Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau...

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Notae Prae hi sto ri cae , 34/2014 : 65-9 5 Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B) Résultats préliminaires Pierre VAN DER SLOOT , Mona COURT - PICON, Koen DEFORCE, Quentin GOFFETTE, Jean-Philippe MARCHAL, Stéphane PIRSON & Paul SPAGNA 1. Introduction Dans le cadre du redéploiement économique de la région liégeoise, le port autonome de Liège et le Département des Voies hydrauliques du Service public de Wallonie (SPW) ont développé le projet de plateforme logistique multimodale « Trilogiport » sur le terri- toire de l’ancienne commune d’Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye ; Fig. 1). La mise en œuvre de ce projet sur près de 100 ha, dans la plaine alluviale de la Meuse, a conduit le Service de l’Archéologie de Liège (SPW, Direction de Liège I) à entreprendre une évalua- tion archéologique, assortie de fouilles préventives et d’une étude géologique de grande envergure (van der Sloot et al., 2013). Cette opération fut conduite entre avril 2010 et août 2014, en partenariat avec la Direction de l’Archéologie du SPW et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Le projet d’aménagement Trilogiport se situe dans la plaine d’inondation de la Meuse, en- tre le fleuve et le Canal Albert, 12 km au nord de la ville de Liège et 2 km au sud de celle de Visé (Fig. 1). À cet endroit, la plaine alluviale atteint une largeur d’environ 1,8 km. Le versant oriental de la vallée consiste en une enfilade d’escarpements rocheux calcaire Fig. 1 – Localisation géographique et topographique du Trilogiport. Modèle numérique de terrain modifié, d’après http://geoportail.wallonie.be/walonmap. DAO : Pierre van der Sloot, SPW. Visé Liège 1 km Hermalle-ss-Argenteau

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Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B)

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Notae Praehistoricae, 34

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Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site duTrilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B)

Résultats préliminaires

Pierre VAN DER SLOOT, Mona COURT-PICON, Koen DEFORCE, Quentin GOFFETTE, Jean-Philippe MARCHAL, Stéphane PIRSON & Paul SPAGNA

1. Introduction

Dans le cadre du redéploiement économique de la région liégeoise, le port autonome de Liège et le Département des Voies hydrauliques du Service public de Wallonie (SPW) ont développé le projet de plateforme logistique multimodale « Trilogiport » sur le terri-toire de l’ancienne commune d’Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye ; Fig. 1). La mise en œuvre de ce projet sur près de 100 ha, dans la plaine alluviale de la Meuse, a conduit le Service de l’Archéologie de Liège (SPW, Direction de Liège I) à entreprendre une évalua-tion archéologique, assortie de fouilles préventives et d’une étude géologique de grande envergure (van der Sloot et al., 2013). Cette opération fut conduite entre avril 2010 et août 2014, en partenariat avec la Direction de l’Archéologie du SPW et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB).

Le projet d’aménagement Trilogiport se situe dans la plaine d’inondation de la Meuse, en-tre le fleuve et le Canal Albert, 12 km au nord de la ville de Liège et 2 km au sud de celle de Visé (Fig. 1). À cet endroit, la plaine alluviale atteint une largeur d’environ 1,8 km. Le versant oriental de la vallée consiste en une enfilade d’escarpements rocheux calcaire

Fig. 1 – Localisation géographique et topographique du Trilogiport. Modèle numérique de terrain modifié,d’après http://geoportail.wallonie.be/walonmap. DAO : Pierre van der Sloot, SPW.

Visé

Liège

1 km

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Fig. 2 – Plan général du site du Trilogiport. DAO : Felicidad Giraldo Martin, SPW.

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Coupe géologique (VDS2).Sondages géologiques profonds (pelleteuse). Carottages géologiques (tarière mécanique).Sondages géotechniques enregistrant la présence de tourbe.Secteur danubien.Secteur mésolithique et nécropole romaine.Nécropole protohistorique.Emprise du Trilogiport.Secteurs perturbés ou inaccessibles.Rigole de décharge du Canal Albert.Limites des zones inondées lors des cruesde la Meuse en 1882 et 1883(d’après le plan terrier dressé en 1885 par le Service des Ponts et Chaussées).

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et gréseux paléozoïques aux pieds desquels coule la Meuse actuelle. Le versant opposé offre une pente plus douce en direction du plateau de Hesbaye. Le site est traversé par une rigole de décharge du Canal Albert, appelée « Préhy » (Fig. 2). Au lieu-dit « Au Buisson », elle s’écoule suivant une orientation sud-ouest/nord-est avant de s’infléchir vers l’est et de se jeter dans le fleuve. Un peu en amont, son cours est dévié jusqu’à un siphon lui permettant de passer sous le canal.

L’exploration des terrains destinés à recevoir la plateforme multimodale offrait une rare opportunité de développer les connaissances relatives à la nature et aux modes d’implan-tation de populations en contexte de fond de vallée, au Tardiglaciaire et à l’Holocène. Ces vingt dernières années ont, en effet, vu se multiplier un peu partout en Europe les fouilles de sites démontrant le haut potentiel archéologique, stratigraphique et paléoenvi-ronnemental des milieux fluviatiles pour ces périodes (par exemple, pour le bassin de la Somme, voir : Antoine, 1997 ; Antoine et al., 2012). Or, depuis les années 1990, de tels sites ayant bénéficié de fouilles modernes demeurent extrêmement rares sur le territoire wallon et dans la vallée de la Meuse en particulier. Qui plus est, certains parmi les plus emblématiques, comme la place Saint-Lambert à Liège (Léotard et al., 1995 ; van der Sloot et al., 2003) ou le Grognon à Namur (Mees et al., 1997), ont une implantation topo-graphique sensiblement différente, en pied de versant, et proviennent de milieux urbains où les dépôts anciens ont été régulièrement perturbés aux époques historiques. Dans ce contexte, il faut souligner la position qu’occupent les terrains visés par le Trilogiport, à l’emplacement de l’un des derniers tronçons de la plaine alluviale mosane relativement épargné par l’industrialisation et l’urbanisation, entre Liège et la frontière néerlandaise.

Quelque 60,5 ha ont pu être explorés ; une partie de la superficie totale dédiée au Trilogiport était en effet surmontée d’une importante épaisseur de remblais générée par l’élargissement du Canal Albert en 1997 ou avait été remaniée par l’exploitation de gravières durant les années 1980 et 1990 (Fig. 2). La possibilité nous est donc donnée d’intégrer les vestiges archéologiques dans un cadre chronostratigraphique, géomorpho-logique et paléoenvironnemental documenté sur de très vastes étendues, au sein des-quelles les dépôts sédimentaires n’ont été que ponctuellement perturbés par des activités anthropiques récentes. Cette approche, complexe en soi, se révèle d’autant plus ardue ici qu’elle représente l’un des premiers jalons en la matière pour le secteur géographique de la Basse Meuse belge.

Dans cet article, sont présentés quelques résultats préliminaires obtenus au sortir de la phase de terrain. Vu l’état d’avancement de la post-fouille, l’accent sera mis sur une partie de la documentation mésolithique du site et sur son contexte stratigraphique ; les occupations néolithiques seront plus brièvement évoquées et feront l’objet de dévelop-pements ultérieurs.

2. Chronologie de l’intervention et localisation des découvertes archéologiques

L’intervention s’est déroulée en deux temps. Jusqu’en novembre 2012, une première phase de terrain a permis d’évaluer près de 48 ha situés aux lieux-dits « Le Potay » et « Au Buisson » (zones 1 à 14), et ce préalablement à la mise en œuvre du chantier de génie civil (Fig. 2). Elle a conduit à la découverte et à la fouille d’une nécropole à inciné-rations de type « champ d’urnes » riche de 158 tombes, au lieu-dit « Le Potay ». Cet en-semble est attribué au Bronze final et au 1er Âge du Fer (Marchal et al., 2012). Plusieurs aires de combustion d’époque mérovingienne (VIe-VIIIe siècles ap. J.-C.) ont également été mises au jour à la périphérie de la nécropole. Dans le secteur « Au Buisson », l’éva-luation s’est révélée négative du point de vue archéologique mais très intéressante en ce qui concerne le paléoenvironnement, notamment en raison de la présence de dépôts tourbeux localisés dans le fond d’une importante dépression (voir point 3.1).

