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A PROPOS DES FONDATIONS COMTALES D’ÉTABLISSEMENTS MONASTIQUES DANS L’OCCIDENT CAROLINGIEN (du début du VIII e siècle à 877) par Jean-Bernard Elzière Historien SOMMAIRE I - Problématique II - Le monde monastique II.1 - Le salut de l’âme et la rémission des péchés par la conversion des mœurs, les donations diverses et / ou les fondations d’établissements monastiques II.2 - La notion d’établissement monastique III - Spécificités carolingiennes et transformation du monde monastique IV - Essai de classement typologique des nouveaux établisse- ments monastiques de l’époque carolingienne (avec quelques exemples) IV.1 - La restauration de l’établissement détruit ou simplement abandonné IV.2 - L’évolution de la cellule et de la celle vers le monastère IV.3 - La fixation par des comtes d’abbés et moines fuyant des zones hostiles IV.4 - Le regroupement des clercs dans des monastères de chanoines IV.5 - La fondation de monastères par des ecclésiastiques IV.6 - La fondation de monastères par des rois IV.7 - La fondation d’établissements monastiques opérées par des laïcs, notamment par des comtes V - Vingt exemples de fondations monastiques opérées par des laïcs, notamment par des comtes VI - Conclusions VII - Annexes VII.1 - Grands traits du monachisme occidental avant l’époque carolingienne VII.2 - Données sur les maires du Palais, rois des Francs, papes et empereurs de Constantinople à l’époque carolingienne VII.3 - Exemples de manuscrits liturgiques célèbres VIII - Notes IX - Abréviations relatives à certaines références bibliographiques et commentaires 37

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A PROPOS DESFONDATIONS COMTALES

D’ÉTABLISSEMENTS MONASTIQUESDANS L’OCCIDENT CAROLINGIEN

(du début du VIIIe siècle à 877)

par

Jean-Bernard Elzière

Historien

SOMMAIRE

I - Problématique

II - Le monde monastique

II.1 - Le salut de l’âme et la rémission des péchéspar la conversion des mœurs, les donations diverseset / ou les fondations d’établissements monastiques

II.2 - La notion d’établissement monastique

III - Spécificités carolingiennes et transformation du mondemonastique

IV - Essai de classement typologique des nouveaux établisse-ments monastiques de l’époque carolingienne(avec quelques exemples)

IV.1 - La restauration de l’établissement détruitou simplement abandonné

IV.2 - L’évolution de la cellule et de la celle vers lemonastère

IV.3 - La fixation par des comtes d’abbés et moines fuyantdes zones hostiles

IV.4 - Le regroupement des clercs dans des monastères dechanoines

IV.5 - La fondation de monastères par des ecclésiastiques

IV.6 - La fondation de monastères par des rois

IV.7 - La fondation d’établissements monastiques opéréespar des laïcs, notamment par des comtes

V - Vingt exemples de fondations monastiques opérées par deslaïcs, notamment par des comtes

VI - Conclusions

VII - Annexes

VII.1 - Grands traits du monachisme occidental avantl’époque carolingienne

VII.2 - Données sur les maires du Palais, rois des Francs,papes et empereurs de Constantinople à l’époquecarolingienne

VII.3 - Exemples de manuscrits liturgiques célèbres

VIII - Notes

IX - Abréviations relatives à certaines références bibliographiqueset commentaires

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I - Problématique

Le haut Moyen Age a vu se développer, notamment sur l’espacerural des diocèses, certaines entités aux caractéristiques relativementbien définies, comme des domaines (villæ), des bourgs (vici), desensembles fortifiés (castelli), des églises paroissiales (ecclesiæministeria), des établissements monastiques (monasteria, cellæ...), deslieux divers (loci), des champs (agri), etc. A la même époque, dans lesvilles épiscopales, se trouvaient des basiliques, par exemple, intramuros, groupées autour de la cathédrale et, extra muros, funéraires...

Chacune de ces entités est, en fait, a un propriétaire, qui lapossède. Ce peut être le roi (fisc), une Eglise épiscopale, unaristocrate (alleu), un monastère... Ledit propriétaire - qui peutd’ailleurs changer à la suite d’une donation « par tradition » ou d’unéchange, d’une confiscation... - peut posséder de nombreuses etdiverses entités, parfois très éloignées les unes des autres, ce qui ne vapas sans leur poser des problèmes de gestion, surtout en période deconflits (1).

Il y a une dizaine d’années, j’ai mené une recherche sur unvicus méridional (Arisitum, aujourd’hui Le Vigan, Gard) saisi,dans la première moitié du VIe siècle, par les Austrasiens, puistransformé en centre épiscopal, avant d’être donné, vers 600, à latrès lointaine Eglise épiscopale de Metz. Aujourd’hui je considère les« monastères » (monasterii, cœnobii, casæ Dei...) ou, plus globalementles établissements monastiques (monastères, celles et cellules) qui ontjoué un si grand rôle à l’époque carolingienne.

Puisqu’il n’est pas possible de traiter d’un coup un si vaste sujet,ce sont plus précisément les fondations comtales qui m’ont intéressé.Cet angle d’attaque paraît à la fois abordable en termes de dimensionet susceptible de porter de riches enseignements. A travers desexemples précis, j’ai voulu essayer de mieux comprendre : • ce qu’était alors un établissement monastique et les diverses

catégories qui pouvaient exister (cf. § II.2) ;• quels acteurs intervenaient lors des fondations monastiques, quelles

pouvaient être leurs motivations et quels résultats ont été obtenus(cf. IV) ;

• quels types de comtes, voire de laïcs (milieux familiaux, carrières...)avaient procédé à des fondations, dans quels contextes et à quellesfins (cf. V) ;

• et, en outre, quelles étaients les principales évolutions qui ontmarqué alors le monde monastique, dans ses diverses composantes,ce qui m’a obligé à tracer un bref état du monde monastique et desmonastères à l’aube de la période carolingienne (cf. III et VII.1.) ?

Le choix des exemples présentés a obéi à trois critères. Ont étéretenues les fondations les plus importantes ; celles qui paraissaientfournir des données intéressantes ; celles qui avaient fait l’objet demonographies substantielles et / ou ayant un intérêt particulier pourle propos. J’ai privilégié quelque peu les aspects méridionaux, souventpeu traités sous cet angle.

Etant donné l’ampleur du sujet abordé, les résultats présentés nepeuvent avoir pour seul objectif que de dresser un premier état du

sujet, tout en fournissant un certain nombre de pistes de réflexion,voire d’hypothèses de travail, même si parfois leur présentation peutparaître techniquement insuffisante. Ces résultats doivent donc êtreappréciés dans leurs grandes lignes, notamment à la lumière desexemples fournis, mais en aucune façon être tenus pour définitifs, dumoins quand ils traitent de questions spécifiques, qui devronttoujours faire l’objet de recherches complémentaires, plus précises,pour lesquelles je donne d’ailleurs généralement, en note, quelquespremières sources, récentes et en français dans la mesure du possible(cf. § VIII.). Pour faciliter les interactions entre les thématiques, touten diminuant le nombre de notes, j’ai souvent utilisé, dans le texte,des renvois de type : « cf. § x » (mis pour : « voir le § x »), « cf. n. y »(mis pour : « voir la note y ») ou « cf. italique », ce qui, dans cedernier cas, concerne les références bibliographiques placées en find’article (cf. § IX.). Je n’ai malheureusement pas pu signaler làles ouvrages et articles de synthèse sur la période carolingienne,qu’ils soient généraux ou partiels, tant ils sont nombreux etsouvent faciles d’accès. Au plan de l’histoire de l’Eglise et dumonachisme, il existe aussi d’importants ouvrages dont j’en ai retenucertains qui évoquent la vie religieuse au Moyen Age (cf. Merdrignac),plus particulièrement à l’époque carolingienne (cf. Chélini) et lespremiers siècles du monachisme (cf. Vogüé). Ils contiennent desbibliographies exhaustives.

Par ailleurs, j’ai jugé utile d’ajouter des indications sommaires surquelques manuscrits liturgiques importants produits à cette époque,souvent d’ailleurs en rapport avec des personnages et / ou desthématiques évoqués dans le corps du texte (cf. § VII.3.), ainsi quedes données relatives aux maires du Palais, rois des Francs, papes etempereurs de Constantinople, où l’on trouvera quelques aspectshistoriques (cf. § VII.2.)

Dernier point. Un grand merci à tous ceux qui ont répondu àmes appels (2).

II - Le monde monastique

II.1 - Le salut de l’âme et la rémission des péchéspar la conversion des mœurs, les donations diverseset / ou les fondations d’établissements monastiques

Il ne peut être question ici d’évoquer le besoin qu’a le chrétiendu haut Moyen Age, notamment l’aristocrate, d’assurer le salut deson âme et la rémission de ses péchés. Pour ce faire, il doit composeravec sa culture ancestrale (croyances diverses, mœurs) etl’enseignement que lui prodigue alors l’Eglise pour atteindre l’état deperfection des saints, en imitant le plus possible le Christ et sesapôtres, ses premiers modèles. La voie du salut :• la plus directe passe par un véritable état de pénitence qui permette

d’expier les fautes commises et qui trouve sa traduction la plushaute dans la vie monastique, maintenant adaptée au monde

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occidental depuis que l’extrême ascèse orientale (grandesmortifications, jeûne...) a fait place à des exigences plus simplesd’abstinence, de pauvreté, de charité, de chasteté, de stabilité,d’humilité, d’obéissance au maître, de veille, de silence... Cette voiedemande à l’homme de quitter le monde séculier et de renoncer aupéché, à la famille et aux biens pour devenir un véritable « serviteurde Dieu ». Cette conversion des mœurs se fait par un vœu quitransforme l’homme en moine et la femme en moniale (puella,« vierge », épouse du Christ) : pour marquer ce changement de vie,l’homme adopte le cheveu ras et prend souvent un nouveau nom.Devenu moine, vivant en « ermite » ou en groupe, mais toujoursrattaché à une communauté, il va partager son temps entre laprière, grâce à laquelle les pécheurs vivant dans le siècle pourrontêtre sauvés, la charité envers les indigents et, enfin, la diffusion dela parole du Christ. Parmi les exemples étudiés, ont converti leursmœurs des personnages comme Witiza et Dadon (cf. § IV.2.c et a),semble-t-il, à la suite d’épreuves difficiles. Unroch, comte et père dufondateur du monastère de Cysoing, s’est fait moine, entre 839 et853 (cf. V.14.). Bref, « pour des laïques, et même pour des clercs,finir sa vie au monastère, y être enterré, bénéficier de l’appuispirituel d’une bonne communauté apparaît, dès le VIIe siècle, lemeilleur moyen de faire son salut » (Claude Carozzi, « LesCarolingiens dans l’au-delà », Mélanges Pierre Riché, pp. 367-376).

VOIR LES ILLUSTRATIONS 1 ET 2

• A défaut de cette voie monastique, l’accès au salut peut être obtenupar divers moyens, parmi lesquels ceux, encouragés par l’Eglise, desdonations (propriétés foncières, ustensiles et vêtements liturgiques,reliques, vivres)..., ou des fondations d’établissements religieux(églises, monastères...), qui demandent une forte résolution et desmoyens considérables (construction, dotation...), et qui aidentl’Eglise romaine à atteindre ses objectifs de mission et deconversion. En contrepartie, le donateur ou le fondateur est assuréd’obtenir des prières de la part des moines et même une sépultureprivilégiée, souvent même auprès de corps ou de reliques de saints.A l’époque carolingienne, des papes ont donné l’exemple entransformant leur maison familiale en monastère, à l’instar deGrégoire II (715 à 731 : Saint-Agathe), Etienne II (752 à 757 :Saint-Denis) ou Paul Ier (757 à 767 : en 761, Saint-Etienne etSaint-Sylvestre, mis à la disposition des moines grecs fuyant lapersécution iconoclaste). Parmi les cas traités, celui de la fondationdu monastère de Murbach en 728 me paraît particulièrementintéressant puisqu’Evrard, le fondateur de Murbach en 728,s’exprime sur le sujet et déclare, lors d’une donation d’églises faite àson monastère en 731 / 732, que « le genre humain, en sa faiblesse,redoute la fin du cours de la vie car le trépas viendra soudainement,aussi importe-t-il que le chrétien se perfectionne en augmentantchaque jour la somme de ses bonnes œuvres et, tandis qu’il en aencore la faculté et le pouvoir, qu’il se prépare une voie de salut parlaquelle il puisse parvenir à la béatitude éternelle. C’est pourquoi,

au nom de Dieu (...), pour le salut de notre âme et la rémission denos péchés et afin de mériter plus tard le pardon, nous cédons, àdater du jour présent, les églises élevées (...), et nous voulonsqu’elles soient cédées pour toujours et passent de notre droit etpouvoir à celui du monastère nommé (...), qu’avec l’aide de Dieuj’ai bâti et qui, sous sa protection, sera par moi, je le souhaite,achevé dans l’avenir, à la tête duquel est vénérable (...) entouré deses moines voyageurs étrangers que le Seigneur a rassemblés dediverses régions » (cf. § V.5.). Les intentions d’un fondateur sont aussi éclairées par le cas deGuillaume qui, vers 804, demande à un moine de Fulda, Emmon(† 853), disciple d’Alcuin et futur évêque d’Halberstadt en Saxe, un« Traité de vie spirituelle », qui sera le De vanitate librorum sive deamore cœlestis patriæ, florilège de 3 livres extraits des écrits des Pèresrésumant l’itinéraire mystique de l’homme vers Dieu, depuis lesvertus ordinaires jusqu’au Jugement dernier, au feu purgatoire, àl’Enfer... : « Nous savons tous, en effet - car la vie crucifiée que tumènes ne nous est pas inconnue - qu’après avoir rompu les liens quite rattachaient au monde et au Palais, tu as abandonné les chosesterrestres et périssables et [que] tu t’es précipité avec joie dans lesbras de la pauvreté, étant mort à ce monde... pour te hâter vers laPatrie définitive » (cf. § V.9.).

VOIR LES ILLUSTRATIONS 2 ET 3

Certains laïcs, à la fin de leur vie, ont à la fois fondé unétablissement monastique et converti leurs mœurs, à l’instar des deuxpersonnages évoqués ci-dessus, Evrard et Guillaume, fondateurs deMurbach et de Gellone. Il faut reconnaître que ces derniers laïcssuivaient en cela d’illustres exemples comme ceux, au milieu duVIe siècle, de la reine Radegonde qui, voulant expier une faute, fondale monastère de Sainte-Croix à Poitiers, y devint moniale et acquit àConstantinople une relique de la Vraie Croix, ou d’Hardrad, laïc, quifonda le monastère de Glanfeuil, avec Maur, disciple de Benoît deNursie, avant d’y devenir lui-même moine, sous le nom de Florus(cf. § VII.1.).

II.2 - La notion d’établissement monastique

Même si l’écrivain appelé l’Astronome (cf. Astronome) n’opèrepas de distinguo entre monastères et celles - il qualifie le tout de« monastères » -, mon approche m’oblige à établir une différenceentre ces établissements monastiques.

a) La celle, la cellule (ermitage) ou le monasteriolum

Une cellule (ermitage) ou celle n’est pas un monastère (strictosensu), dans le sens où il n’y a là que quelques moines, sans abbé à

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leur tête. Cette cellule ou celle - qui s’articule autour d’une égliseclaustrale - domine généralement un ensemble de propriétés liées à ladotation de son église et à des donations ultérieures (domaines,églises...). Elle serait plutôt une annexe ou dépendance du monastère,lui procurant certaines denrées (poissons, vêtements...), assurant unespace calme pour certains moines (ermitage). Nous pouvons prendreles exemples des celles de Saint-Mihiel et de Salone, données à Saint-Denis par les rois des Francs, respectivement en 755 et 775, ou deSaint-Josse, amplement documentée par la correspondance de Loup,abbé de Ferrières, ou, sans doute encore, des chapelles que, d’unepart, Bertin († 709) ou Riquier, fondateurs des monastères dumême nom, ont fait construire pour s’y retirer après avoir quittéleurs fonctions d’abbé et y mourir. Il semble qu’au monastèrede Reichenau, Saint-Georges (Oberzell) et Saints-Pierre-et-Paul(Niederzell) aient été des ermitages respectivement fondés par l’abbéHeito (évêque de Bâle jusqu’en 823) et Eginon, ancien évêque deVérone (fondation en 799), pour y finir leur vie.

VOIR LES ILLUSTRATIONS 5 ET 22

Au Moyen Age, les celles - monacales ou canoniales - serontsouvent qualifiées de prieurés (claustraux), dits « simples » ou « aveccure », suivant le caractère paroissial de leur église. Les plusimportantes d’entre elles pourront être tenues par de petitescommunautés canoniales (cas des « collégiales ») ou monacales (casdes « prieurés conventuels »).

b) Le monastère

Un monastère (monasterium, cœnobium, casa...) résultegénéralement d’un projet associant diverses personnes ayant desmoyens et des objectifs différents. On rencontre généralement, d’unepart, un aristocrate, laïc ou non (évêque, comte ou autre), disposantdes biens et revenus importants, soucieux du salut de son âme et dela rémission de ses péchés, de disposer d’une sépulture en un lieuappropriée, et, d’autre part, un abbé et / ou une communauté ayantbesoin d’essaimer, ou même cherchant un lieu d’accueil pour se fixer,par exemple dans le cas de la fuite d’un ancien établissement,abandonné parce que situé dans une une zone peu sûre, voire touchéepar la guerre.

Concrètement, un monastère, lieu de vie de moines ou moniales,a besoin d’être construit, voire reconstruit (construere, ædificare) etdédié au Christ, à sainte Marie, à des apôtres, à des saints (martyrsou confesseurs), qui en deviennent les protecteurs spirituels(construction « en l’honneur de x »). Le monastère où s’établit sur un« bien propre » ou en un lieu « délégué » par un comte, c’est-à-direà caractère fiscal, souvent en zone rurale, dans un « pays » donné,près d’une rivière, voire sur une île ou sur un mont. Prenant un nomfréquemment lié à celui de la rivière et dépendant d’un diocèse précis(au centre duquel réside un évêque ayant généralement, sauf

exception, une juridiction spirituelle sur lui), il est centré sur uneéglise, construite et consacrée par l’évêque diocésain (in diededicationis), non sans avoir été dotée le jour même de biens etrevenus devant servir à faire vivre la communauté de moines oumoniales.

Comme nous l’avons dit précédemment, le monastère, au sensphysique du terme, constitue une « propriété » - ou possession -, aumême titre qu’un domaine (villa), un bourg (vicus), un castellum et lepropriétaire, dit alors son « recteur » (voire « défenseur » ou« seigneur »), doit en assurer la protection, nommer les abbés (ou enapprouver l’élection)... Cette propriété peut, par ailleurs, êtretransmise « par tradition » - ou « déléguée » - à un tiers, avec sesobjets de culte et autres (ornements...), ses appartenances etdépendances, parfois dans le cadre d’un testament. Benoît, pardonation faite de son vivant et pour éviter que ses successeurs (lesabbés) subissent le moindre dommage de la part de ses parents aprèssa mort (3), place ainsi son monastère d’Aniane (cf. § IV.2.a) sous la« DEFENSE » et « DOMINATION » du roi Charlemagne, qui, enretour, lui confère un diplôme d’immunité (27 juillet 792). De telsdiplômes seront accordés fréquemment par les rois à l’époquecarolingienne aux monastères qu’ils possèdent et que, enconséquence, ils placent sous la « défense de leur protection (tuitio /mundeburdo) et de leur immunité », c’est-à-dire sous leurdomination, on dira plus tard leur seigneurie (4). Cette donation estacceptée par le roi - et sa défense accordée - à la condition que lesmoines veuillent bien « implorer la miséricorde du Seigneur pournous, notre épouse, notre race et pour la stabilité de tout le Royaumeque Dieu a confié à notre garde ». Un « avoué » est alors nommé, quireprésente le roi sur place, prend une part des revenus du monastèreet s’occupe des intérêts de ce dernier. A Aniane, l’avoué Maurin,vassal, attaché au roi / empereur par le lien de la commendatio,nommé en 835, est dégagé des obligations vassaliques de l’ost, duguet et des autres services (5). Roger, comte à Limoges, demande aussi,dans son testament daté a priori de 783, que le roi reçoive sonmonastère de Charroux après sa mort et celle de sa femme. Gérard IIet sa femme Berthe font de même, en 863, mais c’est au pape qu’ilstransmettent leurs monastères de Pothières et de Vézelay (cf. § V.17et 18). Après avoir restauré Saint-Pierre du Fossé, Bégon, (nouveau)comte à Paris, « recommande ce monastère, son abbé Benoît et lesmoines confiés à sa direction », en 816, à Louis le Pieux pour qu’il leplace « sous sa défense et sous la protection de son immunité, commey sont les autres abbés, chefs de moines, dans l’empire » (cf. § IV.1.a).

Dans un monastère vit une communauté (congregatio) d’aumoins 12 moines (évocation des apôtres) - appelés aussi frères,« serviteurs de Dieu »..., qui ont converti leurs mœurs (cf. ci-dessus) (6), sont « dirigés » par un abbé (évocation du Christ), suivent- ou non - une règle (pure ou mixte) et ont des revenus provenant dela dotation initiale, de leur travail, de donations diverses...

Il faut donc se garder de confondre le « recteur » du monastère,en rapport avec la notion de propriété, de possession, de protectiondu monastère..., et, d’autre part, le « recteur » de la communauté

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monastique (aspects spirituels), même si, parfois, les deux fonctionspeuvent être excercées par la même personne.

c) Le monastère et ses dépendances (ensemble monastique) Le monastère possède généralement des dépendances (villæ,

églises ministériales, etc.), dont certaines sont des celles, cellules, dutype de celles définies ci-dessus (cf. § II.2.a), qui proviennent soit dela dotation initiale, soit de donations ultérieures, souvent d’ailleursroyales. Par exemple, en juin 799, Charlemagne attribue à sonmonastère d’Aniane tout ou partie du fisc de Juvignac (7)

(cf. § IV.2.a). Même cas avec Charles le Chauve qui donne « en toutepropriété » au monastère de Beaulieu la villa de Chameyrat située enLimousin, où se trouvent trois petites églises (8) (cf. § IV.5.c).

Il est donc possible de parler, au delà du simple monastère, del’« ensemble monastique », bien illustré d’ailleurs, à la fin duIXe siècle, par celui de Fulda qui comporte à la fois le monastèreprincipal (Fulda), trois prévôtés (Frauenberg, Petersberg etJohannesberg), ainsi que six dépendances, sans doute descelles (Hünfeld, Holzkirchen, Hameln, Grossburschla, Rasdorf etSancti Bonifacii cella). Les textes disent que dans les celles de Fuldasont des scolastici destinés à rejoindre plus tard Fulda. Lacommunauté complète comprend 364 individus (moines...) pour781, 603 pour 825 / 826...

Certaines dépendances de monastères, telles que les celles,peuvent même évoluer en véritables monastères, ce qui introduit lanotion même d’ensembles monastiques comportant plusieursmonastères (cas, semble-t-il, de Saint-Martin de Tours avecCormery, de Saint-Hilaire de Poitiers avec Nouaillé, de Conquesavec Figeac (cf. les IV.5.d, IV.2.b et IV.5.d), et fait écho aux églisescathédrales possédant aussi plusieurs monastères (cas de Metz avecGorze, Lorsch et Saint-Avold : cf. IV.5.b).

III - Spécificités carolingienneset transformation du monde monastique

Il paraît maintenant utile de noter quelques points sur lesquelsl’époque carolingienne a apporté de profondes transformations parrapport au passé, qui résultent notamment des réformes de l’Eglisefranque conduites par des personnages attachés aux papes et / ou auxrois, comme Winfrid / Boniface († 754) (cf. n. 36), Chrodegang /Rodgang († 766) (cf. § IV.5.b), Alcuin (env. 735 - 19 mai 804) -actif dans ce rôle de 781 / 786 à 804 (9) - ou encore Witiza / Benoît,fondateur du monastère d’Aniane († 821) (cf. § IV.2.a et Benoît).

VOIR L’ILLUSTRATION 6 Les évolutions notables - qui ont des effets dans tous les

domaines - transparaissent généralement dans les actes des concilesde l’époque (exemples de celui tenu à Ver en 755 touchant l’égliseséculière, la vie monastique et la conduite des laïcs, ou de ceuxd’Aix tenus en 816 et 817, sous Louis le Pieux : cf. Conciles) ou, en

789, dans l’Exhortation à tous (Admonitio generalis) faite parCharlemagne, où, se comparant au roi d’Israël Josias, il déclare que samission royale l’oblige à réformer le royaume et à le purifier. Vasteprogramme !

Il ne peut être question ici d’évoquer tous les domainesconcernés par de telles évolutions, comme ceux, traditionnels enmilieu monastique :• des prières (messes et psaumes) ;• de l’accueil des pauvres, des pèlerins, des hôtes et des exilés

politiques ;• de la production de livres (« scriptoria ») et de leur conservation

dans des bibliothèques : cf., à ce sujet, les catalogues desbibliothèque de Saint-Riquier, Lorsch, Murbach, Reichenau etSaint-Gall ;

• de l’instruction ;• de l’appui donné par les moines à l’action épiscopale dans les

campagnes (construction d’églises paroissiales dans l’espace rural)...mais plus simplement de s’arrêter sur quelques points particuliers,non sans insister, auparavant, sur trois dimensions essentielles qui lestranscendèrent fortement, à savoir la fascination que produisirent lesédifices et usages de Rome sur les Francs en général et Charlemagneen particulier qui s’y est rendu à trois reprises (774, 780 / 781, 800),y a vécu des fêtes de Pâques et de Noël et semble avoir voulu faire deson, Royaume des Francs un nouvel empire des Romains, où Aixserait une nouvelle Rome (édifices, usages...), la grande symbiose, dumoins souhaitée, entre le service royal et le service de Dieu, et enfinl’extrême importance, alors, des symboles, notamment liés à la Croix(cf. VII.3.c et n. 82) et aux nombres (10).

Evoluent alors beaucoup, par exemple :• la liturgie (11) : les usages romains (ordines romani) sont peu à peu

introduits, tandis que ceux alors en cours (gallicans, wisigothi-ques...) sont progressivement éradiqués, sans doute avec vigueur.Les effets de cette politique seront particulièrement notables enmatière de livres (nouveau texte de la Bible... : cf. § VII.3.), dechant (adoption du chant grégorien), de cultes et rites, où le« stationnal » et processionnel dans les églises et auprès desdifférents autels d’un même monastère prendront une grande place(cf. Metz et Centula / Saint-Riquier), du fait, semble-t-il, d’unemauvaise interprétation des usages romains spécifiques au pape (12).

VOIR L’ILLUSTRATION 7

• la configuration des espaces, ainsi que l’architecture des édificesliées au culte (églises) et aux autres fonctions : apparition des autelsmultiples et des cloîtres (13), des formes en croix latine (notion de« transept » : cf. IV.5.a / Fulda), de nombreux bâtiments annexesplacés dans un enclos (dortoirs, réfectoires, maisons particulières...),des églises circulaires déployées sur plusieurs étages, liées à l’attentede la résurrection et du Jugement dernier et destinées, a priori, àrecevoir la sépulture de leur fondateur, la forme circulaire étant

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probablement celle des mausolées funéraires à coupole (rappelant lavoûte céleste), le prototype de cette forme devant être la l’Anastasisdu Saint-Sépulcre édifié à Jérusalem en 326 et consacrée parConstantin en 335 : après l’Anastasis, en allant vers l’est, setrouvaient, successivement, un atrium (dit « du Calvaire »), unebasilique (dite « du martyrium », à cinq travées et abside semi-circulaire occidentée) et un dernier atrium (cf. Heitz, p. 125). Laplupart de ces édifices circulaires - et donc sans doute funéraires -sont dédiés au saint Sauveur, à l’instar de la chapelle palatine d’Aixet de sa copie conforme de Compiègne (cf. § IV.6.d et n. 53), del’église Saint-Sauveur de Saint-Riquier, lesquelles ont pour modèlesdirects de magnifiques églises construites sous Justinien, empereurde Constantinople (527 à 565), à savoir celles de Saint-Vital àRavenne* et de Saints-Serge-et-Bacchus à Constantinople, toutesdeux octogonales, avec déambulatoires et voûtes marquant leJugement dernier (Christ en majesté acclamé par les 24 vieillards del’Apocalypse représentant l’humanité entière...). Comme cesoratoires ont été placés à la partie occcidentale des basiliques et sontà l’origine de ce que les historiens de l’Art appellent les antéglises(ou « massifs occidentaux », Westwerk en allemand), à l’instar decelui de Corvey bâti entre 873 et 885 (cf. § IV.6.c), il est à gagerque les tours des cathédrales médiévales - qui les continuent - sonteffectivement liées à la résurrection des morts et au Jugementdernier (voir les tympans des portails) (14).* Cette église, à deux étages, consacrée en 547, est un véritablechef d’œuvre d’architecture, d’une extraordinaire richesse dedécoration (marbres précieux, chapiteaux byzantins, fresques etsurtout mosaïques d’un coloris éclatant).

VOIR LES ILLUSTRATIONS 8, 9, 10, 13, 14, 16, 18, 21 ET 24

• l’importance accordée à la présence de reliques de saints dans lesbasiliques (corps, ossements ou objets), qu’il fallait absolumentacquérir (quêtes et translations, etc.) et qui devaient apporter auxvivants (moines, pèlerins) et aux morts (sépultures) les bienfaitsnécessaires - nommés « miracles » pour les vivants -, d’autant plusimportants que les saints étaient puissants -, notés dans des « livresde miracles ». Des aménagements sont faits pour favoriser lavénération des reliques (cryptes, avec déambulatoires...), parfois sicomplexes qu’ils forment des basiliques au sein même desbasiliques. Rome a fourni alors de nombreux corps de martyrs (15).Se développent aussi les pèlerinages vers les reliques - quipermettent aux fidèles de mieux fréquenter les églises -, ainsi que lesreprésentations imagées qui servent à la fois à la décoration et àl’instruction des chrétiens. Cette politique des images, non associéeà leur vénération, fera l’objet d’attaques vives de la part du WisigothClaude († env. 828), évêque de Turin (816 à env. 828) sous Louisle Pieux, qui s’en prendra aussi aux reliques et aux pèlerinages, plusou moins appuyé en cela par son collègue Agobard, archevêque deLyon (816 à 840), lui aussi Wisigoth et auteur d’un Liber de picturiset imaginibus, mais elle sera défendue avec fermeté par Jonas, né

vers 760 et évêque d’Orléans à partir de 818, successeur du fameuxWisigoth Théodulf, ou Dungal, moine irlandais (16). La querelle desimages s’inscrit dans le débat plus global de l’iconoclasme,commencé près d’un siècle plus tôt quand l’empereur Léon III (717à 741) interdisit purement et simplement ces dernières et leurvénération, à partir de 726 / 730.

• le statut des moines, de plus en plus clercs (« cléricalisation desmoines »), ce qui leur permet d’exercer la mission de cure pastoraleet d’obligation cultuelle, ainsi que les formes de vie monastique,désormais plus ou moins contraintes par la seule règle de saintBenoît (de Nursie) censée être la plus efficace pour les buts àatteindre (stabilité, vie disciplinée...). Il n’est pratiquement plusquestion de panacher les règles bénédictine et colombanienne,comme à l’époque mérovingienne (cf. § VII.1). « Une seule règle estobservée par tous et tous les monastères ont été ramenés à l’unité,comme s’ils étaient en un seul lieu et sous la direction d’un maîtreunique. L’uniformité doit être gardée dans le boire, le manger, lesveilles et tous les détails » (cf. Benoît, p. 96). Il faut dire que le choixa été donné aux communautés monastiques et que certaines d’entreelles ont préféré la règle des chanoines et se sont transformées encollégiales.

• le statut des clercs attachés aux églises cathédrales et autres, auxbasiliques funéraires..., qui, eux aussi, doivent se plier à une règle etdonc vivre de plus en plus comme des moines, en viecommunautaire (cloîtres). Les clercs ont pu choisir entre se fairemoines ou chanoines. Dans ce dernier cas, ils ont eu à se plier à unerègle moins contraignante que celle de Benoît, d’inspirationaugustinienne et adaptée par Chrodegang pour ses clercs de lacathédrale de Metz, laquelle leur permet de manger de la viande, dese vêtir de lin, de posséder des biens en propre, d’en disposer à saconvenance... (cf. § IV.4 et IV.6.d) (17).

• la nature et la diversité des services que les moines doivent rendreà la société chrétienne, notamment rurale, et à leurs protecteurs (cf.Notitia). Les moines se tournent de plus en plus vers la vieliturgique, du moins dans les monastères royaux, moins versl’activité apostolique si importante pour eux auparavant. Dans lecas de ces derniers, « il y avait aussi des monastères qui étaient tenusde fournir des subsides (munera) et des soldats (militia), par suite dequoi ils en étaient venus à une telle pauvreté que les moinesmanquaient de nourriture et de vêtements. Ce que voyant, sur leconseil de l’homme de Dieu, le très pieux roi ordonna qu’ilsserviraient selon leur pouvoir, de sorte que rien ne manquât auxserviteurs de Dieu et qu’ils invoquassent la bonté de Dieu en faveurde l’empereur, de sa famille et de la prospérité de son Etat »(cf. Benoît, p. 102).

• les contraintes supportées par les communautés, notamment dansle cas où elles ont pour protecteur un roi, qui les enrichit, mais qui,en contrepartie, donne des ordres d’embellissement, nomme desabbés et des avoués et exige beaucoup de prières. Toutes cesrichesses vont d’ailleurs conduire beaucoup d’entre elles à leur perte(raids normands).

