Panorama des méthodes d’exégèse moderne et post-moderne du Qohélet

12
PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP [email protected] 15 Panorama des méthodes d’exégèse moderne et post-moderne du Qohélet L'une des deux questions majeures sur lesquelles s'est clos notre précédent chapitre est : à quelle période de l’histoire d’Israël peut-on situer la composition du Qohélet ? En y répondant il ne s'agira pas d'enfoncer une porte ouverte en reprenant toute la question de la dation et de l'auteur du livre. On se limitera simplement à élucider le plus rigoureusement possible les résultats qui, en la matière, recueillent aujourd'hui l'adhésion majoritaire des exégètes. De toute évidence, une telle étude n’est pas réalisable si la maîtrise des méthodes exégétiques n’est pas de mise. C'est pourquoi, un parcours assez rapide de la plupart des méthodes exégétiques modernes et post-modernes bien connues nous permettra de mettre suffisamment en lumière les réponses largement consensuelles des exégètes dont nous faisons nôtres les enquêtes sur les questions de la datation de la composition du livre. Ceci donnera l'occasion d'élucider la démarche exégétique qui orientera nos propos au fil de ce cours. 2. 1 – Panorama des méthodes exégétiques d’analyse du texte Il existe différentes approches scientifiques pour étudier un texte biblique. Les méthodes exégétiques les plus connues de nos jours se regroupent en 4 grands ensembles : 2. 1. 1 – Les méthodes synchroniques comme : L’analyse narrative ou narratologique L’intertextualité ou l’analyse canonique du texte

Transcript of Panorama des méthodes d’exégèse moderne et post-moderne du Qohélet

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

15

Panorama des méthodes d’exégèse

moderne et post-moderne du Qohélet

L'une des deux questions majeures sur lesquelles s'est clos notre

précédent chapitre est : à quelle période de l’histoire d’Israël peut-on situer la

composition du Qohélet ? En y répondant il ne s'agira pas d'enfoncer une porte

ouverte en reprenant toute la question de la dation et de l'auteur du livre. On se

limitera simplement à élucider le plus rigoureusement possible les résultats qui,

en la matière, recueillent aujourd'hui l'adhésion majoritaire des exégètes.

De toute évidence, une telle étude n’est pas réalisable si la maîtrise des

méthodes exégétiques n’est pas de mise.

C'est pourquoi, un parcours assez rapide de la plupart des méthodes

exégétiques modernes et post-modernes bien connues nous permettra de mettre

suffisamment en lumière les réponses largement consensuelles des exégètes

dont nous faisons nôtres les enquêtes sur les questions de la datation de la

composition du livre. Ceci donnera l'occasion d'élucider la démarche

exégétique qui orientera nos propos au fil de ce cours.

2. 1 – Panorama des méthodes exégétiques d’analyse

du texte

Il existe différentes approches scientifiques pour étudier un texte

biblique. Les méthodes exégétiques les plus connues de nos jours se regroupent

en 4 grands ensembles :

2. 1. 1 – Les méthodes synchroniques comme :

• L’analyse narrative ou narratologique

• L’intertextualité ou l’analyse canonique du texte

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

16

2. 1. 2 –Les méthodes diachroniques qui sont :

• La critique des formes du texte

• La critique du genre littéraire du texte

• L’analyse rhétorique du texte

• La critique littéraire ou la critique des sourcesou la recherche la

préhistoire écrite du texte

• La critique ou l’analyse comparative

• La critique de la transmission des traditions du texte

• La critique de la composition et de la rédaction du texte

(Redaktionsgeschichte)

2. 1. 3 –La méthode anachro-synchronique à savoir :

• L’analyse pragmatique

2. 1. 4 –Les méthodes achroniques comme :

• L’analyse structuraliste

• L’analyse sémiotique

Au terme de cette énumération, une question demeure : quels sont,

d’une part, les éléments de convergence et, d’autre part, les spécificités de ces

différentes méthodes d’analyse exégétique ?