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À partir d’août 2013, la seconde phase de terrain a vu le diagnostic se concentrer sur un peu plus de 12 ha, aux lieux-dits « A la Gaioule », « Haute Prehy » et « Au Chemin de Prehy » (zone 15), cette fois en parallèle avec le début des travaux de l’aménageur (Fig. 2). Cette situation a conduit à adapter le planning de l’intervention archéologique à celui de l’entrepreneur et, par conséquent, à revoir les objectifs de la fouille et à réorienter la mé-thodologie. Deux secteurs se sont particulièrement distingués par la richesse et la variété des contextes archéologiques. L’exploration de la zone 15, secteurs A et C (zones 15A et 15C), a livré des structures du Néolithique ancien danubien et le secteur B (zone 15B), les reliquats d’occupations du Mésolithique et d’un Néolithique plus récent, voire de la Protohistoire ; une nécropole à incinérations de la période gallo-romaine, située vers les IIe et IIIe siècles ap. J.-C., y a également été fouillée (Marchal et al., à paraître).

3. Cadre lithostratigraphique, géomorphologique et paléoenvironnemental

3.1. Le lieu-dit « Au Buisson »

3.1.1. Lithostratigraphie

Le relevé de la séquence lithostratigraphique du lieu-dit « Au Buisson » a été réalisé durant la première phase d’intervention, entre avril 2010 et novembre 2012. L’intérêt de la zone était principalement lié à la découverte, lors des sondages géotechniques préalables au projet, de niveaux tourbeux (limons tourbeux et/ou accumulation de bois et végétaux), propices à documenter le paléoenvironnement de la plaine alluviale et à en jalonner chronostratigraphiquement la séquence.

Vingt-sept sondages profonds, arrêtés sur le toit des galets mosans, ont complété une tranchée continue (référencée « VDS2 ») d’environ 500 m de long, creusée à l’empla-cement de futurs bassins dans l’axe d’une darse connectée au Canal Albert (Fig. 2). En effet, la profondeur atteinte par cette tranchée, limitée à moins de 2 m par la présence d’une nappe phréatique perchée, ne permettait qu’une observation et une description limitées des unités lithologiques du site.

Les unités présentées ci-après sont donc le résultat de l’intégration des observations fai-tes dans la tranchée continue, au sein de laquelle de nombreuses variations latérales de faciès ont été documentées, et dans les sondages profonds. La nomenclature des unités décrites dans cette zone débute par la lettre « B » (pour « Buisson ») afin de les diffé-rentier des unités décrites par après dans la zone 15 (notées « Z15-unité »). Les unités suivantes ont été identifiées, de bas en haut (Fig. 3A et B) :B-GM : cailloutis de galets mosans. Émoussés, de tailles variant de quelques millimètres

à plusieurs dizaines de centimètres, ces galets forment un banc continu reposant sur le socle paléozoïque de la vallée ; quelques rares blocs plus volumineux, dépassant parfois 1,5 m, ont localement été observés. L’épaisseur maximale de cette unité mesurée sur terrain est de 2,5 m ; d’après les données du sondage d’Hermalle-sous-Argenteau (Graulich, 1975), l’épaisseur totale des alluvions mosanes est d’environ 9 m. À son sommet, des alternances de lentilles sableuses grossières et de galets ont été obser-vées. Le toit de cette unité est irrégulier, avec des fonds et des bosses pouvant attein-dre plusieurs mètres d’amplitude ; ces irrégularités vont conditionner la géométrie des dépôts ultérieurs.

B-T : tourbes et limons tourbeux recoupés par plusieurs sondages profonds dans la partie ouest de la zone. D’une épaisseur maximale d’1,5 m, cette unité contient de nombreux débris végétaux, des restes d’arthropodes et de petites coquilles de mollusques.

B-A : unité argileuse de 2 m d’épaisseur maximale qui débute par une argile bleue foncée à noirâtre, à rares galets et bois flottés, parfois riche en coquilles. Celle-ci est surmon-

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tée par une argile gris-bleu clair (parfois blanchâtre) à malacofaune abondante, puis par une série d’argiles bariolées rouge-ocre-gris bleuté à taches noires de manganèse, représentatives de la zone de battements de la nappe aquifère.

B-S : unité à dominance sableuse documentée à l’extrémité est de la coupe VDS2, où elle atteint 75 cm d’épaisseur. Elle se compose de lentilles de sables grossiers verdâtres, entre lesquelles s’agencent des lentilles de galets et des lentilles de limons argileux. Dans le secteur où B-S a été observé, les unités B-T et B-A étaient absentes ; B-S repo-sait donc partout sur B-GM. Dès lors, la position de B-S au-dessus de B-T n’a pas été observée. La découverte en zone 15B d’argile bleutée entre les sables de Z15-S (voir point 3.2.1) et les galets mosans a conduit à positionner B-S au-dessus de B-A dans le log stratigraphique de ce secteur (Fig. 3).

B-LC : limons de couverture composés de limons argileux beiges, avec nombreuses bioturbations provenant de l’unité B-LH sus-jacente (galeries centimétriques subver-ticales de vers de terre). La base de l’unité est généralement plus sableuse et af-fectée par des glosses ; des lentilles sableuses pluricentimétriques s’y développent

Fig. 3 – Corrélation des unités lithostratigraphiques du secteur « Au Buisson » et de la zone 15.DAO : Paul Spagna, IRSNB.

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localement. Des galets épars ou en lentilles discontinues pouvant attein-dre plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur s’y observent également, tandis que sa partie supérieure est souvent ponctuée de fragments de charbon. Son épaisseur maximale varie d’1,2 m dans la partie ouest de la zone à 1,75 m dans la partie est.

B-LH : limon argileux brun foncé, hu-mifère, fortement bioturbé.

3.1.2. Répartition spatiale des unités

Dans la partie ouest de cette zone, au niveau du Préhy actuel, la corrélation des sondages profonds 7-8-9 et 13-14-15 montre que B-GM forme une dé-pression asymétrique d’environ 100 m de long pour 5,5 m de profondeur, orientée NNE-SSO, à pente plus raide côté ouest (Fig. 2 et 4). Les unités B-T et B-A colmatent cette dépression, tandis que B-LC et B-LH semblent cou-vrir l’ensemble de la zone. En dehors de cette dépression, vers l’est, les dé-pôts tourbeux, puis les argiles dispa-raissent ; ceci est bien visible dans l’est de la tranchée VDS2 où les limons de couverture, dont la charge sableuse devient conséquente à la base, repo-sent alors soit sur les sables de B-S, soit directement sur B-GM.

3.1.3. Palynologie

L’analyse palynologique préliminaire du secteur « Au Buisson » repose sur l’étude d’un prélèvement test effectué au sein du dépôt tourbeux (B-T), à environ 4,5 m de profondeur dans le sondage profond 1, situé près du cours du Préhy (Fig. 2). Cet échantillon a été traité par un procédé physico-chimique d’extraction pollinique standard (Ber-glund & Ralska-Jasiewiczowa, 1986 ; Faegri & Iversen, 1989). L’identifica-tion pollinique a été effectuée au mi-croscope photonique à l’aide de la col-lection de référence de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, de clés de détermination (e.g. Moore et al., 1991 ; Beug, 2004) et d’atlas photographiques (Reille, 1992, 1995 et 1998). Les palynomorphes (e.g. parti-

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cules carbonisées, champignons, algues) ont été comptés au cours de l’analyse pollinique. La nomenclature des taxons identifiés suit celle de Lambinon et al. (2004).

Les effectifs sont exprimés en nombre brut, en pourcentage et en concentration (Tab. 1). Les pourcentages de chaque taxon ont été calculés par rapport au nombre total de grains de pollen de plantes terrestres comptés. Ont été exclus de cette somme pollinique de base, les taxons hygrophiles et aquatiques, les spores de Ptéridophytes (Berglund & Rals-ka-Jasiewiczowa, 1986), les Cypéracées et l’ensemble des microfossiles non polliniques déterminés. La méthode de Stockmarr (1971) a été appliquée pour le calcul des concen-trations polliniques absolues, exprimées en unité de poids (g) ; elle consiste à ajouter, lors du traitement physico-chimique des sédiments, des tablettes de Lycopodium (espèce « exo-tique » absente de la région d’étude) contenant un nombre connu de spores exogènes.

