Les pratiques religieuses de la région de Palm Springs en Californie du Sud Study of religious...

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Université Bordeaux Montaigne Les pratiques religieuses de la région de Palm Springs en Californie du Sud Study of religious practices in the Palm Springs area of Southern California from 1850 to 2010 Mémoire de Master 2 Religions et Sociétés Présenté par Jean-Marie Autran Palm Desert, Ca 92260 USA Sous la direction de Madame Bernadette Rigal-Cellard Professeur Etudes nord-américaines Université Bordeaux Montaigne 33607 Pessac cedex, France 2009-2010 1 1 Présentés en 2010 mais publiés en août 2015, ces travaux de recherches n’ont pas fait l’objet d’une réactualisation.

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Université Bordeaux Montaigne

Les pratiques religieuses de la région de Palm Springs en Californie du Sud

Study of religious practices in the Palm Springs area of Southern California from 1850 to 2010

Mémoire de Master 2 Religions et Sociétés

Présenté par Jean-Marie Autran Palm Desert, Ca 92260

USA

Sous la direction de Madame Bernadette Rigal-Cellard Professeur

Etudes nord-américaines Université Bordeaux Montaigne

33607 Pessac cedex, France

2009-20101

1 Présentés en 2010 mais publiés en août 2015, ces travaux de recherches n’ont pas fait l’objet d’une réactualisation.

1

Table des matières

Introduction ……………………………………………………………………………………….2

1. Généralités géographiques et historiques de la région de Palm Springs…………………………3

2. Au cœur du Désert du Colorado, un paysage urbain marqué par ses pratiques religieuses dont les croix s’élèvent entre les « greens » des terrains de golf prestigieux et les centres commerciaux de la Californie suburbaine………………………………………………………………………...5

3. Grace à une source d’eau chaude les Indiens ont fini par devenir les acteurs économiques clés de

la Vallée ………………………………………………………………………………………11

4. Les nouveaux acteurs à l’aube du 21ème siècle dans la région de Palm Springs 4.1. La population hispanique devient un des enjeux principaux des églises chrétiennes pour leur

survie local…………………………………………………………………………..........25 4.2. Religion et Homosexualité, à Palm Springs plus qu’ailleurs sont au cœur de l’actualité…….29 4.3. La communauté juive attirée par Palm Springs, le terrain de jeux d’Hollywood est devenue la

quatrième confession religieuse sur le Comté de Riverside………………………………..33 4.4. Après avoir quitté en catastrophe en 1850 San Bernardino pour répondre à l’appel pressant

de Brigham Young, Les Mormons ont depuis fait un retour en force dans la Vallée ……...42

5. L’inventaire du protestantisme 5.1. Une mouvance protestante historique en état de siège à la recherche d’une réponse et d’une

stratégie ………………………………………………………………………………….46 5.2. Venu du Sud protestant des États-Unis, le Baptisme tient une place significative identifiable à

travers la Vallée dès la Première guerre mondiale…………………………………………66 5.3. Est- il encore trop tôt pour proclamer la victoire des Evangéliques dans la Vallée ?...............72

6. L’Eglise catholique, un poids lourd dans l’Etat, dans le Comté, dans la Vallée qui résiste et

s’adapte aux défis……………………………………………………………………………...84

7. Les religions et spiritualités qui complètent l’Établissement religieux de la Vallée……………...91

8. Mais qui sont ces « sans église » dont les nombres sont loin d’être négligeables dans le paysage religieux de la Vallée?.................................................................................................................................94

Conclusion………………………………………………………………………………………...96

Bibliographie……………………………………………………………………………………...99

Annexe ………………………………………………………………………………………….103

2

Introduction

Liberté religieuse, diversité, pluralisme religieux par ethnicité et par genre, compétition, sous-

tendent les pratiques religieuses et les croyances de la région de Palm Springs en Californie du Sud.

Non exemptes de conflits et de tensions, les religions sont plus que jamais au cœur du débat

politique local et national que ce soit dernièrement avec la Proposition 82 sur le droit au mariage de

même sexe qui ciblait la relation de l’homosexualité avec le religieux ou le tout nouveau débat autour

de la loi anti immigration venue d’Arizona visant la population illégale hispanique . Le paysage

religieux américain comme la montre l’enquête Pew 2008 est fluide et changeant. Plus du quart des

personnes interrogées (28%) ont quitté la religion de leur enfance et si les changements entre

dénominations protestantes sont comptés, ce chiffre monte à 44%. La fragmentation de ce qu’il est

convenu d’appeler le marché religieux a toujours prévalu surtout dans le mouvement protestant qui

consolidé à 51% de la population est en train de perdre sa prédominance nationale. La composante

protestante dite historique ou mainline parfois oldline à 18.1% de la population est d’ailleurs dépassée

par l’essor des Eglise évangéliques (26.3%). L’Eglise catholique n’est pas épargnée par cette même

fluidité et les résultats positifs qu’elle affiche sont masqués par le flot constant de l’immigration

latine de l’Amérique du Sud et du Centre. D’autres enquêtes3 soulignent la macro dimension de ces

mutations : 86% de la population américaine s’identifiait comme chrétienne en 1990 pour 77% en

2001.

La présente étude est limitée à un espace géographique précis celui de Palm Springs, une entité

administrative communément nommée la Vallée de Coachella ou Coachella Valley, incluse dans le

2 La Proposition 8 est un amendement à la Constitution de l'État de Californie voté en novembre 2008 qui garantit le mariage comme étant l'union entre un homme et une femme. 3 Barry A. KOSMIN and Ariela KEYSAR, ARIS, American Religious Identification Survey, 2001, Trinity College, Hartford, Connecticut, http://www.americanreligionsurvey-aris.org/

3

comté de Riverside (Riverside County), au contact des métropoles de San Diego et de Los Angeles.

Evaluée à plus de 400 000 habitants, elle regroupe neuf villes très diverses dont la plus importante

est Indio suivie de Cathedral City, Palm Desert, Palm Springs, La Quinta, Coachella, Desert Hot

Springs, Rancho Mirage et Indian Wells. Plus d’une centaine d’édifices religieux parsèment la Vallée.

L’analyse prend place à la fin du 19ème siècle vers 1850 puis parcourt l’essor religieux de la Seconde

guerre mondiale au temps présent. Pour mieux en comprendre et en appréhender les contours,

l’étude est considérée dans le périmètre de ses différentes variables géographiques à savoir le Comté,

les Etats de l’Ouest et la Nation. Le paysage confessionnel contemporain qui s’offre à nous est

sensiblement identique à celui décrit en 2009 dans l’étude ARDA pour le Comté de Riverside4.

Toutefois la région avec sa communauté hispanique et sa communauté homosexuelle offre des

particularismes démographiques originaux mais aussi religieux avec des positions dominantes tenues

par L’Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours ou par la communauté juive. Nous y

retrouvons une illustration des traits communs au débat américain actuel : le déclin général des

églises historiques protestantes parmi des poches de vitalité, un essor des évangéliques et une

présence catholique incontournable.

Les défis du futur y sont aussi détectables : la fluidité des adhésions catholiques surtout hispaniques,

la division des « mainlines » sur les questions sociales et politiques, la montée et selon certains, la

chute annoncée des évangéliques. Bien des questions et des interrogations s’y ajoutent telle la place

des « sans affiliation » surnommés les « unchurched » ou encore celle des païens dit les Pagans, des

religions et des spiritualités New Age voir des multiples petits groupes ésotériques.

1. Généralités géographiques et historiques de la région de Palm Springs

Au 19ème siècle, avant 1876 c'est-à-dire avant l’arrivée du chemin de fer de la Southern Pacific

Railroad entre Yuma en Arizona et Los Angeles, le désert porte bien son nom. Des témoignages de

1853 ne font état qu’un d’un petit groupe d’une soixantaine d’indiens Cahuillas vivant dans un

4 D’aprés ARDA 2000 Riverside County , ARDA,The Association of Religion Data Archives, Department of Sociology, The Pennsylvania State University, University Park, PA, http://www.thearda.com/

4

campement saisonnier prés d’une oasis appelée Agua Caliente, bordée de pittoresques et insolites

palmiers. Bien entendu aucun bâtiment religieux n’existe et il faut aller jusqu'à Riverside, la ville

capitale la plus proche à plusieurs heures de cheval. De San Bernardino et de Riverside est lancé le

travail missionnaire des catholiques et des protestants, quelque peu balbutiant dans les années qui

précédent et qui suivent la création de l’Etat de Californie en 1850.

En 1872 les pionniers selon l’usage se regroupent dans la nouvelle ville autour d’une association

œcuménique la First Church of Riverside dont naît une quarantaine de confessions chrétiennes au fur et

à mesure que la population augmente et que les dénominations se regroupent. Le recensement de

1870 (US Census) ne mentionne que huit dénominations. Mais dans cette période religieuse

foisonnante s’établissent la First Methodist Episcopal Church (1872), la First Baptist Church (1874), la

Magnolia Presbyterian Church (1879), la All Souls’ Universalist Church (1881), la All Saints’ Protestant

Episcopalian Church (1871), the New Jerusalem (Swedenborgian) Church (1875), la First Christian Church (

1885), la Calvary Presbyterian Church (1887), la Scandinavian Evangelical Lutheran Eden Church (1888) et la

catholique St Francis de Sales (1888). Bien d’autres viennent s’y ajouter comme la Seventh Day

Adventist. Il faut aussi citer en particulier la First Church of Christ, Scientist qui est dite être la première

en Californie à avoir introduit la Christian Science. Avec l’ouverture de la voie ferre suit une arrivée

notable de colons sur la vallée presque inhabitée de Coachella. Des missions temporaires catholiques

et protestantes moraves visant l’évangélisation des Indiens de l’Est de la vallée (Martinez Torres) ou de

l’Ouest (Agua Caliente) se mettent en place tout en essayant de répondre aux besoins de la nouvelle

population européenne. Il s’agit chez les protestants d’actions improvisées, temporaires, autour de

l’apprentissage de la Bible, de l’Ecole du Dimanche (Sunday School) dans les maisons de particuliers à

Coachella ou sous une tente comme à Indio. Puis rapidement ils établissent des structures en bois

faites pour durer. Les communautés se regroupent au gré de leur ethnicité et de l’urbanisation qui se

fait autour de deux pôles : à l’est avec Indio et à l’ouest de la vallée avec Palm Springs. Le premier est

celui de l’agriculture qui faire rapidement appel à une main d’œuvre mexicaine quasi inexistante à

l’origine malgré la proximité de la frontière. Le deuxième c’est le terrain de jeux d’Hollywood, celui

du monde de l’industrie cinématographique des Années folles qui préfigure la civilisation des loisirs

et le boum de l’après Seconde Guerre mondiale.

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2. Au cœur du Désert du Colorado, un paysage urbain marqué par ses pratiques religieuses

dont les croix s’élèvent entre les « greens » des terrains de golf prestigieux et les centres

commerciaux de la Californie suburbaine

Récemment développée, la vallée de Coachella reflète les tendances architecturales de l’époque

contemporaine et les repères visuels de ses pratiques religieuses y sont bien identifiables. Avec près

de 400 000 lieux de cultes et 86% de sa population qui se déclare religieuse en 20015, les Etats-Unis

d’Amérique présentent une grande diversité architecturale religieuse. Les lieux de culte de la vallée

peuvent être catégorisés par une appartenance à deux tendances qui témoignent de leurs évolutions :

l’une dite traditionnelle ou historique et l’autre en rupture avec cette tradition ou réformatrice. Cette

division reste simplificatrice car l’histoire des architectures chrétiennes de l’Amérique du Nord, liées

aux réformes liturgiques et au « marché » religieux depuis l’époque coloniale, a été riche en débats

toujours présents en 2010.

Comme sur l’ensemble du territoire, la construction d’édifices religieux est liée ici non seulement à

l’histoire du développement urbain, à la géographie des lieux, mais aussi aux fluctuations de la

pratique religieuse et à son impact économique sur les offrandes. En général, la Californie comme le

reste de l’Amérique a connu un essor des constructions au 19ème avec une baisse dans le contexte

de la crise économique de 1929 puis à nouveau une stabilité. La pratique religieuse proche de 41%

vers 1939 s’est effondrée durant la période de la guerre pour remonter à 49% en 1958, un chiffre

propice à un boom des constructions. L’année 1961 est donnée comme l’année record dans le ratio

offrande et revenu par paroissien. Les catholiques ont crée plus de 3000 nouvelles paroisses et les

protestants comme la Southern Baptist Convention, prés de 500 églises entre 1946 et 1949. La crise

culturelle dite de contre-culture est elle-même suivie d’un essor des constructions qui s’inscrit dans le

mouvement politique de la Droite religieuse américaine (American Religious Right) à partir des années

1970. Le paysage religieux américain reste très éparpillé comme dans la vallée : la moitié des

5 D’aprés l’étude U.S. Congregational Membership Reports, ARIS 2001

6

congrégations ont moins de 100 participants alors que 6% seulement sont des « megachurches », des

méga-églises avec plus de 1000 membres.6

Ces généralités se retrouvent sur San Diego, Los Angeles ou Riverside mais ne sont que

partiellement applicables à la région de Palm Springs dont l’urbanisation, est en grande partie née du

boom de l’activité touristique. Les premières chapelles en dur, modestes et reconstruites depuis,

datent d’avant la Première guerre mondiale, édifiées sur ou autour des réserves indiennes d’Agua

Caliente et de Torrez-Martinez. La période la plus significative en termes d’urbanisation locale

s’étend entre 1950 et 1980. Elle correspond à l’apparition des banlieues californiennes, les suburbs et

de leurs autoroutes, qui accompagnent l’essor démographique de la classe moyenne dite la middle-class

avec des besoins croissants en pratique religieuse.

Chez les orthodoxes de Palm Desert le courant de la tradition parait immuable avec une signature

architecturale identitaire qui reprend les formes anciennes européennes. L’église St George grecque

orthodoxe7 toute de blanc et de bleu, construite en 1996 est une stricte interprétation de celles que

nous pouvons voir dans les iles grecques des Cyclades, basées sur un plan byzantin en croix grecque.

L’Eglise apostolique arménienne8 de Rancho Mirage dont la nouvelle construction a débuté en 2009

quand à elle, pourrait avoir été transportée d’Arménie. Elle présente un plan cruciforme avec une

coupole centrale sur tambour. La seule adaptation à partir de matériaux modernes est

technologique : il s’agit d’une architecture d’illusion qui reprend le concept de larges murs de

soutènement, faux et vides car sans nécessité technique. Le plan intérieur est en parfaite adéquation

avec la liturgie arménienne. L’église grecque a d’ailleurs été consacrée avec les reliques de Saint

Pantéléimon, de Saint Cyriaque l’enfant et des martyrs de Raithou en Palestine.

La tradition est visible dans plusieurs réalisations faites par l’Eglise catholique mais l’influence de la

réforme de Vatican II parait la règle. Ici le débat est entre tradition et réforme. En 1984 est édifiée

l’église St François d’Assise sur la commune de La Quinta. Il s’agit d’une copie interprétée de celle

d’Assise de 1230 en Italie. Recouverte d’un placage de pierre, elle est de style romano-toscan avec un

6 Faith Communities Today, The Hartford Institute for Religion Research, Hartford Seminary ,2001, http://hirr.hartsem.edu/ 7 Saint George Greek Orthodox Church, Palm Desert , Ca 8 Armenian Apostolic Church of the Desert , Rancho Mirage, Ca

7

plan en croix latine, un cloitre et des salles communautaires. L’intérieur de la nef est dépouillé, de

couleur blanche, avec deux ailes collatérales ornées de peintures murales qui racontent la vie du saint

patron imitant le peintre Giotto di Bondone. La tradition peut être aussi nostalgique et régionale

dans le style dit « Revival » des Missions de la Californie comme à Palm Springs avec l’Eglise Notre

Dame de la Solitude construite en 1929 ou « Pueblo revival » avec le Christ du Desert de Palm

Desert en 1986.

Le désir de rompre avec la tradition est perceptible pour la période 1945- 1990 mais l’architecture

extérieure n’est pas vraiment innovatrice. Elle reste l’adaptation classique d’un plan basilical intégrant

des formes nouvelles grâce à l’utilisation de matériaux modernes comme pour le Sacré- Cœur de

Palm Desert en 1986. Par exemple, l’usage de laminés de bois ou de voiles en béton permet un toit

dans la forme d’une lettre A. Ces innovations se retrouvent chez les luthériens à Indio (Trinity

Lutheran Church) avec une structure en bois et en béton chez les presbytériens (Palm Desert Community

Presbyterian Church).

A Palm Springs apparait un courant architectural résidentiel original dit « Mid-Century Desert Modern »,

le style préféré des golfeurs et des vacanciers des années 1950 venant de Los Angeles. Elaboré à

partir de matériaux légers, industriels, préfabriqués offrant de larges parties vitrées, il est conçu pour

« la nouvelle classe moyenne ». Il n’y a pas véritablement d’église protestante ou catholique traitée

dans ce style seule l’église Christian Science Church de Palm Desert de 1959 est une référence parfaite

de cette vision « Desert Modern ». L’architecture de cette époque se veut éphémère, pensée seulement

pour quelques générations, et s’oppose à celle de « la tradition » faite pour traverser les siècles. Ce

dernier concept est primordial chez les catholiques : il caractérise des édifices récents comme la

cathédrale Notre- Dame des Anges consacrée à Los Angeles en 2002, faite pour durer 500 ans9 ! Il a

inspiré et justifié la construction de l’édifice de la Quinta.

En résumé, les réformes de la nouvelle liturgie issues de Vatican II, pleinement appliquées au plan

régional, l’ont été aussi sur Palm Springs. Au demeurant ces églises présentent toujours un plan qui

9 “One of the most challenging requirements is for the new Cathedral to withstand the test of time. The project team utilized advanced strategies to achieve a lifespan of no less than 500 years for the structure and building systems”. Jose Rafael Moneo, Cathedral of Our Lady of the Angels, Los Angeles, California, 2002, http://www.arcspace.com/architects/moneo/cathedral_feat/index.html

8

privilégie « une disposition autobus »10 quelque peu aménagé sur les parties latérales de l’autel. Toutes

ont un autel recentré vers la croisée du transept et la messe se dit face au public. Elles ont opté en

définitif pour un compromis entre la tradition historique et l’innovation liturgique. Par certains

aspects ce bilan peut paraitre emprunt d’une forte tradition conservatrice face aux expérimentations

des protestants surtout évangéliques mais paradoxalement l’Église catholique est presque la seule à

avoir eu en Californie une politique de grands chantiers qui fasse écho aux megachurches. Son

architecture provocatrice, technologiquement révolutionnaire marquera sans aucun doute l’art

religieux du 21ème siècle.

Sans vouloir trop s’éloigner de Palm Springs deux grands chantiers catholiques sont remarquables

dans leurs innovations et sont des lieux de destination pour les fidèles catholiques locaux : la

cathédrale Notre-Dame des Anges (Our Lady of Los Angels) pour le Diocèse de Los Angeles et celle

de La lumière du Christ 11 (Christ of the Light) consacrée en 2008 pour le Diocèse d’Oakland prés de

San-Francisco. N.-D. des Anges12 dessinée par l’architecte espagnol Raphael Moneo se situe dans un

style entre le « postmodernisme » défini par Robert Venturi en 1966 et le « déconstructivisme » du

philosophe Jacques Derrida. Une sculpture en bronze de la Vierge Marie13 souligne l’entrée d’un

bâtiment aux formes cubiques : il s’agit d’une figure féminine aux cheveux courts à l’apparence d’un

ange. D’une hauteur équivalente à 12 étages, le bâtiment massif est une méga-église prévue pour

accueillir 3000 fidèles.

A San Francisco la cathédrale dessinée par Craig W. Hartmann est un édifice pour le 21ème siècle14

qui par la simple utilisation de la lumière, des matériaux et de l’espace, dégage un sens du sacré 15

10 « La disposition classique, celle de la majeure partie des églises construites depuis le Moyen-âge, place l'assemblée face à l'autel : c'est la «disposition autobus » selon le Père Thizon qui ne facilite pas la participation de l'assemblée ». Quand l’esprit de Vatican II s’incarne dans l’espace liturgique, Dossier coordonné par Arielle Courty et Yves Boucly, Chantiers du Cardinal, N°182, juin 2008 11 D’après Image Gallery du Bureau d’Architectes SOM, http://www.som.com/local/common/modules/gallery/dsp_image_gallery.cfm/cathedral_of_christ_the_light?galleryCategoryId=504958 12 Cathédrale de Los Angeles, http://www.olacathedral.org/index.html 13 Réalisée par le sculpteur Robert Graham 1938-2008 qui repose dans la crypte ainsi que l’artiste de cinéma hollywoodien Gregory Peck. La crypte possède 6000 emplacements pour le clergé et des laïques bienfaiteurs. 14 “For a 21st century cathedral set in a dense, diverse city, the invocation of elemental qualities also provides a means for honoring the church’s 2,000-year history without forcing a culturally biased point of view. The design of the Cathedral of Christ the Light strips away received iconography, allowing the more essential experience of light, materials, and space to instill a sense of sacredness that is approachable and open to the region’s evolving multicultural population”, http://www.faithandform.com/features/42_1_hartman/index.phpe

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accessible par tous et signifiant pour une population multiculturelle surtout asiatique. Le diocèse

comprend en 2010 prés de 600 000 catholiques et la messe y est dite en plus de treize langues ! Elle a

été nommée en référence au texte Lumen Gentium de Vatican II : « Le Christ est la lumière des peuples »

(Christ is the Light of nations)16. Le plan au sol est celui du signe du poisson, le symbole des premiers

chrétiens. L’entrée et le vestibule sont surmontés d’un mur dit Alpha (Alpha Wall) qui fait face,

derrière l’autel, à un mur dit Omega (Omega Wall)17. Ce dernier est percé d’une multitude de points

qui laissent pénétrer la lumière du jour et comme les pixels d’une image digitale révèlent un

remarquable Christ en gloire. C’est en fait une copie de la sculpture du 12ème siècle du portail de la

Cathédrale de Chartres18 en France. Les chapelles latérales massives en béton autour du

déambulatoire sont inspirées de celles de Notre-Dame du Haut à Ronchamp en hommage à Le

Corbusier.

Dans les églises protestantes de la vallée se lit l’évolution architecturale qui de la meeting-house a abouti

à la megachurch. À l’opposé, les protestants ne semblent pas guidés par la même nécessité innovatrice

à quelques exceptions qui ne peuvent être ignorées. Même si un grand nombre d’entre elles ont

gardé une approche basilicale, surtout chez les protestants historiques, la majorité a lentement évolué

vers des compromis, des variations autour d’une configuration d’auditorium très populaire au 19ème

siècle19. Tous ou presque sont organisées autour d’un plan central, ou en en éventail avec une

configuration d’amphithéâtre comme l’église Hope Lutheran de Palm Desert, construite en 2002. Le

plancher est en pente douce, convergent vers un autel recentré avec une croix simple en arrière plan.

Un balcon en étage surplombe la salle. La décoration est inexistante si ce n’est un orgue monumental

et un grand écran électronique à l’arrière de l’autel. L’église presbytérienne de Palm Desert

(Community Presbyterian Church) est toutefois originale, édifiée dans les années 80 avec une toiture en

15 “Within the cathedral, the experience of light and space, rather than traditional iconography, instills a deep sense of sacredness”, http://www.som.com/content.cfm/cathedral_of_christ_the_light_pr_20080925 16 The name ‘Christ the Light’ also resonates with the image of God’s People so impressively described in Vatican II’s Dogmatic Constitution on the Church. Its opening sentence reads, ‘Christ is the light of nations’, Lumen Gentium, 1964, http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html 17 D’aprés le Livre des Revelations: “I am the Alpha and the Omega, the first and the last, the beginning and the end” (Rev 22:13). 18 Christ is the Light of nations. Because this is so, this Sacred Synod, gathered together in the Holy Spirit, eagerly desires, by proclaiming the Gospel to every creature, to bring the light of Christ to all, a light brightly visible on the countenance of the Church , Lumen Gentium, 1964. 19 Jeanne Halgren KILDE, When Church Became Theatre: The Transformation of Evangelical Architecture and Worship in Nineteenth-Century America, 2002, New York: Oxford University Press.

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bois laminé et en béton en forme de lettre A. Peut-être faut-il y trouver l’influence du finlandais

Eero Saarinen connu par les courbes de son toit en forme de baleine, la « Yale Whale » à Boston

(1958) ou de la « North Christian Church » terminée en 1964 à Columbus (Indiana). La démarche des

églises protestantes parait donc moins ambitieuse, les évangéliques ayant une place à part.

À quelques heures de route de Palm Springs, la « Crystal Cathedral » dans la banlieue sud de Los

Angeles construite en 1980 sous la direction du Révérend Robert H. Schuller brille comme un

gigantesque crystal de roche avec un clocher en forme de flèche élancée semblable à celui d’une

cathédrale gothique20. La megachurch de Saddleback dirigée par le Pasteur Warren est impressionnante

par la taille de son campus mais pas par sa qualité architecturale. Elle est surnommée péjorativement

« Big Box » du surnom des hypermarchés. Classée en huitième position des plus grandes églises des

Etats-Unis, elle accueille 20 000 fidèles par semaine. L’Eglise n’est par elle-même qu’un vaste

complexe de bâtiments dont la référence architecturale est celle de l’immobilier commercial et

industriel californien avec un petit air de Disneyland. Il existe peu de repères iconographiques

chrétiens et le mot d’ordre est la fonctionnalité. Southwest Community Church21 située à Indian Wells

entre dans cette classe. La structure ressemble à un immeuble profane et l’iconographie est

totalement absente si ce n’est une simple statue de bronze d’un Christ accueillant sur le parvis. Elle

forme un complexe polyvalent avec des annexes, une garderie, un café et des salles de réunions.

Cette Eglise déclare 4500 adhérents et une fréquentation de 3500 fidèles par week-end. Elle est

dirigée par une équipe de pasteurs avec une approche marketing très prononcée à destination d’un

public de familles avec enfants et adolescents. La liturgie de la parole, la seule pratiquée, orientée

uniquement sur l’étude de la Bible, prend place dans un vaste auditorium. Les cultes du week-end

sont « à la carte » : le fidèle peut choisir selon ses goûts musicaux entre un service « Tradition-

Gospel », un « Classic-Pop », un « Video Cafe- Rock » ou un « Espagnol-Latin ».

Plus surprenants que l’architecture religieuse de la Vallée de Coachella sont les particularismes

identitaires et démographiques qui sous-tendent, transforment et définissent les pratiques

cultuelles locales. Nous pouvons noter tout d’abord la présence d’une population indienne native de

20 Suite à une faillite financière, le complexe immobilier a été acquis le 17 novembre 2011 par le diocèse catholique d’Orange. La réouverture de la cathédrale sous le nom de « Christ cathedral » est prévue pour courant 2016. 21 Southwest Community Church, http://southwestcc.org/

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la région dont les croyances religieuses ont été bouleversées par la colonisation européenne, une

population émigrante hispanique et mexicaine en passe de devenir majoritaire qui a amenée avec elle

le poids de ses traditions religieuses aujourd’hui en mutation. Propre à l’histoire locale de Palm

Springs, il faut analyser l’impact de la communauté homosexuelle, souvent au cœur des querelles

religieuses nationales et locales, à la recherche d’une place dans ce paysage religieux, ou encore celui

de la communauté juive avec une forte présence numérique sans oublier les Mormons.

3. Grace à une source d’eau chaude les Indiens ont fini par devenir les acteurs

économiques clés de la Vallée

Avec quelques arpents de sable supportant une abondance de biens immobiliers dont ils ont

conservé la jouissance, ils contrôlent une grande partie des territoires des villes d’Indio et de Palm

Springs mais l’impact de leur population est devenu insignifiant sur les pratiques religieuses de la

vallée voir anecdotique. Les tribus Cahuillas sont représentées par l’Agua Caliente Band of Cahuilla

Indians et la Torres-Martinez Band of Cahuilla Indians .Parfois classés comme Shoshones, ils ont comme

trait principal de ne pas avoir été intégrés aux missions espagnoles du Sud de la Californie du début

du 18ème siècle. Bien que communément décrits comme étant catholiques, nous retrouvons chez

eux en ce début du 21ème siècle les traits communs à la plupart des Amérindiens. Profondément

affectés par l’histoire de la Californie depuis la conquête par les Espagnols ces tribus ont échappé

mieux que d’autres à une extinction totale. En dépit de disparités économiques évidentes dont les

plus chanceux doivent leur succès financier à l’essor de l’industrie du tourisme, des casinos et des

jeux, les indiens sont aujourd’hui engagés dans une quête de leur spiritualité à la fois en harmonie et

en conflit avec leur statut religieux contemporain.

Leur langue, de nouveau enseignée, était en 1990 seulement connue de 35 personnes pour la plupart

âgées et avec des pratiques religieuses presque éteintes. Aujourd’hui, neuf réservations constituent

“les Bandes” de Cahuillas à travers les comtés d’Imperial, de Riverside et de San Diego. Augustine,

près de Coachella, avec six personnes est la plus petite tribu recensée en 2000. Le chiffre officiel des

Agua Caliente est actuellement proche de 400 membres mais tous ne sont reconnus officiellement par

12

l’administration tribale. Un métissage important avec la population blanche, africaine-américaine et

filipino a achevé le déclin ethnique déclenché vers 1862 par une épidémie de variole.

Les pratiques religieuses des Cahuillas22auraient pu complètement disparaitre en moins d’un siècle si

ce n’est grâce au travail d’anthropologues comme Alfred Kroeber, Lowell John Bean ou à la

résilience de quelques rares membres des tribus comme Katherine Siva Saubel23. Selon la

cosmogonie et la cosmographie des Cahuillas, au début était la création, la Mère, l’obscurité. Deux

jumeaux vont naitre Mukat et Tamaoit qui donnent naissance aux ancêtres. Mukat est plutôt

maléfique au contraire de son frère. Ensemble ils créent les éléments, les océans aussi bien que les

planètes, le soleil, la lune, les étoiles, les plantes ou les animaux. De leurs disputes souterraines

naissent les reliefs, les montagnes, les courants d’eaux, les rivières. Mukat est amoureux de la lune qui

personnifie l’élément féminin. Elle est la référence pour toutes les cérémonies pour les adolescentes,

les femmes et les mères, pour la puberté, le mariage comme pour la grossesse ou les accouchements.

Mukat en apprenant aux hommes les arts de la guerre crée la mort et sera tué en retour. De cet

incident sont tirées les cérémonies pour les obsèques et le deuil.24 Les Cahuillas croient en un

pouvoir ou être suprême qui existe dans toutes les formes organiques et minérales, mais qui peut

être positif ou maléfique, entouré d’esprits auxiliaires.25 Les humains sont en interaction

permanentes avec toutes ces formes. Ils possèdent une âme ou esprit, le tewlavelem qui à la mort part

dans le temelkis. Dans le pays des morts résident aussi les nukatem, ceux du temps de la Création. Ces

esprits sont accessibles pour consultation pendant les cérémonies de deuil ou nukil.

Dans le village traditionnel existait une large « maison des cérémonies » dont aucune trace ne

subsiste dans la vallée. Trois dignitaires réglaient les aspects religieux : le net souvent choisi par

hérédité familiale, le paha un maitre des cérémonies et le shaman ou puvulam ou hecheciro. Le net gardait

les traditions du clan, les secrets ésotériques, les objets sacrés comme les plumes d’aigles, de faucons

et de hiboux. Le dernier net des Agua Caliente est décédé en 1951 et la dernière maison des

22 John Lowell BEAN, Mukat’s People: the Cahuilla Indians of Southern California, 1972, University of California, Berkeley. A.L KROEBER, Ethnography of the Cahuilla Indians, 1908, Kessinger Publishing, LLC (2007reprint). 23 Katherine Siva SAUBEL ,National Women's Hall of Fame, http://www.greatwomen.org/women.php?action=viewone&id=135 24 Avec la crémation du corps, la mise à feu de la maison du défunt et de ses objets personnels. 25 Terme d’après : Anne GARRAIT-BOURRIER, Spiritualité et fois amérindiennes : Résurgence d’une identité perdue, dans Cercles, vol. 15, 2006, p. 68-95

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cérémonies a été brulée avec lui selon la tradition. Quant au shaman, il gérait le culte des morts,

éloignait les esprits maléfiques, traitait les maladies, les traumatismes psychologiques mais pouvait

aussi attirer les phénomènes naturels comme la pluie. Le dernier shaman cahuilla meurt en 1984.

