Un droit fondamental de l’homme – le droit de pétition

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Un droit fondamental de l’homme – le droit de pétition Tout au long de l’histoire et jusqu’à la période moderne, l’état a dominé la personne qui se trouvait dans une situation d’infériorité, subordination et « obéissance » vers celui-ci, indifféremment des raisons et des justifications (ou dans l’absence de toute justification) d’une telle situation. La réévaluation de la relation état-citoyen a débuté dans la période moderne et, en conséquence, a démarré le processus de diminution de l’inégalité entre les autorités publiques, qui détiennent le monopole sur la force de contrainte et la personne. Ainsi, il y a plus de deux cents ans, en même temps que le principe de la séparation des pouvoirs dans l’état, qui a supprimé le pouvoir absolu des rois, le problème de la responsabilité de l’état pour les particuliers a été énoncé. La signification spéciale de celle-ci a déterminé sa valeur comme étant l’un des principes de la Révolution Française de 1789, « dès lors, le pétitionnement ne se développe que dans un contexte de large ouverture de l’espace public, à savoir dans un contexte 1

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Un droit fondamental de l’homme – le droit de

pétition

Tout au long de l’histoire et jusqu’à la période

moderne, l’état a dominé la personne qui se trouvait dans

une situation d’infériorité, subordination et

« obéissance » vers celui-ci, indifféremment des raisons

et des justifications (ou dans l’absence de toute

justification) d’une telle situation. La réévaluation de

la relation état-citoyen a débuté dans la période moderne

et, en conséquence, a démarré le processus de diminution

de l’inégalité entre les autorités publiques, qui

détiennent le monopole sur la force de contrainte et la

personne.

Ainsi, il y a plus de deux cents ans, en même temps

que le principe de la séparation des pouvoirs dans

l’état, qui a supprimé le pouvoir absolu des rois, le

problème de la responsabilité de l’état pour les

particuliers a été énoncé. La signification spéciale de

celle-ci a déterminé sa valeur comme étant l’un des

principes de la Révolution Française de 1789, « dès lors,

le pétitionnement ne se développe que dans un contexte de

large ouverture de l’espace public, à savoir dans un contexte1

où l’information est libre et circule largement, où les

citoyens discutent et disputent entre eux le bien commun ».

[15, p. 5] Une première formulation claire du principe de

la responsabilité de l’administration pour le particulier

a été consacrée par la Loi Fondamentale de la République

de Moldavie, adopté en 1994, dans l’article 53, le

paragraphe 1. Parallèlement, a été adopté la Loi sur la

pétition qui a été appréciée par quelques spécialistes du

domaine (dr., conf. univ. M. Orlov) comme étant de nature

à empêcher la création et le développement de

l’institution du contentieux administratif et du principe

de la responsabilité de l’état. [1, p.26]

Dans le même ordre d’idées, il existe des opinions

[11, p. 15] que, dans cette période historique de

développement de notre état, on ne peut pas parler d’un

contentieux administratif proprement dit, puisque « une

conception théorique claire du droit de pétition et une

pratique judiciaire cohérente, dans cette matière, ne

s’est pas développée ».

Le droit de pétition n’est pas identique avec l’accès

à la justice, qui suppose une demande adressée à

l’instance qui se résout dans le cadre d’une procédure

juridictionnelle, tandis que la pétition se résout, en

général, dans le cadre d’une procédure administrative,

2

ayant une certaine spécificité de nature non

contentieuse.

Le droit de pétition est donc un droit fondamental,

offrant la possibilité aux citoyens de s’adresser aux

organes d’état, aux unités économiques et aux autres

organisations avec des propositions, des saisies, des

réclamations et des demandes qui visent les intérêts

personnels ou publics et l’obligation de ces organismes

de recevoir, examiner et résoudre les pétitions, ainsi

que de communiquer aux pétitionnaires les solutions

adoptées [2, p. 306].

La République de Moldavie se confronte avec des

multiples problèmes qui sont générés inter alia par une

mauvaise préparation des fonctionnaires publics et des

gouvernants, dont la grande majorité a été formée

professionnellement et mentalement dans l’ancien régime

(soviétique), qui a laissé son empreinte sur leurs

caractères, manifestée par une tendance pour l’abus de

pouvoir, la protection des intérêts personnels, des

intérêts de groupe, de parti. En conséquence, le droit de

pétition des citoyens est souvent négligé par ceux-ci et

même ignoré.

