Construire le temps de l'Âge du bronze à l'Âge du fer entre Seine et Meuse

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Histoire et méthodes des chronologies et calendriers des derniers millénaires avant notre ère en Europe occidentale sous la direction de Anne LEHOËRFF Actes du XXX e colloque international HALMA-IPEL, 7-9 décembre 2006 Construire le temps 16

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Histoire et méthodesdes chronologies et calendriers

des derniers millénaires avant notre èreen Europe occidentale

sous la direction de

Anne LEHOËRFF

Actes du XXXe colloque international HALMA-IPEL, 7-9 décembre 2006

Construire le temps

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Sommaire

Introduction

Anne LEHOËRFF – Les enjeux de la construction du temps en archéologie........................................................................... 9

Résumés / Abstracts ......................................................................................................................................................................... 17

Les mots, les méthodes

Alain SCHNAPP – Les Préadamites : une invention manquée de la Préhistoire au xviie siècle ? ............................................. 33

Kristian KRISTIANSEN – From memory to monument: the construction of time in the Bronze Age ........................................ 41

Henrik THRANE – The relevance of the concept of the Closed Find in Chronology and the other Archaeological Analyses ......................................................................................................................... 51

Marie‑Louise STIG SøRENSEN, Katharina Christina REBAy‑SALISBURy – The impact of 19th century ideas on the construction of ‘urnfield’ as a chronological and cultural concept: tales from Northern and Central Europe ..... 57

Christopher PARE – Archaeological Periods and their Purpose ............................................................................................... 69

John COLLIS – Constructing Chronologies: lessons from the Iron Age .................................................................................... 85

Jacques EVIN – L’impact des premières datations 14C sur l’archéologie française avant la calibration .................................. 105

Georges LAMBERT – A Century for Dendrochronology and Archaeology quiet activities ........................................................ 113

Alessandro GUIDI – Social dimensions of time: a comparison between chronologies adopted in the literature, in the Museums and in the handbooks of History ........................................................................................................ 123

Construire le temps des sociétés

Laure SALANOVA – Le temps d’une diffusion : la céramique campaniforme en Europe ......................................................... 135

Lorenz RAHMSTORF – The Bell Beaker Phenomenon and the interaction spheres of the Early Bronze Age East Mediterranean: similarities and differences ........................................................................................................... 149

Géraldine DELLEy – Terminologie et transition : le Néolithique final en Grèce méridionale ................................................... 171

Armelle MASSE, Sébastien TORON – Construire le Temps, de l’âge du Bronze à l’âge du Fer, entre Seine et Meuse ............... 179

Anthony HARDING – The date of Biskupin-type sites in western Great Poland ..................................................................... 189

André BILLAMBOz – Dendrochronologie et palafittes. De la mesure chronométrique à l’approche écologique : le potentiel de l’application dendroarchéologique ........................................................................................................ 197

Marc‑Antoine KAESER – De l’archétype villageois aux réseaux territoriaux : la dendrochronologie et le temps oublié des habitats littoraux ....................................................................................................................... 209

Patrice BRUN – Chronologie relative et rythmes du changement : une question de fréquences d’associations ....................... 221

Pierre‑yves MILCENT – À l’Est rien de nouveau. Chronologie des armes de poing du premier âge du Fer médio-atlantique et genèse des standards matériels élitaires hallstattiens et laténiens ................................................ 231

Stéphane VERGER – 540-520. Quelques synchronismes dans les relations entre l’Europe hallstattienne et les cultures de la Méditerranée occidentale .............................................................................................................. 251

Albert J. NIJBOER – Archaeological Contexts versus Greek Centuries of Darkness ................................................................. 275

Filippo DELPINO – Misurare il tempo, valutare le misure del tempo. Il dibattito sulla cronologia dell’età del Ferro italiana ...... 293

Pierre ROUILLARD – Entre ixe et viie siècle en Andalousie : les termes d’un débat ................................................................... 299

Arturo RUIz, Juan Pedro BELLóN, Alberto SÁNCHEz – La construction archéologique des Ibères. Entre Orient et Occident ................................................................................................................................................ 307

Gilbert KAENEL – Entre histoire et typologies : les chronologies de la période de La Tène .................................................... 325

Olivier BUCHSENSCHUTz – Archaeologia geographica : analyse spatiale et typologique de l’âge du Fer nord-alpin ........... 343

Patrick PION – « La monnaie de l’absolu » : un siècle de numismatique gauloise dans les chronologies du second âge du Fer .................................................................................................................................................... 349

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anne LeHOËrFF

Résumés / Abstracts

résumés / aBstracts

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résumés / aBstracts

Géraldine DelleyTerminologie et transition : le Néolithique final en Grèce méridionale

Le phénomène de transition en archéologie est problé‑matique en soi. Si les méthodes de datation absolue ont permis d’apporter des éléments de réponse sur un plan pure‑ment chronologique, il n’en reste pas moins qu’un problème de fond perdure. Il touche à l’analyse et à la définition des processus de formation et d’évolution des cultures en archéo‑logie.