Les cérémonies de rites de passage26, qui sont tombées en désuétude, étaient importantes pour les

filles comme pour les garçons cahuillas. Ils pratiquaient pour les filles un curieux rite de la puberté et

de la menstruation, le « roasting of girls27 ». Elles étaient mises à l’ écart dans une hutte, prés de pierres

chauffantes, enveloppées de fumées d’encens de sauge dans un accompagnement rituel de chants.

Pour les obsèques et la fête des morts se pratiquait la « Eagle Killing ceremony » ou la mise à mort d’un

aigle et la plus importante le nukil 28 qui lui durait sept jours au son des crécelles ou hochets

cahuillas. Les indiens selon la loi fédérale et la protection des espèces animales sont aujourd’hui les

seuls autorisés à pratiquer cette pratique religieuse très occasionnelle. Le cycle de chants appelés Bird

Songs est redevenu une pratique au-delà du folklore. Des chansons épiques ininterrompues avec près

de 300 épisodes retracent un long voyage le long du Colorado mais aussi un complexe cycle de

réincarnation entre les hommes et le bestiaire du désert tel les coyotes, les cerfs ou les oiseaux. Un

autre rassemblement souvent ouvert à d’autres clans s’appelait « la fiesta ». Interdit, ce cérémonial a

été réintroduit dans la réserve indienne de Morongo en 1964. La « fiesta » était si importante que le

« School Superintendant » William H. Stanley qui s’y opposait avec fermeté est assassiné par des

cahuillas en 1912. A l’issu des funérailles souvent catholiques sont aujourd’hui ajoutés quelques

chants traditionnels et le nukil annuel est de retour.

Dans les années 1870, ces cérémonies sont altérées pour être plus tard regroupées et à la crémation

des corps se substitue l’inhumation conforme au rite catholique. Le témoignage d’un voyageur

George Wharton James passant par Palm Springs en 1907 est révélateur de cette évolution. « Derrière

le McCallum Ranch » note-il « se trouve un vieux cimetière indien. Sachant qu’aucun prêtre n’a jamais résidé à

Palm Springs, l’influence des enseignements de l’Eglise est manifeste par la présence de croix sur les tombes ! »29

26 A.L. KROEBER, Ethnography of the Cahuilla Indians, 1908 27A.L. KROEBER, Ethnography of the Cahuilla Indians, 1908 dans www.sacred-texts.com 28 Nukil or hemnukuwin selon A.L. KROEBER 29 George Wharton JAMES, The wonders of the Colorado Desert, 1907, page 290, Boston

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L’impact de la christianisation chez les indiens cahuillas commence avec le premier service

catholique célébré sur l’emplacement côtier qui va devenir une ville, le jour de la San Diego de

Alcala, le 12 novembre 1602. Un siècle plus tard, en juillet 1769, le père franciscain Junipero Serra

crée la mission San Diego, la première d’une série de vingt missions de la Haute-Californie jusqu’ à la

baie de San Francisco. Les indiens des missions, Dieguenos, Luisenos, Juanenos ou Gabrielinos sont

restés chrétiens après la sécularisation décrétée par les Mexicains en 1843 au prix d’une déculturation

totale. Bien que les indiens cahuillas du Désert n’aient pas été directement christianisés par les

franciscains, ils ont eu des contacts commerciaux en échangeant le sel de la Salton Sea et,

vraisemblablement des échanges spirituels. Le premier contact établi sur la vallée avec des européens

a pris place avec la troupe de l’expédition de l’espagnol Juan Bautista de Anza en 1776, traversant le

territoire cahuilla en direction de Monterey dans le nord de la Californie. A partir de 1816 les

contacts paraissent devenir plus fréquents et les pères catholiques s’aventurent au-delà des limites

des Missions pour des visites sporadiques. Un autre contact 30 qui serait à l’origine du nom Agua

Caliente, donné d’après la source chaude de Palm Springs, est attribué au séjour de l’expédition

mexicaine Romero en 1823-24 en route pour Tucson, Arizona.

Le Traité de Guadalupe de 1848 marque la fin de la guerre avec les Etats-Unis mais pas celle de la

situation anarchique des Missions. Aux spoliations et expulsions faites par des affairistes mexicains

succède le déferlement d’une émigration européenne, en 1850 suite à l’entrée de la Californie dans

l’Union. Sans titres, dépossédés de leurs terres, ravagés par des maladies, repoussés dans les confins

les plus inhospitaliers de la Californie du Sud, les Indiens dépérissent.

L’Eglise catholique américaine reprend alors la tradition des Franciscains, pour l’aide et la protection

des Indiens mais souvent en vain. La revue « Indian Sentinel »31 publiée à partir de 1900 par le Bureau

of Catholic Indian Missions décrit avec éloquence et nostalgie la grandeur disparue des Missions

30 The Miracle waters, d’après John Hunters, Lecturer, 1993, http://geoheat.oit.edu/pdf/bulletin/bi041.pdf 31 Christianity and Native America, Special Collections and Archives, Marquette University, 2009, http://www.marquette.edu/library/collections/archives/Special_Collections/christianity_and_native_america.html

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californiennes en partie en ruine et à l’abandon. Car les Indiens, selon les missionnaires qui

parcourent le désert et la montagne, « sont comme des enfants » à la recherche d’une direction.32

Ce qui reste des Cahuillas n’ échappe pas à la nouvelle vague d’évangélisation par les religieux

américains catholiques et protestants qui accompagnent le processus de mise en place des Réserves

de 1851(Indian Appropriations Act). Le Bureau des Affaires indiennes (Bureau of Indian Affairs, BIA),

remanié par le Président Ulysse Grant, lance une version américaine des « Missions » par laquelle les

Eglises ont en charge la christianisation des Indiens et l’apprentissage de leur nouvelle citoyenneté.

En 1882 après plus d’une décade d’affrontements sanglants et de massacres, surtout liés à la

déportation territoriale de tribus et aux exactions des nouveaux émigrants européens,

l’administration civile reprend la gestion du BIA. En 1877 la Réserve indienne de Malki ou Morongo

regroupe des Cahuillas et des Serranos et des écoles publiques sont crées. Le village cahuilla dit

Tekwite devient Indio, une nouvelle gare le long de la voie ferrée installée par la Southern Pacific

Railroad.

Un réseau de pensionnat est alors mis en place en collaboration avec le BCIM.33 Dans le sud de la

Californie deux pensions vont servir le secteur sous la juridiction du diocèse de Los Angeles et

accueillir des Cahuillas. Il s’agit du Sherman Institute34 situé à Riverside et de l’école catholique St-

Boniface35 à Banning à l’ouest de la vallée, dans la San Gorgornio Pass. L’enseignement religieux

joue un rôle important dans le processus d’enculturation des jeunes indiens comme le décrit un autre

article qui commente la photo d’une classe de Confirmation présidée par l’évêque catholique du

Diocèse de Los Angeles : « This picture […] illustrates both the zeal of the Bishop for the souls of the Indians

and the cordial relation between the Church and the Goverment […John J.Cantwell, Bishop »36

32 The Indian Sentinel ,1902-1960, E-Archives, Marquette University, http://digitalmarquette.contentdm.oclc.org/IS/index.html 33 BCIM, Bureau of Catholic Indian Missions 34 History of Sherman Institute, http://www.shermanindianmuseum.org/history3.htm 35 American Indian Nations, Sacred History: Researching and Preserving Native Cultural Resources "Clean Hardworking Catholics", University of California Riverside, http://www.americanindian.ucr.edu/references/sacred_history/boniface/index.html 36 The Indian Sentinel , Bishop John Cantwell at the Sherman Institute, March 26, page 472, BCIM, janvier 1920

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S’il est relevé en 1909 37 entre San Diego et Riverside, cinq tribus et langages pour un total de 2775

autochtones, ce chiffre ne représente plus que 1/16 de la population recensée par les Missions avant

1834 selon l’Encyclopédie catholique. Les Cahuillas de Morongo ont la bande la plus importante

avec 238 membres. Les douze écoles publiques des Réserves ont un enrôlement de 286 élèves mais

les 17 écoles catholiques attachées au diocèse de Los Angeles comptent 1894 élèves indiens ce qui

dénote une forte mainmise catholique sur le futur comté de Riverside.

St Boniface est un pensionnat catholique fondé en 1890 par mère Katherine Drexel, une riche

philanthrope. La philosophie de l’école jusqu’en 1952 se veut dans l’esprit de la continuation de

l’œuvre du père franciscain Junipero Serra. Le père Florian Hahn, jésuite allemand, a été un brillant

intendant et missionnaire, dévoué aux Indiens et a marqué de son passage la chapelle de Palm

Springs. Il a dirigé l’institution pendant 23 ans jusqu'à sa destruction partielle par le tremblement de

terre de 1899. L’enseignement est donné par les sœurs de St-Joseph et les jeunes filles sont formées

aux tâches ménagères pour devenir des employées de maison. Les garçons reçoivent une formation

aux tâches agricoles mais selon les détracteurs ces jeunes gens fournissent en fait une main-d’œuvre

bon marché et docile pour la population blanche. L’Eglise missionnaire et ceux qui la servent,

apportent avec dévouement un soutien économique et spirituel précieux à une population en survie.

Les témoignages de ces prêtres en témoignent. Certains mêmes apprennent les langues indiennes.

Certes l’action philanthropique des pensionnats vise à accélérer l’intégration des enfants indiens dans

la nouvelle citoyenneté mais au détriment total de leur langue, de leur culture et bien entendu de leur

religion.

En 1910 38 le père William Hugues décrit un bilan désastreux de la pastorale dans une population

décimée. Le recensement officiel est toujours de moins de 3000 indiens pour la zone du sud de la

Californie mais cette région comptait 30 000 indiens convertis rattachés aux Missions et des milliers

dans les montagnes non convertis. La mission de San Diego n’a plus que 15 indiens au lieu de 1500

recensés vers 1800. San Luis Rey a moins de 10 indiens au lieu de 1000 vers 1810 et des 1400

comptés en 1812, San Juan Capistrano n’a plus que 5 familles. Un petit nombre non précisé subsiste

37 J. MOONEY, Mission Indians (of California), The Catholic Encyclopedia, 1911, New York: Robert Appleton Company, repris en mars 2010 dans New Advent: http://www.newadvent.org/cathen/10369a.htm 38 Letters from Indian Missionaries, The Indian sentinel 1910, page 34

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dans la vallée de la Coachella et au-dessus dans la montagne San Jacinto. Le directeur du pensionnat

de Banning se partage avec le curé du village de Beaumont et le missionnaire, l’évangélisation du

désert et de la montagne.

Un autre compte-rendu dans un numéro daté de juillet 1920 de la même revue sous le tire évocateur

« In Ramona’s country »39 donne une idée de la situation des conversions entre 1910-1920 pour cette

même population. Le père remplace maintenant le populaire père jésuite Florian Hahn (ou Padre

Floriano selon les Indiens). Ce dernier a pourtant œuvré avec ardeur pendant vingt ans sur ce secteur

cahuilla de Santa Rosa dans la montagne où il a construit une chapelle depuis en mauvais état. Ils

visitaient les Indiens qui pendant la saison chaude montaient du désert à la montagne.40 Le père sur

un vaste territoire de mission s’appuie en dehors de ses visites sur des Indiens catéchistes ou

Doctrinarios qui ont une fonction de diacre et assurent une continuité religieuse. La langue de

communication utilisée par les Indiens est l’espagnol mais toujours pas l’anglais. Les enfants sont

tous baptisés mais curieusement pas les adultes ! Le rapport indique comme anecdote intéressante le

baptême récent de cinq adultes dont un âgé de 90 ans ! Ce détail signifie-t-il que l’évangélisation n’a

pas ou que partiellement atteint ces indiens cahuillas ?

Un article de la revue en 1912 41 qui partage ce constat décrit une situation cocasse remarquée dans

un village plus au Nord, South Tule River. Le père souligne que les Indiens se disent « catholiques »

par tradition mais n’ont pas eu de messe depuis 25 ans ! Pourtant il trouve ces derniers en train de

dire la messe « à leur manière » comme au temps des Missions et il ajoute dubitatif : « Sont-ils vraiment

des catholiques ? Comprennent-ils la signification de la messe ? »

En 1912 42 Riverside est la ville– capitale de la région, pour les catholiques sous la juridiction du

diocèse de Los Angeles et désormais non plus sous celle de celui de San Diego. La population

européo-américaine est protestante mais éclatée dans une multitude de petites dénominations.

L’Eglise catholique apparait monolithique et en position forte, s’appuyant sur une population locale

hispanique et indienne de vieille tradition catholique. Inclus dans la même zone d’influence politique

2 Selon le roman du même nom Ramona, un roman d’Helen Hunt Jackson écrit en 1884 en Californie du Sud. 40 The Indian Sentinel, Padre Floriano, juillet 1920, page 116, 41 The Indian sentinel, Indians of New York, 1912, page 11 42 History of Riverside County, The Churches of Riverside, E.W. HOLMES, 1912

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et admistrative mais proches de Palm Springs, se trouvent les villages de Banning, Beaumont, et

Cabazon43 d’où rayonnent les missionnaires pour les Cahuillas. Deux Eglises récentes sont alors en

compétition sur les lieux. En 1890, une église morave est construite par le révérend W.H. Weinland

suivie en 1891 par celle du père jésuite Florian Hahn, déjà cité. A l’entrée Est de la San Giorgono

Pass, où se trouve Palm Springs et la bande cahuilla Agua Caliente, est installée en 1917 une chapelle

de franciscains. L’activité missionnaire protestante dans la région est décrite dans une source

comparable éditée en 1911.44 Elle fait suite à une étude préalable de la région réalisée en 1888 par la

Northern California Indian Association.45 Bien qu’efficace dans l’aide matérielle qu’elle apporte aux

tribus, elle parait limitée en influence religieuse. Les Cahuillas sont classés ici comme appartenant au

groupe des Indiens de la rivière Colorado, plus ou moins descendants des Indians Missions, fortement

catholiques et estimés par eux à un total de 1040 membres. Le document proclame le succès des

missions menées par trois congrégations : L’Église épiscopalienne, les presbytériens et par les

moraves, le révérend Weinland et son épouse, sur les Réserves de Morongo et de Martinez. Ces

derniers après une mission en Alaska, s’installent à Morongo en Juillet 1889. Leur entreprise est de

« sauver les corps et les âmes » 46 des 280 indiens présents en promouvant les sacrements du mariage 47 et

en améliorant la condition de vie des Indiens par l’arboriculture fruitière et les cultures maraichères.

Ils interviennent sur la Reserve Martinez peuplée de 220 Indiens en collaboration avec le révérend

A.C. Dolbo et son épouse, où la rigueur du Désert, le manque d’eau les maintient dans un

dénuement total.

Si nous comparons les deux approches missionnaires, il est évident que l’Eglise catholique est sur un

domaine historique et géographique qui lui est familier depuis plusieurs siècles. Elle mise sur un

héritage plus ou moins positif selon les historiens et surtout sur une stratégie basée sur le système

éducatif. Elle privilégie une enculturation accélérée dans une nouvelle citoyenneté américaine bien

que certains missionnaires par leur attitude, leur curiosité intellectuelle pour l’apprentissage des

43 History of Riverside County, The San Giorgono pass, Jessica BIRD, E.W. HOLMES, 1912 44 California and her Indian children, Cornelia Taber, The Northern California Indian Association, 1911 45 Cette branche de la National Indian Association a été créée en 1894 sous la direction des Presbytériens. La section Southern Indian Association quant à elle débute en avril 1909. 46 “Trying to save both the bodies and the souls of these Indians”. 47 There was little of what might be termed civilized family life amongst these Indians. The marriage relation was not garded sacred […} the results have been gratifying and far reaching. Every couple belonging to the Mission has been legally married and there has not been a single separation or divorce. There is real family home-life. In every home there is sewing machine, and instead of walking while her husband rode on horseback, the wife is now given a place in the family buggy.

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langues et de la culture indienne préfigure le style de l’inculturation de Vatican II. Pour les

missionnaires protestants l’action privilégie le développement économique direct même si le salut

des âmes et les bonnes mœurs ne sont pas oubliés.

A l’enculturation succède le processus d’inculturation promu par les reformes de Vatican II. Un

exemple vivant de la pastorale mise en œuvre par les catholiques est illustré par un témoignage

trouvé dans la revue « Heart »48 éditée par la Société du Sacré-Cœur de Jésus fondée en 1800 en

France. L’article décrit en 2008 le travail de quatre sœurs de la Réserve Soboba des Luisenos49 à St-

Joseph en relation avec le père Earl Henley, un vétéran missionnaire venu de la Nouvelle-Guinée, qui

dessert les paroisses et chapelles de cinq des Réserves cahuillas du comté de Riverside. Leur

approche évangélique reste élémentaire “We are just at the beginning of evangelism here” ou encore selon

le père “We are still at basic evangelization here” alors qu’ils travaillent ici depuis 1994. La résistance et

l’indifférence font écho aux récits des années 1900 faisant état d’un catholicisme pratiqué plus par

tradition que par une foi révélée50. Et trés peu pratiquent régulierement: “Many of the 850 or so

Luiseños living on the sprawling reservation are Catholic but only a handful attends weekly Mass”.

Nous pouvons dire, en paraphrasant le titre de l’ouvrage de Joëlle Rostkowski, que la conversion

bien que reprise au 19ème siècle reste inachevée51. Il précise plus loin sa méthode qui joint au

quotidien inculturation et syncrétisme, mélangeant la tradition du latin et de l’espagnol héritée des

Missions aux Bird Songs des Cahuillas : “Baptisms, funerals - some in Latin, some in Spanish, some in birdsong

may be,”. Les funérailles qui s’inscrivent dans le rite cahuilla du nukil sont les événements les plus

courus confirme le père Earl Henley.52

48 RSCJ ( Religious of the Sacred Heart of Jesus), Magazine Heart, ,Spring 2008, Volume 6- No 1- Society of the Sacred Heart, U.S. Province 49 Two Faiths Intertwine and Blossom at a Desert Reservation, Magazine Heart, ,Spring 2008, Volume 6- No 1- Society of the Sacred Heart, U.S. Province 50 « “The people are nominally Catholic. But there’s little foundation. Many of them don’t know the richness of the faith […] Most of the Catholic Native Americans in the region were baptized in their infancy or youth by various missionaries, barely remembering that baptism in later years”. 51 D’après un commentaire tiré de l’ouvrage de Bernadette Rigal-Cellard, “Kateri Tekakwitha et l’inculturation du catholicisme chez les Autochtones d’Amérique du Nord, 2006. 52 “But funerals are another story, as the deceased of the Luiseños are highly honored and funeral Masses can be several-day affairs with a mix of theologies and feasting”.

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Mike Madrigal, d’une famille cahuilla renommée de la région, est un laïque de la paroisse de St-

Joseph. Il souligne l’étonnante résistance à l’évangélisation qu’il qualifie de miraculeuse : “God has

been so faithful, so present to us, in so many ways. It’s part of this miracle that the church is still here.” Il précise

que leur approche duale combine les genres dans ce qu’il appelle l’« interfaith », un mélange des

croyances indigènes et catholiques53. Il explique ce terme par la représentation du concept de

l’Eucharistie par les Indiens, une présence palpable qui se retrouve aussi dans leurs lieux Sacrés

(Sacred Places)54. Un deuxième article55 souligne l’importance de l’inculturation dans l’éducation

catholique en décrivant l’école élémentaire St-Jude située dans la même Réserve. Pour la directrice

Mlle Piguet l’intégration de la culture et de la tradition des indiens cahuillas dans le curriculum est

une question de viabilité pour les Indiens comme pour l’Eglise qui répond à la demande des anciens

de la tribu, à leur besoin de comprendre leurs racines.56 Sœur Mary Seibert souligne que

l’inculturation ne doit pas être l’obsession d’apporter Dieu aux Indiens mais d’expliquer que sa

présence est déjà par essence dans leur culture, dans leurs croyances et de la respecter.57 Car comme

St-Augustine de Hippo l’a énoncé au Vème siècle dans son traité De Doctrina Christianas qui peut se

referrer à l’inculturation: “One must love the people, their customs, narratives, and rituals that is their culture, if

one is to successfully proclaim the Gospel to them”.58

Les différentes églises catholiques adoptées par les Indiens de la Coachella n’ont pas de cérémonie

inculturée, pas d’iconographie ou de décoration proprement amérindienne. Dans les paroisses aussi

fréquentées par la population locale fortement métissée avec des Indiens du Mexique se retrouvent

trois figures saintes identitaires : Notre Dame de Guadalupe (Nuestra Señora de Guadalupe), Notre

Dame de la Solitude (Nuestra Señora de la Soledad) et la Bienheureuse Kateri Tekakwitha. Les deux

interprétations de la Vierge, celle d’Oaxaca, figure baroque espagnole et celle de Guadalupe reflètent

53 “An example of the miracle, he said, is the many ways Native theology and Catholicism have intertwined for a unique spirituality— “interfaith.”. 54 “In our Indian spirituality and culture we have known that God is present in very real ways. We have always had sacred places. Having the Eucharist shows that God is a real presence in our lives. The elders understand this. There is a great awareness of the mystery of God, the reality of sacredness”. 55 Evangelization happens one by one, Magazine Heart, ,Spring 2008, Volume 6- No 1- Society of the Sacred Heart, U.S. Province . 56 “They need to know their roots. It is going to help them sustain this tribe. The elders want this […] she said, referring to the tribal leaders who wield much influence on the reservation and whose endorsement can go a long way toward a venture’s success”. 57 “As missionaries, we can so readily get caught up in the idea that we will bring God to the Native Americans, yet we forget God is already there. God is very much a part of their culture and life though”. 58 Reflections on Inculturation, page 7, Frank Lucido, 2002, National Catholic Educational Association.

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l’influence mexicaine mais pouvons-nous véritablement parler de syncrétisme cahuilla ? Elles ont été

adoptées par les Cahuillas et par tous les Indiens du Sud. La tradition apportait par les Espagnols qui

avaient l’expérience de deux siècles d’évangélisation indienne au Mexique et les franciscains a

vraisemblablement était transmise par les Indiens des Missions puis au 19ème siècle.

Kateri Tekakwitha qui se rattache par son apparence aux Indiens du Nord de l’Amérique est pour

sûr le fer de lance des missions catholiques dans les réserves indiennes59. Présente dans toutes les

chapelles et églises des Réserves de la région, elle parait plutôt comme une icône, une figure de

dévotion réservée aux femmes. L’adoration faite à Notre Dame de Guadalupe quant à elle est

phénoménale dans la région : elle fait l’objet d’une procession annuelle très attendue avec une

marche, clergé en tête, qui s’étire sur 50 kilomètres de Palm Springs à Coachella. Notre Dame de

Guadalupe a un visage métis. Il existe aussi dans l’Asistencia San Antonio de Pala, qui était rattachée à la

mission San luis Rey de Francia, une très rare représentation d’un Saint Antoine de Padoue du 18ème

siècle avec un visage de métis. Un texte publié au Vatican en 1997 soutien cette approche jugée

positive « comme un grand exemple d'évangélisation parfaitement inculturée 60». Il reste pourtant étrange de ne

pas voir de prêtre catholique indien sur les réserves cahuillas ce qui pourrait indiquer que « les limites

majeures de l’inculturation proviennent du manque de vocations en général et du manque de vocations indigènes en

particulier » 61 alors que le diocèse a des prêtres d’origine vietnamienne ou mexicaine.

Du côté protestant, il est difficile de juger de l’impact du mouvement évangélique partagé entre deux

missions. Sur la réserve Torrez-Martinez, à Thermal, se trouve “The Body of Christ Church” construite

en 1997. Elle est dirigée par le pasteur Gabriel Ward, indien cahuilla, et son épouse. Leur approche

privilégie l’inculturation par l’usage d’instruments et de textes appropriés pour la culture indienne62.

Sachant que leur mouvement est moderne et n’a pas de responsabilité historique comme les Églises

59 « La Tekakwitha Conference veut unifier les catholiques indigènes américains tout en respectant leurs différences tribales », Bernadette Rigal-Cellard, “Kateri Tekakwitha et l’inculturation du catholicisme chez les Autochtones d’Amérique du Nord, 2006. 60 Le Pape Jean-Paul II propose la dévotion mariale à Notre-Dame de Guadalupe comme un grand exemple d'évangélisation parfaitement inculturée, avec ces paroles : «Le visage métis de la Vierge du Tepeyrac résume le grand principe de l’inculturation : l'intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et l'enracinement du christianisme dans les différentes cultures ”. Synode des Évêques, Assemblée spéciale pour l’Amérique, La Rencontre avec Jésus-Christ vivant pour la conversion, la communion et la solidarité en Amérique, Instrumentum Laboris, Cite du Vatican, 1997, http://www.vatican.va/roman_curia/synod/documents/rc_synod_doc_01091997_usa-instrlabor_fr.html 61 Bernadette Rigal-Cellard, “Kateri Tekakwitha et l’inculturation du catholicisme chez les Autochtones d’Amérique du Nord, 2006. 62 “We have endeavored to present the Gospel in a culturally relevant way such as including our Native instruments and language in worship, and exhorting the believers to fully experience their culture through Jesus Christ”.

22

catholiques ou protestantes dans le passé douloureux des nations indiennes, ils abordent au cœur de

leur préambule de mission le thème de la souffrance63, du pardon, de la guérison et du

rétablissement comme en témoignent les intentions de prière pour la guérison des âmes mais aussi

des Terres sacrées64. Ils travaillent en liaison avec les évangéliques « Eagle’s Haven Church » qui sont

actifs sur les Réserves de Soboba et de Morongo. Le mouvement est résolument orienté sur les

jeunes dans le style évangélique des megachurches. Cette Eglise que l’on peut dire Cahuilla a été fondée

en 1999 à Cabazon prés de Banning par le pasteur Robert D. Chiles lui-même indien. Le contraste

des générations est frappant au niveau de l’encadrement des missions évangéliques, jeune,

directement issu des Bandes cahuillas avec celui des catholiques en particulier composé de

missionnaires, de sœurs du Sacré-Cœur, blancs et proches du troisième âge.

La spiritualité amérindienne65 a connu bien des revers et des transformations depuis l’arrivée des

premiers européens sur le continent nord-américain jusqu’à la loi sur la liberté religieuse, l’American

Indian Religious Freedom Act of 197866. De la conversion forcée à la pratique volontaire les néophytes

chrétiens ont adopté le christianisme mais avec plus ou moins de résistance au changement. Le bilan

est discutable. La majorité des Amérindiens de la Vallée se dit chrétienne par tradition. Certains

acculturés ont adopté une église catholique ou protestante et relégué leurs croyances ancestrales au

musée, d’autres ont choisi un syncrétisme, une fusion qui leur est propre comme la démarche de

l’Eglise natale américaine (Native American Church). Mais la plupart sont partagés dans un dualisme

qui rebondit en permanence entre « la nouvelle religion » apportée par les Espagnols et celle des

Anciens (The Elders) alors que l’Eglise catholique privilégie l’inculturation.

Des tribus comme les Agua Caliente après plus de deux siècles de misère physique, sociale et

spirituelle ont une position économique clé dans la région grâce à la manne financière des Jeux. Avec

63 “Ten ways to pray for American Native people” , The Body of Christ Church, http://www.bodyofchristchurch.com/10ways.html 64 « Healing and Restoration: Pray that the Native People will forgive and be healed so that God would restore us with an outpouring overflow of love, joy, peace, gladness, and thanksgiving unto Him” ou encore “Healing the Land: The land provides historical meaning where some things have happened. There are wounded places that need healing. Pray that tribal lands that need healing become places of great resources that would be a blessing to America once again”. 65 Raymond BUCKO, Religion, A Companion to the Anthropology of American Indians, 2005,Thomas Biolsi, Blackwell Publishing, 2005 66 Native American Advocacy, The Friends Committee on National Legislation (FCNL) , Quaker Lobby in Public interest, http://www.fcnl.org/issues/nat/sup/nat_bkrelfree.htm

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la construction prochaine d’un superbe musée ou par exemple la tenue d’un Festival of Native Film &

Culture de Palm Springs, l’heure est à la réhabilitation de la langue, de l’héritage culturel, à la protection

des sites Sacrés, à un retour aux pratiques des croyances ancestrales. Cette réhabilitation culturelle

annonce-t-elle une revitalisation de la pensée spirituelle des Cahuillas et un élargissement du marché

spirituel ? Peut-il y avoir une redécouverte de la foi ancestrale, une sorte de New Age propre aux

Indiens à l’ écart des églises chrétiennes historiques ? Ou allons-nous simplement assister à une

continuité dans le statu quo ? Après tout ce dualisme peut s’enrichir de nouvelles formes comme

celles recherchées par les évangéliques.

Nous pouvons nous interroger par contre sur le défi qui se pose à l’église de la majorité d’entre eux,

aux catholiques, et en particulier sur la signification de l’expression utilisée par Mike Madrigal, le

laïque cahuilla de St Joseph. Pourquoi avoir utilisé le mot « interfaith » ou interconfessionnel dans la

revue du Sacré-Cœur plutôt que le terme d’ « inculturation » ? L’inculturation peut aussi être

considérée comme une vision ethnocentrique européenne qui relègue les croyances indiennes à de

l’exotisme, à de la superstition et à du quasi-religieux.67 Son commentaire dans ce cas peut traduire le

désir d’une reconnaissance religieuse au-delà du dualisme ambiant, qui finalement placerait la religion

amérindienne sur le même pied d’égalité que les autres confessions, les autres grands courants

religieux comme le christianisme, le judaïsme ou l’islam par exemple.

4. Les nouveaux acteurs religieux à l’aube du 21ème siècle

4.1. La population hispanique devient un des enjeux principaux des églises chrétiennes

pour leur survie local

Ethnicité et immigration ont toujours été des facteurs déterminants dans l’histoire religieuse des

États-Unis. L’origine des familles d’immigrés venus d’Allemagne et de Suède est visible dans l’église

luthérienne de Palm Desert, celle des Anglais et des Écossais chez les Presbytériens et les

67 Gabriel LEFEBVRE, Les traditions amérindiennes : analyse thématique, 2010, Erudit, Université de Montréal, Québec, http://www.erudit.org/livre/larouchej/2001/livrel4_div6.htm

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épiscopaliens voir même chez les Irlandais et les Italiens catholiques de Sacred Heart. Elle est

incontournable chez les orthodoxes grecs de St George ou chez les Arméniens à Rancho Mirage.

Elle est perceptible dans les vagues d’immigrations des dernières décades avec les quelques Coréens

baptistes de Palm Springs. Les Latinos ou Mexicains réservent d’étonnantes surprises. Leur passé

colonial résonne avec la grandeur des missions catholiques qui jalonnent la côte Pacifique jusqu'à

San Francisco. « Les Hispaniques représentent d’ores et déjà 39% des 64, 2 millions de catholiques américains ; ils

devraient en constituer la moitié dès 2020 et, selon la conférence épiscopale, 86% en 2050. Ils sont déjà majoritaires

dans une paroisse catholique sur cinq et dans une quinzaine de diocèses : à Los Angeles, ils représentent 80% des

catholiques, à Houston 61% à Chicago 40% ce qui se traduit par de fortes tensions et de vrais problèmes

pastoraux »68. Mais contrairement aux stéréotypes traditionnels, les hispaniques paraissent avoir pris

goûts au « shopping » religieux. Un grand nombre d’entre eux une fois intégrés dans la société souvent

dans la génération suivante quittent l’Église catholique pour des horizons différents, pour d’autres

approches du christianisme. Peut être faut il voir dans ces nouveaux immigrants l’emprunte du

formidable travail missionnaire réalisé par les mormons, les évangéliques, les Églises pentecostales

dans leurs pays d’origine, en Amérique Centrale, aux Caraïbes ou encore en Amérique du Sud.

