La Trilogie chez The Cure ou l’oeuvre noire comme rite de passage (communication au colloque OPuS...
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Contribution au colloque « Les Oeuvres noires », GdR OPuS (Groupe de Recherche Oeuvres, Publics, Sociétés), CNRS, Université d’Amiens, nov. 2000
Gérôme Guibert
La Trilogie chez The Cure ou l’œuvre noire comme rite de passage1
En 1977, la nouvelle génération des deux côtés de l’atlantique rejette en bloc une société et
ses institutions, y compris musicales. Un mouvement esthétique aussi bref que décisif, le punk
cristallise2 les révoltes de la jeunesse :
- contre le milieu musical rock aux groupes trop médiatisés
- contre la technique musicale et la production de disques trop « propres »
- contre la crise économique, le chômage et le désarroi social qui en découle
Le punk impose une musique de rupture totale, simple, violente et provocatrice qui ne voit et
ne propose aucun avenir possible (« no future ») tout en impulsant une explosion de créativité
artistique importante.
Suite au punk, émerge la new-wave et la cold-wave « Le jeu se calme, les gestes se crispent,
les vêtements se noircissent. L’énergie du punk canalisée n’explose plus qu’à l’occasion sur
des chansons glaçantes »3. La musique est sombre et les paroles, centrées sur l’individu, ses
peurs et ses questionnements, convoquent le romantisme et l’existentialisme.
L’œuvre du groupe anglais The Cure est souvent considérée comme la plus représentative du
mouvement4, notamment à travers les trois albums 17 seconds, Faith et Pornography
composés et édités entre 1980 et 1982. On essaiera ici de montrer de quelles manières les
albums noirs du groupe expriment et transmettent (nous prendrons alors le cas de la France5),
l’état d’un moment, celui de la transition entre deux âges sociaux.
LA TRILOGIE DE THE CURE, OEUVRE NOIRE ?
Je me suis longtemps demandé si mon sujet avait sa place dans un colloque de sociologie de
l’art qui se donne pour thème de réfléchir sur les œuvres noires.
A propos des notions d’art et œuvre d’abord. Si les musiques amplifiées, surtout à travers
le rock, musique des enfants du baby boom, commence à se constituer comme catégorie
esthétique (avec notamment une histoire et des critiques...) The Cure, groupe new wave des
années 80 semble encore avoir du chemin à parcourir. Si j’ai choisi de travailler à partir de
trois albums du groupe publiés entre 1980 et 1982 (la trilogie dite « noire », « glacée » ou « de
glace ») c’est que pour la presse musicale, le potentiel artistique de ces albums ne fait aucun
1 Je tiens à remercier Dimitri Ramage et Dominique Sureaud, fans de The Cure
2 Selon le sens donné par ce terme pour la naissance des mouvements artistiques par Jean DUVIGNAUD, par
exemple dans Baroque et Kitsch. Imaginaires de rupture, Paris, Actes Sud, 1997, p. 28 3 Les Inrockuptibles, n°52, 10 avril 1996, p. 21
4 voir notamment LEDUC Jean-Marie, Le dico des musiques, Paris, Seuil, 1996, p. 277 et FREBOURG Thierry,
Le rock, Paris, MA Editions, 1987, p. 70 5 Pays où The Cure a rencontré le plus de succès
doute6. A cette légitimation culturelle en devenir, il faut ajouter l’intérêt sociologique de
l’immense phénomène social qu’a été The Cure tout au long des années 80 ( plusieurs
millions d’albums vendus7 et la trajectoire sociale de millions de personnes marquées à
jamais).
Quoi qu’il en soit, et puisque les définitions institutionnelles, historiques ou sociologiques de
l’art restent en débat, on pourra admettre, sociologiquement, que les processus de créations
(poiétique) et de réceptions (esthésique) s’approchent socialement dans le cas d’un groupe
comme The Cure, d’autres formes d’art historiquement situées.
A propos de la notion de noir, ensuite. Qu’est-ce qu’une œuvre noire ? Si la notion n’est pas
tranchée, diverses définitions pourraient faire pencher la balance, pour la trilogie étudiée, vers
une autre catégorie esthétique que celle du noir. La musique de The Cure évolue du dépressif
au suicidaire, avec des paroles parfois romantiques, parfois tragique qui évoquent l’absurdité
existentielle de l’être. Est-on là dans l’œuvre noire ?
Pour le Vocabulaire d’esthétique, « le noir comme catégorie esthétique en constitution, se
rapproche du sombre et du tragique en ce qu’il est fondé sur des situations terribles et sans
issue, une marche inéluctable vers le pire ; mais il s’y oppose par son caractère réaliste ».
Pourtant, l’ouvrage estime qu’au sens figuré, « On traite de noir métaphoriquement ce qui
éveille des sentiments de tristesse, de deuil, de peur ou de désespoir»8.