Nous proposons d’engager une réflexion sur la question de la transition du Néolithique au Bronze ancien en domaine égéen, où cette phase pose des problèmes importants que les auteurs ont l’habitude de résumer ainsi : premièrement, cette longue phase n’est représentée le plus souvent que par des lambeaux de stratigraphies qui n’en reflètent qu’une partie. Deuxièmement, la chronologie relative repose largement sur des liens typologiques établis au sein d’une production céra‑mique peu différenciée. Troisièmement, les datations absolues restent encore exceptionnelles. L’introduction des datations 14C marque pourtant un tournant dans les recherches sur la fin du Néolithique en Egée. D’une part, on prend conscience de la longueur considérable de ce qui avait été dénommé Néolithique récent (I et II) et qui nécessite d’être subdivisé. En 1972, Renfrew propose ainsi de combler un « trou » d’une durée de neuf cent ans (4100‑3200 B.C.), en créant une sous‑phase qu’il baptise Néolithique final et qu’il définit comme la phase de transition entre le Néolithique et le Bronze. D’autre part, l’arrivée des datations absolues signe le renversement du paradigme diffusionniste qui dominait jusque‑là les inter‑prétations sur l’origine et la transmission d’inventions aussi décisives que la métallurgie. Or, si le changement culturel n’est désormais plus considéré exclusivement comme le fruit de migrations ou de diffusions, certaines « idées reçues » – qui tou‑chent à la transition du Néolithique au Bronze ancien et, par extension, à l’invention de la métallurgie – persistent (urbani‑sation, spécialisation artisanale, développement des richesses, hiérarchisation de la société, développement du commerce sur de longues distances, etc.). La transition du Néolithique au Bronze ancien n’apparaît dès lors pas uniquement comme une abstraction chrono‑ culturelle, mais a valeur d’étape his‑torique de la protohistoire égéenne. Il en résulte un décalage flagrant entre les images que véhiculent les définitions théori‑ques de cette phase et les données matérielles récoltées.

Terminology and transition: Late Neolithic in Southern Greece

The transition from the Neolithic to the Early Bronze Age is an old problem in Aegean prehistory which goes back to three distinct difficulties. First, this period of lengthy extension (ca. 4100-3200 BC) cannot draw on complete or continuous strati-

graphies. Secondly, its relative chronology rests upon typological relations between ceramics which do not present characteristic features. Thirdly, reliable absolute datations are rather scarce.

The introduction of the radiocarbon dating method is an important turn in these matters. On the one hand, one is con-fronted to the considerable length of the Late Neolithic I and II which require additional subdivisions to make sense ; hence, in 1972 Colin Renfrew filled this 900 year long gap by inventing a new phase which he named the Final Neolithic and defined as the transition from the Neolithic to the Bronze Age. On the other hand, the calibration of 14C brought to an end the diffusionist par-adigm. Notwithstanding this, the archaeologists’interpretational scenarios still rest upon the persistant perception of some phenomena usually – and in an oversimplifying manner – asso-ciated with the Neolithic-Bronze Age transition and which also appear in the discipline’s conventional definition of the transi-tion. Hence, as this article will show, an important discrepancy appears between this definition and the uncovered material’s characteristics.

Armelle Masse, Sébastien ToronConstruire le Temps, de l’âge du Bronze à l’âge du Fer, entre Seine et Meuse

La région du Nord‑Pas‑de‑Calais ne bénéficie pas d’une réelle visibilité au sein de la recherche archéologique natio‑nale et européenne. Pourtant, sa situation au carrefour de plusieurs entités culturelles (atlantique, nord‑alpine, nordi‑que) suppose une riche histoire. L’archéologie régionale du xixe siècle a difficilement assimilé les avancées sur la défini‑tion du calendrier des âges des Métaux. Après une période de réticence et finalement d’approbation, la difficulté majeure est le renouvellement des données. Depuis les années 1970, la professionnalisation de l’archéologie a permis d’impor‑tantes découvertes. Cependant, les chercheurs rattachent ces découvertes aux grandes chronologies exogènes, nationales ou européennes. L’établissement d’un phasage régional pour les âges des Métaux pourrait être tenté à partir essentielle‑ment de la céramique. La proximité avec la Belgique et le Bassin parisien donne au Nord‑Pas‑de‑Calais un réel contexte historique et l’utilisation des datations archéométriques pour certains vestiges s’avère indispensable.

