Les bronzes d’Octave à la proue et à la tête de bélier (RPC 533) attribués à Toulouse-Tolosa...

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PROCEEDINGS OF THE XIV th INTERNATIONAL NUMISMATIC CONGRESS GLASGOW 2009 Edited by Nicholas Holmes GLASGOW 2011

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PROCEEDINGS OF THE

XIVth INTERNATIONAL NUMISMATIC CONGRESS

GLASGOW 2009

Edited byNicholas Holmes

GLASGOW 2011

All rights reserved by The International Numismatic Council

ISBN 978-1-907427-17-6

Distributed by Spink & Son Ltd, 69 Southampton Row, London WC1B 4ETPrinted and bound in Malta by Gutenberg Press Ltd.

International Numismatic Council

British Academy

LES BRONZES D’OCTAVE À LA PROUE ET À LA TÊTE DE BÉLIER (RPC 533) ATTRIBUÉS À TOULOUSE-TOLOSA:

NOUVELLES DÉCOUVERTES

VINCENT GENEVIÈVE1

Le colloque en hommage à Michael Grant organisé à Saragosse (Espagne) en mars 2007 nous a donné l’occasion de proposer une nouvelle attribution pour l’émission de bronzes d’Octave dite à la proue et à la tête de bélier.2 La tenue du XIVe CIN de Glasgow, seulement six mois après la publication de ces actes, justifi ait de revenir sur cette étude encore trop peu diffusée. Nous nous limiterons ici à en reprendre les lignes principales, en évoquant à nouveau un bref historique des anciennes hypothèses formulées à ce jour et en présentant une recension réactualisée des trou-vailles de sites dont la provenance est connue. En effet, depuis la parution du colloque espagnol, six nouvelles monnaies ont été portées à notre connaissance. Elles confortent notre nouvelle hy-pothèse en faveur d’une localisation de cette émission à Toulouse-Tolosa 3 et non plus à Orange-Arausio comme l’envisageait Michael Grant.4

Depuis le milieu du XIXe siècle, quatre hypothèses avaient été avancées pour identifi er la cité émettrice de cette émission, hypothèses reposant essentiellement sur l’interprétation du symbole fi gurant au-dessus de la proue du revers:

• Lyon: Adolphe Duchalais et Henri de la Tour interprétaient le symbole du revers comme une tête de corbeau et justifi aient une attribution à Lyon.

• Vienne: selon Louis de la Saussaye et Adrien Blanchet, ce même symbole était une tête de bélier ou un simple disque entouré d’un cercle et les auteurs envisageaient plutôt une localisation de la frappe à Vienne.

• Orange: Michael Grant identifi ait à sont tour le motif contenu dans le médaillon du revers comme étant une tête de bélier et l’interprétait comme l’emblème des vétérans de la legio II gallica à l’origine de la fondation, vers 35 av. J.-C, de la colonie d’Orange / Arausio.

• Arles: selon Daniel Brentchaloff (2004), une outre, symbole de l’activité des utriculaires de la vallée du Rhône, est gravée au-dessus de la proue et permet de localiser l’atelier émetteur à Arles.

Tout comme Michael Grant, l’identifi cation d’une tête de bélier nous semble la plus convain-cante. Mais si l’hypothèse séduisante du savant écossais fut acceptée jusqu’à ce jour, il apparaît qu’aucun lien formel n’existe entre ce symbole et la legio II gallica. Si son interprétation s’avère juste, d’autres explications sont donc à trouver. Il restait notamment à approfondir le recensement des exemplaires connus, que Jean-Baptiste Giard,5 Georges de Loye6 et Michel Amandry7 avaient

1 Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, ZI Les Pinsons – 13, rue du Négoce, F-31650 Saint-Orens-de-Gameville. Chercheur rattaché au labo ITEM-GRA (EA 3002), Université de Pau et des Pays de l’Adour. Contact : [email protected].

2 RPC I, 533, Arausio ? ; LT 4660.3 Geneviève 2008. Pour plus de détail et pour une bibliographie

exhaustive, nous renvoyons le lecteur vers cette publication.4 Grant 1946, pp. 206-10.5 Giard 1984.6 de Loye 1988.7 Burnett et al. 1992, p.155.