A propos de la trilogie on peut également évoquer les catégories de « Lugubre »9 et, pour
Faith et Pornography de « Funèbre »10
. Les œuvres de la trilogie respectent aussi la plupart
des canons du romantisme11
, c’est-à-dire une aspiration à l’absent, allié à la mélancolie, une
valorisation de l’individuel et du sentiment de solitude ainsi qu’une dualité foncière de l’un
qui peut aller jusqu’au déchirement intérieur et une intensité affective, une sensibilité exaltée.
On pourrait peut-être alors parler de romantisme noir12
.
L’HISTORIQUE DE LA TRILOGIE ET SA RECEPTION
Issu d’un milieu ouvrier, Robert Smith débute très tôt la musique et fonde Easy Cure en 77,
rapidement rebaptisé The Cure. Profitant de l’explosion des labels indépendants consécutifs
au punk et au do it yourself, le groupe signe un contrat avec Small Wonder, puis Fiction
Records. En 1979, The Cure sort un premier album sobrement produit, qui musicalement,
s’inspire des aînés punk mais, du point de vue des paroles, montre déjà « le sentiment
persistant de distance au monde et d’absence à soi même qu’éprouve R. Smith »13
.
L’année suivante, en 1980, le nouvel album surprend les admirateurs de la première heure. La
pochette, bleu pâle, reflète l’atmosphère du disque, très homogène et qualifiée de cotonneuse,
d’atmosphérique. Dans Best de juin 1980, Francis Dordor écrit « 17 Seconds est le second
album de The Cure et autant dire qu’il n’a que de très lointains rapports avec Three imaginary
boys (...) Ce n’est pas si grave. L’air est simplement devenu un peu plus irrespirable (...) La
voix de Robert Smith est frileuse et éphémère comme un flocon de neige échoué sur une 6 Trois pages dans le Dictionnaire du Rock dirigé par M. Assayas, Pornography dans les 100 meilleurs albums
rock de Rock&Folk, 17 seconds dans les 100 meilleurs albums du rock de Télérama 7 The Cure avait déjà vendu 1.5 millions d’albums en France en 1991, source Fiction/Polydor dans le fanzine
Anomalie, Autour de The Cure, n°6, juin 1992 8 in SOURIAU Etienne (dir.), Vocabulaire d’esthétique, Paris, Quadrige, PUF, 1999, p. 1068-1069
9 GUIOMAR Michel, Principes d’une esthétique de la mort, Paris, José Corti, 1967, p. 156
10 Ibid., p. 173
11 in SOURIAU Etienne (dir.), Vocabulaire d’esthétique, op. cit., p. 1248-1251
12 catégorie déjà utilisée, notamment pour les romans gothiques, voir par exemple CHARRAS Françoise,
ABENSOUR Liliane, Le Romantisme noir : émergence du gothique dans la littérature anglo-américaine, Paris,
Cahiers de l’Herne n°34, 1978 13
référence au premier single “killing an arab” dont l’histoire s’inspire de celle du personnage de Meursault dans
L’Etranger d’albert Camus
bouche de métro mais le jeune homme a le cœur ardent (...) Je crois que je vais en faire une
bande son pour penser ma conscience malheureuse ».
« Le groupe devient l’objet d’un véritable culte de la part d’adolescents, surnommés les
« curistes » en France » qui deviendront de plus en plus nombreux. Lors de la tournée qui suit,
le groupe est bien reçu (le single « A forest » sera n°20 des charts anglais).
Très introspectif, l’album Faith qui succède à 17 seconds va dérouter à son tour la critique par
sa froideur et sa noirceur. Pour Best, « le tempo est lancinant, l’harmonie complètement
exsangue, presque fantomatique, et la voix reste lointaine, plaintive et d’une mélancolie en
fond de course [l’album divulgue] une torpeur aquatique qui ne laisse présager rien de bon
pour le futur de The Cure . Qu’est-ce que pourra nous préparer le groupe après ce cocktail
déliquescent d’humeur blafarde ? »14
. Le fanzine New wave estime, à l’époque de ce troisième
album, que « Faith est beaucoup plus difficile d’accès, qu’il est beaucoup plus intérieur [et
que] Cure s’enfonce de plus en plus dans un brouillard qui conduit aux ténèbres »15
. Le
fanzine se demande d’ailleurs si The Cure n’irait pas vers un album noir... Dans Libération,
Bayon déclare que « la pochette de Faith illustre une évolution qui amènera tôt ou tard à la
mort »16
. « Faith est plus intense que 17 seconds, plus atmosphérique, plus noir, plus
brumeux. La plupart des morceaux sont fait pour donner envie de se pendre, ils expriment la
dépression absolue de Robert » 17
.