Les premiers résultats mettent en évidence un assemblage comprenant des grains de pollen et spores très bien conservés, présents en grande quantité, et dont la représenta-tivité paléoécologique peut être considérée comme fiable. La somme pollinique de base s’élève à 883 grains de pollen (999 avec les hydrophiles et aquatiques), tandis que le total des microfossiles identifiés atteint presque 2500 éléments. Au total, 34 taxons sporo-polliniques ont pu être identifiés, dont 22 terrestres (4 arbres et arbustes, 27 herbacées et 3 filicales) complétés par 42 microfossiles non polliniques (29 spores de champignons, 3 algues, 1 Bryophyte, 5 restes d’origine végétale, 1 reste animal et 3 taxons non iden-tifiés). Concernant les plantes vasculaires, 8 taxons ont été déterminés au rang de la famille ou de la sous-famille et 11 au niveau du type pollinique, tandis que 6 taxons ont pu être reconnus à l’espèce et 9 au genre. Les résultats des comptages exprimés en concen-tration absolue (nombre de grains de pollen par gramme de sédiment) confirment la richesse des sédiments analysés. Les valeurs s’élèvent ainsi à plusieurs dizaines de milliers de restes par gramme de sédiment (78935 grains de pollen/g et 97108 microfossiles/g hors particules carbonisées).

Le cortège arboréen (PA) n’est constitué que de 4 taxons ligneux différents et représente moins du tiers de l’assemblage pollinique terrestre (PA 27,86 %). Ces taxons, deux ar-borescents et deux arbustifs, appartiennent à des essences pionnières héliophiles plus ou moins frugales, se développant facilement sur sols pauvres et superficiels, souvent au début d’une dynamique progressive de la végétation ou au sein de formations forestiè-res claires fortement dégradées (Rameau et al., 1993). Bouleaux (Betula) et pins (Pinus) composent la strate arborée et sont les mieux représentés. Les taux enregistrés par ces deux taxons laissent supposer leur présence dans un environnement extra-local, voire micro-régional ; ils ne sont cependant pas suffisamment élevés pour pouvoir attester sans équivoque la présence de peuplements au niveau local (à proximité immédiate du site), ces deux taxons pollinisant très jeunes et ayant une forte capacité de production et de dispersion par le vent (Heim, 1970). De nombreux fragments de bois de feuillus, trachéides de résineux et micro-charbons ont été retrouvés, de même que des spores de plusieurs champignons lignicoles. Il pourrait s’agir d’indices de la présence de ligneux localement, mais l’hypothèse la plus probable est qu’ils proviennent des deux autres taxons arboréens identifiés : saule (Salix) et genévrier (Juniperus). Les grains de pollen de ces deux arbustes sont en effet produits en faibles quantités et sont très mal dispersés (Heim, 1970) ; leurs valeurs supérieures au pourcent témoignent sans doute de fruticées ou de fourrés se développant directement sur les sols marécageux et tourbeux pour le saule, ou dans les secteurs les plus secs aux alentours du site pour le genévrier (Rameau et al., 1993).

Les taxons herbacés déterminés dans cet échantillon reflètent un milieu de pelouses plus ou moins humides, dominé par les Poaceae et les Cyperaceae, pouvant appartenir à plusieurs biotopes herbeux différents. On note également une belle diversité de taxons steppo-rudéraux, soulignant le caractère steppique du cortège herbacé. Il faut égale-

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Tab. 1 – Résultats de l’analyse palynologique de l’échantillon « HSA/SP1-5 » issu du dépôt tourbeux B-T.Comptages bruts (Nb : nombre de grains comptés sur une lame), données exprimées en fréquences relatives (%)et concentrations sporo-polliniques absolues (nb de grains/gramme de sédiment).PA : Pollen Arboréen, PNA : Pollen Non Arboréen, sp. : species, (a.) : algue, (aq.) : aquatique, (c.) : champignon,HdV : laboratoire Hugo de Vries (Amsterdam, Pays-bas).

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ment noter le grand nombre de taxons hygrophiles, amphibies et aquatiques, associés à des spores de Bryophytes, des cocons de vers plats aquatiques, des algues d’eau douce et des restes tissulaires de plantes aquatiques. Leur présence souligne l’existence locale de zones permanentes d’eau libre stagnante, bordées d’espaces marécageux tourbeux et de pelouses humides inondées une partie de l’année.

3.1.4. Malacologie

L’analyse malacologique a porté sur environ un litre de sédiment provenant des argiles riches en coquilles de l’unité B-A. Cet échantillon a été tamisé à l’eau sur une colonne de tamis à mailles de 2 mm, 1 mm et 500 μm. Seules les deux premières fractions ont livré des restes identifiables. Les fragments de mollusques de l’échantillon prélevé au sein de B-T seront étudiés ultérieurement.

Au total, le nombre minimum d’individus identifiés s’élève à 209 et correspond à au moins 10 taxons (Tab. 2). Les fragments ne comprenant pas d’apex ou d’umbo n’ont pas été déterminés, ni comptés. Toutes les espèces présentes sont aquatiques à l’excep-tion d’un représentant des Succineidae, une famille de mollusques terrestres fortement hygrophiles. Les préférences écologiques des espèces sont basées sur les travaux de différents auteurs (Boycott, 1936 ; Adam, 1960 ; Kerney, 1999 ; Kerney & Cameron, 2006 ; Davies, 2008).

Trois espèces prédominent : Planorbis planorbis, qui privilégie les environnements aqua-tiques temporaires, Bithynia tentaculata et Valvata cristata, qui montrent toutes deux une préférence pour les eaux bien oxygénées riches en végétation à l’instar des autres es-pèces en présence. Segmentina nitida est souvent associée à des eaux riches en humus non so-luble et à la présence de Lemna trisulca, une lentille d’eau (Wel-ter-Schultes, 2013). En outre, les différents taxons identifiés suggèrent un milieu stagnant ou à faible courant, Valvata cristata, Stagnicola palustris et Segmentina nitida appréciant les eaux stricte-ment stagnantes.

3.2. La zone 15

3.2.1. Lithostratigraphie

Débutée en août 2013, l’étude li-thostratigraphique de la zone 15 a principalement porté sur une septantaine de sondages pro-fonds réalisés au sein des tran-chées de prospections archéolo-giques (Fig. 2) : 35 sondages dans la zone 15A, d’une profondeur de l’ordre du mètre ou inférieu-re, et 34 sondages dans la zone 15B, d’une profondeur moyenne d’1,5 à 2 m (Fig. 5). Plusieurs

Tab. 2 – Échantillon d’argile à coquilles (HAS/SP9-1). Identification des restes de mollusques récoltés par tamisage d’un litre de sédiment. Le nombre

minimum d’individus (NMI) est calculé sur base de l’apex des gastéropodes et de l’umbo des bivalves.

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74

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Zone 6

Secteur B

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Fig. 5 – Plan de la zone 15, secteur B (15B) : 1. Surface de répartition minimale des artefacts mésolithiques ;2. Emprise de la nécropole romaine ; 3. Principales coupes dessinées ; 4. Prélèvements pour tamisage ;5. Sondages profonds. DAO : Felicidad Giraldo Martin, SPW.

Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B)

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sondages profonds continus sont venus compléter les premières observations (soit la tranchée T13 en zone 15A et les tranchées T10 à T12 en zone 15B ; Fig. 5 à 7), ainsi que quelques sondages manuels à la tarière et seize sondages (S1 à S16) réalisés aux alentours directs du locus mésolithique référencé « HSA1 », en zone 15B (voir point 4.1 ; Fig. 5).

L’intégration de l’ensemble des observations faites sur cette zone amène à définir les 11 unités lithostratigraphiques suivantes (de bas en haut ; Fig. 3C) :Z15-GM : cailloutis de galets mosans, semblable à B-GM décrit plus haut (voir point

3.1.1).Z15-A : argiles bleutées, bariolées à leur sommet, recoupées en fin d’intervention par

les sondages S10, S11, S13, S14 et S16 creusés à la pelle mécanique. D’une épaisseur observée d’environ 1 m, leur base n’a jamais été atteinte dans cette zone.

