantillon Les entreprises tunisiennes sont caractérisées par un recours massif aux pratiques de flexibilité, surtout en matière de politique d’emploi, et ce, depuis la crise des années quatre-vingt, consolidée par une accentuation des demandes des consommateurs et une ouverture sur les marchés internationaux. C’est dans un tel contexte que nous avons mis à l’épreuve notre modèle de recherche. Au préalable, une série d’entretiens avec des responsables de ressources humaines nous a permis de recueillir certains témoignages concernant les pratiques de flexibilité mises en place dans leur entreprise telles que le recours à la rémunération variable, au temps partiel, à la sous-traitance et aux contrats à durée déterminée. Évoluant dans un tel contexte, les répondants attribuent leur état de stress à l’insécurité face aux formes atypiques d’emploi, à la confusion et au flou qui caractérise la réalisation des tâches, à la surcharge de travail, à la faible autonomie accordée aux employés, ainsi qu’à la difficulté de concilier vie

6

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

familiale et vie professionnelle. Au total, 541 questionnaires ont été administrés auprès de salariés dans des entreprises des secteurs agro-alimentaire, industriel, du textile et de service. Avec un taux de retour de 62,85% notre échantillon final est composé de 340 cadres supérieurs et moyens. En majorité des hommes (68,52%), 70% d’entre eux ont entre 20 et 40 ans et près de 44.5% ont moins de 5 ans d’ancienneté.

Mesures Les échelles de mesure retenues pour notre questionnaire de recherche ont été soumises à

une traduction inversée de l’anglais au français et leur pré-test auprès d’un échantillon de 25 cadres nous a permis d’adapter certains items aux caractéristiques du contexte.

- Facteurs de stress dans un contexte de flexibilité : L’insécurité au travail a été mesurée par l’échelle de Ashford, Lee et Bobko (1989). Treize items ont été retenus dont dix mesurent la perception du risque de perte du travail ou d’une de ses caractéristiques et trois items sont consacrés à la dimension “manque de pouvoir” qui fonde la perception d’insécurité du travail. L’ambiguïté et le conflit de rôle ont été mesurés par l’échelle de Rizzo, House et Lirtzman (1970). L’échelle retenue pour mesurer la surcharge de travail est la “Quantitative Workload Inventory” développée par Spector et Jex (1998). Nous avons retenu l’échelle à cinq items de Netemeyer, Boles et McMurrian (1996) pour mesurer les conflits résultant de l’empiètement du travail sur les responsabilités et rôles familiaux.

- Stress et burnout : L'échelle composée de sept items de “Job-Induced Tension” de House et Rizzo (1972) est retenue pour mesurer le stress professionnel. Seule la dimension “épuisement émotionnel” - principale dimension du burnout (Lee et Ashforth, 1996 ; Schutte, Toppinen, Kalimo & Schaufeli, 2000) - est retenue pour rendre compte de l’état d’usure professionnelle. Les interviewés sont invités à indiquer, à la fois, la fréquence et l’intensité des états d’épuisement décrits dans les neuf items de cette dimension du “Maslach Burnout Inventory” (Maslach et Jackson, 1981).

- Anxiété et stratégies de coping : L’anxiété est assimilée à la peur de perdre le contrôle de soi face à des situations menaçantes. Ce trait de personnalité est mesuré par huit items de l’Anxiety Sensitivity Index-Revised (ASI-R) de Taylor et Cox (1998). Les stratégies de coping sont mesurées par les trente items de “Africultural Coping Systems Inventory” (Utsey, Adams et Bolden, 2000). Le choix de cette échelle de mesure, en cohérence avec l’échelle générique de Lazarus et Folkman (1984), nous permet d’avoir un ensemble des possibilités d’adaptation qui tienne compte des facteurs collectifs, culturels et religieux ; facteurs déterminants quant au choix et à la diversité des stratégies de coping (Siu, Spector, Cooper, Lu et Yu, 2002). Cette échelle compte quatre dimensions: le coping cognitif, le coping axé sur le rituel, le coping axé sur le spirituel et le coping axé sur le collectif ou le support social.

- Comportements de citoyenneté et intention de départ : Les comportements de citoyenneté organisationnelle sont mesurés par l’échelle bidimensionnelle de Williams et Anderson (1991). Une première dimension relative aux comportements orientés vers l’individu (OCB-I) compte six items et une deuxième dimension relative aux comportements orientés vers l’organisation (OCB-O) compte également six items. L’intention de départ est mesurée par les cinq items de l’échelle de Wayne, Shore et Liden (1997).