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• les coopérations entre les moines, tant au sein de leurcommunauté que de cette dernière avec d’autres communautés,notamment à travers des associations de prière dans la « mémoire »due aux âmes des vivants et des défunts, avec désormais, desprières (messes et chants psaumes) faites dans le cadre de cescoopérations fraternelles, le premier exemple connu ayant étésuscité par Chrodegang (cf. n. 40), réformateur de l’Eglise franque,qui a fait promettre aux participants du concile d’Attigny, en 762une cinquantaine d’évêques et d’abbés, de prier lorsque l’un d’euxviendrait à mourir. Ces associations de prière / fraternisationsmonastiques (internes ou externes), en fait des relationscontractuelles, connaîtront par la suite un grand succès et seront àl’origine, pendant un temps du moins, de véritables collaborationsreligieuses, sociales, économiques et politiques apportant de réelsbienfaits à leurs participants, et cela dans maints domaines :repas en commun / communauté de table (caritates in refectorio),conventions mutuelles, hébergements, échanges ou prêts de livres(par exemple entre Saint-Denis et Reichenau). Dans de nombreuxmonastères seront rédigées des annales (nécrologiques) recensantles morts, année par année, et établies des listes de moines,rois, abbés, évêques... pris en charge par la prière monastique,le tout constituant les « livres mémoriaux » (ou « livres de[con]fraternité », voire « livres de vie »). Ce mouvement a contribuéà véritablement fédérer les établissements religieux entre eux. Lacorrespondance de Loup, abbé de Ferrières, évoque les relationsétablies entre les monastères d’York et de Ferrières : « Nous veillonsà nous rendre service non seulement dans nos prières, mais aussidans toutes les circonstances où nous pourrons nous être utiles »(852). Plus loin, « Toujours la vraie charité a régné entre leshabitants de nos monastères » (862) (18).

VOIR L’ILLUSTRATION 11

• l’impact des monastères dans les productions et échanges duRoyaume (consommation et production) et dans la structurationde l’espace (développement des bourgs d’artisans, des axes decommunication, etc.). Les monastères royaux bénéficièrent souventd’exemptions royales pour leur affaires commerciales, comme, parexemple, celle accordée par le roi des Aquitains, Pépin Ier, en 831,aux moines de Cormery leur permettant de faire circuler librementdeux bateaux sur tous les fleuves du royaume, en particulier laLoire, la Vienne, le Cher..., avec exemption de tout tonlieu pour lesel (cf. § IV.5.) (19).

• à l’intérieur des monastères, l’identité des acteurs - dont certainssont nouveaux, du moins dans les monastères royaux (abbéslaïques (20), avoués...) -, la répartition des revenus, qui doit êtredésormais rendue plus stricte (séparation entre les « menses »abbatiale et conventuelle), les habitudes (repas de commémo-ration) (21)...

IV - Essai de classement typologique des nouveauxétablissements monastiques de l’époquecarolingienne (avec quelques exemples)

Voici quelques exemples de restaurations, constructions etembellissements de monastères à l’époque carolingienne. Un essai declassement a été fait, sans doute parfois discutable. Les annéesretenues pour les fondations sont souvent approximatives, voireconcernent directement les consécrations des églises, alors achevéesou encore en construction.

VOIR L’ILLUSTRATION 12 (CARTE DU ROYAUME DES FRANCS)

IV.1 - La restauration de l’établissement détruitou simplement abandonné

Les conciles ayant insisté sur le fait qu’un établissementmonastique ne devait jamais être désaffecté et qu’il ne fallait pas queses biens et revenus deviennent propriété séculière, il a été du devoirdes chrétiens, notamment des comtes, de favoriser les restaurationsnécessaires. Un bon exemple est donné par le pape Grégoire II (715 à731) qui demande à l’abbé de Brescia de relever le monastère duMONT-CASSIN fondé par Benoît de Nursie et détruit en 720 par lesLombards. Leidrade, archevêque de Lyon (798 à 818), ami d’Alcuin,restaure, vers 805, SAINT-MARTIN ET SAINT-LOUP DE L’ILE-BARBE, situé en Bourgogne, sur une île, près de Lyon, dans le cadrede la réorganisation de son diocèse amorcée en 797 / 798. Cettedernière l’amène à s’occuper tout à la fois des églises et des monastères,de la liturgie, de l’instruction du clergé, de son scriptorium et de sabibliothèque..., tout en luttant contre l’adoptianisme (22). Il est denombreux cas de restaurations facilitées par des comtes carolingiens,dans l’exercice même de leur charge, comme celles orchestrées :

a) par Bégon (env. 750 - 28 octobre 816, enseveli à St-Germaindes Prés) (23), vers 810, au pays d’Urgel, à SAINTE-MARIE ETSAINT-PIERRE D’ALAON (24), quand il était comte à Toulouse(806 à 814) et, vers 815, en Parisis, sur la Marne, à SAINT-PIERREDU FOSSE (Saint-Maur des Fossés) (25), alors qu’il exerce commecomte à Paris (815 / 816). Dans ce dernier cas, Bégon, fidèle de Louisle Pieux, a « trouvé [cet établissement] dans un état de destructionpresque complète (...), édifié en l’honneur des saints apôtres Pierre etPaul et de la bienheureuse Marie toujours Vierge et où, jadis, desmoines ont vécu selon une sainte règle, et [que], pour le profit de sonâme, il s’est appliqué à restaurer ce saint lieu et à le ramener à son étatantérieur ». Le monastère du Fossé est compté parmi les49 monastères qui ne doivent que des prières (cf. Noticia).

b) par Oulfier (peut-être comte à Albi et) parent, sans aucundoute, d’un autre Oulfier, cité comme fidèle de Pépin le Bref en 753et, sûrement, de Guillaume (Willelmi consanguineus), vers 820, à la

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BELLE CELLE (devenue par la suite SAINT-BENOIT DECASTRES) (26), au bord de l’Agout - c’est là l’origine de la ville deCastres -, qui est une reconstruction non plus située sur l’ancien sited’Hauterive, opérée avec le concours des moines d’Aniane : « Unpersonnage nommé Oulfier, de la famille de Guillaume, hommeillustre et noble, fit don à Benoît, pour construire un monastère, d’unlieu situé dans l’Albigeois, où il envoya environ 12 moines avec unabbé à leur tête. A ceux-ci encore, comme ils s’efforçaient de parfairela construction commencée du monastère, il fournit plusieurs livres,des ornements sacrés, un calice d’argent et des patènes (offertoria),une croix et tout ce qu’il crut devoir leur être nécessaire. Ces moines- qui travaillaient autant à l’édification des âmes et à l’observance dela règle qu’à édifier des constructions matérielles - acquirent au ChristDieu, pour le servir, une grande communauté (congregationem) defrères religieux » (cf. Benoît, p. 93).

c) par Rorgon († 841) (27), comte du Maine, vers 831, àl’important monastère (mérovingien) de SAINT-MAUR DEGLANFEUIL, fondé en 546, situé en Anjou et où se trouve lasépulture de Maur, disciple de Benoît de Nursie (cf. §. VII.1. et n.15). Dans le cadre de cette restauration, Rorgon offre audit monastèreune bible de Tours. Pour mener à bien son œuvre, il emploie desmoines venant de Saint-Pierre du Fossé. En 833, Ebroin, évêque dePoitiers, va réagir contre les moines parisiens qui occupent lemonastère, brûler leurs documents et les renvoyer au Fossé.

d) par Vivien († 851, dans un combat contre les Bretonsd’Erispoé), comte de Tours et abbé (laïque) de Saint-Martin de Tours(844 à 851), fils (probable) de Vivien († 834, contre les partisans deLothaire Ier) et frère de Renaud, abbé de Marmoutier, au monastèrede Saint-Maxenceul à CUNAULT en Anjou, situé sur la Loire (28). Le19 octobre 845, Charles le Chauve avait concédé en toute propriétéle monastère à ce dernier et, le 27 décembre suivant, ledit Vivien ledonne aux moines de Noirmoutier et à leur abbé Hilbold en quête delieu d’asile depuis qu’ils ont quitté leur monastère insulaire à causedes attaques des Bretons et des Normands. Cf. § VII.3 et n. 15.

VOIR L’ILLUSTRATION 1

Au titre des interventions de comtes en exercice dans le cadre derestaurations de monastères ou de transformations diverses, voir aussid’autres cas évoqués ci-dessous, comme ceux de Saint-Julien deBrioude avec le comte Bérenger (cf. IV.4.) ou de certains monastèresseptimaniens relevés ou fondés par des abbés et moines fuyant deszones hostiles (cf. IV.3.).

IV.2 - L’évolution de la cellule et de la celle vers le monastère

a) Cas de la cellule d’ANIANE (29), en Septimanie, au diocèse deMaguelone, en 782 / 785, édifiée, dans une « possession » de son père

et de lui-même, par le moine Witiza (nom dans le siècle) / Benoît(nom de moine) (env. 750 - 11 février 821), Goth né en Gothie (exGetarum genere, partibus Gotie oriundus fuit), fils d’un comte àMaguelone (30), ayant fait un vœu lors de la campagne militaire deCharlemagne contre les Lombards (774), puis étant devenu moine aumonastère de Saint-Seine en Bourgogne où il passa près de six années(donc jusque vers 780). Après avoir installé, en compagnie du« religieux » Guimar, une cellule près d’une église dédiée à Saint-Saturnin, Benoît construit, sur un nouveau site plus approprié, unvéritable monastère, assez simple d’aspect et consacré à sainte Marie(ipse novo opere jure proprietario a fundamentis... hedificavit). Aprèsdonation à lui faite et attribution d’un diplôme d’immunité daté deRegensburg / Ratisbonne du 27 juillet, la 19e année de son règne, soiten 792 (plutôt qu’en 787) *, Charlemagne ordonne la constructiond’un nouveau monastère dédié maintenant au SAINT SAUVEUR,beaucoup plus luxueux que le précédent, muni d’une vaste église etd’un cloître, qui comptera jusqu’à 300 moines. Benoît, sa celluleinitiale et l’évolution du monastère d’Aniane sont bien connus grâce,d’une part, à la Vie de son fondateur et premier abbé rédigée parArdon en 823, deux ans après la mort de Benoît, et, d’autre part, parquelques diplômes royaux. Cette Vie est d’autant plus intéressantequ’elle a été écrite dans un contexte assez clair et qu’elle ne peut êtretrop sujette à caution, ce qui ne sera pas toujours le cas en cettematière (exemples, plus tardifs, des Vies de Géraud d’Aurillac,d’Odon de Cluny, de Guillaume de Gellone...).

* Comme, d’une part, en 787, année correspondant à la 19eannée de sa royauté sur les Francs commencée en 768, Charlemagnen’a jamais été présent à Regensburg / Ratisbonne et que, d’autre part,il y fut en 792, il est probable que l’acte soit bien de cette dernièreannée et ait été daté - pour quelle raison ? - à partir de saproclamation comme roi des Lombards, le 5 juin 774. Cf. Diplômescarolingiens / 1, n. 173, pp. 231-233, Wolff, p. 275, n. 48, etMagnou-Nortier, pp. 95-96.

b) Cas de la cellule de SAINT-HILAIRE DE NOUAILLE (31),au diocèse de Poitiers, appartenant au monastère de Saint-Hilaire (dePoitiers) et dirigée par Hermembert et ses frères. Le 3 août 794, cettecellule est transformée en monastère par le diacre Aton, abbé deSaint-Hilaire de Poitiers, soutenu en cela par Charlemagne et son filsLouis, roi des Aquitains. L’acte de fondation a été conservé enoriginal, qui indique que sont présents, à cette cérémonie, Bégon(cf. § IV.1.a), Emon, Adalbert (futur connétable), Arlaud, Guilfred(futur comte à Bourges), Abbon (comte à Poitiers), soit, en tout,17 personnages (cf. VII.2.b). On remarquera une analogie avec leprocessus de l’érection en monastère de la celle de Cormerydépendante du monastère de Saint-Martin de Tours (cf. § IV.5.d).

c) Cas de la cellule de CONQUES (32), en Aquitaine, au diocèsede Rodez, sur le Dourdon, affluent du Lot, construite par un laïc,Dadon, qui, ayant pu sauver sa mère d’une mort certaine annoncéepar les musulmans, mais ne l’ayant pas fait, sans doute dans le cadredes incursions musulmanes de 793, doit faire grande repentance.

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Dans ce contexte, Dadon et son compagnon Médraud, ermites,cherchent à s’implanter sur un lieu dépendant du fisc, que le comteGui(l)bert leur octroie. Ce groupe érémitique donne peu à peunaissance à une congrégation cénobitique qui, bientôt, vers 800 etavec l’appui de Louis le Pieux, roi des Aquitains, se transforme encommunauté régulière bénédictine. Elle reçoit les faveurs du roi etdevient, en conséquence, royale. Une église SAINT-SAUVEUR estconstruite et Médraud, le compagnon de Dadon, est le premier abbédu nouveau monastère royal, qui sera, naturellement, compté parmiles 49 qui ne doivent que des prières au roi (cf. Noticia). Ermold écriten 827 qu’ « il existe un endroit, centre réputé de dévotion, que le roilui-même baptisa du nom de Conques (...). Le monastère fut édifiéaux frais du roi, qui, l’ayant fondé, le dota et le prit sous sa protection[819]. Il s’élève dans une large vallée, ceint d’un fleuve riant, aumilieu des vignobles, des vergers, de l’abondance. Il doit au roi uneroute d’accès, taillée dans le roc au prix de laborieux efforts » (cf.Ermold).

IV.3 - La fixation par des comtes d’abbés et moinesfuyant des zones hostiles

C’est le cas des fondations ou des restaurations de monastèreseffectuées à partir des années 777 / 782 par des abbés et moines issusde communautés monastiques refluant de l’Espagne musulmane(prise de Gérone en 785) et s’installant en Septimanie gothique pour« faire des églises, planter des vignes et s’adonner à la culture », avecl’appui des comtes locaux, de Charlemagne et de Benoît, abbéd’Aniane, notamment entre 791 et 794. Ces monastères - qui ontacquis leurs terres à partir du fisc ou là où des posseseurs étaientabsents - ont demandé au roi des confirmations « à titre d’aumône ».Devenus royaux, ils sont indiqués, dans la liste des monastèresroyaux, seulement pour des prières pour le roi et la stabilité duroyaume (cf. Notitia).

Les exemples sont nombreux : SAINT-THIBERY, au diocèsed’Agde, avec Atilio, puis attribution au pape Serge II (844 à 847) ouSerge III (914 à 911), dans un contexte qui doit être équivalent àceux des transmissions au pape des monastères d’Alet, de Pothières etVézelay, d’Aurillac... (cf. V.12). SAINT-JEAN D’EXTORIO (près deCitou), au diocèse de Narbonne, avec Anian, qui lui ajoute bientôt lemonastère de SAINT-PIERRE ET SAINT-PAUL DE CAUNES,ainsi que, par « délégation » de Milon, la villa même de Caunes (ouBusintis) que ce dernier tenait en bénéfice (et dont les limites sontdéfinies, en 791, par Maynier, comte à Narbonne, successeur duditMilon) : Anian transmet le tout à Charlemagne à Francfort, en 794,qui confirme ladite délégation de Milon et accorde sa protection pourles deux monastères. SAINT-LAURENT IN OLIBEGIO (près deSaint-Chinian. Saint-Laurent de Vernosoubre), au diocèse deNarbonne, aussi avec Anian. SAINT-AIGNAN, dit SAINT-CHINIAN (D’OLOTIAN), au diocèse de Narbonne, près de larivière du Verdouble / Vernosoubre. Intéressant diplôme royal daté

du 5 juin 844). SAINT-LAURENT DE CABRERESSES, au diocèsede Narbonne. SAINT-PIERRE DE PSALMODI, au diocèse deNîmes, sur une île, en 791, avec Corbilan, après les incursions desSarrasins et un refuge à Saint-Julien de Cornelhan. SAINTE-MARIED’ORBIEU (plus tard de LA GRASSE), aux confins des territoirede Narbonne et de Carcassonne, près de la rivière d’Orbieu, au lieude « NOVALITIO », en 779, avec Nimfridius et Attala. Sainte-Marie / NOTRE-DAME D’ARLES, dit aussi VALLESPIR, audiocèse d’Elne, avec Castellan. SAINT-ANDRE D’EIXALADA, audiocèse d’Elne, et, à cause d’un glissement de terrain survenu en 874,déplacement en 878 à SAINT-MICHEL DE CUXA, dans la valléedu Conflent. SAINT-ANDRE DE SOREDE, au diocèse d’Elne,avec Miron. SAINT-POLYCARPE DU RAZES, au comté du Razès,qui est un déplacement du monastère que, vers 782, Atala et Agobardavaient essayé de créer vers Peralda. SAINT-PIERRE DE JONCELSou LUNAS. SAINT-SATURNIN, « où saint Saturnin repose », ditplus tard SAINT-HILAIRE DE CARCASSONNE, au pays deCarcassonne, près de la rivière de Leucus, avec Nampius.MONTOLIEU ou MALASTI, au diocèse de Carcassonne, avecOlémond. SAINT-GENIS DES FONTAINES, au diocèse d’Elne,avec Sentimir et Assaric. SAINT-ETIENNE DE BANYOLS, audiocèse de Gérone, avec Bonnet, etc., voire SAINT-GILLES, audiocèse de Nîmes...

IV.4 - Le regroupement des clercsdans des monastères de chanoines

Les clercs entourant les évêques et desservant l’église cathédraleintra muros, ou ceux desservant des basiliques funéraires extra muros,formant collège, doivent maintenant vivre en commun dans desmonastères accolés à leur cathédrale ou basilique, dotés, entre autreschoses, d’un cloître. Ce sont désormais des chanoines vivant sous larègle (cf. § III.). C’est le cas de la basilique funéraire associée autombeau de saint Julien, protecteur de l’Auvergne, SAINT-JULIENDE BRIOUDE (33) à l’époque du comte Bérenger († 835) (cf. §V.14 et n. 92), au diocèse de Clermont, qui, desservietraditionnellement par des clercs et saccagée par les Musulmans, esttransformée, sans doute vers 816 / 817, en une « maison de Dieu »(casa Dei) ou monastère de chanoines à la tête duquel est maintenantun abbé (laïque), assisté, d’une part, d’un prévôt / gardien dirigeantréellement la communauté et, d’autre part, d’un doyen. Tous ontpour mission d’assurer la conservation et le culte du martyr faisantl’objet d’une grande vénération et suscitant la venue de nombreuxpèlerins. Un cloître est construit, ainsi que les maisons (mansiones)mentionnées, avec leurs dimensions exactes, dans un acte de 874 :il y a là 34 chanoines, outre 20 autres dans le castrum Victoriacumdont les ruines sont relevées et qui est donné auxdits chanoines enjanvier 817, à l’époque de l’abbé Ferréol. A SAINT-MARTIAL DELIMOGES (34), en 848, l’évêque de Limoges Stodilus (env. 846 à860), est accompagné de ses moines basilicaux. SAINT-JACQUES

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DE METZ (dit aussi DES APOTRES DE METZ, puis, dès lemilieu du IXe siècle, SAINT-ARNOUL) (35), sur la route de Langres,l’évêque Drogon (826 à 855) embellit l’église dans laquelle diversmembres de la famille carolingienne sont ensevelis auprès de leurancêtre, saint Arnoul († 641, à Remiremont), évêque de Metz. Surce thème des collèges de clercs, cf. le § IV.6. (Compiègne).

IV.5 - La fondation de monastèrespar des ecclésiastiques

Ont aussi procédé à des fondations, avec l’appui des grands

a) des évêques ou archevêques agissant en territoires de mission• comme Winfrid, appelé, depuis 719, Boniface (env. 675 - 754, tué

lors d’une mission en Frise et enseveli, comme martyr, aumonastère de Fulda) (36), avec SAINT-PIERRE DE FRITZLAR,situé sur l’Eder, en 723.

• comme Pirmin (env. 690 - 753, enseveli au monastèred’Hornbach) (37), avec LA VIERGE MARIE ET SAINTS-PIERRE-ET-PAUL DE REICHENAU (38), sur une île du lac deConstance, en 724 (25 avril), lequel Pirmin, premier abbé deReichenau, va s’occuper aussi des fondations des monastères deMurbach en 728 et d’Hornbach en 740 (cf. les § V.5. et V.6.).

• comme Sturm (env. 715 - 779, à Fulda), disciple de Boniface etformé à Fritzlar, avec SAINT-SAUVEUR DE FULDA (appeléaussi plus tard, dès 817, SAINT-BONIFACE) (39), situé outreRhin, au diocèse de Mayence, sur la Fulda, dans la forêt deBuchonia, au carrefour d’anciennes routes, en 744 (12 mars). Estconstruite alors une première basilique Saint-Sauveur, orientée,longue de 39 m et terminée par une abside semi-circulaire de plusde 11 m de rayon, qui est consacrée en 751, sans être encoreachevée, au seuil de laquelle va être enseveli Boniface, mort en 754,comme martyr. Puis, entre 779 et 802, cette église est agrandie defaçon classique par l’architecte Ratgar. A partir de 802, il est décidéde reconstruire la basilique funéraire de Fulda à l’identique decelle de Saint-Pierre de Rome, ce qui oblige à ajouter à la basiliqueprécédente un ensemble occidenté avec transept (de mêmesdimensions que celui de Rome), joint bientôt à elle par une nef demême largeur que le transept. En 819, l’archevêque de MayenceHeistulf procède à la consécration de la nouvelle basiliquecomportant donc deux sanctuaires à chœur surélevé, l’un oriental etl’autre occidental, une nef à 3 vaisseaux et 11 travées, une cryptebicéphale..., le tout faisant 100 m de long. Par la suite, sont ajoutésauprès de cette basilique un atrium occidenté à 4 galeries et, pourles moines, une église funéraire Saint-Michel, dont on voit encoredes vestiges. C’est sans doute parce que Boniface, apôtre martyr, estdésormais considéré comme un second Pierre que sa basiliquefunéraire est construite sur le modèle exact de celle érigée parConstantin à Rome sur le tombeau de l’apôtre Pierre. Fulda estcompté parmi les 16 monastères qui ne doivent que des offrandes

(cf. Noticia). Les abbés de Fulda ont toujours été de grandspersonnages, à l’instar de Sturm (744 à 779), Baugulf (779 à 802),Ratgar (802 à 817), Eigil (817 à 822) et Raban Maur (822 à 842).

VOIR LES ILLUSTRATIONS 13 ET 14

Il est à noter que ces ecclésiastiques, comme on peut le voir ci-dessus, ont généralement été ensevelis au seuil de l’église de leurfondation principale.

b) des évêques voire archevêques agissant dans le cadre dela réforme de l’Eglise franque : exemple précurseur et majeur deChrodegang / Rodgang (712 - 766), évêque de Metz (742 à 766) (40),fils de Sigrand et de Landrade - et apparenté à Cancor (env. 720 -771), fondateur de Lorsch (avec sa mère), fils de Robert Ier († av.764) -, qui a été, en fait, retenu par le pape Etienne II (752 à 757)pour succéder à Boniface († 754) dans la réforme de l’Eglise franqueet pourvu, à ces fins, du titre archépiscopal et du pallium, ce qui luidonne autorité pour établir des diocèses, convoquer des conciles etordonner des évêques (exemples des conciles de Ver en 755, Verberieen 756, Compiègne en 757 et Attigny en 762). Chrodegang fonde lemonastère de SAINTS-PIERRE-ET-PAUL (DE GORZE) (41), audiocèse de Metz, à 15 km de la cité épiscopale, en un lieu où il y aune source bouillonnante, à partir d’environ 747 (c’est-à-dire peuaprès Fulda : 744). La fondation de Gorze, cautionnée par le concilede Compiègne de 757, va fonctionner en réseau (avec association deprières, etc.), à partir des années 760, avec deux autres monastèresayant fortement intéressé Chrodegang, à savoir, d’une part,HILARIACUM, issu d’une restauration effectuée par sesprédécesseurs évêques de Metz, où sont des sépultures épiscopales deMetz, qualifié dès lors de NOUVELLE CELLE et, d’autre part,Lorsch fondé ex nihilo en 764 par plusieurs parents de Chrodegang(cf. § V.7). Ces trois monastères sont bientôt pourvus de reliquesconséquentes puisque, en 765, un an avant sa mort, Chrodegangobtient du pape Paul Ier (757 à 767), à ces fins, les corps de Nabor,Gorgon et Nazaire. Gorgon sera placé par le successeur deChrodegang dans l’église du nouveau monastère fondé parChrodegang, saint Gorgon devenant le protecteur du monastère et dela ville qui se forme autour d’elle (d’où le nom de GORZE), Naborira à Hilariacum (appelé bientôt Saint-Nabor, puis, par dérive,SAINT-AVOLD), et, enfin, Nazaire sera placé à LORSCH (dit, plustard, Saint-Nazaire de Lorsch). La translation de ces corps a été narréepar un religieux de Gorze, Jean de Vandières, dit Jean de Gorze. Anoter que, à la même époque, l’évêque de Strasbourg fonde, en 762,ETTENHEIMMUNSTER, avec l’aide de Pépin le Bref.

c) des évêques voire archevêques : exemple de Raoul (42),archevêque de Bourges (840 / 841 à 866), avec Vellinus appeléSAINT-PIERRE DU BEAULIEU, au sud du diocèse de Limoges,sur la Dordogne, en 856 / 859, dont la mise en place est effectuée pardouze moines venant du monastère de Solignac (diocèse deLimoges) (43). Il est particulièrement intéressant de noter que cette

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fondation est faite à une époque où Raoul est contesté dans sonabbatiat irrégulier de Fleury, au diocèse d’Orléans, où il avait éténommé en 846 par Charles le Chauve. Il sera d’ailleurs condamnépour cela en 858 au concile de Savonnières, et devra démissionner dece poste.

d) des abbés / abbesses et moines / moniales : exemple avec lemonastère de SANT SALVADOR DE LA VEDELLA, dans le« bergueda », sur le Llobregat, vers Barcelone - sans doute le Uadalade l’Astronome (cf. Astronome). En 835, à Thionville, Calortus, abbéde Saint-Sernin de Tabernoles, près d’Urgel, comparaît devant Louisle Pieux, en même temps que son évêque Sisebut, aux fins dedemander la protection impériale sur le monastère qu’il a fondé etfaire confirmer la possession des défrichements faits autour decette maison et en divers lieux de la Cerdagne... (cf. Catalogne / 1926et 1954). Exemples aussi des fondations (voire restaurations)de monastères menées à partir des années 777 / 782 parles communautés monastiques refluant de l’Espagne musulmane(cf. le § IV.3.), et des fdondations• dans la villa d’Echternach (in villa mea propria), au diocèse de

Trèves, sur la rivière de Sure, actuellement au Luxembourg, dumonasteriolum ou monasterium pour des « moines étrangers » etdes pauvres centré sur une basilique dédiée à la Trinité, à la ViergeMarie, aux apôtres Pierre et Paul et aux autres apôtres, avecIrmina, veuve d’Hubert († 698) et 2e abbesse du monastèreféminin d’Oeren à Trèves (réutilisation des horrea), mère dePlectrude et donc belle-mère de Pépin II de Herstal, qui transmitet transporta (tradimus et transfundimus), en 698, tout cela, ainsique la portion de la villa qui lui est advenue de ses père et mère,sur le conseil des évêques Basin et Léodoin et avec leconsentement de ses sœurs les servantes de Dieu, monialesd’Œren, au gouvernement et à la domination (ad gubernandum etdominandum) de l’évêque Willibrord (658 en Northumbrie - 739,au monastère d’Echternach) (44), qui devient ainsi rector etgubernator de l’ensemble, d’où le monastère (épiscopal) deSAINT-PIERRE (ET SAINT-PAUL) D’ECHETERNACH (45).Semble décrit là, en détail, le mécanisme par lequel desmissionnaires, du type de ceux évoqués ci-dessus, obtinrent desmonastères ou, du moins, les biens et revenus nécessaires à leur(s)fondation(s).

• de la celle de SAINT-PAUL DE CORMERY (46), au diocèsede Tours, vers 790, avec Itier, abbé (laïque ?) de Saint-Martin deTours (770 à 791) et ami de Charlemagne (peut-être le même Itierque le comte établi en Auvergne par Charlemagne en 781 ? Cf.Astronome), qui transmet (tradidit) sa fondation audit Saint-Martin.Cette celle sera bientôt transformée en monastère par Saint-Martinde Tours, vers 800, sans doute par Alcuin († 804), abbé (laïque)successeur d’Itier, qui va demander à Benoît, abbé d’Aniane, desmoines pour ce faire. Analogie avec le processus vu pour l’érectionen monastère de la celle de Nouaillé dépendante du monastère deSaint-Hilaire de Poitiers (cf. § IV.2.b).

• du monastère de SAINT-SAUVEUR DE REDON (47), en 832, audiocèse de Vannes, avec le clerc Conwoion (env. 800 - 868) - quisera canonisé - et ses compagnons ascètes épris de solitude (au seindesquels est Wincalon, un ami et un conseiller du comte Rorgon, lerestaurateur de Saint-Maur de Glanfeuil : cf. § IV.1.c), ou le prêtreCondeloc, estimé par le comte Guy, prédécesseur de Nominoé àVannes (cf. n. 64). Dans ce cas, c’est le tyrannus Ratuili qui donneles terres, et, eu égard aux événements de l’époque, Louis le Pieuxne peut accepter cette fondation qu’en 834.

• du monastère de SAINT-SAUVEUR DE FIGEAC, construit ensorte de « nouvelle Conques », au diocèse de Cahors, par Hélias,abbé de Conques (48), qui, pour ce faire, reçoit, en 838, lapermission du roi des Aquitains, Pépin Ier (817 à 838). Cemonastère sera appelé plus tard, après la venue de reliques de sainteFoy, Sainte-Foy de Figeac.

IV.6 - La fondation de monastères par des rois

a) SAINT-SAUVEUR DE BRESCIA (49), en 753, avec Didier,roi des Lombards (757 à 774), et sa femme Ansa. La premièreabbesse est leur fille Ansilpergue. Il y a une confession dans lapremière église de 753, bientôt transformée en crypte, vers 762,quand on y transporte le corps de sainte Julie.

b) INDEN (plus tard SAINT-CORNEILLE) (50) le long del’Inden, à quelque 6 km d’Aix-la-Chapelle (3 milles), en 817, avecLouis le Pieux, qui confie la construction de l’église à Benoît et à sesdisciples et la dote de fiscs royaux. Le premier abbé en est leditBenoît, peu avant abbé de Marmoutier en Alsace après avoir été celuid’Aniane. Cette fondation est bien documentée. Plus tard, Indenrecevra des reliques de saint Corneille, d’où le nom actuel deKornelimünster (cf., ci-dessous, Compiègne). Inden est comptéparmi les 49 monastères qui ne doivent que des prières (cf. Noticia).

c) SAINT-ETIENNE DE CORVEY (51), la « nouvelle Corbie »,sur la Weser, dans la villa royale d’Höxter, dans la province desSaxons que Charlemagne a christianisés, en 822 / 823, avec Louis lePieux. Les moines s’occupant de la construction de Corveyproviennent du monastère de Corbie, alors dirigé par Adalard(† 826), et sont placés sous la conduite de Wala (772/780 - 31 août836), (demi-)frère du précédent (cf. § VII.2.a et nn. 97 et 98).En fait, Louis le Pieux a dû fonder Corvey et lui accorde de beaucoupde privilèges, avec l’accord de ses fidèles (cum consensu fideliumnostrum), pour la pénitence (dite « d’Attigny ») qui suivit saconfession publique relative à l’aveuglement de Bernard « d’Italie »,peu après le retour en grâce, en octobre 821, du susdit Adalard,ancien mentor du jeune Bernard et exilé à la mort de Charlemagne,pour lequel il composa sans doute son De ordine palatii. Le 27 juillet823, Louis le Pieux offre à ce nouveau monastère la villa royaled’Höxter dans laquelle il se situe, ainsi que, avec le consentement de

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l’abbé et des moines de Corbie, les biens que Corbie détient en Saxe,avec confirmation des donations faites par les Saxons pour cetteconstruction, des droits d’élection de l’abbé et le droit de faire deséchanges. Louis ajoute la même immunité et protection que celledont jouissent toutes les églises en Francie, et autorise les échangesdes esclaves et des biens. Il lui fournit des reliques de saint Etienneprovenant de la chapelle palatine. A l’abbé Adalard succédera sonfrère, Wala, ancien conseiller de Charlemagne, premier des comtes,qui devient « vrai abbé » des deux monastères de Corbie et de Corvey,le second dépendant du premier. La construction du monastère deCorvey durera 22 ans, de 822 à 844, et la dédicace auprotomartyr saint Etienne (aussi liée à Corbie) aura lieu en cettedernière année. Deux agrandissements furent faits assez rapidement :un nouveau chevet (consacré en 867), puis, entre 873 et 885, uneantéglise ressemblant beaucoup, en dépit ses formes carrées, à la tourdu Sauveur de Centula / Saint-Riquier. C’est de Corvey qu’Anschairepartira évangéliser les pays scandinaves.

