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UNE DESCRIPTION INÉDITE DE LA VILLE DE BRUXELLES EN 1734, D'APRÈS UN MANUSCRIT CONSERVÉ À L'UNIVERSITÉ DE CAMBRIDGE par SERGIO BOFFA Bibliothèque Royale Cartes et Plans À partir de la fin du xvne siècle, les membres de la haute société anglaise entreprennent souvent un voyage sur le conti- nent afin de parfaire leur éducation (1). Lors de ce périple, connu sous le nom de Grand Tour (2), ils visitent habituelle- ment l'Italie, la France, les Pays-Bas du nord et du sud et l'Empire, parfois la Suisse ou l'Espagne et plus rarement les pays scandinaves, de l'Est ou d'Orient. Pour les Anglais, le Grand Tour est une expérience exceptionnelle puisqu'il leur permet de découvrir de nouveaux paysages et d'étudier des sociétés fort différentes de la vieille Angleterre. Avec l'amélio- ration des conditions de voyage et d'hébergement au XVIIIe siècle, la visite des grandes villes européennes a de plus en plus de succès. Le nombre croissant de voyageurs sera à l'origine d'un nouveau type de littérature : les guides touristi- (1) Sur les voyageurs anglais aux Temps Modernes, voir W.E. MEAD, The Grand Tour in the Eighteenth Century, Boston et New York, 1914; A. BURGESS (éd.), The Age of the Grant Tour, Londres, 1967; J. BLACK, The British and the Grant Tour, Londres, 1985; J.W. STOYE, English Trav- ellers Abroad, 1604-1667, 2e éd., New Haven, 1989; C.D. VAN STRIEN, British Travellers in Holland During the Stuart Period, Leiden, 1993; A. MAczAK, Travel in Early Modern Europe, Cambridge, 1995 et J. BLACK, The British Abroad : the Grand Tour in the Eighteenth Century, Sutton, 1997. (2) L'expression «Grand Tour» entre en usage dans la seconde moitié du xvne siècle.

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UNE DESCRIPTION INÉDITE DE LA VILLE DE BRUXELLES EN 1734, D'APRÈS UN MANUSCRIT CONSERVÉ

À L'UNIVERSITÉ DE CAMBRIDGE

par

SERGIO BOFF A

Bibliothèque Royale Cartes et Plans

À partir de la fin du xvne siècle, les membres de la haute société anglaise entreprennent souvent un voyage sur le conti­nent afin de parfaire leur éducation (1). Lors de ce périple, connu sous le nom de Grand Tour (2), ils visitent habituelle­ment l'Italie, la France, les Pays-Bas du nord et du sud et l'Empire, parfois la Suisse ou l'Espagne et plus rarement les pays scandinaves, de l'Est ou d'Orient. Pour les Anglais, le Grand Tour est une expérience exceptionnelle puisqu'il leur permet de découvrir de nouveaux paysages et d'étudier des sociétés fort différentes de la vieille Angleterre. Avec l'amélio­ration des conditions de voyage et d'hébergement au XVIIIe siècle, la visite des grandes villes européennes a de plus en plus de succès. Le nombre croissant de voyageurs sera à l'origine d'un nouveau type de littérature : les guides touristi-

(1) Sur les voyageurs anglais aux Temps Modernes, voir W.E. MEAD, The Grand Tour in the Eighteenth Century, Boston et New York, 1914; A. BURGESS (éd.), The Age of the Grant Tour, Londres, 1967; J. BLACK, The British and the Grant Tour, Londres, 1985; J.W. STOYE, English Trav­ellers Abroad, 1604-1667, 2e éd., New Haven, 1989; C.D. VAN STRIEN, British Travellers in Holland During the Stuart Period, Leiden, 1993; A. MAczAK, Travel in Early Modern Europe, Cambridge, 1995 et J. BLACK, The British Abroad : the Grand Tour in the Eighteenth Century, Sutton, 1997.

(2) L'expression «Grand Tour» entre en usage dans la seconde moitié du xvne siècle.

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ques. Les ouvrages de A. Golnitz (3), J. de Pari val ( 4), A. Boussingault (5), F.M. Misson (6) ou J.-B. Christyn (7) auront un grand succès auprès des touristes britanniques. En­suite, les Anglais publieront leurs propres guides. En effet, nombreux sont ceux qui sous la forme de lettres, de journaux ou de récits désirent conserver un souvenir de leurs expérien­ces. Certains de ces textes seront publiés et jugés suffisam­ment informatifs pour que d'autres les utilisent lors de leur propre visite. C'est ainsi que les écrits de W. Carr (8), de J. Macky (9) ou de T. Nugent (10) deviendront célèbres. Les récits de voyages restés inédits sont encore nombreux. L'un d'eux est conservé au département des manuscrits de la bi­bliothèque de l'université de Cambridge et fait l'objet de no­tre article.

Le texte se trouve dans un petit volume (13 x 20 cm) intitulé : Journey from Dover to Holland (11). Le carnet a deux numérotations différentes; l'une en pages (274 p.) et l'autre en folios (135 f'). Puisque les feuillets sont écrits sur une seule face (le recto), nous avons décidé d'utiliser la nu­mérotation en folios dans notre article (12). Le manuscrit est anonyme et non daté, mais des évidences internes nous per­mettent heureusement de préciser tant l'auteur que l'année de

(3) A. GôLNITZ, Ulysses Belgico-Gallicus, Leiden, 1631. (4) J. DE PARIVAL, Les délices de la Hollande, Leiden, 1651. (5) A. BoussiNGAULT, La guide universelle de tous les Pays Bas ... , Paris,

1665. (6) F.M. MISSON, Nouveau voyage d'Italie, fait en l'année 1688, La Haie,

1691. (7) J.-B. CHRISTYN, Les délices des Pais Bas, Bruxelles, 1697. (8) W. CARR, Travels through Flanders, Ho/land, Germany, Sweden,

Londres, 1693 et W. CARR, The Travellour's Guide and Historians Faithful Companion ... , Londres, 1695.

(9) J. MACKY, A Journey through the Austrian Netherlands, Londres, 1725.

(10) T. NuGENT, The Grand Tour : Or a Journey through the Nether­lands, Germany, /ta/y and France, Londres, 1749.

