Saint-Seurin de Bordeaux. Étude archéologique de la crypte : observations préliminaires » (avec...

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AUTOUR DE SAINT-SEURIN : LIEU, MéMOIRE, POUVOIR

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autour de saint-seurin : lieu, mémoire, pouvoir

ausonius éditions— mémoires 21 —

autour de saint-seurin : lieu, mémoire, pouvoir

des premiers temps chrétiens à la fin du moyen âge

actes du colloque de Bordeaux (12 - 14 octobre 2006)

Textes édités par Isabelle Cartron, Dany Barraud, Patrick Henriet

& Anne Michel

Publié avec le concours du Ministère de la Culture (DRAC Aquitaine)

— Bordeaux 2009 —

ausoniusmaison de l’archéologieuniversité michel de montaigne - Bordeaux 3F - 33607 pessac Cedexhttp://ausonius.u-bordeaux3.fr/editionsausonius

diFFusion de BoCCard11 rue de médicis75006 parishttp://www.deboccard.com

directeur des publications : Jérôme francesecrétaire des publications : nathalie tranGraphisme de couverture : stéphanie Vincent

© ausonius 2009issn : 1283-29995isBn : 978-2-35613-012-2-9

achevé d’imprimer sur les pressesde l’imprimerie Gráficas Calima, s.a.avda Candina, s/ne - 39011 santander - Cantabria - espagne

septembre 2009

Avant-propos

Dany Barraud, Isabelle Cartron

Patrick Henriet & Anne MiCHel

– Autour de Saint-Seurin, p. 11 à 12

L a publication de ce colloque trouve son origine dans un constat pragmatique. Qu’il s’agisse de l’histoire de l’Antiquité tardive ou de celle du Moyen Âge, de la nécropole et de ses sarcophages dits de “l’école d’Aquitaine”, ou encore de la collégiale, le lieu de Saint-Seurin de Bordeaux est évocateur pour l’ensem-

ble des chercheurs en histoire, en histoire de l’art ou en archéologie. Pour autant, lorsqu’on approche de plus près la do-cumentation disponible, force est de constater que les sources sont inégalement exploitées et surtout que les recherches effectuées sont particulièrement anciennes ou peu diffusées. En effet, depuis une quinzaine d’années, les études se sont multipliées 1 ; elles sont le fruit d’initiatives très variées, résultant à la fois de travaux personnels (étudiants ou chercheurs plus confirmés) et d’autres plus collectifs, répondant parfois à une demande précise (restauration d’une partie de l’édifice par exemple). Cet ouvrage, qui ne prétend nullement à l’exhaustivité, a donc d’abord pour objectif de mettre ces recher-ches à la disposition du public, de procéder à un état des lieux des questionnements autour de Saint-Seurin. Le dossier le mérite amplement : le lieu Saint-Seurin dépasse largement les problématiques d’historiographie locale, comme le rappel-lent les auteurs qui ont rédigé les introductions aux différentes parties de cet ouvrage ainsi que la conclusion. L’ouvrage est bien plus que la simple juxtaposition des contributions des divers chercheurs rassemblés pour l’occasion autour de ce “monument” lors des trois journées d’octobre 2006 ; il doit aussi beaucoup aux échanges et aux discussions menées avec des collègues et chercheurs venus de toute la France, qui nous ont fait l’amitié de rédiger les introductions aux différentes parties qui composent l’ouvrage 2. Elles témoignent de l’intérêt du “dossier Saint-Seurin” qui constitue, au-delà des milieux bordelais et aquitain, un monumentum d’exception dans le patrimoine européen, au même titre que Saint-Just de Lyon, Saint-Denis, Saint-Laurent de Grenoble ou Saint-Victor de Marseille.

Ces rencontres et cet ouvrage n’auraient pu avoir lieu sans le concours de nombreux partenaires que nous sommes heureux de remercier ici. En premier lieu, il convient de mentionner l’Institut Ausonius (UMR 5607 du CNRS), l’Université de Bordeaux 3 et le Ministère de la Culture (à travers le Service Régional de l’Archéologie d’Aquitaine) qui sont à l’initiative de cette manifestation. Cette dernière s’inscrit également dans le cadre des activités scientifiques de plusieurs programmes de recherche : le projet “Garonne”, dirigé par Philippe Araguas au sein de l’Institut Ausonius et co-financé par le Conseil Régional d’Aquitaine ; le programme intitulé “gestion sociale des espaces funéraires” de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, dirigé par Isabelle Cartron et Dominique Castex. Nos remerciements s’adressent aussi à la Municipalité de Bordeaux et au Musée d’Aquitaine, en particulier à son conservateur François Hubert, qui nous a permis de tenir ce colloque dans les bâtiments de l’ancienne université bordelaise où sont abrités les principaux objets issus des fouilles anciennes réalisées à Saint-Seurin. Ce livre n’aurait pu voir le jour sans la contribution financière du Ministère de la culture et sans la participation active de l’ensemble des auteurs sollicités. Nous tenons aussi à remercier chaleureusement le personnel des éditions Ausonius ainsi que Delphine Boyer-Gardner pour le long et parfois fastidieux travail de relecture et de mise en page.

1. Le lecteur trouvera l’ensemble des références dans la bibliographie raisonnée placée à la fin de cet ouvrage. 2. Nous remercions très chaleureusement Philippe Araguas, Brigitte Boissavit-Camus, Charles Bonnet, Marie-Noël Colette, Geneviève

François, Jean Guyon, Françoise Lainé, Michel Lauwers, Christian Sapin et Cécile Treffort pour leurs conseils avisés et leurs contributions à cet ouvrage. Un grand merci également à tous les collègues qui ont participé à la lecture des différentes contributions de cet ouvrage ainsi qu’à Jean-Loup Abbé, Marc Agostino, Pierre Chastang, Pascale Chevalier, Noël Duval, Michel Fixot, Laurent Morelle, Louis Maurin, Markus Schlicht.

Saint-Seurin de Bordeaux. Étude archéologique de la crypte :

observations préliminaires

Anne Michel, avec la collaboration de Isabelle cartron & Jean-Luc Piat

– Autour de Saint-Seurin, p. 197 à 233

A ctuellement, la crypte située un peu en avant du chœur sous la nef centrale de la basilique Saint-Seurin est un édifice composite associant des substructures antiques et des élévations d’époques médiévale et moderne, intégrées dans une présentation héritée du xixe siècle. On y accède depuis le collatéral sud de

l’église médiévale, par un escalier coudé qui donne sur une porte ouverte à l’extrémité sud du mur occidental de la crypte. L’accès possède un pendant au nord qui n’est pas utilisé. L’édifice s’organise autour de deux espaces principaux. À l’ouest se développe une courte nef à trois vaisseaux séparés par des colonnes et des chapiteaux de remploi supportant des ar-cades, et couverts par des voûtes en berceau. À l’est, trois espaces longitudinaux grossièrement trapézoïdaux séparés par d’épaisses maçonneries – aménagés récemment en chapelles – prolongent les trois nefs.

Un projet de mise en valeur et de restauration, proposé par M. Goutal, architecte en chef des Monuments Historiques, imposait d’établir au préalable un bilan des connaissances sur l’édifice. Fréquemment remaniée au cours du temps, la crypte, après avoir été fermée entre 1698 et 1758 pour des raisons de statique de l’édifice, a fait l’objet de travaux dans la seconde moitié du xixe siècle 1. La synthèse proposée en 1960 sur la basilique par la marquise A. de Maillé ne reposait que sur l’étude des sources écrites et sur les premiers dégagements effectués au sud de la basilique, en 1909-1910 par P. Courteault, professeur à la faculté des Lettres de Bordeaux, qui ne concernaient donc pas directement la crypte 2. Les sondages ouverts à partir de 1964 dans le sol de la crypte par R. Duru, architecte des bâtiments de France, ont été laissés en l’état, et, à l’exception d’un article général 3, les observations de l’architecte n’ont pas été publiées 4. Un premier état des lieux autour de la nécropole et de la basilique Saint-Seurin a été dressé par D. Barraud et J.-Fr. Pichonneau dans le cadre d’un Projet Collectif de Recherche Interrégional (PCRI) du Ministère de la Culture qui portait sur l’examen avant restauration de cinq édifices religieux du haut Moyen Âge en Aquitaine et qu’a dirigé Br. Boissavit-Camus entre 1995 et 2000. Ces travaux, qui se sont davantage attachés à la nécropole au sud de la basilique et de façon plus succincte à la crypte, ont permis de poser des jalons chronologiques quant à ses origines. Cependant, les résultats acquis n’ont pas été présentés de manière détaillée jusqu’à présent 5. C’est dans l’optique de l’établissement rapide d’un bilan des connaissances que les Monuments Historiques ont mandaté le Service Régional de l’Archéologie pour commander à la société HADÈS un diagnostic. Menée sous la responsabilité de J.-L. Piat, l’opération s’est déroulée sur quinze jours. Elle a consisté en l’établissement de relevés – qui sont cependant restés incomplets –, d’une première analyse visuelle et de la compilation non exhaustive de la majeure partie des publications et plans se référant à la crypte, dont l’étude n’a pas été, faute de temps, confrontée aux observations archéologiques 6. La co-organisation par l’Université Bordeaux 3 et le Service Régional de l’Archéologie du colloque Autour

1. “Fouilles” de Cirot de la Ville menées dans les années 1840-1858 (Cirot de la Ville 1840, 69-92, id., 1867, 137-184) dans le sous-sol de la crypte, entraînant la mise au jour d’un bâtiment primitif à l’est, la découverte et l’extraction de quatre sarcophages de marbre sculptés, le dépôt de carreaux de pavement sur la paroi occidentale entre la “chapelle Sainte-Véronique” et la chapelle “Saint-Fort”, et d’éléments lapidaires dans la partie ouest de la crypte. La réouverture des accès occidentaux à la crypte fut effectuée en 1893 par L. Magne, architecte des Monuments Historiques, couplée à une réfection totale du dallage et au déplacement de sarcophages dans la crypte (Lettre du 19 septembre 1893 à monsieur le ministre de l’Instruction publique des Beaux-Arts, Paris, Médiathèque du Patrimoine et de l’Architecture, 0081/033/0028).

2. Maillé 1960, 267-325 ; Bordeaux, Archives municipales, Paul Courteault : Journal des fouilles... ; Paris, Médiathèque du Patrimoine et de l’Architecture, Rapport à la commission par Lucien Magne sur l’exécution des fouilles aux abords de l’église Saint-Seurin datée du 14 mars 1910, 0081/033/0028.

3. R. Duru indique qu’il entreprît des fouilles dans la crypte en 1965 sans plus de précisions (Duru 1982, 58). Sur l’historique des recherches, voir le point établi par P.-A. Février et N. Duval d’après les observations de R. Duru dans Duru et al. 1996, 38.

4. R. Duru a soigneusement consigné les observations qu’il a faites dans la crypte entre le 18 août 1979 et le 09 avril 1989 dans trois carnets personnels, aujourd’hui conservés à Bordeaux au Service Régional de l’Archéologie (Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Aquitaine), Fonds R. Duru. De nombreux clichés photographiques et notes diverses sont également préservés.

5. Barraud & Pichonneau 1996a, 12-16, id. 1996b, 6-7, id. 1998, 93-95, Boissavit-Camus 1998, 16, Boissavit-Camus et al. 2003, 197-199 et 210-212.

6. Piat 2006, I, 6, 10 et 39.

198 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

de Saint-Seurin de Bordeaux : lieu, mémoire et pouvoir (ive-xve siècles) à l’automne 2006, destiné à proposer un état des lieux des connaissances actuelles sur Saint-Seurin, nous a fourni l’occasion de revisiter la crypte. Ces visites, fondées sur le seul examen visuel des vestiges en sous-sol et en élévation, ont permis de compléter et de préciser les observations de J.-L. Piat dans la perspective d’une étude archéologique ultérieure plus poussée du bâti, qui ne pouvait être réalisée dans le cadre de l’opération menée par la société HADÈS du fait des contraintes temporelles et financières imposées.

Nous livrons donc ici une synthèse des connaissances actuelles sur la crypte, telles qu’elles se présentent à l’issue de ces travaux 7. Il s’agit d’une approche préliminaire visant surtout à proposer un état des questions qui se posent actuellement. Il est nécessaire pour cela de s’affranchir de l’historiographie et des interprétations anciennes, qui ont oblitéré la bonne compréhension des observations faites par les divers archéologues et architectes qui se sont intéressés à la crypte jusqu’à présent. L’établissement d’une chronologie reliée à des faits historiques précis reste actuellement prématuré ; c’est pourquoi nous ne proposerons qu’une chronologie relative des structures, qu’il faudra affiner par des recherches plus poussées 8 en les associant à une étude historique fine.

La mise à la disposition de la communauté scientifique de cet état des lieux vise surtout à valider les questionnements et à compléter les propositions d’analyse et d’étude ultérieures de la crypte. Celles-ci s’avèrent absolument nécessaires avant la mise en œuvre de tout projet de restauration de cette partie de l’édifice. En effet, pour progresser dans l’appréhension de cette partie du monument, on ne pourra faire l’économie de la mise en œuvre de mesures plus lourdes que la simple observation visuelle à distance 9.

ProPosition de chronologie relative

Un premier bâtiment funéraire (1) 10

La construction du bâtiment (1a)Les phases anciennes restent finalement les mieux connues – notamment grâce aux dégagements menés par l’abbé

Cirot de la Ville que sont venues compléter les fouilles de R. Duru. Des vestiges en sont encore actuellement visibles dans la partie orientale de la crypte. Leur observation, conjuguée à l’étude des indications consignées dans les carnets de fouille de l’archéologue, permet de restituer l’aspect du premier bâtiment qui vint s’implanter à l’emplacement de la crypte aménagée ultérieurement. Fondé sur le substrat argileux 11, perceptible à deux endroits, sous ses murs est et ouest en partie détruits, ce premier bâtiment n’est observable que partiellement. On peut reconnaître un édifice composé de deux espaces de largeur inégale, alignés d’est en ouest et communiquant par une baie aujourd’hui matérialisée par une pierre de seuil fortement usée (fig. 1) 12.

7. Pour la commodité de l’analyse, la crypte a été divisée en plusieurs espaces désignés par une série de lettres allant de A à F (cf. fig. 17). Les lettres A à C désignent respectivement les actuelles chapelle Sainte-Bénédicte (C), Saint-Fort (A) et Sainte-Véronique (B) ; les lettres D à F ont été attribuées à la nef nord (F), la nef centrale (D) et la nef sud (E).

8. Notamment par une étude stratigraphique du sous-sol et des élévations donnant lieu à l’établissement de diagrammes, par l’examen des enduits et mortiers assortis d’analyses archéométriques et éventuellement de sondages complémentaires pratiqués en sous-sol.

9. Dans son état actuel, le monument n’est que partiellement étudiable. Pour une étude sérieuse et complète, le dépôt des objets placés dans la crypte dans le courant du xixe siècle est nécessaire. La plupart y ont été placés à l’époque de Cirot de la Ville, vicaire de Saint-Seurin de 1834 à 1841 ; on compte notamment dix sarcophages de “l’école d’Aquitaine” (dont quatre décorés), une inscription funéraire et deux gisants et de la fin Moyen Âge, qui sont eux-mêmes menacés. La fouille des parties non accessibles en sous-sol (soit environ 36,50 m2, déjà en partie observées par l’abbé Cirot de la Ville vers 1840) et l’analyse des élévations (nettoyage, dépose ou analyse de certains mortiers et ciment récent) est nécessaire à la compréhension des transformations et aménagements qui ont affecté l’espace entre la fin de l’Antiquité et l’époque Moderne.

10. Nous avons regroupé dans cette partie tous les éléments relatifs aux maçonneries attribuables à l’Antiquité au sens large (des iiie-ive siècles aux viie-viiie siècles) indépendamment des modifications fonctionnelles qui ont pu affecter les structures architecturales au cours de la période. Les différentes séquences repérables en chronologie relative ont été désignées par les lettres a, b, c, d.

11. Il est qualifié de “terre argileuse [dans laquelle] on a creusé pour construire” par Cirot de la Ville 1867, 138 ; de “sable jaune vierge” par R. Duru : Carnets..., I, 2 (18 août1979), et “d’épaisse couche argileuse noire, sorte de coulée compacte, insérée dans la couche de sable jaune du quaternaire qui recouvre le plateau de Saint-Seurin”, par Duru 1982, 80.

12. La restitution proposée par R. Duru (figure 1) ne correspond pas exactement à nos observations. C’est le cas notamment pour l’espace occidental duquel nous excluons les colonnes. Par ailleurs, l’épaisseur des murs de l’exèdre n’est pas connue contrairement à ce qu’indique ce plan.

Étude archÉologique de la cryPte – 199

Fig. 1. Plan restitué de l’édifice primitif (d’après R. Duru (1980) in : Duru | et al. 1996, 41).

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La partie orientale (espace A), dont seul l’espace interne est connu, se présente comme une salle rectangulaire terminée par une exèdre plutôt qu’une abside, beaucoup plus large que profonde 13. Au centre de la pièce se trouve une fosse quadrangulaire (2,65 nord-sud x 2,50 m au moins) profonde de 0,53 m, dont les quatre angles sont encore visibles. Cet aménagement occupe la plus grande partie du bâtiment et ne laisse qu’un étroit passage, large de 0,40 m, entre la cavité centrale et les murs nord et sud, qui sont en grande partie masqués par des chemisages ultérieurs. À l’ouest, cet espace, dont le sol fut endommagé par l’insertion d’un sarcophage (cf. infra) est un peu plus important : 0,82 à 0,84 m entre la cavité et la pierre de seuil. On retrouve des dimensions voisines à l’est, du côté de l’exèdre. Dans un cas comme dans l’autre, il n’est plus possible, actuellement, de lire les relations stratigraphiques qu’entretenaient d’une part le sol de la pièce et la pierre de seuil occidentale, et d’autre part ce même sol et l’exèdre orientale.

L’appareillage des maçonneries de ce premier bâtiment est difficilement observable, car celles-ci ont été masquées par les chemisages postérieurs des murs. On peut néanmoins les apercevoir au niveau de l’exèdre 14, au nord et au sud près de l’entrée de la pièce et à l’ouest près de la pierre de seuil, puisque les sondages ouverts par R. Duru n’ont pas été rebouchés. Du mur oriental, on ne peut guère observer que des lambeaux montrant un appareil en petits moellons visibles derrière les briques de terre cuite conservées sur la paroi de l’exèdre 15 (fig. 2). Le mur ouest de ce premier bâtiment est quant à lui fondé sur le substrat et comporte un petit ressaut de fondation visible à l’extrémité méridionale du parement ouest. La mise en œuvre de la maçonnerie est de qualité médiocre : le mur se composait de moellons maçonnés en petit appareil, dont seules trois ou quatre assises restent bien visibles sur une petite partie du parement ouest (fig. 3). Le reste du mur laisse à penser que les parements étaient à l’origine couverts de mortier, probablement destiné à recevoir un revêtement d’enduit ou de placage apparenté à celui de briques qui est encore conservé en plusieurs endroits du bâtiment primitif 16, au moins pour la face interne à la pièce.

Un placage de briques, dont une grande partie subsiste aujourd’hui, revêtait le sol et les parois de la cavité centrale, ainsi que le sol et le bas des murs de la pièce et de l’exèdre sur une hauteur de 61 cm. L’épaisseur et les dimensions de ces briques varient en fonction de leur emplacement : épaisses de 2 à 3,5 cm sur le sol de la pièce, les briques plaquées au bas des parois atteignent 4,5 à 5 cm d’épaisseur, leur champ venant couvrir celles du sol. De façon générale, la largeur variable des briques, tant sur le sol que celles plaquées sur les parois de la pièce et de l’exèdre, renvoie davantage à des éléments de remploi 17. Dans les deux angles occidentaux de la pièce dégagés par R. Duru, l’élévation du mur de ce premier bâtiment semble avoir été préservée assez haut 18, notamment au sud. Le ressaut formé par l’épaisseur des briques plaquées sur la paroi est racheté par une tuile, sur laquelle vient buter une première couche d’enduit qui s’étend sur la partie haute des murs. Ultérieurement, une seconde couche d’enduit vint couvrir les murs 19, le ressaut étant consécutivement masqué par un bourrelet de mortier de chaux (fig. 4).

Côté ouest, malgré leur piètre état de conservation, les maçonneries de ce premier bâtiment, en grande partie arasées, apparaissent indubitablement liées à la pierre de seuil 20. Ce dernier est une pierre monolithe (1,97 m de long pour une épaisseur de 0,24 m et une largeur de 0,50 m), dont la face inférieure présente un parement soigneusement dressé. Aux extrémités de la face supérieure apparaissent deux surfaces dressées (49 x 50 cm) délimitées par des petits tenons de pierre (5 cm de haut x 6,5 cm de large, pour une longueur respectivement de 12,5, 8, 7 et 16,5 cm du nord au sud) visibles sur l’arête occidentale de la pierre (fig. 5). Plus qu’un système lié à la fixation d’un chancel 21, on est tenté de considérer ces

13. La topographie actuelle des lieux ne permettant la prise de mesures précises, les dimensions sont ici restituées d’après indications données par Cirot de la Ville 1867, 138 ainsi que les plans de Anus-Duru (1965-1980) in : Duru et al. 1996, 40-41 et Pichonneau, in : Barraud & Pichonneau 1996b. La salle rectangulaire – 3,50 m nord-sud x 4,52 m est-ouest selon Duru 1982, 80 – ouvre – selon Cirot de la Ville 1867, 138 – sur une exèdre large de 3,70 m et profonde de 0,80 m. Le caractère approximatif de ces dimensions apparaît évident et rend d’autant plus nécessaire l’établissement, dans le futur, d’un plan exact géo-référencé établi par un topographe.