VOIR LES ILLUSTRATIONS 15 ET 16

d) SAINTE-MARIE DE COMPIEGNE (52), au diocèse deSoissons, dans la vallée de l’Oise, à partir de 865, avec Charles leChauve, qui construit là un monastère (ou collégiale) en l’honneur deMarie (« la glorieuse Mère de Dieu »). Il qualifie ce monastère de« royal », le dote de façon considérable et le fait desservir par100 clercs ou chanoines, qui ont pour mission d’implorercontinuellement la miséricorde du seigneur Dieu pour le maintien dela sainte Eglise, pour ses parents et ses aïeux, pour lui-même, sonépouse et sa descendance, et pour la stabilité de tout son royaume. Lachapelle du monastère est dédicacée le 5 mai 877, en présence dedeux légats du pape et de 70 évêques. Sa charte de dédicace, scelléed’une « bulle d’or », précise que Charles fait tout cela à Compiègneparce que la partie du Regnum - entendons là le grand Royaume desFrancs - où est Aix ne lui est pas encore échue comme lot lors de sonpartage. La chapelle de Compiègne, réalisée sur le modèle de celled’Aix (53), possède, au bas, un autel dédié à Saint-Pierre et, à l’étage,où se tient le roi, un autel du Sauveur (cf. § III.) Jean Scot, dans sonpoème Ad Karolum regem, évoque cette église mariale, son doubleétage, avec le trône de Charles le Chauve en hauteur, la significationdivine de son octogonalité...

Un autre exemple de fondation royale est la reconsruction dumonastère de Prüm en 752 par le roi Pépin le Bref et son épouseBertrade (cf. § V.3).

VOIR LES ILLUSTRATIONS 17 ET 18

IV.7 - La fondation d’établissements monastiquesopérées par des laïcs, notamment par des comtes

Cf. § V.

V - Vingt exemples de fondations monastiquesopérées par des laïcs, notamment par des comtesVoici un ensemble de vingt notices représentatives des

fondations d’établissements monastiques par des laïcs, en grandemajorité des comtes, à l’époque carolingienne. Il y a là16 monastères, 3 celles (Gellone, La Caze Neuve et Michelstadt) etune église monastique (Formiguères).

V.1 - Monastère d’HOHENBOURG (Mont Sainte-Odile) (54),au diocèse de Strasbourg, sur un promontoire où se trouve le castrumducal, vers 690, pour les femmes, avec ADALRIC Ier (env. 650 -693) (55), duc d’Alsace (675 à 693), et son épouse BERSINDE.Adalric Ier soutient le maire du Palais d’Austrasie Pépin de Herstal(680 / 685 au 16 décembre 714), et participe à la bataille de Tertry(687) gagnée sur les Neustriens. C’est aussi lui qui, toujours avec sonépouse Bersinde, « construit à neuf » le monastère des SAINTS-PIERRE-ET-PAUL DE NOVIENTO (EBERSHEIM), au paysd’Alsace sur la rivière d’Ill, in suo proprio, en l’honneur des saintsapôtres Pierre et Paul et de saint Maurice, compté parmi les 49monastères qui ne doivent que des prières (cf. Notitia).

V.2 - Monastère de SAINT-PRIX ET SAINT-PIERRE DEFLAVIGNY (56), au diocèse d’Autun, au pays d’Auxois, en 719, avecGUIRAD († 744), fils de Corbon, leude de Charles Martel. En 755,Manassès apporte là le corps de saint Prix († 676) (Præjectus), évêqued’Auvergne (Clermont), pour lequel il existe une Vie contemporaineet, en 864, arrivent là aussi, d’Alise, les reliques de sainte Reine enl’honneur desquelles une nouvelle église sera consacrée en 878.Flavigny est compté parmi les 14 monastères qui doivent à la fois desoffrandes et le service militaire (cf. Noticia).

V.3 - Monastère de PRÜM (57), au diocèse de Trèves, au pays deMoselle (Muslinse), sur la rivière de Prüm (Tettenbach), dans la partieoccidentale du massif de l’Eifel, fondé en 721, puis refondé en 752.• dans un premier temps, SAINTE-MARIE, en 721 (23 juin),

avec BERTRADE « l’Ancienne » (env. 670 - apr. 721) /BERTHE (Bertrada seu Berta), sûrement sœur de Plectrude- la première femme de Pépin II de Herstal, mais non la mère deCharles Martel -, SANS DOUTE UNE PRINCESSE MERO-VINGIENNE, et son fils HERBERT (Charibertus) / HARDRAD(env. 700 - av. 762) (58), comte à Laon, avec donation de villæ etsouscriptions d’Herbert, Bernier, Rolande (Chrodolandæ) etThierry.

• dans un second temps, SAINT-SAUVEUR, en 752, dans lecadre d’une reconstruction, avec PEPIN LE BREF - qui a épousé,en 749, Bertrade, fille d’Herbert, très probablement pour donner àses enfants le sang mérovingien de la légitimité royale - et sesenfants CHARLEMAGNE et CARLOMAN. Une importantedonation est faite le 13 août 762 par Pépin et son épouseBertrade, en présence des susdits fils Charles et Carloman (qui

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« consentent »), de 9 évêques et de 12 comtes : Drogon, Roudard,Warin / Guérin, Géland, Baugoul, Gérard, Troan, Gautier,Herloin, Gombert, Racoul et (autre) Warin / Guérin. Dans lediplôme relatif à cette donation, le roi et son épouse soulignent toutce qu’ils ont fait pour la construction (in re propriatis nostre et expropriis facultatibus), l’installation d’une communauté de moinesvivant selon la règle (sub sancta regula) et la dotation en reliques eten possessions royales, le tout étant compris comme un devoirroyal envers les pauvres (moines). En échange de tout cela, lesmoines de Prüm doivent prier pour le salut de l’âme du roi, de safemme, de sa maison, de ses successeurs, pour la stabilité de l’Egliseet du Royaume, le peuple chrétien catholique... (cf. Oexle).

V.4 - Monastère (des Irlandais : Scottorum / 773) de SAINT-MICHEL D’HONAU (59) (hommes), en Alsace, au diocèse deStrasbourg, sur une île du Rhin, à 10 km au nord de Strasbourg,entre 722 et 749, avec ADALBERT Ier (env. 680 - 722 / 723) (60),duc d’Alsace (693 à 722 / 723), fils d’Adalric Ier, fondateurd’Hohenbourg (cf. § V.1.). Là sont installés des moines irlandais.C’est dans un même acte (non daté) concernant ce monastère quesont cités Anselm, « comte de notre Palais », sans doute le personnagetué au passage des Pyrénées en 778, les comtes Thierry, Bernard,Eynard (peut-être le père d’Eginhard : cf. § V.13 et V. 15),Bérenger... Adalbert Ier fonde aussi le monastère pour femmes deSAINT-ETIENNE DE STRASBOURG.

V.5 - Monastère de SAINT-PIERRE, SAINTE-MARIE,SAINT-LEGER ET AUTRES SAINTS DE MURBACH (61), dit le« VIVIER DES ETRANGERS » (Vivarium peregrinorum) (62), audiocèse de Strasbourg, au pays d’Alsace, dans une vallée, sur la rivièrede Murbach, vers 728, avec le comte EVRARD Ier (env. 700 - 747),comte, respectivement petit-fils d’Adalric Ier et fils d’Adalbert Ier,fondateurs des monastères d’Hohenbourg (cf. § V.1.) et d’Honau (cf.§ V.4.). Ayant édifié ce monastère avec le consentement des évêques,des prêtres, de son frère Léofroi et de son épouse, il installe là desmoines de Reichenau conduits par leur abbé Pirmin (env. 690 -753, enseveli au monastère d’Hornbach), fondateur en 724 deReichenau et qui interviendra, en 742, dans celle d’Hornbach (cf. les§ IV.5. et V.6., et n. 37). Evrard et son épouse Himiltrude donnentdivers biens au monastère de Murbach, notamment, le 1er février 731ou 732, deux églises sises dans la villa de Pfetterhouse (acte conservéen original) et, par la suite, en 735 / 736, quand il le fait l’héritier detous ses biens, après avoir perdu son son fils unique, être devenuaveugle, avoir renoncé à sa fonction de comte et avoir converti sesmœurs pour être moine à Remiremont, monastère qui compte alorsdeux communautés, la principale, pour les femmes, et une autre,pour les hommes chargés d’aider la première et de pourvoir à sesbesoins spirituels. Est connu le catalogue de la bibliothèque deMurbach qui indique que cette dernière comptait plus de 300manuscrits vers 850 (voir aussi les autres catalogues conservés, pourles monastères de Centula / Saint-Riquier, Lorsch, Reichenau et

Saint-Gall). La dynastie alsacienne d’Evrard disparaît de l’échiquierpolitique pendant toute la seconde moitié du VIIIe siècle.

VOIR L’ILLUSTRATION 19

V.6 - Monastère d’HORNBACH (63), au diocèse de Metz (auxconfins de celui de Trèves), actuellement en Allemagne, près deZweibrücken, dans le Palatinat, en Rhénanie-Westphalie, avecGARNIER (env. 700 - apr. 742), en 742, assisté de ses filsNANTHIER, ERTLOIN ET ROTHIER / Rodier (64). Là intervientle missionnaire Pirmin (env. 690 - 753, enseveli au monastèred’Hornbach), fondateur de Reichenau en 724, qui est aussi intervenudans la fondation de Murbach en 728 (cf. les § IV.5. et V.5, et n.37). Nombreux diplômes de Louis le Pieux (1er septembre 814 et7 août 819), de Lothaire Ier (833, identique à celui de 819), deLothaire II (865), etc. Celui de 819 indique que le prædictummonasterium, dum in commune a Warnario et Wydone pater [patre]predicti Lantberti possideretur...

V.7 - Monastère de SAINTS-PIERRE-ET-PAUL DE LORSCHET AUTRES SAINTS (bientôt appelé, dès 817, SAINT-NAZAIRE) (65), au diocèse de Mayence, outre Rhin, au pays rhénande Worms, sur la rivière de Wisgoz, en 764, avec CANCOR (env.720 - 771) (66), comte de l’Oberrheingau, fils de Robert Ier († av.764), et sa mère GUILSVINDE (Williswinde), fille d’Allaume *. Cemonastère, implanté avec l’appui de moines venus de Gorze, aimmédiatement été donné par ses fondateurs à Chrodegang,fondateur dudit Gorze, et à l’Eglise de Metz (cf. le § IV.5.b) pourformer, avec ceux de Gorze et de Saint-Nabor / Saint-Avold, unensemble monastique épiscopal susceptible de répondre aux attentesréformatrices de Chrodegang et de témoigner des bons effets de telsregroupements. Le premier abbé de Lorsch est Gondland, le proprefrère de Chrodegang. Dans un premier temps, à partir de 767,construction d’une basilique en bois, peu profonde et avec chœurrectangulaire, consacrée en 774 par l’archevêque de Mayence, enprésence de Charlemagne, puis, dans un second temps,reconstruction du monastère, cette fois en pierre, par l’abbé Richard(784 à 804), élève et ami d’Alcuin. En 777, Charlemagne donne àLorsch des pêcheries situées sur le Rhin. Lorsch, sous l’appellation de« Saint-Nazaire », est compté parmi les 14 monastères qui doivent àla fois des offrandes et le service militaire (cf. Noticia). Louis leGermanique (804 - 28 août 876) y sera enseveli (cf. § VII.2.a). Lecatalogue de la bibliothèque du monastère a été conservé, à l’instar deceux de Murbach, Centula / Saint-Riquier, Reichenau et Saint-Gall.

* Eu égard aux noms, Guillaume (env. 750 - 28 mai 812),fondateur de la celle de Gellone - qui a de nombreux parents nommésAllaume - doit être apparenté à Guilsvinde et à son père Allaume. Jeremarque par ailleurs, fait peu noté jusqu’alors, qu’un comte Robert,peut-être Robert II († 807), est en poste à Maguelone au début duIXe siècle, avant 819, et que c’est dans son ressort que se situe lemonastère d’Aniane fondé le monastère par Benoît (env. 750 -

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11 février 821), ami de Guillaume : voir un diplôme du 15 mars 819assurant aux évêques de Maguelone la restitution de la villa deVilleneuve que le comte Robert avait tenue en bénéfice (d’aprèsGallia Christiana, t. 6, Instrumenta, c. 342, Böhmer, n. 686 / 666,etc.). Ermengarde († 30 octobre 818), épousée par Louis le Pieux vers795 et mère de Lothaire Ier, appartient, elle aussi, à la famille deRobert Ier (cf. § VII.2.a).

VOIR LES ILLUSTRATIONS 20 ET 21

V.8 - Monastère du SAINT-SAUVEUR DE CHARROUX (67),en Aquitaine, au diocèse de Poitiers, sur la Charente, en 780 / 783,avec ROGER (env. 730 - apr. 783) (68), comte à Limoges - un descomtes mis en place dans le nouveau royaume des Aquitains en 781par Charlemagne (cf. Astronome) -, et sa femme EUFRASIE. Lateneur du testament du comte Roger, datant a priori du 17 mai 783,a été conservée et évoque l’instruction de 12 moines, la dotation enpropriétés dans le Poitou, le Limousin, le Périgord et l’Auvergne, ladonation d’objets précieux pour les offices... Dans ce cas, le comtes’est réservé la « direction » du monastère, qui devra être remis au roiaprès sa mort et celle de sa femme. En fait, Charroux sera bientôttransmis à Charlemagne, qui délivrera aussitôt un diplômed’immunité en faveur de Roger, son « fidèle comte », pour lemonasterium proprietatis suæ quod ipse novo opere in honore domini etSalvatoris (...) construxit, lequel diplôme évoque là aussi labibliothèque (volumina librorum). Charroux est compté parmi les49 monastères qui ne doivent que des prières (cf. Noticia).

V.9 - Celle du SAINT-SAUVEUR, SAINTE-MARIE, SAINT-PIERRE, SAINT-PAUL, SAINT-ANDRE, SAINT-MICHEL... DEGELLONE (bien plus tard et après avoir été transformée enmonastère, appelée SAINT-GUILHEM LE DESERT) (69), au diocèsede Lodève, actuellement Saint-Guilhem-le-Désert, en 804 (le 14décembre, consécration de la basilique, qui a lieu trois semaines avantcelle de la chapelle palatine d’Aix, elle, effectuée le 6 janvier 805),avec le comte GUILLAUME (env. 750 - 28 mai 812) (70), alors préfetde la marche de Toulouse (790 à 806), ou « duc à Toulouse », fils deThierry Ier (env. 720 - av. 804), nom a priori royal et attestant le sangmérovingien, et d’Aude († av. 804), a priori sœur d’Hildetrude et deLandrade. Guillaume utilise, pour sa fondation, des moines venantdu tout proche monastère d’Aniane fondé par son ami Benoît. Parchance extraordinaire, il a été conservé l’acte original de la dotationeffectuée le 15 décembre 804, c’est-à-dire le lendemain de laconsécration de la basilique, qui note, entre autres choses, queGuillaume a construit et édifié cette dernière dans la celle de Gellonesur le conseil de Benoît, abbé d’Aniane, et avec son appui, et que,d’une part, il donne celle-là à perpétuité (donatum que in perpetuum)à Benoît pour qu’il la dirige (regere) - la celle est asujettie aumonastère d’Aniane (ipsa cella subjecta est Aniana monasterio) - et,d’autre part, il donne (dono, trado atque transfundo) à cette maison deDieu (casa Dei) - qu’est la celle - et à ses « recteurs » certains des biens

(res) qu’il possède, à savoir des villæ sises aux pays de Lodève, deMaguelone, d’Albi et de Rodez; il précise même que si quelqu’unvoulait séparer la celle de Gellone du monastère d’Aniane, les villædonnées devraient revenir au monastère d’Aniane (71). Guillaume a eudeux femmes : d’une part, Cunégonde († av. 804) (72), peut-être mèrede Romilla (cf. § V.12), et, d’autre part, Guiburge († av. 804). Apartir de 806, Guillaume convertit ses mœurs en devenant moine àAniane, puis termine ses jours dans sa celle de Gellone, où il meurt le28 mai 812. En 823, dans la Vie de Benoît, rédigée par Ardon, undes successeurs du premier abbé d’Aniane, un important passage leconcernera, qui évoquera son arrivée à Aniane, sa conversion et les sixdernières années de sa vie (806 à 812). A son décès, Guillaume doitêtre enseveli à l’entrée de la basilique de Gellone. Guillaume estprobablement apparenté, d’une part, aux fondateurs du monastère dePrüm en 721 puiqu’il est question là d’un Herbert (env. 700 - av.762) (fils de Bertrade) et d’un Thierry, ces deux noms étant trèsprésents autour de Guillaume (cf. § V.3.), et, d’autre part, à ceux dumonastère de Lorsch en 764, à savoir Guilsvinde, fille d’Allaume, avecson fils Cancor (cf. § V.7.).

V.10 - Celle de NOTRE-DAME ET SAINT-MICHEL DE(LA) CAZE NEUVE (DE GOUDARGUES) (73), au diocèse d’Uzès,vers la rivière de Cèze, où est le castrum carolingien de Planitium(plateau, appelé « Le Plan »), actuellement Goudargues (où est un« Saint-Michelet », en rapport peut-être avec la chapelle funéraire dela celle), vers 804, avec le comte GUILLAUME (env. 750 - 28 mai812) (cf. § V.9). Mise en place assurée par des moines venantd’Aniane.

V.11 - Monastère de SAINTE-MARIE DE CRUAS (74), audiocèse et comté de Viviers, sur la voie Alba / Valence, à la hauteurde la borne du 17e mille, près du Rhône, vers 804, avec HERBERT(† av. 817) (75), peut-être un parent de Guillaume (cf. § V.9.). Le 16juillet 817, à l’assemblée générale des Francs, à la demanded’Elpodorius, comte en Vivarais, qui semble porter un nomwisigothique (76) et est le fils du susdit Herbert, Louis le Pieux prendsous sa protection ce monastère (dont l’abbé est Bonaud), comme s’ilen avait été le fondateur et dotateur (de sua eleemosina), accorde à sesbiens l’immunité de sa défense, ainsi que la libre élection de l’abbé.Le 6 septembre 855, Lothaire Ier - qui a donné le monastère de Cruasaux archevêques d’Arles - confirme ses privilèges à Uliébaud, abbé deCruas, et à Roland, archevêque d’Arles (dernier acte de la vie deLothaire Ier). Comme, dans l’exemple de Cruas, le comte Herbertveut redonner vie à un ancien lieu abandonné (desertum inveniens)dépendant du fisc, j’aurais pu affecter ce cas, assez peu documenté, àla catégorie des restaurations évoquées au § IV.1.

V.12 - Monastère de SAINTE-MARIE D’ALET (77), dans leRazès, au diocèse de Narbonne, vers 813, avec BERA Ier (env. 775 -env. 826) (78), comte du Roussillon (797 à 801), puis à Barcelone (de801 à 820) - le nouveau comté a amalgamé l’ancien comté de Gérone

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établi en 785 (79) - et aussi comte du Razès (797 à 820), a priorigendre de feu Guillaume († 812) plutôt que son fils (cf. le § V.9), etson épouse ROMILLA (peut-être fille dudit Guillaume et deCunégonde), qui lui auraient donné des biens et revenus attribués parGuillaume, comte, « seigneur et géniteur » de l’un des deux, enprésence de diverses personnages portant des noms wisigothiques,comme Ricsinde, Astremir, Prodise, et du comte Béra. Béra est connupour avoir pris part au siège de Barcelone à la tête des troupes(wisi)gothiques (c’est-à-dire septimaniennes), avoir été le premiercomte à Barcelone, été présent au testament de Charlemagne en 811et prôné une poursuite de trève avec les musulmans en 820, ce qui aété combattu par ses rivaux locaux et a donné lieu à un duel judiciairedont il est sorti vaincu, d’où sa disparition de la scène politique et sonexil dans un monastère de Rouen. A une période sans doute trèscritique politiquement (rébellion de Guillaume, fils de Bernard « deSeptimanie », entre 845 et 850...), le monastère d’Alet et son bourg(vicus) semblent avoir été donnés, entre 847 et 855, à « Dieu, à Saint-Pierre (de Rome) et à Léon » (IV, pape de 847 à 855) par le petit-filsde Béra Ier, à savoir Béra II (env. 820 - apr. 847), comte du Razès etConflent (sûrement en 846), « sous le cens d’une livre d’argent tousles trois ans » (80). C’est dans ce dernier acte que Béra II doit s’intitulerprobablement « comte par la grâce de Dieu », ce qui paraît alors assezlogique (cf. n. 80 et la titulature de Raymond Ier, comme « comte etmarquis par la grâce de Dieu » en 862 à Vabres, en § V.19). Aletsemble donc être devenu ainsi un « monastère pontifical ». Je doispréciser que le document de base indiquant tout cela est assez confuset consiste en une mauvaise analyse, sans doute tardive, d’un acteprobablement relatif à la donation, au milieu du IXe siècle, dumonastère au pape.

V.13 - Celle de MICHELSTADT (ou, à l’époque moderne,STEINBACH) (81), actuellement en Hesse, dans l’Odenwald, à lasortie de la petite ville de Michelstadt, en 821 (consécration), avecEGINHARD / Eynard (env. 770 - 14 mars 840) (82), né dans leMaingau, fils d’Eginhard / Eynard et d’Engelfrède, et son épouseIMMA († 835 / 836), laquelle est sœur de Bernier. Ayant reçu deLouis le Pieux, en cadeau de remerciement pour ses services et deconcert avec son épouse, le 11 janvier 815• d’une part le lieu de Michelstadt situé dans l’Odenwald, avec un

territoire de deux milles alentour et dans lequel est une église enbois

• d’autre part, dans le Maingau, sur le Main, la villa de Mühlheim(Mulinheim), qui appartenait au duc Drogon. A Obermühlheim estune église en pierre et à Untermühlheim sont quatre manses...

Eginhard et son épouse donnent, le 12 septembre 819, les biensde Michelstadt aux moines de Lorsch, le notaire impérial prenantl’acte étant le diacre Irminmar. Une église monastique en pierredestinée à remplacer celle en bois est alors construite là, qui estconsacrée en 821, dont l’essentiel existe encore, maintenant appeléeSteinbach, qui est dotée d’une crypte destinée à recevoir des reliqueset / ou sépultures. C’est, semble-t-il, à partir de 825, qu’Eginhard,

abandonnant sans doute l’idée de passer sa retraite à Michelstadt,décide de construire un véritable monastère dans l’autre partie desbiens concédés par Louis le Pieux en 815, à Obermulinheimexactement - qui deviendra Seligenstadt - et transfère là les projetsqu’il avait eus pour Michelstadt (cf. § V.15). Ayant cherché à êtrereçu par Lothaire Ier, vers mai 830, et âgé alors de près de 60 ans,malade et sans doute désespéré par le conflit idéologique opposantLouis le Pieux à son fils aîné, il décide de demander au premier lapermission de se retirer de la cour et de rejoindre son nouveauchantier de Mühlheim / Seligenstadt, qui sera achevé vers 835 / 836,au moment où mourra sa femme Emma. A l’automne 827, Eginhardenvoie à Rome son secrétaire Ratleik qui obtient, par l’entremise dudiacre Deusdonna, des ossements des saints Marcellin (prêtre) etPierre (exorciste), martyrisés en 304, sous Dioclétien, volés dans lacatacombe romaine d’Entre-les-deux-lauriers (avec une chapelleSaint-Tiburce). Ces derniers arrivent à Michelstadt en octobre de lamême année, sont bientôt présentés, pour vénération, à la familleimpériale à Aix, puis ramenés à Michelstadt et enfin conduits le 17janvier 828 à Obermühlheim / Seligenstadt. Des portions de cesreliques sont prélevées à destination du monastère de Saint-Servais deMaastricht dont Eginahrd est abbé (laïque). A noter que ce dernier aécrit une relation de cette « translation », dans laquelle il justifie lanouvelle destination finale des reliques par le fait que les saintsn’auraient pas voulu rester à Michelstadt (83)...

VOIR LES ILLUSTRATIONS 22 ET 23

V.14 - Monastère du SAINT-SAUVEUR ET SAINTE-MARIEDE CYSOING (84), au diocèse de Tournai, à mi-chemin entre Lille etTournai (là exactement où aura lieu la bataille de Bouvines), en 828,avec EVRARD (env. 800 - 16 décembre 867) (85), marquis de Frioul,qui semble être un petit-fils d’Unroch, duc de Frioul et marquis deTrévise (présent au testament de Charlemagne : cf. Charlemagne), unneveu d’ Autchar / Ogier, comte en Alémanie, un fils d’Unroch(† apr. 839 / av. 853), comte en Ternois (pays de Thérouanne) etd’Ingeltrude - ce comte Unroch a terminé sa vie comme moine àSaint-Bertin -, et un frère de Bérenger († 835), le comte étantintervenu à Saint-Julien de Brioude (cf. § IV.4.), etc. Evrard est élevéà la cour de Charlemagne et de Louis le Pieux, reçoit son éducation àl’école du Palais. Il épouse, vers 832, Gisèle, fille de Louis le Pieux etde Judith, donc une sœur de Charles le Chauve, qui lui apporte endot, entre autres choses, le fisc royal de Cysoing. Resté fidèle à Louisle Pieux, il intervient comme médiateur entre ce dernier et son filsLothaire Ier. Après la mort de Louis (840), Lothaire Ier l’envoiecomme ambassadeur auprès de ses demi-frères Louis le Germaniqueet Charles le Chauve, après la bataille de Fontenoy (23 juin 841),démarche qui aboutira au partage de Verdun (août 843). Par la suite,Evrard s’en retourne en Italie... Vers 850, Evrard obtient du papeLéon IV (847 à 855), pour son monastère de Cysoing, la dépouilledu pape martyr Calixte, dont la translation a lieu en 854, sous laconduite de (l’abbé) Rodolphe, fils d’Evrard, et est ponctuée de

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miracles. Le dossier de Cysoing est particulièrement bien fourni, quiindique, entre autres choses, qu’après la mort d’Evrard, son épousefait élever, au-devant de l’église de Cysoing (où est un autel dédié aumartyr Saint-Apollinaire), un oratoire en l’honneur de la Sainte-Trinité, aux fins d’y placer la dépouille de son mari ramenée d’Italiepar son fils Unroch, duc de Frioul.

V.15 - Monastère de la villa de MUHLHEIM (à Ober-mühlheim) dit « le lieu des bienheureux », à savoir des SAINTS-MARCELLIN-ET-PIERRE, alias de SELIGENSTADT (86), dans leMaingau, actuellement en Hesse, près du Main, vers 828, avecEGINHARD / Eynard (env. 770 - 14 mars 840) (cf. le § V.13.),marié à Imma († 835 / 836), sœur de Bernier, avec l’appui de moinesen provenance de Lorsch (cf. le § V.7). Le premier abbé (laïque) dumonastère est Eginhard en personne, de 836 à 840, remplacé, à samort, par son secrétaire Ratleik († 14 juin 854), abbé de 840 à 851.Pour ce qui concerne les reliques des martyrs saints Marcellin etPierre, cf. § V.13.

VOIR L’ILLUSTRATION 24

V.16 - Monastère des SAINTS-PIERRE-ET-MARCELLIN DEBONNEVAL (87) (soit de « La bonne vallée »), au diocèse de Chartes,en pays dunois (vers Châteaudun), en 858 / 859, dans un contextepolitique très tendu qu’il n’est pas possible d’expliciter là, avecFOULQUE, fidèle de Charles le Jeune (env. 825 - 25 janvier 863),roi de Bourgogne et de Provence (855 à 863), qui appuie laditedonation. On dispose de peu d’informations précises sur ce Foulque,sans doute en rapport avec la famille des vicomtes d’Angers. Les saintsvénérés là sont ceux de Seligenstadt (cf. § V.13 et V.15).

V.17 - Monastère des SAINTS-PIERRE-ET-PAUL DEPOTHIERES (88), au bord de la Seine, dans la villa de Pothières, dansle pays de Lassois, au diocèse de Langres, au royaume de Bourgogne,pour des hommes suivant la règle de saint Benoît, en 858 / 859, avecGERARD II (env. 800 - 877) (89), fils de Léotard Ier († 816) et deGrimaude, lequel Gérard II est comte à Paris en 838 (jusqu’en 841),puis, pour Lothaire Ier, son beau-frère par alliance, « duc et marquis »en Bourgogne (jusqu’en 855) et enfin régent du royaume deBourgogne et de Provence (jusqu’en 870) (cf. § VII.2.), et sa femmeBERTHE, qu’il a épousée vers 818 / 819, fille d’Hugues (comte deTours, † 836), cité en 811, 824 et 827, et de Bava, de la famille desfondateurs de Hohenbourg, Murbach et Cysoing (cf. les notices V.1,5 et 14), laquelle Berthe est aussi sœur d’Hugues, de Léofroi / Liutfred,ainsi que d’Ermengarde, l’épouse de Lothaire Ier. Gérard et Berthe sontles parents de Thierry († env. 845) - dont l’épitaphe est conservée auMusée de Châtillon-sur-Seine - et d’Eve (Ava). Avant de donnerquelques précisions sur la famille de Gérard II et sur sa carrièrepolitique, il convient de dire que le monastère masculin de Pothièresest fondé en même temps et dans les mêmes conditions que celui,féminin, de Vézelay, notamment pour sauvegarder des biens et

revenus risquant la confiscation puisque situés dans la partiebourguignonne du royaume de Charles le Chauve (comtés d’Autun,Avallon, Nevers...), très sensible alors, à cause des conflits du moment.Il convient aussi de distinguer deux phases dans la fondation, quis’inscrivent chacune dans un contexte politique particulier.

1) PREMIERE PHASE (858 / 859) : (CONTEXTE) Charles leChauve, en péril dans son propre royaume, se rapproche de sonneveu Lothaire II († 869), qui tient les pays rhéno-mosellans (Aix,Trèves, Metz et Reims) et est le frère de Charles le Jeune († 863).(FONDATION) Le « testament de donation » (testamentumtraditionis) de Gérard et Berthe, signés par eux deux, leur fille Eve et28 personnages de haut rang, marque que, contre des prières pourLouis le Pieux, Charles le Chauve, leurs diverses femmes, ainsi que poureux-mêmes, leurs parents respectifs, leurs proches..., tous cités, lestestateurs donnent à chacun des deux monastères la propriété de lavilla dans laquelle il se situe, ainsi de nombreux autres biens etrevenus situés alentour, les fondateurs s’en réservant pendant leur viel’usufruit, ainsi que la protection et défense (tuitionem quoque atquedefensionem). Il est précisé qu’après leur décès, les revenus de tous cesbiens ne devront servir qu’à l’entretien des moines / moniales, sansêtre grevés de droits à l’égard de quiconque. Par ailleurs, suivant encela une coutume royale du VIe siècle, ils placent leurs deuxmonastères sous la protection spéciale de l’apôtre Pierre et lessoumettent à l’autorité / juridiction du Saint Siège apostolique dupape Nicolas Ier (858 à 867) à la condition expresse que ce dernier neles concéde en bénéfice à personne, le pape devenant ainsi le« recteur des communautés », cela en échange du payement parchacun des deux monastères à ce dernier, chaque année, en cadeaupieux / hommage dévot, d’une livre d’argent (pro benedictione). Lesabbés / abbesses seront élus librement, avec confirmation ultérieurepar le pape. (ESPRIT) Attirer l’attention bienveillante de Charles leChauve. Ce ne sera qu’en 868 que ce dernier ratifiera, par diplôme,ces dispositions testamentaires : dix années furent nécessaires pourvenir à bout de ses réticences car le roi pensait pouvoir utiliser lamenace de confiscation des domaines concernés par ces fondationspour venir à bout de la résistance de Gérard.

2) SECONDE PHASE (863) : (CONTEXTE) au début del’année 863, le 25 janvier, meurt Charles le Jeune, roi de Bourgogne(Lyon / Vienne) et de Provence (Arles), neveu de Charles le Chauve,ce qui conduit ce dernier à vouloir se saisir du royaume vacant.Finalement, la Bourgogne advient à Lothaire II († 869) - Gérardréussit à conserver sa charge - et la Provence à Charles le Chauve, làen compétition avec Louis II († 875), soutenu par le pape.(EVOLUTION) Une lettre de Gérard écrite au pape (mars 863),portée à ce dernier par deux messagers (un abbé et un laïc), et laréponse que fait le pape, sous forme de deux privilèges, un pourchaque monastère (mai 863), montrent que les FONDATEURS• transmettent / cèdent alors la nue-propriété des deux monastères

et de leurs dépendances au Saint Siège

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• implorent l’attribution de reliques de deux martyrs romains pourla sauvegarde des monastères et en signe ostensible de laprotection du Saint-Siège

et que le PAPE • accepte la nue-propriété des monastères• en laisse le domaine utile aux communautés moyennant, pour

chaque monastère, un cens annuel d’une livre d’argent• autorise l’élection des abbés / abbesses, à condition de ratifier leur

consécration • invite les susdits messagers à prendre possession des corps de saints

Eusèbe et Pontien, martyrisés à Rome sous Commode.(ESPRIT Le « testament » de 858 / 859 ne constituant plus une

garantie suffisante puisque Gérard doit prendre parti contre Charlesle Chauve, Gérard et sa femme imaginent alors transférer la propriétépure et simple des monastères eux-mêmes à saint Pierre et à l’Egliseromaine, qui deviennent ainsi, purement et simplement, des« monastères pontificaux ». Désormais chacun des monastères a sonprivilège pontifical et son martyr romain.