(11) Cambridge University Library, Add. MS 4216. Ce titre se trouve inscrit sur la couverture du manuscrit, mais le catalogue de la bibliothèque le reprend sous Journal of a Tour in the Low Countries.

(12) Seules quelques pages sont écrites sur les deux faces, mais elles ne concernent pas le passage que nous avons choisi d'éditer.

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sa rédaction. L'auteur est indubitablement un membre de l'Université d'Oxford puisqu'il y fait plusieurs fois réfé­rence (13). Il a pour compagnons de voyage un Mr B. et un Mr H (14) Grâce à ces maigres informations, il nous est possible d'identifier John Ratcliff (1700-1775), D.D. (15), Master of Pembroke College, Oxford, qui effectua plusieurs voyages en France et dans d'autres pays européens en com­pagnie d'Edward Bentham (1707-1776), D.D., Regius Profes­sor of Divinity dans cette même université (16), et de Robert Hoblyn, esq. (17) of Nanswybben en Cornouaille et membre de Corpus-Christi à Oxford (18). Leur voyage s'est déroulé entre 1731, année de l'incendie du palais du Couden­berg (19), et 1738, mort de Hermannus Boerhaave, professeur de médecine à la Hoogeschool de Leiden, qu'ils ont rencon­tré en cours de route (20). Puisque nos trois touristes ont assisté à une messe dominicale le 25 août et le 1er septem­bre (21), il doit s'agir de l'année 1734. Celle-ci étant la seule entre 1731 et 1738 où ces deux jours sont des dimanches.

La visite des Pays-Bas se situait habituellement au début ou à la fin d'un Grand Tour sur le continent. Parfois, elle constituait un petit voyage en soi. Nous sommes en présence de cette dernière situation. Le périple de nos trois voyageurs commence le 10 août 1734 et se termine le 28 septembre de la même année. Pendant ces sept semaines, un nombre im-

(13) One of our larger private college libraries in Oxford (:F 57) et one of our halls at Oxford (:F 93). Sur l'Université d'Oxford au XVIIIe siècle, voir T.H. ASTON (éd.), The History of the University of Oxford. V The Eight­eenth Century, Oxford, 1986.

(14) :F 57. (15) D.D. signifie Doctor in Divinity. (16) Sur ce personnage, voir A. CHALMERS, The General Biographical

dictionary, IV, 1812, pp. 475-479 et W. WROTH, «Bentham, Edward, D.D. (1707-1776)», in L. STEPHEN (éd.), Dictionary of National Biography, IV, Londres, 1885, pp. 262-263.

(17) Esq. signifie esquire. (18) A. CHALMERS, Biographical, p. 475. (19) :F 82. (20) H. Boerhaave est mentioné aux :F 56 et 57. Sur ce personnage,

voir A.J. VAN DER AA, Biographisch Woordenboek der Nederlanden, XII, Haarlem, 1853, pp. 726-735.

(21) :F 45 et 57.

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pressionnant de localités sont visitées : Calais, Gravelines, Dunkerque, Furnes, Nieuport, Bruges, Gand, Anvers, Rotter­dam, Delft, La Haye, Scheveningen, Leyde, Haarlem, Amster­dam, Utrecht, Vianen, Gorkum, Dungen, Breda, Wuustwezel, Malines, Bruxelles, Louvain, Tirlemont, Saint-Trond, Liège, Huy, Namur, Fleurus, Carnières, Mons, Valenciennes, Bou­chain, Douai, Lille, Ypres, Pont-Rouge et Bergues-Saint-Win­noe (22). En ce qui concerne les Pays-Bas du sud, on note l'absence de Maastricht, de Tournai, de Dinant et de Spa. Pourtant, cette dernière localité était une célèbre ville d'eau. En août 1732, par exemple, on y trouvait une centaine d'An­glais (23). Mais, il ne s'agit pas du même tourisme. Nos trois voyageurs préfèrent la visite effrénée des centres urbains plu­tôt que le repos des stations thermales. John Ratcliff et ses amis se déplacent à un rythme infernal. Les places que nous avons énumérées sont traversées l'espace de quelques heures ou visitées pendant deux ou trois jours au grand maxi­mum (24). Cette hâte n'a rien à envier à celle de nos actuels touristes américains ou japonais.

Notre texte se présente sous la forme d'un journal de voyage. Le style n'est guère raffiné et l'on y trouve de nom­breux blancs et ratures. Ces imperfections ne sont guère sur­prenantes puisqu'il s'agit du manuscrit original et non d'une copie remaniée. Le récit commence abruptement et sans introduction :

Before 5 in the morning we set out from Dover. Wind S. S. W a ft er a rough passage we arrived at Calais be­tween 3 & 4 afternoon (25 ).

Il se termine non moins brusquement :

The next morning we had the good fortune to find the wind not contrary viz. N.E. After going through the usual ceremonies of attending the governour &c. as at our en-

(22) Le lecteur trouvera en annexe une chronologie détaillée de ce voyage.

(23) J. BLACK, The British Abroad, p. 56. (24) Cette précipitation n'est en rien exceptionnelle, voir les remarques

dans W.E. MEAD, The Grand, pp. 107-108. (25) f' 1.

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trance into the town at first, we went on board the packet boat & in between 5 & 6 hours arrived at Do­ver (26).

Nos compères visitent principalement les établissements re­ligieux (chapelles, églises, collèges de Jésuites ou abbayes), les bâtiments publics (hôtels de ville, cours de justice, bourses, etc.), des demeures privées (palais ou maisons de particuliers) ainsi que les fortifications, les ports, les marchés, etc. John Ratcliff est systématique dans sa description. Il cite méticu­leusement tous les endroits visités. Généralement, il se con­tente d'en donner une impression générale puis, si cela s'avère pertinent, il décrit rapidement les objets les plus im­portants qui y sont conservés (objets cultuels, peintures, sculptures, tapisseries, etc.). Notre auteur adopte donc une attitude fort différente de celle de Joseph Taylor qui, crai­gnant d'ennuyer ses lecteurs, résume ainsi sa visite des éta­blissements religieux bruxellois :

I visited the church of the Recollets and many others. It would be endless to give you a description of them as weil as the religious houses, of which there are above fifty, whose beauty consists chiefly in their fine altars and crucifixes, which I now began to be weary of see­ing (27 ).

