Le caractère ludique comme levier de performance pour l’anticipation des besoins utilisateurs
ANALYSE DES BESOINS ESSENTIELS DES JEUNES VIVANT EN SITUATION DIFFICILE DANS LA VILLE DE...
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ANALYSE DES BESOINS ESSENTIELS DES JEUNES VIVANT EN SITUATION DIFFICILE DANS LA VILLE DE
PORT-‐AU-‐PRINCE
MAI 2013
Pierre Lamour Taverne
Consultant
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
2 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
Haïti: Terre de la faim et du désespoir
Vue partielle des zones enquêtées de la ville de Port-au-Prince
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
3
« « On n’a qu’à regarder leurs maisons, elles sont délabrées ; leur état ou apparence physique. Ils sont maigres, malades. Ils ont des vêtements sales et en mauvais état. On n’a qu’à regarder leurs visages : la bouche blanche, le regard faible parce qu’ils ont faim et il y a beaucoup d’enfants à la maison au lieu d’être en classe ».
Focus group Cité Soleil
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
4 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
REMERCIEMENTS
Nous remercions d’abord les jeunes qui nous ont si généreusement fait le récit de leur vie et donné de leur temps. Leurs propos constituent la trame de ce rapport et notre motivation à poursuivre cette recherche bien au-delà de ce que nous avons pu en rapporter. Nous espérons traduire fidèlement les réalités que vivent ces jeunes, les évaluations qu’ils en font, leurs souhaits et — leur trop souvent — très difficile quête d’une vie meilleure.
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Madame Gemma Hayes de Y CARE International pour son appui technique, financier et matériel à la réalisation de cette recherche. Un merci reconnaissant.
Nous ne saurions rater l’occasion pour remercier et féliciter Madame Guerda Prévilon, la directrice d’IDEJEN, qui, par ses judicieux conseils et ses connaissances, nous aura été d'une aide essentielle dans la réalisation de ce travail.
Merci aussi aux différents coordonnateurs de ville; sans eux nous n'aurions pas été en mesure de concrétiser cette étude.
Des remerciements sont offerts également aux entrepreneurs, aux responsables des CBOs et des écoles professionnelles pour leur disponibilité, leur patience, leurs commentaires ainsi que pour la clarté de leurs informations ordonnées…
Que tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à la réalisation de cette enquête en soient profondément remerciés.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
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TABLE DES MATIERES
i. REMERCIEMENTS -------------------------------------------------4
ii. LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES ------------------7
iii. DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS --------------------8
iv. RESUME -------------------------------------------------------------9
v. SUMMARY ---------------------------------------------------------10
vi. INTRODUCTION --------------------------------------------------11
PREMIERE PARTIE 1. Approche méthodologique
1.1 Sites de l’étude ---------------------------------------------------------------------------12
1.2 Echantillon ou mode de sélection des jeunes participants à l’étude --------------12
1.3 Formation des agents de collecte ------------------------------------------------------12
1.4 La méthode de collecte de données ----------------------------------------------------13
1.4.1 La dimension qualitative -----------------------------------------------------------13
1.4.2 La dimension quantitative -------------------------------------------------------- -14
1.5 Traitement et analyse des données qualitatives et quantitatives ------------------ 15
1.6 Limite de la méthodologie --------------------------------------------------------------15
DEUXIEME PARTIE
LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE TE ECONOMIQUE DES SITES DE L’ETUDE
2.1 Le contexte géographique de la ville de Port-au-Prince ------------------------------------------16
2.2 Le contexte géographique et économique de Petite Place Cazeau ------------------------------17
2.3 Le contexte géographique et économique de Delmas --------------------------------------------17
2.4 Le contexte géographique et économique de Corail ---------------------------------------------17
2.5 Le contexte géographique et économique de Cité Militaire -------------------------------------18
2.6 Le contexte géographique et économique de Carrefour Feuilles -------------------------------18
2.7 Le contexte géographique et économique de Cité Soleil -----------------------------------------19
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6 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
TROISIEME PARTIE
LES RESULTATS QUALITATIFS DE L’ETUDE
3 Manifestation des différents problèmes et besoins des jeunes----------------------------20
3.1 Manifestation des problèmes fréquentés par les jeunes ---------------------------------20
3.2 Situation des jeunes par rapport a la formation -------------------------------------------21
3.3 Situation des jeunes par rapport au chômage ---------------------------------------------23
3.4 La réalité économique des zones enquêtées ----------------------------------------------23
3.5 Les différents problèmes de catastrophes naturelles -------------------------------------24
3.6 Les besoins des jeunes en termes d’aspiration professionnelle ------------------------25
RESULTATS QUANTITATIFS DE L’ETUDE
3.7 Profil sociodémographique des jeunes --------------------------------------------------------26
3.8 Situation familiale des jeunes -------------------------------------------------------------------27
3.8.1 Structure du ménage des jeunes --------------------------------------------------------28
3.9 Fréquentation scolaire des jeunes à partir --------------------------------------------29
3.9.1 Scolarisation des jeunes -----------------------------------------------------------------29
3.10 Activités génératrices de revenu ----------------------------------------------------------------31
3.10.1 Implication des jeunes dans des activités économiques -------------------------------------31
3.10.2 Implication des jeunes dans le développement de leurs quartiers --------------------------32
3.11 L’évaluation des opportunités économiques dans les communautés cibles ---------------32
QUATRIEME PARTIE ANALYSE DES DONNEES EN PROVENANCE DES ENTREPRENEURS
4.1 Les filières Porteuses ----------------------------------------------------------------33
4.2 Les facteurs incitatifs à l’emploi des jeunes -------------------------------------34
CINQUIEME PARTIE ANALYSE DES DONNEES EN PROVENANCE DES ETABLISSEMENTS DE
FORMATION PROFESSIONNELLES 5.1 Profil global des institutions de formation professionnelle --------------------34
5.2 Infrastructure physique des écoles de formation professionnelle -------------35
5.3 Filière de formation offerte par les écoles formation professionnelle --------36
5.4 Couts des différentes filières de formation professionnelle --------------------36
SYNTHESE ---------------------------------------------------------------------------------------38 CONCLUSION ET RECOMMENDATIONS -------------------------------------------- 39
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LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
A. TABLEAUX Tableau 1: Les enfants, les adolescents et les jeunes ---------------------------------------------------8
Tableau 2 : Effectifs des individus administres par focus group ------------------------------------ 14
Tableau 3 : Les équipes d’animateurs -------------------------------------------------------------------14 Tableau 4 : Points des questionnaires individuels administrés -------------------------------------- 15 Tableau 5 : Manifestation des problèmes des jeunes --------------------------------------------------21
Tableau 6 : Distribution en pourcentage (%) des jeunes interviewés selon le niveau d’étude atteint ------------22 Tableau 7 : Présentation des problèmes liés aux catastrophes naturelles ---------------------------24
Tableau 8 : Aspiration professionnelle des jeunes selon les filières porteuses --------------------26
Tableau 9 : Répartition des jeunes selon le quartier de résidence, le sexe et l’âge ----------------27
Tableau 10 : Distribution des jeunes suivant le type de cohabitation et le quartier ------------------------28 Tableau 11 : Distribution des jeunes selon la maternité/paternité et le sexe ---------------------- 29 Tableau 12 : Répartition des jeunes selon la maternité/paternité et le quartier --------------------29 Tableau 13 : Person Khi-Square test --------------------------------------------------------------------30 Tableau 14 : Distribution des jeunes selon la scolarisation actuelle et le sexe -------------------- 30 Tableau 15 : Distribution des jeunes selon la scolarisation actuelle et le quartier ---------------- 30 Tableau 16 : Répartition des jeunes suivant l’exercice d’une activité économique et le sexe ---31 Tableau 17 : Répartition des jeunes selon leur participation dans les activités communautaires et par sexe -----32 Tableau 18 : Filières porteuses pour lesquelles des employeurs seraient prêts à embaucher ----33 Tableau 19 : Principales conditions pour embaucher des jeunes ------------------------ -----------34 Tableau 20 : Repartions des quartiers par nombre d’école professionnelle et fréquentation par sexe --35 Tableau 21: Répartition des écoles professionnelles selon le statut et la reconnaissance légale -35 Tableau 22 : Nombre d’ateliers apprentissage par école professionnelle -------------------------36 Tableau 23 : Nombre de salle de classe ----------------------------------------------------------------36 Tableau 24 : Coût des différentes filières de formation professionnelle ---------------------------37
B. FIGURES Figure 1 : Evolution de la population de Port-au-Prince ----------------------------------------------16
Figure 2 : Type des problèmes fréquentés par les jeunes de Port-au-Prince -----------------------20
Figure 3 : Distribution en pourcentage des jeunes selon le niveau d’études atteint ---------------22
Figure 4 : Principales activités économiques réalisées ----------------------------------------------- 23
Figure 5 : Répartition des jeunes par sexe --------------------------------------------------------------27
Figure 6 : Distribution en pourcentage des jeunes selon le niveau d’étude atteint ----------------33
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
8 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
Pap Padap: Is onomatopoeia, referring to Digicel minutes that you can purchase from a street vender.
SMCRS : Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides, la seule institution étatique chargée de ramassage d'ordures en Haïti.
Besoin: Le concept besoin exprime l’écart ou la différence entre un état optimal, défini de façon normative, et l’état actuel ou réel. En d’autres mots, un besoin naît lorsqu’on constate une différence entre une situation considérée comme optimale et la situation observée actuellement, différence que l’on désire réduire.
L’enfance, l’adolescence et la jeunesse : Quant au concept jeune, il concerne la tranche d’âge des 15 à 24 ans. Selon le Système des Nations Unies, cela couvre une partie de l’enfance et de l’adolescence qui s’étendent respectivement jusqu’à l’âge 18 ans et 19 ans. Le tableau suivant présente les différentes catégories de l’enfance, de l’adolescence et de la jeuneuse ainsi que les recoupements correspondants :
Tableau 1 : Les enfants, les adolescents et les jeunes
Source : Selon le Rapport mondial sur la jeunesse, 2005, décembre 2004 Aire ou Région Métropolitaine : La notion de région métropolitaine correspond à un
phénomène de complication des concepts de métropole qui a donné naissance à des expressions
comme ville-région et région urbaine. Donc, le terme région métropolitaine fait référence aux
divers problèmes métropolitains causés par l'affrontement entre les limites socio-économiques
de la ville et ses limites administratives. Toutefois, les géographes urbains définissent la région
métropolitaine comme un espace urbain regroupant la métropole et son aire d'influence contiguë
pour former un ensemble présentant un fort degré d'interaction et d'interdépendance sociale
interne.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 ..