Les corps des martyrs saints Eusèbe et Pontien, martyrisés àRome sous Commode arrivent à Vézelay le 25 août 863 où ils sontcélébrés, puis répartis dans les deux monastères. Après tout cela,finalement, un diplôme est adressé par Charles le Chauve à Gérarden 868. La mort de Lothaire II survenue en août 869, marquel’occupation de la Bourgogne par Charles le Chauve, et Gérard doitalors se retirer (870). Ce dernier meurt en 877, sans descendant, etses fondations monastiques de Pothières et de Vézelay vont alorsfaire l’objet de diplômes et privilèges de la part de Charles le Chauveet du pape (877). L’histoire de Pothières doit être considéréeconjointement à celle de Vézelay (cf. le § 18). A la fin du IXe siècle,Géraud († 909), dans un contexte très conflictuel, suivra à peu prèsle même schéma en faisant du pape son héritier pour le monastère deSaint-Pierre (et Saint-Clément) qu’il a fondé à Aurillac en 894 /895.

Au plan familial, Gérard II est le neveu du comte Bégon (qui estintervenu lors des restaurations d’Alaon et de Saint-Pierre du Fossé :cf. n. 23) et le frère d’Adalard / Alard, sénéchal, comte à Paris (841 àenviron 853), et d’Engeltrude, femme d’Eudes Ier († 834), comte àOrléans (d’où Ermentrude, qui épouse Charles le Chauve en 842, etGuillaume).

V.18 - Monastère de NOTRE-DAME DE VEZELAY (90), dansla villa de Vézelay, au pays d’Avallon, au diocèse d’Autun, auroyaume de Bourgogne, pour des femmes suivant la règle de saintBenoît, en 858 / 859, avec GERARD II (env. 800 - 877), comte àParis en 838 (jusqu’en 841), puis, pour Lothaire Ier, son beau-frèrepar alliance, « duc et marquis » en Bourgogne (jusqu’en 855), puis,par la suite, régent de sa portion constituant le royaume deBourgogne et de Provence (jusqu’en 870) (cf. § VII.2.), et sonépouse BERTHE. Pour le détail, cf. § V. 16. A partir de 877 / 878,soit à la mort de Gérard, le monastère de Vézelay sera transformé enun établissement pour hommes.

V.19 - Monastère de (Saint-Sauveur, Sainte-Marie) SAINT-PIERRE ET SAINT-DENIS DE VABRES (91), au diocèse de Rodez,sur la rivière de Dordone, en 862, avec RAYMOND Ier (env. 810 -env. 863, de mort violente) (92), marquis à Toulouse entre 852 / 855et environ 863, dit « comte et marquis par la grâce de Dieu » (862),fils de Foucaud et de Sénegonde, et sa femme BERTHE, fille de« Rémy » et d’Arsinde, avec donation de biens propres (villa deVabres, familles d’esclaves / mancipis...). Cette fondation aurait étéfaite avec des moines conduits par l’abbé Adalgise et ayant fui, àcause des incursions normandes (93), leur monastère de Paunat enPérigord (Saint-Alvère, près de Bergerac). Raymond Ier est le frèregermain de Frédelon (env. 800 - 852 / 855), missus en Rouergue eten Nîmois, marquis à Toulouse entre 844 / 849 à 852 / 855. AprèsAdalgise, les premiers abbés semblent être Roland, filleul dufondateur, puis Benoît, (sans doute le nom ecclésiastique d’un) fils deRaymond Ier et frère de Bernard. A noter, d’une part, que Vabres vafournir les moines nécessaires à la fondation monastique de Géraud,comte à Aurillac (vers 895), et que, d’autre part, son monastèreservira de fondement, en 1317, au centre épiscopal du nouveaudiocèse de Vabres.

V.20 - Eglise SAINTE-MARIE DE FORMIGUERES (94) (avecses oratoires Saint-Pierre et Saint-Jean-Baptiste), dans le comté duRazès (actuel Capcir), au diocèse de Narbonne, près de la rivièrede Formiguères, située et fondée (fundata) dans la villa deFormiguères, en 873 (année de sa consécration par l’archevêque deNarbonne, qui la dédie et la bénit), avec GUIFRED Ier « le Velu »(env. 840 - 897), comte à Urgel et en Cerdagne (de 869 à 896),préfet de la nouvelle marche d’Espagne, de 878 à 897 (cf. la note 72),et MIRON Ier († 895 / 896) (95), tous deux frères et fils d’Ermesindeet de Sunifred Ier († 848), le préfet de la marche d’Espagne entre 844et 848 (cf. n. 81), ainsi qu’avec OLIBA II et ACFRED Ier / Effroi(env. 840 - env. 905) (96), aussi frères, comtes en indivis du Carcassès,fils d’Oliba Ier (env. 800 - av. 837), comte à Carcassonne, lequeldernier est le frère du susdit Sunifred Ier. Lors de la dédicace del’église, les comtes donnent 90 modiées de terre arable et, autour del’église (in circuitu), autant de terrain que le prescrit l’autoritécanonique. La donation de la villa de Formiguères et de son église estimmédiatement faite à l’abbé et aux moines de Saint-Jacques deJocou (pays de Sault) (subjectionem monasterii ejusdem loci, quod estcaput ipsius cenobii de Formigueria, sic cedimus, tradimus, donamus...).

VI - Conclusions

De nombreuses informations ont été rassemblées dans cetarticle, ainsi que dans les notes. Elles ont permis, pour le moins,d’introduire le sujet sur lequel je me suis efforcé de travailler, quiconcernait les monastères de l’époque carolingienne, approchésnotamment à travers les fondations comtales. Des sources, des axesde réflexion et quelques données à caractère monographique ont été

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présentés. Par ailleurs, des points de détail pourront satisfaire les unsou les autres, voire leur suggérer de nouvelles pistes ou leur donnerdes éclairages nouveaux sur des sujets les préoccupant. Le projecteura été mis aussi sur des documents exceptionnels, de par leur contenuet / ou leur caractère original, et de premiers éléments de réponseont été apportés aux questions posées au début de ce travail, qu’il neme paraît pas possible de résumer là. Je m’arrêterai seulement surquelques thématiques qui m’ont paru intéressantes, parfois d’ailleurssans rapport direct avec le sujet.• Caractère très papal (et problématique) de la notion d’ « empereur

des Romains », qui succède d’ailleurs à celle de « patrice desRomains ».

• Construction de structures, parfois octogonales, liées aux futuressépultures des (re)fondateurs, au Sauveur et à la résurrection desmorts, à l’entrée de basiliques, réelles ou projetées (cas d’Aix, deCompiègne, Centula / Saint-Riquier, Saint-Gall...), à l’origine dessanctuaires occidentaux de la fin du IXe siècle (appelés parfois denos jours antéglises, « massifs occidentaux », « Westwerk »), avectours et atriums en rapport avec le paradis *, tout cela dans unévident esprit de continuité avec l’ensemble constantinien du Saint-Sépulcre de Jérusalem et les magnifiques édifices (octogonaux) del’époque justinienne édifiés à Constantinople et à Ravenne.* C’est, a priori, l’origine des tours et des « parvis » des cathédralesmédiévales.

• Multiplication des autels et développement des cryptes visant àvaloriser les reliques très en vogue alors, si possible des reliques demartyrs des premiers temps de la chrétienté et donc susceptiblesd’opérer de grands miracles.

• Construction de sanctuaires en forme de croix latine (avec, enconséquence, apparition du transept), a priori, au départ du moins,pour marquer plus particulièrement les sépultures desdits martyrs,avec, pour Fulda et Boniface, apôtre et martyr de la Germanie, une« occidentation » équivalente à la basilique funéraire Saint-Pierre deRome.

• Placement des membres du clergé attaché aux églises cathédrales etdes communautés monastiques déjà constituées sous les règlesuniques et précises de saint Benoît ou de saint Augustin.

• Apparition des cloîtres.• Restauration (ou développement) orchestré par le pouvoir central

de monastères et celles anciens tombés en déchéance ou situés endes lieux politiquement et / ou économiquement propices.

• Fixation de communautés monastiques fuyant des zonesincertaines.

• Fondation de nouveaux monastères par des rois, évêques, abbés etaristocrates, dans la lignée de ce qui se faisait à l’époquemérovingienne, avec la mise en œuvre de gros moyens pour lesconstructions et les dotations, ce qui explique qu’on trouvefréquemment parmi les (re)fondateurs laïques des proches parentsdes rois (cas de Bégon, Rorgon, Evrard, Gérard II...).

• Transmission aux rois de la plupart des nouveaux monastèresfondés - dont les églises principales sont alors dédiées au saint

Sauveur (cas explicite d’Aniane) -, voire leur attribution aux papes,alors dans des contextes souvent politiquement délicats (Vézelay,Alet, et, plus tard, Aurillac...).

• Distinction à opérer entre les notions de « recteurs » demonastères (protecteurs, défenseurs : tuitio, dominatio, germaniquemundburg...) et de « recteurs » de communautés (abbés).

• Utilisation par les rois de leurs monastères pour établir des pouvoirscomplémentaires distincts voire concurrents de ceux des évêques et descomtes en place, pour affecter les importants revenus qu’ils dégagent àdes proches (notion d’abbés laïques), pour faire prier les moines pourle salut de leur âme et des leurs (plutôt qu’à l’évangélisation des zonesrurales), pour être des centres de production utiles aux affaires à mener(guerre, etc.), etc.

Par ailleurs, l’analyse effectuée, assez détaillée, ouvre sur d’autreshorizons en permettant, notamment, de mieux appréhender lapuissance d’intervention de l’Eglise romaine - qui détient alors lesavoir et mène des actions politiques précises -, ce qui va la conduire,ultérieurement et au nom de raisons supérieures, à mener des actionspolitiques. Ainsi - et je sors de la période carolingienne -, il y a touteapparence pour que la vigoureuse séparation de la celle de Gellonedu monastère d’Aniane, effectuée dans la seconde moitié duXIe siècle et dans des conditions étonnantes (incendie des archives...)- alors qu’elle était originellement pourtant très attachée à Aniane(cf. n. 71) -, n’a pu se produire que par une volonté papale soucieusede valoriser alors tout ce qui pouvait concerner le nom de Guillaume,surtout quand il pouvait concerner un membre de l’aristocratiecarolingienne. Il a donc convenu, à partir du milieu du XIe siècle, dene point laisser en l’état de celle dépendant d’un monastère unefondation faite par un personnage si utile et dont on avait la chanced’avoir conservé la dépouille. Cette celle était promise à un bel avenir.

Mais c’est là une autre affaire, à l’origine, sans aucun doute, de laprise en main des intérêts de Gellone par la papauté, qui se manifestapar la canonisation de Guillaume. Cette canonisation semble avoirété opérée avant 1050 puisqu’en cette année une église du diocèse deNîmes est consacrée à saint Guillaume (99), son culte à Gellone, larédaction d’une « Chanson de Guillaume », etc. Il est à remarquer,au passage, que la canonisation de Géraud d’Aurillac et la rédactionde la « Chanson de Girart » s’inscrivent aussi dans le contexte demonastères pontificaux.

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VII - Annexes

VII.1 - Grands traits du monachisme occidentalavant l’époque carolingienne

Dès la première moitié du IVe siècle, à l’époque du règne de Constantin,empereur des Romains (306 à 337) - qui fait construire une basilique funéraire sur latombe de l’apôtre Pierre à Rome, réunit les évêques en concile à Arles en 314, à Nicéeen 325... -, des ermites - ou anachorètes - étaient installés dans la province de Thèbes,en Haute-Egypte (Thébaïde). Ils estimaient que la meilleure façon d’assurer leur salutétait de mener une vie de perfection identique à celle du Christ au désert, à l’écart dumonde des vivants, et donc, dans une solitude volontaire. Ils eurent à cœur de fairepénitence au moyen de la prière et de l’ascèse, tant spirituelle que corporelle(mortifications, châtiments corporels et donc réel renoncement aux plaisirs de larichesse, du sexe...).

Bientôt, des communautés cénobitiques se développèrent, ayant, chacune à leurtête, un chef qualifié d’abba (« père »), représentant en quelque sorte le Christ, quifurent constituées d’ascètes prononçant des vœux (de pauvreté, chasteté et obéissance)et suivant des règles définissant, d’une part, la prière et les exercices spirituels et,d’autre part, les travaux manuels, artisanaux et agricoles. Ces monakhoi (littéralement :solitaires) - qui se distinguent alors des reclus, anachorètes, stylites et, bien sûr, deserrants, ou « gyrovagues » - se divisent en deux catégories : d’une part, ceux qui viventen groupe à l’intérieur d’espaces muraillés et autarciques et, d’autre part, les ermites,qui vivent un peu à l’écart, dans des cellules cependant intégrées à l’institutioncommunautaire, pour ne pas parler de la formule mixte du semi-anachorétisme des« laures » palestiniennes (monastères composés de cellules isolées où vivent de semi-ermites réunis sous la direction d’un même supérieur). Pour le pouvoir épiscopal, cescommunautés monastiques ont alors présenté le grand intérêt de pouvoir relayer l’actiondu clergé séculier auprès des populations locales.

Ce type de monachisme a connu un grand succès au Proche-Orient dès leIVe siècle, et ses instigateurs - qualifiés de « Pères du Désert » - sont Paul de Thèbes (†341 / 347) (le premier ermite), Pacôme (env. 292 - 346) (fondateur du cénobitisme),Antoine († 356) (première grande figure de l’érémitisme égyptien) et l’aristocratecappadocien Basile (env. 330 - 379) (principal législateur du cénobitisme grec).

Du côté de la Gaule, le monachisme traditionnel commence avec Martin (316 -397), officier romain, devenu moine à partir de 360, qui fonde les monastères deLIGUGE, près de Poitiers (361) et de MARMOUTIER, aux portes de Tours (372),devient, en 371, évêque de Tours et dont la Vie a été publiée, l’année même de sa mort,par son disciple Sulpice Sévère († env. 420), initiateur de la pieuse retraite aristocratiquedans une villa, promise à grand avenir, la villa se transformant plus tard en unmonastère. Derrière Martin, au cours du premier quart du Ve siècle, deux autrespersonnages ayant séjourné au Proche-Orient fondent d’autres monastères, qui sontHonorat (et Caprais), avec les îles de LERINS (dans le golfe de Cannes), vers 405, etJean Cassien, à Marseille, près du tombeau de SAINT-VICTOR, en 415, ce dernierétant l’auteur de « Conférences » et d’ « Institutions cénobitiques ».

Vers 450, à l’époque de Germain, évêque d’Auxerre (418 à environ 445),coexistent, en Gaule, deux courants monastiques différents : le courant martinien - quiprivilégie la solitude et la prière - et le courant lérinien, tout imprégné de monachismeoriental, à la fois plus tempéré et plus intellectuel.

Dans la seconde moitié du Ve siècle, un troisième type de monachisme va sedévelopper dans les pays celtiques. Il se traduit par la création de monastères très actifset rayonnants, comme BANGOR (discipline et mortification) et KILDARE, pourl’Irlande, ou de RHUIS et LANDEVENNEC, pour la Bretagne.

A la même époque naît, dans la péninsule italienne, Benoît (env. 480, à Nursie,en Sabine - env. 547), qui est ermite à Subiaco, puis devient cénobite. Benoît rejettecertains aspects du monachisme oriental tels que les mortifications héroïques et penseque l’humilité doit en fait s’acquérir surtout par la méditation, la prière, ainsi que parune ascèse personnelle et contrôlée (obéissance, mépris des biens, chasteté, travail ...). Apartir de 524, il rédige une règle fortement pénétrée de la pensée de Basile, tout

empreinte d’humanité, de miséricode et d’harmonie, qui témoigne d’une spiritualitéspécifique, évoque l’organisation de la communauté monastique placée sous l’autoritéd’un abbé (tenant la place du Christ dans le groupe) et la vie quotidienne des moines,divisée en périodes de travail tant manuel qu’intellectuel que de prière communautaire(lecture, office divin, chant à l’église). Selon lui, le moine doit prononcer des vœux deSTABILITE (engagement de conserver, jusqu’à sa mort, l’état de moine),d’OBEISSANCE à la règle et à l’abbé, ainsi que de CONVERSION DE MŒURS(chasteté et pauvreté), qui témoignent du renoncement au monde. C’est sur de tellesbases que Benoît fonde diverses communautés masculines, ainsi que des communautésde moniales, à l’instar de celle placée sous la direction de sa sœur Scholastique. Vers529, avec quelques compagnons, il construit un monastère au MONT-CASSIN, àpartir duquel il va, d’une part, évangéliser les populations des alentours et, d’autre part,former des novices et des moines dans le dessein de créer 12 autres établissementsmonastiques qu’il projette de faire et de soumettre à son autorité, chacune d’entre ellesdevant grouper douze moines.

Du côté de la Gaule, c’est seulement en 543, à l’époque de la mort de Césaire (néen 470 et évêque d’Arles de 502 à 542), que la règle de Benoît est importée par sondisciple Maur (512 - 584, enseveli à Glanfeuil), après un passage à Subiaco et au Mont-Cassin et auprès duquel sont quatre compagnons. Avec l’appui d’Hardrad, ami du roid’Austrasie Théodebert Ier (534 à 548) et père de Bertoul, il va s’occuper de construirele monastère angevin de GLANFEUIL (546) : en 552, sont déjà achevées la maison etquatre églises (Saints-Pierre et Paul, Saint-Martin, Saint-Séverin du Norique et Saint-Michel). Là, Hardrad se fait couper les cheveux, prend l’habit de moine et change denom pour être désormais Florus. Maur gouvernera le monastère pendant 38 ans, de 546à 584, et sera inhumé près du grand autel de l’église Saint-Martin (cf. n. IV.1.c.). Sonsuccesseur sera Bertoul, fils d’Hardrad.

A l’époque mérovingienne (VIe et VIIe siècles), de très nombreux monastères sontfondés par des rois et des aristocrates. Exemples de : • SAINT-VINCENT DE PARIS (plus tard SAINT-GERMAIN DES PRES), entre

542 et 558, et de CATULLIACUS (voir ci-dessous, plus tard SAINT-DENIS), sur laroute de l’étain, entre l’Angleterre et les Alpes, non loin de la plaine du Lendit /Montjoie / Mund-Gau, sans doute à la même époque que le susdit Saint-Vincent, parle fils de Clovis, Childebert Ier, roi de Paris. Vers 568, la reine Arnégonde est enterréeà Catulliacus.

• SAINTE-CROIX DE POITIERS (plus tard SAINTE-RADEGONDE : femmes),vers 560, par la reine Radegonde (518 - 587), femme de Clotaire Ier († 561), qui, sesentant coupable de la mort de son frère assassiné par son royal mari, veut mener unevie de pénitente (bonnes œuvres, pèlerinage à Tours puis, après les 40 ans canoniques,prise du voile et consécration à Dieu, qui la fait devenir l’épouse du Christ). En 569,arrivée dans son monastère d’une relique de la Vraie Croix envoyée par l’empereurJustin II (565 à 578) et son épouse Sophie.

• LUXEUIL, en 590, ANNEGRAY, FONTAINES dans les Vosges et BOBBIO, en613, près de Plaisance, par l’Irlandais Colomban (535 / 540 - 615, à Bobbio),provenant de Bangor. Autour des années 600, exactement entre 590 et 610, àl’époque où le pape Grégoire (590 à 604) envoie en Angleterre une mission conduitepar Augustin, Colomban va s’employer à insister sur le caractère pénitentiel de la viemonastique et à évangéliser la Gaule, notamment en appuyant certains aristocratesdans leur désir de construire des monastères. Sa règle propre, dite « règlecolombanienne », tout imprégnée de la rigueur ascétique irlandaise (grande discipline,mortification), sera diffusée par ses compatriotés, dits Scotti, célèbres pour leurparticularisme, leur intense activité et leur indépendance vis-à-vis du pouvoir central,laïque et ecclésiastique.

• SAINT-GALL situé non loin du lac de Constance, en 612, par l’Irlandais Gall,compagnon de Colomban.

• FLEURY (plus tard SAINT-BENOIT SUR LOIRE), sur le fisc de Floriacus, dans lediocèse d’Orléans, avec une règle combinant celles de Benoît et de Colomban, vers650, par Léobold, abbé de Saint-Aignan d’Orléans. En 672 arrivent là des reliques deBenoît de Nursie en provenance du Mont-Cassin.

• SAINT-PIERRE DE REMIREMONT (femmes), sur le « Mont de Romaric », dansles Vosges, avec la règle colombanienne, vers 620, par Romaric.

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• EBORIAC (plus tard FAREMOUTIERS : femmes), au diocèse de Meaux, avec unerègle mixant celles de Benoît et Colomban, vers 620, par Fare.

• (développement du susdit monastère de) CATULLIACUS avec le transfert là de ladépouille du (martyr) saint Denis en 627 / 628, sous Clotaire II, « monarque » de 613à 629. Dagobert Ier, roi d’Austrasie de 629 à 632, puis « monarque » de 632 à 639, vavéritablement associer ce culte à la monarchie.

• JOUARRE (femmes), au diocèse de Meaux, vers 635, par Adon, un des leudes du roid’Austrasie Théodebert II (595 à 612). La première abbesse sera Teudechilde, la niècedu fondateur, et l’enclos monastique comprendra des églises dédiées à Notre-Dame(moniales), à saint Pierre (hommes, chanoines à partir du VIIIe siècle) et à saint Paul(église à vocation funéraire, où se trouvent les sépultures du fondateur et de safamille).

• ELNONE (au diocèse de Tournai, en Hainaut, aujourd’hui Saint-Amand-les-Eaux,près de Valenciennes), en 636, par le missionnaire Amand (env. 600 - env. 680) quidevient, vers 646, évêque de Maastricht (jusque vers 650).

• REBAIS, vers 641, avec des moines venus de Luxeuil, par Ouen, évêque de Rouen, etses frères.

• (SAINTE-GERTRUDE DE) NIVELLES, au diocèse de Liège, sur les conseils del’évêque Amand (cf. ci-dessus), en 649, par Itte, veuve de Pépin de Landen, maire duPalais d’Austrasie (626 à 629, puis 639 à 640). La fille de la fondatrice, Gertrude (626- 659), en est la première abbesse.

• SAINT-PIERRE DE FONTENELLE (plus tard SAINT-WANDRILLE), au diocèsede Rouen, au milieu de la forêt, non loin de la Seine, vers 649 / 650, par Wandrille(† env. 668), ancien moine du monastère de Bobbio. Contruction opérée entre 650 et668. Godon, neveu de Wandrille, fait un voyage à Rome pour en rapporter desreliques, des manuscrits et des œuvres du pape Grégoire Ier (590 à 604). Entre 678 et690, construction d’un hôpital pour 12 pauvres et 16 malades.

• SAINT-PIERRE DE FOSSES, vers 651, par l’Irlandais Feuillen (à ne pas confondreavec Saint-Pierre du Fossé : cf. § IV.1.a).

• SAINT-PIERRE DE JUMIEGES, au diocèse de Rouen, en 649 / 655, parl’Austrasien Philibert / Filibert (env. 616 / 620, au pays d’Eauze - env. 685, ensevelià Noirmoutier), fils de Filibaud et ancien abbé de Rebais, qui obtient du roi deNeustrie Clovis II (639 à 657) et de Bathilde des terres fiscales sises non loin deFontenelle et qui, s’intéressant aux règles monastiques, se rend aux monastèrescolombaniens de Luxeuil et de Bobbio. Construction aussi, là, d’un monastère defemmes (plus tard transféré à PAVILLY / Pauliacus ). Puis, pour des raisons politiques(libération de son ennemi Ebroin, † 680), Philibert doit se réfugier vers Poitiers, dansles Etats de Dagobert, et se retirer dans l’île d’Hério où il va construireNOIRMOUTIER, après 675, en compagnie de quelques moines de Jumièges.

• NOTRE-DAME DE CHELLES (femmes), au diocèse de Paris, avec des monialesvenues de Jouarre, en 657, et SAINTS-PIERRE-ET-PAUL ET SAINT-ETIENNEDE CORBIE, au diocèse d’Amiens, sur un fisc, avec des moines venus de Luxeuil(règle mixte de Benoît et Colomban), vers 662, par la reine Bathilde († 680), femmede Clovis II (639 à 657). En 664, l’évêque d’Amiens Berthefredus, s’appuyant surl’autorité canonique et patristique, et constatant l’existence de précédents fameux,accorde au monastère de Corbie, pour la quiétude des moines qui y vivent, unprivilège perpétuel émancipant les moines de sa potestas. Il garantit l’autonomietemporelle du monastère ainsi que la libre élection de l’abbé par la communauté. Estcependant réservé à l’évêque diocésain l’accomplissement gratis des fonctions sacrales.

• SAINT-PIERRE DE SITHIU (plus tard SAINT-BERTIN), à Saint-Omer, sur l’îlede Sithiu et sur des terres données par Adrowald à Omer († 667 / 670), moine àLuxeuil et évêque de Térouanne (au moins de 642 à 667), vers 662, par Bertin (env.620 - 709), dont il fut le premier abbé.

Au milieu du VIIe siècle, le monastère de Luxeuil s’efforce d’introduire dans lesmonastères de la Gaule une règle combinant celles de Colomban et de Benoît.

VII.2 - Données sur les maires du Palais, rois des Francs,papes et empereurs de Constantinople à l’époquecarolingienne

a) Maires du Palais et rois des Francs à l’époque carolingienne

MAIRES DU PALAIS D’AUSTRASIE : (680 / 685 à 714) PEPIN II de Herstal(† 16 décembre 714), petit-fils, du côté paternel, d’Arnoul († env. 640), évêque deMetz (614 à 629), et, du côté maternel, de Pépin Ier de Landen († env. 640), maire duPalais d’Austrasie (626 à 629, puis en 639 / 640), lequel Pépin II a eu successivementpour femmes Plectrude (fille d’Hubert et d’Irmina : cf. § IV.5.d. / Echternach) etAlpaïs. (le fils du précédent et d’Alpaïs) (717 à 741) CHARLES Martel (688 - 22octobre 741, au palais de Quierzy, puis enseveli au monastère de Saint-Denis), quiépouse Rotrude († 724) puis Swanahilde, et est le père de Carloman et Pépin, quisuivent, ainsi que de Bernard (d’où Adalard, 753 - 826 (97), et Wala (98)). (le fils duprécédent) (741 à 747) CARLOMAN († 17 août 754), qui, en 747, devient moine. (lefrère du précédent) (747 à 751) PEPIN III le Bref (714 - 24 septembre 768, enseveliau monastère de Saint-Denis).

DERNIERS ROIS MEROVINGIENS : (715 à 721) Période confuse. (721 à737) THIERRY IV. (737 à 743) Vacance. (743 à 751) CHILDERIC III († 755),déposé par le maire du Palais d’Austrasie Pépin III le Bref, puis enfermé au monastèrede Sithiu / Saint-Bertin (à Saint-Omer : cf. § VII.1).

ROIS DES FRANCS (qui sont soit rois d’une partie du Royaume des Francs, soit« monarques ». Quelques-uns d’entre eux furent même PATRICES DES ROMAINS,voire EMPEREURS DES ROMAINS, titres de protection, en fait, très liés alors auxaffaires purement romaines et du Saint Siège apostolique).

(751 à 768) PEPIN Ier le Bref (714 - 24 septembre 768, à Saint-Denis), quiépouse BERTHE (fille d’Herbert, comte à Laon), dépose en 751 le dernier roimérovingien Childéric III, est élu roi des Francs à Soissons en novembre de cette mêmeannée et laisse son Royaume en partage entre ses fils Charles Ier le Grand - qui suit - etCARLOMAN (751 - 4 décembre 771), roi d’une partie du Royaume des Francs entre768 et 771, sacré le 9 octobre 768 à Soissons (le même jour que son frère l’est à Noyon)et mort subitement à l’âge de 20 ans. Ces deux personnages ont, notamment, pour sœurGisèle († 30 juillet 810), mariée à Wenilon, puis contrainte à se séparer de ce dernier àcause de son lien de parenté avec lui et devenue abbesse de Notre-Dame de Chelles (cf.VII.1.).

(768 à 771, roi d’une partie du Royaume, puis, de 771 à 814, monarque. Aprèsavoir été patrice des Romains, il devient, à partir de 800, empereur des Romains, soncouronnement par le pape datant du 25 décembre) CHARLES Ier le Grand, dit« Charlemagne » (747 / 748 - 28 janvier 814, enseveli dans la chapelle palatine d’Aix),sacré le 9 octobre 768 à Noyon (le même jour que son frère l’est à Soissons). Il épouseen 771 / 772 la Suève HILDEGARDE (758 - 783), fille de Gérold et sœur de Gérold(† 799), préfet de la Bavière, Mayngoz, Odalric, Eudes / Odon, Hadrien ... Les huitenfants issus de ce couple sont : Charles (l’aîné) († 811), Carloman (dit « Pépin ») (777- 810, à Milan) *, Louis Ier le Pieux (778 - 840) - qui suit -, Rotrude († 810), a prioridestinée un temps à l’empereur de Constantinople Constantin VI (780 à 797) (cf. §IV.1.c.), Berthe († 823), concubine d’Angilbert, abbé (laïque) de Centula / Saint-Riquier (cf. nn. 12 et 14), Gisèle († apr. 814), Hildegarde et Adélaïs. Parmi les autresenfants de Charles, Alpaïs († 852), fille d’Himiltrude et femme de Bégon (cf. § IV.1.a).Charles, en février 806, à Aix, prévoit le partage du Royaume des Francs entre ses fils,puis, en 811, à la mort de son fils aîné, teste et enfin, le 11 septembre 813, à Aix, lorsd’une assemblée générale des Francs, sur les conseils de Wala (cf. n. 98), associe lui-même, selon un rite romain (puis byzantin), son fils Louis au pouvoir impérial, en luiposant sur la tête une couronne prise sur l’autel du Sauveur de la chapelle palatine, toutcela sous les acclamations des grands réunis dans ladite chapelle. Dans l’esprit deCharlemagne, les Francs, avec leur Royaume, leur capitale Aix ... devaient être amenés,peu à peu, à jouer un rôle identique à celui qui avait été naguère celui des Romains, avecleur empire et Rome.

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* Père de Bernard « d’Italie » († 818), aveuglé sur ordre de Louis le Pieux, épouxde Cunégonde et père de Pépin (env. 815 - apr. 840), comte, lui-même père deBernard, Pépin, Herbert et Cunégonde.

(le fils du précédent) (814 à 840) LOUIS Ier le Pieux (778 - 20 juin 840, dans uneîle du Rhin, enseveli dans la basilique Saint-Arnoul de Metz), qui porte un nommérovingien. Roi des Aquitains entre 781 et 814 (cf. § VII.2.b) et armé à sa majorité,à l’âge de 13 ans en 791, il épouse, vers 795, ERMENGARDE († 30 octobre 818), dela famille de Robert Ier († av. 764, mari et père des fondateurs du monastère de Lorsch :cf. § V.7.), d’où : Lothaire Ier (795 - 29 septembre 855), coempereur de son père àpartir de 817 et, plus tard, roi de la partie centrale, dite « impériale », du Royaume desFrancs - qui suit -, Pépin Ier († 13 décembre 838), roi des Aquitains à partir de 817(cf. § VII.2.b), Louis le Germanique (env. 805 - 28 août 876), plus tard roi de la partieorientale du Royaume des Francs, qui suit. Coempereur de son père Charlemagne àpartir du 11 septembre 813 - il associera, lui aussi, son fils Lothaire Ier à l’empire en 817-, Louis est oint et couronné (empereur) avec son épouse Ermengarde, en octobre 816,à Reims, par le pape Etienne IV (816 à 817) et au moyen d’une prétendue couronne deConstantin apportée de Rome. En février 819, après le décès de sa première épouse,Louis se remarie avec JUDITH (DE BAVIERE) († 13 avril 843), fille de Welf Ier etsœur d’Emma (épouse du susdit Louis le Germanique), de Conrad Ier (abbé de Saint-Gall, époux d’Adélaïs et père de Welf II, † 858, de Judith et d’Adélaïde, femme deRichard « le Justicier ») et de Rodolphe (abbé de Centula / Saint-Riquier, père deConrad, † 882, comte de Paris, d’Hugues et de Welf). De ce dernier mariage naissentCharles le Chauve, qui suit, et Gisèle, qui épouse, vers 832, Evrard (cf. § V.14.). Apartir d’avril 830, Louis le Pieux doit céder le (très ecclésiastique et problématique)pouvoir impérial à son fils aîné Lothaire Ier et à ses partisans, à la tête desquels se trouveEbbon, archevêque de Reims, mais, dès octobre de cette même année, à Nimègue, lorsd’un plaid général, la conception franque de la royauté et des partages traditionnelsreprenant le dessus, la situation est renversée en sa faveur. Un scénario identique sereproduit entre les premiers mois de 833 et ceux de 834 (avec défaite militaire de Louisle Pieux, sa déchéance de la dignité impériale...), mais, là encore, retournement desituation à partir de février / mars 834. Louis recouvre sa liberté et son pouvoir. A la finde l’été 834, Lothaire Ier, contraint à la soumission, doit fuir avec les siens en Italie *.Après la mort de Louis le Pieux (840) et la bataille de Fontenoy-en-Puysaie (841) quimarque en fait le deuil de la notion impériale et redonne pleinement son sens, pourquelques décennies au moins, au traditionnel partage germanique successoral entrefrères, le Royaume des Francs est divisé entre les trois fils de Louis le Pieux (Traité deVerdun, 843).

* Comme cela a été évoqué, on peut dire qu’au cœur de ces affaires doivent seheurter, en fait, deux conceptions de pouvoir, celle, traditionnelle, des Germains (avecle Royaume des Francs, son partage entre les fils ...) et celle, développée par l’Egliseromaine, qui vise à la restauration d’un empire des Romains ayant à sa tête un seulpersonnage, assez puissant pour défendre Rome, l’Etat pontifical et appuyer l’Eglisechrétienne dans ses efforts de gestion de la Chrétienté.