Z15-S : unité sableuse d’1,5 m d’épaisseur maximale, composée de lentilles de sables fins, moyens et grossiers carbonatés, verdâtres la plupart du temps, prenant parfois une coloration brunâtre, et entre lesquelles s’intercalent parfois des lentilles plus limono-ar-gileuses. Parfois déposés sur les argiles bleutées de l’unité Z15-A, mais le plus souvent directement sur les galets mosans (unité Z15-GM), ces sables présentent des stratifica-tions entrecroisées ponctuellement soulignées par des accumulations de charbon.

Z15-LLS : limons sableux à lentilles sableuses pluricentimétriques à pluridécimétriques, déposés directement sur les sables de l’unité Z15-S, et dont les lentilles sableuses sont d’ailleurs le prolongement latéral. Ces limons à lentilles sableuses, dont l’épaisseur n’excède pas 1 m, sont souvent affectés par des traces de racines altérées (glosses) qui lui donnent un aspect bariolé.

Z15-LS : limons sableux d’aspect massif et homogène, souvent très compacts, dont la limite inférieure est très clairement marquée par l’apparition de la première lentille sa-bleuse de Z15-LLS. Sa limite supérieure, au contact avec les limons argileux supérieurs (le plus souvent ceux de l’unité Z15-L), est par contre plus diffuse ; elle est régulière-ment soulignée par la présence d’un niveau discontinu de galets (unité Z15-NG ; voir ci-dessous). L’épaisseur maximale observée de cette unité est d’environ 90 cm. Tout comme l’unité Z15-LLS sous-jacente, elle est fréquemment affectée par des glosses.

Z15-NG : niveau discontinu de galets relativement bien calibrés (pluricentimétriques à décimétriques), formant des placages de quelques mètres carrés de surface et d’un galet d’épaisseur, régulièrement structurés en réseau polygonal.

Z15-HHI, Z15-LSIH et Z15-HHS sont deux horizons humifères (HH inférieur et HH supérieur) d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur, séparés par un limon bioturbé légèrement sableux (LSIH) d’une trentaine de centimètres d’épaisseur. Ces trois unités s’observent uniquement dans le remplissage d’une dépression dans la partie septen-trionale de la zone 15B, notamment au sud de T11 (Fig. 6), au nord de T12 (Fig. 7) et dans T10.

Z15-L : limon argileux beige, riche en bioturbations issues de l’unité Z15-LH sus-jacente (galeries centimétriques de vers de terre, le plus souvent verticales). Cette unité atteint localement 1 m d’épaisseur.

Z15-LH : limon argileux brun foncé, humifère, fortement bioturbé, semblable à B-LH décrit précédemment (voir point 3.1.1).

3.2.2. Anthracologie

L’analyse anthracologique préliminaire menée sur quelques échantillons de sables de l’uni-té Z15-LLS indique que la grande majorité des restes se compose de matière amorphe et de charbon minéral (anthracite). Seuls deux fragments correspondent à du hêtre (Fagus sylvatica). Combinée à la présence de fragments de brique ou de tegulae, la présence de hêtre (postérieur à 4000 BP ; Verbruggen et al., 1996) confirme l’importance des biotur-bations liées aux vers de terre, observées sur le terrain.

76

P. van der Sloot, M. Court-Picon, K. Deforce, Q. Goffette, J.-Ph. Marchal, St. Pirson & P. Spagna

4. Zone 15B : Mésolithique et Néolithique « post-danubien »

4.1. Localisation, circonstances de la découverte et méthodologie

Les traces d’une fréquentation du site par les mésolithiques ont été découvertes à l’ex-trémité septentrionale de la zone 15B (Fig. 5) ; elles se répartissent sur une superficie minimale d’environ 2700 m². Elles consistent en des artefacts lithiques repérés par prospection pédestre des fonds de tranchées de découverture, soit environ 50 à 60 cm

Fig.

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Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B)

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sous la surface actuelle du sol. Sur pratiquement tout cet espace, et à cette profondeur, les artefacts mésolithiques offrent une faible densité de pièces par mètre carré. En outre, ils sont mélangés à des artefacts plus récents attribuables au Néolithique, voire à la Protohistoire, les rares pièces caractéristiques du point de vue typo-chronologique permettant de proposer l’hypothèse d’au moins une occupation au Néolithique moyen. De plus, dans la moitié orientale de l’aire concernée, l’ensemble des objets préhistori-ques est remanié par la nécropole gallo-romaine.

Les prospections menées sur le fond de la tranchée T5 et dans les tas de terre générés par le creusement de celle-ci ont conduit à supposer l’existence d’un ensemble de pièces mésolithiques plus dense à son extrémité septen-trionale (Fig. 5 et 8). Pour vérifier cette hypothèse, une fouille manuelle référencée « HSA1 » fut réalisée sur quel-que 22 m². Les coordonnées XYZ de toutes les pièces repérées à la fouille ont été enregistrées à l’aide d’une station topographique. Les mesures d’orientation et d’in-clinaison ont été enregistrées à l’aide d’une boussole mu-nie d’un clinomètre pour un échantillon d’artefacts (voir point 4.2.3), en vue notamment de l’étude des fabriques (sensu Bertran et al., 1997). Faute de temps et d’une lo-gistique adaptée, le tamisage des sédiments n’a pu être réalisé de façon systématique. En guise de test, quelques sacs de sédiments issus de la fouille ont tout de même été ponctuellement prélevés à différents niveaux altimétri-ques, en vue de leur tamisage à l’eau (maille de 1 mm). Ils représentent un volume de sédiments cumulés d’approxi-mativement 1/4 m³ pour un total fouillé estimé à 11 m³. Une colonne de prélèvements systématiques traversant les unités Z15-L, Z15-X (voir point 4.2.1 et Fig. 9) et le sommet de Z15-LLS fut également prélevée pour évaluer la granulométrie du matériel archéologique (sensu Bertan et al., 2012 ; Fig. 8A). Le tamisage de ces prélèvements n’ayant pas encore été entamé, les décomptes d’artefacts présentés au point 4.2.2 sont susceptibles de légères mo-difications ultérieures (Tab. 3 et 4).

Pour essayer de circonscrire les limites de répartition des artefacts mésolithiques sur la totalité de la zone 15B, des prélèvements à la bêche ont été effectués en vue de leur tamisage, te-nant compte du fait que les délais très serrés interdisaient toute fouille d’éventuelles concentrations de matériel supplémentaires. Ces pré-lèvements de 30 cm de côté démarrent des fonds de tranchées de décapage T1, T2, T3 et T9 jusqu’à une profondeur d’environ 20 cm, suivant un écartement de 20 m (Fig. 5). L’analyse des refus de tamis est en cours.

Au sud-est de HSA1, la fouille manuelle des sondages S1 à S9 a livré quelques centaines d’artefacts dispersés au-dessus, au sein et entre les horizons humifères Z15-HHI et Z15-HHS (Fig. 5). Bien différenciés à l’extrémité orientale de T10 et en T12 (Fig. 7), les deux horizons hu-mifères et les autres couches ont été prélevés sur 3 m² en vue de leur tamisage. Le nombre de pièces récoltées par ce biais s’avère malheureu-sement très pauvre. L’ensemble du matériel issu de ces dépôts étant en cours de traitement, il ne sera pas présenté ici.

Tab. 3 – Décompte des artefactsrécoltés en HSA1 (zone 15B).

Tab. 4 – Décompte des microlithes récoltés en HSA1 (zone 15B).

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P. van der Sloot, M. Court-Picon, K. Deforce, Q. Goffette, J.-Ph. Marchal, St. Pirson & P. Spagna

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4.2. HSA1

4.2.1. Stratigraphie locale

La succession stratigraphique dans ce secteur est la suivante (Fig. 9) : Z15-LH, au sommet, surmonte l’unité Z15-L qui atteint une trentaine de centimètres d’épaisseur. Au pourtour de la zone fouillée, l’interface entre les unités Z15-L et Z15-LS est bien visible, soulignée par la présence des galets de Z15-NG. Par contre, au cœur de la concentration d’arte-facts, le niveau de galets de l’unité Z15-NG est absent. Sous l’unité Z15-L, dans l’em-prise de la fouille, se rencontre un limon sableux, baptisé Z15-X et contenant le matériel

Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B)

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Fig. 8 – Répartitions spatiale (A) et verticales (B et C) des artefacts en HSA1 (zone 15B). DAO : Pierre van der Sloot, SPW.