14. L’accès à ces parties de la crypte a été conservé par une trappe aménagée en 1858 derrière le cénotaphe de saint Fort à la suite des travaux menés par l’abbé Cirot de la Ville, cf. Duru 1982, 73.

15. Duru 1982, 80 a observé un mur de moellons, épais de 0,35 m fondé sur de l’argile.16. Comme les assises de moellons qui composent le mur ne sont visibles que sur une portion très réduite, on peut se demander si le

revêtement n’a pas été gratté pour mettre les assises au jour.17. Ces éléments de terre cuite ont fait l’objet de prélèvements en vue d’une datation par thermoluminescence dans le cadre du Groupe

de Recherche Européen sur les terres cuites architecturales, dirigé par P. Guibert (UMR 5060 IRAMAT - CRP2A) et Chr. Sapin (UMR 5594 ARTeHIS). Les résultats permettront peut-être de déterminer s’il s’agit ou non de remplois.

18. Le sondage pratiqué par R. Duru permet de repérer cet enduit sur une hauteur de 0, 83 m au-dessus des placages de brique, mais on ne sait pas jusqu’à quelle hauteur l’élévation est préservée sous le chemisage.

19. Duru 1982, 82 distinguait sur cette dernière couche un décor ocre rouge portant un tracé de faux joints qui n’a pu être reconnu.20. Le mur ouest de ce bâtiment apparaît comme un élément clef, car son emplacement va marquer jusqu’à aujourd’hui la topographie

crypte en la divisant en deux parties distinctes. 21. Cf. l’hypothèse de Duru et al. 1996, 42.

Étude archÉologique de la cryPte – 201

Fig. 2. Mur oriental de la pièce à exèdre du bâtiment |primitif (1a) (cl. A. Michel).

Fig. 3. Mur occidental de la pièce à exèdre du bâtiment |primitif (1a) (cl. A. Michel).

Fig. 4. Angle interne sud-ouest du bâtiment primitif (1a) |(cl. A. Michel).

Fig. 5. Pierre de seuil du bâtiment primitif (1a) (cl. A. Michel). |Fig. 6. Angle interne sud-est de l’espace occidental du bâtiment |primitif (1a) (cl. A. Michel).

202 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

tenons comme des éléments liés à la fixation des piédroits de pierre de taille limitant l’ouverture à l’origine 22. L’arasement des maçonneries des murs occidentaux de ce premier bâtiment dont cette pierre marque l’entrée ne permet toutefois plus de juger de son aspect. Des murs venaient buter sur les deux montants placés sur les deux parties latérales planes de la pierre de seuil, de part et d’autre de la partie centrale très usée, délimitant un accès dont la largeur (0,95 m) apparaît cohérente avec la restitution d’un petit mausolée.

À l’ouest, ce petit bâtiment était précédé d’un autre espace (espace D), plus large, dont on ne connaît que le départ des murs nord et sud. Si celui du nord est très mal conservé, au sud on peut reconnaître aisément l’angle intérieur que formait cette maçonnerie avec le mur occidental du mausolée à exèdre (fig. 6). En revanche, son mauvais état de conservation et la présence des murs ultérieurs ne permettent pas d’en reconnaître l’angle extérieur. On ignore également quelle était la limite occidentale de cet espace : un amas de moellons est actuellement visible à l’ouest des sarcophages qui y furent déposés ultérieurement (cf. infra), mais l’état de conservation ne permet pas de l’identifier avec certitude à une maçonnerie. R. Duru avait tendance à reculer les limites de cet espace occidental vers l’ouest, à l’aplomb du mur ouest de la crypte actuelle 23. En tout état de cause, les vestiges sont bien trop ténus et discontinus pour qu’il soit possible actuellement d’en fixer définitivement la chronologie relative et ainsi les limites du premier bâtiment 24. D’après les éléments conservés dans l’angle sud-est, il est juste possible de restituer, pour les murs de cet espace occidental, une épaisseur de 0,50 m 25. Compte tenu de la faible épaisseur de ces murs, une couverture voûtée paraît peu vraisemblable pour cette partie de l’édifice ; on restituerait plus volontiers une couverture charpentée, à moins que l’espace ne soit demeuré hypètre.

Les briques qui couvrent le sol autour de la fosse centrale, situés à une altitude voisine de la pierre de seuil, sont les témoins du niveau de sol de la pièce à exèdre du premier mausolée. En revanche, dans l’espace qui le précède à l’ouest, aucun niveau pouvant lui être associé n’est visible actuellement 26.

Le dépôt des sarcophages dans les espaces A et D (1b)Ce premier bâtiment avait probablement dès l’origine une vocation funéraire 27, mais il est préférable de dissocier sa

construction du dépôt des sarcophages qui y sont encore visibles aujourd’hui. Nous regroupons ici l’ensemble d’entre eux – exceptés les deux sarcophages déposés aux extrémités est et ouest de la pièce à exèdre A, très particuliers, sur lesquels nous reviendrons – même s’il est plus probable qu’ils n’aient pas été déposés simultanément, mais plutôt sur la durée.

Dans la fosse centrale de la salle à exèdre sont actuellement conservés trois sarcophages de pierre calcaire qu’on identifiait, au moins à l’époque Moderne, comme des tombeaux saints 28 (fig. 7). Les cuves, rectangulaires – exceptée celle du centre, légèrement trapézoïdale 29 – reposent sur le fond de la fosse centrale, 0,53 m en contrebas du sol carrelé du mausolée. Seul le sarcophage méridional est un peu surélevé par rapport aux autres cuves, reposant sur quatre pierres, que R. Duru relie à la mise en place du sarcophage 30. Les couvercles en bâtière s’adaptent aux dimensions des cuves 31, sauf celui de la cuve centrale qui déborde assez largement (9 cm à l’est et à l’ouest, 2 à 3 cm au nord et au sud). Celui du sud, qui

22. Les fouilles menées par R. Duru au nord et au sud de la collégiale ont mis au jour des portes semblables et mieux conservées, révélant l’utilisation de blocs en pierre de taille pour les piédroits, Sauvaitre 2002, 61-62.

23. Duru 1982, 80 et plan G.24. Seule une fouille de la nef de la crypte, dans les parties non explorées serait en mesure d’apporter des précisions.25. R. Duru : Carnets..., II, le 12 septembre 1983, se demande s’il ne faut pas rattacher ces maçonneries à une date plus tardive qu’il

serait tenté d’associer à l’aménagement d’une basilique funéraire sur l’emplacement du bâtiment primitif. 26. Duru 1982, 79-80 et 84 a reconnu, 0,63 m sous le sol dallé de 1893, un sol en terre battue dans la partie nord de l’espace occidental

D (p. 79), qui aurait été détruit par l’insertion ultérieure des sarcophages. Dans la partie sud-ouest de la crypte actuelle, il signale un autre niveau de sol à une altitude équivalente à celle de la pierre de seuil du mausolée, sous le mur qui porte la colonne sud-ouest de la nef, cette fois-ci 0,54 m sous le sol de 1893 (p. 84). Il ne semble pas associer ces sols au niveau de briques qui entoure la fosse au centre de la pièce principale du mausolée.

27. À la suite de la marquise de Maillé, et dans la tradition historiographique locale marquée par les querelles opposant le chapitre de Saint-Seurin au chapitre de Saint-André depuis le Moyen Âge quant à l’emplacement du premier groupe épiscopal de Bordeaux, Duru 1982, 79-86 identifiait ce premier bâtiment à un baptistère. Nous ne reviendrons pas sur les arguments qui conduisent à écarter aujourd’hui cette hypothèse, qui ont été exposés à l’issue des travaux menés lors du PCRI sur les monuments religieux du haut Moyen Âge en Aquitaine, cf. Barraud & Pichonneau 1996, 16, id. 1996b, 6-7, id. 1996c, 59, id. 1998, 94-95 ; Boissavit-Camus et al. 2003, 211, cf. aussi Duru et al. 1996, 42.

28. Cirot de la Ville 1867, 140-141, qui ne cite aucune source.29. Selon Duru 1982, 78, note 33, la face ouest est large de 0,73 m contre 0,66 m pour la face orientale. 30. Duru 1982, 78.31. Du nord au sud, selon Maillé 1960, 292, d’après Cirot de la Ville, 1867, 140-141 : L. 1,95 x l. 0,86 x h. 0,50 m ; L. 2,10 x l. non indiquée

x h. 0,52 m ; L. 2,22 x l. 0,80 x h. 0,50 m. Duru en donne de légèrement différentes dans ses Carnets, p. 21 en date du 17 septembre 1978, qui sont plus conformes à celles que nous avons pu contrôler : du nord au sud les cuves mesurent respectivement 0,83, 0,75 (0,73 selon Duru) et 0,83 m pour une hauteur de 0,50 m pour les cuves nord et sud ; la surélévation de la cuve méridionale explique que le haut de cette dernière culmine à 0,70 m du fond de la fosse carrelée. Il faut y adjoindre la hauteur des couvercles – 0,25 m au nord, 0,26 au centre et 0,20 au sud, une fois le couvercle bûché.

Étude archÉologique de la cryPte – 203

s’élevait 30 cm environ au-dessus du sol carrelé de la pièce du fait de la surélévation de la cuve a été ensuite retaillé en partie (cf. infra). Les sarcophages occupent toute la largeur de la fosse, venant se coller contre les parois nord et sud de celle-ci ; la cuve septentrionale est de ce fait en grande partie recouverte par les maçonneries ultérieures du mur nord de l’actuelle chapelle Saint-Fort. En revanche, à l’est, et dans une moindre mesure à l’ouest, un espace était laissé libre entre l’extrémité des cuves et les parois de la fosse (2 cm à l’ouest, 0,55 m à l’est selon Duru) : en témoignent encore la disposition des briques plaquées à la verticale sur les parois dans l’angle sud-ouest, ainsi que les traces d’arrachement de ces dernières à l’est et plus spécialement dans l’angle nord-ouest. L’adéquation des dimensions globales de la fosse à celle des cuves laisse supposer qu’elle fut conçue dès l’origine pour cet usage, même si le dépôt des trois sarcophages ne se fit pas nécessairement de façon simultanée. On peut ainsi restituer une salle au sol carrelé, terminée par une exèdre,

pourvue d’une fosse centrale également carrelée, dans laquelle étaient déposés trois sarcophages dont les cuves et les couvercles dépassaient d’environ 50 cm au-dessus du sol, laissant un espace de 40 cm de part et d’autre au nord et au sud, qui était un peu plus important à l’est et à l’ouest.

Dans l’espace D qui précède à l’ouest la pièce à exèdre sont déposés six sarcophages en marbre et en calcaire alignés parallèlement du nord au sud, selon un axe de symétrie lié au seuil. Les cuves du centre se trouvent à une altitude inférieure à celles placées aux deux extrémités (fig. 8). Il est difficile d’établir une chronologie, même relative, du dépôt de ces sarcophages : on peut juste constater, hormis leur parfait alignement selon un axe est-ouest du nord au sud, l’irrégularité de la pose, tant au niveau des cuves que des couvercles 32. Seul le sarcophage septentrional semble reposer selon une horizontale rigoureuse. Ces sarcophages présentent tous une cuve rectangulaire et un couvercle à l’origine en bâtière – certains ont été retaillés par la suite –, sans qu’il soit possible de se prononcer avec plus précision 33.

32. En témoigne aussi la coupe transversale de P. Anus et R. Duru, in : Duru et al. 1996, 41, qui rectifie la régularité présentée dans le premier état du relevé dans Duru 1982, plan D.

33. Duru 1982, 76 signale des sarcophages de formes et d’époques différentes, mais émet l’hypothèse “qu’ils aient été posés là en même temps ; peut-être même avec une certaine hâte”.

Fig. 7. Les trois sarcophages déposés dans la pièce à exèdre du |mausolée primitif (1b) (cl. A. Michel).

Fig. 8. Coupe transversale de l’espace occidental du bâtiment primitif (1b) |(P. Anus-R. Duru, in : Duru et al. 1996, 41).

204 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

Leur dépôt soulève le problème des niveaux de circulation et de la relation entre les deux espaces de ce premier édifice, puisque aucun indice d’un premier niveau de sol n’est actuellement visible. Il y a lieu de penser qu’il en existait un, dont R. Duru 34 pensait avoir identifié des traces, à une altitude proche de celle de la pierre de seuil. Cependant, quelle que soit la chronologie relative du dépôt de cette série de sarcophages, il faut souligner deux points. D’une part leur alignement témoigne d’un dépôt concerté en relation vraisemblable avec les sépultures de l’espace oriental, tout en tenant compte de la structure existante ; leur insertion a donc pu entraîner, comme le supposait déjà R. Duru, l’endommagement du sol du premier bâtiment 35. D’autre part l’irrégularité du sous-sol et la nature différente du substrat sur laquelle reposent ces cuves suggère un dépôt en plusieurs temps. Un contrôle précis des altitudes pourrait permettre d’apporter des précisions.

L’ensemble des vestiges conservés pour ce premier état permet de restituer avec une grande vraisemblance un petit mausolée rectangulaire à exèdre doté d’une fosse centrale destinée à contenir des sarcophages et précédé d’un espace plus large délimité par des maçonneries 36. Ce mausolée qui ouvrait probablement vers l’ouest, s’inscrit dans la vaste nécropole dont des vestiges ont été mis au jour au sud de l’église actuelle 37. Sa mise en œuvre est très proche de celle du mausolée n° 7 dont il est probablement contemporain, comme le suggèrent notamment les placages de terre cuite à la base des murs et au sol, ainsi que les emplacements choisis pour l’exposition des sarcophages. Notre petit monument est établi à un niveau légèrement inférieur mais il s’articulait avec l’ensemble des autres édifices funéraires, qui étaient accessibles par leurs faces nord.

L’absence de signe distinctif sur les cuves ne permet pas de dire s’il s’agit déjà d’un contexte chrétien, pas plus que l’absence de données anthropologiques ne permet de préciser la nature du groupe qui y était inhumé 38. En revanche, l’accumulation spécifique, dans l’espace occidental, de sarcophages dont la typologie indique une date probablement assez haute, comme l’usure du seuil, montrent que ce premier mausolée est resté assez longtemps en activité. Il fut amené à jouer un rôle clef dans le développement ultérieur du lieu de culte chrétien sur lequel nous reviendrons.

Mise en place des sarcophages à l’est et à l’ouest de l’espace A (1c)La première transformation majeure qui affecta le mausolée fut l’insertion de deux sarcophages aux extrémités est

et ouest de la pièce à exèdre, perpendiculairement aux trois autres déposés dans la fosse centrale. Ces deux sarcophages, en marbre sculpté, ont été extraits par l’abbé Cirot de la Ville et sont actuellement conservés dans la crypte, contre le mur du collatéral sud pour celui qui vient de la partie est du mausolée 39 et contre le mur occidental de la crypte pour celui recueilli dans sa partie ouest 40.

L’état actuel des vestiges ne permet plus de juger de l’altitude primitive du fond des cuves extraites par Cirot de la Ville 41, d’autant plus que les fosses où étaient déposés les sarcophages ont sans doute été en partie recreusées par R. Duru, au moins pour celle de l’ouest 42. Cependant, il est clair que l’insertion de ces sarcophages a porté atteinte à la structure du premier bâtiment, entraînant d’une part la destruction du sol carrelé du mausolée, mais aussi des parois ouest et est de la fosse. Le sarcophage ouest vint ainsi s’insérer entre les trois sarcophages centraux et le mur occidental du bâtiment. On notera qu’un amas de mortier, perceptible au nord et à l’est de la fosse de ce nouveau sarcophage laisse supposer un comblement maçonné de cette dernière. À l’est, la situation est moins claire : l’espace disponible entre les cuves du centre

34. Duru 1982, 79-80 et 84 et supra, n. 26.35. Duru 1982, 84.36. On peut mettre cette typologie en parallèle avec celle de la première chapelle à abside de Saint-Germain d’Auxerre, datée du ve

siècle, autour de laquelle une crypte se développa ensuite à l’époque carolingienne, cf. Sapin 2001, 220-221 et le mausolée IV de Saint-Just de Lyon, cf. Reynaud 1998, 108-109 et 127-128.

37. Voir la contribution sur la nécropole antique de D. Barraud, I. Cartron, J.-Fr. Pichonneau, N. Sauvaître dans ce même volume. Ces éléments doivent aussi être mis en rapport avec les sarcophages visibles d’une part au bas de la maçonnerie de la paroi orientale de la chapelle Sainte-Véronique dans la crypte elle-même et à l’extrémité occidentale de la base du mur nord de la crypte. Cf. Duru, 1982, 72, Piat 2006, I, 20, 22 et fig. 3-4.

38. Des précisions pourront toutefois être amenées ultérieurement puisque R. Duru a fouillé plusieurs cuves de sarcophages dans l’espace occidental. Trois des sarcophages contenaient les squelettes d’un seul individu (Nadal 1998, 3, fiches des sépultures 77, 78 et 79).

39. Cirot de la Ville 1867, 139 et pl. V n° 4 avec mention du dépôt du sarcophage dans le collatéral nord ; Marionneau 1864, 443-444, Maillé 1960, 282.

40. Cirot de la Ville 1867, 140 et pl. V n° 3, Maillé 1960, 283. D’autres sarcophages ont également été extraits du sol de la partie occidentale de la crypte entre 1840 et 1893 sans que leur emplacement exact soit donné, cf. Maillé 1960, 282. Sur ces sarcophages, voir aussi la contribution d’I. Cartron dans ce même volume.

41. Maillé 1960, 282 dit de ces deux sarcophages que leur cuve se trouvait à 0,95 m environ de profondeur.42. Suite à l’extraction des sarcophages avant 1840, la fosse ouest avait été comblée, tandis que celle de l’est avait été laissée accessible

par l’intermédiaire de la trappe encore conservée dans le dallage mis en place à la suite des travaux de l’abbé Cirot de la Ville, cf. Duru 1982, 73.

Étude archÉologique de la cryPte – 205

et l’extrémité de la fosse fut en partie élargi pour permettre le dépôt du sarcophage, qui devait être adossé directement au mur de l’exèdre. Sur les coupes publiées par R. Duru en 1982 43, les fonds des cuves des deux sarcophages est et ouest sont restitués à des niveaux légèrement différents : le sarcophage oriental repose sur le sol de brique du bâtiment primitif ; celui de l’ouest, en revanche, est placé plus bas 44. Les éléments maçonnés encore conservés au fond de la fosse où fut déposé le sarcophage ouest, ainsi que les traces de concrétions visibles sur la cuve de marbre, laissent à penser qu’effectivement il n’était pas enterré au même niveau que ceux du centre, mais que son couvercle dépassait, comme ceux des trois premiers sarcophages, au-dessus du sol du mausolée 45 (fig. 9).

La sculpture de ces deux sarcophages sur trois faces indique qu’ils étaient conçus pour être exposés à l’origine devant un mur. Leur emplacement aux deux extrémités du bâtiment primitif peut donc peut-être déjà correspondre à un remploi, même si la chronologie de ce dépôt reste délicate à définir. Comme les phases postérieures du monument s’accordent mal avec la visibilité des sarcophages – ainsi, les piliers qui reçoivent les arcades de la nef à l’est ne tiennent pas compte de leur présence – il faut plutôt admettre que les deux sarcophages ont été déposés en relation avec le premier état du bâtiment, ce dès l’Antiquité tardive.

Le décor des deux cuves alors ajoutées dans le mausolée atteste que ces modifications se produisirent dans un contexte clairement chrétien. Par ailleurs, leur emplacement, leur insertion dans un second temps, le remaniement des maçonneries du mausolée que celle-ci a entraîné, ainsi que la qualité des cuves et de leur décor, attestent de l’importance qui leur était accordée. Ainsi, bien que corrélées aux phases antiques du site, ces transformations témoignent peut-être d’une modification fonctionnelle du lieu. Sans que les indices soient encore suffisamment nombreux pour pouvoir le prouver, se dégage l’impression qu’on passe alors d’un mausolée lié aux pratiques funéraires d’un groupe restreint à un bâtiment associé à une autre fonction, peut-être liée à une vénération mémoriale organisée, associée à un groupe plus large. On peut s’interroger sur la nature de cette vénération : s’agit-il d’un simple regroupement familial, ou bien a-t-on recherché la proximité des premiers sarcophages, considérés comme des tombes saintes ? La nature du décor des deux sarcophages ajoutés et la chronologie relative du dépôt, nécessairement postérieure à la réalisation de ce type de cuves 46, inciteraient à le penser, ce d’autant plus que l’emplacement du premier mausolée a toujours été conservé et semble avoir joué une place centrale lors des développements ultérieurs.