Les sentiments éprouvés par l’album se retrouvent en concert. Le spectacle débute par une
projection d’environ ½ heure accompagné d’une bande sonore. Il s’agit d’un film d’animation
intitulé Carnage Visors. Pour Best, « L’effet est invraisemblable, oppressant, l’angoisse
monte comme pour un mauvais trip»18
. Pour François Gorin dans Rock&Folk, « le charme
opère dès l’intro basse d’un « holy hour » initiatique, comme on dit. Un chant d’entrée à la
messe sauf qu’ici ça respire plutôt les catacombes »19
.Se remémorant les concerts de 1981,
Robert Smith remarque « Notre public a sérieusement commencé à s’y perdre. Il y avait d’un
côté des punks excités et de l’autre des fans en long manteaux, l’air grave, qui
n’applaudissaient jamais »20
.
Datant de mai 1982, Pornography est le troisième album de ce qui sera appelé plus tard la
trilogie de Cure. C’est le disque le plus sombre et le plus torturé du groupe, et Robert Smith y
évoque ses pulsions meurtrières et suicidaires. Le disque se termine par le titre
« pornography », dont les dernières paroles sont les suivantes
« One more day like today and I’ll kill you, a desire for flesh and real blood
And I’ll watch you drown in the shower, pushing my life through your open eyes
I must fight this sickness, find a cure... »21
L’album est reçu comme un choc par les critiques puis par les fans. « Cela n’a pas
d’importance si nous mourrons tous », la chronique de François Gorin dans Rock&Folk22
débute avec les premières paroles de l’album et le journaliste, pourtant fan, accuse le coup
« Cette fois, il y a de quoi être plus que perplexe. L’abîme des profondeurs finit en cul de sac
(...) Pornography révèle une séquence macabre de morceaux terrifiants. Là, il faut s’accrocher
et on ne sait pas trop à quoi (...) Les tensions ne se relâchent jamais d’un bout à l’autre du
14
Francis Dordor dans Best n°154, mai 1981 15
Fanzine New wave, mai 1981 16
Libération, 22 octobre 1981 17
hors série “Cure toujours”, supplément à Libération n°2007, 1987 18
Francis Dordor dans Best, n°158, septembre 1981 19
François Gorin dans Rock&Folk, n°174, juillet 1981 20
Rock&Folk, n°387, Mars 2000 21
« Un jour de plus comme ça et je te tue, une envie de chair et de vrai sang. Je te regarderai te noyer dans la
douche, enfonçant ma vie dans tes yeux ouverts. Je dois combattre cette maladie, trouver un traitement » 22
Rock&Folk, n°185, juin 1982
disque ». Dans Libération23
, Bayon, dans son article « Le nouveau Cure : éloge de la
poussière » souhaite qu’on diffuse The Cure pour son enterrement. Il fait de the Cure le porte
parole d’une génération « Un son d’époque (...) ces gens là vont à la mort comme on va au
marché. Ce sont des malins du malaise. Ils jouent avec, faute de rien. Ils se plaignent pour le
plaisir. Ils n’en connaissent plus d’autres. Et c’est bien... ».
Les concerts laissent au spectateur des sentiments ambivalents « Si Robert Smith et Cure
n’ont plus rien à dire, ils ont à montrer, à expliciter. De la douleur. De cette douleur
anesthésique qui se transforme en un genre de plaisir (...) Confortable et imprégné, le public
ne goûte qu’au plaisir d’une musique intense, tout le contraire d’avachie, et ovationne des
types paumés dans un maelström de lumières crues dont ils sont censés extraire la beauté (...)
Je sais pertinemment que je reviendrait voir Cure, s’il y a une prochaine fois. Ce doit être
maladif »24
. Dans quelques articles, la musique de Pornography est qualifiée de gothique25
.
L’utilisation du terme n’est pas fortuite . Depuis 1981, Les trois membres de The Cure
adoptent en effet un look et initie une mode qu’on qualifiera ensuite de gothique26
. Ainsi, pour
les sessions photos de l’album, les membres du groupe sont exclusivement vêtus de noir et
portent des masques blancs et lors de la tournée, le maquillage devient plus prégnant27
.
Pour beaucoup, ne peut s’en suivre que la fin de The Cure. Pourtant après le départ du bassiste
Simon Gallup, le groupe reparaît à la fin de l’année 1982 avec un single pop antithétique des
précédentes productions. C’est en quelque sorte la renaissance de The Cure qui va atteindre au
cours des années 80 un succès commercial et une popularité sans précédant.