Analyses Les données collectées ont été soumises à des analyses exploratoires et confirmatoires. Dans un premier temps, une évaluation de la dimensionnalité, de la fiabilité et de la validité des échelles a été effectuée. Cet objectif est réalisé par une analyse factorielle exploratoire (analyse en axes principaux avec SPSS 12.0), une analyse de la cohérence interne et une analyse factorielle confirmatoire avec Lisrel 8.5. Une seconde analyse directement liée aux

7

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

objectifs de l’étude a consisté à tester les hypothèses de recherche à travers une analyse des pistes causales (Path Analysis) en ayant recours aux méthodes d’équations structurelles ; et ce afin de vérifier la significativité des relations entre les variables et de tester l’ajustement du modèle global avec les données recueillies (Roussel et al., 2002). Afin de tester les hypothèses relatives au rôle médiateur de stress entre d’une part les stresseurs organisationnels dans un contexte de flexibilité et d’autre part les comportements de citoyenneté et l’intention de départ, nous avons utilisé la démarche itérative proposée par Baron et Kenny (1986). Le test des effets modérateurs de l’anxiété et des stratégies de coping a été effectué selon la démarche de Ping (1995). Il s’agit d’effectuer des régressions hiérarchiques en intégrant des nouvelles variables créées en multipliant les scores des variables indépendantes et les scores des variables modératrices. Afin de réduire la multicolinéarité, toutes les variables ont été centrées (Cohen et al., 2003 ; El Akremi, 2005).

Résultats et discussion

Un récapitulatif des échelles de mesure retenues suite à l’analyse factorielle en axes principaux ainsi que leurs fiabilités sont présentées dans le tableau 1.

Tableau 1 : Récapitulatif des échelles de mesure et de leur fiabilité

Échelle Source Alpha de Cronbach 1- Anxiété

Taylor et Cox (1998) 0.810

2- Conflits de rôle Rizzo, House et Lirtzman (1970) 0. 754 3- Ambiguïté de rôle Rizzo, House et Lirtzman (1970) 0.794 4- Charge quantitative de travail Spector et Jex (1998) 0.710

Perte du travail : 0.808

5- Insécurité du travail

Ashford, Lee et Bobko (1989)

Manque de pouvoir : 0.766

6- Stress House et Rizzo (1972) 0.791 0.837 7- Epuisement émotionnel

(fréquence et intensité) Maslach et Jackson (1981)

0.806 8- Conflits travail/famille Netemeyer, Boles et Mc Murrian

(1996) 0.876

Recours aux rites : 0.871

Recours au soutien social : 0.754

9- Stratégies de coping

Utsey, Adams et Bolden (2000) Recours à la spiritualité :

0.789 10- Comportements de citoyenneté organisationnelle

Williams et Anderson (1991)

Orientés vers l’individu (OCB-I) : 0.786

11- Intention de départ Wayne, Shore et Liden (1997) 0.852

Le tableau 2 et la figure 2 reprennent l’ensemble des relations de médiation et de modération qui résultent de l’analyse en pistes causales sous Lisrel. Les indices d’ajustement du modèle sont excellents : Chi-2/ddl=2.02 ; RMSEA=0.05 ; GFI=0.94 et CFI=0.97 (Roussel et al., 2002). Les liens résultants de la mise à l’épreuve de notre modèle de recherche nous permettent de relativiser les hypothèses initialement émises et de considérer les effets de chacun des facteurs de stress induits par un contexte de flexibilité de manière différenciée.

8

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Tableau 2 : Récapitulatif des résultats de l’analyse en Path analysis sous Lisrel

Variables à expliquer Variables explicatives Coefficients de

régression T de Student

Epuisement émotionnel β = 0.335 5.841 Intention de départ R2 = 0.132 Insécurité au travail γ = 0.164 2.855

Surcharge quantitative de travail

γ = -0.055 - 2.087

Comportements de citoyenneté

organisationnelle orientés vers les

individus R2 = 0.44

Insécurité au travail γ = -0.105 - 2.937

Stress β = 0.218 4.209 Support social γ = 0.151 2.734

Insécurité au travail γ = 0.117 2.429 Interférence vie privée/vie

professionnelle γ = 0.207 4.207

Conflit de rôle γ = 0.160 3.159

Epuisement émotionnel R2 = 0.272

Effet de modération du coping orienté religiosité γ = 0.093 2.173

Anxiété γ = 0.412 7.696 Interférence vie privée/vie

professionnelle γ = 0.249 5.351

Conflit de rôle γ = 0.114 2.320 Stress

R2 = 0.316

Effet de modération de l’anxiété sur le conflit

travail/famille γ = 0.083 1.961

Pour l’échantillon étudié, les conflits de rôle ont un lien positif avec le stress (γ = 0.114, p < 0.05) et l’épuisement émotionnel (γ = 0.160, p < 0.05). L’hypothèse (1d) est ainsi vérifiée. En cohérence avec l’hypothèse (1e), l’empiètement du travail sur les responsabilités familiales semble avoir un impact important dans le développement du stress (γ = 0.249, p < 0.05) et de l’érosion des ressources émotionnelles (γ = 0.207, p < 0.05). Dans un contexte contraignant de flexibilité, les freins à la réalisation efficace des rôles professionnels et familiaux se confondent ainsi en une menace qui affecterait le statut occupé par l’individu dans ces deux domaines et pourrait renvoyer à une image négative de soi en situation de déséquilibre (Frone, 2003 ; Jex et Gudanowski, 1992).