Constructing Time, from Bronze Age to Iron Age, between Seine and Meuse

The Nord-Pas-de-Calais region does not have a real visibi-lity, be it in national or European archaeological research. However, its location at the crossroads of several cultural enti-ties (Atlantic, North-Alpine, Nordic) implies a rich history. The advances in defining the Metal Ages calendar have not been easily assimilated by local 19th century archaeologists. After a

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résumés / aBstracts résumés / aBstracts

certain reluctance and their final acceptance of the concept, the biggest difficulty remains the renewal of data. Since the 70’s, the professionalization of archaeology has led to significant discoveries, however researchers tend to link them to the main exogenic, national or European chronologies.

A regional Metal Ages chronology could be established mainly from pottery. Closeness to Belgium and the Paris Basin provides the Nord-Pas-de-Calais region with a real historical context and the use of archeometric dating for some remains proves paramount.

Anthony HardingLa datation des sites de type Biskupin dans la Grande Pologne occidentale

Biskupin est le site de référence d’un groupe de fortifica‑tions lacustres du début de l’âge du Fer de Grande Pologne ; il est bien connu dans la littérature depuis les années 1930. Beaucoup reste cependant à clarifier sur sa datation et sur ses relations avec les autres sites du meme type, même si l’étude de la céramique le place aux Ha C et D. Cet article présente les prospections géophysiques et les datations faites sur le site de Sobiejuchy ; il montre en particulier que les dates dendrochro‑nologiques de la palissade de Sobiejuchy tombent vers 750 avant notre ère, soit un peu avant ce que donnent les datations par la même méthode pour Biskupin.

The date of Biskupin-type sites in western Great Poland

Biskupin is the type-site for a group of lakeside stockades belonging to the Early Iron Age in Great Poland, and has been well-known in the literature since the 1930s. Much is unclear, however, about its date and its relationship to other sites of this kind, though pottery analyses place it within Ha C and Ha D. The paper describes recent geophysical survey and dating work at the nearby fortified site of Sobiejuchy which shed light on these matters, and in particular demonstrates that dendro dates for the timber rampart surrounding the Sobiejuchy site fall in the years around 750 BC, which is a little earlier than dendro dates for Biskupin.

André BillambozDendrochronologie et palafittes. De la mesure chronométrique à l’approche écologique

Depuis sa première application dans le site fortifié de la Wasserburg Buchau en 1940, la dendrochronologie est deve‑nue une pièce maîtresse de la méthodologie archéologique dans le contexte de la recherche palafittique. Elle lui offre d’abord un calendrier précis de l’histoire de l’occupation. Par ailleurs, elle lui permet de mieux saisir les événements dans

leur durée et c’est cette épaisseur du temps que nous aborde‑rons particulièrement ici, que ce soit au niveau des activités humaines (chronologie de l’occupation, durée de vie des uni‑tés d’habitat, cycles de l’exploitation forestière) ou au plan du contexte climatique et environnemental (développement du couvert forestier, évolution du climat en relation avec l’habitat en milieu humide).

Dendrochronology and palafits. From the chrono metrical measure to the environmental approach

Since its first application for the fortified site of Wasserburg Buchau in 1940, dendrochronology has proven a keystone of archaeological methodology in the palafittic research field while providing it with a precise calendar. Besides, it allows for a better grasping of events over lengthy periods. This lat-ter aspect will be our main concern today, be it at the level of human activities (i.e. settlement chronology, habitat lifespan, forest management cycles) or that of climate and the environ-ment (forestry expansion, the links between climate changes and dwellings in wet environments).

Marc-Antoine KaeserDe l’archétype villageois aux réseaux territoriaux : la dendrochronologie et le temps oublié des habitats littoraux

Sur le pourtour alpin, l’étude des sites littoraux du Néolithique et de l’âge du Bronze a autorisé l’établissement d’un gigantesque corpus dendrochronologique. Or cette méthode de datation ne porte pas que sur l’âge des établisse‑ments : elle permet de retracer, d’un habitat à l’autre, l’histoire locale de manière très détaillée, en mettant en évidence les constructions, les réfections successives, puis l’abandon des structures d’habitat, des palissades, des chemins d’accès, etc.

Ces datations permettent de toucher à un ordre de réa‑lités proprement inouï en préhistoire : l’enchaînement et l’articulation d’événements particuliers, qui témoignent des choix culturels des populations préhistoriques, bien sûr, mais également de la relation entre contraintes environnementa‑les et nécessités économiques, dans les modes de gestion de l’écosystème.

En raison du poids de l’histoire de la recherche, cet outil s’avère toutefois largement sous‑exploité dans l’interprétation des dynamiques sociales : nos représentations demeurent trop fortement imprégnées par les visions utopiques (et donc uchroniques) du village archétypal du mythe lacustre établi dès le xixe siècle.