Dans Libération du 19 janvier 1983, Bayon résume la situation « Pornography, qu’on pensait
invendable, fait un malheur [et, d’un autre côté] The Cure surgit revivifié de sa musique en
ruine et c’est comme si l’enterrement de Ian Curtis28
était enfin terminé. On danse, Robert
s’amuse... »
RITE DE PASSAGE ET RITUEL ORDALIQUE
Comment analyser le parcours de The Cure entre 1980 et 1982 ? Qu’est-ce qui a pu pousser
Robert Smith à enregistrer ces trois albums ? Nous poserons ici l’hypothèse que la trilogie
correspond à un passage, un changement de situation pour Robert Smith qui passe alors
socialement de l’adolescence à l’âge adulte (Agé de 20 ans à l’époque du premier album, il en
a 23 pour Pornography). Nous verrons ensuite que si la trilogie est reconnue, c’est que,
pendant au moins une décennie, elle a parlé aux auditeurs de leur situation sociale, elle a
retranscrit les sentiments d’un état, celui de la fin de l’adolescence. D’ailleurs quand on
23
7 mai 1982 24
François Gorin, Rock&Folk, n°187, août 1982 (concert du 7 juin 1982, Paris, Olympia) 25
Rock&Folk, Juillet 1982 26
“Le rock gothique est un sous genre de la new-wave (au sens français) caractérisé par une musique lourde et
lancinante, des textes morbides où sont évoquées la dépression, la folie, la mort, le suicide (...) Sont de rigueur
costumes noirs (on appellera les amateurs du genre des “corbeaux”), accessoires en cuir, maquillages
expressionnistes, chevaux en porc-épic (spike hair) et croix gigantesques (...). L’influence de Joy Division, de
Siouxie & The Banshees et de The Cure (période Faith et Pornography) fut déterminante sur l’esprit et
l’esthétique gothique ; la coiffure et la tenue vestimentaire de Robert Smith sont à elles seules pour beaucoup
dans ce qui deviendra la panoplie Batcave”, rubrique “Gothique” in ASSAYAS M. (dir.), Dictionnaire du rock,
Paris, Robert Laffont, 2000, p. 707. Il faudrait étudier les rapports entre le mouvement de littérature gothique
anglais du XIXème siècle et le rock gothique européen des années 80. Il semble que, dans les deux cas, on
assiste à un repli des individus sur eux-mêmes face à des changements sociaux qu’ils ont des difficultés à
intégrer. 27
voir Depeche Rock n°2, décembre 1985 28
Chanteur du groupe Joy Division, qui s’est suicidé en 1980 à l’âge de 23 ans (voir note 16)
demande à Robert Smith « quelle est l’idée derrière the Cure ? », celui-ci répond « c’est le
vieil idéal punk : nous ne sommes pas différents des gens qui écoutent nos disques »29
.
D’après l’expression du folkloriste Van Gennep les rites de passages sont ceux qui préparent
ou accompagnent « tout changement de place, d’état, de situation sociale et d’âge »30
. Les
rites de passages ont souvent pour but une intégration sociale, et sont en quelque sorte une
prévention contre les dangers venus du changement. Pour Van Gennep, Ils s’articulent en trois
stades : celui de séparation, celui d’attente ou de marge, et celui d’agrégation31
. Dans la
société contemporaine occidentale, les rites de passage traditionnels collectifs entre
adolescence et âge adulte sont en voie de disparition du fait de la disparité entre les cursus
scolaires, l’apparition du chômage et les évolutions des formes familiales. De ce fait, le
passage se fait de façon plus individuelle. Pourtant, il existe toujours, pour Van Gennep, une
puberté sociale distincte de la puberté biologique32
.
Van Gennep signale comme particulièrement dramatiques les rites qui jouent avec la
symbolique de la mort et de la nouvelle naissance. Dans ce langage symbolique qui est celui
du rite, laisser derrière soit une étape de son développement se traduit préférentiellement par
l’image de la mort.
A partir d’une observation des nouveaux rites de passage à l’âge adulte, certains chercheurs
ont parlé de nouveaux rituels ordaliques33
. L’ordalie était autrefois un rite judiciaire qui faisait
appel au jugement de Dieu ou d’une force sacrée pour trancher de l’innocence d’une
personne. Aujourd’hui, l’ordalie devient un processus au cours duquel un ritualisant
« demande à la mort, par l’intermédiaire de la prise de risque si son existence a encore un
prix ». Ce qui doit être maîtrisé par le « jeune » à l’aide du rituel, c’est tout ce qui semble lui
échapper : l’inconnu, l’imprévisible, l’aléa. Evidemment, dans cette approche symbolique de
la mort on peut perdre la vie et souvent, le rituel d’ordre religieux permet de réguler cette
distance à la mort. Le travail de deuil conduit le ritualisant à accepter le passage, la transition.
En fait, on peut supposer que « ce que le ritualisant attend d’une communauté, c’est une
marque de reconnaissance et une attestation de son existence, c’est à dire une place
symbolique dans sa tribu »34
.
Posons l’hypothèse que l’œuvre noire de the Cure correspond, pour Robert Smith, à un rite de
passage ordalique. Comment analyser alors l’élaboration de la trilogie et l’évolution créative
vers le noir, jusqu’à la cassure et le renouveau pop ?