1) Rois de la PARTIE OCCIDENTALE (Francs occidentaux) (21 juin 840 à 877) CHARLES le Chauve (13 juin 823, à Francfort - 6 octobre

877, en Maurienne), qui épouse, le 14 décembre 842, ERMENTRUDE († 6 octobre869), sœur de Guillaume et fille d’Eudes, comte d’Orléans, et d’Engeltrude (sœur deGérard II : cf. § V.17 et 18). D’où Charles († 29 septembre 866), roi des Aquitains(855 à 866) - cf. § VII.2.b - et Louis II le Bègue (846 - 10 avril 879), qui suit. En 843,quelques mois seulement après le partage du Royaume des Francs effectué à Verdun audébut du mois d’août, Charles réunit, en novembre, une assemblée de Francs(occidentaux) à Coulaines, vers Le Mans, pour leur faire savoir comment il entendgérer son royaume et leur indiquer, notamment, qu’il a bien l’intention de laisser lesfonctions publiques entre les mains de ceux qui les détiennent, à la condition expressequ’ils lui restent fidèles, lui appportent aide et conseil, et dénoncent les complots dontil pourrait être la cible. Eu égard aux problèmes politiques qu’il rencontre, notammentavec les Aquitains, ce n’est que quelques années plus tard, à Orléans, le 6 juin 848, queCharles va pouvoir faire procéder aux cérémonies traditionnelles permettant à un roides Francs d’être à la fois élu « par la grâce de Dieu », sacré par les prélats - à la têtedesquels est Wénilon, évêque d’Orléans - et oint avec le saint-chrême. Après avoir

connu des années difficiles, notamment en 858 *, et la mort de sa femme Ermentrudesurvenue le 6 octobre 869, Charles se remarie, le 22 janvier 870, avec RICHILDE (†910 / 914), petite-fille de Boson († env. 855), comte en Italie, fille de Bivin, comte,abbé de Gorze (855 à 863), et sœur de Richard « le Justicier », duc de Bourgogne, et deBoson († 897), roi de Provence (à partir de 879) et mari d’Ermengarde, la fille del’empereur Louis II (cf . ci-dessous). Par la suite, le royaume de Charles va grandements’agrandir quand, après la mort de son neveu Lothaire II († 8 / 9 août 869) et desnégociations avec son (demi-)frère Louis le Germanique, il obtient, le 10 juillet 870, àMeersen, une partie de l’héritage de son frère Lothaire Ier, consistant en la Bourgogne(avec Lyon et Vienne), la Provence (avec Arles, Uzès, Viviers ...) et une portion despays rhéno-mosellans (avec Metz et Reims). Il s’agit là de la base du futur « royaumedes Francs ». Dès le 9 septembre 869, Charles avait déjà pris position dans ce sens ense faisant sacrer roi à Metz. Par la suite, il sera couronné empereur des Romains àRome le 25 décembre 875 (cf. ci-dessous) et, souhaitant se saisir de l’héritage de sonfrère Louis le Germanique mort le 28 août 876, il va se heurter aux forces des fils dece dernier, notamment à celles de Louis le Jeune, et être vaincu à la batailled’Andernach le 8 octobre suivant.

* Entre août et décembre, Robert, comte à Tours et à Angers, Eudes, comte àTroyes, Adalard, comte à Paris, frère de Gérard II (cf. § V.17 et 18), Wenilon,archevêque de Sens - c’est lui qui avait consacré Charles en 848 - et grand rivald’Hincmar, archevêque de Reims, et quelques autres se soulèvent contre Charles,« invitent » Louis le Germanique, demi-frère de Charles, à prendre le pouvoir auroyaume occidental des Francs. Louis vient, s’installe à Troyes, près d’Eudes, est sacré àReims ...

(son fils) (877 à 879) LOUIS II le Bègue (846, à Compiègne - 10 avril 879,enseveli à Compiègne), couronné roi des Francs (occidentaux) le 8 décembre 877 parHincmar († 882), archevêque de Reims (845 à 882). Lui succéderont ses fils quiopèreront, en 880, le partage traditionnel ...

2) Rois (dits « empereurs ») de la PARTIE CENTRALE (DITE« IMPERIALE »), qui comprend les pays rhéno-mosellans (avec Aix, Trèves, Metz etReims) (a), la Bourgogne (avec Lyon et Vienne) (b), la Provence (avec Arles, Viviers,Uzès ...) (c), et l’Italie (avec Rome, Ravenne, Pavie ...) (d).

(840 à 855) LOTHAIRE Ier (795 - 29 septembre 855), qui, en 817, devientcoempereur de son père Louis et, en 823, à Rome, est sacré par le pape Pascal Ier (817à 824) le dimanche de Pâques, qui lui remet une épée, « symbole du pouvoir temporelutile à la suppression du mal ». En octobre 821, lors de l’assemblée de Thionville,Lothaire épouse ERMENGARDE, fille d’Hugues, comte de Tours - ce qui en fait unbeau-frère de Gérard II (cf. § V.17) -, d’où Lothaire II (env. 825 - 8 / 9 août 869) - quisuit -, Charles le Jeune (env. 825 - 25 janvier 863) - qui suit - et Louis II (825 - 12 août875), qui suit. En 855, après la mort de Lothaire Ier, son royaume - qui aurait pu êtrepartagé entre ses frères Charles le Chauve et Louis le Germanique - est réparti entre sesfils.

a) Les pays rhéno-mosellans (avec Aix, Trèves, Metz et Reims) adviennent, en855, à LOTHAIRE II (env. 825 - 8 / 9 août 869), l’un des trois fils de Lothaire Ier. Enavril 863, après la mort de son frère Charles le Jeune, il ajoute à son royaume une partiede celui de ce dernier, à savoir la Bourgogne, son frère Louis II prenant la Provence.Après les morts successives de leurs neveux Charles le Jeune et Lothaire II, survenuesrespectivement en 863 et en 869, Charles le Chauve et Louis le Germanique, leursoncles, s’accordent, le 10 juillet 870, à Meersen, pour se partager leurs royaumes, sanstenir compte des éventuels droits de Louis II, frère desdits Lothaire II et Charles leJeune, disposant alors de l’Italie, qualifié d’empereur des Romains et soutenu par lepape.

b) La Bourgogne (avec Lyon et Vienne) et la Provence (avec Arles) adviennent, en855, à CHARLES le Jeune (env. 825 - 25 janvier 863), l’un des fils de Lothaire Ier. A samort, son royaume est partagé entre ses frères Lothaire II (qui prend la Bourgogne) etLouis II (qui prend théoriquement la Provence, mais ne doit pouvoir réellement le fairepuisque le comte installé alors à Arles, Fulcrade - qui agit pour le compte de Charles leChauve, oncle du défunt - prépare l’intervention de son maître). Finalement, c’est aprèsles morts successives de leurs neveux Charles le Jeune et Lothaire II, survenuesrespectivement en 863 et en 869, que Charles le Chauve et Louis le Germanique, leurs

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oncles, s’accordent, le 10 juillet 870, à Meersen, pour se partager leurs royaumes, sansd’ailleurs tenir compte des éventuels droits de Louis II, frère desdits Lothaire II etCharles le Jeune, qui dispose alors de l’Italie, est qualifié d’empereur des Romains etsoutenu par le pape. Charles entre à Vienne le 24 décembre 870 et annexe laBourgogne et la Provence. Après la mort de Charles (877) et celle de son fils Louis leBègue (879), le pouvoir, vacant dans cette région, est saisi par le beau-frère de Charlesle Chauve, à savoir Boson, qui, bien que n’ayant pas de sang carolingien, se fait sacrerroi au palais de Mantaille le 15 octobre 879, son « royaume d’Arles » - qui s’étendd’Arles à Besançon - inaugurant ainsi ce qu’il est convenu d’appeler l’ère des« principautés ».

c) L’Italie (avec Rome) advient, en 855, à LOUIS II (825 - 12 août 875), l’un destrois fils de Lothaire Ier, qui avait reçu le royaume des Lombards dès 844, du vivantmême de son père, et avait été couronné et oint à Rome à Pâques 850. En 858, présentà Rome à l’élection du nouveau pape Nicolas Ier (858 à 867) - qu’il approuve - et àl’époque même où son oncle Charles le Chauve connaît d’importants problèmes (voirci-dessus), il envoie des ambassadeurs à son autre oncle Louis le Germanique, à Ulm(villa Alamanniæ ), parmi lesquels se trouve Evrard, fondateur du monastère de Cysoing(cf. § V.14). En avril 863, après la mort de son frère Charles, il ajoute à son royaume laProvence (en théorie du moins : cf. ci-dessus), son frère Lothaire II prenant laBourgogne. En 870, ses oncles Charles le Chauve et Louis le Germanique, d’accordentre eux, lui enlèvent ce territoire, qui va au premier. Face à tout cela, le pape Hadrien(867 à 872) couronne de nouveau empereur Louis II à Saint-Pierre de Rome, le 18 mai872, jour de la Pentecôte, et, après la mort de ce dernier, survenue le 12 août 875, leclergé et le sénat de Rome élisent pour nouvel empereur, fin août 875, le personnagequi leur semble alors le plus capable de remplir cette fonction, à savoir CHARLES leChauve, qui est acclamé. Le sacre a lieu à Rome à la Noël 875 et, après la mort de sonneveu Louis le Germanique survenue le 28 août 876, ledit Charles envahit sonroyaume, mais est défait à Andernach, le 8 octobre 876. Sa capitale ne sera pas Aix.Comme le traité de Meersen ne devait pas comporter de clause donnant à Charlesl’Italie, Carloman (828 - 880), fils de Louis le Germanique, marche alors sur ceroyaume pour affirmer ses revendications dynastiques. Charles le Chauve, appelé enItalie centrale en avril 877 par le pape Jean VIII (872 à 882) pour la délivrer desMusulmans, se rend sur place avec une armée, puis meurt au retour de cette expédition,le 6 octobre 877, en Maurienne. Carloman en devient alors le maître, mais le susditpape, ne voulant pas avoir affaire à lui, couronne empereur, le 7 septembre 878, LOUISle Bègue (846 - 10 avril 879).

3) Rois de la PARTIE ORIENTALE (Francs orientaux, avec la Bavière ...) (840 à 876) LOUIS le Germanique (env. 805 - 28 août 876, enseveli à Lorsch),

qui épouse EMMA, la sœur de sa tante Judith (de Bavière) - voir ci-dessus -, et est pèrede Carloman († 880), Louis le Jeune († 882) et Charles III († 888). La part duroyaume de Louis s’agrandira quand il obtient à Meersen, le 10 juillet 870, une partiedu royaume de son frère Lothaire Ier consistant en une portion des pays rhéno-mosellans(Aix, Trèves ...). A sa mort, survenue le 28 août 876, ses enfants devront vaincre àAndernach, le 8 octobre 876, les troupes de leur oncle Charles le Chauve, maintenantempereur, pour pouvoir vraiment se partager le royaume de leur père.

b) Rois des Aquitains

Présentation

En 781, Charlemagne met en place le royaume (carolingien) des Aquitains, qui apour capitale TOULOUSE et est administré par un ensemble de comtes, au seindesquels il en est un en poste à Toulouse qui doit une certaine prééminence sur lesautres (notion de duc). L’Astronome indique que sont alors nommés comtes : dans lacité de Bourges, Umbert (auquel succède Sturb); dans celle de Poitiers, Abbon (780 à794); dans le Périgord, Guibod; en Auvergne, Itier; en Velay, Bull; à Toulouse,Ourson, voire Corson (Chorsonis, qui sera remplacé en 790 par Guillaume : cf. § V.9.et 10.); à Bordeaux, Seguin; en Albigeois, Haimon; en Limousin, Roger » (cf.Astronome ). Certains de ces comtes - ou de leurs successeurs - participent, souventauprès de leurs collègues, à des opérations de guerre menées dans des contréesméridionales, comme, par exemple, en 800 / 801, le long SIEGE DE BARCELONE :

il y a là Guillaume (Toulouse), Herbert (fils du précédent qui, en 809, marchera contreTortose avec, à ses côtés, Léotard et Isembard : cf. Astronome ), Léotard (Fézensac),Bégon (pour ces deux derniers, cf. n. 23), Béra (cf. § V.12.), Sanche (prince desGascons, 801 à 816), Leibulf (Arles), Hiltibert / Albert, Isembard, Rostang (Gérone),Aymar / Adhémar (Narbonne, auquel succéderont le susdit Leibulf, † apr. 828, puisBernard « de Septimanie »).. (cf. Astronome et Ermold ). En 817, après l’accession aupouvoir de Louis le Pieux, le royaume des Aquitains comprendra alors très exactementl’Aquitaine, la Gascogne, la marche de Toulouse (avec les comtés du Pallars et deRibagorça, ainsi que ceux d’Urgel-Cerdagne, où est le pagus d’Ausone), outre quatrecomtés, à savoir ceux du Carcassès (en Septimanie) et de l’Autunois, de l’Avallonais etdu Nivernais (en Bourgogne).

Succession des rois(entre 781 et 814) LOUIS (778 - 840), âgé de trois ans lors de la création du

royaume, fils de Charlemagne. (817 à 838) PEPIN Ier († 13 décembre 838, enseveli àSainte-Radegonde de Poitiers), qui épouse en 822 INGELTRUDE, fille de Théodebert,comte à Madrie, et sœur de Robert, aussi comte à Madrie (832 à 838). D’où Pépin II- qui suit - et Charles († 863), (arch)évêque de Mayence (856 à 863). Pépin Ier épousepeut-être aussi Ringarde. Quand ce dernier meurt en 838, son royaume - qui doit alorsêtre partagé entre ses frères Lothaire Ier, Louis le Germanique et Charles le Chauve -résiste à toute intervention extérieure, certains aristocrates faisant bloc autour de son filsPEPIN II (env. 823 - 866, au monastère de Senlis), conduits par Bernard « deSeptimanie » (cf. n. 70), le comte de Poitiers Emenon (828 à 839), et Bernard, le frèrede ce dernier. En 839, lors d’une entrevue à Worms, Louis le Pieux, Charles le Chauveet Lothaire Ier - qui vient alors demander le pardon de son père - décident de déchoirPépin II et de réaliser un nouveau partage du Royaume des Francs, ce qui provoque lacolère des Aquitains qui veulent leur propre roi et vont faire bloc autour de Pépin II. Enjuillet / août 839, Ebroin, évêque de Poitiers, appuyé dans sa démarche par Gérard,comte d’Auvergne, et Ratier, comte du Limousin, demande à Louis le Pieuxd’intervenir au plus vite dans une Aquitaine alors en ébullition. Le 1er septembre 839,à Châlon-sur-Saône, Louis le Pieux proclame roi des Aquitains son fils CHARLES LECHAUVE et lance une campagne militaire en Aquitaine contre les partisans de PépinII, proclamé lui aussi roi. En novembre, à Poitiers, Charles est couronné roi desAquitains, qui datera d’ailleurs son règne à partir du 25 décembre 839. A cette mêmeépoque, les comtes partisans de Pépin II sont destitués et remplacés par de nouveaux : àPoitiers, à la place d’Emenon, Ranoul Ier (844 à 866), fils de Gérard, comted’Auvergne; à Limoges, Ratier; à Bordeaux, Seguin (839 à 845); à Angoulême,Turpion, et, à Saintes, Landry. Du côté de Toulouse, Acfred Ier est nommé comte parCharles le Chauve en juillet 841 ou 842, mais il perd bientôt la ville, fin 842 / 843, quiest reprise en mai 844 à l’occasion d’un siège au cours duquel Bernard « de Septimanie »est décapité sur ordre de Charles le Chauve. Le 14 juin de la même année, à la bataillede l’Angoumois, l’armée de Charles est interceptée puis écrasée par celle de Pépin II. Enoctobre suivant, Charles et ses (demi-)frères se partagent le Royaume des Francs dans lecadre d’une coopération fraternelle (confraternitas ) et somment les rebelles d’Aquitainede se montrer fidèles à Charles. Pour calmer les esprits, ce dernier, en juin 845,rencontre Pépin II au monastère de Fleury, à la frontière de l’Aquitaine, pour lui enoffrir la seigneurie (dominatus ) - voir ce qui a été dit, ci-dessus, au sujet de l’assembléetenue à Coulaines en août 843 -, mais sans le titre de roi ni les comtés du Poitou - làsont les mines argentifères de Melle -, de Saintes et d’Angoulême, à la condition aussique Pépin jure fidélité, comme un neveu doit le faire envers son oncle, ce qui est fait.Dans ce même contexte de conciliation, Charles compose, la même année 845, avecGuillaume, fils de Bernard « de Septimanie », et lui concède la Gascogne (avecBordeaux : 845 à 848, cf. n. 70). En 846, toujours dans cet état d’esprit, il nomme à latête du monastère de Fleury, irrégulièrement d’ailleurs, le plénipotentiaire de Pépin,Raoul, alors archevêque de Bourges (cf. § VII.1. et IV.5.c), ce qui permet, en février847, aux trois (demi-)frères, Charles, Lothaire et Louis, de se revoir à Meersen pourréaffirmer la concorde et l’unanimité qui doivent régner entre eux. Malgré ces accords,Pépin usurpe encore le titre de roi et ses partisans poursuivent leur rébellion. Tout vaalors basculer en faveur de Charles, d’autant plus que les Aquitains, en 848, l’appellentmême à leur rescousse contre les Normands que Pépin II est incapable de refouler. En850, Guillaume est exécuté, comme son père, mais cette fois-ci à Barcelone et, en

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septembre 852, Pépin II est arrêté par son allié Sanche, puis livré à Charles et enferméau monastère royal de Saint-Médard de Soissons (d’où il s’évadera). Tandis que Charlesmène la répression en Aquitaine, de nombreux aristocrates de ce pays - qui veulent enfait un roi spécifique - se tournent vers Louis le Germanique, roi de Bavière, pour luidemander son fils Louis le Jeune. Charles le Chauve revoit sa position et accepte l’idéed’un royaume particulier, qu’il attribue, en 855, lors d’une diète spéciale tenue àLimoges, à son propre fils CHARLES L’ENFANT († 29 septembre 866), non sans luiréaffecter alors les comtés du Poitou, de l’Angoumois et de la Saintonge. Charles estalors sacré et couronné. En 864, le 1er juillet, lors du plaid de Pistres, le sort de Pépin IIest scellé. Il est tonsuré et enfermé définitivement au monastère de Senlis où il mourrale 29 septembre 866. Après la mort de Charles en 866, le nouveau roi des Aquitainssera, en mars 867, son frère LOUIS LE BEGUE, dernier roi des Aquitains.

c) Papes (évêques de Rome, successeurs de l’apôtre Pierre) Serge Ier (687 à 701). Jean VI (701 à 705). Jean VIII (705 à 707). Sisinnius

(708). Constantin (708 à 715). Grégoire II (715 à 731). Grégoire III (731 à 741).Zacharie (741 à 752). Etienne II (752), Etienne II (III : 752 à 757), Paul Ier (757 à767). Etienne III (IV) (768 à 772). Hadrien Ier (772 à 795). Léon III (795 à 816).Etienne IV (V) (816 à 817). Pascal Ier (817 à 824). Eugène II (824 à 827). GrégoireIV (827 à 844). Serge II (844 à 847). Léon IV (847 à 855). Benoît III (855 à 858).Nicolas Ier (858 à 867). Hadrien II (867 à 872) et Jean VIII (872 à 882).

d) Empereurs de Constantinople(DYNASTIE DE LEON L’ISAURIEN) Léon III l’Isaurien (717 à 741).

Constantin V Copronyme (741 à 775). Léon IV (775 à 780). Constantin VI (780 à797). Irène (797 à 802). Nicéphore Ier (802 à 811). Staurakios (811). Michel Ier

Rhangabé (811 à 813). Léon V l’Arménien (813 à 820). (DYNASTIE D’AMORIUM)Michel II le Bègue (820 à 829). Théophile (829 à 842). Michel III (842 à 867).(DYNASTIE DES MACEDONIENS) Basile Ier (867 à 886).

VII.3 - Exemples de manuscrits liturgiques célèbres a) SACRAMENTAIRES : utilisés pour la célébration du service divin par les

évêques et prêtres. Trois catégories existent, à savoir • les « gélasiens » utilisés quotidiennement dans les paroisses de Rome, adaptés aux

usages francs par les liturgistes de Pépin le Bref à Flavigny vers 760 pour devenir les« sacramentaires gélasiens francs », qui furent mal diffusés.

• les « grégoriens papaux » issus du cadeau fait à Charlemagne par le pape Hadrien Ier

(772 à 795), « stationnaux » dans le sens où ils ont été conçus pour l’usage exclusif dupape qui, à Rome, parcourt, tour à tour et lors des grandes fêtes, les 30 églises de laVille.

• les « grégoriens supplémentés » conçus par Alcuin (plus probablement que par Benoîtd’Aniane) à partir des deux précédents et qui, dans le cadre de la mise en place de laréforme liturgique romano-franque, supplantèrent tous les sacramentaires gélasiens.

Au XIIIe siècle, on ajoutera aux sacramentaires divers textes (évangiles, épîtres,parties chantées ...), ce qui donnera les « missels », abrégés en « bréviaires ».

Sacramentaires : 1/ « de Gellone », le plus ancien et le plus complet dessacramentaires gélasiens francs, produit sans doute dans le diocèse de Meaux vers 795 etprésent dans la celle de Gellone dès sa fondation (804) (BNF) (cf. § V.9). 2/ « deDrogon », vers 850 (BNF). 3/ « de Marmoutier », vers 880 (BM d’Autun).

b) BIBLES : livres de lecture.Bibles : 1/ « de Théodulf », fin du VIIIe siècle (cathédrale du Puy). 2/ « de

Moutier-Grandval », vers 840. 3/ « de Vivien », dite aussi « Première bible de Charlesle Chauve », 845 / 846, sur un folio de laquelle on voit le comte de Tours Vivien (†851), abbé laïque du monastère de Saint-Martin de Tours (844 à 851), et ses moinesoffrir leur bible au roi Charlesle Chauve (840 à 877) (BNF). 4/ « de Charles leChauve », dite aussi « de Saint-Paul-hors-les-Murs » (à Rome), 871 / 877 (BNF).

VOIR L’ILLUSTRATION 1

c) EVANGELIAIRES : livres de lecture contenant les extraits des évangilesnécessaires aux services divins / messes

Evangéliaires : : 1/ « de Gundohinus », 754 (BM d’Autun). 2/ « de Godescalc »(Godechaud), dit aussi « de Charlemagne », qui, résultant de la rencontre en 781 dupape Hadrien Ier (772 à 795) et de Charlemagne, fut réalisé vers 782 au monastèred’Hautvillers (BNF). 3/ « d’Angilbert », dit aussi « de Charlemagne », vers 800, qui futdonné par Angilbert, abbé laïque de Centula / Saint-Riquier et concubin de Berthe, fillede Charlemagne, à son monastère (BM d’Abbeville) (cf. n. 14). 4/ « d’Ebbon », avant823 (BM d’Epernay). 5/ « de Lothaire Ier », vers 850 (avec son portait) (BNF). 6/ « deSaint-Emmeram de Ratisbonne », 870 (Munich). 7/ « (de Saint-Martin) de Tours »(BM de Laon). 8/ « de Fleury » (BM de Tours). 9/ « d’Hincmar », en provenance dumonastère d’Hautvillers (BM de Reims). 10/ « de Morienval ». On peut ajouter à cetteliste les évangiles « de Saint-Médard de Soissons », offerts en 837 par Louis le Pieux aususdit Angilbert (BNF).

d) PSAUTIERS : livres de lecture contenant les psaumes de David.Psautiers : 1/ « de Dagulf » offert par Charlemagne au pape Hadrien Ier (772 à

795). 2/ « d’Utrecht », vers 825, avec des scènes guerrières (Utrecht). 3/ « deLothaire Ier » (Ier), vers 845 (avec son portrait). 4/ « de Charles le Chauve », entre 843et 869 (avec son portrait) (BNF). 5/ « de Stuttgart », IXe siècle. 6/ « d’Or », entre 851et 882 (avec des scènes guerrières) (Saint-Gall). 7/ « de Corbie » (BM d’Amiens). 8/« de Saint-Riquier ». 9/ « de Louis le Germanique » (Saint-Omer). 10 / « de Saint-Denis » (BNF).

e) Il est aussi aussi des HOMELIAIRES (utilisés pour les prêches), desAPOCALYPSES de saint Jean (« de Saint-Amand » et « de Trèves »), desCOMMENTAIRES DE L’APOCALYPSE (Beatus de Liebana, Ambroix Autbert...),des TRAITES SUR LA SAINTE CROIX, comme les « Louanges de la Sainte Croix »,dont le frontispice représente Raban Maur (784 - 856), abbé de Fulda (822 à 842),conduit spirituellement par Alcuin († 804), offrant, vers 840, son traité à Otgar / Ogier(Autcarius ), archevêque de Mayence (827 / 828 à 847), auquel il succèdera jusqu’à samort survenue en 847 (Österreichische Nationalbibliothek, Vienne).

VOIR L’ILLUSTRATION 2

VIII - Notes1. Voir, en 858 / 859, le contexte de la fondation des monastères bourguignons dePothières et de Vézelay par le comte Gérard II et leur donation en 863 au Saint Siège(cf. § V.17 et V. 18) ou, a contrario, les inquiétudes d’Hincmar, archevêque de Reims(845 à 882), au sujet de la villa ou curtis de Fretus (aujourd’hui Saint-Rémy deProvence), domaine situé au comté d’Avignon, appartenant à la basilique funéraire deSaint-Rémy de Reims et menacé par le susdit Gérard II entre 855 et 861. Ce dernier enobtiendra finalement la protection (tuitio ) entre 862 et 871 (cf. Flodoard, « Histoire del’Eglise de Reims », et Hincmar ). 2. Notamment à mes amis Pascal Boulhol et Geneviève Durand - qui ont bien voulurelire le présent texte et me prodiguer de bons conseils -, Rolf Breymayer et KurtBrenner - qui m’ont aidé à traduire certains documents en allemand -, ainsi qu’à MmeMadeleine Châtelet et MM. Jean-Louis Biget, Martin Heinzelmann, ChristianWilsdorf, ainsi que quelques autres, qui ont toujours répondu très favorablement à mesdemandes d’informations. Je ne puis oublier là, non plus, les documentalistes demédiathèques que j’ai mis à contribution de temps à autre.3. Benoît, fondateur du monastère d’Aniane, « remet » son monastère à Charlemagne« afin que ses successeurs ne subissent aucun dommage de la part de ses parents après samort » (cf. Benoît, p. 73). Exemples de CONTESTATIONS PAR DES PARENTSavec Lorsch (cf. § V.7. et Diplômes carolingiens / 1, n. 65, p. 94), ou avec le monastèreSaint-Denis de Mettlach, situé au sud de Trèves, actuellement en Sarre (Allemagne),fondé au début du VIIIe siècle par l’évêque de Trèves Léodoin († 713), père de Milon(† 753) - ce dernier lui succède d’ailleurs à l’évêché de Trèves - et de Guy, puis, a priori,donné à son Eglise (cf. Diplômes carolingiens / 1, n. 148, pp. 200-202, ainsi que la note64 du présent article). Sur cette famille importante à laquelle doivent appartenir, d’une

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part, différents MILON comtes portant le même nom, à Noyon (752 ... 759), à Angers(vers 775) ou à Narbonne (781 à 791), ainsi qu’un des bienfaiteurs d’Echternach et unpersonnage apparaissant en Bourgogne dans les « Miracles de Saint-Eugène », et, d’autrepart, Roland (cf. n. 58), voir E. Ewig, « Milo et eiusdem socii », Sankt Bonifacius, Fulda,1953, réédité dans Spätantikes ..., t. 2, pp. 190-193, ainsi que des tableauxgénéalogiques en Carolingiens, n. XVI, et Le Jan, pp. 188 et 441.4. Cf. Cartulaire d’Aniane, pp. 41-43 (là daté, à tort, du 27 juillet 777, au lieu de 792),Benoît et, pour le monastère du Fossé (cf. § IV.1.a), une excellente traduction dediplôme royal d’immunité octroyé le 20 juin 816 (Jean-Louis Biget et PatrickBoucheron, La France médiévale, t. 1 (Ve-XIIIe s.), Hachette, 1999, pp. 50-52).D’autres traductions sont aussi accessibles, comme celle faite pour la protection del’immunité de Conques le 8 avril 1819 (cf. § IV.2.c). 5. A propos des AVOUES, cf. n. 68 et Magnou-Nortier, pp. 624-625, avec « L’avouéd’Aniane au IXe siècle » et, pp. 625-627 : « L’avouerie classique n’a pas existé dans leMidi ».6. Une bonne approche de la VIE QUOTIDIENNE DES MOINES dans unmonastère carolingien est donnée dans un article de Bertrand Merdrignac (cf. n. 47),qui évoque leurs rapports humains, condition d’existence et vie spirituelle.7. Cf. Cartulaire d’Aniane, pp. 51-53. Dans la Vie de Benoît, il est aussi question dedons de terres de labourage et de culture situées au voisinage du monastère, ainsi que de40 livres d’argent que Benoît partagera avec d’autres monastères de Provence, de Gothieet de Novempopulanie (cf. Benoît ).8. Jean-Pierre Brunterc’h, Archives de la France. Tome 1 : Ve-XIe s., Fayard, 1994, pp.322-327 (« Consécration d’une chapelle et attribution de dîmes », 897). Cf. § IV.5.c.9. ALCUIN, Anglo-saxon de Northumbrie anglaise (pays de Bède le Vénérable) etfamilier de l’église d’York (782, 793, 797), rencontre Charlemagne à Parme en 781,s’installe au Palais en 786 et devient, en 796, abbé du très important monastère royal deSaint- Martin de Tours où il établit un atelier d’études et d’éditions bibliques.Conseiller de Charlemagne pour tout ce qui concerne les affaires intellectuelles(enseignement ...) et religieuses (questions théologiques et liturgiques, intervention dansla querelle adoptianiste), il dirige en outre l’école du Palais d’Aix, va adapter les écrits desaint Augustin et réviser la Bible (noël 801) en la nettoyant de fautes (à partir de laVulgate de saint Jérôme), ce qui fera que sa bible sera le point de départ de toute choseimportante sur le sujet au Moyen Age. C’est lui qui pousse Charlemagne, en 799, à seprendre pour un « David universel », en alléguant les insuffisances des deux autrespouvoirs en place, à Rome (sublimité apostolique) et à Constantinople (dignitéimpériale), qui connaissent alors de sérieuses difficultés. Il a laissé de nombreux écritsportant, par exemple, sur l’éducation (Disputatio de vera philosophia ) ou la théologie(De fide sanctæ et individuæ Trinitatis ), sur la grammaire, l’orthographe, la rhétorique,la dialectique, un « Miroir » (pour Guy d’Orléans), des traités exégétiques, des recueilsliturgiques, des ouvrages hagiographiques (Vies de saint Riquier et de saint Vaast), despoèmes et une correspondance. 10. Je ne résiste pas à évoquer la SYMBOLIQUE relative à la croix, aux rois d’Israël(comme David) et à la valeur des nombres, par exemple, autour des chiffres - 3 : en rapport avec la Trinité. Dans un diplôme relatif à Aniane, en 792, Charless’intitule : « Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Charles, par la grâce de Dieu, roides Francs et des Lombards, et patrice des Romains »). - 7 : en rapport, avec les dons du Saint-Esprit, l’Apocalypse de saint Jean et les collinesde Rome. Le 7 est très présent au monastère (féminin) de Laon, où se trouvent 7 églises(Vie de sainte Salaberge) et dans la confession construite entre 864 et 878 au monastèrede Flavigny pour recevoir les reliques de sainte Reine. Les monastères de Centula / Saint-Riquier et d’Aniane cultivent les symboliques du 3 etdu 7.- à Centula / Saint-Riquier, pour le 3, il y a 300 moines pour célébrer la liturgie,3 chœurs pour la schola comportant chacun 33 enfants, 3 églises (délimitant une courimmense entourée de murs et portiques, appelés longaniæ, dans laquelle est un cloîtreplacé contre le flanc sud l’église principale), 3 tours (Saint-Sauveur, Saint-Riquier etSainte-Marie), 30 autels (dont 3 considérés comme majeurs) .... Pour le 7, 7 villages,7 étendards, ville de 7000 âmes, 7 stations (en rapport avec les collines de Rome),7 croix processionnelles, 7 châsses, 7 diacres / sous-diacres / acolytes, 7 rangs, etc.