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8 Notons que cinq monnaies appartenant à l’ancienne collection de l’érudit lotois Antoine-Raymond de Fouilhac (1622-1692) et une autre à celle du collectionneur gersois, le comte Casimir-Odet-Louis Ducos de la Hitte (1812-1896) n’ont pas été intégrées dans cette liste, faute d’information sur leur provenance. Une origine locale ou régionale de ces exemplaires est pourtant tout à fait envisageable.

entamé depuis quelques années, mais en insistant plus particulièrement sur les trouvailles de sites. Notre catalogue s’établit maintenant à 198 monnaies, complètes et coupées, dont 82 sont bien localisées. Parmi ces 82 exemplaires, 57 proviennent de fouilles archéologiques plus ou moins récentes et ont presque tous bénéfi cié d’une publication. Les 25 autres monnaies sont issues de prospections et appartiennent à des collectionneurs privés. Parmi celles-ci fi gurent notamment 13 exemplaires récoltés dans la basse vallée du Rhône et publiés par Georges de Loye mais pour lesquels aucune indication précise de lieu de découverte n’est mentionnée.

Les bronzes à la tête de bélier découverts hors de Gaule Narbonnaise

Hors de Gaule Narbonnaise, la diffusion des 36 exemplaires retrouvés isolés apparaît très éclatée, mais on distinguera plus particulièrement trois secteurs géographiques:

Les abords immédiats de la province de Narbonnaise, à l’ouest et au nord de ses frontières, totalisent quinze bronzes. Bien que situées assez loin de cette zone, les trouvailles relevées à Bourbon-Lancy et sur les sanctuaires des Bouchauds et de Chamalières doivent en être rapprochées.8

Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne, 2 ex.)1. Bronze: 17,79 g2. Bronze coupé: 11,44 g

Auch (Gers, 1 ex.)3. Bronze: 17,96 g

Cahors - La fontaine des Chartreux (Lot, 3 ex.)4. Bronze: 18,13 g 5. Bronze: 17,57 g6. Bronze: 17,47 g. Percé.

Le Bastit (Lot, 2 ex.)7. Bronze: -8. Bronze: -

Saint-Eulalie-de-Cernon (Aveyron, 1 ex.)9. Bronze: 19,07 g

Saint-Bauzile (Lozère, 1 ex.)10. Bronze: -

Lyon (Rhône, 1 ex.)11. Bronze: -

Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire, 1 ex.)12. Bronze: 15,78 g

VINCENT GENEVIÈVE688

Saint-Cybardeaux - Les Bouchauds (Charente, 2 ex.)13. Bronze: 17,70 g14. Bronze coupé: 8,26 g

Chamalières (Puy-de-Dôme, 1 ex.)15. Bronze: 18,35 g

Le nord-est de la Gaule, qui englobe une grande partie des Germanies, recense quinze exemplaires dont plusieurs proviennent de sites militaires. A l’intérieur de cet espace géographique, le seul site de la fontaine de Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), qui fut aussi fréquenté par des militaires, en compte quatre, soit plus d’un quart des trouvailles.

Haltern (Allemagne, 1 ex.)16. Bronze: -

Oberaden (Allemagne, 1 ex.)17. Bronze coupé: -

Hochdorf (Allemagne, 1 ex.)18. Bronze: 17,33 g

Titelberg (Luxembourg, 1 ex.)19. Bronze coupé: -

Windisch-Vindonissa (Suisse, 3 ex.)20. Bronze: -21. Bronze coupé: -22. Bronze coupé: -

Augst-Augusta Raurica (Suisse, 1 ex.)23. Bronze coupé: 7,97 g

Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne, 4 ex.)24. Bronze: 9,27 g25. Bronze: 8,65 g26. Bronze coupé: 4,96 g27. Bronze coupé: 3,47 g

La Villeneuve-au-Châtelot (Aube, 2 ex.)28. Bronze: 18,11 g29. Bronze coupé: 7,37 g

Camelin (Yvelines, 1 ex.)30. Bronze coupé: 5,04 g

La Bretagne intérieure jusqu’aux limites de la région Centre réunit au total cinq exemplaires, parmi lesquels les trouvailles de Rennes (Ille-et-Vilaine) et du gué Saint-Léonard (Mayenne) sont certainement liées à des contextes d’occupations militaires. Robert Forrer, signale un exemplaire trouvé, sans plus de précision, dans un cimetière mérovingien de Normandie. Ce bronze doit aussi être rattaché à ce secteur géographique.

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Guérande (Loire-Atlantique, 1 ex.)31. Bronze: -

Rennes (Ille-et-Vilaine, 1 ex.)32. Bronze: -

Mayenne - Gué Saint-Léonard (Mayenne, 2 ex.)33. Bronze: 18,25 g34. Bronze coupé: 9,64 g

Normandie (département inconnu, 1 ex.)35. Bronze: 17,22 g. Percé.

