Ensemble et pratiques funéraires au Liban au IVème millénaire

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ARCHAEOLOGY & HISTORY IN THE LEBANON ISSUES 40-41. AUTUMN-SPRING 2014-2015, PP . 18-35. Introduction L’interprétation des ensembles funéraires du Levant du début du Néolithique jusqu’à la fin de la période chalcolithique et les changements intervenus dans les pratiques funéraires restent problématiques, ceci en raison du nombre limité de sites fouillés et d’études scientifiquement fiables, ainsi que de l’existence de plusieurs séquences chronologiques à l’intérieur même du Chalcolithique. Cependant, on peut noter des différences entre les pratiques de la plaine côtière fertile et celles de l’arrière-pays aride, surtout perceptibles dans le mode d’inhumation, dans la relation entre les structures funéraires et celles de l’habitat et enfin dans le traitement différentiel des défunts, selon l’âge ou le sexe, qui se manifeste souvent par la nature et la quantité du mobilier funéraire retrouvé dans les tombes. Les causes de cette transformation progressive et de ces comportements distincts seraient multiples et pour- raient s’expliquer par des variations d’ordre chronologique, environne- mental et culturel. Cette étude préliminaire des ensembles funéraires du Liban du IV e millénai- re repose essentiellement sur l’exploitation systématique et sur l’analyse des données inédites de la « nécropole » dite « énéolithique » 1 du site de Byblos provenant des archives du « Fonds Maurice Dunand » 2 ainsi que sur l’étude d’une partie du mobilier archéologique (mobilier d’ac- compagnement et restes humains 3 ). Cette documentation très riche et inédite nous a permis d’étudier l’instal- lation et l’ensemble funéraire du site de Byblos, leurs corrélations, et de définir de façon plus précise, bien qu’encore très incomplète, les change- ments et persistances des pratiques funéraires des populations de la période chalcolithique au Liban. Cette période de transition et de maturation, entre la fin du néolithique et le début de l’âge du Bronze, appelée Chalcolithique (5700-4200 BP ou 4500-3000 cal. BC), est malheureusement à l’heure actuelle mal connue au Levant nord et tout particulièrement au Liban, alors qu’elle a fait l’objet de nombreux travaux au Levant sud 4 (tabl.1) 5 . Cette phase charnière qui garde un lien avec la préhistoire, en continuant une certaine tradition « pré- historique » par la présence des outillages lithiques, mais qui en même temps innove par ses « pointes », ses « lames », ses objets métalliques et surtout par ses pratiques funéraires est illustrée au Liban par les sites de Byblos 6 , Dakerman 7 et Minet-ed-Dalieh 8 sur la côte et par Mengez 9 et Kfar Gerra dit aussi « Djelal en-Namous », dans l’arrière-pays 10 (fig. 1). GASSIA ARTIN ENSEMBLE ET PRATIQUES FUNÉRAIRES AU LIBAN AU IV E MILLÉNAIRE AHL Inside A4.qxp_Layout 1 7/18/14 1:56 PM Page 19

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ARCHAEOLOGY & HISTORY INTHE LEBANON ISSUES 40-41.AUTUMN-SPRING 2014-2015,PP. 18-35.

Introduction

L’interprétation des ensembles funéraires du Levant du début duNéolithique jusqu’à la fin de la période chalcolithique et les changementsintervenus dans les pratiques funéraires restent problématiques, ceci enraison du nombre limité de sites fouillés et d’études scientifiquementfiables, ainsi que de l’existence de plusieurs séquences chronologiques àl’intérieur même du Chalcolithique. Cependant, on peut noter des différences entre les pratiques de la plainecôtière fertile et celles de l’arrière-pays aride, surtout perceptibles dans lemode d’inhumation, dans la relation entre les structures funéraires et cellesde l’habitat et enfin dans le traitement différentiel des défunts, selon l’âgeou le sexe, qui se manifeste souvent par la nature et la quantité du mobilierfunéraire retrouvé dans les tombes. Les causes de cette transformationprogressive et de ces comportements distincts seraient multiples et pour-raient s’expliquer par des variations d’ordre chronologique, environne-mental et culturel. Cette étude préliminaire des ensembles funéraires du Liban du IVe millénai-re repose essentiellement sur l’exploitation systématique et sur l’analysedes données inédites de la « nécropole » dite « énéolithique » 1 du sitede Byblos provenant des archives du « Fonds Maurice Dunand » 2 ainsique sur l’étude d’une partie du mobilier archéologique (mobilier d’ac-compagnement et restes humains 3).

Cette documentation très riche et inédite nous a permis d’étudier l’instal-lation et l’ensemble funéraire du site de Byblos, leurs corrélations, et dedéfinir de façon plus précise, bien qu’encore très incomplète, les change-ments et persistances des pratiques funéraires des populations de lapériode chalcolithique au Liban.

Cette période de transition et de maturation, entre la fin du néolithique etle début de l’âge du Bronze, appelée Chalcolithique (5700-4200 BP ou4500-3000 cal. BC), est malheureusement à l’heure actuelle mal connue auLevant nord et tout particulièrement au Liban, alors qu’elle a fait l’objet denombreux travaux au Levant sud 4 (tabl.1) 5. Cette phase charnière quigarde un lien avec la préhistoire, en continuant une certaine tradition « pré-historique » par la présence des outillages lithiques, mais qui en mêmetemps innove par ses « pointes », ses « lames », ses objets métalliques etsurtout par ses pratiques funéraires est illustrée au Liban par les sites deByblos 6, Dakerman 7 et Minet-ed-Dalieh 8 sur la côte et par Mengez 9 etKfar Gerra dit aussi « Djelal en-Namous », dans l’arrière-pays 10 (fig. 1).