Enfant
Adolescent
Jeune
Enfant Enfant-adolescent Enfant-adolescent-jeune A-J Jeune
Adolescent-jeune
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
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RÉSUMÉ Ce rapport présente les principaux résultats découlant de l’étude des besoins des jeunes de 15 à
24 ans vivant en situation difficile dans la commune de Port-au-Prince. Cette étude de nature
mixte (qualitative et quantitative) a été conduite auprès de 120 jeunes, des Organisations de
Base Communautaire (CBOs) évoluant dans la société civile, des entrepreneurs et des
responsables d’école professionnelle.
Cette recherche visait à obtenir des données fiables et pertinentes sur les problèmes et les
besoins prioritaires des jeunes pour une meilleure planification de leur encadrement.
Les principaux résultats indiquent l’existence d’importants besoins à combler pour réinsérer les
jeunes au sein de leur communauté. En effet, toutes les réponses relatives aux problèmes qui
dominent les jeunes sont liées à des maux d’ordres socio-économiques et sanitaires. Pour
assurer leur survie, ils disent qu’ils sont contraints d’expérimenter toutes sortes d’initiatives
pouvant même leur faire adopter des comportements déviants tels que : la mendicité, le vol et la
prostitution. Donc, Ils se retrouvent pour la plupart dans l’impossibilité de réaliser leurs
aspirations et de satisfaire leurs droits fondamentaux, tels que le droit à l’éducation et le droit à
une vie saine. Certains d’entre eux se retrouve à travailler dans le secteur informel, la plupart
dans des conditions qui ne garantissent pas la protection de leurs droits et leur développement
vers l’âge adulte. Ils pensent qu’ils ont des potentialités pour contribuer au développement
économique et social mais leurs qualités sont souvent camouflées par des stéréotypes négatifs
référant à la délinquance et la violence.
Face à une situation aussi préoccupante dans un contexte particulier de détérioration de la
situation macroéconomique en Haïti, Y CARE INTERNATIONAL s’est engagé à appuyer et à
encadrer IDEJEN (Initiative pour le Développement des Jeunes en dehors du milieu scolaire)
pour la mise en œuvre d’une stratégie susceptible de contribuer à l’amélioration des conditions
de vie de ces jeunes. En conséquence, les principales recommandations prônent le
développement et l’implantation de services intégrés en faveur d’une prise en charge adaptée
aux besoins des différents groupes cibles.
Pierre Lamour Taverne
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
10 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
ABSTRACT This report presents the principal results rising from the study of the needs assessment
for the young person aged of 15 to 24 living in difficult situation in the commune of Port-au-
Prince. This study of mixed nature (qualitative and quantitative) was led near 120 young people,
community basic organizations (CBO”s) evolving in the civil society, entrepreneurs and the
persons in charge of vocational school.
This research aimed to obtain reliable and relevant data on the priority problems and
needs of the young people for a better planning of their surroundings.
The principal results indicate the existence of important needs to be filled for reinsertion of the
young people within their community. Indeed, all the answers relating to the problems, which
dominate the young people, are dependent on socio-economical and sanitary difficulties. To
ensure their survival, they say that they are constrained to try out all kinds of initiatives able to
make them adopt deviating behaviors: begging, stealing and the prostitution. Therefore, they
are found for the majority in the impossibility of carrying out their aspirations and to satisfy
their basic rights, such as the right to education and the right to a healthy life. Some of them are
found working in the informal sector, the majority under conditions that do not guarantee the
protection of their rights and their development towards the adult age. They think that they
have potentialities to contribute to economic and social development but their qualities are often
camouflage by negative stereotypes referring to delinquencies and violence.
Face to such an alarming situation in a particular context of deterioration of the situation
macroeconomic in Haiti, Y CARE INTERNATIONAL has been engaged to support and to
straddle IDEJEN (Initiative for the Development of Youth out of school) for the implementation
of a strategy likely to contribute to the improvement of the living conditions of these youth.
Consequently, the principal recommendations preach the development and the implementation
of just services in favor of an assumption of responsibility suitable to the needs of different
target groups.
Pierre Lamour Taverne
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
11
INTRODUCTION L’idée d’organiser cette enquête répond à la nécessité d’obtenir des données crédibles qui
peuvent alimenter et orienter les interventions de prise en charge des jeunes de 15 à 24 ans
vivant en situation difficile dans la commune de Port-au-Prince. Ces jeunes qui représentent
environ 21.4%1 de la population haïtienne sont à la fois une force considérable pour le
développement du pays et un groupe vulnérable face au disfonctionnement du secteur social et
économique d’Haïti.
Cette enquête commanditée par Y CARE International et exécutée par un consultant
indépendant s’inscrit dans un double objectif: d’une part, la nécessité d’évaluer les besoins
relatifs aux conditions socio-économiques, sanitaires et environnementales au sein desquelles
vivent les jeunes. D’autre part l’urgente nécessité de dresser un état des lieux qui aiderait à
mieux identifier les jeunes démunis afin de contribuer à leur réinsertion dans la communauté à
travers des programmes de formation.
Aussi s’agit-il par le biais de cette recherche de présenter des données concernant la situation
professionnelle des jeunes ainsi que la connaissance en matière de désastre naturel des jeunes
hommes et femmes et leur implication spontanée dans la communauté en cas des situations
catastrophiques (inondation, tempête, cyclone) causées par la nature.
Ce travail n’a pas la prétention d’être exhaustif, car il est évident que cette étude ne permet de
saisir que certaines données sur les besoins des jeunes. Données qui paraissent pour le moment
les plus importantes pour le travail de Y CARE International et d’IDEJEN qui a été aussi à
l’origine de cette initiative.
Le présent rapport qui rend compte de la réalisation de cette étude comporte cinq (5) grandes
parties :
La première partie est consacrée aux généralités sur l’enquête, elle s’articule autour de
l’approche méthodologique qu’a été utilisée. La deuxième partie analyse le contexte
géographique des sites (présentation des villes et quartiers) du déroulement de l’enquête. Les
résultats obtenus aux différentes enquêtes et leur analyse sont exposés dans la troisième,
quatrième et cinquième partie. Le tout se termine avec une synthèse centrée sur le rappel de
principaux résultats, une conclusion et quelques recommandations.
1 Selon les données 2013 de CIA world Factbook, Haïti compte actuellement 2, 100,454 (1, 048,621 male et 1, 051,833) jeunes âgés de 15 à 24 ans
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
12 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
Objectifs de l’étude
L’objectif poursuivi à travers cette étude, conformément à ses termes de référence, vise à
recueillir des données de base sur la situation des jeunes vulnérables en Haïti afin d’améliorer
leurs moyens de subsistance.
A l’intérieur de cet objectif, deux autres buts ont été visés :
• Augmenter la capacité des Organisations de Bases Communautaires (CBOs) afin
qu’elles puissent fournir aux jeunes des programmes de formation efficace ;
• Aider les jeunes, via des programmes d’accompagnement, à faire face aux divers
phénomènes de catastrophes naturelles.
PREMIERE PARTIE
1. Approche Méthodologique 1.1 Sites de l’étude
Cette enquête a couvert la ville de Port-au-Prince et s’est déroulée dans 6 sites différents à
savoir : Delmas, Petite Place Cazeau, Cité Militaire, Cité Soleil, Corail, Carrefour Feuilles.
1.2 Echantillon ou mode de sélection des jeunes participant à l’étude
Nous avons recouru à une sélection raisonnée et accidentelle des participants à l’étude. Celle-ci
se justifie par l’inexistence d’une base de sondage. Ainsi, au total, 80 jeunes, en situation de
grande vulnérabilité, âgés entre 15 à 24 ans, ont participé aux entretiens individuels ou aux
focus groups de cette étude. Outre ces jeunes, quarante (40) personnes ressources (vingt
entrepreneurs, dix responsables d’Organisation de Base Communautaire CBOs et dix
représentants d’école de formation professionnelle) ont également pris part à cette enquête.
Cette analyse qualitative et quantitative prend donc en compte le point de vue de 120
personnes.
1.3 Formation des agents de collecte
La formation des agents de collecte s’est déroulée du 1 au 2 mai 2013. Sur la base de leurs
expériences en matière de collecte des données sensibles, quatre (4) personnes dont trois (3)
garçons et une fille, ont pris part à cette formation qui a été facilitée par le coordonnateur
général de l’étude. Malgré les efforts consentis pour une meilleure représentativité des femmes,
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
13
elles n’ont pas répondu autant que les hommes.
Un tableau de bord a été conçu pour aider les agents de collecte à identifier les cibles, le nombre
nécessaire par site et le type d’outil approprié pour collecter les données auprès de chaque cible.
La formation s’est déroulée en deux (2) phases : une phase théorique et une phase de simulation
qui a permis de :
• familiariser les enquêteurs avec les questionnaires et la délicatesse de la thématique
• présenter les différentes étapes de mise en œuvre de la collecte des données
• explorer les consignes spéciales par rapport à la collecte des données relatives aux
besoins des jeunes vulnérables.
• passer en revue chaque outil par une lecture suivie de commentaires et de discussions
• présenter/commenter le tableau de bord conçu pour aider les agents de terrain à identifier
les cibles, l’effectif nécessaire par site et le type d’outil approprié pour collecter les
données auprès de chaque cible
• constituer les équipes de collecte par département ou par ville
• discuter de toutes autres questions indispensables au bon déroulement de la collecte des
données. Les questionnaires ont fait l’objet d’amendement et de validation, suite à une
séance de simulation. Cette séance de simulation a, en outre, permis de se rendre compte
du niveau de maîtrise de l’approche par les agents de collecte et la manière dont ils
introduisent et conduisent les entretiens.