Aménagement d’un sol (1d)Ultérieurement, après un laps de temps inconnu, tous les sarcophages furent couverts par un niveau de sol dont des

traces ténues subsistent dans la pièce à exèdre A et à l’ouest de celle-ci dans l’espace D, dans la dernière travée de la nef et des collatéraux de la crypte actuelle. Dans la pièce à exèdre, il apparaît ponctuellement dans l’angle nord-ouest, dans la coupe conservée sous le mur nord de l’actuelle chapelle Saint-Fort, sous la forme d’une très fine couche noire cendreuse.

43. Duru 1982, plan E ; les coupes ont été réalisées avec P. Anus en 1964, puis reprises en 1980.44. La pierre la plus haute des fragments maçonnés au fond de la fosse se trouve 38 cm plus bas que le sol carrelé du mausolée et 50

cm environ plus bas que la face supérieure de la pierre de seuil. 45. Étant placé 38 cm en contrebas du sol carrelé, le sarcophage, haut de 0,80 m cuve et couvercle compris, aurait donc fait saillie d’au

moins 42 cm par rapport au sol du mausolée – soit une hauteur voisine de celle des trois premiers sarcophages, dont la cuve est moins haute –, s’élevant 30 cm ou un peu plus au-dessus du niveau du seuil. La face antérieure de la cuve de ce sarcophage présente une différence de couleur entre la partie basse et la partie haute, qui indique qu’elle fut exposée à deux milieux de conservation différents ; la limite entre ces deux zones suit une ligne légèrement concave culminant à une quarantaine de centimètres du bas de la cuve et qui semble épouser le profil de l’usure de la pierre de seuil. Elle pourrait correspondre à la partie enterrée de la cuve et à celle laissée à l’air libre après son dépôt dans la salle à exèdre du mausolée.

46. La datation de ce type de sarcophage de marbre à décor végétal et symboles chrétiens, fréquent en Aquitaine, reste débattue. La datation autour de la seconde moitié du ve siècle ou du début du vie siècle qui prévalait au début des années 1990 (cf. James 1993, 23-28 ; Christern-Briesenick 1993, 56-57, contra Duru et al. 1996, 42 qui optaient encore pour la seconde moitié du vie siècle) doit maintenant être attribuée au ve siècle : cf. déjà Cazes 1993, 71 et Cazes 2007, 101. Lorsqu’ils ont été remployés, plus tard, au Moyen Âge, ces sarcophages ont été considérés comme des pièces de prestige et conservés pour des personnages de rang élevé : cf. Duval 1993, 34-35.

Fig. 9. Sarcophage extrait de l’extrémité ouest de la salle à exèdre (1c) |(cl. A. Michel).

206 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

Il y est placé au-dessus d’une couche de remblai comportant des fragments de tuiles, des blocs de pierres et des fragments de charbon, qui vient couvrir le sarcophage nord déposé lors de l’état 1b dans la fosse centrale. Il se poursuit plus au sud sous la fondation du “cénotaphe” de saint Fort et passe sur le couvercle du sarcophage méridional, qui fut bûché pour correspondre à ce niveau plan. Ce même niveau correspond à une ligne de concrétions visible sur les briques de terre cuite plaquées contre la paroi sud, 34 cm au-dessus du sol carrelé du mausolée (fig. 10). L’identification de ce niveau dans la partie orientale de la pièce, au-dessus du sarcophage méridional – celui dont le couvercle fût bûché – permet de le restituer son extension à l’ensemble de la pièce à exèdre (fig. 11). Seul manque le lien qu’entretenait ce niveau avec les fosses des deux sarcophages sculptés est et ouest 47. Dans l’espace à l’ouest de la pièce à exèdre, on le retrouve sous la fondation des piliers postérieurs qui reçoivent les arcades de la nef actuelle. Aussi bien au nord qu’au sud, il y est couvert par des dalles de marbre gris (fig. 12). Il est aussi perceptible dans la nef nord, sur une couche de remblai qui recouvre le couvercle du sarcophage placé sous la colonne et le pilier nord-est de la crypte. Ce niveau couvre les sarcophages dont les couvercles ne sont alors plus visibles ; dans l’espace occidental D, il faut d’ailleurs attribuer – du nord au sud – le bûchage des couvercles des premier, deuxième, quatrième, et peut-être sixième sarcophages à cette phase de réaménagement plutôt qu’à une hypothétique usure du sol par les pèlerins 48.

On peut s’interroger sur la relation qu’entretient ce niveau avec les dalles identifiées sous les fondations des piliers qui reçoivent les arcades de la nef : dans l’espace occidental D, il a clairement existé à un moment donné un sol dallé de marbre 49. On est tenté, du fait que ce niveau noir a été reconnu aussi bien dans l’espace D que dans la pièce à exèdre A, de l’associer à ce sol dallé dont il ne constituerait que le radier 50. Ainsi, il faudrait aussi restituer un sol dallé dans la pièce à exèdre, sol qui se prolongeait vers l’ouest dans l’espace D au moins jusqu’au niveau des colonnes orientales de la crypte actuelle, et peut être au-delà 51.

47. Dans la mesure où les couvercles des sarcophages de marbre à cuve sculptée saillaient sur une hauteur similaire à ceux de la fosse centrale (cf. supra), il est vraisemblable que niveau de sol identifié ait également couvert les deux cuves.

48. Cf. Duru 1982, 76-77, repris dans Duru et al. 1996, 42.49. La nature du matériau devra être confirmée par des analyses.50. R. Duru : Carnets..., I, 14 (12 septembre 1979) indique que les fondations des pilastres de la nef qui reçoivent les arcades se trouvent

12 à 13 cm au-dessus de la couche noire, tandis que le mortier et les dalles qui la couvrent atteignent une épaisseur de 10 cm. Plus tard, Duru 1982, 84, situe le premier sol ayant recouvert les sarcophages 20 cm sous le dallage actuel de la crypte. L’architecte attribuait cette couche noire aux vestiges d’un éventuel incendie, attribué au ixe siècle, qui aurait ensuite entraîné la mise en place du sol dallé (p. 85). L’hypothèse semble fragile du fait de la finesse et de la régularité de cette strate qui semble davantage correspondre à un dépôt volontaire qu’au résultat d’une destruction violente. Selon nous, il n’y a probablement pas lieu de dissocier chronologiquement le dallage de marbre de la couche noire qu’il faut considérer davantage en relation avec la préparation du sol pour la mise en place du pavement dallé.

51. Piat 2006, I, 27 signale “une fine couche de terre grise” juste à la hauteur de la semelle de la base de la colonne centrale sur le côté sud de la nef centrale de la crypte actuelle.

Fig. 10. Couvercle de sarcophage bûché et ligne de concrétions |correspondant à l’aménagement d’un nouveau sol (1d ou 2) (cl. A. Michel).

Fig. 11. Niveau brun-noir correspondant à l’aménagement d’un |nouveau sol (1d ou 2) (cl. A. Michel).

Étude archÉologique de la cryPte – 207

Le caractère lacunaire des vestiges liés à ce niveau de sol et surtout l’absence de liens clairs avec une quelconque maçonnerie 52 ne permettent que difficilement de le relier à un édifice précis. Cependant, il est évident que la mise en place de ce sol correspond à un remaniement assez important puisqu’il vint couvrir aussi bien les sarcophages déposés auparavant que le seuil qui marquait l’articulation entre les deux parties du bâtiment primitif 53. On peut alors s’interroger sur l’opportunité de l’associer à un remaniement de l’édifice antique ou à l’aménagement ultérieur d’un nouveau bâtiment (2) 54. En tout état de cause, il reste prématuré d’en proposer aujourd’hui une datation 55 ; seules des fouilles complémentaires dans la partie ouest de la nef et éventuellement des analyses des charbons de bois identifiés dans ce niveau seraient susceptibles d’apporter de nouveaux indices.

construction du mur occidental de la cryPte actuelle (2) L’analyse des états suivants reste très délicate, car l’association entre les élévations et les vestiges du sous-sol est

souvent impossible à établir. La tâche s’avère d’autant plus ardue que des enduits, eux-mêmes parfois remaniés, sont venus masquer les élévations.

Cependant, on peut attribuer aux modifications les plus anciennes, probablement antérieures à l’aménagement d’une salle à trois nefs à l’ouest du mausolée 1a, deux maçonneries formant un chaînage d’angle en moyen appareil de pierre de taille aux joints peu visibles, à l’extrémité ouest de la crypte actuelle. Elles sont édifiées à 4,30 m environ l’une de l’autre, pouvant délimiter un espace plus large que la nef centrale actuelle. Du côté nord, le chaînage, qui descend assez bas, a été bien mis en évidence par le démontage récent d’une partie du mur 56 (fig. 13) ; du côté sud, la partie basse n’est pas perceptible, mais on distingue nettement sur la paroi, au sud du pilastre, un “coup de sabre” vertical,

52. Tout au plus peut-on constater qu’il vient buter contre le mur occidental du mausolée antique sous les fondations du pilastre nord-est de la crypte actuelle.

53. Duru 1982, 84-85, avait déjà repéré ce niveau lors de ses investigations dans la crypte en 1979-80. Il le dissociait d’un autre niveau qu’il attribuait au sol primitif du bâtiment, que nous n’avons pu reconnaître, et mettait en relation avec la création d’une basilique funéraire.

54. Dans l’attente d’éléments significatifs permettant de trancher, nous l’associons provisoirement au mausolée (1) compte tenu des endroits où les indices de la présence de ce niveau de sol ont pu être identifiés.

55. Duru 1982, 84 rapprochait l’aménagement d’un sol au-dessus des sarcophages avec les stipulations édictées en 797 par l’évêque Théodulphe d’Orléans, au chapitre 1 du sermon Ad Presbyteros Parochiae Suae, IX, éd. J.-P. Migne, PL, t. CV, IX, col. 194C et rappelées par la Marquise de Maillé 1960, 301, qui interdisent d’enterrer dans les églises, sauf cas exceptionnel. L’évêque demande “que les tombes qui apparaissent soient plus profondément enfouies dans la terre et qu’on constitue un sol par dessus, où n’apparaîtra plus aucun vestige de tombes”. Sur cette question, voir Treffort 1996, 137-139.

56. Piat 2006, I, 13-14 et 40.

Fig. 12. Niveau brun-noir et dalle de marbre correspondant à |l’aménagement d’un nouveau sol (1d ou 2) (cl. A. Michel).

208 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

symétrique du chaînage identifié au nord. Ces éléments très ponctuels indiquent l’existence d’un bâtiment – dont l’organisation architecturale nous échappe en grande partie – antérieur à l’édifice à trois nefs, qu’on hésite, faute d’éléments probants, à mettre en relation avec les murs gouttereaux nord et sud de la crypte actuelle, et peut-être le sol dallé de marbre (1d) évoqué supra. Seules l’étude des maçonneries et l’analyse des mortiers pourront éventuellement apporter des compléments d’information.

Bien qu’on en ignore la provenance exacte, les éléments de chancels attribués aux ixe-xe siècles, qui sont aujourd’hui remployés dans le mur occidental de la crypte qui fut érigé à une date ultérieure, peuvent constituer un indice relatif à l’aménagement d’une structure postérieure au mausolée, mais plus ancienne que l’aménagement des trois nefs 57 à l’ouest de la salle à exèdre du mausolée antique.

aménagement d’une structure à trois nefs dans la Partie ouest 58 (3)Ce dernier remaniement correspond à une profonde restructuration du site dont la physionomie devait perdurer

jusqu’à nos jours, malgré de multiples réfections. L’aménagement de cet espace à trois nefs tint en partie compte de murs plus anciens, notamment du côté ouest. Il se compose actuellement d’un vaisseau triple délimité par deux files de quatre arcades en plein cintre retombant sur des chapiteaux soutenus par trois colonnes et par deux pilastres aux extrémités.

Les piliers est et ouest de la nef centrale présentent une maçonnerie assez homogène. À l’ouest, les deux pilastres en moyen appareil sont liés à une maçonnerie édifiée au droit des murs de l’état 2. Celle-ci, qui vient obturer l’ouverture occidentale, comporte de nombreux remplois de dalles et piliers de chancels 59 ; ceux que l’on aperçoit du côté sud semblent indiquer que cette maçonnerie est liée à celle de la première arcade surmontant le pilastre.

Les dimensions moyennes et la mise en œuvre des maçonneries de ces pilastres occidentaux 60 indiquent qu’ils font partie du même projet que ceux, établis dans le même alignement, qui viennent chemiser à l’est d’anciennes maçonneries. Prenant en partie appui sur les murs arasés du premier édifice et construits en moyen appareil de pierre de taille, leur maçonnerie est semblable à celle des pilastres qui marquent l’entrée de l’actuelle chapelle Saint-Fort (fig. 14). Cependant, si ces derniers paraissent liés dans leur partie inférieure sur une ou deux assises aux pilastres orientaux de la nef, les différences de hauteur qui apparaissent ensuite entre les assises des pilastres de la nef et de ceux de l’entrée de la chapelle montrent qu’il ne s’agit probablement pas de constructions unitaires. Les badigeons qui les couvrent ne permettent pas, en l’état actuel, de préciser davantage les relations entre ces deux maçonneries.

Entre ces pilastres se dressent actuellement deux séries de trois colonnes de remploi, en marbre de qualité différente, de diamètre et de hauteur inégale (fig. 15). Elles reposent sur des bases également hétérogènes, de marbre et de calcaire.

57. Sur ces éléments sculptés, cf. Pujos 2007 et id. 2009. L’auteur propose une fourchette de datation large incluant les ixe et xe siècles, fondée sur l’étude stylistique des fragments.

58. Cette phase 4 doit être aussi mise en relation avec le porche reconstruit à l’ouest de la collégiale dans le courant du xie siècle. Son érection n’a peut-être pas de relation directe avec la crypte, mais elle peut indiquer une reconstruction partielle de différentes parties de l’église à cette époque.

59. D’autres remplois ont été trouvés dans le “sondage” effectué dans l’épaisseur du mur côté nord, cf. Piat 2006, I, 14-15 et pl.18, fig. E.

60. Les quatre pilastres ont une largeur de 36 cm et font saillie par rapport à la maçonnerie de 36 cm (pilastre nord) et 31 cm (pilastre sud) à l’ouest et de 22 cm (pilastre nord) et de 23 à 26 cm (pilastre sud) à l’est.

Fig. 13. Chaînage d’angle relatif aux maçonneries du bâtiment |(2) à l’extrémité nord-ouest de la crypte (cl. A. Michel).

Étude archÉologique de la cryPte – 209

Ces bases ne sont placées sur aucune fondation cohérente : elles prennent appui, à des altitudes différentes, soit directement sur les couvercles de sarcophages au nord-est (les autres bases ne sont pas visibles actuellement), soit sur les vestiges du sol dallé de l’état 1d ou 2, soit sur un petit muret pour les deux colonnes sud-ouest 61. On notera toutefois que du côté sud, les bases des deux colonnes extrêmes sont placées à une altitude équivalente, alors que la colonne centrale, d’un diamètre légèrement supérieur à celui des deux autres, prend appui à une profondeur plus importante 62. Les colonnes sont surmontées de chapiteaux en tronc de pyramide renversé, grossièrement épannelés, exceptée la colonne nord-est qui est couronnée par un chapiteau corinthien de remploi, dont le lit de pose est plus petit que lit d’attente du fût de la colonne. Au-dessus de ces chapiteaux, des impostes reçoivent deux séries de quatre arcades en plein cintre, d’un diamètre variant de 0,99 à 1,03 m, dont le profil présente des irrégularités 63. Les claveaux qui les composent présentent également des variations quant à leurs dimensions 64, qui ne sont pas suffisamment significatives, toutefois, pour indiquer des reprises ou remaniements. Les assises inférieures des retombées des deux arcades au droit de la colonne centrale présentent des traces de réfection récente, tant au nord qu’au sud. La maçonnerie en moyen appareil apparaît encore par endroits dans les écoinçons des arcades, là où les badigeons postérieurs ne la masquent pas : d’épais joints rubanés revêtent en effet l’ensemble de ces maçonneries. Chacun des trois vaisseaux est couvert par une voûte en berceau appareillée, actuellement renforcée par des doubleaux qui retombent au nord et au sud sur des tambours de colonnes couronnés de chapiteaux corinthiens de remploi. Un bandeau chanfreiné court au sommet des murs gouttereaux, au niveau du départ des voûtes.

On est particulièrement gêné pour attribuer une quelconque chronologie à cet ensemble. Il est certain qu’il ne présente pas de chronologie unitaire 65 : aussi bien les nombreuses irrégularités et incohérences des maçonneries – tant des

61. La seule explication cohérente qu’on puisse apporter à ces différences de niveaux semble être la recherche d’une fondation plus solide pour asseoir ces colonnes. La question se pose alors de savoir si ces bases étaient visibles dans le nouvel aménagement, laissant de nouveau apparents les couvercles des sarcophages, ou si l’ensemble fut alors recouvert, masquant les bases des colonnes. De même, on s’interroge sur l’époque à laquelle on peut attribuer cet aménagement.

62. Cf. coupe de P. Anus et R. Duru, in : Duru 1982, fig. E.63. Doit-on attribuer ces variations à des réfections, ou simplement au fait que la structure a “bougé” à la suite des dommages qui

affectèrent à plusieurs reprises l’église supérieure (cf. infra) ?64. Au nord, ils ont une longueur moyenne de 25 à 26 cm pour une largeur de 14 à 15 cm à l’intrados ; au sud, la longueur, plus

irrégulière, varie de 20 à 26 cm pour une largeur à l’intrados identique à celle des claveaux septentrionaux.65. Piat 2006, I, 40-41, s’appuyait sur l’architecture générale de l’ensemble et sur la présence des joints rubanés, aussi bien sur les

arcades que sur les voûtes et les doubleaux de la nef et des collatéraux, pour attribuer la construction de l’ensemble à la seconde moitié du xie siècle. Les irrégularités de la maçonnerie ne permettent guère se souscrire à l’hypothèse ; on a pu, dans un souci de cohérence cher au xixe siècle, tenter d’homogénéiser l’ensemble, ce que soulignait déjà Brutails en 1912, 25 “Rien, je pense, ne permet de la <la crypte> croire antérieure au xie siècle : les joints épais entre les claveaux des arcades ne peuvent pas être retenus comme une note d’ancienneté ; nous savons, en effet, qu’à la

Fig. 15. La crypte vue du nord-ouest (cl. J.-P. Brouard-CESCM Poitiers). |

Fig. 14. Pilastre sud-est de la nef et pilastre sud |à l’entrée de la chapelle Saint-Fort (cl. A. Michel).

210 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

murs que des voûtes – que les diverses sources écrites témoignent des multiples remaniements dont il fit l’objet. Si l’on situerait volontiers l’origine du parti pris d’un édifice à trois nefs, peut-être voûté, à l’époque médiévale, peu des vestiges actuels semblent effectivement remonter à cette période.

En effet, les réaménagements que laissent entrevoir les textes indiquent un changement assez important dans l’utilisation de cet espace au cours du xviie siècle (voir infra). L’étude des réfections de l’époque Moderne permet d’avancer, par déduction, quelques hypothèses sur l’état de la crypte aux époques antérieures, sans toutefois autoriser une restitution précise de l’articulation des différents éléments qui la composaient.

L’assise maladroite des colonnes sur les couvercles de sarcophages n’est pas sans étonner. Aucun autre aménagement de ce type n’est, à notre connaissance, connu dans les cryptes médiévales. Il apparaît d’autant plus surprenant à Saint-Seurin qu’à une époque antérieure (état 1d ou 2), les sarcophages étaient déjà couverts par un sol homogène dallé de marbre (cf. supra). Plusieurs auteurs signalent – sans qu’on sache précisément restituer la source de cette affirmation – le remplacement de piliers carrés par des colonnes ce qui introduit un doute sur la forme des supports d’origine 66. S’il est certain que les colonnes étaient en place lorsque l’écroulement d’une partie des voûtes de l’église supérieure vint endommager les structures de la crypte en 1698 67, il reste impossible actuellement, de préciser si la mise en place des colonnes doit être considérée comme contemporaine de celle des pilastres qui reçoivent les arcades aux extrémités de la nef, ce d’autant plus que la fondation de ces derniers se trouve à une hauteur légèrement supérieure à celle des bases des colonnes. Si la mise en place des colonnes témoigne du souci indéniable d’utiliser des matériaux anciens 68, on a du mal à lui attribuer une chronologie précise 69. Le problème doit être de toute façon posé, et toute réflexion devra passer par une étude soignée des altitudes et par la prise en compte des structures que supportait – ou non – la crypte lors de son premier aménagement.

remaniements en relation avec l’église suPérieure : nouveau sol et fondations des Piles (4)La fondation de colonnes de la nef sur le couvercle des sarcophages sous-jacents implique par ailleurs une disparition

au moins partielle du sol de marbre évoqué dans l’état 1d ou 2. Si celui-ci a pu être endommagé à cette occasion, il est

suite de la chute de voûtes hautes, on remplaça un petite partie des claveaux dans les arcades de la crypte ; les arcades ont donc été restaurées et on s’est ingénié, de même que dans les travaux tout récents, à obtenir une apparence archaïque”.