Par contre, John Ratcliff fournit peu d'informations sur des événements particuliers (28), sur les paysages traversés, sur les personnes rencontrées ou sur les conditions de voyage. Quelques fois cependant notre auteur daigne mentionner les tracasseries administratives auxquelles lui et ses compagnons sont soumis et les habituels versements de pots-de-vin aux officiers chargés de veiller au maintien de l'ordre :

(26) fO 132. (27) K. V AN STRIEN, Touring the Low Countries. Accounts of British

travellers, 1660-1720, Amsterdam, 1998, p. 118. (28) J. Ratcliff décrit cependant la cérémonie de remise de récompense

aux étudiants de l'école de grammaire Erasme (the Erasmian Grammar Schoo[) à Rotterdam. C'est probablement l'aspect académique de cette ma­nifestation qui justifie une attention particulière (fO 47).

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At 6 o'clock we set out for Bruges in the passage-boat drawn by 2 horses, our money as advised we gave to the schipper; though from the slight examination of the French officer at our entrance into the boat, we found there was no necessity of being so cautious; he asked us whether we had money & we gave him a shilling which sufficiently satisfied him that al! was right. About 2 leagues from Dunkirk we changed boat where another of-ficer would have been glad of a shilling, but we gave him nothing & he did not put himself to the trouble of search­ing the portmanteaus... (29)

L'intérêt de ce texte ne réside donc ni dans ses piètres qualités littéraires, ni dans les rares informations sur le monde du voyage que nous pouvons y trouver (30). Par con­tre, la description systématique, même succincte, d'anciens bâ­timents dont certains ont aujourd'hui disparu et l'énuméra­tion des chefs-d'œuvre qui y étaient conservés sont d'une grande valeur pour les historiens. Rappelons que la destinée de la plupart des œuvres d'art est bouleversée à la fin du XVIIIe siècle suite à la suppression de l'ordre des Jésuites et des couvents contemplatifs sous la période autrichienne puis de l'ensemble des établissements ecclésiastiques sous la pé­riode française. Elles ne sont généralement plus conservées dans leur lieu d'origine et seuls les anciens guides nous per­mettent de suivre leurs tribulations. Ils nous apprennent aussi l'existence d'objets depuis disparus (31).

Ne disposant pas du temps nécessaire à l'édition complète de ce document, nous avons choisi d'en présenter un extrait. Bruxellois d'origine, il nous a semblé naturel de choisir cette

(29) f' 6. On trouvera plus d'informations sur ces tracas bureaucratiques dans W.E. MEAD, The Grand, pp. 149-165.

(30) C'est pourquoi ce document est non seulement resté inédit, mais n'a guère été utilisé par les historiens des voyages.

(31) Par exemple, G.P. MENSAERT, Le Peintre amateur et curieux, ou Description générale des Tableaux des plus habiles Maîtres, qui font l'orne­ment des Églises, Couvents, Abbayes, Prieurés & Cabinets particuliers dans l'étendue des Pays-Bas Autrichiens, Bruxelles, 1763 ou J.-B. DESCAMPS,

Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant, avec des Réflexions relati­vement aux Arts et quelques Gravures, Paris, 1769.

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dernière ville (32). Nous avons tenté d'identifier les œuvres d'art citées par John Ratcliff. Cela n'a malheureusement pas été toujours possible. Nous espérons que les lecteurs nous pardonneront cette imperfection (33). Pour conclure, signa­lons que l'auteur utilise souvent le double point ( :) pour séparer deux membres de phrase bien distincts. Nous avons préféré remplacer ce signe de ponctuation par un simple point (.) ce qui simplifie la lecture du texte. Les ratures sont mentionnées uniquement lorsque nous avons été capables de déchiffrer le ou les mots biffés par l'auteur.

(32) Plusieurs descriptions de la ville de Bruxelles se trouvent éditées dans K. VAN STRIEN, Touring, pp. 109-122. Voir aussi J. BARTIER, «Bruxelles vue par les étrangers», in J. Stengers (éd.), Bruxelles croissance d'une capitale, Anvers, 1979, pp. 408-423.

(33) Dans cette tâche, nous avons été guidé et conseillé par M. Christo­phe Loir. Qu'il en soit ici chaleureusement remercié.

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ANNEXE 1

Description de Bruxelles par John Ratcliff en 1734

Sept. 9

At 7 in the morning we set out in a coach for Brussels; in our way we passed through Vilford (34) a poor town at present, formerly fortified but now ali is gone to ruin (35). From this place the country is more diversi­[f' 81] -fied with hill & dale; we travelled to Brussels ali the way upon a stone-causey (36) though the plantations upon this causey are nothing so regular & constant as those upon others (37); from Vilford to Brussels our way lay upon a fine river or canal (38). & within a mile of Brussels is as fine a plantation of lime trees on each side of a canal leading up to the town, as we could conceive. This is used by the nobility & gentry for their mali. We got into Brussels before 11.

After dinner we took coach & went to the park (39); in this view the plot of it is very small; & the trees stand so thick that it rather deserves the name of a grove. There have formerly been sorne waterworks in a rockwork grotte or two (in one of them is a good statue of a Magdalen in white marble) (40); but the (waterworks) (41) seem quite lost at

(34) Vilvorde. (35) Il s'agit de la forteresse construite par Wenceslas, duc de Brabant,

dans la seconde moitié du xrve siècle et non de fortifications urbaines. Selon un marchand londonien resté anonyme, here is a great castle almost gone to ruin and was once a prison for persans of note. In one room of it, which looks like fair, as saon as you come in it, you slide into a dungeon from whence one never returns (cité dans K. VAN STRIEN, Touring, pp. 113-114).

(36) Causey : causeway. (37) En 1773, James Essex, voyageant d'Anvers vers Bruxelles, compli­

mente aussi la qualité des routes de cette région : The roads are worth the notice of a traveler, being made through the most delightfull inclosed country that can be immagined, it is paved in the middle, as well as the best streets in London, and kept in better repair (cité dans W.E. MEAD, The Grand, p. 51 et J. BLACK, The British and the Grand Tour, p. 44).

