CHÂTELET, « Vraies ou fausses banquettes ? Sur les dépôts latéraux de terre dans les tombes de...

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Tome XXIII des Mémoires publiés par l’Association française d’Archéologie mérovingienne Depuis la « Rencontre autour du cercueil » publiée en 1998, le nombre de cas d’aménagements funéraires en bois et la qualité des études ont consi- dérablement augmenté. Les méthodes d’approche se sont également diversi- fiées. Il est donc apparu opportun d’organiser en 2009 une table ronde sur ce sujet. Abondée de contributions complémentaires, la publication des actes, conçue comme un recueil de documents largement illustré, propose différen- tes approches des questionnements ainsi qu’un catalogue de cas témoignant de la variété des pratiques. Les articles couvrent un champ chronologique étendu du Néolithique à la période moderne et sont organisés selon cinq thèmes. Le premier, « Le voir et en parler », constitue un bilan méthodologique qui pose les bases de la réflexion. « Des évidences : lire le visible » regroupe un ensemble d’exemples dans lesquels le bois est conservé. Il est suivi de « Des déductions : voir l’invisible », consacré aux études de sépultures et d’ensembles funéraires où les bois ont disparu ou apparaissent sous forme de traces. Le quatrième thème, « Transmere l’image : des restitutions », est déjà abordé dans certains des articles des chapitres précédents. La dernière partie est consacrée aux recherches qui raachent les architectures funéraires en bois à des phé- nomènes de société. AFAM 2012 Le bois dans l’architecture et l’aménagement de la tombe Le bois dans l’architecture et l’aménagement de la tombe : quelles approches ? Sous la direction de Florence Carré et Fabrice Henrion Actes de la table ronde d’Auxerre 15-17 octobre 2009

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Tome XXIIIdes Mémoires publiés par l’Association française d’Archéologie mérovingienne

Depuis la « Rencontre autour du cercueil » publiée en 1998, le nombre de cas d’aménagements funéraires en bois et la qualité des études ont consi-dérablement augmenté. Les méthodes d’approche se sont également diversi-fiées. Il est donc apparu opportun d’organiser en 2009 une table ronde sur ce sujet. Abondée de contributions complémentaires, la publication des actes, conçue comme un recueil de documents largement illustré, propose différen-tes approches des questionnements ainsi qu’un catalogue de cas témoignant de la variété des pratiques. Les articles couvrent un champ chronologique étendu du Néolithique à la période moderne et sont organisés selon cinq thèmes. Le premier, « Le voir et en parler », constitue un bilan méthodologique qui pose les bases de la réflexion. « Des évidences : lire le visible » regroupe un ensemble d’exemples dans lesquels le bois est conservé. Il est suivi de « Des déductions : voir l’invisible », consacré aux études de sépultures et d’ensembles funéraires où les bois ont disparu ou apparaissent sous forme de traces. Le quatrième thème, « Transmettre l’image : des restitutions », est déjà abordé dans certains des articles des chapitres précédents. La dernière partie est consacrée aux recherches qui rattachent les architectures funéraires en bois à des phé-nomènes de société.

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Le bois dans l’architecture

et l’aménagement de la tombe :quelles approches ?

Sous la direction de Florence Carré et Fabrice Henrion

Actes de la table ronde d’Auxerre15-17 octobre 2009

Le bois dans l’architecture

et l’aménagement de la tombe :quelles approches ?

Table ronde organisée par

- le centre d’études médiévales d’Auxerre,3, place du Coche d’Eau, F-89000 Auxerre

- la Direction régionale des affaires culturelles de Haute-Normandie,service régional de l’archéologie,

12, rue Ursin Scheid, F-76140 Le Petit-Quevilly

Ouvrage conçu et réalisé

par la Direction régionale des affaires culturelles de Haute-Normandie, service régional de l’archéologie

financé par

le ministère de la Culture et de la Communication et l’Association française d’Archéologie mérovingienne

Couverture réalisée par

Florence Carré avec la collaboration de Nathalie Bolo, Christophe Chappet, Laurence Eloy-Epailly, Éric Follain, Thierry Leboucher et Muriel Legris.

Relevé de squelette, tombe 919 de Pont-sur-Seine « Ferme de l’Île », dans l’Aube (Élisabeth Vauquelin).Bois ancien (cliché Éric Follain).

© Association française d’Archéologie mérovingienne, 2012Musée d’Archéologie nationale

Château de Saint-GermainPlace Charles De Gaulle

F-78105 Saint-Germain-en-Laye cedexISBN : 978-2-9524032-8-7EAN13 : 9782952403287

Le bois dans l’architecture

et l’aménagement de la tombe :quelles approches ?

Actes de la table ronde d’Auxerre15-17 octobre 2009

Sous la direction de Florence Carré et Fabrice Henrion

Tome XXIII des Mémoires publiés par l’Association française d’Archéologie mérovingienne

Comité scientifique

Fabrice Henrion (centre d’études médiévales d’Auxerre)Florence Carré (DRAC de Haute-Normandie, SRA)Lola Bonnabel (INRAP, UMR 7041, Protohistoire Européenne)Madeleine Châtelet (INRAP)Anne Dietrich (INRAP)Jean-Yves Hunot (Service archéologique départemental de Maine-et-Loire)Sébastien Poignant (INRAP)Daniel Prigent (Service archéologique départemental de Maine-et-Loire)

Comité de lecture

Danielle Alexandre-Bidon (EHESS, CRH, Groupe d’archéologie médiévale)Luc Baray (CNRS, UMR 5594 ARTEHiS)Annie Bardel (université de Rennes 2, UMR 6566)Valérie Bel (INRAP, UMR 5140, Archéologie des Sociétés Méditerranéenne, Lattes)Frédérique Blaizot (INRAP, UMR 5199 PACEA, Anthropologie des Populations Passées et Présentes)Lola Bonnabel (INRAP, UMR 7041, Protohistoire Européenne)Florence Carré (DRAC de Haute-Normandie, SRA)Dominique Castex (CNRS, UMR 5199 PACEA, Anthropologie des Populations Passées et Présentes)Cécile Chapelain de Séreville-Niel (CNRS, UMR 6273 CNRS-UCBN, université de Caen Basse-Normandie)Madeleine Châtelet (INRAP)Patrice Courtaud (CNRS, LAPP, UMR 5199 PACEA, Anthropologie des Populations Passées et Présentes)Anne Dietrich (INRAP, UMR 7041, Nanterre)Richard Donat (INRAP)Véronique Gallien (INRAP, CEPAM UNS-CNRS, UMR 6130, Nice, Sophia-Antipolis)Dominique Heckenbenner (musée du pays de Sarrebourg)Fabrice Henrion (Centre d’études médiévales d’Auxerre)Vincent Hincker (Service départemental d’archéologie du Calvados)Jean-Yves Hunot (Service archéologique départemental de Maine-et-Loire)Françoise Passard-Urlacher (DRAC de Franche-Comté, SRA ; UMR 6249 Laboratoire Chrono-environnement)Ronan Perennec (Service départemental d’archéologie du Finistère)Patrick Périn (Musée d’Archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye)Daniel Prigent (Service archéologique départemental de Maine-et-Loire)Laure Salanova (CNRS, UMR 7055)Lucie Steiner (Archeodunum SA)Yaramila Tcheremissinoff (INRAP, UMR 5608, TRACES Crppm)Cécile Treffort (CESM, université de Poitiers)Laurent Verslype (F.R.S.-F.N.R.S., CRAN, université catholique de Louvain)Olivier Vrielynck (Ministère de la Région wallonne)