Hors des frontières de la Gaule, un unique bronze a été trouvé en péninsule Ibérique. Bien que très éloignée des zones de diffusions précédemment évoquées, cette monnaie a pour intérêt d’avoir été découverte, comme plusieurs autres déjà citées, au sein d’un camp militaire. Compte tenu de son poids et de son style, cet exemplaire est certainement une imitation.

Oviedo - La Carisa (Espagne, 1 ex.)36. Bronze: 9,73 g

Les bronzes à la tête de bélier découverts en Gaule Narbonnaise

En Gaule Narbonnaise, les monnaies retrouvées dans la vallée du Rhône sont au nombre de vingt mais dont sept seulement sont des trouvailles de sites bien identifi ées. Néanmoins, les lieux de découvertes et la répartition de ces monnaies sur ce territoire ne font apparaître aucune concentra-tion autour des villes retenues par les numismates pour accueillir la production de cette émission. Ainsi, aucun bronze à la proue et à la tête de bélier n’est signalé à Arausio, la première concernée, ni même à Vienne (Isère), Valence (Drôme), Vaison-la-Romaine, Carpentras, Avignon, Cavaillon (Vaucluse) ou même Arles (Bouches-du-Rhône). Actuellement, les découvertes de sites attestées sont les suivantes:

Varces - Rochefort (Isère, 1 ex.)37. Bronze: -

Fréjus (Var, 2 ex.)38. Bronze coupé: 8,62 g39. Bronze coupé: 6,87 g

Laudun (Gard, 1 ex.)40. Bronze: -

Nîmes (Gard, 1 ex.)41. Bronze: -

Mailhac (Aude, 1 ex.)42. Bronze: 18,24 g. Percé.

Ceilhes-et-Rocozels (Hérault, 1 ex.)43. Bronze: 15,23 g

VINCENT GENEVIÈVE690

9 Tous ces exemplaires sont illustrés dans de Loye 1988, pp. 364-66.

Nîmes et Laudun ne comptent qu’un unique exemplaire, quant aux deux bronzes identifi és à Fréjus, ce sont les seuls connus, avec celui de l’oppidum de Rochefort, qui ont été découverts à l’est du Rhône. Cette répartition géographique prend ici toute son importance car elle implique, selon nous, que ce n’est pas sur l’axe rhodanien que ces monnaies ont été produites mais bien plus à l’intérieur des terres. En effet, le Rhône et la voie qui le longe constituent un axe de circulation emprunté par les commerçants et les militaires depuis la Méditerranée pour rejoindre le nord de la Gaule ou, plus loin, le limes rhénan. Mais une production locale de ces monnaies aurait principale-ment contribué à leur dispersion, depuis un épicentre marqué, vers le côté alpin de la Provincia et surtout dans la région du bas-Rhône. Or ces monnaies en sont absentes à l’exception des treize exemplaires publiés par G. de Loye dont on ne peut que regretter, cette fois encore, l’absence de localisation. Il apparaît clairement que cette partie de la Narbonnaise n’est que peu, ou pas, con-cernée par la frappe de cette émission monétaire. Les trouvailles localisées en sont trop rares ou presque aussi aléatoires que celles relevées ailleurs sur le territoire gaulois. Elles sont aussi rares à mesure que l’on s’éloigne du delta rhodanien puisqu’aucune découverte n’est signalée sur les sites de Lattes (Hérault), Béziers (Hérault), Narbonne (Aude) et Perpignan (Pyrénées-Orientales). Les exemplaires découverts sans localisation précise dans la basse vallée du Rhône sont les suivants:9

Collection J.L. (6 ex.) 44. Bronze complet: 17,90 g45. Bronze complet: 17,45 g46. Bronze complet: 17,40 g47. Bronze complet: 17,40 g48. Bronze complet: 16,65 g49. Bronze complet: 13,95 g

Collection V.M. (4 ex.)50. Bronze complet: 18,00 g51. Bronze complet: 17,90 g52. Bronze complet: 17,85 g53. Bronze complet: 17,80 g

Collection H.M. (3 ex.)54. Bronze complet: 22,90 g55. Bronze complet: 17,79 g. Percé.56. Bronze complet: 14,18 g

Une nouvelle proposition: Toulouse?

L’attribution de cette émission monétaire à l’une de ces villes paraît donc diffi cilement justifi able, et si ce monnayage fut bien émis en Narbonnaise, il ne peut se localiser que dans sa partie occidentale. C’est autour de Toulouse et du site de Vieille-Toulouse, perché sur un plateau à sept km au sud de la ville romaine, que se concentrent plusieurs découvertes de bronzes à la tête de bélier (Fig. 1).

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10 Tous ces exemplaires sont illustrés dans Geneviève 2008, pp. 199-200.