66. La description la plus ancienne est celle donnée par le chanoine J. Navarre dans une réponse adressée au sacriste Barbe en septembre 1750 (petit in-folio de 168 pages aujourd’hui apparemment perdu, mais dont des extraits sont repris dans Lamothe 1846, 8-10). Elle mentionne, p. 9 (= Cirot de la Ville 1867, 144) un “emplacement en forme de nef d’église, et deux collatéraux qui en sont séparés par quelques petits arceaux soutenus par des piliers de marbre”. Jouannet 1823, 216 signale qu’“il paraît que les arcades reposaient primitivement sur des piliers carrés” et qu’“on leur a substitué des colonnilles de marbre, ajustées contre toutes les règles de l’art, sans harmonie avec le reste de l’édifice”. Il s’interroge ensuite pour savoir “si cette restauration fut (...) nécessitée par l’état des piliers”. Cirot de la Ville 1840, 70 dit qu’“on reconnaît facilement que ces arcades étaient autrefois supportées par des piliers carrés”, reprenant ensuite presque mot pour mot le texte de Jouannet ; plus loin p. 90, il signale qu’à la suite des dommages qui affectèrent l’église en 1698, dans la crypte “le pavé fut refait, des colonnes de marbre substituées aux piliers carrés que la chute de la voûte supérieure avait ébranlés” ; Cirot de la Ville 1867, 148, signale qu’“aux piliers carrés qui les soutenaient d’abord, on a substitué des colonnilles de marbre”. Ces hésitations pourraient aussi seulement résulter de l’utilisation d’un vocabulaire imprécis par certains auteurs et d’une difficulté de leur part à expliquer la cohérence de ces supports dans la crypte.

67. Procès-verbal dressé par Jacques Labat, Gabriel Monteil, Jean Dupeyrat et René Roumillac, maçons jurés, délégués pour visiter l’église et se rendre compte des dégâts occasionnels, le 25 septembre, par la chute de la voûte, AD Gironde, G 1563, f. 4.

68. Quelle que soit la date de la mise en place de ces “colonnettes” dans la nef, on peut s’interroger sur l’origine du monument auquel elles appartenaient. L’absence d’homogénéité que présentent ces fûts, tout comme les trois chapiteaux corinthiens de remploi conservés dans la crypte – d’autres fragments semblables provenant de Saint-Seurin sont par ailleurs conservés dans les réserves du Musée d’Aquitaine (chapiteau 90.33.2 et fragments sculptés 90.33.30 à 33 ?) – laissent à penser que ces éléments ont pu être remployés plusieurs fois avant d’être placés dans la nef de la crypte. Si leur origine dans l’Antiquité tardive ou au haut Moyen Âge apparaît vraisemblable, on n’est pas en mesure de préciser la nature du monument dont ils proviennent. Est-il envisageable qu’ils aient été récupérés d’un monument de l’Antiquité tardive, avant d’être réutilisés dans un autre monument médiéval (tombeau, comme semble le suggérer la marquise de Maillé 1960, 298 et 311-321), puis dans un second temps dans la crypte ? Au milieu du xviie siècle, Nau-Dumontet 1759, 27 (cité d’après Cirot de la Ville 1867, 297) décrit le tombeau de saint Seurin “dans le grand et énorme cercueil de marbre qu’on voit derrière le maître-autel, et élevé et soutenu d’un côté sur une colonne de marbre, et portant de l’autre dans le mur, où le peuple va passer et repasser jusqu’à neuf fois à l’entour du corps et baiser le tombeau, ou faire toucher des livres et des chapelets, ou brûler des cierges le jour de sa fête”. Cet aménagement était placé dans une “confession” attribuée au xive siècle par les membres de la Commission des Monuments Historiques qui la fit détruire (le tombeau décrit par Nau-Dumontet était-il alors encore en place ?) lors des travaux liés à l’aménagement du chœur de l’église en 1851 (Commission des Monuments Historiques de la Gironde 1851-1852, 13, 60-61). Sur le remploi d’éléments lapidaires antiques dans les constructions carolingiennes et romanes, voir Sapin 1986, 164 et 249, et dernièrement Foulquier 2006, 33-39.

69. Contra Loirette 1939, 75 et Maillé 1960, 281, qui datent l’aménagement de la crypte à trois nefs de la fin du xie siècle – mais on s’étonnerait alors, de la différence de soin accordée à la mise en œuvre entre le porche occidental de l’église, refait semble-t-il à cette époque, et les supports de la crypte –, Duru 1982, 64, reprenant une hypothèse de Marionneau 1861, 344 qui l’attribuait au xe siècle sans autre précision, propose de le faire remonter à “l’époque carolingienne”. Il utilise notamment à l’appui de son hypothèse le fait que la semelle de fondation de la pile méridionale de l’église du xiie siècle recouvre en partie la base de la colonne sur laquelle retombe le doubleau du collatéral sud.

Étude archÉologique de la cryPte – 211

difficile de concevoir qu’on ait alors laissé à découvert les sarcophages. En effet, les fondations des pilastres des extrémités de la nef prennent partiellement appui sur des éléments appartenant à ce sol, et d’autre part on possède les traces d’un autre sol médiéval, constitué de carreaux de terre cuite attribués au xiiie siècle 70, ce qui suppose un niveau de circulation homogène à une altitude supérieure à celle à laquelle se trouvent actuellement les bases des colonnes 71. Il faut peut-être rapprocher ce dernier du niveau de sol orné de carreaux de même type, découvert environ 1,00 m sous le sol actuel du chœur de l’église supérieure, approximativement au-dessus des trois chapelles orientales de la crypte, à l’intérieur d’une structure polygonale qui fut interprétée comme une abside lors de fouilles que conduisit H. Duphot en 1851 dans le chœur des chanoines 72. Ces deux témoignages se référant à des niveaux de sol attribuables à l’époque gothique, tant dans la crypte que sous le chœur de l’église actuelle, attesteraient d’une phase supplémentaire de réfections et d’aménagements autour de la crypte, qu’il est malheureusement impossible de préciser aujourd’hui.

Il faut peut-être mettre en relation l’aménagement de ces deux niveaux de sol avec des remaniements engendrés par la construction des piles de l’église du xiie siècle dans le chœur actuel, dont les fondations empiètent sur les murs nord et sud de la crypte. Elles se présentent actuellement sous la forme de massifs octogonaux dont trois pans font saillie à l’intérieur de la crypte. Construits en moyen appareil calcaire à joints vifs, ils sont recouverts d’un badigeon rouge orné d’étoiles sur leurs six assises supérieures. Les relations qu’ils entretiennent avec les différentes maçonneries de la crypte restent délicates à établir 73. Au nord, les fondations ne sont pas visibles, excepté un léger débord, haut de 14 cm, au-dessus du sol ; au sud, la pile prend appui sur une semelle de fondation s’élevant 42 cm au-dessus du sol refait en 1893, qui reposait lui-même sur des couvercles de sarcophages 74. Il ne subsiste plus guère de témoins des relations entre ces piliers et les parois nord et sud de la crypte d’origine. Au nord, sur sa face ouest, la pile vient s’adosser à l’arc doubleau qui subdivise le collatéral. Côté est, l’épais badigeon qui couvre le mur ne permet pas de lecture claire des relations stratigraphiques ; une maçonnerie en petit appareil est visible à proximité du sol au pied des degrés qui mènent à l’actuelle chapelle Sainte-Bénédicte et des traces de réfections au ciment sont visibles au raccord de la pile et de la voûte 75 (fig. 16). La pile sud ne s’adosse pas directement au doubleau du collatéral, laissant un espace libre de 13 cm. En revanche, son parement oriental est accolé à un piédroit en moyen appareil qui semble correspondre à l’aménagement d’un accès à l’époque moderne 76. La relation que ces piles entretiennent avec les voûtes des collatéraux de la crypte actuelle reste à préciser 77, car leur chronologie relative pose elle-même problème.

La présence de ces piles dans la crypte doit aussi être envisagée en fonction de l’emprise au sol de la structure primitive. En tout état de cause, leur construction a dû entraîner des modifications des circulations vers l’est. Cela nécessite de s’interroger sur l’articulation entre ces fondations visibles dans la crypte et les piles de l’église. Les bases moulurées que possèdent les piles dans l’église haute indiquent l’existence d’un niveau qui suppose alors l’existence d’un chœur surélevé dans la nef, dont la crypte aurait constitué le soubassement 78. Pour cette époque, on est donc tenté de restituer l’existence

70. Ces carreaux de terre cuite sont décrits par Jouannet 1823, 216-221 et visibles sur la lithographie de Lacour qu’il reproduit à la p. 214. Ils étaient alors remployés, mêlés à des dalles, dans un autre sol, attribuable à une restauration – peut-être celle de 1700 ou de 1758 (voir infra). Les vestiges subsistaient lors des travaux menés par Cirot de la Ville en 1840, qui fit déposer et placer ces carreaux sur la paroi orientale de la crypte, entre les actuelles chapelles Saint-Fort et Sainte-Véronique ; cf. Cirot de la Ville 1840, 77-81, Maillé 1960, 272 et aussi Duru 1982, 85.

71. Sauf si on considère que ces carreaux ne proviennent pas de la crypte et qu’ils ont été extraits à une époque ultérieure (époque Moderne ?) du niveau de sol signalé en 1951 par Duphot sous le chœur des chanoines, afin d’être mis en place dans la crypte lorsque le sol fut refait vers 1700 ou 1758 ; le sol résultant de cette réfection est décrit par Jouannet 1823, 217 et Cirot de la Ville 1840, 77-81.

72. Rabanis-Lamothe 1850-1851, 12, 14-15, repris par Cirot de la Ville 1867, 293-294.73. En effet, les sources écrites témoignent des nombreux remaniements qui ont affecté les deux murs nord et sud de la crypte ; ils

ont notamment dû être repris en sous œuvre à l’occasion de l’aménagement des nouveaux escaliers d’accès aménagés en 1893 (cf. Lettre de L. Magne en date du 19 septembre 1893 à monsieur le ministre de l’instruction publique des Beaux Arts, Paris, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, MH 0081/033/0028) ; au nord, Duru 1982, 71, mentionne plusieurs badigeons et portes bouchées au raccord entre la pile octogonale et l’entrée de la chapelle Sainte-Bénédicte.

74. “(...) J’avais constaté que les murs ont été posés sur des sarcophages de pierre et que, même lors de la reconstruction de la nef et du chœur au xiiie siècle on avait appuyé les piles sur les couvercles à double pente dont quelques uns s’étaient brisés sous la charge en déterminant des tassements”, Rapport à la commission par Lucien Magne sur l’exécution des fouilles aux abords de l’église Saint-Seurin datée du 14 mars 1910, Paris, Médiathèque l’Architecture et du Patrimoine, 0081/033/0028 ; repris par Maillé 1960, 296. De même, d’après ce que l’on peut voir dans le sondage ouvert à cet endroit par R. Duru, la semelle de fondation semble prendre partiellement appui sur la base de la colonne qui reçoit le doubleau de la nef sud, mais il n’est pas possible de préciser si la face qui jouxte la paroi a été rognée ou non ; cf. Duru 1982, 69, n. 15.

75. Cf. Piat 2006, I, 23.76. Cf. infra.77. Selon Piat 2006, I, 33 et 22-23, qui a pu réaliser un piquage des enduits au sud, les deux piles sont venues perforer la voûte

préexistante, de façon extrêmement soignée, tant au nord qu’au sud ; mais les claveaux sont-ils taillés de façon à laisser le passage pour la pile ou bien de façon à s’adapter à celle-ci ? Une étude plus fine serait nécessaire.

78. Les différences de niveaux entre la crypte et la nef de la collégiale devaient être assez prononcées. Nau-Dumontet 1759, 41 indique qu’avant 1698 “on y descendoit [dans l’église] par un degré de dix-sept ou dix-huit marches” et qu’il connaît des “personnes âgées dans Saint-Seurin qui ont descendu ces marches de la grande Église qui étoit encore dans le goût ancien, et qui ont entré presque de plein pié, dans l’Église souterraine, par deux portes dont l’une étoit du côté de la sacristie d’aujourd’hui, et qu’on voit murées au-dedans de cette vieille Église. On

212 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

Fig. 16. La pile gothique nord |(cl. A. Michel).

Fig. 17. Plan de la crypte (P. Anus et R. Duru – 1965-1980) in : Duru | et al. 1996, 40).

Fig. 18. Raccord de l’arc et du pilastre sud |à l’entrée de la chapelle Saint-Fort (cl. A. Michel).

Étude archÉologique de la cryPte – 213

d’une structure à trois nefs, peut-être voûtée 79, qui servait d’assise au chœur des chanoines qui s’avançait davantage dans la nef que le chœur actuel 80, du type de celles que l’on peut restituer à Saint-Jean-de-Maurienne ou Aoste 81.

Il reste difficile en l’état actuel de préciser, d’une part la nature des supports subdivisant les nefs de la crypte – tant dans son état d’origine que des réaménagements liés à la construction du chœur du xiie siècle – et d’autre part celle des couvertures de la nef. L’aspect de la crypte ou du monument qui en tenait lieu avant la reconstruction de l’église supérieure à partir de la fin du xiie siècle nous échappe encore 82. La compréhension de ces différentes phases passe aussi par l’examen soigné des accès et des circulations à la crypte tout au long de son existence 83.

l’organisation de l’esPace oriental entre le moyen Âge et l’éPoque moderne

L’organisation de l’espace oriental de cette construction tout au long du Moyen Âge nous échappe également, notamment à cause des multiples réaménagements dont ces parties ont fait l’objet depuis l’époque moderne. Ce n’est qu’après l’analyse et l’identification précises des différentes interventions alors entreprises à cet endroit que l’on pourra tenter de restituer les aspects successifs de la physionomie de cette partie de la crypte au cours du Moyen Âge.

Actuellement, les trois vaisseaux de la partie occidentale de la crypte se prolongent par trois renfoncements allongés parallèles, couverts de berceaux retombant sur un bandeau chanfreiné semblable à celui qui court au-dessus des arcades de la nef. Ces trois renfoncements, transformés à l’époque Moderne en chapelles dédiées respectivement – du nord au sud – à Bénédicte, Fort et Véronique ne présentent pas de réelle symétrie quant à leur plan. Les chapelles nord et sud adoptent un plan approximativement rectangulaire dont les parois nord et sud prolongent l’alignement des murs correspondants de la partie occidentale de la crypte (fig. 17). Leur parement témoigne de remaniements partiellement dissimulés par l’épais badigeon – repris plusieurs fois – qui le couvre 84. Ces deux chapelles sont maintenant séparées de l’espace central par d’épais murs venus chemiser des maçonneries antérieures, dont on ignore tout actuellement. Le dernier espace, de plan trapézoïdal, est marqué à l’entrée par deux pilastres maçonnés en moyen appareil calcaire, couronnés d’une imposte qui s’élève deux assises et demies au-dessus de celles sur lesquelles retombent les arcades de la nef. Ces pilastres latéraux reçoivent les retombées du doubleau qui marque l’entrée de la chapelle ; la saillie de ce dernier par rapport au mur est légèrement inférieure à celle des pilastres qui le supportent, ce qui semble indiquer là encore une reprise de la maçonnerie 85 (fig. 18).

S’il est vraisemblable que l’espace occupé par l’actuelle chapelle Saint-Fort était intégré à la structure médiévale, ce que semblent indiquer les pilastres à l’entrée de la chapelle, qui s’élèvent à l’aplomb du mur et du seuil de l’état 1 (même s’il n’était plus visible), l’organisation médiévale de l’espace occupé par les deux chapelles latérales nous échappe entièrement. Le seul point certain est que l’espace occupé par la crypte (ou ce qui en tenait lieu) à l’époque médiévale se poursuivait vers l’est, au-delà des maçonneries qui terminent les trois chapelles de ce côté, dont la facture accuse une mise en œuvre récente. En témoignent aussi bien vestiges et traces visibles sur ces maçonneries, que les diverses mentions dans la bibliographie ancienne, qui font allusion à plusieurs reprises à trois ouvertures et conduits se poursuivant vers l’est au-delà de la crypte actuelle.

montoit au Chœur par plusieurs marches”. Il est vraisemblable que c’est essentiellement la façade occidentale de la crypte et peut-être une partie des murs latéraux qui étaient visibles depuis la nef, le reste servant de substruction au chœur.

79. Pour l’étude des voûtes, probablement en partie remaniées, cf. infra. 80. Cf. plan de Saint-Seurin daté du xviie siècle, conservé aux Archives municipales de Bordeaux (Recueil 86, pl. 7). Cf. fig. 2 p. 191 de

la contribution de Gardner Boyer & Cartron dans ce même volume. 81. Voir les restitutions de ces cryptes des xe-xie siècles publiées par Sapin 2003, fig. 5 p. 56 (d’après Parron-Kontis 2002) et fig. 6 p. 57

(d’après Bonnet 1977). Pour la structure à trois nefs voûtée, soutenue par des colonnes de remploi et ouvrant sur une confession, voir le parallèle de l’état carolingien (milieu du ixe siècle) de la crypte de Saint-Germain d’Auxerre (état 4), cf. Sapin 2000, 237-238 en particulier, et p. 317-21 sur les cryptes carolingiennes en général.

82. L’hypothèse ne vaut que dans le cas d’une crypte associée à une église haute, mais on peut aussi, si la date est antérieure, considérer qu’il s’agit d’un édifice isolé, qui aurait pu être charpenté. Il y a lieu de s’interroger sur ce que soutenaient à l’origine les arcades.

83. Pour la circulation, on aurait tendance à privilégier un accès occidental par comparaison aux autres cryptes (notons aussi que les accès actuels ont été rouverts en 1893, alors que des ouvertures étaient déjà visibles dans ce mur, cf. infra).

84. Duru 1982, 71-72 note les irrégularités nombreuses de la paroi, qui conduisent à douter de l’interprétation proposée par Piat 2006, I, 23, 25, 40, qui propose d’attribuer l’aménagement de ces espaces latéraux au xie sur la base de la typologie du bandeau chanfreiné qui court en haut du mur sous les retombées des voûtes.

85. Ces irrégularités sont déjà signalées par Maillé 1960, 278, qui pensait que la chapelle pouvait avoir été aménagée, dans sa configuration actuelle, lors des travaux de 1635. C’est aussi l’avis de Duru, 1982, 73 qui signale que “les piédroits accolés aux faces latérales de ces pilastres datent manifestement de l’aménagement présumé de 1635. Et c’est probablement après 1757 qu’on a déformé l’arc en plein cintre qui le surmontait” ; l’auteur renvoie sur ce point à Darley 1917.

214 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

Les vestiges les plus visibles en sont conservés au centre, derrière la chapelle dédiée à saint Fort. La maçonnerie fermant aujourd’hui la chapelle témoigne de multiples remaniements. Si la partie inférieure de la paroi est masquée par un autel remontant au xixe siècle 86, la partie basse des maçonneries visibles montre un parement en moyen appareil calcaire, partiellement masqué par des enduits. Au-dessus apparaît une autre maçonnerie présentant deux coup de sabre verticaux, en retrait par rapport aux parois latérales de la chapelle actuelle, qui s’avèrent être les piédroits d’une ancienne ouverture ultérieurement bouchée en petit appareil 87 (fig. 19). Coup de sabre et bouchage sont eux-mêmes recoupés par une trappe grosso modo carrée, aménagée ultérieurement au-dessus de l’autel qui masque la partie inférieure de la paroi. Au-delà se développait un couloir, qui est déjà mentionné dans la bibliographie ancienne 88 et qui figure sur un relevé dressé par L. Magne en 1893 89 (fig. 20). Revisité lors des travaux menés dans la crypte en 2005 90, il s’organise autour de deux couloirs voûtés larges d’1,60 m environ, surélevés d’à peu près 2,00 m par rapport au sol de la crypte, séparés par un arc doubleau et aboutissant à une salle de plan proche du carré (1,86 x 1,72 m). Comme les couloirs, cette salle porte les traces de remaniements, notamment le bouchage d’une porte qui ouvrait vers le nord 91.

Au nord, la paroi du fond de la chapelle Sainte-Bénédicte présente une maçonnerie en pierre de taille en grand appareil calcaire aux joints de ciment gris ; un enduit gris la couvre partiellement dans la partie supérieure droite. Aucune trace évidente d’une ancienne ouverture n’est visible actuellement de ce côté 92, bien que son existence soit attestée par la bibliographie : plusieurs plans présentent, dans l’angle nord-est de la chapelle un élément difficilement identifiable qui semble correspondre à une sorte de podium de plan rectangulaire 93, dont les vestiges subsistent sous forme d’arrachement sur les parements nord et est actuels de la chapelle 94. Les plans de Lacour (1823) (fig. 21) et de Duphot (1847) 95 (fig. 22) montrent, dans l’axe de cette maçonnerie, une ouverture suivant un axe oblique en direction du nord-est dans la paroi orientale de la chapelle. Sans doute faut-il la mettre en relation avec la mention que fait le chanoine J. Navarre, en 1750, d’une ouverture à cet endroit 96. Cela implique d’une part un aménagement de ces chapelles antérieur à 1750 97, et d’autre part l’existence effective d’autres structures plus à l’est auparavant.