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P. van der Sloot, M. Court-Picon, K. Deforce, Q. Goffette, J.-Ph. Marchal, St. Pirson & P. Spagna

archéologique (voir point 4.2.2). L’interface Z15-L/Z15-X est très diffuse. Sous Z15-X s’observe l’unité Z15-LLS ; l’interface entre ces deux unités est très irrégulière, formant une espèce de cuvette asymétrique de quelques mè-tres carrés de surface, interprétée comme un chablis (voir point 4.2.3 ; Fig. 8 et 10). Au niveau de cette interface, les lentilles sableuses de Z15-LLS sont tronquées. Cette morphologie en cuvette du sommet de l’unité Z15-LLS et les lentilles sableuses tronquées sont spécifiques à ce secteur. Ailleurs, le sommet de Z15-LLS correspond à la dernière lentille sableuse avant l’unité Z15-LS, les deux unités (Z15-LLS et Z15-LS) étant en concordance stratigraphique. L’interprétation de ces données peut se résumer de la manière suivante : un chablis s’est développé au départ de la surface de Z15-NG, créant une cuvette dans les unités Z15-LS et Z15-LLS ; cette cuvette a ensuite été comblée par l’unité Z15-X, résultant d’un mélange entre les unités Z15-LLS, -LS et -NG (des galets disséminés ayant été observés au sein de Z15-X).

4.2.2. Homogénéité et position stratigraphique du matériel

Le matériel recueilli en HSA1 se répartit sur une vingtaine de mè-tres carrés, le cœur de la concentration affec-tant une forme grossiè-rement circulaire d’une dizaine de mètres carrés (Fig. 8A). Les limites de celle-ci sem-blent avoir été atteintes de tous les côtés. Il se compose de 824 pièces lithiques, parmi lesquel-

les 162 proviennent du tamisage, et de huit tessons de céramique (Tab. 3). Excepté 13 pièces en un matériau qui rappelle le quartzite de Wommersom, les autres arte-facts lithiques sont exclusivement en silex (plusieurs variétés). En dépit du tamisage très ponctuel, les pièces de petites dimensions (< 1 cm²) représentent tout de même près de 45 % de la totalité de la documentation. L’essentiel de celle-ci est constitué de déchets de débitage (nucléus, éclats, lames et lamelles brutes, etc.), parmi les-quels 74 sont brûlés. Trente pièces composent la catégorie des outils au sens typologique du terme, dont 20 microlithes et fragments de mi-crolithes (Tab. 3 et 4 ; Fig. 11).

Fig. 9 – Log stratigraphique de HSA1 (zone 15B).Les triangles noirssymbolisent les artefacts préhistoriques.DAO : Paul Spagna, IRSNB.

Fig. 10 – Topographie du sommet tronqué du limon à lentilles sableuses (Z15-LLS) en HSA1 (zone 15B).

DAO : Pierre van der Sloot, SPW.

Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B)

81

Cette documentation résulte de l’amalgame entre objets des périodes mésolithique et pos-térieures, ce qui se traduit, par exemple, par la coexistence des microlithes, de microburins, d’un petit éclat de hache polie (24 x 16 x 5 mm) et des huit tessons de céramique. Ces derniers, non décorés, peuvent être rattachés au Néolithique, voire à la Protohistoire. Il est impossible de dénombrer avec précision la part des objets attribuables à l’une ou l’autre phase d’occupation, mais la grande majorité des pièces, typologiquement et technologique-ment caractéristiques du point de vue chronoculturel, est mésolithique.

En l’absence de possibilités de datation par le radiocarbone, déterminer la position chro-nologique du Mésolithique de HSA1 repose sur le spectre des microlithes (Tab. 4 ; Fig. 11). Celui-ci montre un ensemble d’armatures partiellement cohérent mais nettement dominé par les segments, puis par les triangles scalènes, et où l’on note la présence d’une pointe à base non retouchée et d’une autre à base retouchée. Cette association est compatible avec la composition typolo-gique des microlithes de l’un des taxons du Mésolithique ancien belge, soit le groupe dit « Ourlaine » chronologique-ment situé entre environ 8800 et 7800/7500 cal. BC (secon-de moitié du Préboréal et dé-but du Boréal ; Crombé et al., 2009). Dans ce contexte, la pointe à retouche couvrante de type « feuille de gui », ainsi que le trapèze, dénotent et sont l’indice d’une possibi-lité de mélanges avec une ou plusieurs phases d’occupa-tion mésolithique ultérieu-res. Cette observation peut être mise en parallèle avec la coexistence de lamelles peu régulières, largement majori-taires, et d’autres aux bords et nervures réguliers.

En stratigraphie, le matériel est issu de la base du limon Z15-L et, surtout, du dépôt Z15-X sous-jacent, tous deux très fortement bioturbés par des galeries de vers de terre. Une raréfaction des artefacts à l’approche de la transition Z15-X/Z15-LLS a été consta-tée lors de la fouille. Aucune pièce n’a d’ailleurs été décou-verte au sein de Z15-LLS, ce qui est assuré par la fouille manuelle de ce dépôt, via quatre sondages d’un peu plus d’un quart de m² implantés au cœur et à la périphérie de la

Fig. 11 – Échantillon de microlithes issus de HSA1 (zone 15B).Dessin : Anne Mélon, SPW.

82

P. van der Sloot, M. Court-Picon, K. Deforce, Q. Goffette, J.-Ph. Marchal, St. Pirson & P. Spagna

concentration lithique (Fig. 8A). Il est utile de préciser que le passage de Z15-L à Z15-X n’était pas perceptible par les fouilleurs lors des décapages horizontaux, à la différence de la transition bien marquée entre Z15-X et Z15-LLS.

4.2.3. Répartition verticale du matériel

La projection verticale de la totalité des pièces suivant deux axes, nord-sud et est-ouest, montre une répartition inégale du matériel (Fig. 8B et C), même en tenant compte des distorsions possibles liées à ce procédé. À la périphérie de la zone à plus forte densité de matériel, les pièces se distribuent sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur tandis qu’au cœur de cette zone, elles se répartissent jusqu’à 60 cm d’épaisseur. Quel que soit l’axe envisagé, l’ensemble dessine une forme de « cuvette » asymétrique dont la limite in-férieure reproduit, en fait, la topographie du sommet tronqué de l’unité Z15-LLS (Fig. 10). Quant à la pente descendante d’est en ouest que semblent suivre les pièces les plus hau-

tes dans la séquence, elle est factice et liée au diagnostic. À l’ouest d’un axe nord-est/sud-ouest partageant HSA1 en deux, la tranchée d’évaluation a en effet quasi entièrement enlevé la cou-che de limon Z15-L, alors que dans la partie orientale, 10 à 15 cm de celui-ci ont pu être fouillés (Fig. 8A).

La répartition verticale des pièces les plus caractéristiques du Mésolithique (armatures et microburins) montre leur distribution sur toute l’épaisseur, sans qu’il y ait de concentrations particulières de matériel. Toutefois, il faut souligner les positions altimétriques d’un triangle scalène et d’un segment, légèrement plus hautes que celles du trapèze et de la feuille de gui. Quant à l’éclat de ha-che polie et à plusieurs tessons de cé-ramique, ils ont été trouvés à des cotes altimétriques plus basses que celles de plusieurs microlithes mésolithiques. Les tessons se distribuent en outre sur une trentaine de centimètres d’épaisseur.

La prise en compte des mesures d’orien-tation (96 pièces), d’inclinaison de l’axe long (104 pièces) et/ou de l’axe trans-versal (189 pièces) des artefacts ne montre, lors d’un premier examen, aucune tendance préférentielle, confir-mant l’impression laissée à la fouille d’une très grande variabilité de ces pa-ramètres. Ces données devront tou-tefois être objectivées par traitement statistique (Bertran et al., 1997). Dans ce contexte, l’impact très limité des ga-leries de vers de terre sur l’inclinaison des pièces, systématiquement contrôlé sur le terrain, est à souligner.

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Fig. 12 – Plan de la zone 15, secteurs A et C (15A/C) :1. Structures danubiennes avérées ; 2. Structures danubiennes

probables ; 3. Structures postérieures au Néolithique ancien oud’âge indéterminé ; 4. Structure danubienne avérée, de localisation

imprécise. DAO : Felicidad Giraldo Martin, SPW.