Trouvailles de sites

21 3 114

Vers NyonCol. Equestris

Vers BriançonBrigantio

Vers Clermont-FerrandAugustonemetum

Vers SisteronSegusoter

Vers Châlon-sur-SaôneCabillodunum

Vers Augusta TaurinorumTurin

3 4 6 13

Collections privées

Auch

Les Bouchauds

Mailhac

Ste-Eulalie

Cahors

St-Bertrand

Rochefort

Ceilhes

St-Bauzile

Nîmes

Le Bastit

Laudun

Rodez

Lyon

Roquelaure

La Granède

Fréjus

Chamalières

Toulouse

Fig. 1. Répartition des découvertes de bronzes à la tête de bélier dans le Sud de la Gaule.

Le site de Vieille-Toulouse a déjà fourni sept exemplaires. Proche de la ville romaine, un bronze coupé provient du Bazacle, lieu de passage à gué sur la Garonne; un autre a été exhumé lors des fouilles de la porte nord de l’enceinte et un dernier sur le site de l’amphithéâtre d’Ancely qui se situe à quatre km à l’extérieur de Tolosa. A ce total s’ajoutent dix exemplaires de l’ancienne col-lection Savès, appartenant à un collectionneur privé, et qui proviennent tous du gué du Bazacle. Il s’agit de six demis bronze et, plus particulièrement, de quatre quarts de bronze qui sont à ce jour les seuls connus pour ce monnayage. Ces exemplaires toulousains sont les suivants:10

Vieille-Toulouse (7 ex.)57. Bronze: 18,2958. Bronze: 18,0959. Bronze: 18,0860. Bronze: 17,9461. Bronze: 17,2662. Bronze: 17,1763. Bronze: 15,86

Toulouse-Ancely, amphithéâtre (1 ex.)64. Bronze coupé: 9,64

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Toulouse, place du Capitole (1 ex.)65. Bronze coupé: 7,04 g

Toulouse, gué du Bazacle (1 ex.)66. Bronze coupé: 9,4 g

Toulouse, gué du Bazace, ancienne collection G. Savès (10 ex.)67. Bronze coupé: 10,09 g68. Bronze coupé: 9,95 g69. Bronze coupé: 9,12 g70. Bronze coupé: 9,02 g71. Bronze coupé: 8,11 g72. Bronze coupé: 8,03 g73. Bronze coupé, quart: 4,51 g74. Bronze coupé, quart: 3,95 g75. Bronze coupé, quart: 3,86 g76. Bronze coupé, quart: 3,79 g

Mais quel rappor t entre Toulouse et la tête de bélier? Une partie de la réponse nous est peut-être livrée par les sources anciennes. En effet, la porte nord de l’enceinte romaine de Toulouse est dénommée la porte du bélier, Porta Arietis. La rue de la Porterie, qui correspond à l’ancien cardo maximus, s’appelait aussi, au moins depuis la fi n du XIIe siècle, la ‘carriera de Portaria’. C’est aussi dans ce même secteur que certains auteurs anciens évoquaient la présence d’un pos-sible temple de Jupiter Ammon derrière la porte de l’enceinte romaine. Si l’on peut douter de l’identifi cation d’un tel temple à cet endroit, il est en revanche certain que le bélier fut en ce point de Toulouse un puissant symbole, une référence, et l’on peut se demander si cet emblème, resté vif dans la mémoire populaire pendant plusieurs siècles, remonte aux origines de Tolosa.

De nouvelles découvertes

Depuis la présentation de cette étude au colloque de Saragosse en 2007, six nouveaux bronzes, un complet et cinq coupés, ont été portés à ma connaissance (Fig. 2).

La Granède (Aveyron)77. Bronze: -

Rodez (Aveyron)78. Bronze coupé: 8,87 g

Roquelaure (Gers)79. Bronze coupé: 9,71 g

Toulouse, quartier Saint-Roch80. Bronze coupé: 8,72 g

Toulouse, gué du Bazacle81. Bronze coupé: 10,22 g; collection privée.82. Bronze coupé: 9,21 g; collection privée.

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11 Fouille programmée, oppidum de la Granède (Aveyron), 2008. Responsable d’opération: Chr. Saint-Pierre. Etude numismatique: A. Coiffé.

12 Fouille préventive AFAN, Rodez-Place Raynaldy (Aveyron), 1992. Responsable d’opération: J. Catalo. Etude numismatique: L. Llech;

réactualisation du catalogue: V. Geneviève.13 Fouille programmée, oppidum de Roquelaure (Gers), 2008.