(38) Il s'agit du canal de Willebroek contruit au milieu du XVIe siècle et reliant Bruxelles à Anvers en passant par Vilvorde.

(39) Il ne s'agit pas encore du parc royal puisqu'il faut attendre le 10 mai 1776 pour que le projet de transformer les anciens jardins aban­donnés du palais ducal (warande) en une promenade publique soit dé­cidé.

( 40) Rajouté en interligne. (41) Rajouté en interligne.

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present (42). Nor are those within the palace in much better order (43). There is a fine arcade of shellwork & rockwork, but this likewise if no further care, than has lately, be taken will soon be in no better a condi­tion than the waterworks, which seem to have been here in great variety [:f" 82] & abundance. The palisades are all broke, the walks overrun with weeds & upon the whole ail appears (almost) (44) as ruinous as the (pal­ace) (45) itself which was burnt down sometime ago (46). This had a magnificent situation, but of the antique kind viz. upon the brow of one of the loftiest points of the town. Towards the waterworks, were two large ascents balustraded, which are now covered in several parts with the rub­bish. The entrance from the street was through (an area enclosed with) (47) a large antique balustrade of coarse grey marble; which was ornamented with brass statues of several kings & dukes of Brabant. Of these there are only 5 remaining; the court of the palace seems to have had nothing splendid; the hall by it's dimensions seems to have been a noble room.

From hence we went to the armoury (48); a very indifferent room; & the armour therefore not to be seen to any advantage. There are several pieces formerly belonging to Charles V. variegated with gold; particularly a shield &

(42) Bien que le palais ducal ait été détruit, le parc, avec notamment ses grottes et ses fontaines, a continué à attirer les touristes. Joseph Taylor les décrit ainsi en 1707 : There are three grottoes in the park, which supply the fountains and waterworks in the gardens. One is made like a mausoleum with only roots of trees piled one upon another; the others are shells (cité dans K. VAN STRIEN, Touring, p. 116).

(43) Il ne s'agit pas du premier voyageur à critiquer les «fontaines de Bruxelles». En 1663, William lord Fitzwilliam écrit à leur sujet : Here have been likewise very curious waterworks, but now, or at !east at my being there, they were all out of tune. Joseph Taylor n'est guère plus élogieux en 1707 : I believe you will expect from me an account of the waterworks so much talked of, which now run to decay... (cités respectivement dans K. VAN STRIEN, Touring, pp. 109 et 116).

( 44) Rajouté en interligne. (45) Le mot court est barré et remplacé par palace en interligne. (46) L'ancien palais des ducs de Brabant fut détruit par un terrible

incendie dans la nuit du 3 au 4 février 1731 (Sur ce bâtiment, voir A. SMOLAR-MEYNART, A. VANRIE, M. SOENEN, L. RANIERI et M. VER­MEIRE, Le Palais de Bruxelles. Huit siècles d'art et d'histoire, Bruxelles, 1991).

(47) Rajouté en interligne. (48) Une partie de cette collection sera placée en 1785 dans l'ancienne

bibliothèque des Jésuites et, après de nombreuses tribulations finira aux Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles (T.-A. MANN, Description de la Ville de Bruxelles ou Etat présent tant ecclésiastique que civil de cette ville, Bruxelles, 1785, pp. 38-39 et J. SCHOTSMANS, « 1835-1885», in Liber Memorialis 1835-1885. Koninklijke Musea voor Kunst en Geschiedenis. Mu­sées royaux d'Art et d'Histoire, Bruxelles, 1985, pp. 11-29).

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helmet (of iron) ( 49) worked very curiosly with the hammer; [fO 83] the figures many, representing persons in the action of hattie (50) very fine & expressive. Besicles this there is another shield of an engraving of a particular kind, the strokes not perceivable (but) (51) to the eye, appearing something like chiaro oscuro. It represented sorne particular in the history of Pyrrhus & Fabricius, & as we were told was taken from Rome by [blanc] (52).

We afterwards went to the church of the Beguins (53), a modern build­ing of the same kind with that of Mechlin (54), but much more orna­mented with carving & stucco; (the portal withinside the church) (55) but mean. The beguinage here is said to be larger [mot illisible] than that of Mechlin. After taking a few rounds in the mali we returned home (56).

Sept. JO

After 9 we went to the Jesuits church (57) to which there is a pompous ascent by two flights of steps balustraded with coarse grey marble. The room

( 49) Mots supprimés. (50) Sic. (51) Rajouté en interligne. (52) Il faut probablement y lire Charles Quint. L'armurie a beaucoup de

succès. Ainsi, nous pouvons lire dans une description de Bruxelles datée de 1671 : After this we went to the armory, where we beheld very exquisite rarities, as bucklers, headpieces of carved and stained work, coats of mail, swords, pistols and guns of admirable art. The skin of the white horse which brought the Archduke Albert from the battle of Newport, with a tablet of verses in his commendation. Another of a piebald colour which the Archduch­ess Isabella rode on when she entered Bruxelles in state, both upon wooden frames. In ali this variety we ought not to omit a buckler of Charles V, which he caused to be made for his night-sports, when he went in quest of his mistresses. In the inside was a dark lantern, the outside full of little sloping holes that if the adversary made any home pass, upon the !east turn of the arm he broke off his point and at the same time might fall in and wound him with a short sword that stuck in the centre of the buck! er (cité dans K. VAN STRIEN, Touring, p. 112; voir aussi les pp. 110, 117 et 120-121).

(53) Il s'agit de l'église Saint-Jean-Baptiste du Béguinage (sur ce bâti­ment voir D. COEKELBERGHS (éd.), L'Église Saint-Jean-Baptiste du Béguinage à Bruxelles et son mobilier, Bruxelles, 1981).

(54) L'église du béguinage de Malines (Begijnhofkerk) construite partiel­lement par le même architecte que celle du béguinage de Bruxelles, Lucas Faydherbe.

(55) Le mot entrance est barré est remplacé par cette phrase. (56) Nous n'avons pas d'information sur l'endroit où nos touristes lo­

gent. On trouvera quelques généralités sur les auberges dans les Pays-Bas au XVIIIe siècle dans W.E. MEAD, The Grand, pp. 100-102.