La phase (le stade) de séparation
Après la tournée qui suit le premier album, le groupe se sépare de son premier bassiste et
Robert Smith engage son meilleur ami, Simon Gallup. Pour les nouveaux morceaux, le
compositeur souhaite des lignes de basse plus sobres et veut ralentir le tempo des chansons.
Le groupe rentre alors en studio. Se remémorant le contexte du deuxième album, Simon
29
Le Soir, novembre 1985 30
Constatant que, quel que soit le type de société, la vie consiste à passer d’un âge à un autre, d’une occupation à
une autre, d’un groupe spécialisé à un autre, d’une situation ou d’un état à un autre, il s’est proposé d’utiliser
plus particulièrement les “séquences cérémonielles” qui accompagnent ces passages. 31
VAN GENNEP A., Manuel du folklore français contemporain, t. 1, 1943, p. 111 32
ERNY Pierre, “La notion de rite de passage”, in GOGUEL D’ALLONDANS Thierry, Rites de passage :
d’ailleurs, d’ici, pour ailleurs, ERES, 1994, pp. 21-30 33
LE BRETON David, Passions du risque, Paris, Métailié, 1991 ou JEFFREY Davis, “approches symboliques
de la mort et ritualités” in , Rites de passage : d’ailleurs, d’ici, pour ailleurs, op. cit., pp. 87-96 34
JEFFREY Denis, “approches symboliques de la mort et ritualités”, Ibid.
Gallup déclare « je n’étais pas certain que tout cela déboucherait sur quelque chose. Mais
Robert savait où il voulait aller... »35
.
« 17 seconds », chanson qui donne son titre à l’album décrit l’instabilité du parolier, souligne
la fragilité de la vie. Elle débute par ces paroles « feeling is gone/and the picture
disappears/and everything is cold now/17 seconds/a mesure of life »36
. La chanson décrit une
rupture amoureuse et pour Robert Smith « l’album entier est le reflet d’un instant. Lors d’une
rupture, 17 secondes peuvent détruire quelque chose qui dure depuis 6 ou 7 ans »37
.
Le chanteur déclare « c’était un album dans lequel j’avais mis beaucoup de moi même, il était
bien plus important que les disques précédents. C’était une pochette bizarre pour l’époque.
Tout le monde, y compris notre manager, pensait qu’elle allait trop loin, qu’elle suggérait un
groupe trop difficile. Mais (...) j’avais vingt ans quand je les ai écrites [les chansons] et nous
savions que nous n’étions plus jeunes... »38
.
Le stade de marge
L’année suivante, en 1981, les chansons de l’album Faith sont tournées vers la mort et posent
la question de la religion comme ultime solution à l’absurdité de la vie. L’album se termine
par les paroles suivantes « There’s nothing left but faith... »39
.
D’après Robert Smith, « les chansons de Faith ont perturbé tout le monde [le groupe], elles
ont eu un effet de spirale dépressive sur nous, plus nous les faisions et plus nous devenions
tristes et découragés ». En concert, « il n’y avait pas moyen pour le public de s’en sortir. Les
critiques disaient que les concerts étaient des cérémonies religieuses et c’était vrai. La plupart
du temps, je quittais la scène en pleurant. C’était horrible, mais c’était aussi une bonne
expérience, bizarre et intense40
». C’est à cette période que le groupe côtoie de prêt la mort
avec le décès de membres de leurs famille, notamment la mère de Lol, en mémoire de laquelle
le groupe passe le disque durant l’enterrement, entre deux dates de la tournée.
Rétrospectivement, Robert Smith déclare « Je ne me souviens pas de la plupart des concerts.
J’étais en train d’atteindre l’état d’esprit obsessif qui allait conduire à Pornography. J’avais
besoin d’une coupure – trop de tout, pas de répit »41
. C’est aussi à ce moment que les drogues
apparaissent dans le groupe, principalement LSD et amphétamines, en plus de l’alcool.
Après la « tournée Faith », Robert Smith commence à composer pour Pornography. « Je suis
passé chez Severin [ami de R. Smith, bassiste de Siouxsie and the Banshees], j’ai passé
quelques jours à me balader dans Londres et à prendre du LSD. Severin était inquiet de ce que
je faisais, il gardait un œil sur moi. J’ai écrit la plupart des paroles de Pornography pendant
cette période (...) Je ne voulais plus être normal, je ne voulais plus me sentir en sécurité »42
.
Autant de propos qui peuvent soutenir l’idée d’un état de transition. Vient alors le moment de
l’enregistrement, pour lequel il faut un ingénieur du son. Chris Parry, le manager et
producteur du groupe déclare à ce propos « J’ai proposé plein de noms (...) mais Robert n’a
pas marché (...) Il voulait quelqu’un de jeune – il faisait une fixation sur la jeunesse comme si
un type plus vieux n’aurait pas été capable de piger (...) Je comprends maintenant la
préoccupation de Robert ». Pendant les sessions d’enregistrement, Robert Smith est
complètement replié sur lui-même et fermé aux deux autres membres du groupes. « Depuis
trois ans nous étions constamment ensemble. J’avais passé plus de temps pendant cette
35
BARBARIAN, SUTHERLAND Steve, SMITH Robert, Ten imaginary years, Paris, Calmann-Lévy, 1988, p.