Dans notre communication, nous cherchons dès lors à montrer comment la dendrochronologie des habitats pala‑fittiques doit permettre à l’archéologie préhistorique de se dégager du « temps froid » de la « longue durée » braudélienne.

géraLdine DELLEy

LEHOËRFF (A.) dir. — Construire le temps. Histoire et méthodes des chronologies et calendriers des derniers millénaires avant notre ère en Europe occidentale. Actes du XXXe colloque international de Halma-Ipel, UMR 8164 (CNRS, Lille 3, MCC), 7-9 décembre 2006, Lille. Glux-en-Glenne : Bibracte, 2008, p. 179-187 (Bibracte ; 16).

armeLLe MASSE, séBastien TORON

Construire le Temps, de l’âge du Bronze à l’âge du Fer,

entre Seine et Meuse

Le Nord‑Pas‑de‑Calais est l’une des régions les plus densément habitée de France. Elle se situe au carrefour de différentes cultures et ce depuis les périodes les plus anciennes. Comme dans beaucoup de régions l’activité archéologique, dès le xixe siè‑cle, a permis de reconstituer les grandes phases de l’histoire locale. Les bâtisseurs des chronologies ont longtemps laissé de côté une grande partie du nord de la France. Il est donc impossible de parler de la construction du temps dans le Nord‑Pas‑de‑Calais sans prendre en compte les recherches menées dans les zones limitrophes, que l’on limite au sud par la Seine et au nord‑est par la Meuse. Cet espace forme un ensemble géographique cohérent qui d’un point de vue historique présente des points communs tout le long des âges des métaux. Mais un morcellement est perceptible pour des raisons scientifiques, existence de faciès micro‑régionaux, mais aussi en raison d’une recherche hétérogène. Pour le moment, aucune chronologie interne n’a été tentée, avant d’en comprendre les raisons, il est nécessaire d’interroger les débuts de l’archéologie régionale. Comment date‑t‑on les vestiges de l’âge du Bronze et du Fer dans le Nord‑Pas‑de‑Calais ? Sa dépendance à la recherche nationale et euro‑péenne est perceptible depuis le xixe siècle. Peut‑on aujourd’hui penser à la création d’une chronolo‑gie régionale ? Quelles en seraient les motivations ? Selon quelles modalités cela peut‑il être envisagé ?

LE TEMPS DES RéTICENCES

La conception du temps en Protohistoire est née en grande partie de la nécessité d’ordonner les collections archéologiques des musées au cours du xixe siècle. Avec le classement des Trois Âges ini‑tié par C. J. Thomsen en 1816 à Copenhague naît la conscience d’un “temps” Protohistorique en Europe occidentale, centrale et nordique.

Cette avancée dans le rapport de l’homme et son temps qui se déroule sur fond de polémique sur l’origine ancienne de l’Homme ne trouve pas un écho toujours positif chez les érudits de l’épo‑que. À la lecture des ouvrages et des bulletins des sociétés savantes, les érudits locaux de la région Nord‑Pas‑de‑Calais du xixe siècle sont fortement marqués par le poids de la religion. Le renouvel‑lement des méthodes de recherche et des idées que Boucher de Perthes initie avec ces travaux au milieu du xixe siècle est difficilement accepté par une partie des savants (Parsis‑Barubé 1995, p. 392). Auguste Terninck (1811‑1888), l’un des membres fondateurs de la Commission Départementales des Monuments Historiques du Pas‑de‑Calais critique à plusieurs reprises les avancées de ces chercheurs (Monchy 1986). Lors d’une séance, du 4 janvier 1872, il donne un avis très mitigé sur l’existence des trois âges. L’âge du Fer n’existe pas, nos contrées étant très éloignées “des peuples plus industrieux” sous

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entendu les Romains, le fer n’a pu être utilisé avant leur arrivée. En ce qui concerne le bronze, il n’appa‑raît en Gaule que grâce aux Phocéens. Pour l’âge de Pierre tous les arguments bibliques sont utilisés pour minimiser l’existence d’un “homme antédiluvien” (Terninck 1869 ; 1872 ; Parsis‑Barubé 1995, p. 425). Il n’est pas le seul évidemment, l’abbé Joncquel dans le Boulonnais lutte également contre ces idées (Seillier 1977, p. 7). Mais il existe toujours des irré‑ductibles, comme notamment Henri Rigaux qui travaille sur Lille et ses environs qui dans les années 70 du xixe siècle utilise le découpage de Thomsen. H. Rigaux dans une synthèse des découvertes histo‑riques dans le Nord, non publié (manuscrit connu), évoque l’occupation ancienne de Lille et discute déjà des problèmes de continuité ou de disconti‑nuité entre les âges (Rigaux 1873, p. 8‑11).