2. 2 – Convergences des méthodes d’analyse

exégétique : la critique de la constitution du texte

Toutes les méthodes d’analyse exégétiques que nous avons citées plus

haut suivent des étapes qui les caractérisent et les spécifient conformément à

leurs objectifs.

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

17

Cependant, il y a un point commun à toutes ces méthodes. Il s’agit de la

critique de la constitution du texte. Elle s’articule grosso modo autour de 9

éléments qui sont :

• La délimitation du texte

• L’Analyse linguistique, syntaxique et stylistique ;

• L’analyse philologique et sémantique

• La traduction du texte

• L’unité, la structure et segmentation du texte

• L’Analyse du contexte littéraire immédiat en amont et en aval

du texte

• L’Analyse du contexte littéraire global voire canonique du texte

• L’Analyse comparative synoptique du texte

• La critique textuelle ou la reconstruction du texte original

En un mot, la critique de la constitution du texte permet de mettre en

lumière la nature intrinsèque du texte. Elle précise le texte à étudier et en

dégage les articulations formelles et logiques.

Ses résultats rendent le chercheur davantage prompt à déterminer avec

précision les méthodes exégétiques spécifiques qui lui permettront d’atteindre

les objectifs de ses enquêtes.

Ceci dit, quelles sont les spécificités de chacune de ces méthodes

d’analyse évoquées plus haut ?

2. 3 –Spécificités des méthodes exégétiques

d’analyse du texte

Nous examinons toutes les méthodes en considérant chacune des

catégories mises en évidence plus haut : synchronique, puis achronique, puis

anachro-synchronique et enfin diachronique.

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

18

2. 3.1 – Les méthodes synchroniques

Elles s’intéressent au texte dans sa facture finale. Le lecteur questionne

le texte tel qu’il se présente. Et le texte, par lui-même, livre son sens. Ainsi, on

observera que les quatre démarches synchroniques que nous donnons en

exemple se limitent strictement au texte lui-même comme signe et comme

source suffisante de signification ou de sens.

2. 3. 1. 1 – L’analyse narrative ou narratologique

L’analyse narratologique est née des études littéraires des contes russes.

En effet le russe Vladimir Propp avait rassemblé une vaste collection de

contes.

Puis, en les analysant minutieusement, il avait remarqué que la quasi-

totalité des récits étudiés avait une forme d’organisation identique.

Ce fut alors la découverte des cinq éléments de la subdivision classique

(quasi universelle) de la trame des contes et récits :

• l’exposition ;

• le commencement de l’action ;

• le climax ou la complication de l’action ou encore l'incident

déclencheur ;

• la résolution de l’action ;

• la conclusion.

L’analyse narratologique biblique (généralement appliquée aux textes

narratifs) s’attache donc à mettre en lumière la mise en récit du texte à partir de

ces cinq éléments ou schéma narratif autour desquels s’organisent la trame

d’une narration et l’intervention des personnages ou protagoniste d’un récit.

En définitive, dégager le schéma narratif qui fait ressortir les cinq

niveaux du récit, c'est mettre en lumière les moments clés de l'enchaînement

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

19

des événements. Ainsi l’analyse narratologique permet de mieux prendre

conscience du climax qui est le moment important du texte.

Le schéma narratif peut être complété par la mise à jour du schéma

actanciel qui permet d’identifier les rapports de force qui s'instaure entre les

personnages et qui font avancer l'action dans la trame du récit.

En effet, le schéma actantiel comporte un sujet(héro), un destinateur

(émetteur), un objet (objectif), un destinataire (récepteur), puis un adjuvant

(aidant) et un opposant (adversaire).

Bref, au regard de ces différents actants, le schéma actanciel fait

ressortir les relations : sujet — objet ; destinateur — destinataire ; opposant —

adjuvant ou favori.

Un exemple classique est souvent évoqué pour illustrer ces différents

rapports : Un vieil homme (émetteur et récepteur) demande à son petit-fils

(héros) de lui cueillir une ravissante fleur (objet) fleurissant dans un cirque. Le

petit garçon devra vaincre le terrible lion du cirque (opposant), mais sera aidé

par son père (adjuvant).