1.4 La méthode de collecte des données
Afin d’atteindre les objectifs, une méthodologie mixte de collecte de données à la fois
qualitative et quantitative, a été retenue.
1.4.1 La dimension qualitative de l’enquête a utilisé la technique de «
focus group » ou de discussion de groupe avec comme outils d’intervention les guides
d’entretien. Chaque Focus Group était composé de dix (10) personnes de sexe différent. Leur
âge varie entre 15 à 24 ans. Leur niveau d’études varie du 1er cycle fondamental au niveau
secondaire et la majorité d’entre eux, par manque de moyens financiers pour continuer leurs
études, sont en dehors du milieu scolaire. Cependant, le Focus Group qui a été réalisé avec les
CBOs, NGOs et la Société Civile ne respectait pas ces critères en raison de la composition des
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
14 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
participants qui sont des responsables des institutions. Toutefois, il faut souligner qu’ils étaient
au nombre de dix (10) personnes aussi de sexe opposé. Par site, les effectifs des individus
consultés sont répartis dans le tableau ci-après : Tableau 2 : Effectifs des individus administrés par focus group
Ville Sites Jeunes CBOs – NGOs Total F G F G
Port-au-Prince Delmas 5 5 1 1 12 Petite Place Cazeau 5 5 1 1 12 Cite Militaire 0 10 1 1 12 Cite Soleil 5 5 1 1 12 Corail 5 5 1 - 11 Carrefour Feuilles 7 3 1 - 11
Total 27 33 6 4 70 Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
2 équipes d’animateurs des groupes de discussions ont été constituées. Chaque équipe était
composée d’un facilitateur et d’un preneur de note. Ci-après la composition :
Tableau 3 : Les équipes d’animateurs VILLE FACILITATEUR PRENEUR DE NOTES
PORT-AU-PRINCE Jean Baptiste Bernadin St Fleur Joanne Charles Diemsonne Mikerlo Margene
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
1.4.2 La dimension quantitative nous a permis de valider quelques
conclusions tirées de l’enquête qualitative. Elle a aussi contribué à l’identification des
problèmes et besoins prioritaires des jeunes à partir des interviews individuelles. Les
questionnaires ont été administrés auprès des jeunes qui n’ont pas été enquêtés dans le cadre de
l’enquête qualitative.
Le caractère aussi bien quantitatif que qualitatif des données recherchées a amené l’équipe à
concevoir et à utiliser trois (3) questionnaires (pour les entretiens individuels) et deux guides
d’entretien (pour les focus groups) :
• Questionnaire individuel destiné aux jeunes en situation difficile
• Questionnaire individuel destiné aux entrepreneurs
• Questionnaire individuel destiné aux responsables des écoles professionnelles
• Guides d’entretien destinés aux jeunes
• Guides d’entretien destinés aux responsables d’institution évoluant dans la
société civile.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
15
Les guides d’entretien ont été conçus pour conduire les focus group et permettent d’évaluer le
niveau d’appréhension des jeunes et des connaissances des membres d’organisation sur les
besoins des jeunes, leur perception des problèmes quotidiens que fréquentent les jeunes, de
même qu’une évaluation institutionnelle du groupe.
Les points des opérations de collecte des données quantitatives se présente comme suit :
Tableau 4 : Points des questionnaires individuels administrés Villes Sites Questionnaires Administres Totale
Jeunes Entrepreneurs Ecole Professionnelles Port-au-Prince Delmas 4 4 1 9
Petite Place Cazeau 4 4 1 9 Cite Militaire 3 3 2 8 Cite Soleil 3 3 2 8 Corail 3 3 2 8 Carrefour Feuilles 3 3 2 8
TOTAL 20 20 10 50 Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
1.5. Traitement et analyse des données qualitatives et quantitatives
Le traitement et la tabulation des données collectées à partir des questionnaires ont été effectués
grâce au logiciel de traitement et d’analyse statistique SPSS version 21. Les informations issues
des groupes de discussion ont été traitées selon la technique d’analyse de contenu. En effet,
l’analyse de contenu est une technique de recherche, mieux une technique de dépouillement
consistant en une description objective, systématique, quantitative et qualitative du contenu
manifeste des communications orales ou écrites en vue de leur interprétation. Elle consiste en la
catégorisation des communications en catégories, sous-catégories, sous sous-catégories, ... et
contenus. Cette technique est aussi dite technique de dépouillement des communications libres
ou semi-libres pour leur interprétation après leur catégorisation.
Par l’exercice de la catégorisation, d’identification, d’analyse et d’interprétation des données,
nous avons présenté les informations selon une cohérence pour la production du présent rapport.
1.6 Limites de la méthodologie
Toute méthodologie de la recherche basée sur l'enquête de terrain admet à quelque degré que ce
soit des limitations, donc celle-ci n'en saurait être exempte. Il faut dire que ce travail dont
l'enquête a été faite sur un échantillon de 120 ménages dans 6 localités différentes devrait non
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
16 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
seulement tenir compte d'un échantillon de plus grande taille, mais aussi s'étendre sur plusieurs
autres bidonvilles ou quartiers précaires. Cependant, des contraintes d'ordre temporel, financier
et logistique nous ont empêché de satisfaire ces exigences.
DEUXIEME PARTIE
LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE TE ECONOMIQUE DES SITES DE L’ETUDE
2.1 Le contexte géographique de la ville de Port-au-Prince
La croissance rapide et non régulée des dernières décennies a transformé Port-au-Prince en une
vaste agglomération vulnérable, violemment inégalitaire, ne fournissant aucun service de base à
une grande partie de la population, contrainte de s’auto-organiser.
Figure 1 : Evolution de la population de Port-au-Prince
Aujourd’hui sa population est estimée à deux (2) millions cent quarante trois mille (2, 143,000)
habitants, alors que pour l'ensemble du pays elle est estimée à neuf millions huit cent un mille
six cent soixante quatre (9, 801,664). En d'autres termes la population de l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince représente 21.86% de la population totale du pays et elle croit à un rythme
annuel de l'ordre de 4.16%2 (CIA, world Factbook 2013). Cet accroissement de la population
disproportionné par rapport au taux de croissance de l'économie, à la fourniture des services
sociaux de base et aux infrastructures conduit à l'expansion des bidonvilles de l'aire
métropolitaine de Port-au-Prince dont certains d’entre eux (Cité Soleil, Cité Militaire, Carrefour
Feuilles, Petite place Cazeau, Bas Delmas, Corail) ont été pris en compte dans le cadre de ce
travail pour étudier les besoins des jeunes de 15 à 24 ans. 2 Index Mundi, Haiti Demographics Profile 2013.
0
500000
1000000
1500000
2000000
2500000
1950 1971 1982 1987 2013
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
17
2.2 Le contexte géographique et économique de Petite Place Cazeau
Petite Place Cazeau est un quartier de la commune de Delmas. Elle se situe au nord dans les
hauteurs de la commune. Cette communauté présente une grande variété de climat relatif à son
insolation et à la complexité de son relief sous l’influence du nordé. Tout l’environnement de
Petite Place Cazeau expose encore la réalité du mal incurable qu’a connu le pays après le séisme
à cause des camps qui sillonnent toute la zone. Petite Place Cazeau risque de compter parmi les
grandes bidonvilles de l’ensemble du pays si rien n’est fait en raison des constructions
anarchiques qui sont en train de réaliser dans la zone. En matière d’activités économiques, les
habitants du quartier bénéficient de la présence du SMCRS (Service Métropolitain de
Collecte des Résidus Solides) - la seule institution étatique haïtienne chargée de ramassage
d'ordures - qui permet aux gens de trouver des emplois. Après, ce sont les petits commerces de
tout genres tels que marchands de fritures, de pap padap (Vente de service de recharge
téléphonique DIGICEL), de charbon, de vivres etc. qui soutiennent l’économie de la zone. Par
manque d’infrastructure, les jeunes évoluant dans cette communauté ont de très grandes
difficultés socio-économiques.
2.3 Contexte Géographique et Économique de Delmas
Delmas est une commune qui se situe dans le département de l’Ouest. L’agglomération de la
ville se présente comme une banlieue couronnant son espace de bas en haut (Bas Delmas et
Haut Delmas). Delmas regroupe des quartiers de différents niveaux de vie. La ville a connu un
vaste mouvement de population depuis après le tremblement de terre affreux du 12 janvier 2010
dernier. Ce qui fait d’elle à présent comme c’est le cas de plusieurs d’autres villes de la capitale,
un lieu de refuge pour les plus démunis à la recherche de ce que leur localité d’origine n’arrive
pas à leur offrir. Par son rapprochement du route de l’Aéroport, la seule vraie rentrée de la
diaspora haïtienne et les étrangers, les sans abris profitent alors d’occuper les trottoirs afin de les
approcher pour demander l’aumône et d’essuyer leurs voitures. Bas-Delmas favorise
naturellement un centre d’affaire pour les jeunes et moins jeunes qui subsistent de par les
différentes transactions qu’ils font dans la zone. Ils se débrouillent dans la vente de services
(taxi, cireurs de chaussures, restaurants). Toutefois, Haut-Delmas reste et demeure une ville qui
a une structure de zones résidentielles.
2.4 Contexte Géographique et Économique de Corail
Corail est sous la direction de la commune de Croix des Bouquets à une vingtaine de kilomètres
au nord de Port-au-Prince. La configuration de corail reflète un véritable désert encerclé avec un
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
18 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
ensemble de camps très mal entretenus sous le bas fond de petites montagnes pelées, d’ou les
eaux dévalent pendant la saison des pluies et est entouré de zones inondables. Après le
tremblement de terre du 12 janvier dernier, l’assistance de la communauté internationale fait de
Corail un lieu de refuge pour les sans abris. Plus d’une vingtaine d’ONG, (Organisation Non
Gouvernementale) travaille dans la zone. L’Etat haïtien est aussi présent avec un projet de
logements sociaux qu’il construit dans la communauté. Ce qui donne aux habitants de cette
communauté la possibilité de trouver quelques jobs dans la construction de ces demeures. La
zone n’a pas de très grande infrastructure. Un bon nombre des habitants de Corail cultivent la
terre. Les jeunes ont des difficultés économiques énormes et obligent pour la plupart, de rester
en dehors du milieu scolaire.