L’APPROBATION

En France, c’est à partir de 1900 que la démar‑che typologique pour subdiviser les différentes phases de l’âge du Bronze et l’âge du Fer est réel‑lement employée. J. Déchelette enrichit l’approche de O. Montélius par sa périodisation en cinq étapes pour l’âge du Bronze et autant pour l’âge du Fer (Montélius 1900 ; Déchelette 1914). Quant au sys‑tème de P. Reinecke (Reinecke 1905), approuvé par de nombreux chercheurs français, il sert de lien entre les contextes archéologiques européens et français permettant une attribution chronologique des nécropoles type “Champs d’Urnes” (Brun 1986). D’un point de vue local, les recherches allemandes ont eu peu d’impact pour la simple raison que les vestiges de la transition Bronze‑Fer sont quasiment nuls. Cependant, à la veille de la première guerre mondiale malgré une activité archéologique décli‑nante (Leman 1990, p. 15), l’ancienneté de l’homme est reconnue (Seillier 1977, p. 7) et la chronologie de J. Déchelette est usitée par la nouvelle génération des chercheurs. A. Salmon qui découvre près de Cambrai, à Moeuvres, un ossuaire humain demande à J. Déchelette son avis sur la datation qu’il fixe de “La Tène II” (Salmon 1913, p. 321 ; Déchelette 1914, p. 1040, note 2).

L’ADAPTATION

C’est à J. J. Hatt que l’on doit l’adaptation du sys‑tème allemand de P. Reinecke à partir des contextes archéologiques français plus particulièrement des régions du Nord‑Est. Il propose alors au début des années soixante une nomenclature française pour

l’âge du Bronze et le premier âge du Fer (Hatt 1961 ; 1962). De même, il s’inspire des travaux du suisse Viollier sur les nécropoles de Champagne pour éta‑blir le phasage du second âge du Fer (Hatt, Roualet 1976, p. 7 ; Demoule 1999, p. 16). Ces classifications font encore le plus souvent l’unanimité parmi les chercheurs français. Dans le Nord‑Pas‑de‑Calais, les vestiges de La Tène sont datés depuis les années 70 selon la chronologie champenoise ou la chrono‑logie allemande. On trouve parfois la référence aux deux systèmes dans une même publication (Jacques, Rossignol 1996). Il est fréquent également de dater les vestiges d’une même zone géographi‑que, pour le premier âge du Fer avec la chronologie allemande et pour le second âge du Fer avec la champenoise. L’intérêt pour la chronologie cham‑penoise s’explique par sa proximité géographique, en revanche celle de l’Allemagne est plus diffi‑cile à saisir. Celle‑ci serait‑elle plus prestigieuse ? W. Kimmig dans son exposé introductif au colloque de Nemours en 1986 adhère à ce système combiné car, selon lui : « Par son côté abstrait, ce système offre la possibilité d’inclure sans difficulté des recherches faites sur un plan régional » (Kimmig 1988, p. 13).

Depuis les débuts de la chronologie relative, les chercheurs régionaux du Nord‑Pas‑de‑Calais ont assimilé, avec parfois réticence, les évolutions des systèmes chronologiques. À la sortie de la Grande guerre aucune chronologie régionale n’a été tentée. La faiblesse des découvertes (Lejars, Metzler 1996, p. 237), associée à l’importance qu’ont prises les chronologies de J. Déchelette, celle de P. Reinecke et leurs évolutions explique probablement cet état (Guilaine 1976, p. 19‑21 ; Pion 1996, vol II p. 10‑12). Une intégration dans un système typo‑chronologi‑que global est la méthode utilisée par les chercheurs nordistes depuis le xixe siècle (Pion 1996, vol. II, p. 3). On constate dans les dernières décennies une ten‑dance à parler surtout en chronologie absolue ; serait‑ce révélateur des difficultés à naviguer entre les chronologies ?

LA PLACE Du NORD DANS LES SYNTHèSES NATIONALES

La situation du nord de la France dans les premiè‑res synthèses nationales est très peu avancée par leur auteur. Pour J. Déchelette, les régions du nord de la France appartiennent aux « provinces occidentales européennes de l’âge du Bronze ». Cependant elles sont très peu mentionnées, voire absentes pour les rites funéraires, bien que l’on retrouve l’importance des dépôts métalliques d’Île‑de‑France et dans une

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moindre mesure de Picardie. En 1957, N. K. Sandars dresse un tableau de la fin de l’âge du Bronze en France. Sa division en secteur géographique intègre le nord de la France au Bassin parisien et au litto‑ral de la Manche. Seulement l’âge du Bronze y est peu présent : « le Bassin parisien sommeille dans un Second Néolithique inactif » (« The Paris basin slum-bered in the Secondary Neolithic inactivity », Sandars 1957, p. 65). Cette situation a évolué, les travaux des vingt dernières années fournissent une image moins rétrograde, comme les nouvelles chrono‑logies régionales le prouvent. Cependant toutes les régions ne tiennent pas la même place dans les synthèses. Il est fréquent de constater l’absence des vestiges du Nord‑Pas‑de‑Calais. Ce qui n’est pas complètement justifiable. Mais peut‑être faut‑il faire là notre autocritique. Pourquoi la recherche ne tient pas plus compte des données de la région ? Une solution est peut‑être d’accentuer les collabora‑tions avec la recherche belge afin de travailler sur un espace historique cohérent, démarches diffici‑les en partie pour des raisons linguistiques.