La perception de l’insécurité au travail semble particulièrement anxiogène pour les salariés de notre échantillon. Ce facteur de stress aurait des conséquences non seulement en termes d’usure professionnelle (γ = 0.117, p < 0.05) mais également en terme d’intention de départ (γ = 0.164, p < 0.05). Face à la précarité effective ou latente, l’individu est constamment en alerte et se doit de conserver des alternatives (trouver un autre emploi, lancer sa propre affaire, etc.) lui permettant, le cas échéant, d’avoir une situation professionnelle plus stable. Une explication de ce résultat serait que l’insécurité du travail aurait pour corollaire la menace des ressources financières de l’individu, et surtout la menace de son statut social. Lorsque cette ressource est mise en jeu, la tension psychologique de l’individu est permanente et son attachement à l’organisation est alors fragilisé et s’assimile davantage, et au meilleur des cas, à un engagement calculé (De Witte, 1999). Ces résultats sont en concordance avec ceux de Kinnunen et ses collègues (1999) qui ont trouvé que la perception de l’insécurité du travail et

9

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

la probabilité d’un quelconque changement qui l’affecterait est sensiblement liée à la manifestation d’un état d’épuisement professionnel (β = 0.25, p = 0.19), ou encore ceux de Hellgren et Sverke (2003) qui ont montré, dans une étude longitudinale menée auprès d’un échantillon de salariés ayant échappé à un plan de licenciement, que l’insécurité du travail est positivement associée à la détérioration du bien-être psychologique (β = 0.18, p < 0.05).

Figure 2 : Modèle empirique sur l’impact des facteurs de stress sur le bien-être et les comportements de citoyenneté organisationnelle et sur l’intention de départ dans un

contexte de flexibilité

Support social Anxiété

Coping axé sur la religiosité/la

spiritualité

Surcharge quantitative de

travail

OCBI

Intention de départ

Insécurité au travail

Burnout

Interférence vie privée/ vie

professionnelle

StressConflits de rôle

0.093

-0.105

0.117

0.164

0.335

0.151

0.207 0.249

0.412

0.083

0.218

0.114 0.160

-0.055

Les résultats montrent aussi que l’érosion des ressources émotionnelles est directement associée à l’intention de départ (β = 0.335, p < 0.05). Ce résultat permet de vérifier partiellement l’hypothèse relative à la médiation négative de la détérioration du bien-être entre d’une part le sentiment d’insécurité du travail, et d’autre part l’intention de départ (Weiseberg et Sagie, 1999). Représentant un des facteurs majeurs qui caractérisent un contexte de flexibilité, la perception d’insécurité semble être associée à une attitude révélatrice d’une rupture ou d’une absence d’attachement entre l’individu et l’organisation.

10

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

L’hypothèse 4 relative au lien entre burnout et comportements de citoyenneté organisationnelle n’est pas vérifiée auprès de notre échantillon. Les comportements de citoyenneté orientés vers les individus semblent être directement influencés par les stresseurs organisationnels. Ils sont diminués par la perception de l’insécurité (γ = - 0.105, p < 0.05), et par la surcharge quantitative de travail (γ = - 0.055, p < 0.05). Ces effets négatifs, quoique modestes, suggèrent que la perception par les individus d’une situation de menace qui les agresse et les fragilise personnellement freine leur engagement dans des actes d’altruisme, de courtoisie, d’esprit sportif et de conscience civique dont bénéficieraient les autres personnes dans l’organisation (Miles, Borman, Spector et Fox, 2002). Par contre, l’hypothèse 5 est vérifiée. Le burnout semble influencer directement l’intention de départ (γ = 0.33, p < 0.05). Ce résultat est cohérent avec celui de Cropanzano, Rupp et Byrne (2003) qui ont trouvé un lien positif entre l’épuisement émotionnel et l’intention de quitter l’entreprise.

L’examen des résultats relatifs aux variables “anxiété” et “stratégies de coping” introduites dans notre modèle d’analyse, nous permet de vérifier partiellement l’effet de modération qui leur est attribué. S’agissant de l’anxiété, ce trait de personnalité semble être directement à l’origine d’une tension de stress des salariés interrogés (γ = 0.412, p < 0.05). Il a également un effet modérateur entre l’empiètement du travail sur la vie familiale et la tension de stress (γ = 0.083, p < 0.05). L’addition d’un effet direct et de modération de l’anxiété est en concordance avec nombres d’études qui reconnaissent aux traits de la personnalité, tels que l’affectivité négative et le locus de contrôle, ce double effet (Schaubroeck, Ganster et Fox, 1992 ; Spector, Zapf, Chen et Frese, 2000). Il nous semble important de signaler que l’effet de modération, même modeste, concerne particulièrement le lien entre les conflits travail/famille et la tension de stress. En référence au cadre théorique de la conservation des ressources du stress (Hobfoll, 2001b), nous suggérons qu’un tel effet serait révélateur de la valeur qu’attribuent les salariés interrogés à la sphère familiale. Le caractère anxieux de la personne est alors activé puisque la menace concerne l’accomplissement des rôles familiaux valorisés.