GASSIA ARTIN

ENSEMBLE ET PRATIQUESFUNÉRAIRES AU LIBAN AU IVE

MILLÉNAIRE

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Fig. 1 : Carte de localisationdes principaux siteschalcolithiques duLiban mentionnésdans le texte.

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D’autres sites au Liban, dits de la période chalcolithique, sont mentionnésdans différents ouvrages et publications 11. Ces sites ont été repérés à par-tir des prospections archéologiques. Toutefois, ils n’ont jamais fait l’objetde fouilles méthodiques.L’absence de datation pour la plupart des sites, la qualité des diffé-rentes méthodes de fouilles appliquées (certaines fouilles sont trèsanciennes et, dans la plupart des cas, insuffisamment décrites oupubliées), la surface de fouille limitée et non exhaustive ou encore l’étatde préservation médiocre de la plupart des vestiges ne permettent pasd’effectuer à ce jour une étude approfondie de l’organisation sociale etéconomique des populations de la période.Cependant, il existe une exception « à la règle » : Byblos reste aujourd’huile seul site quasi intégralement fouillé, présentant une séquence d’occu-pation continue et qui, par sa richesse et sa diversité, est l’exemple le plusmarquant du IVe millénaire.

Situé à 40 km au nord de Beyrouth sur la côte libanaise et occupant unpromontoire rocheux d’une trentaine de mètres de hauteur, Byblos estcaractérisé à la fois par ses installations (constructions 12, « logis » 13,« silos », « enclos », « chemins empierrés ») et par son ensemble funéraire(inhumations en pleine terre, dans des grottes, des récipients et dans desjarres 14) qui reste le plus vaste découvert à ce jour au Levant.

La richesse de ce site nous permet à juste titre de le considérer commeune référence pour toute étude comparative des sites funéraires de cettepériode charnière qu’est le IVe millénaire.

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Tabl. 1 : Présentation des périodes néolithique et« énéolithique » àByblos et des différentes cultures duLevant Nord et Sud(d'après Artin, 2009).

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Byblos et les autres sites funéraires de la période chalcolithique duLiban

Notre étude de l’ensemble funéraire inédit du site de Byblos et sacomparaison préliminaire avec le site de Dakerman (situé à 70 km ausud de Byblos sur la côte libanaise) 15 nous ont permis de mettre en lumiè-re quelques aspects du rituel funéraire (relations entre la « nécropole » etl’habitat, mode d’inhumation, traitement différentiel des défunts) et par là,d’émettre certaines hypothèses relatives à l’organisation sociale et écono-mique de ces populations.

1. Relations entre l’espace des morts et l’espace des vivants

Une première lecture des plans du site de Byblos donne l’impression queles tombes sont pour la plupart situées « sous les logis », c’est-à-dire sousles habitations. Mais une étude plus poussée, réalisée avec l’aide du logi-ciel MapInfo™ nous a conduite à une relecture et à une nouvelle interpré-tation des plans du site de Byblos 16.

Tout d’abord, nous avons pu constater, en tenant compte exclusivementdes « logis » et des tombes dont on connaît les coordonnées géogra-phiques, et en ne retenant que les tombes dont l’altitude supérieure resteen dessous du niveau du sol des « logis », que seules 5,5 % des tombes(soit 115 tombes sur un total de 2019 localisées sur le plan) étaient situéessous un « logis » de la période « énéolithique ». De plus, si l’on considèrequ’il s’agit de constructions réalisées après les inhumations, ou deconstructions « abandonnées » sous lesquelles des inhumations ont eulieu, l’hypothèse d’enterrements systématiques « sous les logis » ne peutdonc pas être retenue à Byblos. Ensuite, nous avons pu observer que seules 4,6 % des tombes sontsituées dans l’environnement immédiat des « logis », zone limitée arbitrai-rement à 2,5 m autour du « logis ». Cette dimension correspond audouble de la longueur moyenne des jarres de Byblos 17. Ainsi, nous pou-vons constater à juste titre que seules 10 % des tombes sont « sous » oudans l’environnement immédiat des « logis » ; on ne cherchait donc passystématiquement à enterrer les défunts dans les parages immédiats des« logis », d’autant plus qu’il est fort probable que certaines surfaces, aprèsavoir été exploitées à des fins funéraires ou d’habitat, furent oubliées ouabandonnées, puis de nouveau réutilisées comme surfaces constructibles. Enfin, le développement de l’habitat, ainsi que celui de la nécropole, n’apas été exclusivement « expansif », mais a connu des périodes ou des épi-sodes de « retrait » tendant naturellement à occuper l’espace disponiblele plus proche.

Les tombes étaient donc enfouies « intra muros » évitant la périphérieimmédiate (2,5 m) des logis, tandis que les nouvelles habitations évitaientles emprises des tombes.