Dans ce contexte, s’explique l’intérêt élevé de la

recherche du sujet de la position du praticien qui a

examiné et solutionné personnellement plus de mille3

pétitions, aussi qui a coordonné plus de sept mille

pétitions de la part des citoyens, des personnes

juridiques de droit privé et de droit public, dans ces 15

dernières années.

En essence, l’exercice du droit de pétition est une

modalité efficiente de solution de certains problèmes

personnels ou bien collectifs. Ce droit est encadré dans

les classifications des droits, dans la catégorie des

droits garanties, lui étant aussi une garantie générale

pour les autres droits et libertés [4, p. 104 ; 2, p.

306].

Sous l’aspect historique, le droit de pétition, étant

une modalité efficiente de solution des intérêts

personnels et de groupe, est connu dès la période de la

Moldavie féodale, quand ceux qui voulaient obtenir

justice allaient avec leur plainte (cu jalba în proţap) chez

le seigneur, le gouverneur ou bien chez le prince

régnant.

Dans la période soviétique, on a accordé une certaine

attention au mécanisme de réalisation du droit d’adresse

(de pétition). En 1968 a été adopté le Décret du

Présidium du Soviet suprême de l’URSS sur la modalité

d’examen des propositions, des demandes et des plaintes

des citoyens dont les dispositions sont appliquées et à

présent sur le territoire de la Fédération Russe. 4

Pendant l’étape du socialisme développé, par la

Constitution de l’URSS de 1977, le droit du citoyen de

pétitionner a été revitalisé. Ainsi l’art. 58 de cette

Constitution stipulait : « Les citoyens de l’URSS ont le

droit de déposer des plaintes contre les actes des

fonctionnaires, des organes d’état et publics. Les actes

des fonctionnaires, accomplis avec la transgression de la

loi, avec le dépassement des limites des pouvoirs qui

portent atteinte aux droits des citoyens peuvent être

attaqués en justice conformément à la loi. Les plaintes

doivent être solutionnées dans l’ordre et dans les délais

établis par la loi ».

D’ici il suit que la réalisation du droit de pétition

a été mise en dépendance avec « l’ordre… établi par la

loi », qui allait être adopté. Sinon, la proclamation du

droit de pétition, sans une réglementation légale,

restait déclarative.

Dans le but de la conformation de la législation

civile de l’article 58 de la Constitution de l’URSS, le

Présidium du Soviet Suprême de l’URSS a adopté au 18 mai

1981 l’Ukaz « En ce qui concerne la réparation du

préjudice causé au citoyen par les actions illicites des

organisations d’état et publics, ainsi que celles des

personnes avec une fonction de responsabilité pendant la

période d’exercice des obligations de service ».5

Cependant, les difficultés de la précédente

législation et à présent même n’ont pas été éliminées. On

a affirmé que le contenu de l’Ukaz s’est avéré être

beaucoup plus étroit que son titre. Les conflits qui

apparaissaient entre les citoyens et l’état ne pouvaient

pas être réglés sur la base de l’Ukaz. Ainsi, en peu de

temps est apparue la nécessité de l’adoption d’un acte

normatif qualitativement nouveau qui réglementerait d’une

manière adéquate les problèmes respectifs.

Au 30.06.1987, le Soviet Suprême de l’URSS a adopté

la Loi sur le mode d’attaquer en instance judiciaire les

actes illégaux des personnes avec une fonction de

responsabilité, qui lèsent les droits des citoyens.

Toutefois, cette loi, dans son essence s’est avéré être

inefficiente. Dans ce contexte, nous mettons en

évidence :

- On admettait la contestation des décisions (ou de

l’inaction) des personnes avec une fonction de

responsabilité élaborées individuellement et ne

pouvaient pas être attaqués en justice les actes et les

décisions des organes collégiaux par lesquels, en

réalité, les droits civils des citoyens étaient plus

souvent transgressés ;

- On n’a pas établi une procédure spéciale d’examen des

plaintes des citoyens dans des pareilles causes ;6

- Sur la base de cette loi pouvaient être attaqué

seulement les actes administratifs des personnes avec

une fonction de responsabilité, effectués après le 31

décembre 1987 ;