- au monastère royal d’Aniane, pour le 3, il y a 3 églises et un autel de la Trinité quiévoque pleinement le 3 en 1, et, pour le 7, 7 autels au total, 7 candélabres, 7 lampes quipendent ..., etc. (cf. Benoît et n. 13).Pour la symbolique - et plus globalement -, voir aussi ce qui concerne la chapellepalatine d’Aix (cf. n. 53) et le « Manuel » de Dhuoda, qui consacre de nombreuxpassages à la sainte Trinité, aux 7 dons du Saint-Esprit, aux huit béatitudes, àl’acquisition des vertus à partir des sept dons et des huit béatitudes, aux lettres du motAdam et leur signification, aux quinze bénédictions... (Dhuoda). 11. Voir, notamment, Cyrille Vogel, « La réforme liturgique sous Charlemagne », Karlder Grosse, t. 2 (1965), pp. 218-232, et Rosamond McKitterick, The frankish Churchand the carolingians reforms (789 - 895), Londres, 1977. Emile Lesne, « Les ordonnancesmonastiques de Louis le Pieux et la Notitia de servitio monasteriorum », Revue d’Histoirede l’Eglise de France, t. 6 (1920), pp. 161-175, 321-338 et 449-493. Exemple précis avecRobert Amiet, « La liturgie dans le diocèse d’Elne, du VIIe au XVIe siècles », Les cahiersde Saint-Michel de Cuxa, en deux parties consacrées à « la liturgie wisigothique (VIIe -IXe siècles) » et à « la liturgie romano-franque (IXe - XVIe siècles » (n. 11, juillet 1980,pp. 67-100), et A. Bonnery, « Le changement de liturgie au IXe siècle en Septimanie etdans la marche d’Espagne. Causes et conséquences », Etudes roussillonnaises, tome 9(1989) (congrès de la FHLMR), pp. 21-31.12. L’Institutio de diversitate officiorum d’Angilbert est un ordo liturgique qui mène sonlecteur, comme par la main et tour à tour, auprès de chacun des autels situés dans lesdifférentes églises de son monastère de Centula / Saint-Riquier. Voir aussi le fameux« plan de Saint-Gall » (Saint-Gall, Stiftsbibliothek : cf. Saint-Gall ) et la liturgiemessine.13. Comme en témoigne le fameux « plan de Saint-Gall » (Saint-Gall, Stiftsbibliothek :cf. Saint-Gall ). Voir, par exemple, Raymond Rey, « Un précurseur de l’art des cloîtres :saint Benoît d’Aniane » Pallas, t. 1 (1953), pp. 142-154. Carol Heitz, « Renouveau del’architecture guidé par une nouvelle liturgie », Charlemagne et la renaissancecarolingienne, Dossiers de l’archéologie (n. 30, sept.-oct. 1978), pp. 24-39. RenéFeuillebois, « Essai de restitution de l’autel érigé par saint Benoît dans l’abbatialed’Aniane », Archéologie du Midi médiéval, t. 3 (1985), pp. 19-26. 14. Bons exemples de nouveaux monastères royaux avec - CENTULA / SAINT-RIQUIER fondé au VIIe siècle, à proximité d’Abbeville, dans lediocèse d’Amiens (cf. § VII.1.) : entre 790 et 799, l’abbé laïque Angilbert (dont lafemme est Berthe, † 823, fille de Charlemagne), nommé en 790, fait construire troiséglises (auprès desquelles est une ville sainte) : 1) l’église abbatiale qui comporte deuxoratoires différents mais complémentaires et séparés par une nef avec bas-côtés et 9autels, celui de saint Riquier à l’est, et celui du saint Sauveur à l’ouest (équivalent à lachapelle palatine d’Aix : cf. n. 53), avec, au devant, à l’ouest, une cour ou atriumévoquant le paradis et accessible par des portails dédiés aux archanges saints Michel,Gabriel et Raphaël. 2) l’église de la Vierge Marie (et de tous les apôtres), avec avec unautel dédié à la Vierge et 12 autres dédiés à chacun des apôtres. 3) l’église Saint-Benoît(dont on suit la règle). Le tout est fortement influencé par les chiffres 3 et 7 (nombreuxexemples).- ANIANE construit en l’honneur du saint Sauveur, de sainte Marie et de quelquessaints par l’abbé Benoît à partir de 792, avec une nouvelle église dédiée au saintSauveur, plus vaste que la précédente, et un cloître, sur un nouveau site (est-ce juste àcôté de l’ancien ?), maintenant avec l’aide des ducs et comtes et dans un esprit luxueux(colonnes de marbre, tuiles rouges, etc.). Benoît structure son nouveau monastère,autour de 3 églises dédiées au saint Sauveur, à sainte Marie et à saint Jean, cettedernière étant pour le cimetière. Il répartit entre ces dernières 7 autels : dans l’égliseSaint-Sauveur (Trinité, archange saint Michel, apôtres Pierre et Paul, protomartyrEtienne), à Sainte-Marie (saint Martin et saint Benoît) et au cimetière (saint Jean). 15. Bons exemples liés au CULTE DES RELIQUES, par exemple, avec les acquisitionsde celles, en 755, de saint Prix (Flavigny : cf. § V.2.); en 765, des corps de Nabor,Gorgon et Nazaire (Saint-Avold, Gorze et Lorsch : cf. § IV.5.b); en 822 / 823, de saintEtienne en provenance de la chapelle palatine (Corvey : cf. IV.6.c); en 827 / 828, dessaints Marcellin et Pierre de Rome (Michelstadt et Seligenstadt : cf. § V.13 etV.15); vers 850, de saint Calixte (Cysoing : cf. § V.14); en 863, des saints Eusèbe etPontien (Pothières et Vézelay : cf. § V.17 et 18); en 864, de sainte Reine (Flavigny : cf.

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§ V.2.); vers 865 / 870, de saint Corneille (Compiègne : cf. § IV.6.d et aussi b) et, de878 à 883, de sainte Foy (cf. § IV.2.c). En 863, Audaud, moine de Conques, tente dedérober au profit de son monastère le corps de saint Vincent de Saragosse qui repose àValence en Espagne, mais ce corps aboutit finalement à l’abbaye Saint-Vincent deCastres. Au bruit des miracles de Castres, les moines de Conques jettent alors leurdévolu sur saint Vincent d’Agen (dont le corps était déposé à Pompéjac ou Masd’Agenais), qu’ils acquirent entre 863 et 873. Ils apprirent là, à Agen, qu’une église dela ville conservait les reliques d’une jeune martyre, sainte Foy, et, entre 878 et 883, ilsopérèrent la « translation de Sainte-Foy ». A ce sujet, il faut aussi évoquer les aménagements des églises pour leur culte, ainsi quela nécessité de leur protection, qui, en cas de menace, conduira à les déplacer en deslieux plus sûrs, d’où, parfois, des pérégrinations incessantes et lointaines.Autres cas avec - saint Philibert († env. 685) : Philibert fonde le monastère de Noirmoutier dans uneîle après 675. Il y meurt un 20 août (685 ?). En 819, l’abbé de Saint-Philibert deNoirmoutier, fait construire un nouveau monastère à Déas pour remplacer l’anciensitué à Noirmoutier, « en raison des attaques des barbares qui fréquemment ravagent cemonastère ». On déplace donc alors le monastère à Deas / Grandlieu sur la Boulogne.L’église de Déas va être pillée et incendiée par les Vikings en 847 mais occupéepériodiquement par les moines jusqu’en 858, époque à laquelle ils vont gagner Cunaultavec leurs reliques, puis, en 862, ne se sentant plus en sécurité là non plus, se replier surMessay, dans le Poitou, pour partir pour l’abbaye de Saint-Pourcain en Auvergne, etaboutir, finalement, au monastère de Saint-Valérien en Bourgogne, qui leur fut concédéen 875 par Charles le Chauve (cf. n. 93). Cf. § VII.1. (Saint-Pierre de Jumièges),Ermentaire, « Translations et miracles de saint Philibert », et R. Poupardin, Monumentsde l’histoire des abbayes de Saint-Philibert (Noirmoutier, Grandlieu, Tournus), Paris,Alphonse Picard et Fils, 1905, 137 pp. - saint Maur : Maur avait été inhumé près du grand autel de l’église Saint-Martin, l’unedes quatre du monastère de Glanfeuil, la principale étant dédiée aux saints Pierre etPaul. En 845, l’abbé de Glanfeuil, Gauzlin, neveu du restaurateur Rorgon Ier, transfèrele corps en un lieu plus mémorable du monastère, puis, en 868, dans un contexted’incursions normandes, les moines de Saint-Maur de Glanfeuil doivent transporter lesreliques de leur saint du côté de Paris, à Saint-Pierre du Fossé, où ils vont d’ailleurss’installer. Là, elles donneront lieu bientôt à des processions (cf. un acte de 868 relatif àla procession au tombeau de saint Maur). Cf. § VII.1. (Glanfeuil), ainsi que lesMiraculi sancti Mauri d’Eudes de Glanfeuil qui retracent la destinée de la communautémonastique (cf. l’édition d’Oswald Holder-Egger, MGH, Scriptores, t. 15, pars 1,Hanovre, 1887, pp. 461-472). Sur les reliques, voir aussi Philippe Depreux, « Ladévotion à saint Rémi de Reims aux IXe et Xe siècles », Cahiers de civilisation médiévale,t. 35 (1992), pp. 111-129, ainsi qu’Edina Bozóky et Anne-Marie Helvétius (direct.),Les reliques. objets, cultes, symboles, Brepols Publishers, 1999, 336 pp., où se trouvenotamment un article de Jean-Marie Sansterre intitulé « Les justifications du culte desreliques dans le haut Moyen Age » (pp. 81-93).16. Au sujet de CLAUDE, évêque de Turin, on peut ajouter que son opposition auxthèses officielles de l’Eglise franque, notamment au sujet du culte de la croix, desimages, des reliques et des pèlerinages, est exposée, en 825, dans son Apologeticumatque rescriptum adversus Theutmirum abbatem, réprouvé par l’empereur et sesconseillers (mais sans que l’intéressé perde son siège épiscopal). Dungal et Jonas, évêqued’Orléans, vont demander sa condamnation et sa déposition, voire son excommuni-cation, comme hérétique ; Dungal rédige, en 827, la Responsa contra peruersas ClaudiiTaurinensis episcopi sententias, tandis que Jonas écrit le De cultu imaginum (vers 825 /826), un traité théologique sur les images, les reliques et les pèlerinages, mis en chantieren 825 et abandonné vers 828, à la mort de Claude, évêque de Turin, puis repris plustard, en 840, après la mort de Louis le Pieux. Ce traité a été conçu pour présenter laposition de l’empereur et celle de l’épiscopat franc sur le problème des images, et doncpour réfuter la doctrine iconoclaste dudit Claude. Cf. Boulhol, Boureau et Claude.17. Voir un canon du concile de Ver (755) qui prie les clercs indécis de devenir moines(sub ordine regulari ) ou chanoines (sub ordine canonica ), le concile de Compiègne(757) au cours duquel Chrodegang (cf. n. 43) édicte la première règle canoniale inspiréede la règle de saint Augustin qu’il a rédigée entre 751 et 766 pour sa cathédrale de Metz

et qui va inspirer le concile d’Aix de 816, ou, encore, en 789, l’Exhortation à tous(Admonitio generalis ) qui réitère le choix à faire : Illi clerici (...) ut vel veri monachi sintvel veri canonici . Pour les CHANOINES, voir Aldebert de Vogüé, Les règlesmonastiques anciennes (400 - 700), Brepols, Turnhout, 1985, qui évoque, entre autres,la Regula Augustini . Pour les MOINES, cf. § VII.1 et, surtout, La règle de saint Benoît,éditée par J. Neufville et traduite par Aldebert de Vogüé, Paris, 1972 (SourcesChrétiennes, n. 181), voire, du même auteur, Les règles des saints Pères, 2 vol., Paris,1982 (Sources chrétiennes, nn. 297 et 298). 18. Dans le Liber memorialis de Reichenau, se trouvent des listes pour les années 751 à760, 761 à 770, et celle, très intéressante, des « amis » du monastère vivant en 824, danslaquelle sont, par exemple, quelque 80 moines de Charroux, ainsi que 54 moinesprésents au monastère de Marmoutier en Alsace en 815 / 816, à l’époque où Benoît,ancien abbé d’Aniane, était à leur tête. Je peux aussi évoquer,là, le Liberconfraternitatum de Salzbourg datant de 784. Voir Libri memoriales et necrologia, MGH,Hanovre, 1979, avec Remiremont, Reichenau (cf. le § IV.5.a)..., ainsi que K. Schmidtet J. Wollasch, Memoria. Zum Zeugniswert der liturgischen Memoria im Mittelalter,Munich, 1984.19. Diplômes de Pépin Ier et II, n. 17. 20. A Saint-Julien de Brioude (cf. § IV.4.), si le premier abbé est Ferréol (817 à 834),les abbés suivants seront laïques et s’identifieront, en général, avec le personnagepolitique le plus important du comté d’Auvergne. Leur liste est bien connue (cf. n. 33).21. A propos des REPAS COMMEMORATIFS, un diplôme de Charles le Chauve,daté du 23 juin 862, accorde un domaine au monastère de Saint-Denis à charge pourles moines d’offrir deux repas commémoratifs pour la naissance de Charles (8 juillet /date probable du baptême) et pour son sacre (6 juin). 22. Le monastère de l’ILE-BARBE est cité en 810 dans un rapport de Leidrade, dans laNotitia (cf. Notitia ), en 823 par Ardon dans la Vie de Benoît pour un relèvement parLeidrade (volens monasterium ... rehedificare ) avec 20 disciples d’Aniane conduits par un« recteur » (cf. Benoît ), dans les listes de confraternité de Reichenau pour 90 / 100moines, etc. Voir. Jean-François Reynaud (direct.), Espaces monastiques ruraux enRhône-Alpes, Association Lyonnaise pour la Promotion de l’Archéologie en Rhône-Alpes, 2002, (DARA n. 23). 23. BEGON (env. 750 - 28 octobre 816, enseveli à Saint-Germain des Prés) est fils deGérard Ier (env. 725 - 778 / 779), comte à Paris (de 753 à 778 / 779) et de Rotrude,frère d’Etienne (754 / 755 - 816), comte à Paris (802, 811, voire 814) et de Léotard Ier

(† 816, inhumé à Saint-Germain des Prés), époux de Grimaude, à partir de 801 comteen Fézensac (diocèse d’Auch) *. Bégon est comte à Paris en 789 et devient, vers 790,« grand chambrier » de Louis, roi des Aquitains. Il épouse, semble-t-il, en premièresnoces Guilburge († apr. 787) - qui fait une donation au monastère de Lorsch en 787 -et, sans doute vers 800, en secondes noces, Alpaïs († 852), fille naturelle deCharlemagne et de sa concubine Himiltrude **. Bégon est cité dans la « Vision de lapauvre femme », juste après Charlemagne : « Tu as eu soif dans le siècle et tu n’as put’en rassasier, maintenant bois à satiété ». * D’où Adalard / Alard (cf. Alard ), Gérard II (cf. les § V.17. et V.18.) et Engeltrude.** Les Annales de Lorsch marquent, en 816, que : « Bégon avait épousé une fille del’empereur et était l’ami du roi » (Bego, primus de amicis regis, qui et filiam imperatorisduxerat uxorem ). Flodoard se trompe, dans son « Histoire de l’Eglise de Reims », quandil dit que Bégon était gendre de Louis le Pieux. Il a été suivi à tort par la Vie de Rigobertet divers auteurs modernes. Voir Francesco Vianello, « Gli Unruochingi e la famiglia di Beggo conte di Parigi(Ricerche sull’alta aristocrazia carolingia) », Bulletino dell’Istituto storico italiano per ilmedio evo e archivio Muratoriano, 91 (1984), pp. 337-369. Tableaux généalogiques enCarolingiens, n. XIV, et Le Jan, pp. 320, 442-443.24. A ALAON, il s’agit, semble-t-il, de la restauration d’une celle et de satransformation en monastère par Chrysogon, prêtre et abbé. Cf. Catalogne / 1926 (t. 3). 25. A ne pas confondre avec le monastère de Saint-Pierre de Fosses fondé vers 651 parl’Irlandais Feuillen, qualifié, en 830, par Eginhard, de monastère d’Irlandais (Scottorum)(cf. § VII.1. et Dierkens ). Voir Dieter Hägermann / Andreas Hedwig, Das Polyptychonund die Notitia de Areis von Saint-Maur-des-Fossés, Sigmaringen, Thorbecke, 1990.

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26. Voir Jean-Louis Biget, « Une abbaye urbaine qui devient cathédrale : Saint-Benoîtde Castres », Les moines noirs (XIIIe - XIVe siècles), Privat, 1984, pp. 153-192, avec, pp.154-155, « Le problème des origines : la question d’Altaripa ». Du même auteur, « Lespremières fondations monastiques de l’Albigeois (VIe - XIe siècle), Revue du Tarn, juillet/ septembre 1991, pp. 215-231. 27. RORGON Ier († 841) est fils de Gauzlin / Gaucelin, comte vers 820, et d’Altrude/ Adeltrude, et frère de Gauzbert, abbé de Saint-Maur de Glanfeuil. Comte de Porhoëten 819 / 820 (région d’Alet / marche de Bretagne), puis comte du Maine (Le Mans) apriori de 832 à 841, sauf à l’époque où il est évincé par Guy († 834), il eut, d’une part,de Rotrude († 810), fille aînée de Charlemagne et d’Hildegarde, a priori destinée untemps à l’empereur Constantin VI (780 à 797), un fils portant le nom royal de Louis(† 867) et, d’autre part, de Bilichilde, cinq enfants : Gauzfred / Geoffroi († apr. 878,comte du Maine), Rorgon II († 865, comte), Gauzlin / Gaucelin († 886), abbé deSaint-Germain ...), Gauzbert, Blichilde (épouse de Bernard, † 843 / 844, dans uncombat contre les Normands), etc. Voir « Die Rorgoniden » en Werner, pp. 137-142,Carolingiens, tableau XIX, et R. Le Jan, passim. 28. Diplômes de Charle le Chauve, t. 1 n. 77, pp. 217-219, et, sur le contexte,Brunterc’h, p. 70. 29. Voir les Annales d’Aniane écrites par un moine au milieu du IXe siècle éditées enHistoire générale de Languedoc, t. 2, 1875, « Preuves », cc. 1-12. G. Durand, « Unerésidence rurale antérieure à l’an Mil dans la moyenne vallée de l’Hérault » et « L’abbayed’Aniane en Languedoc. Des Mauristes à l’établissement pénitentiaire », Archéologie duMidi Médiéval, respect. t. 10 (1992), pp. 242-245, et t. 12 (1994), pp. 145-179. PierreDavid, « Le monastère d’Aniane et les bâtiments monastiques, du VIIIe au XIXe siècle »,Cahiers d’arts et traditions rurales, 14 (2002), pp. 131-137. Cf. Benoît, Ermold,Cartulaire d’Aniane, Pioch, Schneider, et Pierre Chastang, Lire. Ecrire. Transcrire,CTHS, 2002, 459 pp. 30. Pater siquidem ejus commitatum Magdalonensem quo adusque vixit tenuit etFrancorum genti fidelissimus totis viribus ... (cf. Benoît ). 31. Le texte du diplôme du 3 août 794 se trouve en Gallia christiana, t. 2, « Preuves »,c. 346, en Atsma et Vezin, t. 19 (1987), n. 681 et en Böhmer, n. 516 (497), pp. 235-236. P. de Monsabert, Chartes de l’abbaye de Nouaillé (de 678 à 1200), Poitiers, 1936. 32. Voir le Cartulaire de Conques publié par E. Desjardins (Paris, 1879), nn. 580 (pp.409-411 : 819) et 581 (839 : pp. 411-414), Böhmer, n. 688 (678) pour 819, Diplômesde Pépin Ier et II, n. 32, pp. 133-151 pour 838, Ermold (excellent texte) et, pour lasynthèse, Hervé Oudart, « L’ermite et le prince. Les débuts de la vie monastique àConques (fin VIIIe - début IXe s.) », Revue historique, n. 297 (1997), pp. 3-39, avec unetraduction du diplôme du 8 avril 819. Pour les reliques, cf. n. 15.33. Voir Pierre Cubizolles, Le noble chapitre Saint-Julien de Brioude, Brioude, 1980, 654pp., ainsi que E. Magnou-Nortier, « Contribution à l’étude des documents falsifiés. Lediplôme de Louis le Pieux pour Saint-Julien de Brioude (825) et l’acte de fondation dumonastère de Sauxillanges par le duc Acfred (927) », Cahiers de civilisation médiévale, t.21 (1978), pp. 313-318. 34. Pour l’adoption d’une règle par les chanoines, cf. n. 17 et, dans le cas présent, la« Chronique » d’Adémar de Chabannes éditée par J. Chavanon, Paris, 1897 (III, 18).35. Cf. Gallia christiana, t. 13, Instrumenta, cc. 380-386. 36. WINFRID / BONIFACE, moine jusqu’à l’âge de 40 ans, puis chargé par les papesd’évangéliser les peuples de la Frise après son voyage à Rome de 718 / 719, puis, aprèssa consécration comme évêque par le pape en 722, de faire de même en BavièreThuringe et Hesse, non sans avoir été muni par ledit pape d’une lettre adressée àCharles Martel lui demandant sa protection et non sans avoir prêté audit pape unserment qui le lie étroitement au Siège apostolique. En 732, il reçoit le pallium et lerang d’archevêque, ce qui lui permet d’établir des diocèses, de convoquer des conciles etd’ordonner des évêques, puis, après un 3e séjour fait à Rome en 737 / 738, comme« légat du Siège apostolique », il organise l’Eglise en Bavière, Alémanie, Hesse etThuringe. Evêque de Mayence de 746 à sa mort survenue en 754 - il est tué par lesFrisons et considéré depuis comme un martyr par l’Eglise -, il crée 7 évêchés : 4 enBavière (Ratisbonne, Freising, Salzburg ...) et 3 en Allemagne centrale (Buraberg pourla Hesse, Erfurt pour la Thuringe septentrionale, Wurzbourg pour la Thuringeméridionale et la Franconie). En outre, le pape Zacharie (741 à 752), arrivé au pouvoir

en 741, le nomme son « légat » au royaume des Francs et lui demande de s’occuper deréformer l’Eglise franque, d’où plusieurs synodes, dont celui de 747, très fidèle au pape.C’est Boniface qui sacre Pépin le Bref comme roi des Francs. 37. PIRMIN, probablement d’origine wisigothique (Narbonnaise), collaborantétroitement avec Chrodegang, évêque de Metz (cf. § IV.5.b) et soutenu par le maireCharles Martel (717 à 741), œuvre beaucoup en Alémanie, dont il est considéré commel’apôtre et où il rencontre l’hostilité du duc des Alamans. Outre Reichenau et Hornbachqu’il crée, il fournit des moines, comme l’a fait Benoît (de Nursie) et le fera Benoît(d’Aniane), par exemple pour Murbach (cf. § V.5.) et Niederalteich (Bavière). LesDicta abbatis Pirminii apportent beaucoup à la connaissance du christianisme duVIIIe siècle.38. Cf. n. 18. On dispose de plans de l’église pour 800 à 850, 900 à 950, fin Xe et 1048.39. Voir les « Annales de Fulda » (Annales Fuldenses), Karl Schmid (dir.), DieKlostergemeinschaft von Fulda im frühen Mittelalter, 3 tomes en 5 vol., Wilhelm Fink,Munich, 1978, 568, 1269 et 445 pp. (et 50 illustrations), et, pour une analyse, MichelParisse, « La communauté monastique de Fulda », Francia, t. 7 (1979), pp. 551- 565.40. Il est à l’origine, notamment, des « associations de prière » (Attigny, 762 : cf. § III.)et de la transformation des clercs des cathédrales en chanoines suivant une règle (cf.n. 17)... Pour sa famille, cf. n. 66.41. Voir Gallia christiana, t. 13, Instrumenta, cc. 371-382. Michel Parisse et OttoGerhard Oexle, L’abbaye de Gorze au Xe siècle, Presses universitaires de Nancy, 1993,Anne Wagner, Gorze au XIe siècle, Artem (Nancy) et Brepols (Turnhout) 1997, 541 pp.42. RAOUL est fils de Raoul (env. 780 - 843 / 844, sans doute enseveli au monastèrede Sarrazac), comte en 823, a priori en Quercy. Il a pour frères et sœur : Gauzfred /Geoffroi († apr. 844), comte (en Quercy) en 844, Robert († 860), époux de Rotrude,Landry († apr. 843), a priori le comte mis en place par Charles le Chauve à Saintes en839 (cf. § VII.2.b), Immon († apr. 843) et Immena (env. 800 - apr. 843), premièreabbesse du monastère de Sarrazac. A partir de 852, le comté du Quercy sera perdu parcette famille au profit des comtes du Toulousain. Voir J. Boussard, « Les origines de lavicomté de Turenne », Mélanges offerts à R. Crozet, t. 1 (1966), pp. 101-109.43. Voir R.-H. Bautier, « Les diplômes carolingiens suspects de l’abbaye de Beaulieu enLimousin », Chartes, sceaux et chancelleries, Paris, Ecole des chartes, 1990, pp. 185-208(auparavant publié en Bulletin philologique et historique, 1955-1956, Paris, 1957, pp.375-398). 44. WILLIBRORD, Anglo-Saxon, évêque missionnaire d’Utrecht, muni des pleinspouvoirs par le pape Serge Ier (687 à 701), part en 690 avec 11 disciples en Frise poury travailler sous la protection de Pépin de Herstal (680 / 685 à 714). En 695, il estconsacré évêque à Rome, puis s’installe comme (arch)evêque de Frise à Utrecht, sonquartier général étant le monastère d’Echternach. Alcuin a écrit sa Vie. Cf. Galliachristiana, t. 13, Instrumenta, cc. 296-297 (testament de 726).45. Cf. Gallia christiana, t. 13, Instrumenta, cc. 293-295 (698). 46. En 831, c’est à l’abbé de Saint-Martin de Tours, Fridugise, que Pépin Ier, roi desAquitains, s’adresse à propos d’exemptions accordées à Cormery (cf. n. 22). Cf.Diplômes carolingiens / 1, p. 375, un diplôme original de Louis le Pieux en 837, etc.47. Voir Landévennec et le monachisme breton dans le Haut Moyen Age. Actes du colloquedu 15e centenaire de l’abbaye de Landévennec (25 - 27 avril 1985), AssociationLandévennec 485 - 1985, 1986, avec de nombreux articles concernant Redon, ses saintset son cartulaire, notamment celui de Bertrand Merdrignac, « La vie quotidienne dansles monastères bretons du Haut Moyen Age à partir des Vitæ carolingiennes », pp. 19-44. Wendy Davis, « The composition of the Redon cartulary », Francia, t. 17 / 1(1990), pp. 69-90. Joseph-Claude Poulin, « Le dossier hagiographique de saintConwoion de Redon. A propos d’une édition récente », Francia, t. 18 / 1 (1991), pp.139-159.48. Cf. Diplômes de Pépin Ier et II, n. 32 des actes de Pépin Ier (838). Voir PhilippeWolf, « Note sur le faux diplôme de 755 pour le monastère de Figeac », Figeac et leQuercy, 1967, pp. 83-122, et A.-M. Pècheur et H. Pradalier, « Saint-Sauveur deFigeac », Congrès archéologique de France (Quercy, 1989), Société Françaised’Archéologie, 1993, pp. 267-290.49. Collectif, Les Lombards, Zodiaque, 1981, pp. 137-140.

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50. Deux excellents textes permettent de bien saisir le contexte et les modalités de lafondation du monastère d’Inden, l’un émanant de la Vie de Benoît et l’autre dû à laplume d’Ermold. - « Le nouvel empereur ordonna à Benoît de se rendre dans le pays de Francie et luidésigna, en Alsace, le monastère de Maur [Marmoutier] où il établit plusieurs de sesdisciples d’Aniane qui suivaient sa manière de vivre. Et comme ce lieu est encore siéloigné du Palais que Benoît, quand on l’appelait, ne pouvait y être rendu en tempsvoulu et que l’empereur avait souvent besoin de lui, il plut à l’empereur de lui donner,non loin du Palais, un lieu convenable où, avec quelques religieux seulement, ilpourrait vivre tranquille. Ainsi Benoît, après avoir donné un abbé aux frères quidemeuraient à Maur, vint avec quelques religieux pour obéir à la volonté impériale. Il yavait, tout près, une vallée, distante du Palais, si je ne me trompe, de pas plus de sixmilles qui plut aux regards de l’homme de Dieu. C’est là que l’empereur, avec un soinmerveilleux, fit construire un monastère qu’on appelle Inda, nom emprunté à un petitruisseau de cette vallée. L’empereur assista à la dédicace de l’église. Il la dota richementde terres impériales, lui accorda l’immunité et, par écrit, ordonna que 30 moinesdemeurassent là pour y servir Dieu le Christ. C’est pour réunir ce nombre de frères quele vénérable abbé ordonna de choisir dans les divers monastères qu’il connaissait desreligieux qu’il instruirait de son exemple, qui seraient pour les autres un instrument desalut, jusqu’à ce que, sous l’inspiration de la divine grâce, des hommes de cette mêmeprovince aient renoncé à la pompe séculière et soient venus les relever au service du Roiéternel » (cf. Benoît, pp. 93-94).- « Il y avait un homme nommé Benoît, et justement nommé car il envoya au ciel desâmes nombreuses. Il s’était fait connaître précédemment du roi dans le pays des Goths(Geticis ), et j’en dois dire quelques mots. Il avait été à la tête des moines d’Aniane,comme leur pasteur et leur abbé, autorité chérie de son troupeau. Lorsque le roi se pritd’un zèle sacré pour le perfectionnement de la discipline et des mœurs monacales, il futson auxiliaire, sa règle, son modèle, son conseiller et, grâce à lui, les monastères vontmaintenant au gré de Dieu (...). Pour ces raisons, l’empereur s’était attaché à lui etl’avait amené dans le pays des Francs. Il avait envoyé ses disciples dans les diversmonastères (cœnobia ) pour servir d’exemples et de règle à leurs frères, leur ordonnantde corriger ce qu’ils pourraient et, pour ce qu’ils ne pourraient, de lui rendre compte parécrit. (... et l’empereur, d’accord avec Benoît, méditait des œuvres agréables à Dieu etlui dit :) « Aussi voudrais-je, pour l’amour de Dieu, dédier un monastère dans levoisinage de ma résidence. Trois raisons, je te le dis, m’en ont mis le désir au cœur, etje t’en exposerai ceci : tu vois comme les soucis de l’empire sont lourds à mon esprit -les affaires me sont un grand fardeau -, peut-être, dans cette maison, pourrai-je mereposer un peu et offrir saintement à Dieu un tribut agréable. Ma seconde raison estque, de ton propre aveu, ta situation présente ne répond pas à ton souhait, étant donnéque les moines ne doivent pas se mêler aux affaires publiques ni prendre plaisir à la viede Palais : dans cette maison tu pourrais diriger les travaux des moines, préparer auxvisiteurs de passage une sainte hospitalité, puis, retrempé, tu reviendrais auprès de moiet, à intervalles, tu rapporterais tes bons avis à tes frères. Je pense, en troisième lieu, auprofit que serait, pour moi et mes sujets, un sanctuaire de cette sorte à proximité d’Aix :si je mourrais, c’est là que mon corps trouverait sa sépulture, c’est là que s’enrôleraientau service du Christ ceux qui auraient découvert leur vocation et qu’ils feraient agréerleur pieuse résolution (...). Une fois construit, le monastère reçoit le nom d’Inde, dunom du cours d’eau qui coule devant. Il se trouve à trois milles de la résidenceimpériale, Aix-la-Chapelle, aujourd’hui si célèbre (... Louis) bâtit, dote richement lademeure où règne la règle de Benoît. Benoît en est le père, Louis l’est aussi en mêmetemps que l’abbé. L’empereur fréquente assidûment ce lieu, revient voir souvent sabergerie, pourvoit à la dépense, prodigue de généreux présents » (cf. Ermold, pp. 93-97). 51. Voir Böhmer, nn. 779/754 (27 juillet 823), 780/755 (même date) et 924 / 895 (1erjuin 833). Cf. Der Liber vitæ der Abtei Corvey, 2 vol., Wiesbaden, 1983 et 1989. SurCORBIE, cf. §. VII.1., L. Morelle, « Le diplôme de Louis le Pieux et de Lothaire (825)pour l’abbaye de Corbie », BEC, t. 149 (1991), pp. 405-416, et, du même auteur, « Lestatut d’un grand monastère franc, Corbie (664 - 1050) », Le christianisme en Occident,1997, pp. 203-224, ainsi que David Ganz, Corbie in the carolingian renaissance, JanThorbecke Verlag, Sigmaringen, 1990.