Au sud, la paroi orientale au fond de l’actuelle chapelle Sainte-Véronique présente un coup de sabre vertical au tiers nord du mur. À droite de cette rupture apparaît une maçonnerie de grand appareil calcaire soigneusement jointoyé au ciment 98, assez semblable à celle de la paroi orientale de la chapelle Sainte-Bénédicte. À gauche, apparaît une maçonnerie masquée partiellement par un badigeon couvert de peinture rouge, qui prend appui sur un sarcophage inclus dans la paroi

86. Cirot de la Ville 1867, 145, Maillé 1960, 271, n. 6, Duru 1982, 60.87. L’aménagement est parfaitement visible au revers de la paroi, du côté du couloir qui se prolonge vers l’est au-delà de la chapelle

Saint-Fort, cf. Piat 2006, I, 35 et pl. 19A.88. En 1750, J. Navarre, in Lamothe 1846, 8 signale une “porte murée qui annonce évidemment que le caveau était plus profond”. Cirot

de la Ville 1867, 145 parle de “caveaux étroits, voûtés et mis en communication entre eux par des portes cintrées [qui] ont dû être remaniés à une époque peu éloignée. Tout est jeune dans l’appareil, la blancheur et la propreté de leur construction. Un quatrième, conservé dans sa vieillesse, mais inaccessible depuis une époque inconnue (…). À l’aide d’une ouverture quadrangulaire, que des anneaux de fer désignent et servent à enlever au dessein, l’œil plonge dans le souterrain le plus voisin (…)”. Marionneau 1861, 439 signale qu’“en arrière du tombeau de Saint-Fort existe un passage souterrain de 1,60 à 1,80 m de largeur, qui se dirige vers la chapelle Notre-Dame-de-la-Rose, mais dont le sol est beaucoup plus élevé que celui de la crypte”. Brutails 1912, 25 signale que “toutefois, l’enfoncement du milieu communique par un trou carré, avec un couloir où se voient des pierres taillées en feuilles de fougères”.

89. Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris, cote 0082/033/1009. Maillé 1960, 278, n. 1, mentionne, d’après deux rapports de L. Magne en date des 24 janvier et 13 juin 1905 (Archives des Monuments Historiques) conservés à Paris, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine (coté 0081/033/0028), une exploration qui “vint buter sur les fondations du maître-autel édifié en 1852”.

90. Piat 2006, I, 34-37, fig. 13-14, pl. 19-20.91. Le muret de pierres sèches qui obture le passage porte la date de 1851 (cf. Piat 2006, I, 36), qu’on est tenté de mettre en relation

avec la construction du maître-autel en 1852 ; cf. Cirot de la Ville 1867, 299 et Maillé 1960, 278, n. 1. 92. Piat 2006, I, p. 21 signale pourtant derrière le sarcophage septentrional actuellement présenté dans la chapelle “une zone visiblement

démaigrie qui pose problème”.93. Lacour (1823) publié par Jouannet 1823 et Maillé 1960, 274 ; Durassier (1841), publié par Duru 1982, 68 fig. 15 ; Lacourrière d’après

Duphot (1847), Viollet le Duc 1858, 454 fig. 6. 94. Piat 2006, I, 20-21 et 23, fig. 3 et 4.95. Ces plans ont été publiés respectivement par Jouannet 1823 et Maillé 1960, 274 pour le premier ; pour le second, un plan de

Lacourrière dressé d’après les dessins de Duphot est conservé aux Archives Municipales de Bordeaux sous la cote XIX-G/4 (gravure sur bois in-8°, Commission des Monuments Historiques 1847-1848).

96. D’après Navarre 1750, in Lamothe 1846, 9 (= Cirot de la Ville 1867, 144), qui reproduit la description du chanoine, “les particularités du caveau qui est du côté nord sont (…) des degrés qui y sont encore par lesquels on montait à un petit conduit fort étroit, angi portus, de sept à huit pieds de profondeur et qu’on aperçoit au travers d’un petit grillage de fer ; ce conduit (…) a été coupé par le mur de l’église Saint-Seurin (…) ” (celle de la fin du xiie siècle ?).

97. Toute la difficulté consiste à savoir s’il faut l’attribuer aux travaux de 1635 ou à ceux consécutifs aux dommages subis par l’église en 1698 ; la première hypothèse semble plus cohérente avec un projet de réaménagement en vue d’une présentation des reliques. En revanche, rien n’implique que les épaisses maçonneries qui séparent les trois chapelles en soient contemporaines.

98. Piat 2006, I, 20 privilégie en raison du ciment et de la qualité des joints une chronologie renvoyant au xixe siècle pour cette maçonnerie (et donc celle de la chapelle Sainte-Véronique).

Étude archÉologique de la cryPte – 215

Fig. 20. Plan de la crypte et des couloirs orientaux d’après Magne 1893 |

Fig. 19. Porte obturée au fond de la chapelle |Saint-Fort, parement est (Cl. J.-L. Piat).

Fig. 21. Plan de la crypte d’après Lacour 1823. |

Fig. 22. Plan de la crypte d’après Duphot 1847. |

Fig. 23. Plan de la crypte d’après Durassier 1841. |

216 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

et couvert par un “bouchage de moellons calcaires 99”. Le plan de Durassier (1841) laisse apparaître, dans le prolongement de ce qui peut correspondre à cette cuve de sarcophage, un conduit se dirigeant vers l’est (fig. 23). Ce dernier peut être mis en relation avec le témoignage fourni par le chanoine Navarre vers 1750, qui parle d’une ouverture laissant voir toute la longueur de la cuve 100.

L’importance jouée par l’ancien mausolée antique (1) et l’existence de passages latéraux se poursuivant au-delà des limites orientales actuelles des chapelles, incitent à restituer peut-être à un moment donné – dès les aménagements médiévaux ? – des circulations de part et d’autre de l’espace central qui se serait trouvé comme enchâssé. Cependant, la prudence s’impose, car si l’on peut effectivement affirmer que cette circulation vers l’est a existé, il n’est possible, aujourd’hui, ni d’en restituer l’articulation précise, ni d’en préciser la chronologie 101. On sait simplement que ces couloirs existaient au plus tard au milieu du xviiie siècle. Là encore, seuls le piquage des enduits récents et l’analyse soignée des maçonneries sous-jacentes serait à même d’apporter des précisions. Il reste difficile, en l’état actuel, de proposer une quelconque restitution de ces espaces : il faut les penser en relation avec les structures de l’église supérieure 102.

les réaménagements du xviie siècle au xixe siècle : chaPelles orientales, voûtes et accès (5)Quoi qu’il en soit, la compréhension des phases médiévales reste soumise à la celle des transformations qu’a subies la

crypte du xviie siècle aux années 1840. Elle devra s’appuyer sur un examen soigné des textes et sur une analyse détaillée de l’épiderme des parois de l’édifice, croisés l’un avec l’autre ; tous ont été tous deux amorcés, mais sont restés incomplets.

La documentation textuelleAinsi, les textes révèlent que la crypte connut des transformations majeures au cours de l’époque moderne,

principalement en 1635 et autour de 1700-1758. La difficulté essentielle réside dans l’appréciation des travaux qui furent réellement effectués à ce moment. Dès 1635, des délibérations capitulaires nous informent que les religieux souhaitent entreprendre un aménagement de la crypte alors dénommée “cave” 103. À ce moment, les reliques en sont extraites et déposées dans la chapelle Notre-Dame-de-la-Rose 104 ; elles n’y ont toujours pas été remises en 1645 105, mais elles s’y trouvent en revanche en 1653 106 et 1659 107. En 1650, lors du siège de la ville de Bordeaux par les troupes royales lorsque la princesse de Condé se réfugia à Bordeaux avec son fils, l’église fût pillée et occupée par les soldats, mais les textes relatifs à ces événements restent muets sur la crypte 108.

En 1698, l’église connaît des dommages qui ont touché les voûtes et les arcatures soutenues par de petites colonnes, vraisemblablement celles de la crypte 109. Le procès-verbal dressé à cette occasion ne permet pas, cependant, de préciser

99. Piat 2006, I, 20.100. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 9 : “dans un des angles du mur qui en termine le fond, est l’extrémité d’un tombeau en pierre,

dont on aperçoit la longueur par une ouverture qu’on y a faite, en sorte qu’il est évident que ce caveau s’étendait beaucoup plus loin, aussi bien que les deux autres”.

101. Selon Marionneau 1861, 439 “d’après l’auteur de la Notice sur Saint-Seurin de Bordeaux, ce passage avait été disposé, au xviiie siècle, dans le double but d’aérer la crypte et de faciliter le transport des châsses des corps saints dans l’église supérieure, pour les exposer dans les grandes solennités. Nous avons visité cette partie de l’arrière-crypte, qui nous paraît à demi comblée depuis l’éboulement des voûtes et présente des murs de construction moderne”, mais on peut aussi se demander si Marionneau ne parle en fait ici du soupirail occidental de la crypte. Les premières observations apportées par Piat 2006, I, 35-36 ont montré de multiples remaniements, dont les plus récents sont attribuables au milieu du xixe siècle. En revanche, aucun élément décisif ne permet de dater le premier aménagement du couloir derrière la chapelle Saint-Fort.

102. Il faut notamment s’interroger sur les relations – physiques et/ou liturgiques – qu’entretenait (ou non) la crypte avec la “confession” de la fin du Moyen Âge aménagée au fond du chœur et qui abritait ce que l’on tenait alors pour le tombeau de Seurin (cf. Navarre 1750, 134, d’après Cirot de la Ville 1867, 294). Cette “confession” fut détruite lors du déplacement du maître-autel vers l’avant du chœur en 1852-1854, cf. Bordeaux, Archives municipales, Extrait du registre des délibérations du conseil de fabrique de la paroisse St Seurin, séance du 13 février 1852, 4013 M5, et Cirot de la Ville 1867, 294.

103. Délibération capitulaire du 13 mars 1635, AD Gironde, G. 1026, f. 336-337.104. Voir également, sur ces mouvements de reliques, la contribution de Chr. Baillet, dans ce même volume. 105. Délibération capitulaire du 19 avril 1645, AD Gironde, G. 1027, f. 272.106. Serment du clerc de la ville sur les reliques de saint Fort le 22 janvier 1653, AD Gironde, G 1028, f. 171.107. Acte du 10 octobre 1659 relatif aux reliques de sainte Véronique, AD Gironde, G 1028, f. 408-409.108. 22 octobre 1650, AD Gironde, G 1028, f. 51 ; 7 novembre 1650, décision en vue d’un emprunt de 600 livres pour effectuer des

réparations dans l’église, id., G 1028, f. 52 ; 21 novembre 1650, id., G 1563, f. 3.109. Procès verbal dressé par Jacques Labat, Gabriel Monteil, Jean Dupeyrat et René Roumillac, maçons jurés, délégués pour visiter l’église

et se rendre compte des dégâts occasionnés, le 25 septembre, par la chute de la voûte, 27 septembre 1698, AD Gironde, G 1563 : “Comme nous avons desendu dans la cave où sont les corps saints, appelée cave saint Fort et qui est au-dessous du cœur de Messieurs les chanoines, avons veu que par la cheutte et contre coup qui s’est fait desdites voutes qui a tombé dans le cœur, a fait crever divers joints des douilles des voutes et

Étude archÉologique de la cryPte – 217

l’exacte étendue des dégâts dans la crypte, notamment au niveau des voûtes. Quoi qu’il en soit, la structure architecturale de l’ensemble de l’édifice fut affaiblie. D’importants travaux destinés à le consolider furent entrepris ; ils n’étaient pas achevés en 1700 110. Si l’on parvient à saisir approximativement ceux qui furent réalisés dans l’église haute 111, il reste plus difficile de préciser la nature exacte des interventions alors effectuées dans la crypte. Si l’on se réfère à la description qu’en donne le chanoine Navarre en 1750, qui mentionne l’existence de trois caveaux séparés par des murs “d’une épaisseur extraordinaire” 112, le chemisage des murs dans la partie orientale de la crypte est antérieur à cette date. Il est possible qu’il faille l’attribuer aux réfections effectuées en 1700 ; rien n’empêche que ces murs viennent renforcer, d’ailleurs, un aménagement antérieur qui pourrait remonter à 1635 113. Il est vraisemblable qu’une partie des arcades a été refaite à cette occasion 114, mais il est difficile de préciser davantage l’étendue exacte des travaux. La crypte fut ensuite fermée pendant une cinquantaine d’années 115. À l’occasion de sa réouverture en 1758, on procéda d’abord à son déblaiement et à son nettoyage, puis à l’aménagement d’un nouvel accès au sud, suivi de peu par un autre au nord 116. L’ensemble fut suivi d’une reconsécration 117.

Ces indications, partielles, demandent à être confrontées aux nombreuses traces de reprises qui marquent les maçonneries, tant celles des parois, qui témoignent des modifications des accès, que celles des supports et des couvertures qui indiquent des aménagements et adaptations multiples.

Les couvrements : arcs et voûtesActuellement, la partie occidentale de la crypte ainsi que les trois chapelles orientales sont couvertes par des voûtes

en berceaux. D’emblée on notera que les claveaux possèdent des dimensions différentes d’une voûte à l’autre : si les trois berceaux occidentaux présentent un appareil isodome régulier, composé de claveaux aux proportions allongées couverts par d’épais joints rubanés qui en masquent les arêtes 118, ceux des chapelles orientales s’en différencient. Les deux chapelles Sainte-Bénédicte et Sainte-Véronique présentent des voûtes en moyen appareil aux claveaux de format allongé dont les arêtes sont masquées par des joints au mortier ou au ciment qui semble regratté ; la voûte de la chapelle Saint-Fort offre un aspect semblable, mais les claveaux possèdent des proportions plus trapues.

en a fait rompre aussy environ dix à douze tant douilles que saumiers des petits arceaux qui sont portés par des petites colonnes ; et avons aussi veu qu’il y en a quelqu’une de fracassées et chapiteaux, le tout menassant ruine”.

110. Sommation faite par Martial de Montallier, syndic de Saint-Seurin, aux ouvriers d’avoir à continuer et achever sans interruption sous peine de sanctions, les travaux qu’ils ont commencés à l’église Saint-Seurin, 23 août 1700, AD Gironde, minutes de Treyssac, notaire à Bordeaux (cité d’après Loirette 1936, 29-30).

111. Le devis des ouvrages de maçonnerie, charpenterie, couverture, pavé etc., à faire à l’église de Saint Seurin les Bourdeaux pour le rétablissement de lad. église, en date du 9 mars 1700, conservé aux Archives Départementales de la Gironde : minutes de Treyssac, notaire à Bordeaux (cité d’après Loirette 1936, 17-22) indique que c’est lors des reconstructions de 1700 que l’on procéda au chemisage circulaire des quatre piliers occidentaux de la nef, à la restauration des voûtes, à celle de l’arc doubleau du chœur, à la construction d’un mur séparant la nef du choeur (jubé ) auquel seront adossés deux autels ; à cette occasion aussi la nef sera mise de niveau ou presque avec le chœur, et l’ensemble de l’église sera repavé en réutilisant partiellement les matériaux anciens dans les collatéraux. Les réparations comportaient aussi une réfection apparemment assez conséquente des charpentes.

112. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 8.113. Si les aménagements du début du xviie siècle semblent surtout liés au mobilier liturgique et si les 50 livres mentionnées dans la

délibération capitulaire de l635 (AD Gironde, G 1026, f. 336-337) semblent une somme faible, incompatible avec des travaux d’envergure, il s’agit à ce moment d’achever des travaux en cours depuis deux mois sur lesquels on ne possède par ailleurs aucune autre information. Loirette 1939, 77-78 considère qu’il s’agit de travaux importants. Si Duru 1982, 71, estime que les aménagements alors effectués durent être moins ambitieux que ne le pense Loirette, il admet, p. 72 – sans se prononcer réellement sur la chronologie des chapelles latérales, contrairement à Maillé 1960, 279 qui les date de 1635 – qu’au moins la chapelle dédiée à saint Fort fût alors réaménagée. Il signale également p. 72, n. 25, que le texte de 1635 se réfère à une délibération capitulaire antérieure de trois mois qui devait donner le détail des travaux à effectuer, dont le texte n’a pas été retrouvé jusqu’à présent.

114. C’est ce que suggère le procès-verbal de 1698 qui rappelle que plusieurs furent endommagées. Cf. aussi Brutails 1912, 25, Maillé 1960, 277 et Duru 1982, 66.

115. Le chanoine J. Navarre donne une description de la crypte en date du 19 septembre 1750 ; cf. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 8-10 ; la décision fut prise de la rouvrir suite à une visite effectuée par M. Duvigier, doyen de Saint-Seurin, accompagné de plusieurs dignitaires ecclésiastiques à la fin de l’année 1757, cf. Nau-Dumontet 1759, 40.

116. Nau-Dumontet 1759, 40-41. Il y a lieu de distinguer les accès antérieurs à cette date – aussi bien ceux du Moyen Âge que ceux utilisés lors de l’aménagement de 1635 – que les sources écrites ne mentionnent pas et dont l’analyse de l’épiderme des maçonneries est susceptible de révéler l’emplacement.

117. Ibid.118. L’observation montre que ces joints sont essentiellement conservés sur les quatre à cinq assises inférieures sur le côté sud de la voûte

septentrionale et le côté nord de la voûte méridionale. La voûte du vaisseau central présente ce même type de joints sur sa partie méridionale, mais ceux de la face nord, aux arêtes plus marquées, semblent plus récents. Sur les autres parties de la voûte, ces joints sont absents, soit qu’ils aient disparu – ou n’aient jamais existé – soit encore qu’ils soient masqués par des reprises récentes au ciment (correspondent-elles au devis du 11 février 1943 conservé à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine à Paris, MH 0081/033/0028 dont aucune trace écrite ne précise si les travaux correspondants furent réalisés ?), notamment au faîte des voûtes.

218 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

À ces différences d’appareil et de mise en œuvre s’ajoutent des différences d’altitude, notamment au niveau des retombées des voûtes, dont l’articulation avec les maçonneries qui les soutiennent accusent reprises et remaniements, ce qui indique que l’état actuellement conservé des couvertures ne correspond que peu à celui d’origine 119. Si les voûtes culminent toutes à une hauteur identique, celle de la chapelle Saint-Fort présente un profil surbaissé, en contrebas de 20 cm par rapport à ses voisines, qui suppose probablement un remaniement 120. Cette différence d’altitude se répercute au niveau des retombées des voûtes – le départ de l’arc à l’entrée des chapelles latérales se trouve 40 cm plus haut que celui de la chapelle dédiée à saint Fort – qui s’effectuent dans les trois chapelles, comme dans la partie occidentale de la nef, sur des bandeaux chanfreinés en saillie sur la paroi.

Les arcs marquant l’entrée des chapelles présentent également des irrégularités, qui attestent de remaniements et peut-être d’un destin différent de l’espace central et des chapelles latérales. L’arc en plein cintre à l’entrée de la chapelle Sainte-Bénédicte est décalé vers le mur septentrional de la crypte. Au nord, les deux claveaux inférieurs – qui présentent des traces de regrattage et des incisions en arêtes de poisson – retombent sur les restes d’une imposte chanfreinée partiellement retaillée ; ils se situent légèrement en retrait par rapport à l’enduit qui couvre la paroi du collatéral nord de la crypte, juste devant l’entrée de la chapelle. Côté sud, l’arc prend appui, un peu en deçà du départ de l’imposte en biseau qui le couronne, sur l’épais massif de maçonnerie qui sépare la chapelle Sainte-Bénédicte de la chapelle Saint-Fort. Sur sa face occidentale, ce massif est couvert d’un enduit qui présente, à la hauteur de l’imposte, une trace linéaire qui correspond soit à un arrachement, soit à un bûchage de cet enduit 121 (fig. 24). L’état des maçonneries ne permet plus, au sud, de discerner aucun aménagement symétrique : le parement occidental du massif qui sépare la chapelle Saint-Fort de la chapelle Sainte-Véronique est couvert de ce côté par une surépaisseur maçonnée, couverte de différents enduits dont la chronologie est délicate à cerner, mais qui ne peuvent guère remonter à un aménagement d’origine 122. De ce côté, la situation est plus complexe encore qu’à l’entrée de la chapelle Sainte-Bénédicte. L’arc, en plein cintre, également décalé vers la paroi méridionale de la crypte, retombe au nord sur une imposte biseautée émergeant à peine du mur qui couronne un pilier dont le parement est aligné avec la paroi septentrionale de la chapelle Sainte-Véronique (fig. 25). L’arc a été partiellement retaillé côté sud, sa largeur est inférieure à celle du côté nord. S’il est aisé d’attribuer cette reprise à une époque récente – celle qui vit la condamnation de l’accès qui existait de ce côté 123 – on s’interroge néanmoins sur la nature du raccord de l’arc avec la voûte du collatéral sud de la crypte lors des phases antérieures, aussi bien lorsque fut aménagé l’accès ensuite condamné qu’auparavant. Il conserve néanmoins un ordonnancement global similaire à celui de l’arc d’entrée de la chapelle Sainte-Bénédicte : plus étroits que la voûte du collatéral de la crypte, mais de même largeur que la voûte des chapelles, les arcs sont tous deux décentrés vers les parois extérieures de la crypte et prennent appui à l’opposé sur d’épais massifs de maçonnerie qui les séparent de la chapelle Saint-Fort.