La disparité ethnique selon les villes de la Vallée est considérable et son impact sur les pratiques

religieuses ne peut être ignoré. Coachella est par exemple à 97.4% hispanique alors que Rancho

Mirage ne l’est seulement qu’à 9.4%. Au niveau de l’État, la population non-hispanique blanche a

chuté de 76% en 1970 à 43% in 2006. Les conséquences sur la croissance ou sur la baisse des

adhésions, les changements internes entre confessions et dénominations restent à écrire comme le

précise le révérend Dr. Eileen W. Lindner dans l’édition 2010 du Yearbook of American & Canadian

Churches. Par exemple le stéréotype des hispaniques totalement catholiques est a effacé : 25% d’entre

eux sont aujourd’hui protestants ou affiliés à d’autres confessions chrétiennes.69 37% des hispaniques

protestants et catholiques se déclarent proches ou se considèrent « Born-again » ou évangéliques. En

fait il y a au niveau national plus d’hispaniques protestants américains que de juifs, musulmans,

68 Les Hispaniques défient l'Eglise américaine, par Laurence Monroe, février 2006, tome 404/2, http://www.revue-Etudes.com/Religions/Les_Hispaniques_defient_l_Eglise_americaine/7497/1446 69 Latino Religion in the U.S.: Demographic Shifts and Trend, par Bruce Murray, president of Web Sage, et auteur de "Religious Liberty in America: The First Amendment in Historical and Contemporary Perspectives, NHCLC, http://www.nhclc.org/news/latino-religion-us-demographic-shifts-and-trend

25

épiscopaliens et presbytériens rassemblés70 mais ils sont éparpillés dans une multitude d’églises.

L’Eglise catholique avec 68% de la population hispanique reste la figure iconique. En 2005, le chiffre

de 29 millions a été le plus important enregistré en permanence alimenté par l’immigration qui

dissimule la désaffection vers d’autres confessions. La majorité de l’immigration soit 58% vient du

Mexique catholique mais aussi d’églises mexicaines protestantes. Un tout petit pour cent regroupe

juifs, musulmans et bouddhistes. Le facteur ethnique comme motivation est très puissant : 2/3 des

fidèles vont dans une dénomination dont le service est en espagnol, avec un clergé et une assistance

hispanique.

Il faut noter que 85% des protestants sont dans des églises pentecôtistes et évangéliques alors que

22% des catholiques sont des charismatiques. L’approche évangélique ou Born- again est jugée d’une

façon positive chez les hispaniques protestants et catholiques alors que le terme protestant a une

valeur négative pour sa connotation anglo-saxonne. La population hispanique apparait très réceptive

aux Eglises avec une forte agressivité, un fort prosélytisme. Elle apprécie l’intensité des expériences

cultuelles en particulier dans le « healing », le ministère de guérison du pentecôtisme. L’efficacité

communautaire en plus de la foi est une des motivations qui guide cette population avec de bas

salaires, sans assurance maladie et pour beaucoup d’entre eux en situation d’illégalité. L’approche est

la même chez les catholiques charismatiques bien qu’il s’agisse pour une partie de l’établissement

catholique du Cheval de Troie du protestantisme. L’impact sur l’église catholique américaine pose

une interrogation : 54% des catholiques hispaniques se disent charismatiques. La proportion est

quatre fois supérieure à celle qui se trouve chez les non-hispaniques ! Et prés de la moitie des

convertis évangéliques viennent du catholicisme.

Chez les protestants (19.6%) les destinations préférées sont le pentecôtisme (6.9%), les baptistes

(3.1%) et des églises sans une dénomination particulière (3%). Les Témoins de Jéhovah sont bien

représentés (1.9%). Par conséquent il est évident que les églises historiques protestantes n’ont qu’un

très faible attrait pour cette communauté.

70 To put these numbers in national perspective, there are more Latino Protestants in the United States than American Jews, Muslims, Episcopalians or Presbyterians, déclare Gastón Espinosa, assistant professeur de religion au Claremont McKenna College et co-editeur de Latino Religions and Civic Activism in the United States.

26

Une des explications de la désaffectation chez les catholiques est justifiée par l’absence de

responsabilité donnée au sein de l’encadrement. Alors que cette population constitue plus de 40%

des fidèles seulement 8% des prêtres sont de cette communauté, la plupart des hispanophones

venant d’Espagne ou de Colombie. Pour Froehle et Gautier71 le nombre de prêtres « américains

hispaniques » est voisin de 2% et celui des laïques de 10% ! A l’opposé, la structure du mouvement

pentecôtiste est sans rigidité, ouverte aux femmes et l’accès au ministère pastoral est sans contrainte.

Le travail des pentecôtistes à l’égard des jeunes en difficulté en milieu urbain, le « gang outreach »,

apparait plus couronné de succès que celui des ministères catholiques. La culture pop évangélique

agit comme un succédané à celle des bandes.72 L’impact de la population hispanique sur les

confessions religieuses américaines est en soi aussi problématique que celui de l’immigration.

Certains mettent en parallèle et lie les deux phénomènes. Pour le professeur d’Harvard Samuel P.

Huntington 73 l’intégration des hispaniques ne fonctionne pas comme l’a été celle des irlandais mais

peut aboutir si aucune mesure n’est prise à une balkanisation de la société américaine. Pour Gaston

Espinosa de l’Université de Claremont qui rejette ce risque l’assimilation des hispaniques se fait par

l’introduction de leur sensibilité latine dans les Eglises. Après tout l’impact des irlandais ou des

polonais sur l’Eglise catholique américaine reste fort encore de nos jours surtout au niveau de

l’encadrement, de la prêtrise.

Une enquête faite par l’association Hispanic Churches in American Public Life 74 montre l’évolution vers

un écartement du catholicisme progressif par génération et son impact sur les pratiques religieuses.

Dans la première génération d’immigrés 75% sont catholiques et 15% sont protestants. Dans la

deuxième ces chiffres passent à 72% et à 20%. Le changement est significatif dans la troisième

génération avec une chute à 62% et presque un doublement des protestants à 29%. Le penseur

catholique Andrew Greeley avait prédit qu’en 1988 dans une période de 25 ans plus de la moitié des

hispaniques américains ne seraient plus catholiques. Pour beaucoup de chercheurs cette prédiction

71 Bryan T. FROEHLE et Mary L. GAUTIER, Catholicism USA: A Portrait of the Catholic Church in the United States, 2000, Maryknoll, NY, Orbis Press. 72 Gangs are a way of survival in the city. If you are not in a gang, you get beat up. So what do you do if you don't want to be in a gang, and you don't what to get beat up? You join a church," "You're also seeing the growth of Latino evangelical pop culture as an alternative Latino gang subculture." d’après Gastón ESPINOSA, Religious Studies, Claremont McKenna College. 73 Article tiré du Foreign Policy magazine, The Hispanic Challenge, écrit par le professeur d’Harvard Samuel P. HUNTINGTON. 74 Hispanic Churches in American Public Life: Summary of Findings, d’aprés Gastón ESPINOSA ,Virgilio ELIZONDO et Jesse MIRANDA, mars 2003, http://latinostudies.nd.edu/pubs/pubs/HispChurchesEnglishWEB.pdf

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est simplement masquée par un flot permanent de nouveaux immigrés qui donne une image allusive

de la réalité catholique. Mais pour d’autres les mouvements catholiques ont engagé des efforts

importants dans l’œuvre sociale à destination des jeunes et des immigrants qui donnent des résultats

positifs. Pour Gaston Espinosa75, 94% des immigrés de Mexico sont catholiques mais une fois aux

Etats-Unis ils font des essais, goûtent au pluralisme religieux puis reviennent vers l’Eglise catholique.

Il se produit en fait beaucoup d’allers et retours, d’échanges alternatifs entre catholicisme et

protestantisme: “They try out religious pluralism for a while, then decide they don’t like it and go back,” dit-il

“There’s a lot of switching.” Malgré tout pour un qui revient trois quittent l’Eglise. Nous avons les

chiffres souligne G.Espinosa mais nous n’avons pas les détails de leur vécu ! 76 Pour le Pew Forum 77

les hispaniques par la démographie sont en train de transformer le paysage religieux américain, en

particulier l’Eglise catholique non seulement en la latinisant, mais aussi par leur pratique d’un

christianisme distinct qui fait une large place aux mouvements charismatiques et pentecôtistes.

4.2. Religion et Homosexualité, à Palm Springs plus qu’ailleurs sont au cœur de

l’actualité

Il peut paraitre curieux d’analyser les pratiques religieuses par genre et par orientation sexuelle

mais l’ostracisme pratiqué par plusieurs confessions a abouti à des ministères ciblés et à des

organisations religieuses très visibles dans la Vallée où la présence de cette communauté est

supérieure en chiffre à la moyenne nationale. La communauté homosexuelle (LGTB78) qui compose

33% des habitants de la ville de Palm Springs doit par conséquent être étudiée pour la place quelle

tient dans la problématique religieuse. Ce point est un des principaux facteurs de division et

d’éclatement des églises historiques protestantes. Elle comprend l’ordination des femmes y compris

lesbiennes, l’acceptation théologique ou le rejet du fait homosexuel voir le simple accès aux lieux de

culte et le sacrement du mariage. Fort de son intégration ou de son rejet la communauté a amené les

75 Gastón ESPINOSA, Virgilio ELIZONDO et Jesse MIRANDA, Latino Religions and Civic Activism in the United States, 2005, Oxford University Press. 76 “For every one Latino who returns to the Church, about four leave” dit Espinosa et “Tracking the people who leave and return is a compelling story for journalists to tackle”, NHCLC, http://www.nhclc.org/news/latino-religion-us-demographic-shifts-and-trend 77 Changing Faiths: Latinos and the Transformation of American Religion, Sondage du 25 avril 2007, http://www.pewforum.org/Changing-Faiths-Latinos-and-the-Transformation-of-American-Religion.aspx 78 LGTB (lesbian, gay, transgendered, and bisexual) ou en français LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres)

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églises en présence à s’interroger, à se diviser, à se redéfinir, à créer des formules d’accueil

spécifiques.

Depuis quelques années cette particularité démographique s’est étendue de Palm Springs aux autres

villes de la Vallée y compris au sein de la population hispanique. Ce débat au même titre que celle de

la légalisation ou de l’interdiction de l’avortement a renforcé la division politique de la nation mais a

aussi contribué à une refonte du paysage religieux. De toutes les confessions chrétiennes l’Episcopal

Church (USA) ou Protestant Episcopal Church in the United States of America, la Presbyterian Church (USA),

et l’United Methodist Church sont probablement celles qui en souffrent le plus avec une ligne de

fracture croissante entre libéraux et conservateurs.79 Les confessions chrétiennes qui ont mis en

avant l’Evangile selon le concept de justice social ou « social justice » dans les trentes dernières années

qui inclut l’ordination des femmes et des homosexuels sont celles qui ont le plus de divisions selon

Martin Zender l’auteur de “How to Quit Church Without Quitting God”80. Par exemple les Presbytériens

(PCUSA) ont perdu deux millions de membres soit un déclin de 40% depuis 1965 suite à l’ouverture

de ce débat. L’Eglise épiscopale a, quant à elle, chuté de 26% soit d’un million de membres depuis

1965. L’auteur souligne que des missionnaires africains plus conservateurs ont été envoyés aux Etats-

Unis pour réévangeliser l’Eglise. L’United Methodist Church (UMC) a perdu pendant la même période

500 000 fidèles (24%). À l’opposé, ajoute-t-il, les Églises qui ont un credo conservateur et une

position ferme contre l’homosexualité, l’ordination des femmes à la prêtrise ou pour l’interdiction de

l’avortement ont enregistré une croissance soutenue. La Convention Baptiste du Sud (SBC) a gagné

cinq millions de membres soit 46% et les Assemblées de Dieu (Assemblies of God) 2.5 millions

d’adhérents. De plus une myriade de « ‘Bible Churches » conservatrices a maintenant selon lui des

congrégations de 10 000 membres et des salles assez larges pour accueillir des milliers de fideles ! Il

faut d’ailleurs noter que curieusement le taux de fréquentation81 augmente avec le degré d’intolérance

de l’organisation82 ! Les plus tolérants sont par exemple les luthériens ELCA (Evangelical Lutheran

Church in America), L’Eglise unie du Christ (United Church of Christ), Les Unitairiens (Unitarian

79 Concerned Women for America , Liberal Churches See Drop in Attendance ,‘Lack of Relevance’ Cited in Decline, 2002, http://www.cultureandfamily.org/articledisplay.asp?id=492&department=CFI&categoryid=cfreport 80 Martin ZENDER, How to Quit Church Without Quitting God, 2002, Starke & Hartmann Inc. 81 Le taux de fréquentation ou Church attendance 82 Amy M.BURDETTE, Christopher G.ELLISON, Terrence D. HILL, Conservative Protestantism and Tolerance toward Homosexuals: An Examination of Potential Mechanisms, 2005, Sociological Inquiry, 75(2), 177-196.

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Universalists) et les Reconstructionnistes juifs (Reconstructionist Judaism). Mais seulement quelques

groupes unitairiens ou épiscopaliens offrent le rituel religieux au centre du débat politique pour les

couples du même sexe.83

L’Eglise épiscopalienne a une tradition libérale qui remonte au 19ème siècle (Social Gospel). Dans les

années 60 et 70 elle s’est opposée fermement à la peine de mort, a soutenu la lutte pour les droits

civils des afro-américains et la discrimination positive (Affirmative action). Elle est engagée aujourd’hui

dans le soutien de la communauté LGBT pour l’ordination de ses membres et principalement dans

la célébration d’un mariage religieux pour les couples du même sexe. En 2009, elle a lors de sa

Convention Générale autorisé ces célébrations là où les Etats acceptent la légalité de ces unions.84

Conformément à son appel de 1976 par lequel elle reconnaissait les homosexuels comme “Enfants

de Dieu” elle a aussi en Juillet 2009 ouvert la prêtrise aux hommes et femmes homosexuels. De ce

schisme est né la même année l’ACNA ou Anglican Church in North America non encore reconnue par

l’Anglican Communion et L’Eglise d’Angleterre (Church of England). Aux Etats-Unis beaucoup de

membres de cette communauté sont affiliés à l’Eglise Universal Fellowship of Metropolitan Community

Churches, (UFMCC) comme à Cathedral City ou souvent comme sur Palm Springs à l’Unitarian

Universalist Association et à l’United Church of Christ.

Pour les groupes les plus conservateurs des organisations chrétiennes ou juives ces minorités sont

anormales, résultat d’un libre choix qui peut et doit être corrigé. L’attitude a adopté envers cette

communauté en dehors de l’interprétation biblique et théologique diffère selon les confessions. Chez

les conservateurs se distinguent deux conceptions. Pour les catholiques, l’homosexualité est par

principe inérante à celui qui la vie et échappe à son control. Création de Dieu, elle est tolérée mais

elle devient un pêché, un interdit, s’il s’engage dans une activité sexuelle. En revanche pour les

évangéliques l’homosexualité n’est pas inérante mais choisie par l’individu et par conséquent la

rédemption est possible : ce qui justifie les ministères pour une réhabilitation. L’ordination de prêtres

homosexuels, le mariage entre individus de même sexe sont donc par définition dans les deux cas

inenvisageables.

83 J. Michael CLARK, Joanne C. BROWN, Lorna M. HOCHSTEIN, Institutional religion and gay/lesbian oppression, 1989, Marriage & Family Review, 14(3-4), 265-284. 84 Laurie GOODSTEIN, Episcopal Bishops Give Ground on Gay Marriage, 2009, the New York Times.

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L’évangélisation de la communauté peut réserver des surprises car les sondages qui les concernent

sont problématiques. D’après le magazine Religion Dispatches 85 le sondeur conservateur George Barna

révèle une majorité chrétienne dans cette communauté mais trace les limites de cet

engagement d’une manière négative et tronquée. Par exemple 71% des hétérosexuels, croient en

Dieu dans une vision biblique orthodoxe et littérale alors que seulement 43% des homosexuels ont

cette perception biblique de Dieu. Et quand 47% des hétérosexuels se considèrent « Born-again »

seulement 24% répondent favorablement chez les homosexuels. Il est facile pour l’auteur d’expliquer

cette disparité en soulignant que la relation entre la communauté LGBT et la Bible est quelque peu

schizophrénique à partir du moment où l’interprétation qui en est faite est utilisée en priorité contre

la communauté par le conservatisme protestant. Il s’agit en général d’un argumentaire basé sur sept

passages de la Bible86. Quant à la statistique extraite du même sondage : le double des adultes

déclarés homosexuels risquent d’être « unchurched », elle entraine la question suivante. Quelle église est

donc susceptible de les accueillir en tant que tel ? « Certainement pas » dit- elle « les Assemblées de Dieu ou

la Convention des Baptistes du Sud ? » et quand aux églises « mainline » l’accueil n’est pas toujours évident.

Elles ne sont pas toutes ouvertes à cette communauté ou équipées d’un programme spécifique87.

« En résumé » ajoute-t-elle « nous ne pouvons pas prendre notre voiture un Dimanche matin, nous arrêter devant

une église, entrer et nous asseoir. Nous devons faire une recherché préalable !88 » En définitive, ajoute- t-elle,

Barna aurait du poser la question suivante : « Iriez vous à l’église chaque semaine si vous en aviez réellement

l’opportunité ? »

Pour comprendre la présente situation dans la Vallée il faut savoir que les chrétiens homosexuels

américains se sont organisés dans le « Rainbow Revival » en différents mouvements en deux étapes

historiques. La première couvre les années 70-80 avec par exemple la MCC (Metropolitan Community

Churches) crée en 1968 dans un faubourg de Los Angeles, L’Alliance of Christian Churches et

l’Evangelical Network (TEN) dans les années 80. La deuxième étape couvre les années 80-90 avec

85 Candace CHELLEW-HODGE, New Poll Shows Gays and Lesbians Believe in God, juin 2009, http://www.religiondispatches.org/blog/sexandgender/1590/new_poll_shows_gays_and_lesbians_believe_in_god 86 Whosoever Ministries, Inc, An online magazine for LGTB, The Bible and Homosexuality, http://www.whosoever.org/bible/ 87 «Even the mainline denominations are tricky. Some of them are welcoming, some are not. We know we've lucked out when we find a church that has openly declared that it welcomes gays and lesbians through denominational programs like the United Church of Christ's Open and Affirming program or the Presbyterian's More Light program. 88 In short, we cannot simply drive by a church on Sunday morning and just walk in and sit down. We have to do our homework first”.

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plusieurs groupes issus directement des Eglises : Integrity (Episcopal), More Light Presbyterians, UCC

Coalition for LGBT Concerns, Lutherans Concerned, Welcoming and Affirming Baptist, Dignity (Roman Catholic)

et Reconciling Ministries Network (UMC). Une enquête intitulée 2010 Affirming Church Survey 89 précise

que parmi les églises dites accueillantes sont comptées 14% des presbytériennes, 18% des paroisses

épiscopaliennes, 12% des méthodistes, 13% des luthériennes et 20% des UCC sans oublier 5% de

l’Eglise catholique romaine. Un répertoire édité par un groupe affilié : « Welcoming Gay friendly

Churches in California » donne un aperçu de la situation locale90. Une seule église est listée sur

Cathedral City (MCC of the Coachella Valley), une sur Palm Desert (Église épiscopale St. Margaret),

une sur Indio (Shepherd of the Valley UMC) alors que cinq sont citées sur Palm Springs. Aucune autre

ville de la Vallée n’est indiquée. La liste de Palm Springs comporte toutefois deux églises romaines

catholiques, Notre Dame de la Solitude et Sainte-Thérése ainsi qu’une association de laïques

catholiques Dignity. Cette association qui milite contrairement aux deux autres pour la

reconnaissance des droits des homosexuels dans l’Eglise catholique se réunit dans les locaux de

l’Eglise épiscopale St Paul du Desert et non pas dans une des deux. Du côté de la communauté juive

le débat est identique selon l’orthodoxie de la confession. Il existe aussi une structure d’accueil local

au sein de la Fédération juive (JFDPS)91 qui réunit environ 450 personnes : The Shalom Gay & Lesbian

Jews of the Desert.

4.3. La communauté juive attirée par Palm Springs, le terrain de jeux d’Hollywood est

devenue la quatrième confession religieuse sur le Comté de Riverside

Elle regroupe en 2010 environ 19750 membres qui s’identifient religieusement comme tel. La

communauté de la Vallée est en effet une des plus larges de la Californie estimée à 32000 personnes

organisées dans l’association The Jewish Federation of Palm Springs and Desert Area (JFDPS).

89 2009 Affirming Church Survey, http://www.gaychurch.org/The_Word/Welcoming_Church_Report/2009_affirming_church_survey.htm 90 Affirming Christian Church Directory, Gay & Lesbian Welcoming Christian Churches Throughout the World, Find a Church in California, http://www.gaychurch.org/Find_a_Church/united_states/us_california.htm 91 The Jewish Federation of Palm Springs and Desert Area , http://jfedps.com/

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Il faut attendre la Seconde Guerre mondiale et l’arrivée des blindés du Général Patton, qui construit

dans la vallée de Coachella un gigantesque terrain d’entrainement préfigurant l’assaut en Afrique du

Nord, pour croiser dans la rue principale de Palm Springs un nombre significatifs de jeunes soldats

juifs américains. Leur rencontre avec la dizaine de familles juives recensée sur place en 1937 va

accélérer l’organisation religieuse de cette petite communauté. En 1946 près de 84 donations sont

enregistrées pour la première campagne de charité organisée par l’United Jewish Communities.

Aujourd’hui, elle forme une des communautés des plus dynamiques de l’Ouest américain. Elle

compte 500 membres en 1954 puis 2000 en 1961 pour atteindre le chiffre de 14000 selon l’étude de

200092. Le comté de Riverside a lui-même enregistré une croissance entre 1980 et 2000 de 0.5% à

1.3%. Cette croissance est notable sur l’ensemble de la Los Angeles Metro Area CMSA93 avec un

bond sur la même période de 0.4% à 4.1 %. Ce dynamisme local s’explique en grande partie par la

proximité de Los Angeles dotée d’une communauté forte de 5.9%.94 Palm Springs avec son climat et

ses terrains de golfs a été l’un des principaux terrains de jeux de l’élite fortunée du show-business et du

cinéma hollywoodien. Pour comprendre l’importance de cette concentration ce chiffre peut être mis

en parallèle avec celui de la Californie (3.3% en 2007) ou avec celui de la totalité des affiliés au niveau

national de 1.7% d’après l’étude de Pew Forum.95

Quatre mouvements principaux couvrent aujourd’hui les pratiques religieuses de la communauté de

la Vallée : les réformistes, les conservateurs, les orthodoxes et les reconstructionnistes. Le judaïsme

américain a abouti à un modèle original au 19ème siècle. Il a pris son essor avec l’immigration

européenne autour du premier conflit mondial. Toutefois une colonie juive organisée, en majorité

sépharade venant du Brésil, arrive à New-Amsterdam vers 1654 naviguant à bord d’une frégate

française la Ste Catherine. Les colons juifs sont en provenance de l’ancienne colonie hollandaise

Recife d’où ils ont été expulsés par les Portugais. L’arrivée des Anglais dans la ville qui devient alors

New-York n’altère en rien leurs libertés. Au contraire la « colonial synagogue community » à l’inverse des

autres synagogues européennes, ne taxe pas les transactions commerciales, ne censure pas les libertés

92 Mandell L. Berman Institute North American Jewish Data Bank, Center for Judaic Studies and Contemporary Jewish Life, University of Connecticut, Jewish population in the United States, http://www.jewishdatabank.org/AJYB/AJY-2000.pdf , http://www.jewishdatabank.org/AJYB/AJY-1961.pdf , http://www.jewishdatabank.org/AJYB/AJY-1954.pdf 93 US Census 2000, http://www.census.gov/main/www/cen2000.html 94 Los Angeles County's Ten Largest Faith Groups in 2000 Religious Congregations and Membership in the United States,2000, Glenmary Research Center, Nashville, TN, http://www.glenmary.org/grc/RCMS_2000/findings.htm 95 U.S. Religious Landscape Survey, http://religions.pewforum.org/

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religieuses, morales, individuelles ou commerciales et laisse aux autorités municipales les prérogatives

de police. En 1776 sont recensés 2500 juifs de rite orthodoxe puis 5000 vers 1825 sur une

population de 13 millions d’habitants. Mais à la même date à Charleston un groupe d’entre eux veut

introduire une réforme du rite et des pratiques en lançant la Reformed Society of Israelites. Ils tentent

d’introduire l’anglais et quelques réformes mais sans un succès durable. En 1857 le rabbin Isaac

Meyer Wise (1819-1900) publie Minhag America, un nouveau livre de prière à l’usage des réformés.

Dans les décades qui suivent, jusqu’en 1870, la communauté est engloutie dans des vagues

successives d’immigration totalisant prés de 400.000 « juifs allemands », des ashkénazes en

provenance d’Europe centrale. Très rapidement intégrée dans cette nouvelle société, la communauté

se disperse à travers un continent qui parait sans frontière. Intégration, prospérité et surtout

intermariages devient alors un risque pour la pérennité du judaïsme américain qui ne cesse de hanter

les tenants de l’orthodoxie y compris de nos jours. Apres la guerre de sécession, vers 1885, une

dizaine de congrégations se réunit à Pittsburgh et décident d’adopter ce qui deviendra la « plate-

forme de Pittsburgh », Elle affirme dans son manifeste libéral que “le judaïsme est une religion en création

constante, s’efforçant toujours l’United Synagogue of Conservative Judaism d’être en accord avec les postulats de la

raison". Une complète révision des enseignements traditionnels, copiés sur le modèle du libéralisme

protestant américain, est entreprise. Elle introduit l’anglais, écarte certains aspects de la tradition

talmudique, le message messianique et la vision de Zion pour la Palestine. Cette étonnante révolution

aboutit à une cassure du mouvement judaïque américain. Les premiers se retrouvent dans le parti de

la réforme (Reform Party). Quand aux autres plus orthodoxes tout en mettant en place des

changements comme d’essayer de remplacer le samedi par le dimanche pour le Sabbat, ils

s’orienteront malgré tout vers la création d’un mouvement conservateur. Pour répondre aux

réformes, ils créent le séminaire de théologie juive en 1886 puis en 1913. Le strict respect de la

Halakha est renouvelé mais le principe que la Bible peut être soumise à une analyse critique est

adopté. Entre 1870 et les prémisses de la Seconde guerre mondiale plus de deux millions de juifs

ashkénazes débarquent à Ellis Island venant d’Europe centrale et surtout de Russie. Ces

communautés vont transformer en profondeur le mouvement juif américain. Socialement démunies

et moins éduquées, parlant le Yiddish, elles forment une population très prolétaire, très identitaire

dont la moitié reste centrée sur la ville de New-York. Environ 1.6 million de Juifs vivent aujourd’hui

à New York, ce qui en fait la première communauté juive de la diaspora et son principal centre

idéologique. En 1898 les orthodoxes les plus durs, partisans du refus de l’intégration, créent des

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séminaires et s’organisent autour de l’Union des congrégations juives orthodoxes d’Amérique. La

cassure entre le sécularisme et le radicalisme religieux s’accentue jusqu’en 1928. Avec la peur justifiée

de la montée de l’antisémitisme en Europe et une quasi-intégration dans la société américaine, les

particularismes ethniques s’atténuent mais donnent naissance à une nouvelle communauté juive plus

solidaire. En 1950 le nombre de juifs accédant à des études universitaires est trois fois supérieur à

celui du reste de la population. Forte de sa réussite économique et sociale la communauté bien

intégrée dans l’ « American way of life » redécouvre progressivement son identité religieuse. Les

courants intellectuels pour l’Internationalisme socialisme ou pour le retour en Israël avec le Sionisme

sont mis à l’ écart. En 1908, les Juifs représentaient 39% des membres des sections du parti socialiste

de Manhattan et du Bronx et, dans les années 30, 40% des membres du Communist Party of the USA

étaient juifs96. Toutefois les réformistes juifs sont rattrapés par l’histoire. Avec la montée de

l’antisémitisme, la montée des pogroms et bien entendu l’Holocauste, le sursaut identitaire de la

communauté s’investit dans le Sionisme et surtout dans la création voir le développement de l’Etat

d’Israël.

Dans son intégration le judaïsme américain s’inspire largement du modèle protestant. Synagogues et

Temples s’entourent de clubs et d’associations sur le modèle des ministères. La liturgie s’enrichit de

la prédication, du sermon, de chorales, de la participation des fideles voir de bénédictions. En 1968

des reconstructionnistes comme le rabbin Mordechai Kaplan et Ira Eisenstein, définissent le

judaïsme en tant que culture religieuse en constante évolution.

Les caractéristiques des communautés juives différentes avec la géographie97 des Etats-Unis pour

reprendre la remarque du sociologue Louis Wirth98 faite en 1928 et l’Ouest n’échappe pas à la règle.

En effet entre 1960 et 2000, il s’est produit un changement remarquable. Le Nord-Est qui comptait

67% de la population juive est estimée à 43% alors que l’Ouest est passé de 11 à 22% en grande

partie par une migration intérieure qui s’est faite à un ratio plus élevé que celui du reste de la

96 Corinne LEVITT, Les Juifs de New York à l’aube du XXIe siècle : Communauté juive ou identités juives ?, 2006, Editions Connaissances et Savoirs. 97 Geographic Differences among American Jews, par Ira M. Sheskin, Ph.D., University of Miami, Octobre 2004, d’aprés l’étude the National Jewish Population Survey (NJPS) 2000-2001,http://www.jewishdatabank.org/NationalReports.asp 98 Citation tirée du rapport NJPS “As early as 1928, the urban sociologist Louis Wirth observed (in the language of his time): If you would know what kind of Jew a man is, ask him where he lives; for no simple factor indicates as much about the character of the Jew as the area in which he lives. It is an index not only to his economic status, his occupation, his religion, but to his politics and his outlook on life”.

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population américaine. Le rapport souligne la proportion moindre de Conservateurs et

d’Orthodoxes dans l’Ouest en comparaison au Nord-Est. La part des réformés est en résumé

beaucoup plus forte pour la Vallée de Coachella. L’Ouest s’avère moins connecté c'est-à-dire que la

proportion de personnes juives qui se déclarent « Just Jewish » est élevée, que la pratique religieuse est

moindre ainsi que l’attachement à Israël ou à l’engagement dans des actions philanthropiques. La

communauté de la Vallée dans ce contexte diffère, étant plus traditionnelle dans ses pratiques

religieuses, ce qui corrobore aussi avec le fait qu’elle est plus âgée que la moyenne de la région

étudiée.

L’installation des premières communautés juives en Californie accompagne la Ruée vers l’Or autour

de Sacramento et de San Francisco. Un des marchands les plus fameux est Levi Strauss connu pour

son invention des « jeans » les fameux vêtements de travail en toile de tente pour les chercheurs d’or.

En 1852 la première synagogue est ouverte à Sacramento par la congrégation B'Nai Israël dans

l’ancien local d’une église méthodiste. En 1860 plusieurs communautés sont localisables à travers

tout l’Etat. En 1870 elles représentent 8% de la population de la ville de San Francisco. La

communauté s’engage très tôt pour la Réforme et se prononce contre le Zionisme, considérant la

Californie comme la Terre promise. La communauté de Los Angeles quant à elle prend son essor

seulement au 20ème siècle avec l’explosion de l’industrie du cinéma et des médias audiovisuels. En

2005 la région de Los Angeles compte cent synagogues et celle de San Francisco une quarantaine.