2.5 Contexte Géographique et Économique de Cité Militaire
Cité Militaire se situe au nord de la capitale. Elle se trouve cloitrer entre au dos des
industries « ACRA » qui se situe sur la route de l’aéroport et la zone d’aviation. Cité Militaire
constitue une banlieue non loin de la capitale d’Haïti. Elle regroupe des quartiers de niveaux de
vie précaires avec une nette tendance à la bidonvilisation. La zone est signalée par un vaste
mouvement de population appauvrie. L'instabilité résidentielle de la population est donc une
marque sociale que Cité Militaire partage avec les quartiers surpeuplés dont les habitants,
toujours à la fouille d'opportunités pour gagner leur vie, sillonnent tant à l'intérieur des quartiers
qu'à l'extérieur. Les principales transactions économiques de cette zone sont : Vente de services
(taxi des motocyclettes, cireurs de chaussures, restaurants), petit commerce de détail de produits
locaux et importés. Cité Militaire est donc cette zone marginalisée qui reste un défi pour l’État
et pour toutes les organisations non gouvernementales qu’investissent cet espace.
2.6 Contexte Géographique et Economique de Carrefour Feuilles
Carrefour-Feuilles est une banlieue sur la montagne qui coiffe le Sud-est du centre de Port-au-
Prince. Elle regroupe des quartiers de différents niveaux de vie avec une nette tendance à la
bidonvilisation. La zone a connu une considérable extension vers le Sud-est en englobant dans
son agglomération des hameaux, qui, jusque-là, étaient considérés comme faisant partie de la
périphérie rurale de Port-au-Prince. Chevauchant sur le rural et l'urbain, elle est caractérisée par
un vaste mouvement de population, chassant progressivement les anciens résidents des classes
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
19
moyennes et attirant les classes appauvries, les populations flottantes émigrées des zones rurales
et des villages avoisinants. L'instabilité résidentielle de la population est donc une
caractéristique sociale que Carrefour-Feuille partage avec les quartiers populeux dont les
habitants, toujours à la recherche d'opportunités pour gagner leur vie, se déplacent tant à
l'intérieur des quartiers qu'à l'extérieur. Par sa proximité du Portail Léogane, la porte d'entrée
Sud du centre-ville et où se situe la gare des transports qui relient les villes du Sud (Jacmel,
Cayes, Aquin) à Port-au-Prince, Carrefour-Feuille sert naturellement de dortoir pour tous jeunes
et moins jeunes qui vivent des différentes transactions rendues possibles par cette proximité :
vente de services (taxi, cireurs de chaussures, restaurants), petit commerce de détail de produits
locaux et importés. Portail Léogane est un lieu d'élection des jeunes de rue et constitue
également un haut lieu de la violence urbaine qui de plus en plus devient la marque
caractéristique de Port-au-Prince
2.7 Contexte Géographique et Economique de Cité Soleil
Cité Soleil est – sans risque de se tromper – l’une des commune la plus vulnérable de tout le
pays, si non la plus grande avec tout ce que cela peut entraîner : promiscuité, insalubrité,
explosion sociale, chômage, banditisme et oisiveté. Ce vaste bidonville de près de 500,000
habitants est situé à quelque kilomètre au nord-ouest de Port-au-Prince. Elle est en majeure
partie constituée de jeunes ce qui fait de cette agglomération une zone de stratégie électorale
qui, pour tout parti politique rêvant de diriger le pays doit obligatoirement rendre compte de cet
électorat. Malgré la réalité sociopolitique du pays nous montre que nos dirigeants s’intéressent à
cette commune qu’aux moments des élections, elle n’a jamais connu une stabilité tant qu’aux
niveaux sociales, économiques et politiques depuis après le départ de Jean Claude Duvalier le 7
février 1986. Les habitants de la zone s’accommodent à la situation que reflète la réalité de
façon momentanée. Les habitants de la commune vivent de la pêche, de vente de services
(lessivier, chauffeur de taxi moto, pap padap, petit commerce de détail etc.). Cité Soleil,
baptisée comme zone de non droits depuis un certain temps est loin de pouvoir sortir dans ce
bourbier.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
20 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
TROISIÈME PARTIE
LES RESULTATS QUALITATIFS DE L’ETUDE
3. Manifestation des différents problèmes et besoins des jeunes L’insertion des jeunes dans la vie active est l’un des problèmes essentiels auxquels se heurte la
société Haïtienne aujourd’hui et les sites de l’étude en particulier. A noter qu’environ 56% de la
population Haïtienne vit en dessous de la ligne de pauvreté extrême, c’est-a-dire avec moins
d’un dollar par jour par habitant. Sur dix personnes, environ 7.6 sont considérées comme
pauvres, c’est-a-dire ne disposant pas de deux dollars par jour, par personne. Les 40% les plus
pauvres n’ont accès qu’a 5.9% du revenu total, ce qui traduit une forte concentration de la
population dans les couches à faibles revenus (www.mpce.gouv.ht). Ces deux catégories de la
population sont relativement les plus touchées par les déséquilibres qui caractérisent la situation
socio-économique du pays.
Dans cette partie, l’étude cherche à comprendre, de façon approfondie, les différents types de
problèmes fréquentés par les jeunes ainsi que leurs besoins en les laissant s’exprimer
librement à partir d’un d’entretien ouvert.
3.1 Manifestation de problèmes fréquentés par les jeunes
Les données traitées de toutes les six (6) localités enquêtées dans la zone métropolitaine de Port-
au-Prince prouvent que les jeunes vivant en situation difficile feraient face à des problèmes
multiples. Les maux les plus flagrants se résument dans la figure ci-dessous :
Figure 2.Types de problèmes fréquentés par les jeunes de Port-au-Prince
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Le figure 1 renseigne – tels que perçu par les jeunes de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince –
sur les types de problèmes que confrontent la population de Cité Soleil, Cité Militaire, Carrefour
feuilles, Petite Place Cazeau, Bas Delmas et Corail. Il ressort de l’analyse de cette figure que les
0%
100%
Economiques Sociaux Sanitaires
65%
25% 15%
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
21
embarras économiques seraient en tête avec (65%) suivi des difficultés sociales (25%) et les
problèmes sanitaires (15%). A cause de ces différents tracas, les jeunes évoluant dans les
quartiers précaires de Port-au-Prince seraient obligés de rester en marge de la communauté
constatant les jours qui passent sans rien faire. De façon détailler, le sommaire de la
manifestation des problèmes exposés par les jeunes est présenté dans le tableau subséquent :
Tableau 5 Manifestation des problèmes des jeunes
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Du point de vue sanitaire, les zones enquêtées, comme les jeunes en auraient fait remarquer,
deviennent de plus en plus insalubres, de par leurs caractéristiques physiques désagréables, et
aussi, l'absence de ramassage d'ordures et d'immondices. Selon les interviewés, « L'absence des
travaux de curage au niveau du système de canalisation rend l'évacuation des eaux usées
impossible et entraîne l'inondation à chaque chute de pluie. Les eaux pluviales et usées non
évacuées constituent des flasques d'eaux considérés comme très dangereux pour la santé de la
population ».
Du point de vue socio-économique, en grande majorité, les différents besoins seraient
spécifiquement lies à la formation, le chômage et l’emploi.
3.2 Situation des jeunes par rapport à la formation
Les résultats de terrain montrent que la majorité des jeunes, pour l’ensemble des zones étudiées
dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, auraient eu la possibilité d’accès à l’école. 5% des
gens interviewés ne seraient jamais allés à l’école. Cela prouve que le taux d’analphabétisme
des jeunes serait négligeable par rapport au taux des scolarisés. 45% auraient achevé au plus le
3eme Cycle fondamental et 38.34% auraient accompli une année du cycle secondaire. Les jeunes
ayant un niveau professionnel à l’échelle des zones étudiées de l’aire métropolitaine de Port-au-
Catégorie Problèmes Socio-économique Accès à une alimentation quotidienne
Accès à un habitat stable et adéquat Accès à un métier Accès à une activité génératrice de revenu Incapacité de procurer des vêtements appropriés Incapacité de continuer avec notre étude primaire ou secondaire
Sanitaire Insalubrité Pollution Immondices Ordures Flasques d’eau
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
22 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
Prince auraient été insignifiants (3.34%). Par ailleurs, au dire des jeunes, la pauvreté accrue des
familles aurait poussé la majorité des parents à empêcher leurs enfants de poursuivre leur
scolarité. A ce facteur s’ajouteraient les difficultés liées à l’éloignement de l’école, aux coûts
afférents aux transports et fournitures scolaires, enfin à la non-‐‑pertinence des connaissances
acquises en termes d’insertion professionnelle. En résumé, le nombre de jeunes qui auraient
quitté l’école prématurément serait très important dans les six sites.
Tableau 6. Distribution en pourcentage (%) des jeunes interviewés selon le niveau d’étude atteint par zone d’intervention.
Niveau d’étude atteint
Milieu de résidence Ensemble % Petite Place Cazeau Delmas Corail Cité Soleil Cité Militaire Carrefour Feuilles
Aucun niveau 10% 10% 10% 5% 1er Cycle fondamental 10% 1.67% 2eme Cycle fondamental 10% 10% 20% 6.67% 3eme Cycle fondamental 60% 40% 70% 30% 70% 45% Secondaire 40% 90% 30% 40% 30% 38.34% Professionnel 10% 10% 3.34% Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013 Le taux de formation varie entre les zones étudiées. Le graphique suivant permet de noter que
les quartiers les plus déficients en termes de jeunes ayant un métier professionnel seraient :
Delmas, Cité Soleil, Cité Militaire et Carrefour Feuilles. Cependant, il faut noter que ces
quartiers auraient des proportions assez fortes ayant atteint le premier niveau du cycle
secondaire. Cette section d’analyse sera encore prise en compte au niveau du traitement
des données quantitatives pour étudier l’influence du genre sur la scolarisation à partir du
test Khi-deux.