- Le sujet actif dans ce litige pouvait être

exclusivement le citoyen de l’URSS et pas les autres

personnes (les apatrides, les citoyens étrangers, les

personnes juridiques), et comme sujet passif – que les

personnes avec une fonction de responsabilité ;

- On a exempté du contrôle judiciaire « les actes des

personnes avec une fonction de responsabilité pour

lesquelles la législation de procédure pénale, de

procédure civile, la législation sur la manière

d’examen des litiges de travail, sur les découvertes,

les inventions et les propositions de rationalisation,

sur les contraventions administratives, le travail

individuel et autres lois de l’URSS et des républiques

de l’union prévoit une autre procédure d’attaque, ainsi

que les actes ayant comme objet l’assurance des

capacités de défense du pays et de la sécurité de

l’état ». Ces exceptions, par leur vague formulation

(flexible), étaient à la portée des organes des

autorités publics, qui pouvaient intervenir toujours

avec des instructions spéciales pour la défense de ses

intérêts. [7, p. 3]7

Les dispositions de la Constitution de l’URSS ont

été reprises par les constitutions des républiques de

l’union, inclus par la Constitution de la RSSM de 1978,

conformément à l’article 47 selon lequel chaque citoyen

avait le droit d’adresser aux organes d’état et aux

organisations publics des propositions visant

l’amélioration de leurs activités et de critiquer les

défauts de leur travail.

On établissait aussi l’obligation des personnes avec

des fonctions de responsabilité d’examiner les pétitions

et les demandes des citoyens, de donner des réponses et

de prendre dans les meilleurs délais les mesures

nécessaires. La persécution pour critique était interdite

et punie par la loi. La réalisation du droit de pétition

dans les conditions de l’état totalitaire ne pouvait pas

être plénière en essence, les prétentions liées à

l’exercice des droits politiques, de la liberté

d’information et d‘expression, de la liberté de la

conscience, liées au respect de la vie privée et de

famille, aux secret de la correspondance, etc., étant

exclues. [8, p. 147]

A présent, le droit de pétition est réglementé par la

Constitution de la République de Moldavie [5], dans

l’article 52, selon lequel : « (1) Les citoyens ont le

droit de s’adresser aux autorités publiques par des8

pétitions formulées uniquement au nom des signataires.

(2) Les organisations légalement constituées ont le droit

d’adresser des pétitions exclusivement au nom des

collectivités qu’elles représentent ».

La Réglementation donnée par la Constitution a un

caractère particulièrement large. Cela s’exprime par le

fait que les pétitions des citoyens ont le but de

valoriser des droits, mais aussi des simples intérêts

personnels. Par conséquence, même si un intérêt personnel

qui n’est pas protégé par la possibilité sanctionnée par

la loi de demander à une tierce l’exécution d’une action

ou d’une abstention, ne constitue pas un droit subjectif,

il peut être cependant défendu par l’intermédiaire du

droit de pétition.

Toutefois, le caractère étendu de la réglementation

constitutionnelle trouve son expression et dans le fait

que les pétitions peuvent avoir comme objet pas seulement

des droits et des intérêts personnels, mais aussi des

droits et des intérêts collectifs [9, p. 58].

Pour comprendre le droit de pétition, nous

considérons nécessaire d’élucider en premier l’essence et

le contenu de la notion de « pétition ».

Ainsi, en conformité avec l’article 4, le paragraphe

1 de la Loi sur la pétition [10], par cette notion on comprend

toute demande, réclamation, proposition ou saisie9

adressée aux organes de ressort, ci-inclus la demande

préalable par laquelle on conteste tout acte

administratif ou la non solution d’une demande dans les

délais établis par la loi.

Respectivement, la notion de pétition est très

ample ; elle comprend [8, p. 147] :

La demande – action de s’adresser à une autorité pour

faire exécuter un droit ou un intérêt légal, sans

qu’il soit transgressé préalablement ;

La réclamation – action de s’adresser à une autorité

par laquelle on demande, on prétend ou on revendique

quelque chose, on apporte des inculpations contre

quelqu’un ou contre quelque chose ;

La proposition – action de s’adresser par laquelle on

attire l’attention sur l’imperfection de

l’organisation, de l’activité ou de la réglementation

dans une sphère quelconque et on indique la manière

de solution des lacunes ;

La saisie – action de s’adresser aux personnes

(organes) officielles pour vérifier la légalité des

actes (des actions) ou de l’investigation d’un

certain cas (la réalisation d’un certain contrôle) ;

La demande préalable – une action de s’adresser par

laquelle on conteste un acte administratif ou la non

10

solution d’une demande dans les délais établis par la

loi.