Concernant les stratégies de coping, les dimensions ayant un effet significatif dans le modèle d’analyse sont le soutien social et les stratégies axées sur le spirituel et la religiosité. La première stratégie a un effet direct sur l’état d’épuisement émotionnel (γ = 0.151, p < 0.05), alors que la seconde modère le passage d’un état de stress à un état d’usure (γ = 0.083, p < 0.05). La littérature développée au sujet des stratégies de coping est en cohérence avec ce double effet direct et de modération (Carlson et Perrewé, 1999). Pour l’échantillon étudié, le recours au soutien social active un état de burnout. Le fait de partager ses émotions et de chercher une assistance auprès des amis ou des parents semble épuiser émotionnellement l’individu puisque le renouvellement du récit de la situation de stress est associé à une rumination de l’émotion négative. Martin et Dahlen (2005) ont trouvé que la rumination des émotions est fortement corrélée au stress (r = 0.41, p < 0.01) et que son effet est direct et positif sur cet état de perturbation psychologique (β = 0.31, p < 0.01). L’absence d’un effet de réduction de la tension est cependant en contradiction avec nombre d’études portant sur le soutien social en situation de stress professionnel (Carlson et Perrewé, 1999 ; Bliese et Britt, 2001). Dans une logique de stratégie de coping, le recours aux pratiques religieuses et/ou spirituelles est supposé apporter un apaisement permettant aux personnes de relativiser la tension de stress (Utsey, Adams et Bolden, 2000). Toutefois, les résultats obtenus suggèrent un effet inverse de cette stratégie d’adaptation. Cette contradiction peut s’expliquer selon Folkman et al. (1986) par le caractère contingent des stratégies de coping. Celles-ci ne sont pas toujours efficaces mais l’individu peut y avoir recours simplement par manque d’alternatives ou par résignation.

11

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Conclusion

L’analyse de la détérioration du bien-être des travailleurs et la diminution de leurs comportements prosociaux a pour objectif de relativiser les bénéfices des formes atypiques d’organisation du travail. En centrant notre analyse sur les ressources (individuelles, organisationnelles et collectives) sollicitées et/ou menacées en situation de stress, nous avons développé un modèle intégrant les antécédents de ce malaise et ses conséquences négatives pour l’organisation. Les résultats de notre étude mettent l’accent sur l’impact de stresseurs organisationnels, favorisés par un contexte de recherche de flexibilité, sur la dégradation du bien-être au travail. Les coûts conséquents se traduisent non seulement par une intensification du sentiment de stress des salariés qui n’arrivent plus à faire face à l’imprévisibilité et à l’urgence, mais également en termes de désengagement, d’infidélité et de baisse des comportements prosociaux. La vulnérabilité accrue du travailleur altèrerait sa relation avec l’entreprise qui est censée contribuer à sa construction identitaire et à la stabilité de son statut social. En prenant conscience du désarroi des salariés, les managers veilleraient à tenir compte de l’accentuation des contraintes accompagnant la mise en place des pratiques de flexibilité. Celles-ci devraient intégrer les attentes et les demandes des salariés en étant élaborées en coopération avec eux.

Cette recherche présente néanmoins certaines limites relatives aux éventuels biais résultants de l’utilisation et de la traduction d’échelles anglo-saxonnes qui ne tiennent pas forcément compte des spécificités de l’échantillon (Perrewé et al., 2002 ; Peterson et al., 1995). La nature transversale de cette étude nous empêche également de prétendre à une compréhension exhaustive des mécanismes explicatifs de l’altération et de la baisse des comportements prosociaux. Même si notre modèle n’intègre pas une opérationnalisation et une mesure directe des pratiques de flexibilité, les stresseurs organisationnels ont été retenus sur la base de leur récurrence et leur degré d’importance dans ce contexte. Un premier axe de recherche intéressant serait la définition et l’intégration des seuils individuels et sociaux d’acceptabilité des pratiques de flexibilité afin de comprendre leur impact sur les attitudes et les comportements des salariés (Peiró, García-Montalvo et Gracia, 2002). Un deuxième axe serait de comparer des entreprises ayant développé des formes contrastées de flexibilité et leur impact sur le bien-être au travail.