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Ainsi, l’habitat générait la « nécropole », qui à son tour traçait et définissaitles futurs espaces constructibles, lesquels une fois construits, généraient àleur tour de nouveaux espaces-tombes. Cette relation entre espace-tombe et espace-habitat semble être l’un des paramètres directeursde l’habitat à Byblos à la période « énéolithique ». Elle exprime uneorganisation très particulière en relation avec les rites funéraires qui noussont parvenus sous sa seule forme matérielle : les inhumations en jarre,mode d’inhumation prédominant (98 %) à Byblos, représenté par unearchitecture funéraire uniforme.

À Dakerman, et d’après le plan du site publié dans le rapport préliminaire,nous pouvons constater que les huit tombes en jarre décrites sont situéestoutes dans un espace « intra-muros » : soit sous les maisons (trois tombessous la maison n° 4 et deux tombes sous la maison n° 3), soit entre les mai-sons (une tombe entre les maisons n°s 4 et 2 et une autre entre les maisonsn°s 14 et 5 18) 19 (fig. 2).

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Fig. 2 : Plan d'ensemble del'agglomération chalcolithique deSidon-Dakerman(Liban) (d'aprèsSaidah, 1979).

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En s’éloignant de la côte, dans l’arrière-pays, nous retrouvons à Mengezune concentration de 87 tombes, sous forme de superstructure, à l’inté-rieur d’un rayon de 500 m qui forme une véritable nécropole, la plus gran-de nécropole de tombes mégalithiques connue au Liban 20. D’après les observations faites par M. Tallon, aucune de ces tombesn’était intacte. Toutes avaient été fouillées, vidées, et montraient toujoursselon l’auteur des traces nettes d’une ou de plusieurs réutilisations 21. Cesmonuments mégalithiques ont donc été utilisés ou construits pendant plusde 2000 ans, avec deux périodes principales d’occupation, la premièredébutant avec une phase de construction au Chalcolithique et la secondese poursuivant jusqu’au Bronze Ancien II 22.L’absence de traces de construction d’habitation et, de là, de relation éta-blie entre l’habitat et ces monuments funéraires laisse supposer qu’ilsappartiendraient à des populations semi-nomades.Plus au sud, à 10 km à l’est de Sidon, les chambres funéraires de Kfar Gerra,fouillées par Guigues, ne sont associées à aucun habitat 23.

2. Mode d’inhumation spécifique

Les jarres funéraires

Le mode d’inhumation le plus répandu sur la côte libanaise (Byblos etDakerman) au IVe millénaire, comme nous l’avons vu précédemment, estl’inhumation primaire dans des jarres enfouies dans le sol (fig. 3 et 4).

Ainsi, l’ensemble funéraire de Byblos est caractérisée par 98 % d’inhuma-tion dans des jarres (sur un total de 2097 tombes, 2059 sont des inhuma-tions dans des jarres), dans lesquelles on retrouve inhumés des sujetsadultes et immatures sans traitement différentiel 24.À Byblos nous avons inventorié 2059 inhumations dans des jarres en terrecuite, dont les dimensions varient entre 0,20 et 1,95 m. 60 % d’entre ellessont de forme globulaire, 38 sont ovoïdes et huit sont décrites commeayant une forme allongée 25.

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Fig. 3 : Ensemble funéraire deByblos (jarres n°s 835et 837 couchées hori-zontalement sur lesol) (Archives du"Fonds Dunand").

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Par ailleurs, les fouilles du site de Dakerman ont révélé « une dizaine » dejarres funéraires. Parmi celles-ci, huit ont été étudiées et concernent exclu-sivement des sujets adultes 26.

En 1937, la découverte de jarres funéraires à Chekka, sur la côte à 30 kmau nord de Byblos et plus récemment en 1982 à Qalamoun à 10 km aunord de Chekka, au cours de travaux de construction d’une autoroutemenant à Tripoli, confirme l’hypothèse selon laquelle le mode d’inhuma-tion dans des jarres était répandu sur la côte.Une seule jarre funéraire a été découverte à Chekka 27 alors que sur le sitede Qalamoun, trois petites jarres et une grande jarre funéraire avec desrestes humains d’un individu adulte ont été signalées 28. Le site deQalamoun, malheureusement détruit au cours des travaux, n’a fait l’objetd’aucune étude ou rapport scientifique 29.

D’après les descriptions de M. Dunand, à Byblos, le mort est introduit dansla jarre par une large ouverture dans la paroi, pratiquée par « piquetagepériphérique » à l’aide d’une pointe de silex. Une ligne de petits trousdans le flanc de la jarre est ainsi obtenue et le tesson enlevé. Les traces dece « piquetage périphérique » sont encore visibles sur certaines jarresconservées au Musée National de Beyrouth. L’emplacement de ce tessoncorrespondait généralement à l’une des anses afin de rendre la manuten-tion plus aisée 30. Cette ouverture rendait les jarres ensevelies beaucoupplus fragiles. Selon J.-F. Salles, ceci explique le fait qu’aucune ne fut retrou-vée intacte 31. Nous ne disposons d’aucune donnée permettant de savoirsi ces jarres ont pu être « pré-piquetées » lors de leur fabrication. La régu-larité des traces de piquetage et l’absence de traces de fissures occasion-nées par cette méthode sur les huit jarres plâtrées (non restaurées) dépo-sées au Musée National de Beyrouth, pourraient renforcer la thèse d’unpré-piquetage ; toutefois, si ces jarres étaient réalisées à des fins funé-raires, pourquoi ne pas les avoir fabriquées avec une large ouverture afinde ne pas être obligé de pratiquer un « piquetage périphérique » ? Àpartir de là, nous pouvons avancer l’hypothèse qu’une majorité de jarresétait sans doute exclusivement destinée à des fins funéraires, tandis quele reste était utilisé à la fois pour un usage domestique et funéraire.