Figure 3 : Distribution en pourcentage des jeunes selon le niveau d’étude atteint
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 201
0% 20% 40% 60% 80% 100%
3eme Cycle fondamental
Secondaire
Prefessionnel
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
23
3.3 Situation des jeunes par rapport au chômage
Le taux de chômage de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince s’élève à 33.3%. Ce taux est de
33.5% chez les hommes et 33.1% chez les femmes et tend à être très élève aux âges jeunes (20-
24 ans) jusqu'à se situer à 40%.3 Le chômage et le manque de moyens auraient poussé ces
jeunes à s’adonner à la drogue, l’alcoolisme, les crimes, le vol, l’extrémisme, la mendicité, la
prostitution et la violence. Ils passent leurs temps dans les rues parce que leurs quartiers ne
disposent pas d’espaces socioculturels où ils peuvent passer leurs temps. A la maison, ils
affirment qu’ils vivent des tensions avec leurs parents qui les incitent à aller chercher du travail.
Pour la majorité des jeunes, et en dépit du contexte défavorable qui devrait être
décourageant, une bonne formation professionnelle reste pour la majorité la panacée à
portée de main.
3.4 La réalité économique des zones enquêtées
Les données collectées auprès des personnes enquêtées et consignées dans la figure ci-dessous
permettraient de distinguer vers quel type d’activité se tournaient les membres de la
communauté pour subvenir à leurs besoins. Ainsi, 60% des enquêtés citent vente de service
(lavage de voiture, conducteur de motocyclette sous forme de taxi, pap padap etc.) comme
activité principale de survie. Viennent ensuite les activités de commerce de détail (vente de
saucisse, hot dog, friture) 30%. Enfin, 30% des réponses concernent les activités de construction
c’est-à-dire des chantiers ou les jeunes sont allés vendre leur force de travail, le plus souvent, à
un prix en dessous de salaire minimum quotidien.
Figure 4. Principales activités économiques réalisées
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
3 IHSI, EEEI, Enquête emploi 2007
0%
20%
40%
60%
Vente de service Commerce de détail Activité de Construction
60%
30% 30%
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
24 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
En somme, la revue rapide des principales caractéristiques économiques des zones enquêtées
permet de conclure que ces quartiers ne recèlent pas des potentialités économiques pouvant
absorber le chômage des jeunes vivant en situation difficile.
3.5 Les différents problèmes de catastrophes naturelles
Selon les jeunes, les phénomènes naturels qui ont l’habitude de frapper l’aire métropolitaine
sont multiples et concernent tous les aspects de la vie quotidienne. Les menaces prioritaires sont
presque les mêmes, bien que l’ordre de priorité varie d’un groupe à l’autre. Les participants ont
classé les menaces et les risques par ordre d’importance comme suit : Cyclone, Inondation,
Tempête, Eaux en furie/Forte averse/ Crue torrentielle, Glissement de terrain, Tremblement de
terre.
Tableau 7 Présentation des problèmes liés aux catastrophes naturelles Ville Focus Group Types de catastrophe naturelle Nombre de répondants
Port
-au-
Prin
ce
Corail
Cyclone 10 Inondation 10 Tempête 10 Eaux en furie/Forte averse/ Crue torrentielle 10 Glissement de terrain 10 Tremblement de terre 10
Cite Militaire
Cyclone 10 Inondation 10 Tempête 10 Eaux en furie/Forte averse/ Crue torrentielle 10 Glissement de terrain 10 Tremblement de terre 10
Cite Soleil
Cyclone 10 Inondation 10 Tempête 10 Eaux en furie/Forte averse/ Crue torrentielle 10 Glissement de terrain 10 Tremblement de terre 10
Carrefour feuilles
Cyclone 10 Inondation 10 Tempête 10 Eaux en furie/Forte averse/ Crue torrentielle 10 Glissement de terrain 10 Tremblement de terre 10
Bas Delmas
Cyclone 10 Inondation 10 Tempête 10 Eaux en furie/Forte averse/ Crue torrentielle 10 Glissement de terrain 10
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
25
Tremblement de terre 10
Petite Place Cazeau
Cyclone 10 Inondation 10
Tempête 10 Eaux en furie/Forte averse/ Crue torrentielle 10 Glissement de terrain 10 Tremblement de terre 10
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013 Pour les jeunes, en grande partie ces phénomènes naturels sont intimement liés et seraient pour
la plupart causés par le déboisement. On sait que le déboisement ne fait qu’amplifier d’année
en année les dégâts et les niveaux de risque liés à l’érosion, aux eaux en furie, aux éboulements,
à la qualité de l’eau et à l’insalubrité de l’environnement.
Toutefois, les inondations et eaux en furie représentent à la fois la menace et le risque les plus
redoutables de ces quartiers précaires en raison du déboisement total des versants. Les soucis
des habitants se concentrent sur les ravines, sources d’ennuis, de pertes économiques et de vies
humaines à la moindre averse.
A noter que de 1751 à 20104, Haïti a été victime de 19 inondations, 16 ouragans, 8
tremblements de terre, 3 cyclones et 2 tempêtes tropicales qui ont eu un impact dévastateur :
morts, disparus, maisons détruites ou endommagées, pertes matérielles . Le tremblement du 12
janvier 2010 qui a frappé l’Ouest et le sud-est d’Haïti a été la goutte d’eau qui a fait déborder le
vase. Il a laissé des traumatismes profonds chez les victimes directes et des problèmes énormes
dans la vie sociale notamment dans le secteur éducatif. Donc, un programme de formation à
la prévention des catastrophes naturelles s’avère nécessaire. Il permettra de sauver ou de
maintenir la vie et des compétences qui protègent en particulier les enfants et les jeunes
gens durant et après les catastrophes.
3.6 Les besoins des jeunes en termes d’aspirations professionnelles
Il peut être difficile pour les jeunes de nourrir des aspirations avec une faible scolarité et des
conditions de vie qui les mettent chaque jour aux prises avec la survie. Cependant, tous les
jeunes ont des aspirations professionnelles, même s’ils ne les expriment pas toujours.
4 Rapport sur l’éducation en Haïti rapport de l’UNICEF http://www.unicef.org/french/infobycountry/haiti_53252.html
Elise JOISEL: Urgence et Éducation: la nécessité de l’école en période de crise (disponible sur) http://www.urd.org/spip.php?article106&artpage=5-7#outil_sommaire_3
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
26 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
Néanmoins, dans la perspective du projet du YCARE/IDEJEN, ils se sont exprimés à partir un
certain nombre de questions au niveau des Focus Group et du questionnaire. A cet égard, nous
avons pu recueillir d’eux des informations relatives aux métiers qu’ils privilégieraient, aux
raisons du choix de ces métiers et aux types d’institutions qu’ils viseraient pour leur emploi et
leur carrière professionnelle. Le tableau ci-‐‑ dessous donne un aperçu sur certains métiers que les
jeunes enquêtés préfèrent occuper dans l’avenir. Il s’agit en particulier de métier de ferronnerie
(16.67%), maçonnerie (15%), restauration (15%), hôtellerie (15%), plomberie, électricité
(13.14%).
Tableau 8 Aspiration Professionnelles des Jeunes selon les Filières Porteuses Filières Effectif Pourcentage
Plomberie 8 13.14 Electricité 8 13.14
Ferronnerie 10 16.67 Maçonnerie 9 15 Carrelage 7 11.67
Restauration 9 15 Hôtellerie 9 15
Total 60 100.00 Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
A noter que ces métiers ont été mesurés à partir potentiels débouchés qu’ils jugeraient à la clef
de leur choix. En effet, l’analyse qualitative des données révèle que la majorité d’entre eux
souhaiteraient développer leurs propres petites entreprises suite à leur formation. Certains
d’entre eux n’écarteraient pas la possibilité de chercher des emplois dans des institutions de
renom comme les Organisations non Gouvernementales (ONG).
Nous avons également constaté que la majorité des jeunes des bidonvilles, scolarisés ou
analphabètes ont perdu confiance en eux-‐‑mêmes et se sentent inutiles pour la société. Ils sont
devenus négatifs, timides et manquent d’esprit d’initiative. De ce fait, ils ont besoin d’un
accompagnement pour leur habilitation comportementale en matière de prise de parole, de
participation, d’estime de soi, etc. Pour résoudre ces problèmes, ces jeunes déclarent avoir
besoin de formation au niveau des compétences comportementales (life skills).
RESULTATS QUANTITATIFS DE L’ETUDE Cette section analyse le profil sociodémographique des jeunes interviewés selon leur quartier de
résidence, le sexe et l’âge ainsi que la structure familiale des jeunes. Aussi, analyse t’elle les
activités génératrices de revenu des différents sites de l’étude et les implications des jeunes dans
leur communauté.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
27
3.7 Profil sociodémographique des jeunes
La plus grande concentration des jeunes interviewés habitent à Delmas et Petite Place Cazeau et
regroupe respectivement le même pourcentage soit 20%. En termes de proportions, les tranches
d’âge de 18-19 ans et 20-22 ans sont les plus importants. (Tableau 9).
Tableau 9 : Répartition des jeunes selon le quartier de résidence, le sexe et l'âge
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Il ressort de l’analyse de ce tableau que la majorité des jeunes enquêtés sont du sexe masculin. La présente figure permet de mieux visualiser ces résultats. (Figure 5).
Figure 5 : Répartition des jeunes par sexe
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Quartier
Age / Sexe 18-19 ans 20-22 ans 23-24 ans Plus de 24 ans Total
F M F M F M F M F M Ensemble.
Delmas
Effectif 2 0 0 0 0 1 0 1 2 2 4 % du total 10% 0% 5% 5% 20%
Corail
Effectif 1 0 0 1 1 0 0 0 2 1 3 % du total 5% 5% 5% 0% 15%
Cité Soleil 0 0 0%
0 1 5%
2 0 10%
0 0 0%
2 1 15%
3
Cité Militaire
Effectif 0 2 0 1 0 0 0 0 0 3 3 % du total 10% 5% 0% 0% 15%
Carrefour feuilles 0 0 0%
0 2 10%
0 0 0%
0 1 5%
0 3 15%
3
Petite Place Cazeau
Effectif 2 0 0 2 0 0 0 0 2 2 4 % du total 10% 10% 0% 0% 20%
Total
Effectif 5 2 0 7 3 1 0 2 8 12 20 % du total 35% 35% 20% 10% 100,00
Fille 40%
Garçon 60%
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
28 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
3.8 Situation familiale des jeunes
Âgée entre 15 et 24 ans, la population des jeunes sous étude constitue un groupe assez fragile et
poreux. Ils sont fragiles parce qu’ils sont précarisés et se sentent en danger d’exclusion. En
outre, ils traversent différentes catégories de difficultés qui se conjuguent et se renforcent les
unes par rapport aux autres, les difficultés familiales, parmi lesquelles la maltraitance et les
violences intrafamiliales occupent une place très importante, les difficultés scolaire et les
difficultés liées à la question de maternité ou paternité précoce. Ces éléments constituent
l’intérêt des sous-sections subséquentes.