52. A l’époque mérovingienne, COMPIEGNE était une villa royale très fréquentée parles rois (jusque vers 721), qui présentait l’avantage de leur permettre de s’adonner à lachasse dans la forêt de Cuise (Cotia ). Il y avait là un palais public (avec aula,chapelle...), où le roi Clotaire Ier était mort en 561. Après le partage de Verdun, Charlesle Chauve prit Compiègne pour capitale de son royaume - qui devint ainsi un doubled’Aix-la-Chapelle, une Carlopolis -, où il passa pratiquement toutes les fêtes de Pâqueset de Noël à partir de 865, non sans développer les infrastructures du site. A propos dumonastère, on peut noter que- en 877, dans le capitulaire de Quierzy, il est stipulé, à l’article 2, que le fils del’empereur et ses fidèles doivent honorer, comme il l’a fait jusque-là lui-même, lemonastère qu’il a fondé à Compiègne en l’honneur de Marie, la sainte Mère de Dieu,que, pour l’amour de Dieu et par amour pour lui-même, les fidèles doivent le respectergénéreusement et inviolablement, que son fils doit confirmer le « privilège » garanti parle pape, par tous les évêques et par un décret impérial.- Charles acquiert à Rome, lors de son couronnement de la Noël 875 par le pape JeanVIII (872 à 882), des reliques des saints martyrs Corneille (pape, martyrisé en 252) etCyprien (reliques de saint Cyprien, évêque de Carthage et docteur de l’Eglise,martyrisé en 258). Sur tout cela, voir les Annales de Saint-Bertin, Heitz, pp. 158-159, et Charles le Chauve/ Nelson, pp. 267-268. 53. La CHAPELLE PALATINE D’AIX est composée de deux parties- une basilique comportant une abside, une nef et deux bas-côtés, appelée « le Latran »,du nom du palais du pape à Rome, et destinée aux seuls clercs.- et, au devant d’elle, un oratoire servant sans doute aussi d’église paroissiale, véritableprouesse architecturale. Les modèles furent des églises construites au VIe siècle, sousl’empereur Justinien (567 à 565), à Constantinople et à Ravenne, voire celle qu’avaitédifiée, près de la basilique funéraire Saint-Pierre, le pape Grégoire III (731 à 741) etque ce dernier avait dédiée au Sauveur et à la Vierge Marie aux fins de recevoir desreliques de saints, ainsi que sa sépulture. Intégralement conservé, cet oratoire a étéconstruit, pour le gros œuvre, entre 792 et 797 / 798, en même temps que celui deCentula / Saint-Riquier (cf. n. 14), le décor datant des années 798 à 804 (grilles-ballustres de la tribune, portes, mosaïques de la coupole). Sa consécration date du6 janvier 805. Il comprend, au bas, une chapelle mariale avec un autel dédié à saintPierre, à l’étage, où est le trône du roi, un autel du Sauveur, et se développe autour d’unoctogone central d’un diamètre de 16, 54 m entouré d’un déambulatoire coudé 16 fois,non sans rapport avec les cryptes d’entrée des sanctuaires occidentaux des églisescarolingiennes. Sa coupole est décorée d’une célèbre mosaïque évoquant le JugementDernier (Christ acclamé par les 24 vieillards de l’Apocalypse ...). On note que lacirconférence intérieure de l’octogone est de 12 x 12 pieds (= 144), nombre en rapportavec la Jérusalem céleste de l’Apocalypse johannique (XXI, 15-17). Une inscriptiond’Alcuin († 804) corrobore la réalité de ce symbole chiffré : « Quand les pierres sontassemblées harmonieusement et que les nombres coïncident tous également, alorss’élève resplendissante l’œuvre du Seigneur qui a créé ce temple ». Cf. n. 83.54. Voir G. Hury, Le Mont Sainte-Odile au Moyen Age, Librairie Istra, 1967, et F. Petryet R. Will, Le Mont Sainte-Odile, Guides archéologiques de France, ImprimerieNationale, 1988. Frédérik Letterlé, « Nouvelles données sur la datation du Mur païen »,Le Mont Sainte-Odile, haut lieu de l’Alsace. Archéologie/Histoire/Traditions, Musées deStrasbourg, 2002 (catalogue d’exposition, Musée de Strasbourg, mai 2002-juillet 2003),pp. 94-97. Pour Ebersheim, cf. Diplômes carolingiens / 1, nn. 210 (pp. 280-282) et 221(pp.295-296). 55. Adalric Ier et Bersinde ont pour enfants : Adalbert Ier (env. 680 - 722 / 723),fondateur des monastères d’Honau et de Saint-Etienne de Strasbourg (cf. § V.4.),Adalric II, Hugues Ier, Bathicon et, très probablement, Odile († 720), la premièreabbesse d’Hohenbourg, dont la Vie a été écrite deux siècles plus tard. Voir ChristianWilsdorf, « Les Etichonides au temps des Carolingiens et des Ottoniens », Bulletinphilologique et historique du CTHS, 1964 (1967), pp. 1-33. F. Vollmer, « DieEtichoner », en Tellenbach, pp. 137-184. Tableau généalogique en Carolingiens, n. XIII.Michael Borgolte, « Die Geschichte der Grafenwalt im Elsass, von Dagobert I. bis Ottodem Grossen » (comtes d’Alsace), Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins (ZGO),131 (1983), pp. 3-54. Christian Wilsdorf, « Etichonides », Encyclopédie d’Alsace,

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Strasbourg, 1983, t. 5, pp. 2874-2877, ainsi qu’en Nouveau dictionnaire biographique del’Alsace, p. 865 (petite notice intitulée « Etichonides »). Heinrich Büttner, Geschichte desElsass I, Thorbecke, 1991, avec des cartes et des chapitres intitulés « Die Zeit desHerzogtums im Elsass » (pp. 70-105) et « Das Elsass zur Karolingerzeit » (pp. 106-146).56. Voir Christian Sapin, « Saint-Pierre de Flavigny, l’ancienne abbatiale et sescryptes », Congrès archéologique de France (Auxois-Châtillonnais, 1986), Société Françaised’Archéologie, 1989, pp. 97-109, et, du même auteur, « La crypte de Flavigny : unreliquaire pour sainte Reine », en P. Poultry et D. Julia, Reine au Mont-Auxois. Le culteet le pèlerinage de sainte Reine, des origines à nos jours, Le Cerf, 1997, pp. 81-94. 57. Voir les chartes de Prüm conservées à la bibliothèque de la ville de Trèves (ms.1709), où se trouvent 26 documents situés entre 720 et 1133. Cf. Gallia christiana, t.13, Instrumenta, cc. 295-296 (720)..., ainsi que Diplômes carolingiens, n. 16, pp. 21-25(762). 58. HERBERT aurait pour sœur Weta * et pour frère Roland, Herbert ou Rolandpouvant être père du fameux Roland, préfet de la marche de Bretagne tué en 778, etapparenté au Roland dont le nom figure sur une monnaie (« Rod/Lan »), comme c’estle cas pour Milon aussi (cf. n. 3). La fille d’Herbert est Bertrade « la Jeune », dite« Berthe », qui va épouser, en 749, Pépin le Bref et sera la mère de Charlemagne,Carloman († 4 décembre 771), Gisèle († 810), Pépin († 761)... En 721, Herbert figureaussi sous le nom d’Hardrad, dit « Caribert », dans une donation que fit Berthe àEchternach et, par ailleurs, il est cité comme propriétaire, avec un certain Thierry, deplusieurs propriétés rachetées par Fulrad, abbé de Saint-Denis, avant 777. Il semblequ’il y ait là divers personnages et lieux connus du rédacteur de la Chanson de Roland(Laon, Roland, Ogier, Ganelon ...).* Weta aurait été mariée au duc Auctaire / Ogier, d’où les Ganelon / Wenilon et lesBaudoin de Flandre (un Wenilon aurait été marié à Gisèle, sœur de Charlemagne : cf.aussi § VII.2.a). 59. Voir Christian Wilsdorf, « Le monasterium Scottorum de Honau et la famille desducs d’Alsace au VIIIe siècle. Vestiges d’un cartulaire perdu », Francia, 1975, pp. 1-87.60. Adalbert Ier est père de Léofroi Ier / Liutfrid († env. 739), duc d’Alsace (à partir de722 / 723), mort a priori sans postérité, et d’Evrard Ier, fondateur du monastère deMurbach (cf. § V.5.), ainsi que de filles, abbesses de Hohenbourg (« Eugénie »),Niedermunster - une de ses dépendances - et Saint-Etienne de Strabourg. 61. Cf. § V.4., ainsi que L. Levillain, M. Jusselin et J. Vieillard, « Charte du comteEberhard pour l’abbaye de Murbach », BEC, t. 99 (1938), pp. 5-41, et les diversespublications de Christian Wilsdorf : « Remiremont et Murbach à l’époquecarolingienne », Remiremont. L’abbaye et la ville. Actes des journées d’études vosgiennes(17-20 avril 1980), Nancy, 1980, pp. 49-57, « Le comte Eberhard, fondateur deMurbach », Saisons d’Alsace, n. 82 (1983), pp. 22-27, et « Murbach », Helvetia sacra,Berne, 1986, t. 1, vol. 1, pp. 873-886 (comprenant des notices sur les premiers abbés). 62. Cette appellation pourrait évoquer le monastère de Vivarium fondé en Calabre parCassiodore (env. 490 - env. 580) quand il se retira sur ses terres en 554 (cf. Septimanie,p. 256, note 5). Mais peut-être ne renvoie-t-elle qu’au régime alimentaire des moinesqui, privés de viande, doivent manger beaucoup de poissons. 63. Voir, pour le diplôme du 7 août 819, Böhmer, n. 699 (678). Michèle Gaillard, « Lesabbayes du diocèse de Metz au IXe siècle. Décadence ou Réforme ? », Revue d’Histoirede l’Eglise de France, t. 79 (1993), pp. 261-274. Diplômes carolingiens / 1, n. 148, p. 200,ainsi que Le Jan, passim. 64. Parmi leurs parents, l’évêque de Trèves Léodoin († 713), fondateur au début duVIIIe siècle du monastère Saint-Denis de Mettlach (cf. n. 3). Cette famille est bienconnue à partir de LAMBERT Ier, a priori fils d’un Garnier, qui a trois fils cités dansun diplôme relatif au monastère de Mettlach : GUY Ier (qui suit), Rodold (comte àVannes) et Garnier († 814), un des missi envoyés avec son neveu Lambert, en 814 àAix, par Louis le Pieux pour préparer là sa prise de pouvoir, et c’est alors qu’il fut tué ...Guy Ier († 818), « préfet de la marche de Bretagne » au moins de 799 jusqu’en 818 et,avec son frère Garnier, protecteur / patron d’Hornbach (d’après le diplôme de 819).Guy Ier est père de GUY, comte à Vannes († env. 832) et de LAMBERT II († 837),mentionné auprès de son père en 796, qui succède à son père comme comte à Nanteset « préfet de la marche de Bretagne » de 818 à octobre 830. Lors des événements de830, Lambert s’oppose au clan de Bernard / Judith et donc de Louis, en faisant alliance

avec Lothaire Ier (qui est en Italie) et Pépin Ier qui est en Aquitaine. En octobre 830, àl’occasion du retournement de situation, il est destitué de sa préfecture ... Lors de lareprise du conflit, en 833, Lambert recouvra un instant des titres octroyés alors parLothaire : en septembre 833, il sera comte d’Anjou et sans doute à Nantes, et c’est dansce contexte (très provisoire) que Lothaire Ier, le 18 décembre 833, accorde troisdiplômes au monastère d’Hornbach en faveur de son partisan Lambert (et de soncopropriétaire depuis au moins 819 qui est Hérard). Associé à Matfred, Lambertécrasera les troupes impériales envoyées contre lui en mai / juin 834. Puis, à l’occasionde l’échec de la révolte, Lambert perdra ses honneurs en 834 et devra se rendre en Italieavec Lothaire Ier, où il deviendra duc de Spolète, étant alors remplacé à Nantes parRicuin († 25 juin 841, à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye), comte de 832 à 841. Sesfils sont Guy († env. 859), duc de Spolète - d’où Lambert († 870 / 879) -, Lambert (†852), comte, et Garnier († 852), comte. Cf. Depreux, ainsi que des tableauxgénéalogiques en Carolingiens, n. XVI, Le Jan, pp. 188 et 441, et Poupardin, pp. 242-243. 65. Voir Annales royales (741 à 829). K. Glöckner, « Codex Laureshamensis », 3 vol.,Darmstadt, 1929-1936. Karl Glöckner, « Lorsch und Lothringen, Robertiner undCapetinger », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 50 (1937), pp. 301-354.Friedrich Knöpp, Die Reichsabtei Lorsch. Festschrift zum Gedenken an ihre Stiftung 764,2 vol., Darmstadt, 1973-1977 (avec, notamment, J. Semmler, « Die Geschichte derAbtei Lorsch von der Gründung bis zum Ende der Salierzeit (764 - 1125) », t. 1, pp.75-173).66. Cancor a pour frère Thurinbert, d’où descendront, de père en fils etsuccessivement, Robert II († 807), puis Robert III († av. 834), puis Robert IV « le Fort »(† 866). Il a pour fils Heimeric († 785), comte de l’Oberrheingau (771 à 785), qui,après la mort de son père survenue en 771, ne voudra pas reconnaître la donation deLorsch à l’Eglise de Metz (cf. n. 3). Cf. § IV.5.b, ainsi que des tableaux généalogiquesen Carolingiens, n. XVIII, et Le Jan, n. 55 (et passim ).67. Voir Diplômes carolingiens / 1, n. 194, pp. 260-261 (785 / 800). Les travaux del’Abbé Georges Chapeau (1926, 1928, 1929, 1932, 1943). François Eygun, « L’abbayede Charroux, les grandes lignes de son histoire et ses constructions », Bulletin de laSociété des Antiquaires de l’Ouest, t. 10, 1er trimestre 1969, pp. 11-23. Otto GerhardOexle, « Le monastère de Charroux au IXe siècle », Le Moyen Age, 76 (1970) pp. 193-204. Jean Cabanot, « Le trésor des reliques de Saint-Sauveur de Charroux, centre etreflet de la vie spirituelle de l’abbaye », Bulletin ..., tome 16, 2e trimestre 1981, pp. 103-123.68. Un Roger est connu comme fidèle de Pépin le Bref entre 747 et 759, et est, en cettedernière année, « avoué » du monastère de Saint-Denis, aux côtés d’Adelrulf, à uneépoque où Gérard est comte (à Paris ?) (Diplômes carolingiens / 1, n. 12, pp. 17-18). 69. Voir G. Morin, « L’écrivain carolingien Hemmon et sa collection d’extraits poursaint Guillaume de Gellone », Revue Charlemagne, 1913, pp. 116-126. Jean Vallery-Radot, « L’église de Saint-Guilhem le Désert », Congrès archéologique de France(Montpellier, 1950), Paris / Orléans, 1951, pp. 156-180. Pierre Tisset, L’abbaye deGellone, des origines au XIIIe siècle, Editions du Beffroi, 1992. (première édition en1933). Bernard Chédozeau, « Architecture et monachisme. L’abbaye mauriste de Saint-Guilhem du Désert, anciennement Gellone (23 septembre 1644 - 3 janvier 1791) »,Cahiers d’arts et traditions rurales, 14 (2002), pp. 7-126.70. Guillaume a pour frères et sœurs : Thierry II († av. 804), comte à Autun, « de raceroyale » (782) - a priori le « comes, propinquus regis (Charlemagne) » qui lève des troupesin Ribuaria, est tué en 793 du côté de la Weser ? - et père de Bernard († 843 / 844), luiaussi mort dans un combat contre les Normands (cf. n. 29), Allaume († av. 804),Teudouin († av. 804) (père d’un Thierry), Aube († av. 804), Bertrande († av. 804),Walrade († apr. 804), femme d’Hadrien (cf. VII.2.a) et mère d’Eudes Ier († 834, contreles partisans de Lothaire Ier), comte à Orléans (826 à 830, puis 834) et de Guillaume (†834, contre les partisans de Lothaire Ier), comte à Blois et à Châteaudun..., enfants quisont à l’origine de divers comtes de Troyes, (sans doute) Wialrude († apr. 804), mèred’Allaume, peut-être celui qui, non encore évêque de Bordeaux en 817, l’est en 828(convocation au concile de Toulouse)... Entre autres enfants, Guillaume est père de : - Gaucelm / Gauzhelm (env. 780 - 834, décapité comme ennemi de Lothaire Ier), comteen Roussillon (avec Empuriès : 801 à 834).

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- Thierry III (env. 780 - 840), comte à Autun (jusqu’en 840), qui a un fils nomméBernard († 843 / 844), comte destitué par Charles le Chauve 839 et père de Bernard« de Gothie » (env. 820 - env. 879), préfet de la marche d’Espagne entre 870 et 878 (cf.n. 79) et comte à Autun à partir de 872.- Herbert († 830, comme ennemi de Lothaire Ier), qui accompagne son père au siège deBarcelone (800 / 801), le représente dans une opération contre Tortose (809), a les yeuxcrevés par les partisans de Lothaire Ier.- Gerberge (env. 780 - 834, comme ennemi de Lothaire Ier), religieuse à Chalon (-sur-Saône), noyée dans la Saône par les partisans de Lothaire.- Bernard « de Septimanie » (env. 790 - mai 844, décapité à Toulouse), « de soucheroyale », qui épouse le 29 juin 824, en la chapelle palatine d’Aix, Dode / Dhuoda(† 872) (cf. Dhuoda ). Il est nommé par Louis le Pieux, en 826, « préfet de la marched’Espagne » (826 à 844 : cf. n. 79), en 827 « chambrier », etc. Par la suite, il sera« préfet de la marche à Toulouse » pour Pépin Ier († 838) entre 835 et 838, puis resteraen place (illégalement) pour Pépin II jusqu’en 844 tandis que Charles le Chauvenommera à sa place, en 841 / 842, Acfred / Effroi (cf. n. 96). Voici quelquesENFANTS DE BERNARD « DE SEPTIMANIE » : une fille, qui épouse Oulgrin (†env. 886), installé comme comte à Périgueux en 866 par Charles le Chauve et est aussicomte à Agen (d’où un fils appelé Hilduin), Guillaume (29 novembre 826 - 850, àBarcelone, exécuté), pour lequel le « Manuel » est écrit (cf. VII.2.b et Dhuoda ) etBernard « Plantevelue » (22 mars 841, à Uzès - 886), qui épouse, vers 850, Ermengarde,fille de Bernard Ier († 868), comte d’Auvergne (846 à 868), et de Liutgarde, et est pèred’Adelinde (d’où Guillaume et Acfred / Effroi) et de Guillaume « le Pieux » ( † 919).Cf. n. 96.- etc.Voir G. Alzieu, Saint Guilhem de Gellone, Montpellier, 1992. Dictionnaire, p. 117(« Guillaume de Septimanie »). Sur la famille de Guillaume : J. Calmette, « La famillede saint Guilhem », Annales du Midi, t. 18 (1906), p. 151 et suiv. Du même auteur,« La famille de saint Guilhem et l’ascendance de Robert le Fort », Annales du Midi, t.39 (1928), p. 225 et suivante. Tableaux généalogiques en Carolingiens, n. XXIII, et LeJan, p. 213. Cf. Dhuoda.71. Voir la transcription et l’analyse de l’acte dans le très intéressant article de PierreChastang inséré dans ce volume et intitulé : « La dotation de l’abbaye de Gellone par lecomte carolingien de Toulouse : documents et récits », dont l’auteur a bien voulu mecommuniquer la teneur avant publication, ce dont je le remercie. L’ACTE DEDOTATION DE LA CELLE DE GELLONE DATE DU 15 DECEMBRE 804, soitdu lendemain de la consécration de l’église (basilice ), cite, au plan des défunts de lafamille : Thierry et Aude, père et mère de Guillaume (genetore meo ... et genetrice mea ),Théoduin (Teodoino ), Thierry et Allaume (Adalelmo ), ses frères (fratres meos ), Eve(Abbane ) et Bertrande (Bertrane ), ses sœurs (sorores meas ), Guicher (Witcario ) etAllaume (Hildehelmo ) et Helinbruch, ses fils et filles (filios meos et filias ), ainsi queGuiburge (Witburgh ) et Cunégonde (Cunegunde ), ses épouses (uxores meas ).72. Le radical « Cun » - qui vient du vieil haut allemand kuoni signifiant « brave,courageux » - se retrouve dans Conrad associé au radical « Rat » (conseil), d’où leprénom allemand moderne Konrad (abrégé souvent en Kurt). Je note simplement queles radicaux « Cun », « Gund », « Ari » et « Pert » - qu’on retrouve dansCUNEGONDE et Herbert - apparaissent dans des noms de rois lombards : Gondoalda pour fils Aripert Ier / Herbert (roi de 653 à 661) et pour petit-fils Cunincpert(Cunibert) (cf. Septimanie, p. 257, n. 11). A noter que la femme de Bernard « d’Italie »(† 818) était nommée, elle aussi, Cunégonde (cf. VII.2.a) et qu’un auteur propose devoir en elle une fille de Cunibert, un « vassal très fidèle » de Pépin le Bref, vers 760(Ewig, p. 51). 73. Abbé Roman, Goudargues. Son abbaye. Son prieuré, Nîmes, 1886, (extrait duBulletin du Comité de l’art chrétien ).74. Voir Chanoine J. Rouchier, Le Vivarais depuis les origines jusqu’à l’époque de saréunion à l’Empire (1039), Largentière, 1914, avec, pp. 643-644, le texte du diplôme deLouis le Pieux daté du 16 juillet 817. Joëlle Tardieu et Andreas Hartmann-Virnich,« L’abbatiale Sainte-Marie de Cruas », Congrès archéologique de France (Moyenne valléedu Rhône), Paris, 1996, pp. 91-116. Joëlle Tardieu, « Les massifs occidentaux de

l’abbatiale de Cruas (Ardèche) », Avant-nefs et espaces d’accueil dans l’église entre le IVe etle XIIe siècles, Editions du CTHS, 2002, pp. 215-232.75. Si cet Herbert, mort avant 830, ne peut être le fils de Guillaume (cf. § V.9), il enest peut-être un parent et / ou un descendant du comte de Laon ayant fondé avec samère Bertrade le monastère de Prüm (cf. § V.3), voire un proche de Bernard « d’Italie »(cf. § VII.2.a).76. Voir Elpericus (nombreuses mentions dans les textes concernant Alaon) ouElephantus, évêque d’Uzès, cité dans le « Manuel » en 841, sans doute à rapprocherd’Elipand, archevêque de Tolède à la fin du VIIIe siècle. Cf. § IV.1.a et Dhuoda.77. Voir Gallia christiana, t. 6, Instrumenta, cc. 101-102. Louis Fédié, Le comté de Razèset le diocèse d’Alet, Carcassonne, 1880. Gratien Leblanc, « L’ancienne cathédraled’Alet », Congrès archéologique de France / Pays de l’Aude, 1978, pp. 254-290. F. Sarretet J. Blanc, L’abbaye d’Alet, Archéologie du midi médiéval, 1984. 78. BERA a pour enfants : Guilmond (env. 795 - apr. 826) (plutôt que le traditionnel« Guillemund »), aussi comte du Razès, évoqué par l’Astronome lors de la rébelliond’Aizon, en 826, et qui aurait attribué Saint-Polycarpe du Razés - cf. § IV.3. - aumonastère d’Alet (« au temps de l’empereur Charles », ce qui n’a pu se faire, a priori,qu’en 813 / 814), Argila (env. 795 - env. 845), comte du Razès et aussi comte enConflent (844), et Rotrude. Argila a pour fils Béra II (env. 820 - apr. 846), comte duRazès et Conflent en 846, d’où vient Miron (env. 850 - apr. 877), qui se révolte contreCharles le Chauve et sera sanctionné en 877 par la confiscation de ses biens, bientôtattribués à Oliba II, comte à Carcassonne. Voir plusieurs articles de Pierre Ponsich, àsavoir « Le Conflent et ses comtes, du IXe au XIIe siècle », Etudes roussillonnaises, 1951,3-4, pp. 241-344, « Béra Ier, comte de Barcelone, et ses descendants. Le problème deleur juridiction comtale », Conflent, Vallespir et montagnes catalanes, Montpellier, 1980(51e congrès de la FHLMR, 10-11 juin 1978), pp. 50-69, et « Le comté de Razès, destemps carolingiens au Traité de Corbeil (759 - 1258) », Etudes roussillonnaises, tome 9(1989) (congrès de la FHLMR), pp. 33-54. Cet auteur pense que Béra était trèsprobablement un fils de Guillaume, né d’une Septimanienne, mais il n’en est cependantpas sûr.79. Après Béra Ier, les hommes forts de Barcelone seront : (820 à 826) Rampon, puis,après la mise en place, en 826, d’une grande MARCHE D’ESPAGNE / GOTHIE(comprenant les comtés de Barcelone, de Gérone, du Roussillon, d’Empories, deNarbonne ...), en tant que préfets : (826 à 832) Bernard « de Septimanie ». (832 à 835)Bérenger. (835 à 844) (de nouveau) Bernard « de Septimanie ». (844 à 848) SunifredIer († 848). (848 à 852) Autran Ier / Aléran. (852 à 858) Oudry / Odalric. (858 à 862)Onfroi / Humfred († 864). (862 à 870) Ogier / Otger. (870 à 878) Bernard « deGothie ». En 878, la « marche d’Espagne / Gothie » est amputée de la Septimanie.- la NOUVELLE MARCHE D’ESPAGNE, toujours centrée sur Barcelone etcomprenant, dans le Razès, le Fenollède, le Capcir et le Conflent, a désormais pourpréfet / marquis : (878 à 897) Guifred (Ier) « le Velu » (env. 840 - 897).- la « marche de Gothie », centrée sur Narbonne, est tenue par un « marquis » deGothie / duc à Narbonne, en la personne de Bernard « Plantevelue » (cf. § V.9.). 80. Sans doute aussi pour des raisons politiques, le monastère de Saint-Thibéry auraitété donné au pape Serge II (844 à 847) ou Serge III (904 à 911) (cf. § IV.3.). Sontmieux connues les donations à la basilique Saint-Pierre de Rome relatives, d’une part,aux monastères de Pothières et de Vézelay en 863, alors sous le cens annuel, pourchacun des monastères, d’une livre d’argent (cf. § V.17 et 18) et, d’autre part, à celuid’Aurillac, après la mort de son fondateur survenue en 909, sous le cens de 10 sous d’orpayé tous les deux ans.81. Cf. Böhmer, nn. 569 / 549 (815). Durliat, p. 553 (avec un plan), et, pour lesrapports avec Lorsch, K. Glöckner, Codex Laureshamensis, t. 1, pp. 299-300 et 304.82. EGINHARD / Eynard (env. 770 - 14 mars 840), écolier éduqué au monastère deFulda, puis, présenté à Charlemagne en 794 par l’abbé Baugulf, il est alors « nourri » àla cour. Ayant acquis une grande connaissance des auteurs latins, amateur de poèmes etd’arithmétique, il est apprécié d’Alcuin († 804) qui conseille à l’empereur de le prendreà son service. En 806, Eynard est chargé de porter à l’approbation du pape Léon III(795 à 816) les termes du règlement du partage de ses Etats entre ses enfants (Divisioregnorum ). En 813, il prend la parole lors de l’assemblée associant Louis à l’empire (cf.Ermold ). A la fin du règne de Charlemagne, puis au début de celui de Louis, il devient

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le responsable des travaux du palais d’Aix, ce qui explique pourquoi Walafrid Strabonle mentionne parmi les membres du Palais dans son De imagine Tetrici et le compare aubiblique Betsaleel, maître d’œuvre du premier sanctuaire très haut (qui « fit tout ce quel’Eternel avait ordonné à Moïse » : Exode, 38). Un des hommes de confiance de Louisle Pieux, Eginhard - qui se rend souvent au palais - est choisi pour être, en 817, leprécepteur du jeune Lothaire, récemment associé à l’empire (époque de l’ Ordinatioimperii ). Eginhard, laïc, reçoit aussi les revenus de plusieurs monastères dont il est« abbé laïque » (Saint-Pierre et Saint-Paul au Mont-)Blandin (à Gand : 815),Fontenelle (816/817 à 823), Saint-Bavon de Gand (819), Saint-Servais de Mastricht(819/821), Fritzlar et Saint-Claude de Paris et Saint-Jean de Pavie. Il participe à diversplaids, comme ceux de septembre 820 (palais de Quierzy), février 828 et fin 828,moments cruciaux eu égard au grave conflit qui divise alors les Francs. Entre 830 et840, Eginhard écrit, notamment la « Vie de Charlemagne », en forme de panégyrique,à partir de souvenirs et de documents dont il dispose, et échange des lettres avec sesamis, notamment avec Loup, abbé de Ferrières, autour de 838, auquel il dédie l’ouvrageintitulé : « De l’adoration de la Croix ». Il meurt le 14 mars 840. Raban Maur (784 -856) a composé son épitaphe. De très nombreuses publications traitent d’Eginhard, quicomprennent, par ailleurs, toutes la bibliographie utile (cf. nn. 83 et 86).83. Voir Einhard, « Translatio et miracula sanctorum Marcellini et Petri » (Georg Waitz,MGH, Scriptores, 15 / 1, Berlin 1887, pp. 238-264), Peter Bruder, Die heiligen MartyrerMarcellinus und Petrus, Mainz, 1878, et Martin Heinzelmann, « Einhards, TranslatioMarcellini et Petri : eine hagiographische Reformschrift von 830 », Einhard. Studien zuLeben und Werk, Hessische Historische Kommission, Darmstadt, t. 12 (1997), pp. 269-298 (avec une bonne bibliographie sur Eginhard et un excellent travail sur lasymbolique de la chapelle palatine d’Aix).84. Voir le cartulaire publié en 1883 par Ignace de Coussemaker (voir notamment lespièces 1-5). Chanoine J. Bataille, Cysoing. Les seigneurs. L’abbaye. La ville. La paroisse,SILIC, Lille, 1934, et sans doute Harald Krahwinkler, Friaul im Frühmittelalter ...,Weimar, 1992.85. Parmi les enfants d’Evrard, Unroch († 874), marquis de Frioul, Bérenger (Ier)(† 924), roi d’Italie et empereur des Romains, assassiné à Vérone au début de mars 924,Adélard / Adalard, abbé de Cysoing, Rodolphe († 892), abbé de Saint-Vaast,Ingeltrude († apr. 863), Judith, Heilwich († 892, qui épouse successivement Hubaud,comte d’Ostrevant, † 926, puis Roger, comte de Laon)... Voir E. Favre, « La familled’Evrard de Frioul », Etudes d’histoire du Moyen Age dédiées à G. Monod, 1896, pp. 161et suiv. « Die Unruochinger » en Werner, pp. 133-137, ainsi que des tableauxgénéalogiques en Carolingiens, n. XXI, et Le Jan, pp. 183 et 443. 86. Hubert Post, Die Geschichte der Benediktiner-Abtei Selingenstadt. Die Äbte desKlosters Seligenstadt, Förderkreis Historisches Seligenstadt e. V., sd (avec une bonnebibliographie). Roswithe Zeilinger, « Eginhard et la sculpture carolingienne. Lesdécouvertes de Seligenstadt », Charlemagne et la renaissance carolingienne, Dossiers del’archéologie (n. 30, sept.-oct. 1978), pp. 104-112 (avec une représentation esquissée dumonastère, qui me semble d’ailleurs inversée).87. La charte de fondation, résumée vers 1050, évoque la dédicace de l’église parl’évêque de Chartres (858 à 880). Voir René Merlet, « Petite chronique de l’abbaye deBonneval, de 857 à 1050 environ », Mémoires de la Société archéologique d’Eure-et-Loir,t. 10, 1890, pp. 14-38.88. Voir, pour la charte de fondation des deux monastères de Pothières et Vézelay, Lucd’Achery, Spicilegium, Paris, 1659, t. III, pp. 446-499. Eugène Vaudin, Libéralités, vie etmœurs de Berthe et de Gérard sous le règne de Charles le Chauve, suivi des actes de leursfondations ..., Paris, Chez l’auteur, 1889, avec une traduction de l’acte de fondation desmonastères de Vézelay et de Pothières (pp. 52-56). R. Louis, 3 tomes, De l’histoire à lalégende. Girard, comte de Vienne (... 819 - 877) et ses fondations monastiques, Auxerre,1946-1947, t. 1, pp. 59-66 (858 / 859) et 84-94 (863). Sapin, pp. 118-121. Cf. n. 90.89. Cf. n. 23. Tableaux généalogiques en Carolingiens, n. XIV, et Le Jan, p. 442. 90. V. Saxer, « Le statut juridique de Vézelay des origines à la fin du XIIe siècle.Contribution à l’histoire des privilèges monastiques d’immunité et d’exemption »,Revue de droit canonique, t. 6 (1956), pp. 225-262. R.B.C. Huygens, « Monumentavizeliacensia ». Textes relatifs à l’histoire de l’abbaye de Vézelay, Turnhout, 1976.