Le récit de Joseph en Gn 37 est également illustratif et fort évocateur de

ces rapports dégagés par le schéma actantiel.

2. 3. 1. 2 – L’intertextualité ou l’analyse canonique du texte

Elle considère le contexte canonique de l'Écriture Sainte comme la

clef d'interprétation du texte. Ici « la Bible s’explique par la Bible ».

Le texte est alors examiné au regard de sa position et de sa fonction

dans le contexte global du canon biblique.

2. 3.2 – Les méthodes diachroniques

En ce qui concerne les méthodes diachroniques elles sont davantage

connues sous le nom de méthode d’exégèse historico-critique. Leur présupposé

est lié au réalisme du mystère de l’Incarnation : « et le Verbe s'est fait chair et

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

20

il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de

son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité» (FBJ. Jn 1,14).

L’Histoire du Salut est une véritable Histoire et non pas une mythologie. En

conséquence, le fait historique est une dimension constitutive de la révélation

chrétienne biblique qui peut dès lors être assidûment étudiée avec les méthodes

de la recherche historique.

À cet effet, les méthodes diachroniques tiennent compte, non seulement

de l'histoire en tant qu'arrière-plan du texte, mais aussi de l’aspect historique

qui marque l’évolution du texte dans sa composition, dans son développement

et dans sa transmission.

2. 3.2. 1 – La critique du genre

Elle permet de situer le genre littéraire du texte (prophétique – oracle de

malheur ou de bénédiction –, poétique, narratif, etc.). Et, à partir des

conventions et des situations sociologiques appropriées à chaque genre

littéraires, elle peut repérer voire préciser le contexte historique de l’émission

du texte, etc.

2. 3.2. 2 – La critique des formes du texte

Pour Gunkel, l’un des fondateurs de la critique des formes

(« Formgeschichte », histoire des formes), tout texte relatif à un peuple est

nécessairement enraciné, à l’origine, dans une situation sociologique

particulière et dans un contexte historique précis. Et la forme du texte en

question est toujours le reflet plus ou moins parfait de ce contexte d’émergence

du texte à objet collectif.

À cet effet, la critique des formes s'attache à passer le texte au crible des

formes littéraires. Ainsi, avec la critique des formes, le lecteur examine la

manière dont le texte analysé coïncide avec les postulats de la catégorie dans

laquelle le texte étudié est ordinairement classé pour en déduire des

hypothèses au sujet de l’auteur et du contexte historique d’émergence du texte.

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

21

Par exemple, pour un texte à contenu historique évoquant deux nations

x et y, la critique des formes vérifie au regard de ce que disent les chroniques

des deux nations considérées (x et y), la manière dont le texte examiné répond

aux formes et critères des textes historiques de l’époque des deux nations x et

y.

Ainsi, de manière concrète, la manière dont les chroniques romaines

évoquent ou non le massacre des innocents devrait, selon notre exemple, aider

à vérifier l’authenticité du récit rapporté par les évangiles synoptiques qui

trouve un parallèle vétérotestamentaire en Ex 1,16.

Un autre exemple : ordinairement, les formes des textes législatifs d’un

peuple donnent généralement des éléments d’appréciation sur le contexte

socio-historique du peuple au moment de la composition et de l’adoption de ses

lois et constitutions.

2. 3.2. 3 – L’analyse rhétorique du texte

La méthode rhétorique s’intéresse à l’argumentation du discours, aux

moyens de persuasion employés dans le texte. Son postulat initial est que

l’auteur sacré utilise, comme système de communication, l’art oratoire appelé «

rhétorique ».

Un modèle classique du discours rhétorique comprend :

• Propositio

(qui peut être un enchaînement de

Exordium,

demonstratio

et même narratio)

• Explicatio

• Refutatio

• Applicatio

• Peroratio

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

22

2. 3.2. 4 – la critique littéraire ou critique des sources

La critique littéraire ou critique des sources ou la recherche la

préhistoire écrite du texte s’attache à distinguer les sources utilisées par le

rédacteur du texte. En d’autres termes elle s’efforce, en fonction des motifs du

récit, de mettre en lumière les emprunts de l’auteur à des littératures

extrabibliques. Puis elle précise le milieu de production du texte et le contexte

historique de l’auteur ou des auteurs du texte. Dans les études des Évangiles

synoptiques l’établissement de la Source Q est un exemple des résultats de la

critique des sources.