Bibliographie

Almer D.E., Cohen R.J., Single E.L. (2004), «Is it the kids or the schedule?: The incremental effect of families and flexible scheduling on perceived career success», Journal of Business Ethics, vol. 54, p. 51-65.

Almer D.E., Kaplan S.E. (2002), «The effect of flexible work arrangements on stressors, burnout and behavioral job outcomes in public accounting», Behavioral Research in Accounting, vol. 14, p. 1-34.

Anderson S.E., Coffey B.S., Byerly R.T. (2002), «Formal organizational initiatives and informal workplace practices: Links to work-family: Conflict and job related outcomes», Journal of Management, vol. 28, n°6, p. 787-810.

Anson O., Bernstein J., Hobfoll S.E. (1984), «Anxiety and performance in two ego threatening situations», Journal of Personality assessment, vol. 48, n°2, p. 168-172.

Aryee S., Srinivas E.S., Tan H.H. (2005), «Rhythms of life: antecedents and outcomes of work-family balance in employed parents», Journal of Applied Psychology, vol. 90, n°1, 132-146.

Ashford S.J., Lee C., Bobko P. (1989), «Content, causes, and consequences of job insecurity: A theory-based measure and substantive test», Academy of Management Journal, vol. 32, p. 803-829.

12

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Ashforth B.E., Kreiner G.E., Fugate M. (2000), «All in a day’s work: Boundaries and micro role transitions», Academy of Management Review, vol. 25, p. 472-491.

Atkinson J. (1985), «Flexibility, Uncertainty and Manpower Management», Institute of Manpower Studies IMS Report n° 89, University of Sussex, Brighton.

Aubert N., Pagès M. (1989), Le stress professionnel, Paris, édition Klincksieck.

Baron R.M., Kenny D.A. (1986), « The moderator-mediator variable distinction in social psychology research: Conceptual, strategic, and statistical considerations », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 51, p. 1173-1182.

Bliese P.D., Britt T.W. (2001), «Social support, group consensus and stressor-strain relationship: social context matters», Journal of Organizational Behavior, vol. 22, p. 425-436.

Bruck C.S., Allen T.D. (2003), «The relationship between big five personality traits, negative affectivity, type A behavior, and work-family conflict», Journal of Vocational Behavior, vol. 63, p. 457-472.

Bruck C.S., Allen T.D., Spector P.E. (2002), «The relation between work-family conflict and job satisfaction: A finer-grained analysis», Journal of Vocational Behavior, vol. 60, p. 336-353.

Carlson D.S., Kacmar K.M. (2000), «Work-family conflict in the organization: Do life role values make a difference? », Journal of Management, vol. 26, n°5, p. 1031-1054.

Carlson D.S., Perrewé P.L. (1999), «The Role of Social Support in the Stressor-Strain Relationship: An Examination of Work-Family Conflict», Journal of Management, vol. 25, n°4, 513-540.

Chanlat J.F. (dir.), (1990), L'individu dans l'organisation, Les dimensions oubliées, édition ESKA.

Cohen R.J., Single E.L. (2001), «An examination of the perceived impact of flexible work arrangements on professional opportunities in Public Accounting», Journal of Business Ethics, vol. 32, p. 317-328.

Cordes C.L., Dougherty T.W. (1993), «A review and an integration of research on job burnout», The Academy of Management Review, vol. 18, n°4, p. 621-656.

Cropanzano R., Rupp D.E., Byrne S.B. (2003), « The relationship of emotional exhaustion to work attitudes, job performance, and organizational citizenship behaviors », Journal of Applied Psychology, vol. 88, n°1, p. 160-169.

De Nanteuil-Miribel M., El Akremi A. (2005), La société flexible ? Travail, emploi, organisation en débat, Paris, Editions Érès.

De Witte H. (1999), «Job insecurity and psychological well-being: Review of the literature and exploration of some unresolved issues», European Journal of Work and Organizational Psychology, vol.8, n°2, p. 155-177.

De Zanet F., Vandenberghe C. (2005), « Nouvelles réalités organisationnelles : conséquences pour le bien-être des travailleurs », in De Nanteuil-Miribel M., El Akremi A. (dir), La société flexible ? Travail, emploi et organisation en débat, Paris, Editions Érès.

Demerouti E., Bakker A.B., Bulters A.J. (2004), «The loss spiral of work pressure, work–home interference and exhaustion: Reciprocal relations in a three-wave study», Journal of Vocational Behavior, vol. 64, p. 131–149.

Demerouti E., Bakker A.B., Nachreiner F., Ebbinghaus M. (2002), «From mental strain to burnout», European Journal of Work and Organizational Psychology, vol. 11, n°4, p. 423-441.

Devos V., El Akremi A. (2005), « Flexibilité et compétences individuelles : dualité des nouvelles formes de régulation », in De Nanteuil-Miribel M., El Akremi A. (dir), La société flexible ? Travail, emploi et organisation en débat, Paris, Editions Érès.