Maquette et mise en page Nathalie Bolo (DRAC de Haute-Normandie, SRA)

Mise en forme des illustrationsFlorence Carré (DRAC de Haute-Normandie, SRA)

Secrétariat de rédactionFlorence Carré (DRAC de Haute-Normandie, SRA)

Muriel Legris (DRAC de Haute-Normandie, SRA)

RelectureMuriel Legris (DRAC de Haute-Normandie, SRA)

Florence Carré (DRAC de Haute-Normandie, SRA)Fabrice Henrion (Centre d’études médiévales d’Auxerre)

Nathalie Bolo (DRAC de Haute-Normandie, SRA)Thierry Leboucher (Bénévole)

TraductionsNos remerciements à tous les traducteurs et en particulier à

Bailey-K. Young, Isabelle Carré, Isabelle Lacamp, Madeleine Châtelet et Anne Dietrich.

Le bois dans l’architecture et l’aménagement de la tombe : quelles approches ?

Tome XXIII des Mémoires publiés par l’AFAM, 2012, p. 5-8

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Préface, par Patrick Périn

Introduction, par Florence Carré et Fabrice Henrion

Le voir et en parler : approches méthodologiques

Florence CarréL’apport des sources iconographiques médiévales à l’étudedes aménagements en bois des sépultures : questions de méthode

Fabrice HenrionDes mots pour en parler

Blandine Lecomte-SchmittLe bois dans tous ses états

Jean-Yves Hunot, Fabrice HenrionTechniques de mise en œuvre : entre la logique menuisière et la réalité archéologique

Anne DietrichLa collecte d’informations sur les aménagements et contenants funéraires en bois : protocoles, possibilités, résultats

Florence CarréMéthodologie de la reconnaissance des aménagements en bois : les enjeux de la collecte d’information dans les sépultures à inhumation

Lola BonnabelMise en œuvre de l’observation des indices permettant la reconnaissance de l’utilisation du bois dans l’architecture et l’aménagement de la tombe : deux exemples de la Tène ancienne

Hugues Doutrelepont, Kai Fechner, Olivier Vrielynck, Pascale VandrommeTaphonomie des matières organiques dans les tombes mérovingiennes de Moyenne Belgique et du nord de la France, phénomènes pédologiques et études botaniques associées : observations préliminaires

Morgane Liard, Hélène Froquet-UzelL’approche physico-chimique, une possibilité de détection de la présence de bois : résultats de l’expérimentation sur quelques exemples de Courcelles (Loiret) datés de l’âge du Bronze

Des évidences, lire le visible : les bois conservés

Blandine Lecomte-Schmitt, Cyrille Le ForestierAménagements funéraires en bois des périodes gauloise et gallo-romaine à Bonneuil-en-France (Val-d’Oise)

Jean-Yves Langlois, Mark Guillon, Anne DietrichLa sépulture antique d’un nouveau né, place de la Pucelle à Rouen (Seine-Maritme) : coffrage ou cercueil ?

Sébastien Bully, Morana Čaušević-Bully, Aurélia BullyCoffrage de bois et coffrage de pierre du Ve s. : la tombe présumée de saint Lupicin (Jura)

Sommaire

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Florence Carré, Fabrice Henrion dir.

Tome XXIII des Mémoires publiés par l’AFAM, 2012, p. 5-8

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Tobias BrendleLes chambres funéraires en madriers fendus du cimetière mérovingien de Neudingen, commune de Donaueschingen (Bade-Wurtemberg, Allemagne)

Anne BaudAbbaye de Cluny (Saône-et-Loire). Les sépultures en coffrage de chêne retrouvées dans la cour de la Congrégation

Laurent Fiocchi, Pascale Chevalier, Olivier LapieLes cercueils monoxyles du milieu du Xe s. à Souvigny (Allier)

Patrice Georges, Sacha Kacki, Sylvie Duchesne, Pierre MilleLes sarcophages monoxyles du site médiéval de « Lasserre » à Marsan (Gers) : de l’exemplaire conservé aux observations archéologiques et taphonomiques

David Peressinotto, Jean-Luc Piat, Christelle BelingardUn sarcophage monoxyle conservé du XIIe s. dans l’église souterraine d’Aubeterre-sur-Dronne (Charente)

Fabrice HenrionLe brancard d’une sépulture abbatiale des XIVe-XVe s. à Saint-Germain d’Auxerre (Yonne)

Richard Donat, Olivier Passarrius, Aymat CatafauCouverture de bois, cercueil en bois. Caractéristiques technologiques et taphonomiques de deux dispositifs funéraires médiéval et moderne des cimetières de Vilarnau et Sant-Pere-del-Bosc en Roussillon

Jean-Yves Hunot, Daniel PrigentFontevraud (Maine-et-Loire) : l’enseignement des cercueils (XVe-XVIIIe s.)

Annie Bardel, Ronan PérennecLandévennec (Finistère). Quelques aménagements funéraires en bois, du VIIe au XIe s.