L’IMPACT DES RECHERCHES BELGES ET NéERLANDAISES

À ce titre, les contributions des collègues bel‑ges dans les publications françaises et inversement ont fait défaut jusqu’à ces dernières décennies. Pourtant en Belgique et aux Pays‑Bas les travaux sur la chronologie des âges des métaux ont suivi une évolution comparable, voire plus rapide concer‑nant les méthodes de datation absolue. Par ailleurs, la chronologie de l’âge du Bronze en Belgique est étroitement liée aux travaux des chercheurs néer‑landais qui sont les premiers à avoir proposé une périodisation (Warmenbol 2004). Même si les Pays‑Bas ont une superficie à peine plus grande que la région Nord‑Pas‑de‑Calais et la Picardie réunis, ils ont su dans les années 60 se fédérer pour créer une chronologie relative compléter dans les années 70 par une série de datations absolues (Louwe Kooijmans et al. 2005, p. 26). Les premiers travaux menés à partir des séries radiocarbones sont plus récents sur le territoire flamand (Bourgeois et al. 1996). Ils ont permis une grande avancée dans la caractérisation des âges des Métaux en Belgique.

Pourtant l’intérêt de croiser les périodisations protohistoriques entre ces pays est relativement nouveau. On peut s’interroger du peu d’impact des tentatives des chronologies belges sur la recher‑che nordiste malgré la proximité géographique et historique. Dans les années 80, l’élaboration d’un

système chronologique en Belgique s’appuyait uni‑quement sur l’étude de la culture matérielle et sur l’établissement de typochronologies de la cérami‑que. Les relations avec les ensembles néerlandais, voisins de la Belgique, permettaient de caler les dif‑férentes typologies au sein des développements de l’âge du Bronze européen.

D’autre part, les travaux de M.‑E. Mariën sur la périodisation du début du deuxième âge du Fer, à partir des données découvertes en contexte funé‑raire (Mariën 1961, p. 7), ne semble pas avoir eu beaucoup d’influence. La dominance, à nuancer aujourd’hui, qu’a pris la recherche champenoise pour le second âge du Fer en France (Guilaine 1976, p. 21) et les problèmes chronologiques du groupe de la Haine rectifiés par G. Leman‑Delerive (Leman‑Delerive 1984b) expliquent peut‑être le désintérêt. Pour le premier âge du Fer les travaux de A. Cahen‑Delhaye sur la chronologie des “tom‑belles” ne trouvent pas d’écho en raison du peu de vestiges du même type dans la région et plus globa‑lement de découvertes datables de cette période (Cahen‑Delhaye 1983).

LES NOuVELLES CHRONOLOGIES RéGIONALES

Il faut attendre le milieu des années 70 pour qu’un renouveau se produise dans le Nord‑Pas‑de‑Calais, lié à la perception d’une Europe Nord occidentale aux âges des Métaux avec des faciès régionaux voir micro‑régionaux et non plus comme un bloc. Le nord de la France trouve alors une défi‑nition régionale au sein de la Protohistoire française et ainsi propose un schéma général qui peut être mis en comparaison avec les proches voisins. Une évolution à deux vitesses caractérise les travaux sur l’âge du Bronze et ceux sur l’âge du Fer, clairement liée à l’état des connaissances sur chacune des périodes. Dans les années 70, les chercheurs cham‑penois proposent déjà une chronologie de l’âge du Fer qui fera date (Demoule 1999, p. 12‑16), tandis que les premières synthèses locales sur l’âge du Bronze restent attachées aux chronologies internationales (Gaucher, Mohen 1974). Même si le Bassin parisien peut être séquencé par la méthode du classement automatique de contextes clos (Gaucher 1978), le nord de la France, reste attaché à des synthèses de référence sur le début des âges des Métaux comme la thèse de J.‑C. Blanchet (1984). Pour l’âge du Fer, c’est la céramique qui est la base des premières synthèses chronologiques. Les ensembles étudiés sont très localisés, dans la région lilloise (Leman‑

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Delerive 1984a ; 1989) et arragoise (Hurtrelle et al. 1989). Les auteurs proposent un phasage qui utilise ou non une nomenclature propre mais au final c’est la chronologie champenoise de J.‑J. Hatt et P. Roualet qui sert de référent pour la datation absolue.