13

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Dierendonck D.V., Schaufeli W.B., Buunk B.P. (2001), «Toward a process model of burnout: Results from a secondary analysis», European Journal of Work and Organizational Psychology, vol. 10, n°1, p. 41-52.

Doby V.J., Caplan R.D. (1995), «Organizational stress as threat to reputation: effects on anxiety at work and at home», Academy of Management Journal, vol. 38, n°4, p. 1105-1123.

El Akremi A. (2005), « Analyse des effets linéaires, non linéaires et d'interaction par les méthodes d'équations structurelles sous Lisrel », in Roussel P., Wacheux F., Management des Ressources Humaines : Méthodes de recherche en sciences humaines et sociales, Paris, De Boeck.

Endler N.S., Parker J.D.A. (1990), «Multidimensional assessment of coping: a critical evaluation», Journal of Personality and Social Psychology, vol. 58, p. 844-854.

Everaere C. (1997), Management de la flexibilité, Paris, Economica.

Everaere C. (1999), «Emploi, travail et efficacité de l’entreprise: les effets pervers de la flexibilité quantitative », Revue Française de Gestion, vol. 124, p. 5-21.

Folkman S., Lazarus R.S., Dunkel-Schutter C., DeLongis A., Gruen R.J. (1986), « Dynamics of stressfull encounter : cognitive appraisal, coping, and encounter outcomes » Journal of Personalty and Social Psychologie, vol. 50, n°5, p. 992-1003.

Foote D. (2001), «The question of ethical hypocrisy in Human Resource Management in the U.K. and Irish charity sectors», Journal of Business Ethics, vol. 34, p. 25-38.

Frone M.R. (2003), «Work-Family balance», in Quick J., Tetrick L. (Eds.), Handbook of occupational health psychology, Washington, DC: American Psychological Association, p.143-162.

Frone M.R., Russell M., Cooper M.L. (1992), «Antecedents and outcomes of work-family conflicts: Testing a model of the work-family interface», Journal of Applied Psychology, vol. 77, p. 65-78.

Grandey A.A., Cropanzano R. (1999), «The Conservation of Resources Model Applied to Work–Family Conflict and Strain», Journal of Vocational Behavior, vol. 54, p. 350-370.

Greenglass E., Burke R., Moore K. (2003), «Reactions to Increased Workload: Effects on Professional Efficacy of Nurses», Applied Psychology: An International Review, vol. 52, n°4, p. 580-597.

Greenhalgh L., Rosenblatt Z. (1984), «Job insecurity: Toward conceptual clarity», Academy of Management Review, vol. 9, n°3, p. 438-448.

Greenhaus J.H., Parasuraman S., Collins K.M. (2001), «Career involvement and family involvement as moderators of relationships between work-family conflict and withdrawal from a profession», Journal of Occupational Health Psychology, vol. 6, p. 91-100.

Halbesleben J.R., Buckley M.R. (2004), «Burnout in Organizational Life», Journal of Management, vol. 30, n°6, p. 859-879.

Hatinen M., Kinnunen U., Pekkonen M., Aro A. (2004), «Burnout patterns in rehabilitation: short-term changes», Journal of Occupational Health Psychology, vol. 9, n°3, p. 220-237.

Hellgren J., Sverke M. (2003), «Does job insecurity lead to impaired well-being or vice versa? Estimation of cross-lagged effects using latent variable modelling», Journal of Organizational Behavior, vol. 24, p. 215-236.

Hobfoll S.E. (1989), «Conservation of resources: a new attempt at conceptualizing stress», American Psychologist, vol. 44, p. 513-524.

Hobfoll S.E. (2001a), «Conservation of Resource: a rejoinder to the commentaries», International Association for Applied Psychology, Special Issue, p. 419-421.

Hobfoll S.E. (2001b), «The influence of Culture, Community, and the Nested-Self in the Stress Process: Advancing Conservation of Resources Theory», Applied Psychology: an International Review, vol. 50, n°3, p. 337-421.

14

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Hobfoll S.E., Freedy J. (1993), «Conservation of resources: a general stress theory applied to burnout», in Schaufelli W.B., Maslach C., Marek T. (Eds.), Professional burnout: Recent developments in theory and research, Washington, DC: Taylor & Francis, p. 115-129.

House R.J., Rizzo J. (1972), «Role conflict and ambiguity as critical variables in a model of organizational behavior», Organizational Behavior and Human Performance, vol. 7, p. 467-505.

Jackson S.E., Schwab R.L., Schuler R.S. (1986), «Toward an understanding of the Burnout phenomenon», Journal of Applied Psychology, vol. 71, p. 630-640.

Jamal M. (2004), «Burnout, stress and health of employees on non-standard work schedules: a study of Canadian workers», Stress and Health, vol. 20, p. 113-119.