24Fig. 4 : Ensemble funéraire deByblos (jarresfunéraires n°s 1819 et1829 posées horizon-talement sur le sol)(Archives du "FondsDunand").

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Notons que les jarres et les récipients de Byblos n’ont fait, jusqu’à présent,l’objet d’aucune étude archéométrique. Ce type d’approche, susceptibled’apporter des éléments discriminants, serait à notre avis nécessaire.

Pour Byblos, M. Dunand insiste sur l’idée que les jarres n’avaient pasété fabriquées à des fins funéraires, mais étaient destinées à l’origine àconserver des grains. Seulement par la suite, elles auraient été utiliséescomme « cercueils ». Aucune analyse de résidus retrouvés dans les jarresn’ayant été effectuée, nous ne pouvons aujourd’hui que remettre en ques-tion l’appellation de « jarres à grains » utilisée par M. Dunand et nousdemander si elles étaient vraiment toutes destinées à l’origine à conserverdes grains. Étant donné qu’il n’existe aucune information dans les fichesdescriptives sur la présence éventuelle de jarres dans des espacesdomestiques, nous pouvons avancer l’hypothèse qu’elles étaient exclusi-vement destinées à des fins funéraires. Des analyses de micro-restes, parla méthode de la spectrométrie de masse et celle de la microscopieoptique ou électronique, devraient permettre l’identification des résiduscontenus dans les jarres déposées aujourd’hui au Musée National deBeyrouth et dans les réserves de la citadelle de Byblos. À Byblos, les jarres bien conservées avaient toutes un couvercle. Nouspouvons supposer que telle était la règle suivie 32. La nature du couverclevarie du simple tesson à la dalle de pierre 33 (fig. 5).

D’après R. Saidah, les grandes jarres de Dakerman d’environ un mètre enmoyenne étaient utilisées à la fois pour un usage domestique et à des fins

funéraires. Toutefois, Saidah n’annon-ce pas les éléments matériels qui luiont permis d’avancer cette hypothè-se. Pour les jarres de Dakerman, nousn’avons aucune mention concernantl’existence de couvercle.

Jarres funéraires : phénomène enexpansion

L’étude comparative des ensembles funéraires du Levant nord et sud,nous permet de constater que le phénomène d’inhumation dans desjarres ou dans des récipients n’est nullement spécifique à Byblos. Déjà, dèsla période néolithique récente, on rencontre à Byblos des inhumationsdans des récipients réservés exclusivement aux sujets immatures. Au Levant Nord, à la période néolithique récente, aussi bien des inhuma-tions dans des récipients en terre cuite que des inhumations en pleineterre ont été trouvées. À Ras Shamra 34 et à Hama, trois sépultures en jarrede nouveaux-nés sont attestées sous les sols de maisons 35.Au Levant Sud, ce même phénomène est signalé sur certains sites néoli-thiques comme Tell Teo (niveaux X, XI et VIII) et Tel Dan dans la vallée duHuleh, à Nahal Zehora II (niveau III) dans la vallée de Jezreel 36 et sur le sitede Qatif Y-3 dans la région côtière de Gaza 37.

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Fig. 5 : Exemple de couvercle(Archives du "FondsDunand").

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Au IVe millénaire, le mode d’inhumation dans des jarres existe égalementsur d’autres sites de la côte levantine (Ras Shamra) ; le nombre d’inhuma-tions est cependant plus restreint et le mobilier funéraire moins riche qu’àByblos.

Au Levant sud en revanche, à la période du Bronze Ancien, les inhuma-tions en jarre restent extrêmement rares. Néanmoins, « plusieurs » sépul-tures d’enfant dans des jarres sont attestées à Tell Teo 38 et à Beth Yerah 39

et seraient « contemporaines » de Dakerman et de Byblos.

Notons enfin qu’au IIe millénaire, cette tradition d’inhumation dans desjarres est attestée sur des sites de la côte libanaise (Sidon, Fadous-KfarAbida) ainsi qu’à l’intérieur du pays (Tell Arqa et Kamid el-Loz) 40. ÀByblos, toutefois, nous n’en retrouvons plus la trace après la fin du IVe mil-lénaire.