D. Vorreux et H. Champollion, Vézelay, Editions Ouest-France, 1997. B. Pujo,Histoire de Vézelay, Perrin, 2001. Christian Sapin, « Vézelay (Yonne) », Cluny / Dossiersd’archéologie / 2002, pp. 134-139. Cf. n. 88.91. Etienne Fournial, Cartulaire de l’abbaye de Vabres au diocèse de Rodez. Essai dereconstitution d’un manuscrit disparu, Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron /CERCOR, Saint-Etienne, 1989.92. Raymond Ier est père de Bernard « le Veau » (env. 840 - 875, assassiné par Bernard« Plantevelue »), « marquis à Toulouse » à partir d’environ 863 et qualifié, en 862, deseigneur (dominator ) et défenseur du monastère de Vabres. Voici, pour TOULOUSE,une liste (approchée) des divers MARQUIS ou DUCS voire PREFETS DE LAMARCHE : (790 à 806) (Ch)Ourson, voire Corson, destitué en 790. (790 à 806)Guillaume († 812). (806 à 814) Bégon († 816). (814 à 835) Bérenger († été 835). (835à 838 pour Pépin Ier, 838 à 844 pour Pépin II, contre Charles le Chauve) Bernard « deSeptimanie » († 844). (841 / 842 à 844, pour Charles le Chauve) Acfred / Effroi. (844/ 849 à 852 / 855, pour Charles le Chauve et venant du Rouergue) Frédelon (env. 800- 852 / 855). (852 / 855 à env. 863) (le frère de ce dernier) Raymond Ier (env. 810 -env. 863). (env. 863 à 875) (le fils de ce dernier) Bernard « le Veau » (env. 840 - 875,assassiné par Bernard « Plantevelue »). (à partir de 875) (le frère de ce dernier) Eudes.93. Les NORMANDS causaient à cette époque beaucoup de maux, en s’en prenantessentiellement aux personnages susceptibles d’être rançonnés, ainsi qu’aux richesmonastères et à leurs trésors. Le monastère de Saint-Pierre du Fossé par exemple, estattaqué en 861 et devra être reconstruit (cf. § IV.1.a). Voir, par exemple, J. Renaud, LesVikings en France, Editions Ouest-France, 2000, 126 pp.94. Voir le texte de la dédicace conservé dans les archives du diocèse de Narbonne etpublié en Gallia christiana, t. 6 (1739), Instrumenta, c. 103. Docteur J. Picheire,Monographie de l’église romane de Formiguères-en-Capcir (Pyrénées-Orientales), LibrairieClareton, Béziers, 1940, avec la copie dudit texte de la fondation (pp. 55-58) et unetraduction (pp. 8-10).95. Guifred Ier - qui transporte le centre de son action de la Cerdagne à Barcelone - etMiron Ier ont aussi pour frère Raoul († av. 915). Tous sont les neveux de Gisclafed etd’Oliba Ier, héritiers du comte de Carcassonne, et vraisemblablement aussi de SuniaireIer († 862), comte d’Empuriès et du Roussillon. 96. Acfred Ier / Effroi épouse, vers 870, Adelinde, fille de Bernard « Plantevelue », d’oùGuillaume (env. 870 - 927) - qui succèdera à son oncle Guillaume « le Pieux » - etAcfred II / Effroi (env. 870 - 927 / 928). Cf. n. 70.97. ADALARD (753 - 2 janvier 826), petit-fils de Charles Martel et neveu de Pépin leBref, est abbé de Corbie de 781 à 826. Appelé « Antoine », c’est le mentor du jeuneBernard « d’Italie », pour lequel il composa sans doute son De ordine palatii. Exilé à lamort de Charlemagne, puis revenu en grâce en 821, c’est l’auteur des fameux « Statutsde Corbie » rédigés en 822 pour améliorer la gestion de son monastère. On y trouve,par ailleurs, la description de l’organisation de son monastère. Sa Vie a été écrite parPaschase Radbert († 865), abbé de Corbie à partir de 844. Cf. § IV.6.c.98. WALA (772/780 - 31 août 836), petit-fils de Charles Martel, neveu de Pépin leBref et époux de Rolinde (Chrodlinde ), est le premier des comtes cités dans le testamentde Charlemagne en 811 (cf. Charlemagne ). Exilé au monastère de Corbie dans lespremières années du règne de Louis le Pieux, sans doute dès 814, se réconcilie avecl’empereur en 822 lors de la confession publique / « pénitence d’Attigny ». Il va avecLothaire en Italie en 822 (plaid en 824 au sujet du monastère de Nonantola ...), devient« vrai abbé » des monastères de Corbie et de Corvey à la mort d’Adalard, son aîné,survenue en 826, puis, pro fide regni et regis, il s’oppose, à partir de 829, à la politiquede Louis le Pieux, qu’il accuse d’être trompé par Judith et son amant Bernard « deSeptimanie » ... Ayant pris part à la révolte de 830, il est exilé lors du plaid de Nimèguede l’automne 830 et suit alors Lothaire Ier dans son exil italien. Il se réconciliera, denouveau, avec Louis le Pieux lors du plaid tenu à Thionville en mai 836. Sa Vie a étéécrite par Paschase Radbert († 865), abbé de Corbie à partir de 844, sous le titred’Epiphanium Arsenii. Voir Lorenz Weinrich, Wala. Graf, Mönch und Rebell. DieBiographie eines Karolingers, Lübeck / Hamburg, 1963.99. Voir le cartulaire de Notre-Dame de Nîmes édité par Eugène Germer-Durand,Nîmes, 1874, charte n. 127 (pp. 200-202).

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IX - Abréviations relatives à certaines référencesbibliographiques et commentaires

Alard : F. Lot, « Mélanges carolingiens. Note sur le sénéchal Alard », Le Moyen Age,t. 21 (1908), pp. 185-201, ou réimpression dans son Recueil de travaux historiques, t. 2,Genève, 1970, pp. 591-607. Alémanie : Michael Borgolte, Geschichte der Grafschaften Alemmaniens in fränkischerZeit (comtes d’Alémanie), Sigmaringen, 1984.Annales de Saint-Bertin : les Annales de Saint-Bertin (Annales Bertiniani ), officieuses etcouvrant la période de 840 à 882, ont été commencées par l’Hispanus Prudence(† 861), évêque de Troyes (843 / 846 à 861), puis poursuivies après sa mort, entre 861et 882, par Hincmar († 882), archevêque de Reims (845 à 882). Edition par Félix Grat,Jeanne Vielliard et Suzanne Clémencet, avec une introduction et des notes de LéonLevillain, Paris, 1964.Annales royales : les Annales du Royaume des Francs, Annales royales ou Annales deLorsch couvrent la période de 741 à 829, la partie 819 à 829 étant due à la plumed’Jilduin, abbé de Saint-Denis, destitué en 830 et exilé à Corvey. MGH, Script. RerumGerman. in usum ..., éd. F. Kurze, Hanovre, n. 6, 1895, pp. 1-178. Aquitaine / 1937 : Léon Auzias, L’Aquitaine carolingienne (778 - 897), Toulouse-Paris,1937, 587 pp.Aquitaine / 1958 : Eugen Ewig, « L’Aquitaine et les pays rhénans », Cahiers decivilisation médiévale, t. 1 (1958), pp. 37-54.Aquitaine / 1967 : Philippe Wolff, « L’Aquitaine et ses marges », Karl der Grosse, t. 1(1967), pp. 269-306.Aquitaine / 2002 : Christian Lauranson-Rosaz et Carinne Juillet, « L’Aquitainecarolingienne », Hortus artium medievalium, t. 8 (2002), pp. 167-177.Astronome : L’Astronome, Vita Hludowici imperatoris, MGH, Script. Rerum German. inusum ..., édit. Ernst Tremp, t. 64, Hanovre, 1995, 681 pp., ici pp. 279-555. Sousl’appellation générique de « monastères », l’Astronome évoque les établissementsmonastiques (re)construits par le roi Louis, à savoir : Saint-Philibert (Noirmoutier),Saint-Florent (le Vieil, vers Cholet), Charroux, Conques, Saint-Maixent, Menat (versClermont), Manglieu, Moissac, Saint-Savin (sur Gartempe, Vienne), Massay,Nouaillé, Saint-Chaffre (Sancti Theotfridi ), Saint-Paixent, Donzère, Solignac, lesmoniales de Sainte-Marie (à Limoges) et de Sainte-Radegonde (à Poitiers), Dèvres(vers Bourges), Deutera (en Toulousain : lieu non identifié). Il ajoute à cette listeUadala (a priori Velleda, vers Barcelone), et, en SEPTIMANIE, Aniane, Gellone,Saint-Laurent, Sainte-Marie de la Roubine (La Grasse), Caunes et plusieurs autres (pp.338-340).Atsma et Vezin : Hartmut Atsma et Jean J. Vezin, Chartæ Latinæ Antiquiores, France, 1à 6 (Dietikon et Zurich), 1981-1987.Auvergne : Christian Lauranson-Rosaz, L’Auvergne et ses marges (Velay, Gévaudan) duVIIe au XIe siècle, Le Puy-en-Velay, 1987, 494 pp.BEC : Bulletin de l’Ecole des ChartesBenoît : Ardon (converti en « Smaragde », soit Emeraude), abbé du monastèred’Aniane, écrit en 823 la Vie de Benoît († 821), fondateur de son monastère, suivantl’exemple en cela de Sulpice Sévère, disciple de Martin, qui avait écrit la Vie de sonmaître l’année même de la mort (397). Pour le texte latin, voir, par exemple, Cartulaired’Aniane, pp. 1-35, et, pour la traduction, Vie de Benoît d’Aniane, Abbaye deBellefontaine (Vie monastique, n. 39), 2001, 124 pp. Prenant pour exemplel’Astronome, le traducteur confond, à tort selon moi, le monasterium et la cella pour enfaire, dans tous les cas, un « monastère ». Il note, par exemple, que, « comme les ancienscouvents (cetera loca ) ne pouvaient recevoir tous les moines, il fit bâtir, en des lieuxconvenables, des monastères (cellas ) où il établit des frères sous la dépendance desupérieurs (magistris ) » (n. 22) et ajoute que sont concernés, à ce titre, 12 monastères -Benoît suit en cela l’exemple de Benoît de Nursie, son modèle (cf. § VII.1.) -, à savoirceux d’Aniane, Gellone, Cazeneuve, L’Ile-Barbe, Menat, Saint-Savin, Saint-Maximin(Micy / Saint-Mesmin), Massay, Cormery, Celle Neuve en Toulousain, Marmoutieren Alsace et Inden (n. 34). Ardon précise quelques cas avec Cormery (cf. § IV.5.d),L’Ile-Barbe (cf. § IV.1. Introduction) et la construction d’un « monastère » parThéodulf, évêque d’Orléans jusqu’en 818 (Saint-Maximin / Saint-Mesmin / Micy). A

chaque fois, Benoît envoie des moines, a priori au nombre d’une vingtaine (soit 12 x 20= 240). Böhmer : J. Fr. Böhmer, Regesta imperii, t. 1, Hildesheim, 1966, 989 pp.Bonnet et Descatoire : C. Bonnet et C. Descatoire, Les Carolingiens et l’Eglise (VIIIe -Xe siècle), Editions Ophrys, 1996, 161 pp.Boulhol : Pascal Boulhol, « Pratiques et enjeux de l’invective dans la controversethéologique à l’époque carolingienne : Dungal et Jonas d’Orléans contre Claude deTurin », Lalies. Actes des sessions linguistique et de littérature, n. 20 (1999), pp. 223-253(ENS / Editions Rue d’Ulm).Boureau : Alain Boureau, « Les théologiens carolingiens devant les images religieuses. Laconjoncture de 825 », Nicée II (787 - 1987). Douze siècles d’histoire religieuse, Paris,1987, pp. 247-262.Brunterc’h : Jean-Pierre Brunterc’h, « Le duché du Maine et la marche de Bretagne »,Neustrie, t. 1 (1989), pp. 29-127.Carolingiens : Pierre Riché, Les Carolingiens. Une famille qui fit l’Europe, Paris,Hachette, 1983, 438 pp. Cartulaire d’Aniane : cartulaire d’Aniane édité par l’abbé Cassan et E. Meynial,Montpellier, 1900, 688 pp.Catalogne / 1926 : Ramon d’Abadal i de Vinyals, Catalunya carolingia, Barcelone,Institut d’Estudis Catalans, tt. 1, 2 (en 2 vol. : 1926-1950 / pp. 1-301 et 1952 / pp.307-590) et 3 (1955 / 80 pp. et 224 pp., avec « Els comtats de Pallars i Ribagorça »).Catalogne / 1954 : Ramon d’Abadal i de Vinyals, « La Catalogne sous l’empire de Louisle Pieux », Etudes roussillonnaises, tt. 4 (1954 / 1955, pp. 239-272), 5 (1956, pp. 31-50et 147-177) et 6 (1957, pp. 67-95).Catalogne / 1958 : Ramon d’Abadal i de Vinyals, Els primers comtes catalans, Barcelone,Teide, 1958, 369 pp., ouvrage analysé par Marcel Durliat, Cahiers de civilisationmédiévale, t. 2 (1959), pp. 228-229. Charlemagne / Philippe Depreux : Charlemagne et les Carolingiens, Editions Tallandier,2002, 160 pp. Charlemagne / Eginhard : Eginhard, Vie de Charlemagne, Paris, Les Belles Lettres,1947, 128 pp., édition et traduction de Louis Halphen. Eginhard donne les noms despersonnages qui souscrivent, en 811, au testament que Charlemagne fait après la mortde son fils aîné Charles (811), à savoir :- 11 ARCHEVEQUES / EVEQUES, parmi lesquels Oulfier (arch. de Reims), Leidrade(arch. de Lyon), Théodulf (év. d’Orléans), Heito (év. de Bâle).- 4 ABBES : Fridugise (Saint-Martin de Tours), Adalon / Adalung (Lorsch), Angilbert(Saint-Riquier) et Irminon (Saint-Germain des Prés). - 15 COMTES : Wala, Maynier, Odoul, Etienne (cf. n. 25), Unroch (cf. § V.14.),Bourchard, Maynard, Aton, Ri[c]uin, Edon, Archangaire, Gérold (cf. § VII.2.a), Béra(« Bero » : cf. § V.12.), Hildegerne et Rocoul.Charlemagne / Riché : Pierre Riché, Charlemagne, Paris, Librairie Académique Perrin,1996, 124 pp.Charles le Chauve : Janet L. Nelson, Charles le Chauve, Aubier, 1994, 404 pp.Chélini : Jean Chélini, L’Aube du Moyen Age. Naissance de la chrétienté occidentale. Lavie religieuse des laïcs dans l’Europe carolingienne (750 - 900), 2e édit., Picard, 1997,548 pp.Claude : Pascal Boulhol, Claude de Turin. Un évêque iconoclaste dans l’Occidentcarolingien, Institut d’Etudes Augustiniennes, 2002, 568 pp.Conciles : C. Josef Hefele et dom Henri Leclercq, Histoire des conciles, 8 vol., 1907-1938. Corboz : André Corboz, Haut Moyen Age, Office du Livre, Fribourg, 1970, 192 pp. DHGE : Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiqueDhuoda : (Pierre Riché) Dhuoda, Manuel pour mon fils, Les Editions du Cerf, 1976,394 pp. (avec une 2e édition en 1990, alors intitulée : Livre pour mon fils ). La rédactionde ce manuel / livre a été effectuée par Dhuoda, épouse de Bernard « de Septimanie »(cf. § V.9.), précisément entre les 30 novembre 841 et 2 février 842, et cite les défuntsde la famille : Thierry, parrain de Guillaume, fils de Bernard et de Dhuoda, Guillaume,Cunégonde (Chungundis : serait-ce là une « Ungonde » ?), Gerberge, Guiburge,Gaucelm / Gauzhelm (Gothzelmus ), Garnier, Rolind(e) (Rothlindis ). Il est aussiquestion, alors parmi les vivants, d’Herbert, et des acrostiches mentionnent la graphie

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précise des noms de l’auteur et de son fils, Dhuoda et Guillaume : DHVODANE, soit,a priori, le classique Dode, et VERSI AD VVILHELMVM F.Dictionnaire : Pierre Riché, Dictionnaire des Francs. Les Carolingiens, Bartillat, 1997,245 pp.Dierkens : Alain Dierkens, Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse (VIIe - XIe siècles).Contribution à l’histoire religieuse des campagnes du Haut Moyen Age, Jan ThorbeckeVerlag, Sigmaringen, 1985, 367 pp.Diplômes carolingiens / 1 ou / 2 : 1 (Pépin, Carloman et Charlemagne), MGH, Dipl.Karol. 1, Hanovre, 1906, 581 pp. (édit. Engelbert Mühlbacher), et 2 (Lothaire Ier etLothaire II), MGH, Dipl. Karol. 3, Berlin et Zurich, 1966 (édit. Th. Schieffer).Diplômes de Charles le Chauve : G. Tessier, Recueil des actes de Charles II le Chauve, 3vol., Paris, 1943, 1952 et 1955.Diplômes de Pépin Ier et II : L. Levillain, Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II, roisd’Aquitaine (814 - 848), Paris, 1926.Durliat : Marcel Durliat, Des barbares à l’an mil, Paris, Mazenod, 1985, 618 pp.Ebroin : Otto Gerhard Oexle, « Bischof Ebroin von Poitiers und seine Verwandten »,Frühmittelalterliche Studien, 3 (1969), pp. 138-210.Elzière : Jean-Bernard Elzière, « Sud du Massif Central, Eglises de Rhénanie etRoyaume des Austrasiens à l’époque mérovingienne (VIe - VIIIe s.) », Bulletinmonumental, t. 151 / 1 (1993), pp. 47-72 (« Mélanges Henri-Paul Eydoux »).Ermold : Ermold le Noir, Poème sur Louis le Pieux et Epîtres au roi Pépin, 2e tirage,Paris, Les Belles Lettres, 1964, 267 pp., avec édition du texte et traduction par EdmondFaral, laquelle, datant de 1932, est sévèrement critiquée par L. Levillain. Ermold arédigé son œuvre en exil en 827. A ce sujet, cf. Alain Dubreucq, « Poésie et image del’empereur à l’époque carolingienne : l’exemple d’Ermold le Noir », Hortus artiummedievalium, t. 8 (2002), pp. 193-204.Fleckenstein : J. Fleckenstein, « Über die Herkunft der Welfen und ihre Anfänge inSüddeutschland » et « Über die ältesten Welfen im West und Ostfrankenreich,Tellenbach, respectivement pp. 71-136 (à propos de la famille de Judith, seconde femmede Louis le Pieux). Frédégaire : édition du texte, avec traduction d’Olivier Devillers et Jean Meyers,Brepols, 2001, 285 pp., où se trouvent à la fois la chronique, composée par unAustrasien en 736 (pp. 58-201 : 90 rubriques) et les continuations jusqu’en 768 (pp.202-263 : 54 rubriques), lesquelles dernières semblent avoir été rédigées dans unmonastère de Bourgogne sous les patronages, d’une part, de Childebrand, comte àAutun, fils de Pépin II de Herstal et donc (demi-)frère de Charles Martel, et, d’autrepart, de son fils Nivelon, le dédicataire étant sans doute Pépin le Bref. Pour les annéessuivantes, cf. Annales royales. C’est exactement en 736 que Childebrand réunit unearmée à Lyon pour mener campagne dans la vallée du Rhône contre les musulmans etleurs alliés méridionaux. Fulrad : Alain Stoclet, Autour de Fulrad de Saint-Denis (v. 710 - 784), Droz / Genèveet Champion / Paris, 1993, 695 pp.Gascogne / 1982 : Renée Mussot-Goulard, Les princes de Gascogne (768 - 1070), CTREditeur, 1982, 263 pp. Gascogne / 2002 : Renée Mussot-Goulard, Les Gascons. Une aristocratie régionale auxtemps mérovingiens, 2e édit., Atlantica, 2002, 265 pp.Gobry : Ivan Gobry, Les moines en Occident. De saint Antoine à saint Basile, Paris, 1985.Heitz : Carol Heitz, La France pré-romane. Archéologie et architecture religieuse du HautMoyen Age. Du IVe siècle à l’an Mille, Editions Errance, 1987, 340 pp.Hincmar : Jean Devisse, Hincmar, archevêque de Reims (845 - 882), 1 tome en 3 vol.,Genève, 1982, 1585 pp. Hincmar, né en 806, fut un fervent soutien de Charles leChauve.Hubert : Jean Hubert, Jean Porcher et W. F. Volbach, L’Empire carolingien, Univers desFormes, 1968, 379 pp.Karl der Grosse : W. Braunfels (direct.), Karl der Grosse. Lebenswerk und Nachleben, 4vol., Düsseldorf, 1965-1967.Lauwers : Michel Lauwers (direct.), Guerriers et moines. Conversion et saintetéaristocratiques dans l’Occident médiéval (IXe - XIIe siècle), Editions APDCA, Antibes,2002, 678 pp.

Le Jan : Régine Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe - Xe siècle). Essaid’anthropologie sociale, Publications de la Sorbonne, 1995, 571 pp.Lexikon : Lexikon des Mittelalters, Munich.Louis le Pieux : Philippe Depreux, Prosopographie de l’entourage de Louis le Pieux (781 -840), Thorbecke, 1997, 496 pp.Magnou-Nortier : Elisabeth Magnou- Nortier, La société laïque et l’église dans la provinceecclésiastique de Narbonne (zone cispyrénéenne), de la fin du VIIIe à la fin du XIe siècle,Association des Publications de Toulouse-Le Mirail, 1974, 685 pp.Matfred : « Le comte Matfrid d’Orléans (av. 815 - 836) », BEC, t. 152 (1994), pp. 331-374.McKitterick : Rosamond McKitterick, « Le rôle culturel des monastères dans lesroyaumes carolingiens du VIIIe au Xe siècle », Moines / Société, pp. 117-130.Mélanges Pierre Riché, Michel Sot (coord.) : Haut Moyen-Age, culture, éducation etsociété. Etudes offertes à Piere Riché, Publidix, 1990, 630 pp.Merdrignac : Bertrand Merdrignac, La vie religieuse en France au Moyen Age, EditionsOphrys, 1994, 326 pp. Metz : W. Metz, « Miszellen zur Gesichte der Widonen und Salier », Hist. Jahr., 85(1965), pp. 1-27.MGH : Monumenta Germaniæ Historica.Moines / ermites : Alain Dubreucq et Christian Lauranson-Rosaz, « De l’ermitage aumonastère : aux origines de l’espace monastique en Gaule à partir de deux exemples :Burgondie et l’Auvergne (fin Ve - début VIIe siècle) », Hortus artium medievalium, t. 9(2003), pp. 279-294.Moines / Guerreau-Jalabert : Anita Guerreau-Jalabert, « La Renaissance carolingienne :modèles culturels, usages linguistiques et structures sociales », BEC, t. 139 (1981), pp.5-35. Moines / société : « Le monachisme à Byzance et en Occident du VIIIe au Xe siècle.Aspects internes et relations avec la société », Revue bénédictine, t. 103 (1993), nn. 1-2,288 pp. (actes d’un colloque tenu en 1992).Neustrie : Hartmut Atsma (direct.), La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à850, 2 vol., Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen, 1989, 593 et 543 pp., avec denombreuses contributions de Jean Heuclin, Régine Le Jan, Jean-Pierre Brunterc’h...Nithard : Nithard († 844, contre les Normands), fils d’Angilbert et de Berthe - une fillede Charlemagne -, abbé de Saint-Riquier en 843, écrit pour Charles le Chauve uneHistoire des fils de Louis le Pieux, éditée et traduite par Ph. Lauer, Paris, 1926, avec un2e tirage, Paris, Les Belles Lettres, 1964, 172 pp. Notitia : liste, a priori dressée en 819, après le concile d’Aix du 18 juillet 817, quidonne les noms de 79 monastères royaux sur lesquels s’étend la réforme, selon lesservices qu’ils doivent au roi. Cette liste - la Notitia de servitio monasteriorum ou Notitiaservitii monasterium - a été publiée en MGH, Capitulaires, t. 1, Hanovre, 1873, pp. 349-352, et distingue trois groupes de monastères selon les services dus. Elle ne comprendpas certains grands monastères (dynastiques et autres), tels que Saint-Médard deSoissons, Nivelles, Echternach ou Prüm. - 14 monastères doivent des offrandes (dona ) et le service militaire (militia ), dontFlavigny et, outre Rhin, Saint-Nazaire (Lorsch).- 16 ne doivent que les offrandes (dona ), dont Saint-Seine, ainsi que, outre Rhin,Saint-Boniface (Fulda) et Saint-Wigbert (Hersfeld).- 49 ne doivent que des prières (orationes ) « pour le salut de l’empereur et de ses fils,ainsi que pour la stabilité de l’empire », dont Le Fossé (Fossatus ), Inden (Luda mis sansdoute pour Inda ), Ebersheim, Saint-Maur (Glanfeuil), Cruas, Donzère ...; enAQUITAINE / 13, avec Saint-Philibert (Noirmoutier), Saint-Maixent, Charroux,Sainte-Marie à Limoges, Mastracurii (mis pour Masciacum ), Menat, Conques ...; enSEPTIMANIE / 14, avec Saint-Gilles de la Vallée Flavienne (Saint-Gilles-du-Gard),Psalmodi, Aniane, Saint-Thibéry, Villemagne, Saint-Pierre de Lunas (Joncels),Caunes, Castrelli Malasci (Montolieu), Sainte-Marie de Cubières (Sanctæ-MariæCapariensis ), Sainte-Marie d’Orbieu, Saint-Laurent, Sainte-Eugénie, Saint-Hilaire etVallespir (Arles-sur-Tech), et, en TOULOUSAIN / 4, avec Saint-Papoul, Sorèze, Azil(Le Mas-d’Azil) et Venercha. Oexle : Otto Gerhard Oexle, « Les moines d’Occident et la vie politique et sociale dansle haut Moyen Age, Moines / Société, pp. 255-272.

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Pacaut : Marcel Pacault, “Le monachisme en Occident avant Cluny” dans son ouvrage surL’ordre de Cluny (909 - 1789), Fayard, 1998, pp. 15-47.Pioch : Christian Pioch, Deux seigneuries ecclésiastiques des gorges de l’Hérault. LaSeptimanie carolingienne et les abbayes bénédictines d’Aniane et de Gellone (Saint-Guilhemdu Désert), Cahiers d’études anianaises et gellonaises, n. 1 (1999), 224 pp.René Poupardin : Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855 - 933), Paris, 1901,472 pp., avec des données sur le testament du comte Eccard datant de 875 (pp. 310-314).Pousthomis-Dalle : Nelly Pousthomis-Dalle, A l’ombre du Moûtier. Morphogenèse desbourgs monastiques en Midi toulousain, 2 vol., Toulouse (thèse : à paraître).Saint-Gall : « Plan du monastère de Saint-Gall, vers 820 », Bonnet et Descatoire, pp.101-114.Sapin : Christian Sapin, La Bourgogne préromane. Décor et fonction des édifices religieuxdes IXe-Xe siècles en Bourgogne, Picard, 1986, 310 pp.Schneider : Laurent Schneider, Monastères, villages et peuplement en Languedoc oriental :les exemples d’Aniane et de Gellone (VIIIe - XIIe siècles), Aix-en-Provence, 1996 (thèse).

Septimanie : Jean-Bernard Elzière, « Géopolitique de la Septimanie pendant le hautMoyen Age (Ve - VIIIe s.) », Saint-Guilhem-Le-Désert dans l’Europe du haut Moyen Age,Amis de Saint-Guilhem-Le-Désert, 2000, pp. 245-262 (actes de la table ronde d’août1998).Tellenbach : Gerd Tellenbach, Studien und Vorarbeiten zur Geschichte desgrossfränkischen und frühdeutschen Adels, Fribourg-en-Brisgau, 1957, avec, pourcontribution de cet auteur, « Über die ältesten Welfen im West- und Ostfrankenreich »,pp. 335-340. Thégan : Thégan († env. 844), Gesta Hludowici imperatoris, MGH, Script. RerumGerman. in usum ..., édit. Ernst Tremp, Hanovre, 1995, 681 pp., ici pp. 1-278.Vauchez : André Vauchez, La spiritualité du Moyen Age occidental (VIIIe - XIIIe siècle),Editions du Seuil, 1994, 214 pp.Vogüé : Adalbert de Vogüé, Histoire du mouvement monastique dans l’Antiquité, Editionsdu Cerf, à partir de 1991, avec parution, pour l’heure, de huit volumes, le dernierdatant de 2003 (fondamental). Werner : Karl Ferdinand Werner, « Bedeutende Adelsfamilien im Reich Karls desGrossen », Karl der Grosse, t. I (1965), pp. 83-142.

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Illustration 1 - Représentation d’un abbé laïque, de ses moineset de leur protecteur : Vivien († 851, dans un combat contre les Normands),

abbé (laïque) du monastère royal de Saint-Martin de Tours,et ses moines offrent, en 845 / 846, au roi Charles le Chauve

une bible copiée et illustrée dans leur monastère (BNF).Cf. § IV.1.c et VII.3.

Illustration 2 - Représentation d’un abbé et de son évêque diocésain :Raban Maur (784 - 856), (vrai) abbé du monastère de Fulda (822 à 842),

conduit spirituellement par son maître Alcuin († 804),présente, vers 840, son traité consacré aux « Louanges de la Sainte Croix »à Otgar / Ogier (Autcarius ), archevêque de Mayence (827 / 828 à 847),

auquel il succèdera jusqu’à sa mort survenue en 847(Österreichische Nationalbibliothek, Vienne).

Cf. § IV.5.a. et VII.3., ainsi que n. 9.

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Illustrations 3 et 4 - Eglise San-Benedetto de Malles (Italie) : laïc, sansdoute comte (épée), et abbé associés dans une fondation, représentés en

fresque sur un mur de l’église, sans doute monastique (vers 800).

Illustration 5 - Eglise (de la celle / cellule) de Saints-Pierre-et-Paul(Niederzell) située à proximité du monastère de Reichenau,a priori fondée en 799 par Eginon, ancien évêque de Vérone,et présentant un plan presque identique à celui de l’église deMichelstadt (Steinbach)(d’après W. Erdmann et Durliat, p. 559. Dessin de Michel Fixot).Cf. § II.2.a et V.13, ainsi que l’illustration 22.

Illustration 6 - Représentation d’un (arch)evêque au milieu de ses chanoines,7 diacres et 5 prêtres (Cambridge, Fitzwilliam Museum.D’après Charlemagne / Depreux, p. 30). Cf. § IV.5. et n. 40.

Illustration 7 - Office divin célébré à partir d’unautel placé dans un sanctuaire occidental, vers 850,

représenté à l’intérieur d’une initiale du« Sacramentaire de Drogon »

(BNF. D’après Charlemagne / Riché, p. 88).Cf. § VII.3.a.

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Illustration 8 - Premier exemple d’église à double sanctuaireet à autels multiples : élévation du monastère de Centula / Saint-Riquier

(avec atrium occidental et transept oriental)(d’après Frankl, Handbuch ). Cf. nn. 10 et 14.

Illustration 9 - Premier exemple d’église à double sanctuaireet à autels multiples : plan du monastère de Centula / Saint-Riquier

(avec atrium occidental et transept oriental)(d’après Corboz, p. 131). Cf. nn. 10 et 14.

Illustration 10 - Deuxième exempled’église à double sanctuaire et à autelsmultiples : « plan de Saint-Gall »,qui montre bien l’église et son cloîtreméridional, ainsi que les nombreuxbâtiments affectés aux divers services(Saint-Gall, Stiftsbibliothek. D’aprèsMarcel Brion, Les grandes invasions,Thames & Hudson, 1974, p. 333).Cf. Saint-Gall.

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Illustration 12 -Carte du Royaumedes Francs à l’époquedu partage de Verdun,en 843 (d’après Hubert,figure 378). Cf. § IV.

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Illustration 14 - Monastère de Fulda :église funéraire des moines construite peu après 819

et dédiée à l’archange saint Michel, gardien du Paradiset intercesseur des hommes au moment du Jugement dernier

(d’après Dalman et Corboz, p. 174). Cf. § IV.5.a.

Illustration 15 - Monastère de Corvey :plan de l’église en 844, avec bas-côtés et chœur carré

(d’après U. Lobbedey, et Durliat, p. 561. Dessin de Michel Fixot).Cf. IV.6.c.

Illustration 11 - Extrait d’un « livre de fraternité »,sur lequel on peut distinguer le nom de Guillaume (Willilhelm )(Saint-Gall, Stiftsarchiv, d’après Charlemagne / Depreux, p. 76).

Cf. § III. et n. 18.

Illustration 13 - Monastère de Fulda :basilique funéraire Saint-Sauveur / Saint-Boniface à double sanctuaire,

telle que conçue à partir de 802 et consacrée en 819, la partie occidentale,en forme de croix latine, contenant le corps du martyr saint Boniface

(env. 675-754), apôtre de la Germanie (d’après Edgar Lehman).Cf. § IV.5.a.

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Illustration 16 - Monastère de Corvey :coupe longitudinale, vue du sud, montrant

l’adjonction d’un sanctuaire occidental(Westwerk) entre 873 et 885, la façade

de ce dernier datant de 879 (d’après F. Kreusch,et Durliat, p. 561. Dessin de Michel Fixot).

Cf. IV.6.c.

Illustration 17 - Chapelle palatine d’Aix : vue intérieurede cette chapelle qui a servi de modèle à celle

de Compiègne et est encore en place de nos jours(d’après Hubert, p. 165, figure 78). Cf. n. 53 et § IV.6.d.

Illustration 18 - Chapelle palatine d’Aix :écorché commenté par Pierre Riché,

un des grands spécialistes de l’époque carolingienne(d’après Charlemagne / Riché, p. 71). Cf. n. 53 et § IV.6.d.

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Illustration 19 -Charte originale de donation,

écrite en cursive mérovingienne,datant du 1er février 731 ou 732,

par laquelle Evrard Ier,ondateur du monastère de Murbach (728),

et son épouse Himiltrudefont donation de deux églises

à leur monastère (Colmar).Cf. § V.5. et n. 61

(d’après l’article de L. Levillain,M. Jusselin et J. Vieillard).

Illustration 20 - Monastère de Lorsch :plan et élévation du premier état, avec l’église en bois

construite à partir de 767 et consacrée en 774, ainsi que le cloître au nord(d’après Hubert, p. 296). Cf. § V.7.

Illustration 21 - Monastère de Lorsch :plan et élévation du second état, avec sanctuaire occidental

(au-devant duquel est un atrium) et cloître au sud(d’après Hubert, p. 296). Cf. § V.7.

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Illustration 23 -Eglise de (la celle de) Michelstadt

(Steinbach) :cette église fut donnée

au monastère de Lorsch en 819par Eginhard / Eynard,

auteur de la « Vie de Charlemagne »,et consacrée en 821.

Encore en place pour l’essentiel(maquette de l’église initiale).Cf. § V.13 et l’illustration 5.

Illustration 22 -Eglise de (la celle de)

Michelstadt (Steinbach) :cette église fut donnée

au monastère de Lorsch en 819par Eginhard / Eynard,

auteur de la « Vie de Charlemagne »,et consacrée en 821.

Encore en place pour l’essentiel (plan, avec représentation de la crypte)

(d’après Corboz, p. 12 ).Cf. § V.13 et l’illustration 5.

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Illustration 24 - Monastère de Seligenstadt :basilique en forme de croix latine orientée, avec bas-côtés,

où ont été placés les corps des martyrs romains saints Marcellin et Pierre(d’après Maissner et O. Müller, et Durliat, p. 553. Dessin de Michel Fixot). Cf. § V.15.