3.8.1 Structure du ménage des jeunes
Les résultats de l’enquête illustrent la prépondérance de la présence de la mère dans la
structure familiale des jeunes. De l’ensemble des données collectées, 30% des jeunes auraient
habité seulement avec leur mère. Ces résultats traduisent les caractéristiques des familles
monoparentales haïtiennes. Bien qu’environ 20% des jeunes auraient habité avec leurs deux
parents, en général ils vivent avec au moins un membre de leur famille, 5(Tableau 10). Cette
situation pourrait accentuer la précarité chez les jeunes car ils n’ont ni repère, ni boussole et
seraient abandonnés à eux-mêmes sans support du cocon familial.
Delmas serait le quartier qui à la plus grande concentration des jeunes en situation de
monoparentalité. En effet, environ 75% des jeunes qui vivent uniquement avec leur mère y
auraient résidé.
Tableau 10 : Distribution des jeunes suivant le type de cohabitation et le quartier
Zone Avec qui habitez-vous?
Mère Père et Mère Sœur Cousin(e) Tante/Oncle Ne répond pas Total Count % Count % Count % Count % Count % C % Count %
Delmas 3 75.0% 1 25.0% 0 .0% 0 .0% 0 .0% 0 .0% 4 100.0%
Corail 0 .0% 0 .0% 1 33.3% 1 33.3% 0 .0% 1 33.3% 3 100.0%
Cité Soleil 1 33.3% 1 33.3% 0 .0% 0 .0% 0 .0% 1 33.3% 3 100.0%
Cité Militaire 0 .0% 1 33.3% 1 33.3% 0 .0% 0 .0% 1 33.3% 3 100.0%
Carrefour-Feuille 2 66.7% 0 .0% 0 .0% 0 .0% 1 33.3% 0 .0% 3 100.0%
Petit Place Cazeau 0 .0% 1 25.0% 0 .0% 1 25.0% 2 50.0% 0 .0% 4 100.0%
Total 6 30.0% 4 20.0% 2 10.0% 2 10.0% 3 15.0% 3 15.0% 20 100.0%
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
5 Oncles, tantes, cousins, cousines.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
29
La maternité ou la paternité serait un phénomène peu important chez ce groupe de jeunes. Sur
l’ensemble des jeunes interviewés, une seule fille (1), soit 5%, auraient déclaré avoir au moins
un enfant.
Tableau 11 : Distribution des jeunes selon la maternité/paternité et le sexe
Avez-vous des enfants?
Oui Non Total
Count % Count % Count % Fille 1 12.5% 7 87.5% 8 100.0% Garçon 0 .0% 12 100.0% 12 100.0% Total 1 5.0% 19 95.0% 20 100.0% Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013 Le problème de maternité ou de paternité est distribué différemment suivant le
quartier de résidence des jeunes (Tableau 12). Le jeune ayant déclaré avoir au
moins un enfant serait habité au niveau de Cité Soleil. En effet, dans cette
condition spécifique, il est extrêmement difficile de conclure à l’influence du
milieu de résidence sur la grossesse des jeunes. Tableau 12: Répartition des jeunes selon la maternité/paternité et le quartier
Zone Avez-vous des enfants?
Oui Non Total Count % Count % Count %
Bas Delmas 0 .0% 4 100.0% 4 100.0%
Corail 0 .0% 3 100.0% 3 100.0%
Cite Soleil 1 33.3% 2 66.7% 3 100.0%
Cité Militaire 0 .0% 3 100.0% 3 100.0%
Carrefour-Feuille 0 .0% 3 100.0% 3 100.0%
Petit Place Cazeau 0 .0% 4 100.0% 4 100.0%
Total 1 5.0% 19 95.0% 20 100.0%
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
3.9 La fréquentation scolaire des jeunes
Cette section analyse la scolarisation des jeunes en étudiant le taux de
scolarisation au moment de l’enquête quantitative en fonction du sexe, du quartier,
de la résidence et de la personne responsable. Ensuite, elle décrira l’influence du
sexe et du quartier sur la scolarisation. Puis, l’analyse se penchera sur le niveau
d’études atteint par les jeunes scolarisés. Enfin, les cas de non-scolarisation et, le
cas échéant, les raisons de décrochage seront étudiés.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
30 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
3.9.1 Scolarisation des jeunes
La majorité des jeunes interviewés au moment de l’enquête, soit un peu plus de
90%, seraient scolarisés (Tableau 14) dont (91%) seraient de sexe masculin. De
façon globale, les données révèlent que le taux scolarisation des filles serait
inférieur à celui de leurs pairs masculins. En effet, parmi les filles qui ont participé
à l’enquête, 87.5% auraient déclaré avoir été scolarisés contre environ 91.7% pour
les garçons. Maintenant, la question qu’il conviendrait de se poser est la suivante :
Pourrait on établir un lien statistique entre le sexe et le taux de scolarisation
actuelle ? une analyse de Khi-deux nous permettrait de répondre à cette question. Tableau 13. Pearson Chi-Square Tests
Allez-vous à l'école?
Sexe du répondant Chi-square 0.093
df 1 Sig. 0.761a, b
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Pour (khi-carré = 0,093, ddl = 1, p = 0,761). En
conclusion, on ne peut pas établir un lien entre le taux scolarisation actuelle et le
sexe des jeunes (test khi-deux, risque d’erreur de 5%)6 .
Tableau 14 : Distribution des jeunes selon la scolarisation actuelle et le sexe
Allez-vous à l'école?
Oui Non Total Count % Count % Count %
Fille 7 87.5% 1 12.5% 8 100.0% Garçon 11 91.7% 1 8.3% 12 100.0% Total 18 90.0% 2 10.0% 20 100.0% Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Les données révèlent aussi que Petite Place Cazeau regrouperait la plus grande concentration
des jeunes scolarisés au moment de l’enquête, tandis que l’inverse serait observé à Cité Soleil.
En effet, 100 % de jeunes scolarisés seraient de Petite Place Cazeau contre moins de 67% pour
Cite Soleil. Donc, en considérant le taux de scolarisation des jeunes par quartier, Petite Place
Cazeau se démarque nettement des autres
6 Niveau de signification de 95%.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
31
Tableau 15: Distribution des jeunes selon la scolarisation actuelle et le quartier
Zone Allez-vous à l'école?
Oui Non Total
Count % Count % Count %
Bas Delmas 3 75.0% 1 25.0% 4 100.0% Corail 3 100.0% 0 .0% 3 100.0% Cité Soleil 2 66.7% 1 33.3% 3 100.0% Cité Militaire 3 100.0% 0 .0% 3 100.0% Carrefour-Feuille 3 100.0% 0 .0% 3 100.0% Petit Place Cazeau 4 100.0% 0 .0% 4 100.0% Total 18 90.0% 2 10.0% 20 100.0%
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
3.10 Activités génératrices de revenu des jeunes
Dans cette partie de l’étude, l’analyse se penchera sur les activités génératrices de revenu des
jeunes par sexe ainsi que l’implication de ces derniers dans le développement de leur quartier.
3.10.1 Implication des jeunes dans des activités économiques
Les données reportées dans l’étude quantitative ne confirmeraient pas l’implication des jeunes
dans des activités économiques. En effet, sur les vingt (20) jeunes ayant répondu à cette
question, 19, soit près de 95% auraient déclaré n’être pas impliqués dans une activité lucrative.
Il convient de souligner que les garçons seraient plus inactifs sur le plan économique que les
filles. Sur les 20 jeunes interviewés, une seule fille exercerait une activité génératrice de revenu.
Le manque de moyens économiques ou manque d’idée novatrice pourrait être considéré comme
l’une des raisons à la base de l’implication des jeunes dans des activités lucratives
Tableau 16: Répartition des jeunes suivant l’exercice d’une activité économique et le sexe
Sexe des répondants
Fille Garçon Total
Count % Count % Count % Oui 1 12.5% 0 .0% 1 5.0% Non 7 87.5% 12 100.0% 19 95.0% Total 8 100.0% 12 100.0% 20 100.0% Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
3.10.2 Implication des jeunes dans le développement de leur quartier
L’implication des jeunes dans les activités de leur communauté est un bon indicateur de leur
sens de responsabilité « citoyenne ». Plus ils commencent à s’impliquer très tôt dans des
activités de développement de leur « milieu d’appartenance », plus on s’attendre à un meilleur
sens de responsabilité de leur part à l’avenir.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
32 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
Selon les données du tableau 17, le taux de participation des jeunes dans les activités de leur
communauté serait acceptable. En effet, sur les 20 répondants, 10 (50%) auraient déclaré avoir
participé dans de telles activités. Les garçons constitueraient près de 70% de ce groupe.
Tableau 17: Répartition des jeunes selon leur participation dans des
activités communautaires et par sexe
Sexe Avez-vous l'habitude de participer à des réunions dans la zone?