Autres modes d’inhumation

L’étude de la documentation afférente aux 2097 tombes de Byblos (publi-cations, archives, matériel archéologique) nous révèle l’existence d’autresmodes d’inhumation, dans des récipients et dans des grottes.Notons la présence de neuf inhumations dans des récipients (autres quedes jarres) (« baratte 41 », « bocal », « cratère 42 », « jatte », « pot », « vasetripode ») exclusivement individuelles et réservées à des sujets immatures. Le site de Byblos a livré aussi neuf grottes funéraires dont sept contiennentdes inhumations en pleine terre « … creusées de main d’homme » 43 etdeux dans des jarres. Selon M. Dunand les inhumations dans des jarresdéposées dans des grottes représenteraient « … un traitement de faveurpour certaines personnalités » 44. Toutefois, l’auteur n’avance pas les élé-ments à partir desquels cette hypothèse a été formulée.Des chambres funéraires creusées dans un rocher tendre et contenant« plusieurs défunts » sont attestées sur le site très ruiné de Kfar Gerra, à 10 kmà l’est de Sidon (dit aussi « Djelal en-Namous », « la terrasse du tombeau »en arabe) 45. Ce site a été découvert en 1925 par P. E. Guigues. Cette cou-tume funéraire se différencie de celle de l’« Énéolithique » de Byblos, oùles inhumations se pratiquaient alors dans des jarres et se rapproche éven-tuellement de celle de la Palestine contemporaine.Il est intéressant de relever, d’après ces exemples cités, l’existence de dif-férences notoires dans l’organisation de l’espace et des structures funé-raires entre la plaine côtière et l’arrière-pays. La plaine côtière (Dakerman,Byblos) se distingue par des jarres et des grottes (donc des infrastruc-tures) alors que l’arrière-pays révèle des constructions en pierre en super-structures telles que les « nécropoles mégalithiques » de Mengez (au norddu Liban). Ces dernières ne sont associées à aucun habitat et sont parconséquent attribuées à des pasteurs-nomades.

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3. Traitement différentiel des défunts

À Byblos et à Dakerman, la relation de promiscuité entre les « logis » et lestombes indique la nature sédentaire de ces populations. Ainsi, àByblos, le rapport entre les restes d’immatures et ceux d’adultes, 45 % pour les adultes et 39 % pour les immatures 46, au vu de la périoded’occupation et du nombre de logis, indique une population bien instal-lée sur le site. Cette observation permet de réfuter la thèse d’un lieu depèlerinage ou d’une « nécropole-sanctuaire » avancée par M. Dunand. Laproportion d’adultes et d’immatures à Byblos permet d’émettre l’hypothè-se qu’aucune sélection en fonction de l’âge ne semble avoir été effec-tuée. Rappelons toutefois que les méthodes qui ont été utilisées pour ladétermination de l’âge des restes humains sont peu précises 47.

L’analyse spatiale de Byblos ne nous a pas permis de conforter l’hypothè-se d’une séparation éventuelle entre les inhumations d’adultes et cellesd’immatures. Ainsi, Byblos se distingue des autres sites ayant adopté lemode d’inhumation en jarre par sa « mixité » adulte/immature dans toutesles zones du site et la similitude du traitement des immatures et desadultes par l’utilisation de jarres funéraires. Dans les autres sites levantins duIVe millénaire, adultes et immatures étaient traités différemment et placésdans des zones distinctes.

À Byblos, les sujets immatures sont inhumés préférentiellement dans desrécipients de petites dimensions (entre 0,20 et 0,70 m de longueur),posés verticalement, alors que les adultes sont majoritairement déposésdans des jarres plus grandes (entre 0,70 et 1,95 m de longueur), généra-lement en position horizontale, rarement en position verticale ou inclinée.Nous pouvons en déduire qu’a priori des jarres de tailles différentesétaient utilisées en fonction de l’âge, la position verticale étant réservéeaux plus petites.Au cours du IVe millénaire, nous retrouvons ce mode d’inhumation dansdes jarres sur le site de Dakerman. Le nombre d’inhumations est cepen-dant plus restreint qu’à Byblos et n’est réservé qu’aux sujets adultes 48.Ainsi, au cours des quatre campagnes de fouilles menées par RogerSaidah entre 1967 et 1972, une « dizaine » de tombes a été découverte,dont huit sont décrites dans le rapport de fouille (numérotées de 1 à8) 49.Byblos est le seul site connu à ce jour à avoir utilisé ce mode d’inhumationavec des adultes et des immatures inhumés dans la zone même de l’habi-tat et ayant droit au même traitement.

Notons également que le faible nombre d’individus dont le sexe a pu êtreprécisé (à peine 3 %) ne nous permet pas de préciser le mode de trai-tement en fonction du sexe.

Concernant la nature individuelle ou « plurielle » des tombes, les sépulturesindividuelles constituent le type d’inhumation standard (94%) à Byblos età Dakerman. Interpréter les inhumations « plurielles », en particulier en seprononçant sur les relations de parenté entre sujets inhumés dans une

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même sépulture, demeure une tâche délicate, surtout en l’absenced’études anthropologiques et de la disparition du matériel.

À Chekka, J. Haller a recueilli, dans la partie restante de la jarre (la par-tie supérieure de la jarre étant effondrée et la moitié donnant sur latranchée étant coupée par les travaux), quelques ossements humains :fragments de maxillaire, de boîte crânienne et d’os longs.Sur le site de Qalamoun nous avons retrouvé dans une grande jarre funé-raire des restes humains d’un individu adulte.

À Mengez, seules quelques esquilles osseuses ont été signalées donnantl’impression que les ossements avaient disparu. Or, il semblerait que lestombes ont été réutilisées à plusieurs reprises, les ossements ayant étévidés de la tombe avant chaque réutilisation 50.À Kfar Gerra, les restes épars d’un squelette ont été retrouvés 51.