(57) L'église des Jésuites se situait à l'actuelle Place de la Justice et occupait tout le terrain entre la rue de Ruysbroek et le Grand Sablon. Elle a été détruite à la fin du XVIIIe siècle.

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itself is a good one of much the same form as the generality [f' 84] of the (Jesuits) (58) other modem built Jesuits churches in these parts. The Altar piece is of painted wood; the picture there representing Xavier in his officiat­ing habit (59). On the Walls is his history, & over that (the) (60) pictures of several of the order, (sorne) (61) of them hanging upon crosses (62).

The church of the Sabloneuse (63) is in both the fronts we saw either much defaced or not finished. Within side it makes a good appearance of the cathedral kind. The paintings here are numerous & most of them seem very old. One in a side isle of Job's Calamities seemed a good one (64). We had no opportunity of being particular. (There is a pretty cha pp el ( 65) belonging to the Prince de la Tour cased entirely with black marble.) (66)

The collegiate church of Calenberg (67) is very ancient but well deserves seeing for its paintings which are numerous & very good. In the chappel on the N. side of the entrance into the quire is a very large painting which represents the Blessed Virgin [blanc] presenting a rich cope to a cardinal with several other figures (68). On the one side another tableau with Isabella de Clara & a nun; on the other, Duke Albert praying with a cardinal [f' 85] near him. Opposite to it is another large piece of the Salutation of Mary & Elisabeth an infant (Xt) (69) & St John; In the

(58) Mot barré. (59) Selon J.-B. Descamps, trois retables décorent alternativement le

choeur : L'adoration des Mages de A. Bloemaert, une Naissance de Jésus­Christ par Cassiers et un tableau de E. Quellyn qui «représente un miracle de Saint-François Xavier». Il est néanmoins possible que le tableau de notre description soit l'un des deux portraits peints par Rubens, tableaux placés à cette époque contre les deux colonnes du chœur; Saint-François Xavier à droite et Saint-Ignace à gauche (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 64).

(60) Le mot severa! est barré et remplacé par the. (61) Le mot severa! est barré et remplacé par sorne. (62) En 1720, cette église est brièvement mentionnée : The Jesuits'

church pretty good, a fine and rich monument erected to St Xavier with his picture on a side of it by Rubens (cité dans K. VAN STRIEN, Touring, p. 120).

(63) Église de Notre-Dame des Victoires au Sablon. (64) Aucune trace de cette calamité de Job dans J.-B. Descamps. (65) Il s'agit de la chapelle de Tour et Taxis. (66) Phrase rajoutée en interligne. (67) Église de Saint-Jacques sur Coudenberg. (68) Elle possédait un retable peint par Rubens pour l'autel de la con­

frérie de Saint-Ildephonse. Sur l'envoi à Vienne de ce retable en 1777, voir C. LoiR, La sécularisation des œuvres d'art dans le Brabant (1773-1842). La création du musée de Bruxelles, Bruxelles, 1998, pp. 23-24. Le retable ayant été démembré, la description semble parler de plusieurs œuvres différentes. J.-B. Descamps nous apprend qu'il se trouvait à la droite de l'autel de la Vierge situé à gauche du chœur (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 44).

(69) S'agit-il de Christ? Nous n'avons pas réussis à résoudre cette ab­bréviation.

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corresponding S. Chappel are several good pieces viz. Over the Altar St Roche St Sebastian with an Angel loosing him (70); St Anthony of Padua, with the Devil behind him & a [mot illisible (71)] at his feet; Cardinal Baromes giving the host in a pestilence; A bishop healing the blind; etc. besides others (72). In the Margarets chappel several good heads. (In this church is another Chappel of the Prince de la Tour entirely cased with black marble.) (73)

The church of the great Carms (74) is no very modern church but has a handsome plainef. The choir is ornamented above the wainscott with the History of Elias in several pieces, the largest by Van Helmont representing his sacrifice & that of the Priests of Baal. Another large one done in 1715 represents a groupe of Carms in one part suppliant to the V ir gin Mary, She interceding to God & in the other [f' 86] a great number of persons in consternation as discomfited. Several good heads of our Saviour, the Blessed Virgin & several famous men of their order are let into the wain­scott. The pulpit here is, like that of the Liliendale (75), of oak carved so as to represent a rock with a cavern underneath, in which sits Elijah under a juniper tree & the Angel coming to him; the sounding board is sup­ported & partly formed by two Palm trees (76).

(At our ordinary this day dined the famous Mr Knight.) (77) After dinner we went to the townhouse, a noble (light) (78) gothick building with a beautiful spire; it fronts as fine a square of old buildings, as can

(70) Tableau de Tyssens (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 45). (71) Peut-être dog. (72) Quant au reste des œuvres conservées dans ce lieu, J.-B. Descamps

mentionne «Le tableau de l'autel de Saint Roch, à la droite du chœur, est une assez bonne copie d'après le tableau de Rubens, dans l'église collégiale d'Alost. Les dix tableaux qui décorent cette Chapelle, sont de Tyssens, excepté un seul qui est peint par Gouthier : ceux de Tyssens sont bien supérieurs en mérite, surtout le Saint Sébastien, près de l'autel, on y trouve une facilité de faire qui fait plaisir : la couleur tient beaucoup de celle de van Dyck» (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 45).

(73) Toute cette phrase est barrée. (74) Il s'agit de l'église des Carmes chaussés située à l'emplacement de

l'actuelle rue des Grands Carmes qui donne dans la rue du Midi. (75) L'auteur se réfère à sa visite de Churh of the nurnery of Liliendale

à Malines (f' 77). (76) La chaire, exécutée par Pierre Denis Plumier, se trouve dans l'église

Notre-Dame de la Chapelle à Bruxelles depuis 1782 (J.-B. DESCAMPS,

Voyage, p. 75 et «Trésors d'art des églises de Bruxelles», in Annales de la Société royale d'Archéologie de Bruxelles, 56, 1979, p. 191). En 1720, cette église est simplement décrite de la manière suivante : At the Great Car­melites see a fine pulpit wrought in wood all of a piece by an artist who is now in England in order to work the King's [George .F'j statue (cité dans K. VAN STRIEN, Touring, p. 121).