Cécile Chapelain de Seréville-Niel, François DelahayeExemples de conservation du bois : trois types d’aménagements funéraires du VIIe au XVIIIe s. à Thaon (Calvados)

Des déductions, voir l’invisible : traces de bois et indices

Laure Salanova, Maïténa SohnL’architecture en bois de la sépulture collective néolithique de Bury (Oise)

Élisabeth VauquelinUn contenant en bois dans une sépulture du néolithique moyen à Pont-sur-Seine, « Ferme de l’Île » (Aube)

Luc Baray, Blandine Lecomte-SchmittTraces ligneuses et difficultés de lecture : exemple du site aristocratique Hallstatt D3 / La Tène A ancienne de Charmoy, « Le Haut des Marquettes » (Yonne)

Isabelle Le GoffLe bois dans les tombes à crémation, approche taphonomique

Carole FossurierLe site antique de « Pont l’Évêque » à Autun (Saône-et-Loire) : cercueils et déformations taphonomiques

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Sommaire

Tome XXIII des Mémoires publiés par l’AFAM, 2012, p. 5-8

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Emma Bouvard, Aurore Schmitt, Stéphane CarraraLe coffre de bois antique : aspects taphonomiques et technologiques. Exemples issus d’un ensemble funéraire du Ier s. apr. J.-C., aux 30-32 rue de Bourgogne, à Lyon (Rhône)

Jean-Philippe ChimierL’utilisation du bois dans l’aménagement interne des sépultures de l’ensemble 2 de la nécropole de la Haute-Cour à Esvres-sur-Indre (Indre-et-Loire), Ier s. av. J.-C.-IIe s. apr. J.-C.

Arnaud Lefebvre, Nicolas Meyer, Magali MondyChambre funéraire cloisonnée ou « double contenant » ? Quelques exemples antiques issus de Lorraine

Cécile ParesysAménagements en bois dans les inhumations du Bas-Empire d’Arcis-sur-Aube (Champagne-Ardenne) : identification et analyse

Olivier Vrielynck, Muriel Van BuylaereLes aménagements funéraires en bois du cimetière mérovingien de Bossut-Gottechain (commune de Grez-Doiceau, Belgique)

Hélène Réveillas, Yves Gleize, Sacha Kacki, Isabelle Cartron, Dominique CastexRéflexions sur la nature et l’architecture des fonds de coffrage. L’exemple d’une tombe du haut Moyen Âge du cimetière de Jau-Dignac-et-Loirac (Gironde)

Lucie SteinerArchitecture de bois et de pierre et réouvertures de tombes : à propos des coffres mixtes d’époque carolingienne de La Tour-de-Peilz (Suisse, Vaud)

Jean-Yves Langlois, Véronique GallienRéouvertures et réutilisations de contenants en bois dans l’église de Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime) aux VIIe-VIIIe s.

Madeleine ChâteletVraies ou fausses banquettes ? Sur les dépôts latéraux de terres dans les tombes de la nécropole mérovingienne de Matzenheim « Bodengewann » (Bas-Rhin)

Yves GleizeDes aménagements en bois dans des sarcophages ? Réflexions sur deux exemples du haut Moyen Âge

Florence Carré, Mark GuillonEffets de l’effondrement de planches sur le squelette. Trois exemples du site de Tournedos-sur-Seine/Porte-Joie (Eure), VIIe-XIVe s.

Isabelle Souquet-Leroy, Pascale Galibert, Jean-Paul NibodeauUne sépulture double en cercueil ou une réouverture de sépulture au XVIe s. ? Cimetière de Saint-Jean-du-Perrot à La Rochelle (Charente-Maritime)

Richard DonatDe l’os aux gestes. Caractéristiques et essai d’interprétation d’un dépôt secondaire en contenant de bois d’époque médiévale à Vilarnau (Pyrénées-Orientales)

Pierre PapinMise en évidence de monuments funéraires en bois : les sépultures isolées de Neuillé-Pont-Pierre (Indre-et-Loire)

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Florence Carré, Fabrice Henrion dir.

Tome XXIII des Mémoires publiés par l’AFAM, 2012, p. 5-8

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Françoise Passard-UrlacherLes aménagements extérieurs des sépultures de la nécropole des Champs Traversains à Saint-Vit (Doubs) : limites d’interprétation des superstructures à partir d’exemples protohistoriques et du haut Moyen Âge

Transmettre l’image : des restitutions

Philippe Blanchard, Grégory PoitevinRestitution d’une architecture en bois dans les tombes à banquettes (Xe-XIe s.) : l’exemple du site de la Madeleine à Orléans (Loiret)

Anne Dietrich, Véronique GallienDeux cercueils d’enfants du Quimper médiéval (Finistère) : travaux menant à reconstitution

L’utilisation funéraire du bois : un phénomène de société

Paolo De VingoL’utilisation du bois et sa signification sociale dans les sépultures, en Italie du nord aux Ve et VIe s.

Svante Fischer, Helena VictorÀ propos de chambres funéraires (IVe-VIe s.) découvertes récemment en Suède : chronologie et interprétation sociale

Catherine SzantoLes aménagements de sépultures en bois dans les cimetières de Hongrie et de Transylvanie : une tradition toujours vivante ?

Conclusions et perspectives, par Florence Carré et Fabrice Henrion

Table des auteurs et collaborateurs

Auteurs des clichés et des relevés

Index

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Le bois dans l’architecture et l’aménagement de la tombe : quelles approches ?

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Nous sommes nombreux à nous interroger sur l’utilisation du bois dans l’architecture funéraire, que ce soit dans la mise en œuvre directe des amé-nagements ou associé à d’autres matériaux. Depuis la « Rencontre autour du cercueil » organisée par le GAAFIF en 1997 et publiée en 1998, le nombre de cas et la qualité des études ont considérable-ment augmenté. À la faveur d’opérations préven-tives ou programmées incluant dans les probléma-tiques générales la définition des contenants et leur archéologie, du développement des techniques de fouille, de l’utilisation plus fréquente de l’archéo-métrie, il apparaît aujourd’hui possible d’aller plus loin encore dans l’étude de l’utilisation du bois dans la tombe et de sa chronologie. Il est donc apparu opportun d’organiser une table ronde sur ce sujet et sept chercheurs issus d’horizons divers ont participé à l’élaboration du programme et à la définition conjointe d’un cadre d’étude. Il a été convenu d’ouvrir largement le champ chronolo-gique afin d’enrichir la réflexion.

Le nombre de participants et de réponses à l’ap-pel à communication ont confirmé l’intérêt porté par la communauté scientifique aux thèmes abor-dés. Les communications et posters n’ayant pas couvert l’ensemble des thèmes et des périodes, des collègues ont été sollicités pour compléter cette publication.

Elle s’articule en cinq parties. En introduction, un bilan méthodologique est proposé (« Le voir et en parler »). Il intègre un article sur l’utilisation des sources iconographiques médiévales (Carré), une approche des questions de vocabulaire (Henrion), un tableau présentant les différents états du bois et leurs potentialités documentaires (Lecomte-Schmitt) ainsi que deux contributions sur l’as-pect technique de l’utilisation du bois, proprié-tés, taphonomie, essences, modes d’assemblages... (Hunot, Henrion ; Dietrich). Un bilan des pratiques de prescription, de fouille, d’enregistrement et de publication (Carré) est suivi d’une illustration par deux études de cas (Bonnabel). Cette première par-tie comprend également deux articles traitant des

phénomènes physico-chimiques, l’un cherchant à expliquer l’aspect final des aménagements en bois dans certains sols (Doutrelepont et al.), l’autre visant à identifier la présence du bois par celle d’éléments chimiques (Liard, Froquet-Uzel).