Los Angeles est la deuxième communauté en nombre aux Etats –Unis en 2002 après New-York avec

999 000 personnes.

Une étude de la communauté juive de la vallée de Coachella faite en 199899 nous permet d’en dresser

le portrait. Elle est plutôt âgée avec 47% de personnes dites Seniors (âgés de 65 ans et plus) et 75%

d’entre eux y résident en permanence. Ce chiffre est supérieur à celui de l’Ouest américain (17%) ou

de la nouvelle communauté de Las Vegas pourtant similaire (25%).Ce n’est pas une surprise car pour

cette communauté comme pour d’autres, la Vallée est essentiellement une destination pour la retraite

ou pour les vacances. Seulement 13% des foyers ont un enfant en dessous de l’âge de 18 ans. Le

nombre d’enfants scolarisés dans des écoles juives est par conséquent faible autour de 200 enfants.

99 1998 Jewish Community Study of the Coachella Valley, California, Jewish Federation of Palm Springs and the Desert Area, http://www.jewishdatabank.org/study.asp?sid=18025&tp=2

36

La Jewish Community School of Palm Desert est ouverte à toutes les dénominations alors que la Desert

Torah Academy est promue par le Chabad de Palm Springs. La ville de Palm Springs reste le centre

majeur (36%) mais avec l’expansion urbaine des dernières décades vers l’est de la vallée, les villes

proches comme Rancho Mirage et Cathedral City (28%) ou Palm Desert (21%) semblent attirer les

nouvelles générations. Elle constitue 8% du nombre des foyers de Palm Springs, une statistique

équivalente à celle de la ville de las Vegas mais très supérieure à celle des Etats de l’Ouest qui sont en

1990 à 2.4%.

Sur le plan de la pratique religieuse la grande majorité appartient à la Réforme (43%) en compétition

avec les Conservateurs (32%). Le reste des déclarés se partage entre les traditionnalistes (8%) et les

orthodoxes (7%). Il y a sur Palm Springs trois temples : un orthodoxe avec le Chabad-Loubavitch, un

«modern orthodox » avec la Desert Synagogue et un interconfessionnel avec le Temple Isaiah construit en

1945 rénové en 1956 puis en 1987. La ville de Palm Desert compte un grand centre réformé le

Temple Sinaï et un moins important dénommé Har-El (La Montagne de Dieu) membre de l’Union for

Reform Judaism depuis 2004. Le Temple Sinaï inauguré il y a plus de 25 ans sert environ 400 familles.

Un autre Chabad-Loubavitch a été ouvert à Palm Desert en 2008. Il faut ajouter à proximité le

Chabad (orthodoxe) de Rancho Mirage. Le quartier de Bermuda Dunes, proche de la Quinta et

d’Indio, possède le Temple Beth Shalom fondé en 1994. Décrit comme une « liberal conservative

synagogue » elle est membre de l’United Synagogue for Conservative Judaism.

Bien que 87% de cette population mette l’accent sur l’importance d’être Juif ou de supporter l’Etat

d’Israël (76%) il faut noter que l’adhésion ethnique n’est pas nécessairement religieuse

particulièrement aux USA. En effet 27% sont ici affiliés à une synagogue ou à un temple local mais

certains peuvent avoir une affiliation dans une autre ville comme Los Angeles. L’importance d’être

juif est forte mais caractéristique d’une population âgée. Dans la jeune communauté de Denver 65%

font la même déclaration. Le respect des grandes fêtes rituelles avec un retour occasionnel à un

temple ou à une synagogue est un comportement identique à celui du reste des Etats-Unis mais aussi

propre à de confessions très sécularisées comme les Catholiques romains. Channukha et Passover sont

suivis par plus de 70% d’entre eux. L’allumage des bougies pour le Shabbat, le service à une

synagogue ou l’usage strict de la nourriture kasher ne sont pratiqués que par moins de 20% de la

communauté. En ce qui concerne l’étude de la religion juive il faut prendre aussi en compte le critère

des intermariages, c'est-à-dire avec des non-juifs, qui tend à impacter négativement l’adhésion à la

37

religion. L’étude montre que 97% des mariages des couples d’avant 1970 étaient dans la

communauté. Il est tombé à 39% depuis l’année 1985.

La communauté juive locale reflète les divisions dans la pratique religieuse qui n’ont pas toujours été

mis en avant dans des ouvrages comme ceux de Jack Wertheimer (1993)100 ou de Samuel G.

Freedman (2000).101 Le principe de la lignée matrilinéaire ou les règles de conversion pour les non

juifs ont été complètement mises à l’ écart par le judaïsme réformé pour reprendre l’analyse du Center

for Jewish Studies.102 Selon cette étude le point le plus significatif est l’augmentation des sondés qui se

déclarent sans religion voir séculiers décrits comme sans église ou « unchurched » ou plus précisément

« unsynagogued ». Ils constituent 3.8% de la population américaine « sans religion » alors que juste

1.6% se déclarent juifs dans la population « avec religion ». Sur ce point 5% se sont déclarés sans

religion et 4% sans affiliation sur la Vallée en 1998. En 1965 le théologien de Harvard Harvey Cox103

a mis en évidence le mouvement de sécularisation qui touchait l’Amérique mais dans l’observation

de la religion juive l’attention n’a pas été porté sur cet indicateur qui a été occulté par un autre

phénomène en pleine expansion à savoir le boom sur les intermariages. Sur la Vallée cet indicateur

en 1998 a eu un effet limité s’agissant d’un problème de génération qui se révélera sans aucun doute

dans les prochains sondages. En fait le nombre de juifs qui se déclarent séculiers est le plus large de

toutes les confessions religieuses aux Etats-Unis. De plus leur nombre est supérieur à toutes les

branches cumulées de la religion juive américaine.

Perte de religiosité et intermariages ont un impact qui selon les chercheurs n’existe pas dans les

autres religions américaines. Cette statistique est souvent mise en avant par les orthodoxes pour

condamner les mariages interconfessionnels. Sans vouloir diminuer l’importance de cette remarque,

nous pouvons nous demander si l’ampleur du métissage religieux, des mariages interconfessionnels

n’a pas en définitif le même impact chez les chrétiens et sur les motivations des « unchurched » ?

100 Jack WERTHEIMER, A People Divided: Judaism in Contemporary America, 1993, Brandeis. 101 Samuel G. FREEDMAN, Jew vs. Jew: The Struggle for the Soul of American Jewry, 2000, Simon & Schuster; 1st Touchstone Ed edition. 102 ARIS 2001, http://www.gc.cuny.edu/faculty/research_briefs/aris.pdf 103 Harvey COX, The Secular City, 1965, New York: The Macmillan Co.

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Religion juive et ethnicité juive, de part la loi halakhique, forment un concept original surtout pour

les croyants orthodoxes. Selon les sondages NJPS (National Jewish Population Study) qui ne prennent en

compte que les « core-jewish » (qui se déclarent Juifs), la population de 2.2% en 1990 est en dessous de

2% en 2001. Pour les orthodoxes il faudrait prendre en compte les critères de l’ « expanded-jewish »

(terme plus large) population selon les termes de la loi d’Israël sur le Retour de 1970 pour les olim ou

immigrants potentiels. Dans ce cas le chiffre total de 5.3 millions en 2001 est a rapproché de 7.5

millions.104

Comme beaucoup de leurs contemporains de nombreux immigrants juifs répondirent à l’appel de la

Ruée vers l’Or de 1850. Aux ashkénazes d’Europe centrale se joignirent des sépharades déjà établis

sur le continent en particulier en Louisiane. Des congrégations se forment : Sherith Israël pour les

premiers et Emanu-El pour les seconds à proximité des mines à San Francisco, la capitale

commerciale californienne du 19ème siècle. Au 20ème siècle puis après la Seconde guerre mondiale

le Sud avec Los Angeles dépasse le Nord de la Californie en influence. En 2005 le « Great Los

Angeles » aligne prés de 100 synagogues pour un total de 45 pour la métropole de San Francisco.

C’est la troisième communauté juive aux USA et au monde de la diaspora 105après New-York et

Miami en Floride.

L’enquête de 1998 106 donne la répartition suivante des foyers sur la vallée : Palm Springs 36%,

Cathedral City et Rancho Mirage 28%, Palm Desert et Sun City 21%. Le reste de la partie Est de la

Vallée (La Quinta, Indio, Indian Wells, Bermuda Dunes) est à 9% et la partie Nord tel Desert Hot

Springs est à 6%. Les conservateurs sont plus nombreux sur Palm Springs alors que les Réformés

résident plutôt sur Rancho Mirage. Desert Hot Springs a le taux de « sans affiliation » le plus haut

avec 17%. Les plus jeunes forment la catégorie avec le moins d’adhérents à un temple ou une

synagogue (12%). 97% des déclarants avouent ne pas toujours manger kasher ou ne pas respecter le

Sabbat (57%). 71% d’entre eux fêtent la Pâque (Passover Seder), 61% respectent la tradition des

104 AJIS 2001 105 "The Jewish Population of the World”, August 2001, The American-Israeli Cooperative Enterprise. Source originale citée d’aprés World Jewish Congress (WJC), Lerner Publications Company, 1998, http://www.us-israel.org/jsource/Judaism/jewpop.html 106 1998 Jewish Community Study of the Coachella Valley, California, http://www.jewishdatabank.org/Archive/C-CA-Palm_Springs-1986-Report.pdf, http://www.jewishdatabank.org/Archive/C-CA-Palm_Springs-1998-Report.pdf

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bougies de Chanukah et 51% par exemple jeunent pour le Yom Kippur. D’une manière générale la

pratique religieuse, la fréquentation parait moins forte dans toutes les tranches d’âge sur la Vallée

avec 27% que dans les régions proches où elle est de 37%.

4.4. Apres avoir quitté en catastrophe en 1850 San Bernardino pour répondre à l’appel

pressant de Brigham Young, les Mormons ont depuis fait un retour en force dans la

Vallée

Rayonnant de Palm Desert sur l’ensemble de la vallée, L’Église de Jésus Christ des Saints des

Derniers Jours107 offre un autre particularisme remarquable. Avec une position clé sur le comté de

Riverside, forte de 34314 adhérents, elle est la deuxième Eglise en nombre après l’Eglise catholique.

Sa communauté est estimée à 4000 membres. Comme le souligne un article du journal The Christian

Science Monitor, en évoquant la vie du fondateur Joseph Smith : « Comment un jeune d'une famille de

pauvres fermiers - un garçon avec peu d’éducation et de moindres connaissances religieuses – a pu fonder une Eglise qui

abrite aujourd'hui des millions de membres dans le monde entier ? »108

Pour comprendre le développement dans la Vallée il faut tout d’abord s’intéresser aux origines de

cette confession et localement à la ville de Redlands située à moins d’une heure d’autoroute. Pour les

mormons comme pour toute confession chrétienne, la Bible est l’ouvrage central de la foi mais ses

imperfections et ses interprétations doivent être éclairées par d’autres enseignements comme par

exemple Le Livre des Mormons. L’enseignement de la Bible pour la connaissance de Dieu et ses

révélations se font grâce aux prophètes et aux apôtres. Et selon l’approche donnée par le philosophe

américain du 19eme siècle Ralph Waldo Emerson, Dieu n’est pas une croyance du passé : il n’est pas

mort, il nous est aussi révélé dans les temps modernes.109 Le premier des prophètes mormons et le

107 L’ Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours, traduction du terme anglais Church of Jesus Christ of Latter-day Saints (LDS) 108 Jane LAMPMAN, He founded a church and stirred a young nation, A rich, detailed portrait of Joseph Smith, father of Mormonism, The Christian Science Monitor, décembre 2005, http://www.csmonitor.com/2005/1220/p13s01-bogn.html?s=widep 109 D’aprés la citation du philosophe Ralph Waldo Emerson devant une assemblée de la Harvard Divinity School: "It is my duty to say to you that the need was never greater for new revelation than now. The doctrine of inspiration is lost. Miracles, prophesy, the holy life, exist as ancient history only. Men have come to speak of revelation of somewhat long ago given and done, as if God were dead. It is the office of a true teacher to show us that God is, not was, that He speaketh, not spake."

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fondateur de l’Eglise en 1830 est Joseph Smith. En 1820 dans l’Up State de New-York, à l’âge de

quatorze ans, il a sa « Première Vision » : Dieu et son fils Jésus-Christ 110 prés d’un bosquet d’arbres.

En 1844, selon la croyance, Dieu appelle Brigham Young, le second prophète d’une lignée qui se

perpétue de nos jours. Le Livre des Mormons apparait comme le pendant de la Bible pour

l’hémisphère de l’Ouest avec pour point de départ 600 av. J-C l’arrivée sur le continent américain du

prophète juif Lehi venant de Jérusalem. Jésus-Christ selon la croyance mormone visitera le Nouveau

Monde, les tribus Nephite et Lamanite, un an après sa résurrection.111 De 1823 à 1827 Joseph Smith

reçoit la visite de l’ange Moroni, un ancien prophète néphite, qui lui livre la connaissance par

l’intermédiaire de plaques d’or gravées. En 1829 il voit dans ses apparitions Jean le baptiste puis les

trois apôtres Pierre, Paul et Jean. Avec ses visions et la rédaction du Livre de Mormon, le prophète

Joseph Smith entreprend ce qu’il considère comme la restauration de l’église chrétienne faisant suite

à la Grande Apostasie, la période durant laquelle elle n’a plus reçu de visite divine. Restauration ou

rétablissement et Révélation sont les éléments d’une guidance adaptée à nos temps modernes en

partie accordée aux prophètes112, à la Première Présidence113 et au Quorum des 12 apôtres, le Collège

des Douze Apôtres. Les Saints ou membres de l’église ont un credo qui diffère aussi de celui du

christianisme sur différents points comme la rejection du concept du pêché originel depuis Adam

qui n’existe d’ailleurs pas dans les églises catholiques orientales, dans le judaïsme ou l’islam. Ils ont

une différente interprétation de celle des Catholiques sur la Trinité qui est comprise comme le fait de

trois entités : Dieu le Père, son fils Jésus-Christ et le Saint-Esprit. Toutefois la Trinité a été contestée

depuis le Concile de Nicée par l’Arianisme, par certaines églises issues de la Réforme protestante

ainsi que par le courant adventiste par exemple ou par les Témoins de Jéhovah. L’Eglise de Jésus-

Christ des Saints des Derniers Jours propose selon le Livre de Mormon un plan de salut qui vise

l’immortalité avec l’accès à un des trois royaumes de gloire après le Jugement. Après la mort en juin

1844 de Joseph Smith et de son frère, assassinés à Carthage (Illinois), la direction de l'Eglise est

donnée à Brigham Young, doyen des apôtres de l'Eglise. Ce dernier va établir les fondations de

110 "This is My Beloved Son. Hear Him!" (JS—H 1:17) 111 3 Nephi, Chapter 11 112 D’aprés le commentaire de l’Elder Wilford Woodruff parlant de Brigham Young: "He is a prophet, I am a prophet, you are, and anybody is a prophet who has the testimony of Jesus Christ, for that is the spirit of prophecy" (Journal of Discourses 13:165). It follows that this spirit does not operate in every utterance of its possessor. The Prophet Joseph Smith explained that "a prophet [is] a prophet only when he [is] acting as such" (History of the Church 5:265). Encyclopedia of Mormonism, Vol. 3, http://www.lib.byu.edu/Macmillan/ 113 « First Presidency » ou Première Présidence (Un président aussi considéré comme prophète)

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l’Eglise selon les préceptes contenus dans les Doctrines et Alliances : « Organisez-vous, préparez tout ce

qui est nécessaire, et établissez une maison qui sera une maison de prière, une maison de jeûne, une maison de foi, une

maison de connaissance, une maison de gloire, une maison d'ordre, une maison de Dieu 114». Il fait traverser 1600

kilomètres de plaines sauvages au premier groupe de pionniers, qui arrivent dans la vallée du Lac

Salé ( Salt Lake City) en 1847, supervise l'immigration de plus de 70 000 personnes originaires des

Etats-Unis et d'Europe, fonde plus de 350 colonies en Utah, en Idaho, au Wyoming, au Colorado, au

Nouveau-Mexique, en Arizona, au Nevada, en Californie, au Canada et au Mexique.

Le Temple District de Redlands est le « Stake » ou Pieu auquel est rattaché la Vallée de Coachella

c’est à dire le « Ward » ou la paroisse de Palm Desert. Un président de Pieu est à la tête de chaque

Pieu qui est une division administrative regroupant habituellement une douzaine de paroisses et

plusieurs centaines de membres. Les temples comme celui de Redlands sont des lieux sacrés réservés

aux membres fidèles. Il en existe actuellement 140 dans le monde. Ils y reçoivent des enseignements

plus approfondis sur le but de l’existence et y effectuent des ordonnances pour eux-mêmes (mariage,

scellement des familles) comme pour les morts (mariage, baptêmes pour les morts). La paroisse de

Palm Desert est dirigée par un évêque, le Bishop Blaine Hendrickson. Elle est composée de plusieurs

Branches qui couvrent la Vallée tel le quartier de Bermuda Dunes ou la ville de La Quinta. Les

églises comme celle de Palm Desert servent au culte dominical, à l'enseignement religieux et aux

activités sociales ou récréatives et sont ouvertes à tous.

L’Église est engagée dans la Vallée dans l’œcuménisme ou tout du moins dans l’inter

confessionnalisme comme en témoigne l’exemple suivant. Le très important mouvement de jeunesse

Boys Scouts of America est placé dans la région sous la supervision administrative et indirectement

spirituelle de l’Eglise mormone sachant qu’une des missions essentielles du scoutisme est le Devoir à

Dieu (Duty to God). Bien que certaines activités éducatives prennent place dans les bâtiments qui lui

sont propres la troupe scout 131 de Palm Desert, composée de membres de différentes confessions

chrétiennes ou juives, se réunit dans l’Église épiscopalienne qui elle-même héberge une synagogue !

Le clergé local mormon est bénévole, non professionnel et non rémunéré. Tous les hommes

114 Organize yourselves; prepare every needful thing, and establish a house, even a house of prayer, a house of fasting, a house of faith, a house of learning, a house of glory, a house of order, a house of God;" (Doctrine & Covenants 109:8) http://scriptures.lds.org/dc/88/119a

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pratiquants reçoivent la prêtrise et exercent des responsabilités au sein de l’Église. Ils sont mariés et

pères de famille dans la plupart des cas et ont une activité professionnelle.

Le Temple de Redlands se trouve sur l’emplacement du Ranch San Bernardino ou a été établie une

première colonie en 1851 par quelques 450 pionniers. En 1857 ils sont appelés en renfort en Utah

par Brigham Young et le Pieu est dissous. Le bâtiment actuel a été édifié en 2001 dans un style

architectural typique mormon puis dédié en 2003. Il comporte une statue de l’ange Moroni à la

pointe de sa flèche. Cette colonie de San Bernardino a tenu une place importante dans l’histoire des

mormons compte tenu du fait qu’elle aida à la création d’une route logistique reliant le port de San

Pedro à Salt Lake City. Puis à nouveau une Branche est ouverte en 1895 à Los Angeles. Le nombre

d’adhérents en Californie passe alors de 230 en 1846 à plus de 755 000 en 2008 ! La Mission de San

Bernardino est ouverte en 1980 et celle de Riverside en 1990.

Il n’est pas surprenant de voir cette confession en bonne position sur la Vallée car si les Mormons

avec 1.7% de la population adulte américaine115 sont au niveau de la population juive, ils sont pour

plus de 76% d’entre eux établis dans les Etats de l’Ouest. Actuellement 13% des mormons vivent en

Californie. En contraste avec d’autres confessions comme celles des églises protestantes la majorité

de leurs membres est jeune : 66% sont en dessous de la cinquantaine. Chez les protestants et les Juifs

51% des fidèles ont plus de cinquante ans. De plus ils forment une communauté essentiellement

blanche à 86% alors que la moyenne nationale est de 71%. Mais contrairement à un stéréotype

commun, cette donnée est beaucoup plus forte chez les Juifs (95%), les protestants (91%), les

chrétiens orthodoxes (87%) mais pas chez les catholiques (65%). Les femmes forment 56% de la

communauté mais ce trait est commun à l’ensemble des confessions chrétiennes alors que l’opposé

est vrai pour toutes les autres religions. Très peu de minorités sont encore représentées chez les

mormons si ce n’est les hispaniques qui à 7% sont en augmentation.

L’Eglise a enregistré une croissance remarquable au niveau mondial si l’on considère qu’il s’agit d’une

nouvelle église chrétienne naît sur le continent nord américain. En effet en 2008 prés de la moitie

des 13 millions d’adhérents vivent en dehors des Etats-Unis. A la fin de la Seconde guerre mondiale

115 A Portrait of Mormons in the U.S., Pew Forum, 2009, http://pewforum.org/Christian/Mormon/A-Portrait-of-Mormons-in-the-US.aspx

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elle ne comptait qu’un million de membres en majorité américains. Ces chiffres d’ailleurs font l’objet

d’un débat qui ne peut cacher la réalité d’une expansion internationale et d’une redistribution

géographique aux Etats-Unis dans les états de l’ouest. L’Utah lui-même en tant qu’état fondateur est

en train de perdre sa majorité. Les statistiques générales semblent contestées, en dépit de résultats

qui font l’admiration de tous, sur le principe qu’un tiers seulement des membres attendent en réalité

le service dominical. D’après l’Encyclopédie du Mormonisme dans les années 90 le taux de

fréquentation en Amérique du Nord était de 45%, de 35% en Europe et en Afrique, de 25% en Asie

et Amérique latine116. Pour le sociologue Armand Mauss le taux de rétention est problématique

quand 50% des convertis aux Etats-Unis quittent après un an et 75% à l’étranger.117

L’Eglise est mieux considérée par les confessions chrétiennes, qu’elle ne l’a été dans le passé mais les

relations restent compliquées en particulier sur la question du baptême mormon qui n’est pas

accepté par les catholiques, les presbytériens ou les méthodistes. Reconnue comme chrétienne et

protestante par la majorité d’entre elles, l’Eglise mormone est en essor. Elle fait bien des envieux

dans un climat général religieux où le recul de la foi face au sécularisme est régulièrement brandi

comme une menace alors que les Eglises protestantes sont en déclin depuis les années 60. L’Eglise

est parfaitement établie dans la Vallée parmi l’ensemble des confessions chrétiennes et parait jouir

d’une réputation positive mais parfois les allégations de « culte » persistent. En témoigne, un incident

publié en septembre 2008 dans un journal local, the Press Enterprise, sous le titre « Coachella Valley

woman says she lost her job because she's Mormon ». Dans cette plainte la personne employée d’une agence

immobilière avançait avoir été licenciée ainsi que deux de ses collègues par discrimination religieuse.

Elle s’appuyait sur une note ambigüe de la direction rédigée en 2003 par des pasteurs d’un groupe

chrétien évangélique Sky Valley Ministries visant expressément le remplacement à terme des employés

de religions diverses comme les mormons, les Témoins de Jéhovah, de Bahaï ou New Age.118

116 D’aprés un article de Peggy Fletcher Stack « Keeping members a challenge for LDS church, Mormon myth: The belief that the church is the fastest-growing faith in the world doesn't hold up” paru le 26 juillet 2005 dans le journal The Salt Lake City Tribune, repris par http://www.rickross.com/reference/mormon/mormon254.html 117 Into the Future, Mormons prepare to name a new prophet, and confront the challenges ahead d’aprés un article d’Elise Soukup, janvier 2008, Newsweek, http://www.newsweek.com/2008/01/27/into-the-future.html 118 Coachella Valley woman says she lost her job because she's Mormon, article par David OLSON, The Press-Enterprise, septembre 2008, http://www.pe.com/localnews/religion/stories/PE_News_Local_S_mormon02.f0cc32.html

44

5. L’inventaire du protestantisme

5.1. Une mouvance protestante historique en état de siège à la recherche d’une réponse

et d’une stratégie

Le constat de réussite des mormons ou des évangéliques demeure troublant pour les Eglises

protestantes historiques qui sont celles des pères fondateurs de la nation américaine. Leur baisse

régulière souvent mis en parallèle avec la croissance de leurs éléments les plus conservateurs,

alimente en continu un débat politique qui ne cesse de les affaiblir. Les groupes religieux

conservateurs selon Finke et Stark ont toujours prospéré depuis l’époque coloniale119. Alors que les

églises protestantes congrégationalistes, épiscopaliennes et presbytériennes, qui fonctionnaient

comme des églises d’Etats dans les colonies ont eu des difficultés à s’adapter à la liberté religieuse

d’après 1776, les plus conservatrices ont eu de bons résultats. Les méthodistes se sont accrues de 3%

en 1776 à 34% en 1854. Après 1850 ils ont faiblis pour être remplacés en 1890 par les baptistes. A

partir de 1900 les nouvelles confessions ont pris leur essor que ce soit les mormons, les Assemblées

de Dieu ou les Eglises de Dieu. Puis dans les années 80 et 90 de nombreuses églises indépendantes,

des megachurches proches des évangéliques se sont développées comme les Vineyard Christian Fellowship,

Calvary Chapel, et Hope Chapel120.

Comme nous pouvons le mesurer sur la Vallée les rumeurs de vitalité qualifiées de « poches de

succès » ne sont pas malgré tout infondées121 mais ne changent en rien la tendance générale visible

au niveau national. La population du comté de Riverside a augmenté de 32% entre 1980 et 2000.

Dans la même période la majorité des dénominations chrétiennes ont eu une croissance soutenue à

l’exception de plusieurs « historiques » : Christian Church (Disciples of Christ), PCUSA (Presbytérien),

United Church of Christ, United Methodist Church122. Ces églises protestantes forment ensemble la

119 Examining the Sources of Conservative Church Growth: Where Are the New Evangelical Movements Getting their Numbers? Article par Perrin, Robin D., Kennedy, Paul, Miller, Donald E., Journal for the Scientific Study of Religion, mars 97, Vol. 36, Issue 1 120 Roger FINKE et Rodney STARK, The Churching of America, 1776-2005: Winners and Losers in Our Religious Economy, 2005, Rutgers University Press. 121 Oldline Protestantism: Pockets of Vitality Within a Continuing Stream of Decline ,d’aprés David A. Roozen ,Hartford Institute for Religion Research Working Paper 1104.1,Hartford Seminary, 2004 http://hirr.hartsem.edu/bookshelf/roozen_article5.html 122 D’aprés ARDA , County Membership Report, Riverside County, California, Denominational Groups, 2000, http://www.thearda.com/mapsReports/reports/selectCounty.asp

45

troisième composante religieuse du comté avec 39 183 adhérents bien que l’Ouest des Etats-Unis

avec 4.3% ne soit pas leur terre de prédilection comme l’est le centre Nord (13.5%). Mais elles ne

peuvent plus se comparer à l’Eglise catholique qui est majoritaire, en comparaison forte de 436 440

adhérents. Dans la tendance protestante, les évangéliques sont trois fois plus nombreuses qu’eux

avec 125 203 adhérents. Eux non plus qui constituent 8.2% de la population bien que très actifs

n’ont pas ici la popularité qui les accompagnent dans les Etats américains du Sud (24.6%).

Les groupes protestants évangéliques et les « mainlines » englobent un large éventail de théologies et

partagent de nombreuses caractéristiques en commun. Les évangéliques « ont généralement recherché une

séparation de la culture ambiante ou mainstream, ont souligné l'activité missionnaire, la conversion individuelle et

enseigné un plus strict respect des doctrines religieuses » alors que les mainline protestantes « ont mis l’accent sur

une attitude conciliante envers la modernité, une action proactive sur les questions de justice sociale et économique, le

pluralisme dans la tolérance des croyances individuelles » 123

Le terme églises historiques protestantes couvre un ensemble surnommé par le Dr. William

Hutchison les Seven Sisters of American Protestantism124. A l’origine de l’expérience religieuse coloniale

américaine elles ont connu une croissance presque constante jusqu’aux années 60. Entre 1965 et

1985 elles ont perdu prés de 30% de leurs membres souvent au profit de leurs composantes les plus

conservatrices, un phénomène mis en valeur par le révérend Dean M. Kelley en 1972125. Le sommet

en adhésion a été atteint en 1950 puis a décliné de 31 millions à 21 millions en 2005. Toutefois selon

Finke et Stark126 si nous mettons en contexte la baisse des effectifs numériques avec l’évolution

démographique, le déclin a débuté il ya deux siècles ! Leur influence reste très forte dans les Etats du

Nord Est et du Midwest américain. Les Etats du Sud sont marqués par celle des baptistes en

particulier de la conservatrice Convention des Baptistes du Sud (SBC). Pour Sylvie Gambaratto127,

devant un tel renversement de tendances et la montée en flèche d’églises et de groupements comme

123 Many Faiths of Many Regions Continuities and Changes Among Religious Adherents Across U.S. Counties d’aprés Clifford Grammich, décembre 2004, http://www.rand.org/pubs/working_papers/2005/RAND_WR211.pdf 124 William HUTCHINSON, Between the Times: The Travail of the Protestant Establishment in America, 1900-1960, 1989, Cambridge University Press. 125 Dean M. KELLEY, Why conservative churches are growing, a study in sociology of religion, 1977, Harper & Row, New York. 126 D’aprés FINKE et STARK dans The churching of America, 1776-1990: Winners and losers in our religious economy. 127 Sylvie GAMBARATTO, Pour une croissance de l'Église locale : démarches et enjeux, aout 2001, Editions Réveil.

46

les Assemblées de Dieu, les adventistes du septième jour, les Témoins de Jéhovah, L’Eglise du

Nazaréen ou les mormons, beaucoup doivent se faire à l’idée que « tôt ou tard, le paysage religieux aux

Etats Unis sera dominé par des promontoires nouveaux et différents, et que plusieurs des anciens repères familiers

seront moins proéminents ». Pour le même auteur, leur handicap mais aussi leur point fort est qu’elles ont

contrairement aux évangéliques « un grand souci de clarification de leur identité théologique ». Cette quête

aboutit à des tensions entre les sensibilités internes divergentes. Les réponses que nous trouvons

dans les plans d’actions qui leurs sont communs appellent à un réveil, à une prise de conscience, à un

rajeunissement de la moyenne d’âge des fidèles, à une meilleure intégration des minorités ethniques

mais aussi des célibataires, des familles monoparentales et des homosexuels. Un des arguments

expliquant le déclin sur lesquels se basent les opposants conservateurs reprend la théorie partisane et

réductrice de Kelley repoussée par Finke et Stark. Les statistiques de la période 1940-2000 articulent

la dégradation du courant « mainline » et une montée inexorable des Evangéliques en particulier du

pentecôtisme sans oublier des mormons et des Témoins de Jéhovah128. Par contre ils retiennent

l’explication de la croissance des éléments les plus conservateurs pouvant être expliquée en des

termes d’économie de marché car tout individu selon eux est à la recherche d’un bénéfice ou d’un

profit. En théorie les organisations confessionnelles conservatrices sont les plus coûteuses et les plus

exigeantes. Mais ce sont celles qui pour certains individus apportent le plus de satisfaction, de

bénéfice129. En tous cas ce sont ces églises qui sur deux siècles ont eu les meilleurs résultats. Pour

reprendre voir paraphraser l’humour de Finke et Stark le proverbe français « en avoir pour son

argent » traduit un concept qui se retrouve aussi dans les megachurches. Dans ce concept, un fidèle est

non seulement à la recherche d’une quête spirituelle mais aussi d’une satisfaction identitaire,

communautaire voir financière par le biais du réseau d’entraide qui sous-tend l’organisation. Un des

cas exemplaire est celui des mormons dont l’exigence demandée est non seulement spirituelle mais

aussi financière avec une contribution de 10% des revenus et de 10% de son temps pour le travail

communautaire. En retour le fidèle bénéficie du soutien sans faille de la communauté et par le réseau

d’avantages variés voir professionnels. La formule de réussite n’est pas garantie car seulement 32%

128 Finke et Stark, p.246 129 The Rewards of a Costly Faith, Finke et Stark, p. 249

47

des sectes ont pu s’établir : seulement un seul des nombreux groupes qui ont reçu l’enseignement de

Charles Taze Russell est devenu l’Eglise Témoins de Jéhovah !130

Toujours selon les travaux d’ARDA, sur le comté de Riverside, nous avons dans l’ordre

d’importance : l’Evangelical Lutheran Church in America ou Église évangélique luthérienne d'Amérique

(ELCA), l’United Methodist Church ou Église méthodiste unie (UMC). Elles sont suivies par la

Reformed Church in America ou Église réformée d'Amérique (RCA), l’Episcopal Church in the USA ou

Église épiscopale des États-Unis (EC), la Presbyterian Church (USA) ou Église presbytérienne (États-

Unis) PC(USA) et l’American Baptist Churches in the USA ou Églises baptistes américaines des Etats-

Unis (ABCUSA).131

A l’origine les premières églises protestantes construites dans la Vallée sont destinées à un

regroupement de plusieurs dénominations protestantes. Ce sont des églises communautaires, des

« Community Churches » comme celle de Palm Springs sur Indian Avenue édifié en 1914 puis détruite

en 1934. A sa construction le recensement de la ville recense n’indique que 70 personnes dont 35

d’origine européenne.132 La différence étant vraisemblablement des Indiens et quelques mexicains.