2. 3.2. 5 – La critique ou l’analyse comparative

Les différents aspects de l’analyse comparative se résument en ceci :

établir un matériel de comparaison et repérer les éléments spécifiques qui

donnent lieu à la possibilité du rapprochement, puis mesurer le degré de

pertinence et d’incidence de ce matériel de base aussi bien sur l’échantillon

biblique que sur les documents de la littérature extrabiblique qui constituent le

second terme de comparaison.

2. 3.2. 6 – La critique des traditions du texte

La critique des traditions ou l'histoire de la transmission des traditions

du texte s'efforce de retracer l'histoire des traditions du texte. Elle accorde une

priorité aux stades pré-littéraires de la formation des traditions et évalue leur

mode de transmission jusqu'à la rédaction finale du texte.

On y expliquer, par exemple, la manière dont des légendes

indépendantes peuvent évoluer du stade oral vers des traditions littéraires plus

complexes.

Pour tout dire, la critique des traditions procède par des étapes qui

permettent de placer le texte étudié dans les courants de tradition, dont elle

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

23

s’attache à préciser l'évolution ou le développement diachronique au cours de

l'histoire.

2. 3.2. 7 – La critique de la composition et de la rédaction du

texte(Redaktionsgeschichte)

Une fois que le lecteur a fini de distinguer les couches rédactionnelles,

les sources ayant contribué à la composition de son texte, puis les différentes

étapes de la tradition du texte, la critique de la rédaction lui permet de

s'intéresser à l'œuvre complète et à sa forme finale.

En conséquence, elle cherche à mettre en lumière les modifications que

le texte a subies avant d’être fixés dans son état final, c’est-à-dire le processus

par lequel le texte est arrivé à son édition définitive.

Ainsi, elle permet d’identifier non seulement la contribution personnelle

de l’auteur, mais aussi les orientations théologiques qui ont guidé son travail de

rédaction.

2. 3. 3– Exemple d’une méthode anachro-synchronique :

l’analyse pragmatique

Quant aux méthodes anachro-synchroniques, elles tentent de remonter

aux premiers lecteurs du texte pour établir la manière dont ces derniers ont

saisi le sens du texte. À la lumière du sens du texte pour les premiers lecteurs

les méthodes anachro-synchroniques tentent d’établir quel sens et quelles

interpellations le texte peut avoir pour le lecteur contemporain.

À cet effet, l’analyse pragmatique correspond à un questionnement

entre le texte et le lecteur lui-même. En un mot le lecteur questionne le texte

tout en se laissant questionner par le texte. Ici, on parle de « méthodes de

lecture » : on s’interroge sur les premiers lecteurs du texte. On se laisse

interpeller par leur compréhension et réaction face au texte. En un mot, on

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

24

s'intéresse plus au lecteur qu'à l'auteur du texte tout en remontant aux tout

premiers destinataires du texte.

2. 3. 4 – Les méthodes achroniques

«L'auteur est mort», «le texte en soi», tels sont les slogans des teneurs

des approches achroniques. Ici, les questions des intentions de l'auteur, ou de

sa psychologie sont révolues. Le lecteur étudie donc le texte en lui-même sans

tenir compte des circonstances historiques de sa rédaction.

2. 3. 4. 1 – L’analyse structuraliste

Elle privilégie comme clef de lecture la structure profonde qui jalonne le

texte.

2. 3. 4. 2 – L’analyse sémiotique

La sémiologie ou sémiotique (du grec shmei/on, « signe ») est la science

des significations. La méthode sémiotique est donc la méthodologie des

sciences qui traitent des systèmes signifiants. En d’autres termes l’analyse

sémiotique s’attache à relever la manière dont les systèmes de signes sont

structurés dans le texte.