La deuxième partie, « Des évidences : lire le

visible », réunit des études de cas dans lesquels le bois est conservé. Deux se rattachent à l’âge du Fer et à la période gallo-romaine (poutrage et plancher, coffrages : Lecomte-Schmitt, Le Forestier ; cof-frage ou cercueil : Langlois et al.) et un à l’Antiquité tardive (coffrage : Bully et al.). En revanche, la majo-rité appartient au haut Moyen Âge, au Moyen Âge et à la période moderne (10 contributions). Deux sites français exceptionnels en ce qui concerne la conservation du bois, Thaon et Landévennec, four-nissent plusieurs types du haut Moyen Âge et du Moyen Âge (Chapelain de Seréville-Niel, Dela-haye ; Bardel, Perennec). Un site allemand illustre les célèbres cas de conservation de la région du Baar (Brendel).

Les types d’aménagements documentés par les diverses contributions sont variés : simple fosse pourvue d’un couvercle (XIe-XIIe s. : Donat et al.), parfois aussi d’un fond (Xe-XIe s. : Bardel, Perennec), coffrages partiel (VIIIe-IXe s. : Bardel, Perennec), mixte (VIIe-XIIe s. : Chapelain de Seréville-Niel, Delahaye), chevillé (IXe s. : Bardel, Perennec) ou complet (Xe s. : Baud), cercueils monoxyles (Xe s. : Fiocchi et al., Georges et al. ; XIIe s. : Peressinotto et al.), à claire-voie (VIIe-XIe s. : Bardel, Perennec), cloués (XIIe-XVIIIe s. : Chapelain de Seréville-Niel, Delahaye ; XVIIIe-XIXe s. : Donat et al. ; XVe-XVIIIe s. : Hunot, Prigent) ou chevillés (Chapelain de Seréville-Niel, Delahaye), brancard (XIVe-XVe s. : Henrion) et chambre funéraire (VIe s. : Brendel).

La troisième partie, « Des déductions : voir l’invisible », comporte des études de cas ou des présentations synthétiques qui concernent les bois conservés sous forme de traces ou complètement disparus. La répartition chronologique est élar-gie, avec la présentation de la part du bois dans l’architecture d’une sépulture collective et d’un

Introduction

Florence Carré, Fabrice Henrion

Tome XXIII des Mémoires publiés par l’AFAM, 2012, p. 11-12

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probable cercueil monoxyle dans une tombe indi-viduelle néolithiques (Salanova, Sohn ; Vauque-lin), d’une synthèse sur l’utilisation du bois dans les sépultures à incinération de l’âge du Bronze à la période gallo-romaine (Le Goff), d’un aménage-ment inédit de l’âge du Fer (Baray, Lecomte-Sch-mitt) et d’études de coffrages, de cercueils et de chambres funéraires antiques (Fossurier ; Bouvard et al. ; Chimier ; Lefèvre et al. ; Paresys). Les struc-tures du haut Moyen Âge - coffrages mixtes ou non, parfois réutilisés, chambres funéraires, planchers découverts dans des sarcophages - sont présen-tées dans sept contributions, dont deux issues de Suisse et de Belgique (Steiner ; Langlois, Gallien ; Réveillas et al. ; Vrielynck, Van Buylaere ; Châtelet ; Gleize ; Carré, Guillon). Le second Moyen Âge et la période moderne sont concernées par trois articles (cercueil : Souquet-Leroy et al. et Carré, Guillon ; dépôt secondaire dans un contenant : Donat). Enfin, deux contributions traitent des aménagements de surface (Papin ; Passard-Urlacher).

La quatrième partie, « Transmettre l’image : des restitutions », présente, à travers deux contribu-tions (Blanchard, Poitevin ; Dietrich, Gallien), la démarche de restitution, déjà illustrée par certains des articles précédents (Le Goff ; Souquet-Leroy et al. ; Papin ; Fiocchi et al. ; Bonnabel ; Paresys...).

La dernière partie est consacrée aux questions qui rattachent l’utilisation funéraire du bois à des phénomènes de société perceptibles en Italie et en Suède au premier Moyen Âge (De Vingo ; Fis-cher, Victor), ainsi qu’en Hongrie et Transylvanie actuelles (Szanto).

Il nous reste à vous souhaiter une agréable et fructueuse lecture et à remercier de leur collabo-ration tous les auteurs qui ont enrichi cet ouvrage pour nous faire bénéficier des résultats de leurs travaux. Enfin, nous saluons le travail de Nathalie Bolo qui, par cette belle mise en forme de l’ouvrage, invite à une consultation agréable des articles.

Florence Carré, Fabrice Henrion

Le bois dans l’architecture et l’aménagement de la tombe : quelles approches ?

Tome XXIII des Mémoires publiés par l’AFAM, 2012, p. 323-333

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La nécropole mérovingienne découverte à Mat-zenheim, au lieu-dit « Bodengewann », a été fouil-lée en 2006, préalablement à la construction d’une troisième voie ferrée sur la ligne reliant Strasbourg à Mulhouse. Matzenheim est situé dans la plaine rhénane, à une vingtaine de kilomètres au sud de Strasbourg (fig. 1).

La fouille a porté sur une bande de 80 m de long et 13 m de large, traversant du nord au sud la nécro-pole (fig. 2). Elle a mis au jour 32 inhumations dont la plupart étaient en fosses étroites plus ou moins profondes et quatre dans de grandes chambres fu-néraires, toutes creusées dans le substrat loessique. Un tiers des sépultures était pillé. L’ensemble a été daté par le mobilier de la période du deuxième au troisième tiers du VIe s. (Châtelet 2009).

L’architecture interne des tombes a pu être resti-tuée en partie sur ce site grâce à la conservation par endroits des restes noirâtres laissés par la décom-position des bois, mais aussi grâce aux effets de

Madeleine Châtelet*

Mots-clés : chambres funéraires, banquettes, effondrement, haut Moyen Âge, boisage, couvercle, coffrage, cercueil.