Après le milieu des années 80, les études régionales se multiplient, chacun essayant de déter‑miner avec plus de précision les périodes moins documentées en même temps que s’affine l’évo‑lution culturelle des sociétés protohistoriques. Les périodes de l’âge du Bronze ancien, moyen et final sont tour à tour détaillées à partir du mobilier, mais également par l’apport déterminant des données stratigraphiques dans la périodisation des nouveaux sites archéologiques (Billard et al. 1996 ; Blanchet et al. 1989 ; Brun 1986). En Picardie, J.‑P. Demoule et P. Pion établissent un phasage local à partir d’en‑sembles cohérents de l’âge du Fer (funéraire ou habitat). Pour éviter d’ailleurs toute assimilation, les auteurs utilisent des terminologies qui renvoient directement à leur région d’étude ou des termes neutres comme des chiffres (Demoule 1999 ; Pion 1997). Ces auteurs critiquent les chronologies hexagonales mal adaptées aux travaux régionaux. Les moyens utilisés pour dater de façon relative et absolue les vestiges aboutissent souvent à des “chro‑nologies‑tiroirs” ou à un “patchwork” (Pion 1997, p. 4, 12‑13). Dans le Nord‑Pas‑de‑Calais, les fouilles sur le tracé du TGV‑Nord et de l’autoroute A16 apportent de nouvelles données dans des zones mal documentées, liées à l’habitat et au funéraire. Elles font l’objet d’un phasage qui utilise le système allemand, renforcé par des datations dendrochro‑nologiques absolues (Desfossés, Blancquaert 1992 ; Blancquaert 2000 ; Desfossés 2000).

LES MODALITéS D’uNE CHRONOLOGIE POuR LA RéGION NORD-PAS-DE-CALAIS

Le paysage historique de la recherche sur les chronologies protohistoriques qui vient d’être dressé doit permettre d’analyser les faiblesses et d’entrevoir les ouvertures possibles vers l’éta‑blissement d’une périodisation des âges des Métaux propre aux régions du nord de la France. Il est aujourd’hui possible de rendre moins “flou” le domaine septentrional aux yeux de la recherche française et européenne (Lejars 1996, p. 3).

Les nombreuses découvertes de ces trente dernières années devraient faciliter la tâche, néan‑moins les problèmes que rencontre la région sont de deux types. Le premier est celui de la faiblesse des données liée au manque de fouille pour les

âges des Métaux. Bien que les découvertes faites par l’archéologie préventive permettent de préci‑ser l’organisation des sociétés protohistoriques de la région, les fouilles programmées sont toutefois quasi inexistantes. Les vestiges présentent souvent peu de mobilier et l’état d’arasement des structures protohistoriques rend souvent difficile une attri‑bution chronologique. Le recours à des datations absolues 14C est souvent la seule alternative pour une attribution chronologique précise.

Le constat pour l’âge Fer est que les sites four‑nissent globalement peu d’objet métallique, un recensement récent fait état de moins de 100 objets en fer dans le Nord‑Pas‑de‑Calais (Mathiot et al. 2006). Il est alors difficile de procéder à une attribution chronologique en s’appuyant sur les calendriers existants construits en grande partie sur le mobilier métallique, et les objets d’importation sont peu présents dans les régions septentrionales (Pion 1997, p. 4).

Il semble nécessaire de repenser la périodisa‑tion régionale à partir d’un phasage moins rigide qui rende mieux compte des dynamiques culturel‑les d’une région où sont sensibles les influences exogènes dans les productions humaines. L’apport d’une telle démarche offrirait un cadre plus souple pouvant être intégré ensuite à l’histoire des popula‑tions d’Europe Nord occidentale.

Des synthèses locales récentes permettent de constater l’accroissement des connaissances depuis les côtes de la Normandie à l’ouest jusqu’à la Lorraine à l’est (Bourgeois, Talon 2005). Mise à part les études déjà menées sur les objets métalli‑ques (Gabillot 2003), la périodisation du mobilier céramique semble actuellement le meilleur jalon pour l’ensemble du territoire, surtout en Picardie (Buchez, Talon 2005 ; Blanchet, Talon 2005). Il per‑met de lever des hypothèses sur la succession des divers horizons depuis le Néolithique final jusqu’à l’âge du Fer. Les groupes culturels ainsi définis sur la base du mobilier et des structures archéologiques forment, régionalement et micro‑régionalement, des ensembles qu’il est possible de suivre dans leur évolution chronologique. Dans la vallée de l’Aisne, la caractérisation des pratiques funéraires de l’âge du Bronze permet de suivre des transformations majeures qui peuvent être interprétées en terme d’évolution chronologique (Brun et al. 2005). Par ailleurs, la datation des pratiques d’incinérations, croisées parfois à la typologie des urnes cinéraires, participe également à l’élaboration d’une pério‑disation de l’âge du Bronze régionale (Le Goff, Guichard 2005).

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Ces approches devraient permettre d’aboutir à une nomenclature s’appuyant sur une terminologie locale qui prenne en compte tant la culture maté‑rielle, que les faits archéologiques correspondant à des changements dans les pratiques culturelles des sociétés.