Malheureusement le faible nombre d’individus découverts sur ces sites(Dakerman, Chekka, Qalamoun, Mengez et Kfar Gerra) ne nous permet pasd’élaborer des hypothèses plus poussées concernant le mode de traite-ment différentiel des défunts.

4. Mobilier d’accompagnement

À Byblos, le mobilier funéraire retrouvé à l’intérieur des tombes est trèsabondant et présente une grande diversité. 3652 objets sont déposésdans 1088 tombes, soit en moyenne trois objets par tombe. Les tombesqui ne contiennent pas de mobilier sont rares (7 %). D’une manière géné-rale, la nature de ce mobilier est d’une grande diversité : mobilier céra-mique, métallique, en pierre, industrie de l’os, et enfin « objets d’art et élé-ments de parure ». Notons par ailleurs la présence d’un faible pourcentagede matières organiques (faune et flore) décrites sur les fiches des archivesdu « Fonds Dunand » 52.Le mobilier céramique est plus fréquent dans les inhumations individuelles,alors que les objets métalliques et l’outillage en pierre sont beaucoup plusfréquents dans les inhumations plurielles. Les objets d’art et les éléments deparure sont plus répandus auprès des sujets immatures (fig. 6 et 7).Notons que progressivement, vers la fin de la période chalcolithique, lenombre d’objets par tombe diminue et est de qualité supérieure.

À Dakerman, d’après les publications, la majorité des sépultures en jarren’ont livré ni mobilier, ni parure, à la différence de Byblos. Ainsi, à l’excep-tion d’un éclat de silex taillé, on ne retrouve aucun mobilier funéraire dansles jarres de Dakerman 53.

La présence de mobilier d’accompagnement est signalée dans la grandejarre retrouvée sur le site de Qalamoun. Il s’agirait d’armes en os, d’unepierre polie, des restes de cendres et de pierres brûlées 54.

Enfin, signalons que les tombes mégalithiques de Mengez ont livré dumatériel céramique daté du Chalcolithique, du Bronze ancien I et du

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Bronze récent. Il s’agit de vaisselle domestique (plat, bol, coupe), d’élé-ments de parures, quelques silex taillés et des objets en pierre ou en métalet des cachets. Ces derniers 55 sont également attestés à Byblos vers la findu Chalcolithique et au début du Bronze ancien 56.

Un nucléus de silex, un fragment de meule, quelques tessons, deux potset deux bols ont été retrouvés dans la chambre funéraire de Kfar Gerra. Lemobilier céramique de Kfar Gerra serait contemporain de celui Byblos 57.

29Fig. 6 : Jarre funéraire n° 645avec le mobilier d’accompagnement(Archives du "FondsDunand").

Fig. 7 : Jarre funéraire (sans numéro) avec lemobilier d’accompa-gnement (Archives du"Fonds Dunand").

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5. Organisation sociale et économique

Les pratiques funéraires ont été fréquemment utilisées comme argumentdans le débat portant sur le degré de complexité des sociétés chal-colithiques et en particulier sur leur structure et leur organisation(sociétés « égalitaires » ou présence de « chefferies ») dans l’intention dedémontrer leur complexité 58. Dans le cas de Byblos, la nature du mobilier funéraire peut difficilementnous renseigner sur le statut social de l’individu car une distinction d’ordrehiérarchique ne peut être reconnue que si les personnes concernées sontstrictement contemporaines 59. La durée de l’occupation s’étalant sur unmillénaire, il nous est impossible de parler d’une hiérarchisation sociale surla base exclusive de la présence ou de l’absence de tel objet ou matériel. M. Chéhab considérait les tombes riches en mobilier, contenant surtoutdes objets en métal, comme les « tombes des chefs » 60. De même, les« armes », « poignards » et « casse-têtes » déposés dans des jarres, sontpresque toujours attribués à des sujets adultes masculins, les parures auxsujets féminins, et ceci sans aucune certitude. Les tombes contenant desarmes ne sont pas forcément les plus riches et n’appartiennent pas toutesà des adultes de sexe masculin. Ces attributions arbitraires avancées par M.Chéhab ne nous permettent pas d’affirmer l’existence d’un système de« chefferie ». Le mobilier funéraire retrouvé dans les jarres à Byblostémoigne de l’existence d’objets d’usage courant (des hameçons, de lavaisselle en céramique, des parures) ainsi que d’objets fabriqués pour l’in-humation (matériel céramique). La présence d’objets fabriqués pour l’in-humation suppose que le défunt n’était pas toujours inhumé avec sesobjets personnels, ce qui rend l’établissement d’une différenciation socia-le encore plus compliquée.

Nous serions tentée de croire qu’un éventuel traitement différentiel desdéfunts, matérialisé par la nature et la quantité du mobilier funéraire retrou-vé dans les tombes, puisse être effectivement l’expression du statut desindividus 61. Toutefois, la durée de l’occupation sur un millénaire, l’intro-duction de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques ainsi quel’abandon d’autres, et enfin l’existence d’objets fabriqués pour l’inhuma-tion, rendent difficile la reconnaissance d’un ordre hiérarchique fondé surla différenciation du mobilier funéraire.