Résumé : L’étude des tombes mérovingiennes à Matzenheim (Bas-Rhin) a mis en évidence dans les fosses la présence d’effondrements de terres sur les côtés, montrant souvent des effets de parois. Ces dépôts ont permis de restituer des chambres avec un boisage latéral dégagé des parois de la fosse ou limité, dans certains cas, à la couverture. Ce type de construction n’a été que peu identifié jusqu’à maintenant en raison de l’interprétation fréquente de ces effondrements comme des banquettes taillées dans le substrat.

Key-words : funerary chambers, stepped seating, deposit collapse, early Middle Ages, timberwork, lid, coffering, coffin.

Abstract : This study of Merovingian graves at Matzenheim (Bas-Rhin) has focussed on the deposit collapses on the sides of the burials, which often thus expose the outlines of timber walls. These deposits suggest a reconstruction of the chambers with lateral wooden sides separate from the walls of the pit, or, in some cases, limited to the covering. Until now this type of construction has only rarely been identified because deposit collapses are more frequently interpreted as representing stepped seating cut into the underlying levels (translated by R. Symonds).

N

I ll

RH

IN

Strasbourg

Saverne

Colmar

Fribourg

Matzenheim

VO

SG

ES

HAUT-RHIN

BAS-RHIN

0 30 km

> 250 mLimite d’État

DépartementBAS-RHINLimite de département

Fig. 1 - Localisation du site.* INRAP.

Vraies ou fausses banquettes ? Sur les dépôts latéraux de terres dans les tombes de la nécropole

mérovingienne de Matzenheim « Bodengewann » (Bas-Rhin)

Madeleine Châtelet

Tome XXIII des Mémoires publiés par l’AFAM, 2012, p. 323-333

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parois et d’effondrements préservés dans le com-blement.

L’étude de la taphonomie du cadavre11 n’a apporté que peu d’éléments, la plupart des squelettes ayant été perturbés par les pilleurs ou par les rongeurs dont les galeries traversaient une grande partie du site.

Cette contribution se concentrera sur un type de tombe particulier, bien représenté à Matzenheim, et qui nous semble avoir été souvent mal interpré-té. Ces tombes, aux fosses toujours profondes, se caractérisent par la présence sur les côtés de sortes de banquettes au profil érodé (fig. 3, 4). À première vue, elles pouvaient laisser envisager des aména-gements taillés dans le substrat, destinés à suppor-ter un couvercle. La découverte d’objets sous ces « banquettes » a obligé toutefois à reprendre cette interprétation et à considérer ces lœss sur les côtés non plus comme le substrat, mais comme des pla-cages faisant partie du comblement de la fosse. Une étude détaillée de ces formations et du contexte dans lequel elles apparaissent a permis de restituer leur mode de constitution et de proposer une resti-tution des structures qui les ont générées.

Nature et morphologie des dépôts

Sur les 19 tombes profondes en fosses étroites ou aménagées dans de plus vastes chambres, 14

1 L’étude anthropologique a été réalisée par Éric Boës (Châtelet 2009, p. 21-33).

comportaient ces accumulations latérales de lœss (fig. 2). Généralement, les dépôts font de 10 à 20 cm d’épaisseur et se présentent sous la forme de pla-cages verticaux de 10 à 50 cm de hauteur, attes-tant qu’ils avaient été maintenus par une paroi (fig. 3-5). Le plus souvent, ils se limitent aux longs côtés (SP 32 et 29, fig. 5) ; dans quelques cas, ils se poursuivent sur les petits côtés, tapissant tout le pourtour de la fosse (SP 22, fig. 3, 5). Dans les deux chambres les plus grandes, ils s’étalent sur un des côtés largement au sol, en prenant un profil à pente douce (SP 38 et 29, fig. 4, 5).

Les sédiments déposés sont constitués d’un lœss presque pur, souvent relativement compact, difficile à distinguer du substrat lœssique local. Quelques impuretés sous forme de toutes petites inclusions de limon brun éparses ont pu cependant être notées, grâce à une observation fine des sédiments, à la fois en coupe et en plan. De même par endroits, leur couleur s’est révélée légèrement grisée ou orangée, preuve d’un mélange ponctuel avec des sédiments de nature différente. Ces impuretés pouvaient donc laisser envisager que ce lœss n’était pas en place. Mais ce sont les données

Fig. 3 - Tombe 32 avec ses dépôts de lœss cernant le squelette sur les deux côtés (cliché F. Schneikert).

Fig. 2 - Plan général de la nécropole mentionnant les tombes évoquées dans le texte (DAO M. Châtelet, P. Girard).

Profondeur des tombes (sous le niveau du décapage)

≤ 0,40 m> 0,40 m

Limites de la nécropole

Effondrements de lœsslatéraux

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N

0 30 m

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stratigraphiques, surtout, qui ont permis d’établir qu’il s’agissait bien de sédiments déplacés :

- dans les deux sépultures les plus profondes où les creusements atteignaient à la base les couches d’alluvions sableuses orangées sous-jacentes, le lœss apparaissait à ce niveau distinctement comme un comblement (fig. 6, US 6) ;

- dans trois sépultures (SP 22, 30 et 32), il recou-vrait à la base une très fine lentille de limon plus sombre, déposée préalablement sur le fond ;

- dans un cas, il scellait les restes noirâtres du plancher de la chambre (SP 29, fig. 5) ;

- enfin, dans quelques tombes, il ensevelissait soit partiellement, soit entièrement les offrandes déposées sur le côté : des poteries dans les sépul-tures 17, 35 et 38 et dans cette dernière également une lance, dans la sépulture 15 deux pointes de flèche et des offrandes alimentaires et dans la sé-pulture 27 un peigne.

La pureté de ce lœss et la difficulté de le distin-guer du substrat ont conduit à l’interpréter comme le résultat d’un effondrement des parois de la fosse, dans un processus similaire à celui observé dans les silos. L’espace dans lequel se sont produits ces effondrements devait être vide par conséquent, refermé par le couvercle de la chambre qui devait être quasi étanche en l’absence, dans le lœss, de mé-lange avec les terres qui recouvraient la chambre (à l’exception des petites inclusions éparses).

Formation des dépôts dans les tombes

La restitution des constructions à l’origine de ces effondrements s’est appuyée sur les quelques exemples les mieux conservés. Trois sépultures ont servi à cette analyse, en révélant l’existence d’archi-tectures en partie différentes.