L’arc qui souligne l’entrée de cette dernière présente une situation différente. De profil irrégulier et très aplati, il prend appui dans sa partie inférieure sur deux pilastres couronnés d’impostes en biseau, situés en contrebas par rapport aux impostes sur lesquelles retombent les arcs à l’entrée des chapelles latérales. Aussi bien au nord qu’au sud, les deux premiers claveaux amorcent le dessin d’un arc au profil bien plus tendu que l’arc actuel (fig. 26). Au nord, au-dessus du second claveau, le profil marque un léger retrait qui se traduit par une petite saillie sur l’intrados. Le symétrique se retrouve sur le côté sud, mais très atténué. Les troisième et quatrième claveaux amorcent une courbe presque parallèle à celle du berceau de la nef centrale de la crypte, puis elle s’infléchit pour donner un profil surbaissé à l’arc.

Les irrégularités constatées, tant dans les retombées des arcs latéraux que dans celles de l’arc à l’entrée de la chapelle Saint-Fort, conduisent à écarter l’hypothèse selon laquelle ils correspondraient à l’état d’origine de la crypte. La retombée des arcs nord et sud sur les massifs maçonnés qui séparent les chapelles latérales de la chapelle Saint-Fort indique une chronologie postérieure à l’établissement de ces derniers. De ce fait, il faut attribuer une chronologie également postérieure aux voûtes des deux chapelles latérales, dont le profil est identique à celui des arcs d’entrée. Puisque l’aménagement des

119. Il est difficile d’admettre avec Piat 2006, I, 19-21, 23, 25, 26, 29, 34, 40-41, – qui accepte cependant p. 30 une réfection possible de la voûte de la chapelle centrale – que l’ensemble des couvertures remonte à l’aménagement de la crypte médiévale, qu’il apparaît hasardeux d’attribuer en bloc au xie siècle. Cf. déjà Maillé 1960, 278-279 sur la chronologie différente de l’aménagement des chapelles latérales à l’époque moderne et Duru 1982, 71-73 sur le même sujet et plus haut, p. 66, contra la précédente, sur la datation de l’aménagement de la crypte au xie siècle.

120. La voûte est d’ailleurs plus basse que l’arc – aujourd’hui muré – dont le profil est nettement visible sur le parement oriental du mur au fond de la chapelle, qui ouvrait sur le couloir voûté se développant plus à l’est (pour ce couloir, cf. supra).

121. Doit-on y voir la trace d’une ancienne imposte retaillée ? Seule une observation précise permettrait de le confirmer.122. La présence de joints rubanés dans la partie supérieure de ce renforcement de maçonnerie ne permet pas de l’attribuer au xie siècle

comme le propose Piat 2006, I, 19 et 31 puisque l’imposte biseautée qui couronne les arcades méridionales de la crypte se poursuit au-delà de celui-ci.

123. Cf. infra.

Étude archÉologique de la cryPte – 219

Fig. 24. Arc à l’entrée de l’actuelle chapelle Sainte-Bénédicte |(cl. A. Michel).

Fig. 25. Arc à l’entrée de l’actuelle |chapelle Sainte-Véronique

(cl. A. Michel).

Fig. 26. Arc à l’entrée de l’actuelle chapelle Saint-Fort |(cl. A. Michel).

220 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

massifs maçonnés remonte vraisemblablement au plus tôt à 1635, voire plus tard (cf. supra), les voûtes des chapelles latérales ne sont donc probablement pas antérieures au xviie ou au xviiie siècle. Les différences d’altitude des voûtes et des retombées des arcs marquant l’entrée des trois chapelles, les reprises apparemment plus nombreuses de l’arc à l’entrée de la chapelle Saint-Fort semblent indiquer l’aménagement en plusieurs temps de ces trois chapelles, qu’il ne sera possible de confirmer et de préciser que par une étude bien plus fine que les observations qui ont pu être menées jusqu’à présent 124.

La partie occidentale de la crypte est couverte par trois berceaux longitudinaux en moyen appareil, de facture homogène. Celui qui couvre la nef centrale est légèrement plus étroit que ceux des collatéraux qui possèdent une largeur équivalente. Le raccord entre les claveaux est masqué sur les assises les plus basses par d’épais joints rubanés, couverts à leur tour par plusieurs décors peints ; dans la partie haute de la voûte, ces joints rubanés ont souvent disparu et les assises ont été rejointoyées grossièrement au ciment gris. Ces différentes traces masquent l’état d’origine et témoignent de réfections plus nombreuses que ne le laissent deviner les textes 125. Une étude stratigraphique minutieuse des différents badigeons qui couvrent les voûtes s’avère encore une fois un préalable nécessaire avant l’établissement de toute chronologie relative.

Les retombées des trois berceaux parallèles s’effectuent par l’intermédiaire de bandeaux chanfreinés sur les murs nord et sud de la crypte et sur les maçonneries couronnant les séries d’arcades qui subdivisent les nefs. Aussi bien au nord qu’au sud, il ne reste que peu de fragments de l’imposte d’origine : seuls en subsistent deux lambeaux à l’ouest de la retombée des doubleaux qui subdivisent les nefs. Les autres parties ont été supprimées – et restituées – lors de la condamnation ultérieure d’ouvertures qui avaient été aménagées dans les parois 126 et lors la construction des soubassements des piles de l’église du xiie siècle.

Les relations qu’entretiennent les voûtes avec ces dernières sont délicates à déterminer. Au nord, trois claveaux de la voûte s’affaissent actuellement au raccord avec le pan occidental de la pile ; le raccord avec le pan médian est masqué par d’épais joints qui couvrent la dernière assise visible de la pile (fig. 27). Du côté sud, le décor peint masque en partie les claveaux qui composent la voûte et ne laissent que très difficilement entrevoir leurs extrémités. Sur les pans oriental et occidental, les claveaux semblent épouser parfaitement le parement de la pile ; le raccord entre la voûte et le pan central est masqué par un rejointoyage récent au ciment (fig. 28). Des investigations plus poussées apparaissent une fois encore nécessaires pour déterminer à la chronologie relative des voûtes et des fondations des piles du xiie siècle 127.

Du côté de la nef centrale, les bandeaux chanfreinés sur lesquels retombent les voûtes sont bien conservés. Celles-ci viennent couronner la série d’arcades qui retombent sur les chapiteaux placés sur les deux files de colonnes de marbre subdivisant les trois vaisseaux. On a déjà souligné supra les irrégularités que présentent ces arcades, tant dans leur profil que dans leurs dimensions. Si le parti architectural peut remonter à une époque assez haute – probablement médiévale – dans l’aménagement de la crypte, en revanche, ces irrégularités ne permettent pas de déterminer dans quelle mesure l’état actuellement conservé remonte à cette époque. En effet, bien qu’elles présentent aujourd’hui une maçonnerie assez homogène – exceptés les deux premiers claveaux des retombées des deuxième et troisième arcades au-dessus de la colonne centrale, tant au nord qu’au sud – marquée par les joints rubanés que l’on retrouve en divers endroits de la crypte, les maçonneries ne sont pas toujours alignées avec les impostes qu’elles couronnent. Du côté des collatéraux, ces dernières débordent de l’imposte au-dessus de la première colonne ouest, tant au nord qu’au sud, alors que la saillie est absente ou imperceptible pour la troisième colonne et les pilastres aux extrémités de la nef 128 (fig. 15). Dans la nef centrale, en revanche, les impostes sont alignées avec la maçonnerie, sauf au niveau des colonnes sud-est et nord-ouest. Les chapiteaux et impostes qui couronnent les colonnes ne présentent pas plus d’homogénéité : excepté le chapiteau corinthien remployé

124. R. Duru et la Marquise de Maillé avaient déjà attiré l’attention sur les irrégularités des arcs à l’entrée de chapelles latérales et proposé des hypothèses quant à la chronologie de leur aménagement. Analysant p. 278 le raccord direct des arcs à l’entrée des deux chapelles latérales sur les murs par des tailloirs “de qualité si misérable”, Maillé 1960, 279 met ces derniers en relation avec les travaux effectués en 1635. Quant à l’espace central, elle attribue p. 278 son aménagement à l’époque romane, les travaux de 1635 lui donnant son aspect actuel (p. 279). Duru 1982, 8 n’attribue aux réaménagements de 1635 que la chapelle Saint-Fort, mais il ne donne aucune indication claire sur la chronologie des chapelles latérales, hormis, p. 72, la prolongation vers l’est “peut-être avant 1635” de ce qui deviendra, à partir de cette date au moins, la chapelle Sainte-Véronique.

125. Au moins trois décors successifs, signalés aussi par Piat 2006, I, 37, sont clairement visibles : décor d’épais joints rubanés, mais pas partout, d’enduit rouge-rosé, de lignes rouges imitant un appareil isodome, de voûte étoilée en blanc sur fond rouge, visible sur la gravure de Lacourt publiée dans Jouannet 1823, en partie masqué par des rejointoyages au ciment peu soignés.

126. Sur les circulations dans la crypte et les modifications des accès, voir infra. 127. Piat 2006, I, 22 (pile nord) et 33 (pile sud) considère que les piles sont venues percer des voûtes plus anciennes, l’aménagement

ayant été réalisé de façon très soignée. Cette interprétation, peu probable selon nous, part du principe de la contemporanéité des voûtes actuelles et des doubleaux. Pour être confirmée, l’hypothèse devra s’appuyer sur une étude des maçonneries plus approfondie que celles qui ont pu être pratiquées jusqu’à présent.

128. Les réfections postérieures – mais de combien ? – des chapiteaux, impostes et premières assises au-dessus des colonnes centrales ne permettent plus de juger de l’état précédent.

Étude archÉologique de la cryPte – 221

au-dessus de la colonne nord-est, les autres colonnes portent des chapiteaux en tronc de pyramide, dont plusieurs accusent une facture très récente. Les impostes présentent la même hétérogénéité, bien que la facture de celles qui couronnent les colonnes sud-ouest et sud-est soit assez semblable, du côté du collatéral, à celle des arcades, mais aussi des chapiteaux. Si l’on considère que ceux-ci ont été installés lors des remaniements attribuables à l’époque moderne 129, on peut s’interroger aussi sur la reprise des maçonneries des arcades au cours de cette période 130.

Dans les trois vaisseaux, les voûtes sont actuellement étayées par des arcs doubleaux surmontés de murs diaphragmes. Ces éléments présentent des irrégularités trop troublantes pour qu’on puisse considérer – au moins dans leur

état actuel – qu’ils résultent d’un aménagement unitaire et contemporain des voûtes. Dans les collatéraux nord et sud, ces dernières présentent un profil différent de l’intrados des doubleaux. Le

profil des arcs n’épouse pas celui de la maçonnerie de la voûte : la clef des doubleaux n’est pas alignée avec celle de la voûte, qui est décalée vers le nord dans la nef septentrionale et vers le sud dans son pendant méridional (fig. 29). L’espace entre les doubleaux eux-mêmes et la voûte est comblé par un mur-diaphragme maçonné en moyen appareil 131.

Les arcs doubleaux, composés de gros claveaux soulignés par des joints rubanés, retombent, au nord et au sud, sur des tailloirs en saillie sur les parois de la crypte, qui couronnent des chapiteaux corinthiens de remploi placés sur des fûts de colonne de marbre se dressant en avant de la paroi. Le diamètre de ces dernières est nettement plus important que celui du lit de pose du chapiteau (fig. 30). Au sud, la colonne repose sur une base placée de biais, qui est partiellement recouverte par la semelle de fondation de la pile gothique de la fin du xiie siècle (fig. 31). Au nord, on retrouve un aménagement semblable : l’arc retombe sur un tailloir chranfreiné, orné d’un décor de torsades. Si ce dernier est assisé avec la retombée de l’arc, il ne l’est pas avec le support sous-jacent : il repose sur un chapiteau corinthien placé de biais sur deux tambours de colonne, lisses, reposant sur une base qui semble posée sur le dallage refait à la fin du xixe siècle 132

129. Maillé 1960, 279 et 281, n. 3 les attribue aux restaurations du xviiie siècle ; cf. aussi Duru 1982, 69 et Piat 2006, I, 41.130. La présence de joints rubanés, ne suffit pas, à elle seule, à attribuer l’état actuel de ces maçonneries au xie siècle comme le propose

Piat 2006, I, 19, 31, 36, 41. Maillé 1960, 277, attribue le motif des arcades à la fin du xie siècle, mais considère que leur état actuel – notamment leur élargissement – résulte des réfections ultérieures.

131. Les épais joints rubanés couverts par les badigeons et décors successifs ne permettent plus apprécier le module exact des blocs, dont la hauteur semble légèrement supérieure dans la partie basse de ces murs-diaphragmes, au moins dans le collatéral nord.

132. Cf. Duru 1982, 64, qui parle d’une base de colonne romane, sous laquelle il s’attend à trouver une autre base, plus ancienne ; Piat 2006, I, 23-24.

Fig. 27. Raccord de la voûte et de la pile gothique nord (cl. A. Michel). |

Fig. 28. Raccord de la voûte et de la pile gothique sud (cl. A. Michel). |

222 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

Fig. 29. Doubleau et mur-diaphragme du collatéral nord (cl. A. Michel). |

Fig. 31. Base de colonne sous la fondation de la pile gothique méridionale |(cl. A. Michel).

Fig. 30. Retombée du doubleau méridional |(cl. A. Michel).

Fig. 32. Retombée du doubleau septentrional |(cl. A. Michel).

Étude archÉologique de la cryPte – 223

(fig. 32). Du côté de la nef centrale, les quatre premiers claveaux des doubleaux pénètrent les maçonneries formées par les retombées des arcades et viennent mourir sur les chapiteaux sur lesquels elles retombent.

On notera par ailleurs que la portée des arcs doubleaux des collatéraux est inférieure à la largeur de ces derniers (2,45 m à l’intrados pour un vaisseau large de 2,82 m au nord et 2,43 m pour une largeur de 2,85 m au sud), alors qu’elle est identique dans la nef centrale (2,57 m à l’intrados). Cette différence entre la portée des doubleaux et la largeur des vaisseaux latéraux justifie le recours à des retombées sur des colonnes se détachant en avant de la paroi dans les collatéraux, ainsi que la divergence des profils des doubleaux et des voûtes dans ces derniers. Dès lors, on est en mesure de s’interroger sur la chronologie relative des voûtes. A. de Maillé supposait une insertion plus tardive des doubleaux, destinés à renforcer les voûtes préexistantes 133, mais la retombée du doubleau méridional sur une base de colonne partiellement couverte par la semelle de fondation de la pile gothique conduit à se demander si les doubleaux ne sont pas, en fait, plus anciens que les voûtes actuelles. Ces dernières ont pu être refaites et leur profil repris 134. D’autre part, on remarquera que les colonnes placées au droit des retombées des doubleaux dans la nef centrale présentent un diamètre supérieur à celui des autres colonnes qui reçoivent les retombées des arcades, ce qui atteste une subdivision ancienne de l’espace à cet endroit 135. La réfection symétrique – de facture apparemment assez récente – des retombées des arcatures de la nef et des doubleaux, des impostes et des chapiteaux au-dessus des colonnes centrales de la nef de la crypte ne saurait être fortuite et doit être envisagée en relation avec la statique globale de l’édifice et des différentes poussées engendrées par les couvrements 136.

On est donc tenté d’attribuer les voûtements, dans leur état actuel, aux différents remaniements et réfections qu’ils ont connus depuis le xviie siècle. Cependant, la compréhension de la chronologie relative des modifications effectuées dans la crypte aux xviie et xviiie siècles ne pourra désormais progresser qu’avec l’établissement d’un diagramme stratigraphique des différents enduits et badigeons qui couvrent les parois, fondé sur un enregistrement minutieux des traces visibles sur l’épiderme des maçonneries et sur des analyses de mortier.

Modification des accès et circulations : essai de chronologie relativeUne étude des transformations intervenues dans la crypte à l’époque moderne ne saurait être complète sans l’évocation

des accès et des circulations au sein de cet espace, mais aussi entre la crypte et l’église. Les multiples remaniements dont ils ont fait l’objet révèlent des transformations de l’usage de la crypte, dont la restitution s’avère cruciale pour la compréhension de la mise en scène de la mémoire des saints et de l’évolution de la liturgie.

Actuellement, les maçonneries de la crypte portent les traces de huit accès différents, toute chronologie confondue. Six d’entre eux sont relativement aisés à identifier, à savoir les deux portes par lesquelles on pénètre actuellement dans la crypte et quatre ouvertures aujourd’hui murées, l’une à l’extrémité ouest du mur sud, la seconde dans le même mur juste devant l’entrée de la chapelle Sainte-Véronique, la troisième à l’extrémité ouest du mur nord de la chapelle Sainte-Bénédicte et la dernière au fond de la chapelle dédiée à saint Fort. Par ailleurs, plusieurs reprises dans le mur nord pourraient aussi témoigner d’anciennes ouvertures. La multiplicité de ces entrées témoigne d’une histoire longue et complexe de la crypte. Si on ignore finalement l’emplacement des accès anciens et s’il n’est pas toujours possible de fixer la chronologie des différentes portes identifiées, les sources écrites et les traces que porte l’épiderme des maçonneries fournissent des indices sur leur chronologie relative et sur l’évolution des accès à la crypte – et donc des circulations – de l’époque moderne à la fin du xixe siècle. Sans pouvoir résoudre toutes les questions en suspens, il est déjà possible d’émettre quelques hypothèses sur la chronologie et l’emplacement des accès au fil du temps.

133. Maillé 1960, 277 restitue des voûtes en berceau en blocage dépourvues de doubleaux à l’époque romane ; p. 279, elle associe la mise en place des doubleaux aux réparations des voûtes consécutives aux dommages de 1698.

134. Le système de l’arc diaphragme asymétrique tel qu’on le rencontre ici n’est guère habituel à l’époque romane et on peut se demander si les voûtes n’ont pas été refaites, surélevées et peut-être élargies, à une époque qu’il est difficile de déterminer. Un examen soigné des raccords des maçonneries, actuellement dissimulées par plusieurs badigeons, l’analyse de la composition d’échantillons de mortier prélevés sur les voûtes, les doubleaux, les murs qui les surmontent et les piles gothiques seraient susceptibles d’apporter des éléments de réponse.

135. Les emplacements restitués d’autres colonnes sur les murs nord et sud de la crypte, qui seraient alignées avec les première et troisième colonnes, et qui témoigneraient de l’existence de doubleaux dans chaque travée, sont actuellement occupés par les fondations les piles gothiques et des remaniements postérieurs de la maçonnerie. Seul le plan publié par Viollet-le-Duc 1858, IV, 454 fig. 6 – d’une fiabilité douteuse – suggère cette disposition, le tracé des doubleaux n’étant généralement pas signalé sur les différents plans de la crypte.

136. Il faut prendre en compte l’avancée importante du chœur des chanoines dans la nef de l’église au xviiie siècle et la présence du jubé à l’entrée, dont le devis des ouvrages de maçonnerie, charpenterie, couverture, pavé etc., à faire à l’église de Saint Seurin les Bourdeaux pour le rétablissement de lad. église, en date du 9 mars 1700, conservé aux Archives Départementales de la Gironde mentionne la reconstruction sur l’emplacement de l’ancien jubé (cf. Loirette 1936, 19-20). Celui-ci était situé, d’après un plan de l’église daté du xviie siècle au-dessus des doubleaux des voûtes de la crypte (cf. fig. 2, p.291 de la contribution de Boyer-Gardner & Cartron dans ce même volume).

224 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

Les accès médiévaux

Un premier accès au nord-est ?Les accès de l’époque médiévale restent les plus difficiles à localiser. On peut peut-être faire remonter assez haut

au cours de cette période les traces de reprise de la maçonnerie situées dans le mur nord, immédiatement à l’est de la fondation de la pile septentrionale du xiie siècle 137, juste devant le pilastre d’entrée de la chapelle Sainte-Bénédicte. A cet endroit, la paroi est en majeure partie recouverte d’un enduit grisâtre en haut et jaunâtre au bas, laissant apparaître, en partie basse, deux assises de moellons. Au-dessus de l’enduit, la voûte présente des traces de réfection, évoquant un bouchage rectangulaire en grand appareil calcaire conservé sur quatre à cinq assises, dont les joints semblent regrattés. Immédiatement à gauche, entre cette réfection et la pile, la voûte a été réparée au ciment 138 (fig. 33). Bien que ces vestiges n’évoquent pas au premier abord ceux d’une porte, la documentation écrite autorise pourtant la restitution d’un accès à cet emplacement. Si l’on peut hésiter à identifier une porte d’après la description assez vague du chanoine Navarre adressée en réponse au sacriste Barbe 139, Nau-Dumontet donne à la même époque des indications plus précises qui peuvent correspondre aux traces conservées, puisque la porte dont il est question a été oblitérée par la pile de l’église haute 140. Une porte apparaît en outre à cet emplacement sur le plan de Lacour daté de 1823 141. Malheureusement, les vestiges actuellement visibles – en grande partie masqués par un badigeon, indatable en l’état actuel des recherches – ne permettent de se prononcer ni sur la chronologie du percement de cet accès (était-il contemporain de la paroi ?), ni sur la date précise de sa condamnation. Cependant, celle-ci dut intervenir assez tôt – dès la fin de l’époque romane ou le début de l’époque gothique –, puisqu’elle serait liée à la construction de fondation de la pile du xiie siècle 142.