Concernant la vie économique de ce même site de Byblos, celle-ci estvariée et basée sur l’élevage (enclos), la pêche (hameçons), l’artisanat(parures, outils, céramique), l’agriculture (jarres à grains, outils en silex deslames faucilles) et la chasse (armes, restes osseux d’animaux non domes-tiques). La découverte de matériaux inexistant dans la région (cuivre, obsi-dienne, coquille d’œufs d’autruche) parmi le mobilier funéraire, et l’absen-ce d’atelier d’artisanat suggéreraient une activité commerciale avecd’autres régions. En ce qui concerne les autres sites de la côte, tel Dakerman, la quasi-absence du mobilier rend plus que hasardeux l’avancement de toutethèse d’ordre social ou économique.

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Conclusion

Certains aspects de la culture funéraire de Byblos semblent être communsaux sites du Levant Nord et d’autres à ceux du Levant Sud. D’autresencore sont spécifiques, du moins en ce qui concerne la région etla période. Il est cependant probable que d’autres sites côtiers de mêmetype aient existé. Leur découverte risque alors de bousculer les hypo-thèses sur la spécificité et l’unicité de Byblos. La question qui se pose restetoutefois de savoir pourquoi Byblos est le seul site à ce jour où cette inter-face entre les cultures du Nord et du Sud se manifeste. Byblos se situait-ilà la limite de la zone de contact entre ces deux cultures ? Byblos rayon-nait-il culturellement, cultuellement et commercialement pour attirerconjointement ces deux cultures ?

Ces hypothèses aideront à définir les priorités et les objectifs de futuresrecherches que l’on espère pluridisciplinaires. Elles permettront laconfrontation à la fois de données archéologiques et anthropologiquesconduisant à une meilleure compréhension du mode de fonctionnementde ces populations et de ces sociétés de la période Chalcolithique.

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1 Le terme « énéolithique » estutilisé par Dunand pour décrirecette période archéologique.Actuellement, ce terme n’est plusutilisé ; il correspond à ce que l’onappelle dans l’archéologie syro-palestinienne la période chalcoli-thique ou, le plus souvent, la pério-de « proto-urbaine ».

2 Maurice Dunand a fouillé lesite de Byblos entre 1925 et 1973.Ses archives portant sur les fouillesde Byblos, dont une bonne partiea été sauvée d’un pillage pendantla guerre du Liban, ont été conser-vées pendant plusieurs années à laFaculté des Lettres de l’Universitéde Genève. Elles viennent d’êtrerapatriées au Liban, en septembre2010. Ces archives rassemblent laplupart des données brutes de lafouille et sont déposées dans destiroirs et dans des boîtes sansaucun classement, ce qui a renduleur exploitation assez difficile. Ilexiste 47000 fiches toutespériodes confondues, souventécrites à la main. Parmi cette massede données nous avons inventorié1293 fiches décrivant des jarres,du mobilier funéraire et des resteshumains, 27 plans et enfin plusieursdocuments décrivant l’installationde la période étudiée (Artin,2009).

3 Une partie du matérielarchéologique issue du site deByblos est actuellement conservéedans différents instituts et musées :au Musée National de Beyrouth (40jarres et 17 objets en céramique),au dépôt de la citadelle de Byblos(26 jarres et 153 objets en céra-mique), et à l’Institut de PréhistoireOrientale de Jalès (139 objetsdont 136 éléments de parure).Une part non négligeable (92 %)de ce matériel est inaccessible, soiten raison des pillages qui se sontdéroulés pendant la guerre duLiban (1975-1991), soit en raison

des difficultés d’accès aux réservesdu Musée National de Beyrouth(nous n’avons pu obtenir une auto-risation d’accès qu’en 2001)(Artin, 2009). Une partie des restes humainsinventoriés a été sauvée et se trou-ve actuellement à l’Institut dePaléontologie Humaine de Paris (27squelettes et 52 crânes) et auDépartement d’Anthropologie del’Université de Genève (32 crânes).Ch. Simon a déterminé, à notreintention, le sexe, ainsi que l’âge àpartir des 32 crânes (Artin, 2009).

4 La spécificité de cetterégion réside dans la densité dessites et dans la préservation excep-tionnelle d’ensembles d’habitatsdont certains remontent au IVe mil-lénaire.

5 Tableau effectué à partir deschronologies définies dansDunand, 1973 ; Garfinkel, 2004 ;Hours et al., 1994 ; Garfinkel, 1999et Miroschedji, 1971.

6 Dunand, 1973.

7 Saidah, 1977 et 1979 ;Hours, 1979 et Contenson, 1982.

8 Cauvin, 1962 ; Copeland etWescombe, 1965-1966.

9 Tallon, 1959, 1964 et 1965 ;Steimer, 1996 et 2000.

10 Guigues, 1937.

11 Burkhalter, 1946-1948 ;Besançon et Hours, 1970-1971 etCopeland et Wescombe, 1965-1966.

12 Nous avons pu inventorier684 « structures » dont 87 ont étéclassées par M. Dunand commedes « logis » (Dunand, 1973 etArtin, 2009).

13 Terme utilisé par M. Dunandpour désigner les maisons.

14 Le site de Byblos a livré unensemble funéraire dense et richequi comprend 2097 tombes, dont2059 sont des inhumations en jarre

(Artin, 2009). 15 Dakerman est le seul autresite fouillé de la période étudiée,sa superficie étant moins importan-te que celle de Byblos.