La première, SP 38, est l’une des tombes les plus profondes et les plus grandes de la nécropole (fig. 4, 6). L’individu, dont le squelette était en bon état de conservation, reposait sur le sol dans le quart nord-est. Une épée avait été posée sous son bras droit. Des armes, de la vaisselle et des aliments étaient placés en offrande à ses côtés. Certains de ces objets (la lance n° 1 au sud, le pot n° 3 et le bouclier n° 2 au nord) avaient été ensevelis par les dépôts de lœss qui recouvraient à la base toute la longueur des parois (fig. 6, US 6). La sépulture avait été violée par le centre comme le montrent la fosse creusée, bien visible dans le comblement (US 1 et 2), et les remaniements intervenus sur le squelette au niveau de l’abdomen, du bassin et de la cuisse droite. Si l’on en juge d’après le creusement arrêté sur le couvercle, la chambre était encore conservée et certainement en grande partie vide au moment de l’intervention. Quant au squelette, la dislocation

des articulations les plus persistantes indique que le corps était décharné.

Les traces des bois étaient très bien conservées dans cette tombe : dans le comblement sous forme de restes noirâtres (fig. 6, US 5 et 9) et, sur le fond, par une coloration grise apparue dans les limons après un léger séchage de la surface (fig. 6, US 10 et 11). Cette coloration dessinait au sol le plan complet des installations, permettant de restituer l’aménagement de la tombe dans presque tous ses détails. La chambre était boisée. Sur les longs côtés, elle était construite de planches placées verticalement comme le montre la segmentation de son tracé en tronçons de 10 à 20 cm dans les parties déformées par la pression des terres (fig. 6, US 10). Les bois s’appuyaient contre la paroi de la fosse sur les petits côtés ; latéralement, ils étaient placés en retrait, laissant à l’extérieur, entre la paroi de la chambre et la fosse, un espace d’une dizaine de centimètres de large (fig. 7, état 1). C’est là que se produisirent les effondrements ayant été à l’origine des dépôts de lœss pur retrouvés à la base des parois (US 6). Ces effondrements ne pouvant se réaliser

Fig. 4 - Tombe 38 avec ses dépôts de lœss en cours de fouille (cliché F. Schneikert).

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plancher

couvercle

couvercle

paroiparoi

terrier

G

C

terrier

terrier

terriersouterrain

D

H

A

B

Profil A/B

Coupe C/D

Coupe G/H

SP 22

SP 29

H

D Coupe C/D

Coupe G/H

SP 32

E

G H

F

C

G

Coupe E/F

Coupe G/H

0 2 m

N

N

N

Effondrement de parois (lœss)Bois des parois, du couvercle ou du plancher de la chambre

Fig. 5 - Les différents types d’effondrements. SP 32 : effondrements se limitant aux longs côtés. SP 22 : effondrements tapissant tout le pourtour de la tombe. SP 29 : effondrements sur les longs côtés, s’étalant au sol

(DAO M. Châtelet, P. Girard ; dessin des squelettes É. Boës).

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Fig. 6 - Tombe 38 en plan et en coupe. Les numéros précédés d’un o correspondent à ceux des objets (DAO P. Girard, M. Châtelet ; dessin du squelette É. Boës)

Coupe E/F

HG

FE

1110

9(paroi)

5(couvercle)

5(couvercle)

10

10

5

8

4

58

66lœss jaune

limon sableux orangé

1 à 3 (non différenciés)

Coupe G/H

lœss jaune

limon sableux orangé

55

8 866 4

3

2

fosse de pillage1

11

3

o8+o17

o12

o21o11

o13

o1

o9

o6

o7

o5

o18

o14

o10

o2

o4

o3

N

0 1 m

Effondrements de lœss (US 6)

Couvercle (US 5) et parois de la chambre (US 8 et 9) conservés sous forme de traces noirâtres ou d’une coloration grise dans le comblement

Coloration grise laissée au sol par les parois de la chambre (US 10) et le cercueil (US 11)

0 1 m

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que dans un espace vide, ils n’ont pu se faire que sous le couvercle qui recouvrait donc également les espaces latéraux extérieurs à la chambre (fig. 7, état 2)2. Pour ne laisser passer aucune des terres mélangées du remblaiement supérieur de la fosse (US 3), il devait être parfaitement jointoyé et s’appuyer en bordure sur un ressaut taillé dans le substrat, qu’on pourrait identifier dans le décrochement du creusement, à mi-hauteur de la fosse. Des restes du couvercle ont été conservés au sommet des effondrements sous forme d’une bande étroite de fibres noirâtres (fig. 6, US 5).

Le défunt, un homme adulte, était placé dans un

2 L’hypothèse d’un colmatage volontaire de cet espace a dû être exclue en raison de la nature du sédiment retrouvé : il était absolument identique au substrat et ne présentait aucun mélange comme la terre qui comblait le reste de la fosse. Un apport volontaire aurait nécessairement conduit à un sédiment au moins légèrement mélangé.

cercueil. Ce cercueil était construit en planches fai-sant saillie à la base sur les petits côtés (US 11), té-moignant d’un assemblage probablement à mi-bois, comme pour la construction des chambres à Ober-flacht (Allemagne, Kreis Tuttlingen), site où les bois ont été entièrement conservés (Paulsen 1992, p. 13-23). Le cercueil était plus ou moins ajusté au corps du défunt, ce qu’attestent les contraintes exercées des deux côtés sur les membres supérieurs et l’effet de butée au niveau des pieds.

L’effondrement de la chambre s’est réalisé en plusieurs étapes. Les premières dégradations se sont produites à l’extérieur du boisage3 par l’ébou-lement des parois de la fosse (sous la pression peut-être du couvercle), provoquant l’accumula-

3 Nous adoptons le terme de boisage pour désigner les parois en bois de la chambre, lorsqu’elles sont dégagées de la fosse. Le mot coffrage, qui suppose que les planches étaient posées contre les parois de la fosse pour en assurer le maintien, ne convient pas ici.

Fig. 7 - Tombe 38 : essai de restitution en coupe de la construction, de son état primitif à l’effondrement général de la structure (DAO M. Châtelet).

3 - Après la violation et l’effondrement de la structure en bois de la chambre

5

5

8 8

66 4

3

3a2

1

relevé de terrain relevé interprétatif

1 - Proposition de restitution en coupe de la chambre dans son état primitif

loess jaune

limon sableux orangé

3 + 4

5

8 8

5

fosse de pillage

588

2 - Premières dégradations : émiettement des parois sous le couvercle

6 6

3 + 4

0 2 m

Comblement supérieur (originel) de la tombe (US 3 et 4)Effondrements de lœss (US 6)Parois et couvercle de la chambre (US 8 et 5)

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Fig. 8 - Tombes 9 et 27 : relevés en plan et en coupe et essai de restitution de leurs constructions, de leur état primitif à l’effondrement général de la structure.