Ce n’est pas exclus de trouver dans la même pétition

toutes les manières de s’adresser énoncées, ce fait

n’étant pas interdit par la loi. Il est important que la

pétition représente une modalité par laquelle le citoyen

a la possibilité de valoriser un droit, de demander une

explication sur tout problème personnel ou d’intérêt

général [3, p. 90]

Etant donné les dispositions de la Constitution, nous

pouvons affirmer que le droit constitutionnel de pétition

est complexe ce que nous allons l’analyser sur plusieurs

aspects. Dans ce sens, les chercheurs mentionnent que le

texte de la loi fondamentale se réfère à une pluralité de

sujets du droit de pétition, puisqu’il contient la notion

de citoyens, ce qui signifie qu’on peut adresser aux

autorités publics autant des pétitions formulées

individuellement (par un seul signataire), autant des

pétitions formulées collectivement (par des groupes de

personnes) [8, p.147].

Conformément à l’article 52 de la Constitution de la

République de Moldavie, le droit de pétition peut être

exercé soit individuellement, par le citoyen, soit par un

groupe de citoyens, soit par des organisations légalement

constituées.11

La loi sur la pétition complète ces dispositions

constitutionnelles, stipulant dans l’article 2 que sur

son incidence tombent pas seulement les citoyens de la

République de Moldavie, mais aussi les citoyens

étrangers, les apatrides, dont les droits et les intérêts

légitimes ont été légalisé sur le territoire de la

République de Moldavie.

Retenant notre attention sur les sujets qui disposent

du droit de pétition, nous soulignerons la signification

particulière du fait que les organisations légalement

constituées ont aussi le droit d’adresser des pétitions

exclusivement au nom des collectifs qu’elles

représentent. L’intention de ses stipulations est le

garant du droit de pétition de certaines collectivités

organisées, qui peuvent ainsi réaliser plus efficacement

leurs intérêts communs et obtenir la solution de quelques

problèmes généraux. Pourtant, par l’accord de ce droit on

présuppose la possibilité de l’apparition et de

l’existence de certains problèmes qui visent un cercle

large de personnes, organisées sur certains critères [8,

p.148].

Les chercheurs [8, p. 149] considèrent que, en

premier, par la stipulation respective, on entend les

organisations dont l’existence est présumée par le texte

12

constitutionnel : les parti politiques, les associations

publics et les syndicats des salariés.

En deuxième, le texte constitutionnel vise les

organisations religieuses, coopératives, commerciales,

des habitants etc., qui se constituent et qui

fonctionnent en conformité avec les dispositions de

différents actes normatifs.

En troisième, il n’est pas suffisant que

l’organisation qui adresse la pétition fasse cela au nom

de ceux qu’elle représente, mais aussi il faut respecter

la condition que cette organisation soit déléguée par ses

représentants. Autrement dit, c’est interdit d’adresser

des pétitions au nom de l’organisation, si ce droit n’est

pas prévu par les actes de constitution et de

fonctionnement ou n’exprime pas la volonté de ses

membres.

Mais pas toutes les organisations légalement

constituées représentent de manière obligatoire un

collectif, ce qui ne veut pas dire pourtant qu’une

personne juridique, ayant comme fondateurs une ou deux

personnes physiques, même s’il s’agit d’une organisation

légalement constituée, ne pourrait pas adresser des

pétitions.

Dans ce sens, on considère [8, p. 149 ; 11, p. 15]

que le texte constitutionnel doit être interprété dans le13

sens qu’il vise toutes les collectivités de personnes,

indifféremment du mode de constitution et de

développement de leur activité. Cette conclusion

s’impose, parce que la notion d’organisation légalement

constituée n’est pas définie limitativement, ni

exhaustivement, puisqu’elle est d’envergure.

De l’exigence constitutionnelle, qui dit que les

pétitions doivent être adressées aux autorités publiques

seulement au nom des pétitionnaires ou bien au nom des

collectifs que les organisations pétitionnaires

représentent, il suit que toute pétition doit être

signée, et donc, doit contenir les données

d’identification du pétitionnaire. Par son expression

claire, le texte constitutionnel ne vise et donc ne

protège pas juridiquement les pétitions anonymes [4, p.