Un déplacement des entrées vers l’ouest ?À en juger par les assertions du chanoine Navarre, ce remaniement lié à l’aménagement de la nef et du chœur

de l’église du xiie siècle aurait entraîné un déplacement des accès à la crypte vers l’ouest 143. Si l’on peut hésiter sur leur localisation, qui ne correspond pas nécessairement aux ouvertures actuelles, on ne peut plus aujourd’hui les associer aux reprises du mur occidental 144, qu’un sondage récent pratiqué dans la maçonnerie a permis d’identifier comme le chaînage d’angle d’un mur qui se prolonge vers le nord et qui ne peut donc correspondre au bouchage d’une porte 145.

137. La mention “porte 1757 obturée en 1893” qui apparaît sur le dessin de J.-F. Pichonneau tiré du plan d’Anus et Duru (1965-1980) dans Barraud & Pichonneau 1996b relève de la confusion avec la porte ouverte immédiatement à l’est, juste à l’entrée de la chapelle Sainte-Bénédicte. La nature du bouchage de cette dernière, semblable à celui de la baie ouvrant devant la chapelle Sainte-Véronique, en atteste sans ambiguïté.

138. Piat 2006, I, 23.139. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 10 : “lorsque le petit conduit dont on a déjà parlé, fut coupé par le mur de l’église Saint-Seurin, on

fut obligé d’ouvrir une nouvelle entrée vers le fond de chacun des collatéraux. Ces deux portes ont été murées depuis quoique les escaliers par lesquels on y descendait subsistent encore”.

140. Nau-Dumontet 1759, 2e partie, 60 : “on remarque encore au côté septentrional de ce souterrain <la crypte> (pl. III), un enfoncement étroit, bouché par quelque grillage qui va sous la chapelle Notre-Dame de la Rose (…) Un pilier de la nouvelle Église <Saint-Seurin, par opposition à Saint-Étienne dont il est par ailleurs question> ferma cette route de communication avec Saint-Étienne”.

141. Cependant on peut s’interroger sur la fiabilité du plan, publié par Jouannet 1823, si on le compare à celui de Durassier, daté de 1841 et publié par Duru 1982, 68 fig. 15, qui place l’escalier et l’accès plus à l’est dans la chapelle Sainte-Bénédicte. La porte est reprise sur le plan levé entre 1965 et 1980 par P. Anus et R. Duru, publié par Duru 1982, plan H.

142. Nau-Dumontet 1759, 2e partie, 60 (cf. texte cité supra n. 140). On peut néanmoins hésiter à attribuer aussi ces propos à l’ouverture sise à l’ouest de la pile.

143. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 10 (cf. texte cité supra, n. 139). On peut bien sur hésiter sur l’interprétation à donner à l’expression “au fond des collatéraux” qui pourrait s’appliquer également à leur extrémité orientale.

144. Cf. la description des vestiges supra, “Construction du mur occidental de la crypte actuelle (2)”. L’identification de ces irrégularités de la maçonnerie fut proposée par Maillé 1960, 272 qui attribué ces portes au xiiie siècle sur la base d’une argumentation assez floue : “je doute cependant que ces escaliers <les accès actuels>, qui débouchent dans la crypte par des baies en plein cintre à larges claveaux, occupent la place des escaliers originels. Du côté nord, des restes du montant appareillé, du côté sud un très visible remplissage attestent la présence de baies qui, au lieu d’être comme aujourd’hui, voisines des murs latéraux, ouvraient à côté des piliers engagés dans le mur pour recevoir les arcades du vaisseau central. Le sol à larges dalles de pierre, est celui qui se refaisait en 1758. Mais Cirot de la Ville y vit encore en place des carreaux émaillés, aujourd’hui rassemblés dans les murs est et ouest et que leur décor permet de dater du dernier quart du xiiie siècle. Il faut donc faire remonter à cette époque l’exhaussement qui eut pour effet d’enterrer les bases des colonnettes du vaisseau principal”. Elle fut ensuite reprise par Duru 1982, 70, qui, cependant, restait très prudent quant à la datation du dispositif : “or cette porte (l’accès actuel, rouvert en 1893) semble être le témoin d’un remaniement tardif, comme celle qui lui est opposée à l’autre extrémité, mais ouverte dans le mur nord. L’on perçoit nettement, en effet, dans ce mur occidental, les traces de deux anciennes ouvertures murées et remaniées, situées symétriquement sous les bas-côtés nord et sud. (…) L’aménagement devait exister avant 1700”. Ces portes figurent aussi sur le plan dressé par P. Anus et R. Duru entre 1965 et 1980, cf. Duru 1982, plan H.

145. Piat 2006, I, 13-15 et 40 attribue ce massif de maçonnerie à une construction plus ancienne qui aurait précédé l’aménagement de la salle à trois nefs. Il restitue un aménagement symétrique au sud, où toutefois aucun sondage de contrôle n’a été pratiqué ; voir aussi supra, “Construction du mur occidental de la crypte actuelle (2) ”.

Étude archÉologique de la cryPte – 225

Faut-il alors considérer que ces accès correspondent aux portes occidentales actuelles – qui furent condamnées puis rouvertes ultérieurement (cf. infra) ? L’étude de la documentation écrite n’apporte guère d’indications quant à la date de leur percement. En outre, à y regarder attentivement, ni leur aménagement, ni leur fonctionnement n’apparaissent nécessairement contemporains : les documents écrits du xixe siècle ne signalent en fait que la porte aménagée dans la partie nord du mur occidental de la crypte 146. La porte sud n’apparaît sur aucun des plans de la crypte dressés au xixe siècle antérieurs à 1893, au contraire de la porte septentrionale 147. On est intrigué par l’absence de toute référence écrite à la porte aménagée dans la partie sud du mur – par laquelle on entre actuellement dans la crypte – alors que les autres issues sont mentionnées ; faut-il en déduire que les deux baies occidentales ne fonctionnaient pas ensemble à l’origine alors que les similitudes dans la mise en œuvre suggèrent l’inverse ? Il est difficile de fixer une chronologie quant à l’aménagement de ces deux baies, mais on peut considérer que leur aménagement est antérieur à 1700, puisque le nivellement de la nef de l’église entraîna ipso facto la condamnation de toutes les ouvertures occidentales de la crypte 148. Le remploi, dans le bouchage de la porte nord, d’une pierre comportant une épitaphe datée de 1209 n’est pas d’un grand secours puisqu’elle ne donne qu’un terminus post quem pour sa condamnation 149.

146. La première description est celle de Jouannet 1823, 219 : “on voit sur ce plan qu’à l’angle H il existait jadis une ouverture, dont l’arcade à plein cintre semble indiquer la primitive entrée du souterrain. Ses marches ont été enlevées, mais l’arcade subsiste encore (…) Il s’agit de la porte nord”. La localisation est confirmée par Marionneau 1861, 440 : “dans le mur occidental, à l’extrémité du bas-côté nord, se voit une petite porte, aujourd’hui comblée, qui était primitivement l’une des entrées de la chapelle, dont le seuil n’était alors au-dessus du dallage, que de 1m20 environ”. Cirot de la Ville 1867, 150, signale qu’“au pied de chaque nef latérale, une porte en plein cintre, aujourd’hui murée, donnait accès de l’église supérieure à la crypte”, mais il précise ensuite “celle de l’ouest (…)”, ce qui laisse entendre que la seconde n’est pas placée dans la paroi ouest de la crypte ; cette dernière correspondrait alors plutôt à la porte aménagée à l’extrémité ouest du mur sud. Sans donner de précision, Duru 1982, 70 considérait la porte septentrionale comme un remaniement tardif : “la porte qu’il a rouverte ne peut être que celle qui se trouve au nord du mur occidental, sur les plans que nous venons de citer, et dont Charles Marionneau, quelques années auparavant, avait retrouvé le seuil ; seuil situé à 1,20 m au-dessus du sol de la crypte, dont le niveau devait être sensiblement le même qu’aujourd’hui. Or cette porte semble être le témoin d’un remaniement tardif, comme celle qui lui opposée à l’autre extrémité, mais ouverte dans le mur nord”.

147. La porte septentrionale figure sur les plans de Lacour (1823) in : Jouannet, 1824, Durassier (1841) in : Duru 1982, 68, fig. 15, et Duphot (1847) in : Cirot de la Ville 1867, 144 (donné comme celui de Lacourrière).

148. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 9 (= Cirot de la Ville 1867, 144) le confirme : “on aperçoit quelques portes murées dans ces deux collatéraux, une du côté de la sacristie et l’autre qui fait face à la nef de l’église du chapitre”.

149. Jouannet 1823, 220 : “une des caisses sépulcrales qui ferme l’ancienne entrée présente une inscription gothique (…). ” ; Cirot de la Ville 1840, 89 : “elle est maintenant fermée par trois pierres tombales” ; Cirot de la Ville 1867, 150 : “au pied de chaque nef latérale, une porte en plein cintre, aujourd’hui murée, donnait accès de l’église supérieure à la crypte. Celle de l’ouest était bouchée par deux larges fragments de pierre dure dont l’un présentait un commencement d’inscription. On supposait que l’autre, tourné sur sa principale face, en donnerait la fin. (…) Elle se lit donc : L’an du seigneur 1209, le 15 des calendes de janvier”. Les plans de Lacour (1823) in : Jouannet 1824, Durassier (1841) in : Duru 1982, 68, fig. 15 et Duphot (1851 - donné comme celui de Lacourrière) in : Cirot de la Ville 1867, 144, figurent la porte comme étant encore bouchée.

Fig. 33. Ancienne porte nord-est à l’entrée |de la chapelle Sainte-Bénédicte (cl. A. Michel).

226 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

Les accès entre la fin du Moyen Âge et l’époque moderne (avant 1698)On ne saisit donc réellement ni si ces portes occidentales médiévales supposées correspondent aux baies actuelles,

ni jusqu’à quand elles ont pu être utilisées, car les données sont singulièrement absentes pour les derniers siècles du Moyen Âge et le début de l’époque moderne. On sait simplement qu’avant 1750 – et probablement avant 1700 puisque la crypte fut alors condamnée –, on entrait dans la crypte par une porte dans le mur ouest et par un accès ouvert dans le mur sud 150. L’une des deux portes occidentales était donc probablement déjà condamnée avant les travaux de 1700 et la seconde le fut sûrement à l’issue de ces travaux. Quant à la seconde porte signalée dans le mur sud, il s’agit probablement de celle – qui figure sur plusieurs plans 151 – dont les traces subsistent à l’extrémité ouest de la paroi, car celle située à son extrémité orientale ne fut aménagée qu’en 1758 (voir infra). On peut voir aujourd’hui se détacher sur la maçonnerie le profil d’une baie obturée par des pierres calcaires maçonnées en moyen appareil, en partie masqué par les enduits postérieurs (fig. 34). Si l’on distingue nettement le piédroit oriental de la baie, en moyen appareil calcaire, dépourvu de toute trace de peinture, il n’est pas possible, sans investigation plus approfondie, de retrouver le niveau du seuil. De même, on hésite à restituer soit une baie en plein cintre s’élevant haut dans la voûte, soit une baie rectangulaire qui s’arrêterait une assise au-dessus du bandeau.

Le percement de cette porte reste très délicat à dater : elle est assurément postérieure au mur sud de la crypte 152, mais on ne peut guère que le dater sur une longue période allant des remaniements liés à la construction de l’église haute du xiie siècle aux aménagements de la crypte en 1635. En effet, cet accès devait déjà exister au xviie siècle, vraisemblablement avant les dommages consécutifs à l’écroulement des voûtes en 1698, puisque Nau-Dumontet se réfère à des personnes âgées qui sont encore entrées de plain-pied dans la crypte 153.

Des difficultés semblables se posent quant à un autre accès qui existait probablement à l’extrémité occidentale du mur nord de la crypte. Le plan dressé par P. Anus et R. Duru entre 1965 et 1980 154 signale une solution de continuité de la maçonnerie approximativement aux deux tiers du pan de mur qui s’étend de l’extrémité ouest de la crypte à la pile du xiie siècle. On la perçoit encore actuellement, sauf dans la partie basse du mur, au niveau de l’enduit blanc que mentionne d’après les témoignages écrits 155 le plan de J.-F. Pichonneau (1996) 156. Ce “coup de sabre” vertical visible dans la maçonnerie à l’est de la reprise du xixe siècle (voir infra) peut correspondre au piédroit d’une porte en grand appareil de pierre calcaire, que l’on est tenté d’associer également à la limite inférieure de la reprise du xixe siècle, 0,80 m au-dessus du sol du collatéral 157. Ce piédroit se raccorde de façon peu lisible à un fragment de maçonnerie en petit ou en moyen appareil, en partie masqué par les enduits et badigeons ultérieurs, qui paraît lié à la retombée de l’arc doubleau du collatéral nord. Ces vestiges se laissent assez aisément interpréter comme ceux d’une porte dont l’ouverture se situerait en partie à l’emplacement de la restauration visible dans la partie ouest de la paroi, qui occulte également toute trace du piédroit occidental. La situation est encore plus complexe dans la partie haute de l’élévation (fig. 35). Contre la retombée du doubleau, la maçonnerie en petit appareil est couronnée par un fragment de bandeau chanfreiné très érodé qui a été restitué vers l’ouest lors des remaniements de la fin du xixe siècle. Le piédroit semble se poursuivre sur une assise au-dessus de ce bandeau, mais il se perd ensuite entre la maçonnerie de la voûte et la reprise des maçonneries, qui empêchent toute restitution de la hauteur et de la forme primitive de la baie dans sa partie haute. La datation du percement de cette baie reste encore une fois délicate, d’autant plus qu’elle ne peut être clairement identifiée dans la documentation textuelle. On peut considérer cependant que cette porte, comme nombre des accès dont des traces subsistent actuellement, correspond à un remaniement : le grand appareil du piédroit oriental est très différent de la maçonnerie qui le jouxte à l’est. Cette dernière semble liée, au moins

150. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 9 (= Cirot de la Ville 1867, 144) qui signale “quelques portes murées dans ces deux collatéraux, une du côté de la sacristie (donc au sud) et l’autre qui fait face à la nef de l’église dite du chapitre (c’est-à-dire à l’ouest)” ; cf. aussi Nau-Dumontet 1759, 40.

151. Elle apparaît sur le plan de Duphot in : Cirot de la Ville 1867, 144 (donné comme celui de Lacourrière) et celui de Durassier (1841), in : Duru 1982, 68, fig. 15. P. Anus et R. Duru la reprennent sur leur plan (1965-1980), in : Duru 1982, plan H, ainsi que Pichonneau (1996), in : Barraud, Pichonneau 1996b, qui ajoute la mention “porte 1698”.

152. L’insertion du piédroit en pierre de taille sans trace de peinture, qui vient recouper une maçonnerie plus ancienne, indique qu’elle résulte d’un remaniement ; cf. Piat 2006, I, 32.

153. Nau-Dumontet 1759, 40 : “on voit encore plusieurs personnes âgées dans Saint-Seurin (…) qui ont entré presque de plain pié, dans l’église souterraine, par deux portes dont l’une étoit du côté de la Sacristie d’aujourd’hui, et qu’on voit murées au-dedans de cette vieille église”. L’assertion semble confirmée – sans argumentation aucune – par les dires de Cirot de la Ville 1840, 90 : “une autre porte murée apparaît à l’opposite dans l’aile droite ; c’était l’ancienne entrée avant la chute de la voûte de l’église supérieure”.

154. Duru 1982, plan H.155. Nau-Dumontet 1859, 40.156. Cf. Barraud & Pichonneau 1996b ; le plan est tiré de celui dressé par P. Anus et R. Duru entre 1965 et 1980.157. Piat 2006, I, 22. L’auteur considère que la pierre de seuil a été établie à un niveau supérieur à celui du couvercle de sarcophage

inclus dans la maçonnerie au pied du mur, que nous ne sommes pas parvenues à identifier.

Étude archÉologique de la cryPte – 227

sous le bandeau chanfreiné, à celle de la retombée de l’arc doubleau du collatéral. Si on considère que ce dernier peut remonter à un état médiéval contemporain de la mise en place des arcades de la nef, l’aménagement de la baie à l’extrémité ouest du mur nord doit donc être postérieur à cet état. On peut donc supposer que son aménagement est intervenu entre les derniers siècles du Moyen Âge et l’époque moderne, probablement avant la condamnation de la crypte consécutive aux dommages de 1698.

Il faut encore ajouter à cette série d’accès existant entre la fin du Moyen Âge et le xviie siècle la porte aménagée dans le mur du fond de l’actuelle chapelle Saint-Fort, qui était aussi bouchée en 1750 158. La baie n’est plus guère visible actuellement du fait des multiples reprises, mais son empreinte est nettement lisible sur le parement oriental du mur qui clôt la chapelle 159 : il s’agit d’une ouverture en plein cintre dont le faîte culmine à une hauteur supérieure à celle de la voûte de la chapelle Saint-Fort (fig. 19). L’état actuel de conservation ne permet plus de restituer ni le niveau de son seuil, ni l’articulation avec les niveaux de sols de l’espace aujourd’hui dévolu au culte de saint Fort, dont on ignore tout aux époques médiévale et Moderne.

La fermeture de la crypte en 1700 Si ces dommages liés à l’écroulement des voûtes de l’église en 1698 et les travaux de réfection qu’ils ont entraînés

en 1700 sont assez bien connus pour l’église haute, il est plus délicat de cerner ce qu’il advint alors de la crypte. Toujours est-il qu’à l’issue de ces travaux, la crypte fut condamnée. Les témoignages de Navarre (1750) et de Nau-Dumontet (1759) renvoient probablement à l’état de cette dernière tel qu’il se présentait alors, puisqu’elle ne fut ne fut rouverte qu’en 1758, à la suite d’une visite effectuée en 1757 par Mgr. Duvigier, doyen de Saint-Seurin 160.

158. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 8 (= Cirot de la Ville 1867, 144) signale que “dans le fond <de la chapelle Saint-Fort>, on aperçoit les vestiges d’une porte murée qui annoncent évidemment que ce caveau était plus profond”.

159. Piat 2006, I, pl. 19, fig. B et E.160. Nau-Dumontet 1759, 40.

Fig. 34. Porte à l’extrémité |sud du mur ouest (cl. A. Michel).

Fig. 35. Porte dans le mur nord de la crypte à |l’ouest du doubleau

(cl. A. Michel).

228 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

Ainsi, s’ils ne furent pas déjà murés auparavant, les deux accès occidentaux à la crypte le furent au plus tard lors des travaux de 1700 puisque le nivellement de la nef dut les rendre impraticables 161. Il en va probablement de même de la porte aménagée à l’extrémité ouest du mur sud de la crypte 162, qui était en tout cas obturée en 1750 si l’on en juge par les assertions de Barbe et Nau-Dumontet 163. Le bouchage correspondant semble avoir été repris dans la partie haute de la baie, au-delà du bandeau chanfreiné restitué ultérieurement : hormis la première assise qui est semblable à celles de la partie inférieure de la baie, les claveaux utilisés présentent un module allongé proche de celui utilisé pour la voûte et recouverts par des joints au ciment absent des parties basses. On hésite, du fait de ces irrégularités, à restituer un bouchage qui monterait jusqu’en haut de la reprise actuellement visible ou seulement jusqu’à la première assise au-dessus du bandeau chanfreiné, le reste correspondant alors à une réfection de la voûte. Néanmoins, la partie inférieure de ce bouchage présente un appareil différent de ceux des portes condamnées à la fin du xixe siècle (voir infra), qui révèle une mise en œuvre plus ancienne cohérente avec les indications que donne la documentation textuelle. A l’issue des travaux de 1700, tous les accès à la crypte semblent alors condamnés, à l’exception d’une petite ouverture, une trappe plus qu’une porte, qui peut avoir existé à l’extrémité orientale du mur sud, devant l’entrée de la chapelle Sainte-Véronique 164.