L’Église évangélique luthérienne d'Amérique dite ELCA représente 5 millions de membres aux

Etats-Unis. Avec des immigrants d’origine scandinave, hollandaise et allemande elle est notable sur le

continent autour de 1620 fidèle aux enseignements de la Réforme et à ceux du théologien Martin

Luther (1483 – 1546). En 1988 trois entités américaines se regroupent à partir de l’American Lutheran

Church, l’Association of Evangelical Lutheran Churches, et la Lutheran Church in America. C’est une église

ethnique dont les origines nord-européennes sont toujours visibles dans celle de Palm Desert. En

1961, Palm Desert inaugure un édifice de style contemporain la Hope Lutheran Church sous la

direction du révérend Daryl Bjerke puis en 1964 St John Lutheran Church avec le Dr. W.H. Westby.

L’Eglise luthérienne membre du Pacific Synod constitue la première des confessions protestantes

historiques au niveau du comté avec 7750 membres selon l’enquête ARDA de 2002. L’église Hope

130 Finke et Stark, p.249 131 Traductions faites d’après le site internet du COE (Conseil œcuménique des Églises), http://www.oikoumene.org/fr/eglises-membres/regions/amerique-du-nord/etats-unis.html 132 Heritage tales of Coachella Valley, Palm Springs as I remember it, American Association of University Women, 1976,Henrietta Parker & Carol Burket Anderson.

48

Lutheran affiche un dynamisme soutenu comme l’exprime son taux d’adhésion qui a augmenté de

35.5% entre 2001 et 2008. Toutefois son taux de fréquentation du Dimanche de 1990 à 2008 n’a

augmenté que de 29.3% alors que la population sur le quartier133 est en hausse de 39.2%.134 En 2009

elle affiche 997 baptisés, 808 confirmés et une fréquentation moyenne de 466.135 Elle n’avait que 85

baptisés à sa création en 1961. St John de moindre importance affiche en 2009 plus de 363 baptisés,

301 confirmés et une fréquentation moyenne de 239 en comparaison. Son taux d’adhésion a lui

augmenté de 54.1% entre 2001 et 2008. Son taux de fréquentation a aussi augmenté de 73.1% entre

1990 et 2008, porté par une rapide urbanisation du quartier de 178.4%. Son audience révèle un léger

déclin constant depuis 1999 qui contraste avec la constante augmentation de l’Eglise Hope.

Ces résultats positifs pourtant révélateurs d’une bonne santé locale sont en opposition avec les

résultats d’ELCA au niveau national. La chute est régulière voir accélérée depuis 1987.136 ELCA a

innové avec une politique d’ouverture au niveau de son clergé dont plus de 31% en 2009 sont des

femmes. Sa composition ethnique dont beaucoup de fidèles sont des américains d’origine scandinave

est caractéristique mais freine son expansion. L’église Hope assure depuis les années 70 un spectacle,

une « Lucia Fest » chaque 13 décembre pendant l’avent. Il s’agit d’un syncrétisme païen basé sur la

célébration de la Fête des Lumières pour la Sainte Lucie pratiqué communément en Suède. Une

procession nocturne de jeunes filles de blanc vêtues arborent sur leurs têtes des couronnes

surmontées de bougies. Une comparaison au niveau national des baptisés par ethnicité entre 2003 et

2007 ne montre aucun progrès : à 97% blanche c'est-à-dire d’origine européenne en 2003 elle est

toujours à 96.77% en 2007 malgré leurs efforts.137 L’ouverture ethnique c'est-à-dire à des minorités

non-blanches est problématique comme dans la plupart des églises protestantes historiques.

133 Statistique définie en anglais par le critère ZIP Code correspondant à un quartier, à une division géographique selon le Code postal. 134 Evangelical Lutheran Church in America Congregation Trend Report, ELCA Research and Evaluation, Source: Congregational Annual Reports, Congregation: Hope Lutheran Church Palm Desert CA 92260, Pacifica Synod, Conference: Big Bear, Year Organized: 1961 135 ELCA website, http://www.elca.org/ELCA/Search/Find-a-Congregation.aspx#&&miles=15&zip=92260 136 ELCA Membership by Year, Statistics compiled by the ELCA Office of the Secretary, http://www.elca.org/Who-We-Are/Our-Three-Expressions/Churchwide-Organization/Communication-Services/News/Resources/Stats.aspx 137 Baptized Membership of the ELCA by Race / Ethnicity, http://www.elca.org/Growing-In-faith/Ministry/Multicultural-Ministries/Resources/Racial-Makeup.aspx

49

L'Eglise méthodiste unie138 ou United Methodist Church (UMC) est une des plus importantes églises

protestantes historique aux États-Unis. Les frères John et Charles Wesley de l’Eglise d’Angleterre

après des débuts difficiles en Amérique et leur retour en Europe finissent par organiser une église

américaine qui fait une large place aux laïques et aux afro-américains. Officiellement crée en

décembre 1784 à Baltimore elle prend le nom d’Eglise épiscopale méthodiste. Le Second Grand

Réveil (1790-1840) est déterminant dans son expansion ainsi que son approche éducative centrée sur

l’étude biblique dans le mouvement des Ecoles du Dimanche, les Sunday School de 1835. C’est

d’ailleurs sur cette stratégie que s’est formée à Coachella en 1902 la première église protestante de la

vallée qui regroupait à l’origine une majorité de méthodistes et plusieurs presbytériens.

John Wesley ayant été un ardent adversaire de l'esclavage, le méthodisme américain a partagé ce

dégout pour la servitude humaine. Durant l’affrontement politique et militaire de la guerre de

Sécession elle perd jusqu’au deux tiers de ses effectifs. Mais à l’aube de la Première guerre mondiale,

entre 1865 et 1913, son ouverture d’esprit à l’égard des populations afro-américaines, hispaniques

voir amérindiennes lui permet d’enregistrer une croissance étonnante de 400% et d’atteindre quatre

millions de fidèles. Certaines de ses composantes ont ordonné des pasteurs hispaniques dès 1853,

des chinois ou des japonais des 1887 et des femmes à partir de 1889.

Du point de vue doctrinal, le méthodisme des frères Wesley soutenait une approche arminienne

selon laquelle le salut, par la grâce de Dieu, est possible pour tous les êtres humains, en opposition

avec les idées calvinistes de l'élection et de la prédestination. Vers la fin du 19ème puis au 20ème

siècle prend place, autour des questions sociales, un débat animé entre tenants du conservatisme et

libéraux. En 1980 Marjorie Matthews devient la première femme évêque. En 1939, L’Église atteint

presque huit millions de membres. En 1946 elle fédère plusieurs communautés, théologiquement

proches, pour aboutir en 1968 à la présente organisation avec onze millions de fidèles. Présente

aujourd’hui dans plus de 130 pays, elle s’est largement propagée sous la forme d’églises autonomes

depuis le 19ème siècle en Afrique, en Asie et Amérique latine grâce aux efforts de ses missionnaires.

Depuis les années 70 elle est entrée dans les turbulences, pour certains dans le déclin, avec un

effectif américain inferieur à celui qu’elle avait à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En 1960,

138 The Book of Discipline of The United Methodist Church – 2008 by The United Methodist Publishing House.

50

date du début de sa baisse, elle consiste en 5.9% de la population mais en 2008 elle atteint

péniblement 2.6%.139 En contraste ses effectifs à l’extérieur des Etats-Unis ont triplé entre 1970 et

2000 pour avoisiner 1. 5 million de fidèles.140 Au delà du débat sur les questions sociales, facteur de

division, il faut noter un élément surprenant au niveau de la composition de sa direction qui

contraste avec son dynamisme missionnaire dans le monde et sa tradition d’ouverture multiethnique.

Aux Etats-Unis la population blanche y est en proportion surreprésentée avec un clergé d’origine

européenne à 89.2 %. Pour les laïques cet indicateur est à 86.8% alors que selon l’US Census la

nation américaine n’a qu’une population blanche de 80 %. Chez les fidèles, 96 % des méthodistes

déclarent être nés aux États-Unis en comparaison à 88% de la population en général. La difficulté

d’adaptation de cette église militante qui a toujours été à l’avant-garde des défis sociaux est étonnante

surtout compte tenue de son esprit de tolérance et de ses succès dans les terres de mission d’Afrique

et d’Asie.

Bien entendu toutes les paroisses ne sont pas en déclin. Par exemple en 2007-2008, 34.7 % des

églises locales ont signalé une croissance en adhésions avec une augmentation moyenne de 3.3 % sur

l’exercice 2006-2007. En fait cette tendance se retrouve dans la majorité des églises protestantes en

baisse : « les Églises de grande taille ont tendance à croître, alors que les petites églises ont tendance à se réduire» dit

le rapport141. "La moyenne des églises en croissance est autour de 325 membres en 2008 alors que la moyenne de

celles qui rétrécissent est à 182 membres".

L’Eglise méthodiste en Californie a les mêmes éléments structuraux de faiblesse qu’à l’échelon

national dans un environnement multiculturel et multiethnique encore plus affirmé142. Pour la vallée

de Coachella le défi est de pénétrer une population en voie de rajeunissement mais aussi de plus en

plus hispanique. L’implantation de l’Eglise en Californie a débuté en 1849 à Los Angeles puis s’est

répétée en 1853 avec une tentative infructueuse faite par un couple de missionnaires Mr et Mme

Adam Bland. Aprés la Guerre de Sécession, en 1875 la Conférence de la Californie du Sud comptait

139 Trends in the Church from the Office of Analysis and Research, The General Council on Finance and Administration of The United Methodist Church, 2008, http://www.gcfa.org/Statistics_and_Records/This_is_Our_Story_2008.pdf, 140 2010 State of the Church, United Methodist Church, http://www.umc.org/site/c.lwL4KnN1LtH/b.6072819/k.2327/Membership.htm 141 The 2010 State of the Church Report et Growth in Africa outpaces decline in U.S,UMNS Report par Linda Bloom, juin 2010, www.umc.org/ 142 About California-Pacific Conference, Conference Episcopacy Committee, UMC, www.umc.org/

51

13 églises, 132 en 1900 et prés de 280 en 1939.143 La Conférence Californie-Pacifique qui englobe la

Vallée s’étend sur une région incluant Los Angeles, San Diego et Santa Barbara à laquelle il faut

ajouter Hawaï. Elle annonce dans son rapport de 2009 le chiffre de 84 816 adhérents et le District de

Riverside quant à lui totalise à la même date 8 822 adhérents. Dans la vallée nous avons quatres

églises dont une qui se nomme Desert Hot Springs Community UMC, riche de 43 membres, fondée en

1945 et dirigée par un pasteur d’origine coréenne Sung Eun Lee. Une autre est sur le quartier de Sun

City, une communauté pour personnes âgées crée en 1963. Celle d’Indio nommée Shepherd of the

Valley (Le Berger de la Vallée) avec 225 fidèles est parmi les premières églises historiques

protestantes si nous remontons à sa fondation datée de 1909. En 1918, l’Église méthodiste d’Indio

sous la direction du révérend David H. Gillan rassemblait 500 personnes. La plus importante des

églises méthodistes réside à Palm Springs crée en 1962. Forte de 246 membres, elle est dirigée par

une femme le révérend Dr. Amanda J. Burr qui a été appointée récemment en 2007. Preuve de

l’œcuménisme ambiant de Palm Springs, les méthodistes ont été hébergés de 1962 à 1965 dans le

Temple Isaiah de la communauté juive reformée. Et pour preuve de l’intérêt porté par les

méthodistes à l’action sociale, aux droits civiques et aux hispaniques, c’est dans cette église que César

Chavez le leader du syndicat agricole non-violent, figure iconique des ouvriers Mexicanos-américains

a tenu des négociations avec le patronat fermier dans les années 70.

Bien que classée en tant que troisième composante des églises historiques sur le comté avec plus de

6000 membres, l’Église réformée d'Amérique (Reformed Church in America) n’a pas de présence

reconnue sur la vallée. Il en est de même pour l’Église chrétienne-Disciples du Christ (Christian

Church (Disciples of Christ)).

En 1964, une communauté de chrétiens se rassemble à Palm Desert pour organiser l’Eglise

épiscopale puis Sainte Marguerite (St Margaret Episcopal) est édifiée en 1966 avec pour pasteur le

révérend P.J. Brownlee. L’Église épiscopale des États-Unis appartient à la famille des églises

anglicanes et possèdent moins de 2.4 millions d’adhérents au niveau national. Elle se place sur le

comté au quatrième rang des églises protestantes historiques avec 5757 membres en 2002.144 Il n’y a

pas d’Église anglicane à proprement parlé mais une association, une « communion » mondiale dont

143 Umc. history.pdf, Historical Section, California- Pacific Annual Conference of the United Methodist Church 144 ARDA http://www.thearda.com/

52

l’archevêque de Canterbury, figure symbolique, est qualifié parfois de pope anglican. Elle comprend

entre autre l’Eglise d’Angleterre, L’Eglise d’Ecosse et l’Eglise anglicane du Canada. L’ACNA (the

Anglican Church in North America) s’est séparée de la « communion » sur la question de l’ordination

des femmes au rang des évêques mais aussi tout simplement pour leur accès dans certaines églises au

rang de pasteur. L’Eglise épiscopale américaine a changé son nom suite à des divisions internes : elle

ne s’appelle plus The Episcopal Church USA mais The Episcopal Church (TEC). Dans la dernière décade

elle a perdu 11% de ses membres au niveau national et consiste aujourd’hui en 2.2 millions de

membres. Alors que seulement 26% des églises ont enregistré une augmentation significative145 43%

d’entre elles ont vu une diminution. La fréquentation moyenne au Service du Dimanche146 a baissé

de 16% en 10 ans.147 La question du déclin est bien entendue au centre des réformes de l’Eglise

épiscopale.148 Les statistiques les plus sérieuses font état d’une perte de 829 000 membres de 1967 à

2002 avec un choc significatif en 1973-1974. Depuis les années 80 elle est plutôt sur un plateau et sa

fréquentation moyenne émet des signes positifs. En comparaison avec les autres églises historiques

sa performance depuis les années 60 est plus favorable. La baisse est sans équivoque liée ici aussi au

changement structurel de la population américaine, à la chute du taux de natalité de la population

d’origine européenne qui nourrie l’Eglise épiscopale, à son vieillissement et là encore, à son manque

de diversification ethnique.149

Présente en Californie dès 1847, il faut toutefois attendre 1938 à Palm Springs pour constater une

présence établie avec l’Église Saint Paul (The Church of St. Paul in the Desert). Elle présente un nombre

fluctuant de membres autour de 550 fidèles mais avec une fréquentation moyenne en baisse proche

de 300 fidèles.150 Dès 1929 les épiscopaliens se réunissent dans l’église communautaire protestante

du village à l’ occasion de la visite sporadique d’un chapelain venant de San Pedro prés de Los

145 % of Churches Growing 10%+ in Membership (past 5 years) or % of Churches Declining 10%+ in Membership (past 5 years), http://www.episcopalchurch.org/documents/Domestic_FAST_FACTS_2008.pdf 146 Service du Dimanche ou Sunday Workshop Attendance (ASA) 147 Average Sunday Attendance by Province and Diocese 1998-2008, http://www.episcopalchurch.org/documents/ASA_by_Province_and_Diocese_1998-2008.pdf 148 Congregation Size and Church Growth in the Episcopal Church, par C. Kirk Hadaway, Director of Research, The Episcopal Church Center, www.episcopalchurch.org/.../CDR_ChurchSizeandChurchGrowth.pdf 149 Is the Episcopal Church Growing (or Declining)?, par C. Kirk Hadaway, Director of Research, The Episcopal Church Center, http://www.episcopalchurch.org/documents/2004GrowthReport(1).pdf 150 The Episcopal Church, Studying Your Congregation and Community, Data from annual Parochial Reports, Church chart, 2009, http://www.episcopalchurch.org/109378_107383_ENG_HTM.htm

53

Angeles. En 1946 sous la direction du révérend Robert M. Hogarth, la paroisse devient autonome.

De là se met en place une action missionnaire pour l’ensemble de la vallée. En 1941, St. John’s (Saint

Jean) est établie à Indio puis en 1964, comme indique au préalable, St. Margaret’s répond à

l’expansion démographique de Palm Desert. En 2007-2008 est ouverte une nouvelle chapelle

temporaire à la Quinta, L’Eglise des Apôtres ou Church of the Apostoles. Avec 85 membres, elle affiche

une fréquentation moyenne de 25 personnes qui peut s’expliquer par la baisse saisonnière estivale.

Saint Antoine du Desert (St. Anthony of the Desert)151 est fondée à Desert Hot Springs en 1987.152

Cette dernière offre un ministère original propre à l’Eglise Episcopale nomme Integrity USA qui vise

en particulier à l’intégration de tous les baptisés souvent sujets à une discrimination religieuse basée

sur leur orientation sexuelle. Ce ministère est aussi lié à la structure Oasis California, une autre

organisation épiscopalienne du même genre qui inclut aussi l’église de Palm Springs153. Elle compte

110 adhérents, un nombre qui est en hausse en 2008, mais elle affiche une baisse de fréquentation

autour d’une moyenne de 50 fidèles. Toutes les églises épiscopaliennes de la vallée sont rattachées à

une unité administrative ou Province qui englobe les Etats de l’Ouest et en particulier au diocèse de

San Diego. La Californie apparait relativement plus dynamique ayant enregistré une baisse des

membres baptisés de 6% de 1998 à 2008 contre 12% au niveau national et au 14% pour la Province !

De plus les dons pour la période 1999-2004 ont augmentés d’une manière positive de 31.2% ce qui

reflète une approche confiante de la part des fidèles.154 Bien qu’il existe des poches de vitalité avec

certaines paroisses comme St. Margaret’s la réalité de la tendance nationale ne peut être masquée.

L’indicateur « des membres baptisés actifs »155 par province et par diocèse pour la période 1997-2007

montre un déclin national de 9.7% très supérieur à celui de la Californie qui n’est que de 3.5%. Un

regard sur les statistiques du diocèse révèle une baisse légère mais soutenue en fréquentation et en

donation depuis 2000.

151 Our mission is to be a witness of God's inclusive love to the Episcopal Church and the lesbian, gay, bisexual, and transgender community, http://www.integrityusa.org/ 152 History of the Diocese , par Jarvis Nolan , http://www.edsd.org/pages/16-HISTORY/16-hist-timeline.htm 153 Oasis California, The LGBT Ministry of the Episcopal Diocese of California, http://www.oasiscalifornia.org/ 154 Average Pledge by Province and Diocese: 1999-2004, http://www.episcopalchurch.org/documents/Average_Pledge_by_Diocese_1999-04.pdf 155 Rapport Paroissial 2009, Rapport des Assemblées et Missions Épiscopaliennes, Guide pour Page 2, Membres, Fréquentation et Services, Membres baptisés actifs – Définition : Toute personne dont le baptême est inscrit au Registre des membres et rites de l’Église (Registre paroissial) et qui contribue ou participe au culte et à la vie de la communauté de l’Assemblée déclarante, fût-ce dans une large ou faible mesure, doit être considérée active et être incluse dans le compte de ce rapport. http://www.episcopalchurch.org/documents/PR_Workbook_2009_Page_2_French.pdf

54

Le futur de St. John’s Episcopal d’Indio débute en 1941 avec l’acharnement d’un missionnaire, le

Capitaine Charles Condor qui officie avec un véhicule et une caravane auprès d’une soixantaine de

baptisés. En 1948 est construit le bâtiment actuel en dur. En 2005 le père Al Murray conscient de la

nouvelle donne démographique de sa paroisse entreprend une approche multiculturelle et bilinguale

pour ses fidèles hispaniques. Ses effectifs sont aujourd’hui variables autour de 210 membres avec une

fréquentation moyenne de 80 fidèles.

Église préférée du président Gerald R.Ford, St. Margaret’s Episcopal Church de Palm Desert, dont les

premiers fidèles en 1963 tenaient un service informel dans le Fairway Café, est devenue en 2010 une

des plus larges communautés du diocèse.156 Particulièrement dynamique et œcuménique, elle compte

maintenant environ 1200 membres avec une fréquentation moyenne de 545 chaque dimanche.

Quant au général Dwight David "Ike" Eisenhower, président des États-Unis de 1953 à 1961,

membre de la Presbyterian Church (PCUSA), il aimait se rendre au service de la Community Church-

United Presbyterian ouverte à Palm Desert en 1947-48 sous l’impulsion du révérend Dean W. Miller.

Au départ, le bâtiment avant sa reconstruction définitive de 1961 sert de salle communautaire pour

la petite ville aussi bien pour la Christian Science Society que pour les sœurs catholiques.157 La Presbyterian

Church (PCUSA) ou Église presbytérienne des États-Unis est une dénomination protestante

réformée qui a pris ses racines dans la période coloniale américaine suite aux missions de l'Église

d'Écosse. Organisée en 1789, séparée en 1861 puis réunifiée en 1983 par la réunion des églises des

Etats du Nord et du Sud qui avait été divisées sur la question de l’esclavage pendant la Guerre de

Sécession. Elle est la principale dénomination issue de l'union de l'Église presbytérienne aux États-

Unis ou Presbyterian Church in the United States (PCUS) la branche du Sud et de celle du Nord, l'Église

presbytérienne unie aux États-Unis d'Amérique ou United Presbyterian Church in the United States of

America (UPCUSA). Le presbytérianisme apparait quelques vingt ans après le début de la Réforme

protestante lancée par Martin Luther en 1517. Le mouvement s’identifie alors avec la réflexion du

théologien Jean Calvin (1509-1564) demeurant à Genève en Suisse et se développe par la suite au

XVIe siècle en Écosse avec le disciple John Knox mais aussi en France par l’intermédiaire des

156 St. Margaret’s Episcopal Church , Palm Desert, California, Parish Profile 2009-2010, http://www.stmargarets.org/downloads/2009-SMECPP.pdf 157 The Story of Randall Henderson and Palm Desert, article par J. Wilson McKenney, Desert Editor, Wilmac Press, page 135, Georgetown, 1972

55

Huguenots. L'appellation d'Église presbytérienne est communément associée à l'Écosse en contraste

avec l’Église protestante d'Angleterre qui a donné l'Episcopalisme.

Le révérend Francis Makemie, venant d’Irlande en 1683 organise le premier presbytère américain à

Philadelphie en 1706. Le College de New Jersey maintenant appelé Princeton University est établi

quelques décennies plus tard. Plusieurs pasteurs presbytériens, tels que Jonathan Edwards, William et

Gilbert Tennent participent activement au Grand réveil, le « Great Awakening » (1730-1760) qui

dynamise le protestantisme du milieu du XVIIIe siècle à l’ origine du mouvement évangélique. Leur

influence est considérable et à la signature de la Déclaration d'Indépendance sera présent un

presbytérien le révérend John Witherspoon, président de l'Université de Princeton.

L’Eglise presbytérienne perd 48% de ses effectifs entre 1965 et 2007 d’après un rapport interne

intitulé « l’Eglise qui rétrécit » (The Shrinking Church).158Au cœur des divisions et de la baisse en

adhérents de l’Eglise presbytérienne se trouve, à nouveau, la querelle entre les anciens (Fundamentalist

Christianity) et les modernes (Modernist Christianity), conservateurs et libéraux. Elle aboutit en 1924 à

une division théologique illustrée par les tenants des « cinq piliers » ou « Five fundamentals » d’une part

et ceux de l’ « Affirmation d’Auburn »159 d’autre part. Depuis les années 60 la séparation s’est

accélérée avec le Mouvement des droits civiques (Civil Rights Mouvement), l’ordination des femmes et

la question sur l’homosexualité. En 1973 sur la question des femmes pasteurs un groupe se sépare et

crée L’Eglise presbytérienne en Amérique ou la Presbyterian Church in America (PCA). Toutefois

devant la fragilisation de l’Eglise presbytérienne il semble que la tendance des groupes conservateurs

encore présents soit contrairement à l’attitude du passé, de rester en son sein et de former des

groupes de réflexion comme par exemple le Confessing Church movement.160 Cette nouvelle approche

conservatrice touche aujourd’hui l’ensemble des églises historiques jugées trop libérales par leurs

158 The Shrinking Church, Jack Marcum ,Coordinator of Research Services for the General Assembly Council of the Presbyterian Church (U.S.A.), octobre 2008, http://www.pcusa.org/research/gofigure/oct08.pdf 159 An Affirmation, designed to safeguard the unity and liberty of the Presbyterian Church in the United States of America, 1924,http://www.covenantnetwork.org/sermon&papers/aubaff.html 160 Pour les Presbytériens, http://www.layman.org/Home.aspx

56

détracteurs.161 Les résultats ne s’améliorent pas en 2009 et les dernières statistiques parues montrent

une nouvelle baisse de 3% par rapport à l’année précédente.162

Un exemple local du déclin historique de PCUSA peut être observé dans plusieurs églises de la

Vallée163. Saint André d’Ecosse (St Andrew) située à Indio164 annonce dans son dernier relevé

statistique 139 membres pour une moyenne nationale de 200 membres. Son nombre d’inscrits en

étude biblique165 n’est que de 33 élèves pour une moyenne nationale de 115. L’ensemble des

indicateurs sont à la baisse sur la décade 1998-2008. En comparaison avec la moyenne nationale

cette église suit le déclin amorcé par PCUSA dans les années 60. Les mêmes tendances se retrouvent

pour Cathedral City PCUSA avec 32 membres au lieu de 70 en 1998 ou à Palm Springs PCUSA qui ne

compte plus que 80 membres pour 140 en 1998. L’église ethnique Korean Palm Springs PCUSA avec

83 membres, ouverte en 2005, parait pour sa part plus stable. Palm Desert Community PCUSA est la

plus dynamique de la Vallée. Forte de 830 adhérents, relativement stable elle s’inscrit toutefois dans

la courbe du déclin après avoir atteint un sommet en 2003. Elle affiche un grand nombre

d’indicateurs positifs que ce soit en fréquentation166ou en recrutement des jeunes.167 Ces chiffres se

reflètent dans la bonne réputation qu’elle a à travers la ville de Palm Desert.

L’histoire locale de cette communauté presbytérienne a ses racines à l’Est de la vallée dans l’œuvre de

madame Susanah McDonald qui en 1902 est à l’initiative de la première église protestante bâtie en

dur. Son évolution et son dramatique déclin a été décrit à travers de vibrants témoignages rassemblés

par un groupe de presbytériens locaux Donald et McCall Pearson en 1992.168 Construite par les

familles de pionniers du village de Coachella, un comptoir récemment créé au bord de la nouvelle

ligne de chemin de fer, qui devint le principal carrefour agricole de la vallée. Il est rapidement

161 http://www.confessingumc.org/, pour l’UMC (The United Methodist Church) ou aussi voir pour l’UCC ( United Church of Christ) http://faithfulandwelcoming.org/content/show.asp?mne=home 162 Office of the General Assembly, Stated Clerk releases PC(USA) 2009 statistics, juin 2010, http://oga.pcusa.org/newsstories/stats2009.htm 163 General Assembly Mission Council, Presbyterian Church (U.S.A.) Neighborhood Demographic Report, http://gamc.pcusa.org/ministries/research/help-demographic-report/ 164 Statistical Snapshot for St Andrew Community Presbyterian Church 165 Etude biblique ou Christian éducation 166 Taux de fréquentation ou Worship attendance 167 Taux de recrutement des jeunes ou Christian education enrollement 168 Donald & McCall PEARSON,90 years of Presbyterian History Below sea level in the Desert, PCUSA, 1992, Edited by Dennis C. Mahr

57

détrôné par le village d’Indio. Il existait bien dans ce proche village d’Indio en 1897 un pasteur, le

révérend Sylvester Mann mais il tenait son service sous une tente prés de l’école communale. Elle

inaugure dans sa maison des réunions bibliques pour les enfants, une Sunday School, le 30 novembre

1902. Encouragée par son exemple et son dévouement, la population locale en majorité blanche et

méthodiste envisage tout d’abord l’édification d’une église méthodiste. Une réponse positive contre

toute attente vient du presbytère de Riverside et non des méthodistes matériellement incapables de

répondre à cette demande. Une Eglise presbytérienne est donc construite en 1907, puis inaugurée

officiellement en 1911 avec la contribution pastorale des révérends W. B. Noble et Albert Dilworth.

Toutefois il s’agit plus au départ d’une église communautaire interconfessionnelle, une Community

Church qui s’impose comme le centre de la vie sociale et culturel de la vallée. En 1918, elle compte

une centaine d’adhérents mais son développement n’est peut être pas aussi radical que ne le laisse

penser les témoignages des journaux locaux.169 Au démarrage le recensement de 1900 pour la vallée

est faible avec 257 personnes mais en 1910 il atteint le chiffre de 899 puis en 1920 de 3764.

La vie religieuse des individus, des familles parait intense en ce début de siècle dans le désert comme

en attestent les témoignages et superstitions décrites par un exemplaire du journal Coachella Valley

Submarine du 22 mars 1918. Décrivant l’incendie malencontreux d’une maison récemment construite,

le journaliste prudemment se garde de mettre cet accident sur le compte d’une intervention divine

mais fait remarquer aux lecteurs que chaque maison construite dans Coachella à l’exception de celle-

ci fait habituellement l’objet d’une bénédiction avec prédication, chants et réunion biblique. L’Eglise

a aussi une vocation œcuménique reconnue auprès des autres confessions encore non établies. Le

journal Indio Date Palm du 12 juin 1912 relate la performance de l’orchestre indien de la Réservation

Torrez-Martinez venu en voisin dirigé par le missionnaire morovien le révérend Delbo lors d’une

Sunday school convention, une réunion pour toute la vallée. En 1914, active dans les œuvres de charité,

elle sert de centre de regroupement pour l’aide aux victimes du Premier conflit mondial vers

l’Arménie, la Belgique, la Pologne et la Serbie. Les femmes travaillent activement à la fabrication de

bandages et de pansements pour la Croix Rouge. Un tel dévouement si loin du conflit européen est

remarquable pour une petite communauté qui peuple une vallée encore bien désertique et isolée. Le

recensement de 1920 donne 3674 personnes partagées entre Indio (1187), Coachella (1016), Mecca

169 D’après les quotidiens : Coachella Valley News 1910-14 et Coachella Valley Submarine1917-30 en RCL microfilms

58

(583) et Thermal (888). En 1923, l’Église est à la tête de la lutte religieuse pour la fermeture du

Dimanche170avec le mouvement The Coachella Valley Ministerial Association. Plus prés de notre ère, en

1963, pour honorer la mémoire du Président John Fitgerald Kennedy mort assassiné au Texas, elle

organise une célébration dans le cadre de la Coachella Valley Council of Churches. La cérémonie de deuil

réunit les catholiques avec le père Lawrence Geoghan de l’Eglise Our lady of Perpetual Help d’Indio,

les méthodistes de l’United Methodist Church d’Indio avec le révérend Don Lathrop ainsi que les

presbytériens de la Palm Desert Community Presbyterian Church du révérend Dean Miller. Mais au

tournant du siècle l’église pionnière de Coachella va connaitre un changement dramatique qui se

solde par sa disparition. Le modeste bâtiment toujours présent au cœur de Coachella est devenu une

paisible librairie de quartier pour une population en majorité mexicaine. Rapidement après 1900 la

population de la vallée s’est diversifiée avec la prospérité agricole de l’Est de la vallée. Les paroisses

catholiques se sont majoritairement propagées à travers toute la vallée et différentes dénominations

protestantes se sont développées. En 1925 une église presbytérienne dirigée par le révérend Frank H.