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Les observations faites en HSA1, spécialement la répartition des pièces et la topographie particulière du sommet de Z15-LLS, autorisent à proposer l’hypothèse d’un ensemble d’artefacts piégés au sein d’une fosse dendrogénétique (chablis) dont les caractéristiques visuelles habituellement reconnues pour ce genre de phénomène naturel n’étaient obser-vables, ni au moment du décapage mécanique, ni lors de la fouille manuelle. L’absence des unités Z15-LS et Z15-NG ainsi que la nature particulière de l’unité Z15-X, unique-ment identifiée à l’endroit de la concentration d’artefacts, seraient à imputer aux pertur-bations inhérentes à ce chablis. Il convient d’insister ici sur le fait qu’en l’absence de mar-queurs stratigraphiques fiables dans le secteur où le matériel archéologique se trouvait, c’est une méthodologie rigoureuse développée sur le terrain, combinée à l’intégration de l’ensemble des données (distribution planimétrique et verticale du matériel archéo-logique, projections, intégration des données stratigraphiques des différents secteurs et analyse détaillée des coupes stratigraphiques proches, etc.), qui a permis d’avancer cette interprétation impliquant la présence d’un chablis. Elle a donc été proposée a posteriori, lors de la post-fouille.

5. Zone 15A/C : Néolithique ancien de tradition danubienne

5.1. Stratigraphie locale

La stratigraphie de ce secteur est relativement simplifiée par la remontée du toit des galets de l’unité Z15-GM, généralement située à moins d’1 m de profondeur. Les limons sableux à lentilles sableuses (Z15-LLS), les limons sableux (Z15-LS) et les limons argileux (Z15-L), parfois soulignés par les galets de Z15-NG qui forment localement en plan des polygones, viennent couvrir ce cailloutis. Le limon humifère de surface (Z15-LH) scelle la séquence.

5.2. Nature et répartition du matériel

L’évaluation mécanique menée dans les zones 15A et 15C a révélé un ensemble de près de nonante structures anthropiques potentielles. La très grande majorité d’entre elles se concentre dans l’angle nord-est de la zone 15A et en 15C, en bordure de la rue Delwaide (Fig. 2 et 12). Elles s’organisent en une bande d’une vingtaine de mètres de large pour 120 m de long, orientée nord-est/sud-ouest ; la possibilité d’une extension de ces struc-tures vers l’est, sous la rue Delwaide, est à souligner. Trente-deux sont attribuées au Néolithique ancien danubien (25 certaines, 7 probables). Les structures restantes se rat-tachent à la transition Hallstatt B/C ou demeurent, à ce stade de la recherche, d’époque indéterminée. L’ensemble comporte notamment une vingtaine de traces apparentées à des empreintes de poteaux dont la dispersion aléatoire exclut la possibilité de restituer le plan d’un quelconque édifice.

La plupart des remplissages des structures danubiennes ont une faible épaisseur qui n’ex-cède pas la trentaine de centimètres, ne montrent pas de stratification et comblent des creusements limités aux limons de couverture surmontant le gravier de Meuse. Seule la structure F20 (Fig. 12), d’une profondeur un peu plus importante (50 cm), a distincte-ment entaillé le sommet du gravier de Meuse. Ces structures contiennent généralement une documentation mixte (céramique et lithique).

Trois structures, F71, F81 et F73, se distinguent toutefois par leur contenu exclusivement constitué d’artefacts lithiques (Fig. 12). Les deux premières sont spatialement très pro-ches. F71 est une fosse de rejet de plusieurs milliers de rebuts de débitage du silex sur une trentaine de centimètres d’épaisseur, dont le sommet ne semble avoir été qu’effleuré lors du décapage. F81 devait avoir la même fonction, son identification reposant toute-

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fois uniquement sur la récolte de plusieurs centaines de rebuts de silex dans le godet de la pelleteuse, au moment du décapage. Sa localisation demeure de ce fait imprécise mais elle se situait à moins de cinq mètres à l’est de la précédente.

Le troisième ensemble (F73) est plus singulier. Situé un peu à l’écart des autres structu-res, il consiste en un groupement de vingt éléments (blocs, plaquettes et fragments) d’un matériau qui rappelle le quartzite de Wommersom, sous réserve d’analyses pétrologi-ques qui en confirmeront l’identification (Fig. 12 et 13). Ils sont disposés grossièrement à plat sur une surface de 0,4 m², à la cote 55,43 m, aucune limite de creusement n’ayant été décelée autour de l’assemblage. Ils se situent à la base de l’unité Z15-L, quelques cen-timètres au-dessus de l’unité Z15-NG bien visible dans les environs immédiats. La pièce la plus légère pèse 183 g et la plus lourde 986 g, l’ensemble atteignant 11,145 kg. Par ailleurs, cinq pièces ont pu être intégrées au sein de deux remontages. Seul un petit éclat en silex, non discriminant du point de vue typo-chronologique, était associé aux blocs et aux plaquettes. Aucune pièce n’a fait l’objet ou ne résulte d’opérations de débitage pous-sées mais plusieurs d’entre elles portent une, voire plusieurs crêtes et paraissent « prêtes à l’emploi » (Fig. 14). Bien que F73 soit spatialement associable à l’occupation danu-bienne, la prudence commande de s’interroger sur la période à laquelle cette réserve de pièces a été constituée, d’autant qu’à notre connaissance, aucun assemblage comparable à F73 n’est mentionné dans la littérature relative au Néolithique ancien danubien de Belgique. D’un autre côté, l’imposant gabarit de certaines pièces et, en particulier, les dimensions importantes de plusieurs crêtes (jusqu’à 15,5 cm de long) s’accordent a priori assez difficilement avec les productions en ce matériau pour la période mésolithique ; dans ce contexte, l’absence de reliquats mésolithiques dans les zones 15A et 15C est aussi à souligner. Une étude technologique détaillée devrait éclairer à cette problématique.

Fig. 13 – Réserve de supports d’un matériau apparenté au quartzite de Wommersom (F73, zone 15A).Photo : Pierre van der Sloot, SPW.

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La présence d’un fragment de plaquette comparable à ceux de F73, retrouvée à plat à environ 6,5 m à l’ouest, isolée et à une cote altimétrique quasi identique, est à signaler. À 2 ou 3 cm près, cette cote est également celle du sommet de F71. Ce constat pose la question de la mise en évidence d’une surface de sol, peut-être du Néolithique ancien.

Parallèlement aux structures évoquées ci-dessus, il faut également mentionner la récolte, par prospection pédestre des fonds de tranchées et des tas de terre, d’une quantité non négligeable d’artefacts lithiques attribuables à un Néolithique postérieur au Néolithique ancien danubien, voire à la Protohistoire. Ces vestiges sont dispersés sur la totalité de l’emprise de la zone 15A et sont déconnectés de toutes structures.

6. Synthèse et premières interprétations

6.1. Corrélation du secteur « Au Buisson » et de la zone 15

L’ensemble des observations lithostratigraphiques et géomorphologiques faites sur ces deux zones permettent de proposer la corrélation de leurs unités respectives (Fig. 3). Cette proposition se base sur l’hypothèse que les unités B-A et Z15-A sont d’âge identi-que, ce qui doit encore être confirmé par leur étude palynologique (programmée) et par la réalisation de datations au radiocarbone. Il ressort également de cette synthèse que les limons de couverture de la zone « Au Buisson » (unité B-LC) englobent les limons ar-gileux bioturbés (L) et au moins une partie des limons sableux (LS) et à lentilles sableuses (LLS) décrits dans toute la zone 15, la limite L/LS et la subdivision en plusieurs unités des limons de couverture n’ayant été définies que lors de l’étude de cette dernière zone.

6.2. Contexte paléoenvironnemental et chronostratigraphique

La figure 15 présente le log synthétique des zones étudiées sur le site d’Hermalle-sous-Argenteau. Il se compose de 13 unités lithostratigraphiques (notées GM, T, A, S, LLS, LS, NG, X, HHI, LSIH, HHS, L et LH). Une première interprétation paléoenvironne-mentale et chronostratigraphique est proposée ci-après.

Fig. 14 – Exemple de support issu de F73 présentant plusieurs crêtes aménagées (zone 15A).Photos et DAO : Louis Bruzzese, SPW.