Jenkins A. (1998), «Flexibility, “Individualization”, and employment insecurity in France», European Journal of Work and Organizational Psychology, vol. 7, n°1, p. 23-38.

Jex S.M., Gudanowski D.M. (1992), «Efficacy beliefs and work stress: A exploratory study», Journal of Organizational Behaviour, vol. 13, p. 262-279.

Kara S., Kayis B., O’Kane S. (2002), «The role of human factors in flexibility management: A survey», Human Factors and Ergonomics in Manufacturing, vol. 12, n°1, p. 75-119.

Klein Hesselink D.J., Van Vuuren T. (1999), «Job flexibility and job insecurity: The Dutch case», European Journal of Work and Organizational Psychology, vol. 8, n°2, p. 273-293

Kossek E.E., Lautsch B.A., Eaton S.C. (2005), «Telecommuting, control, and boundary management: correlates of policy use and practice, job control, and work-family effectiveness», Journal of Vocational Behavior, In Press.

Lazarus R., Folkman S. (1984), Stress Appraisal and Coping, New York, Springer Publishing.

Lee R.T., Ashforth B.E. (1996), «A meta-analytic examination of the correlates of the three dimensions of job burnout», Journal of Applied Psychology, vol. 81, p. 123-133.

Li N., Li L.X. (2000), «Modeling staffing flexibility: A case of China», European Journal of Operational Research, vol. 124, p. 255-266.

Martin R.C., Dahlen E.R. (2005), «Cognitive emotion regulation in the prediction of depression, anxiety, stress, and anger»», Personality and Individual Differences, in press.

Maslach C., Jackson S. (1981), «The measurement of experienced burnout», Journal of Organizational Behavior, vol. 2, p. 99-113.

Maslach C., Schaufelli W.B. (1993), «Historical and conceptual development of burnout», in Schaufelli W.B., Maslach C., Marek T. (Eds.), Professional burnout: Recent developments in theory and research, Washington, DC: Taylor & Francis, p. 1-16.

Miles D.E., Borman W.E., Spector P.E., Fox S. (2002), «Building an integrative model of extra role work behaviors: A comparison of counterproductive work behavior with organizational citizenship behavior», International Journal of Selection and Assessment, vol. 10, p. 51-57.

Moorman R., Blakely G., Niehoff B. (1998), «Does perceived organizational support mediate the relationship between procedural justice and organizational citizenship behaviour?», Academy of Management Journal, vol. 41, n°3, p. 351-357.

Netemeyer R.G., Boles J.S., McMurrian R. (1996), « Development and validation of work family conflict and work family scales », Journal of applied Psychology, vol. 81, p. 400-410.

Organ D.W. (1988), Organizational citizenship behavior: The good soldier syndrome, Lexington, MA: Lexington books.

Parker J.D., Endler N.S., Bagby R. (1994), «If it changes, it might be unstable: Examining the factor structure of the Ways of Coping Questionnaire», Psychological Assessment, vol. 5, p. 361-368.

15

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Peiró J.M., García-Montalvo J.Y., Gracia F. (2002), «How do young people cope with job flexibility?: Demographic and psychological antecedents of the resistance to accept a job with non-preferred flexibility features», Applied Psychology: An International Review, vol. 51, p. 43-66.

Perrewé P.L., Hochwarter W., Rossi A.M., Wallace A., Maignan I., Castro S.L., Ralston D.A., Westman M., Vollmer G., Tang M., Wan P., Van Deusen C. (2002), «Are work stress relationships universal? A nine-region examination of role stressors, general self-efficacy, and burnout», Journal of International Management, vol. 8, p. 163-187.

Peterson M.F., Smith P.B., Adebowale A., et al. (1995), «Role conflict, ambiguity, and overload: a 21-nation study», Academy of Management Journal, vol. 38, p. 429-453.

Ping R.A. (1995), « A parsimonious estimating technique for interaction and quadratic latent variables », Journal of Marketing Research, vol. 32, p. 336-347.

Rizzo J.R., House R.J., Lirtzman, S.I. (1970), « Role conflict and ambiguity in complex organizations», Administrative Science Quarterly, vol. 15, p. 63-150.

Roussel P., Durrieu F., Campoy E. et El Akremi A. (2002), Méthodes d’équations structurelles : recherche et applications en gestion. Paris, Economica.

Sanchez R. (2002), «Understanding competence-based management identifying and managing five modes of competence», Journal of Business Research, vol. 57, n°26, p. 1-15.

Saundry R. (1998), «The limits of flexibility: The case of UK Television», British Journal of Management, vol. 9, p. 151-162.

Schabracq M.J., Cooper C.L. (1997), «Flexibility of labor, well-being, and stress», International Journal of Stress Management, vol. 4, n°4, p. 259-274.

Schabracq M.J., Cooper C.L. (2000), «The changing nature of work and stress», Journal of Managerial Psychology, vol. 15, n°3, p. 227-241.