L’état des accès en 1758 : ouverture de deux accès à l’extrémité orientale des murs sud et nord de la crypteLa fermeture de la crypte consécutive aux dommages de 1698 et aux réparations de 1700 entraîna, lors de sa

réouverture en 1757-1758, l’aménagement de nouveaux accès qui sont assez bien connus. Le premier fut ouvert au sud, entre la pile gothique et l’entrée de la chapelle Sainte-Véronique. La porte figure encore sur l’ensemble des plans dressés entre 1823 et celui des années 1980 165. Les traces, encore bien visibles aujourd’hui, en sont aisément localisables : on distingue encore une ancienne porte, dont est partiellement conservé le piédroit occidental en pierre de taille, recouvert de peinture rouge, plaqué contre la fondation du pilier du xiie siècle (fig. 36). On avait probablement réutilisé pour son pendant oriental le pilastre qui marquait l’entrée de la chapelle, qui fut en partie masqué par le bouchage ultérieur de la baie. Toujours en 1758, on aménagea rapidement une porte symétrique dans le mur nord de la chapelle Sainte-Bénédicte à l’est du piédroit de l’entrée de celle-ci 166. On distingue encore dans la maçonnerie le piédroit oriental en pierre de taille d’une baie rectangulaire empiétant sur la première assise de la voûte (fig. 37). A l’ouest, la feuillure de la porte est encore partiellement conservée sur le montant du pilastre qui marque l’entrée de la chapelle 167.

L’état des accès en 1892

Rétablissement des accès occidentauxEn 1892-1893, des travaux d’envergure entraînèrent un nouveau déplacement des accès à la crypte, qui furent reportés

vers l’ouest, après que Cirot de la Ville eut partiellement rouvert la porte septentrionale en ôtant les pierres tombales inscrites

161. Le devis des ouvrages de maçonnerie, charpenterie, couverture, pavé etc., à faire à l’église de Saint Seurin les Bourdeaux pour le rétablissement de lad. Eglise, 7, en date du 9 mars 1700, conservé aux Archives Départementales de la Gironde (minutes de Treyssac, notaire à Bordeaux ; cité d’après Loirette 1936, 20) mentionne la mise à niveau ou presque de la nef de l’église et du chœur. Les portes occidentales étaient en tout cas murées en 1750 : cf. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 10 (= Cirot de la Ville 1867, 144) “quoique les escaliers par lesquels on y descendait subsistent encore”.

162. Les irrégularités visibles dans la maçonnerie qui bouche l’encadrement de la porte conduisent à s’interroger sur les étapes ayant entraîné la condamnation de cette ouverture : si la partie inférieure a été bouchée par une maçonnerie en moyen appareil recouvert de mortier, la partie supérieure de la baie comporte un remplissage de nature différente, composé de blocs plus allongés liés par des joints au ciment plus nets que pour le reste du bouchage.

163. Navarre 1750, in : Lamothe 1846, 9 (= Cirot de la Ville 1867, 144) : “on aperçoit quelques portes murées dans ces deux collatéraux, une du côté de la sacristie et l’autre qui fait face à la nef de l’église dite du chapitre (…)” ; cf. aussi Nau-Dumontet 1759, 40. Cirot de la Ville, 1840, 90, considère qu’“ elle a été murée lors de la restauration de l’église en 1757”.

164. Nau-Dumontet 1759, 40-41 : “c’est à reculons qu’on alloit là, par une petite fenêtre quarrée, de plus de dix piés de haut, dont on peut bien remarquer encore la grandeur, au risque de tomber fort bien dans un tas de poussière d’où l’on ne se seroit [?] pas tiré [?] aisément. (…) Le bureau des messes étoit adossé au mur, à l’endroit où est faite l’ouverture du haut de la porte d’entrée, qui est aujourd’hui toute d’un grillage de fer, pour laisser entrer et circuler l’air ; avec une belle rampe de fer le long du degré”. À en croire ce témoignage, cette ouverture fut probablement agrandie ultérieurement afin d’aménager l’une des deux portes rétablies en 1758.

165. Plans de Lacour (1823) in : Jouannet, 1824), Durassier (1841) in : Duru 1982, 67, fig. 15, Duphot (1851) in : Cirot de la Ville 1867, 144 (plan donné comme étant de Lacourrière), Anus-Duru (1965-1980) in : Duru 1982, plan H, qui la représente obturée ; la porte est aussi signalée sur le dessin de Pichonneau (1996) in : Barraud-Pichonneau 1996b, tiré du plan d’Anus et Duru avec la mention “porte 1757 obturée en 1893”.

166. Nau-Dumontet 1759, 41 : “on ne fit d’abord qu’un escalier ; mais l’odeur sépulchrale qui ne plaisoit pas à tout le monde demanda qu’on lui fit un (sic) autre ouverture du côté qui va à la Chapelle Notre-Dame de la Rose pour pouvoir s’exhaler un peu. Ce qui s’est heureusement exécuté, il y a un mois. Cette porte est aussi de barres de fer”. La porte figure sur les plans de Durassier (1841) in : Duru 1982, 68, fig. 15, et Duphot (1851) in : Cirot de la Ville 1867, 144 (donné comme celui de Lacourrière). La rupture de maçonnerie liée au bouchage est signalée sur le plan d’Anus et Duru (1965-1980) in : Duru 1982, plan H.

167. Piat 2006, I, 23.

Étude archÉologique de la cryPte – 229

Fig. 36. Porte sud-est à |l’entrée de la chapelle Sainte-Véronique (cl. A. Michel).

Fig. 37. Porte nord-est dans la |chapelle Sainte-Bénédicte

(cl. A. Michel).

Fig. 38. Porte sud-ouest actuelle |(cl. A. Michel).

Fig. 39. Réfections du mur nord de la |crypte et de la voûte à l’ouest du doubleau septentrional (cl. A. Michel).

230 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

qui la comblaient 168. On pensait alors rétablir les accès originaux à la crypte 169. Les travaux étaient ambitieux puisqu’il fallait aménager de nouveaux escaliers, ce qui posa de sérieux problèmes de stabilité qui eurent pour conséquence une hausse du coût des travaux 170.

Ces deux portes occidentales, par lesquelles on entre encore aujourd’hui dans la crypte, présentent un aspect similaire. Il s’agit de deux hautes baies en plein cintre, dont le seuil, au niveau de la feuillure de la porte, est surélevé cinq marches par rapport au sol actuel de la crypte. La feuillure, au moins du côté sud, présente des blocs fraîchement (re)taillés, tandis que les piédroits se prolongent plus bas que le seuil, ce qui s’explique par le réaménagement d’ouvertures plus anciennes. L’encadrement des portes en témoigne également, car les pierres qui dessinent l’arc en plein de ces deux baies accusent une facture et une mise en œuvre plus récente que celle des piédroits, avec l’utilisation notamment de joints au ciment qui remplace le mortier de chaux mêlé de cailloux et de fragments de tuiles. Si les cintres actuels appartiennent à une réfection, ils restent cependant fidèles au parti d’origine 171 (fig. 38).

Condamnation des anciens accèsSimultanément, les anciennes portes nord-est et sud-est furent condamnées. Les maçonneries qui obturent actuellement

ces baies sont aisément visibles et présentent toutes une évidente parenté de facture. La porte aménagée à l’entrée de la chapelle Sainte-Bénédicte est aujourd’hui murée par un grand appareil de pierres calcaires, souligné par des joints au ciment. Son pendant méridional, devant l’entrée de la chapelle Sainte-Véronique fut également condamné en 1893 lorsqu’on aménagea les accès occidentaux. Le bouchage de l’ouverture, qui monte assez haut dans la voûte en retaillant l’arc de l’entrée de la chapelle, accuse effectivement une facture récente : le parement des blocs en pierre de taille calcaire souligné de joints débordants au ciment qui le constitue, est soigneusement dressé, et il a été épargné par les multiples badigeons qui couvrent les autres parois de la crypte. On peut s’interroger en revanche sur les traces différentes laissées par les outils de taille sur l’épiderme de ces blocs dans la partie basse et la partie haute du bouchage : dans la partie inférieure dominent des stries parallèles presque verticales qui évoquent les traces que peut laisser un marteau taillant, alors que les blocs utilisés pour le bouchage au niveau de la voûte présentent les traces d’un outils à larges dents, du type gradine, allant de l’oblique à l’horizontale. Faut-il en déduire des séquences différentes dans la mise en œuvre du bouchage ?

Bien que la documentation écrite n’y fasse pas expressément référence, c’est aussi aux aménagements de 1892-1893 qu’il faut attribuer les réfections de la majeure partie de la moitié occidentale du mur nord de la crypte, soit qu’on assiste à la reprise en sous-oeuvre du mur, qui posait des problèmes de stabilité consécutifs à l’établissement des nouveaux escaliers 172, soit qu’on soit venu condamner une ancienne porte. La maçonnerie porte à cet endroit des traces évidentes de reprise (fig. 39) : toute la portion occidentale de la paroi, à 0,80 m environ du sol actuel, présente un grand appareil régulier, épannelé à la gradine dont les traces de dents sont nettement visibles, couvert de joints rubanés au ciment, très semblable à celles des bouchages des portes à l’entrée des deux chapelles latérales.

Les murs de la crypte ont de toute évidence été extrêmement remaniés au fil du temps, au point que les parois ne présentent plus guère, aujourd’hui, de portion où soit conservée la maçonnerie d’origine. Néanmoins, les premières

168. Cirot de la Ville 1867, 150.169. C’est du moins ce que suggèrent les mentions relatives à la porte aménagée à l’extrémité nord du mur ouest de la crypte dans la

documentation écrite du xixe siècle. Cf. Jouannet 1823, 219 qui considère qu’elle “semble indiquer la primitive entrée du souterrain. Ses marches ont été enlevées, mais l’arcade subsiste encore (…)”. Marionneau, 1861, 440, est de la même opinion, précisant que cette porte “était primitivement l’une des entrées de la chapelle, et dont le seuil n’était alors, au-dessus du dallage, que de 1m20 environ”. Cirot de la Ville 1867, 150, indique qu’“au pied de chaque nef latérale, une porte en plein cintre, aujourd’hui murée, donnait accès de l’église supérieure à la crypte. Celle de l’ouest était bouchée par deux larges fragments de pierre dure dont l’un présentait un commencement d’inscription”. Cette porte nord-ouest, bouchée sur les plans de Lacour (1823) in : Jouannet 1824, Durassier (1841) in : Duru 1982, 68 fig. 15 et Duphot (1851) in : Cirot de la Ville 1867, 144 (donné comme celui de Lacourrière), est ouverte sur ceux de Magne (1893) (Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris, cote 0082/033/1009), Brutails 1912, 23, fig. 7, Anus et Duru (1965-1980) in : Duru 1982, plan H, et sur le dessin de Pichonneau (1996) in : Barraud-Pichonneau 1996b tiré de ce dernier plan.

170. Les travaux, entrepris en novembre 1892, apparemment sans autorisation de la commission des Monuments Historiques, furent achevés en mars 1893, cf. les dossiers 4013 M22 (Bordeaux, Archives municipales) et 0081/033/0028 (Paris, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine) relatifs aux travaux de 1892-1893 ; cf. aussi Duru 1982, 69.

171. Cf. en premier lieu la description de Jouannet 1823, 219, qui signale “l’arcade en plein cintre” de la baie, mais aussi Cirot de la Ville, 1840, 89-90 et 1867, 150, qui parle également de portes cintrées dans la partie occidentale de la nef, même s’il n’est pas sûr que ces assertions s’appliquent à la porte aménagée dans la partie méridionale du mur ouest de la crypte pour laquelle aucune mention explicite n’apparaît dans la documentation écrite du xixe siècle (cf. supra).

172. Cf. la lettre adressée par L. Magne au ministre de l’instruction publique des Beaux Arts le 19 septembre 1893 justifiant le surcoût des travaux effectués par rapport au devis initial (Paris, Médiathèque de l’Architecture et du patrimoine, cote MH 0081/0033/0028) : “(…) au cours des travaux il a été nécessaire de reprendre en sous œuvre les murs de la crypte en partie fondés sur des tombes de marbre de l’époque mérovingienne. Ces tombes actuellement déposées dans la crypte ont dû être retirées avec le plus grand soin et ont été nécessité quelques dépenses supplémentaires”.

Étude archÉologique de la cryPte – 231

remarques préliminaires que l’on peut tirer de la simple observation visuelle sont encourageantes ; elles témoignent des indications qui pourraient être apportées par une étude plus poussée des vestiges, en portant notamment une attention spécifique sur le débouché de chacune des issues dans l’église haute. La compréhension des circulations dans les liturgies mises en scène dans la crypte aux différentes périodes sera seule à même d’appréhender le rôle joué par celle-ci et d’éclairer sa place aux périodes les plus anciennes. En effet, la mise en scène autour du culte des saints vénérés dans la crypte est bien connue pour le xixe siècle. En témoignent les travaux menés par Cirot de la Ville et les difficultés relationnelles des responsables de la paroisse avec ceux des Monuments Historiques qui servent de toile de fond aux différentes interventions alors entreprises dans la crypte 173.

en guise de conclusion

Ces quelques observations préliminaires révèlent la complexité d’un dossier lié au symbolisme fort et à la mémoire constamment enrichie qui se sont attachés à la crypte dans le milieu bordelais. Si l’on saisit maintenant assez bien les origines du monument actuel qui se développe à partir d’un mausolée de la vaste nécropole partiellement fouillée au sud de la collégiale, l’élaboration d’une dimension cultuelle et sa mise en scène progressive au Moyen Âge qui viennent se substituer à la dimension funéraire des débuts, bien des points demeurent encore dans l’ombre. On compte bien sûr parmi ceux-ci la chronologie précise de ces premiers développements, mais aussi et surtout la physionomie et la chronologie des structures qui ont succédé à ces premiers vestiges. Bien des inconnues doivent encore être précisées, de la mise en place du bâtiment qui a englobé le mausolée d’origine, à l’édifice à trois nefs et aux multiples transformations qui l’ont affecté, jusqu’à lui donner l’aspect aujourd’hui conservé. Leur compréhension, loin d’être établie aujourd’hui, nécessite une étude plus poussée que les investigations qui ont été menées jusqu’à présent, notamment par l’exploitation plus systématique des sources d’archives du chapitre de Saint-Seurin – et notamment des comptes – pour l’époque moderne, mais surtout et aussi archéologique. En effet, l’étude croisée de la bibliographie ancienne fait apparaître que plusieurs auteurs se citent les uns les autres, sans toujours retourner à la source.

Dans un premier temps des investigations non destructives s’avèrent absolument nécessaires, notamment des relevés stratigraphiques pierre à pierre des élévations dans certaines zones clefs du monument, qui soient plus détaillés et plus précis que ceux que les conditions matérielles ont permis de réaliser jusqu’ici. Il faudra absolument inclure dans ces investigations complémentaires une étude graphique poussée des différents badigeons et enduits qui couvrent l’épiderme des maçonneries, complétés éventuellement de prélèvements ponctuels afin de déterminer la composition de ces enduits susceptible d’aider à l’établissement d’une chronologie relative. Ce n’est qu’après ce travail préalable que des sondages ponctuels pourront se révéler utiles en certains endroits, notamment et surtout dans les chapelles orientales, ou encore au raccord des arcades, des murs et des voûtes, pour vérifier la chronologie relative des maçonneries actuelles. Leur compréhension est un préalable à toute tentative de restitution du tracé des dispositifs anciens ; une fois encore, des analyses des mortiers utilisés comme liant dans les différentes maçonneries seront susceptibles d’apporter des informations sur la chronologie relative de leur mise en œuvre 174.

Quoi qu’il en soit, la compréhension de la crypte et de ses transformations ne pourra faire l’économie d’une appréhension globale de l’édifice – nécropole, crypte et église incluses – tant du point de vue structurel que du point de vue fonctionnel. Les circulations entre l’église haute et la crypte, mais aussi la connaissance des cultes, notamment, permettront de mieux appréhender l’histoire de la crypte – surtout pour la fin du Moyen Âge (xiiie-xve) pour laquelle les données sont rares –, mais aussi pour l’époque moderne, période charnière dans les remaniements que connut l’édifice. Idéalement, il faudrait d’abord comprendre les transformations et le fonctionnement de l’édifice au xviie siècle pour saisir les ruptures qu’elles incarnaient par rapport à l’époque qui la précède immédiatement. Dans cette perspective, l’établissement de nouveaux plans géo-référencés permettant de recaler les différents documents graphiques aujourd’hui disponibles apparaît comme un préalable à toute entreprise. L’utilisation des nouveaux outils informatiques (élaboration de modèles 3D) permettant entre autres une analyse comparée des altitudes des différents vestiges du complexe de Saint-Seurin (crypte, église, nécropole) et prenant en compte l’ensemble des données architecturales, peut s’avérer un outil précieux susceptible de renouveler la perception du bâtiment.

La crypte de la collégiale Saint-Seurin révèle ainsi toute la complexité d’un site occupé sur la longue durée, de l’Antiquité tardive à l’époque contemporaine, dont la mémoire est sans cesse entretenue et réactivée en servant les objectifs de chacun des protagonistes qui s’y sont succédé. La monumentalité et l’importance de la nécropole de l’Antiquité tardive

173. Sur ce sujet, voir l’article d’I. Cartron sur l’historiographie dans ce même volume.174. Pour les phases les plus anciennes, des analyses sur les terres cuites architecturales sont en cours dans le cadre du GDR européen

coordonné par P. Guibert (UMR 5060 IRAMAT-CRP2A) et Chr. Sapin (UMR 5594 ARTeHIS).

232 – anne Michel, isabelle cartron & Jean-luc Piat

contribua sans doute à la fixation d’un premier monument chrétien dédié au culte de Seurin dont la mention écrite n’apparaît que dans l’œuvre de Grégoire de Tours. La communauté de clercs, mentionnée à l’époque carolingienne puis renforcée à partir du xie siècle, entretint la mémoire du lieu et en fit un pôle particulièrement actif de la cité bordelaise. Cette continuité d’occupation et cette mémoire sans cesse réinventée trouvent une expression singulière dans le remploi constant des murs du mausolée primitif qui constitue le chœur de la crypte médiévale étudiée ici.

Sources manuscrites

Archives Départementales de la Gironde (AD Gironde)

G 1026, 1027, 1028, 1563

Archives municipales de Bordeaux

Paul Courteault : Journal des fouilles effectuées dans l’ancien cime-tière de Saint-Seurin, du 16 octobre 1909 au 13 mai 1910, Fonds Paul Courteault, Fouilles de Saint-Seurin.

Extrait du registre des délibérations du conseil de fabrique de la paroisse St Seurin, séance du 13 février 1852, 4013 M5

Médiathèque du Patrimoine et de l’Architecture, Paris

0081/033/0028 (Lettre du 19 septembre 1893 à monsieur le minis-tre de l’Instruction publique des Beaux-Arts ; rapport à la commission par Lucien Magne sur l’exécution des fouilles aux abords de l’église Saint-Seurin datée du 14 mars 1910)

0082/033/1009 (Relevés de L. Magne)

Service Régional de l’Archéologie d’Aquitaine (Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Aquitaine), Bordeaux

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Abréviations - Bibliographie

– Autour de Saint-Seurin, p. 347 à 351

Abréviations

AD Gironde : Archives départementales de la Gironde

AB : Analecta bollandiana

AHG : Archives historiques du département de la Gironde

BM : Bulletin monumental

BSAHL : Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin

CIFM : Corpus des inscriptions de la France médiévale

DACL : Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie

RHEF : Revue d’histoire de l’Église de France

SAB : Société archéologique de Bordeaux

AA SS : Acta Sanctorum

BHL : Bibliotheca hagiographica latina antiquae et mediae aeta-tis

CIL : Corpus inscriptionum latinorum

GC : Grégoire de Tours, Liber in gloria confessorum

GM : Grégoire de Tours, Liber in gloria martyrum

HF : Grégoire de Tours, Historiarum libri decem

MGH : Monumenta Germaniae historica

MGH, AA : Monumenta Germaniae historica, Auctores antiquis-simi

MGH, SRM : Monumenta Germaniae historica, Scriptores rerum Merowingicarum

MGH, Ep. : Monumenta Germaniae historica, Epistulae Merowingici et Karolini aevi

PG : Patrologia cursus completus, series graeca

PL : Patrologia cursus completus, series latina

SC : Sources chrétiennes

VM : Grégoire de Tours, Liber de virtutibus sancti Martini

Bibliographie chronologique

La bibliographie suivante présente uniquement les ouvrages et arti-cles ayant été écrits autour de Saint-Seurin.

Anonyme (1819) : “Variétés. Notice sur le tombeau de saint Fort”, Bulletin polymathique du museum de Bordeaux, 201-211.

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348 – Autour de SAint-Seurin

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AbréviAtionS - bibliogrAphie – 351

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Archives municipales de Bordeaux

Paul Courteault : Journal des fouilles effectuées dans l’ancien cime-tière de Saint-Seurin, du 16 octobre 1909 au 13 mai 1910, Fonds Paul Courteault, Fouilles de Saint-Seurin.

Service Régional de l’Archéologie d’Aquitaine

Carnets de fouilles de Raymond Duru, Fonds Duru.

Photographies avec annotations de Raymond Duru, Fonds Duru, fouilles de Saint-Seurin.

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— (1966) : Rapport préliminaire, campagne de fouille 1966, Bordeaux, SRA (BX 01 05).

— (1967) : Rapport sur les fouilles archéologiques de Saint-Seurin de Bordeaux, campagne 1967, Bordeaux, SRA.