16 Nous avons utilisé le logicield’information géographiqueMapInfo™ version 6.0 pour laconstitution d’un corpus géo-spa-tial de la “nécropole” et de l’instal-lation chalcolithique du site deByblos, intégrant tous les para-mètres spatiaux relatifs aux tombeset aux structures d’habitat (Artin,2009).

17 Artin, 2009.

18 Dans les dépôts de fouilledu site de Dakerman, que nousavons pu visiter au cours de l’an-née 2001, nous avons retrouvédes tessons qui appartiennent pro-bablement à des jarres funéraires.La provenance exacte de ces tes-sons, déposés dans des sacs plas-tiques, n’est pas connue. Les éti-quettes ont soit disparu ou sont illi-sibles. D’après un des anciensouvriers, les jarres funérairesseraient restées in situ. Cette« redécouverte » de grande impor-tance, demanderait un travail plusapprofondi sur le terrain.

19 Saidah, 1979, p. 32.

20 Le site de Mengez se trouveau nord-est du Liban, dans larégion du ‘Akkar qui domine latrouée de Homs (Syrie), « …à 2 kmdu Nahr el-Kébir, dont le cours cor-respond à la frontière avec la Syrie» (Tallon, 1964, p. 7). Voir aussiTallon, 1959, 1964 et 1965 ;Steimer, 1996 et 2000.

21 Tallon, 1965.

22 Steimer, 1996 et 2000.

23 Guigues, 1937.

24 Artin, 2009.

25 L’état de conservation desjarres ne permet pas d’avoir desdonnées précises et systématiquessur leurs dimensions.

32NOTES

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26 Quatre campagnes defouilles ont été menées par RogerSaidah entre 1967 et 1972 (Saidah,1979).

27 À Chekka, cette jarre funérai-re, qui n’a fait l’objet d’aucuneétude, est signalée en 1937 parJean Haller. Elle est ovoïde, d’envi-ron 70 cm de long et de 45 cm dediamètre. Elle a été découverte àl’occasion de travaux de génie civil,à 1,5 m de profondeur. Nousavons recueilli les données concer-nant ce site dans une brève notedactylographiée rédigée par J.Haller, déposée (pour une raisoninconnue) dans les archives du« Fonds Dunand ». La partie supé-rieure de la jarre était effondrée etla moitié donnant sur la tranchéeavait été coupée par les travaux deconstruction. J. Haller a recueilli,dans la partie restante de la jarre,quelques ossements humains :fragments de maxillaire, de boîtecrânienne et d’os longs.

28 J’ai pu visiter ce site au coursde l’année 2005 avec la représen-tante de la Direction Générale desAntiquités, Samar Karam, que jeremercie pour les informationsfournies.

29 Communication personnellede Samar Karam, en 2005.

30 Dunand, 1973.

31 Salles, nd et 1994.

32 M. Tadmor suggère quel’utilisation des couvercles sur lessites du Levant Sud protégeait lecontenu des jarres au moment dutransport et aussi du stockage.D’après lui, dans plusieurs cas, desbols faisaient office de couvercles(Tadmor, 1992).

33 Nous avons regroupé lescouvercles en trois types : frag-ment de vase (68 %) : tesson, fondde jarre, demi jarre ; vase complet(10 %) : « assiette », « bol »,« coupe », « cratère », « cruche »,« jatte », « vase » et dalle de pierre,meule (22 %) (Artin, 2009).

34 Contenson, 1992.

35 Fugmann, 1958 ; Thuesen,1988.

36 Eisenberg et al., 2001.

37 Gilead, 1990.

38 Eisenberg et al., 2001.

39 Maisler et Stekelis, 1952.

40 Genz et Sader, 2007-2008,p. 273.

41 La « baratte » (tombe n°1735) est présentée dans la vitrine2, au premier étage du MuséeNational de Beyrouth.

42 Le « cratère » (tombe n°1329) est présenté dans une desvitrines du musée de la citadelle deByblos, inauguré en 2001.

43 Dunand, 1939, p. 436.

44 Dunand, 1973.

45 Guigues, 1937, p. 56-61.

46 Ce pourcentage fait abstrac-tion des tombes vides (représen-tant 12 % de la totalité destombes) et de celles sur lesquellesnous n’avons pas d’information(représentant 29 % de la totalitédes tombes).

47 Artin, 2009.

48 Il s’agit d’inhumations retrou-vées dans les limites de la surfacesondée.

49 Saidah, 1979, p. 42.

50 Steimer, 1996 et 2000.

51 Guigues, 1937.

52 Guigues, 1937.

53 Ce silex est trouvé sur lebassin du squelette de la tombe nº4 à Dakerman (Hours, 1979).

54 Les jarres et le mobilier

archéologique se trouvent actuel-lement dans les dépôts du site deTripoli (communication personnellede Samar Kamar, 2005).

55 Le mobilier deMengez est conservé dans ledépôt de fouilles du Musée del’université Saint-Joseph à Beyrouth(Steimer, 2000).

56 Dunand, 1954, p. 203, fig.213, n° 8586 ; 8588.

57 Guigues, 1937.

58 Levy, 1998 ; Scham, 1999 ;Rowan et Golden, 2009.

59 Masset, 1990.

60 Chéhab, 1950.

61 Le Mort et Rabinovich,1994.

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