Mixsell est créé à Palm Springs pour répondre à la demande de la population à l’autre extrémité de la

vallée à l’Ouest. Vers 1934, il existe des chrétiens (Christian Church) sur Coachella, des méthodistes à

Indio et des baptistes à Thermal. En 1980 la communauté de Coachella avec le soutien du presbytère

de Riverside et après étude des projections démographiques aboutit à un constat déchirant. Le

nombre des adhérents en moins d’un siècle s’est effondré malgré les tentatives pour attirer de

nouveaux venus et aussi ceux qui ne sont pas affiliés à une Eglise. La géographie de la vallée et son

économie se sont complètement métamorphosées. Avec l’arrivée de la route Highway 111, le village

de Coachella autrefois l’unique centre agricole a été délaissé au profit d’Indio, le nouveau centre

économique. Mais plus important encore, l’Ouest de la vallée centré sur Palm Springs et sur le boom

de l’activité touristique a attiré un tout nouveau type de population plutôt européenne. La population

blanche des pionniers de Coachella a appuyé son succès agricole sur l’apport indispensable d’une

main-d’œuvre mexicaine devenue prédominante dans les années 80. Avec le changement ethnique

apparait le changement de pratiques religieuses.

L’histoire de l’échec de cette église presbytérienne est liée à la baisse de fréquentation continuelle qui

caractérise les églises protestantes historiques américaines depuis une cinquantaine d’années et pour

170 Mouvement pour la fermeture commerciale du Dimanche ou Sunday closing plan.

59

beaucoup d’entre elles à leur inaptitude à atteindre la population hispanique au-delà de leur propre

ethnicité. Face aux changements démographiques, l’église de Coachella a tenté de s’adapter. Un

missionnaire « mexicain » ou Mexican missionnary, monsieur Welliver s’est bien efforcé d’atteindre la

nouvelle population hispanique mais sans beaucoup de résultat. En 1974 le jeune et dynamique

révérend Wiegert a repris en main la communauté, fort des nouvelles doctrines théologiques de

l’époque, en animant un ministère évangélique, un “evangelical, Christ centered ministry”. Mais rien n’y a

fait. La population blanche protestante devenue minoritaire a quant à elle maintenant d’autres

options chez les baptistes, les adventistes, les méthodistes voir même chez les presbytériens des villes

de l’Ouest de la vallée. Comme le note l’auteur d’un fascicule sur l’histoire de cette communauté, la

population des nouveaux migrants d’origine mexicaine, très catholique, « n’est pas réceptive » ! En

1982 le vieux bâtiment est vendu et la communauté d’une centaine de membres se transporte à Indio

pour construire St Andrew, un nom bien choisit pour rappeler l’origine ethnique écossaise de l’Eglise.

Les anciens vitraux de 1902 sont remontés et une vielle porte d’église achetée en Ecosse par la

famille Ross Youngs y est installée !

Témoignage de la réalité pastorale d’une époque qui n’a pas cessée d’être depuis : L’Eglise reçoit en

1984 son nouveau pasteur le révérend Dr. Stuart Alden Wood. Ce dernier avait ironiquement

consacré sa thèse de doctorat à un sujet brulant « How Mainline Churches Can Reach Non-White

Peoples ? » ou « Comment les Eglises historiques peuvent s’adresser à ceux qui ne sont pas blancs ! »

Bien que diverse, L’Église baptiste américaine des Etats-Unis ou American Baptist (ABCUSA)

n’échappe pas elle non plus au déclin des adhésions. Avec 1 358 351 adhérents en 2010, elle affiche

une baisse de 2%.171 Sa taille reste similaire à celle qu’elle avait en 1925 mais dans les années 80 elle a

atteint un sommet avec 1.6 million de fidèles. Le déclin de 15% entre les années 1994 et 2004172

n’est pas éloigné de celui constaté sur le comté de Riverside par les enquêteurs ARDA soit de 12.8%

entre 1990 et 2000.173 En comparaison il est aussi fort que celui des autres « historiques» comme

UCC ou PCUSA (12%) mais moins que chez les Disciples du Christ (21%). Son audience est

1712010 Yearbook of American & Canadian Churches, The National Council of Churches, http://www.ncccusa.org/yearbook/ 172 Recent Changes in Membership and Attendance in Mainline Protestant Denominations, Novembre 2006, http://www.pcusa.org/resource/recent-changes-membership-and-attendance-mainline-/ 173 Riverside County, ARDA, http://www.thearda.com/mapsReports/reports/counties/06065_compare.asp

60

estimée à 3961 membres sur le comté174 dans l’étude annuelle du Yearbook of American & Canadian

Churches.

Contrairement aux autres églises historiques ou aux baptistes, elle se caractérise par un critère qui

n’existe pas chez les autres : elle n’a pas de majorité ethnique ! En fait selon les données de 2006 qui

sont directement fournies par les églises adhérentes dans le système de collecte des statistiques

Baptist Churches Information Systems (ABCIS), la plus grande « minorité » est afro-américaine avec

environ 47% du total des adhésions. Le second groupe est celui des américains d’origine européenne

qui lui est équivalent à 45.5%. Le reste soit 7-8% comprend des minorités composées d’hispaniques,

asiatiques, haïtiens et amérindiens. Pour le révérend A. Roy Medley, secrétaire général de l’Église

l’enquête de l’institut Pew Forum de 2008 commet une erreur quand elle décrit cette confession

comme étant majoritairement blanche ! Il ajoute avec une pointe d’ironie : “ la vérité est que la confession

n’est majoritaire en rien ! »175

L'Église unie du Christ ou United Church of Christ (UCC) est né en 1957 de l’union de quatre groupes

religieux protestants américains. Elle a 1836 adhérents sur le comté selon ARDA en 2002 et

seulement deux communautés sur la vallée. A l’origine l’alliance se compose des Congrégations des

Eglises chrétiennes issus de la Réforme anglaise avec des racines chez les puritains de la Nouvelle

Angleterre et de la Christian Church. Concernées par le désir de garder une autonomie locale et une

liberté d’expression religieuse, elles forment en 1931 les Congregational Christian Churches. Les deux

autres confessions étaient l’Evangelical Synod of North America, une église fortement germano-

américaine du 19ème siècle et la Reformed Church in the USA, héritière des luthériens allemands et

suisses émigrés au 18ème siècle. En 1934 elles se regroupent dans l’Evangelical and Reformed Church.

174 County Membership Report, Riverside County, California, Denominational Groups, ARDA 2000, http://www.thearda.com/mapsReports/reports/counties/06065_compare.asp 175 “The 2008 Religious Landscape Survey produced by the Pew Forum which recently labeled American Baptist Churches USA (ABCUSA) as 81% white is fundamentally flawed in its methodology,” said Rev. A. Roy Medley, General Secretary of the denomination, mars 2008, http://www.abc-usa.org/Resources/AmericanBaptistNewsService/AmericanBaptistNewsServiceApr08/ABCUSARespondsToRecentPewSurvey/tabid/372/Default.aspx Remarque citée en anglais: “While the Pew Forum’s Survey results say that ABCUSA is predominantly white, the truth is that the denomination is not predominantly anything”

61

Quelques années plus tard fortes de leurs racines européennes, de leur credo et de leurs expériences

communes des Réveils américains elles fusionnent en regroupant deux millions de membres.176

L’histoire de l'Église unie du Christ située sur Palm Desert remonte à 1962. Elle possède aujourd’hui

une trentaine de membres et sa fréquentation moyenne du Dimanche est de 38 fidèles.

Contrairement à son homologue de Palm Springs l’église du pasteur Mark D. Mollet n’est pas listée

ONA (Open and Affirming Program)177, bien qu’étant « inclusive » c'est-à-dire ici ouverte à tous sans

distinction d’orientation sexuelle. Cette structure d’accueil a été organisée par le Synode de 1985 de

l’UCC.178 Cette nuance montre la diversité des opinions et des débats qui toutefois existent au sein de

l’UCC. Bloom in the Desert Ministries fondée en 2002 à Palm Springs est par contre pleinement investi

dans le ministère ONA. Il s’agit d’une alliance locale entre l’United Church of Christ et la Reconciling

Methodist congregation sous la direction du Pasteur Kevin A. Johnson. Ordonné pasteur par l’United

Methodist Church (UMC) il n’a pu, compte tenu de sa condition et du débat sur l’homosexualité, servir

cette église depuis 1982. Cette communauté n’est donc pas installée dans un édifice religieux mais

dans une salle communautaire municipale le Demuth Community Center occupé au préalable par

l’organisation de jeunesse YMCA. Avec environ 80 membres cette église annonce une fréquentation

moyenne de 48 fidèles.

Le déclin est devenu le trait commun des églises protestantes historiques, un point de repère et de

convergence de toutes les enquêtes sur le devenir des religions américaines. Une étude comparative

intitulée “Recent Changes in Membership and Attendance in Mainline Protestant Denominations » publiée en

novembre 2006 par l’Eglise presbytérienne PCUSA dresse un tableau intéressant de la problématique

à laquelle elles doivent faire face aux Etats-Unis.179 Les travaux sur la base de chiffres collectés en

2004 classaient dans l’ordre suivant les trois principales églises : United Methodist Church ou UMC (8

176 UCC History, http://www.ucc.org/about-us/short-course/shortcourse.pdf 177 ONA is "shorthand" for Open and Affirming, the designation for congregations, campus ministries, and other bodies in the United Church of Christ which make public statements of welcome into their full life and ministry to persons of all sexual orientations, gender identities, and gender expressions. 178 United Church of Christ, General Synod Resolution, 1985,Calling on United Church of Christ Congregations to Declare Themselves Open and Affirming, http://www.ucccoalition.org/programs/ona/background/1985/ 179 Recent Changes in Membership and Attendance in Mainline Protestant Denominations, Perry Chang ,Research Services , A Ministry of the General Assembly Council Presbyterian Church (U.S.A.) Louisville, KY , novembre 2006, http://www.pcusa.org/research/reports/denominational_size.pdf

62

millions d’adhérents), Evangelical Lutheran Church ou ELCA (3.7 millions d’adhérents), Presbyterian

Church USA ou PCUSA (2.4 millions d’adhérents). Un regard sur les adhésions durant la dernière

décade en remontant jusqu’en 1994 montre les plus fortes baisses pour l’UMC et à nouveau pour

PCUSA qui baisse de 12%. Parmi les églises de moindre importance la chute est de 21% pour

Christian Church (Disciples of Christ), de 15% pour l’American Baptist Churches U.S.A. et l’United Church

of Christ (UCC). Le critère utilisé pour examiner la baisse de participation, la moyenne de

fréquentation par semaine180 est le moins favorable des trois chez PCUSA ainsi que son déclin

décadaire. ELCA et UCC ne font pas beaucoup mieux seul l’UMC se maintient. L’étude signale une

accélération du déclin pour les méthodistes, les luthériens (ELCA), les presbytériens, et les

épiscopaliens à partir de 1999. L’auteur aboutit à des conclusions largement diffusées depuis cette

date mais au cœur du débat notamment se retrouve la différence de fertilité entre ethnicités, le

vieillissement des fidèles issus de la population blanche européenne, le dramatique changement

démographique de la population américaine et les conflits sur les questions sociales et politiques. Il

insiste sur le fait que cet inventaire contribuant au déclin de la participation est une caractéristique

définitivement commune à toutes les Eglise protestantes historiques.181

5.2. Venu du Sud protestant des États-Unis, le Baptisme tient une place significative

identifiable à travers la Vallée de Coachella dès la Première guerre mondiale

Aujourd’hui la majorité des baptistes sont dans le mouvement évangélique à l’exception de

l’ABC USA (America Baptits Churches in the USA) incluse dans les « mainlines ». A l’Est d’Indio, à

Thermal est édifiée en 1920 une petite église baptiste en bois. Elle comporte toutefois une des

innovations architecturales caractéristiques de la liturgie protestante américaine et des meetinghouses :

un plancher avec une pente constituant le tout premier auditorium de la vallée. Le baptisme est une

confession chrétienne issue de la Réforme protestante fondée au 17ème siècle. La plus importante

communauté se trouve aux États-Unis, forte de 38.8 millions de pratiquants, où en fait un chrétien

180 L’ « average weekly worship attendance » ou critère de la moyenne des fréquentations par semaine 181 Remarque suivante: “Researchers, Presbyterians, and other mainline Protestants ought to continue monitoring these trends[…]it seems possible that this participation decline is unique to the PC(USA) and other mainline Protestant denominations (and is not found in non-mainline denominations).

63

sur cinq est un membre d'une église baptiste. La très conservatrice Convention baptiste du Sud

(Southern Baptist Convention) est une des dénominations protestantes les plus influentes d'Amérique et

la deuxième confession chrétienne de la nation après l'Église catholique. La foi baptiste a

historiquement joué un rôle important dans la culture du Sud. C'est par ailleurs la confession

majoritaire chez les Afro-américains et il n’est donc pas surprenant de noter que Martin Luther King

était un pasteur baptiste. Aujourd'hui le mouvement est estimé entre 43 et 46 182 millions de

membres baptisés dispersés dans le monde entier avec une croissance continue en Afrique, en Asie

et en Amérique latine. Ce dernier chiffre couvre les églises qui appartiennent à l’association Alliance

mondiale baptiste (The Baptist World Alliance) mais un grand nombre d’églises baptistes dans la

mouvance de la SBC et de l’association Baptist Bible Fellowship sont en rupture avec elle. En les

additionnant, nous obtenons près de 100 millions d’adhérents repartis en 211 confessions, faisant

des baptistes la dénomination protestante la plus importante au monde. Ils constituent une

constellation d’églises, de réseaux, d’associations avec une extraordinaire variété d’approches

théologiques des conservateurs aux libéraux.

Selon les statistiques de 2008, le réseau baptiste en Amérique du Nord ou North American Baptist

Fellowship (NABF) qui couvre aussi le Canada consiste en 21 millions de membres183 . Les baptistes

des États-Unis sont organisés en 17 associations. Parmi les six plus importantes, il faut noter les

suivantes : National Baptist Convention, USA (8.5M), National Baptist Convention of America (3.1M),

Progressive National Baptist Convention (2.5M), Baptist General Convention of Texas (2.3M), American Baptist

Churches in the USA (1.3M). La SBC ou Convention des Baptistes du Sud est majoritaire en taille avec

ses 16 millions de fidèles. Il faut aussi se souvenir que si la classification ARDA est adoptée seule

l’Eglise baptiste américaine (ABC-USA) appartient aux églises protestantes « mainline » alors que

toutes les autres églises baptistes sont rattachées aux évangéliques d’une manière formelle ou non.

Fondée en marge des paroisses de l’Eglise d’Angleterre, les premières églises baptistes ont été

ouvertes par John Smyth et Thomas Helwys entre 1609 et 1612. Deux courants se forment

rapidement, celui de la prédestination, du calvinisme (Particular Baptist) qui se démarque du free will,

du libre arbitre, de l’arminianisme, du courant anabaptiste (General Baptist et Landmark Baptists). En

182 Canadian Baptist, http://www.cbwc.ca/content/view/7/10/ 183 Member Body Statistics, Baptist World Alliance, http://www.bwanet.org/bwa.php?site=Resources&id=19

64

1638, Roger Williams établi la première église baptiste en Amérique à Rhode Island, fondée sur la

garantie de la liberté religieuse absolue. Plus tard entre 1950 et 1960 un autre pasteur, le Dr Martin

Luther King, deviendra l’icône emblématique du mouvement pour les Droits civils et pour la fin de

la ségrégation raciale. Pendant l’époque coloniale et jusqu'à la fin du 18ème siècle le calvinisme

prédomine. Le 19ème avec les Réveils et l’approche évangélique voit un essor de la théologie issue de

l’arminianisme. En 1845 sur la question de l’esclavage, l’American Baptist Foreign Mission Society se

partage en deux entre le Sud avec la Southern Baptist Convention (SBC) et les Etats du Nord qui se

regroupent en 1907 dans la Northern Baptist Convention (NBC). En 1950 la NBC devient l’American

Baptist Convention (ABC) puis en 1972 l’American Baptists Churches USA (ABCUSA). Elle affiche 1.5

million de membres mais ne représente plus que 10% de la SBC. Elle est au sixième rang dans le

classement par taille des églises baptistes.184

Le révérend Fred Stumpp inaugure en 1959 l’Eglise First Baptist Church affiliée à la SBC à Palm

Desert. Puis plus tard en 1965 est ouverte par le révérend Donald C. Sturgeon l’University Baptist

Church, proche de l’université locale, affiliée à l’American Baptist Convention qui sera suivie de la

construction d’un bâtiment définitif en 1969. Une First Community Baptist Church est aussi ouverte sur

Desert Hot Springs. La Convention baptiste américaine (ABC) rattachée à la région de Los Angeles

possède un total de 138 églises pour 27840 membres. Elle compte moins d’une centaine de membres

sur la vallée repartis entre Desert Hot Springs (First Community Baptist Church) et Palm Desert

(University Baptist Church).

Pierre d’angle de la mouvance baptiste les baptistes du Sud ou Convention Baptiste du Sud (Southern

Baptist SBC) constituent la troisième force religieuse du comté après les catholiques et les mormons

avec 21857 membres et un réseau d’accueil de 64 églises.185 Ils présentent un léger gain de 0.22%

d’adhésions de 2005 à 2006186 mais accusent une très légère baisse sur l’exercice 2007-2008. La

California SBC quant à elle affiche en 2008 prés de 500 000 membres. Très diversifiée, c’est une

véritable Tour de Babel qui s’adresse en 72 différentes langues à plus de 100 groupes ethniques. Elle

a, depuis ses origines, basé sa stratégie sur l’activité missionnaire qui est de « promouvoir, des missions

184 History, http://www.abc-usa.org/LinkClick.aspx?fileticket=cgvZuPqWxVU%3d&tabid=80, the American Baptist Churches USA Website. 185 County Membership Report, Riverside County, California, Denominational Groups, ARDA 2000 186 2007 Southern Baptist Convention, http://sbcec.org/bor/2007/2007SBCAnnual.pdf

65

locales et à l’étranger, ainsi que d’autres objectifs importants reliés au Royaume du Rédempteur. »187 Elle est donc

en Chine dès 1845 puis en 1871 en Afrique, en Europe et en Amérique du Sud. Pour Sébastien Faith

les baptistes sont en généralement calvinistes, congrégationalistes c'est-à-dire attachés à leur

autonomie locale. L’assemblée est « professante et anabaptiste ». Il ajoute : « de petite minorité protestante vers

1800, elle est devenue un des principaux poids lourd du protestantisme actuel 188» et ne manque pas de souligner

sa popularité surtout dans les Etats du Sud en citant plusieurs célébrités :

« L'ancien président Bill Clinton, baptiste de l'Arkansas, et son vice-président de l'époque, Al Gore, baptiste du Tennessee, se réclament de cette étiquette protestante. Leurs coreligionnaires Jimmy Carter et Harry Truman, avant eux, ont occupé les plus hautes fonctions à la Maison Blanche. D'autres acteurs majeurs de l'histoire américaine récente sont baptistes, à commencer par le prix Nobel de la paix, Martin Luther King (1929-1968), ou l'évangéliste Billy Graham, cité à quarante-trois reprises dans les sondages annuels Gallup désignant les dix personnalités les plus aimées des États-Unis. Le télévangéliste ultraconservateur Pat Robertson, animateur de la New Christian Right, ou Nouvelle Droite chrétienne, est également d'origine baptiste… tout comme la chanteuse pop Britney Spears ! »

En 2003, l’Alliance a accueilli la Cooperative Baptist Fellowship (CBF), jugée trop libérale par la SBC, et

dont un des animateurs est l’ancien président Jimmy Carter, la « bête noire » de la droite américaine.

En 2004 la Convention baptiste du Sud (SBC) étiquetée « conservative evangelical 189» quitte l’Alliance

baptiste mondiale (BWA) dénoncée comme « mondialiste » c'est-à-dire de son point de vue anti-

américaine, engagée dans une politique de théologie libérale, trop tolérante dans le débat sur

l’inclusion de l'homosexualité et sur son ouverture au soutien de l’ordination de femmes pasteurs.

« La décision de la SBC de se retirer est un jour triste dans l'histoire de notre organisation », a déclaré Denton

Lotz, secrétaire général de l'Alliance fondée il y a 90 ans qui perd ainsi un tiers de ses membres.

L’incident illustre la dérive idéologique entre conservateurs et libéraux, républicains et démocrates,

engagée dans les années 50 et qui traverse non seulement les baptistes mais l’ensemble des

confessions américaines quelles soient chrétiennes ou juives.

L’Église centrale baptiste ou Central Baptist Church d’Indio démarre en 1949 avec une poignée de

chrétiens Born-again rassemblés au Women’s club sur la base d'une mission de baptistes du Sud et prend

le nom de First Baptist Mission of Indio. Cette communauté est formellement reconnue en 1956 dans

187 Le programme missionnaire des Baptistes du Sud : http://www.churchplantingvillage.net/atf/cf/%7BA6A80990-48C6-406D-87AC-B652EF345C76%7D/f-Southern%20Baptist%20Missionary%20Program.pdf 188 D’après Sébastien FAITH, Les baptistes, une Église professante et militante, juin 2002, Clio 2010, http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_baptistes_une_eglise_professante_et_militante.asp 189 A Participant's Perspective on the Baptist World Alliance par Art Toalston, mai 2004, http://www.sbc.net/ et www.baptist2baptist.net

66

le cadre de l’Association du Calvaire (Calvary Association) devenue depuis la Trinity Southern Baptist

Association toujours présente sur la ville. En 1960 les baptistes s’établissent durablement en

construisant un édifice, reconstruit et agrandi en 1990. Elle est aujourd’hui active sous la direction

du révérend Clint avec 289 membres. Pour mieux répondre aux aspirations de la population

hispanique est ajouté en 2002 le ministère Iglesia Bautista Central. Il faut aussi noter sur Indio plusieurs

ministères baptistes dans la même mouvance tel la New Life Community Church du pasteur Jon

Skramstad, la Wallace Memorial Family Church animée par Vernon Baumgardner comptant 45

membres, la Christian Community et Nueva Vida Iglesia Bautista du pasteur Mario Flores. A la même

époque, en 1955 est aussi fondée prés de Palm Springs, à Cathedral City, l’église First Southern Baptist

Church avec pour les hispanophones la Primera Iglesia Bautista Del Sur. Avec son pasteur James

Nimmons, elle rassemble environ 37 fidèles. Sur la ville de Palm Springs deux assemblées se

partagent la mission, la Nueva Vida Iglesia Bautista pour les hispanophones et la First Southern Baptist

Church qui elle lancée en 1974 regroupe 74 membres.190

Palm Desert voit l’établissement de son église First Baptist Palm Desert dans la même décade en 1960.

Depuis 1998 la ville de la Quinta possède l’église baptiste du pasteur Rogelio Caballero, Iglesia

Bautista Nueva Vida, qui cible en priorité la population hispanique. Coachella depuis 1980 possède

l’assemblée Iglesia Bautista Del Valle qui réunit autour de son pasteur Sergio Armijo environ 153

fidèles. A Desert Hot Springs la Family Bible Church comprend un groupe de 30 personnes avec le

pasteur John Davenport et une mission coréenne la Korean Mission ouverte en 1991.

La taille des assemblées de la vallée est en dessous de la moyenne de 125 membres donnée par

SBC191 à l’exception d’Indio ce qui est un indicateur de la disparité entre les églises baptistes et aussi

d’un succès mitigé. Elles sont en majorité constituées d’une population blanche dans 92.1 % d’entre

elles. Celles de la vallée ont par contre une forte proportion hispanique sur Palm Springs, Indio,

Cathedral City et Coachella entrant dans la catégorie des minorités la plus représentée avec 2.7%

dans la nation. Les asiatiques en particulier coréens qui figurent dans 1.3% des églises de la SBC sont

représentés surtout à Desert Hot Springs.

190 Statistiques relevées sur SBC.net, http://www.sbc.net/churchsearch/ 191 Southern Baptist Congregations Today, par Phillip B. Jones, fevrier 2001, www.sbc.net/

67

La Conférence générale baptiste ou Baptist General Conference (BGC) est classée baptiste évangélique

avec des racines dans le piétisme suédois et dans des groupes d’émigrés scandinaves qui résidaient

dans les Etats du Midwest. En 2008 la BGC prend le nouveau nom de Converge Worldwide. Elle est

membre de la puissante association évangélique National Association of Evangelicals (NAE) et de

l’association Baptist World Alliance (BWA). Comprenant environ 1337 membres sur le Comté de

Riverside elle est active sur Indio avec l’Eglise de la Trinité ou Trinity Baptist Church.192

Les autres églises baptistes que nous pouvons citer localement appartiennent à des tendances plus

fondamentalistes que celle de la Convention des baptistes du Sud. L’Eglise biblique baptiste ou

Independent Fundamental Baptist (IFB)193 en font partie. La Bible Baptist Church de Cathedral City ainsi

que la First Baptist Church de Palm Desert adhérent au courant baptiste conservateur et

fondamentaliste qui revendique une authenticité liée à l’usage unique de la Bible KJV ou King James

Version. Desert Cities Baptist Church installé à Palm Desert est un membre du réseau d’entraide The

Baptist Bible Fellowship International (BBFI). Crée en 1950 et s’appuyant sur une théologie

fondamentaliste, il s’agit d’une alliance individuelle de pasteurs plutôt que d’une association d’églises.

Les Palm Springs Baptist Church et First Baptist Church of Sun City sont à la fois adhérentes de la

Conservative Baptist Association CBAmerica)194 créé en 1947195 et de l’association NEA. Leur effectif sur

le comté avoisine 1670 membres. La plupart des églises classées indépendantes selon ARDA sont

dans la mouvance évangélique et regroupent environ 11000 fidèles sur le comté.196 Elles peuvent être

charismatiques, non-charismatiques voir fondamentalistes comme celles citées ci-dessus.

Rattachée au courant évangélique197 l’Église adventiste, qui se place au cinquième rang du comté de

Riverside avec 14 423 membres tient une place particulière parmi les confessions chrétiennes

américaines. Produit américain, crée en 1864, elle est considérée comme plus radicale par son

fondamentalisme, un rigorisme doctrinal et moral. Religion récente comme l’Eglise mormone, elle se

distingue par la place qu’elle accorde à Ellen White (1827-1915), prophétesse et visionnaire, dont

192 County Membership Report, Riverside County, California, Denominational Groups, ARDA 2000 193 Directory of IFB Churches: http://bn66.com/churches/baptist.html 194 CB Southern California, http://www.cbasc.com/ 195 CB Southern California, http://www.cbamerica.org/documents/history_CBA/CBAhistory_chap5.pdf 196 County Membership Report, Riverside County, California, Denominational Groups, ARDA 2000 197 World Evangelical Alliance, www.worldevangelicals.org/news/WEAAdventistDialogue20070809d.pdf

68

l’autorité fait comme celle de Joseph Smith parfois concurrence aux textes bibliques. Née du

mouvement « Millerite » de 1840, elle réunie en 1863 environ 3500 membres. Église « globale », elle

est suivie par 16 millions de fidèles à travers le monde mais par uniquement 1 million aux Etats-

Unis ! Elle possède sept églises sur la vallée. La plus large est celle d’Indio avec 504 membres

(hispaniques) suivie de Palm Desert avec 380 membres. Palm Springs a deux communautés dont une

de 412 membres. Desert Hot Springs offre trois églises : une hispanique de 81 membres, une

anglophone de 110 membres et une dite « Filipino » avec 150 fidèles. La vallée est une des

composantes de la Southeastern California Conference forte de 67 906 adhérents. Organisée en 1915, elle

affiche une croissance régulière en adhésion mais le taux d’adhésion est lui en baisse régulière depuis

1925.

5.3. Est- il encore trop tôt pour proclamer la victoire des évangéliques dans la Vallée ?

Bien qu’il y est une tendance à assimiler le terme évangélique ou Evangelical à celui du

phénomène de la megachurch toutes les églises évangéliques n’ont pas le même type de succès, voire

d’audience et ne sont pas nécessairement des megachurches. Avec des tailles différentes, elles partagent

des critères qui permettent une classification commune. La catégorie megachurch concerne toutes les

églises protestantes historiques ou non qui ont une présence hebdomadaire moyenne et régulière

d’environ 2000 personnes ou plus dans leurs services selon la définition donnée par le

Hartford Institute for Religion Research.198 Cette définition concerne environ 1250 églises américaines

localisées en majorité dans les Etats du Sud (48%). Dans les Etats de l’Ouest (25%) la majorité est en

Californie du Sud.199 Pour plusieurs auteurs, reprenant ce critère, s’il s’agit de mesurer une audience

et une capacité d’accueil certaines églises catholiques peuvent être classées dans la catégorie

megachurch.200 Le détail est d’importance pour toutes les confessions car une étude faite par le

National Congregations Study201 de Duke University à démontrer la relation entre la dimension de

198 Information from the online database of mega churches, Mega church research, Hartford Institute for Religion Research,2009, http://hirr.hartsem.edu/megachurch/megachurches_research.html 199 Hartford Institute for Religion Research, Profile of Total U.S. Mega churches, septembre 2008 200 How to Be a Dynamic and Evangelizing Parish, par le Pére Norman Langenbrunner et Jeanne Hunt , http://www.americancatholic.org/messenger/feb2009/feature1.asp 201 The National Congregations Study surveys a representative sample of America's churches, synagogues, mosques and other local places of worship. It gathers information about a wide range of characteristics and activities of congregations, http://www.soc.duke.edu/natcong/explore.html

69

l’église et sa fréquentation202. Une église américaine de taille moyenne reçoit 75 fidèles réguliers pour

l’office dominical. Alors que l’Amérique a une majorité de petits édifices fréquentés seulement par

11% des fidèles la majorité d’entre eux soit 50% est attirée par des églises imposantes à savoir les

10% qui ont une capacité de 350 et plus. Une autre étude intitulée Faith Communities Today Survey203

corrobore ces conclusions. Les églises protestantes de petite dimension grandissent moins vite que

les grandes. Par exemple les églises évangéliques avec une fréquentation de plus de 1000 fidèles sont

celles qui ont donné les meilleurs résultats dans les cinq dernières années.

Il faut aussi noter une tendance à donner à la définition du terme évangélique un sens plus large

allant au delà de la tradition protestante. L’Institut de sondage ARIS souligne que parmi les 76% de

la population américaine qui en 2008 se déclarent chrétiens, 45% se reconnaissent aussi en tant que

Born- again ou chrétien évangélique (Evangelical Christian). 38.6% viennent bien entendu des églises

protestantes historiques mais 18.6% sont issus des rangs des catholiques.