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Fig. 15 – Log synthétique des unités lithostratigraphiques étudiées sur le site du Trilogiport àHermalle-sous-Argenteau. DAO : Paul Spagna, IRSNB.

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Unité GMLes galets de l’unité GM se sont mis en place dans un milieu de haute énergie, et peuvent être mis en relation avec une rivière à chenaux en tresse développés en milieu périgla-ciaire. Le contexte régional permet de proposer un âge pour cette unité. La plus basse terrasse mosane observée dans le secteur entre Liège et Maastricht est la Terrasse de Vivegnis, dont la base est située à 51 m d’altitude aux environs d’Hermalle-sous-Ar-genteau (Juvigné & Renard, 1992). Cette terrasse pourrait correspondre à la Terrasse d’Eisden-Lanklaar de Paulissen (1973), attribuée à la fin du Saalien, et plus précisément au SIM 6 (Meijs, 2002), car aucun minéral du Téphra de Rocourt n’y a été trouvé (Juvigné & Renard, 1992 : 183). Dans la plaine alluviale actuelle, le contact entre les galets mosans et le socle paléozoïque a été rencontré vers 45 m à Hermalle-sous-Argenteau, l’orifice de ce sondage étant approximativement situé vers 55 m (Graulich, 1975). Dans ce contexte, l’épais paquet de galets présent sous la plaine alluviale actuelle, observé sur toute l’em-prise sondée du Trilogiport et se rattachant à l’unité GM, pourrait correspondre au dépôt de la rivière à chenaux en tresse du Weichselien.

Unités T et AD’un point de vue géodynamique, ces deux unités sont caractéristiques d’un environne-ment en dépression, calme et humide, de type méandre abandonné, permettant d’abord le développement de la végétation qui donnera les dépôts tourbeux, puis son comble-ment par décantation des argiles bleutées. Il y a peu, cette dépression était d’ailleurs toujours perceptible dans le paysage comme l’indique, par exemple, la cartographie des zones inondées lors des importantes crues de la Meuse en 1882 et en 1883 (Fig. 2).

Cette interprétation est confortée par l’analyse du contenu malacologique des argiles, qui témoigne d’un environnement de type stagnant ou à très faible courant, riche en vé-gétation. Il pourrait s’agir d’une rivière à faible débit, avec des méandres permettant un ralentissement du courant et l’installation des Sphaeriidae associés à des milieux rivulaires stagnants, plus riches en matière organique. Par ailleurs, R. Peuchot indique que les Pisi-dium (Sphaeriidae) et les Bythinia accompagnent les Limnées (Lymnaea, Stagnicola) et les Planorbes (Planorbis, Gyraulus, Segmentina) dans les eaux calmes des anciens bras morts (Peuchot, 1986). Ce spectre faunique correspond assez fidèlement à celui d’Hermalle-sous-Argenteau.

Quant à l’étude palynologique préliminaire des dépôts tourbeux, elle révèle un milieu assez ouvert et un cortège arboréen dominé par le bouleau (Betula) et le pin (Pinus type sylvestris). Cet assemblage caractérise le développement de peuplements clairs à bouleaux et pins, dans un environnement encore largement steppique. L’absence de taxons arboréens mésophiles tempérés et de taxons synanthropiques permettrait de contraindre l’âge de ces dépôts à des phases anciennes de développement de la végéta-tion postérieures à la phase pléniglaciaire de la dernière période glaciaire : tardiglaciaire ou préboréale (e.g. Damblon, 1996 ; Verbruggen et al., 1996 ; Hoek, 1997, 2000). Mal-heureusement, l’analyse d’un échantillon isolé ne permet pas d’affiner la chronologie de ces dépôts. Seule l’étude approfondie d’une séquence continue, sur toute l’épaisseur des sédiments tourbeux et argileux, réalisée à haute résolution temporelle, permettrait en effet d’en approcher plus finement la chronologie.

Unités S, LLS et LSCes sables et limons sableux évoquent le retour à un milieu de haute énergie à chenaux en tresse en contexte périglaciaire. Or, dans la zone 15B, ces dépôts se développent au-dessus de l’argile bleutée de l’unité Z15-A, corrélée à l’unité B-A du secteur « Au Buisson », elle-même déposée sur de la tourbe d’âge tardiglaciaire ou préboréal. Le contexte de détérioration climatique permettant la formation de ces chenaux sableux, combiné à leur position stratigraphique surmontant les dépôts tourbeux permet d’ex-

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clure un âge préboréal pour la tourbe. Ces dépôts sableux correspondraient dès lors à un des Dryas, et plus probablement au Dryas récent. Cette interprétation est renforcée par les conclusions d’études réalisées dans la Meuse un peu en aval, aux Pays-Bas, en amont de la confluence avec le Rhin (Vandenberghe et al., 1994 ; Kasse, 1995 ; Huisink, 1997 ; Bos et al., 2012). Après un système de transition au Bølling et un système de ri-vière méandrante à l’Allerød, les auteurs ont identifié un retour à un système de rivière à chenaux en tresse, au Dryas récent ; un système de rivière à méandre unique se géné-ralise ensuite à l’Holocène.

Unité NGLes galets de l’unité NG seraient également à attribuer à des conditions climatiques froi-des, ce que suggère leur agencement en polygones. Ils pourraient donc également rele-ver du Dryas récent. L’origine de cet horizon de galets pourrait être en partie liée à de la cryoexpulsion, ce que corrobore la présence de galets isolés et sub-verticaux observés dans les unités sableuses sous-jacentes.

Chablis de HSA1, unités HHI et HHSAu départ de NG, qui correspond probablement à une longue stabilisation de la surface, se développent des chablis (dont celui en HSA1 – unité Z15-X – riche en artefacts) et une dépression assez large comblée par des limons sableux (LSIH) au sein desquels deux ho-rizons humifères ont pu se développer (HHI et HHS). Ces dépôts remontent probable-ment au début de l’Holocène, hypothèse que semble corroborer l’analyse préliminaire des artefacts qui en sont issus (Mésolithique).

Unités L et LHLes limons de l’unité L correspondraient à des limons de débordement d’une rivière à méandres. D’après le matériel archéologique s’y trouvant, il est probable qu’ils couvrent une période allant du Néolithique ancien aux périodes historiques. Certains auteurs ont postulé une reprise importante de l’alluvionnement à l’époque romaine, faisant suite aux défrichages conséquents entrepris à cette époque, après une raréfaction des apports sédimentaires postérieure au Dryas récent (Bos et al., 2012). Au Trilogiport, cette hypo-thèse pourra être confrontée aux résultats de l’étude stratigraphique du secteur romain de la zone 15B.

Le limon humifère de surface LH est riche en anthracite et fragments de poterie mo-derne.

7. Conclusion

Les recherches menées sur le site du Trilogiport ont livré les reliquats de plusieurs pha-ses d’occupation au Mésolithique et au Néolithique, auxquels il faut ajouter les vestiges d’une fréquentation du lieu aux époques protohistoriques et historiques. La fouille d’une telle variété de contextes archéologiques en milieu de plaine alluviale est une opportu-nité relativement rare sur le territoire wallon, d’autant qu’elle s’accompagne d’une étude géoarchéologique visant à insérer ces vestiges dans un cadre paléoenvironnemental do-cumenté sur une très vaste superficie. Les résultats préliminaires de cette démarche, qui représente l’un des premiers jalons en la matière pour le secteur de la Basse Meuse belge, illustrent le grand potentiel des fonds de vallée, bien mis en évidence dans les régions limitrophes (Flandre, France, Allemagne, Pays-Bas).

Du point de vue archéologique, le cas de la zone 15B nous semble exemplaire non seu-lement de cette richesse mais aussi des limites méthodologiques qui empêchent d’en ap-

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préhender la quintessence. En plus d’une nécropole romaine, l’exploration de ce secteur a mis en évidence l’existence de traces d’une, voire de plusieurs phases d’occupation au Mésolithique, ainsi que d’autres restes attribuables à un Néolithique « post-danubien », voire à la Protohistoire. Il semble que, la plupart du temps, les uns et les autres soient mélangés et forment une sorte de « bruit de fond », à faible profondeur sous la surface du sol actuel, indiquant vraisemblablement que l’essentiel du secteur a présenté une surface quasiment stable pendant une longue période. Localement, des artefacts ont pu être piégés au sein de chablis, ce dont témoigne la fouille du secteur HSA1, ou ont été remaniés par la nécropole. L’intervention de terrain a également montré l’existence de contextes morpho-sédimentaires potentiellement plus favorables à la conservation de traces d’occupation « en place » ou, du moins, peu amalgamées, notamment sous la forme de sols humifères bien différenciés dans le comblement d’une dépression.