Responsable d’opération: Ph. Gardes. Etude numismatique: L. Callegarin.

Cat. 77 Cat. 78 Cat. 79La Granède Rodez Roquelaure

Cat. 80Toulouse St-Roch

Cat. 81Toulouse Bazacle

Cat. 82Toulouse Bazacle

Fig. 2. Six nouveaux exemplaires découverts dans le Sud de la Gaule.

Le seul exemplaire complet provient de l’oppidum de la Granède,11 au-dessus du centre de production de céramique sigillée de La Graufesenque. A quelques dizaines de kilomètres au nord, un bronze coupé, mal identifi é à l’origine, a été retrouvé à l’emplacement du forum de Rodez.12 Un autre bronze coupé provient de l’oppidum de Roquelaure,13 situé au nord de Auch

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14 Fouille préventive INRAP, Toulouse-107, rue Saint-Roch (Haute-Garonne), 2008. Responsable d’opération: J.-J. Grizeaud. Etude numismatique: V. Geneviève.

où un exemplaire complet avait déjà été exhumé il y a quelques années dans l’aménagement de la voie qui relie cette ville à Toulouse. Toulouse d’ailleurs puisque c’est à nouveau de la civitas des Volques Tectosages dont nous parviennent les trois derniers exemplaires, tous fractionnés. L’un d’entre eux a été recueilli lors de fouilles récentes réalisées dans le quartier Saint-Roch14 à quelques centaines de mètres au sud de l’enceinte romaine de la ville et où aucune monnaie de ce type n’avait encore été signalée. Les deux autres sont des découvertes anciennes appartenant à des collectionneurs privés et qui proviennent, une nouvelle fois, du gué du Bazacle (Fig. 3).

4 km0 2

Tolosa

Gué du Bazacle

Vieille-Toulouse

Amphithéâtre

Collection privée12

Trouvailles de sites71

Saint-Roch

Fig. 3. Répartition des bronzes à la tête de bélier autour de Toulouse.

A ce titre, il est intéressant de noter la répartition de ces trouvailles dans le proche périmètre de Toulouse. A Vieille-Toulouse, les bronzes à la tête de bélier s’accompagnent des derniers exemplaires en circulation avant la réforme monétaire d’Auguste. Leurs contextes de découvertes se situent dans les années 30-10 av. J.-C., et précèdent, chronologiquement la création de la Tolosa romaine, sur la rive droite de la Garonne qui va remplacer Vieille-Toulouse au tournant de notre ère.

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15 Les 13 exemplaires publiés en 2000 représentaient moins de 1 % de l’ensemble des monnaies parfaitement identifi ées (1419 ex.). Voir Geneviève 2000, pp. 27-28. Les fouilles récentes, encore inédites, n’ont livré que 6 nouveaux exemplaires.

Si les monnaies préaugustéennes, quels que soient les types, abondent sur les hauteurs de Vieille-Toulouse, elles sont en revanche particulièrement rares à Tolosa, où une vingtaine d’exemplaires seulement sont inventoriés.15 L’absence de ces monnaies s’explique aisément par leur retrait rapide et systématique de la circulation par les autorités impériales, car fort logiquement, s’impose et circule la monnaie romaine dans la nouvelle ville romaine. Pourtant trois bronzes à la tête de bélier ont été recueillis dans des contextes datés de l’Empire romain. Ces trois exemplaires coupés proviennent des sites de l’amphithéâtre d’Ancely, de la Porta Arietis sur l’actuelle place du Capitole et, tout récemment, du quartier Saint-Roch à proximité immédiate de la porte sud de la ville. On retiendra donc la présence spécifi que de ces monnaies dans la nouvelle Tolosa alors qu’aucune monnaie de Narbonne, de Vienne ou encore de Lyon n’y a été identifi ée. Si l’on accorde bien la paternité de cette émission de bronzes d’Octave à la civitas des Volques Tectosages, le caractère identitaire de ce numéraire justifi e sa présence là où ces autres monnayages sont de fait absents.

BIBLIOGRAPHIE

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Geneviève, V. (2000), Monnaies et circulation monétaire à Toulouse (Ier-Ve siècle), Toulouse.

Geneviève, V. (2008), ‘Le monnayage colonial d’Octave à la proue et “à la tête de bélier” (Arau-sio ?, RPC 533). Une nouvelle proposition d’attribution: Tolosa?’, in: Garcia-Bellido, M.-P. / Mostalac, A. / Jimenez, A. (eds), Del Imperium de Pompeyo a la Auctoritas de Augusto. Homenaje a Michael Grant, Anejos de AEspa XLVII, pp. 191-207.

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