Ainsi, à partir du rapport entre les éléments perceptibles qui sont les

signes du texte (c’est-à-dire les signifiants) et leur sens (c’est-à-dire le signifié),

le lecteur identifie les carrés sémiotiques qui articule la narration ou le récit.

En un mot, le linguiste et sémioticien lithuanien Algirdas Julien

Greimas a créé le carré sémiotique en s’inspirant du carré logique d’Aristote.

Dans l’analyse du texte, le carré sémiotique fonctionne comme suit.

Tout d’abord, le lecteur commence par identifier dans son texte deux

concepts opposés, soit S1 et S2 (par exemple, masculin / feminin).

Ensuite, il retrouve une seconde paire de concepts opposés en lien

avec la première, soit ~S1 et ~S2(par exemple, non-masculin / non-feminin).

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

25

Alors, le carré sémiotique lui permet d’établir les relations suivantes

entre les quatre concepts ainsi obtenus :

S1 et S2: opposition ou contrariété

S1 et ~S1, S2 et ~S2: contradiction

S1 et ~S2, S2 et ~S1: complémentarité ou implication

En définitive on observe que le carré sémiotique permet de raffiner les

analyses par oppositions. Ainsi le lecteur qui l’utilise peut faire passer le

nombre de classes analytiques découlant d’une opposition donnée de deux à

quatre à huit voire à dix. Et au fur et à mesure qu’il avance il obtient un

dévoilement spectaculaire du sens de son texte.

Schéma du carré sémiotique rempli à partir de l’opposition :

masculin/féminin, non-masculin / non-féminin

Masculin + Féminin « androgyne » « hermaphrodite »

Masculin « homme »

Féminin « femme »

Masculin

+

Non-

féminin « vrai

homme »

« macho

»

Féminin

+

Non-

masculin « femme

ultra-

féminine

»

Non-féminin « hommasse »

« macha »

Non-masculin « efféminé »

Non-féminin+ Non-masculin« ange »

Conclusion

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP

[email protected]

26

Au terme de ce parcours une question demeure : à quelle méthode

avons-nous, nous-même, davantage recours sur notre terrain de prédilection

qu’est le comparatisme des livres sapientiaux bibliques ?

Pour notre part, nous partageons entièrement la conviction de Luca

Mazzinghi exprimée en ces termes :

« continuo in ogni caso a ritenere che senza l’ausilio del metodo

storico-critico difficilemente sia possibile cogliere ciò che l’autore

intendeva communicare1 ».

Notre démarche sera donc historico-critique c’est-à-dire

diachronique : « l’une des tâches fondamentales de l’exégèse historico-

critique est d’éclaircir dans quelle mesure et comment les auteurs des textes

vétérotestamentaires, dans leurs réflexions et leurs écrits, ont été influencés par

des expériences historiques ainsi que par des traditions culturelles et

littéraires2 ». Cela requiert la méthode comparative.

Aussi, l’analyse comparative avec la littérature juive extra-biblique et

la philosophie grecque nous permettra-t-elle d’identifier la source littéraire ou,

du moins, les parallèles ou allusions auxquelles font référence les passages du

Qohélet que nous aurons choisis.

C’est pourquoi, les différents aspects que notre analyse doit prendre en

considération sont les suivants :

• établir, chaque fois et le plus rigoureusement possible, le

matériel de comparaison à étudier ;

• puis repérer les éléments spécifiques qui donnent lieu à la

possibilité des rapprochements observables ;

• et enfin mesurer le degré de pertinence et d’incidence de ce

matériel de base aussi bien sur l’ensemble du Qohélet que sur

les documents de la littérature extra-biblique qui constituent le

second terme de comparaison.

PAUL-MARIE FIDÈLE CHANGO, OP Docteur ès-Sciences Bibliques

Prof. d'Exégèse d'Ancien Testament

1 L. MAZZINGHI, Ho cercato e ho esplorato. Studi sul Qohelet (Bologna 2001) p. 10.

2 T. KRÜGER, « Le livre de Qohéleth dans le contexte de la littérature juive des III

e et II

e siècles

avant Jésus-Christ », RTP 131 (1999) p. 135.