LA DATATION ABSOLuE, uNE APPROCHE INéVITABLE

Il ne faut pas non plus négliger l’apport des datations radiocarbone qui permettent d’échapper à l’impasse dans laquelle on est confrontée vis‑à‑vis

de l’attribution chronologique de certaines occupa‑tions humaines. Le cas des monuments funéraires à fossé périphérique présent dans la région en est symptomatique. L’absence de mobilier rend diffi‑cile leur attribution chronologique entre le début de l’âge du Bronze et le premier âge du Fer. Si l’on observe le parcours des voisins belges, le recours à la datation 14C de façon systématique fournit des résultats intéressants (Bourgeois et al. 1996, p. 146 ; Bourgeois, Cherreté 2005, p. 75). Pour le nord de la France, les échantillons provenant des contextes funéraires de l’âge du Bronze montrent de grandes similitudes avec ces derniers. La provenance des

1. Tableau de répartition chronologique des datations par carbone 14 obtenues en contexte funéraire de l‘âge du Bronze dans le nord de la France (S. Toron).

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échantillons de charbon de bois depuis les niveaux inférieurs du comblement des fossés jusqu’à leur remplissage terminal d’un côté, et des sépultures à inhumation et à crémation de l’autre, permet de disposer d’une échelle chronologique couvrant les différentes phases d’occupation et de réoccupation des cimetières de l’âge du Bronze (ill. 1).

Ainsi, de part et d’autre de la frontière, l’ensem‑ble des prélèvements effectués à ce jour couvre toute la période de l’âge du Bronze voire même le Néolithique final et le début de l’âge du Fer. La confrontation des résultats permet d’attester une correspondance chronologique entre les occupa‑tions funéraires et le comblement des fossés. Ce bilan a permis de mettre en évidence une période “optimum” qui a vu l’édification d’un grand nom‑bre de monuments funéraires à fossé circulaire au milieu de l’âge du Bronze (Toron 2006, p. 74). Il est ainsi possible de cadrer cette évolution des prati‑ques funéraires au sein de l’âge du Bronze régional, qui renvoie plus largement au phénomène des monuments à base circulaire connus de l’Angle‑terre et aux Pays‑Bas.

Sans considérer que les datations 14C ou den‑drochronologique sont la solution à la construction du temps dans la région, il faudrait la constitution d’un référentiel à une échelle régionale ou extra‑régionale pour que la lecture des vestiges en chronologie absolue puisse se révéler efficace. Les lacunes des données dendrochronologiques pour la région devraient pouvoir se résorber à long terme grâce à l’accroissement des échantillonnages dans le nord‑ouest de la France. L’élaboration d’un réfé‑rentiel dendrochronologique pour la Champagne, la Lorraine et ses régions limitrophes montre bien qu’en dehors des zones traditionnelles il est pos‑sible de construire ce type d’outil (Laurelut et al. 2002). Il faut toutefois noter que la particularité des nouveaux travaux qui fournissent des datations absolues est qu’il date des actions humaines soit sur le paysage ou sur l’exploitation et la transformation

des ressources naturelles (Bernard 2005 ; Laurelut, Louwagie 2002 ; Laurelut et al. 2002). Le lien avec le mobilier archéologique, qui est la base de nos traditionnelles chronologies, n’est pas possible en fonction des problématiques ou n’a pu être fait en raison du peu de mobilier.

Cet article présente le cas restreint d’une zone géographique dans le cadre d’une histoire régio‑nale, voire microrégionale. En l’occurrence, le but est de clarifier la place de notre région qui est remarquablement placée entre une Europe méri‑dionale et septentrionale. Malgré le manque de données sensibles dans cet état des lieux, on peut en conclure qu’une amorce est clairement marquée pour établir un système local basé sur des groupes microrégionaux. Des contextes bien connus dans le domaine funéraire, ainsi que les typologies d’objets tels que la céramique restent les repères les mieux documentées pour l’histoire des âges des Métaux. Par ailleurs, le recours à un étalonnage en data‑tion absolue apparaît nécessaire pour replacer ces ensembles et combler les manques d’attribution chronologique des sites au “maigre” mobilier.

Les recherches de ces dernières années ont montré qu’il ne fallait pas concevoir de rupture rigide entre chaque période archéologique mais bien une évolution sous forme d’assimilation et de transformation d’une période à une autre. Il en est de même dans le nord de la France qui, par sa position centrale dans les relations est‑ouest et nord‑sud, a participé à l’élaboration de nombreu‑ses influences économiques, sociales et culturelles avec ses voisins d’Europe Nord occidentale. On peut espérer, d’autant plus que le potentiel existe, qu’un jour une chronologie régionale ou extra‑régionale dans laquelle les territoires du Nord‑Pas‑de‑Calais seraient plus visibles et incluant les territoires bel‑ges puisse voir le jour. Mais le temps et son histoire se construisent que si on leur donne les moyens humains et matériels d’y parvenir.

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