Schabroeck M.J., Ganster D.C., Fox M.C. (1992), «Dispositional affect and work-related stress», Journal of Applied Psychology, vol. 77, p.322-335.

Schaufeli W.B., Bakker A.B. (2004), «Job demands, job resources, and their relationship with burnout and engagement: a multi-sample study», Journal of Organizational Behavior, vol. 25, p. 293-315.

Schultz K.L., McClain J.O., Thomas J.L. (2003), «Overcoming the dark side of worker flexibility», Journal of Operations Management, vol. 21, p. 81-92.

Schutte N., Toppinen S., Kalimo R., Schaufeli W. (2000), «The factorial validity of the Maslach Burnout Inventory-General Survey (MBI-GS) across occupational groups and nations», Journal of Occupational and Organizational Psychology, vol. 73, p. 53-66.

Simpson R. (1998), «Presenteeism, power and organizational change: Long hours as a career barrier and the impact on the working lives of women managers», British Journal of Management, vol. 9, Special Issue, p. 37-50.

Siu O., Spector P.E., Cooper C.L., Lu L., Yu S. (2002), «Managerial stress in Greater China: the direct and moderator effects of coping strategies and work locus of control», Applied Psychology an International Review, vol. 51, n°4, p. 608-632.

Sparrow P. (1998), «The pursuit of multiple and parallel organizational flexibilities: Reconstituting jobs», European Journal of Work and Organizational psychology, vol. 7, n°1, p. 79-95.

Spector P.E., Jex S.M. (1998), «Development of four self-report measures of job stressors and strain: Interpersonal Conflict at Work Scale, Organizational Constraints Scale, Quantitative Workload Inventory, and Physical Symptoms Inventory», Journal of Occupational Health Psychology, vol. 3, p. 356-367.

16

XVIIe Congrès de l’AGRH – Le travail au cœur de la GRH IAE de Lille et Reims Management School, 16 et 17 novembre 2006, Reims

Spector P.E., Zapf D., Chen P.Y., Frese M. (2000), «Why negative affectivity should not be controlled in job stress research: Don't throw out the baby with the bath water», Journal of Organizational Behavior, vol. 21, p. 79-95.

Spielberger C.D., Reheiser E.C. (1995), «Measuring occupational stress: The job stress survey», in Crandall R., Perrewé P.L., Occupational stress, Taylor and Francis, p. 51-69.

Stoeva A.Z., Chiu R.K., Greenhaus J.H. (2002), «Negative affectivity, role stress, and work-family conflict», Journal of Vocational Behavior, vol. 60, p. 1-16.

Sverke M., Hellgren J. (2002), «The nature of job insecurity: understanding employment uncertainty on the brink of new millennium», Applied Psychology: an International Review, vol. 51, p. 23-42.

Taylor S., Cox B.J. (1998), « An expanded Anxiety Sensitivity Index: Evidence for a hierarchic structure in clinical sample ». Journal of Anxiety Disorders, vol. 12, p. 464-483.

Toppinen-Tanner S., Kalimo R., Mutanen P. (2002), «The process of burnout in white-collar and blue-collar jobs: eight-year prospective study of exhaustion», Journal of Organizational Behavior, vol. 23, p. 555-570.

Utsey S.O., Brown C., Bolden M.A. (2004), «Testing the structural invariance of the Africultural coping systems inventory across three samples of African descent populations», Educational and Psychological Measurement, vol. 64, n°1, p. 185-195.

Wayne S., Shore L., Liden R. (1997), «Perceived organizational support and leader member exchange: A social exchange perspective», Academy of Management Journal, vol. 40, n°1, p. 82-111.

Weisberg J., Sagie A. (1999), «Teacher’s physical, mental, and emotional burnout: impact on intention to quit», The Journal of Psychology, vol. 133, n°3, p.333-339.

Williams L.J., Anderson S.E. (1991), «Job satisfaction and organizational commitment as predictors of organizational citizenship and in-role behaviors», Journal of Management, vol. 17, n°3, p. 601-617.

Wilthagen T. (2002), «The flexibility-security nexus: new approaches to regulating employment and labour markets», Paper for the British Journal of Industrial Relations, September 16-17.

Wofford J.C., Goodwin V.L., Daly P.S. (1999), «Cognitive-affective stress propensity: a field study», Journal of Organizational Behavior, vol. 20, p. 687-707.

Wright T.A., Hobfoll S.E. (2004), «Commitment, psychological well-being and job performance: an examination of conservation of resources (COR) theory and job burnout», Journal of Business and Management, vol. 9, n°4, p. 389-406.

Zhang Q., Vonderembse M.A., Lim J-S. (2003), «Manufacturing flexibility defining & analyzing relationships among competence, capability, & customer satisfaction», Journal of Operations Management, vol. 21, p. 173-191.

17