Oui Non Total Count % Count % Count %
Fille 3 30.0% 5 50.0% 8 40.0% Garçon 7 70.0% 5 50.0% 12 60.0% Total 10 100.0% 10 100.0% 20 100.0% Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
3.11 L’évaluation des opportunités économiques dans les communautés cibles
La lecture de la figure ci-dessous démontre à quel point l’économie des zones étudiées devient
vraiment très précaire. Ces zones sont composées de gens à faible revenu qui n’arrivent pas à
satisfaire leurs besoins primaires et sont regorgées un volume élevé de micro entreprise –
comprenant des petites boulangeries, des boutiques, des banques de loterie, des maisons de
« bric à brac » etc. – évoluant dans le secteur informel. Ainsi, les résultats affirment que les
taux d’occupation par secteur d’activités économiques les plus importantes seraient :
boulangerie (60%), boutique/épicerie (45%), Taxi moto (45%), pap padap (35%), loterie (35%),
ensuite viennent d’autres activités de commerce comme de l’eau traitée, produits alimentaires,
cyber café, bar restaurant, dry cleaning, matériaux de construction qui accuseraient un taux
d’occupation de 15% chacune.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
33
Figure 6. Taux d’occupation des activités économiques des zones étudiées
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Cependant, il convient de souligner que ces branches d’activites economiques du secteur
informel ne peuvent pas garantir d’emploi pour les jeunes en situation difficile parce que même
si le nombre d’unité économique détermine l’ampleur de l’activité économique, c’est surtout la
nature de l’activité et ses possibilités d’expansion qui garantissent l’emploi.
QUATRIEME PARTIE Analyse des données en provenance des entrepreneurs
Cette analyse a été faite sur la base de deux critères :
4.1 Les filières porteuses pour lesquelles les employeurs seraient prêts à embaucher 4.2 Les facteurs incitatifs à l’emploi
4.1 Les filières porteuses
Dans le processus de choix d’un métier, ce qui est important c'est d'avoir une visibilité,
non seulement sur les capacités personnelles, mais aussi sur l’environnement et les exigences du
futur métier. C'est ce rapprochement que nous avons fait qui nous a permis de déterminer les
critères de métier des jeunes qui sont:
1- Les débouchés, y a t’il du travail dans cette branche?
2- La carrière, l’évolution possible, l’avancement, les possibilités de promotion.
0.00%
10.00%
20.00%
30.00%
40.00%
50.00%
60.00%
70.00%
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
34 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
Sur cette base, les métiers de la construction et de la mécanique seraient plus prometteurs.
D’abord, la probabilité d’embauche des jeunes est déterminée par la disposition des employeurs à les recruter dans leur différent secteur d’activités. La base d’analyse provient des vingt (20) entrepreneurs qui seraient disposés à les intégrer dans leur entreprise (Tableau 18). La construction, y compris l’ébénisterie et la ferronnerie, constituerait le secteur d’activité prioritaire d’embauche de ces employeurs. Par contre, cuisine/pâtisserie et l’hôtellerie seraient respectivement importantes en termes d’opportunité d’emplois.
Tableau 18. Filières porteuses pour lesquelles des employeurs seraient prêts à embaucher
Priorité d’embauche par ordre décroissant
Filières
1 Construction
2 Cuisine, Pâtisserie
3 Hôtellerie
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Cette observation est renforcée par la perception des leaders communautaires et des
jeunes en termes d’aspiration professionnelles. Les leaders communautaires ont mis l’accent sur
la construction considérant les filières suivantes : maçonnerie, charpenterie, ferronnerie,
plomberie et électricité. L’ordre de priorité de celles –ci varient suivant le quartier. Les jeunes,
dominés par les petits commerce de détails ou la tradition7 de l’environnement immédiat,
manifestent néanmoins de l’intérêt pour la construction.
4.2 Les facteurs incitatifs à l’emploi des jeunes
Les données de l’étude rapportent que les entrepreneurs souhaiteraient bien offrir des stages ou
des emplois aux jeunes. Cependant, ils auraient fixé des conditions. 37.5% d’entre eux auraient
demandé des primes d’engagement tandis que 68.8% auraient réclamé un comportement
favorable chez les jeunes.
Tableau 19. Principales conditions pour embaucher des jeunes
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
CONDITIONS % Primes d’engagement 37.5% Comportement favorable 68.8% Total 100.0%
7 Les petits métiers traditionnels pour les jeunes filles tells que couture, pâtisserie
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
35
CINQUIEME PARTIE
ANALYSE DES DONNEES EN PROVENANCE DES ETABLISSEMENTS DE FORMATION PROFESSIONNELLE
Cette partie de l’étude illustre les principaux résultats relatifs au répertoire des institutions de
formation professionnelle. Ce, dans le but de présenter le Profil des institutions de formation
professionnelle, les infrastructures physiques des écoles professionnelles, les filières de
formation offertes, ainsi que les coûts des différentes formations.
5.1 Profil global des Institutions de Formation Professionnelle
Selon le tableau ci-dessous, il existerait dans les zones enquêtées dix (10) écoles de formation
professionnelle et technique. Ces écoles offriraient des services à 197 jeunes, dont 75 filles et 122
garçons.
Tableau 20. Répartition des quartiers par nombre d'écoles professionnelles et fréquentation par sexe
Quartier Nb. d’écoles professionnelles Total jeunes F % F G % G Total
Bas Delmas 2 32 12 38% 20 63% 16.24% Cité Soleil (Boston) 2 60 30 50% 30 50% 30.45% Petit Place Cazeau 2 41 28 68% 13 32% 20.81% Cité Militaire 1 5 1 20% 4 80% 2.53% Carrefour-Feuille 1 11 0 0% 11 100% 5.58% Corail 2 48 4 8% 44 92% 24.36%
Total 10 197 75 38% 122 62% 100.00 Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Les quartiers de Boston (Cite Soleil) et Corail regrouperaient les plus grandes proportions de
jeunes qui seraient inscrits dans de telles institutions, soit 30.45% (60) et 24.36% (44)
respectivement. La différence entre le nombre de filles et de garçons inscrits dans les écoles
professionnelles serait très marquée, 38% fille et 62% garçon. Cependant, il convient de
signaler que ces analyses sur les taux de fréquentation ne sont que partielles vu qu’elles ont été
faites sur la base des données recueillies dans seulement dix (10) écoles inventoriées. Tableau 21 Répartition des écoles selon le statut et la reconnaissance légale
Reconnaissance Légale
INFP Municipalité MAST Ne répond pas Total Count % Count % Count % Count % Count %
Privé 2 25.0% 1 12.5% 6 75.0% 1 12.5% 8 100.0% Communautaire 0 .0% 1 100.0% 0 .0% 0 .0% 1 100.0% Ne répond pas 1 100.0% 0 .0% 0 .0% 0 .0% 1 100.0% Total 3 30.0% 2 20.0% 6 60.0% 1 10.0% 10 100.0%
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
36 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
Huit (8) des 10 écoles professionnelles seraient des entreprises privées et l’autre une
institution communautaire. Un peu plus de la moitie détiendrait la reconnaissance légale du
Ministère des affaires sociales et du travail (MAST), deux (2) de l’Institut national de la
formation professionnelle (INFP), et une autre de la municipalité dans laquelle elle se trouve.
Ces informations n’ont pas été disponibles pour l’autre entreprise. (Voir tableau 21).
5.2 Infrastructures physiques des Ecoles Professionnelles
Les infrastructures physiques des écoles professionnelles jouent un rôle fondamental dans la
qualité de l’enseignement fourni aux jeunes. L’environnement immédiat d’apprentissage
influence grandement non seulement la transmission mais aussi la réception du savoir. C’est
pourquoi on mettra l’emphase dans cette section sur le nombre de salles de classes ainsi que le
nombre d’ateliers d’apprentissage disponibles au niveau des écoles professionnelles.
Tableau 22. Nombre d'ateliers d'apprentissage par école professionnelle
Nombre d'ateliers d’apprentissage Fréquence Pourcentage Pourcentage cumulé Un (1) 3 30.0 30.0
Deux (2) 4 40.0 70.0 Trois (3) 2 20.0 90.0
Quatre (4) 1 10.0 100.0 Total 10 100.0
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013 Sept (7) des 10 écoles professionnelles disposeraient au moins deux ateliers d’apprentissage. Quant au
nombre de salles de classe, la majorité de ces écoles auraient au moins trois (3) salles de classe (Tableau
23).
Plus spécifiquement, le tableau 22 montre que le nombre d’ateliers varierait entre 1 et quatre (4) par
école professionnelle. 70% de ces établissements disposeraient d’au deux (2) ateliers. Tableau 23 : Nombre de salles de classe
Fréquence Pourcentage Pourcentage cumulé Trois (3) 2 20.0 20.0
Quatre (4) 1 10.0 30.0 Six (6) 2 20.0 50.0
Sept (7) 1 10.0 60.0 Huit (8) 2 20.0 80.0 Dix (10) 1 10.0 90.0
Onze (11) 1 10.0 100.0 Total 10 100.0
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
37
5.3 Filières de formation offertes par les écoles professionnelles
Le tableau 24 montre que 16 filières de formation seraient offertes par les écoles
professionnelles. Dans la majorité des cas, chacune de ces filières de formation serait dispensée dans un
établissement.
5.4 Coûts des différentes filières de formation professionnelle
Dans cette partie de l’étude, nous allons aborder la question des coûts de la formation dans une
optique de dépense de la part d’un jeune ou de ses parents ou tuteurs pour lui procurer une
formation donnée. Il est alors apparu que dans les zones enquêtées de la ville de Port-au-Prince,
dans laquelle les institutions de formation professionnelle offriraient des sessions pour seize
(16) métiers, le montant minimum à débourser pour la formation d’un jeune serait de quatre
cent gourdes (Gdes 400.00), et le maximum quinze mille gourdes (Gdes 15, 000.00). A noter
que les métiers les moins chers sont des métiers manuels (Electricité, plomberie).
Tableau 24. Coût des différentes filières de formation professionnelle�
No. Filières Nombres d’écoles offrant la filière
Coût total en gourdes
Minimum Maximum
1 Informatique 5 1500 12000 2 Anglais/Espagnol 2 3000 6750 3 Depannage d'ordinateur 1 3000 6750 4 Mecanique 1 3000 6600 5 Auto-Ecole 2 2000 12000 6 Art-Floral 2 400 2100 7 Cuisine/Patisserie 1 1330 1800 8 Coupe Couture 1 1330 1800 9 Electricite Batiment 1 4000 5250 10 Plomberie 3 400 12000 11 Carrelage 2 3000 7500 12 Electricite 3 400 7500 13 Sciences Infirmieres 1 12500 15000 14 Auxilliare-Infirmieres 1 12500 15000 15 Cosmethologie 1 4000 5250 16 Musique 1 3000 3000
Sources : Y CARE INTERNATIONAL, enquête de terrain, mai 2013
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
38 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
SYNTHESE
L’analyse et l’interprétation des principaux résultats de cette étude nous amènent à faire la
synthèse suivante :
1. Problèmes socio-économiques : 65% des jeunes auraient déclaré que les difficultés socio-économiques (Accès à une alimentation quotidienne, Accès à un habitat stable et adéquat, Accès à un métier, Accès à une activité génératrice de revenu, Incapacité de procurer des vêtements appropries, Incapacité de continuer avec la formation scolaire) seraient les problèmes les plus cruciaux.