Les Eglises évangéliques sont identifiables selon deux critères principaux : leur affiliation et leur

approche théologique. Elles sont toutes en principe regroupées au sein de la puissante organisation

NAE ou National Association of Evangelicals qui les liste officiellement sur son site internet.204 La NAE

fondée en 1942 dans la ville de St Louis est constituée de 40 dénominations et de milliers d’églises

qui y adhèrent à titre individuel. Elle est née de la volonté de groupes conservateurs évangéliques qui

avaient subi plusieurs défaites dans les années 20 et en particulier de celle de J. Elwin Wright de

l’Eglise New England Fellowship devenu un congrégationaliste205 en 1934. En 1945, elle ne représente

encore que 500 000 fidèles venant d’une quinzaine d’Eglises. En 1960, elle double en taille et atteint

1.5 million de fidèles. Un de ses porte-parole et animateurs des plus prestigieux est incarné par le

pasteur Billy Graham. Dans la même période, au lendemain des efforts investis par les Américains

dans la conduite victorieuse de la Seconde guerre mondiale, la NAE réactive l’association World

202 Hartford Institute, What’s the size of U.S. churches? http://hirr.hartsem.edu/research/fastfacts/fast_facts.html#sizecong 203 Faith Communities Today 2000 survey of congregations, http://www.fact.hartsem.edu 204 2009 National Association of Evangelicals ,Current Denominational Members, http://www.nae.net/membership/current-members 205 The Congregationalists, The Victorian Web, Dr Timothy Larsen, Associate Professor of Theology, Wheaton College, Illinois, and Mr. Stephen Barkley, graduate student, Tyndale Seminary, Toronto, http://www.victorianweb.org/religion/larsen5.html

70

Evangelical Alliance qui datée de 1846 en World Evangelical Fellowship. En 1980, l’arrivée au pouvoir du

nouveau président Ronald Reagan, qui avait bénéficié de son appui lors de la campagne électoral,

inaugure une nouvelle ère. Le célèbre discours du président lors de la Convention d’Orlando en

Floride en 1983 lors duquel il qualifie l’Union Soviétique d’Empire du Mal (The Evil Empire) marque

une étape qui change le devenir de la NAE. Investie en politique et dans les affaires de l’Etat, du

Congrés et du Sénat, elle atteint 4.5 millions de fidèles. Son influence politique atteint un paroxysme

avec en 1992 avec le président George H. W. Bush. Toutefois l’alignement politique de la NAE sur

un seul parti c'est-à-dire les Républicains, un change en générations et démographiques, débouchent

sur un affaiblissement de l’alliance. En 2002 la NAE ne peut organiser de Convention

financièrement essoufflée. Plus de 50 ans après son envol, la NAE constate qu’elle a bénéficié des

divisons des églises protestantes historiques divisées sur les questions sociales, de l’apport de la

génération des baby-boomers nés entre 1945 et 1968, de la compétition interne avec les megachurches. En

2003 lors de la convention tenue dans l’église du pasteur Anderson à Wooddale Church d’Eden Prairie

(Minnesota) est proclamée la victoire de l’évangélisme sur le protestantisme « mainline »206 à travers le

cri de Martin Marty de l’Université de Chicago, éditeur du Christian Century. Durant un forum intitulé

le Futur de l’évangélisme américain (The Future of American Evangelicalism), Martin Marty éditeur du

journal Christian Century, porte-drapeau de la tradition protestante, fait face à l’éditeur en chef de

Christian Today, l’organe de presse de la NAE. Il s’exclame : « Vous avez gagné ! ». En 2004 les pasteurs

des « megachurches » prennent les commandes de la NAE et le rapprochement politique reprend sa

place avec la participation à la Convention de Colorado Springs du président George W. Bush. Ce

dernier déclare aux délégués207 : « Vous ne pouvez pas me soutenir mais moi je vous soutiens ! ». Depuis la

NAE reste secouée par des débats internes et des divisions sur les points identiques à ceux qui ont

affaibli les églises historiques, libéralisme social et homosexualité. Ironiquement en 2007, le président

de la NAE, Ted Haggart, pasteur de la méga-église New Life de Colorado Springs, doit démissionner

après avoir avoué son homosexualité liée à un « gay sex » scandale ! Malgré ses déboires, la NAE

206 Martin Marty of the University of Chicago and editor of Christian Century made a remarkable declaration to the convention: "You won!" By that he meant that evangelicalism had won the day and now was the major force in American Christianity. In his acknowledgement that mainline Protestantism had been eclipsed by evangelicalism as the dominant force in American Christianity, he confirmed that the open struggle between the National Council of Churches and the NAE was over, NAE, History, http://www.nae.net/about-us/history/62 207 Remarque en anglais:"You cannot endorse me, but I endorse you."

71

demeure un des principaux épicentres de la religion chrétienne aux Etats-Unis et une des forces

vives derrière l’expansion du mouvement évangélique mondial.

L’appartenance à la NAE n’est pas une obligation et bien que pour la plupart rattachées à une Eglise

existante les « sans affiliation » ou Non-denominational forment un groupe significatif autour de 34%.

La puissante Convention des baptistes du Sud (SBC) avec ses 16% et diverses églises baptistes (10%)

sont aussi au cœur du phénomène évangélique. Les Assemblées de Dieu (6%), l’United Methodist (5%)

à la fois « mainline » et évangélique, Calvary Chapel (4.4%) et toutes les dénominations dites Christian

(4.2%) complètent la catégorie.

C’est sur le plan de l’approche théologique que se retrouve le terme évangélique dans la majorité des

cas soit pour 56% des 403 megachurches étudiées dans l’enquête de 2005. Les approches

charismatiques(Charismatic) et pentecôtistes (Pentecostale) se partagent par contre 18% de l’échantillon

étudié. Parmi les critères d’identification, il faut noter que la plupart de ces églises sont dans les

zones des villes suburbaines. Cette participation massive qui a pris son envol dans les années 70

reflète donc pour certains chercheurs une réponse collective unique à des changements culturels et à

un modèle de société apparu dans les zones urbaines et suburbaines des pays industrialisés non

seulement aux Etats-Unis mais aussi en Corée du Sud ou au Brésil. Identifiables à première vue par

leur taille surdimensionnée, elles ont adopté en commun une approche théologique qui reste très

conservatrice sous un couvert marketing « branché » comme nous pouvons le voir dans la méga-

église Saddleback d’Orange County dirigée par le Pasteur Rick Warren à quelques kilomètres de la vallée

ou à San Diego avec la dynamique Rock Church. À Indian Wells, la Southwest Community Church de

pasteur Bob Thune a une approche ministérielle et un style similaire. Anciennement Evangelical Free

Church of Palm Desert, elle a été fondée en 1987 par le pasteur David Moore qui a du démissionné

suite à un scandale adultérien en 2002. De 300 membres à ses débuts l’Eglise affiche une

fréquentation moyenne dominicale de 1200 personnes parfois plus de 3000. Classée en 2001 au

25ème rang des megachurches, elle touchait à l’époque 5% de la population de la vallée. Il la décrit

comme un bâtiment qui ressemble à un lobby d’hôtel, dépouillé des « pièges des fastes religieux »,

qui peut paraitre accueillante pour un sans église, un « unchurched ». Nous sommes tous dans la

confusion et Dieu peut nous aider :

72

« The interior of the church looks like a hotel lobby," dit-il "None of the religious trappings are here. When people

drive by the place, it doesn't look like a church. I want the unchurched person to understand everything that is said. […] There is

an understanding that we are all fouled up, and God can help you."208

La Rock Church établie en 2006 à Palm Desert sous la direction des pasteurs Eddie and Dawna

Elguera est une émanation de la Rock Church and World Outreach Center de San Bernardino avec un

style moderne comparable.

Une simple observation comparative du fonctionnement des églises protestantes historiques et

évangéliques montre que les megachurches sont toujours le produit d’un pasteur avec une forte

personnalité charismatique (Senior pastor) qui insuffle un style personnel, régulièrement assisté d’une

équipe de 5 à 25 pasteurs (Associate ministers) soutenus par des centaines d’employés. Pour ses

détracteurs la megachurch bien qu’œuvrant dans un cadre conservateur au sens politique se dégage des

rigueurs théologiques qui caractérisent les églises protestantes historiques. S’agissant avant tout d’un

culte de la personnalité, la question reste de savoir si ces structures se perpétueront après le départ

de leur fondateur. Pour d’autres chercheurs le phénomène ne peut durer ce qui est en contradiction

avec leur croissance. De 350 unités en 1990 puis de 600 en 2000 leur nombre dépasse 1200 en 2010.

Leur succès au delà du charisme de leur leader repose sur une approche marketing, commerciale

bien rodée, conséquence des travaux sur les méthodes quantitatives faites par différents pasteurs et

chercheurs comme ceux de l’Ecole Church Growth créé en 1965 au Fuller Theological Seminary de

Pasadena en Californie par Donald McGavran. Le révérend Robert Schuller, fondateur de l’élegante

Crystal Cathedral d’ Orange County, ne manque pas de se situer comme étant lui-meme le créateur de

cette approche: “An undisputed historical fact is that I am the founder, really, of the church-growth movement in

this country ...I advocated and launched what has become known as the marketing approach in Christianity”. Dès

1968, il organise des séminaires pour les cadres des Eglises, des Church Leadership seminars auxquels

ont participé des pasteurs devenus fameux depuis comme Bill Hybels de la Willow Creek Community

Church, Rick Warren de Saddleback Church ou David Yonggi Cho de la Yoido Full Gospel Church qui en

Corée du Sud est suivie par 830 000 membres.209 L’approche théologique est inspirée de celle de

208 Family Matters Moore, Insight on the News, juin 2001 par Julia Duin, http://findarticles.com/p/articles/mi_m1571/is_23_17/ai_75706949/ 209 Erica Reyna ROBLES, Mediating eternity: The Crystal Cathedral and God's place in a network world ,2009, Stanford University, http://gradworks.umi.com/33/64/3364448.html

73

l’esprit d’entreprise américain, d’un capitalisme revisité pour servir Dieu et atteindre les

consommateurs de religion. Southwest Community Church est une bonne illustration de cette pastorale.

Elle est à la fois membre de l’EFCA (The Evangelical Free Church of America) et de la NAE (National

Association of Evangelicals) avec deux autres églises locales de moindre dimension Grace Church à

Desert Hot Springs et Nueva vida- New life à Indio. Elles ont toutes la particularité de s’adresser à la

diversité démographique de la vallée et à la communauté hispanique. Comme le précise le « mission

statement » de Grace Church : elles sont « intentionnellement bilinguales, multiculturelles et intergénérationnelles ».

Grace Church est dirigée par le Dr. R. Bruce Montgomery et Nueva Vida par le pasteur Pablo Cachon.

Cette dernière n’a pas de local propre et se réunit dans la salle communautaire Indio Performing Arts

Center.

L’EFCA a été formée le 18 juin 1950 par la fusion de deux églises américaines scandinaves fondées

en 1884 dans la tradition évangélique du 19ème siècle : the Swedish Evangelical Free Church of America et

the Norwegian-Danish Evangelical Free Church Association. Elles représentaient à l’époque de leur alliance

un réseau de 275 églises. Le travail évangélique a commencé avec des « preaching stations » avant la

création d’édifices dans l’Ouest dès 1908. En 1929 est officialisé le District de Los Angeles puis en 2003

est mise sur pied l’organisation régionale EFCA West afin de multiplier les églises mais aussi de

préserver leur autonomie. De taille modeste, Cornerstone Covenant Church à la Quinta est sous la

direction du pasteur Chris Hushaw. Elle a rejoint en 2007 une autre association évangélique « the

Evangelical Covenant Church » ou ECC fondée aux Etats-Unis par des immigrants suédois venus de

l’Eglise luthérienne.210 Ayant débuté en 2005 avec une trentaine d’adultes, sa fréquentation moyenne

est autour de 120 personnes.

Dans le cadre de l’organisation évangélique NAE se côtoient un grand nombre d’églises

pentecôtistes et charismatiques. L’Assemblée de Dieu ou Assemblies of God211est rattachée au district

de la Californie du Sud 212(Southern California District Council of the Assemblies of God) formé en 1919 et

installé actuellement à Irvine sur le comté d’Orange. Le district de la Californie du Sud supervise

210 The Evangelical Covenant Church, http://www.covchurch.org/home 211 Assemblies of God USA , http://ag.org/top/ 212 Southern California District Council of the Assemblies of God, http://www.socalag.org/aboutus/overview

74

selon les résultats de 2009 un ensemble de 431 églises avec 82 112 membres.213 En 2008 elle

comptait 75 032 adhérents. Un des temps forts de l’histoire du mouvement pentecostal prend place

à Los Angeles dans la rue Asuza en 1906 sous la direction du pasteur afro-américain William J.

Seynour adepte de Charles Parham de la Bible Bethel School au Kansas. Les Assemblées s’organisent et

se fédèrent en 1912. L’Eglise américaine avec trois millions de membres est résolument tournée vers

le monde où elle compte maintenant plus de 61 millions de fidèles. Il est intéressant de voir que sa

croissance se fait à l’extérieur plus que sur le territoire américain. A titre indicatif elle a évolué de

2.1 millions d’adhérents en 1987 à 2.9 millions en 2008 alors que pendant la même période en terre

de mission son audience s’est accrue de 15.8 millions à 52.8 millions de membres ! Un regard

comparatif entre les exercices 2008 et 2009 révèle un taux de croissance de 0.5% aux Etats-Unis

mais un taux cinq fois supérieur dans le reste du monde.214 Les conversions sont en baisse au niveau

national de 12.6% entre 1989 et 2008. En Californie la fréquentation moyenne du dimanche est

positive avec une augmentation de 19.7% entre 1998 et 2008.215 Son audience n’a pas de forte

majorité blanche (46%) mais une large minorité hispanique de 35% de la population. Selon ARDA

2000 l’augmentation pour la décade sur le comté de Riverside, avec 45% est supérieure à celle au

niveau de l’état de 18%. Un réseau d’une dizaine d’églises est listé sur la vallée. Sur la ville d’Indio se

trouvent deux églises : Abundant Life Church of the Assemblies of God et First Assembly of God, animées

respectivement par les pasteurs Ronan R. Munoz et George T. Winney. Sur la ville de Cathedral City

deux églises se partagent la pastorale : Cathedral of the Valley Assembly of God et Templo Victoria of the

Assemblies of God des pasteurs Douglas Young et Alex S Najar. La ville de Coachella et ses environs a

aussi une large couverture avec Templo Victoria of the Assemblies of God, Templo La Hermosa of the

Assemblies of God of Coachella, The Promise Church, Salton City West Shores Assembly et Centro Cristiano De

Las Asambleas de Dios. De même Desert Hot Springs et ses environs possèdent deux assemblées :

Christian Center of Desert Hot Springs dont les débuts remontent à 1967 et Shadow Mountain Assembly of

God. Il faut constater que la répartition géographique de ce réseau correspond en priorité au parties

de la vallée dans lesquelles la population est majoritairement ou presque hispanique. L’Eglise de

213 Statistics on the Assemblies of God (USA), http://ag.org/top/About/statistics/index.cfm 214 Vital Statistics of the Assemblies of God, http://agchurches.org/Sitefiles/Default/RSS/AG.org%20TOP/AG%20Statistical%20Reports/2009%20Statistic%20Summary%20of%20the%20Assemblies%20of%20God(landscape).pdf 215 AG Worldwide Churches and Adherents,1987-2008, htp://agchurches.org/Sitefiles/Default/RSS/Statistics_2008_public.pdf

75

l’Assemblée apostolique dans la foi en Jesus Christ ou Apostolic Assembly of the Faith in Christ se

rattache au même courant pentecôtiste et en particulier au Réveil californien Asuza de 1906.

Entièrement hispanique, organisée officiellement en 1930, elle a une poignée de communautés sur la

vallée à Cathedral City, Coachella, Desert Hot Springs et Mecca.

Appartenant à l’Eglise du Nazaréen (Church of the Nazarene216) nous avons une communauté sur

Cathedral City et une à Indio. Indio Las Palmas créé en 1939 compte 244 membres en 2010 pour 144

en 1985 mais son taux d’adhésion217 pour la dernière décade est négatif de -5.79%, de même que son

taux de fréquentation dominicale à -6.35%. Précédemment en 2000 elle avait atteint 259 membres.

Curieusement cette église dans une ville avec une population à majorité hispanique est à

prédominance blanche ce qui peut expliquer ses faiblesses218 ! Pour Palm Springs Church of the

Nazarene située par contre sur Cathedral City les statistiques sont encore plus mauvaises. Créée en

1975 elle ne compte que 52 membres actifs mais son maximum atteint en 2001 était de 83 membres.

Ses taux sur la dernière décade sont respectivement -31.58% et -19.40%. Sa population est blanche

vraisemblablement âgée. Il faut noter qu’elle vient de démarrer une mission pour les hispaniques

dans le même édifice qui compte déjà un nombre équivalent de membres actifs. S’il est vrai que

l’Eglise compte aujourd’hui 1.9 million de fidèles la croissance se fait en dehors des Etats-Unis. Son

nombre d’adhérents a augmenté de 45% entre 1999 et 2009 mais uniquement de 2.48% sur le

territoire. A l’international l’augmentation est de 84% ! Un regard comparatif 2008-2009 confirme

cette faiblesse avec 0.12% contre 9%. Le district de la Californie compte 9281 membres. L’enquête

ARDA 2000 souligne pour la décade une croissance sur le comté de 1.3% alors que la Californie

enregistre une baisse de 3%.

Eglise à vocation mondiale, et membre de l’EFCA (The Evangelical Free Church of America), l’histoire

de l’Eglise du Nazaréen est notable aux Etats-Unis où elle est officialisée en 1908. Son travail a

commencé bien avant 1898 en Asie puis en Amérique Centrale et du Sud voir en Afrique. A la fin de

la Seconde guerre mondiale, en 1945 elle se répand dans la zone australe et le Pacifique du Sud puis

216Church of the Nazarene, http://www.nazarene.org/ministries/display.aspx 217 Community demographics US, Church of the Nazarene, http://www.nazarene.org/ministries/administration/researchcenter/fastfacts/display.aspx 218 Summary Report, Indio Las Palmas Community Church of the Nazarene, Southern California District, http://app.nazarene.org/FindAChurch/viewReport.jsp?reportId=21184&orgId=6497

76

en Europe en 1948. Elle a ses racines dans le Réveil évangélique du 18ème siècle mené par John

Wesley et ses adeptes ainsi que dans le mouvement de Sainteté (Holiness) du 19ème siècle où se

côtoient le méthodiste Charles Finney, le presbytérien William Boardman, le baptiste A. B. Earle et

l’évangéliste quaker Hannah Whitall Smith.219

Valley Christian Assembly de Palm Desert et Victory Christain Center de Rancho Mirage sont deux autres

églises pentecôtistes membres de la FCA ou Fellowship of Christian Assemblies créés dans les années 80

dont les racines sont aussi celles du Réveil wesleyen, de scandinaves baptistes et de l’influence de

William Durham. L’Eglise missionnaire (Misionary church) du pasteur Nemias Hernandez anime sur la

ville de Coachella le Centro Libre Cristiano de type pentecôtiste. Le nom a été pris en 1969 suite a la

fusion de deux églises évangéliques : la Missionary Church Association et l’United Missionary Church. Cette

dernière était connue jusqu’en 1947 comme étant la Mennonite Brethren in Christ formée dans l’Ohio à

Dayton en 1883. Elle est née d’une séparation de l’Eglise mennonite liée à la décision prise en 1850

par le pasteur Joseph Ramseyer de pratiquer le baptême par immersion en temps que « Born-again ».

Rock Christian Fellowship de Palm Desert qui comme son nom l’indique a une approche pastorale

basée sur le ministère des jeunes et la musique de préférence moderne est une Open Bible Church.

Cette association a pour origine deux mouvements du Réveil : la Bible Standard Conference fondée en

Oregon en 1919 et l’Open Bible Evangelistic Association fondée en Iowa en 1932.Très similaires en

doctrine et en structure les deux ont fusionnés en 1935. Nous retrouvons là aussi l’influence

pentecôtiste du Réveil Asuza de Los Angeles de 1906. Quant à la Providence Presbyterian Church du

Révérend Clayton Willis située sur Palm Desert elle appartient à L’Eglise presbytérienne en

Amérique ou Presbyterian Church in America (PCA). Elle est issue en 1973 d’une séparation de l’Eglise

presbytérienne jugée trop libérale formée en 1861, qui elle-même a rejoint l’Eglise presbytérienne

PCUSA en 1983220. Parmi les autres églises de la vallée qui se rattachent aux évangéliques nous

pouvons citer l’association the Christian & Missionary Alliance qui a deux églises, une sur Cathedral

City nommée Northgate Community Church et la Palm Springs Cambodian Evangelical actuellement

hébergée à Indio par l’église baptiste de la Trinite (Trinity Baptist Church).

219 Église Protestante du Nazaréen, Membre de la Fédération Protestante de France, Exposé historique de l’église du Nazaréen, http://www.nazareen.fr/ 220 The Presbyterian Church in America, https://processor.pcanet.org/ac/directory/directory.cfmb , http://www.pcanet.org/general/history.htm

77

Cette alliance regroupe 4 053 435 fidèles dans le monde221. Sa fondation est née des convictions du

pasteur presbytérien A. B. Simpson222 qui en 1884 envoie une équipe de missionnaires au Congo.

C'est cet esprit qui définit l’Alliance comme le décrit le Dr. L. L. King : « c’est la mission qui fait l’Eglise

et non pas l’Eglise qui fait la mission ».223

Issue du mouvement pentecôtiste Vineyard, The Vineyard Church à Rancho Mirage poursuit l’œuvre

de l’évangélique conservateur John Wilmer développée entre 1970 et 1997224. A Cathedral City,

l’Eglise wesleyenne (Wesleyan Church) est représentée par une organisation hispanique, l’Iglesia

Wesleyana Rios d’Agua Viva. L’Eglise wesleyenne formée en 1968 est constituée d’environ 400 000

fidèles à travers le monde. Ses racines sont dans le méthodisme de John Wesley et de l’église

américaine constituée en 1845 particulièrement investie dans la répudiation de l’esclavage.

Le dynamisme du mouvement évangélique apparait aussi dans ses ministères. Il s’est doté depuis

2004 d’un mouvement fédérateur the Festival of Life Coachella Valley créé sur l’initiative du pasteur Dr.

Paul Cedar, ancien président de l’EFCA (Evangelical Free Church of America) et collaborateur de Billy

Graham, aidé de pasteurs du ministère Mission America Lighthouse. Depuis cette date l’alliance est

devenue le LOV Movement (Lighthouses of the Valley). En coordination avec le réseau Spanish Speaking

Pastors Alliance le groupe s’est élargi à une centaine de pasteurs qui se réunissent tous les mois.

Chaque année en avril le groupe LOV organise un événement majeur, le Festival of Life, auquel

participent des milliers de personnes.

L’inventaire dressé sur la vallée de Coachella montre la disparité du mouvement évangélique et du

risque de stéréotyper le débat entre évangéliques et protestants historiques. Derrière la façade dorée

de la megachurch, le culte de la personnalité des pasteurs, une religion aux allures de showbiz, des

statistiques grandioses existent une diversité de situations voir de faiblesses. Pour ces raisons de plus

en plus d’évangéliques pensent percevoir en ce qui concerne l’avenir du territoire américain un déclin

programmé aussi certain que celui des églises historiques. Un article du journal The Christian Science

221 2008 Statistical Report, http://www.cmalliance.org/about/family/statistical-report.jsp 222 The Alliance, http://www.cmalliance.org/about/history/simpson 223 “Was not established as a mission divorced from the normal activity of a church, but a church which had within it the life and function of a mission…. The mission came first and the church grew out of a mission.” 224 Vineyard USA, http://www.vineyardusa.org/site/

78

Monitor n’hésite pas à titrer un article provocateur sur cet effondrement annoncé « The coming

evangelical collapse !»225 L’auteur entre autre cite parmi les raisons le détournement politique voir

« conservateur », la motivation pour une cause plutôt que pour la foi : « We fell for the trap of believing in

a cause more than a faith ». De plus pour lui la culture biblique, la connaissance théologique, le « gospel »

ont été délaissés au profit d’une culture centrée sur les jeunes chrétiens qui privilégie la musique et

les médias. Pour un autre article tiré du blog évangélique Internet Monk226, le déclin a déjà commencé

si l’on en juge par une analyse des chiffres recueillis par ARDA entre 1990 et 2000 et par

l’observation de la pyramide des âges préparée par l’organisme ARIS. Ces observations révèlent que

l’impact du vieillissement de la population devrait toucher en premier les baptistes alors que la

croissance se fera chez les chrétiens sans affiliation (non denominational affiliation) dont les 2/3 sont en

dessous de l’âge des cinquante ans. Selon une autre enquête, intitulée National Congregation Study, nous

pouvons déduire que 50% des églises américaines ont moins de 75 fidèles en moyenne pour le

Service du Dimanche matin (2006-2007). Personne n’échappe à ce phénomène de l’âge qui s’étend

des églises historiques aux églises évangéliques. Le bouleversement par contre devrait profiter au

courant pentecôtiste et charismatique qui a grandi de 41% en 18 ans selon ARIS. Leur approche

théologique est d’ailleurs d’après l’auteur un style en vogue adopté par bien des églises protestantes

mais aussi parfois catholiques. Une étude227 de 1997 trace l’origine des adhésions dans les populaires

nouveaux mouvements évangéliques californiens présents dans la région, les NEMs (New evangelical

movements) tel Vineyard, Calvary et Hope. Il apparait que ces Eglises recrutent en suivant trois

stratégies : par conversion de personnes « sans église » (plus de 30%), en attirant des évangéliques qui

font du « shopping » mais surtout par un transfert d’adhérents venus des églises protestantes

« mainlines » (44%) et des catholiques (12%). Comme nous l’avons vu sur l’inventaire religieux de la

vallée cette approche est mieux adaptée à la nouvelle donne démographique des Etats-Unis à la fois

plus multiethnique et multiculturelle. Ces observations sont confirmées par de nombreuses études

publiées dans la dernière décade. Un résumé présenté par le Hartford Institute for Religion Research à

partir de la publication de l’année 2006 du Yearbook of American and Canadian Churches en donne une

225 The coming evangelical collapse, par Michael Spencer , mars 2009, http://www.csmonitor.com/Commentary/Opinion/2009/0310/p09s01-coop.html 226 The Evangelical Collapse: A Statistical Analysis Part II par Michael Bell, http://www.internetmonk.com/archive/the-coming-evangelical-collapse-a-statistical-review-by-michael-bell 227 Article par Perrin, Robin D., Paul Kennedy, et Don Miller "Examining the Sources of Conservative Church Growth: Where are the New Evangelical Movements Getting their Numbers?” 1997, Journal for the Scientific Study of Religion Vol 36:1.

79

parfaite illustration. Tout d’abord nous pouvons y relever que les églises historiques protestantes ont

perdu de 1965 a 2005 entre 46% de leurs membres (PCUSA) et 15% (ELCA).Dans la même période

chez les protestants, la Convention des baptistes du Sud (SBC) s’est accrue de 51%, l’Eglise du

Nazaréen de 84% et les Assemblées de Dieu (AOG)de 182%. Et plus l’Eglise est « libérale » plus le

déclin parait garanti si nous nous en referons aux cinquante dernières années de 1950 à 2005. La

catégorie « Liberal protestant » qui inclut par exemple les épiscopaliens ou les presbytériens chutent de

24% suivie par la « Moderate protestant » tel les luthériens à 6%. Les gains les plus enviables sont dans

la catégorie « Conservative protestant » avec une croissance de 117%, la « Pentecostal & Holiness

Protestant » avec 290%. Arrivent en tête de toutes les catégories, les mormons avec un remarquable

375% ! Dans cette analyse les catholiques affichent un 141% de croissance.228

6. L’Eglise catholique, un poids lourd dans l’Etat, dans le Comté, dans la Vallée qui résiste

et s’adapte aux défis

Confirmant la « catholization of the USA229 » elle est majoritaire en Californie comme elle l’est

maintenant dans 36 états américains. Avec 65.6% de la population du comté de Riverside230 l’Église

catholique est la première force religieuse de la région de Palm Springs en nombre d’adhérents soit

environ 436 440 membres.231 De 1980 à 2000 elle a multiplié ses membres par cinq. En tant

qu’Eglise, en dehors d’alliances ou de mouvements elle caracole en tête suivie mais loin derrière par

L’Église des mormons qui réunit plus de 34000 membres. En comparaison l’alliance des églises

évangéliques ne correspond qu’à un tiers de la population catholique. De 1980 à 2004 le pourcentage

de la population catholique pour le diocèse de San Bernardino qui inclut la vallée est passé de 17.3%

à 28.6%. Ce chiffre est supérieur au 23% de la moyenne nationale pourtant sensiblement constant

228 What denominations are gaining members and what denominations are losing members? Hartford Institute for Religion Research, http://hirr.hartsem.edu/research/fastfacts/fast_facts.html#growlose 229 Selon un terme de Mme B. Rigal-Cellard, Religions et Sociétés, Religion in the USA : history, doctrines, social and political functions, Université de Bordeaux 3, Edition 2006 230 Source: Jones, Dale E., 2002, Congregations and Membership in the United States 2000, Nashville, TN: Glenmary Research Center. 231 ARDA 2000

80

depuis 1965.232 Les statistiques de 2009 s’inscrivent dans une légère tendance à la baisse avec 22%233

pour la moyenne nationale. Chiffre problématique et casse-tête pour les catholiques, le nombre de

prêtres et de nonnes pour la servir n’a cessé de chuter par manque de vocations depuis 1968. De 1

pour 1339 catholiques, il est maintenant proche de 1 pour 4168. Comme indiqué dans les notes

précédentes sur les Indiens, l’histoire de l’Eglise locale est étroitement liée à la colonisation

espagnole et mexicaine de la Californie. Les Indiens de l’intérieur ont eu de brefs échanges

commerciaux et culturels dés 1809. Quelques enregistrements de baptêmes de la mission San

Gabriel de familles Cahuillas d’Agua Caliente vivant à proximité de Palm Springs dans le lieu-dit

Whitewater Canyon en témoignent. Sur la réserve des Torrez-Martinez à l’ouest de la Vallée prés du

village d’Indio234 un missionnaire catholique utilise en1890 une structure légère construite à la

manière indienne, un abri aux murs en boue séchée et au toit en feuilles de palmiers. Il est suivi en

1904 d’une modeste chapelle baptisée Sacré-Cœur de Jésus et de Marie (Sacred Hearts of Jesus and

Mary). Au début les missionnaires font la route depuis Banning, un village étape sur la route de

Riverside, où existe en 1890 l’église du Précieux Sang (Banning Precious Blood). En 1893 l’Église

catholique restructure son organisation dans le cadre de la création du comté de Riverside. Alors que

par le passé certaines portions de la vallée dépendaient à la fois de San Diego et de San Bernardino,

elle passe sous l’administration du nouveau diocèse de San Bernardino. A partir de cette date est

engagée une politique active de créations de paroisses. Dans les années 20 : Indio, Palm Springs 235 et

en 1912 à Palm Springs la chapelle indienne du père Florian devient la paroisse Notre Dame de

Guadeloupe (Our Lady of Guadalupe). Elle sert 356 familles. Quelques années plus tard en 1929 est

ajoutée Notre Dame de la Solitude (Our Lady of Soledad) qui sert 650 familles. En 1923 une église du

même nom est fondée sur Coachella. L’église de Coachella, paroisse quasiment hispanique avec 6000

familles enregistrées, est un des points clés de la vallée pour le pèlerinage à l’attention de Notre

Dame de Guadeloupe. Entre les deux conflits mondiaux est établie en 1934 à Indio l’Eglise Notre

Dame du Perpétuel Secours (Our Lady of Perpetual Help). Apres la Seconde Guerre mondiale chaque

décade voit de nouvelles fondations au gré de la poussée démographique. En 1948 c’est l’Eglise St

232Catholic Church in the United States,1965-2003, http://www.usccb.org/comm/USStatsJune2005.pdf 233 The Official Catholic Directory 2009, P.J. Kennedy & Sons, New Providence, NJ. 234 Coachella Water District Special 75th anniversary, Edition review 1991-1993 235 Founders of Faith Diocese of San Bernardino, Tenth Anniversary 1978-1988, Bruce Harley, Diocesan archivist , novembre 1988

81

Louis à Cathedral City et l’Eglise Sainte Thérèse (St Theresa) qui vient compléter Palm Springs. A

cette date la paroisse Ste -Thérèse rattachée au Diocèse de San Diego ne possède qu’une

cinquantaine de familles. En 1968 elle est remodelée dans sa configuration actuelle. St- Louis est

fréquentée par 1083 familles et jusqu'à 3000 personnes durant les services de la saison touristique

d’hiver. Cette église a expérimenté une forte croissance en 60 ans comme en atteste une paroissienne

qui s’en complaint quelque peu mais qui reconnait son caractère accueillant et chaleureux :

“Growth is good and bad. It is good because there is always something going on but it can be bad because the growth may be

more than the church can hold,” dit Luna. “I have gone to other churches before only to come back to Saint Louis. Other

churches don't feel the same. Our parish is warm and welcoming.”236

Sa réussite comme celle de la plupart des autres paroisses est liée à la diversité des ministères que

l’on peut y trouver : The Powered By Christ and Groupo Amigos ministries pour les jeunes, the Inland

Congregations United for Change pour les émigrés sans papiers, the Italian Catholic Federation qui collecte

des aides financières pour l’éducation ou the church's Women's Ministry à destination des pauvres et des

mal nourris. L’Eglise située au cœur d’un quartier ouvrier et de migrants a connu dans le passé la

visite de célébrités. Le chanteur Frank Sinatra aimait s’y rendre et lui donna une statue de Saint

Antoine. Il y amenait à la messe ses amis tel le défunt couple princier Grace Kelly et le prince Rainier

de Monaco.