(77) Phrase rajoutée en interligne. (78) Mot rajouté en interligne.

UNE DESCRIPTION DE BRUXELLES EN 1734 197

be seen in any other place; most of the se we were told belong to sorne company or other (79). In the inside is a plain small quadrangle with two neat fountains in it (80). Y ou enter into the States Chambers through a narrow gallery painted with the pourtraitures of severa! Kings of Spain & Dukes of Brabant. The three first Chambers of State are adorned with fine tapestry representing in 8 large pieces the History [f" 87] of Clovis King of France, his conquests, triumph, baptism, marriage with (Clo­tilda) (81) & death (82). Over the first chimney is the Duke of Brabant then an infant brought into the field of hattie after Clovis's victory (83). Over the second Mary (84) of Burgundy & Maximilian; she presenting him with the Netherlands (85). The Chamber of the States is a glorious room. The tapestry here is about 18 years old, made in Brussels; the representation exceeding lively & the colours finely mellowed. The first piece represents the inauguration of the present Empereur (86) by the

(79) A la lecture de ce passage, on ne peut imaginer que toute cette zone fut détruite quelques dizaines d'années auparavant, au mois d'août 1695 : In Brussels we found al! the middle and best part of the town beaten dawn by the French bombs; a quarter part being ruined. The stadhouse, Broodhouse and severa! churches are blown up; only the tower of the stad­house is standing and resembles the tower of the Exchange in London. I walked al! over the ruins and found not one house standing amongst them and in al! other parts round the town scarce a house touched. En 1707, la description est déjà tout autre : I went next to see the Grand Place, which is an oblong square. The fronts of the houses are very high and curiously built like the stems of ships. On one side is the town house, on the top of which is the brazen statue of St Michael, the patron of this city. The town [house 1 is very remarkable and over against it is a very old palace [la Broodhuis ou Maison du Roi 1 ( ... ) In this fine place is a large fountain as likewise there are severa! others in the street, but the little one of Manakin Piss is particularly remarkable for its story (cités respectivement dans K. VAN STRIEN, Touring, pp. 114 et 117. Sur la Grand Place, voir La Grand-Place de Bruxelles, Bruxelles, 1974 et V. HEYMANS (éd.), Les maisons de la Grand-Place, Bruxelles, 2001).

(80) Il s'agit de deux fontaines représentant la Meuse, par Jan de Kin­der, et l'Escaut, par Pierre Denis Plumiers, construites vers 1715.

(81) Le nom Matilda est barré et Clotilda est rajouté en interligne. (82) Tapisseries murales de Jacob van der Borght, attribuées à Charles

le Brun par J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 86. (83) Il s'agit de la représentation d'un des épisodes fabuleux de la jeu­

nesse de Godefroid III, duc de Lotharingie et de Brabant (1142-1190), plus précisément de la bataille de Ransbeek, par Victor-Honoré Janssens (1658-1736).

(84) Le nom Margaret est corrigé en Mary. (85) J.-B. Descamps mentionne ce tableau, mais il n'en précise par l'ar­

tiste (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 86). (86) La description étant datée de 1734, il ne peut s'agir que de

Charles VI (1713-1740).

198 SERGIO BOFFA

states of Brabant (87); the 2d the resignation of Charles V to his son Philip (88); the 3d, the entry of Philip the Good upon his government of Brabant (89). Over the chimney is an emblematical piece of the States presenting their government to the present Empereur; whose picture like­wise is placed at one end of the room under a crimson canopy (90). The ceiling is painted with emblematical designs (91).

[f" 88] From hence we drove to the (cathedral) (92) church of St Gudule (93); a stately old building; the W. front is very grand, you as­cend up to it there by a flight of near 30 steps of grey marble balus­traded. The two towers at the W. end have here either been demolished or have not been finished. The quire has a gloomy aspect & contains nothing ornamental; its paving is old & but indifferent; tis difficult to say of what (materials) (94) the altarpiece consists (95); the painting in it seems a good piece representing our Saviours resurrection (96). The entrance into the quire is through a marble portico of various coloured marble much orna­mented with carving but very dirty. On the N. side of the church parallel to the quire is a large chappe! called the chappe! of Miracles (97) in which the famous hosts is preserved. (The) (98) history whereof is described well enough in near 20 large pieces of modern painting which hang in the

(87) «Elévation de Charles VI comme duc de Brabant en 1717», tapis­serie murale de Urbaan Leyniers (c. 1717). J.-B. Descamps les présente comme des tapisseries de L. Leyniers d'après des tableaux de V.H. Jans­sens (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 86).

(88) C'est le 25 octobre 1555 que Charles Quint transmet le pouvoir à Philippe II. Tapisserie murale de Urbaan Leyniers (c. 1717).

(89) En 1430, à la mort de Philippe de Saint-Pol, décédé sans héritier, Philippe le Bon est choisi par les Etats de Brabant comme successeurs. Tapisserie murale de Urbaan Leyniers (c. 1717).

(90) Lorsque J.-B. Descamps fait la description de cette pièce, en 1769, c'est un portrait de «l'Impératrice Reine» qui s'y trouve (J.-B. DESCAMPS,

Voyage, p. 86). Le tableau qui s'y trouvait en 1734 est sans doute le portrait de peint par Jan van Helmont (1650-1721) ou par Phillipe van Roy (1701-1800).

(91) Selon J.-B. Descamps, le plafond peint par Victor-Honoré Janssens représente «L'assemblée des Dieux» (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 86).

(92) Mot barré. (93) Église collégiale SS.-Michel-et-Gudule. (94) Mot rajouté en interligne. (95) Selon J.-B. Descamps, le maître-autel de «marbre blanc jusqu'à

l'architrave» est l'oeuvre de P. Danckers (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 60). (96) Il s'agit de la Résurrection de J. Milé (J.-B. DESCAMPS, Voyage,

p. 60). (97) La chapelle des Miracles est aussi connue comme la chapelle du

Saint-Sacrement. (98) Mot rajouté en interligne au-dessus d'un mot barré illisible. Peut

être whose.