Se pose dès lors la question des choix méthodologiques à opérer pour le repérage de ces potentiels, et ce sur de très vastes étendues et dans le contexte d’une plaine d’inondation où l’environnement morpho-sédimentaire est mal connu. Or, plusieurs auteurs s’accor-dent à dire qu’une bonne connaissance de celui-ci est souvent souhaitable dès la phase de diagnostic (par exemple, Bruxelles, 2010 ; Lhomme, 2010).

Depuis plusieurs années, il fait consensus que l’usage des tranchées de découverture mé-canique est inapproprié ou, au minimum, insuffisant pour pouvoir appréhender un site paléolithique ou mésolithique (par exemple, Detrain, 2010). Dans tous les cas, la réalisa-tion de ces tranchées superficielles n’en permet pas l’expertise qualitative. Ainsi, à Her-malle-sous-Argenteau, si la documentation majoritairement mésolithique contenue dans le chablis de HSA1 a pu être repérée par ce biais, les deux petits sols humifères localisés au sud-est nous auraient échappé sans la fouille manuelle de sondages et le creusement de tranchées profondes. Cette approche nécessite en outre d’être planifiée dès avant la phase de terrain, afin de coordonner l’intervention des spécialistes des différentes pério-des. Quant à la réalisation de carottages systématiques sur de grandes surfaces, comme cela se pratique parfois avec efficacité, en « Flandre sableuse » par exemple (Crombé et al., 2008), elle est confrontée ici à la problématique des moyens logistiques, humains et du temps requis pour une telle opération, tenant compte notamment de la nature limono-argileuse d’une partie des sédiments, qui se tamise difficilement sans le recours à l’étuvage et/ou au trempage à l’eau oxygénée.

Dans le contexte d’une archéologie préventive où la notion de rendement compte pour beaucoup, mettre autant d’investissement pour la fouille du chablis de HSA1 pourrait d’ailleurs paraître démesuré. Pourtant, comme d’autres, nous pensons que la fouille de ces structures naturelles peut se justifier lorsqu’elle concerne des périodes mal documen-tées pour un territoire donné (Ducrocq, 2010), ce qui est clairement le cas ici. Du reste, l’identification de cette fosse dendrogénétique s’est faite a posteriori et n’aurait pas été possible sans la mise en œuvre d’une méthodologie contraignante.

Au-delà du cadre strictement archéologique, cette réflexion méthodologique initiée au sein des services archéologiques du SPW constitue un apport important des fouilles menées sur le site du Trilogiport. Elle doit nous permettre une meilleure efficacité lors d’interventions ultérieures dans ce type d’environnement fluviatile. Selon nous, celle-ci passera non seulement par des choix méthodologiques plus pertinents grâce à l’expé-rience acquise, mais aussi par la prédétermination de thématiques de recherche en amont de la phase de fouille, voire du diagnostic.

Du point de vue paléoenvironnemental, l’un des points remarquables du gisement tient à la mise en évidence d’une profonde dépression naturelle à l’aplomb du Préhy, dans le secteur « Au Buisson ». Le comblement de celle-ci comprend notamment des dépôts tourbeux et des argiles, localement, sur plusieurs mètres d’épaisseur, propices à une

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bonne conservation du matériel sporo-pollinique, de restes organiques et de la malaco-faune. Vu le contexte archéologique riche pour les périodes mésolithiques et néolithi-ques, l’étude programmée de deux carottages réalisés à la tarière mécanique au sein de ces dépôts, revêt un intérêt tout particulier. Elle permettra une restitution fiable de la paléovégétation, y compris en ce qui concerne l’anthropisation des paysages, ainsi que la définition d’un cadre chronostratigraphique, pour un secteur géographique où les don-nées de ce type sont rares.

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier Ivan Jadin pour les remarques préliminaires qu’il a prodigué à propos de la problématique de F73, ainsi qu’Étienne Juvigné pour les discussions relatives aux ter-rasses de la Meuse. Ils remercient également Becky Miller pour la traduction anglaise du résumé et Pascale Fraiture pour sa relecture attentive du manuscrit.

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P. van der Sloot, M. Court-Picon, K. Deforce, Q. Goffette, J.-Ph. Marchal, St. Pirson & P. Spagna

Résumé

La mise en œuvre du projet de plateforme logistique « Trilogiport » sur le territoire de l’ancienne commune d’Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye), dans la plaine alluviale de la Meuse, a conduit le Service de l’Archéologie de Liège (Service public de Wallonie, Direction de Liège I) à entre-prendre une évaluation archéologique sur environ 60 ha, assortie de fouilles préventives et d’une étude géologique de grande envergure. Cette opération fut conduite en partenariat avec la Di-rection de l’Archéologie du SPW et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.

L’exploration des terrains visés par ce projet offrait une rare opportunité de développer les con-naissances relatives à la nature et aux modes d’implantation de populations en contexte fluviatile, au Tardiglaciaire et à l’Holocène. L’intervention a mis en évidence la richesse et la variété des contextes archéologiques de ce tronçon de fond de vallée, matérialisées notamment par la dé-couverte de reliquats d’occupation mésolithiques et néolithiques. De plus, la possibilité nous est donnée d’intégrer les vestiges archéologiques au sein d’un cadre chronostratigraphique, géomor-phologique et paléoenvironnemental documenté sur de très vastes étendues, au sein desquelles les dépôts sédimentaires n’ont été que ponctuellement perturbés par des activités anthropiques récentes. Cette approche, complexe en soi, se révèle d’autant plus ardue ici qu’elle représente l’un des premiers jalons en la matière pour le secteur géographique de la Basse Meuse belge.

Mots-clés : Mésolithique, Néolithique, plaine alluviale, Meuse, Tardiglaciaire, Holocène, paléoenvi-ronnement, plateforme logistique « Trilogiport », Hermalle-sous-Argenteau, commune d’Oupeye, Prov. de Liège (B).

Abstract

The realization of the logistics for the « Trilogiport » project of the former commune of Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye), on the alluvial plain of the Meuse, led the Service of Archaeology of Liège (Service public de Wallonie, Direction de Liège I) to undertake an archaeological evaluation over an area of around 60 ha, including preventive excavations and a large-scale geological study. This operation was carried out in partnership with the Direction of Archaeology of the SPW and the Royal Institute of Natural Sciences of Belgium.

Exploration of the areas of focus for this project offers a rare opportunity to develop under-standing of the nature and modes of occupation of human populations in fluvial context during the Lateglacial and the Holocene. The intervention has demonstrated the richness and variety of archaeological contexts preserved in this section of the valley bottom, shown in particular by the discovery of Mesolithic and Neolithic sites. In addition, it was possible to integrate the ar-chaeological material within its chronostratigraphic, geomorphological and paleoenvironmental context, documented over very large areas, where the sedimentary deposits were only very rarely disturbed by modern human activities. This approach, complex in itself, was made even more difficult here because it represents one of the first stages for the geographic sector of the Belgian Lower Meuse Valley.

Keywords: Mesolithic, Neolithic, alluvial plain, Meuse River, Lateglacial, Holocene, paleoenviron-ment, « Trilogiport » logistics project, Hermalle-sous-Argenteau, commune of Oupeye, Prov. of Liège (B).

Occupations mésolithiques et néolithiques sur le site du Trilogiport, à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye, B)

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Pierre VAN DER SLOOTJean-Philippe MARCHAL

SPW, DGO4, Direction de Liège IService de l’Archéologie de Liège

62, avenue des TilleulsBE - 4000 Liège

[email protected]@spw.wallonie.be

Paul SPAGNAMona COURT-PICON

Quentin GOFFETTEKoen DEFORCE

Institut royal des Sciences naturelles de Belgique29, rue Vautier

BE - 1000 [email protected]

[email protected]@naturalsciences.be

[email protected]

Stéphane PIRSONSPW, DGO4, Direction de l’Archéologie

1, rue des Brigades d’IrlandeBE - 5100 Jambes

[email protected]