L’église Élisabeth d’Hongrie avec 1509 familles en 2010 soit prés de 3000 adhérents sur Desert Hot

Springs a débuté en 1944-45 avec une mission et des messes faites à domicile. L’édifice actuel

terminé en 1995 a succédé à celui de 1949. Les années 60 avec les réformes de Vatican II sont

marquées par un déclin en vocations et par des fermetures d’églises voir d’écoles dans le comté.

Malgré tout la vallée s’enrichit en 1964 de deux chapelles avec Notre Dame de Guadeloupe sur

Mecca devenue paroisse en 1986 et en 1965 avec St-Vincent dans le quartier de Sun City. Avec les

années 70 le dynamisme revient : La Quinta en 1974 se dote de sa propre paroisse et Palm Desert

s’enrichit en 1987 de l’église le Christ du Desert (Christ of the Desert) dont la vocation est au départ

orientée vers les étudiants de l’université College of the Desert. Elle affiche une fréquentation moyenne

de 250 familles. Avec 3300 familles enregistrées St-François d’Assise (St. Francis of Assisi) par son

236 Church's reach knows no boundaries , Tamara H. Sone, Special to Cathedral City Sun , 21 mai 2010, The Desert Sun

82

architecture classique, terminée en 1984, qui évoque l’architecture de Toscanie domine l’entrée de la

ville de la Quinta. Fondée en 1956, l’église du Sacré-Cœur (Sacred Heart) de Palm Desert sous la

direction du père Howard A. Lincoln est au cœur du dispositif catholique de la vallée avec plus de

4500 familles enregistrées. Visitée par le président John Fitzgerald Kennedy trois semaines avant son

assassinat, elle a une forte influence spirituelle sur la vallée. Elle s’appuie sur de nombreux ministères

à l’attention d’une audience multiethnique et d’un système éducatif réputé. Ce dernier est renforcé

depuis 2006 par le nouveau lycée jésuite Xavier. La diversité des ministères qui caractérisent le Sacré-

Cœur inclut des services avec la messe en latin de Saint Pie X.

La latinisation de l’église catholique en Californie par une forte population hispanique est apparente

dans l’essor des traditions qui s’inscrivent dans la pratique courante de la foi dans la vallée comme le

pèlerinage annuel de ND de Guadeloupe évoqué dans le chapitre sur les Indiens. Selon la tradition

les marcheurs, plusieurs milliers de fidèles catholiques, ainsi que des camions transportent des statues

bariolées et des portraits à l’effigie de la Vierge ou « Pérégrinas ». Le cortège est ethniquement marqué

avec de nombreuses inscriptions en espagnol tel que « Que viva la Reina de los Mexicanos ». La

procession qui prend maintenant place dans la plupart des villes des Etats-Unis ayant une population

d’origine mexicaine, célèbre l’apparition de la Vierge Marie en Décembre 1531 au jeune paysan Saint

Juan Diego à Tepeyac (Mexique). L’auréole et l’image de la Vierge qui caractérisent la « Pérégrina » est

celle qui a été selon la croyance imprimée sur son « tilma » ou cape. Des similarités entre l’apparition

de la Vierge à Lourdes à Bernadette Soubirous et la vision de Juan Diego sont souvent mises en

avant. Notre Dame de Guadeloupe a joué un rôle important dans la conversion rapide de la

population indienne en particulier des Aztèques. La représentation iconographique de la Vierge

reprend d’ailleurs une codification païenne avec un graphisme et des couleurs propres à une

symbolique présente dans la croyance Aztèque. Elle a dans l’histoire du Mexique un rôle populaire,

nationaliste et révolutionnaire. Aujourd’hui son impact politique ne doit pas être sous estimé même

si l’Eglise Catholique parait en contrôle. Notre Dame de Guadeloupe apparait de plus en plus

comme la patronne des émigrants, de leurs revendications et en particuliers de celles des « sans-

papiers ». Signe des temps, l’Eglise catholique parait s’engager dans une refonte de son encadrement

avec l’arrivée d’un nouvel archevêque pour l’archevêché de Los Angeles. Le cardinal Roger Mahony,

progressiste reconnu et défenseur des droits des émigrés, prenant sa retraite en 2011 est remplacé

83

par un hispanique l’archevêque José Gomez né au Mexique à Monterey.237 Il a présidé dans les

années 90 l’association des prêtres catholiques hispaniques ANSH (National Association of Hispanic

Priests). Nommé par le pape Bénédicte XVI à la tête du plus grand diocèse de la nation il a, au

contraire de monseigneur Mahony, une réputation de solide conservateur membre de l’Opus Dei

certains disent donc de traditionaliste farouchement opposé à l’avortement et au mariage

homosexuel. Pour Michael Barber, un professeur de théologie et d’Ecritures à l’Université catholique

Jean Paul le Grand de San Diego, il a « le parfait profil des appointés du Pape Bénédicte XVI » !

Comme la plupart des confessions, L’Eglise en 2010 fait face dans la vallée comme dans le reste des

Etats-Unis à de multiples défis. Attribuer sa croissance uniquement au flux migratoire dont elle a

bénéficié est en partie inexact pour Finke et Stark. Historiquement habituée aux situations

monopolistiques européennes comme en France et en Europe du Sud, elle a pourtant su se

réinventer, se montrer très effective et très compétitive dans le contexte américain d’une économie

de libre marché religieux.238 Les chiffres erronés et surestimés pour la plupart au 19ème siècle ont

caché la réalité des efforts et du travail pastoral des catholiques comme l’a prouvé Gerald

Shaughnessy en 1925.239 En 1850 il a évalué l’Eglise uniquement à 1.6 million de membres. En 1890

elle devient dominante avec 7.3 millions de membres et dépasse les méthodistes (7.1 millions). Il est

intéressant de noter que les dénominations dominantes en 1890 sont dans l’ordre : les catholiques,

les méthodistes, les baptistes et les presbytériens. En fait pour Jay Dolan un véritable Réveil

catholique, qui ne portait pas son nom, a pris place dans la deuxième moitié du siècle.240 Ce Réveil

trés compétitif avec des méthodes parfois inspirées de celles des protestants évangéliques

s’appuyaient sur les modèles et l’expérience internationale de ses missionnaires. Plus de treize ordres

religieux et congrégations formaient le fer de lance assistés par des confraternités américaines. Son

point fort a été de s’organiser à partir d’un réseau ethnique de paroisses où chaque prêtre parlait la

langue d’origine de la communauté venue d’Europe. Ces ethnicités sont toujours visibles dans la

Vallée comme nous l’avons vu précédemment et dans la patronymie des prêtres en charge des

237 Mexico-born archbishop to lead Los Angeles Catholics ,LA Times, 6 avril 2010, http://latimesblogs.latimes.com/lanow/2010/04/mexicoborn-archbishop-to-lead-los-angeles-catholics.html 238Roger FINKE et STARK, The Churching of America, 1776-2005: Winners and Losers in Our Religious Economy, mars 2005, Rutgers University Press, p.117 239 Gerald SHAUGHNESSY, Has the immigrant kept the faith? :a study of immigration and Catholic growth in the United States, 1790-1920, New York ,Macmillan, 1925, http://pds.lib.harvard.edu/pds/view/4859284?n=1&s=4 240 Jay P. DOLAN, Catholic Revivalism: The American Experience, 1830–1900,University of Notre Dame Press, 1978, p.44

84

paroisses. En 1963 il est constaté par exemple qu’un tiers des prêtres sont non seulement d’origine

irlandaise mais nés et ordonnés en Europe. Comme pour les autres confessions ces enclaves

ethniques ont joué le double rôle d’incubateur, de « préservation et d’assimilation »241 permettant

l’intégration des immigrants dans une nouvelle culture.242 Le contrecoup de cette approche est

aujourd’hui palpable dans toutes les églises historiques protestantes et catholiques car comment

garder l’originalité de son identité religieuse quand l’ethnicité s’efface ?243 Si en 1960 les européens

constituaient 75% de l’immigration vers les Etats-Unis leur contribution n’est plus que de 15% !

26% des nouveaux immigrants viennent d’Asie et plus de 51% d’Amérique latine. L’Eglise se doit

donc d’être plus active comme elle l’a été au 19ème en construisant au cœur des paroisses des

« enclaves ethniques » d’autant que l’engagement des catholiques hispaniques est légèrement

inférieur à celui des autres fidèles américains. Les méga-églises, les cathédrales de Los Angeles avec

leur population hispanique ou de San Francisco avec leurs fidèles asiatiques en sont des illustrations.

Il faut reconstruire « les enclaves catholiques ethniques du passé 244 » ! La nomination de monseigneur José

Gomez doit s’entendre comme une réponse de l’Eglise à cette réalité pastorale.

Les scandales divers en relation avec des abus sexuels commis par des membres du clergé sont venus

s’ajouter et troubler les défis structurels liés à une société américaine en mouvement auxquels

l’Eglise doit faire face. Des enquêtes Gallup menées de 1987 à 1999 mesurant l’engagement

individuel d’un échantillon de fideles dévoilent un changement d’attitude plutôt négatif. Le taux de

fréquentation dominical a baissé de 44% en 1987 à 37% en 1999. Le taux de personnes « très

engagées » dans la vie de l’église et dans les devoirs de croyants qui s’y attachent a lui aussi baissé

dans la même période de 27% à 23%. Bien qu’il n’y ait pas de remise en questions des valeurs au

cœur de la foi catholique et au contraire une solide adhésion à ces principes nous pouvons constater

une érosion de cette confiance sur deux volets. Le premier est un déclin du respect de l’autorité du

Vatican, du pape, en ce qui est du domaine prive de la sexualité, du célibat des prêtres et de

l’ordination des femmes. Le second volet est aussi un déclin dans le respect du clergé national et

local en tant qu’autorité morale sur les questions du divorce, des relations sexuelles en dehors du

241 Finke et Stark p.155 242 Andrew M. GREELEY, The American Catholic: A Social Portrait, 1977, New York, Basic Books. 243 Finke et Stark, p.155 244 Ana María DIAZ-STEVENS et Anthony M. STEVENS-ARROYO, Recognizing the Latino Resurgence in U.S. Religion: The Emmaus Paradigm, 1998, Westview

85

mariage, de la contraception, de l’avortement et de l’homosexualité. Malgré des disparités en âge et

genre une moyenne de 20% des fidèles seulement accepte cette autorité morale ! Un sondage récent

en Californie sur le contentieux problème de l’avortement révèle que 62% des catholiques ne veulent

pas une remise en question de ce droit et certains même demandent plus de libéralisation. Le résultat

provoque sur le magazine en ligne California Catholic Daily le commentaire d’exaspération suivant :

« Qu’importe les enseignements de l’Eglise ? 245». L’Eglise catholique américaine est divisée avec une

minorité conservatrice et « ceux-là sont visiblement très satisfaits des choix de Benoît XVI, qu’ils regardent

comme celui qui va maintenir l’orthodoxie et l’ordre dans l’Église 246». Quant au reste des fidèles « dans le cas de

questions morales (mariage entre personnes de même sexe, recherche cellulaire, avortement…), l’Église a des positions

particulières qui ne remportent pas nécessairement l’adhésion. Elles sont entendues, respectées, mais la culture publique

va parfois dans un sens différent, en les ignorant. De ce point de vue, la situation n’est pas très différente de celle de

l’Europe ».247

Nous pouvons nous demander si les catholiques sont toujours sous le choc de Vatican II. Bien que

le volet œcuménique ait été chaleureusement accueilli par les non-catholiques, le relâchement des

règles a bien marqué un déclin dans l’engagement des paroissiens, dans la fréquentation mais surtout

dans les vocations. L’Eglise se trouve emportée dans des comportements similaires à ceux des églises

« mainlines » protestantes. Pour référence le nombre de jeunes inscrits dans les séminaires américains

a atteint son sommet entre 1962-1965 pour s’effondrer inexorablement depuis à l’exception des

traditionnalistes maintenant en augmentation. R. Finke et R. Stark prédisent que le pire est à venir

pour l’Eglise catholique si elle adhère à une stratégie de type « mainline ».248 Cette vision pessimistique

n’est peut être pas en phase avec la réalité géographique de la Californie du Sud. Les paroisses locales

en accord avec la reforme Vatican II se sont adaptées au pluralisme. Elles ont intégré comme à Palm

Desert la messe en latin des traditionnalistes et ne restent pas l’écart du mouvement charismatique.

Elles sont ethniquement diverses, fortement hispaniques. Un retour à la rigueur parait animer la

puissante association des évêques américains l’United States Conference of Catholic Bishops (USCCB)

245 Who cares what the Church teaches?, Poll shows 62% of Catholics want to keep California’s liberal abortion laws or make getting abortions even easier, California Catholic Daily, juillet 2010, http://www.calcatholic.com/news/newsArticle.aspx?id=05b92f5e-f3ac-42f1-8606-8abdb64ac133 246 Les catholiques américains sont plus à l'aise que le pape avec le pluralisme, 14 avril 2008, interview avec le théologien laïque Chester Gillis, La Croix, http://www.la-croix.com/ 247 Chester Gillis, Journal La Croix 248 Future prospects for Catholic, Finke et Stark, p. 269

86

encouragée par les prises de position du pape Bénédicte XVI. Dans cet environnement l’arrivée de

jeunes prêtres traditionnalistes, la construction d’églises et de monastères qui leurs sont proches, la

forte présence d’ordres religieux et de confraternités préfigurent peut être un nouveau Réveil

catholique.

7. Les religions et spiritualités qui complètent l’Etablissement religieux de la Vallée

Doctrinalement éloignés des adventistes du septième jour, parmi les Nouveaux mouvements

religieux (NMR) les Témoins de Jéhovah (Jehovah’s Witnnesses) partagent en commun les

enseignements du prédicateur William Miller qui avait professé la fin du monde pour 1843 et le

retour du Christ sur terre selon le témoignage de leur fondateur Charles Taze Russell. Tout en étant

chrétiens, ils ne se considèrent pas comme étant un partenaire du mouvement protestant. 249 Ils ont

« pignon sur rue » et ne sont pas comme en France classés dans la rubrique « des dérives sectaires ».

En 1879 à la tête d’un cercle d’étude de la Bible il lance un périodique « La Tour de Garde » (Watch

Tower) pour propager ses réflexions. A sa mort en 1916, son successeur John Rutherford développe

le mouvement et en 1931 ils prennent le nom de Témoins de Jéhovah d’après la citation biblique

d’Isaïe. En 1925 il fait construire une demeure à San Diego nommée Beth Sarim qui selon sa

prophétie doit être prête pour accueillir la venue imminente sur terre d’Abraham, d’Isaac et des

prophètes. Il achète une voiture pour pouvoir les transporter ! Embarrassante prophétie, la demeure

sera vendue à sa mort en 1942.250 Ils possèdent des églises ou « Salles du Royaume » dans toutes les

villes de la vallée. Ils comptent plus d’un million de membres aux États-Unis comme les adventistes

mais plus de sept millions au niveau mondial. Le total d’adhérents selon le critère qu’ils appellent

« memorial attendance » voisine 18 millions.

Liés au christianisme ou voir à sa marge nous avons sur la région bien d’autres confessions comme la

Science chrétienne ou Christian Science de Palm Desert et de Palm Springs. La Première église du

Christ, Scientiste ou First Church of Christ, Scientist a été formée d’après les travaux de Mary Baker

249 Are Jehovah’s Witnesses a Protestant Religion ? http://www.watchtower.org/e/20091101a/article_01.htm 250 History of the Jehovah's Witnesses, Catholic Answers, aout 2004, http://www.catholic.com/library/History_of_the_Jehovah_Witnesesses.asp

87

Eddy en 1866.251 Autre forme de spiritualité chrétienne, la Science Religieuse-Science de l’Esprit ou

Church of Religious Science-Science of Mind fondée en Ernest Holmes en 1927 est active sur Palm

Springs. Ce courant de pensée se rattache a l’enseignement d’Emma Curtis Hopkins (1849–1925) un

des membres clé du mouvement la Nouvelle Pensée (New Thought).252 Proche de la philosophie

d’Ernest Holmes officient dans les mêmes villes les églises du réseau United Centers for Spiritual Living

et International Centers for Spiritual Living.253

Affiliée à l’Eglise unitarienne universaliste, l’Unitarian Universalist Church of the Desert254 située à

Rancho Mirage rassemble 73 membres. Depuis 1961 elle est l’héritière de la fusion deux églises

américaines dont les racines remontent au 18ème siècle : L’Eglise universaliste (the Universalist Church

of America) et L’Eglise unitarienne (American Unitarian Association). Dès le 19ème siècle sous

l’influence du philosophe Ralph Waldo Emerson, ces courants de pensée ont progressivement

évolué du protestantisme liberal à une forme pluraliste et humaniste qui embrasse des valeurs

religieuses bien-au-delà du christianisme.255 L’Eglise de Scientologie établie en 1952 par L. Ron.

Hubbard ne possède qu’une communauté localisée sur Palm Desert (Church of Scientology, Mission of

the Desert). Elle possède pourtant sur le comté son Centre international le plus important surnommé

la « Gold Base ». Reconnue religion en 1993 aux Etats-Unis du point de vue fiscal, elle est perçue

négativement dans différents pays notamment en France.

En dehors du christianisme et du judaïsme il existe peu d’alternatives. La communauté musulmane

est très réduite bien qu’il existe un édifice communautaire, une mosquée, située à Coachella sous

l’appellation Islamic Society of Palm Springs.256 Le bouddhisme américain est présent à Palm Springs

avec un centre de méditation, le Dharma chakra Center, rattaché à une organisation de San Diego

appartenant à l’école tibétaine du Mahayana. Il existe d’autres formes de spiritualités et d’ésotérisme.

Elles ne sont pas à ce jour organisées en dénominations mais œuvrent plutôt comme des points de

251 The First Church of Christ, Scientist , http://christianscience.com/ 252 Desert Cities Religious Science, http://www.revbates.com/PalmSprings.htm 253 United Centers for Spiritual Living, http://www.unitedcentersforspiritualliving.org/ et International Centers for Spiritual Living, http://www.rsintl.org/ 254 Unitarian Universalist Association (UUA). http://www.uua.org/index.shtml 255 Unitariens universalistes du Québec ,100 questions sur l’unitarianisme-universalisme posées par les non-membres par John Sias lors d’une rencontre avec le révérend Steve Edington, http://www.uuqc.ca/100_questions.html 256 Islamic Society of Palm Springs , http://www.cvmosque.com/index.php

88

rencontres. À Palm Springs, le Crystal Fantasy Enlightenment Center avec une vocation commerciale sert

aussi de centre de méditations et de découverte pour une large gamme d’expériences de type New

Age. Leur rencontres sont aussi organisées grâce à l’internet, et aux réseaux sociaux en ligne, tel le

populaire « online social network » intitulé « Meetup ». The Coachella Valley Pagan Meetup qui utilise ce

media pour organiser les adeptes de religions païennes, Wicca, Asatru et Norse par exemple, affiche un

groupe de 90 sympathisants.

8. Mais qui sont ces « sans église » dont les nombres sont loin d’être négligeables dans le

paysage religieux de la vallée ?

Pour George Barna l’Amérique est devenue une nouvelle terre de mission avec 195 millions

d’habitants « unchurched » : « With its 195 million unchurched people, America has become the new mission field.

America has more unchurched people than the entire populations of all but 11 of the world's 194 nations257 ».

Le sondage ARDA comptabilise sur le comté de Riverside un impressionnant pourcentage de

personnes soit 57% non inclus dans l’analyse des différentes confessions. Le chiffre national est

légèrement moindre à 50%. ARDA précise que ces « unclaimed », ces « sans affiliation » parfois

rassemblés dans les catégories « unchurched » ou « sans église » ne sont pas des adhérents des 188

groupes étudiés. Ils ne peuvent donc pas tous être traités en tant qu’athées, agnostiques ou autres

mais ils soulèvent une interrogation. Difficiles à cerner, les athéistes n’ont pas d’existence formelle

mais un groupe d’environ 60 membres listé sous l’appellation Palm Springs Atheists Meetup Group. En

fait le nombre des « sans affiliation » n’a cessé de baisser depuis 1900 avec la fluidité du paysage

religieux américain. Il atteint 15% alors qu’il était de 65% en 1900. Les Eglises s’alimentent à la fois

en convertissant les « sans affiliation » et en débauchant des adhérents dans d’autres Eglises, ce que

font surtout les tendances les plus conservatrices convaincus de leur mission salvatrice. Le « switch

out » pour ceux qui quittent est élevé chez les protestants, de 25% pour les presbytériens à 19% pour

les luthériens. Le « switch in » ou l’adhésion est significative, de plus de 30% pour les évangéliques, les

257 Domestic Missionaries Are Greatly Needed! The Navigators, http://www.navigators.org/us/staff/scalabrin/items/Domestic%20Missionaries%20Greatly%20Needed!

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pentecôtistes, les adventistes et les Témoins de Jéhovah. Les mormons sont les plus stables et parmi

ceux qui retiennent le moins bien leurs adhérents se trouvent les adventistes et les Témoins de

Jéhovah.

Comme le note déjà en 1955 le sociologue Will Herberg, l’Amérique est en quelque sorte « à la fois la

plus religieuse et la plus sécularisée des nations ».258 Une récente étude de l’Université de Chicago dirigée par

Omar M. McRoberts rappelle que si 59% contre 52% des Américains en 1990 sont toujours plus

nombreux à prier ils se sentent de moins en moins affiliés officiellement à une religion. Selon cette

information reprise par le blog Actu-Chretien.Net : «Nous assistons à la dissociation de la spiritualité et de

la religion» et il faut s’attendre à voir apparaître «encore plus de versions nouvelles de la religiosité, en réponse

aux changement dans la spiritualité». Et si en 2009, 92% des Américains se disent «connectés à Dieu», 22%

de la population affirment n’avoir jamais assisté à un office religieux, contre 9% en 1972. Et 16% ont

précisé n’avoir «aucune affiliation religieuse officielle» ajoute le bloggeur constatant que le nombre de

« sans église » augmente. D’autres données chiffres peuvent être analysées dans un rapport ARIS de

2008. « Les Américains deviennent lentement moins chrétiens » si nous en jugeons par le constat que 86% se

déclaraient chrétiens en 1990 et uniquement 76% en 2008. En parallèle à cette tendance les sondés

« sans religion » dit les « Nones » ont cru de 8% à 15%. Si l’on rapporte ce constat à l’accroissement

démographique qui a pris place entre ces deux dates les « Nones » représentent 38% du total et si l’on

veut y ajouter les 15% sans opinion, prés de 52% de la population américaine est « sans église » !

Cette évolution des « Nones » est le fait le plus marquant selon ARIS depuis 1990. D’autre part la

composante classée athéiste et agnostique est trois fois plus importante qu’elle ne l’était en 1990. Ils

pensent que « les églises et les synagogues ont perdu la partie réellement spirituel de la religion » ou plus

radicalement « que Dieu étant parmi les hommes les églises ne sont pas indispensables ». Mais comme Robert C.

Fuller l’affirme dans son ouvrage « Spiritual, but not Religious : Understanding Unchurched America » le

processus de sécularisation qui a atteint l’Europe de l’Ouest n’est pas en train de prendre place. Le

pourcentage de non-religieux est vraisemblement autour de 8 à 15%. Il perçoit deux autres groupes

dans les Américains sans-religions. 10% d’entre eux ont une relation ambigüe avec la religion et ils

sont en rupture pour de multiples raisons. Leur fréquentation est très occasionnelle et ils ne

258 Religion: The American Religion, septembre 1955, article du Los Angeles Time, http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,807638,00.html#ixzz0uuAy1BCU

90

reconnaissent pas réellement l’autorité morale de leur Eglise. Un troisième groupe autour de 20%

peut être considéré comme « spirituel mais pas religieux ». Pour comprendre cette réalité américaine

il n’est peut être pas inutile de citer un commentaire tiré de « The Godless Constitution » par Isaac

Kramnick et R. Laurence Moore qui va au delà de la question des pratiques religieuses ou de la

croyance en Dieu :

« The answer lies in what history has done to us. Some Americans have inherited extravagant hopes about what

religion, specifically Christianity, may accomplish in solving social problems through moral instruction. Others look to a different

legacy, one that suggests how easily partisan religion in the hands of a purported majority can become a dangerous form of

intellectual and political tyranny”.259

En résumé selon eux nous avons deux Amériques dont une pour qui la religion et en particulier la

lecture littérale de la Bible est l’essence de toutes les réponses dans la conduite des affaires privées et

publiques. L’autre, sceptique, héritière d’une philosophie différente nourrie par Locke, Voltaire ou

Thomas Jefferson, en rejette les excès intellectuels et politiques, les ingérences dans la vie publique.

Conclusion

La région de Palm Springs se révèle être un microsome du paysage religieux des Etats-Unis avec

des accents mis en valeur par des particularismes démographiques. Les métamorphoses des religions

américaines depuis la Seconde guerre mondiale, apparentes au niveau national, identifiées par les

études du Pew Forum, d’ARDA ou d’ARIS y sont parfaitement reconnaissables. Un des éléments

caractéristiques du point de vue d’un observateur européen me parait être l’abondance de l’offre qui

se présente au consommateur de religion. Le dernier US Census ou recensement fédéral a été

abandonné en 1936 afin de respecter le principe de séparation entre Eglise et Etat puis repris dans le

rapport annuel Yearbook of American Churches. Placé sous la responsabilité de l’association des

Eglises « mainlines » devenue en 1950 « The National Council of Churches » les sondages n’ont pas

toujours reflété la réalité de la situation. Seulement 150 églises sont rapportées au niveau national en

259 Isaac KRAMNICK et R. Laurence MOORE, The Godless Constitution: A moral defense of the secular state, New York,W. W. Norton & Co., 1996-2005, p.11

91

1930 au lieu de 400. En 2008 alors que 225 dénominations sont citées dans le rapport YAC260 plus de

1000 dénominations chrétiennes couvrent le territoire. Depuis les années 60 les nouvelles traditions

et religions en dehors du christianisme n’ont cessé de se multiplier mais cette croissance ne s’est pas

faite à son dépend. La progression d’une dénomination ne dépend pas du déclin d’une autre. De

1980 à 2010 la population s’est accrue de 85 millions d’habitants et plus de 40 millions sont anticipés

pour la prochaine décade. L’Amérique a été formée à partir de vingt confessions toutes chrétiennes à

l’exception d’une petite communauté juive. En 1900 ce nombre atteint 300 puis 2000 organisations

en 2010 dont la moitié est chrétienne. La moitie des Chrétiennes a pris forme après 1965 !

La majorité des américains, comme attesté dans la région de Palm Springs, adhère en fait à une des

23 principales dénominations issues du Christianisme. Il est risqué de faire de la prospective pour

leur devenir religieux dans la Vallée mais il déjà possible à travers les mécanismes étudiés de

percevoir les tendances. Il est certain qu’ici plus qu’ailleurs le facteur hispanique va être déterminant

dans l’influence charismatique et pentecostale qui traverse les confessions chrétiennes protestantes,

évangéliques et catholiques. La capacité des dénominations à les intégrer va être testée. Les discordes

sur les questions sociales et politiques entre conservateurs et libéraux persisteront car comme l’a

souligné Richard J. Cawardine elles ne sont pas nées de la Nouvelle droite chrétienne mais bien avant

la Guerre de Sécession.261 Les églises protestantes historiques vont tenter leur stabilisation voir

poursuivre leur consolidation. Les évangéliques comme aussi la plupart des Nouveaux mouvements

religieux vont se développer puis éventuellement entrer dans un cycle semblable à celui

d’une « mainline ». Il est prévisible que les comportements religieux américains et la compétition du

marché vont générer des dénominations inconnues à ce jour. Dans tout ce processus l’ouverture sur

le monde, un sens de « global community » est un des dénominateurs communs. Un des faits

remarquables dans la vallée, perceptible dans toutes les confessions, est la raison d’être,

l’investissement qui caractérise l’ensemble des églises locales dans leurs actions individuelles ou par

groupes dans le financement d’actions missionnaires à travers le monde entier. La « mission » est un

des fondements clé de leur credo. La religion « made in America » s’exporte bien ce qui se solde nous

l’avons vu pour beaucoup de dénominations protestantes par des effectifs supérieurs dans le reste du

260 Yearbook of American Churches, http://www.electronicchurch.org/ 261 CAWARDINE Richard J., Evangelicals Politics: Antebellum America, University Tennessee Press, 1997, 512 p.

92

monde à ceux qu’ils ont et auront dans le futur sur le territoire américain. Mais les chiffres parlent

peut-être d’eux-mêmes. Les Assemblées de Dieu affichent par exemple 60 millions de fidèles dans le

monde mais uniquement 2.9 millions aux Etats-Unis. Ou comme nous l’avons vu au préalable : les

adventistes et les Témoins de Jéhovah avec chacun un million de fidèles peuvent mettre en avant

leurs chiffres de 16 millions dans le monde. Pour le pasteur évangélique Rick Warren le futur des

religions chrétiennes n’est déjà plus sur ce continent ni en Europe : “If you want to know the future of

evangelicalism, it is in those continents [Africa, Asia and Latin America]. Il martèle son discours en ajoutant

qu’il y a en nombre déjà plus de chrétiens en Chine qu’en Amérique, plus de presbytériens au Ghana

qu’en Ecosse, plus de baptistes au Nagaland en Inde que dans le Sud des États-Unis ou plus

d’anglicans au Nigeria, au Kenya qu’en Angleterre !262

262 The Future of Evangelicals: A Conversation with Pastor Rick Warren, The Pew Forum, November 13, 2009, http://pewforum.org/Christian/Evangelical-Protestant-Churches/The-Future-of-Evangelicals-A-Conversation-with-Pastor-Rick-Warren.aspx

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Our Lady of the Angels, Los Angeles Autel

Christ of

Light Autel

Christ of Light, Oakland

Christ of Light

Oakland

Quelques exemples d’architecture régionale

98

Hope Lutheran, Palm Desert

Christ Scientist, Palm Desert

Crystal Cathedral, O.C

99

Saint François

d’Assise,

La Quinta

Southwest

Community Church,

Indian Wells

100

Hope Lutheran, Palm Desert

Episcopal Church, Palm Desert

St George Greek Orthodox, Palm Desert

Christ du Desert, Palm Desert

ND de la Solitude, Palm Springs