32 36
Les sentiments ne sont plus, et l’image disparaît. Tout est froid maintenant, 17 secondes, une mesure de la vie” 37
Rock&Folk, n°177, octobre 1981, p. 110 38
Ten imaginary years, op. cit., p. 32 39
Il ne reste plus que la foi 40
Ten imaginary years, op. cit., p. 44 41
Ibid., p. 50 42
Ibid., p. 54
période avec Simon et Lol qu’avec ma copine Mary. (...) Je commençais à en avoir marre
d’être tout le temps avec un groupe et cela a empiré. On quittait l’appartement à 22 heures, on
se saoulait, on allait enregistrer, on finissait à 10 heures le matin suivant, puis nous allions au
pub, nous nous saoulions et allions nous coucher (...) Je savais qu’avec cet album ce serait la
fin »43
.
Après l’enregistrement « je n’arrivais pas à me souvenir de ce que j’avais fait, ou j’étais allé.
J’ai vraiment, pendant deux mois, perdu tout contact avec la réalité ». D’après Gary Biddles,
ami et roadie du groupe « A cause du stress, tout est tellement fort qu’on le perçoit tu sais...
dans ce disque quelque chose est prêt d’arriver, c’est un véritable déchaînement »44
.
A l’époque, Robert Smith explique ainsi le titre de l’album : Pornography rappelle un « mot
ou une rage obscène : c’est ainsi que nous voyons la nature humaine (...) Nous ne pensons pas
que la nature humaine soit bonne »45
. Pendant la tournée qui suit, le groupe accentue le côté
sordide du maquillage. A propos du rouge à Lèvres Robert Smith estime « Je le porte ainsi
pour des raisons de théâtralité [à l’époque de Pornography] j’en portait autour des yeux et
autour de la bouche de manière à ce que, lorsque j’étais sur scène, avec la sueur, ça dégouline
partout. On aurait dit que quelqu’un venait de me frapper et que je saignais »46
. Les rapports
entre les membres sont tendus jusqu’à ce que, le 27 mai 1982, à Strasbourg une bagarre éclate
entre Robert Smith et Simon Gallup. Le chanteur regagne immédiatement Londres et la
tournée est annulée pour quelques jours. Le dernier concert de la période à lieu le 11 juin a
Bruxelles et se termine en cacophonie, chaque musicien rentre alors chez lui, et le groupe
semble terminé.
Le stade d’agrégation
Plus tard, Robert Smith déclarera, à propos de la période noire « je ne sais pas pourquoi j’ai
fait tout cela, je sentais simplement que je devais le faire »47
. Pourtant quelque mois plus tard,
Robert Smith et Lol Tolhurst sortent sous le nom de The Cure un 45 tours aux mélodies pop,
premier d’une longue série. C’est le début du succès commercial pour The Cure.
« Q : Pornography, c’est la fin d’un cycle ? » demande R&F en Novembre 1983. Et Robert
Smith de répondre « Oui, c’était une face de Cure et ce Cure là est terminé (...) Quand on a
fait « Let’s go to bed », c’était une autre partie de nous même » 48
. Sur la vertu cathartique du
groupe, il déclare à la même époque « Cure a toujours existé pour exprimer ce que nous
ressentons, les expériences que nous vivons »49
. C’est d’ailleurs sans doute une des
explication du nom du groupe. Robert Smith, toujours dans cette logique de nouveau départ,
confie la réalisation du clip de « Let’s go to bed » à Tim Pope « J’avais adoré son travail sur
Soft Cell et, ironiquement, je lui ai demandé de tourner quelque chose où j’aurais vraiment
l’allure d’une pop star avec plein de couleurs (...) je voulais me débarrasser de cette image de
moi, triste, misérable »50
. Ce sera le début d’une longue collaboration entre le réalisateur et le
groupe.
L’EXPLOSION COMMERCIALE ET LA RECEPTION DE LA TRILOGIE
Après la cassure symbolique que représente la trilogie et la notoriété de « Let’s go to bed »
auprès des médias, la sortie régulière de chansons pop aux mélodies évidentes allait permettre
43
Ibid., p. 55 44
Ibid. 45
Fanzine L’Element Minimalis, 1982 46
RAIZER Sébastien, The Cure, la thérapie de Robert Smith, Nancy, Camion Blanc, 1993, p. 66 47
Ibid., p. 61 48
Rock&Folk, n°201, octobre 1983 49
Best, n°183, octobre 1983 50
Rock&Folk, mars 2000
à The Cure d’acquérir un succès commercial de plus en plus conséquent, d’abord en
Angleterre puis en France où le groupe deviendra un des plus célèbres de la décennie 80
(plusieurs millions d’albums vendus)51
.