1 : état primitif. 2 : premières dégradations : émiettements et effondrements des parois de lœss sous le couvercle.

3 : état final après rupture du couvercle (DAO M. Châtelet ; dessin des squelettes É. Boës).

Relevés de fouille Schémas interprétatifs

1.

2.

3.

1.

2.

3.

DC

SP 9

SP 27

Coupe C/D

14

22

Coupe I/J

1

22

Coupe E/F

2

1

23 3

E F

I J

C D

2 2

3b 3b

4

Relevé C/D

3b 3b

3a 4

o2

o1

1

2

1 4

14

22

1

22

4

1

22 ?

1

2 2?

3b 3b

41

?

N

N

0 2 m

Comblement supérieur de la tombe (US 1)Effondrements de lœss (US 2)Bois des parois de la chambre (US 3)Bois du couvercle de la chambre (US 4)

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N

0 1 m

SP 27

Coupe C/D

14

22

DC

1

2

limite à 10 cm/fond

limite supérieure

o2

o1

Comblement supérieur de la tombe ayant colmaté l’espace vide de la chambre (US 1)Effondrements de lœss (US 2)Bois du couvercle de la chambre (US 4)

Fig. 9 - Détail du relevé en coupe et en plan (avec le com-blement à 10 cm du fond) de la tombe 27. Les numéros

précédés d’un o correspondent à ceux des objets (DAO M. Châtelet ; dessin du squelette É. Boës).

tion d’éboulis sur le fond (fig. 7, état 2, US 6). À la différence de la plupart des autres sépultures, ce lœss, amassé sur les longs côtés, s’étalait dans la moitié ouest largement au sol jusqu’au centre, où il réservait un espace d’une quarantaine de cen-timètres de large, correspondant à l’emplacement

du cercueil (fig. 6, coupes E/F et G/H). Celui-ci se matérialisait par un effet de paroi dans le lœss, de 20 cm de hauteur. Cette configuration particu-lière a pu être interprétée comme le résultat d’un effondrement des parois de la chambre par la base, suite peut-être à la violation de la tombe par les pilleurs. En effet, les empreintes des bois laissées au sol attestent que des pressions importantes ont été exercées au centre sur les parois latérales (fig. 6, US 10), principalement au sud mais aussi au nord, conduisant à leur ploiement par le bas vers le centre et à un étalement au sol des lœss accumulés à l’extérieur (fig. 7, état 3). Des deux côtés, les sédi-ments ont été arrêtés par le cercueil, toujours intact, qui a provoqué l’effet de paroi. Une coloration grise sur quelques millimètres d’épaisseur, recouvrant en surface les éboulements, matérialisait encore la paroi repoussée par le bas dans la chambre (fig. 6, coupes E/F et G/H, US 8).

Deuxième exemple, la sépulture 9 a été aména-gée dans une fosse étroite et profonde, aux dimen-sions inférieures à celles de la sépulture 38 (fig. 8). La tombe était pillée. Les quelques os et objets conservés ont permis d’identifier un sujet adulte, accompagné de quelques perles et d’un couteau. Les effondrements de lœss recouvraient ici les longs côtés en remontant jusqu’au bord supérieur de la fosse (US 2). D’une épaisseur maximale de 20 cm, ils présentaient un profil légèrement oblique avec par endroits des effets de parois à la base. Quelques traces de bois conservées à ces endroits ont permis de restituer un boisage en retrait d’une dizaine de centimètres de la fosse sur les longs cô-tés (US 3b) et appuyé contre la paroi aux extrémi-tés est et ouest (US 3a). Le couvercle affaissé, dont il subsistait quelques restes à 30 cm au-dessus du fond dans l’angle nord-ouest (US 4), montrait bien ici qu’il débordait sur les côtés en recouvrant les espaces vides laissés à l’extérieur de la chambre. Ce couvercle était parfaitement étanche comme en atteste la pureté du lœss éboulé sur le sol et devait ainsi reposer, comme précédemment, sur un re-bord taillé dans le substrat. Celui-ci était situé plus haut, dans la partie de la fosse dégagée au déca-page : en effet, les traces laissées par le boisage à la tête montrent que la chambre remontait au moins jusqu’au sommet conservé du creusement. Aucun indice, ni taphonomique, ni archéologique, n’a per-mis d’établir si le corps avait été déposé dans un cercueil.

Pour sa part, la tombe 27 se présentait dans une fosse étroite et profonde, encore moins volu-mineuse que les précédentes (fig. 8). La sépulture était intacte et grâce à la bonne conservation du squelette, les observations ont pu y être complé-

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tées par les données taphonomiques. Le défunt, un homme adulte, était installé au centre de la fosse. D’après les contraintes exercées sur ses membres supérieurs et les signes d’une décomposition du corps en espace vide (dislocation des mains, bascu-

lement des pieds), il avait été déposé dans un cer-cueil (fig. 9). Les effondrements de lœss encadraient le pourtour de la tombe (US 2). Ils n’excédaient pas une quinzaine de centimètres de hauteur et ve-naient buter au niveau des membres supérieurs et

Fig. 10 - Exemples mérovingiens de chambres où les parois ont été érigées en retrait de la fosse. 1. Meerveldhoven (Belgique ; d’après Verweers 1978). 2. Elgg (Suisse), tombe 193 avec une proposition de restitution

(d’après Windler 1994, pl. 93 et Windler et al. 2005, p. 257, fig. 155).

N

A

A B

B

0 1 m

1

N

20 1 m

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des pieds directement contre le squelette. Ils recou-vraient un peigne au sud, déposé hors du cercueil (o2).

Quelques restes noirâtres provenant du cou-vercle étaient conservés en plusieurs points du comblement : sur le squelette au niveau des pieds et contre le bord sud où ils montraient un affaisse-ment des bois vers le centre (US 4), restituant l’état après l’effondrement de la structure. Le décroche-ment dans le creusement de la fosse, visible à une quarantaine de centimètres au dessus du fond, cor-respondait vraisemblablement au rebord sur lequel il reposait à l’origine.

L’étalement des effondrements sur tout le pour-tour de la tombe, leur faible développement en élévation, l’étroitesse de la tombe et la position du peigne, ne laissant aucune place pour l’instal-lation d’un boisage, tendent à faire penser qu’à la différence des deux autres sépultures, la chambre n’avait pas été boisée, mais refermée seulement par un couvercle, préservant à l’intérieur un espace vide ayant permis l’effondrement des parois (fig. 8).