104].

Le développement de cet aspect nous le retrouvons

dans la Loi sur la pétition, qui établit que la pétition

doit être signée par son auteur (en indiquant le nom, le

prénom et l’adresse du domicile), en cas contraire elle

est considérée anonyme et n’est pas examinée (art. 10).

Selon les chercheurs, sous les restrictions citées

supra, on ne peut pas encadrer les manières de s’adresser

(lettres, téléphones, fax, messages électroniques etc.)

par lesquelles on fournit des informations sur la14

violation de l’ordre de droit (infractions, actes de

terreur, diversions, trafic illégal, la sécurité de

l’état, l’outrage à l’ordre public etc.). Dans de tels

cas, il est naturel que le pétitionnaire, en raison de

sécurité personnelle, par peur ou à d’autres causes ne

s’identifie pas. Dans de telles circonstances, les

organes de droit ne pourront pas laisser les requêtes non

examinées ayant comme motif leur anonymat. L’information

devra être vérifiée sans tarder, pour prendre les mesures

nécessaires en vue de la restauration et de l’assurance

de l’ordre de droit [8, p. 148].

La forme dans laquelle les pétitions peuvent être

adressées est réglementée par la Loi sur la pétition,

selon laquelle celles-ci doivent être adressées par écrit

ou en forme électronique dans la langue d’état ou bien

dans une autre langue, en conformité avec La loi sur le

fonctionnement des langues parlées sur le territoire de la République de

Moldavie (art. 5, par. (1)), en concrétisant le fait que

la pétition en forme électronique doit correspondre aux

exigences du document électronique, ci-inclus

l’application de la signature digitale, en conformité

avec la législation en vigueur (art. 5 par. (2)).

En même temps, selon l’art. 10, les pétitions en

forme électronique contiennent des informations sur le

nom, le prénom, l’adresse du domicile et l’adresse15

électronique du pétitionnaire. Les pétitions qui ne

correspondent pas à ses conditions sont considérées

anonymes et ne sont pas examinées. Toutefois les

pétitions qui contiennent des informations sur la

sécurité nationale ou sur l’ordre public font exception à

ses conditions et sont remises en vue de leur

investigation aux organes compétents.

En ce qui concerne les sujets auxquels on peut

adresser des pétitions, nous pouvons observer que la

Constitution se réfère « aux autorités publiques »,

tandis que la Loi sur la pétition – aux organes d’état,

aux entreprises, aux institutions et aux organisations

(art.1).

Ensuite, dans l’art. 6 cette loi établit que : les

pétitions de l’ordre de la sécurité nationale, des droits

et des intérêts légitimes de certains groupes larges de

citoyens, ou qui contiennent des propositions sur la

modification de la législation, sur les décisions des

organes d’état sont adressées au Président de la

République de Moldavie, au Parlement et au Gouvernement.

Selon l’art. 7 les pétitions dans lesquelles sont

abordés tout autres problèmes que ceux mentionnés dans

l’art. 6 sont adressées aux personnes officielles, dont

la solution tient exclusivement de leur compétence.

16

Les pétitions dans lesquelles sont attaqués un acte,

une décision, une action ou une inaction d’un organe

administratif ou d’une personne officielle, qui ont lésé

les droits et les intérêts légitimes des pétitionnaires,

sont adressées à l’organe hiérarchiquement supérieur de

première instance.

Les pétitions dans lesquelles sont attaquées les

décisions des organisations qui n’ont pas leurs organes

supérieures, ainsi que les décisions des autorités

administratives publiques locales sont adressées à

l’instance du contentieux administratif.

De ces dispositions de la loi nous pouvons constater

que les pétitions peuvent être adressées autant aux

autorités de l’administration publique, autant aux

instances judiciaires. Cependant, dans notre vision nous

considérons que l’institution de la pétition ne s’étend

pas dans la sphère du pouvoir judiciaire, elle étant

circonscrite uniquement dans le domaine de

l’administration publique, puisque la saisie des

instances judiciaires doit constituer une modalité de

défense du droit de pétition lésé de la personne.