Mais d’autres variables que les célèbres pop songs du groupe permettent d’expliquer
l’explosion commerciale de The Cure. D’abord l’attitude de Robert Smith, qui bien que
restant discret, voire distant (il déclare ainsi dans plusieurs interviews que si les admirateurs
de la Trilogie l’avaient vraiment compris, ils seraient déjà morts) sur la période de la trilogie,
n’hésite pas à écrire quelques morceaux en direction des fans de la période noire afin d’élargir
la palette de ses auditeurs (par exemple dans l’album The Top (84) ou Kiss me, kiss me, kiss
me (87)) et à garder une attitude inspirée du punk.
L’analyse des conditions de production, et d’évolution des moyens de communication est
également décisive car elle permet de percevoir les changements importants qui s’opèrent. Au
moment de la trilogie, les auditeurs de notre pays ne pouvaient assouvir leurs besoins
d’informations qu’uniquement par la presse, c’est-à-dire principalement Rock and Folk, Best
et Libération. A travers quelques journalistes, les français abordaient surtout les groupes par
l’écrit52
, avant de les entendre. Or Robert Smith s’exprimait de façon troublante et
intéressante, se référant aux auteurs existentialistes et gothiques anglais avec la caution de
journalistes pour qui la période punk restait décisive.
Mais à partir de 83, The Cure va pourtant s’adapter aux modifications des méthodes de
promotion.
Ainsi, la télévision câblée et les chaînes musicales qui font leur apparition dans la première
partie des années 80, rendent décisifs les clips musicaux pour la promotion des groupes. Il a
ainsi été prouvé que la new-wave émerge aux Etats Unis à cette période parce que MTV,
manquant de clip, se tourne vers le Royaume Uni et diffuse massivement des vidéos d’artistes
anglais. Dans ce contexte, le savoir faire de Tim Pope est un atout non négligeable pour Cure,
qui réalise des vidéos qui soulignent l’originalité de la démarche du groupe et popularise le
look particulier de Robert Smith (cheveux crêpés, rouge à lèvre, habits sombres), imité par
des centaines de milliers de jeunes. A cela, on peut ajouter les nombreuses tournées réalisées
par le groupe et de nombreux concerts médiatisés (festival d’Athenes en 1985, tournée des
arènes du sud de la France en 86).
En France, en plus de l’émergence de la musique en image (apparaît TV6, chaîne musicale
hertzienne), on assiste à la naissance des radios libres sur le réseau FM en 1982. Elles
deviennent bientôt, pour la plupart, des radios commerciales ayant le statut d’entreprise. C’est
alors une véritable concurrence entre stations qui commence, des accords entre radios et
majors du disque étant passé. Europe 1 sponsorise la tournée 1985 de The Cure et NRJ les
tournées 87 et 89. En 1987, c’est l’autorisation de la publicité télé, qui profite à The Cure,
leurs albums étant distribués par Polydor, filiale de Polygram première major du disque en
France. Il faudrait également signaler l’important développement de la presse musicale et en
faveur des jeunes (l’Equerre, Dépêche Rock, Les Inrockuptibles...). C’est également le
moment où on assiste à une hausse des ventes de disques expliquée par le renouvellement des
discothèques, avec le passage progressif du vinyle au CD. Ce phénomène est particulièrement
bien négocié par The Cure avec la compilation de singles sortie en 86 et, à la fin des années
80 l’écriture de Desintegration, spécialement réalisé pour la durée du compact (plus de 70
minutes). Rentré dans le circuit du show business, The Cure se montre sur les plateaux télés
51
“c’est ce qui se fait de meilleur en ce moment” dira Michel Drucker pour le passage de the Cure sur A2
(Champs-Elysées)le 12 Avril 1986. Pendant le passage du groupe, le taux d’audience aurait d’ailleurs grimpé de
41% (source médiamétrie). 52
TEILLET Philippe, “Une politique culturelle du rock” in MIGNON Patrick, HENNION Antoine, Rock, de
l’histoire au mythe, Paris, Anthropos, 1991, p. 220
des émissions de variétés et s’affiche sur les programmes télés et les magazines pour
adolescents (Télé poche, Télérama, Salut...)
Pour autant, ces variables économiques et technologiques ne peuvent tout expliquer. L’un des
principal atout de The Cure reste la réalisation d’une musique ancrée dans l’époque et qui
« parle » aux jeunes. Le nombre de personnes qui s’identifient à Robert Smith, adoptant ses
goûts et son paraître, va sans cesse grandissant. En 1985, L’Equerre consacre son courrier des
lecteur à The Cure et le fan club fonde un fanzine nommé TIB (Three Imaginary Boys). Mais
dans l’œuvre du groupe, la trilogie reste une période légendaire, les albums de cette époque se
vendent toujours régulièrement, et les pressions des fans pour un retour vers des chansons
mélancoliques ou noires se font plus présentes.