Une interprétation restant parfois délicate

Les dépôts de lœss plaqués contre ou accumulés au pied des parois de la tombe sont ainsi à interpré-ter comme le résultat d’un effondrement des parois de la fosse, dans un espace hermétiquement fermé par un couvercle. En fonction de la configuration de ces effondrements, deux cas sont à distinguer :

- les placages verticaux ou sub-verticaux couvrant toute la hauteur des parois sur les longs côtés cor-respondent à des éboulements qui se sont réalisés à l’extérieur d’une chambre boisée, dont le boisage a été érigé en retrait des parois de la fosse. Le cou-vercle débordait sur les côtés pour s’appuyer contre le substrat sur un décrochement ;

- les accumulations de lœss, peu développées en hauteur et enserrant étroitement le squelette, se sont constituées dans des chambres non coffrées ren-fermant un cercueil. Elles ont dans ce cas souvent recouvert les offrandes déposées sur le côté.

Ces chambres non coffrées sont cependant par-fois difficiles à dissocier des constructions coffrées ayant subi, comme dans les sépultures 38 et 29, un effondrement des planches par la base (fig. 5, 6). La configuration est en partie la même : une élévation moindre et un plus grand étalement des sédiments effondrés et, dans le cas des tombes plus étroites (SP 38), également l’enserrement du squelette par le lœss. Seul un examen cas par cas et une confron-tation systématique de tous les indices permettent alors d’attribuer ces configurations intermédiaires à l’une ou à l’autre des deux constructions. Sur les 14 tombes de Matzenheim qui comportaient des effondrements de parois, huit, dont deux en fosses

larges, ont pu être ainsi interprétées comme des chambres coffrées, quatre, toutes en fosses étroites, comme étant non coffrées. Dans deux cas, l’attri-bution est restée incertaine, faute d’éléments suffi-samment discriminants.

Un type de construction probablement plus répandu qu’on ne le pense

Les chambres boisées en fosse large ou étroite et les chambres non boisées sont des architectures bien répandues dans la sphère alémanique où elles ont été attestées notamment dans les nécropoles où les bois étaient bien conservés (Oberflacht, Neudingen, Trossingen) (récapitulatif des types dans Paulsen 1992, p. 13, fig. 2 et contribution dans cet ouvrage de T. Brendle4). En revanche, leur mode de construction particulier, consistant à monter leurs parois en bois en retrait des bords de la fosse, n’a été à ma connaissance que peu identifié jusqu’à maintenant. Il a été reconnu dans la commune voisine d’Osthouse, dont la nécropole fut fouillée en même temps que celle de Matzenheim (Châtelet 2009) ; à Erstein également, à 5 km de là, où il a pu être restitué grâce aux quelques coupes établies dans les grandes chambres funéraires5 et aussi très récemment sur la nécropole d’Eckwersheim « Burgweg » (Bas-Rhin) où la bonne conservation des bois et l’étude stratigraphique des comblements ont montré que ce mode de construction a été très largement employé6. Plusieurs exemples ont été mis en évidence aussi à Neudingen dans le Wurtemberg7. Ailleurs, je n’ai pu recenser que des cas isolés comme à Elgg en Suisse, où les traces du plancher laissées au sol matérialisaient l’emplacement de la chambre (fig. 10, 2) ou encore à Meerveldhoven en Belgique où le boisage de la chambre et le cercueil se dessinaient encore parfaitement dans le comblement (fig. 10, 1 ; Koch 1996, p. 735, fig. 599 d’après Verwers 1978). Ce mode de construction devait être néanmoins bien plus répandu que ne le laissent apparaître ces quelques

4 Les interventions réalisées récemment à Trossingen (Theune-Großkopf 2006, p. 97, fig. 3) et à Oberflacht (Bräuning 2007) ont permis d’étudier avec les méthodes de fouille actuelles ces constructions connues principalement, jusque là, par des fouilles anciennes.

5 Inédit. Je remercie Pascal Rohmer, responsable de la fouille, de m’avoir autorisé à consulter ses documents de fouille.

6 Fouille 2010, responsable Madeleine Châtelet.7 D’après les relevés de fouille inédits, repris par Tobias

Brendle pour sa thèse. Je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements au responsable de la fouille Klaus Hietkamp (Freiburg am Breisgau) et à Tobias Brendle (Munich) pour avoir accepté de me présenter ces relevés.

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exemples. Ne pouvant être identifié que par le biais des coupes stratigraphiques (malheureusement peu pratiquées dans les tombes) ou quand les bois ont été conservés, c’est probablement par méconnaissance que ces constructions ont souvent

été négligées dans les restitutions. Leur avantage paraît néanmoins évident : elles permettaient de s’abstraire des parois du creusement qui pouvaient rester ainsi irrégulières et conserver également les éventuels arrondis dans les angles.

Bibliographie

Bräuning A.2007 : « Neue Gräber aus dem alamannischen Gräber-feld von Oberflacht, Gde Seitingen, Kreis Tuttlingen », Archäologische Ausgrabungen in Baden-Württemberg 2006, p. 163-165.

Châtelet M. (dir.)2009 : Matzenheim « Bodengewann » et Osthouse « Gal-gen » (Bas-Rhin). Deux nécropoles mérovingiennes en lim-ite de ban, RFO, INRAP, SRA Alsace, 2 vol.

Koch U.1996 : « Stätten der Totenruhe : Grabformen und Bestattungssitten der Franken » in Die Franken, Weg-bereiter Europas, catalogue d’exposition, Mannheim, T. II, p. 723-737.

Paulsen P.1992 : Die Holzfunde aus dem Gräberfeld bei Oberflacht, Stuttgart, Theiss, 164 p.

Theune-Großkopf B.2006 : « Die vollständig erhaltene Leier des 6. Jahr-hunderts aus Grab 58 von Trossingen, Ldkr. Tuttlin-gen, Baden-Würtemberg » , Germania, 84, 1, p. 93-142.

Verwers W.-J.-H.1978 : « North Brabant in Roman and Early Medieval Times, III : The Merovingian Cemetery of Meerveld-hoven (Mun. of Veldhoven) », Berichten van de Rijks-dienst voor het oudheidkundig Bodemonderzoek te Amers-foort, 28, p. 251-307.

Windler R.1994 : Das Gräberfeld von Elgg und die Besiedlung der Nordostschweiz im 5.-7. Jh., Zürcher Denkmalpflege, Archäologische Monographien, 13, 356 p.

Windler R., Marti R., Niffeler U., Steiner L. (dir.)2005 : La Suisse du Paléolithique jusqu’à l’aube du Moyen Âge. SPM VI : Haut Moyen Âge, Verlag Schweizerische Gesellschaft für Ur- und Frühgeschichte, Bâle, 443 p.