Dans ce contexte nous précisons que la Constitution

de la République de Moldavie ne prévoit pas expressément

l’obligation des autorités publiques de répondre aux

pétitions, de prendre des mesures en vue de leur17

investigation, ni les délais de leur examen. Pour faire

une comparaison, nous citons la Constitution de la

Roumanie qui dans l’art. 51 par. (4) établit que « les

autorités publiques ont l’obligation de répondre aux

pétitions dans les délais et dans les conditions établis

par la loi » [6].

Dans la vision des chercheurs autochtones, cette

défaillance de la réglementation peut être expliquée par

le fait que les différentes autorités examinent

différemment les pétitions et les diverses pétitions sont

examinées différemment. Toutes ces situations sont

réglementées par la Loi sur la pétition, qui établit le

mode et les procédures appliqués (art. 8-9, 12-14, 16

etc.) [8, p. 148].

La transgression de l’ordre d’examen des pétitions ou

la non application de mesures par rapport à leur

investigation attire, selon le cas, une responsabilité

disciplinaire, administrative ou pénale. La Constitution

se réfère aussi aux conséquences de la non solution d’une

demande légale, établissant dans l’art.53 par. (1) que la

personne lésée dans un de ses droits par une autorité

publique par un acte administratif ou par la non solution

dans le délai légal d’une demande est légitimé d’obtenir

la reconnaissance du droit prétendu, l’annulation de

l’acte et la réparation du préjudice.18

En raison de ce que nous avons mentionné, nous

considérons que la réglementation constitutionnelle de

l’obligation des autorités publiques de répondre aux

pétitions et de les solutionner est indispensable, cela

constituant une garantie de plus pour le respect et la

réalisation du droit de pétition des citoyens.

Un autre moment sur lequel nous insistons est le fait

que ni la Constitution, ni la loi-cadre ne prévoient que

les pétitions doivent être exonérées des taxes. Il est

relevant dans ce sens que dans la Constitution de la

Roumanie, est stipulé expressément dans l’art. 51 par.

(3) que « l’exercice du droit de pétition est dispensé

des taxes ». Dans la vision des chercheurs roumains,

l’exonération des taxes pour l’exercice du droit de

pétition assure à ce droit la possibilité de sa

réalisation complète [9, p. 58].

Respectivement une lacune pareille de la Constitution

de la République de Moldavie doit être couverte, puisque,

le cas échéant, des différents abus peuvent être

favorisés. Par exemple, des taxes postales, pour des

travaux de chancellerie, d’archive ou pour des

déplacements pourraient être requises des pétitionnaires.

En même temps, dans le cas des pétitions électroniques,

une des conditions de validité de celles-ci est la

correspondance de la réglementation envers le document19

électronique, ci-inclus l’application de la signature

digitale, en conformité avec la législation en vigueur

(art. 5, par. (2)). La signature digitale peut être

obtenue au Centre de télécommunications spéciales, en

déposant un dossier contenant les actes sollicités et en

payant un prix allant de 450 à 880 lei, pendant que pour

intégrer la signature digitale mobile (téléphonique) le

prix peut s’élever jusqu’à 1 500 lei. [16, 17]

Selon la vision de la Stratégie « Moldavie Digitale

2020 », jusqu’en 2020 environ 80% des services publics

seront offerts par voie électronique, et 60% des

citoyens utiliseront la signature digitale. [18]

Au niveau de l’UE, le droit de pétition est consacré

dans l’art. 44 de la Charte des droits fondamentaux de

l’Union Européenne, qui prévoit que « tout citoyen de

l’Union et toute personne physique ou juridique qui a la

résidence ou le siège social dans un état membre a le

droit d’adresser des pétitions au Parlement Européen ».

En conclusion nous notons que, malgré la valeur

particulière de l’institution du droit de pétition dans

un état de droit et dans une société démocratique, la

réglementation constitutionnelle et législative de celle-

ci dans la République de Moldavie est marquée par une

série de carences qui troublent l’efficacité de la

réalisation pratique du droit de pétition par chacun des20

citoyens. En conséquence, une consolidation substantielle

des garanties juridico-administratives de ce droit

fondamental est indispensable, puisque,

incontestablement, c’est un élément et un instrument

important de la démocratie de notre société.  

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cheii-publice-pentru-semntura-digital-cu-for-juridic-

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18. Digitalizarea Moldovei va asigura transparenţa

actului de guvernare

http://glasul.md/digitalizarea-moldovei-va-asigura-

transparenta-actului-de-guvernare/ [citat 13.03.2013].

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