C’est alors, en 1989, que sort Desintegration, comparé à Faith par Robert Smith. En mai, Best
estime que « l’album est une synthèse de ce qui fait l’essence de Cure, tristesse et noirceur. En
opérant ce repli sur soi, ce retour à leur style d’origine, les Cure vont sûrement faire le
bonheur des fans de la première heure ». Ses propos changent alors et l’auteur reconnaît la
pertinence de la trilogie : « ce disque m’a obsédé comme l’avaient fait 17 seconds, Faith et
Pornography »53
.
Il semble déplorer la perte de l’état d’esprit qui l’habitait alors, qu’il considérait
particulièrement propice à la création. « Desintegration est largement consacré à l’effort qu’il
faut produire pour retourner vers cette zone de sensibilité que l’âge adulte tend à cautériser en
nous. C’est le chant d’une lutte intérieure pour ne pas perdre le bénéfice d’émotions profondes
nées pendant l’enfance »54
déclare-t-il dans Best. « Je trouve horrible la sensation que l’on
devient inévitablement insensible en vieillissant. Quand on est jeune et naïf on subit sans arrêt
des chocs émotionnels intenses. Tout ce que l’on gagne en expérience, on le perd en
sensibilité (...) J’étais vraiment heureux de constater que j’arrivais encore à pleurer en
enregistrant certaines de ces chansons »55
ajoute-t-il dans Rock&Folk.
En 1988, Robert Smith se marie. Ses propos montrent l’évolution de sa situation par rapport
au monde « J’ai eu 30 ans le 21 avril (...) je suis content de mon sort, heureux même. Plus
vous avancez, plus vous vous acceptez. 30 ans c’est pour moi un cap beaucoup moins
angoissant que 18 ans, par exemple »56
.
L’album est un succès et les tournées, où sont intégrés de nombreux morceaux de la période
80-82, est saluée par les fans. Pourtant au cours des années 90, alors que The Cure reprend un
style qui mêle des chansons pop à d’autres plus atmosphériques, la notoriété du groupe se fait
de moins en moins importante. Pour la première fois Wild Mood Swings (96) est moins vendu
que l’album précédent et R. Smith déclare, dans Libération du 4/5 mai 96 « J’ai l’impression
de savoir pourquoi je continue. J’aime que l’attention soit centrée sur moi, je suis toujours
saisi par l’idée d’être important ».
En 2000, The Cure revient avec l’album Bloodflowers, après trois ans d’absence. C’est un
nouveau retour au Cure le plus sombre et Smith compare l’album à Pornography. Il est
intéressant de noter que, pour la première fois, Robert Smith parle de trilogie mais pour réunir
Pornography, Desintegration (l’album de ses 30 ans) et Bloodflowers (celui de ses 40 ans)57
.
The Cure acquiert un succès d’estime au moment où les musiques sombres reviennent dans
l’air du temps avec l’apparition d’une nouvelle « culture gothique »58
. Mais la musique de 53
Best, n°251, juin 89 54
Ibid., p. 58 55
Rock&Folk, n°263, mai 89, Hugo Casavetti 56
Best, n°251, juin 89 57
voir notamment Magic n°38, février 2000 et “cure on “Bloodflowers” Role In Album Trilogy”
http://www.mtv.com/mtv/news/gallery/c/cure 58
voir par exemple le magazine D-Side
The Cure se renouvelle peu et l’intensité et la surprise de la période ordalique ne sont plus
atteintes...
OEUVRES NOIRES , OEUVRES DE PASSAGE
A travers l’analyse de la carrière de The Cure, on a voulu montrer de quelle manière création
et contexte social s’interpénétraient au cours de la carrière d’un groupe. La particularité de the
Cure vient de la relative jeunesse de ses membres au moment du premier album (20 ans). De
ce fait, les sentiments et les troubles particulièrement prononcés éprouvés par Robert Smith
lors de son entrée dans l’âge adulte, qui ont été transmis dans les compositions de The Cure
ont parlé aux auditeurs du groupe, qui s’y sont reconnus.
La création en contexte de rite de passage et de processus ordalique n’est pas nouvelle. On
peut analyser la carrière des Stooges, des Sex pistols, de Joy Division ou de Nirvana à partir
du même principe. Plus, tout au long de l’histoire de l’art on peut éclairer l’œuvre d’artistes
tel que Rimbaud ou Basquiat par ce phénomène. Il semble alors que, surtout lorsque
l’inspiration des créateurs est proche du romantisme, les créations soit souvent des œuvres
noires, extrêmement controversés, que l’auteur peut ensuite difficilement égaler.