UNE DESCRIPTION DE BRUXELLES EN I734 199

(nave) (99) of the church. It is preserved in a rich vase under three golden crowns set with curious precious stones, the gift of Charles V. The altar to which it belongs [.F 89] seems likewise very rich in silver. Above it is a last supper painted (100), & in the chappel (several) (101) two or three more good paintings relating to our Saviours sufferings (102). On the S. side parallel to the choir is the chappel of the Blessed Virgin. The altar­painting represents her Assumption (103). The windows of this & the former chappel with the (two) (104) large ones in the N. & S. cross isle are very finely painted; most of the painting has been done since 1539 & by the inscriptions appears to have been the gifts of several Emperours & Princes at several times (105). The lower part of all seems to represent sorne particulars of their his tory; the upper something out of Sacred or legendary story. Both these Chappels are separated from the rest of the church by grand brass balustrades (106).

We this day likewise saw the cabinet of Queen Christina at the house of Mr [blanc] a bookseller, who attended us with much civility. It is entirely set with a great variety of precious stones, a great many of them of curious deviees in seals, heads etc.

(99) Mot barré remplacé par un mot illisible. Peut-être sideisle. (100) Il s'agit d'un tableau de M. Coxcie (J.-B. DESCAMPS, Voyage,

p. 59). (101) Mot barré. (102) J.-B. Descamps mentionne un «Jésus-Christ mort soutenu par sa

mère» de B. van Orley et un Ecce Homo peint par M. Coxcie (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 58).

(103) Il s'agit d'un tableau de P. Champagne (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 57).

(104) Mot rajouté en interligne. (105) «Les vitres, peintes par Rogiers, sont autant de présens faits par

des Souverains; la première, en entrant, est donnée par Jean, Roi de Portugal; la deuxième, par Marie, Reine d'Hongrie; la troisième, par Fran­çois I, Roi de France; la quatrième, par Ferdinand, frère de l'Empereur Charles V; et la cinquième, par Charles V, Empereur» (J.-B. DESCAMPS, Voyage, p. 59).

(106) Voici comment notre touriste anonyme parle de Sainte-Gudule en 1720 : See the Great Church of St Gudula, where a very fine chape! du sacrement des miracles. Read in Misson the history of the consecrated hosts preserved there; the memory of which is solemnized every fifty years [le dimanche après le 13 juillet J and will be in six weeks or two months, great preparations made towards it. See in the chape! a picture of Rubens against a pillar at the left of the altar. In the church a picture of St Gudula, the statue of St Thomas done by Larwin [Jerome Duquesnoy ], the tombs of the Dukes of Brabant (cité dans K. VAN STRIEN, Touring, p. 121).

200 SERGIO BOFFA

Sept. 11

About 11 we drove to the tapestry manufacture of Mr (Vander Borcht) (107) & were diverted with the sight of the weavers & several excellent pieces of various designs (108). We afterwards went to Mr Vanderputs & saw several rooms weil furnished with paintings & tapestry; the painting sorne of them by Rubens designed for tapestry; others of landscapes by Vandevenne; the story of Telemachus & Calypso by [blanc]; a closet beautified in the manner of Wattaw; & a large room with excel­lent (tapes) (109) modern tapestry representing in 3 pieces parts of the mosaic history viz. the drowning (the Egg) (110) Pharaoh & his host; the miracle of Moses's striking water out of the rock; and the golden calf; ali done by [blanc] & excellent in their kind.

From hence we went to ramparts which command the highest part of the town (111). They are thrown up to a great hight are planted with trees & command a most delightful prospect both over the town & the adjacent country. The fortifications [:F 91] in these parts are much more laboured than tho se in the lower ones & are carried out pre tt y far; these were the first dry ditches that we had met with in fortifications.

There is but very little plain ground to be met with in Brussels; as y ou pass through it you are in a continuai ascent or descent & those fre­quently very steep ones. The number of magnificent houses here is very large, & the fashion of having jealosies (112), & those of sorne of them of an extraordinary loftiness, is pretty constantly observed. The streets are generally none of the largest; there are several openings but neither large or regular, most of these have a fountain in them; the deviee of each different (113).

(107) Mot rajouté ultérieurement. (108) La tapisserie bruxelloise semble attirer les touristes anglais. En

1720, un de ceux-ci went to Mrs Voss [de Vos}, who has a manufacture of tapestry; were shown sorne pieces of the finest kind we ev er see (cité dans K. VAN STRIEN, Touring, p. 121).

(109) Mot barré. (110) Mots barrés. (111) Il s'agit des remparts situé à l'est du palais dans la partie la plus

élevée de la ville (A. LELARGE, La démolition du rempart et des fortifications aux XVII"F et XI xe siècles. Bruxelles, l'émergence de la ville contemporaine, Bruxelles, 2001).

(112) Jalousie : an outside shutter with slats. Lors de la description de la ville de Bruges, l'auteur définit ce terme de la manière suivante : Most of the houses have the first floor strongly fortified with iron work projecting about a foot distance from the windows termed jealousies (:F 16).

(113) A propos de l'enceinte et des rues de Bruxelles, voici ce qu'en écrit Joseph Taylor in 1707 : I need not mention to you its noble situation in a fruitful country, the fine broad streets and coffee-houses, especially those

UNE DESCRIPTION DE BRUXELLES EN 1734 201

Sept. 12

At 6 in the morning we got into the diligence (114) for Louvain ...

built since the fast bombardment. 1 walked round the ramparts, which took me up above three hours. In that part of the town where the Court is, the streets are very irregular, being built upon a hill, but in the lower part the streets are very regular and straight, being al! upon a flat (cité dans K. VAN STRIEN, Touring, p. 115). M. Arnot, en 1742, a succombé aux char­mes de cette ville : Bath nature and art seem here to conspire for making this place al! that can be agreeable and desirable by man. The situation is extremely pleasant, upon the gentle declinivity of a hill, watered by the Sinne (sic), and other rivers, and springs. The buildings, bath public and priva te, are grand and lofty; the streets, neat and regular; the company, genteel and polite, and, to al! these, it stands in one of the most delightful countries the world affords (cité dans J. BLACK, The British Abroad, p. 57).

(114) Mot souligné car probablement emprunté du français. Précédem­ment, J. Ratcliff écrit in a carriage called the Diligence containing JO persans (f" 2).