2. Jeunes et habitats : Les jeunes habitent dans des logements à risque, cette situation accentuer davantage la précarité et la vulnérabilité des jeunes. L’insertion des jeunes dans une vie professionnelle et la mise sur pied d’un plan de subsistance pourraient conduire à une amélioration de leur condition de vie.
3. Jeunes et famille : Les résultats de l’enquête illustrent une prépondérance de la présence de la mère dans la structure familiale des jeunes. 30% des jeunes auraient habité seulement avec leur mère. 31% auraient habité avec leurs deux parents. Delmas serait le quartier qui à la plus grande concentration des jeunes en situation de monoparentalité. En effet, environ 75% des jeunes qui vivent uniquement avec leur mère y auraient résidé.
4. Jeunes et scolarisation : La majorité des jeunes interviewés au moment de l’enquête, soit un peu plus de 90%, seraient scolarisés dont (91%) seraient de sexe masculin. En effet, parmi les filles qui ont participé à l’enquête, 87.5% auraient déclaré avoir été scolarisés contre environ 91.7% pour les garçons. 100 % de jeunes scolarisés seraient de Petite Place Cazeau contre moins de 67% pour Cité Soleil.
5. Jeunes et métier : 95% des jeunes auraient déclaré n’être pas impliqués dans une activité lucrative. Les garçons seraient plus inactifs sur le plan économique que les filles. Sur les 20 jeunes interviewés, une seule fille exercerait une activité génératrice de revenu. Le manque de moyens économiques ou manque d’idée novatrice pourrait être considéré comme l’une des raisons à la base de l’implication des jeunes dans des activités économiques.
6. Offre de formation professionnelle : Les institutions de formation professionnelle offriraient des sessions pour seize (16) métiers, le montant minimum à débourser pour la formation d’un jeune serait de quatre cent gourdes (Gdes 400.00), et le maximum quinze mille gourdes (Gdes 15, 000.00). A noter que les métiers les moins chers sont des métiers manuels (Electricité, plomberie).
7. Filières porteuses : Les filières Construction, Cuisine/Pâtisserie, Hôtellerie seraient des filières porteuses pour lesquelles les employeurs seraient prêts à embaucher.
8. Facteurs incitatifs à l’emploi: Les entrepreneurs souhaiteraient bien offrir des stages ou des emplois aux jeunes. Cependant, ils auraient fixé des conditions ; 37.5% d’entre eux auraient demandé des primes d’engagement tandis que 68.8% auraient réclamé un comportement favorable chez les jeunes.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
39
CONCLUSIONS
En guise de conclusion, nous pouvons dire que la présente étude nous a donné une vision claire
sur les attentes et problèmes actuels des jeunes en situation difficiles vivant dans l’aire
métropolitaine de Port-au-Prince. Cette étude nous a permis de dénombrer les activités
génératrices de revenu existantes dans les communautés; d’apprécier les implications et
l’évolution des jeunes au sein de leurs zones respectives et de comprendre leur situation
socioéconomique et sanitaire.
Par ailleurs, la présente étude a révélé la grande volonté de l’ensemble des entreprises de
collaborer dans le soutien et le renforcement de l’employabilité des jeunes dans les quartiers
précaires. L’ensemble des entreprises interrogées serait disponible à collaborer dans le soutien
et le renforcement de l’employabilité des jeunes dans les bidonvilles. A cet effet, un suivi
éventuel s’impose pour faire le point avec les entreprises de l’aire métropolitaine de Port-au-
Prince et essayer de donner au projet la valeur qu’il mérite.
Recommandations
La formation qui sera donnée aux jeunes doit être d’abord une formation à la carte et de courte
durée (6 à 12 mois). Ensuite une formation de qualité en adéquation avec le marché du travail.
Enfin une formation pratique alternée par des stages ou des petits travaux professionnels, pour
donner plus de chance aux jeunes de bénéficier d’une formation pratique. Par ailleurs, les jeunes
doivent avoir un soutien particulier, des encouragements et pouvoir bénéficier de parrainage,
surtout pour ceux désirant créer leurs propres entreprises, il faut leur offrir plus des facilités
matérielles.
Pour respecter les aveux des entrepreneurs par rapport au comportement des jeunes, le
curriculum de formation professionnelle doit nécessairement inclure le contenu sur les aptitudes
á la vie permettant aux jeunes de développer de nouvelles attitudes vers un changement de
comportement qui pourra faciliter leur réinsertion sociale.
Il faut également trouver des mécanismes pour connecter les jeunes finissants des programmes
de formation avec la mairie et les autres organisations internationales qui exécutent les grands
travaux d’infrastructure.
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
40 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
Consultancy Agreement This Consultancy Agreement, dated 18/03/2013, is made between Y Care International (hereafter referred to as YCI) on behalf of YCI and Pierre Lamour Taverne (hereafter referred to as the Consultant). TERMS OF REFERENCE The aim of this consultancy is to provide support to IDEJEN to effectively carry out programme development for the follow-on phase of the HERO (Haiti Emergency Youth Livelihood Response) project. The HERO project is an 18 month programme supported by Y Care International that provides vocational and life skills training to 300 marginalised youth from 6 slum areas in Port-au-Prince. After an initial 12 month training period, youth are accompanied for a further 6 months while they look for work / establish their own enterprises. Training and support to the young people is delivered by 6 community based organisations whose own capacity is strengthened through the delivery of the programme. This 18 month initiative will end in April 2013. Specifically, the consultant will provide technical support to IDEJEN to: 1. Carry out a needs assessment in 6 communities in metropolitan Port-au-Prince and the cities of Gonaives and Mirebalais to gather data to identify the problems facing young people in those communities and identify appropriate interventions / solutions to those problems; 2. Facilitate the development of programme strategy for the follow on phase of the HERO project; 3. Produce a funding proposal for submission to the UK government and other institutional donors. DELIVERABLES/OUTPUTS The following deliverables are expected:
-‐ Field work methodology and tools developed and tested with IDEJEN for needs assessment data collection;
-‐ A report documenting the needs assessment process and findings (maximum 30 pages);
-‐ A fully worked up project proposal narrative in French using the YCI full proposal template (see Annex 1, YCI Full Proposal Template);
-‐ A short report highlighting the support offered to IDEJEN in preparing for and carrying out the needs assessment and programme strategy development. The report should also highlight any observations about future programme management capacity and support that might be required by IDEJEN (Maximum 5 pages).
TIMEFRAME The assignment should take a maximum of 34 days and should be carried out between 18th of March and 30th of May 2013. An indicative schedule for this work follows below: Number of Days Activity 4 Support for programme development (during YCI visit March
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
41
18th – 22nd) 2 Needs assessment field work tools developed and tested Maximum of 20 days
-‐ Management of needs assessment fieldwork team -‐ Data collection and documentation -‐ Production of needs assessment report (maximum 30
pages) 10 -‐ Drafting of project proposal in accordance with YCI
full proposal format -‐ Inclusion of YCI feedback and finalisation of project
proposal -‐ Drafting of short consultancy report outlining the
support offered to IDEJEN during the needs assessment process and proposal development (Maximum 5 pages).
FEES AND PAYMENT SCHEDULE: YCI will pay the Consultant $250 USD per day for the above work for a maximum of 36 days. The consultant will be required to provide a schedule for the needs assessment activities and the proposal development as well as complete a time sheet to account for time spent on the different activities of this consultancy. This will be submitted to the Programme Manager for Latin America and Caribbean on a weekly basis. Payment will be made in two parts. An initial payment of USD$8,910 will be made to include all local operational costs, 6 days consultancy fees for time spent with YCI 18-22nd April and 2 days consultancy fees for the development of the needs assessment methodology. The second payment to include the remaining 32 consultancy days will be made on successful completion of all consultancy deliverables outlined above. Bank charges: YCI will not be responsible for bank charges incurred by the Consultant during funds transfer. YCI will pay the sender’s fees, whereas the Consultant will pay any fees occurring at the receiving end. ACCOUNTABILITY, SUPPORT and OTHER: • The Consultant is responsible to YCI and will be in regular contact throughout the assignment
with Gemma Hayes, YCI LAC Programme Manager. • The Consultant agrees to declare any conflict of interest arising before or during the period of
the Agreement. • This Agreement is not a contract of employment and confers no employment rights on the
Consultant. YCI accepts no liability for loss of earnings due to sickness or incapacity of the Consultant either during this agreement or in the future.
• It is the responsibility of the Consultant to meet any personal taxation liabilities arising from payments received under this Agreement.
• The Consultancy Agreement may be terminated by YCI with immediate effect and without any payment in lieu of loss of earnings if the Consultant: a) Does not adhere to the terms of the Consultancy Agreement. b) Commits any act, or engages in any conduct, likely to bring them, or YCI, into disrepute. YCI will inform the Consultant of its decision to terminate the Agreement in writing. Any payments to the Consultant will be made up to the date of termination, subject to satisfactory completion by the Consultant of work and reports due up to the date of termination.
Signed in Agreement by the named Consultant
Analyse des besoins essentiels des jeunes vivant en situation difficile dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et de Mirebalais
42 Un métier ne garantit forcement des conditions mirobolantes. Mais ne pas en avoir est la garantie d’une galère durable pour les jeunes
NAMED CONSULTANT: Pierre Lamour Taverne
DATE: 24/04/2013 SIGNATURE Signed in Agreement (on behalf of YCI): NAME: Gemma Hayes POSITION: Programme Manager LAC
SIGNATURE: DATE: 18.03.2013
Pierre Lamour Taverne [email protected] Haiti: (509) 31702767 USA: 347 944 3692