202 SERGIO BOFFA

ANNEXE 2

Chronologie et itinéraire du voyage de John Ratcliff

10 août Douvres (f" 1) 10 août Calais (f" 1) 12 août Gravelines (f" 2) 12 août Dunkerque (f" 3) 14 août Furnes (f" 6) 14 août Nieuport (f" 7) 14 août Bruges (f" 7) 17 août Gand (f" 17) 20 août Anvers (f" 33) 23 août Lillo (f" 44) 25 août Rotterdam (f" 45) 26 août Delft (f" 48) 26 août La Haye (f" 49) 27 août Scheveningen (f" 54) 29 août Leyde (f" 55) 31 août Haarlem (f" 58) 31 août Amsterdam (f" 59) 3 sept. Utrecht (f" 62) ( f" 66-71 blancs) 5 sept. Vianen (f" 72) 5 sept. Gorkum (f" 72) 5 sept. Dungen (f" 73) 6 sept. Breda (f" 73) 6 sept. Wuustwezel (f" 7 5) 7 sept. Anvers (f" 75) 7 sept. Malines (f" 75) 9 sept. Vilvorde (f" 80) 9 sept. Bruxelles (f" 80) 12 sept. Louvain (f" 91) 13 sept. Tirlemont (f" 95) 13 sept. Saint-Trond (f" 95) 13 sept. Liège(f" 95) 16 sept. Huy (f" 106) 17 sept. Nam ur (f" 1 08) 18 sept. Fleurus (f" 111) 18 sept. Carnières (f" 111) 19 sept. Mons (f" 112) 21 sept. Valenciennes (f" 117) 22 sept. Bouchain (f" 121) 22 sept. Douai (f" 121) 23 sept. Lille (f" 124) 24 sept. Ypres (f" 128) 26 sept. Pont-Rouge (f" 131)

UNE DESCRIPTION DE BRUXELLES EN 1734 203

26 sept. Bergues-Saint-Winnoc (f' 131) 26 sept. Dunkerque (f' 132) 27 sept. Gravelines (f' 132) 27 sept. Calais (f' 132) 28 sept. Douvres (f' 132)

EXTRAIT OVERDRUK

DI. LXXIV Nr.l-4- 2003- T. LXXIV n° 1-4

ARCHIVES ET BIBLIOTHÈQUES DE BELGIQUE AR CHIEF- EN BIBLIOTHEEKWEZEN IN BELGIË

Publié avec /'aide financière des Services de Programmation

de la Politique Scientifique

Uitgegeven met de financiële steun van het Federaal Wetenschapsbeleid

SOMMAIRE- INHOUD

Andrée SCUFFLAIRE, In Memoriam Carlos Wyffels (3 janvier 1922-13 décem-bre 2003) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Charles KECSKEMÉTI, In Memoriam Carlos Wyffels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

ARTICLES - ARTIKELS

ACTES DE LA JOURNÉE D'ÉTUDE : LES GUIDES DE VOYAGE: UNE SOURCE

POUR L'HISTOIRE DE BELGIQUE

édités par

Serge JAUMIN et Christophe LOIR

Serge JAUMIN et Christoph LOIR, Les guides de voyages : une source pour l'histoire de Belgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

François MouREAU, Les études sur la littérature des voyages aujourd'hui: bilan et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

Goulven GUILCHER, De l'intérêt des «conseils aux voyageurs» dans les guides touristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Annie HERITIER, Les guides de voyages et la patrimoine artistique. Quelques élé­ments pour comprendre le statut juridique des musées en France, de la fin de l'Ancien Régime à la Restauration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

Gaëtane MAËS, Guide de voyage et édition critique: Mensaert ou Descamps? . 99 François de CALLATA1", Les récits de voyageurs étrangers en Belgique ( 1800-

1850) : commentaires sur un projet en cours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Sébastien DuBOIS, Perspectives d'histoire géographique. Perception de l'espace

et identités territoriales à travers la littérature géographique en Belgique du XVI.Ji! au début du XIxe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

Stéphanie QuERIAT, Les guides de voyage, une source pour l'histoire du tou-risme en Belgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

Sergio BOFFA, Une description inédite de la ville de Bruxelles en 1734, d'auprès un manuscrit conservé à l'Université de Cambridge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185

MÉLANGES- MENGELINGEN

Jan VANDERSMISSEN, Emile Adan en de introductie van reisinstructies voor de Belgische wetenschappelijke exploratie in Midden-Afrika . . . . . . . . . . . . . . 205

Renaud ADAM, Les marques de provenance des incunables conservés à la Bibliothèque royale de Belgique: essai de synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219

Jean BAERTEN, Doit-on encore chercher l'acte d'inféodation du comté de Looz à /'église liégeoise ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277

C. SoRGELOOS, Tornaci compactus: sur quelques reliures provenant de Jérôme van Winghe (f 1637 ), chanoine de Tournai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295

CHRONIQUE DES BIBLIOTHÈQUES KRONIEK V AN HET BIBLIOTHEEKWEZEN

Elly COCKX-INDESTEGE, Johan HANSELAER, Hubert MEEUS, Stijn VAN ROSSEM, Marcus DE SCHEPPER, Werner W ATERSCHOOT en Jan PAUWELS, Kroniek van het gedrukte boek in de Nederlanden tot 2000 337

CHRONIQUE DES ARCHIVES À L'ÉTRANGERS KRONIEK V AN HET ARCHIEFWEZEN IN HET BUITENLAND

Serge HoFFMAN, La situation des archives au G.-D. de Luxembourg . . . . . . . . . 467 Cecilia HENRIQUEZ, Quelques impressions sur les archives au Portual. . . . . . . . . . . . . 475 Josef ZWICIŒR, Archive in der Schweiz 2002: Chancen und Defizite . . . . . . . . . . . . . 491 Alain DROGUET, Les archives en Suède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 503 Patrick CADELL, The Archivai Systems of the United Kingdom . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523 Frédérique BAZZONNI, Les archives en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 535

Jacques HELLEMANS, Chronique. Les archives, les bibliothèques, l'écrit, l'édition, l'il­lustration, l'image, la lecture, la presse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 553

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